Résumé :
Après la mort d'Ultimécia, Avalanche commence à réaliser qu'ils sont peut-être un peu dépassés par la situation.
Si Hojo s'est allié à une Sorcière, il en a peut-être d'autres sous le coude.
Et leur seul recours dans cette situation est la ville rivale de Midgar, la mégalopole technologique d'Esthar.
Il va falloir gérer la situation avec doigté et diplomatie.
Reeve en a mal au crâne d'avance.
Personnages :
Squall, Laguna, Kiros, Ward (FF8) Rufus Shinra, Umbra (FF7)
Tags spécifique à ce chapitre :
Body horror, (c'est quoi le tag en français ? ), personnage en situation de handicap, langue des signes, passé de personnage réinventé, sniffage de matéria, ne faites pas ça chez vous les enfants Zack est un professionnel, Reeve a fait une liste de règles de vie à Seventh Heaven, il la met à jour fréquemment, mais personne ne l'écoute, cross-over intensifies, différenciation culturelle, freestyle sur la culture de Wutai inspirée par le japon, freestyle complet sur la culture d'Esthar, parce que de toute façon on a quasiment rien à ce sujet dans le jeu d'origine, DIRGE OF CERBERUS N'EXISTE PAS,politique interne de la Shinra.
"Je n'aime pas la foudre," déclara Cloud ce matin-là, quand son frère vint le chercher à l'infirmerie.
"Tu aimes la foudre," rétorqua Zack en l'entrainant hors de la pièce.
"J'aime l'envoyer sur des squames. Pas la recevoir."
"Bon pour le service, Vincent. Dis-moi si jamais tu as des difficultés à respirer, mais je ne sens pas de fractures, ni de fêlures" déclara Aérith en se levant.
"Cloud a l'air en forme, ce matin," nota Vincent en remettant sa chemise.
"Oui, Papa a prescrit un nouveau dosage," répondit Aérith en remplissant le dossier médical de Vincent, "ça a l'air de lui faire du bien. Et puis, se prendre un sort de foudre a tendance à lui donner un coup de fouet."
Un coup de fouet.
Vincent avait vu ce type de sort en action, ça aurait pu tuer un combattant non augmenté. Et Cloud s'en était sorti en vacillant à peine.
Et avec quelques tics nerveux qui s'étaient estompés dans la soirée.
Mais effectivement, le blond semblait plus présent aujourd'hui et ses éclairs de lucidité[1] se faisaient plus fréquents. Vincent l'avait surpris à plusieurs reprises à caresser Cait qui n'était que trop content d'avoir une nouvelle personne dévouée à le vénérer.
Chaton[2] qui vint d'ailleurs accueillir son maître avec un miaulement indigné de ne pas avoir pu squatter son lit cette nuit.
"Il a dormi avec moi," déclara Yuffie en l'attrapant avec sa douceur habituelle. "Cid le voulait pas dans votre chambre."
"S'il dormait au lieu de miauler toute la nuit, il pourrait rester," grommela Cid en tendant une tasse de café à Vincent.
"Merci."
"Ne mangez pas" intervint Jessie en entrant dans la pièce principale avec sa tablette, on commence le briefing pour hier et les photos sont beurk."
"Dans le bureau ? " demanda Vincent alors que Reeve laissait échapper un petit rire désabusé avant de chantonner les mots 'carte postale'.
"Réunion générale dans la pièce de vie," corrigea Shera en entrant.
"C'est rare quand on a tous droit à la réunion," s'étonna Wedge.
"Si vous êtes sage, vous serez invités aux suivantes," rétorqua Reeve, en se servant une tasse de café.
Il avait eu droit à moitié de plaintes de parents concernant la gestion de la crise, moitié des remerciements d'autres parents sur cette même gestion de crise, le président Shinra qui l'avait "félicité" à sa manière et il ne comptait pas les mails auxquels il n'avait pas encore fini de répondre.
Il avait aussi eu un message des deux fondateurs de la MGU qui l'avaient assuré de leur support et avaient discrètement réussi à leur envoyer des corps de squames pour Shera.
Il n'avait même pas eu à demander.
Ça faisait du bien de se sentir un peu soutenu.
"Et on a des nouveaux squames à décortiquer," ajouta Jessie en connectant la télévision à sa tablette PHS.
"Métaphoriquement," précisa Shera, "littéralement, c'est mon boulot."
Tout le monde s'installa dans la pièce de vie, ou du moins, comme ils pouvaient. Les chaises furent vite prises d'assaut, le canapé occupé par le trio de Jessie, Wedge et Biggs et Vincent resta debout, s'appuyant contre le mur, imité par Zack et Cloud qui s'accroupit, immédiatement rejoint par Red venu s'appuyer de l'épaule contre le blond.
"Qu'est-ce que tu as trouvé ? " demanda Vincent.
Leur légiste posa les trois dossiers qu'elle tenait sur la table, laissant ses collègues les feuilleter.
"Les Bienheureux, rien de neuf. De la réanimation très classique, des plaies soignées un minimum pour qu'ils soient discrets. Pas d'augmentation quelconque. En revanche, l'Al Bhed… Jessie ? "
"Présentation : Nos nouveaux copains ! Diapo Al Bhed ! " lança Jessie en faisant un rapide geste sur son écran.
Une image de scanner s'afficha sur la télévision. Une grande partie d'Avalanche grimaça pendant que Shera approchait de l'écran.
"Qu'est-ce qu'il a dans le cerveau ? " demanda Barret.
"Des sondes, dotées d'échardes de matéria. J'essaye de les identifier, mais elles sont tellement fines que les analyseurs ont du mal."
Le museau de Red apparut au-dessus de la table.
"Je peux essayer ? "
"Tu saurais ? "
"Si je connais le type de matéria, je devrais reconnaître son odeur," répondit le fauve.
"Je vais te les chercher," déclara Shera en s'excusant.
"Ça a une odeur une matéria ? " s'étonna Cid.
"Je reviens, je vais sniffer une verte" intervint Zack en sortant à son tour.
Reeve soupira mais Shera et Zack furent tout deux rapidement de retour, la biologiste tendant à Red une bassine en inox dans laquelle scintillaient de fines baguettes jaunes.
"Je les ai nettoyées, j'espère que l'odeur du produit ne gênera pas," déclara-t-elle en se relevant, à temps pour voir Zack renifler sa matéria. "Est-ce que je veux savoir ? "
"C'est subtil. Cloud, tu en penses quoi ? " demanda Zack en tendant la matéria à son frère.
Lequel pencha la tête vers la bille verte et inspira profondément avant de se redresser en réfléchissant.
"Ça pue."
"Merci, Cloud. Vince ? " demanda Zack en la lui jetant.
"Merci de ne pas lancer des matérias dans la maison," intervint Reeve pendant que Vincent la rattrapait.
Il la renifla par curiosité. Et recommença.
"Alors ? " demanda Zack.
"Ça sent…"
"N'essaye pas d'identifier l'odeur, mais ce qu'elle te rappelle," intervint Red en levant la tête de sa propre identification.
Sauf que cette odeur rappelait à Vincent les campements du soir de son enfance… Ou les veillées autour du feu chez son père…
Ho.
"Feu."
Zack hocha la tête.
"On a un nouveau truc pour se faire payer des bières au bar," déclara-t-il pendant que Vincent la lui renvoyait.
"Qu'est-ce que je viens de dire au sujet du lancer de matéria ? " soupira Reeve.
"C'est une matéria de manipulation, " finit par déclarer Red en se rasseyant.
"Merci, Red."
Shera ramassa la bassine et la posa sur la table, près des dossiers. Cid, assis près d'elle, leva les yeux vers sa sœur.
"Qu'est-ce que ça veut dire ? "
"Ça devrait théoriquement permettre de manipuler quelque chose ou quelqu'un," répondit Reeve.
"Même si la matéria est cassée ? " demanda Yuffie en tirant sur la main de Zack pour essayer à son tour l'identification olfactive.
"Avec un Bienheureux, il ne devrait pas avoir besoin d'une matéria entière," répondit Shera, "ils n'ont plus de volonté propre qui s'y opposerait."
"Mais pourquoi a-t-il fait ça ? " demanda Aérith en regardant le scanner sur l'écran de la TV "ça me semble être une procédure compliquée à mettre en place."
Shera haussa les épaules, incapable de pouvoir répondre.
"Hoooo," intervint Cid, "ho, putain, Aérith, tu as bien dit que l'Al Bhed était connecté au poste de commande de la MGU ? "
"Oui… comme une machine vivante…"
Le pilote se redressa sur sa chaise avec une grimace tandis que Shera commençait à comprendre où voulait en venir son frère, son visage se décomposant.
"Les Al Bhed vont pas aimer. Vous savez ce que c'est la Machina ? "
Personne ne savait.
