La voix de Joker résonna dans les haut-parleurs du vaisseau. « Que ceux qui participent à l'assaut du Mont Weather se rendent dans la soute, sur ordre de l'Amiral. Et que ça saute ! ». « Joker, on en a déjà parlé, vous ne pouvez pas leur parler comme ça, lui répondit une voix féminine. » « Désolé, Shepard. En vitesse ! rectifia-t-il. Joker, terminé.»

Les quartiers d'équipage commencèrent à se vider de leurs habitants, qui se dirigèrent vers l'ascenseur pour se rendre au hangar, afin de s'équiper pour la prochaine mission. Elle était risquée et mieux valait qu'ils soient bien armés. Même privée de son chef, Cerberus restait dangereuse. Après quelques minutes de descente, l'équipe se dirigea vers les casiers où étaient stockées les armes et les armures. Cela ne leur prit que quelques secondes pour s'équiper de pied en cape et ils retournèrent se placer devant Shepard.

Tous avaient leurs armes de prédilection : fusils d'assauts pour Garrus, James et Jaavik, fusil à pompe pour Wrex et des armes de poing pour Gavin et Meunier. Tous les autres étaient armés d'un pistolet qui viendrait renforcer leurs pouvoirs biotiques.

Le haut-parleur se remit à grésiller : « Mont Weather en vue. Tout semble calme ! Je vais me poster non loin de là. Dites-moi quand c'est bon pour la navette ! Joker, terminé ! »

- Bien, vous avez entendu, on y est. James, c'est le moment d'avertir votre taupe. Dès que ce sera fait, nous patienterons quelques minutes afin de lui laisser le temps de faire une diversion. Tous dans la navette !

Le Docteur Caitlin regardait son écran avec impatience. James l'avait prévenue que ce serait pour ce matin-là, mais n'avait pas été plus précis. Heureusement pour eux, depuis le départ de Petrovski, c'était assez calme par ici. Elle avait capté une transmission dans laquelle il disait avoir affronté des monstres la veille avec la personne qu'il devait rencontrer et ne pas savoir quand il rentrerait. Certes, il avait renforcé la sécurité à tous les étages avant son départ, mais cela ne lui poserait pas de problèmes. Elle connaissait la majorité des hommes qui gardaient la base et le moins qu'on puisse dire, c'est que le niveau avait baissé depuis la disparition de l'Homme Trouble. Son nouveau chef était tellement prétentieux et avait tellement confiance en son QG, qu'il avait relâché l'entraînement des soldats. Ils restaient dangereux pour le commun des mortels, mais pas pour une équipe aussi entraînée que celle de l'Amiral Shepard.

Son regard allait de l'horloge à son écran d'ordinateur, mais sa messagerie restait désespérément silencieuse. Elle se leva et sortit de son appartement pour se rendre à la salle de contrôle qui se trouvait au niveau supérieur. Elle salua d'un hochement de tête en entrant et se dirigea vers le mur du fond. Il y avait cinq écrans de surveillance, divisés en petits carrés qui montraient chacun une zone différente de la base. Et devant chacun d'entre eux était posté un soldat. Elle porta son regard vers celui qui montrait la zone d'atterrissage, au niveau 1. Pour le moment, tout était calme. Les quelques gardes qui y étaient postés étaient en train de jouer aux cartes autour d'une petite table, non loin de la commande d'ouverture de la porte. Parfait, se dit-elle. Au moins, ils n'auront aucun mal à prendre d'assaut ce niveau-là. Elle discuta un peu avec eux puis retourna dans son appartement. Un message d'alerte clignotait sur son écran d'ordinateur. Elle se dépêcha de l'ouvrir puis le lut rapidement. Ils étaient là, dehors, prêts à donner l'assaut. Elle renvoya un message en leur disant d'attendre dix minutes avant d'agir, puis sortit précipitamment dans le couloir, se dirigea vers l'ascenseur, appuya sur le bouton et après ce qui lui sembla être une éternité, put enfin y entrer. Elle appuya alors sur le bouton qui conduisait aux laboratoires. Sa diversion consistait à faire sonner l'alarme de mise en quarantaine de la base afin que le personnel non combattant se replie aux niveaux inférieurs. Il ne resterait plus que les gardes qui sécuriseraient l'accès en s'assurant que personne ne rentre ni ne sorte. Elle avait préalablement trafiqué la commande d'ouverture de la porte du hangar afin que les gardes soient incapables de l'ouvrir ou de la fermer. Cela lui donnait une excuse pour se rendre au niveau 1 afin de la réparer.

