Chapitre 3: Rentrée des classes à la MGU
"GOOOOOOOOOOD MORNING MIDGAR ! ! ! ! Il fait beau, il fait chaud et vous écoutez MID–FM ! Tout de suite un quart d'heure de hit non stop, mais d'abord un flash info avec Ni…"
Une main s'abattit, inflexible, sur le réveil noir le réduisant au silence.
Une tête ébouriffée se souleva de l'oreiller moelleux.
Un œil gris sombre s'ouvrit, se focalisant lentement sur les chiffres rouges lumineux.
"Pour se lever à sept heures du mat en vacances, faut avoir vu Da Chao en 3D son stéréo," marmonna Yuffie en se retournant, réinvestissant sa place chaude et douillette.
Dix minutes plus tard, la radio se ralluma, le présentateur souhaitant bonne chance aux élèves de la MGU à l'écoute pour leur rentrée des classes.
Il y avait deux sonnettes d'entrée à Seventh Heaven.
La première, classique, probablement livrée avec le bâtiment qu'était Seventh Heaven à l'origine, avait le charme et le volume d'une sirène d'incendie, et était généralement utilisée par les journalistes, les facteurs, les visiteurs officiels et quiconque n'était pas un habitué de la maison.
La seconde était plus discrète, ajoutée à la va-vite sous la première, et d'un aspect nettement plus artisanal qui faisait douter tout le monde de son fonctionnement et que seuls les amis utilisaient dans leurs visites.
Si Vincent avait sonné à celle-ci le premier jour, Jessie lui aurait ouvert avec plus d'amabilité et moins d'énervement.
Elle résonnait comme un clairon, avec une mélodie entrainante, et chaque fois qu'ils l'entendaient, les joyeux lurons d'Avalanche l'entonnaient en cœur avant de lancer un 'VICTOIRE' retentissant 1.
Lorsque la seconde sonnerie retentit ce matin-là, Vincent était le plus proche de la porte. Il se leva donc, et ouvrit en toute confiance.
Quatre adolescents blonds attendaient derrière la porte et eurent le même réflexe de recul quand Vincent baissa les yeux sur eux.
Aucun des quatre ne lui arrivait au-dessus de l'épaule même si les deux filles, des jumelles parfaitement identiques, étaient un peu plus grandes que les deux garçons. Ils portaient tous les quatre une espèce d'uniforme militaire, malgré leur jeune âge et des armes d'apparence simples, mais parfaitement entretenues. Le plus petit des deux garçons avait une queue de singe qui lui battait les mollets, pour le moment hérissée comme un goupillon de bouteille et le plus grand arborait un tatouage tribal sur la joue.
"Puis-je vous aider?" Demanda Vincent alors que les adolescents fixaient son bras mutant comme le croquemitaine.
Une des filles sursauta et le regarda, dans les yeux cette fois, pendant que sa sœur faisait signe au garçon singe de ranger ses poignards.
"Bonjour monsieur, est-ce que Yuffie est prête?"
"Je ne crois pas qu'elle soit levée," commença Vincent avant d'être interrompu par Zack qui l'avait rejoint, son bol de café entre les mains.
"Salut le carré d'as!" lança- t-il aux adolescents qui se détendirent, rassurés par sa présence. "Qu'est ce que vous faites là?"
"Salut Zack!" Répondit un des garçons, la tempe barrée d'un tatouage noir. "Qu'est ce que tu crois, on vient chercher Yuffie."
"Ho, c'est aujourd'hui la rentrée?" S'étonna Zack.
La fin de sa phrase fut couverte par le bruit de la cavalcade de Yuffie qui arrivait en trombe dans la salle commune.
"Pourquoi personne ne m'a réveillée?!" S'exclama-t-elle avant d'avaler d'un trait le jus d'orange que lui tendait Elmyra.
"Tu n'avais pas mis ton réveil? s'étonna Shera, attablée devant son café et ses tartines.
"Je l'ai éteint, je croyais être encore en vacance!" s'exclama Yuffie en s'attablant en catastrophe, avalant son thé aussi vite qu'elle le put sans se brûler.
"Va chercher tes affaires Yuff', le carré d'as est là!" lui annonça Zack.
Yuffie se leva, attrapant un croissant au passage et se rua vers l'entrée, glissant la tête entre Zack et Vincent.
"Salut tout le monde! Désolée, j'arrive de suite!"
Elle repartit aussitôt, sous les rires de ses camarades.
"Y'a des choses qui changent pas", déclara le tatoué en croisant les mains derrière sa tête.
"Retour au train train quotidien", expliqua Zack avant de finir son café d'un trait.
"Je ne savais pas qu'elle allait à l'école", déclara Vincent.
"Bien sûr, elle est en probation seulement, pas engagée à temps plein."
"Probation ?" Répéta Vincent.
"Je t'expliquerais," ajouta Zack alors que Yuffie revenait, son sac sur le dos, tout en enfilant ses bottes.
"Je suis prête", lança-t-elle en repassant entre les deux bruns.
"Presque", déclara une des jumelles en renouant le ruban autour du cou de Yuffie pendant que sa sœur arrangeait ses cheveux ébouriffés.
"On s'en doutait", déclara l'autre jumelle.
"C'est pour ça qu'on a décidé de venir avec dix minutes d'avance", acheva sa sœur.
"Bon vous quatre, Papa Barret accompagne Marlène à l'école, c'est donc moi qui vous confie Yuffie pour la journée", déclara Zack, "prenez soin d'elle."
"Oui Zack, promis!" Répondit le blond tatoué.
"Et empêchez la de se bagarrer dès le premier jour avec.. C'est quoi déjà son nom... Elmyra? C'est quoi le nom du petit mignon que Yuffie emmerde tout le temps? Scar?"
"Squall", répondirent d'une même voix Elmyra et les quatre blonds.
"Il n'est pas MIGNON!" Protesta Yuffie en même temps.
"Aujourd'hui sera calme," déclara Zack en retournant s'asseoir, une fois les adolescents repartis.
"Est-ce prudent de les laisser se promener seuls?" Demanda Vincent avec un petit regard par la fenêtre, observant les cinq adolescents s'éloigner en se chamaillant.
"Ne t'en fais pas," répondit Cid, en train de siroter son premier thé de la journée, "Yuffie latte des squames à coups de pieds, ce n'est pas la racaille des taudis qui pourrait la menacer."
"Les jumelles, Celes et Tina, sont mage natives toutes les deux, Djidane est de Terra et j'ai déjà vu Zell enfoncer son bras dans un mur," déclara Reeve en arrivant avec le courrier. "Ne t'inquiète pas pour eux."
"J'ignorais qu'elle allait à l'école," reprit Vincent en s'asseyant à nouveau devant son petit déjeuner.
Il arrivait maintenant à finir ses repas au trois quart, mais il soupçonnait Elmyra de lui remplir son assiette dès qu'il tournait les yeux ailleurs. La cuisinière semblait prendre comme un affront personnel le manque de prise de poids de Vincent et profitait du moindre moment pour lui faire goûter ses plats.
"Techniquement, elle n'est qu'en probation et toujours mineure", expliqua Reeve,"on ne peut pas la faire travailler pour Avalanche sept jours sur sept."
"En probation?" reprit Vincent avec un petit regard à Zack, attendant les explications promises.
Zack laissa échapper un petit ricanement que Reeve fit taire d'un regard désapprobateur.
"Yuff' a été prise la main dans notre sac de matéria. Jusqu'au coude," précisa le hérisson brun.
"Son père ne voulait pas d'ennuis avec la Shinra. Officiellement, Yuffie a été envoyé par Wutai comme renfort pour la lutte contre Hojo" acheva Reeve.
Vincent hocha la tête. Ca expliquait comment une enfant s'était retrouvée à Avalanche. Yuffie avait beau être une excellente ninja, silencieuse et agile au point d'arriver parfois à le surprendre, elle restait une adolescente. Malgré sa maîtrise des techniques ninjas, elle manquait de la force et de l'allonge de ses collègues. Il l'avait suffisamment vue s'entraîner contre les adultes pour l'entendre pester à ce sujet.
Le trajet jusqu'à la station de train fut calme, ou du moins autant qu'il pouvait l'être avec le carré d'as et Yuffie. Quelques mois plus tôt, des voyous avaient tentés de les racketters, pour découvrir que la petite taille et les grands sourires de leurs victimes cachaient des étudiants de la Midgar Garden University, déjà redoutable au corps à corps, à l'arme blanche, et comme si ça ne suffisait pas, à la boule de feu.
Depuis la fois où Zell avait effectivement donné un coup de poing à travers un mur, les terreurs des taudis évitaient tout ce qui portait l'uniforme de la MGU et voyageait en groupe.
Courageux, mais pas téméraires.
