Chapitre 2 : Rififi à la Tour Shinra

Vincent fut un des premiers levé le lendemain, principalement parce qu'il n'avait pas dormi de la nuit. Il avait néanmoins prudemment attendu que Red soit réveillé avant de s'aventurer dans la salle de vie, tirant des enseignements de la mésaventure de Reeve pendant la nuit. Red accueillit Vincent avec un petit signe de tête poli et s'éclipsa presque aussitôt pour faire un tour dans la cour derrière Seventh Heaven, suivi par Cait qui s'était visiblement autant attaché au jeune fauve qu'à Vincent. Il restait un fond de thermo de café sur la table du dîner et Vincent se servit une tasse en attendant que les autres soient réveillés. Installé à la table, il feuilleta distraitement un des magazines qui traînaient dans la pièce. Le Fanzine du Fana des Flingues était une lecture intéressante et lui permit de se mettre un peu plus au courant des progrès en armement moderne, mais ça ne l'occupa pas plus d'une dizaine de minutes. Il allait en prendre un second quand il entendit un pas approcher. Il se tourna à temps pour voir Elmyra entrer en achevant de nouer son tablier par-dessus sa robe.
"Déjà levé Monsieur Valentine?"
"Ha... Oui…"
"Vous avez bien dormi?" Demanda la gouvernante.
"Oui. Je ne dors pas beaucoup."
Elmyra lui jeta un regard étonné à sa tasse et eut un petit sourire indulgent.
"Ne buvez pas ça voyons, je vais vous en faire du frais."
"Merci, Madame."
"Elmyra, juste Elmyra" répondit la gouvernante avant de s'affairer en cuisine. "Que prenez-vous le matin?"
"Je mangerais ce qu'il y a."
A nouveau, Elmyra eut un petit sourire indulgent, peut-être un peu plus crispé cette fois, mais Red revint à ce moment, Cait couvert de boue dans la gueule.
"Red? Que fais-tu au chaton?" S'étonna Elmyra en ramassant une de ses gamelles pour la nettoyer.
Le fauve déposa Cait devant lui, gardant une patte légère sur son dos pour l'empêcher de déguerpir.
"Je l'ai emmené faire ses besoins dehors et il a sauté dans une flaque", expliqua le fauve avant de passer quelques coups de langues dans la fourrure du chaton.
"Tu veux que je l'essuie?"
"Ça ira, ça m'entraînera pour quand j'aurais des petits," répondit Red en achevant la toilette du chaton.
Barret arriva à son tour, Marlène dans les bras, tous les deux encore tout ébouriffés par le sommeil.
"Bonjour Elmyra", grommela Barret en posant un bottin sur la chaise, puis sa fille sur le bottin.
"Bonjour Barret. Bonjour ma petite."
"B'jour Elmyra," marmonna Marlène en se frottant les yeux.
"Valentine," continua le chef d'Avalanche avec un signe de tête.
"Lieutenant", répondit Vincent sur le même ton.
Petit à petit, les membres d'Avalanche résidant à Seventh Heaven arrivèrent un à un dans le salon, plus ou moins endormis, en pyjama ou déjà habillés selon les cas. Reeve fut le dernier, apportant du pain frais, des croissants et un tas de courriers et de paquets qu'il distribua.
"Nouveau numéro du Fanzine des Fanas des Flingues, Barret, un courrier de l'école de Marlène. Facture, facture, pour moi, pour Shera et Cid. Ha, Yuffie, ça doit être ta liste de fournitures scolaires."
"Déjà?" Grommela l'adolescente, penchée au-dessus de son bol de thé.
"Enfin, je dirais plutôt, c'est la semaine prochaine ta rentrée."
"Hai, hai…" soupira l'adolescente.
"Valentine, un courrier pour toi" reprit Reeve en lui tendant une enveloppe en plastique.
"Et ben, les mogs du service postal n'ont pas perdu leur temps à faire le changement d'adresse", plaisanta Zack avant de gober quelques pilules.