Le bouton d'alerte se trouvait dans le premier laboratoire, au fond, derrière l'un de ses collègues. Sachant qu'elle lui plaisait, elle lui proposa d'aller leur chercher un café au mess, ce qu'il accepta en rougissant. Elle avait honte d'utiliser ainsi le béguin que ce jeune homme avait pour elle de cette façon, mais bon, ne disait-on pas : « à la guerre, comme à la guerre » ? Elle attendit de le voir disparaître dans le couloir, avant de s'avancer et de poser sa main sur l'énorme bouton rouge. Un vacarme assourdissant se fit alors entendre. Des ampoules rouges clignotantes commencèrent à s'allumer dans toute la base et un message enregistré demanda à toute personne présente de se rendre immédiatement dans la zone de sécurité de la base, qui se trouvait au septième niveau, là où Petrovski avait son bureau. En quelques minutes, les niveaux supérieurs se vidèrent de leurs habitants. Tous se dirigèrent vers le niveau indiqué et s'enfermèrent selon le protocole d'urgence. Elle se retrouva seule et se dirigea vers le centre de contrôle. Les gardes n'étaient plus que deux et l'un d'entre eux était en train de jurer devant son écran.

- Eh bien, que se passe-t-il messieurs ? Vous ne devriez pas être en train de sécuriser la base ?

- Et vous, vous ne devriez pas être en sécurité avec les autres scientifiques ? lui rétorqua le deuxième homme.

- C'est vrai, mais je dois d'abord m'assurer que tout fonctionne bien. Cela fait aussi partie de mon travail.

- Bon, eh bien, lui dit le premier homme, celui qui jurait comme un Krogan, je n'arrive pas à faire fonctionner la porte du hangar. On dirait qu'elle est coincée.

- Laissez, je vais m'en occuper. Allez plutôt vous assurer que tout le monde est en sécurité.

- Bien madame ! Marc, amène-toi, on a du boulot ! dit alors le premier garde au second.

Ils sortirent sans demander leur reste et elle put enfin entrer dans le réseau. Elle jeta un coup d'œil au niveau 1 pour s'assurer que la voie était libre, puis lança la séquence d'ouverture de la porte principale. Elle bidouilla ensuite les caméras afin qu'elles diffusent en boucle les mêmes images. Elle se dirigea ensuite vers le niveau 7, pour ne pas éveiller davantage les soupçons. Elle les rejoindrait en temps et en heure.

La navette de Shepard se trouvait au-dessus de la base. Toute l'équipe était prête au combat. James reçut un message lui disant d'attendre dix minutes avant d'attaquer. Pour passer le temps, ils bavardèrent de choses et d'autres. Enfin, Steve leur dit que le moment était venu. Lorsqu'il vit la porte s'ouvrir, il amorça la descente doucement. Il entra dans la base et posa la navette en retrait, afin de la protéger d'une éventuelle fusillade. James avait raison. Sa taupe avait fait en sorte que le hangar soit vide. Ils sortirent du vaisseau et Shepard leur donna quelques instructions.

- N'oubliez pas ! cria-t-elle pour couvrir le bruit de l'alarme. Notre objectif est double : récupérer l'artéfact Trorien et pénétrer dans le bureau de Petrovski afin de comprendre ce qu'il cherche. Et maintenant, fouillez la zone. Il doit y avoir des choses pour nous normalement.

- Bien Amiral ! répondirent-ils tous en chœur avant de commencer à chercher.

- James, c'est quoi ce boucan ? lui demanda-t-elle.

- Une diversion ! C'est sûrement l'alarme pour la quarantaine ou quelque chose comme ça. C'est plutôt bon signe, il ne devrait pas y avoir beaucoup de résistance.

- Shepard, j'ai trouvé quelque chose, dit Liara. Sur cette caisse-là, regardez, c'est écrit en espagnol, il me semble.

- Exact, c'est écrit « amigos », « amis » en espagnol. Ouvrez là, qu'on voit ce qu'elle contient.

