Seventh Heaven
Midgar avait-elle été neuve un jour ? La ville avait toujours paru aussi grise et polluée à Vincent. Peut-être était-elle simplement moins neuve . Mais à ses yeux, Midgar n'avait pas changé.
Même s' il s'attendait plus ou moins à une telle décrépitude, c'était presque déprimant.
_C'était_ vraiment déprimant.
Peut-être que c'était la pluie qui influait son humeur. Elle ruisselait du sol des plates-formes supérieures, pas même en averse, comme là-haut, mais pareille à des ruisselets sales, le long des piliers de soutien.
Tout ce qui entrait dans cette ville était souillé, déformé… On n'en sortait pas indemne, on était infecté à vie par Midgar, comme les SOLDATS intoxiqués au Mako.
Vincent enfouit son visage dans le large col de son manteau rouge quand il arriva au secteur 7. Une brusque bourrasque de vent le gifla, accompagnant une petite pluie froide et piquante, semblable à des dizaines de glaçons microscopiques. Un peu surpris par la présence de la pluie, il leva les yeux vers le ciel et contempla la large ouverture dans la plaque supérieure, dernier témoin en date des malheurs de Midgar. Tout le secteur 7 avait sauté quelques semaines plus tôt, provoquant des dizaines de morts. N'eut-ce été Avalanche et ses membres, il y en aurait eut beaucoup d'autres, autant chez les habitants des taudis que ceux de la surface
Désormais, le secteur 7 n'était plus qu'une grande décharge, pire encore que dans les autres taudis. Le gros de la plaque avait été évacué par la Shinra, même si quelques pans restaient encore à démantibuler. Des pilleurs s'introduisaient dans les rares maisons encore entières, volant les maigres biens qui y étaient cachés, et les ferrailleurs se battaient pour prélever le plus possible de matériaux. Peut-être que la récupération était strictement réglementée, effort de guerre oblige, mais ici, dans les taudis, ces lois étaient presque oubliées. On aurait pu dire à un ferrailleur qu'il était hors la loi et s'entendre répondre, avec franchise, qu'il l'ignorait avant qu'on le lui signale.
Vincent s'arracha à la contemplation du ciel gris entre les plaques métalliques et reprit son chemin. Il devait faire vite, on l'attendait au secteur 8. Baissant la tête, il avança dans la pluie froide et traversa rapidement le secteur en ruine. C'était vraiment désolant. Toutes ces ruines… Et pourtant, ça et là, installés sous des bâches et des abris de fortune, tous les habitants vivaient encore ici, trop attachés à leurs racines… Ou n'ayant simplement nulle part ailleurs où aller.
Laissant le secteur 7 derrière lui, Vincent s'estima heureux, ou plutôt satisfait, faute d'un meilleur mot, de savoir qu'il avait toujours un endroit où vivre, même s'il n'y était pas le bienvenu.
Il fit à nouveau une pause en arrivant en vue de sa destination, le temps de vérifier l'adresse, puis reprit sa route.
Il s'arrêta presque immédiatement quand son pied buta doucement sur une chose molle. Intrigué malgré lui, il ramena doucement sa chaussure et pencha la tête sur la petite boule de poils sale et trempée, se demandant si c'était un rat mort ou autre bestiole des égouts de Midgar. L'animal bougea et miaula faiblement quand il le poussa de la pointe de sa botte.
Un chaton.
"Qu'est-ce que tu fais là ?"
L'animal tourna faiblement la tête vers la voix humaine, fixant son regard émeraude sur l'inconnu en rouge.
"Tu ne devrais pas être chez toi ? "
Le petit félin 2 miaula en guise de réponse et essaya de se relever sur ses pattes pataudes. Vincent secoua la tête et commença à repartir, déterminé à laisser le chaton derrière lui et l'oublier quand un second miaulement pitoyable le stoppa. Le petit animal s'était relevé et avançait d'un pas chancelant vers le refuge qu'offrait sa cape. Une fois à l'abri, il se secoua, s'y reprenant à plusieurs reprises et éclaboussant les bottes ferrées de son parapluie taille humaine puis commença la longue tâche de se nettoyer la fourrure.
"Ne te gênes pas.."
"Mraaaaaaa" répondit le félin.
Le brun laissa échapper un sourire devant le spectacle du petit chat complètement trempé, sa fourrure pointant dans toutes les directions. Il leva les yeux au ciel, ou plutôt vers la plaque au-dessus de lui, puis repoussa sa cape et se pencha sur le petit animal.
Une griffe dorée cueillit la bestiole sous le ventre, délicatement, et la ramena contre le torse de Vincent. Celui-ci referma son manteau sur son petit fardeau, laissant juste assez d'espace pour que l'animal respire, et reprit enfin son chemin vers un petit bâtiment, à peine visible par delà les toits des taudis de Midgar. Sous le manteau, le chaton flaira longuement la griffe de métal puis se pelotonna au creux du coude qui le tenait, touchant contre le lourd pistolet pendu au holster.
Seventh Heaven 3 était une des innombrables maisons des taudis, construites par la Shinra lors de la fondation de Midgar, pour assurer un toit sûr et solide aux habitants les plus défavorisés. Lesquels n'avaient pas mis longtemps à s'apercevoir qu'ils s'étaient fait avoir. Peu d'isolation, murs fins comme du papier de riz, eau courante et électricité mal assurée, ce n'était qu'un petit aperçu de ce qui attendaient les habitants. Mais débrouillards comme ils étaient, ceux-ci eurent vite fait de réparer et d'améliorer les maisons, s'entraidant comme ils pouvaient, répartissant les habitats aux familles les plus démunies, transformant d'autres en magasins indispensables pour vivre là.
C'est ainsi que Seventh Heaven avait été d'abord une boutique, puis un bar, transformé en caserne de pompiers au début de la guerre contre Wutaï, avant d'être réquisitionné par la Shinra pour y loger une troupe d'élite dédiée à la lutte contre les squames.
La bâtisse, un étage à peine, était montée sur pilotis comme pour s'élever au-dessus de la route boueuse. Un autre bâtiment préfabriqué avait été ajouté à la hâte à même le sol cette fois, une espèce d'abri conçu pour garer des véhicules. La porte était restée ouverte, et bien qu'il n'y avait que deux motos installées là, ainsi qu'une camionnette recouverte d'une bâche, il y avait assez de places pour d'autres véhicules, dont les roues avaient laissé des traces sombres sur le sol hâtivement bétonné. L'homme grimpa les quelques marches du porche, puis sonna à la porte d'entrée et attendit qu'on lui ouvre.
Il était, fort heureusement, patient, car il se passa une minute avant qu'on ouvre la porte à la volée, sur une jeune fille aux cheveux châtains, remonté en queue de cheval et équipée d'un micro attaché sur l'oreille.
"On est fermé ! Revenez dans deux heures !" Lança-t-elle avant de lui refermer la porte au nez.
L'homme s'autorisa quelques secondes à contempler la porte et la réponse qu'on lui avait faite, puis ouvrit de lui même et jeta un coup d'œil à l'intérieur.
Il se trouvait dans une grande pièce, qui officiait apparemment à la fois comme salle à manger et salle de séjour. Il y avait une table de réfectoire sur la gauche, un canapé et une TV sur la droite, et, au fond, une ouverture faisait communiquer le séjour et la cuisine. Deux portes, de chaque côté de la pièce, menaient au reste de la maison.
Personne dans la salle, la jeune fille avait apparemment disparu.
Sans un bruit, l'homme avança jusqu'au milieu du salon, notant quelques indices sur les habitants des lieux.
Un canapé couvert de poils rouges, sur lequel trônait une énorme peluche de mog obèse.
Une grande gamelle d'eau et une autre, probablement pour la nourriture, posées hors du chemin pour ne pas gêner, toutes deux marquées d'un mot tracé au feutre : Redounet.
Une bonne douzaine de chaises dépareillées, éparpillées autour de la table.
Un vieux flipper dans un coin, une cible à fléchettes piquetée de shuriken Wutan.
Un tas de magazines plus ou moins bien empilés, quelques numéros de Baston Mag et du Fanzine des Fanas des Flingues 4 ouvert sur la petite table basse devant le canapé.
Des verres et tasses dessus, encore à moitié pleins.
Un pull abandonné sur un dossier de chaise.
Apparemment, les habitants étaient partis précipitamment.
La porte de gauche s'ouvrit soudainement sur la jeune fille, une plaque de plastique à la main, et qui traversa la pièce sans ralentir, en hurlant presque dans son écouteur.
"Quand je dis gauche, c'est gauche Zack, pas l'autre gauche ! Oui ! Je demande à Reeve ! Tenez le coup les renforts arrivent !"
Elle remarqua l'homme en rouge et lui jeta un regard noir en désignant la porte.
"Foutez le camp ou j'appelle les… heu, les Turks ! "
"Je suis attendu," la coupa l'inconnu d'un ton ferme.
"Vous auriez rendez-vous avec Bahamut en personne que je m'en foutrais tout autant ! Sortez !"
"Jessie !" Interrompit une voix de stentor venant de la porte de droite.
"J'arrive chef en chef !" répondit la jeune fille en se précipitant vers la porte, faisant signe à l'inconnu de s'asseoir. "On a pas le temps maintenant, posez votre cul sur le canapé et n'en bougez plus !"
Son interlocuteur attendit quelques secondes avant de la suivre dans la pièce suivante, arrivant dans un petit bureau exigu et mal éclairé. Un homme en costume noir, aux cheveux noir et au bouc soigneusement taillé semblait s'époumoner au téléphone.
"Je me fiche de tes manœuvres d'entraînement, Heidegger ! Mes hommes ont besoin de renforts MAINTENANT ! "
"Ça veut dire : 'pas de renfort' ?" S'enquit Jessie avec une grimace quand il raccrocha rageusement l'appareil.
Son chef inspira longuement pour se calmer avant de reprendre la parole.
"Contacte Tseng discrètement", ordonna-t-il, "dit-lui qu'on a besoin d'aide et qu'on le lui revaudra."
"Oui chef !" fit la jeune fille avant de se retourner et tomber nez à nez avec l'intrus en rouge.
Elle poussa un hurlement qui fit sursauter son chef et essaya d'asséner un coup de poing à l'homme. Elle poussa un second hurlement quand une main griffue et dorée la saisit par le poignet, la maintenant à distance respectable.
Derrière elle, son chef sortit un pistolet du tiroir de son bureau, prêt à le décharger entre les yeux de l'inconnu.
Tous baissèrent les yeux quand le chaton dégringola au sol en miaulant, se retenant de toutes ses griffes à la cape rouge.
"… Vous êtes ?" Finit par s'enquérir le brun sans baisser son arme.
"Vincent Valentine", répondit l'inconnu en ramassant le chaton ébouriffé par sa chute. "La nouvelle recrue."
"C'est VOUS les renforts ?" s'exclama Jessie.
A propos de renforts ! hurla une voix dans son écouteur, si fort qu'elle l'arracha en grimaçant il nous en faut, là, tout de suite, MAINTENANT !
Barret poussa un soupir de soulagement quand le jeune blond cessa de s'acharner contre l'énorme squame qu'ils avaient acculé dans le bureau désert. Cloud était imbattable avec une épée entre les mains, mais la rage qu'il mettait à achever les squames et à s'assurer qu'ils ne se relèveraient pas était inquiétante.
Salutaire, mais inquiétante.
"C'est bon Cloud. C'est bon. Ça suffit. Yuffie, dis-nous si ça va ? "
"Ça va, je vais bien", répondit une jeune voix de derrière le bureau renversé. "Je peux sortir ? Cloud est calmé ?"
"Reste où tu es, je t'envoie Aérith", ordonna le colosse avant de faire signe à la guérisseuse de passer.
Il s'interposa entre le cadavre du squame et Aérith pendant que la jeune femme se faufilait dans le bureau au secours de leur benjamine. Cloud n'était même pas essoufflé, remarqua-t-il en approchant d'un pas prudent.