"C'est ainsi que les Al Bhed nomment leur facilité avec les machines, l'électronique, tout ça, et la raison pour laquelle ils sont tous bannis des casinos de Gold Saucer[3]."
"Si Hojo prend le contrôle de la Machina d'un Al Bhed," commença Reeve, "il peut avoir accès à n'importe quel ordinateur."
Tout le monde regarda les fragments de matéria.
"On n'en parle surtout pas à Gippal," murmura Shera à son frère dans le silence qui suivit.
"J'espère vraiment que ce pauvre type était déjà mort quand Hojo a fait ça," répondit Cid.
"Je crois qu'il ne l'était pas," répondit Aérith.
Tout le monde se tourna vers elle cette fois.
"Que veux-tu dire ? " demanda Vincent.
La guérisseuse leur raconta les derniers instants du bienheureux.
"Et il a dit merci ? "
"Mais les Bienheureux sont morts, tu l'as dit toi-même, ils n'ont plus de fonctions vitales," intervint Shera.
"Leur corps n'a plus de fonctions vitales, leur esprit doit toujours être là," répondit Aérith.
"Ils n'ont pas rejoint la Rivière de la Vie ? " demanda Red.
"En tout cas, celui-ci avait encore une certaine forme de conscience. Il a réussi à suffisamment contrecarrer le contrôle d'Hojo pour nous aider à récupérer la MGU."
"Je n'aime pas ça," murmura Yuffie en se rapprochant de Vincent, s'adossant au mur près de lui, "ça veut dire que les Bienheureux qu'on a tués… Ils étaient encore en vie ? "
"Si on peut appeler ça vivre" déclara Vincent.
La moue de Yuffie s'accentua et elle tendit discrètement la main, attrapant la manche de Vincent entre deux doigts.
"Mauvaise nouvelle numéro un, faite," annonça Jessie. "On en a d'autres ? "
"Diapo mini mage," demanda Shera.
Cette fois, l'image était composée d'une mosaïque de photos.
Des photos de flaques noires.
"Qu'est-ce que c'est ? "
"Ce qui restait des corps quand je les ai reçus," répondit Shera, " et ils ont depuis entièrement disparu."
"Faire une blague sur l'écologie, ça passera pas là, hein ? " demanda Zack.
"Non," répondit Barret.
"Est-ce que c'était des mages noirs ? " demanda Vincent.
"Je serais déjà bien en peine de te dire ce que c'était," répondit Shera, "le peu que j'ai pu analyser n'a pas été concluant. Je n'ai même pas trouvé de cellules ! "
"Tu es celui qui leur a le plus tapé dessus hier, tu peux nous dire quelque chose ? " demanda Barret.
"J'avais l'impression de frapper dans un ballon rempli de magie," répondit Vincent, "ils étaient peu résistant..."
"Pour quelqu'un d'augmenté," précisa Aérith, "je ne sens plus mes bras ce matin."
"Mon ange, je t'aime, mais tu as des biceps en guimauve," déclara Zack.
Tout le monde se tourna vers Cloud quand celui-ci laissa échapper un petit rire. Visiblement, ça allait être une bonne journée pour le blond. Aérith le célébra en leur tirant tous deux la langue.
"La moindre blessure les tue," ajouta Vincent, " mais leurs sorts sont presque instantanés."
"Ils ont tous disparu quand la Sorcière est morte. Ce serait un pouvoir hérité de Hyne ? " demanda Reeve.
"Je ne connais pas grand-chose des pouvoirs des Sorcières," avoua Vincent, " à part les légendes et les rapports des Turks."
"Jessie, note-moi de trouver un spécialiste des Sorcières à interroger," marmonna Reeve.
"Et en parlant de Sorcière…" soupira Shera. "Jessie ? "
"Diapo Sorcière ! " reprit Jessie en changeant l'image.
Quand l'image s'afficha, Barret posa la main sur les yeux de Yuffie et s'assura d'un regard qu'Elmyra n'était pas dans la cuisine et ne risquerait pas de voir l'écran.
"Ça va, je l'ai vue hier ! " protesta Yuffie en se dégageant.
"Madame Kramer est une magicienne redoutable," nota Shera, "sa fournaise a oblitéré une bonne partie du torse d'Ultimécia."
"Est ce qu'elle a pu être identifiée ? " demanda Vincent.
La jeune femme lui jeta un regard las par-dessus ses lunettes.
"L'identification des corps de fait généralement par les fichiers dentaires. Et pour ça, il faudra qu'il reste des dents."
Effectivement, deux balles explosives en pleine tête ne devaient pas avoir aidé leur scientifique à faire son travail.
Il visera le cou la prochaine fois.
"Désolé," s'excusa Vincent.
"Il reste les bras, les jambes, et le bassin. Et une aile qui a été ramassée sur le campus après coup. Comment avez-vous réussi à l'arracher au fait ? "
"Chais pas, j'étais ko," répondit Cloud.
"Heuuuu… Disons que les limites, c'est pratique," précisa Zack.
"Je sous-estime encore ma force avec ma limite," admit Vincent.
"Un jour, il faudra qu'on compare avec celle d'un SOLDAT…"
"Certainement pas" rétorqua le Turk.
Il eut la satisfaction de voir Cloud l'approuver d'un signe de tête. Si même Cloud désapprouvait les idées de son frère, c'est qu'elles n'étaient pas envisageables. Point.
"La mauvaise nouvelle… c'est qu'il y avait des traces d'augmentation mako sur elle," déclara Shera, revenant au sujet avec la délicatesse d'une enclume jetée du toit. "Au moins deux injections."
Le silence qui retomba fut plus lourd encore.
"Donc Hojo et les Sorcières sont bien alliés," soupira Barret.
"Elle aurait pu être une de ses victimes ? " suggéra Red.
"Dans ce cas, c'est presque plus inquiétant. Comment aurait-il pu maîtriser une Sorcière ? " demanda Reeve.
"Ho, je n'avais pas pensé à ça," admit le fauve.
"Avec de la chance, c'était Hojo et LA Sorcière," objecta Yuffie, " elles sont rares maintenant, non ? "
"Adel en a tuées beaucoup dans le passé," nota Vincent, "ce n'est pas impossible. Mais à vérifier."
"On va devoir se rapprocher d'Esthar pour ça," déclara Shera en ramassant ses affaires, "ce sont eux qui se rapprochent le plus de spécialistes concernant les Sorcières."
"Par hasard, personne ne connait quelqu'un à Esthar ? " s'enquit Reeve en se levant.
Les gens que connaissaient Vincent à Esthar étaient déjà morts. Il en était certain vu qu'il en était le plus souvent responsable.
"Bon, et bien, on passe par les canaux officiels. Jessie, contacte l'ambassade et surtout, mets-y les formes."
"Compris ! " s'exclama Jessie en se levant, libérant la place entre Biggs et Wedge.
"Et à partir d'aujourd'hui, vous sortez tous avec vos armes et vos magies. Il va aussi trouver une autre façon de communiquer sans avoir à recourir aux PHS en cas d'alerte, mais en attendant, gardez-les toujours sur vous et chargés au maximum."
"Oui, chef ! "
Le téléphone sonna dans le bureau de Reeve et celui-ci prit un air accablé avant de s'y diriger.
"Reposez-vous aujourd'hui. J'espère qu'on n'aura pas droit à une seconde journée comme ça avant un moment. Reeve Tuesti ? Oui, Directeur Heidegger ? "
Il referma la porte derrière lui et sa voix s'assourdit.
"Qui est de ronde ce matin ? " marmonna Barret en se dirigeant vers le planning.
"Red et Aérith," répondit Shera.
"On se change et on y va," déclara Aérith avant de déposer un petit baiser sur les lèvres de Zack et sortir de la pièce, Red sur les talons.
"Il y a quoi à la TV à part Channel Gore ? " demanda Yuffie en attrapant la télécommande.
"Yuffie," l'appela Vincent.
Elle se tourna vers lui.
"Tes armes. Sors-les."
"Je les ais toutes, même celles que j'utilise peu," déclara Yuffie en entrant dans la chambre de Vincent et Cid, poussant la porte d'un coup de hanche, un sac d'armes dans les bras et son fuma shuriken replié dans la poche arrière de son short.
Elle fut récompensée par la vue de la malle de Vincent ouverte, son aîné fouillant dedans. Piquée par la curiosité et n'ayant jamais vu la fameuse malle ouverte, elle approcha, jetant un coup d'œil dedans. La malle contenait plusieurs boîtes, certaines en bois, d'autres en cartons et Vincent les ouvrait une à une, cherchant quelque chose.