Ce fut donc tranquillement que les cinq amis arrivèrent à la gare et purent prendre leur train. La station était déjà remplie d'étudiants de la MGU, autant les premiers cycles, escortés par leurs parents, que les seconds cycles comme Yuffie et ses amis. Encore une fois, leur petite taille leur fut utile pour se glisser dans le wagon et s'installer, pressés les uns contre les autres, coincés entre d'autres étudiants et des adultes allant travailler sur la plaque.
"Un jour, j'irais à la MGU en escaladant les piliers," grommela le jeune homme singe.
"Tu te ferais tirer dessus par la sécurité, Djidane," objecta une des jumelles.
"Au moins je ne mourrais pas d'asphyxie," rétorqua le garçon avant de plisser le nez. "Urk, y'en a qui se lavent jamais ou quoi?"
Quand les portes s'ouvrirent à nouveau une vingtaine de minutes plus tard, il fut donc le premier sortit, s'étant glissé hors du wagon par la première fenêtre venue. Ses amis le retrouvèrent comme d'habitude à la sortie de la gare, assis sur une branche, à quelques mètres du sol.
"Dji! Quand tu auras fini d'embrasser les arbres, rejoins-nous!" l'interpella Zell quand ils passèrent sous sa branche.
"Laisse-le, il cherche Garnet," le coupa une des jumelles.
La surface était très différente des taudis. Plus lumineuse, déjà. A part dans les taudis du secteur 7, toujours dévastés par la chute de la plaque, on ne voyait pas directement la lumière du soleil, et les nombreuses lampes installées sous la plaque n'arrivaient pas à l'émuler. L'absence de luminosité empêchait la nature de se développer au-delà des mousses et des champignons, alors que sur la plaque, des arbres, des fleurs et de la pelouse, le tout soigneusement cultivés, étaient plantés sur les bords des trottoirs et autour des immeubles.
La seconde différence était la propreté. Pas de sol boueux, pas de bâtiments réparés à la vas vite avec les moyens du bord, pas d'étal miteux installé dans la rue même.
Tout était en pierre ou en métal, spacieux et confortable.
Et de cette prospérité, les habitants des taudis n'avaient que des miettes.
Ça avait profondément choqué Yuffie lorsqu'elle était arrivée sur la plaque la première fois, quand son père l'avait inscrite à la Midgar Garden University, une des universités militaires volantes fondées pour la formation de combattants d'élite destinés à l'armée.
Bien qu'ayant grandi dans un pays dévasté d'abord par la guerre contre la Shinra, puis par Sin et les squames, Yuffie avait naïvement cru que les habitants de Midgar vivaient dans la même pauvreté que ceux de Wutai.
Le luxe dans lequel vivaient les habitants de la plaque l'avait mise dans une rage folle et sa haine de la Shinra avait décuplé. Elle avait alors quitté l'ambassade Wutane du Secteur 2 et avait commencé à s'attaquer aux différentes divisions de la Shinra, dévalisant leurs réserves de matérias qu'elle renvoyait ensuite à Wutai.
Ça n'avait pas duré.
D'abord parce que son père avait… disons… vivement désapprouvé ce choix de vie, et ensuite parce qu'après avoir réussi à voler des matérias aux Turks même, Yuffie s'était enhardie à s'attaquer à Avalanche et avait effectivement été trouvée la main dans leur réserve de matérias.
Jusqu'au coude était une assez bonne description.
Elle avait été contrainte par son père à faire réparation de ses actes et à rejoindre Avalanche pour lutter contre les squames, ce qu'elle avait d'abord détesté, envisageant de leur fausser compagnie à la première occasion venue.
Et puis elle avait participé à sa première mission.
Elle avait jusque là pris Avalanche pour une autre division de larbins de la Shinra, qui n'étaient là que pour gâcher des gils et préserver les intérêts de leur patron.
Et puis elle avait vu l'attaque de squames à la télévision, alors qu'elle la regardait avec Zack et Red.
Elle avait entendu Reeve, le cadre de la Shinra si poli, si calme, hurler au téléphone qu'autorisation ou pas, Avalanche partait sur le champ aider les SOLDATS et merde à Heiddeger.
Elle avait suivi les membres d'Avalanche dans le secteur 6, le secteur inachevé où résidaient les plus miséreux des habitants des taudis.
Elle avait aidé Tifa à l'évacuation d'un bâtiment menacé par la chute des débris du dessus, Barret et Cloud sur leurs pas, les protégeant du plus gros des attaques.
Elle avait vu Cloud être jeté sur une ruine par la charge d'un squame, puis se relever et reprendre le combat malgré la barre à mine qui lui traversait le dos.
(Elle avait apprit plus tard que ce n'était pas normal, même pour lui, et qu'il fallait l'obliger à arrêter le combat quand il était blessé, mais sur le coup, elle avait juste mis ça sur le compte d'une "bizarrerie des SOLDATS")
Elle était restée jusqu'au bout du combat, elle avait aidé, elle avait combattu comme elle pouvait, puis elle avait nettoyé les environs, rassuré les victimes, avait assisté au second coup de gueule de Reeve, venu coordonner les efforts pour le relogement et les soins.
Elle l'avait vu à nouveau s'opposer aux décisions d'Heidegger quand celui-ci refusa qu'Aérith donne des soins aux SOLDATS blessés pendant l'attaque.
Et elle avait participé à ce que les autres employés de la Shinra appellent plus ou moins affectueusement le "Mauvais Oeil", qui consiste plus ou moins à fixer du regard l'interlocuteur de Reeve, tout en faisant craquer leurs phalanges, (Tifa) jouant avec la sécurité de son arme (Barret), montrant les crocs (Red) ou tapotant la garde de leurs armes (les autres).
Parfois, Cloud levait même les yeux sur leur victime.
A la mort de Tifa, Yuffie avait repris le flambeau de protectrice des victimes, s'assurant qu'il n'y ait jamais le moindre civil en danger sur le champ de bataille.
Et elle n'avait plus quitté Avalanche.
Sauf quand ils l'envoyaient à l'école manu militari.
Ca aurait pu être une figure de style, mais les premiers jours, c'est Barret lui-même qui l'avait escortée en cours, moitié en l'enguirlandant de gâcher ses chances d'avoir une éducation, moitié en la félicitant de ses progrès.
Elle avait fini par s'y faire et retournait en cours en y mettant presque de l'enthousiasme.
Surtout quand il s'agissait de retrouver ses amis.
"Heyyyyyyy mais qui voilà?" retentit une voix forte et masculine.
"Seifer!" s'exclama une des jumelles alors que Zell grimaçait.
Un grand jeune homme blond vêtu d'un long pardessus blanc s'approcha des amis et attrapa les trois jeunes filles d'un seul geste, les serrant contre lui avec un grondement d'homme des cavernes avant de les relâcher en riant.
"Bonjour les filles!"
"C'est pas vrai, il a ENCORE grandi!" geignit Yuffie en levant la main pour tenter de toucher les cheveux de Seifer, lequel leva ostensiblement le menton pour l'en empêcher avec un sourire moqueur.
"Deux," précisa une autre jeune fille aux cheveux gris d'une voix rauque et basse, debout près de Seifer, et qui attendait patiemment que son ami ait fini ses salutations.
"Fu!" s'exclama Yuffie en lui sautant au cou.
"Tu nous attendais Seifer?" demanda une des jumelles.
"J'espérais voir Crête de Coq pour lui déclarer ma flamme éternelle", répondit Seifer, adressant un clin d'œil à Zell qui piqua aussitôt un fard impressionnant.
"Je suis pas intéressé, Almassy!" protesta Zell.
"Ils disent tous ça," confia Seifer à Yuffie qui ricana en coeur avec lui. "Mais plus sérieusement, cette année, je fais partie du comité de sécurité. Le directeur nous a chargés de surveiller l'arrivée des élèves."
"Excusez-moi, Monsieur" commença un jeune élève.
"Je reviens." s'excusa Seifer en se tournant vers un adolescent plus jeune qu'eux, aux cheveux gris. "Oui?"
L'adolescent baissa aussitôt les yeux, tortillant un morceau de papier dans sa main. Un première année visiblement, que la haute taille de Seifer semblait impressionner.
"Je… je dois aller en salle… heu."
"Ta classe?"
"Junior 4."
Les amis de Seifer s'esclaffèrent pendant que celui-ci indiquait le chemin à l'adolescent.
"Merci Monsieur. Au revoir." fit l'adolescent avant de déguerpir.
"On ne court pas!" s'exclama Seifer" ou c'est l'avertissement!"
"Seifer au comité de sécurité, quelque chose ne tourne pas rond", grommela Zell.
"Quoi, tu m'en penses indigne?" demanda le grand blond.
"Je me rappelle surtout des conneries de ta part qui t'ont valu des ennuis avec le comité de sécurité de l'époque" répondit le petit.
"Les G-Forces ont effacé ma mémoire à ce sujet. Bon, blague à part, les deuxième années de second cycle doivent se rendre au bureau des élèves, Quistis vous attend là-bas," ajouta Seifer.
"D'accord,merci Seifer, à plus tard!"
"Et on ne court pas dans les couloirs!" Cria Seifer alors que Yuffie et Zell s'éloignaient au pas de course.
