Bien le bonjour, en ces temps ensoleillés... j'ai mis du temps à revenir, mais pour ma défense, j'ai été occupée ces dernières semaines. Promis, j'essaierais d'être plus rapide pour la suite.
D'ailleurs, juste comme ça, est-ce que la fic est bien ? Y a-t-il des choses qui n'ont pas été comprises ? Je suis un peu dans le flou en ce moment, donc j'avance par rapport à mon plan personnel et je parle toute seule, mais... est-ce qu'il y a quelqu'un.
Bref, assez discuté, voici le chapitre !
[Avertissement : je prends maintenant en compte la violence des jeux. Aussi, injures]
Partie II - Les prophétesses
Chapitre 6 - La compagnie mercenaire
La forêt du pays de Faron, connu à ce jour comme le plus grand Twiki jamais né, s'étendait sous leurs pieds à l'image d'un océan de couleurs vives et verdoyantes, éclatant de teintes jaunâtres et brunes en ce début d'automne. Un instant il fut demandé, à la volée, d'une voix aussi tendue qu'intéressée, quels peuples avaient fait de ces bois touffus et denses leur pays. Un léger brouhaha se répandit alors avant que quelqu'un ne se rappelle des Twikis et Pestes qui cohabitaient dans un équilibre aussi étrange que parfait, un mélange équitable des ressources et du territoire. Plus rapidement, beaucoup plus même, il fut décidé d'éviter le territoire des seconds, voire de faire demi-tour.
- Pourquoi ? S'éleva l'un d'entre eux, qui n'avait clairement pas écouté les mises en garde reçues quelques temps plus tôt.
- Les Pestes nous attaquerons, commença un autre comme réponse. Et les Twikis se cacheront.
Le reste du groupe commençait déjà à s'éloigner. Une compagnie, d'une dizaine de personnes, toutes vêtues de capes brunes et verdâtres, camouflant des bas noirs, chaussures en cuir résistant - venu de l'un de ces monstres aux yeux jaunes - se déplaçait avec tant d'expertise que cela ne pouvait pas faire que quelques mois qu'ils voyageaient ensemble. Leurs tuniques blanches, aux broderies aux teintes soleil, détonnaient dans le paysage stérile si fortement que nul n'aurait pu douter de leur origine commune, et ce malgré leurs carrures si diverses.
Dans leurs gestes rapides, leurs épées courtes claquaient entre elles, leurs flèches luisaient d'huile.
- Où allons-nous ? Demanda une voix fluette.
Un léger silence s'abattit sur la compagnie armée. Quelques regards perçants, lueur de bougie, synonymes de morts aux quatre coins de ce continent, se perdirent les uns dans les autres. D'autres levèrent les yeux dans la direction qu'ils venaient de quitter. Les montagnes aux pics énormes s'élevaient si haut qu'elles taquinaient les nuages les plus élevés de leurs pointes, bien au delà des broussailles de plus en plus rares qui parsemaient leurs côtes. La terre rouge, marquée par le temps, paraissait bien solide et aride, touffes brisées et branches cassantes, face aux bois resplendissant de jade.
Pourtant, ils savaient, malgré les tombes de la malheureuse verdure qui se dressaient en ombres venteuses, que les reliefs recelaient de nombreuses sources et merveilles naturelles qui permettaient aux peuples locaux d'y vivre. Toutefois, cette connaissance ne rassurait pas les voyageurs. Ceux qui avaient fait de la montagne leur royaume s'étaient autrefois illustrés en tant qu'ennemis.
Les guerres d'autrefois étaient bien vieilles désormais, et les souvenirs poussiéreux, mais les anciennes rancunes avaient la vie dure. Leur dernier séjour au cœur des falaises et autres précipices abruptes avait cimenté cette certitude.
- Nous rejoignons les plaines, décida finalement quelqu'un. Nous passerons par la rivière. Les Zoras sont plus accueillants que les Takeihs.