"Tu fais quoi ? "
"Je cherche quelque chose que j'ai rangé il y a plus de trente ans," répondit Vincent en ouvrant une petite boîte de bois laquée. "Ho."
Yuffie regarda dans l'ouverture. La boîte ne contenait qu'un morceau de pierre taillée et gravée d'un nom en wutan, posée sur un vieux carré de tissu plié.
"Ho ! C'est qui ? "
Vincent tourna la tête vers elle avant de répondre.
"Ma mère. Sa tablette funéraire en tout cas," déclara-t-il en reposant la boite, mais sur son lit cette fois.
"Tu l'as laissée enfermée dans la malle ? Malédiction de tes ancêtres" lança Yuffie d'un ton lugubre en faisant un geste du tranchant de la main.
"J'avais oublié qu'elle y était," admit Vincent en contemplant l'intérieur de sa malle.
"Il n'y a personne d'autre ? " demanda Yuffie en transférant son chargement sur un seul bras pour rouvrir la boîte laquée.
"Non," répondit Vincent avant de réfléchir et répéter, "non, je ne crois pas."
Yuffie se redressa, l'air intrigué.
"Tu te souviens plus ? "
Vincent secoua la tête doucement. Une grande partie de ce qui s'était passé à Nibelheim restait flou, même cinq mois après son réveil. Certains souvenirs revenaient. D'autres pas. D'autres au moment le plus inopportun, comme quand Aérith avait proposé de lui couper les cheveux et avait, par mégarde, touché une cicatrice rectiligne à l'arrière de son crâne dont il n'avait pas eu le moindre souvenir avant de sentir ses doigts dessus. Gast ne savait pas si ses problèmes de mémoire étaient liés à cette cicatrice, au traumatisme perpétré par Hojo ou à une autre lésion due à sa stase de trente ans. Et sans la possibilité de mettre Vincent dans un scanner sans qu'il ne commence à paniquer, ça resterait un mystère.
Il en avait oublié la tablette funéraire de sa mère.
Il allait probablement en entendre parler le jour où il rejoindrait la Rivière de la Vie.
"Makoto 'Nii-san ? "
"Ha ? "
"Est-ce que ça va ? " demanda Yuffie dans leur langue maternelle.
"Oui, je… réfléchissais."
"Qu'est-ce que tu cherchais ? "
"Le kit d'entretien de ma mère. Pour ses armes. Je pensais… ha ! "
Il poussa une autre boite et en sortit une plus grande, en bois, qu'il posa près de la boite laquée avant de ranger le reste. Il ouvrit la grande boîte, révélant des shurikens, quelques couteaux et une espèce de poignard dans son fourreau, ainsi que tout le nécessaire pour leur entretien.
"Allons dans la cour," déclara Vincent en se relevant.
"Pourquoi ta mère avait autant d'armes ? " demanda Yuffie dix minutes plus tard, quand ils furent assis sur le porche à l'arrière de Seventh Heaven, leurs armes disposées autour d'eux en rangs ordonnés.
"Elle était chasseuse de prime. Est-ce que ça existe toujours ? "
"Humains ou monstres ? "
"Monstres," répondit Vincent en dégainant le poignard, vérifiant son tranchant.
"Ça revient," expliqua Yuffie. "Ça avait presque disparu il y a vingt ans. Mais après la guerre contre Shinra et l'attaque de Sin, les chasseurs impériaux ont été décimés. Du coup, il y a de nouveaux groupes de chasseurs de primes qui s'organisent."
Vincent posa le poignard et sortit les pierres à aiguiser, écoutant Yuffie parler de leur pays d'origine.
"Oto-Sama hésite à légiférer là-dessus, parce que d'un côté : Y'a des monstres, de l'autre : y'a des gens armés qui se baladent dans la campagne sans surveillance…"
"Et ses sujets entre les deux," acheva Vincent en lui tendant une pierre à aiguiser.
"C'était comme ça avant aussi ? " demanda Yuffie en l'acceptant, prenant son premier shuriken pour l'affuter.
"Ma mère a souvent eu affaire aux chasseurs impériaux. Nous avons parfois dû fuir quand j'étais enfant"
"Ça devait être adorable. Petit Makoto, je veux dire."
Vincent secoua la tête. Adorable n'avait pas été un mot courant pour le décrire enfant. Ronchon, associable, impulsif, têtu, le portrait de sa mère.
Le dernier venant des amis de celles-ci.
"Qu'est-ce qui lui est arrivé ? " reprit Yuffie d'une voix plus hésitante.
"Maladie. Cancer je pense. Elle ne m'a jamais dit."
"Ho."
Il lui montra comment affûter au mieux un shuriken, la laissant répéter soigneusement les gestes.
"Et… et ton père ? "
"Elle me l'a présenté avant de mourir."
"Attends… tu connaissais pas ton père ? " s'exclama Yuffie, les yeux ronds.
"Il n'était pas au courant que j'existais."
Yuffie cligna des yeux et Vincent eut un petit sourire à sa confusion évidente.
"Il était marié. Mais pas à ma mère."
"Ho. Sa femme a dû apprécier…"
Vincent laissa échapper un petit souffle amusé et légèrement sarcastique. Dans ses souvenirs, même pas, il avait même fallu l'entêtement de toutes les épouses de son père pour persuader sa mère de rester.
"Mon père est de Gongaga. Il nous a juste ajouté dans le troupeau de ses enfants et de ses femmes."
Et… c'était il y a cinquante ans… La polygamie n'était déjà plus vraiment traditionnelle quand Vincent avait rejoint les Turks, est-ce que ça existait toujours ?
Il posa la question à Yuffie qui ricana.
"Officiellement ou officieusement ? "
Vincent secoua la tête. Il n'était qu'à moitié étonné. Les Gongagiens avaient l'art de dire oui et de faire non dès que l'autre avait le dos tourné.
Ce qui, pour être complètement honnête, était probablement de là qu'il le tenait.
"On parle de Gongaga, ici ? " demanda Zack en arrivant à son tour. "Qu'est-ce que vous avez à dire sur ce trou ? "
"Zack ! " protesta Yuffie, "Vincent est de là-bas ! "
"Je suis d'accord avec lui," signala Vincent.
"Je te croyais à moitié wutan ? " s'étonna Zack en se penchant vers lui, une canette d'ifrit cola à la main.
"L'autre moitié est de Gongaga," répondit Vincent en prenant le fuma shuriken de Yuffie.
"De quel coin ? "
"Pointe ouest. Sous Cosmo."
Zack réfléchit un moment, les sourcils froncés, avant d'arriver à remettre un nom sur la zone en question.
"Daguerreo ? Encore plus paumé. Y'a que des ruines là-bas."
"Tu connais ? " s'étonna Vincent.
"Cloud et moi on est nés à Gongaga village. On en est parti à dix ans. Toi ? "
"Dix-sept."
"Tu as tenu plus que nous," déclara Cloud.
Zack fit un bond quand son frère apparut près de son épaule et manqua de lui asséner un coup de coude que le blond bloqua d'une main.
"FENRIR ! Cloud ! "
"Désolé."
"Je t'ai fait mal ? " s'inquiéta aussitôt Zack en prenant la main de son frère, vérifiant ses articulations.
"Makoto 'Nii-san ! "
Les frères Strife se tournèrent en direction de la voix de Yuffie. Vincent se tenait dans la cour à cinq mètres de là, Yuffie sur l'épaule et l'arme de la ninja dans l'autre main.
"Je crois" grommela Yuffie en essayant de descendre, "que vous devez TOUS passer au déca ! "
Yuffie et Vincent venait d'achever d'aiguiser les armes de la ninja et avaient tout rangé quand quelqu'un sonna à la sonnerie officielle. Avec un soupir, Zack, Wedge, Biggs et Yuffie tirèrent à pierre-feuille-ciseau avant que la jeune fille soit désignée volontaire pour aller ouvrir.
"Bonjour et bienvenue à Seventh Heaven," commença Yuffie en ouvrant la porte. "On ne mord presque pas et on est vacciné."
Il y avait quatre hommes en civil sur le pas de la porte. Enfin, trois hommes et un adolescent.
"Squall ? Qu'est-ce que tu fiches ici ? " s'exclama Yuffie en reconnaissant son camarade de classe.
Celui-ci roula des yeux mais ne répondit pas, désignant l'homme à ses côtés d'un petit signe de tête.
Yuffie se tourna vers celui-ci pour le dévisager. C'était un homme d'une quarantaine d'années, avec de longs cheveux bruns et des yeux verts mais il ressemblait suffisamment à Squall pour qu'elle devine qui il était.
Si elle ne le savait déjà pas, après presque cinq ans à le voir dans tous les galas internationaux où son père l'avait trainée.
"Ah, kso[4]."
"Bonjour. Laguna Loire. Est-ce que le Directeur Tuesti est ici ? "
Double kso.