Vincent prit l'épaisse enveloppe que lui tendait Reeve et l'ouvrit avec un remerciement, sortant un journal plié en deux, à l'en-tête élégamment décoré de chocobos obèses.
"Tu lis le « chocobo enchaîné 1» toi?" S'étonna Cid tout en se servant en confiture pendant que Shera parcourait leur lettre avec un grand sourire.
"Je ne connais pas", avoua Vincent en dépliant le journal, parcourant les gros titres rapidement.
"Tu connais pas le 'chocobo enchainé'?" s'exclama Zack. "T'es pas d'ici, hein?"
"Non je…"
Vincent fronça les sourcils en lisant un jeu de mot particulièrement audacieux dans un des titres.
"Ho, on dirait que Palmer s'est encore fait pincer à faire des conneries avec les fonds de la Shinra", ricana Cid, penché par-dessus l'épaule de Vincent.
"C'est un journal d'investigation?" s'étonna le brun.
"Critique sociale aussi", précisa Zack, "et leur tête de malboro préféré, c'est la Shinra."
"Ils parlent d'Avalanche", nota Vincent en lisant l'article en diagonale.
"Ils disent quoi cette fois?" Demanda Yuffie en se servant dans la panière.
"Hmmm gnagnagna, « malgré leurs manques de moyens manifestes, Avalanche a encore sauvé la propriété de la Shinra, sans qu'aucune victime de soit déplorée »," lut Cid." « Les citoyens de Midgar seront soulagés d'apprendre que leurs taxes financent avec brio la protection des intérêts de cette société, gnagnagna » c'est bon, ils nous aiment toujours," acheva-t-il en se rasseyant.
"En parlant de nos bien aimés signataire de chèque salarial", reprit Reeve tout en lisant un télégramme, "j'ai autre chose pour toi Valentine."
"De quoi s'agit-il?"
"Apparemment, le professeur Falmis a réussi à retrouver des affaires de ton père qui datent de sa mort. Il te propose d'aller les chercher à l'immeuble Shinra aujourd'hui."
"Ha. Merci."
"Tu veux un coup de main?" Demanda Cid, "j'ai fini de réviser la Chocomobile, hier, je dois la tester, c'est l'occasion."
"La choco-quoi?"
"Ça ne te dérangerais pas de faire un détour pour déposer Marlène?" Demanda Barret, "je viendrais aider aussi au besoin."
"Et moi je dois aller à la tour Shinra, faut que je parle à Tseng pour mes fournitures," précisa Yuffie en agitant sa lettre comme un éventail.
"On devrait tous entrer sur la Chocomobile, vous en faites pas."
Vincent jeta un regard circonspect à Reeve.
"Qu'est ce que c'est la Chocomobile?"


"Qu'est ce que c'est que ça ?" Murmura Vincent, fixant d'un air éberlué la camionnette bleue sombre, ornée sur le flanc d'un fier chocobo jaune vif, qui siégeait dans le garage de Seventh Heaven 2.
Cid s'autorisa un petit ricanement devant le regard incrédule de Vincent. La Chocomobile avait cet effet sur la plupart des gens, mais il ne s'attendait pas à ce que le ridicule du véhicule arrive à perturber Vincent. Remettre la camionnette en état de marche était son projet personnel, quand il ne travaillait pas sur le Haut Vent, l'ambulance, ou les fourgons d'assaut. Ce n'était pas une camionnette de luxe, même avant l'accident qui avait permis à Cid de récupérer sa carcasse. Elle avait plusieurs dizaines de milliers de kilomètres sous le capot, et il lui arrivait encore de lâcher ses passagers au milieu de la rue, seul Cid parvenant à la redémarrer après moults encouragements typiquement Burméciens. C'était une camionnette prévue pour le déplacement à Midgar. Plus étroite que la plupart des voitures, elle n'avait que trois roues, deux à l'avant et une plus large à l'arrière. L'habitacle pouvait accueillir deux personnes, et l'arrière, largement ouvert, était beaucoup plus long que large, suffisamment pour que Barret d'y installe avec Yuffie et sa fille.