La caisse renfermait une dizaine d'uniformes de Cerberus. Après s'être changés, ils se regroupèrent en équipe et commencèrent à explorer la base. Le premier groupe, conduit par Kaidan, partit en direction des ascenseurs pour rejoindre le niveau 2. Le groupe de Garrus prit les escaliers pour se rendre au niveau 4, pendant que celui de Gavin se rendait au niveau 6. Steve se mit derrière les commandes, au cas où il faudrait évacuer, tandis qu'Anderson et Neuville se plaçaient de chaque côté de l'appareil.

Kaidan et son équipe partirent en direction du fond du hangar. Un petit couloir aménagé dans le mur conduisait aux ascenseurs, tandis qu'une porte menait aux escaliers. Il était plus sûr que les différents groupes empruntent des chemins différents. Au bout d'une centaine de mètres, éclairés par les lumières rouges clignotantes, ils aperçurent enfin un ascenseur colossal. Kaidan appuya sur le bouton et se posta sur le côté droit, tandis que Jaavik se mettait à gauche. Liara resta à une certaine distance, prête à lancer une singularité. Quelques minutes plus tard, la cage s'arrêta et les portes s'ouvrirent. Les gardes n'eurent même pas le temps de faire un geste que la singularité s'abattit sur eux, les soulevant dans les airs. Kaidan finit de les achever avec son pistolet. Jaavik les attrapa par les pieds et les traîna un peu plus loin dans le couloir. Ils pénétrèrent alors dans le monte-charge et appuyèrent sur le bouton -2.

- C'était facile, dit Liara.

- Oui, je commencerais presque à m'ennuyer, lui rétorqua Jaavik. Ils ne sont pas confortables ces uniformes. Je comprends mieux pourquoi les hommes de Cerberus sont tellement hostiles !

- Pourquoi ? lui demanda Kaidan.

- Parce que j'arrive à peine à bouger dans ce truc ! bougonna-t-il.

- On ne va pas les garder longtemps, n'est-ce pas Kaidan ? demanda Liara. Juste le temps de faire le ménage.

- S'en est trop ! Je l'enlève, dit-il en joignant le geste à la parole. N'a-t-on jamais vu un Prothéen déguisé de la sorte !

- En fait, si, vous, il y a quelques secondes, lui répondit-elle avec un sourire.

- Attention, on arrive, leur annonça Kaidan.

Les portes s'ouvrirent sur le hurlement de la sirène d'alarme. Ils attendirent quelques secondes, mais ne détectant pas de mouvement, en déduisirent que la voie était libre. Ils sortirent et se positionnèrent de sorte que chacun soit couvert par les deux autres. Ils se trouvaient dans le réfectoire. Les tables étaient disposées symétriquement dans toute la salle et les chaises étaient posées sur le dessus. Pour rendre l'endroit chaleureux, des fauteuils avaient été placés le long des murs. Il n'y avait pas âme qui vive. Personne. Nada. Ils se demandaient où avaient bien pu passer les gardes lorsqu'ils entendirent une détonation. La sirène se tut. Tout devint silencieux, hormis une voix qui provenait des cuisines. Ils se rapprochèrent et se cachèrent derrière une banquette pour mieux écouter.

- T'aurais pas dû faire ça ! Le patron va être furax quand il saura que c'est toi qui as démoli le haut-parleur de cet étage !

- Ha, ça va ! Il est même pas là le patron ! J'en pouvais plus de cette sirène. Est-ce qu'on sait qui a déclenché l'alarme et pourquoi ?

- Ça venait des labos ! À part ça, je sais pas. L'équipe chargée de la sécurité à cet étage ne s'est pas encore manifestée.

- Bon, allons faire notre ronde. C'est pas tout ça, mais on doit quand même respecter le protocole !

Ils les laissèrent passer devant eux, puis Liara lança de nouveau une singularité. Ils s'élevèrent dans les airs et Jaavik les acheva l'un après l'autre. Ils les traînèrent ensuite dans la cuisine et les mirent dans un grand placard. Ils firent le tour de l'étage une dernière fois, puis, voyant que le danger était écarté, remontèrent dans l'ascenseur pour continuer leur descente. Arrivés au niveau -3, ils attendirent quelques secondes avant de sortir. Tout était calme, mis à part cette sirène qui continuait d'hurler. Les bureaux étaient vides et il n'y avait pas de soldat à cet étage. Le tour fut vite fait, et ils reprirent leur descente vers les labos. Au moment de l'ouverture des portes, une explosion les projeta contre la paroi du fond, les blessant légèrement.