"Cloud ? Recule."
Le blond lui jeta un regard indéchiffrable avant de baisser à nouveau les yeux sur le squame.
"Cloud", reprit Barret, "c'est un ordre. Rejoins Red, surveillez le couloir."
Cette fois le blond secoua la tête comme s'il se réveillait et dévisagea Barret d'un air surpris.
"Cloud" répéta Barret.
"Ha. Oui. J'y vais", répondit enfin le blond avant de nettoyer son arme sur un lambeau de rideau.
Il sortit du bureau rapidement, laissant Barret avec les deux filles. Soulagé par le retour à la réalité du blond, le grand noir se rapprocha de leurs collègues et se pencha par dessus l'épaule d'Aérith.
"Elle va bien ? "
"Rien de cassé, ni de foulé," diagnostiqua Aérith en se relevant, tendant la main à l'adolescente, "juste de beaux bleus et une belle chute."
Yuffie grommela en acceptant la main tendue et se frotta les reins en grimaçant. Elle se pencha sur les restes du squame avec une petite grimace de dégoût.
"Shera va râler, elle le voulait vivant."
"Oui et bien Shera n'était pas là quand il t'a jeté contre le bureau façon poupée de chiffon." rétorqua Barret en lui tapotant l'épaule du doigt. "Qu'est ce que je t'ai déjà dit sur le corps à corps avec un squame, bon sang ?"
"J'avais une opportunité…"
"Mes fesses ! Tu as eu du bol que Cloud soit là !"
La petite brune fit la moue, vexée de se faire réprimander par le doyen de l'équipe. Pendant qu'elle boudait, Barret tapota l'écouteur fixé à son oreille.
"Zack, on a fini le nettoyage."
Un vague bruit parasite se fit entendre et le colosse recommença, un peu plus inquiet.
"Zack ? "
Toujours le même son grésillant. Aérith fit de même avec son module et secoua la tête.
"Je ne capte plus rien."
"Moi non plus !" s'exclama Yuffie après avoir ramassé le sien, tombé pendant l'échauffourée.
Barret saisit aussitôt son PHS et appuya sur la touche d'appel d'urgence, contactant Seventh Heaven.
Reeve, Heidegger, si c'est toi, magne ton….
"C'est Barret", coupa le cyborg, "on n'a plus de contact avec Zack."
Barret entendit un bruit de fond, puis Jessie demander à avoir le combiné.
Ici Jessie, l'équipe de Zack est deux étages plus bas, au parking ! Ils essayaient de désamorcer une bombe bio et un squame leur est tombé dessus !
"Bien reçu. Yuffie, Aérith, on repart. Cloud ! Red ! Direction le sous sol !"
On a envoyé des renforts ! Ajouta Jessie Tseng et les Turks arrivent et le nouveau vient vous filer un coup de main !
"Bien. Rassemblement, on rejoint l'équipe déminage."
"Qu'est ce qui se passe ?" S'enquit Aérith.
"Devine: Ils sont attaqués."
Zack, des deux frères Strife, avait toujours été le plus impulsif des deux. Celui qui part en avant sans réfléchir, qui écoute ses tripes plutôt que son cerveau et part dans des plans insensés qui ne fonctionnent habituellement que grâce à sa chance insolente.
Aussi, quand la créature plus ou moins humanoïde et plus ou moins reptilienne leur tomba sur les endosses, Zack suivit sa tactique habituelle : foncer dans le tas.
Tactique qui s'avéra payante, jusqu'au moment où il entendit les jurons sanglants du capitaine le rappeler d'un ton impérieux.
"Je veux ton cul près du mien dans dix secondes, Zack ! ! !"
Un rapide coup d'œil lui apprit que son collègue, abandonnant la bombe, tentait de faire reculer un second monstre, plus mince que le premier, et qui semblait avoir décidé que l'assistant grassouillet du démineur était à son goût. Il le traînait par la jambe, tentant de s'esquiver dans l'ombre du garage sous terrain où ils officiaient.
Zack empala son adversaire sur le sol d'un grand coup d'épée, ajoutant un bon coup de pied sur la garde pour s'assurer que la créature ne se libérerait pas de sitôt, et se rua à mains nues sur l'autre monstre, hurlant un cri de guerre cosmo.
"Tiens bon Wedge !" Hurla t-il à la victime de la créature, toujours ballottée comme un chiffon par l'animal.
"Zack, crétin ! Ton frère va me massacrer si tu te fais tuer !" protesta le démineur blond, tentant d'épingler le squame pour l'empêcher de s'enfuir.
"Occupe toi de la bombe !" Lança Zack profitant que la créature essaye d'échapper à la lance du démineur pour opérer un vigoureux et efficace placage au sol digne d'un blitzballer.
Le souffle coupé par la charge brutale, la créature en lâcha sa proie, qui fut aussitôt traînée à distance par le blond et son second assistant. Malgré sa force largement supérieure à la normale admise, Zack s'aperçut qu'il n'irait pas loin sans arme, et dût se borner à s'agripper de toutes ses forces au cou du squame qui, pour se débarrasser du poids sur son dos, ruait et se roulait au sol.
"Balancez-moi une arme ! Une matéria ! Un mog ! N'IMPORTE QUOI ! "
Le démineur blond jura et lui envoya sa propre lance, puis s'apprêta à lancer un sort avant que son assistant ne l'interpelle.
"Capitaine ! Wedge pisse le sang et la bombe s'est enclenchée ! "
"BORDEL !" éructa le blond en lui jetant une matéria verte avant de retourner s'agenouiller près de la bombe.
"Les mecs ! Envoyez la lance plus près ! Plus PRÈS ! "
De son côté, Zack n'en menait pas large, luttant toujours pour maîtriser la créature. Il avait fini agrippé à son cou, presque à cheval sur le dos du squame. Il ne pouvait attraper la lance sans lâcher son adversaire, et s'il faisait cela, se retrouverait à portée de griffe du monstre.
Étant Zack, il opta pour une autre solution, il raffermit sa prise sous une des pattes avant de la créature et tira de toutes ses forces.
Un sinistre craquement retentit et le squame s'effondra en avant. Zack en profita pour faire une roulade, saisir la lourde lance de métal et l'abattre sur le crâne écailleux.
La créature s'effondra comme une masse. Zack reprit son souffle, arracha la lance de l'os crânien et recula vers ses collègues. Qu'est ce que Barret avait dit, déjà ? Ah ouais, c'est pépère avec les démineurs, ils se font jamais attaquer. Ouais et son cul, c'était du chocobo.
"Biggs, comment va Wedge ? " demanda t-il en arrivant au niveau des deux assistants.
"Besoin de soin."
"Appelle Aérith…"
"J'ai essayé, on a plus le contact avec l'équipe 1…"
Zack tapota le module accroché à son oreille et réalisa qu'il n'entendait effectivement plus les voix de Jesse et Barret. Depuis quand au juste? Il se souvenait avoir demandé de l'aide à Jesse et puis le squame était arrivé.
"Appelle Jessie au PHS… Et j'ai peur de demander, mais c'est quoi ce bip bip ?" Ajouta le soldat brun en se tournant vers leur capitaine.
"Ta gueule, je me concentre !" Rétorqua le blond, agenouillé au-dessus de la bombe.
"Des squames !" Hurla Biggs, traînant son camarade plus près des deux autres.
Zack se tourna dans la direction que montrait le brun et poussa un gros soupir. Deux autres lézards humanoïdes se déplaçaient en rampant, la gorge gonflée de venin. Génial. D'où venaient ceux-là ? L'équipe de Barret était censée nettoyer les squames du bâtiment.
"Ho galère", marmonna Zack, "Cid ? "
"Je peux pas t'aider !" Râla le blond en s'acharnant sur la bombe. "C'est ton job ! "
"Biggs ? "
"Je peux pas lâcher Wedge en plein sort ! "
"Pourquoi les plans galère c'est toujours pour moi ?" Marmonna le brun, assurant sa prise sur l'arme de son collègue.
Malgré la mauvaise volonté dont il faisait preuve, Zack se débarrassa aisément de la première créature, enfonçant la longue pointe de métal dans sa gueule dès que celle-ci fut ouverte. Il ne put néanmoins extraire l'arme à temps pour esquiver le second squame et se retrouva à nouveau au corps à corps, à mains nues qui plus est. Le monstre le tenait plaqué au sol sous son poids, tentant de lui arracher la gorge à coup de dents et, coincé comme il l'était, Zack, n'arrivait pas à trouver assez d'élan pour le repousser d'un coup de pied. Il arrivait à peine à tenir les crocs impressionnants hors de portée de sa petite gorge fragile. Biggs tenta de venir à son secours, incantant, entre deux guérisons sur Wedge, un sort de feu qui sembla rebondir sur la carapace écailleuse.
"J'ai déjà dit d'utiliser la foudre !" S'écria Zack en se débattant sous l'animal.
"J'ai pas de sort de foudre !" Rétorqua le brun, cherchant frénétiquement une arme valable dans son périmètre.
"CIIIIIID ! Fais quelque chose ! "
"J'essaye déjà de nous empêcher d'exploser !" Rétorqua le démineur, suant à grosses gouttes au-dessus de l'engin explosif.
Zack lui répondit d'une bordée de jurons dont Cid n'aurait pas été peu fier. Certes, il pouvait tenir encore un bon moment contre le squame, mais il suffirait qu'un autre se ramène et Biggs et Cid seraient sans défense.
"Baisse la tête", ordonna une voix inconnue et étrangement posée au milieu du raffut du combat.
Zack leva les yeux, intrigué d'entendre une voix aussi calme. Il n'eut que le temps d'apercevoir un pistolet de gros calibre se poser sur la joue de la chose, là où la peau plus fine palpitait de veines.
Aussi, ne fut-il pas surpris quand il se retrouva, dix secondes plus tard, tartiné de substances plus ou moins rouges et vertes, et brillant légèrement de mako.
"EOWWWWWWWW, berk berk berk ! ! !" Grommela t'il en se dégageant des restes du corps, "putain ces trucs peuvent pas crever décemment au moins ? "
Tout en essayant de retirer de son uniforme et de sa chevelure le plus possible de cette mélasse formée par le sang et la cervelle et Ramuh savait quoi, Zack jeta un œil à ses compagnons.
"Tout le monde desserre les fesses !" S'écria Cid en se redressant, exhibant victorieusement une petite boite, "la bombe est désamorcée ! "
"Merci de cette annonce réconfortante", ironisa Zack en secouant ses cheveux empoissés, "Biggs, Wedge ?"
L'assistant brun s'était laissé tomber près de son camarade. Il n'était pas blessé, mais il avait apparemment eu la trouille de sa vie (enfin, la vingtième depuis qu'il travaillait avec Avalanche). Agenouillé au chevet de Wedge, un homme étrange s'occupait déjà du blessé.
Zack plissa les yeux à l'apparence inhabituelle de l'arrivant, soudain sur ses gardes. Grand, mince, de longs cheveux noirs retenus par un bandeau aussi rouge que sa cape.
Et une de ses mains était couverte d'une espèce d'armure carapace dorée, ornée de griffes impressionnantes.
L'homme leva les yeux vers Zack et celui-ci se tendit brièvement devant l'éclat de ses yeux.
Rouge sang.
Woah, pas commun ça.
"Qui êtes-vous ?" demanda-t-il, sur la défensive.
"Monsieur Tuesti m'envoie", répondit laconiquement l'homme avant de retirer sa main du cou de Wedge. "Il est vivant, mais il a besoin de soin."
Zack n'hésita pas. Il ne connaissait pas l'inconnu en rouge mais celui-ci venait probablement de lui sauver la vie et celle de ses équipiers.
"Cid ! Envoie moi ton PHS !" Demanda-t-il en se tournant vers le blond.
Le blond s'exécuta, sortant un petit téléphone d'une poche intérieure qu'il jeta à Zack. Le brun l'attrapa, composant un numéro.
