Chapitre 4: Clash sur la plaque

La période d'adaptation est finie.
Et les zones d'ombre du passé de Vincent commencent à sauter à la figure des plus paranoïaques des membres d'Avalanche.
Ha, au fait: le gore et le trauma de personnage commence. (Enfin, de l'avis de Cid, c'est un trauma)

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Gast est un scientifique, Gast n'est pas un turk, Vincent se demande ce qu'il fait dans cette galère, Barret est parano, Cid est parano, Reeve est parano et a besoin de café, Cid et Shera se chamaillent, sous entendus sur la vie sexuelle de Cid (ou absence de), gore incoming, (aucun rapport avec la vie sexuelle de Cid) (j'espère pour lui)


La journée avait plutôt bien commencé.
Les lumières artificielles du secteur 8 avaient, pour une fois, toutes démarré en même temps, permettant d'avoir ce que les habitants des Taudis appellent une belle journée. Il avait été accueilli par les miaulements de Cait dès qu'il avait ouvert le couloir et le chaton l'avait escorté jusqu'en bas en faisant les huit autour de ses jambes.
Une bonne odeur de pain frais flottait dans l'air accompagné des effluves d'un café qui promettait d'être assez noir pour repeindre sa Daytona.
Ce matin-là, presque un mois après son arrivée. Vincent rencontra Cloud.
Quand il s'assit pour le petit déjeuner, le blond avait levé les yeux vers lui et l'avait salué.
"Bonjour."
"Bonjour," répondit Vincent après un moment de flottement.
Il était très différent de d'habitude.
Il n'avait pas le regard dans le vide, il ne restait pas assis dans un coin, à ne réagir que quand on lui parlait. Il se tenait droit, la tête haute et ses yeux...
Vincent n'avait jamais vu un regard mako aussi intense. Même celui de Zack semblait plus éteint.
Et le Strife brun avait déjà un regard plus lumineux qu'un SOLDAT normal.
Normal était bien sûr ici très relatif.
Cloud lui tendit la main.
"Cloud Strife."
"Vincent Valentine."
"Je sais. Je sais" répéta le petit blond en secouant la tête, baissant les yeux sur son bol de café. "Je… ne suis pas très présent. Mais j'entends."
"Ce n'est rien."
"Merci pour Zack" reprit Cloud.
"Pour…"
"La fois avec le squame" expliqua Cloud avant de mimer un coup de feu dans sa joue.
"Je vous en prie."
"Cloud?" fit soudain la voix de Zack, venant de la cuisine.
Le brun s'était penché en arrière en entendant la voix de son frère et le fixa quelques secondes avec étonnement avant de le rejoindre précipitamment.
"Cloud!"
"Hey, Zack," répondit le blond avec un petit sourire.
Zack s'approcha, se forçant à ralentir ses gestes, bougeant le plus calmement possible, jusqu'à être assis près de Cloud, un bras autour de ses épaules. Il semblait euphorique, comme si voir Cloud ainsi était la meilleure chose qui lui soit arrivé depuis…
Longtemps peut-être. Vincent ne savait pas depuis combien de temps le blond était dans un état d'aphasie pareil. Il vit Zack poser doucement son front contre la tempe de son jumeau qui se raidit légèrement avant de se laisser aller, s'appuyant contre lui à son tour.
"Content de te revoir"
"Je suis désolé" murmura Cloud.
"S'pas grave" répondit Zack sur le même ton.
"Ça va être une bonne journée" affirma Cloud.
Gêné par l'évidente émotion entre les deux jeunes hommes, Vincent s'éclipsa discrètement, rejoignant Elmyra qui observait la scène depuis la cuisine, les mains tordant un torchon, mais ses yeux brillants.
"Que se passe-t-il?" murmura Vincent, n'osant pas parler plus haut de peur de déranger les jumeaux.
"Ça faisait longtemps, mais on dirait que Cloud commence à reprendre pied" répondit Elmyra en s'essuyant discrètement le coin de l'œil.
Reeve les rejoignit à pas de loup, Red sur les talons.
"Et bien. Enfin" déclara-t-il. "le nouveau traitement de Cloud fait effet."
"Pourvu que ça dure" ajouta Red, gardant l'œil sur le blond avec une expression inquiète.


Ça ne dura pas.