Garrus regarda Kaidan et les autres se diriger vers l'ascenseur puis emprunta l'escalier, Shepard et Wrex sur ses talons. Un nombre sur le mur indiquait à quel étage on se trouvait. Ils descendirent jusqu'à voir le chiffre 4. Une lourde porte fermait l'étage avec en son centre un voyant rouge allumé.

- Merde, elle est verrouillée, dit Garrus.

- Wrex, une solution ? demanda Shepard.

- Bien sûr, dit-il en donnant un coup de tête dans la porte. Le voyant passa au vert. Voyez, c'est ouvert maintenant, dit-il, content de lui.

- Ha oui, simple et efficace ! s'exclama Garrus. J'aurais dû y penser.

- Si c'était votre fort de penser, ça se saurait, s'esclaffa-t-il.

Shepard appuya sur le bouton et la porte s'ouvrit sur un couloir plongé dans le noir. À cet étage, l'alarme ne sonnait pas et les lumières clignotantes étaient arrêtées.

- Restez sur vos gardes, leur dit-elle. Cela ne me dit rien qui vaille.

Elle sortit la première et balaya le couloir avec la torche fixée à son arme. Elle fit signe aux deux autres qu'ils pouvaient sortir, et se mirent en position. Les salles de laboratoires étaient disposées les unes à côté des autres. Une indication sur la porte permettait de savoir s'il était dangereux d'y entrer ou non. Les parois de chaque côté étaient en verre, de sorte que l'on pouvait voir exactement ce qu'il y avait à l'intérieur. Shepard en compta une dizaine.

- Qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire avec autant de labos ? demanda-t-elle.

- Connaissant Cerberus, rien de bon, j'en ai peur, commenta Garrus.

Un grognement se fit entendre et une ombre passa derrière la vitre qui se trouvait à quelques mètres d'eux.

- Je crois qu'on va pas tarder à le savoir ! s'exclama Wrex.

- Oui, tenez-vous près. Wrex, passez devant. On vous suit, lui dit-elle.

Elle balaya la vitre avec le faisceau de la lampe torche et eut un mouvement de recul lorsque quelque chose fonça dessus. Heureusement, la vitre était épaisse et aucune fissure n'apparut. La bête grogna de nouveau, et recommença.

- Shepard, tant qu'elle est dans le labo, elle ne peut rien faire, lui fit remarquer Garrus.

- Justement, c'est le moment d'intervenir, lui fit remarquer Wrex. Si on attend encore, elle va réussir à sortir et nous mettre en morceaux.

- Wrex a raison. Garrus, vous voulez bien appuyer sur le bouton d'ouverture de la porte ? On vous couvre.

- Je veux bien, le problème est qu'il n'y a plus de courant à cet étage.

- Ha, merde. Vous avez raison. Une idée, quelqu'un ? demanda-t-elle.

- Votre drone de combat, commença Wrex, il ne pourrait pas faire quelque chose ?

- Wrex, vous êtes un génie, le complimenta Garrus. Shepard, « Robbie le robot » ne pourrait-il pas alimenter la porte temporairement ? Le temps de nous permettre de l'ouvrir.

- « Robbie le robot » ? demanda-t-elle, en levant un sourcil.

- Oui, c'est un petit nom que je viens d'inventer. Joli, non ? Pour en revenir à nos moutons, comme vous dites sur Terre, le drone peut-il nous aider ?

- Oui, il faut que je le reprogramme, mais ça devrait le faire.

Quelques minutes plus tard, elle envoya son gadget remettre du courant dans la porte. Le voyant s'alluma, signe qu'elle était de nouveau opérationnelle.

- Bien, Garrus, prêt ? lui demanda-t-elle de nouveau.