"Allo ? Cloud ? Réponds! "
Zack ? Retentit la voix bien aimée et légèrement contrariée de Strife second du nom.
"On est en vie. On a eu chaud, mais Reeve a envoyé du renfort ! "
Tout va bien ?
"Non, Wedge est blessé, un squame l'a mordu à la jambe."
Arrête l'hémorragie du mieux que tu peux ! coupa une voix féminine dans l'écouteur J'arrive de suite !
"J'attends ton arrivée avec impatience Aérith", rétorqua le brun avant de s'agenouiller près de Wedge.
L'homme en rouge s'affairait déjà à compresser les blessures, usant de gestes précis et rapides. Zack l'aida tout en sortant quelques bandages que sa fiancée lui avait donnés, prévenante comme à son habitude et connaissant l'art consommé de son petit ami pour se faire amocher régulièrement.
"Ça va aller Wedge, tu t'en sortiras," promit-il tout en vérifiant son pouls et ses pupilles, "mais ne tourne pas de l'œil, ok ? "
Le jeune homme allongé au sol hocha faiblement la tête pour montrer qu'il avait bien entendu.
"Aérith arrive, tu vas pouvoir te faire chouchouter. Veinard, va. Je vais être jaloux si tu continues à la monopoliser comme ça à chaque mission."
"Comme si… toi tu av... Avais besoin de ça… Pour te faire chouchouter… Par Aérith", plaisanta l'artificier avant de grimacer comme l'homme en rouge serrait un dernier pansement.
"Ça suffira jusqu'à l'arrivée des soins", déclara-t-il en se relevant, parcourant les environs du regard.
"Bien, on se regroupe, ordonna l'homme blond. Tout le monde dos à Wedge, on protège le blessé et…"
"Je suis l…" commença une voix féminine, brutalement coupée.
Zack tourna la tête vers la voix connue et vit une jeune fille aux yeux verts, muette de stupeur, louchant presque sur le pistolet que brandissait l'homme en rouge sous son nez.
"C'est bon, elle fait partie de l'équipe", expliqua t-il en déviant délicatement le bras du tireur.
Ce type avait l'air beaucoup trop nerveux pour qu'on lui confie une arme à feu, jugeait-t-il. D'un autre côté, on avait donné à Zack une épée presque aussi grande que lui 5. Venez à Avalanche, vous aurez des potes psychos, des gros guns et pleins d'occasions de les utiliser. L'homme en rouge fixa encore une fois la jeune femme avant de ramener son arme à lui. Il s'excusa d'un hochement de tête et s'écarta, désignant le blessé au sol. Alors que la fille aux yeux vert se dirigeait vers Wedge, d'autres personnes entrèrent à leur tour, dont un jeune homme, un peu plus petit que Zack, mais dont les cheveux blonds étaient tout autant artistiquement décoiffés, démontrant que seul les gènes pouvaient être responsables d'une telle coupe de cheveux. Le blond vérifia rapidement l'état de santé de Zack, s'assurant que le sang et les organes qui le couvraient n'étaient pas les siens pendant que le brun faisait de même, essuyant le sang sur les mèches de son cadet. Un colosse à la peau sombre approcha à son tour, coulant un regard méfiant à l'homme en rouge avant de donner un petit coup sur l'épaule de Zack pour attirer son attention.
"Rapport", demanda-t-il d'un ton autoritaire.
"Les squames sont morts, c'étaient des mutants de type reptilien, quasi humanoïde. Force et intelligence bêta, résistance alpha, vitesse gamma. Wedge a été blessé et Reeve nous a envoyé un colis surprise", ajouta t'il en montrant le brun. "J'ai eu du bol, sinon j'y passais…"
"Merci pour votre aide monsieur…" commença Barret, attendant le nom qu'il devait lui donner.
"Valentine, répondit son interlocuteur, Vincent Valentine."
En quelques minutes, le blessé fut évacué, emmené par la guérisseuse - Aérith, avaient dit les autres guerriers - et par le colosse à la peau noire qui semblait diriger une des équipes. Après une rapide délibération avec le capitaine de l'équipe des démineurs, il avait emmené la guérisseuse et son patient dans une vieille ambulance brinquebalante, repeinte en bleu électrique.
Le Capitaine, un blond à la peau tannée, lança des ordres et ses hommes s'affairèrent aussitôt à emballer les corps des squames dans des sacs noirs, visiblement habitués à manœuvrer de lourds tas de chairs mutant. Un des frères Strife, le blond, cilla à peine quand un des squames se redressa brusquement et tenta de lui arracher la main à coup de crocs. Sans la moindre hésitation et d'un même ensemble, les deux frères abattirent leurs poings sur la créature, explosant le peu de chair encore entière.
"Shera va nous tuer," déclara joyeusement le brun en s'essuyant la main sur son uniforme.
"Et Elmyra va te faire faire la lessive", renchérit une toute jeune fille qui ramassait les morceaux de squame, une pince à la main.
"M'en fous, je suis de corvée de toute façon", rétorqua le brun en faisant mine de poser sa main sur ses cheveux.
L'adolescente poussa un couinement offensé et s'esquiva rapidement, manquant de bousculer Vincent au passage. Il la suivit quelques secondes du regard, surpris de voir une aussi jeune fille au milieu d'un groupe de guerriers. Elle semblait d'ascendance Wutane et s'exprimait d'ailleurs avec un accent prononcé du nord de l'île. Malgré son jeune âge - seize ans ? Pas plus de dix-sept en tout cas - elle portait un uniforme d'Avalanche, comme ses collègues, quoiqu'un peu trop grand pour elle, et un immense fuma shuriken était fixé à l'attache dans son dos. Vincent se détourna en entendant un moteur approcher. Une camionnette peinte du même bleu que l'ambulance et les uniformes approchait à reculons des sacs à cadavres, guidée par l'un des assistants du démineur.
"Encore un peu capitaine ! Encore... STOP !"
Le conducteur mit le frein et arrêta le moteur avant de sortir de la camionnette tout en allumant une cigarette. Vincent reconnut le Capitaine et s'écarta de son chemin quand celui-ci contourna le véhicule d'un pas déterminé.
"Quand est-ce qu'il arrive ce fourgon réfrigéré ?" Marmonna-t-il autour de son mégot, tout en ouvrant les portes arrière.
"Monsieur Tuesti avait dit un mois," déclara son assistant en l'aidant.
"Un mois Shinra c'est un an pour les humbles humains que nous sommes", répondit Zack d'un ton acerbe.
Pendant que les trois hommes chargeaient les lourds sacs, le jeune blond était en train de rassembler le matériel de déminage, accompagné de l'immense félin roux qui ne l'avait pas quitté d'un pas depuis leur arrivée. Le fauve s'était allongé aux pieds du blond, attendant patiemment qu'il ait fini tout en surveillant les alentours d'un œil féroce.
"Et voilà, direction la chambre froide !" lança Zack en refermant la porte dans un grand fracas qui fit sursauter Vincent.
"Vous arriverez à faire entrer tout le monde dans une seule camionnette ?" demanda le Capitaine en ouvrant sa portière, jetant un petit regard en coin vers Vincent.
"On tassera," répondit Zack avant de tourner la tête et lancer un appel par-dessus son épaule. "RED ! Chaton !"
Le fauve se redressa en fronçant les sourcils d'un air bizarrement humain, mais il trottina néanmoins vers la camionnette. Il se dressa sur ses pattes arrière, posant les pattes avant sur la porte en métal et murmura une incantation rapide.
"Pourquoi un stop ? Tu peux pas le geler ?" Demanda Zack.
Le fauve lui jeta un regard, las cette fois, et retomba sur ses pattes.
"Je suis d'une tribu du feu Zack," rétorqua til d'une voix caverneuse.
"Yuff ! Tu pourras rajouter une couche ?" Demanda Zack en se tournant.
"J'arrive!" répondit l'adolescente en les rejoignant en courant.
Pendant que l'adolescente lançait un sort de glace, le Capitaine avait décroché son PHS et marmonnait au téléphone dans une autre langue que le commun. Il raccrocha après un rapide échange et se pencha par la fenêtre.
"Bonne nouvelle les gars, Wedge s'en sortira. "
La nouvelle fut accueillie avec bonheur et leur chef tapota l'épaule de son assistant qui semblait soulagé.
"Aérith et Shera s'occupent de lui, mais il n'est plus en danger. Je vais rentrer amener ça rapidement à Shera. Vous, vous nettoyez le bordel avant que la Shinra viennent mettre le feu aux restes. Vous avez quinze minutes. Allez on se bouge!"
"Chef, oui chef!" Lança Zack avec un salut militaire impeccable.
Quand la camionnette eut quitté le parking souterrain, les derniers équipiers se rassemblèrent autour de Zack.
"Yuffie, tu as ramassé tous les morceaux ?"
"Il en reste encore."
"Bon dépêche-toi Sauterelle. Montre au nouveau comment on fait, je vais chercher le chariot. Cloud, tu surveilles le matos de Cid ?"
Le blond hocha la tête et, toujours suivi du fauve, alla ramasser les outils du démineur. Vincent se retrouva face à l'adolescente qui lui tendit la main d'un air enjoué.
"Yuffie Kisaragi", se présenta-t-elle avant de s'incliner légèrement. " Hajimemashite . 6"
" Hajimemashite" , répondit Vincent en s'inclinant à son tour. "Vincent Valentine."
L'adolescente écarquilla les yeux de surprise d'entendre sa langue natale parlée aussi parfaitement, puis un grand sourire éclaira son visage.
"Wow, enfin quelqu'un qui comprend un langage civilisé !" S'étonna-t-elle avant de lui faire signe de la suivre. "On doit ramasser les morceaux de squames disséminés un peu partout, ça ne fait pas très propre et on en a vu ressusciter au bout d'un moment."
Vincent hocha la tête en écoutant l'adolescente parler et, voyant ce qui ressemblait fort à un doigt arraché, se pencha pour le ramasser.
L'adolescente s'interposa aussitôt, agitant sa pince avec de grands gestes.
"Pas avec les mains nues !"
Vincent interrompit son geste, la main tendue au-dessus du morceau de squame.
"Première leçon monsieur le nouveau", reprit la jeune fille, "quand on doit ramasser les bouts de squame c'est : Un : Une photo ! Biggs ! Y'a un peu de truc ici !"
L'assistant démineur, occupé à photographier un autre morceau, approcha en roulant des yeux et mitrailla rapidement le petit bout avant de repartir vers un autre fragment de barbaque. La jeune fille se tourna à nouveau vers Vincent en lui montrant sa pince.
"Ensuite on prend ces trucs là et on ramasse soigneusement le bidule. Ha, pour éviter les mauvaises surprises, il faut toujours poker, au cas où ça serait encore en vie."
"C'est un lambeau de chair", objecta Vincent
"Ne jamais sous estimer les OGM version Hojo", déclara sagement l'adolescente en poussant soigneusement le fragment avant de le ramasser.
Elle tendit ensuite un petit sac de plastique noir à Vincent, et attendit qu'il ait trouvé l'ouverture et le tienne ouvert pour y déposer son butin.
"Ensuite, faut appuyer sur le fragment de matéria ici, ça va geler le contenu."
"Ingénieux", admit Vincent en sentant la poche refroidir et se rigidifier entre ses mains.
"Ça permet à Shera de le conserver en attendant qu'elle ait tout analysé", expliqua l'adolescente avant de le reprendre, voyant son équipier brun approcher avec un chariot. "Zack ! Un doggy bag pour la quatre !"
"Envoie Yuffie !"
"Et c'est une formidable passe de l'ailier droit Kisaragi en direction de l'ailier gauche Strife !" Commença l'adolescente sur un ton de commentateur sportif avant de lancer le sac gelé à Zack qui le réceptionna aisément. "Oui ! Une passe extraordinaire suivie d'un BUUUUUUUUT !"
Elle sentit le regard dubitatif de Vincent sur elle et arrêta de sautiller sur place avec un petit rire gêné.