"Je te présente la Chocomobile", déclara très sérieusement Cid avec un geste pompeux vers le véhicule avant de replier la bâche qui l'avait cachée aux regards.
"La Chocomobile…" Répéta Vincent
"La Chocomobile."
"Il y a un chocobo peint dessus."
"Pourquoi tu crois qu'on l'appelle comme ça ?" Demanda innocemment Yuffie.
"C'est la voiture de fonction", expliqua Barret en attachant une ceinture de sécurité à la taille de Marlène.
"Avec un chocobo dessus."
"Remet toi Vincent," s'esclaffa Cid, installé au volant, "et grimpe, on n'a pas cent mille ans."
"Gardez votre PHS allumé", ordonna Reeve pendant que le pilote démarrait le véhicule, "on ne sait jamais."
"Oui, Maman," rétorqua Cid en attendant que Vincent s'asseyait à l'avant, près de lui.
"En route pour la Shinra !" Claironna Yuffie en se hissant à l'arrière du camion. "EEP CID TU POURRAIS ALLER MOLLO ! !"


"I wish they all could be Costa Del Sol
I wish they all could be Costa Del Sol
I wish they all could be Costa Del Sol girls 3"
"On est encore loin ?" Demanda Yuffie en s'éventant de la main, accoudée au toit ouvrant de la Chocomobile.
"Encore cinq minutes," répondit Cid.
Le voyage avait été on ne peut plus tranquille, excepté les demandes incessantes de Yuffie sur la durée du trajet, et la radio qui distillait la fréquence locale. Ils avaient d'abord déposé Marlène à son école, située à la limite des taudis, presque hors de l'ombre de la plaque. En levant les yeux, Vincent avait aperçu une excroissance fixée au bord de la plaque, reliée au reste de Midgard par de grandes passerelles. Avant de descendre, Marlène avait tenu à faire la bise à tout le monde, y compris Vincent, à sa grande surprise. Cid lui avait conseillé d'être sage et de taper les garçons s'ils l'embêtaient et la petite avait eu un grand éclat de rire avant de suivre son père à l'intérieur. Le reste de l'équipage avait ensuite attendu le temps que Barret paye la cantine et échange quelques mots avec l'institutrice de la petite. Une fois engagés sur jormungand, ils furent rapidement rendus à la surface, sous un beau soleil printanier et la température s'éleva aussitôt, les obligeant à baisser les vitres. La climatisation était malheureusement encore une des seules pannes de la Chocomobile qui résistait aux efforts de Cid. La circulation se fit plus dense quand Cid quitta Jormungand, s'engageant dans les rues plus étroites de la ville même.
"On aurait peut-être dû attendre que l'heure de pointe soit passée", grommela Cid avant de se pencher par la fenêtre pour lancer une litanie d'insultes à un autre conducteur et qui lui valut des applaudissements de la part d'un piéton.
"Ca n'aurait pas changé grand-chose", rétorqua Barret avant de saisir Yuffie par la taille pour la rasseoir et lui remettre la ceinture de sécurité. "Un de ces jours, Cid va freiner brutalement et tu vas passer par dessus bord."
"Mais non, je suis la meilleure ninja de tout Wutai, je retomberai sur mes pieds!"
"Je vais couper", déclara Cid en tournant dans une petite rue perpendiculaire.
Malgré les craintes de Barret, Cid était un excellent conducteur, manoeuvrant la Chocomobile dans des ruelles étroites dans laquelle Vincent n'aurait pas osé conduire. Ils se rapprochèrent rapidement du centre, vers la tour Shinra qui surplombait la ville. Vincent l'observa avec attention. Depuis la dernière fois qu'il y était entré, plus de trente ans auparavant, plusieurs étages avaient été rajoutés, et des travaux étaient encore en cours, couvrant les derniers étages d'échafaudages compliqués.