"Huuuuuuuuuuuuu. Je vais vous demander de patienter une petite minute, je vous prie," répondit Yuffie en refermant doucement la porte.
Elle se tourna vers ses équipiers qui la fixaient d'un air intrigué, surpris d'entendre leur collègue soudain si polie.
"On a le président Loire sur le pas de la porte et il veut voir Reeve," souffla Yuffie entre ses dents.
Laguna pouffa dans sa main en entendant les bruits venant de l'intérieur de la maison, un mélange de discussions à voix-basse, de jurons, de vaisselle ramassée et de meubles bougés.
"On dirait notre mess le jour d'une inspection surprise," murmura Laguna en se tournant vers ses deux amis derrière lui.
"Papa," ronchonna Squall.
Le plus grand de ses amis, un colosse à la joue barrée d'une cicatrice, leva les mains et fit plusieurs gestes fluides.
/Je t'avais dit de les prévenir d'avance./
/Je ne voulais pas qu'on se fasse voir par Shinra,/ rétorqua Laguna de la même façon.
/C'est Shinra,/ intervint leur troisième ami, un grand homme à la peau sombre et aux longues tresses, /il le saura tôt ou tard./
"Papa, tontons" les coupa Squall avant de montrer la porte d'un signe de tête.
Yuffie venait de rouvrir et les regardait discuter en silence avec un peu d'étonnement.
"Veuillez entrer, s'il vous plaît," déclara-t-elle en s'effaçant.
"Merci."
La petite troupe entra, s'essuyant poliment les pieds, laissant Yuffie fermer la porte derrière eux. La pièce principale avait été rangée frénétiquement, au grand déplaisir de Cait qui boudait depuis que Sith avait été fourré sous le lit de Red. Les tasses et verres avaient été rapidement exilés dans l'évier de la cuisine, lui-même recouvert d'un torchon pour les cacher, tous les magazines rangés et les tables et chaises réordonnées du mieux possible. Shera revint avec Cid qui avait été intimé de remettre des chaussures tandis que Zack essayait de rebrancher la télé, qu'il avait débranché dans sa panique de ne pas trouver la télécommande. Dans la cuisine, Elmyra s'affairait à préparer des boissons pour les invités, aidée par Wedge.
Jessie sortit du bureau de Reeve, en jupe de tailleur, achevant d'enfiler la veste assortie par-dessus son tee shirt rouge 'Midgar, love it or leave it'. Elle se figea en voyant les quatre hommes mais plaqua rapidement un sourire professionnel sur son visage avant de faire signe au président Loire de la suivre.
"Le Directeur Tuesti vous attend, Président, par ici s'il vous plaît."
"Je vous remercie" répondit Laguna en saluant le reste de la pièce d'un signe de tête. "Mesdames, Messieurs."
La télé se ralluma, montra la photo du corps d'Ultimécia et Zack jura, appuyant frénétiquement sur les boutons.
"Merde merde merde ! "
"Zack, tu vas la casser," grommela Barret.
Shera localisa la télécommande et appuya sur le bouton éteindre avant de la tendre au brun avec un soupir exaspéré, le tout sous le regard amusé de leurs invités
Jessie revint.
"Shera, Barret, Ree… le Directeur dit que vous devriez assister à la réunion," déclara-t-elle.
La biologiste et le lieutenant échangèrent un regard, mais obéirent, Shera lissant les plis de son pull d'une main avant de suivre Jessie dans le bureau.
Les deux autres hommes et l'adolescent restèrent dans la pièce principale. Cid les observa, intrigué. Les deux hommes portaient des vêtements communs pour passer inaperçus dans les Taudis, mais avec leurs tailles respectives, ils n'avaient pas dû passer discrètement. Surtout pas la façon dont ils se tenaient tous les deux, qui criaient soldats à pleins poumons. Quant à l'adolescent, il avait l'air toujours aussi ronchon et mal peigné que quand Cid l'avait vu pour la dernière fois, en train de se disputer avec Yuffie sur le pont du Haut-Vent, pendant l'évacuation de la MGU.
"Je vous prie de pardonner cette arrivée peu cavalière," déclara Kiros en inclinant légèrement le torse, à la façon estharienne, "mais le Président souhaitait discuter avec le Directeur Tuesti de façon discrète."
"Passer un coup de PHS avant, ça vous dit rien ? " siffla Yuffie à Squall entre ses dents.
"J'ai pas ton numéro et il voulait pas," répondit Squall sur le même ton.
"Yuffie," fit Vincent d'un ton autoritaire.
"Squall," déclara Kiros en même temps et du même ton.
Les deux adolescents se redressèrent sous la remontrance tandis que leurs aînés échangeaient un regard un peu surpris de leur reproche synchrone, puis compatissant.
"C'est difficile, l'adolescence, n'est-ce pas ? " demanda Kiros.
Vincent se contenta d'hocher la tête mais n'en pensait pas moins.
"Shinra va savoir que vous êtes là," objecta-t-il, " Aérith va bientôt revenir et elle a Rude en filature en ce moment."
"Tu penses que tu peux t'occuper de lui ? " demanda Cid.
"Je m'en charge," déclara Vincent en empoignant sa veste pendue au mur de l'entrée.
"Fais le courir une bonne heure."
Kiros et Ward le regardèrent partir avec curiosité et le scarifié leva une main pour signer.
/Spécial ops, tu penses ? /
/S'il l'est pas, je mange mes nattes,/ répondit Kiros de la même façon.
Squall eut un claquement de langue pour attirer l'attention de ses oncles et corrigea.
/T.U.R.K. J'ai entendu Zell et Djidane en parler./
"Hummmm," commença Yuffie en regardant alternativement les trois hommes, "depuis quand tu parles la langue des signes, Squall ? "
Le brun lui jeta un regard agacé, ajoutant quelques signes à l'attention de son oncle qui hocha la tête, un sourire placide sur le visage.
"Ward ne peut pas parler" répondit l'adolescent en désignant le colosse, lequel tira sur son col haut pour dévoiler une hideuse cicatrice sur sa gorge[5], continuation de celle sur son visage.
Cid eut une petite grimace de compassion, la balafre était visiblement ancienne et l'homme suffisamment à l'aise pour la montrer, mais c'était le genre de blessure qui laissait des traces.
Il avait vu le mal qu'avaient eu certains de ses hommes à surmonter les leurs.
"C'était impoli de notre part, je vous prie de nous excuser," ajouta Kiros avec un petit regard appuyé à Squall.
"Kiros," présenta Squall, "voici Yuffie et… heu…"
"Est-ce qu'il faut qu'on revoie tes leçons de courtoisie, Squall ? " reprit Kiros en haussant un sourcil.
"Bon, je m'en charge," marmonna Yuffie en s'éclaircissant la voix, "Squall, Messieurs, permettez-moi de vous présenter Elmyra, notre gouvernante, Biggs et Wedge de notre équipe de soutien, Cloud et Zack Strife" elle hésita un bref moment "et le Capitaine Highwind."
Elle dédia un regard victorieux à Squall qui lui rendit un venimeux.
Ward finit par soupirer et le poussa du doigt, le faisant vaciller.
"Hu ? Quoi ? "
/Présentes-nous, Lionceau./
"Ho... Heu... Yuffie, je te présente mes oncles, Kiros et Ward."
Kiros se pinça l'arête du nez en soupirant pendant que Ward secoua la tête, affligé du manque de grâce sociale de Squall.
Cid haussa un sourcil. Oncles ? Ni l'un ni l'autre ne ressemblaient au gamin ou à son père. L'un était blond aux yeux bleus et mesurait plus de deux mètres, l'autre avait la peau et les cheveux aussi sombre que Barret.
Mais bon, après tout, personne ne les croyait quand il disait que Shera et lui étaient frère et sœur. Si le gamin les appelait oncles, c'étaient ses oncles.
"Vous en faites pas," intervint Cid, " on est des rustres, les seuls bien élevés ici sont dehors ou dans le bureau de Reeve."
"Cid," protesta Elmyra de la cuisine.
"Ou en train de faire du thé," corrigea Cid avec un petit sourire.
"Asseyez-vous, Messieurs," proposa Elmyra en arrivant avec un plateau de tasses, suivie de Wedge qui portait la théière et la cafetière.
"Merci, Madame."
/Merci./
La porte s'ouvrit à ce moment sur Aérith qui retirait sa veste en fronçant les sourcils, laissant passer Red avant de fermer la porte.
"Qu'est-ce qui se passe pour que..."
Elle vit alors leurs invités qui se tournèrent vers elle d'un même ensemble. Son expression soucieuse disparu, aussitôt remplacée par un sourire aimable et bienveillant.