- Je préférais les Twikis, maugréa un autre.
Personne ne lui prêta attention.
D'un commun accord, à une voix près, les dix ombres vertes qui composaient ce groupe inconnu se dirigèrent vers ce qui semblait être la cascade, source du lac de Nayru.
Nombreux étaient ceux pour qui les yeux brillaient de jaune.
La Takeih s'installa au plus proche du feu crépitant, les plumes gonflées, les os tremblants. Nombreux avaient tendance à oublier qu'au delà de leur apparence humaine, leurs corps fonctionnaient comme celui des oiseaux. La rivière glougloutait non-loin, l'air provenant de cette direction faisait frissonner quiconque ne se couvrait pas assez, ce qui était plus courant que prévu, dans ce petit groupe incongru. Les volatils souffraient néanmoins plus que quiconque dans les alentours.
- Prend pas toute la place, Marion !
La demi-oiseau grinça dans la direction de son interlocuteur, un son méchant qui fit dresser les poils à ceux qui l'entendirent. Tout proche, deux Sheikahs aux yeux de bougie nettoyaient leurs armes. Ils gloussèrent sur leur travail, des regards se perdant vers une autre partie du campement. Un autre groupe recousait capes et tuniques déchirées, deux d'entre eux se disputaient au dessus de la marmite cabossée. Presque tous arboraient les cheveux blancs si caractéristiques de leur race. Les autres oscillaient entre les plumes et les teintes plus classiques.
Parmi eux, un Hylien aux mèches brunes et aux yeux d'écorce sculptait une statuette dans du bois sec. La deuxième et dernière membre de cette race était quant à elle couchée à même le sol, faisait fi des couvertures pourtant étalées à quelques mètres. Un jeune Sheikah, le même qui avait parlé un peu plus tôt, s'approcha d'elle. Sa mine autrefois enjouée était aujourd'hui brûlée, figée en une grimace mal-formée, moulée par l'explosion qui avait arraché le bras de la Takeih aux plumes bleues. Les poils de son visage n'avaient jamais repoussé.
Ses pupilles d'un jaune presque blanc pétillaient de joie.
- Qui la réveille ?
- Tu t'y colles, Sauro, grogna l'Hylien.
Marion trilla un rire qui fut bien vite repris par quelques autres, habitués comme ils étaient aux techniques sordides que pouvait trouver le jeune homme pour réveiller autrui. Sauro roula des yeux mais ne démentit pas les suppositions, s'accroupissant plutôt à côté de la tête de l'endormie, un sourire commençant déjà à étirer ses traits durcis. Ses yeux plissés cherchèrent l'objet parfait, on le lui passa.
- Putain !
L'eau froide était le réveil parfait.
L'adolescente sauta de sa position, manquant de se cogner le front contre le malheureux qui s'était penché trop près. Sauro avait déjà bondi au loin, caquetant sauvagement. Bien que le reste du groupe lâchait rires et cris, le seul fait de voir son ami d'enfance courir loin d'elle lui permit de deviner qui était le coupable de ce réveil mouillé. Rugissant en se remettant debout d'un bond entraîné, maladroite malgré cela suite à cet instant extrême - et gelé, surtout gelé - son visage se froissa quand elle se rendit compte qu'il était déjà assez loin.
- Ça t'apprendra à dormir avant tout le monde ! Hoqueta un adolescent à sa droite.
- La ferme Ikéo !
Le dit Ikéo s'écroula sur son dos, le rire éclatant fort. Un homme plus âgé les fixait, son silence assourdissant.
- Assez. Vous allez attirer du monde à ce rythme.
Sa voix grave retentit sans difficulté dans le camp, rappelant à la vagabonde blonde un gong. Immédiatement, les plus jeunes cessèrent de rire. Les plus âgés reniflèrent une dernière fois avant de revenir à leur activité précédente. L'Hylien brun, du nom d'Etaël, roula des yeux mais partit s'occuper de la casserole abandonnée.
