Chapitre 7

Une mélodie retentit dans le vaisseau. Joker avait décidé depuis peu de réveiller l'équipage en musique. Il trouvait ça plus sympa. Dans ses quartiers, Shepard ouvrit les yeux avec difficulté. Il faut dire qu'elle avait passé la nuit avec Kaidan et qu'elle n'avait pas beaucoup dormi. Elle se tourna vers lui, prit appui sur son bras et de l'autre commença à lui caresser doucement le visage pour le réveiller. Il fit des petits bruits de mécontentement mais finit tout de même par ouvrir les yeux à son tour.

- Shepard ?, demanda-t-il, du sommeil dans la voix. Quelle heure il est ?

- L'heure d'aller au mess et d'entamer la journée. Tu n'as pas entendue la jolie musique que Joker a diffusé dans les hauts parleurs ?

- C'était donc ça ce bruit. Je croyais que c'était dans mon rêve.

- Allez, debout. On a une grosse journée aujourd'hui. Je veux savoir si James a des nouvelles pour nous.

- Tu veux dire, de sa taupe ?

- Tous deux se levèrent et allèrent prendre leur douche ensemble. Puis, ils s'habillèrent et descendirent au mess pour prendre leur petit déjeuner. L'équipe était déjà là, à les attendre. Ils prirent une chaise et se mêlèrent à la conversation.

- Alors, James, demanda Shepard entre deux bouchées, des nouvelles de votre taupe ?

- Justement, ça me plaisir que vous me demandiez ça. J'ai reçu des informations ce matin, de bonne heure.

- Et ?

- Vous allez être ravie. Je sais où se planque Cerberus. Vous connaissez le Mont Weather ?

- Comme tout le monde. C'est une base secrète qui a servi pendant l'invasion des Moissonneurs.

- Exact. Petrovski a profité du chaos général qui régnait après leur défaite pour récupérer la base pour son organisation.

- Je vois. D'autres informations qui pourraient nous être utile ?

- Comme l'emplacement de son bureau par exemple ?, demanda James avec un brin de malice dans la voix.

- Oui, quelque chose dans ce genre-là.

- Au septième niveau, répondit-il fièrement. Et j'ai aussi le plan de sa base, le nombre de gardes armés, et tout ce qu'il faut savoir sur son personnel.

- Ouah, répondit Shepard, visiblement impressionnée. Votre taupe n'a pas chômé.

- Mais qu'est-ce qui nous dit qu'on peut lui faire confiance ?, demanda Liara. Il se pourrait que ce soit un piège et dans ce cas-là, on foncerait tout droit dans les pattes du loup !

- Sa gueule, Liara, intervient Kaidan.

- Hé !, s'exclama Liara, visiblement choquée. Pourquoi tu me dit « ta gueule » ?

- Non, pas « ta gueule », lui répondit Kaidan en riant, SA gueule. L'expression c'est « dans la gueule du loup ».

- Oh, je vois, répondit-elle. Désolée. J'ai encore du mal avec vos expressions.

- Liara a raison, intervient à son tour Garrus. Vous êtes sûr qu'on peut lui faire confiance ? Ce ne serait pas la première fois que quelqu'un joue double jeu avec nous. N'est-ce pas Shepard ?

- Vous seriez gentil de ne plus me parler de ce clone pathétique et de son bras droit !, déclara-t-elle, faussement outrée. Mais vous marquez un point tous les deux. James, vous êtes sûr de vous ? On peut lui faire confiance ?

- Affirmatif Lola, dit-il solennellement. J'en mettrai ma main à couper. Jamais je ne mettrai la vie de l'équipe en danger si je n'étais pas sûr de sa loyauté.

- Très bien, on vous fait confiance. Si vous avez terminé de déjeuner, direction la salle de réunion. Nous avons des plans à examiner !

- Bien, chef !, dirent-ils tous en chœur, avant de se lever et de se diriger vers la salle de briefing.