Quand les adolescents arrivèrent au bureau des élèves, ils avaient déjà retrouvé une partie de leur classe de l'année précédente. Djidane les avait rejoint bras dessus dessous avec une jeune fille aux longs cheveux bruns que les jumelles accueillirent aussitôt en la prenant dans leurs bras au grand dam de Djidane.
"Garnet!"
"Bonjour, Princesse!"
"Tina!" protesta Garnet.
"Non, c'est moi Tina" objecta l'autre sœur.
La jeune brune soupira sans toutefois empêcher les jumelles de l'étreindre.
"Vous allez vous décider à changer de coiffure?"
"On l'a fait!" protesta Tina en montrant sa queue de cheval.
"Différemment l'une de l'autre"
Celes regarda Tina, ou Tina regarda Celes, et elles haussèrent les épaules d'un même geste.
"Pourquoi faire?"
Djidane allait ouvrir la bouche quand il fut très soudainement percuté par une petite jeune fille avec la délicatesse et la légèreté d'un béhémoth.
"Booyakaaaaa!" Piailla son agresseur, qui, emportée par son élan, les fit tourner deux trois fois sur eux-même.
"Selphie! Mon mini moi!" s'exclama le jeune garçon.
"C'est toi le mini moi!" rétorqua aussitôt Selphie.
"Je vais vous mettre d'accord" intervint un autre élève aux cheveux décoloré en bataille" vous êtes tous les deux mini."
"Tidus!" protestèrent les deux minis.
"Salut Tidus! Yuna est pas avec toi?" demanda Yuffie pendant qu'il laissait Selphie lui boxer le bras.
"Elle arrive, elle est juste allée saluer Miss Rosa." Répondit Tidus sans daigner répondre aux coups de Selphie. "Tu t'inscris dans l'équipe cette année, Yuff?"
L'adolescente soupira et secoua la tête, d'un air navré.
"Non, toujours pas. Je voudrais bien mais… Y'a Avalanche."
"Même en remplaçante?" reprit Tidus avec un regard implorant. "Alleeeeez, Wakka finit son major cette année, on va avoir besoin de nouvelles recrues!"
"Moi, je viens" intervient Zell en donnant un petit coup sur le bras de Tidus, avec un peu plus d'efficacité que Selphie.
"Mais elle nage comme un poisson" geignit Tidus en désignant Yuffie des deux mains.
"Ha bah, merci" grommela le petit blond tatoué. "Et moi, je pue?"
"Yuffie, Yuffie! Des ragots!" appela une des jumelles en lui faisant signe de venir.
"Des ragots?"
"Vas-y, envoie!" Répondit Djidane en revenant vers Garnet et les jumelles.
Les amis s'agglutinèrent autour de Garnet qui baissa la voix sur le ton de la confidence.
"Liona et Squall se sont séparés pendant les vacances!" annonça-t-elle.
"Encore?" s'exclama Yuffie.
"Oui, ils sont venus séparément au dernier bal de charité de l'ambassade d'Esthar, chacun avec un chaperon et ils ne se sont pas parlés de toute la soirée."
"Oui, enfin, ne pas desserrer les dents de la soirée, c'est normal pour Squall, hein," objecta Djidane.
"Il faut qu'on demande à Seifer ce qu'il sait" déclara Selphie.
"Il dira rien, tu sais comment il est dès que ça concerne Squall" ajouta Zell en levant les bras d'un geste impuissant.
"Et Linoa" demanda une des jumelles à Garnet "ça va, tu crois?"
La jeune fille haussa les épaules, les sourcils froncés.
"J'ai essayé de lui parler pendant le bal mais elle n'a rien voulu dire."
"Ouais, enfin, ça va finir comme d'habitude" ronchonna Yuffie," dans un mois, ils sont de nouveau ensemble."
Une petite toux polie se fit entendre, interrompant les échanges de ragots et les adolescents se tournèrent vers une jeune femme à peine plus agée qu'eux, ayant des lunettes ovale, des cheveux blond soigneusement relevé en chignon et portant l'uniforme des majors, les élèves de dernier cycle de la MGU.
"Oh, bonjour Quistis" la salua Yuffie.
"Vous avez fini?" demanda-t-elle poliment, tapotant de son stylo sur son carnet de notes.
"Tout juste" répondit Djidane.
"Tu es assistante prof, cette année?" nota Tidus en apercevant un badge sur sa veste.
"Oui", répondit fièrement leur aînée, "mais pas de votre classe."
"Hyne en soit remercié" déclara un jeune homme aux long cheveux ondulé qui accompagnait Quistis, la main posée sur son cœur d'un geste fervent.
La jeune femme lui donna un petit coup de cahier sur l'épaule, plus amusé que désapprobateur.
"Très drôle, Irvine" déclara-t-elle, non sans le laisser déposer une grosse bise sur sa joue. "Non, je m'occupe d'une des classes de Junior cette année."
"Ça te reposera!" plaisanta Zell.
"Ce ne sera pas difficile par rapport à vous. Mais Professeur Kramer m'a chargée de vous donner vos emplois du temps." commença Quistis en ouvrant son cahier pour en extraire une liasse de feuilles.
"Attends, ils manquent encore Squall, Yuna et Linoa…" commença Garnet en cherchant quelqu'un du regard.
"Et Seifer, Fujin et Raijin" continua Yuffie.
"Pour Seifer et sa clique, ils les ont déjà reçu" répondit Quistis en distribuant les emplois du temps selon les noms." Voilà le tiens Djidane, quand à Linoa et Yuna, je les ai croisées en salle des professeurs."
"Et Squall?" demanda Tidus en prenant son propre feuillet.
La blonde eut un petit sourire et désigna une direction par-dessus son épaule.
"Déjà dans votre salle de cours. Surpris?"
Quand la classe entra dans leur première salle de cours de l'année, ils trouvèrent effectivement Squall déjà là, attendant patiemment le début du cours tout en ignorant superbement les deux jeunes filles déjà assises au premier rang.
Lesquelles furent aussitôt prises d'assauts par leurs amies quand la troupe envahit la pièce dans un joyeux brouhaha.
"Linoa!"
"Selphie! Tu as passé de bonnes vacances?" s'exclama une jeune fille aux cheveux bruns rehaussés de mèches plus claires.
"Coincée à la MGU, comme chaque année" répondit l'adolescente. "Mais j'en ai profité pour bosser sur mon blog! Regarde!" Ajouta Selphie tout en sortant son PHS.
"Quand est-ce que vous arrêtez Sin pour de bon qu'on puisse partir en vacances?" Demanda Irvine en s'installant à côté de Yuffie.
"On planifie une attaque à dix dans deux mois, si acceptation du budget" répondit sarcastiquement Yuffie en sortant ses affaires de son sac.
"Des fois, je ne sais pas quand tu plaisantes" grommela le brun en secouant la tête.
"Quand elle n'est pas drôle" grommela une autre voix masculine.
Yuffie plissa les yeux et se tourna vers le fond de la classe, fusillant Squall du regard.
"Je t'ai sonné, Hibernatus?"
"Je parlais à Irvine" rétorqua Squall.
"Laissez-moi en dehors de ça!" réclama aussi le brun en grimaçant.
"C'est pas parce que tu t'es fait plaquer..." commença Yuffie, ignorant les gestes de Linoa pour l'arrêter.
"Et ça, c'est tes affaires?" répondit Squall en fronçant les sourcils.
"Et allez, c'est parti" soupira Djidane.
"Yuffie, Yuffie, souviens toi de ce qu'à dit Zack", lui rappela Tina en la prenant délicatement par les épaules, la ramenant au sein de la bande.
"Pas de bagarre avec Squall dès le premier jour" continua Celes en la faisant s'asseoir.
"Mais demain, je pourrais?" grommela Yuffie.
"Au moins, toi, tu arrives à lui arracher des réactions" rétorqua Linoa sur le même ton.
"Si on commence à parler d'émotions, je vais voir ailleurs si j'y suis" déclara Zell en se levant pour s'asseoir plus loin.
"Et Yuffie" reprit Linoa en hésitant, cherchant ses mots avant d'abandonner et y aller franchement "ne t'en mêles pas… S'il te plaît" ajouta-t-elle d'un air piteux.
Selphie commença aussitôt à faire des petits bruits de commisération en passant un bras autour des épaules de Linoa tandis que Garnet lui tapotait la main.
"Bon… d'accord," soupira Yuffie " mais si tu as besoin que je l'emmerde, fais moi signe."
Avant que la jeune fille ait pu répondre, un homme entra dans la salle de classe, une caisse de livres dans les bras et sa sacoche par-dessus. C'était un homme brun d'une quarantaine d'années, au visage ouvert et sympathique, doté de petites lunettes rondes qui glissaient en permanence sur son nez.
"Bonjour à tous! Le cours commence, tout le monde à sa place" annonça-t-il au moment où la cloche sonnait.