Quand Vincent revint de la ronde de jour avec Yuffie, il trouva la pièce principale quasiment vide. Seul Red s'y trouvait, endormi sur son canapé, Cait blottit sous son menton.
Elmyra était dans la buanderie attenante à la cuisine avec Wedge et Biggs, tous trois occupés à échanger les potins du quartier, et Reeve dans son bureau, comme l'annonçait la petite pancarte pendue à la poignée demandant le silence. Aérith n'était visiblement pas encore arrivée et Yuffie s'était précipitée sous la douche à peine arrivée.
Vincent entendit un bruit venant de l'arrière de la maison et remonta le couloir menant au bureau de Jessie, le laboratoire de Shera et l'infirmerie. La porte de derrière était ouverte, permettant à un léger courant d'air d'aérer la vieille bâtisse. Quand Vincent sortit, il se retrouva sur le porche surélevé qui faisant pendant à celui de la façade, permettant de descendre quelques marches vers la cour.
Celle-ci était bordée d'un côté par l'aile de l'infirmerie et du laboratoire de Shera, de l'autre par les maisons voisines.
Aérith et Elmyra tentaient de faire pousser des légumes dans le parterre du fond, mais le reste de la cour était un lopin de terre compacte, à peine assez grand pour que deux ou trois personnes s'y entraînent.
C'est là qu'il retrouva ses équipiers.
Barret était là, observant Zack en train de lutter avec son frère, pendant que Cid était assis sous le porche entretenant sa lance. Ce n'était pas une lance traditionnelle Burmécienne avait remarqué Vincent. Elle était trop simple, pas assez ornementée et conçue avec des matériaux modernes. Elle ressemblait plus à quelque chose que Cid aurait construit lui-même avec ce qu'il avait sous la main.
Et qu'il passait son temps à réparer aussi. Mais Vincent commençait à soupçonner Cid d'avoir un besoin constant de bricoler quelque chose.
La Chocomobile.
Le fourgon.
Le grille-pain d'Elmyra.
Le bras de Barret.
Sa moto.
"Ok, ok! Doucement! Cloud! Doucement!" S'exclama soudain Barret en faisant un pas en avant.
Vincent jeta un regard aux jumeaux, à temps pour voir Cloud relâcher son frère d'une prise brutale puis s'agenouiller près de lui, hésitant à le toucher de nouveau. Zack avait déjà un bleu qui apparaissait sur la nuque.
"Ça va Cloud" le tranquillisa Zack en massant son cou.
"J'arrête" déclara le blond en se relevant, retournant dans la maison.
"Cloud! C'est rien!" l'appela Zack en se relevant pour le suivre.
Les trois hommes les regardèrent s'éloigner en silence.
"C'était trop beau pour durer" déclara Cid.
"Ce n'est pas comme ça qu'ils apprendront à maîtriser leur force" renchérit Barret.
"Ils ne savent pas?" s'étonna Vincent.
Barret laissa juste échapper un grognement indistinct sans répondre à Vincent, au moment où Zack revenait, traînant piteusement des pieds.
"Il a…."commença Barret.
"Il est avec Red" marmonna Zack en s'asseyant sous le porche à côté de Cid "il replonge."
Le jeune homme s'accouda sur ses genoux et plongea les deux mains dans sa crinière noire, visiblement abattu par la tournure des évènements.
Le colosse eut un mouvement hésitant, puis approcha, posant sa main de chair sur l'épaule du jeune homme.
"Hé… c'est déjà pas mal. Souviens toi de ce que disaient les docs. Il va déjà bien mieux que ce qu'ils s'attendaient à voir."
"Vu qu'ils s'attendaient à ce qu'il tombe raide mort à tout moment, c'est effectivement un progrès" ronchonna Zack d'un ton sombre.
Il soupira à nouveau puis se leva, faisant craquer ses articulations.
"Faut que je bouge, quelqu'un veut lutter?"
"Occupé" maugréa Cid levant les yeux sur Vincent. "Et toi?"
"Moi?"
"Par hasard, tu ne saurais pas utiliser une épée, histoire de lui montrer comment faire?"
"Je ne fais pas dans les épées" répondit Vincent "les fusils et pistolets, oui. Un peu de combat au couteau. Du corps à corps.
"Corps à corps? Ça me dit ça, tu veux bien, Vince?" demanda Zack.
"Si tu promets de ne plus m'appeler comme ça" répondit Vincent en se redressant.
Il alla vers le brun et se campa sur ses pieds, les bras sur les côtés. Zack se mit face à lui, poings levés au niveau du visage.
"Zack, doucement fait attention."
"T'en fais pas Cid!"
Vingt secondes plus tard, Zack était par terre, assis dans la poussière à se demander ce qui s'était passé.
"J'ai rien vu" marmonna Barret.
"Comment tu as fait?!" s'exclama Zack avant d'avoir un grand sourire, " et est ce que tu peux m'apprendre?!"
"La question c'est: Est-ce qu'on veut qu'il t'apprenne à faire ça?" rétorqua Barret en se baissant pour relever le jeune homme.
"Est-ce que…" commença Vincent en cherchant une façon délicate de poser sa question "est-ce que tu fonces toujours comme ça sur tes ennemis?
"Oui" répondirent Cid et Barret d'une même voix.
Vincent fixa son regard sur le jeune homme qui se relevait en époussetant son pantalon, pas même vexé de la déclaration.
"Jusqu'à présent, foncer dans le tas m'a réussi."
"Je vois ça. On recommence."
Zack se remit en position. Vincent se redressa en secouant la tête et approcha, corrigeant la position du jeune homme.
"Ce n'est pas de la boxe. Baisse les bras. Ne serre pas les poings trop fort. Fléchis un peu les jambes. Pas autant."
Zack obéit, intrigué et se repositionna comme il put pendant que Vincent reculait d'un pas, levant sa main droite.
"Essaye de frapper là."
Barret recula d'un pas, laissant plus d'espace aux deux combattants, jusqu'à s'asseoir près de Cid. Le Burmécien était en tailleur, la lance posée en travers des genoux, et fixait les deux bruns du regard.
"C'est prudent, tu crois?" demanda Barret entre ses dents.
"Trop tard pour les arrêter maintenant" répondit Cid. "Et puis, je suis curieux de voir ça."
"On se tient prêt à intervenir quand même."
"Hm" répondit Cid en décroisant les jambes, posant les pieds au sol.
Devant eux, Vincent guidait les gestes de Zack dans un enchaînement précis, lui faisant répéter les gestes lentement jusqu'à ce qu'il le retienne.
"Bien. On recommence. Cette fois plus vite et je pare."
Zack hocha la tête, concentré et attaqua, suivant l'enchaînement que Vincent venait de lui apprendre.
"On recommence. plus vite, essaye d'y mettre un peu plus de force."
Cette fois, Zack semblait s'être pris au jeu et attaqua de manière plus fluide, avec plus d'enthousiasme. Vincent para les coups, hochant la tête.
"Bien. Vas y un peu plus franchement."
"Ok" s'exclama Zack.
Barret et Cid bondirent sur leurs pieds d'un même geste alors que Zack disparaissait soudain dans un flou de mouvement.
"N..."
Vincent disparut aussi.
La seconde suivante, Zack était à genoux, le poing à moitié enfoncé dans le sol, et Vincent accroupit près de lui. Il avait la main gauche autour du poignet de Zack, tordant le bras du jeune homme en vrille.
"Hé! Ça faisait pas partie de l'enchaînement!" protesta Zack.
"Désolé" s'excusa Vincent en le relâchant "tu as été plus rapide que je pensais, j'ai été surpris"
Il se redressa, vérifiant qu'il n'avait pas blessé le jeune homme. Il avait facilement cassé des coudes avec cette prise quand il était Turk et que son bras gauche était encore humain. Et pourtant, non seulement le bras de Zack n'avait pas lâché, il avait résisté à la torsion et donné un coup dans le sol suffisamment puissant pour le faire trembler.
"Tu me l'apprends celle là aussi?" demanda Zack, les yeux brillants.
"On commence par les bases" soupira Vincent.
Près du porche, les deux chefs d'équipe échangèrent un regard abasourdi.
Une demi-heure plus tard, Vincent demanda grâce.
Ce n'était pas que Zack avait fini par réussir à le vaincre. Bien que comprenant rapidement les explications, il avait un peu de mal à rester concentrer et se précipitait toujours un peu trop.
Non. Le problème c'était l'énergie illimitée dont faisait preuve Zack. Il était à bout de souffle, couvert de poussière et de bleus et apparemment, partit pour un autre tour.
"On continue?"
"J'arrête pour aujourd'hui" déclara Vincent, appuyé sur ses genoux, tentant de reprendre son souffle.
"Alleeeez" réclama Zack, " ca fait des années que je ne me suis pas autant amusé!"
"Qu'est-ce qui se passe?" fit une voix féminine.
Zack se redressa au son de la voix, un grand sourire aux lèvres, sa concentration s'envolant définitivement.
"Aérith!"
"Zack, qu'est-ce qui t'es…." commenca Aérith avant de reculer d'un pas comme son petit ami se précipitait vers elle. "Zack, non! tu es couvert de sueur!"
Sans écouter les protestations de la jeune fille, Zack la prit dans ses bras, froissant sa jolie robe blanche et envoyant voler son matériel de jardinage.
Pendant que son élève allait saluer sa petite amie, Vincent revint s'asseoir sous le porche, essayant de reprendre son souffle. Ça avait été une session d'entraînement intéressante et il commençait à voir en quoi la force des Strife était phénoménale.
Il était essoufflé, il avait plusieurs bleus là où Zack avait réussi à le toucher et il était à peu près autant couvert de poussière que le jeune homme mais…
Il s'était amusé.
Ou du moins défoulé.
Et il fallait bien admettre que ça lui faisait du bien.
"Content de toi?" demanda Cid.
"Il est encore loin de savoir se battre" répondit Vincent en regardant le jeune homme raconter quelque chose à Aérith, probablement l'état de Cloud, l'expression joyeuse de la jeune femme retombant peu à peu.
"Hm. Tu suggères quoi?" Demanda Barret.
"Je peux continuer à lui apprendre le combat à mains nues, mais il faut qu'il s'entraîne contre un autre escrimeur."
"On a un peu de mal à lui trouver un enseignant incassable" grommela le colosse.
"L'école de Yuffie n'a pas de professeurs compétents?" s'enquit Vincent.
Barret sembla réfléchir à la suggestion.
"Peut-être. Ce serait une idée. Et toi? Ou est-ce que tu as appris à te battre comme ça? C'est Wutan?"
Vincent secoua la tête. Visiblement, Yuffie avait déjà informé tout le monde de son ascendance.
"Non. Combat Turk."
"C'est quoi comme technique le combat Turk?" s'enquit Cid.
"Toutes les techniques qui neutralisent l'adversaire avant qu'il ne puisse le faire"
Cid et Barret, habitués à collaborer avec les Turks, reconnurent l'euphémisme.
"Ouais et ben si tu veux lutter contre Zack, ne le 'neutralise' pas, s'il te plait" grommela Barret.
"Promis" répondit Vincent en se levant "Yuffie doit avoir fini avec la douche. J'y vais."
"A plus tard"
Barret et Cid regardèrent le brun retourner dans la maison et attendirent quelques secondes, tous deux plongés dans leurs pensées avant de s'échanger un regard sombre.
"On est d'accord: C'est pas normal, hein," demanda Cid à Barret qui hocha la tête.