Aria se leva de bonne heure. Elle devait préparer ses affaires avant de retrouver Petrovski dans l'après-midi. Le Mont Rushmore se situait à 2054 km de là où elle se trouvait, soit environ 10h de voyage. Krank était un bon mécanicien et avait quelque peu modifié la navette UT-47 fauchée à l'Alliance pour qu'elle puisse voler à 200km/h. Ils seraient donc à l'heure au rendez-vous, s'ils ne traînaient pas en route. Vers 8h, Aria se dirigea vers l'endroit où était garée la navette et vit Krank en train de terminer les derniers préparatifs.

- On peut y aller ?

- Oui, tout est prêt. Si on part maintenant, on pourra arriver avant Petrovski.

- Bien ! En route !

La navette décolla, prit de la hauteur, et partie en direction du Dakota du Sud, aux Etats Unis. Le ciel était dégagé et peu de véhicules se trouvaient dans les airs.


Liara alluma la machine holographique qui se trouvait au milieu de la pièce de débriefing, afficha les plans en coupe du Mont Weather dérobés par leur nouvel allié et alla s'asseoir, bientôt imitée par Garrus et les autres. Shepard s'assit également pour laisser le soin à James d'expliquer les images qu'ils avaient devant les yeux.

Le bâtiment sous terrain comptait sept niveaux. Le premier, celui se trouvant sous la surface, et le plus facile d'accès, abritait le hangar à navettes. Au second niveau se trouvait les cuisines et le réfectoire. Les bureaux se situaient au troisième et les laboratoires au quatrième. Les appartements du personnel étaient au cinquième et celui de Petrovski au sixième. Enfin, au septième et dernier niveau, le plus loin sous la surface de la terre, se trouvait le bureau du nouveau chef de Cerberus. Après avoir laissé ses camarades contempler le plan en trois dimension, James prit la parole.

- On va pas se mentir les gars ! dit-il, ça risque de chauffer pour arriver jusqu'à ce loco de Petrovski. Il y a des gardes à tous les étages, et ils seront sûrement lourdement armés. Même si le catalyseur a détruit leurs implants cybernétiques, ils restent dangereux.

- James a raison. Il va falloir privilégier l'infiltration à l'attaque frontale, déclara Shepard. Votre source peut-elle nous ouvrir les portes de l'intérieur sans se mettre en danger ?

- Je ne sais pas Lola. Il faudrait que je lui demande. Si elle grille sa couverture, Petrovski lui fera pas de cadeaux !

- Certes, déclara Jaavik. Chez Cerberus, ils n'ont pas l'air d'être du genre à aimer les traîtres. Mais c'est sûrement notre seule chance de nous introduire sans nous faire repérer.

- Bien ! James, je vous laisse le soin de contacter votre taupe. En fonction de ce qu'elle décidera, nous mettrons au point notre mission d'infiltration. Tali, jetez un œil aux informations qu'on a reçu. Qu'on sache exactement où l'on va mettre les pieds.

- Bien Shepard !

- Les autres, rompez !


Le paysage défilait sous les yeux d'Aria. Cela faisait déjà plusieurs heures qu'ils étaient en vol et elle commençait à trouver le temps long. Pour ne rien arranger, Krank s'était mis à fredonner une chanson guerrière qu'il avait apprise sur Tuchanka et elle était à deux doigts de le faire passer par-dessus bord. Elle ferma les yeux un instant pour essayer de se concentrer sur son rendez-vous puis n'y tint plus et donna un coup au Krogan.

- Krank, par pitié, arrête de fredonner. Tu me donnes envie de t'arracher la langue et de me faire une écharpe avec !

- Désolée, Aria, dit-il de sa voix rauque. C'était pour nous donner de l'entrain !

- Oui, ben fais-moi plaisir, chante dans ta tête ! On est encore loin ?

- On survole le Dakota du nord en ce moment. Encore quelques heures et on sera arrivé !

- Par la déesse, que c'est long !

- Je peux vous apprendre la chanson si vous voulez.

- La ferme, Krank !