"Jouez pas avec ça", intervint la voix de Cloud qui chargeait les outils.
"J'ai fini !" Déclara Biggs, apportant d'autres sacs qu'il entassa sur le chariot.
Une dernière inspection ne révéla aucun morceau oublié et les équipiers se préparèrent à repartir.
"On rentre!" lança le brun en saisissant la poignée du chariot, le poussant avec enthousiasme.
"Je te rappelle que Monsieur Tuesti ne veut pas que tu joues à Chocobo Racing avec le chariot," intervint Red.
La jeune fille, les quatre hommes et le fauve remontèrent la rampe d'accès et se retrouvèrent à l'extérieur, rejoignant les SOLDATS qui maintenaient un cordon de sécurité autour du bâtiment. Une seconde camionnette bleue électrique était garée près de l'entrée, mais une foule de journalistes étaient déjà amassés autour, guettant les derniers membres d'Avalanche.
"Fouille-merde droit devant", grimaça Zack. "Ça va être ton baptême du feu, mon gars", ajouta-t-il à l'attention de Vincent.
"Première consigne, interdit de les flinguer", précisa Yuffie du coin des lèvres.
"Biggs, met les pellicules à l'abri", ordonna Zack, "Reeve va te tuer si tu te les fais encore piquer."
"Elles sont dans mon caleçon", répondit le petit brun, fourrant son appareil photo sous le pull de son uniforme.
"Red, derrière moi", ordonna Cloud sans se tourner.
"Oui, Cloud", fit le fauve en emboîtant le pas au blond.
"Ensuite, ne répond pas à leurs questions", continua Yuffie, "trace vers la camionnette et ne leur dit rien."
"Impact moins cinq secondes", grommela Zack en assurant sa prise sur son chariot.
Un cri parmi les journalistes annonça leur arrivée et la foule se referma autour de la petite troupe, tendant micro, caméras et appareils photos à bout de bras. Vincent eut aussitôt un mouvement de recul instinctif, essayant d'échapper à la foule, mais Yuffie le retint par le bras, le poussant en avant, et il n'osa se dégager violemment, de peur de la blesser. Ils fendirent la foule sans ralentir, Cloud poussant les journalistes devant lui sans ménagements.
"Montre pas ta peur, ils peuvent la sentir", conseilla Yuffie sans le lâcher.
"Monsieur Strife, nous voudrions votre version des faits!" demanda un homme quand Zack passa près de lui sans lui accorder un regard.
"Pas de commentaire", répondit Zack.
"Est-ce vrai que les squames étaient d'un type encore non répertorié?"
"Prenez-vous la responsabilité des dégâts occasionnés?"
"Qui est cet homme monsieur Strife? Une nouvelle recrue d'Avalanche?"
"Bonjour, auriez-vous quelques mots pour Midgard-FM?" Demanda une jeune femme en brandissant un micro sous le nez de Vincent.
Lequel esquiva si habilement qu'elle faillit fourrer le micro à moumoute dans le nez d'un confrère.
"Ho, joli, dix points", marmonna Zack arrêté près de la camionnette, en attendant que Cloud ait ouvert la porte latérale.
Les deux frères et Biggs commencèrent à charger la camionnette, Red, Yuffie et Vincent tentant de tenir les journalistes à distance respectueuse. Un cameraman approcha de Yuffie, accompagné d'un journaliste qui se plaça aussitôt près d'elle, dans l'angle de vue de la caméra.
"Mademoiselle Kisaragi, pourriez-vous commenter les décisions de votre père concernant les relations diplomatiques avec Midgar?"
Ce que marmonna Yuffie dans sa langue maternelle était loin d'être une réponse polie et argumentée. A côté d'elle, Red gronda quand un homme lui marcha sur la patte et il fit mine de lui mordre le mollet, ce qui agrandit le cercle de journalistes d'un bon mètre.
"Tu vas te faire piétiner chaton!" Déclara Zack en passant près de lui, s'interposant pour empêcher la foule de s'approcher à nouveau, "tout le monde à bord !"
"Red! Grimpe!" Ordonna Cloud en tenant la porte.
Le fauve obéit aussitôt, suivit par Yuffie, puis Vincent, qui se glissa dans l'habitacle juste avant que Cloud referme la porte. Zack prit place devant le volant, Biggs à ses côtés, affairé à retirer les précieuses pellicules de ses sous-vêtements. Le brun dégagea les environs d'un vigoureux coup de klaxon, tout en faisant vrombir le moteur. Les journalistes se dispersèrent aussitôt, chose qu'ils faisaient bien obligeamment depuis la fois ou Zack n'avait pas hésité à démarrer malgré un de leurs collègues grimpé sur le capot pour prendre des photos exclusives d'Avalanche. Zack sortit du parking, klaxonna quelques hommes en costumes noirs qui descendaient de leur propre véhicule et échangea quelques insultes bon enfant avec un rouquin bien remonté qui brandissait son bâton électrique. Puis il s'engagea dans le Jormungand 7, le périphérique encerclant Midgar.
"On sera à la maison dans un quart d'heure", annonça-t-il avec un petit regard dans le rétro. "Ça va ta patte, Red?"
Le fauve, assis sur le sol aux pieds de Cloud, grommela tout en se léchant la patte.
"Rien de cassé. Un peu de glace et ça ira", précisa-t-il après avoir craché quelques poils.
Cloud équipa une matéria sans mot dire sur son bracelet, et se pencha, posant la main sur la patte enflée. Yuffie, qui regardait Vincent depuis qu'il s'était assis près d'elle, étouffa un petit rire.
"C'est marrant, vous n'avez pas l'air surpris par Red."
Vincent haussa un sourcil intrigué.
"Je veux dire, tout le monde croit que c'est une espèce de monstre apprivoisé, alors quand il se met à parler, les gens grimpent aux murs en hurlant."
"TU as grimpé au mur", ricana Zack.
"Parce que je croyais que c'était un chien!"
"Je suis un félin", rétorqua Red d'un ton vexé, la patte recouverte d'une légère couche de givre.
"J'ai déjà rencontré des Lions de Cosmo", expliqua Vincent, coupant court à la dispute qui s'annonçait.
Le fauve jeta un regard surpris à l'homme en rouge et pencha légèrement la tête.
"Vraiment?"
"C'était il y a des années. J'escortais des scientifiques pour une réunion à Bougie Cosmo.
Le fauve prit un air pensif, son œil unique se rétrécissant, avant qu'il se redresse.
"Ho. Je suis très honoré de vous saluer au nom des miens, Monsieur. On me nomme Nanaki, petit fils de Bugenhagen, mais vous pouvez m'appeler Red."
"Vincent Valentine. Appelez-moi Vincent."
"Enchanté monsieur Valentine. Je suis Biggs", se présenta l'assistant en se tournant à demi, tendant la main comme il pouvait.
"Jasper Biggs", précisa Yuffie en ricanant.
"YUFFIE !" Protesta le jeune homme, alors que Zack s'esclaffait bruyamment. "Ho, toi Isack, tu peux te moquer !"
"Hey ! Ce nom est tabou !"
"Le mien aussi !"
"Alors," reprit Yuffie d'un ton enjoué, leva la voix pour couvrir la dispute à l'avant du véhicule," le blond c'est Cloud Strife, et le hérisson brun, c'est son frère jumeau Zack Strife."
Malgré tout son flegme, Vincent s'autorisa un moment d'arrêt avant de dévisager soigneusement les deux frères.
"Si, si," reprit Yuffie en surprenant son regard," ils sont jumeaux. Ça surprend tout le monde."
En réalité, Vincent n'était pas surpris des subtiles différences physiques entre les deux frères. Il savait qu'être jumeaux n'impliquait pas forcément une exacte ressemblance. Malgré leur couleur de cheveux, ils avaient à peu près la même forme de visage, Zack ayant le menton un peu plus carré que son cadet et une cicatrice en forme de croix sur la mâchoire, mais ils possédaient tous deux les mêmes yeux bleu lumineux. Mako ou pas, ils étaient frères, sans nul doute possible.
Non, la seule chose qui semblait réellement surprenante était l'âge apparent de Cloud. Si Zack faisait la vingtaine sans concession, Cloud semblait à peine plus âgé que Yuffie, seule sa carrure le vieillissant un peu plus que l'adolescente.
"On est arrivé!" annonça Zack en tournant une dernière fois.
Il gara la camionnette dans le garage préfabriqué et descendit, ouvrant les portes à ses équipiers.
"EEEELMYYYYYYYYYYYRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA On est rentréééééééééééééééé !" hurla Yuffie en se ruant vers la porte menant aux quartiers d'habitations.
Elle croisa leur lieutenant au bras-fusil, maintenant remplacé par une prothèse cybernétique. Lequel s'écarta avant l'impact, jura à mi-voix et lança une dernière recommandation avant que l'adolescente ne disparaisse.
"Ne court pas avec tes armes!" Lui cria-t-il, tout en venant aider à décharger les échantillons dans une caisse réfrigérée.
"Comment va Wedge?" S'enquit aussitôt Biggs en descendant à son tour, retirant une dernière pellicule de ses sous vêtements
"Aérith l'a soigné, il ronfle comme un marmot," expliqua le grand guerrier avant de se tourner vers Vincent, tendant sa main de chair. "Désolé, je ne me suis pas présenté. Lieutenant Barret Wallace."
"Lieutenant."
"Bienvenue au souk", marmonna Barret en soulevant aisément la caisse, se dirigeant vers la seconde porte, au fond du garage. "Zack va te faire le tour du propriétaire."
"Moi? "
"Toi. Biggs, le coursier est là pour les photos."
"Je m'en occupe !" lança le brun en disparaissant par une des portes.
"Bon Vince", commença Zack une fois la camionnette déchargée," on va te faire le tour des lieux. Ici, c'est le garage. Les portes doivent rester fermées si personne n'y est. File-moi un coup de main."
Vincent hocha la tête et aida le jeune homme à refermer les grandes portes coulissantes qui grincèrent légèrement au passage. Zack lui montra ensuite le code de verrouillage et, s'assurant d'un coup d'œil que son frère suivait, l'emmena gravir les quelques marches qui menaient au reste du bâtiment.
"A gauche, on a le reste des préfabriqués" indiqua-t-il en montrant une porte à battant près de l'ambulance. Là bas, il y a le bureau de Jessie, qui se charge de nos communications, l'infirmerie et le labo d'analyse."
Il passa une porte plus petite menant à une espèce de vestiaire muni de crochets aux murs auxquels étaient suspendus des pièces d'armures et d'uniformes. Zack se dirigea immédiatement vers un râtelier d'armes au fond, auquel avait été soudé différents supports d'armes, dont un customisé pour le bras fusil de Barret.
"Pour des raisons de sécurité, on dépose tous nos armes sur ce râtelier. Les fringues sales, couvertes de sang et d'autres trucs visqueux doivent être retirées ici."
Alliant le geste à la parole, Zack posa sa buster sword dans l'emplacement réservé, imité par Cloud. Après un moment d'hésitation, Vincent ouvrit son manteau pour déboucler son holster et posa son arme à un emplacement libre. Cloud ne disait rien, se contentant de débarrasser Red de son arme, déséquipant les matérias avant de les trier dans des petits paniers de couleurs différentes. Le lion se laissait faire, sagement assis aux pieds du blond pendant que celui-ci retirait son propre armement. Zack continua tout en enlevant son pull, l'échangeant pour un tee shirt orné d'un logo de Blitzball.
"Les deux portes là, ce sont les douches, éviers et sanitaires, deux de chaque, les livres et PHS sont interdits sur le trône. Qui finit le rouleau en met un neuf."
"Preums pour la douche!" Brailla Yuffie en passant en courant près des deux hommes pour s'engouffrer dans la porte désignée par Zack.
"Cours pas!" lui lança Red.
Le brun se tourna vers son frère qui s'était assis et caressait distraitement le dos du faune, le regard dans le vide.