"Bonjour, Monsieur le Directeur" s'exclamèrent les élèves en se dispersant chacun vers un bureau.
Le directeur Kramer posa sa caisse de livres et ouvrit sa sacoche, cherchant ses fiches. Depuis la fondation de la MGU avec sa femme, ils enseignaient tous les deux dans l'école, cours de magie pour elle, cours de langue commune pour lui, tout en gérant le pensionnat dans lequels les orphelins et les élèves en pension vivaient pendant l'année scolaire.
"Quelqu'un a-t-il vu..." commença-t-il avant que les trois élèves du comité de sécurité arrivent. "Ah, vous voilà."
"Désolé Directeur" s'excusa Raijin en entrant, suivant Fujin et Seifer.
"Pas de problème à la porte?" s'enquit le Professeur.
"On a juste escorté des cadets perdus" répondit Seifer.
"Sans les terroriser, j'espère?" s'enquit le professeur avec un petit sourire amusé.
"Presque pas" assura Seifer en se dirigeant vers le fond de la classe sous les rires de ses camarades.
"Allez vous asseoir. Je commence l'appel! "
"Hey, Squall" commença Seifer en faisant mine de lui mettre une droite.
"Seifer" le salua le brun en faisant mine de la bloquer.
"Seifer" commença le directeur en lui jetant un regard sévère par-dessus ses lunettes tout en désignant une autre place.
"Oui, Monsieur" soupira le blond en reprenant son sac, changeant immédiatement de place.
"Tidus Abbes?"
"Présent, Monsieur Kramer!" répondit le blond en s'asseyant.
"Vous serez gentil de vous éloigner de Yuna. Garnet Alexandria?"
"Présente", fit Garnet tout en sortant ses cahiers.
"Djidane, je veux vous voir loin de Garnet et Yuffie, ainsi que d'Irvine. Seifer Almasy, présent. Celes Branford?"
"Je suis là!"
"Moi aussi", claironna aussitôt Tina.
Le directeur les regarda, tentant de retenir laquelle était laquelle avant de désigner le siège à côté de Squall à Celes.
"Séparez vous jeunes filles", ordonna le directeur avec un regard sévère, "Linoa Caraway Heartilly?"
"Présente", fit Linoa.
"Fujin Hayate 2?"
Fujin leva simplement la main, en profitant pour mettre une tape à Zell, déjà retourné pour papoter avec Raijin.
"On se calme!" répéta le Directeur à l'attention des autres élèves, "Asseyez-vous, arrêtez de discuter! Zell Dichnt, je vous vois très bien, venez au premier rang à côté de Fujin! Irvine Kinneas?"
"Ouais!"
"Yuffie Kisaragi?"
"Présente!"
"Squall Leonhart?"
"Présent", répondit Squall en faisant de la place à Celes.
"Yuna Lesca?"
"Oui, Monsieur!"
"Selphie Tilmitt?"
"Je suis là!"
"On avait entendu," lança Seifer.
"Raijin Toundra. RAIJIN!"
Le grand garçon à la peau sombre sursauta, pris en flagrant délit de papotage et leva une main timide.
"Djidan Tribal?" reprit Kramer en soupirant.
"En personne!"
"Bien," fit le Directeur Kramer en refermant le cahier d'appel, "aucun retard, vous êtes en progrès. Bienvenue pour votre deuxième année de senior. J'espère que vous vous montrerez assidus et travailleurs, ou du moins, plus que l'année dernière. En cas de problème, je vous rappelle que mon bureau est ouvert à toute heure, sauf le mardi et le vendredi où je dispense les cours. Bien, sans plus attendre, commençons, Fujin, veuillez distribuer ces livres."
Après trois quarts d'heure de cours, le directeur libéra les élèves abrutis par leur première leçon. Il garda quelques minutes supplémentaires ceux dont dont le commun n'était pas la langue maternelle pour leur rappeler l'existence des cours du soir et les libéra, lestés de mots de retard pour leur cours suivant.
Ce fut ainsi que Yuffie arriva en courant à sa leçon suivante, au moment où son nom était appelé.
"Kisaragi Yuffie !"
"Présente, Professeur Xu!" S'exclama Yuffie en ouvrant la porte avec sa douceur coutumière, faisant sursauter l'instructrice.
La jeune femme soupira déjà bien habituée à avoir la jeune ninja comme élève et lui tendit la main pour recevoir le mot de retard. Elle y jeta un rapide coup d'œil avant de faire signe à son élève de s'installer.
"Assieds toi et sors tes affaires."
Yuffie se glissa près de Seifer qui lui avait gardé une place et adressa un petit sourire de remerciement à son ami avant de chercher les têtes connues dans la classe de Wutan.
Ce n'était pas une langue très recherchée par les élèves, à part Seifer, qui avait décidé de prendre cette option pour rester avec Fujin et Yuffie, tous les autres élèves étaient issus de l'immigration Wutane ou enfants d'ambassadeurs. Depuis la première année de Senior, la composition de la classe avait donc très peu changé. C'est pourquoi Yuffie grimaça en voyant un autre Wutan assis non loin, aux longs cheveux blanc et qui lui adressa un clin d'œil charmeur.
"Merde, Edge est là"… marmonna-t-elle en se ratatinant sur son siège.
"La première chose qu'il m'a demandé en entrant, c'est où tu étais. Je crois qu'il a pas lâché l'affaire."
"Mais qu'est-ce qu'il me veuuuuux" gémit Yuffie.
"Question existentielle s'il en est, Yuffie", coupa la professeur, "maintenant intéresse toi au cours ou papote en wutan."
"Haï, Senseï 3!"
A la fin du cours, Fujin et Seifer sortirent calmement de la salle, puis du bâtiment pour en faire le tour et récupérer Yuffie, qui s'était éclipsée par la fenêtre pour éviter de croiser Edge.
"Tu sais que je suis censé te coller des avertissements quand tu fais ça" lui rappela Seifer en lui rendant son sac.
"Et en donner un à Edge pour harcèlement romantique, tu ne peux pas?" rétorqua Yuffie pendant que Fujin la recoiffait d'un geste habitué.
"Tant qu'il ne te touche pas, non. Mais si jamais ça arrive, dis-le moi immédiatement." ajouta le blond avec un regard noir en direction de l'autre ninja qui les observait de la fenêtre.
Fujin et Yuffie échangèrent un rapide regard avant de l'attraper chacune par un bras et l'entraîner à leur suite.
"Non" déclara simplement Fujin de sa voix assourdie.
"Fu a raison, va pas t'attirer des ennuis avec Edge. Sa famille est trop puissante pour ça."
"La tienne est pas censée être plus puissante?" rétorqua le blond tout en attrapant la main de Fujin, la serrant brièvement avant de la lâcher. "Famille royale et tout ça?"
"Si, mais je suis aussi à marier et comparé à ce que c'était à Wutai, je te garantis qu'avoir Edge sur le dos est un moindre mal."
Fujin fronça les sourcils en se penchant vers Yuffie.
"Ouais" reprit la ninja en montrant la vague direction d'Edge " au moins il n'a pas deux fois mon âge et il n'essaye pas de me mettre dans une situation compromettante pour me forcer à accepter le mariage."
"Il y en a vraiment un qui a tenté ça?"
"C'est une des raisons pour laquelle mon père m'a envoyée ici."
"Parfois, je suis content d'être orphelin sans famille à qui avoir à rendre des comptes" maugréa Seifer.
Ce à quoi Fujin répondit avec un petit coup de coude agacé.
"Sauf Fujin et Raijin" amenda Seifer en lui déposant un baiser sur la tempe.
"On a quoi, là?" reprit Yuffie.
"Combat et maniement des armes je crois" répondit Seifer en demandant confirmation à Fujin qui hocha la tête.
"Parfait, j'ai besoin de me défouler."
Il ne fallut que quelques minutes aux amis pour retrouver le reste de leur bande, dispersés par les cours de langue et, après une petite pause pour faire de nouveau honneur aux diverses friandises proposées à la cafétéria, ils se dirigèrent vers les salles de combats 4, situées à l'opposé de l'école, dans un parc verdoyant.
Ils arrivèrent devant le dojo principal, relié aux autres par des chemins d'accès le faisant ressembler à une araignée et tentèrent de déchiffrer l'écriture de la feuille scotchée sur la porte.
"10H30, distribution du… mat… mat... ca doit être matériel…" marmonna Tina en suivant les lignes du doigt "10H45 dis… dispa... Disposition ?"
"Dispatching ?" Proposa Irvine.
"Ca, c'est encore le professeur Cyan qui a écrit", grommela Djidane en se grattant le crâne.
"Nan, c'est moi," fit une voix grave et enjouée venant de derrière la bande, que les artistes martiaux reconnurent aussitôt.
"Sabin !" S'exclama Yuffie en se tournant vers leur aîné.