Ce dernier s'approcha lentement de ladite porte. Avec une grande inspiration, il appuya rapidement sur le bouton et s'en écarta promptement. Il revint se placer à côté de ses deux amis. Elle s'ouvrit alors, permettant à la créature de sortir. Un animal monstrueux apparut devant eux. La lumière émise par le drone leur permettait de mieux voir à quoi ils avaient affaire. Composé d'un corps massif, de deux grands bras à l'avant, et de deux pattes plus courtes à l'arrière, celui-ci semblait être un cousin très lointain des gorilles que l'on trouvait encore dans la nature, quelques siècles plus tôt. Mais la ressemblance s'arrêtait là. La tête, surplombée de ce qui ressemblait à deux grandes cornes plates, la gueule acérée de crocs pointus, prêts à vous déchiqueter, et le corps couvert d'écailles saillantes, le faisait plutôt penser à un animal conçu en laboratoire. Ce qu'il devait être en fait. Ses petits yeux scrutaient attentivement le groupe qui se tenait devant lui. Armes au poing, Shepard et ses coéquipiers étaient prêts à passer à l'offensive.

- Laissez-moi faire, Shepard ! s'exclama Wrex, avant de foncer tête baissée sur la créature, qu'il empoigna par les cornes. Celle-ci secoua vigoureusement la tête, l'envoyant valser dans la salle d'où il venait de sortir.

- Hum, pas très efficace, ça. Essayons une autre méthode, proposa Garrus, en tirant une salve de son fusil d'assaut, ramenant l'attention du monstre sur lui.

La bête, plus énervée que blessée, commença à émettre un drôle de bruit, comme si elle était en train de se racler la gorge. Soudain, elle ouvrit la gueule et projeta sur eux une boule de fluide corporel verdâtre. Ils bondirent chacun d'un côté du couloir, juste à temps pour éviter le projectile, qui vint s'écraser sur la porte de l'ascenseur, au moment où celle-ci s'ouvrait, provoquant une formidable explosion. Wrex sortit du laboratoire en trombe, et la percuta de nouveau, la plaquant contre le mur. Garrus et Shepard, remis de leur chute, ouvrirent le feu sur elle, en faisant attention de ne pas blesser leur ami. Mais rien n'y fit. Elle semblait invulnérable.

- Là, on a un problème Shepard ! Rien de ce que l'on tente ne paraît affaiblir cette chose, remarqua Garrus.

- En effet, il faut trouver un moyen de la neutraliser pour de bon, sinon nous ne pourrons jamais passer, hurla-t-elle en retour, afin de couvrir le bruit des détonations.

- Shepard, hurla Wrex, les bras toujours appuyés contre la tête de la bête. Qu'est-ce qu'on fait ? Elle s'impatiente !

Soudain, il lâcha prise, l'animal ayant commencé à flotter dans les airs. Il tourna la tête vers ses compagnons, aussi étonnés que lui. Ils se retournèrent alors et virent Liara, le visage en sang, qui se tenait devant les portes de l'ascenseur. Elle venait de lancer une singularité, pour leur permettre de gagner du temps.

- Liara ! s'exclama Shepard. Où sont les autres ?

- Ici ! grogna Kaidan, tenant le mur d'une main tandis que l'autre était posée sur sa poitrine. C'était quoi cette explosion ?

- Notre nouvel ami ici présent, expliqua-t-elle, en lui montrant du doigt la créature, qui flottait toujours, éructant de rage.

- Moi aussi, je vais bien ! Merci de demander, émit Jaavik faiblement, en sortant des décombres.

- C'est bien joli tout ça, mais.. je… ne.. vais.. pas tenir.. longtemps, répliqua Liara, qui faisait un effort considérable pour maintenir sa singularité.

- Shepard, lancez une incinération, proposa Kaidan. Peut-être que ça fera fondre sa carapace.

- Bonne idée, admit-elle, avant de se concentrer pour lancer son attaque.

La déflagration envoya la bête au fond du couloir, l'enflammant au passage et réduisant à néant la singularité de Liara. Blessée, mais pas encore vaincue, elle tenta une nouvelle fois de cracher sa boule explosive. Shepard ne lui en laissa pas le temps et lança une deuxième attaque. La créature se tordit de douleur, poussa un grognement et ne bougea plus.

- Tout le monde va bien ? demanda-t-elle.

- On est vivant, en tout cas. C'est mieux que rien, s'amusa Garrus.

- Qu'est-ce que c'était que ce truc ? demanda Liara, en mettant de l'omni-gel sur ses blessures.

- Une expérience, je dirais, supposa Kaidan. C'est le propre de Cerberus, non ? De créer des abominations !

- Liara, vous pouvez aller la voir de plus près, s'il vous plaît? Votre scan permettra peut-être d'en tirer quelque chose !

- Garrus, vous m'accompagnez ? Au cas où elle ne serait pas complètement morte.