"Cloud, change-toi, tu es couvert de sang", reprit Zack en tirant sur le col de son pull.
Le jeune homme cligna des yeux et baissa le regard sur lui-même, semblant étonné de voir les tâches.
"J'y ai été trop fort."
"Pull et pantalon, ok?"
"Oui, Zack."
"Red, je te le confie? Essaye de le faire se débarbouiller aussi."
"Je m'en charge", répondit le jeune fauve en se redressant fièrement.
Zack lui ébouriffa la crinière en passant et Red protesta du traitement mais se concentra vite sur sa tâche d'aider Cloud, emmenant le pull taché pour le déposer dans un des tonneaux en plastique emplit de linge sale. Zack en profita pour entraîner Vincent après lui, l'emmenant dans un couloir étroit.
"D'ici, on peut aller partout dans la baraque", continua-t-il en désignant des portes. "Là, c'est pour aller dans le salon. L'escalier au bout mène aux chambres."
Vincent hocha la tête, suivant Zack par la porte du salon. A peine eut-il mis le pied à l'intérieur qu'une petite boule de poils noire et blanche, plus propre et plus dynamique qu'il ne l'avait laissé une heure avant, vint se frotter à ses pieds.
"Qu'est ce que c'est que ce truc?" S'enquit Zack en regardant le chaton faire des mamours à la cheville de Vincent.
"Il m'a suivi ici", admit Vincent, embarrassé.
"Je l'ai lavé et Elmyra lui a donné à manger!" annonça une voix de jeune fille.
Vincent referma la porte derrière lui et vit Jessie affalée sur le canapé, accompagnée de Biggs et d'une femme brune d'une trentaine d'années, vêtue d'une blouse blanche et qui désinfectait ses bras couverts de griffures.
"Ce chat est un envoyé des démons", grommela Jessie, grimaçant chaque fois que le coton touchait sa peau.
"Mettre un chat dans l'eau aussi," ricana Biggs en déposant un petit baiser affectueux sur l'arrière du crâne de Jessie.
"Qui aurait cru qu'un animal si petit puisse faire autant de dégâts", ajouta la femme brune en collant un dernier pansement sur le poignet de Jessie.
"Merci", fit Vincent en ramassant le chaton, qui vint se coller au creux de son bras en ronronnant.
"Tu connais Biggs", reprit Zack, "voici Jessie, qui s'occupe des communications et de bricoler les merdes technologiques que Shinra daigne nous expédier afin d'en faire quelque chose de potable."
"Quand ça marche", ajouta Biggs avant de prendre un coup de pied de Jessie dans les tibias.
"Nous nous sommes rencontrés", déclara Vincent.
"Désolée," marmonna la brune, "Monsieur Tuesti n'a pas eu le temps de nous dire votre nom, l'alerte a sonné au moment où il nous annonçait que vous arriviez."
"Et la dame en blanc, c'est Shera. Elle s'occupe d'autopsier les squames qu'on ramène et de trouver des armes biologiques pour leur latter la gueule. Accessoirement, elle manie l'aiguille pour nous recoudre, l'attelle pour nous redresser et les baffes pour nous ranimer."
"Shera Mist Highwind", précisa la femme en se levant, tendant la main, "enchanté monsieur Valentine."
"Moi de même madame", répondit Vincent en lui serrant la main.
Shera était de taille moyenne, aux cheveux bruns roux et portait des lunettes rondes qui lui glissaient perpétuellement sur le bout du nez. Elle avait remonté ses cheveux en queue de cheval, et la coiffure lui rappela brièvement des souvenirs qu'il s'efforça d'ignorer.
Il vit le regard de la brune sur son bras gauche et le cacha comme il put sous son manteau. Malgré ses lunettes, elle avait l'air du genre à ne rien laisser lui échapper, et la blouse lui rappelait trop de mauvais souvenirs pour qu'il se détende autour d'elle.
"Altération génétique de naissance", expliqua-t-il brièvement avant d'être coupé par une nouvelle voix féminine.
"Les sandwichs sont prêts!"
"Hooo, Elmyra, je t'adore!" S'exclama Zack en se retournant.
Vincent l'imita, tombant nez à nez avec une femme aux cheveux châtains, légèrement grisonnant, remonté en un gros chignon rond, et transportant fièrement un plein plateau de sandwichs bien garnis.
"Mangez-bien tout, il faut reprendre des forces", ajouta-t-elle, tendant le plateau à Vincent.
"Elmyra est une mère pour nous", déclara pompeusement Zack entre deux bouchées de sandwich au chocobo.
"Il exagère, comme toujours", corrigea la femme, "bienvenue à Seventh Heaven, monsieur Valentine."
"Merci…"
"Exagérer, exagérer," bougonna Zack," elle s'occupe de la cuisine, du ménage, de la lessive, de l'intendance et de faire en sorte qu'on porte les chaussettes de la bonne paire et le pull à l'endroit."
"Si elle ne le faisait pas, Seventh Heaven serait une tanière puante en moins de deux jours," renchérit Shera en prenant un sandwich avant de s'excuser, retournant à son laboratoire.
"Elle fait aussi médiatrice des disputes, baby sitte de la fille de Barret, et est la petite amie presque officielle de ce dernier…" énuméra Zack sur ses doigts.
"Zack!" protesta Elmyra en rougissant.
Apparemment, c'était une blague courante à Seventh Heaven, puisque tous les soldats présents ricanèrent en chœur, sauf Cloud, qui entrait avec Red sur les talons, vêtu de propre. Zack lui fourra aussitôt un sandwich dans les mains, que Cloud entama distraitement pendant qu'Elmyra tendait un sandwich à Red qui le croqua tout rond.
"Il faudra montrer sa chambre à Vincent," déclara soudain Cloud de but en blanc.
"Ha, ouais, Reeve a dit qu'il dormirait dans la chambre à Cid c'est ça?"
Cloud hocha la tête en finissant son sandwich, Zack en profitant pour lui en mettre un second dans la main, garni de feuilles d'ochu.
Vincent fronça légèrement les sourcils. Pour un soldat, qui plus est frère de Zack, Cloud était étonnement calme. Autant son jumeau semblait à deux doigts d'exploser d'un trop plein d 'énergie et d'enthousiasme, autant Cloud avait l'air indifférent à son entourage. Le fauve ne le quittait pas d'une semelle, le poussant parfois de la tête pour le faire avancer quand le blond se plongeait dans ses pensées.
"Mange Cloud", ordonna Zack.
"Hmm…"
"J'ai mis des draps propres et une couverture sur le lit. Quand vous serez installé", ajouta Elmyra en lui tendant un sandwich garni d'épaisses tranches de viande,"venez me retrouver à la cuisine, je vous fournirais votre uniforme."
"Heu.. oui," réussit à balbutier Vincent avant d'être entraîné par Zack, la tornade humaine.
Ils retournèrent dans le couloir et s'engouffrèrent vers l'escalier. Celui-ci était étroit et raide et Vincent lutta brièvement avec sa claustrophobie avant d'arriver à suivre Zack qui continuait à discourir dans le vide.
"Un jour je vais me péter la gueule dans l'escalier, quelque chose de bien. Donc voilà nos chambres. C'est petit, mais la Shinra nous a promis une extension bientôt. Sois-dit en passant, ha ha ha je rigole. Quand les chocobos auront des dents, peut-être."
Il y avait des planches fissurées ou remplacées des deux côtés du couloir, l'une d'elle encore fracassée, comme si quelqu'un avait tenté de l'enfoncer à coup de poings. Vincent leva les yeux vers Zack en train d'escalader les marches étroites. Le soldat marchait en tenant les deux murs, poussant parfois un peu, faisant craquer les plus vieilles planches.
Vincent sentit une nouvelle crise de claustrophobie l'étreindre et il se força à respirer calmement avant de suivre Zack.
Poser les mains sur les murs aidait, se rendit-il compte en se prenant à imiter le comportement du jeune homme.
"Alors", reprit Zack en stoppant en haut des escaliers, montrant la première porte." Ici, c'est la chambre des dames. Shera et Elmyra dorment là, interdit d'entrer, où Barret et Cid te cassent les jambes."
Il suivit le couloir sur la droite et désigna deux portes.
"Ici, c'est la chambre de Barret et Marlène. Ah, une autre règle, on évite que la petite nous voit en sang, blessé ou à poil."
"Qui est Marlène ?" Demanda Vincent.
"La fille de Barret, elle est à l'école là, tu la verras tout à l'heure. Là, c'est la chambre de notre fine fleur de la douceur et délicatesse Wutane, aussi connue sous le nom de Destructor Yuffie."
L'insulte qui émana de la porte démontra qu'à défaut de douceur et délicatesse, l'adolescente avait de bonnes oreilles, un vocabulaire étendu et finit sa douche.
"Cette chambre là est la mienne et celle de Cloud. Frappe avant d'entrer."
Enfin, Zack montra la dernière porte, tout au bout du couloir.
"Et voilà ton dortoir soldat," annonça-t-il avant de tambouriner du poing sur la porte. "Cid ! Soit décent, on entre !"
Après les faibles ampoules du couloir, la lumière plus crue de la chambre aveugla brièvement Vincent. Quand son regard s'ajusta à la luminosité, il vit un homme blond, qu'il reconnut comme le démineur d'Avalanche et capitaine de la seconde équipe, assis sur son lit, devant un moteur à moitié démonté.
"Elmyra va te tuer si tu mets du cambouis sur ses draps tout propre" le prévint Zack en venant s'appuyer au bureau.
"J'ai mis des journaux pour les protéger", répondit le blond avant de lever les yeux vers ses visiteurs.
Voyant Vincent suivre Zack, il retira sa cigarette de ses lèvres et l'écrasa sur le cendrier posé sur le bureau.
Comme la plupart des chambres de Seventh Heaven, la chambre était double. Il y avait deux lits, poussés sur les côtés, deux petites armoires à leur pieds, une table et une chaise, coincées entre les couchages, et qui tenait lieu de bureau, table de chevet et réceptacle du bardas de Cid, consistant surtout en pièces de mécanique, revue d'aviations et une plaque de liège piquées de quelques photos de lui, Shera et d'autres personnes inconnues à Vincent.
"Voici le Capitaine Cid Highwind, notre spécialiste en explosif, déminage et pilote d'à peu près tout ce qui possède des roues ou des ailes. Donne-lui une épave, un tournevis et en quelques heures, il te la fait rouler, voler, flotter ou les trois à la fois."
Vincent salua l'homme blond d'un signe de tête. C'était surtout son arme qui avait marqué le sniper, une longue lance, comme les Burméciens 8. A bien y réfléchir, le pilote devait sûrement avoir des origines dans cette ethnie, avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds. Sa peau était tannée par le soleil, mais Burmécia était connue pour son climat… Humide était une description largement en dessous de la réalité. Après tout, le surnom de Burmécia était « le Pays des Pluies Eternelles ». S'il pleuvait moins de deux cents jours par an, les habitants considéraient que c'était la sécheresse. Au moindre rayon de soleil, sa population brunissait aussitôt, leurs peaux prenant une belle couleur rouge écrevisse.
Cid avait toutefois une peau bien bronzée, ce qui signifiait soit qu'il était métis, soit qu'il avait quitté Burmécia depuis de longues années.
"Vincent Valentine", se présenta Vincent.
"Notre futur Sniper !"
"Bienvenue", déclara Cid en lui serrant énergiquement la main.
Vincent hocha la tête et posa le chat par terre le temps de retirer son manteau. Le sac qu'il avait laissé en arrivant à Seventh Heaven la première fois avait été posé sur son lit, avec un change de drap, un nécessaire de toilette, et une serviette éponge. Le temps que Vincent se redresse, le chaton s'était hissé sur le lit de Cid, observant avec intérêt les mécanismes que l'homme bricolait. Quand il tendit la patte vers une pièce, Cid le saisit par la peau du cou et le hissa à la hauteur de ses yeux.