Quand Vincent arriva dans les sanitaires, Yuffie avait effectivement fini et laissé la pièce grande ouverte.
Il ferma la porte derrière lui et choisit la douche du fond.
La cabine de douche était étroite, encore une fois, dû à l'exiguïté de la maison et la volonté de caser deux douches dans une salle de bain prévue pour une seule à l'origine. Vincent se demandait même comment Barret faisait pour entrer dedans. Il se déshabilla, accrocha ses vêtements propres à l'abri de l'eau et alluma le jet qui crachota avant de parvenir à s'allumer complètement.
Il réalisa cette fois encore qu'il avait oublié d'attacher ses cheveux avant d'entrer sous le jet. Il allait vraiment falloir qu'il les coupe une fois pour toute. Il avait toujours eut les cheveux courts avant…
Avant Nibelheim.
Vincent secoua la tête et se tourna à la recherche du savon. Ce n'était pas le moment de repenser à ce qui s'était passé avant…. Avant.
Il se cogna en tentant de se tourner sous le jet et posa la main sur le mur d'en face pour reprendre son équilibre.
Il n'avait même pas à déplier le bras pour le toucher.
Depuis quand la cabine était si petite?
Est-ce qu'elle était aussi petite avant?
Il leva les yeux et sentit un vertige commencer à lui tourner la tête.
Les murs se rapprochaient.
Pas maintenant.
Il devait sortir de là avant d'arriver à la crise de panique proprement dite. Ne serait-ce que sortir de la cabine de douche le calmerait. Tant pis pour l'eau, il l'éteindrait quand il serait calmé. Il leva la main droite pour ouvrir le verrou.
Depuis quand sa main de monstre était à droite?
Il leva la main gauche, contemplant les griffes acérées et les plaques d'écailles.
Les deux étaient noires.
Cette fois, le vertige le fit tituber et il percuta de nouveau le mur carrelé du dos.
Dos qui se convulsa d'un mouvement inhabituel.
Ho non.
Pas maintenant.
Ses jambes décidèrent que c'était le moment idéal pour se dérober sous lui, ses pieds se tordant sous son poids.
Non non non.
Il devait se calmer. Il devait arrêter ça tout de suite.
Il voulu attraper le support du tuyau de douche pour se relever, mais celui ci grinça sous la pression de ses griffes.
Ça n'aidait pas.
Quelque chose craqua dans son dos avec une nouvelle convulsion et il se courba en deux, laissant un grognement de douleur lui échapper.
Il allait détruire la salle de bain.
Il DEVAIT se calmer.
Respirer. Il fallait respirer.
La douche n'était pas si petite, il fallait juste qu'il respire.
Et qu'il… Ne détruise... Rien.


Cid était en train de ranger sa lance sur le râtelier quand il entendit un choc.
A Seventh Heaven, ce n'était pas inhabituel. Zack avait tendance à bouger sans faire attention et se cogner à tout ce qui était autour de lui, emportant parfois les meubles dans son élan et la maison n'était pas adaptée à la carrure de Barret qui se prenait souvent les épaules dans les portes.
Mais là ça venait de la salle de bain.
Vincent avait dit qu'il prenait une douche, non?
Cid approcha de la porte et l'entrouvrit au moment où un craquement retentit, suivi d'un cri de douleur.
Allons bon, il démolissait la salle de bain maintenant? Sur ce coup là, il se débrouillerait avec les réparations. Cid savait réparer beaucoup de choses, mais pas la plomberie.
"Vincent?"
Une des douches fonctionnait, emplissant la pièce de vapeur et saturant l'air d'humidité. Pour un peu, Cid se serait cru dans son pays d'origine.
En plus chaud.
"Kowasanaide, kowasanaide, kowasanaide"
Il entendait quelque chose, mais n'arrivait à pas comprendre ce qui se disait. Il lui fallut tendre l'oreille pour réaliser que ce n'était pas du commun.
"Vincent?"
"Kowasanaide, kowasanaide."
"Vincent" répéta Cid plus fort. "Tout va bien?"
La voix de Vincent se tut.
"Vincent?"
"Cid?"
"Ça va?"
"Je… oui. Oui, ça va."
Ce n'était pas une voix qui allait bien, ça.
"Tu es sûr?"
"Oui. J'ai juste glissé."
"Ok… n'utilise pas toute l'eau chaude."
"Oui. Je.. je sors bientôt. J'ai fini."


Sous l'eau, Vincent regarda ses mains.
Une noire, l'autre pâle.
"J'ai fini" répéta t il.


Cid referma la porte des sanitaires, les sourcils froncés. Il n'aimait pas ça. Il avait clairement entendu un cri de douleur, qu'est-ce qui pouvait bien se passer?
Il retourna dans la salle commune, pensif et aperçut Yuffie qui faisait ses devoirs. Justement la personne dont il avait besoin.
"Yuffie?"
"Hm?" fit l'adolescente en levant le nez de son livre.
"J'ai besoin d'une traduction en Wutan. Ca veut dire quoi… heu.. 'kowasa… Naede'?"
"'Kowasanaede'? C'est pas plutôt 'kowasanaide'?" corrigea Yuffie.
"Ouais un truc du genre."
"Ou est ce que tu l'as entendu?"
"Ça veut dire quoi?"
Yuffie fronça les sourcils en répondant, visiblement dubitative.
"C'est difficile à dire sans le reste de la phrase. Mais ça peut vouloir dire.. 'ne casse pas' ou 'ne détruis pas'"
"Dans quel genre de contexte quelqu'un peut dire ça?"
"Mes parents me le disaient souvent quand j'étais à deux doigts de faire une bêtise."
Ça… n'éclairait absolument rien.
"Barret?" appela Cid à la cantonade.
C'était une habitude que Shera tentait de lui faire perdre, de simplement gueuler dans la pièce principale plutôt que de se déplacer et chercher la personne à qui il voulait parler. Mais bon, ça faisait vingt ans qu'elle essayait de la lui faire perdre.
"Il est avec Reeve" déclara Elmyra en entrant dans la salle commune, un baquet de linge à plier dans les bras.
"Merci" répondit Cid en se dirigeant vers le bureau de Reeve, entrant sans prendre la peine de toquer.
"Cid" grommelèrent les deux hommes à l'intérieur d'une même voix.
Cid referma derrière lui et désigna la direction approximative de la salle de bain.
"Il y a un truc étrange avec Valentine." déclara le pilote.
Reeve hocha la tête et désigna le dossier ouvert devant lui.
"Tu ne crois pas si bien dire."
"Tu as du neuf sur lui?" demanda Barret alors que Cid approchait, se tordant le cou pour lire les feuillets.
"Peut-être. Pourquoi?"
"Tu penses que ça pourrait expliquer comment Valentine est capable de lutter avec Zack quasiment à armes égales?"
Reeve posa son stylo.
"Expliquez-moi tout."