Dès que la tension redescendit d'un cran, Marion trembla à nouveau. Sauro poussa leur amie trempée et colérique près du feu. Le calme se répandit presque aussi rapidement que l'excitation.
Une fois que chacun reprit son souffle, celui qui s'était illustré comme le chef se tourna vers le trio grelottant - Link n'avait eu aucun remord à se venger : il fallait vraiment qu'ils fassent attention aux deux seaux d'eau qu'ils possédaient.
- Sauro, pas besoin de réveiller Link à chaque fois. Aujourd'hui a été particulièrement difficile. D'ailleurs, ajouta-t-il pour l'ensemble de la compagnie, tous ceux qui ont été pris dans l'embuscade peuvent se reposer ce soir.
Trois personnes parurent s'en enchanter. Etaël fit un petit signe victorieux. Sauro tira la langue, Marion éternua assez violemment pour achever de réveiller la somnolente.
- Merde, Marion, t'es sûre que tu veux pas d'une couverture ?
- C'est toi qui me donnes froid !
- Hé ! C'est pas ma faute !
La Takeih renifla un rire, à moins que ce ne soit un rhume, dans son état, c'était assez dur à dire. Sauro se prit un coup de coude dans les côtes alors qu'il riait à nouveau. Link fit la moue mais cessa bien vite de frissonner. Les braises joyeuses du feu réchauffaient les dix survivants de Juju. Le regard de la jeune Hylienne se perdit dans les flammes. Un feu joyeux, illuminant, en cette nuit de deuil, les condamnés du Crépuscule.
Cela faisait longtemps depuis la tragédie. Dix ans déjà que Juju était tombé. Dix ans que des bêtes aux aspects gutturaux avaient commencé leur carnage. Le mont Péril, territoire des êtres de roche et aux ailes diverses, s'était rapidement retrouvé envahi par ces monstres. Chaque peuple avait dû se retrouver, établir des défenses. Très vite, les premiers souvenirs du martyr du Courage avaient ressurgi, fuyant leurs plaines de toujours pour rejoindre celles alors épargnées, dans une relative mesure, de l'ancien Hyrule. Juju avait survécu par une chance infâme. Et aujourd'hui, après des années passées à panser leurs plaies profondes, il revenait armé et préparé à combattre la menace.
Depuis quelques années maintenant, il était devenu habituel, pour les survivants de la déesse verte, d'envoyer de petits groupes en reconnaissance au travers des terres de Lumière. Ces mêmes groupes prenaient ensuite sur eux d'aider ceux dans le besoin, quels qu'ils soient, vaincre les monstres trop présents, et surtout... récupérer de l'argent.
Ils étaient bien honteux d'admettre avoir besoin d'argent, mais les faits ne mentaient pas : Juju avait besoin de bien plus que de la bonne volonté pour se reconstruire.
Amèko, le chef de leur petite unité, était l'un des responsables de la reconstruction du pays. Hyrule ferait l'affaire. Plus personne n'y vivait depuis la guerre et nombreux étaient ceux qui prenaient peur face aux vieilles villes fantômes, vestiges de la précédente civilisation. Le Sheikah fatigué avait pris sur lui de remplacer Demise à son poste, bien qu'il ne pourrait sans doute jamais l'égaler.
Demise, malheureusement, et ce à l'image de Vaati et Taketi, était l'une des victimes de cette nuit maudite.
Link ferma les yeux, elle savait que personne autour d'elle ne riait. Parce que Juju, dans sa gloire la plus verdoyante, manquait, aujourd'hui comme chaque année. C'est long, dix ans. Pas assez.
- On a combien de roupies ? Demanda soudainement Etaël.