"Ils ont commencé Sister Ray on dirait", déclara Cid.
"Si seulement ils pouvaient être aussi rapides pour nous fournir un camion réfrigéré", soupira Barret.
"Ou des vrais locaux", ajouta Yuffie.
"Rêvez-pas. Sortez vos cartes, on arrive au parking."
Vincent obtempéra, imitant les trois autres pendant que Cid stoppait devant une barrière qui fermait le passage à un parking souterrain. Un SOLDAT troisième classe sortit de la petite cahute de surveillance accolée à la barrière et accueillit Cid d'un salut militaire.
"Capitaine Highwind, vos cartes je vous prie."
"On passe ici au moins une fois par semaine," râla Yuffie en tendant la sienne, agrémentée d'un autre document, "pourquoi on doit s'identifier à chaque fois?"
"Procédure de sécurité Mademoiselle Kisaragi," déclara le jeune SOLDAT en vérifiant les photos et les cartes. "Merci. Lieutenant Wallace?"
Barret tendit la sienne, puis Vincent l'imita. Cette fois, le soldat se pencha, observant longuement Vincent avant de la lui rendre. Il retourna rapidement dans sa guérite et revint avec quatre badges qu'il tendit à Cid.
"Vous avez une identification de sécurité niveau trente," ajouta le jeune homme. "Adressez-vous à l'accueil pour une identification des niveaux supérieurs."
"Merci Soldat."
"Je vous en prie, Capitaine Highwind."
Le soldat appuya sur un gros bouton près de la barrière et celle-ci s'abaissa, s'encastrant dans le sol pour laisser le passage à la Chocomobile. Cid alluma les phares et redémarra, emmenant la Chocomobile vers le fond du parking.
"Tu vas où?" S'étonna Barret.
"À la place parfaite."
"Tu vas encore te garer sur la place de Palmer?" Soupira Barret.
"Il n'a qu'à arriver au travail à l'heure," rétorqua le blond en ricanant.
Une fois garés sur la place estampillée au nom du cadre, les quatre guerriers descendirent de la voiture, Yuffie montrant à Vincent comment glisser sa carte d'identité dans le badge.
"En scannant ce code barre, tu peux utiliser les ascenseurs et ouvrir les portes correspondant à ton niveau de sécurité."
"Je vois."
"Yuffie, tu veux que je t'accompagne voir Tseng?" Demanda Barret.
"Nan, ça ira, je serais pas longue, je dois juste lui donner les papiers de la MGU. Je vous rejoins après."
"On sera au laboratoire du professeur Falmis."
"A tout à l'heure!" Lança Yuffie avant de se tourner et filer vers l'ascenseur.
"Et cette fois, par Fenrir, n'essaye pas de faire passer tes armes en douce au scanner!" l'interpella Barret.
"Haiiiii!" Répondit Yuffie alors que la porte se fermait.
Cid alluma une cigarette en ricanant.
"Yuffie met un point d'honneur à emmerder la Shinra et à tester leur sécurité", expliqua-t-il à Vincent quand celui-ci l'interrogea du regard.
"Et un jour, ça va lui retomber dessus", grommela Barret, "arrête de l'encourager."
Les trois hommes arrivèrent vers l'ascenseur au moment où celui-ci revenait et Barret scanna sa carte avant d'entrer comme il pouvait, se tassant pour laisser de la place aux deux autres.
"Tu penses avoir beaucoup à ramener?" Demanda Cid pendant que la musique insipide de l'ascenseur accompagnait leur montée.
"Je ne suis pas sûr. Je ne sais pas ce que le professeur Falmis a pu retrouver exactement. C'était... il y a longtemps."
"Ton père était à la Shinra?"