De son côté, Oleg Petrovski était également en route. Il survolait à cet instant précis, l'Illinois. Contrairement à Aria, qui n'avait que son Krogan et ses pouvoirs pour se protéger, lui avait choisi d'emmener un commando lourdement armé, caché dans la soute de sa navette. Il savait à qui il avait affaire, et il ne voulait prendre aucun risque. Ce n'était pas un hasard s'il était toujours en vie. S'il n'avait pas été arrêté par l'Alliance, Aria l'aurait achevé pour avoir voulu lui voler Oméga. Et même si pour le moment ils avaient un projet en commun, il doutait sérieusement qu'elle le laisse s'en aller tranquillement une fois la mission achevée. Elle n'était pas connue pour sa clémence légendaire. Il espérait cependant qu'elle lui en dise plus sur l'objet qu'il détenait. Ses scientifiques avaient fait chou blanc et il voulait avoir des réponses. Il n'en dormait plus la nuit. Il savait ce qu'il faisait, qu'il appartenait à une race extra-terrestre encore inconnue mais ne savais pas comment l'activer. Il jeta un rapide coup d'œil sur la boîte dans laquelle était enfermé l'objet puis reporta son attention sur le paysage qui défilait devant lui. Le GPS indiquait qu'il lui restait encore un état à traverser avant d'arriver dans le Dakota du Sud. Bien, se dit-il, je serais à l'heure au rendez-vous.


Shepard se rendit dans les quartiers de Tali pour voir si la Quarienne avait du nouveau. Son espèce était connue pour ses compétences technologiques et son amie avait de grandes capacités dans ce domaine. Elle la trouva attablée devant son ordinateur, visiblement contrariée, à en juger par les jurons qu'elle proférait, étant donné que sa combinaison ne laissait pas transparaître ses expressions faciales.

- Bosh'tet ! Certaines données sont cryptées. James a réussi à avoir les informations en surface. Mais celles qui nous intéressent réellement, à savoir les données propres à l'appareil des Trorien, se trouve sous la partie visible de l'iceberg.

- C'est un souci ?

- Vous me connaissez Shepard ! J'ai plus d'un tour dans mon sac ! Laissez-moi quelques heures et ce sera bon.

- Ok. Travaillez bien alors.

Elle retourna dans le couloir, prit l'ascenseur et descendit dans la soute pour voir James. Comme à son habitude, il était en train de s'entrainer à la boxe sur un sac de sable attaché grossièrement au plafond.

- Hé James, lui dit-elle, se mettant en position de combat. Du nouveau ? Vous avez réussi à joindre votre taupe ?

- Affirmatif Lola, répondit-il en changeant d'adversaire et en lui décochant un crochet du droit, qu'elle arrêta facilement. Elle nous demande de la prévenir lorsqu'on sera prêt à entrer. Elle fera une diversion à ce moment-là. Elle m'a aussi dit que Petrovski était sorti régler une affaire urgence loin de là et qu'il ne rentrerait pas de sitôt.

- Ok, cool, dit-elle en haletant. Une idée de cette mission urgente ? demanda-t-elle en répliquant avec un crochet du gauche.

- Non, Lola, aucune idée, lui répondit-il en esquivant son attaque. Mais il était énervé, à ce qu'elle m'a dit.

- Bien ! Fin de l'entraînement pour moi soldat ! dit-elle en retournant à l'ascenseur. J'ai des choses à faire !

- Ok, Lola. A plus tard ! lui dit-il en retournant à son sac de sable.

Qu'est-ce que tu traficotes Petrovski, se demanda-t-elle intérieurement. Ça sent pas bon, ça, pas bon du tout. Elle appuya sur le bouton de l'ascenseur et attendit. Qu'est-ce qu'il est long, se dit-elle. Quand enfin il arriva à son niveau, elle y prit place et retourna dans ses quartiers pour prendre une douche. Cet entraînement improvisé l'avait fait transpirer plus qu'elle ne l'aurait imaginé.