Sabin était plus âgé de quelques années que la petite bande. On le reconnaissait facilement à sa coupe en brosse, agrémentée d'une petite couette sur la nuque, et ses épaules si large qu'il avait parfois du mal à passer par les portes étroites. Il avait fini son deuxième cycle l'année précédente et s'était inscrit en major d'art martial, dans le but avoué de devenir instructeur. Il connaissait donc les amis depuis longtemps, et même s'il n'était pas toujours présent dans la petite bande, il était toujours accepté pour les repas ou des sorties de détente.
"Salut tout le monde !" Fit Sabin avec un clin d'œil, "passés de bonnes vacances ?"
"Pas trop mal," répondit Zell, "dis donc, t'as encore grandi ?"
"Yep, j'ai passé les vacances à m'entraîner au grand air, ça aide," répondit Sabin.
"Tu ne t'es pas entraîné à te raser en tout cas," lança une des jumelles.
Sabin gratta sa joue avec un air faussement fautif.
"Je me sens nerveux avec une lame entre les mains, pas moyen que j'approche ça de ma carotide, enfin, passons ; traduction du torchon accroché là : On commence par une distribution du matériel, uniforme de sport, tout ça, puis après, séparation en plusieurs groupes pour évaluation du niveau. Les blitzballer, vous restez entre les midis, Wakka veux vous parler. Sinon, cette année, je suis assistant prof de la classe spé d'art martial, alors soyez poli et respectueux envers moi !"
"Mais on fait déjà notre maximum !" S'exclama Yuffie.
Quand la journée toucha à sa fin, la classe de cadet seconde année était plus ou moins sur les rotules.
Ou du moins, de ce qu'en voyait Yuffie, la section spécialité art martial était sur les rotules, ce qui n'avait rien d'étonnant venant de la part de leur professeur.
Le Professeur Harcourt était un petit homme tout sec à la longue chevelure et barbe aussi broussailleuse l'une que l'autre, mais son apparence fragilité cachait un redoutable combattant et un instructeur impitoyable avec ses élèves.
"Bien, vous n'avez pas l'air trop rouillé après ces vacances" déclara-t-il à ses élèves.
Raijin laissa échapper un râle d'agonie exagéré de sa position, étalé sur le tatami après que leur professeur l'ait fait voler. Agenouillée près de lui, Fujin lui tapa sur le crâne d'un petit geste qu'elle seule pouvait rendre affectueux. Yuffie, en train d'essayer de reprendre son souffle, appuyée sur ses genoux, secoua la tête. Assise près d'elle, Selphie tentait de se relever, s'appuyant sur ses nunchakus.
Seul Zell était encore debout et prêt à continuer et était d'ailleurs en train de pratiquer un kata sous les indications de Sabin.
"Mais comment il fait?" gémit Yuffie en regardant le blond continuer à bondir.
"Il doit sniffer des hyper," répondit Selphie en parvenant (enfin) à se mettre à genoux.
Leur professeur prit pitié de ses élèves et approcha, tendant la main à Raijin pour l'aider à se lever.
"C'est bon pour aujourd'hui" déclara-t-il en hissant le jeune homme sur ses pieds sans la moindre difficulté. "Rangez le matériel et à la douche."
Les cinq étudiants se redressèrent du mieux qu'ils purent et le saluèrent d'une inclinaison du torse avant de s'atteler au rangement de leur dojo.
"Merci, Professeur Harcourt!"
"Yuffie. Un moment je te prie" demanda-t-il en lui faisant signe d'approcher.
La jeune ninja obéit, laissant Sabin lui prendre le tapis qu'elle était en train de ranger avant d'approcher de son professeur, les mains dans le dos.
"Monsieur?"
Son professeur attendit que les autres élèves se soient éloignés avant de reprendre.
"Comment vas-tu depuis... la dernière fois?"
Yuffie se mordilla les lèvres.
La dernière fois. C'était deux mois plus tôt, quand Tifa avait été enterrée.
Ou plutôt que la cérémonie funéraire avait eu lieu au cimetière de Midgar. Le peu qui avait été retrouvé d'elle après sa mort avait été incinéré et ramené par son père à Nibelheim, mais une plaque avait été posée au cimetière, en présence des amis de la jeune femme. Seul Cloud n'avait pas été présent, toujours hospitalisé dans un état végétatif, mais tous les voisins de Tifa, ses amis, ses anciens collègues du bar avaient été là.
Jusqu'à son professeur d'art martiaux, qui s'était aussi révélé être un de ceux de Yuffie.
Duncan Harcourt.
"Ça va" finit-t-elle par dire. "On continue."
"Elle était une élève talentueuse, et une jeune femme d'une rare humanité. Le monde… me semble plus sombre sans sa présence." avoua le vieil homme en baissant les yeux.
Yuffie hocha la tête sans dire un mot. Son professeur se secoua et reprit d'une fois plus ferme.
"Yuffie. Tu es rapide. Tu es précise. Tu as de bons réflexes. Mais tu manques de force et d'allonge."
Le vieil homme s'éloigna de quelques pas en parlant et Yuffie allait le suivre quand il se retourna vers elle.
"La force viendra avec l'entraînement. L'allonge… Peut-être en grandissant."
Yuffie connaissait la taille moyenne des femmes dans sa famille. Elle en doutait.
"Je vais t'entraîner sur une nouvelle technique. Cela risque de prendre des mois pour que tu commences à la maîtriser, mais c'est une technique qui te permettras d'utiliser ta vitesse à son maximum."
"Je ne veux pas bénéficier de privilèges par rapport à mes camarades de classe." objecta Yuffie.
"Privilège?" répéta le vieil homme avec un sourire amusé "crois-moi, quand j'en aurais fini avec toi, ils ne considèreront pas que c'est un privilège."
Le vieil homme s'amusa un moment de la grimace dépitée de son élève avant de reprendre.
"Tu as un rôle important au sein d'Avalanche, et je veux que tu ailles au combat avec toutes tes cartes en mains. Je refuse… de voir une autre de mes élèves…"
Le professeur se tut, semblant à nouveau submergé par l'émotion et il dû se racler la gorge avant de reprendre.
"Zangan m'avait confié l'éducation martiale de Tifa… Et je n'ai pas… je n'ai pas réussi à la..."
"Professeur" balbutia Yuffie.
"Je ne peux rien faire d'autre" reprit l'instructeur " rien faire d'autre que m'assurer que ça ne se reproduise pas."
Yuffie se mordilla la lèvre puis inspira profondément et se redressa.
"Je comprends, Professeur."
"J'aimerais… que tu viennes mercredi après-midi en dernier quart. Si, bien sûr, ça ne gêne pas ton engagement auprès d'Avalanche."
"Oui, Professeur. Je vous remercie."
L'instructeur eut un petit sourire puis jeta un coup d'œil par la fenêtre du dojo avant de regarder à nouveau Yuffie avec une lueur amusée dans le regard. Yuffie fronça les sourcils, surprise du changement de comportement du vieil homme mais celui-ci continua d'une voix plus forte.
"Est-ce que cet horaire vous convient aussi, jeune homme?"
Seul le silence lui répondit. Yuffie fronça derechef les sourcils avant de comprendre, sa bouche formant un "O" de surprise.
"Ho, c'est pas vrai. Il y a un Turk?!" s'exclama-t-elle.
"Je ne crois pas que ce soit le jeune homme de l'année dernière." nota le professeur " celui ci est plus discret.
"RUDE 5!"s'exclama Yuffie.
Un homme chauve à la peau mate et vêtu du costume des Turks se releva de derrière la fenêtre. Il ajusta sa cravate, puis adressa un salut au professeur et à son élève avant de s'éloigner nonchalamment.
"Je dirais à Tseng que tu t'es fait repérer!" le menaça Yuffie avant de se retourner vers son professeur et de s'incliner en guise d'excuse "je suis vraiment désolée, Professeur."
"Les désavantages de la royauté, n'est-ce pas?"
"En effet."
"Est-ce que tu veux aussi que je t'apprennes aussi à leur fausser compagnie?"
Un grand sourire fleurit sur les lèvres de Yuffie.
"Qu'est-ce que tu as?"
Yuffie, alors plongée dans ses pensées, releva les yeux, croisant le regard de Djidane, légèrement inquiet.
"Hein?"
"Tu as pas pipé mot depuis qu'on est sorti de la MGU" reprit le jeune homme en croisant les bras.
"C'est vrai, tu n'as même pas envoyé bouler Squall en guise d'au revoir, il était tout déboussolé," renchérit Celes.
Yuffie se redressa en roulant des yeux.
"C'est bon, c'est pas parce que je ne dis rien pendant cinq minutes qu'il faut tout de suite s'inquiéter…"
"Yuffie, on est de retour aux Taudis," la coupa Tina.
Yuffie cligna des yeux de surprise et regarda autour d'elle, reconnaissant la rue principale du secteur 8.
Hu.
En effet.
Toute à ses pensées, elle avait suivi le carré d'as et prit le train sans même s'en apercevoir.
"Donc, je note" reprit Djidane sarcastiquement "il faut qu'on s'inquiète à partir de vingt minutes de silence?"