"Ho, si c'est pas mignon… Un rat angora bicolore… Ça se mange ?" Demanda-t-il avec un rictus moqueur.
"T'en fais pas, on le nourrit régulièrement," déclara Zack en aparté à Vincent. "A propos, Elmyra a fait des sandwiches", reprit Zack.
"Ha, je crève de faim", déclara Cid en se levant sans toutefois lâcher le châton. "Il vient d'où ce bestiau? C'est un autre protégé de Wedge?"
"Il m'a suivi ici", expliqua Vincent en suivant les deux hommes dans le couloir, "je ne pense pas le garder."
"Ho non ! Il est trop mignon !" S'exclama soudain une voix de jeune fille au fort accent wutan.
Cid sursauta avec un juron et fit mine de mettre une tape à Yuffie qui esquiva avec aisance malgré l'étroitesse du couloir, et, lui subtilisant le chaton, évita les mains de Zack avec la même facilité, avant de disparaître dans l'escalier en courant, accompagnée des miaulements déchirants du chat.
"Impressionnant", admit Vincent.
"Tu trouveras ça moins impressionnant quand c'est ton portefeuille ou ta matéria qu'elle fauchera", déclara Cid d'un ton bougon.
Quand les trois hommes eurent rejoint le reste de la maisonnée dans la salle de séjour, Yuffie brandissait le chaton sous le nez d'un Barret stoïque en train de mâcher son sandwich.
-"Barreeeeeeeeeeeeeeeeet ! Regarde comme il est mignon dit s'il te plait on peut le garder hein quoi il sera toujours plus mignon que Sith dis s'il te plaiiiiiiiiiiiiiiiiiiit ! !"
"Sith ?" Répéta Vincent une fois qu'il eut fait le tri dans la tirade accélérée de la wutane.
Barret montra du pouce une masse blanche et rose placée sur le canapé et qui servait pour le moment d'oreiller à Red.
"Lui… La mascotte d'Avalanche."
Vincent dévisagea le marshmallow géant.
Il fronça les sourcils.
Compara avec tous les types de monstres qu'il connaissait avant de parvenir à une conclusion édifiante.
"C'est un mog obèse en peluche."
"C'est une idée de Reeve, j'y suis pour rien," expliqua Barret d'un air las.
"Alors on peut le garder ?" Redemanda Yuffie.
"Y'a pas marqué SPA sur la porte, Yuffie," grommela Barret.
"Mais.. regarde! Regarde, même Cloud le trouve mignon!"
Yuffie brandit le chaton sous le nez de Cloud qui le fixa d'un air dubitatif. Vincent ne put s'empêcher de remarquer la façon dont Barret se crispa au geste brusque de l'adolescente, levant la main, prêt à l'attraper quand elle se tourna vers le blond. Le chaton miaula piteusement et Cloud soupira avant de charitablement le libérer de l'étreinte de Yuffie.
Il reposa la petite boule de poils au sol laissant l'animal se secouer et remettre de l'ordre dans sa fourrure. Barret se détendit et grommela, jetant un regard à Yuffie.
"... Bon. Mais demande d'abord à Reeve."
"YATTAAAAAAAAAAAA 9 !" Brama la jeune fille en faisant des petits bonds extatiques.
"Yuffie, arrête de crier!" S'exclama Red.
Vincent soupira quand le chaton se réfugia vers lui, effrayé par les cris de l'adolescente. Il se pencha néanmoins et reprit le petit animal, le laissant se blottir contre son torse.
"Bon, on a un nouveau venu dans l'équipe alors… Comment on l'appelle ?" Demanda Aérith qui sirotait une tasse de thé.
Elle salua poliment Vincent quand il s'approcha et lui proposa une chaise, poussant la sienne pour lui faire de la place.
"Neko 10!" Suggéra immédiatement Yuffie, sans s'offusquer que personne ne relevait sa proposition.
"Et bien.. Boule de poil ?" Proposa Aérith, non oubliez c'est trop long.
"Miaoumiam ?" Suggéra Red après être venu renifler de son compère miniature, s'attirant des cris horrifiés des filles.
Vincent entrevit néanmoins son clin d'œil taquin, montrant qu'il n'en pensait pas un mot. Si Red fixait le chaton avec insistance, c'était plus de la curiosité envers un futur compagnon de jeu que de la gourmandise.
"C'est le chat de Viny, c'est à lui de décider," déclara soudain Yuffie en se hissant sur le dossier du canapé.
"Yuffie a l'habitude de donner des surnoms à tout le monde", expliqua Zack à un Vincent stupéfait, "ne te formalise pas et laisse la dire…"
"Tu peux parler, Sonic", rétorqua Yuffie, "alors alors ? Tu as une idée de nom ?"
Barret attrapa Yuffie par les épaules et la retira de son perchoir en fronçant les sourcils.
"Si tu veux t'asseoir, c'est le fauteuil ou la chaise, pas le dossier!"
Vincent haussa à nouveau les épaules, un peu désemparé de devoir participer à la conversation.
"Chat ?" Suggéra-t-il, faute d'idée.
"C'est trop banal !" Protesta la petite brune en faisant mine de s'asseoir sur l'accoudoir.
"Yuffie…" gronda Barret d'un ton autoritaire.
"Cait 11 alors," déclara Vincent.
Au prénom féminin, Zack réagit immédiatement et prit le chaton des mains de Vincent, le retournant sur le dos pour vérifier son sexe malgré les hurlements indignés de l'animal.
"Kate ? C'est une femelle ?"
"Cait", corrigea Vincent avant de répéter plus lentement, "Ké-i-té. "
"Cait", testa pensivement Yuffie. "Ça me plait ! ! !"
"Oui ça sonne bien…" Approuva Aérith.
Yuffie enleva a nouveau le chaton et le déposa sur la tête de la peluche obèse.
"Sith, voici Cait, Cait, voici Sith !" Présenta-t-elle joyeusement.
Le chaton la fixa d'un air incrédule avant de commencer à malaxer le tissu molletonné du mog et se rouler en boule pour se rendormir.
"Quelque chose me dit qu'on arrivera plus à le décoller de là", s'esclaffa Zack.
Jessie sortit du bureau de Reeve à ce moment, pianotant sur la tablette qui ne la quittait jamais. Elle stoppa près de Barret et lui glissa quelques mots avant de se tourner vers Cid qui avalait son troisième sandwich au chocobo grillé.
"Le Boss veut vous parler à Barret et toi, vous êtes encore à la bourre pour vos rapports."
"J'y vais Jessie, merci."
Avant de refermer la porte, Barret adressa un dernier mot à Vincent.
"Va voir Elmyra, elle te donnera un uniforme."
Cid fut le premier dans le bureau, sortant aussitôt un paquet de cigarette de sa poche. Le bureau de Reeve était minuscule, à peine assez large pour y caler son bureau, une armoire et plusieurs chaises. Barret dut attendre que Reeve soit retourné derrière le meuble pour entrer et fermer la porte. A peine le panneau repoussé que le directeur d'Avalanche eut un gros soupir et se massa le front d'un geste las de sa main de chair.
"Mea culpa, séparer Cloud et Zack était une mauvaise idée," admit-il aux deux autres hommes.
"Sans rire?" Rétorqua Cid en se laissant tomber sur l'autre fauteuil. "Ceci dit, je ne vais pas me plaindre, j'étais plutôt content d'avoir Zack avec nous."
"Cloud a encore perdu le contrôle?" Demanda Reeve.
"Il a transformé le squame en hachis," grommela Barret en s'asseyant sur un des fauteuils du bureau, celui que Reeve lui réservait et surtout le seul qui ne craquait pas sous son poids "Ça a sauvé Yuffie, mais impossible de le calmer tant que le squame bougeait."
"On peut pas continuer comme ça," grommela Cid avant d'allumer sa cigarette. "Cloud est trop instable."
"Qu'est ce que tu suggères?" Demanda Reeve en lui tendant un cendrier.
Le blond soupira et accepta le récipient qu'il posa sur l'accoudoir de sa chaise.
"Tant que Cloud ne sera pas plus... sensé, on peut pas l'éloigner de Zack. Si jamais il pète un cable, y'a que le hérisson qui lui fera entendre raison."
"Mais les mettre dans la même équipe va déséquilibrer les forces," grommela Barret. "Et c'est pas le nouveau qui pourra jouer le rôle d'un preneur de baffe."
"C'est vrai," admit Reeve en prenant un tas de feuilles sur son bureau, qu'il tendit à Barret. "Le dossier de Vincent Makoto Valentine."
"Makoto?" Répéta Cid. "C'est pas Wutan ça?"
"Selon ses déclarations, il est métis, originaire de Wutai. Il a passé l'examen d'entrée des Turks et a obtenu des scores excellents pendant son test."
"Pourquoi on l'a jamais vu avant ?" Demanda Barret. "On aurait entendu Reno râler depuis la Tour Shinra si un Turk avait été muté à Avalanche."
Reeve hésita brièvement avant d'annoncer la raison à ses hommes.
"Il a passé l'examen la semaine dernière et…"
Cid leva les mains pour interrompre Reeve.
"Ce type a réussi à intervenir dans un combat sans que je le sente approcher. D'accord, j'étais en train de désamorcer une bombe… Mais j'aurais dû l'entendre ou le voir passer du coin de l'œil. Il est plus silencieux que Tseng ou Rude, il n'est pas Turk depuis seulement une semaine."
"Il a la formation d'un Turk?" Demanda Barret en feuilletant le dossier.
"Oui. Il se spécialise en tir et dégât magique. Son dossier précise aussi qu'il est bon en reconnaissance, espionnage et pistage."
"Je n'aime pas ça", marmonna Barret en passant les feuillets à Cid, "ça sent le mouchard à plein nez."
"C'est aussi ce que je pense", avoua Reeve en s'appuyant sur son dossier. "Mais c'est le Professeur Falmis qui l'a recommandé."
"Le père d'Aérith?" S'étonna Cid en tapotant sa cigarette au-dessus du cendrier. "Je croyais qu'il avait rien à voir avec les décisions de la Shinra?"
"Gardez un œil sur lui. Je vais approfondir mes recherches, mais d'ici là, essayez de ne pas trop lui en dire sur les recherches de Shera."
"Compris."
"Pour ce qui est des équipes," soupira Reeve.
"On va fusionner les deux équipes en une seule", déclara Barret. "Le temps que l'on puisse à nouveau faire confiance aux jumeaux séparément. "
"Et si on doit se séparer comme aujourd'hui?" Demanda Cid.
"Tu prendras Red avec toi. Vu le fiasco de tout à l'heure, il vaudrait mieux une deuxième personne au cas où. Yuffie peut être. En tout cas, pas le nouveau tant qu'il n'a pas fait ses preuves. "
"Compris."
Barret jeta un coup d'œil à l'horloge du bureau avant de se lever.
"Je vous laisse, je dois me changer avant d'aller chercher Marlène."
"Prends pas la Chocomobile", lui conseilla Cid," je révise le moteur."
"Encore? Mais qu'est ce que vous faites avec la Chocomobile?" Grommela Reeve.
"On laisse Zack la conduire," rétorqua Cid.
Quand Barret entra dans la cuisine, une heure plus tard, avec Marlène dans les bras, il trouva Elmyra aux fourneaux, comme d'habitude, mais devant sensiblement plus de casseroles qu'à l'usuel. Une énorme marmite sifflait sur le feu, tandis que la gouvernante faisait frire des légumes dans une grande poêle, juste à côté d'épaisses tranches de viande. Le four tournait aussi, dégageant un appétissant parfum de gâteau. Marlène eut un petit cri ravi et tendit les bras à Elmyra.
"Bonjour ma chérie, as-tu passé une bonne journée? Attends quelques secondes."