Vincent hocha la tête. Cid faisait visiblement des efforts louables pour tenter de meubler la conversation, mais ce n'était le fort d'aucun des trois, et ils finirent par se taire, écoutant la musique le temps d'arriver à leur étage. Ils sortirent sur un pallier carrelé, aux murs peints d'un blanc éclatant et la secrétaire du laboratoire les accueillis d'un sourire professionnel.
"Bonjour Messieurs, que puis-je pour vous?"
"Bonjour mademoiselle. Le professeur Falmis nous attend," déclara Barret.
"Qui dois-je annoncer?"
"Vincent Valentine," répondit le sniper.
La jeune femme hocha la tête et appuya sur un bouton de son standard avant d'annoncer la présence des trois hommes. Presque aussitôt, la porte derrière elle s'ouvrit et le professeur Falmis en sortit, un grand sourire aux lèvres.
"Ha, Vincent! J'en déduis que Tuesti a eu mon message. Comment vas-tu mon ami?" Demanda Gast avant d'étreindre rapidement Vincent.
Le brun eut un petit geste de recul qu'il tenta aussitôt de réprimer, tapotant maladroitement l'épaule de Gast avant de s'écarter. Il avait beau savoir que Gast n'avait pas suffisamment de force pour le blesser et qu'il ne pensait pas à mal, Vincent n'avait jamais été quelqu'un de tactile et ce, même avant que Hojo.
Il secoua la tête, s'obligeant à penser à autre chose.
"Bien. C'est à toi que je dois le numéro d'aujourd'hui du "chocobo enchaîné"?"
"Oui, et c'est un abonnement annuel. Si ça peut te donner un sens de l'humour, c'est la moindre des choses. Bonjour Lieutenant. Capitaine," ajouta Gast en serrant la main aux deux autres hommes.
"Professeur," salua Barret.
"Tout va bien avec votre bras, Lieutenant Wallace?" s'inquiéta Gast en jetant un coup d'œil au membre cybernétique.
"Beaucoup mieux depuis les derniers réglages, j'accompagne juste Valentine aujourd'hui."
"Ah, merveilleux, merveilleux," répondit Gast. "Idun, je m'absente une petite heure."
"Bien, professeur. N'oubliez pas votre badge," reprit la jeune femme en lui tendant sa carte.
Gast prit sa carte avec un petit sourire embarrassé et la mit aussitôt dans sa poche.
"Ca n'est pas très loin, venez."
"Qu'as-tu retrouvé au juste?" Demanda Vincent en emboîtant le pas au scientifique.
"Pas grand chose, je le crains. Les affaires de ton père ont été saisies par la Shinra après sa mort, une partie a été dispersée, mais j'ai réussi à retrouver la malle."
Vincent hocha la tête, soulagé que le plus important ait été retrouvé.
"Ho, et j'ai une surprise pour toi après."
Cette fois, Vincent coula un regard méfiant au scientifique qui se contenta de sourire d'un air innocent.
"Tu n'aimes pas mes surprises?"
"L'avant dernière impliquait un cactuar. La dernière un abonnement à un journal satirique."
Cid et Barret échangèrent un regard étonné d'entendre Vincent pratiquement plaisanter avec Gast. Il avait beau être le père d'Aérith et travailler en collaboration avec eux, il n'était pas particulièrement proche des membres d'Avalanche, ou du moins, pas au point de plaisanter avec eux comme de vieux amis. Le professeur Gast stoppa devant une porte et passa sa carte devant le lecteur.
"Ifalna a décidé que les vêtements avaient besoin d'être lavés et reprisés si tu décidais de les porter," continua le professeur en poussant le panneau blindé. "Je demanderais à Aérith de te les amener une fois qu'elle aura fini avec."
"Merci."
"Ce n'est rien. C'est ici."