Yuffie passa sa main dans ses cheveux, un peu embarrassée d'avoir été prise en flagrant délit de réflexion.
"Alors, qu'est-ce que tu as?" reprit le petit blond.
"Rien, rien…"
"Elle est comme ça depuis que le Professeur Harcourt lui a parlé après le cours" intervint Zell.
"Il t'a réprimandée?" demanda Tina.
"Non, non, il voulait juste… il voulait juste parler de T.. Tifa," acheva Yuffie d'une petite voix.
L'instant d'après, Zell l'avait prise dans ses bras, tentant de la réconforter avec une force qui lui coupa le souffle. Bon, elle était rapide, c'est vrai, mais Zell, était tout aussi rapide et surtout imprévisible et elle devait admettre qu'elle n'avait pas été sur ses gardes, encore une fois.
Il n'avait beau faire que cinq centimètres de plus qu'elle, il avait la mauvaise habitude de soulever ses amis quand il leur imposait un calin. Elle tenta de se retenir à ses épaules en grommelant, jetant un regard mauvais à Rude quand celui lui sortit de sa cachette dans une ruelle. Djidane suivit son regard, intrigué, et vit le Turk qui reculait déjà dans l'ombre.
"Un nouveau garde du corps?" demanda-t-il.
"Ouais, j'ai fini par me débarrasser de Reno, mais Tseng l'a déjà remplacé" répondit Yuffie en donnant un petit coup de poing sur l'épaule de Zell " zébulon: Tu serres trop."
"Ho, pardon" s'excusa Zell en desserrant son étreinte, sans toutefois lâcher Yuffie.
"Ça va, ça va, c'est juste... Je m'attendais pas à… ce qu'il m'en parle."
"Et comment ça se passe à Avalanche en ce moment?" Demanda Tina.
"Ça va…"
"Vous parlez de Tifa de temps en temps ou…" commença Djidane.
Yuffie laissa échapper un petit rire nerveux qui ne servit visiblement qu'à inquiéter ses amis.
"On ne parle pas de Tifa. Surtout pas, surtout si Cloud peut entendre."
"C'est pas sain, ça" maugréa le petit blond.
"Provoquer une crise d'un petit blond qui massacre des squames avec une épée plus grande que lui n'est pas sain non plus" rétorqua Yuffie.
Le jeune garçon sembla dubitatif et décroisa les bras, réfléchissant avant de reprendre.
"Tu… tu veux l'adresse du psy qu'on voit Kuja et moi?"
"Non, c'est bon, les jumeaux ont déjà un psy, c'est juste que Cloud ne veut pas lui…."
"Pour toi" corrigea Djidane d'une voix douce.
Yuffie resta bouche bée à dévisager son ami. Au bout d'un moment, celui-ci se redressa et haussa les épaules d'un air désinvolte, changeant d'attitude en quelques secondes.
"Je te le propose juste, réfléchis-y! Bon, par contre, faut qu'on accélère, je dois aller chercher ma soeur à l'école ou Kuja va me tuer."
Djidane se tourna pour reprendre leur route et tomba nez à nez, ou plutôt nez à torse avec Vincent.
"Bonj…" commença le grand brun.
En quelques secondes, le jeune homme avait disparu avec un bond phénoménal qui le projeta sur un des toits du Taudis. Le mouvement brusque provoqua un début de panique dans la rue qui se calma vite quand Djidane réapparut par-dessus le bord du toit.
"Pardon, M'sieur!" lança-t-il, " je ne vous ai pas senti venir!"
"Descend de là, sale gosse!" s'écria le propriétaire en montrant le poing.
"Oui, M'sieur, désolé!"
"Ne fais JAMAIS ça avec les jumeaux" grommela Yuffie en tentant à nouveau de s'extraire des bras de Zell.
"Ha. Monsieur Tuesti m'a prévenu. Toutes mes excuses," ajouta Vincent à l'attention de Djidane qui revenait au sol.
"Vous êtes super silencieux, comment vous faites?" maugréa le jeune homme, piqué dans sa fierté.
"C'est un Turk" répondit Yuffie quand Zell la posa enfin avec un petit sourire d'excuse.
Le carré d'as fixa Vincent avec appréhension et un nouveau respect. Le regard de Vincent envers Yuffie était plus suspicieux.
"Qui t'as dit ça?"
"J'ai des Turks collés au cul depuis que j'ai mis un pied dans cette ville" répondit Yuffie,"je commence à reconnaître le genre. Et puis j'ai écouté quand Tseng t'a proposé une place."
Vincent admit la touche et resserra sa prise sur les deux sacs de papier brun qu'il portait, remplit de nourriture.
"Ha, Elmyra t'a réquisitionné pour des courses?"
"Hm, il lui manquait quelques ingrédients"
"Qu'est-ce qu'on mange?" s'enquit Yuffie en se hissant sur la pointe des pieds pour jeter un coup d'œil dedans.
Vincent haussa les épaules tout en jetant un regard au carré d'as qui, comme le matin même, semblait encore sur leur garde.
"Ho, vous avez été présentés, au fait?" s'enquit Yuffie en s'apercevant de la tension.
Tina réfléchit quelques secondes avant de secouer la tête.
"Je crois qu'on n'a pas eu le temps ce matin" expliqua-t-elle.
"Ouais et Zack a des manières d'homme des montagnes" déclara Yuffie avant de se racler la gorge. "Vincent. Je te présente mes amis, Celes et Tina Bradford, n'essaye pas de savoir laquelle est laquelle, Djidane Tribal et Zell Di.. Dich.. "
"Dincht" corrigea Zell "c'est pas compliqué Din-ch-ed. Elle y arrive pas et ça fait deux ans qu'elle essaye."
"Ce son n'existe pas en Wutan" expliqua Vincent.
"Et je vous présente Vincent Valentine, le petit nouveau d'Avalanche."
"Enchanté, Monsieur" firent les jumelles d'une même voix.
"Petit est peut-être pas le bon mot" nota Zell avant qu'une des jumelles lui mette une tape.
"Ravi de vous rencontrer, M'sieur" reprit Djidane, "je suis désolé, je dois aller chercher ma soeur, nous vous confions Yuffie!"
"D'accord. Au revoir." répondit Vincent pendant que les quatre amis saluaient Yuffie une dernière fois avant de partir en courant.
"Tu as besoin d'aide pour les courses?" demanda Yuffie.
"J'ai ce qu'il faut, j'allais rentrer et j'ai entendu ta voix" déclara Vincent avant de se diriger à nouveau vers Seventh Heaven.
Yuffie hocha la tête en se composant l'expression la plus neutre possible, n'osant pas demander ce qu'il l'avait entendu dire.
Et puis, même si le sniper était amusant à embêter, ça ne faisait qu'une dizaine de jours qu'il était à Avalanche et Yuffie ne pouvait s'empêcher d'imiter la méfiance dont Barret et Cid faisaient preuve face à lui. Il avait rejoint les sessions d'entraînement d'Avalanche, prit ses tours de gardes ou de corvées sans protester et passait son temps libre soit à lire soit entretenir ses armes ou sa moto. Rien d'extraordinaire en somme.
Mais Barret et Cid restaient méfiants. Elle avait connu la même méfiance à son arrivée (doublé de l'interdiction formelle d'approcher des matérias), mais elle avait été rapidement acceptée par Elmyra, Aérith et Tifa et tout le monde avait suivi.
Tifa aurait fait son maximum pour que Vincent se sente intégré.
"Ho, attends! Je voudrais acheter quelque chose!" s'exclama-t-elle voyant une de ses devantures favorites.
Vincent la vit disparaître par la porte et la suivit de manière plus calme, observant la boutique. C'était une petite épicerie Wutane, remplie de produits exotiques pour Midgar. Des fruits, des légumes, des talismans et peluches à l'effigie de chats, de moombas ou de mog, des épices et une quantité incroyable d'autres produits entassés dans la petite boutique. Yuffie était déjà en train de discuter avec la vendeuse dans leur langue natale quand Vincent entra.
Il vit le petit temple à Da Chao installé près de la caisse et le salua par réflexe. La vendeuse s'arrêta aussitôt de discuter, surprise du geste et échangea un regard interloqué avec Yuffie.
"Bonjour, Monsieur" commença- t-elle en commun avec un lourd accent du sud de l'île.
"Bonjour Madame" répondit Vincent en Wutan.
Cette fois la femme plissa les yeux et saisit la paire de lunettes attachées par un fil autour de son cou, les posant sur son nez pour dévisager son client.
"Ho, mais par la Serpente, vous êtes de Wutai?" s'exclama-t-elle joyeusement.
"Non, je" commença Vincent avant de corriger "je suis mauduin".
En trente ans, le monde avait visiblement évolué et Vincent craignait les faux pas qu'il pouvait commettre trahissant son décalage.
Il venait visiblement d'en faire un beau sous le regard abasourdi des deux wutanes.
Étrange. Il avait pourtant cru comprendre qu'être sang mêlé n'était plus autant rédhibitoire qu'à son époque.