"Non, ce n'est pas la bonne conjugaison. Regarde." reprit Aérith en montrant un paragraphe dans le livre de Yuffie.
"Mais pourquoi vous avez six cas grammaticaux?" protesta Yuffie en barrant une phrase rageusement. " Un ça ne suffisait pas?"
Reeve sortit de son bureau en remettant sa cravate d'un geste rageur, suivi par Barret et Cid dans leurs pires humeurs ombrageuses.
"Aérith?!"
"Heu, oui Reeve?"
"Tu sais si ton père est à la Shinra à cette heure?" demanda Reeve en approchant.
La jeune fille consulta l'horloge d'un coup d'œil avant de répondre, pendant qu'Elmyra se levait, aidant Reeve à ajuster sa cravate.
"Je pense, oui, pourquoi?"
"Je dois lui parler," répondit Reeve en enfilant sa veste.
"Je t'accompagnes" grommela Barret. "Cid, reste ici en cas d'alerte"
"Mais…"
"Cid" répéta Barret avec un petit signe de tête vers les trois femmes.
"Hm. Soyez prudent."
Barret et Reeve sortirent précipitamment.
"Est-ce qu'il faut que j'appelle Papa pour lui dire de se cacher?" demanda Aérith à Yuffie.
"Je… pense, oui."


La pauvre secrétaire de Gast n'eut pas le temps de protester que Reeve avait déjà passé son bureau et se dirigeait à grand pas vers celui du professeur. Il ouvrit la porte et entra sans prendre le temps de le saluer.
"Professeur, j'ai des questions."
"On dirait bien" répondit Gast en posant les résultats d'analyses qu'il tenait. "Directeur Tuesti, Lieutenant…"
Barret ferma la porte derrière lui et approcha, croisant les bras en se plaçant derrière Reeve.
"Mais... Ça ne pouvait pas attendre? Je serais venu bien volontiers si vous aviez…"
"Valentine. Qu'est-ce qu'il est?" coupa Barret.
Gast sentit une sueur froide lui descendre dans le dos.
"Qu'est-ce qu'il a? Il va bien?"
"Professeur" reprit Tuesti "Qui est Vincent Valentine ou peut- être devrais-je dire: qui est Makoto Hamasaki?"
"Mais comment savez vous…"
Barret se fit la réflexion que si le professeur Falmis était l'instigateur de cette affaire, c'était un très mauvais espion.
"Qu'est-ce qu'il est? Un espion de la Shinra? Wutaï? Un SOLDAT?"
"Quoi? Non!" Protesta Gast "Mais enfin, qu'est-ce qui vous prend?"
La porte s'entrouvrit et Barret jeta un regard mauvais à la secrétaire quand elle entra, un spray à poivre à la main.
"Professeur, dois-je appeler la sécurité?" demanda-t-elle, tremblant sous le regard peu amène de Barret.
"Non… non Idun, c'est juste un malentendu" répondit Gast en se levant. "Nous allons régler ça calmement. Vous pouvez nous laisser."
Idun jeta un regard effrayé aux deux hommes qui menaçaient son patron mais finit par obéir, hochant faiblement la tête avant de sortir, refermant la porte derrière elle. Gast essaya de se redresser de toute sa hauteur, ce qui n'était pas grand chose à côté des deux hommes.
"Je ne sais pas où vous avez été chercher l'idée que Vincent est un espion mais c'est absolument ridicule!"
"Alors pourquoi utilise t-il l'identité d'un homme mort il a trente ans? Un homme avec lequel il partage aussi le visage et le passé de Turk?"
"Un homme capable de se battre au corps à corps avec Zack et parvenir à l'essouffler?"
"Il a QUOI?" s'exclama Gast.
"Aucun homme normal n'en serait capable. Alors qui est-ce?"
Il allait tuer Vincent.
Enfin, soyons réaliste, il allait probablement juste lui faire les gros yeux. Même du temps de sa jeunesse, il n'arrivait pas au quart des capacités physiques du Turk. Et c'était à l'époque.
Désormais, Vincent pouvait probablement le tuer d'un doigt.
"Si j'avais voulu espionner les faits et gestes d'Avalanche, j'aurais demandé à ma fille, Directeur Tuesti!"
Reeve se redressa, vexé de se faire reprendre ainsi.
"Écoutez" reprit Gast en retirant ses lunettes "je comprends que vous soyez méfiant concernant l'arrivée de quelqu'un comme Vincent… mais…"
"Comment a-t-il obtenu de telles capacités physique?"
"Je suis le médecin attitré de Monsieur Valentine et je ne révélerais rien sans son autorisation expresse!"
"Qu'est-ce que sa santé à a voir la dedans?" grommela Barret.
Parfois, Gast oubliait que le Lieutenant Wallace était beaucoup plus perspicace que sa carrure d'armoire à glace ne laissait deviner.
"Laissez-moi lui parler d'abord. S'il m'en donne l'autorisation, je vous expliquerais tout ce que je sais."
Les deux hommes face à lui ne répondirent pas et il remit ses lunettes en reprenant d'un ton plus calme.
"Ce que je peux vous promettre, et je peux le jurer sur la tête de ma femme et de ma fille, c'est qu'il n'est en aucun cas votre ennemi. Il veut la même chose que vous."
Barret plissa les yeux. Il connaissait mal le professeur, il ne l'avait rencontré qu'à de rares reprises, surtout pour la greffe de son bras bionique, mais du peu qu'il savait de lui, il était complètement dévoué à sa femme, pour laquelle il avait quitté la Shinra plus de vingt ans auparavant, pour élever leur fille dans le coin le plus éloigné de la Shinra qu'il ait put trouver sur cette planète.
Qu'il soit prêt à jurer sur sa femme et sa fille signifiait qu'en tout les cas, il croyait que Vincent était important.
S'il l'était vraiment, c'était une autre question.
"Je ne demande que quelques heures" reprit le professeur Falmis. "Juste… quelques heures. Le temps de contacter Vincent."
Reeve tambourina des doigts sur le bureau du professeur mais finit par se redresser en hochant la tête.
"Très bien. vous avez deux heures."
"Je vous remercie."
Reeve se tourna et fit signe à Barret de le suivre, quittant tous les deux le bureau.
Gast se rassit, retirant ses lunettes d'une main tremblante.
"Ce Turk. Il attire les ennuis" marmonna-t-il avant d'attraper son PHS, composant rapidement un numéro. "Allo? Vincent? Écoute… Sors de Seventh Heaven avant que Reeve ne revienne. Je t'expliquerais, viens vite."