"Ho, bonjour ! " s'exclama Aérith en tendant la main vers Ward, qui la prit avec délicatesse, "veuillez m'excuser, je ne vous avais pas vu, je suis Aérith, enchanté de vous rencontrer."
"Voici Ward, je suis Kiros et je crois que vous avez déjà rencontré notre neveu, Squall," présenta Kiros en se levant, serrant la main tendue d'Aérith.
"Oui, en effet, tu es dans la classe de Yuffie, je crois," se souvint Aérith en lui tendant la main à son tour.
"Oui, Mademoiselle."
Aérith lui serra la main avant de poser la deuxième par-dessus, le regardant gentiment avec un doux sourire aux lèvres.
"Je suis contente de te voir, je voulais te remercier d'avoir sauvé Yuffie."
"Il visait Linoa," bougonna Yuffie.
"Je vous visais toutes les deux," rétorqua Squall avant de baisser les yeux sous les regards hilare des adultes autour de lui.
"Tu l'as remercié, j'espère, Yuffie ? " demanda Aérith à sa cadette.
"Heuuuuu… Oui… heu, je crois.."
"Oui. Oui elle l'a fait."
Cid échangea un petit sourire avec Zack. Et voilà, le charme d'Aérith avait encore frappé. Dans dix minutes, ils lui mangeraient tous dans la main.
Et il y avait quelqu'un avec un minimum de bonnes manières dans la pièce, il pouvait arrêter de faire semblant.
"Que se passe-t-il ? " s'enquit Aérith.
'Le président Loire souhaitait discuter discrètement avec votre Directeur," répondit Kiros.
"Ha," fit Aérith d'un ton entendu, " ça explique pourquoi Vincent agissait comme ça."
"Qu'est-ce qu'il a fait ? " demanda Yuffie.
"Il a juste prit l'air de préparer un mauvais coup et Rude l'a suivi."
"Dix gils qu'il le suit jusqu'au secteur 7," déclara Cid.
"Dix sur la sortie 8 de Jormungand," relança Zack en sortant son portefeuille.
"Je parie sur secteur 6, Wall Market," ajouta Aérith.
"Quand est-ce que j'aurais le droit de parier quand Vincent joue à enquiquiner les Turks ? " se plaignit Yuffie.
"Quand tu auras dix-huit ans," répondit Zack.
Red, resté silencieux pendant l'échange, comme il l'était souvent en présence d'inconnus, fit le tour de la table par la droite, dardant son œil sur les nouveaux venus.
Il y avait deux réactions autour de Red quand les gens le rencontraient pour la première fois.
Ceux qui, inquiet de sa taille et de son apparence farouche, préféraient garder leurs mains pour eux et s'écarter quand il approchait.
Et ceux, dont Squall faisait visiblement partie, qui le prenaient pour un monstre apprivoisé et décidaient qu'ils voulaient le toucher.
"Squall, non ! " l'arrêta Yuffie.
Le brun retira aussitôt sa main, à quelques centimètres du dos de Red.
"Il mord ? "
"Seulement quand on me caresse," rétorqua Red en continuant sa route.
Squall failli escalader la table de surprise.
"Squall, on ne monte pas sur les tables chez les gens," soupira Kiros.
"Il est intelligent ? ! " s'exclama Squall en le suivant du regard.
"Probablement plus que moi," déclara Zack comme Red snobait purement Squall et approchait de Cloud.
"Tu peux m'aider à retirer mon équipement, s'il te plait ? "
Cloud hocha la tête et posa la main sur la nuque du lion, retirant le peigne ouvragé fixé dans sa crinière. Ils avaient tenté plusieurs systèmes pour permettre à Red d'utiliser des matérias avant de se décider pour des accessoires de coiffure. C'était ce qui tenait mieux sur Red sans l'empêcher de bouger.
Les colliers avaient d'office été écartés.
Ils avaient tous vu les plaies autour du cou du lion à sa libération.
Cloud se redressa, ordonnant la crinière du lion avant de commencer à retirer la matéria.
"Est-ce que je peux avoir un biscuit, s'il te plait ? " reprit Red en repérant le thé sur la table.
Cloud prit un biscuit sur la table, qu'il lui tendit.
Red le saisit avec délicatesse puis retourna sur son canapé et commença à croquer sa friandise sans prêter attention au reste de la pièce.
"Squall, présente-lui des excuses," ordonna Kiros.
"Mais… mais..."
"Squall, différenciation culturelle," murmura Kiros à l'attention de l'adolescent.
"Red est un lion de cosmo," expliqua Aérith, "il possède une conscience et une intelligence équivalente à celle d'un humanoïde."
"Il va falloir que tu fasses un peu plus attention à ce genre de chose, tu sais," déclara Kiros en levant sa tasse de thé à ses lèvres.
"C'est Ellone qui est douée pour ce genre de chose, pas moi ! Je veux pas être un diplomate ! " protesta Squall.
"Pareil, trinquons à ça," marmonna Yuffie en levant sa tasse.
A sa grande surprise, Squall trinqua.
Dans le bureau, la discussion allait bon train. Le Président avait été installé dans le meilleur des fauteuils, face à Reeve, lui-même encadré par Shera et Barret, Jessie en retrait derrière eux, prête à enregistrer et noter toute l'entrevue.
"Je suis désolé de m'imposer ainsi, mais vu les évènements d'hier, il était urgent que nous nous rencontrions."
"Vous êtes tout excusé, Président. Je m'attendais à entendre parler d'Esthar mais j'avoue être surpris de votre réponse rapide. Laissez-moi vous présenter le Docteur Highwind-Mist et le Lieutenant Wallace."
"Président", salua Shera en lui tendant la main.
"Mademoiselle," répondit le Président en se levant avec un grand sourire charmeur, "Lieutenant."
Le quadragénaire se rassit et reprit la discussion avec Reeve.
"La prise de contact de votre opératrice radio avec l'ambassade hier nous a alarmé et nous avons décidé de réagir rapidement. Officiellement, et un peu officieusement aussi, nous sommes venus nous assurer que mon fils allait bien et n'était pas traumatisé par l'attaque de la MGU."
"Votre fils ? " répéta Reeve.
"Squall Leonhart, il est dans la classe de Yuffie," expliqua Jessie.
Le Président eut un grand sourire et tendit le doigt vers Jessie.
"Ha, je reconnais cette voix. Vous êtes l'opératrice, n'est-ce pas ? "
"Mince," marmonna Jessie.
"Vous avez entendu l'appel radio ? " s'étonna Barret.
"Nos services de renseignements m'ont immédiatement prévenu et envoyé les enregistrements. J'ai tendance à prendre en main personnellement toutes les affaires de Sorcellerie. Un vieux traumatisme, vous comprendrez."
C'était peu dire.
À peu près vingt ans plus tôt, un simple soldat étranger avait retourné toute la carte politique de Gaïa en renversant la dictature thaumaturgique d'Adel, devenant Président de la cité-état technologique et fermant les frontières plus hermétiquement qu'une huître.
La ville qui avait rouvert ses portes cinq ans plus tard avait alors commencé à diffuser une technologie avancée en para-magie, faisant directement concurrence à Shinra et refusant obstinément la mise en place d'un réacteur mako chez eux.
Il y avait même eu des rumeurs de guerre entre les deux villes, après que Shinra ait soumis Wutai, mais Hojo avait malheureusement, ou heureusement, selon les points de vue, attaqué le premier.
Depuis, la situation était officiellement pacifique. Officieusement, les Turks et leur équivalent Esthariens passaient leur temps à se tirer dans les pattes.
Et de ce que Vincent avait mentionné à Jessie, c'était une tradition qui avait une vie longue et beaucoup d'avenir.
Shinra n'apprécierait pas quand il apprendrait la visite discrète du Président Loire.
"Et... j'ai une mauvaise nouvelle," ajouta le Président avant de chercher quelque chose.
Il regarda autour de lui en fronçant les sourcils avant de se lever en s'excusant d'un sourire, allant rouvrit la porte du bureau, juste suffisamment pour passer la tête.
"Ki… Ki ! Où est le dossier ? "
"Tu l'avais avec toi," répondit la voix d'un de ses compagnons.
"Mais non ! Quoi ? Tu es sûr Ward ? "
Il revint dans le bureau, avisa un dossier chiffonné sur sa chaise et lança un "je l'ai trouvé" avant de refermer la porte.
"Désolé ! J'ai tendance à être un peu distrait," expliqua-t-il en le ramassant avant de s'asseoir.
Il le tendit à Reeve avec un petit sourire embarrassé.
"Donc… Mauvaise nouvelle. Nous avons perdu Adel."
Reeve se figea en pleine ouverture de dossier. Et dire qu'il espérait quelques jours de repos avant la prochaine catastrophe.