Le professeur fit entrer ses invités et referma la porte après lui. Ils se trouvaient dans un bureau vide, qui ne contenait qu'un bureau, une chaise, et une malle de métal poussée sur le côté. Vincent se pencha pour vérifier l'état du verrou qui la fermait. Il ne semblait pas avoir été forcé, ni crocheté. Une grosse enveloppe était posée sur le dessus et Vincent la ramassa en se redressant. Gast la désigna du doigt en approchant.
"Ce sont les lettres que ton... père a reçu après sa mort", expliqua Gast à voix basse. "Il n'y en a pas eu d'autre une fois que la notification officielle de sa mort a été envoyée à sa famille."
Vincent hocha la tête et regarda pensivement la pochette de papier marron.
"Ont-ils... été mis au courant pour... moi?"
"Non. J'ai essayé de les retrouver mais l'adresse retour était une boîte postale et son propriétaire n'a pas donné de signe de vie depuis des années."
"Ça ne m'étonne pas. Ce n'est pas la peine de continuer à chercher."
"Tu es sur?" S'inquiéta Gast.
"Oui. Si je devais les contacter, je trouverais un moyen. Merci pour tout Gast."
"Ho, attends! Ce n'est pas ça la surprise!"
Vincent se figea aussitôt et parcourut la pièce d'un regard nerveux.
"Ce n'est rien de vivant", promit le scientifique. "Ni d'explosif."
"Prof, vous m'inquiétez un peu", ricana Cid.
"D'un autre côté, je sais maintenant d'où vient le côté taquin d'Aérith", soupira Barret. "Attendez prof, laissez-moi faire."
Barret approcha de la malle alors que Gast se penchait pour la ramasser. Il prit aisément la malle par ses poignées et la souleva, fronçant les sourcils en se redressant.
"Ca pèse une tonne," souffla-t-il en bandant ses muscles, "y'as quoi dedans ? Des haltères ?"
"Héritage familial", répondit Vincent.
"J'en prendrai soin", assura Barret en voyant le regard soucieux de Vincent.
"Ah, merci."
"Pour le reste de la surprise, il faut descendre au sous-sol." précisa Gast.
"On déposera la caisse au passage", déclara Cid avant de rouvrir la porte pour Barret.
"Il faut aussi qu'on passe chercher Yuffie avant qu'elle…"
Barret se tut et fronça les sourcils dans la direction du couple qui venait vers eux. L'homme était âgé d'une trentaine d'années et visiblement d'origine Wutane. Il avait même un symbole tatoué sur le front, le simple point le désignant comme ayant reçu une éducation religieuse dans un temple. Il n'avait néanmoins pas le crâne rasé et portait même ses cheveux très longs. Cheveux qui étaient par ailleurs un brin ébouriffés et roussis. Les regards des membres d'Avalanche convergèrent aussitôt vers la jeune fille qu'il tenait par le bras.
Yuffie avait l'air parfaitement et entièrement innocente, malgré les traces de poudre et de poussière sur ses habits.
"Ho, c'est pas vrai, qu'est ce qu'elle a fait cette fois?" Demanda Barret alors qu'elle se mettait à ricaner, incapable de se retenir plus longtemps.
"Elle a essayé de s'introduire dans le système de ventilation", répondit le Wutan, l'air d'avoir toute la misère du monde sur les épaules.
"Qu'est ce que j'avais dit Yuffie?" Grommela Barret en tendant la caisse à Cid et Vincent, qui grimacèrent tous deux sous le poids.
"De ne pas essayer de faire passer mes armes en douce!"
"Ne fait pas ta maligne…" gronda Barret en agitant un doigt sous son nez.
"Ho, elle n'a pas fait passer ses armes en douce," continua le Turk en époussetant l'épaule de Yuffie. "Elle a juste emprunté des explosifs dans le casier de Rude."
Cette fois Barret jeta un regard furibond à Yuffie qui fit une petite grimace.
"C'était juste des pétards…" marmonna-t-elle pour se justifier.
"Encore heureux," ajouta son escorte, "Reno va être furieux quand il verra l'état de son casier."