Amèko releva la tête de son travail auto-imposé qu'était la couture - ou la tentative de rattrapage du travail bâclé de l'un d'entre entre eux - pour s'intéresser à l'Hylien. Les autres s'agitèrent, yeux grands ouverts, intérêt éveillé. La dernière fois que le trésorier avait posé une telle question, ils étaient enfin parvenus à atteindre le plafond de la somme requise pour payer l'architecte Rosarien. Cette fois, ils avaient besoin de plus. Du matériel, des matériaux... Mais surtout du matériel. Il était une fois, en Juju, ils possédaient le matériel nécessaire à l'extraction et à la construction, mais ce temps n'était plus. Aujourd'hui, il leur fallait le récupérer.
Amèko, comme eux tous, savaient très bien ce que cela voulait dire.
- Presque mille.
Link sentit son souffle s'emballer à l'entente de cette somme affolante. Le matériel Goron, le seul du marché, et ce dans l'intégralité de ce qu'il leur fallait - donc pelles, pioches, marteau et clous - coûtait presque cinquante rubis le lot, une somme énorme pour l'époque. Mais cette somme se voyait doublée s'il leur fallait plus qu'un ensemble.
Et il en fallait plus qu'un.
Avec mille roupies, ils pouvaient commander vingt ensembles, exactement le chiffre qu'il leur fallait.
Et avec pelles et pioches, ils pourraient continuer d'exploiter la mine de Din.
Pour terminer de reconstruire villes et villages.
Pour reconstruire leur économie.
Pour redevenir la puissance qu'était autrefois Juju.
Tellement perdue dans ses pensées, elle manqua presque la réponse d'Etaël.
- On en a neuf-cents-quatre-vingt-douze.
Presque mille, comme l'avait dit Amèko.
- Plus que huit.
L'espoir brûlait de vert, disait une vieille chanson.
En ce moment, ils y croyaient plus que tout.
Les Zoras étaient...
Etaient.
Link ne savait pas vraiment quoi penser d'eux. Tout comme la plupart des autres races, ils dépassaient de loin les deux Hyliens de loin. Les Sheikahs s'en sortaient bien. Marion, elle, bien que de la bonne taille, avait les plumes gonflées.
Les Takeihs détestaient vraiment l'eau.
La mercenaire s'éloigna un peu du groupe. Le domaine Zora avait toujours été magnifique, que ce soit avant l'arrivée des monstres, ouvert sur l'extérieur en lacs surélevés et petites cascades diverses, que maintenant, alors qu'ils avaient dû prendre des mesures pour se défendre. D'après les quelques hommes-poissons qui avaient accepté de lui répondre, il existait quatre autres domaines du même genre, répartis dans l'ensemble du pays des Cascades. Malheureusement, la communication n'était pas leur genre. Même avec plusieurs questions bien placées, elle avait été incapable de déterminer leurs emplacements. Juste que la capitale se trouvait plus au Nord.
Sachant qu'il s'agissait déjà de l'un des pays les plus au Nord, et qu'ils étaient proches de la forêt, elle-même au Nord de la carte, la jeune fille se demandait à plus d'un titre comment elle était censée trouver une capitale dans les dix kilomètres de marge qu'il restait.
Sa tête partant dans des directions étranges, elle traversa une arche de coraux pour trouver un petit bassin. Une Zora à l'apparence jeune lui fit un petit signe de la main.
- Déjà de retour ? Je croyais que les vagabonds comme vous ne passaient qu'une fois l'an !
Link fronça le nez avant de sourire en retour.
- C'est normalement le cas, mais on a dû abandonner le chemin pour la forêt. Et la montagne...
- Pas les plus accueillants, n'est-ce pas ?
Elle secoua la tête. Voilà ce qu'elle aimait bien avec les Zoras : ils n'étaient pas du genre à cacher leurs pensées. S'ils n'aimaient pas quelqu'un, de quelque manière que ce soit, ils le lui disaient. Le contraire était également vérifiable. Leur attitude franche rejoignait les actes, les poussant à accueillir tous ceux qu'ils aimaient.