La gouvernante remit un couvercle sur la marmite et prit la petite fille dans ses bras, la serrant contre elle avec un enthousiasme inhabituel. Barret fronça les sourcils. Elmyra adorait Marlène et la réciproque était tout aussi vraie, mais c'était rare quand Elmyra gardait Marlène aussi longtemps dans ses bras. Marlène avait beau être une petite fille, elle se faisait vite lourde pour les bras de la gouvernante.
"Ça ne va pas Elmyra ?"
"Mh?" Fit la brune avant de poser Marlène sur une chaise. "Non, tout va très bien, pourquoi?"
Barret désigna les casseroles du pouce.
"Tu as fait à manger pour vingt…"
"Yuffie et Marlène sont en pleine croissance," déclara Elmyra avant de retourner aux fourneaux. "Et Zack à un grand appétit… Et puis, Monsieur Valentine a besoin de manger."
"Comment ça ?" demanda Barret, sortant du pain et du chocolat pour le goûter de sa fille.
Même si Elmyra faisait une cuisine irréprochable, il mettait un point d'honneur à toujours préparer les goûters de Marlène, et à passer autant de moments que possible avec elle. Même quand Aérith ou Elmyra prenaient en main les devoirs, il était toujours à côté, écoutant les maîtresses improvisées avec autant de sérieux que Marlène.
"Quand j'ai pris les mesures pour ajuster son uniforme", commença la brune avant de secouer la tête, jetant un petit regard à l'enfant.
Pas devant Marlène. Entendu.
Barret beurra soigneusement une tartine qu'il tendit à sa fille.
"Tu en veux une ou deux?"
"Deux Papa, s'il te plait!"
"Mange lentement. Et ensuite, va chercher tes devoirs."
"Oui!" S'exclama la fillette avant de planter ses dents dans la tartine.
Pendant que sa fille mangeait, Barret retourna dans la cuisine, près d'Elmyra, au moment où la gouvernante lui tendait un couvercle.
"Il a un problème ?" Demanda Barret à voix basse en lui tenant l'ustensile le temps qu'elle ajoute des épices.
Elmyra éteignit le feu sous les plaques et remua rageusement le contenu de la marmite avant de répondre.
"Personne ne devrait être aussi maigre que ça," murmura-t-elle d'un ton scandalisé.
"A ce point là ?" reprit le grand noir.
"J'ai dû nourrir les jumeaux quand ils sont arrivés", déclara Elmyra avant de tendre une cuillère à Barret pour goûter, "j'ai remis Red sur pattes quand Cloud me l'a amené et aucun des trois n'était aussi … aussi décharné que monsieur Valentine. C'est assez salé ?"
"C'est parfait. Peut-être est-il naturellement maigre…"
"Non. Pas à ce point… Barret," reprit Elmyra en s'essuyant les mains," je sais que tu te méfies des nouveaux venus… mais s'il te plaît… sois gentil avec lui."
"Elmyra…"
"S'il te plaît", répéta la femme en posant sa main sur la prothèse. "Et puis… je pense qu'il… qu'il sentira un lien entre vous deux."
Barret baissa le regard sur la main posée sur son poignet de métal. Malgré son opération et la pose du membre bionique, il n'avait pas récupéré le sens du toucher sur son bras droit. Ca lui arrivait encore de briser des verres par mégarde, incapable de jauger correctement de la pression qu'il exercait avec ses doigts.
"Il a une… une malformation au bras gauche", expliqua Elmyra sans lâcher Barret. "Il m'a dit que c'était de naissance, et que ce n'était pas douloureux…"
"Je ne comprends pas que Shinra nous envoie un gringalet mutant comme renfort…" marmonna Barret dans sa barbe.
"Barret !" S'offusqua Elmyra en désignant Marlène qui finissait son goûter.
Le grand noir soupira et hocha la tête.
"Je ferais un effort, Elmyra. Mais si la Shinra l'a envoyé pour nous espionner, ce sera pas de pitié."
Quand Vincent se retrouva le soir même à la table de Seventh Heaven, assis entre Aérith et Cloud, devant une énorme plâtrée, il se demanda comment refuser sans vexer la cuisinière qui s'affairait autour de la table. Barret, assis en face de lui, s'occupait d'une petite fille de cinq ou six ans, aux cheveux bruns et à la peau trop pâle pour appeler Barret papa, ce qu'elle faisait néanmoins. Pendant tout le repas, l'enfant lui jeta des regards curieux, mais moins effrayés que la plupart des enfants qui le voyaient pour la première fois. D'un autre côté, elle n'avait pas cillé quand Red l'avait saluée d'un grand coup de langue sur la joue, ni quand, juste avant le repas, Cid l'avait soulevée sans prévenir et fait sauter en l'air deux ou trois fois avant que Barret ne l'arrête.
Alors que Vincent peinait à finir la première moitié de son assiette, la fillette sembla se décider à parler et se redressa bien sur sa chaise, levant son petit menton au-dessus de la table. Barret avait posé un annuaire sur la chaise avant de l'asseoir, mais ça suffisait à peine à mettre son visage au niveau de son assiette.
"T'es qui Monsieur ?"
"Marlène", grommela Barret. "Il ne faut pas parler comme ça…"
La petite hocha la tête et réfléchit avant de reprendre.
"Bonjour Monsieur, qui êtes-vous ?"
"Y'a du progrès" nota Zack.
"Évidemment, je lui ai dit de ne pas parler comme toi", rétorqua Barret en coupant la viande de sa fille.
Pendant que les rires s'élevaient autour de la table, malgré les objections virulentes de Zack, la petite continua de fixer Vincent, attendant patiemment sa réponse.
"Je suis Vincent Valentine."
"C'est Vincent ou Valentine ton prénom ?"
"Vincent," répondit-t-il.
"Moi c'est Marlène Wallace. Mon prénom c'est Marlène."
Vincent garda le silence quelques secondes, mais la petite semblait attendre une réponse. Après quelques secondes à tenter de se remémorer ses rares conversations avec des enfants, Vincent finit par la lui donner.
"Enchanté Marlène."
L'enfant eut un grand sourire et fit signe à son père de s'approcher pour lui parler à voix pas si basse que ça.
"Il a l'air gentil."
"Marlène", soupira Barret, "laisse Monsieur Valentine manger tranquillement."
"Je n'ai plus très faim…" Commença Vincent.
La cuisinière vint d'office lui ajouter une nouvelle cuillère de légumes dans son assiette et le menaça gentiment d'un coup de cuillère vide.
"Ta ta ta, on finit son assiette à Seventh Heaven."
"Tata Elmyra s'est trouvé une nouvelle victime à engraisser," lâcha Zack en ricanant. "Tu es sauf, Red."
Le fauve ne daigna pas lever le nez de sa gamelle mais roula de l'oeil d'un air las.
"Finis ton assiette ou elle ne te laissera pas en paix avec ça", conseilla Barret. "Elmyra est une vraie mère poule."
"Elle va bien avec toi alors, papa poule", plaisanta Cid.
Barret jeta un regard noir au pilote, mais se retint de lancer ses jurons habituels.
"Mangez…" répéta Elmyra.
"Je suis désolé, Madame. Votre cuisine est excellente, mais... Je n'ai pas l'habitude de manger autant. Je... n'ai plus faim."
La femme fronça les sourcils d'un air inquiet mais eut un petit sourire et prit l'assiette.
"Je vais la couvrir et la mettre au frigidaire. Si vous avez faim cette nuit, n'hésitez pas à venir vous servir."
"Merci. Je n'y manquerai pas."
Vincent hésita à quitter la table, ne voulant pas se montrer trop impoli avec ses nouveaux équipiers. A sa droite, Cloud mangeait en silence, s'arrêtant parfois pour fixer le vide d'un air absent qui disparaissait au moindre bruit. Avant le repas, son frère avait déposé une quantité impressionnante de cachets et pilules près de l'assiette, et lui rappelait régulièrement de les prendre. Zack avait aussi des médicaments, en dose plus réduite que son frère, qu'il avait rapidement avalé avant de passer à autre chose, à savoir le plat principal qu'il dégustait avec appétit.
A la gauche de Vincent, Aérith et Yuffie discutaient apparemment d'école et de professeurs et de matière apparemment honnie connue sous le nom de science magique. Au vue des mimiques de l'adolescente et des grimaces plus discrètes d'Aérith, elles étaient, ou avaient été, toutes deux affligées du même professeur et partageaient une certaine réticence envers lui ou elle. Cid et Shera discutaient entre eux, ou, plutôt, comme Vincent s'en était vite aperçus, se chamaillaient en permanence. Si Shera restait calme et seul un petit sourire moqueur montrant son humeur taquine, Cid avait souvent recours au Burmécien pour pouvoir jurer sans que Barret ne lui fasse les gros yeux. Biggs et Jessie ne mangeaient pas avec le reste de l'équipe, ayant réquisitionné des plateaux repas pour dîner avec Wedge à l'infirmerie. La jeune fille revint avec les assiettes vides vers la fin du repas, juste à temps pour sauver trois parts de crème dessert et se faire attraper par Reeve pour qu'elle aille lui chercher un dossier.
Le dîner s'acheva vite et Vincent découvrit les rituels de fin de repas, entre autre prières de remerciement pour les plus croyants, tirage au sort de ceux de corvée de vaisselle, mise au point des rondes de nuits et bagarre avec Yuffie et Marlène pour qu'elle aillent se coucher et plus vite que ça.
Zack et Cloud partirent en inspection de nuit, ramenant Aérith chez elle par la même occasion. Elmyra fit un plein thermo de café, un autre de thé et prépara la cuisine pour le petit déjeuner du matin avant d'aller s'asseoir sur un des fauteuils du salon, s'autorisant enfin à se détendre. Cid alluma la télé et délogea Red du canapé, râlant quand le fauve revint aussitôt s'étaler en travers de ses genoux.
"Pousse-toi de là, Peluche !"
"C'est MON lit, je vais encore devoir marquer mon territoire ?" protesta Red sans bouger d'un pouce, pesant de tout son poids sur les jambes du pilote.
"Red", objecta Elmyra en fronçant les sourcils.
"Je plaisantais", marmonna le fauve, embarrassé, avant de fourrer son museau entre ses pattes.
"Venez-vous asseoir monsieur Valentine", proposa Elmyra.
"Les infos vont commencer, si tu veux regarder un truc particulier, attends un peu," bougonna Cid sans se détourner de l'écran.
"Je.. ne regarde pas la télé."
Mais il y avait une place près de Cid et Red poussa même ses pattes le temps qu'il s'asseye. Cait, dédaignant la peluche de mog, vint escalader sa jambe et se blottir sur ses genoux en ronronnant.
La soirée s'écoula dans le silence, à peine troublé par Cid qui commentait les nouvelles du journal télévisé en bougonnant. Barret revint au bout d'une demi-heure, après l'histoire du soir et mit Yuffie au lit pour la troisième fois consécutive. Il prit une bière, tira une chaise près du fauteuil d'Elmyra et suivit la télé à côté d'elle.
C'était étrangement confortable comme situation. Plus silencieuse que pendant le repas, mais tout aussi… confortable n'était peut être pas le mot, mais c'était celui qui venait à Vincent le plus aisément.
Et puis, Reeve, aidé d'un mégaphone, appela Jessie pour avoir son rapport, faisant trembler les fenêtres. S'ensuivit une bordée de jurons de Barret qui alla crier sur leur directeur d'arrêter ça quand les filles dormaient. Marlène descendit en se frottant les yeux voir pourquoi tonton Reeve criait et Elmyra dut aller la recoucher, Red sur les talons parce que la fillette avait réclamé un câlin de bonne nuit du fauve.
Finalement, Cid et Vincent restèrent seuls dans le salon, devant la télé. Cid alla se chercher une bière, en ramena une à Vincent et se rassit près de lui.
"Bienvenue à Avalanche."
Le blond décapsula sa bouteille et avala une gorgée avant de continuer.
"Quand tu ne cilleras plus sur le dîner spectacle du soir, tu feras partie de la famille."
