Bonjour ! J'ai déjà dû poster cette fiction, ou ailleurs, et je l'ai supprimée, plusieurs fois. Mais cette fois ci, elle est terminée ! Et même si elle me satisfait pas pleinement (je suis habituée au os et histoires courtes, j'ai du mal a gérer plusieurs chapitres), je vais pas laisser trainer seize mille mots dans mon PC.

J'ai essayé de rendre ça le plus canon possible (sans pour autant mettre trois mille chasses, on va dire que c'est l'équivalent d'un arc narratif parmi tant d'autres), donc tout se résout rapidement ou alors est oublié, la moitié des événements destiel ne sont pas cités et pris en compte parce c'est supernatural c'est magique, et Dean est stupide, parle sans dire de longs monologues, et Castiel pardonne.

Toutes les fleurs citées ont une signification, mais ce serait trop facile si je mettait le sens à chaque fois.

La saison 15 n'existe pas.


Des œillets par bouquets jaillissent des plaies

De l'Ange rongé par la maladie de l'Humanité

Dieu l'a spolié, bafoué et lui a menti

L'amour n'est que mensonges et calomnies.

Il erre seul, tombé sur le sol sale, brisé

Sur ses joues creusées, un océan de pluie salée

Puisque de toutes façons il ne peut remporter

Ni la guerre contre son père ni un baiser

Car l'homme vertueux qui le prie le soir

Dans les ténèbres du Purgatoire, perdant espoir,

Ne peut le sauver, trop occupé à s'en vouloir

Un jour peut être retrouvera-t-il la foi

En ses frères et ceux sur terre, et qu'avant qu'on l'enterre

L'autre cessera de trembler et fera le premier pas


Mary et Jack morts, Dieu qui se pointe, la Grande Histoire, la Fin de tout. Cas essaye de résumer mais dans sa tête, tout flotte et se bouscule; les informations de la grande équation lui parviennent comme des hurlements -et personne à part lui ne les entend-. Ça lui rappelle la chute des anges, un millier de boules de feu incontrôlables qui lui tombe dessus sans qu'il ne puisse les éviter.

Contrairement à ce à quoi ils s'attendaient tous au bunker, Dieu s'était tenu tranquille -à son échelle-. Quelques zombies, des fantômes, pour s'amuser sûrement, mais rien de bien compliqué à gérer. Quasi rien. Sauf ça.

C'est arrivé comme la grêle au mois de Mars, sournoisement, mais dans un grand fracas. Ca a tout cassé sur son passage. Parce que Cas, toute créature éthérée qu'il soit, n'a pas commencé par cracher des pétales de soucis ou juste quelques de pâquerettes. Il a vomi des fleurs, des roses qui lui ont abîmé la gorge et l'ont fait saigner. Il n'y a pas eu de signes annonciateurs, comme les oiseaux migrateurs qui reviennent avec le printemps. Peut-être parce que Cas est un ange, et que sa grâce a masqué et combattu les symptômes en silence jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus le faire. Ou peut-être parce que Dean ne l'aime vraiment pas, et que c'en est d'autant plus violent. -Cas devrait s'en réjouir, ça écourtera sa douleur.-

Bien sûr, Cas n'a pas réussi à le dissimuler. Ou plutôt, il n'a pas réussi à éviter Sam autant qu'il le voulait au cours des dernières semaines en se cachant derrière les murs du bunker quand il tournait dans un couloir par exemple. Il ne lui a rien dit mais Cas sait qu'il a compris qu'il y quelque chose qui ne va pas. C'est Sam. Sam qui est le plus intelligent d'entre eux - il le reconnaît sans problème malgré sa nature angélique-, Sam qui observe, devine tout. Il pourrait aller le voir, aller lui demander de l'aide, entre deux quintes de toux, mais qu'est-ce qu'il pourrait bien faire ? Chercher une solution inexistante ? Lui proposer une opération, en vain, après avoir essayé trois cents formules prononcées dans des langues qu'il ne comprend pas, pour finir par lui retirer ses sentiments, les émotions qu'il n'était pas supposé ressentir et qu'il s'est battu pour avoir ? C'est toujours le même schéma. Alors non. Et Sam le dirait à Dean, même s'il ne le veux pas, même s'il essaye de ne pas le faire. Et Dean ne doit pas être au courant.

Ce n'est pas une histoire de fierté, Cas est tombé du Ciel pour les Winchesters, il s'est cassé la gueule des nuages pour Dean. Il ne lui reste pas une once de l'orgueil divine qu'il avait au début, et les regards pleins de pitié que lui lance Sam lorsque Dean donne (encore) un de ses numéros à une serveuse ne lui font maintenant plus ni chaud ni froid. Ils le rendent triste, par habitude, mais plus blessé. Cas n'aime pas Dean comme on aime le soleil ou les abeilles. Il aime Dean comme certains hommes aiment les choses en secret, il l'aime dans l'ombre, parce qu'à la lumière, tout fanerai. Dean s'enfuirait ou Dean mourrait. Il y a plus à perdre qu'à gagner.

Non, si Dean ne doit pas être au courant, c'est parce qu'enchaîné si profondément à son rôle du grand héros effrayé et torturé qu'il est, il va lui hurler dessus pendant trois jours, tout en en profitant pour lui reprocher tout ce pourquoi il est en colère comme il le fait déjà, puis s'en voudra et cherchera à régler la situation en l'empirant. C'est toujours le même schéma. Et Cas ne veut pas se mettre à cracher des saules ou des peupliers. Les bougainvilliers sont déjà assez désagréables comme ça, merci. Laissez le mourir avec un bouquet d'œillets blancs qui jaillit de sa poitrine, car quitte à crever, autant le faire avec de jolies fleurs qui lui explosent le cœur.