Les vagabonds avaient eu beaucoup de chance.
Les Zoras du domaine clair étaient d'une curiosité naturelle assez grande. Dès le moment où ils avaient vu les survivants de Juju, leur intérêt était piqué. Les Takeihs sont si rares et volent si hauts qu'il est presque impossible de les voir, alors en rencontrer de si près ! Et les Hyliens, certains n'en ont jamais vus, des Hyliens ! Sans parler des autres groupes qu'ils avaient accueillis, comportant d'autres représentants d'autres races, peuples, une diversité ethnique qui ne cessait de les attirer. Link était sûre que leurs ennemis pourraient les avoir ainsi, en titillant leur curiosité.
Heureusement que les Zoras étaient naturellement pacifistes. Leurs ennemis étaient réduits à un chiffre si ridicule que même les Twikis le trouveraient bas.
Peut-être pas, tout compte fait.
La Zora, Imy de son nom, gloussa avant de se glisser dans l'eau. Tout autour de ce lac miniature se déversait une sorte de rivière surplombée par quelques ponts. Il avait fallu quelques visites avant que la jeune Hylienne n'apprenne la raison d'être de ce lieu étrange : la mare centrale était toute en eau douce, le ruban aqueux qui l'encerclait en eau salée. C'était ici que les Zoras et les Sirènes se rencontraient. Leur seul moyen de se rencontrer, d'ailleurs. Les premiers ne supportaient que l'eau des rivières et adoraient l'eau de pluie tandis que les seconds ne pouvaient vivre que dans la mer et l'océan.
Les deux peuples de l'eau avaient beaucoup de mal à se voir.
Imy semblaient toute à son aise, là, dans la salle de réunion de son domaine. Sûrement parce que c'était elle, le gouverneur local. Pas la reine, certainement pas, ni la princesse, mais la dirigeante des Zoras du domaine clair.
- Sire Amèko m'a dit que vous aviez besoin de huit rubis. C'est vrai ?
Link hocha la tête. Dix rubis, de ce temps lointain, valaient autant qu'une petite centaine des siècles plus tard. Huit rubis étaient une somme dure à cumuler. Rien que pour en avoir autant, ils avaient dû prendre leur mal en patience. Subir beaucoup d'humiliations, d'insultes, de menus travaux. Il leur avait fallu mettre leur amour propre de côté, l'orgueil au placard, serrer les dents. Malgré tout, après dix ans d'efforts collectifs, la somme totale approchait bien des mille-dix rubis.
Imy se redressa, révélant sa taille de près de trois mètres de haut. Sa couleur bleue à la limite du blanc prenait des teintes mauves et roses dans les éclats mouvant de l'eau, l'écho de la caverne chanta au son des gouttelettes.
Ses yeux mauves reflétaient le rire qui égayait son visage.
- J'ai la requête parfaite pour vous !
S'il y avait une chose que tous les habitants de ce monde s'accordaient à dire, indépendamment de leurs amitiés ou inimités, était que les monstres étaient un problème capital. Ce n'était donc pas étonnant qu'Imy leur demande de les débarrasser d'un nid de ces créatures établi bien trop proche du domaine à son goût. Et si les informations reçues étaient justes, alors le prix de huit rubis était dérisoire.
Les Lycans faisaient le tour du camp improvisé, leurs halètements forts faisant de la buée dans l'air du matin. Sauro se glissa efficacement dans son dos avant de guetter les bêtes. Ses mains commencèrent à préparer ses couteaux.
Ikéo se redressa de sa cachette. A côté de lui, Raé jouait avec ce qui semblait être des bombes artisanales. Marion s'était posée plus loin, prête à attaquer dès que le signal serait lancé. Armé de son arc, Kira surveillait faits et gestes de leur groupe. Etaël et Signaré fixaient l'horizon. La dernière attaque menée dans des conditions similaires s'était mal-passée : un groupe de monstres avaient quitté le camp avant qu'ils n'arrivent. La surprise avait été totale des deux côtés.