"Pas de ça ici" déclara la vendeuse d'un ton sec.
"Je vous pris de m'excuser" répondit aussitôt Vincent.
"Madame, il vous reste des brioches?" demanda Yuffie pour couper court à la situation.
"J'en ai des fraiches au Pahsana, Princesse" répondit la femme.
"J'en voudrais une, s'il vous plaît. Non, deux!" Corrigea Yuffie après un regard rapide à Vincent.
Une fois Yuffie servie, celle-ci paya, prit rapidement congé et entraîna Vincent à l'extérieur, de retour dans la rue du secteur 8.
Le sniper hésita quelques secondes avant de reprendre la parole.
"Je m'excuse. Je ne voulais pas vous offenser toutes les deux."
Yuffie semble elle aussi hésiter avant de secouer la tête.
"C'est pas… C'est pas le fait d'être métis qui la dérange. Ses enfants le sont" expliqua-t-elle. "C'est juste que… l'autre mot en 'M'..."
"Mauduin?" répéta Vincent d'une voix basse.
"Ca se dit pas" déclara Yuffie avant de corriger "ça se dit plus. C'est un peu une insulte, maintenant. Enfin, ça a été tellement utilisé comme insulte envers les Al Mauduin que beaucoup de métis ne veulent plus l'utiliser."
"Ha. J'irais lui présenter mes excuses, dans ce cas."
"Alors, du coup, tu es métis?" s'enquit la jeune fille en entamant une brioche à la vapeur qu'elle avait achetée.
Vincent hocha la tête, tâchant de digérer les nouvelles informations. Il connaissait quelqu'un qui serait probablement outragé que le mot mauduin ne soit plus autorisé pour désigner les métis et était à moitié tenté d'essayer de reprendre contact pour les voir passer par toutes les couleurs de l'arc en ciel sous l'effet de la rage.
"Ma mère. Elle était de…"
Yuffie lui fit signe de se taire d'un index levé, le regard fixé vers l'entrée de la ruelle suivante. Elle soupira et se redressa, les poings sur les hanches.
"Rude! Tu peux y aller maintenant. Je suis presque à Seventh Heaven!"
Il n'y eut pas de réponse.
Yuffie donna un coup de pied dans un morceau de béton qui rebondit sur le coin de la maison, puis dans la ruelle. Un petit grognement de douleur se fit entendre.
"Rude!"
"Je préfère attendre" répondit Rude en passant la tête au-delà du coin de mur en train de se frotter la jambe.
"Il y a une raison particulière pour laquelle tout le monde surveille Yuffie?" s'enquit Vincent.
"Deux: Princesse et pickpocket" répondit le Turk en retournant dans l'ombre.
Vincent adressa un regard étonné à Yuffie qui confirma d'un hochement de tête.
"Donc, ta mère était de Wutai?" reprit elle, en Wutan cette fois.
"Hm. Du Sud de l'île."
"Ca explique ton accent quand tu parles Wutan" nota Yuffie en mordant dans sa brioche.
"Ca explique le tien, Kisaragi Hime" rétorqua Vincent.
Yuffie lui dédia un regard mi-vexé, mi-amusé. La rivalité plus ou moins amicale entre les habitants du Nord et du Sud de Wutaï était bien connue, voire exacerbée par les matchs de leurs équipes de Blitzball respectives 6.
Ladite rivalité avait disparu au profit d'une hostilité commune et ouverte envers la Shinra pendant la guerre, mais restait présente dans les piques que s'envoyaient mutuellement les natifs des deux régions.
"Tu étais ado pendant la guerre?" nota Yuffie "ça n'a pas dû être facile. Tu avais quoi? Douze ans? Treize?"
"Hm, non. " répondit Vincent en calculant mentalement une date cohérente "nous avions déjà quitté Wutaï pour vivre chez mon père."
"Bon plan."
"Pas le choix."
Zack qui s'entraînait devant le garage de Seventh Heaven avec Cid les vit arriver en discutant en Wutan.
"Tu parles Wutan, toi?" s'étonna-t-il avant que Cid ne donne un coup de la pointe de sa lance sur l'épée de Zack, faisant jaillir des étincelles.
"Concentre-toi, hérisson!"
"Hé!" Protesta Zack.
"On reprend, fais gaffe à ton jeu de jambes."
Yuffie ricana de voir Zack se faire remonter les bretelles et attrapa Vincent par le bas de la veste, l'entrainant à l'intérieur de Seventh Heaven.
"Vaut mieux pas les déranger quand Cid donne un cours d'escrime. Elmyra, on est là!"
"Comment ça on?" s'enquit Elmyra en se penchant par le passe plat de la cuisine pour voir Yuffie." Ho, vous voilà."
"Voici les courses, Madame… Elmyra" corrigea Vincent en lui apportant les sacs dans la cuisine.
La gouvernante eut un sourire indulgent tout en l'aidant à se décharger. Elle avait beau avoir répété plusieurs fois à Vincent de l'appeler par son prénom, le vouvoiement continuait de lui échapper.
"Ca va venir… Yuffie qu'est-ce que c'est que ça?" s'enquit-t-elle en voyant la brioche entamée dans la main de Yuffie.
"Hein? Heu. C'est pour Vincent!' s'exclama Yuffie en lui mettant la seconde brioche dans les mains.
"Ne me jette pas aux tigres, c'est toi qui l'a acheté" rétorqua Vincent en Wutan.
"Cadeau! Je vais me changer et faire mes devoirs!" répondit Yuffie avant de disparaître par la porte du couloir.
"Et après elle ne mange pas aux repas" maugréa Elmyra avant d'ouvrir le frigo pour y ranger les ingrédients.
"Je… ferais attention la prochaine fois." déclara Vincent en lui passant les aliments au fur et à mesure.
"Ce n'est rien. Dans ton cas, si ça peut te faire manger, ce n'est pas grave. Tu aimes la cuisine Wutane?"
Vincent hésita avant de répondre, prenant bien garde au terme utilisé.
"C'est… nostalgique. Je suis m...métis"
"Ho. Dans ce cas, tu vas apprécier la prochaine soirée ramen" déclara Elmyra en refermant le frigo.
Elle eut un petit sourire en notant que bien que son attitude générale n'ait pas changé, Vincent semblait soudain très attentif.
"Je fais quelques plats régionaux de temps en temps, pour varier les plaisirs. Ramen donc?"
"Oui" finit par répondre Vincent.
"Chocobo, cornes doubles ou behemoth 7?"
"... Behemoth."
"Je SAVAIS que je finirais par trouver un plat qui te rende gourmand." déclara la gouvernante d'un ton victorieux.
"Ton problème, c'est ton jeu de jambes"
Reeve descendit les marches menant à la rue, observant Cid en train de réprimander Zack. Le guerrier était assis sur la dernière marche des escaliers, le dos et l'arrière du crâne couvert de poussière et écoutait piteusement Cid.
"Tu fonces sans réfléchir où poser les pieds: Résultat, tu te fais déséquilibrer en quelques secondes."
"J'arrives pas à réfléchir et combattre en même temps" marmonna Zack.
"Ça se voit, il va falloir que tu apprennes. Agiter une épée géante ne sert à rien si son poids te déséquilibre au moindre coup de vent." rétorqua Cid avant de lever les yeux vers Reeve qui attendait pour passer.
Il cogna légèrement le talon de sa lance sur la botte de Zack et lui désigna Reeve. Zack suivit son regard et se leva aussitôt, libérant la place pour passer.
"Comment ça se passe ces leçons?" s'enquit Reeve en descendant à leur niveau.
"Ca passe comme un calcul rénal" répondit Zack d'un air dépité.
"Comment vous avez pu être envoyés sur le champ de bataille avec un niveau d'escrime aussi minable?" demanda Cid.
"On a fait les deux mois de camp d'entraînement de base, comme tout le monde".
"DEUX mois?" répétèrent les deux hommes, incrédules.
"Un jour, je vais tuer Heidegger" ajouta Reeve.
"Et je te le tiendrai. Dis-moi qu'il ne continue pas d'envoyer des gamins au combat avec aussi peu d'expérience?" demanda Cid à Reeve, aussi blême de rage l'un que l'autre.
"Je vais me renseigner là-dessus," promis Reeve "en attendant Zack, il vaudrait mieux que tu continues de t'entrainer avec Cid.
"Ouais. j'essaye d'apprendre à Cloud après mais…"
"Où est Cloud au fait?" s'inquiéta Reeve.
"J'ai réussi à le faire dormir, Red est avec lui."
"Vous deviez partir pour une ronde cet après-midi" objecta Reeve.
Zack soupira et se gratta la cicatrice sur sa mâchoire avant d'oser demander, piteusement.
"Il a pas dormi cette nuit… Est-ce que je peux le laisser se reposer et y aller seul?"
"Pas question" rétorqua Cid avec une bourrade sur le crâne de Zack. "J'ai déjà dit: pas de ronde seul. J'irais avec toi " acheva le pilote d'un ton ronchon.