"Comment ça, 'perdu' ? " s'enquit Shera.
"Il y a deux semaines, nous avons trouvé son mausolée vide," expliqua le président en désignant le dossier. "Enfin pour être plus exact, la garnison entraînée qui était basée là-bas pour la surveiller a été massacrée. Nous avons perdu trente hommes, rompus à la magie et au combat, tous tués."
"Savez-vous qui a fait ça ? "
"Ils ne s'en sont pas caché. Les caméras étaient intactes, ils n'ont même pas pris la peine d'effacer leurs traces. Il y a des photos dans le dossier."
Reeve ouvrit entièrement le dossier, laissant Shera et Barret se pencher par-dessus ses épaules.
Barret jura.
Une des photos montrait une femme aux longs cheveux gris argentés, vêtue de rouge et une cape de plumes noires sur le dos qu'il savait maintenant être des ailes. A ses pieds se promenaient une dizaine de petits gobelins noirs aux yeux ronds et jaunes.
"Ultimécia," déclara-t-il.
"Je note," répondit le Président en sortant un petit carnet de sa poche.
"Vous ne saviez pas qui elle était ? "
"Aucune idée" répondit le Président en prenant des notes, "nous avons beau avoir des listes des lignées de Sorcières active, elle ne figure pas dans nos dossiers. Mais quand Squall m'a expliqué que la MGU avait été attaquée par des espèces de mini mages noirs et des Bienheureux, j'ai tout de suite réalisé que ça allait être un problème."
"Elle a tué trente personnes avec ses créatures ? " demanda Barret.
"Pas uniquement, il y en avait d'autres avec elle. Des Bienheureux, bien sûr, mais surtout une autre personne. Sur la photo suivante," indiqua le Président.
Reeve tourna la page.
On voyait effectivement Ultimécia, accompagnée de ses petits gobelins noirs, mais aussi d'un homme vêtu d'un costume chamarré, le visage fardé de blanc aux yeux soulignés de rouge. Il semblait avoir vu la caméra de surveillance sur la photo suivante et la regardait fixement.
"Qui est-ce ? " demanda-t-il en levant la photo.
"Il a été identifié comme étant Kefka Palazzo. Un officier haut gradé qui a disparu pendant la bataille d'Alexandria. Il n'était pas réputé comme étant stable à l'époque, Hojo n'a pas dû améliorer les choses."
En effet, sur la photo suivante, l'homme léchait l'objectif de la caméra.
Sur celle d'après, il décapitait un homme à mains nues.
Reeve pâlit visiblement et poussa les photos sur le côté, laissant Shera les analyser. Il ne comprenait pas comment la biologiste arrivait à digérer des images pareilles.
"Donc, Hojo est bien associé aux Sorcières," conclut Barret.
"Vous en êtes sûr ? " demanda le Président, d'un air soudain plus sérieux.
"Je ne sais pas qui d'autre serait assez cinglé pour donner de la mako à une Sorcière," déclara Shera.
Plus elle essayait de comprendre ce qu'Hojo faisaient aux squames, moins elle comprenait pourquoi il était considéré comme un scientifique brillant.
La moitié des modifications ne faisaient aucun sens. Elle avait l'impression qu'il se contentait la plupart du temps de fourrer dans une enveloppe de chair tout ce qui lui passait par la tête.
"Il n'a pas fait ça ? "
La brune hocha la tête et le Président fit la grimace.
"Et bien, heureusement que vous vous en êtes chargés."
"Et que Madame Kramer avait les connaissances nécessaires pour sceller la Sorcière dans son esprit," ajouta Barret.
"Sommes-nous sûrs que Ultimécia est bien scellée ? " s'enquit Shera.
"Oui, nous sommes en train d'organiser un transfert de Madame Kramer à Esthar pour qu'elle soit examinée par un de nos scientifiques, le Professeur Odine. Il devrait pouvoir déterminer à quel moment Ultimécia pourra être déclarée morte."
"Le plus tôt sera le mieux" déclara Barret.
Le président hocha la tête avant de croiser les mains sur ses genoux.
"Je souhaiterais vous apporter mon aide, ou plutôt celle d'Esthar"
"De quelle façon ? " demanda Reeve.
"La plus immédiate et probablement la plus urgente, c'est comment lutter contre Adel si elle réapparait. Suivant l'exemple de Madame Kramer, j'ai ordonné la création de pièges comme celui qu'elle a bricolé avec les sceaux des G-Force."
"Des pièges à Sorcières ? "
"Apparemment, le sceau qui contrôle les G-forces permet aussi de stopper une Sorcière. Ne me demandez pas comment ça marche, j'ai juste demandé que ce soit aussi simple à utiliser qu'un micro-onde."
Le président sembla de rembrunir, posant ses mains à plat sur ses genoux.
"Je… vous demanderais en échange la discrétion la plus absolue sur la disparition d'Adel. Je crains déjà la panique sur le fait qu'une Sorcière soit apparue hier, si on apprend qu'une seconde est dans la nature et probablement avec Hojo…"
"Je comprends."
"Mes hommes sauront se taire," affirma Barret.
"Mais… nous aurons besoin de renseignements complémentaires concernant Adel," précisa Shera.
"Quels genres de renseignements ? " s'enquit le Président avec méfiance.
"Ses pouvoirs, ses capacités... Si vous avez des dossiers médicaux. Tout ce qui nous permettrait de l'identifier ou de trouver une faiblesse."
"Honnêtement, ça fait vingt ans que nous les étudions, si vous trouvez quelque chose de neuf, je vous invite au restaurant de votre choix," proposa Laguna avec un sourire charmeur.
Il se leva toutefois et tira sur son pantalon.
"Ceci étant, je vais en discuter avec mes conseillers et je vous transmettrai notre décision. Directeur Tuesti, merci de votre accueil. Mesdemoiselles, Lieutenant."
Jessie raccompagna le Président dans la pièce principale, laissant les trois autres dans le petit bureau.
"Je compte sur vous deux pour ne pas dire à Cid que le Président m'a fait du gringue ? " demanda Shera avec un petit sourire.
"Oui, j'ai envie de passer une soirée tranquille avant que les ennuis recommencent," soupira Reeve en se levant, ouvrant un tableau effaçable installé sur le côté de la pièce, marqué des mots "armée d'Hojo"
Yuffie avait encore écrit quelque chose en wutan en dessous. Il fallait qu'il demande à Vincent ce que ça signifiait.
Plusieurs noms étaient écrits avec les photos associées. Hojo en premier, puis Séphiroth. Une flèche partant de ce nom et menant au mot 'Remnants ? ', la veille, Reeve avait ajouté le nom d'Ultimécia. Il épingla la photo la plus correcte de Palazzo et ajouta son nom, avant de faire pareil avec Adel, ajoutant quelques mots résumant les relations entre eux et les évènements.
"Je ne suis pas sûre qu'avoir des noms soit beaucoup plus rassurant," murmura Shera.
"Non. Ça les rend plus…"
"Réels," maugréa Barret.
"Ils sont partis," annonça Jessie en revenant, retirant sa veste.
"Jessie, tu connais la chanson," déclara Reeve.
"Je te trouve tout ce que je peux sur Adel et Kefka Palazzo."
"Et donne toutes les infos à Vincent, je veux savoir ce qu'il en pense."
"Tu as un rendez-vous à la Tour Shinra dans une heure et demie," lui rappela Jessie en vérifiant son écran.
"Ho, Scarlett," soupira Reeve en se frottant l'arête du nez, "merci Jessie, j'avais oublié."
"Tu veux que je vienne ? "
"Non. Appelle-moi juste Rude qu'il m'escorte, vous pourrez sortir vous amuser un peu dès que vous aurez fini le briefing au reste de l'équipe."
Quelques heures plus tard, quand Reeve sortit de la réunion avec Scarlett, il se sentait encore plus épuisé, frustré de ne pas avancer et découragé.
La réunion avait été tout aussi utile que toutes celles qu'il suivait depuis six mois.
C'est à dire : Pas du tout.
Scarlett et Heidegger profitaient de la politique militariste de Shinra, justifiant les dépenses de leurs départements respectifs avec la lutte contre Hojo et promettant une fin de conflit rapide pour s'accaparer tout le budget. Le Professeur Falmis était lui aussi graduellement plus désespéré, cherchant un financement et des autorisations qu'il n'avait pas pour ses recherches.
Au moins Avalanche avait l'opinion publique de son côté, ce qui n'était pas le cas du département scientifique, tenu comme responsable des actes d'Hojo, Séphiroth et Sin.
Le peuple des Taudis était chaque jour plus attaché à leurs Petits Soldats de Plombs, ou les Plombs, un surnom méprisant donné par Heidegger à l'origine, mais que tout le monde avait adopté, dans une formidable démonstration de l'esprit de contradiction typiquement Midgarien.