Désormais paré à cette éventualité, Amèko avait changé de stratégie. Pour le meilleur ou pour le pire, cela restait à voir.
Link fronça le nez aux Lycans. La dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés face à ces bêtes, l'attaque avait été particulièrement inefficace. Cette fois, Sauro avait eu une idée : porter un parfum de cannelle et de souffre, un mélange si étrange que les monstres ne le sentaient pas. Maintenant, comment Sauro était parvenu à trouver cela, elle ne voulait pas savoir.
Tout ce qu'elle pouvait dire avec autant de certitude que de panache était que cette odeur était affreuse.
Link posa une main sur son épée. Elle était longue, plus que celles qu'utilisaient traditionnellement les Sheikahs, mais elle se rappelait de la lame qu'Hinné avait gardé chez elles, celle qui avaient été brisée lors du massacre. Les Hyliens employaient des épées longues et préféraient les arcs aux lances-pierres, d'après Sauro, le jour où Marion et lui lui avaient offert cette arme. Il avait fallu un certain temps, mais désormais, elle le maîtrisait mieux que quiconque.
Amèko retenait son souffle, de là où il était, au plus proche du feu. Sa flèche explosive se redressa, elle pouvait presque entendre le craquement de l'arc et de la corde tendue...
La détonation était horrible.
Un sentiment vindicatif de vengeance la saisit alors que les monstres se jetaient sur le côté, recouverts de feu. Le souvenir de cette nuit était encore frais, l'explosion avait tout balayé, tout rasé, emportant même des corps au plus loin des cendres. L'odeur de souffre subjugua la cannelle alors qu'elle tirait sa lame rapidement. Ses mains tremblantes agrippèrent fermement le pommeau. Un monstre bleu au nez de cochon renifla, ses yeux se plissèrent, sa mâchoire se serra.
Fay chanta.
Un son de grelots jetés au vent.
Le tintement d'une clochette oubliée aux intempéries.
Le souvenir d'une lande battue par la brise.
Fay chanta.
Fay trancha.
Fay tua.
Le Moblin beugla en se prenant la lame dans le ventre. Trébuchant en arrière, il prit appui sur sa batte cabossée avant de se jeter sur elle. L'Hylienne sauta sur le côté avant de le couper d'une pirouette. Dans une seconde inspiration, elle coula en avant, juste ce qu'il fallait pour retirer la tête.
Il ne fallait évidemment pas s'arrêter. Sauro roula à côté d'elle, elle se déplaça rapidement. Marion faisait tomber un lézard gargantuesque sous les flèches de Kira. Quelques échauffourées, un cri retentit. Immédiatement, Ikéo rejoignit Raé. Signaré se faufila dans leur direction, les bras recouverts de fer, du sang coulant de sa tête.
Link se tourna vers Amèko, aux prises avec les Lycans. Etaël balança un caillou pointu sur l'un d'entre eux. Le loup se tourna vers lui, renifla, bondit.
L'Hylienne courut, son épée trancha le tendon droit. La bête trébucha, ses griffes avants raclèrent la terre qu'il jeta sur son agresseur. Un coup dans son bras, l'adolescente siffla de douleur. Un couteau s'enfonça dans l'un des yeux du monstre, Sauro courut loin d'une attaque de Moblin. Profitant du beuglement sourd, la jeune fille traça une ligne sanglante sur le museau de la créature. Un hurlement retentit, Amèko venait de tuer son ennemi.
Les plumes de Marion tranchèrent les monstres-araignées qui s'approchaient d'elle. Link balança une dernière fois sa lame sur la tête de la bête. Le loup esquiva, l'un de ses longs bras s'écrasa sur elle. L'Hylienne esquiva, son bras gauche amortit sa chute, elle cracha. Le choc lui fit voir des étoiles.