"Qui veut un thé Burmécien fait comme là bas?" demanda Cid en entrant dans l'aile médicale.
Personne ne répondit pour la simple raison que l'infirmerie était vide. Ça ne signifiait qu'une seule chose: Shera était dans l'autre partie de l'aile médicale.
"Je déteste cet endroit" grommela Cid en poussant la porte du fond du couloir "She'? Shiera?"
"Je suis là!" répondit la voix de Shera.
Cid jeta un petit coup d'œil à la table d'autopsie au fond de la pièce. Propre, pas de corps dessus. Il ne s'habituait pas à trouver Shera penchée sur un cadavre de squame, du sang jusqu'aux coudes.
Heureusement, cette fois, Shera était assise à son bureau, en train de lire des résultats au milieu d'un océan de papier étalé partout sur sa table.
"Thé?" proposa-t-il en posant la tasse sur un coin libre du bureau. "On croirait ma moitié de chambre, comment tu t'y retrouves?"
"Merci" fit Shera en s'appropriant aussitôt le récipient, humant les arômes.
"Tu trouves des choses intéressantes?"
"Intéressantes, oui. Terrifiantes, encore plus."
"Je suis pas sûr de vouloir savoir…"
"Et pourtant, tu es dans mon labo avec une tasse de thé burmécien" Shera huma soigneusement les vapeurs de la boisson, analysant la composition aussi sûrement qu'avec un kit chimie, "de ta réserve personnelle. Qu'est ce que tu veux?" acheva-t-elle en lui jetant un petit regard soupçonneux par-dessus ses lunettes.
"Est-ce que Vincent s'intéresse à tes recherches?"
Shera dégusta une gorgée de thé tout en réfléchissant, le regard perdu dans le vide.
"Hm. non." finit-t-elle par répondre. "Il ne vient pas ici en fait."
"C'est peut-être tant mieux."
Shera s'appuya sur le dossier de sa chaise, jetant un regard suspicieux à Cid.
"Ho, je connais ce regard… Qu'est ce qui se passe?"
"Je crois qu'il nous cache des trucs."
"Tu crois seulement?"
"Tu sais quelque chose?"
"Non. Mais une mutation comme la sienne, ce n'est pas courant. Je sais, j'ai cherché."
"Et?"
"Et bien, je n'ai rien trouvé."
Cid soupira avant que Shera n'achève sa phrase.
"Rien de naturel en tout cas."
"Comment ça?"
Le regard de Shera glissa vers la seconde porte du bureau, derrière laquelle se trouvait leur unité d'incinération et les stockages réfrigérés dans lesquelles Shera conservait les échantillons les plus importants. Cid suivit son regard et frissonna de dégoût.
"Hein? Tu crois qu'il…"
"Dans les débuts du programme SOLDAT, quand Hojo le dirigeait encore, il y a eu des mutations spontanées de ce type. Aucune assez stable pour assurer la survie des SOLDATS, ceci dit."
"Ho... les makonoïdes?"
"Entre autres. J'ai fait une demande pour une copie des dossiers, mais tu sais comment ils sont à la Shinra avec leurs informations."
"Pingre comme un dragon sur son magot"
"Dès que j'ai du neuf, je te dis. Mais pourquoi tu te méfies tout d'un coup? Je croyais que vous vous entendiez bien?"
"Il s'est entraîné pendant une demi-heure avec Zack. Il a réussi à l'essouffler. Et à le foutre par terre, je ne sais pas combien de fois."
"Ho. SOLDAT tu penses?"
"Pourquoi prétendre être Turk, alors? Ça n'a aucun sens. Je ne comprends pas."
Shera admit que la situation était étrange et savoura une gorgée de son thé. Cid en faisait rarement, gardant sa réserve avec jalousie depuis que les relations commerciales s'étaient fragilisées entre Midgar et Burmécia. C'était dommage, elle n'avait pas gardé que des bons souvenirs de Burmécia, mais leur thé faisait partie des meilleurs.
Avec Cid.
Et Freya.
"Dommage que tu ne l'aimes pas"
"Pourquoi? Tu comptes l'épouser et je devrais le supporter le reste de ta vie?" plaisanta Cid.
"Ce n'est pas mon type d'homme. Par contre, c'est le tiens."
Cid laissa échapper un soupir retentissant en levant les yeux au ciel.
"Raaah Shiera," geignit-il, son accent Burmécien revenant à tire d'ailes.
"Écoute, grand, brun, stoïque, sera probablement bien fichu quand il se sera enfin remplumé."
"Je croyais que ce n'était pas ton type d'homme?"
"Je préfère les miens un peu plus intellectuels, merci. Ça ne m'empêche pas d'admirer la vue."
"Pour ce qu'i voir."
"Ha, tu vois, tu as regardé."
Cid lui jeta un regard noir.
"Rend-moi ce thé," fit il en faisant mine de prendre la tasse.
"Nooon, tu me l'as donné" Protesta Shera en sautant sur ses pieds, s'enfuyant vers la table d'autopsie, "reprendre c'est voler!"
"Rend-le, vipère."
"J'ai craché dedans!"
"Ah, Shiera, c'est dégoûtant!"


