La tanière des lions.
Titre du 20/09/2023 : La Tanière des lions
Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)
Y : Yara Greyjoy
Yara Greyjoy
Prénom 67 : Marina
Défi 8 de Sarah & son cerveau : écrire un Self insert
UA Challenge 115 : UA!Contes/OUAT
Quatre aspects de… Solène : Jaisei : écrire sur un couple incestueux ou sur un couple "mal-aimé"
63) 50 nuances de drama
9 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, de secondaire à principal, elles ont dit, Sarah & son cerveau, UA Challenge, quatre aspects, 50 nuances)
Le soir-même.
« Votre fils est un imbécile, lança Cersei Lannister d'une voix emplie de rage à Roose Bolton. Et un incapable. S'il avait réussi à terminer correctement ce qu'il avait commencé et avait achevé pour de bon la fille Greyjoy, nous n'en serions de toute évidence pas là. »
Cersei Lannister avait passé une journée exécrable.
En réalité, ça allait même plus loin que ça, elle avait passé une mauvaise semaine, pire encore, elle n'avait pas eu un seul instant de réel repos depuis que la fer-née et la dunkerquoise avaient débarqué à Kintzheim.
Mais depuis l'agression de la guerrière par le fils Bolton, les choses étaient encore pires qu'avant.
Pourtant, ça aurait pu être une magnifique opportunité, l'occasion d'enfin se débarrasser d'elle sans avoir à faire quoi que ce soit, sans être impliquée et donc sans risquer d'être soupçonnée puisque pour une fois, elle était parfaitement innocente et n'avait rien à voir là-dedans.
Et d'un autre côté, ça lui aurait permis d'écarter Ramsay Bolton loin de ses affaires, lui et son instabilité, qui avait tenté de tuer une femme comme s'ils étaient toujours à Westeros et qu'il pouvait le faire impunément, sans en subir la moindre conséquence.
Elle mourait, un obstacle dans sa vie parfaite disparaissait et ne lui mettait plus de bâtons dans les roues et n'entravait plus le bon fonctionnement de la malédiction, il allait en prison et elle n'avait plus à avoir peur de ce fou dangereux ni de ce qu'il pourrait faire un jour.
Tout était bien qui finissait bien, tout le monde vivait heureux pour toujours (enfin seulement elle), fin de l'histoire.
Seulement voilà.
Non seulement ce crétin avait été imprudent mais en plus il s'était complètement raté.
On n'avait pas idée d'être aussi incompétent.
Elle avait survécu et malgré l'obscurité, elle avait reconnu son agresseur, et au lieu de gentiment sombrer dans le coma, il avait fallu qu'elle se réveille.
Autant dire que maintenant, tout le monde en ville était au courant.
Et dire que la mairesse était agacée aurait été un bel euphémisme.
Elle était tout simplement folle de rage.
Parce que les choses ne se passaient pas comme prévues, que le procès à venir allait rejaillir sur elle et ses alliés, parce que entre la procédure de divorce entamée par Catelyn Baelish (ou sur le point de commencer, elle ne savait plus) contre Littlefinger, l'ordonnance d'éloignement contre Joffrey par Sansa et cette tentative de meurtre, tout allait de travers.
Entre ça et sa relation avec Jaime qui battait de plus en plus de l'aile sans qu'elle ne sache exactement comment arranger les choses, elle devait avouer qu'elle ne savait plus quoi faire.
Avant, quand elle avait le contrôle de la malédiction, que tout tournait rond, qu'il n'y avait aucun problème et qu'elle n'avait rien à faire à part suivre le mouvement, c'était facile.
Elle était l'épouse de Jaime, elle était la mairesse, la dirigeante incontestée de la ville, elle était obéie et respectée, personne ne la contredisait jamais, personne n'avait eu besoin ou envie de le faire, n'y avait même jamais pensé une seule seconde.
Et elle avait aimé ça, s'était vue comme une sorte de nouvelle Tywin Lannister, avait fini par se persuader que rien ni personne ne pourrait jamais perturber son paradis si parfait.