Mais elle parvint à se relever, Fay prête à chanter. Un coup de vent souffla, quelqu'un gloussa, Farore était avec eux. Elle ferma les yeux, brandit son épée, l'abattit.
La bête tomba.
Quelques coups semblèrent être échangés avant que le silence ne résonne enfin. Link se redressa, au moins partiellement, son cœur battait vite. Le camp était déserté, désormais. Raé se relevait lentement, une main sur sa tête, alors que Signaré achevait de lui apporter les premiers soins. Leur médecin se releva ensuite à la recherche d'éventuels blessés. Amèko arborait une sombre balafre trop proche de sa carotide. Ikéo trébucha quelque part, Etaël grogna en se prenant son poids sur l'épaule. Kira commença à courir dans l'idée d'aider Signaré.
Sauro posa une main sur le bras blessé de Link. Cette-dernière siffla dans sa direction. Marion lâcha un gazouillis épuisé avant de les faire tomber tous les deux.
- Ça valait pas huit rubis.
Personne ne la contredit.
Au final, Imy les avait payés plus que prévu, arguant que tout campement comptant des Lycans, ceux qui étaient connus comme les créatures les plus dangereuses des environs, était au dessus des capacités de ses hommes. Il n'avait pas fallu longtemps avant que la prochaine destination des vagabonds ne soit décidée.
La plaine d'Hyrule s'étendait en une forêt de ruines solides. De la mousse et du lierre recouvraient les pierres sculptées, jaunes de leur provenance de la mine de Din, endommagées par le passage du temps, de la guerre, et des intempéries, les herbes folles dépassaient des chemins pavés. Les barbes solaires des pissenlits coloraient un paysage aujourd'hui peint de vert et d'ocre. L'ancienne ville de l'Est, comptoir commercial de son temps, voyait encore son phare debout, ses palais jumeaux résister, les lampadaires, bien que certains se soient écroulés, tenaient, fidèles aux lanternes qui avaient été accrochées à leurs encoches.
Les anciennes maisons, plus modestes, branlaient des impacts de l'ancien conflit, mais les toits avaient été refaits, tout en jardins suspendus et pilots habiles. Des pots de fleurs décoraient des fenêtres renouvelées, leur verre jaune se reflétait en une flaque lumineuse sur le sol des bâtisses. Quelques échafaudages entouraient l'une d'entre elles.
De l'eau coulait paresseusement au creux d'une vieille canalisation. Des seaux jonchaient un chemin de boue bordant le trajet d'un bateau de bois. Des rires recouvraient les torchons et les serviettes laissés à sécher non-loin, sous le regard endormi d'un homme peu vêtu. L'heure était à la sieste.
La compagnie armée pénétra dans les murs reconstruits de l'ancienne cité hylienne alors que le soleil brillait encore fort au sommet d'un ciel dégagé. Le garde posté à la tourelle les salua d'un simple geste.
Link baya dès que ses pieds foulèrent les dalles de la rue principale. Marion la charia d'un coup de plumes dans le bras non-bandé. Sauro gloussa avant de se faire surprendre par un bâillement à son tour. La Takeih lui jeta un regard plat. L'Hylienne, elle, ricana.
Une toux sèche les interrompit. Amèko leur jetait un regard désespéré.
- C'est bon, maugréa Sauro, c'est pas comme si on était dehors.
Le plus grand Sheikah fronça les sourcils mais se détourna. D'autres membres de leur groupe se permirent de se détendre. Le ciel était bleu, les nuages brillaient de blanc, et Juju avait survécu.
Nul ne tuait la déesse aux yeux jaunes.