"Gast"
Le scientifique, plongé dans la contemplation de la ville en bas de sa fenêtre, fit un bond sur son siège et se retourna précipitamment, cherchant qui l'avait...
"Vincent!"
Évidemment.
C'était une mauvaise habitude que le Turk avait toujours eu, de marcher aussi silencieusement qu'un chat. Il en avait un peu abusé du temps du Manoir, guettant le moment où il pourrait faire sursauter ses protégés le plus facilement.
Quand il était encore d'humeur à plaisanter.
Avant Lucrecia...
"Désolé… Ta secrétaire m'a dit d'entrer. Tu voulais me parler?"
"C'est EXACTEMENT pour ÇA que je dois te parler" rétorqua le scientifique en pointant un doigt accusateur vers Vincent, remettant ses lunettes d'aplomb.
Vincent resta quelques secondes décontenancé de se faire réprimander avant d'approcher, prenant un siège en face du professeur qui s'asseyait.
"Que se passe t-il?"
"Il se passe que le Directeur Tuesti et le Lieutenant Wallace sont un beau duo de paranoïaques et commencent à se douter que tu leur cache deux ou trois choses."
"Ils ont l'air de se méfier de moi, en effet."
"J'aurais peut-être dû te parler un peu plus des membres d'Avalanche avant de te laisser y aller."
"Gast. Je suis désolé de d'apprendre ça, mais tu ferais un très mauvais Turk."
"Est-ce que c'était du sarcasme, Monsieur Valentine?" demanda Gast en le regardant par-dessus ses lunettes.
"Juste de l'honnêteté intellectuelle."
Là, c'était probablement du sarcasme. En tout cas, ça ressemblait à celui que Vincent avait abondamment utilisé dans l'année pendant laquelle ils avaient vécus au manoir avec Lucrecia et Hojo.
Depuis le retour de Vincent, le vieux professeur s'était souvent demandé ce qu'aurait pu être sa vie si le Turk était revenu vivant de Nibelheim.
Est-ce qu'il aurait été une bonne (ou plus probablement, très mauvaise) influence sur Aérith?
Est-ce qu'il les aurait aidés à fuir Midgar, Ifalna et lui?
Est-ce qu'il aurait pu aider l'enfant de Lucrecia?
Et au lieu de ça, son ami avait subi les horreurs d'Hojo, certaines que Gast n'osait deviner, et était resté enfermé dans ce cercueil au fond de la crypte, pendant trente longues années. Gast finit par soupirer et se redressa, détournant le regard.
"A la fondation d'Avalanche… il y avait une autre équipe de démineurs qui travaillait avec le Capitaine Highwind. Des employés de la Shinra, hautement qualifiés et très compétents. Shinra les avait imposés à la création de la cellule et… à l'époque Tuesti tentait encore de ménager le chocobo et le gysahl 1 . Il avait accepté."
Gast releva les yeux avec un petit sourire dépité.
"L'un d'eux a été surpris à tenter de faire des prélèvements sanguins sur Cloud. Fort heureusement, c'est Miss Lockhart qui l'a repéré, et pas son frère. Elle lui a quand même brisé les deux mains avant de le jeter dehors."
"C'est en effet quelque chose que j'aurais aimé savoir avant."
"Les scientifiques de la Shinra sont engagés pour leur cerveau, pas pour leur bon sens" déclara Gast en retirant ses lunettes pour se frotter les yeux. "Je suis désolé. J'aurais dû t'en parler avant."
"Qui est… Miss Lockhart?"
"Oh misère, oui, j'ai aussi oublié de te parler d'elle. Tifa Lockhart. Une amie d'enfance des frères Strife. Elle est morte dans la destruction du secteur 7, à peu près au moment où je t'ai trouvé à Nibelheim."
Vérité pour vérité, autant tout dire.
"Séphiroth l'a tuée."
Il avait retrouvé sa fille en larmes ce jour-là. Il ne l'avait pas vue pleurer depuis si longtemps, même quand étant enfant, elle ne pleurait pas beaucoup. Mais ce jour-là...
Il la revoyait, assise sur le banc de leur entrée, encore couverte de cendre et de sang, à pleurer les morts du secteur 7 et surtout, celle qui était devenue son amie. Celle qu'elle appelait sa belle-sœur, moitié par jeu, moitié parce qu'elle sentait qu'un jour ou l'autre, ce serait vrai.
"Pauvre fille." déclara Vincent.
"Ça a dévasté Cloud. Ce pauvre garçon commençait à remonter la pente quand… Enfin… Toujours est-il que… Tuesti est le seul membre de la Shinra auquel Avalanche fait confiance. Et le Président faisant tout ce qu'il peut pour remettre la main sur eux, ils sont tous très protecteurs les uns des autres. Tout à l'heure, Tuesti et le Lieutenant Wallace sont venus m'interroger à ton sujet. Et laisse-moi te dire que je pensais que les Turks avaient plus de bon sens que les scientifiques!"
Le Vincent d'avant aurait été proprement scandalisé par ce genre d'implication. Les Turks n'étaient absolument pas engagés pour leur bon sens. Ça, c'était le rôle du chef des Turks.
"Comment ça?"
"Tu t'es battu avec Isack?
Il fallut quelques secondes à Vincent pour se souvenir de qui parlait Gast. Ah. Oui. Zack.
"C'était un match amical, pour l'entraînement."
"C'est une des choses qui leur a mis la puce à l'oreille! Tu t'es battu.."
"Entraîné" corrigea Vincent.
"A armes égales avec un des hommes les plus forts de Midgar! Et arrête de jouer avec les mots! J'essaye de te faire des remontrances, pas de remplir des mots croisés!"
"Ils savent que je suis un Turk. Je suis très capable de me battre contre un SOLDAT et...
"Il n'est PAS un… enfin, pas officiellement" amenda Gast avec un soupir.
"Gast," soupira Vincent. "Je pense que tu aurais dû m'en dire beaucoup, beaucoup plus sur Avalanche et ce, dès le début."
Le vieux professeur hocha la tête, d'un air las. Vincent tenta de se remémorer ce que son ami lui avait dit lors de leurs sessions de rattrapage historique quand il était encore à l'hôpital.
"Tu m'as dit que les jumeaux Strife ont subi des expériences d'Hojo?"
"Oui. Pendant cinq ans…"
Ça expliquait beaucoup de choses. Les médicaments. La force phénoménale. Le manque de formation technique au combat.
"Isack... Isack était le spécimen témoin de l'expérience d'Hojo. Il a profité qu'il avait des jumeaux à portée de main pour faire des études comparatives. Isack n'a été qu'augmenté selon le protocole SOLDAT."
"Que" répéta Vincent d'un ton neutre.
"Je ne suis pas sûr de ce qu'il a fait subir à Cloud. Je n'ai rien réussi à trouver dans les dossiers de la Shinra, aucun protocole qui expliquerait l'état de Cloud. Soit Hojo a détruit ses recherches, soit il les a emmenées avec lui."
"Hojo? Détruire ses recherches?" rétorqua Vincent d'un ton dubitatif.
"Je sais, hautement improbable."
Vincent secoua la tête. Déjà à l'époque, Hojo avait été jaloux des autres scientifiques et protégeait férocement ses recherches, préférant travailler seul que de se faire aider et devoir partager le mérite de ses découvertes.
"J'aurais dû être plus prudent."
"Avec des 'si', on met Alexander en bouteille" déclara philosophiquement Gast en s'appuyant sur son siège. "Le Directeur Tuesti m'a donné deux heures pour voir avec toi ce que tu voulais que je leur dise."
"Leur dire?"
"D'où tu viens. Qui tu es. Comment tu arrives à faire mordre la poussière à mon futur beau-fils."
"Qu'est-ce que je dois faire selon toi?" demanda Vincent.
"Tu peux quitter Avalanche et rejoindre les Turks. Tseng sera ravi de t'avoir parmi ses hommes, ils ont perdu beaucoup de recrues ces dernières années. Tu seras même plus proche de la Shinra pour fouiller dans les zones d'ombre."
"Ou je peux rester à Avalanche."
"Et il faudra que tu sois honnête avec eux. Contrairement à Shinra, la loyauté chez Avalanche est à double sens. Si tu leur est loyal, ils te le seront. Mais avec des caractères aussi entiers que les leurs, il n'y aura pas de demi-mesure."
Le PHS de Vincent sonna.
L'alarme aussi.
"Allo?"
Valentine! retentit la voix de Barret dans le haut parleur Alerte au secteur 3, des squames ont été repérées sur la plaque. Tu es où?
"Tour Shinra" répondit Vincent en se levant, se précipitant vers la fenêtre.
Effectivement, il voyait une colonne de fumée s'élever dans le secteur 3. Il entendit Gast le suivre et pousser une exclamation dans son dos.
File à l'héliport de la tour, les Turks y seront, ils t'emmèneront au lieu de l'alerte, Jessie va les briefer.
"J'arrive. Désolé Gast."
"Vas-y, vas-y. Et Vincent! Veille sur Aérith!"
"Promis."


