Le haut-parleur grésilla. « Tous au centre de combat et d'information, l'Amiral veut vous parler ! Joker, terminé. »
Terminant ce qu'ils étaient en train de faire, l'équipe au complet se dirigea prestement vers le point de rassemblement. Shepard était déjà là, discutant avec Samantha.
- Bien, vous êtes tous là, dit Shepard en se tournant vers ses amis. Tali n'a pas encore réussi à déchiffrer toutes les données mais avec l'aide de James, on peut déjà définir un angle d'attaque. Nous ne savons certes pas ce que Cerberus sait du téléporteur mais on sait où il se trouve. La taupe de James nous ouvrira le hangar à navettes lorsque nous lui donnerons le signal. Nous entrerons nous poser et si tout se passe bien, il n'y aura pas d'affrontement à ce niveau-là. En effet, le hangar devrait être vide à ce moment-là, son amie ayant fait une diversion. Toujours si tout se passe bien, nous devrions trouver des uniformes de Cerberus, afin de nous fondre dans la masse. Les deuxième et troisième niveaux ne posent pas de difficultés particulières. Non, on devrait commencer à trouver de la résistance au quatrième niveau, celui des laboratoires. Ils risquent d'être lourdement armés puisque c'est là que Cerberus cache ses petits secrets. C'est pour cela qu'on va opérer par équipe de trois. Pendant qu'une équipe s'occupera de sécuriser le quatrième niveau, les deux autres se fraieront un passage vers les cinquième et sixième niveaux. C'est là qu'on se regroupera tous pour aller ensemble au septième et dernier niveau, celui où se trouve le bureau de Petrovski. Ce dernier étant absent, il a dû renforcer les défenses dans sa base.
- Comme au bon vieux temps !, déclara Garrus avec entrain.
- Très bien, mais si ça tourne mal, il nous faut une solution de repli. Comment on fera pour remonter à la surface si on est coincé en bas ? demanda Kaidan.
- Merci de poser la question. Une dernière équipe restera dans le hangar, d'une part pour surveiller que Petrovski ne revienne pas à l'improviste et d'autre part pour faire une diversion si jamais ça tourne mal. Elle devra faire évacuer la base pour nous permettre de nous échapper. Le SR2 nous attendra quelques kilomètres plus loin, canons sortis, si d'aventure il leur prenait de nous suivre jusque-là ! Joker, demanda-telle, on est où là ?
- On est stationné quelque part au-dessus de l'océan atlantique, Amiral, non loin des côtes américaines. On peut être au Mont Weather dans quelques heures.
- Merci Joker, tenez nous au courant. Bien, si tout le monde est prêt, je vais énoncer les équipes. Une fois les trois premiers niveaux nettoyés, Kaidan, Jaavik et Liara, vous vous dirigerez vers les laboratoires ; Garrus, Wrex et moi-même nous sécuriserons le cinquième niveau. Gavin, Meunier et Sherman vous vous occuperez du sixième. Et s'il n'y a pas trop de casse de notre côté, nous prendrons d'assaut le bureau de Petrovski. Il doit sûrement avoir des petits secrets bien gardés dans son ordinateur personnel.
- Et moi, demanda Tali, visiblement vexée. Vous n'allez pas recommencer à me laisser de côté ?
- Non, bien sûr. J'avais dans l'idée que vous resteriez ici pour finir de décrypter les données, lui répondit-elle.
- Bon, ok pour cette fois. Liara, si vous trouvez une clé de décryptage dans les ordis du labo, pensez à me la ramener. Cela pourrait nous aider à aller plus vite. Il ne faudrait pas leur laisser trop d'avance.
- Bien sûr, Tali. Pas de souci. Vous savez, si j'avais vos talents, je vous laisserez ma place volontiers.
- Merci Liara, c'est gentil de me dire ça. Mais vous savez comme moi que ça n'arrivera jamais.
- Ha, heu, d'accord, bégaya-t-elle. Je disais ça pour vous remonter le moral, hein, c'est tout.
- Je sais.
- Shepard ?
- Oui, Steve ?
- Heu, et moi ? Je veux dire, je vais pas garder le hangar tout seul, si ? Vous aviez parlé d'une équipe.
- Traynor ?, demanda Shepard à travers son intercom, après avoir longuement réfléchi. Vous pourriez quitter votre poste une minute?
- Bien sûr. Que se passe-t-il ?
- Rejoignez-nous dans la salle de débriefing, j'ai à vous parler.
- Sérieux ? ironisa le capitaine Cortez. L'officier Traynor ? Elle n'est jamais sur le terrain ! Comment voulez-vous qu'elle vous exfiltre en cas de problème ?