Cela faisait bien trois jours que la commande de bien vingt ensembles d'outils divers avait été passée aux Gorons. Trois jours à voir arriver ce peuple cordial, avec pelles et pioches, sourire et gentillesse, proposant des contrats divers aux marchands improvisés qu'ils étaient devenus. Trois jours à voir s'activer les ouvriers dans les rues où ne reposaient que des tentes, les maisons y ayant été rasées des années plus tôt. Trois jours durant lesquels les mercenaires étaient restés inactifs.
Trois jours de vent et de soleil.
Tous, après ces trois jours, avaient les yeux rivés vers le ciel.
L'étendue bleue se couvrait d'une ombre immense. Si cela avait été un nuage, un regard et c'était fini. Mais Link ne pouvait détacher ses yeux de la tâche sombre qui les surplombait. Le silence se brisa dans un fracas, des cris retentirent.
En levant les yeux, il y avait de cela quelques minutes, elle avait senti son souffle se couper, son corps se tendre. Sa main était allée à la plume rouge qui colorait sa tunique.
Là, dans le ciel, recouvrant le monde dans un cri perçant, s'éleva un oiseau. Sa taille gargantuesque couvrait la ville en reconstruction, à tel point qu'il était possible d'en croire un monstre.
Certains coururent. Marion trébucha en arrière, Sauro se tourna vers l'Hylienne.
- C'est quoi ça ?!
Un vieil homme de Juju guettait la forme menaçante. Ses yeux suivirent les gestes habiles de la bête, avant de revenir à la jeune fille restée immobile sur la place, main sur la plume. Sa mine se fit réfléchie.
- Est-ce que c'est lui ?
Link ne pouvait pas dire pourquoi elle secouait la tête mais, en fixant l'oiseau géant dans sa danse virevoltante, elle savait qu'elle avait raison.
L'homme acquiesça. Ses sourcils se haussèrent.
- Un Hylien a survécu.
Cette phrase seule voulait dire tellement. Dire ce pourquoi la capitale avait laissé place à un abîme, dire ce pourquoi ce même amas de nuages se déplaçait paresseusement depuis tellement d'années, raconter dans une béatitude impossible les légendes qui entouraient ce peuple disparu. L'oiseau piaffa durant sa descente, comme une confirmation à leurs pensées.
Plus la bête majestueuse approchait et plus les pensées de Link ne s'alignaient qu'en une seule phrase.
Ce n'était pas Petra.
Son amie était toujours portée-disparue.
Quelques arcs se bandèrent. Sauro cessa d'essayer de la réveiller pour dégainer son épée. Marion se prépara à s'envoler. Pourtant, quand le célestrier, car c'était ce qu'était cet oiseau énorme, un véritable célestrier, d'un bleu ravissant, se posa, ses serres raclant les dalles, la femme inconnue n'était pas armée.
L'inconnue sauta à terre. Ses sandales claquèrent, sa robe brodée flotta autour d'elle. Pour la première fois, Link découvrit ce que cela faisait, de rencontrer quelqu'un de la même taille. Etaël ne comptait pas, ils avaient grandi ensemble.
Aussi ce fut étrange de découvrir ces cheveux blonds descendant vers le roux, accompagnés de ces oreilles pointues caractéristiques de leur seule race. De voir ces yeux bleus comme le ciel.
C'était étrange, pensa-t-elle, de découvrir ce qu'était réellement un Hylien.
Le célestrier piailla joyeusement quand quelques épée se baissèrent de surprise. La femme leva une main, sourire calme, yeux joueurs.
- Enchanté, clama-t-elle.
Le vent soufflait fort, Farore chantait.
- Je viens d'Hyrule.
Elle n'entendait plus que la voix de l'inconnue.
Le souffle court.
Le soleil clair.
Le vent écoutait.
- Je m'appelle Hylia, prêtresse du soleil.
Quelques mots peuvent changer une vie.
HYLIA EST LA ! Et elle ne va pas partir de sitôt !
Bref, je reviendrais avec le chapitre 7 quand... il sera écrit...
A la prochaine !