"Tu n 'es pas sortable", râla Barret en attrapant Yuffie par le bras. "Désolé Tseng."
"Je garde ça," déclara Tseng en prenant une feuille qui dépassait de la poche arrière du short de Yuffie. "Je transmettrai au Seigneur Kisaragi pour les fournitures scolaires et le paiement de la scolarité."
"Et Yuffie ira chercher ses livres SEULE", maugréa Barret, "ça lui apprendra à emmerder les Turks."
"Si elle fait ça, je vais devoir envoyer un Turk la suivre comme garde du corps et Reno refuse d'office dès que je prononce le nom Kisaragi."
"Tseng", intervint Cid, "elle participe aux assauts d'Avalanche et a un tableau de chasse supérieur à un SOLDAT de seconde classe, pourquoi tu t'entêtes à vouloir la protéger?"
"Question de politique, Cid. Kisaragi Hime, ce fut... une entrevue intéressante. Je vous souhaite une bonne journée" ajouta-t-il en s'inclinant poliment.
"A bientôt, Tseng!" lança l'adolescente d'un ton joyeux.
Le Wutan marmonna quelque chose dans leur langue natale et allait faire demi tour quand il avisa Vincent qui aidait Cid à soutenir la caisse pendant que Barret réprimandait Yuffie pour son attitude.
"Valentine," salua le Turk.
"Tseng."
"Félicitations pour ta réussite au test d'entrée des Turks."
"Je vous remercie."
"Ma proposition de rejoindre notre équipe tient toujours," déclara Tseng sans détourner son regard du tireur d'élite.
"Je me suis engagé auprès d'Avalanche."
Le Wutan hocha la tête et fit un pas de côté pour les laisser passer.
"Si tu changes un jour d'avis, n'hésite pas."
"Entendu, Tseng. Merci."
"Filons", déclara soudain Barret en reprenant la malle. "Avant que les conneries de Yuffie remontent jusqu'à Reeve."
"C'était qu'une revanche pour la fois où Reno a dégonflé les pneus du fourgon!" Protesta l'adolescente.
"Nouvelle règle Yuffie: Interdit de manier des explosifs sur autre chose que des squames!"
Tout en se chamaillant, le groupe redescendit au sous-sol, s'entassant comme ils pouvaient dans l'ascenseur étroit. Une fois au sous-sol, Barret alla ranger la caisse dans la Chocomobile pendant que le professeur Falmis les guidait vers un autre coin du parking.
"Ne me demande pas comment ça se fait que personne ne l'ai réquisitionnée, mais je l'ai retrouvée au fond d'un garage."
"Retrouvée qui?" s'enquit Vincent avant d'hausser un sourcil. "Ne me dis pas que…"
Gast se fendit d'un immense sourire et tendit la main pour désigner...
Un groupe de SOLDATS, toutes classes confondues, de jeunes bureaucrates , scientifiques et ouvriers de la Shinra, tous amassés autour d'une place de parking, tellement agglutinés les uns aux autres qu'on ne voyait pas ce qu'ils entouraient.
"Et elle a toujours un succès fou."
"Une ex de ton père?" S'enquit Cid.
"Mieux", répondit Vincent en approchant, un minuscule sourire aux lèvres.
Un homme chauve, vêtu du costume des turks et à la peau mate, se tourna à son approche et lui fit face, s'interposant entre Vincent et un jeune homme aux cheveux blond roux, vêtu de blanc.
"On n'approche pas," déclara t-il en tendant la main, fait le tour.
"Je viens la récupérer."
Le blond se tourna à demi, lui jetant un regard par dessus son épaule. A côté de lui, un autre homme en costume de Turk et aux cheveux rouge s'extasiait sur l'objet de leur attention, tandis qu'à leurs pieds, un darkstar, un énorme chien de combat au dos doté d'une tentacule, patientait, couché en sphinx. Le fauve adressa un petit regard à Vincent avant de se relever, se pressant contre la jambe de son maître qui lui donna une caresse distraite en s'adressant à lui.