"Il arrive le traître, oui?"
"Reno" grommela Rude, assis à la place du pilote à côté du roux.
"Quoi? Je comprends pas que Tseng le laisse rester à Avalanche au lieu de le recruter, tu as vu ses scores au tir? Il a explosé le record précédent de…"
"Vingt points," acheva Vincent en se glissant à l'arrière, près d'une très jeune Turk aux cheveux blond.
"Valentine," le salua Rude alors que Reno faisait un bond sur son siège.
"Qu'est-ce qu'on a?" Demanda Vincent en attachant sa ceinture comme l'hélicoptère décollait.
"Trois, peut-être quatre créatures. Au moins deux sont des makonoïdes. Les SOLDATS les ont rabattu vers un bâtiment vide et les empêchent de sortir" répondit la jeune fille blonde en lui tendant un fusil de sniper. "L'un d'eux est au sommet du bâtiment et tire sur tout ce qui bouge. Il est à détruire en priorité"
"Makonoïdes?" répéta Vincent en préparant l'arme, vérifiant les munitions.
"Mais tu sors d'où?" s'exclama Reno en se tournant vers lui. "makonoïdes! Les humains sur-infusés de makos! Ils pètent un câble et sortent déformés et..."
Vincent plissa les yeux en réfléchissant.
"Les échecs du SOLDAT?"
"Hm" répondit Rude "ils sont considérés comme ceux d"Hojo maintenant"
Vincent se contenta d'un petit reniflement dédaigneux en guise de réponse.
"On arrive."
"En même temps qu'Avalanche" renchérit Reno en regardant la rue en bas.
Vincent l'imita. Le bâtiment visé avait été encerclé d'un cordon de sécurité, gardé par des SOLDATS, mais il pouvait voir l'ambulance et les fourgons d'Avalanche à côté. Une boule de feu leur descendit dessus avec un vrombissement, dispersée in extremis par un bouclier magique au centre duquel se tenait un quadrupède rouge. Vincent releva les yeux vers le sommet de la tour, avisant une silhouette humanoïde d'un gris verdâtre glauque. Juché au bord du toit, il lançait des boules de feu sans même sembler devoir incanter.
"Déposez moi sur l'immeuble d'en face et essayez d'attirer son attention en repartant!"
"Compris" répondit Rude en manœuvrant.
"Elena, prépare un bouclier magique dès qu'on l'a posé!"
"Compris Reno!"
Vincent ouvrit la porte de l'hélicoptère et déboucla sa ceinture, sautant sur le toit dès qu'il fut à portée. Il atterrit d'une roulade et s'assura d'un coup d'œil que les Turks…
"PRENDS CA! RÉSIDU DE FAUSSE COUCHE STELLAIRE 2" Lança la voix de Reno alors qu'un de ses sorts de foudre traversait les airs.
"Reno!" Protesta la voix d'Elena.
Il y avait peut-être quelque chose qui avait changé à Midgar en trente ans.
Les méthodes des Turks en tout cas.
Toutefois, cette méthode suffit à attirer l'attention du makonoïde qui esquiva le sort volontairement lent du rouquin et se redressa, s'attaquant cette fois à l'hélicoptère.
Vincent s'agenouilla, visa soigneusement et tira.
La tête du makonoïde explosa proprement.
"Hum" fit Vincent, impressionné, alors que les cris de victoire de Reno retentissaient par la porte restée ouverte de l'hélicoptère.
Le recul avait toutefois été aussi impressionnant que le résultat et Vincent baissa l'arme, massant son épaule.
S'il n'avait pas au moins la clavicule cassée avec ça.
Il sentit un clac en remettant l'os à sa place. Ha non. C'était juste déplacé. Heureusement, c'était sur son bras mutant, il guérirait vite.


"Elena, tu lui as pas donné l'armure amortissante pour le recul?" s'étonna Reno en le voyant faire de loin.
"Haaaaa!" s'exclama Elena en avisant la dite pièce d'armure, posée à ses pieds.
"Il s'est pas fait arracher le bras?" s'étonna Rude.
"Même pas, on dirait qu'il a tiré au pistolet à eau pour ce que ça lui a fait."


Vincent se pencha au bord du toit, observant Avalanche s'engouffrer dans le bâtiment en formation, d'abord les jumeaux, puis Barret et Cid, et enfin Aérith, entourée par Yuffie et Red. Il fallait qu'il les rejoigne. Par où…
"VALENTINE" Hurla Reno "A ta gauche!"
Vincent se tourna vivement au cri du Turk, redressant son fusil dans la direction qu'il lui indiquait.
Un squame achevait d'escalader le toit dans sa direction, semblable à un grand félin au dos musclé, au dos hérissé d'une rangée de pointes acérées et à la tête de fauve entourée d'une crinière rouge. La créature rugit et se ramassa pour bondir sur le sniper. Vincent épaula le fusil, mais la douleur dans son bras lui fit perdre quelques secondes pour viser et le second tir lui déboita de nouveau l'épaule, lui arrachant un grognement de douleur. Il rata la créature d'un cheveu, tenta de s'écarter du chemin du monstre et lui assena un coup de crosse sur le museau du bras droit.
Ca n'eut aucune autre effet que d'agacer la créature qui le saisit entre ses mâchoires par le bras mutant et l'entraîna vers la ruelle en bas, évitant les balles d'Elena.
"Merde, on a laissé le nouveau d'Avalanche se faire tuer" gémit Reno "Tseng va nous massacrer."
"Rude, pose toi!" demanda Elena.
"Je peux pas me mettre dans la rue, pas de place" répondit le pilote en manœuvrant aussi vite que possible pour se rapprocher du toit "Descendez par l'échelle de secours. Je préviens les SOLDATS".
Elena et Reno sautèrent de l'hélicoptère, leurs armes à la main et se précipitèrent vers le bord du toit. Ils ne l'avaient pas atteint qu'une forme noire et rouge passa remonta sous leur nez avec un claquement d'ailes, avant de se précipiter sur le bâtiment assiégé, disparaissant par une fenêtre dans un grand bruit de verre brisé.
"Rude! Préviens Avalanche qu'ils ont un squame de plus!" lança Reno par-dessus son épaule.
"Je vois un corps en bas!" S'exclama Elena en attrapant les barreaux de l'échelle de secours, descendant rapidement
Les deux Turks dévalèrent l'échelle pour toucher le sol, vite rejoint par un petit détachement de SOLDAT 3ème classe, obliquant tous vers le corps au fond de la ruelle.
"C'est… pas Valentine, ça" nota Reno en arrivant devant.
Éclairé par les torches des SOLDATS, il pouvait voir le squame félin étendu contre le mur, son arrière train presque aplati comme un animal écrasé au bord de la route. Il avait quasiment explosé sous la pression, projetant des gerbes de sang sur le sol et les murs.
Celui qui avait fait ça ne s'était pas arrêté là. La tête du monstre était aussi dévissée à cent-quatre vingt degrés, ses yeux morts louchant sur une de ses épines dorsales.
Le fusil était par terre, lui aussi tordu et aplatit.
Mais de l'ancien Turk, aucune trace.
"Vous avez utilisé un sort de gravité?" s'enquit un des SOLDATS.
"Nope" répondit Reno avant de se tourner légèrement vers Elena. "Dis moi, la nouvelle…"
"Oui, Reno?" répondit Elena d'un ton agacé.
"Si le squame est là… C'était quoi le truc qui nous est passé sous le nez?"
"Et où est Valentine?" acheva Elena.