Zack eut un grand sourire reconnaissant tout en se frottant l'arrière du crâne.
"File te dépoussiérer et ranger ta pelle à tarte. Tu reviens avec un fusil et une épée simple."
"Oui, Capitaine" s'exclama Zack avec un salut avant de retourner à l'intérieur.
Reeve le regarda s'éloigner et fermer la porte avant de se tourner à nouveau vers Cid.
"PHS, hein."
"Toujours allumé. Je préviendrais Barret que Zack est avec moi. On fera vite, je préfèrerais qu'on soit de retour avant que Cloud se réveille. Tu vas où?"
"Essayer de faire ce qui est censé être mon travail et mendier des crédits auprès du Président Shinra" soupira Reeve.
Cid l'imita en secouant la tête. Reeve partageait son temps entre gérer l'administration d'Avalanche et son poste de Directeur du Développement Urbain de Midgar et allait probablement finir en burn-out avant la fin de l'année. Il était actuellement tout entier plongé dans les reconstructions d'urgence pour le secteur 7 et se battait pour tenter d'obtenir les financements nécessaires auprès du Président, qui pour le moment, cherchait surtout à résoudre le problème de Sin et Hojo en finançant lourdement la Sécurité et l'Armement. Le tout aux dépends, malheureusement, de l'Urbanisme et dans une moindre mesure, du département scientifique.
"Tu veux qu'on te dépose à la gare?"
"Merci, mais mon escorte devrait avoir reçu ses ordres maintenant."
"Ton escorte?" répéta Cid.
Rude sortit de l'ombre et approcha en silence, toujours impassible, venant se placer à côté de Reeve, les mains dans le dos.
"Qu'est-ce que tu fous là, toi?"
"J'étais de baby sitting" répondit Rude.
"Je suis prêt!" lança Zack en dévalant de nouveau les marches du porche, "hey, Rude!"
"Zack," le salua le Turk.
"Soyez prudents tous les deux" ajouta Reeve avant de commencer à s'éloigner vers la gare, Rude sur les talons.
"Oui, Maman!" répondit Zack.
"Zack, au boulot."
Les deux collègues s'installèrent dans la Chocomobile et Cid démarra, sortant du garage, laissant Barret fermer derrière eux. Après une dernière recommandation du colosse, les deux collègues partirent pour leur ronde journalière. Depuis l'attaque du secteur 7, Avalanche aidait les SOLDATS dans leurs rondes de sécurité, aux aguets du moindre événement qui ferait suspecter une infiltration de squames. Après huit mois de voisinage, les habitants du secteur s'étaient habitués à la troupe de guerriers hétéroclites qui avait élu domicile dans l'ancienne caserne, et leurs nombreux exploits avaient même attiré la sympathie des plus revêches. Aussi, ce fut très obligeamment que les gens dégagèrent le chemin quand la Chocomobile passa, à grand coup de klaxon retentissant 8.
"Hé, ralentis, je crois que c'est Johnny là-bas", s'exclama Zack en se redressant, désignant un petit attroupement de sans-domicile fixe.
Des volontaires étaient en train de distribuer des repas, ou de dispenser des soins à tous les habitants du secteur 7 qui avaient perdu leurs habitations et qui n'avaient pas pu trouver un autre abri. Assis sur le trottoir, à même le sol, un jeune homme aux cheveux rouge parlait à un vieil homme fatigué.
"Salut Johnny !" Lança Zack au jeune homme en blouson de cuir.
Le changement d'attitude du rouquin fut si brusque que Zack ne put s'empêcher de sursauter. Autant Johnny avait parlé gentiment au réfugié, essayant de le persuader d'accepter l'hébergement, autant le regard qu'il jeta à Zack était froid et vindicatif. Un autre homme que Zack se serait ratatiné dans un coin en priant pour que Johnny n'utilise pas la vieille lame pendue au harnais sous son blouson. Sans ajouter un mot, Johnny retourna vers son interlocuteur, reprenant sa conversation comme si de rien n'était. Cid en profita pour accélérer, dépassant les deux hommes assis sur le trottoir.
"Il t'en veut toujours…"
"Johnny a toujours été rancunier…" Marmonna Zack en jetant un dernier regard mélancolique au jeune homme. "Surtout quand Tifa est concernée… Était concernée."
"C'est pas de ta faute si Tifa est morte."
"J'étais pas là…"
Cid soupira. A voir la manière dont Zack s'affalait contre la vitre, il repartait en pleine dépression.
Depuis leur fuite d'un laboratoire d'Hojo, les jumeaux souffraient de nombreux maux, autant physiques que mentaux. Les mutations apportées par la mako avaient augmenté leurs sens, leurs capacités physique et boosté leur magie, mais étant instable par nature, provoquaient de fréquentes lésions internes pour peu qu'ils abusent de leurs facultés. Leur emprisonnement avait aussi laissé des séquelles mentales, dont une claustrophobie très développée et des passages maniaco-dépressif aussi soudain que profond. Les crises de Zack étaient moins fréquentes et moins graves que celles de Cloud, mais Cid avait déjà eu affaire au brun dans ces circonstances et savait à peu près comment réagir.
A peu près.
Il priait pour ne jamais se planter en essayant de les aider, surtout.
"Aucun de nous n'était là."
"J'aurais pu faire une différence contre Séphiroth… Elle serait en vie…"
"Pas avec ton jeu de jambes, c'est sûr" coupa Cid d'un ton sec. "Tu as pris tes médocs ?"
Silence.
Cid stoppa la Chocomobile et garda les yeux sur la route, laissant le jeune homme le temps de répondre.
Ce qu'il ne fit pas.
"Zack…"
"Oui, oui, je les ai pris…"
"Zack…" répéta Cid, un brin plus strict cette fois.
Ce type de voix fonctionnait assez bien, avait-il appris en voyant Barret l'utiliser sur les jumeaux. Et Yuffie. Et Red parfois.
La voix de Papa, plaisantait Aérith chaque fois que Barret l'utilisait sur un de ses soldats.
Mais au moins, ça marchait. Et lui qui n'avait jamais réfléchi au fait d'abord des enfants à part avec un "NON" définitif, se retrouvait aussi à "faire le papa" avec les jumeaux.
"Je les prendrai en rentrant" marmonna Zack.
C'était mieux que rien jugea Cid et il allait redémarrer quand il vit dans la foule du secteur 8 une silhouette bien connue, et encore un peu boitillante de sa dernière mésaventure. Il baissa sa fenêtre et l'interpella.
"Wedge!"
Son assistant se tourna, cherchant qui venait de l'interpeller avant de reconnaître Cid. Il eut un de ses grands sourires habituels et s'approcha en clopinant, venant s'appuyer contre la portière de la Chocomobile.
"Capitaine! Zack! vous faites une ronde?"
"Je remplace Cloud. Tu as entendu parler de quelque chose de louche en ce moment?"
Wedge réfléchit quelques secondes en fronçant les sourcils.
Cid aimait bien le jeune homme. Outre son expérience avec les explosifs et les armes à feu, c'était aussi un joyeux luron et la voix de l'optimisme au sein du trio qu'il formait avec Biggs et Jessie.
Et surtout, il avait des oreilles à peu près partout dans les Taudis et savait toujours ce qui s'y passait, Cid ne comptait plus le nombre de fois où une invasion des Taudis avait été contrecarrée parce que Wedge avait entendu parler d'un truc louche pas loin.
"Pas de squames signalé en tout cas." finit par dire Wedge. "Par contre, les rats mutants envahissent les taudis du secteur 7, si vous avez envie d'y faire un peu de ménage."
"Zack? Chasse aux rats?" demanda Cid en se tournant vers lui.
"Ce sera avec plaisir" déclara Zack en faisant craquer ses phalanges.
"Et tu pourras essayer ce que je t'ai appris aujourd'hui." ajouta Cid.
"Hooooo"
1 Et là, je suis sûre que vous voyez de quoi je parle. Sinon: watch?v=-YCN-a0NsNk
2 Si j'ai pu trouver les noms de famille de presque tout le monde, il n'y a que pour Yuna, Raijin et Fujin où je n'ai rien trouvé, donc j'ai improvisé et regardé sur Behindthename. Tondra est l'espéranto pour "Tonnerre" et Hayate signifie "son du vent" en Japonais.
3 Oui, Professeur
4 Alors oui, la serre de combat dégage parce que je ne vois pas des professeurs organiser des cours dans le petit frère de Jurassic Park. QUI as eu l'idée de mettre un jardin géant avec des monstres en libre accès à des ados, d'ailleurs?
5 Vous remarquerez qu'elle a tout de suite deviné de qui il s'agit.
6 Les Irabu Jiru au Nord, contre les Adamantaimai au Sud
7 Tant qu'il n'y aura pas de bétail dans les univers de Final fantasy, ils mangeront des monstres, point.
8 Oui, c'est le cri du chocobo. Autant y aller franco.