La chute n'en avait été que plus rude quand Yara Greyjoy et Marina Leszczynska avaient débarqué, faisant tout voler en éclats.
Maintenant, non seulement le temps avait repris ses droits et sa place légitime, mais plus rien ne marchait comme avant en ville, les gens semblaient s'être réveillés, il y avait trop de changements et même s'ils ne se souvenaient pas, la blonde le sentait bien.
Plus rien ne serait jamais pareil si elle n'y mettait pas rapidement un terme.
Il n'y avait qu'à voir son frère jumeau, qui avait récupéré son cœur et qui parfois semblait la regarder comme s'il ne la reconnaissait plus, comme si tout ce qu'ils avaient vécu ensemble n'avait pas la moindre importance.
(Mais après tout, c'était elle qui avait tout gâché dès le début en empoisonnant leur relation et en créant un vide dans sa poitrine et en le transformant en même temps en fantôme, non ?)
Il s'éloignait de plus en plus d'elle et elle n'avait plus le moindre contrôle sur lui, elle ne pouvait plus faire quoi que ce soit pour que ça cesse et c'était entièrement de leur faute.
Autrement dit, elle n'avait pas besoin de devoir gérer cette affaire de tentative de meurtre en plus de ce dont elle devait déjà s'occuper.
Quand elle vida le verre de vin qu'elle avait dans la main, celle-ci tremblait légèrement.
Devant elle, réunis dans le salon de la maison (Jaime s'occupait des enfants, elle lui avait dit qu'elle avait une affaire urgente à régler pour la mairie, ce qui n'était pas faux puisque si la malédiction s'effondrait, sa place à la mairie aussi et Yara Greyjoy semblait bien décidée à détruire brique par brique tout ce qu'elle avait pu bâtir au cours des deux dernières années alors ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne s'en prenne à ça aussi), il y avait Roose Bolton et Petyr Baelish, qui semblaient aussi perdus qu'elle.
Ce n'était pas normal, et encore moins une bonne chose.
D'ordinaire le nordien portait un masque sur le visage pour dissimuler ses émotions et Littlefinger avait toujours un coup d'avance sur à peu près n'importe qui en toutes circonstances (y compris sur Cersei elle-même, ce qui l'agaçait au plus haut point), et pourtant…
Pourtant, aucun d'eux deux n'avait réussi à prévoir ce qui allait se passer.
Ils s'étaient bien trop reposés sur le pouvoir que leur accordait la malédiction, sur la certitude que rien ne pourrait leur arriver, ils n'avaient pas réussi à anticiper que la faille proviendrait de leur propre camp.
Et Cersei devait admettre qu'elle en avait été incapable au moins autant qu'eux.
D'un autre côté, l'essence même de Ramsay était qu'il était imprévisible.
Roose grimaça.
« Je ne… je ne pensais pas qu'il…
- Quoi donc ? Riposta-t-elle, sarcastique. Qu'il irait jusque-là ? Ou bien qu'il se louperait ? Ou peut-être même les deux, qui sait ? »
Avant, à Westeros, elle lui aurait probablement envoyé son verre en plein visage, à lui ou à un pauvre serviteur malchanceux qui serait passé par là au mauvais moment, afin d'évacuer sa colère pendant ne serait-ce qu'un court moment.
Mais ils n'étaient plus à Westeros.
Et ce qui était avant un atout était en train de devenir une arme contre elle.
Parce que contrairement à autrefois, dans son monde d'origine, elle ne pouvait pas se débarrasser de ce double problème comme ça, elle ne pouvait pas l'effacer ni la faire assassiner, ce qui aurait déjà été compliqué là-bas mais devenait impossible ici.
Parce que désormais, si sa culpabilité était prouvée, elle ne serait pas intouchable.
Elle n'était plus la reine des Sept Couronnes et la membre d'une des familles les plus craintes du royaume.
Elle était la mairesse de la ville de Kintzheim, certes, mais en dehors de ça, elle était seulement Cersei Lannister, une citoyenne comme les autres.
Une femme qui ne pouvait pas se permettre de faire tuer impunément ses ennemis quand ça lui chantait, quant bien même ça la démangeait de le faire.