"Ah? C'est à vous ce bijou?"
"Héritage familial", déclara Vincent en le dépassant, se frayant un chemin dans la masse compacte.
"Elle n'est pas à vendre dans ce cas?"
"Je suis désolé de ne pouvoir vous faire ce plaisir, répondit Vincent en se penchant vers le 'bijou'.
Une superbe moto noire, couverte de poussière et de toiles d'araignées, mais toujours majestueuse. Vincent s'agenouilla et tapota le métal du bout des doigts, vérifiant son état. Malgré le temps passé, elle semblait avoir bien résisté. Il n'y avait pas de trace de rouille visible, mais il allait falloir la nettoyer entièrement avant d'évaluer les potentiels dégâts.
"C'est une Daytona première génération?" Demanda le jeune turk aux cheveux rouge. "Une essence?"
"Hm. "
"Tu vas douiller pour la faire passer à la mako, mec," ajouta-t-il.
"Pas tant que ça", intervint Cid en se penchant à son tour, "il faudra juste un moteur de la Daytona 3. "
"Trop gros", rétorqua le rouquin, "ça ne tiendras pas sur la carlingue, à moins de modifier le siège."
"Non non", corrigea le jeune blond vêtu de blanc, "le réservoir ne sera plus utile, il suffira de déplacer le moteur légèrement par rapport à l'emplacement d'origine. Par contre, il faudra prévoir une sortie pour les ventilateurs ou il va se brûler les jambes en conduisant."
"J'ignorais que vous vous y connaissiez en moto, Monsieur Shinra", déclara le turk chauve d'un air surpris.
"Un ami m'avait initié," répondit le blond d'un ton distrait en caressant le crâne de son chien.
"Je peux bricoler ça sans problème", assura Cid.
"Vraiment?" s'enquit Vincent en lui jetant un regard.
"J'aurais besoin de quelques pièces, mais c'est faisable, suffit de voir l'épave qu'était la Chocomobile avant que je la récupère."
"Que tu la voles tu veux dire?" s'exclama le rouquin.
"Ta gueule, Reno, vous alliez la balancer alors qu'il y avait trois fois rien à réparer!"
"Elle s'était pris un mur de plein fouet!"
"Qu'est ce qui se passe encore?" Soupira Barret en les rejoignant, "on vous entend de l'autre bout du parking. "
"C'est pas moi!" Se défendit Yuffie provoquant un petit cri de surprise du rouquin quand il s'aperçut de sa présence.
"Mouais, je demande à voir. Monsieur Shinra."
Barret salua, fraîchement, le jeune homme blond qui lui adressa un petit signe de tête poli, et se tourna ensuite vers ses hommes en fronçant les sourcils.
"Je peux pas vous laisser seul, cinq... A qui est cette merveille au juste?"
"Je prends note que pour t'intégrer, il n'y avait besoin que d'une moto," nota Gast avec un sourire malicieux à son ami.
"Que d'une moto?" Protesta Cid, "Prof, c'est une Hardy-Daytona modèle HD-48! Il y en a qui blasphémeraient rien que pour pouvoir la toucher!"


"UNE DAYTONA HD-48 A ESSENCE! HO, PAR LES MICHES DE SHIVA! HEY CLOUD ! FRANGIN ! VIENS VITE !"
"Qu'est-ce que je disais?"


1 Pendant la lecture de cette fic, il sera bon de se souvenir que Gast et sa fille sont tous les deux des trolls.
2 Vous voyez la camionnette que conduit Tifa pendant la fuite de la tour Shinra dans le jeu originel? Ben c'est celle là, mais avec un chocobo peint dessus. Oui, il sera bon de se souvenir que l'autrice aussi est un troll.
3 J'avais oublié que j'avais écris ça tiens. Sur l'air de "California girls" des Beach Boys