Reeve se resservit en café et secoua le pot au-dessus de sa tasse pour verser les dernières gouttes tout en écoutant Jessie lire le dossier à voix haute. Le pot avait été plein il lui semblait à peine un moment avant. Quelle heure était-il ?
"Makoto Hamasaki. Né à Suisan, Wutaï le 13 octobre 2915. Mère, Minako Hamasaki, père inconnu. Émigre à Midgard en 2933 et est naturalisé sous le nom de Vincent Valentine. Il en reste?"
Le dirigeant d'Avalanche versa la moitié de sa tasse dans celle de la jeune fille qui le remercia d'un signe de tête avant de continuer sa lecture.
"Il entre chez les Turks en 2935 avec de très bons résultats aux tests. Déclaré mort durant une mission à Nibelheim en 2944. Dossier clos. Café froid", ajouta Jessie en grimaçant après une gorgée.
Tout en s'asseyant à son bureau, le chef d'Avalanche prit mentalement note de faire des recherches sur cette fameuse mission et saisit un mince dossier papier qu'il ouvrit pour comparer.
"Vincent Makoto Valentine. Né à Wutaï, en 2947. Père et mère inconnu. Passe les tests d'entrée des Turks en 2975 et obtient d'excellent résultats. Les meilleurs des trente dernières années. Aucune affiliation connue, aucun rang militaire. Rien."
Assise devant lui, un crayon derrière l'oreille et sa tablette collée sous le nez, Jessie fronça les sourcils.
"C'est louche un dossier avec autant de trous, Boss. Les bureaucrates de Shinra sont super pointilleux d'habitude, sauf quand ils cachent quelque chose."
"Je pense aussi, Jessie", déclara Reeve en buvant une gorgée de café.
Café froid, beurk. Il détestait le café froid autant que Jessie. Un rapide coup d'œil à sa montre lui indiqua pas loin de minuit. Trois heures qu'ils travaillaient tous les deux sur ces recherches. Pas étonnant que le café soit froid et la cafetière vide.
"Il y a un rapport entre les deux Valentine ?" suggéra Jessie.
"Tu as une photo ?"
"Quelques-unes", répondit Jessie en pianotant sur sa tablette avant de la tendre à Reeve. "La photo d'identité sur leurs dossiers aux Turks, et deux, trois autres que j'ai récupéré dans les archives de Tseng."
"Un de ces jours", soupira Reeve en prenant l'écran, "tu vas te faire attraper à pirater la Shinra."
"Ça risque pas", ricana Jessie, "j'ai eu le meilleur prof au monde !"
Reeve hocha la tête avec un petit sourire amusé. La jeune fille avait beaucoup changé depuis le jour où on la lui avait amenée à son bureau, menottée, pour avoir piraté le réseau de la Shinra. Il l'avait sermonnée, puis testée avant de la prendre sous son aile de manière très officieuse. Pour le reste de la Shinra, Jessie était une espèce d'assistante à mi-temps, qui faisait les petits boulots de secrétariat de Reeve, lui rappelait ses rendez-vous et, selon les rumeurs, lui servait de chauffe-lit. En réalité, jusqu'à la création d'Avalanche, Jessie lui avait servie d'espionne, récoltant tout ce qu'elle pouvait trouver sur les autres cadres de la Shinra, les expériences d'Hojo et les rapports secrets concernant des événements trop dérangeant pour être dévoilés au grand jour.
C'est ainsi qu'il avait découvert l'existence des Strife, Shera et Barret, qu'il avait put retrouver Red à temps pour lui sauver la vie, et qu'il pouvait faire chanter Scarlett, Heidegger ou Palmer pour obtenir des crédits, du matériel ou des renforts en temps voulu. Reeve ne s'estimait pas au dessus de ce genre de méthode, tant que cela pouvait sauver la vie de ses hommes et des habitants de Midgard.
Au pire, Jessie avait découvert des notes de frais du président Shinra concernant une certaine maison close des taudis, le Honey Bee Inn.
Ressource d'urgence avait elle plaisanté en lui tendant l'épaisse enveloppe de kraft.
L'adolescente surdouée mais timide s'était transformée en une jeune femme débrouillarde et décidée et Reeve en sentait une fierté presque paternelle à la voir évoluer.
"La flatterie ne te donnera pas une augmentation", rétorqua Reeve en plaçant le petit écran près de la photo du dossier.
Jessie vint se pencher par-dessus son épaule et ils comparèrent longuement les deux images.
"Le vieux avait les cheveux courts…"
"Les cheveux ça pousse… Ils ont le même visage, la même morphologie, les mêmes yeux."
"Le même sourire", coupa Jessie. "Ou plutôt, absence de."
"Et des capacités physiques supérieures à la normale", conclut Reeve en se redressant. "Excepté ce bras mutant que Makoto Hamasaki n'avait pas."
"Ils sont peut-être père et fils", suggéra la jeune fille en récupérant son écran. "Les dates correspondent, non?"
"Justement non Jessie. Vincent Makoto Valentine est né trois ans après la mort de Makoto Hamasaki."
Jessie resta bouche bée quelques secondes avant de se remettre à pianoter furieusement pour vérifier les dates. Reeve se redressa, s'étirant longuement et faisant craquer son dos.
"Je veux que tu fasses des recherches sur Makoto Hamasaki. Je veux tout savoir, son enfance, adolescence, s'il a été marié ou pas, s'il vivait en concubinage, ses enfants s'il y en a."
"Ok !"
"Ses missions quand il était Turk, et surtout celle où il est mort… Et tant que tu y es, essaye de m'avoir son dossier médical."
"Ça risque de prendre un moment…"
"Tu as eu un bon prof, non ?"
Jessie fit mine de rouler des yeux mais ne put retenir un immense bâillement. Alors qu'elle s'essuyait les yeux, Reeve se leva et lui tapota l'épaule de sa main libre. Leur réunion impromptue avait duré plus longtemps que d'habitude, surtout en raison du nouvel arrivant à Seventh Heaven.
"On a du travail demain. Va dormir."
"Bonne nuit, Boss !"
Après le départ de Jessie, probablement retournée rejoindre son petit ami, Reeve éteignit son ordinateur, puis rangea ses dossiers dans son coffre fort et ramassa la cafetière et les tasses vides. Il ne pouvait nier que le nouveau venu l'inquiétait. L'absence de tests psychologiques dans le dossier ne le rassurait pas vraiment, ceux des jumeaux et de Red brillant par leur absence. Mais si le Professeur Falmis avait lui-même recommandé Valentine, il avait probablement de bonnes raisons, étant un des seuls membres de la Shinra qui leur donnait ouvertement son soutien.
Baillant un bon coup, Reeve décida que ce problème attendrait le résultat des recherches de Jessie. Il avait besoin de retourner chez lui et dormir. Il sortit de son bureau et traversa le salon, marchant le plus silencieusement possible en passant près de Red. Le fauve dormait à poings fermés, sa flamme caudale réduite à la lueur d'une braise. Le directeur d'Avalanche entra dans la cuisine avec un petit soupir de soulagement, content de ne pas avoir dérangé la créature. Quelques mois plus tôt, il l'avait malencontreusement réveillé en sursaut et s'était retrouvé à plat ventre, les cent-vingt kilogrammes de Red sur le dos et ses impressionnantes quenottes à deux doigts de son oreille. Il avait fallu l'intervention de Cloud et un sort de sommeil pour que le fauve accepte de le lâcher. Red s'était sincèrement excusé le lendemain, mortifié d'avoir agressé un de ses bienfaiteurs, mais Reeve prenait désormais un luxe de précaution autour de lui. Il posa les tasses et la cafetière vide dans l'évier, faisant couler un peu d'eau pour les rincer.
Avec sa fatigue et dans la pénombre de la pièce, il ne vit pas qu'un ennemi se tapissait dans l'ombre, prêt à le dévorer sans aucune pitié. La créature avança en silence, bandant ses muscles pour bondir sur sa proie. Ses griffes sortirent en silence comme autant de couteaux acérés.
Il bondit.
Vincent ne sut jamais ce qui l'avait réveillé en premier.
Le bruit de vaisselle brisé?
Le cri de douleur de Reeve?
Le rugissement d'un gros félin?
Ou les hurlements frénétiques de Reeve jurant sur tous les Anciens que c'était juste lui?
Toujours est-il qu'il se leva d'un bond, cherchant d'instinct son arme et manqua de percuter Cid qui faisait de même, sautant à cloche pied pour enfiler un pantalon à la va vite.
Dans le couloir, Vincent dut éviter les jumeaux, déjà debout, tous deux en caleçons, Zack tentant de retenir son frère en ricanant comme un moogle. Le blond semblait confus, essayant de se ruer à la défense de Reeve malgré les assurances de son frère que tout allait bien.
"Mais il a crié", déclara Cloud d'un ton obtus.
"Il a juste été surpris", ricana Zack, "ha, Valentine, descend vite, il y a une mission pour toi!"
"Mais c'est quoi ce bordel?" S'exclama Yuffie en ouvrant la porte de sa chambre," vous avez vu l'heure?"
Vincent recula d'un pas quand la porte suivante s'ouvrit, laissant passer la masse de Barret qui remplit le couloir de sa présence.
"Qu'est ce qui se passe cette fois?"
"Reeve a encore réveillé Red on dirait", répondit Cid en ouvrant la porte de la chambre de Shera et Elmyra. "Ca va?"
"J'essaye de DORMIR! Demain soir, je vous file tous des somnifères dans la bouffe!" Répondit Shera, visiblement mal embouchée de si bon matin.
"Je vais finir par demander qu'on insonorise ma chambre", grommela le grand noir avant de saisir Yuffie par la ceinture de son pyjama. "Où tu vas toi?"
"Heu, me chercher un casse-croûte?"
"File au lit, tu devrais être couchée depuis déjà des heures."
"Hey j'ai pas sept ans!" Protesta l'adolescente.
Vincent parvint à se faufiler derrière Barret et laissa galamment descendre Elmyra, en robe de chambre, avant de la suivre dans les escaliers, se dirigeant vers la source du bruit.
"Que se passe-t-il?" Demanda t-il à la brune.
"Red a le sommeil très léger et des réflexes fulgurants," expliqua la cuisinière en ouvrant la porte de la cuisine.
Ils restèrent tous les deux sur le pas de la porte, stupéfaits. Des tasses brisées parsemaient le sol et une cafetière, fort heureusement en métal, avait roulée jusqu'à la porte. Reeve avait apparemment eu de la chance dans son malheur et n'était pas tombé sur les fragments de vaisselle. Red s'était accroupi près de lui, oreilles basses, et s'excusait platement, aussi embarrassé qu'un gros félin puisse sembler l'être. De temps en temps, il tendait une patte vers la jambe de Reeve, essayant de détacher l'animal qui s'y agrippait de toutes ses griffes en fouettant l'air de la queue. Quand Reeve vit Vincent, celui-ci sentit qu'il serait tenu pour responsable.
"Valentine, tu serais aimable de reprendre ton chat."
1 Il y aura aussi mes petites notes de cassage d'ambiance, parce que depuis que j'ai découvert les notes de bas de pages avec Pratchett, je suis un troll.
2 Pour ceux qui ne savent pas, il y a un chat dans toutes mes histoires. Point.
3 Oui, je sais, Seventh Heaven est censé être au secteur 7, mais comme dans cette histoire le secteur 7 a déjà été détruit, j'ai dû le bouger ailleurs.
4 J'ai une dizaine d'univers de jeux différents à ma disposition, croyez moi, je vais en profiter pour les références à la con.
5 Personne n'avait osé la lui confisquer en fait.
6 Enchanté/e. Pour la langue de Wutai, je me suis inspirée du Japonais de Google Trad.
7 Il y a des références à la mythologie Nordique partout dans Midgar, je vais pas me priver d'en rajouter!
8 Dragoons FOR THE WIN. Ouais, c'est ma classe favorite.
9 C'est gagnééééé!
10 Chat
11 Parce que vous pensiez que j'allais me gêner?