Parce que sans elles, sa vie aurait été parfaite.
« Ça n'a plus d'importance maintenant, lâcha Littlefinger, finissant par intervenir pour la première fois depuis le début de la conversation, ce qui est fait est fait.
Cersei serra son verre dans sa main, manquant de le briser, et se retenant à grand-peine de ne pas le jeter sur son visage.
- Pas d'importance ? Fulmina-t-elle. Pas d'importance ? Est-ce que vous vous fichez de moi ? Je vous croyais intelligent pourtant… Le combat dans la rue, nous pouvions nous en servir à notre avantage, parce que c'était elle qui l'avait amorcé, pour le provoquer, mais ça… Si vous trouvez une façon dont ça peut devenir un avantage pour nous, je vous jure que je vous laisse mon poste à la mairie, ironisa-t-elle, mordante. »
Pas une seconde elle n'avait envisagé qu'il puisse ne pas être coupable de cette tentative de meurtre, non pas parce qu'elle faisait confiance à Yara Greyjoy (loin de là…) mais parce qu'il s'agissait de Ramsay Bolton.
Elle savait comme à peu près tout le monde qu'il était capable de tout, elle connaissait sa réputation avant même que la guerre contre les marcheurs blancs n'éclate et elle était tout sauf positive.
Et même sans cela, il y avait le fait qu'il était rentré chez son père avec les mains couvertes de sang et avec probablement un sourire fou sur le visage.
Elle n'avait pas été là pour voir ça, mais elle n'avait pu que l'imaginer.
- Ce n'est pas ce que j'ai dit.
Exaspérée, la blonde ne put s'empêcher de poser violemment son verre vide sur la table devant elle.
Celui-ci se brisa en mille morceaux et la lionne serra le poing, ne prêtant même pas attention aux débris qui se logeaient dans sa main ni aux multiples entailles qu'ils allaient bientôt provoquer.
Plus rien n'avait d'importance, hormis sa colère et sa volonté de trouver le moyen d'écraser ses ennemis, de les réduire à néant.
Elle était une Lannister que diable, la fille de Tywin et Joanna Lannister en personne !
Ce n'était tout de même pas une fer-née et une terrienne qui allaient continuer à lui barrer le passage comme ça !
- Alors dans ce cas-là, si vous n'avez rien de pertinent à dire et que vous n'avez aucune solution à proposer, je vous conseille de vous taire.
- Est-ce que vous savez si quelqu'un l'a vu faire ? Continua-t-il sans tenir compte de son interruption, et elle ne sut déterminer si elle était impressionnée ou agacée par son attitude.
Mais il s'agissait de Littlefinger après tout, les choses avaient toujours été comme ça avec lui, ça n'aurait pas dû l'étonner.
- Si en dehors de vous, continua Baelish, s'adressant à Roose Bolton, et bien sûr de Yara Greyjoy, quelqu'un est au courant de ce qu'il a fait ?
L'ancien seigneur secoua la tête.
- Non, il faisait nuit et les rues étaient vides, il n'a croisé personne.
- Bien. Tant mieux, ça veut dire pas de témoins supplémentaires à écarter. D'après les informations que j'ai pu récolter, elle est la seule à avoir vu son agresseur, cette… cette femme, cette Marina Leszczynska et son petit-ami Lancel, n'ont rien vu a priori. Ça aussi ça joue en notre faveur.
Cersei faillit éclater de rire.
- Vous avez l'intention de dire qu'elle ment ? C'est ça la ligne de défense que vous voulez nous proposer ?
Littlefinger haussa les épaules.
- Pas de témoin direct, pas de preuves… (Ramsay avait certes été assez stupide pour tenter de la tuer mais pas assez pour laisser ses empreintes sur l'arme ou pour qu'on puisse dire avec certitude qu'elle lui appartenait). Ce sera sa parole contre la sienne. »
Ça pouvait marcher.
Ça devait marcher.
Après tout, ne disait-on pas que la meilleure défense, c'était l'attaque ?
§§§§
Le lendemain.
Lancel se demandait comment faire au juste pour formuler la question qui le hantait depuis plusieurs jours, depuis l'agression qu'avait subie Esgred.