- Bien sûr Liara. Je vous suis. Shepard, je peux vous emprunter Robbie, rien qu'une minute ?

- Bien sûr ! Les autres, regroupez-vous autour de moi, et allumez vos torches.

Liara et Garrus avancèrent vers la chose qui avait essayé de les tuer une minute plus tôt. Garrus pointa son faisceau sur elle, afin que Liara puisse l'examiner plus en détail. Elle était inerte, avec les yeux vitreux, signe qu'elle était bel et bien morte. Liara passa le scanner sur elle, mais ne détecta rien d'anormal, si ce n'est de légères radiations, heureusement trop faibles pour être nocives. Elle entailla sa carapace afin de prélever des fluides et des morceaux de tissus, qu'elle rangea dans une des nombreuses poches de sa combinaison.

- Bon, on en tirera rien de plus, dit la jeune Asari. Espérons que l'amie de James ait plus d'informations à son sujet.

- Oui, espérons. Il faut qu'on aille fouiller les labos.

Ils retournèrent auprès des autres, qui avaient fini de panser leurs blessures. Shepard se leva et leur demanda d'inspecter tous les laboratoires, sans exception. Elle demanda à Garrus de monter la garde près de l'escalier, car le bruit de l'affrontement n'avait pas dû passer inaperçu et des soldats pouvaient bien arriver d'un instant à l'autre. C'était trop calme et elle n'aimait pas ça. L'artefact devait bien se trouver quelque part. Elle entra avec Kaidan dans la salle, avec pour seule lumière, le faisceau de leur torche.

La pièce était remplie de cubes en verre, qui renfermaient chacun des objets extra-terrestres. Ils se séparèrent pour couvrir plus de périmètre. Shepard remarqua une cuve près du mur du fond. Des bouts de verre et du liquide étaient répandus sur le sol. Voici donc d'où est sorti ce monstre, se dit-elle. Elle continua à fouiller la pièce, mais n'en trouva pas d'autre.

- Shepard, du nouveau ? Tu as trouvé ce qu'on cherche ? lui demanda Kaidan en s'approchant d'elle.

- Non, juste cette cuve explosée.

- Oui, j'ai vu que le panneau de contrôle avait été tailladé par de puissances griffes. Ce qui explique qu'il n'y ait plus d'électricité à cet étage.

- Et de votre côté ?

- Rien non plus. Les présentoirs contiennent de nombreux objets, mais pas celui qui nous intéresse. Peut-être que les autres auront plus de chance.

- Oui, ou peut-être que Petrovsky l'a rangé dans son bureau.

Ils sortirent de la salle et allèrent voir les autres. Personne n'avait rien trouvé. Où que se cachait cet artefact, il n'était pas ici. Aucun signe des soldats de Cerberus non plus. À croire qu'ils étaient dans une base fantôme.

- Je n'aime vraiment pas ça, commença Shepard. J'ai l'impression de me diriger droit dans un piège. Où sont tous les soldats ? C'est trop calme !

- Oui, c'est curieux, admit Jaavik. Les autres niveaux étaient plus animés.

- L'ascenseur est HS, expliqua Liara après l'avoir examiné. On va devoir trouver un autre chemin.

- Hé bien, haut les cœurs alors, dit Shepard. Les escaliers sont encore praticables. Allons-y. On ne devrait pas tarder à croiser l'équipe de James.