"Comment ça: ils ont perdu Vincent?" s'exclama Barret aussi fort qu'il osa se le permettre dans un bâtiment avec des squames en vadrouille.
L'équipe d'Avalanche était rassemblés dans le hall du bâtiment, un petit immeuble de bureaux et avait consciencieusement bloqué les sorties pour empêcher les squames de s'enfuir, quand Jessie les avait contactés en urgence pour leur annoncer les derniers évènements.
Je sais pas comment ils ont fait répondit Jessie par l'intermédiaire de leur module de communication, ils disent qu'il a été attaqué par un squame et qu'ils ont retrouvé le squame mais pas Vincent.
"Comment peut-on perdre un homme adulte de presque deux mètres?" demanda Cid, la main sur le ceinturon de Cloud pour l'empêcher de partir seul au combat.
"Ils ont vérifié l'estomac du squame?" demanda Yuffie.
"Yuffie" souffla Red, scandalisé.
"Quoi? Si c'est un grand..."
Reno dit aussi qu'ils ont vu un autre squame entrer dans le bâtiment. Quelque chose de noir et rouge et d'ailé.
Barret inspira profondément, essayant de se calmer et évaluer la situation. Deux squames morts. Il en restait un ou deux encore dans le bâtiment. Peut-être même un troisième. Pourquoi ça n'était jamais simple?
"Ton invention pour scanner les bâtiments, elle sera au point quand, Jessie?" grommela- t-il.
je m'y remet dès ce soir, promit leur opératrice.
"On passe le bâtiment au peigne fin. Zack, au premier rang, Cid, reste avec Cloud. Yuffie, avec moi, tu tires sur ce que je tire, rien d'autre."
"Oui, Barret"
"Red, tu restes avec Aérith, surveillez nos arrières"
"Oui!"
L'exploration du rez-de-chaussé ne donna rien. Pas de trace de monstre ni de Vincent. Toutefois, en approchant de l'escalier, Zack, Cloud et Red levèrent tous les trois le nez, aux aguets.
"Qu'est-ce qu'il y a?"murmura Cid à Cloud.
"Des pas. Quelqu'un court" répondit le blond.
"Reste avec moi" ordonna Cid en resserrant sa prise sur le ceinturon du blond.
C'était assez mauvais signe quand Cloud commençait à parler. Ça signifiait en général qu'il était attentif à ce qui se passait autour de lui. Et que le premier squame venu allait déguster.
Barret fit signe à Zack de monter vérifier l'escalier, ce que le brun fit volontiers, son épée à la main, suivi du regard par son frère.
Zack resta accroupi sur la dernière marche, jetant un petit coup d'oeil dans le couloir de gauche, puis de droite, avant de faire signe au reste de l'équipe de venir. Ils venaient tous à nouveau de se rassembler quand un makonoïde traversa soudain le couloir de gauche, passant d'une pièce à l'autre. Zack fut aussitôt à sa poursuite, imité par Cloud.
"Zack, non!" l'appela Barret.
Le brun stoppa aussitôt, obéissant à l'ordre, mais son frère, dans son élan, le dépassa, prenant appui sur la lame de Zack pour sauter par-dessus et s'engouffrer dans la pièce où s'était réfugié le makonoïde.
"Mais c'est pas vrai! Cid!"
"Installez une poignée sur ce putain de ceinturon si vous voulez que j'arrive à le tenir!" Répliqua Cid.
"Reste avec Aérith et Red!"ordonna Barret en s'élançant à son tour " Zack, ne lâche pas ton frère. Yuffie, on couvre les jumeaux!"
Les trois bruns partirent à la poursuite de Cloud et sa proie, laissant Cid avec la guérisseuse et leur mage.
"Tu crois que… Vincent est mort?" demanda Red à Aérith.
La jeune fille resserra les mains sur son bâton, jetant des regards inquiets vers la porte où leurs amis avaient disparu et d'où s'élevait des bruits de combats. C'était dans ces situations qu'elle regrettait encore plus la présence de Tifa. Pendant les assauts, la jeune femme s'était auto désignée protectrice d'Aérith et était souvent restée dos à dos avec elle, la protégeant des attaques pendant que Zack et Cloud moissonnaient les squames autour d'elles.
"Non… je… je crois qu'il va bien" finit elle par déclarer "il ne doit pas être loin."
Cid lui jeta un petit coup d'œil tout en surveillant le couloir.
"Une de tes intuitions encore?" demanda-t-il.
"Oui, il est…"
Elle eut un haut le cœur quand une tentacule traversa la jambe de Cid par derrière. Le pilote n'eut pas le temps de pousser un cri que le makonoïde derrière lui le traînait déjà au sol, le ramenant plus proche de lui. Cid tomba au sol, tenta de retourner sa lance pour se défendre mais, gêné par l'étroitesse du couloir, ne put empêcher la créature de l'emporter. Red bondit en avant et préparait un sort de feu quand l'ombre derrière le squame sembla s'animer.
Une grande main noire saisit le squame par le crâne puis, sans effort apparent, l'enfonça dans le mur du couloir, propulsant du plâtre et autres débris sur les trois équipiers médusés. Le squame tenta de se dégager en hurlant et il reçut, pour sa peine, une seconde incrustation, dans le mur en face cette fois.
Et comme il osait se débattre encore une fois, bien que plus faiblement, ce fut dans le sol, près de Cid, que son adversaire l'écrasa, faisant éclater le bois du plancher. Puis, le retenant d'un pied griffus dans le dos, la créature noire posa un de ses immenses mains sur le dos du makonoïde. Une sphère noire se forma en sifflant sous ses doigts, compressant la gravité jusqu'à…
Aérith ferma les yeux avant que le crâne du makonoïde n'explose, mais ça ne l'épargna pas du bruit de son agonie.
Quant à Cid, il était en première ligne pour se retrouver aspergé de résidus de squame, mais eut le réflexe de garder la bouche fermée.
Il y avait des choses qu'on n'apprenait qu'à Avalanche.
"Ew" murmura Red.
Toujours allongé au sol à plat ventre, Cid se dévissa le cou pour voir qui, ou ce qui l'avait sauvé.
Il leva longtemps les yeux.
La créature était humanoïde, comme les makonoïdes.
Enfin, non.
Ses proportions étaient humaines, bien que visiblement amaigrie, et elle avait bien deux jambes, terminées par des espèces de griffes ou de serres, ainsi que deux bras, dont le gauche pendait mollement, mais là s'arrêtaient les ressemblances avec les makonoïdes.
Déjà, elle était beaucoup plus grande qu'eux. Debout, elle devait pencher la tête pour ne pas toucher le plafond de ses cornes noires.
Elle avait une peau couverte par endroits de larges écailles noires, sauf le ventre et l'intérieur des bras et des jambes, rouge vif.
Et elle avait une queue, nota Cid en remontant le regard.
Heu.
Il.
Cid remonta plus vite le regard.
Ensuite il avait des ailes. D'immenses ailes de chauve-souris à la peau délicatement ouvragée, noires sauf l'intérieur, lui aussi rouge sang.
Les makonoïdes avaient beaucoup de choses en trop, souvent de manière aléatoire, mais jamais d'ailes. Des cornes, oui, des crocs, trop, des tentacules, malheureusement, mais des ailes, jamais.
Et à bien y regarder, le visage grimaçant n'en était pas un. C'était un masque.
Un masque au faciès grimaçant, les lèvres étirées sur un sourire aux crocs acérés, au menton pointu comme une tête de lance et de la même couleur que la peau de la créature.
Et ça, les makonoïdes n'en avaient jamais.
L'être devant Cid se pencha, tendant la main droite vers lui.
Cid se retourna avec un sursaut, laissant échapper un cri de douleur quand il bougea sa jambe. La tentacule y était toujours plantée, réalisa-t-il en retenant un juron.
La créature s'immobilisa, regardant sa propre main, penchant la tête sur le côté, comme surpris.
Il regarda alternativement sa main, Cid, puis les deux mages natifs devant lui.
Puis il s'accroupit, lentement, sans geste brusque, la main tendue en signe de paix. Accroupi, il restait presque aussi grand qu'Aérith debout et la jeune fille se détendit légèrement, baissant son arme.
Cid aimait beaucoup la jeune fille, même s'il ne l'aurait probablement jamais admit à voix haute sans être complètement rond, mais il trouvait qu'elle avait parfois l'instinct de survie d'un bébé mog nourrit à la barbapapa.
"Aérith… Red… reculez lentement" ordonna Cid à voix basse, tâtonnant pour reprendre sa lance.
La créature fit signe que non, baissant les yeux vers Cid.
Merde.
Il les comprenait.
Il avait des yeux rouges, remarqua Cid quand la créature se tourna vers lui.
Toujours sans geste brusque, la créature leva la main et tira sur son masque, dévoilant son visage.
"Ha" fit Cid.


1 La chèvre et le chou, quoi. Oui, c'est pourri, laissez moi m'amuser avec des références à la con.
2 Ceci est le petit surnom affectueux que je réserve habituellement à Jenova. Je me suis dit que c'était le genre de poésie qu'un natif de Midgar comme Reno saurait déclamer.