Ou Yara, ou quel que soit son véritable nom.
Qu'importe après tout, ça n'avait pas la moindre importance, mais sans qu'il ne sache au juste vraiment pourquoi, il avait le sentiment que…
Que c'était important et pas anodin comme il l'avait cru au premier abord.
Ce prénom, qu'il avait entendu, que sa petite-amie avait laissé échapper par accident, et qui semblait avoir réveillé quelque chose en lui, dans sa mémoire, qui avait créé une fissure dans un mur autrefois parfaitement lisse et sans le moindre défaut quelconque.
Maintenant, c'était comme si la fissure s'était agrandie et qu'il ne voyait désormais plus qu'elle.
Et il avait besoin de comprendre.
En entrant dans la chambre d'hôpital de la jeune femme (dont elle sortirait finalement au cours de la semaine suivante), Lancel salua Esgred qui lui répondit avec un bonjour, un sourire qui n'avait rien de joyeux et une lueur de tristesse dans ses yeux qu'elle avait bien du mal à dissimuler.
Ça aussi il aurait aimé le comprendre.
Mais depuis leur arrivée à Kintzheim, il semblait que plus grand-chose n'avait réellement de sens en ville.
« Je suppose que tu es venue voir Marina, lui dit-elle avec un sourire qui semblait cette fois-ci un peu plus sincère.
Il sourit.
- Oui en effet. Je vois qu'on ne peut rien te cacher.
Elle rit et Lancel ne put s'empêcher de se demander comment quelqu'un avait bien pu vouloir supprimer quelqu'un d'aussi lumineux et solaire qu'elle.
(Si elle avait entendu cela, Yara n'aurait sans doute pas approuvé ces deux adjectifs, mais c'était ainsi qu'il la voyait, comme la femme qui avait tout fait pour sauver une ville qui n'était même pas la sienne.)
Et puis il se souvint que le principal suspect s'appelait Ramsay Bolton et que vu sa sinistre réputation et ce qu'il avait fait, ça n'aurait pas été si surprenant de sa part.
- Ne t'en fais, ta dulcinée ne va pas tarder à revenir, elle est allée promener Onyx.
(Et sortir brièvement de la ville pour éviter de perdre la mémoire, mais inutile de lui parler de ça.)
Et en effet, elle arriva quelques minutes plus tard, et, adressant un sourire éblouissant au lion, elle l'embrassa.
- Salut, lui dit la dunkerquoise, ça va ?
- Oui ça va, surtout maintenant que tu es là. Est-ce qu'on pourrait se parler une minute ? J'ai quelque chose à te demander. Il se tourna vers Esgred. Ça ne te dérange pas si on sort un moment ?
- Vous en faites pas, je survivrais.
Elle avait dit ça en souriant, mais Lancel surprit une ombre dans le regard de sa petite-amie.
De toute évidence, elle avait encore peur de la perdre.
- On revient bientôt, indiqua-t-elle à son amie, avant qu'ils ne sortent dans les jardins de l'hôpital.
Ils s'installèrent, ayant laissé la chienne avec Esgred, et Lancel prit une profonde inspiration avant de se lancer.
- Le soir où Ramsay Bolton a tenté d'assassiner Esgred, tout s'est passé très vite. Il y avait tellement de sang, elle était aux portes de la mort, il n'y avait pas de temps à perdre, alors je ne t'ai pas posé la moindre question sur le moment. Et puis après, elle venait à peine de se remettre, alors j'ai décidé d'attendre le bon moment, et je pense… que c'est maintenant. Alors Marina, je voudrais te demander une chose.
- Je t'écoute, lui répondit-elle, curieuse et les sourcils froncés.
- Quand Esgred s'est écroulée et que tu t'es précipitée vers elle, tu l'as appelée par un autre prénom que celui qu'elle utilise d'ordinaire. Alors je voulais savoir… Marina, pourquoi est-ce que tu l'as appelée Yara ? »
S'il devait en juger au regard de pure panique que la jeune femme lui adressa, elle ne s'attendait aucunement à cette question.
A suivre…