Venant d'un peuple qui se nommaient eux même les Rats, les Ferrailleurs, les Gratte-Misères ou d'autres noms du même acabit, c'était même une marque de respect.
Jessie lui avait un jour annoncé qu'il avait été surnommé le Garde Chiourme des Plombs. Après vérification avec Wedge, c'était affectueux.
L'ascenseur émit un petit ding et Reeve se redressa, plaquant un sourire serein sur son visage avant que les portes ne s'ouvrent. Il sortit au niveau 63, adressant une salutation polie à la femme de l'accueil.
"Bonjour, Julia."
"Directeur Tuesti ! Bienvenue au bureau ! " le salua-t-elle.
"Merci Julia."
"Jessie n'est pas avec vous ? "
"Je l'ai laissée surveiller Avalanche," répondit Reeve.
La dame fronça légèrement les sourcils, désapprouvant visiblement cette décision.
"Une si jeune fille au milieu de soldats, Directeur…"
Jessie trouvait ça hilarant que la plupart de leurs collègues de la Tour Shinra s'inquiétaient de sa santé, physique ou mentale, et de la mauvaise influence que les rustres d'Avalanche pourraient avoir sur elle.
Wedge et Biggs étaient largement plus en danger qu'elle.
Surtout Biggs.
"Jessie sait se faire respecter, ne vous inquiétez donc pas. Y'a-t-il du courrier pour moi ou mes petits soldats ? "
"Oui ! Pour le Capitaine Highwind, Monsieur Valentine, le Lieutenant Wallace et…"
Elle se leva, se pencha et hissa une caisse en plastique remplie de lettres pour la poser sur le bureau entre Reeve et elle.
"Et mon courrier du cœur," soupira Reeve.
"Les Turks ont déjà vérifié qu'il n'y avait aucun courrier ou colis piégé. Voulez-vous que je fasse tout envoyer à Seventh Heaven ? "
"Vous seriez un ange, Julia."
La femme sourit, flattée du compliment avant de jeter un petit coup d'œil de gauche à droite, s'assurant que personne n'était assez proche pour l'entendre.
La pauvre dame ignorait que l'entièreté de l'accueil était couverte de micro-espions, que ce soit ceux des Turks ou ceux de Reeve.
"Vous avez un visiteur," déclara-t-elle d'une voix basse.
"Kyahaha ou Gyahaha ? " demanda Reeve d'un ton de souffrance intense.
Cela eut au moins le mérite d'alléger l'atmosphère. Les surnoms de Scarlett et Heidegger étaient bien connus à son niveau de la tour Shinra, et chacun de ses employés en usait avec délectations tant que les sus nommés n'étaient pas à portée d'oreille.
"Je crains que non," répondit Julia, "j'ai rarement vu ce visiteur ci sourire. Et vous n'allez pas aimer son animal de compagnie."
Il n'y avait qu'une seule créature à la Tour Shinra qui pouvait porter ce titre. Et la perspective de voir son maître fit naître un sentiment de peur dans la poitrine de Reeve. Il remercia Julia, lui redemandant d'envoyer le courrier à Seventh Heaven et se mit en route vers son bureau.
Est-ce que les Shinra étaient déjà au courant de la visite du Président Loire ? Vincent avait beau être un ancien Turk, il était seul pour empêcher toute une équipe de les espionner. Et à part en assassinant les autres Turks (ce que Reeve avait expressément interdit), il ne pouvait pas empêcher Shinra d'apprendre les secrets d'Avalanche, tout juste retarder l'échéance.
Reeve avait espéré avoir plus de temps pour gérer les retombées diplomatiques de la dernière bataille. Il remonta l'open-space menant à son bureau d'un pas qu'il espérait détendu, saluant ses employés par leurs noms et arriva à destination, échangeant quelques mots avec sa secrétaire et lui assignant des tâches avant d'entrer.
C'était bien celui qu'il craignait.
Le vice-président Shinra était en train d'admirer sa collection quand il poussa la porte.
C'était difficile de jauger des expressions du jeune homme, Rufus Shinra n'affichait toujours qu'un visage parfaitement neutre pendant les réunions du conseil, mais il semblait… intrigué par la dite collection.
Reeve admettait lui-même que c'était quelque chose d'inattendu de sa part.
Ça avait commencé comme une petite blague familiale quand il était enfant, quand ses parents avaient dû lui refuser l'adoption d'un chat. Sa mère lui avait offert une peluche en lui promettant que plus tard, quand ils auraient une maison suffisamment grande, ils prendraient un chaton.
Les années avaient passé et chaque événement de la vie avait donné lieu à un nouveau jouet, une nouvelle carte, un nouveau gadget à l'effigie d'un chat.
Il y avait aussi des chats vivants, et s'il ne pouvait actuellement pas en avoir chez lui vu son emploi du temps surchargé, ses parents en hébergeaient actuellement trois qui ne le lâchait pas d'une semelle chaque fois qu'il mettait un pied chez eux.
La collection s'était étendue quand ses employés en avaient entendu parler, puis de la part d'Avalanche quand Jessie le leur avait mentionné.
Le dernier venu était un chat porte-bonheur Wutan qui trônait actuellement sur son bureau à Seventh Heaven, cadeau de Yuffie.
"Vice-président, je vous prie de m'excuser pour l'attente."
Le jeune homme blond se détourna de la contemplation d'un petit automate en forme de chat posé sur l'étagère près du bureau.
"Directeur Tuesti. J'admirais votre collection."
"Je vous remercie, c'est une petite blague familiale qui est maintenant un peu hors de contrôle."
Il se tourna pour accrocher sa veste à son porte-manteau et failli faire un bond en voyant Tseng, debout près du meuble.
Heureusement qu'il commençait à avoir un peu l'habitude des hommes grands, bruns et trop silencieux pour leur bien.
Cadeau de Vincent.
"Tseng."
"Directeur," salua le Turk.
"A quoi dois-je le plaisir de votre visite ? " demanda Reeve une fois sa veste pendue au meuble.
Rufus ne répondit pas tout de suite, adressant un dernier regard à la collection avant de se tourner vers Reeve.
Il n'était pas très grand, à peine de la taille de Cloud et ça surprenait toujours Reeve de ne pas avoir à lever les yeux pour le regarder. Il semblait toujours tellement plus impressionnant.
"Je venais vous féliciter pour la gestion de l'attaque de la Midgar Garden University. En particulier le fait qu'Avalanche n'ait rien détruit d'important sur l'école."
Ah. Oui. Pour une fois, rien n'avait été démoli au-delà de toute réparation possible. Comment disait Cid déjà ? FUBAR[6].
"Et qu'il n'y ait eu aucun blessé parmi les élèves…"
"Un miracle," admit Reeve.
Du nom d'Aérith. Et de tous les guérisseurs formés à la MGU. Il n'y avait toutefois eu aucune blessure grave à déplorer et surtout : aucune chute d'élève lors du basculement.
Sa tension à lui avait chuté à la place.
"Qu'avez-vous appris sur les créatures ayant attaqué l'école ? Il y a déjà des rumeurs… inquiétantes."
"Oui, je les ai entendues aussi," admit Reeve en gardant un sourire calme, "le docteur Highwind-Mist est toujours en train d'analyser les corps et…"
Reeve fit un pas en arrière lorsque le monstre apprivoisé de Rufus sortit soudain de derrière son bureau, une de ses peluches dans la gueule.
"Umbra," appela son maître d'un ton sévère.
La créature, Reeve avait entendu dire qu'il s'agissait d'une darkstar, quoique ce soit, alla se jucher sur son canapé et commença consciencieusement à mastiquer le jouet. Son maître eut un petit soupir agacé et approcha, plongeant sans crainte sa main dans la gueule impressionnante de l'animal, lui écartant les mâchoires pour récupérer la peluche.
"Je vous prie de l'excuser," déclara le blond en malaxant le gadget pour lui rendre sa forme originelle, "ça ressemble à un de ses jouets."
Il lui rendit la peluche, légèrement baveuse.
"Ce n'est rien," répondit Reeve en reprenant son bien, essayant tant bien que mal de ne pas imaginer le monstre avec un jouet couineur pour chien.
C'était… presque facile.
Malgré le tentacule sur le dos de la créature, elle ressemblait juste à un énorme chien de garde.
Un chien de garde de la taille de Red, au pelage noir et ras et encore plus musclé.
"Directeur, j'aimerais que vous me teniez au courant du résultat des analyses du Docteur Highwind-Mist," reprit le vice-président.
"Je n'y manquerai pas, Monsieur," répondit Reeve.
"Umbra, descend," ordonna Rufus à la darkstar qui obéit aussitôt, se dirigeant vers la porte. "Je vous remercie. Tseng, nous partons."