- Steve, ne sous-estimez pas Samantha. Elle peut faire des miracles avec une brosse à dent ! lui répondit Shepard avec une pointe d'humour. N'oubliez jamais, que sans elle, nous n'aurions jamais pu reprendre le Normandy à mon double maléfique.
- Certes, conçut-il. Mais de là à l'envoyer sur le terrain !
- Officier Traynor, au rapport, mon Amiral ! déclara Samantha en sortant de l'ascenseur main sur la tempe.
- Rompez, soldat ! s'amusa-t-elle à lui répondre. Plus sérieusement, je vous ai fait venir parce que vous avez une bonne connaissance de notre armée. Et il me manque des hommes sur le terrain. L'amiral Hackett doit bien avoir des hommes en réserve quelque part non ? Sur le continent américain serait parfait.
- Je vais me renseigner.
- Bien ! s'exclama-telle avant de se tourner vers les autres. Rompez ! Joker nous fera signe quand nous serons arrivés à destination !
Approximativement 10 heures après être partie de Vancouver, Aria arriva enfin au point de rendez-vous. Le soleil commençait déjà à décliner à l'horizon et dans quelques heures, l'endroit serait plongé dans le noir. Elle demanda à Krank de survoler l'endroit en mode furtif, histoire de voir si Petrovski était arrivé. Contre toute attente, il était déjà là, au pied de la falaise, seul. Au moins a-t-il tenu sa promesse, se dit-elle avant de demander à son homme de main de poser la navette un peu plus loin, à l'abri des regards. Elle lui demanda ensuite de rester à l'écart mais de toujours garder un œil sur elle et les alentours, au cas où, on ne sait jamais.
Même si elle souhaitait toujours quitter la Terre pour retrouver Oméga, elle devait bien admettre qu'il y avait quand même sur cette planète de belles choses à voir. Le Mont Rushmore en était un bel exemple. Le talent qu'il avait fallu à ces humains sans technologie avancée, ni pouvoirs pour sculpter un tel chef d'œuvre était déjà magique en soi. Il était là depuis des centaines d'années et n'avait presque pas subi de dommages durant l'attaque des Moissonneurs. Un vrai miracle. À croire que quelque chose le protégeait. Un champ de force naturel peut-être.
Elle continuait d'avancer vers Petrovski lorsqu'elle entendit un bruit. Léger, presque furtif même. Là, quelque part, dans les buissons qui entourait la falaise. Elle se sentait observée et n'aimait pas cette sensation. Elle se figea alors et dressa l'oreille pour savoir d'où venait le danger. Une légère aura bleutée l'entoura lorsqu'elle actionna son champ de force. Si cet enfoiré a amené du monde avec lui, se dit-elle, je le massacre.
De son côté, Petrovski tendait lui aussi l'oreille, le corps en alerte. Il commençait à se demander si Aria ne lui avait pas poser de lapin. Ce serait bien son genre, tiens, se dit-il pour lui-même. Il avait posé sa navette à l'opposé de celle d'Aria et avait demandé à son équipage de le surveiller de loin. Il n'avait pas voulu emmener d'intercom auditif de peur qu'elle s'en aperçoive et annule la transaction. Sans parler du fait qu'elle lui aurait sûrement lancer une déchirure, pour le fun. Il se mit à faire les cent pas, tout en regardant des deux côtés pour voir si la reine pirate daignerait se pointer avant la tombée de la nuit. Lui aussi se sentait observé, et lui aussi se demandait ce qui pouvait bien se cacher dans les buissons.
Ne voyant rien s'élancer vers elle, Aria reprit sa marche, tout en gardant son bouclier actif, au cas où. Elle arriva enfin dans le champ de vision de Petrovski et celui-ci lui fit de grands gestes pour lui signifier de venir le rejoindre. Elle n'était plus qu'à quelques mètres de lui, lorsque tous deux entendirent un grognement qui n'avait rien de naturel. Son champ de force se mit à briller plus fort, tandis que lui posa la main sur l'arme qui se trouvait sur sa hanche et qui était dissimulée par sa veste. Tous deux tournèrent leur regard dans la direction d'où venait le bruit et attendirent qu'il se passe quelque chose. Ils n'eurent pas à attendre longtemps. En effet, un ours gigantesque (ou du moins ce qui y ressemblait) suivit par d'autres animaux (tout aussi monstrueux) sortirent des buissons qui se trouvaient à quelques dizaines de mètres d'eux.
- Putain, Petrovski, c'est quoi ces trucs ? hurla Aria, qui commença à envoyer des singularités dans leur direction. L'une d'elle atteint l'ours qui commença à flotter dans les airs.