Ils se dirigèrent vers la cage d'escalier, avant de descendre à la queue leu leu vers le cinquième niveau, celui des appartements du personnel. Là encore, le couloir était calme, et les lumières clignotantes. Il était impossible d'en voir le bout, à cause du virage qui formait un coude. De part et d'autre se trouvaient des portes numérotées, paires d'un côté et impaires de l'autre. Un panneau en liège était fixé au mur et on pouvait y avoir des petites annonces, des affiches de propagande et une photo de l'amiral, barrée d'une croix rouge. Tous regardèrent Shepard après avoir vu la photo. Elle leur fit un petit geste agacé, avant de les envoyer examiner les différents appartements, dont les portes étaient restées ouvertes. Elle se disait que peut-être, l'un des employés cachait quelque chose d'intéressant, et pourquoi pas l'artefact lui-même. Elle se dirigea vers l'appartement numéro 7, et poussa la porte entrouverte, du pied. Elle allait entrer dans la pièce lorsqu'elle entendit des bruits de lutte au bout du couloir. Elle avança prudemment, son arme tendu devant elle, et s'arrêta au bout du couloir, à l'endroit qui formait un coude, afin de pouvoir observer la situation. Elle passa discrètement la tête, et aperçut Kaidan en train de se battre avec un des occupants. Visiblement, les appartements devaient être insonorisés, car aucun des autres membres de l'équipe ne sortit pour lui venir en aide. L'homme avait dû le surprendre alors qu'il entrait chez lui. Soit il ne savait pas ce que voulait dire la sirène et les lumières clignotantes, soit il s'en fichait, pensant que c'était un exercice. Ou alors, il avait une autre idée derrière la tête. Quoi qu'il en soit, elle tira, et le projectile vint se nicher aux pieds de l'homme, qui arrêta de se battre et leva la tête. Kaidan profita de cette diversion pour lui décocher un coup de poing, qui l'envoya dans les bras de Morphée. Il l'attrapa par les bras et le tira à l'intérieur de l'appartement. Il fit un geste de la main pour lui signifier que tout était ok et elle retourna inspecter le numéro 7. Une petite entrée se dessinait dans la pénombre, conduisant à un séjour assez vaste, sans fenêtre, avec une cuisine ouverte. Des lampes à pieds étaient disposées de part et d'autre d'un canapé, et un écran géant recouvrait le mur en face de lui. Une table avec 4 chaises disposées tout autour, trônait au milieu du salon, laissant penser que son locataire y habitait avec toute sa famille. Des cadres au mur confirmèrent son intuition. La cuisine était aménagée pour être fonctionnelle, sans fioritures ni accessoires superflus. Elle continua sa visite, en inspectant les deux chambres qui se trouvaient de part et d'autre de la pièce. Là encore, rien d'inhabituel n'arrêta son regard. Chaque chambre était composée d'un lit double, d'une commode et d'une étagère. Elle finit sa visite par la salle de bain, constituée d'une douche et d'un lavabo, assortie d'un miroir. En fouillant dans le meuble qui se trouvait sous l'évier, elle trouva un petit sachet, remplie de poudre. Elle le mit dans sa poche et ressortit de l'appartement, en veillant à laisser la porte entrouverte. Les autres avaient déjà fini leur inspection et l'attendaient dans le couloir. Son omnitech émit une faible lueur et elle entendit la voix de Steve.

- Shepard ! On a un problème. Il y a du mouvement par ici. D'après mes radars, des dizaines de soldats convergent vers le hangar depuis les niveaux inférieurs. Pour le moment, ils ne sont pas encore là, mais on doit battre en retraite. Je suis trop exposé, là. Je vais me positionner à l'extérieur de la base, là où ils ne me verront pas, et lorsque vous remonterez, je vous couvrirai. Je ne sais pas comment ils ont découvert que nous étions là, mais ils l'ont fait. Steve, terminé.

- Merde, Shepard ! s'énerva Kaidan. Par où ils remontent ? On a croisé personne sur le chemin.

Il doit y avoir une autre issue, qu'on ne connaît pas. Remarque, c'est logique ! Petrovsky ne se laisserait pas enterrer vivant. Il a dû créer une autre sortie quelque part dans le complexe. C'est fâcheux que la taupe de James ne nous l'ai pas dit !

- Ou alors, elle nous a trahi, déclara calmement Jaavik. Et nous sommes tombés dans le piège.

- Je ne crois pas, continua Liara. James se porte garant pour elle. Non, elle a peut-être été découverte et ils l'ont interrogé. On sait à quel point les hommes de Cerberus peuvent être impitoyables. Shepard, on fait quoi maintenant ?

- Hé bien, étant donné qu'ils nous attendent dans le hangar, autant continuer notre mission. Ils savent que nous sommes là, mais ils ne savent pas pourquoi. On descend au niveau 6. James et les autres doivent nous attendre.

Ils retournèrent aux escaliers et poussèrent un cri de stupéfaction. Il n'y avait pas d'autres marches. Le niveau -5 était apparemment le dernier niveau que l'on pouvait atteindre par les escaliers. Pour les autres, il fallait prendre l'ascenseur. Ils se retournèrent vers celui-ci, encore fumant, et Kaidan s'exclama :

- Hé, merde !