Parce que ce n'est pas un simple rhume, il le sait, il ne va pas simplement éternuer, à tes souhaits Cas, non, il va en crever, à tes amours Cas. À tes putains d'amours qui te font cracher des tulipes de toutes les couleurs dans les WC, à ton putain d'amour derrière la porte qui te demande si ça va, Cas, si t'as besoin d'aide, Cas.

Non Dean, je n'ai pas besoin d'aide, j'ai besoin que tu me construises un cercueil, ou alors j'ai besoin que tu m'aimes, mais ce n'est pas prêt d'arriver, alors tu voudrais bien me laisser m'étouffer en paix pendant que tu vas acheter des planches et des clous ?

Il se doute que Dieu -ce foutu Chuck, comme Dean l'appelle-, est derrière tout ça. Mais il ne peut rien y faire, il ne peut rien combattre avec une lame angélique, du sel, un peu de bon sens et surtout beaucoup de chance. Pas cette fois, pas quand c'est important, c'est toujours le même schéma. Il connaît l'impuissance aussi bien que ses propre erreurs, qu'il se répète en boucle quand le bunker est silencieux et qu'il est le seul qui ne dort pas, assis dans un coin de la pièce sombre qu'est sa chambre dont il ne se sert pas avec son lit trop grand qu'il n'utilise pas non plus, à attendre que la nuit veuille bien se terminer et que les seules personnes qu'il a recommencent à vivre.

Et si Cas est mourant, il n'est pas stupide, et il n'est pas prêt à croire qu'il pourrait continuer à cracher des fleurs seul et mourir dans son coin, en ne gênant personne, et mettre fin à cette histoire toute pourrie, toute fanée, tout seul, bien gentiment. Les Winchesters ne le laisseront pas faire, bien entendu. Les Winchesters ne le laissent jamais faire. S'ils l'ont libéré du joug de son Père, ils l'ont placé sous le leur. Car Cas ne peut rien cacher, et Cas ne peut pas non plus s'enfuir : il n'a nul part d'autre où aller.

Castiel n'a jamais été et ne sera jamais libre parce qu'il y aura toujours le paradis ou Dean Winchester quelque part.

Alors voilà, comme prévu, Sam vient, un soir, quand il n'arrive pas à dormir, comme il le fait souvent à cause de ses cauchemars et des gens morts et des anges déchus qui hantent ses nuits, pour lui parler, passer le temps, et le trouve en train de ramasser ses pétales et d'essuyer son sang. Il lui demande ce que c'est, et Cas n'a pas vraiment la force de mentir plus, parce qu'avec Sam, ça n'arrange jamais rien, alors il dit simplement Hanahaki.

Hanahaki, en espérant que le plus grand possède assez de connaissances pour connaître ça, parce que sérieusement ? Il n'a pas envie d'un long discours larmoyant pour lui expliquer comment il va s'étouffer sous ses yeux pendant des mois et finir par crever sur le sol dur et froid dur du bunker, cette boîte en métal qui est un peu sa maison et beaucoup son tombeau.

Cas en déduit que Sam, dieu merci, a bien lu quelque chose sur les maladies asiatiques surnaturelles, quand il bégaie et lui dit que ce n'est pas normal. Qu'il est un ange, et ce n'est pas sensé l'atteindre.

Oui Sam, ça n'est pas censé se produire, merci. Mais en attendant c'est bien là, c'est bien là dans son enveloppe corporelle qu'il ne peut pas quitter -il a essayé- et ça lui perce les poumons et ça lui fait plus mal qu'un lame angélique enfoncée dans le cœur, plus mal que chuter du ciel et sentir ses ailes brûler, et oui ça n'a pas de sens mais rien n'a de sens dans ce putain de monde, tu combats des monstres dans plusieurs dimensions différentes et un ange malade te met dans cet état ?

Cas ne lui dit pas tout ça parce que Cas ne dit jamais grand-chose, mais il n'en pense pas moins. Non, il baisse les yeux en disant que pourtant c'est là. Qu'il va sûrement mourir, vu que la personne en face ne lui rendra surement jamais ses sentiments, mais que ce ne sera pas sa première mort.

Et Sam sait, alors Sam ne demande pas. Il dit simplement.

"Tu sais, on n'en sait rien. Peut-être que Dean t'aime aussi. "

Il faudrait déjà qu'il arrête de le haïr, pour commencer.

"Aucune chance."

"Je pourrais aller lui en parler."

"Non. Ne lui dis pas."

Il n'a pas à se justifier. Les Winchesters ne le font jamais.

"J'ai besoin que tu me le promettes."

Sam hoche la tête et tend les bras. Cas se cale contre lui. Aucun des deux ne dira que c'est un câlin, pas parce que ce n'en est pas un, pas parce qu'ils en ont honte, pas parce que c'est tabou, mais parce que c'est un secret, c'est rare et c'est à eux, personne d'autre n'a à le savoir et comme c'est explicite pour eux,

"Mais-" il n'y a pas besoin de le prononcer.

Ça les calme tous les deux, pour le reste de la nuit en tout cas. Et le matin, ils se réveillent vivants. C'est déjà ça.