- Qu'est-ce que j'en sais moi ! Je suis pas devin ! lui répondit-il tout en tirant de larges salves vers les animaux qui commençaient à courir vers eux, blessant mortellement certains d'entre eux.
- Tiens, prends ça, dit-elle en lançant une déchirure à un loup gigantesque qui s'approchait d'un peu trop près. La pauvre bête fut coupée en deux, ce qui eut pour effet d'énerver ceux qui suivaient.
- Arrêtez de les énerver, vous voyez pas qu'ils nous encerclent ?
- Bien sûr que si je le vois, je suis pas aveugle, dit-elle en lançant une série d'ondes de choc. Ça devrait les faire reculer un peu.
- Oh, oh, dit Petrovski. Votre singularité a pris fin, et l'ours a pas l'air content du tout. En effet, celui-ci émit un rugissement à faire blêmir d'effroi n'importe qui et commença à charger.
- Putain Krank, qu'est-ce que tu fous ? se dit-elle mentalement. J'ai beau être très forte, je tiendrais pas indéfiniment ! cria-t-elle en se mettant dos à dos avec Petrovski.
- J'ai plus de munitions ! dit-il en lançant son arme. On est foutu si quelqu'un ne vient pas très vite nous aider !
- Un peu de tenu Petrov ! Vous êtes censé être le chef de l'organisation criminelle la plus puissante de la planète, pas un pleurnichard ! lui dit-elle en lançant une projection sur le groupe de trois qui s'avançaient vers elle, les envoyant valser quelques mètres plus loin. Elle réitéra l'action sur l'ours qui s'apprêtait à dévorer Petrovski.
Alors que les animaux survivants s'approchaient de plus en plus dangereusement, un cri puissant se fit entendre. Regardant derrière eux, Aria vit Krank arriver en chargeant, son arme à la main. Le sol trembla sous le poids du Krogan et les animaux firent volteface. Au même moment, sortant des buissons, l'équipe de Petrovski ouvrit le feu sur les quelques animaux qui n'avaient pas encore été mis en pièce. Au bout de quelques minutes d'intense affrontement, le calme revint. Aria put alors souffler et les regarder plus attentivement. Elle s'approcha de l'un d'eux, l'ours qu'elle avait fait voler dans les airs et qui n'avait même pas eu une petite égratignure, et esquissa une grimace.
- Je suis pas une spécialiste de la faune de cette planète, mais ceux-là ne me semblent pas tout à fait normaux, dit-elle en les pointant du doigt.
- Je suis d'accord, admit Petrovski. On dirait qu'ils ont muté. Cet ours était plus grand et plus agressif que la normale. Pareil pour les autres. Certains ne sont même pas censés être dangereux !
- Une idée de ce qui a pu les mettre dans cet état ? demanda-t-elle en le regardant attentivement.
- Vous n'êtes quand même pas en train de m'accuser de quelque chose? demanda-t-il, visiblement vexé.
- Eh bien, ce serait bien le genre de Cerberus de faire des expériences tordues sur la faune de cette planète. Pour les rendre plus combatifs, par exemple, ou pour former une armée. Mais vous avez l'air aussi surpris que moi, donc ça ne vient peut-être pas de vous, lui dit-elle, reportant son attention sur les cadavres.
- L'homme Trouble serait derrière tout ça ? se demanda-t-il, vraiment surpris. Mais dans quel but ?
- Ça, je ne sais pas. À vous de me le dire ! Il pensait peut être vaincre les armées des moissonneurs avec ces animaux génétiquement modifiés. Il faudrait leur faire une autopsie pour être sûr.
- Vous pensez qu'il peut y avoir un labo, là, quelque part, d'où sont sorties ces créatures ?
- Tout est possible avec l'homme trouble. Il s'est bien mis des implants de moissonneurs dans le but de les contrôler.
- Emmenez ces corps au vaisseau, ordonna-t-il à ses hommes. Et si on remettait notre entrevue à plus tard, histoire de nous remettre de nos émotions ? demanda-t-il à Aria.
- Et mon poing dans votre gueule ? lui lança-t-elle pour toute réponse. Vous ne pensez tout de même pas qu'après avoir fait tout ce chemin, je vais faire machine arrière à cause de quelques animaux décérébrés ?
- Certes. Eh bien, vu que la nuit va presque tomber, je vous propose de monter notre campement ici pour cette nuit.
- Je préfère dormir dans mon vaisseau, sans vouloir vous vexer. Mais si l'envie vous prend de dormir à la belle étoile, à la merci de ces bêtes sauvages, faites donc, ne vous gênez surtout pas pour moi ! dit-elle, en tournant les talons, et en retournant à son vaisseau escorté par Krank.
- Reine Pirate de mes deux ! fulmina-t-il en retournant lui aussi dans sa navette.