Le Turk hocha la tête et ouvrit la porte, laissant sortir le monstre et son maître. Lequel s'arrêta sur le pas de la porte, tournant la tête vers Tseng avec ce qui ressemblait à un petit sourire.
"Vous aviez un message pour le directeur, je crois ? "
"En effet, Monsieur," admit le Turk en se tournant vers Reeve.
"Un message ? "
"Pour Valentine. Pourriez-vous lui demander d'arrêter de taquiner mes hommes ? "
Qu'est-ce que Vincent avait ENCORE fait cette fois ?
Reeve laissa échapper un petit rire nerveux.
"J'ai bien peur qu'il s'ennuie, auriez-vous un conseil pour l'occuper ? "
"Les mots croisés," répondit le chef des Turk, pince-sans-rire.
Et ils le laissèrent seul dans son bureau.
Reeve laissa échapper un soupir de soulagement, imité par sa collection entière.
"Chut ! " ordonna-t-il, vérifiant du regard que personne ne l'avait entendu.
Donc… Le vice-président l'avait désormais dans le collimateur. Pour quelle raison, il l'ignorait, l'agenda du blond restait résolument flou, malgré les années que Rufus avait passées à la Shinra. Il y avait des rumeurs comme quoi il tentait de supplanter son père, mais le vieux Shinra le gardait résolument à l'écart de toute décision importante de la société, ne lui accordant que le titre purement ostentatoire de vice-président. Pourtant, le jeune homme était de toutes les réunions, publiques comme privées, toujours sur les pas de son père et dardant son regard intense sur ses interlocuteurs.
Une autre rumeur prétendait que ce n'était pas vraiment son fils, au vu de leur manque de ressemblance. Ils avaient beau être tout deux blonds aux yeux bleus, les cheveux de Rufus étaient presque blancs et il était définitivement… disons, plus beau garçon que son père.
Il était apparu tout d'un coup à l'âge de dix ans, sans explication de la part de Shinra qui l'avait présenté comme son fils, et selon les commères à qui on demandait, était soit le rejeton d'une prostituée des Taudis, soit d'une dame haut placée d'Alexandria avec qui le président aurait eu une liaison, ou une demi-douzaine d'autres racontars tout aussi abracadabrants.
Pour l'instant, il était surtout une nouvelle épine dans le pied de Reeve qui n'avait pas besoin de ça en plus de ses autres soucis.
Et il allait devoir laver et recoudre la peluche.
"Quels sont mes rendez-vous cet après-midi ? " demanda Rufus à sa secrétaire quand il eut rejoint son propre étage.
"Vous n'avez rien de prévu Monsieur. Juste le dîner avec le Président Shinra et le Président Loire, à 21 heures pour une discussion informelle au sujet de la MGU."
"Très bien, qu'on ne me dérange pas avant 20 heures," demanda le blond avant de se diriger vers son bureau.
Tseng lui emboîta le pas, tout en gardant une distance suffisamment grande pour ne pas empiéter sur l'espace vital de la darkstar. Le monstre était assez protecteur du Vice-Président et laissait très peu de gens l'approcher sans grogner, s'interposant toujours entre Rufus et ses interlocuteurs. Il laissa donc le jeune homme entrer en premier avec sa créature, avant de les rejoindre dans le bureau.
C'était contraire à la procédure des Turks, mais il avait déjà vu le monstre se jeter sur un assassin et lui arracher la gorge d'un coup de croc.
Même sans Turk, le vice-président n'était pas en danger.
Une fois dans le bureau, le jeune homme baissa les rideaux d'une pression sur un interrupteur et diminua l'intensité des lampes.
Ha.
Une de ses migraines, encore.
Tseng ferma la porte derrière lui et fit une brève fouille du bureau pour s'assurer que rien n'avait bougé ou été fouillé. Mais l'attitude d'Umbra, qui se laissa tomber dans son panier, détendue, indiquait que personne n'était entré. La darkstar était presque meilleure que Rude et Reno à repérer les intrusions.
Et probablement plus disciplinée.
"Tseng ? "
"Oui, Monsieur ? "
Rufus s'assit à son bureau et posa quelque chose dessus, le faisant glisser vers Tseng.
"Faites analyser ça. Discrètement."
Tseng prit l'objet en question.
Un micro.
Encore tout baveux de la bouche du monstre.
"Dans la peluche ? "
"A moins que je me trompe, ce n'est pas un de mon père," déclara Rufus en ouvrant un tiroir. "Trouvez ce que vous pouvez dessus."
"Oui, Monsieur."
Cette fois, à l'abri dans son bureau, le jeune homme affichait une expression.
Douloureuse, bien que maîtrisée.
Tseng sentit ses doigts fourmiller et il réprima la sensation, refermant les mains et les mettant dans son dos.
"Souhaitez-vous que j'informe le département scientifique de votre migraine ? "
"Moi vivant, ils ne m'auront pas," rétorqua Rufus, la boutade familière de tous ceux qui avaient connu l'époque où Hojo terrorisait les résidents de la tour. "J'ai ce qu'il faut, je vous remercie, Tseng. Vous pouvez disposer."
"Bien, Monsieur," répondit le Turk avant de se tourner vers la porte.
"Tseng ? "
Il stoppa et se tourna à nouveau vers le jeune homme.
Il ne s'habituait pas à voir ce regard bleu sur lui, alors que les yeux mako des SOLDATs ne lui faisaient aucun effet.
"Où va votre loyauté, Tseng ? " demanda le jeune homme.
"Envers la Shinra, Monsieur."
Rufus hocha la tête.
"Je vois. Merci de votre temps, Tseng."
Le Turk prit congé et sortit du bureau, perplexe.
Le vice-président avait presque semblé… déçu, de sa réponse.
Il secoua doucement la tête avant de se diriger vers l'ascenseur. Analyser le micro changerait les idées de Rude et le distraira de la dernière course-poursuite dans laquelle Valentine l'avait entraîné, le faisant courir jusqu'à Wall Market[7].
"Ces deux-là sont comme des cactuars," marmonna Rufus, un fois seul dans son bureau, "tu ne trouves pas ? "
Au son de la voix de son maître, Umbra se releva et approcha, venant fourrer son museau sous son coude, jusqu'à pouvoir glisser sa tête, la posant sur la cuisse de Rufus.
"Bon, c'est ce que je craignais, nous ne pourrons pas compter sur Tseng tant que Père sera à la tête de la Shinra," reprit Rufus en posant la main sur la tête d'Umbra, gratouillant une des oreilles pointues.
Le monstre laissa échapper un soupir satisfait à la marque d'affection, mais releva la tête quand Rufus ouvrit un tiroir près d'elle.
"Et Reeve… est définitivement méfiant envers nous, il se referme dès que je tente de…"
Il tendait la main vers la seringue et la bouteille dans le tiroir quand Umbra le referma d'un coup de tête.
"Umbra…" soupira Rufus en se laissant aller en arrière sur son fauteuil, "j'ai la tête qui va éclater."
Le tentacule du monstre s'enroula autour de son bras et Umbra recula, entraînant Rufus après elle vers la porte de sa chambre.
"Je ne suis pas sûr que ça m'aidera, je dois être cohérent pour le dîner."
La darkstar poussa un petit aboiement doux avant de pousser la porte du front, sans lâcher le bras de son maître.
"Très bien, très bien. Une sieste d'une heure. Mais si j'ai encore le cerveau qui se dissout quand je me réveille, tu devras faire le chien mal élevé pendant le dîner pour l'abréger."
La créature le lâcha et entra dans la chambre d'un pas guilleret avant de sauter sur le lit, laissant Rufus retirer sa veste et ses chaussures avant de la rejoindre, s'allongeant sur le matelas confortable et juste assez grand pour qu'ils s'y étendent tous les deux.
"Et tu as intérêt à me garder les pieds au chaud."
Elle se roula avec bonheur sur les jambes du blond.
[1] Ha ha, je suis drôle. Ou pas.
[2] Chaton qui a ce moment de l'histoire, va sur ses neuf mois et commence à ne plus être un chaton, mais en ce qui concerne Avalanche au complet, même Cid : C'est toujours un chaton.
[3] Ce n'est pas ça dans FFX, mais sérieusement, je voudrais bien savoir ce que les scénaristes voulaient dire par : "peuple créé avec des facilités pour les machines" si ce n'est pas ce genre de truc.
[4] Merde
[5] Et là, petit coup de gueule perso : la traduc française de FF8 était NULLE et Square a raté une super occasion de pouvoir ajouter un personnage en situation de handicap.
[6] Fuck Up Beyond All Repair : Foutu au-delà de toute réparation, quoi.
[7] Du coup, oui, Aérith a gagné le pari
