Chapitre 15 : La bataille des Docks
Résumé :
Une invocation en pleine ville, ce n'est jamais une bonne nouvelle.
Surtout quand l'invocation patauge dans la réserve d'eau douce de Midgar.
Personnages :
Team Avalanche, Team MGU, Team Turks, OC
Tags spécifique au chapitre :
BAMF Yuffie, Red n'aime pas l'eau, Barret est un papa mais personne ne l'écoute, les limites c'est fantastique, traumatisme de Yuffie, Squall est un ami, il essaye en tout cas, world building, slow burn, good bromance, C'EST PAS CE QUE JE VISE AVEC CES DEUX LÀ BON SANG, jamais vu deux persos se tourner autour autant sans arriver à faire le premier pas, on y est encore dans dix chapitres, je vous jure, (ndAutrice qui écrit le chapitre 25 : Ouais, on y est encore, mais ils avancent un peu)
Quand Avalanche arriva une douzaine de minutes plus tard, les docks étaient dévastés.
Les quais étaient couverts d'une dizaine de centimètres d'eau sale et de marchandises diverses, noyées par l'eau, et les habitants évacuaient, les bras pleins d'enfants et d'affaires de première nécessité. L'électricité du secteur avait été coupée en urgence pour éviter des courts-circuits et électrocutions, et les Taudis du secteur 5 étaient dans la pénombre, à peine éclairés par la lumière de l'extérieur, filtrant dans l'espace entre le mur de la ville et la plaque.
Toutefois, et Barret en fut agréablement surpris, l'évacuation se faisait dans l'ordre et presque le calme.
Il voyait des adolescents en combinaison de plongée courir partout, certains debout sur des tas de débris, à orienter les files d'évacuation et aider les blessés à se déplacer. D'autres, les plus doués en magie, étaient en train de monter des digues de glace pour contrôler l'eau et ceux qui n'avaient pas de sorts de glace bombardaient les squames qui approchaient d'un peu trop près.
Barret aurait parié son bras artificiel que c'était des amis de Yuffie.
Vincent sortit d'un bond du camion, cherchant la jeune fille du regard, l'équipement de l'adolescente à la main.
"Yuffie !" appela-t-il.
"ANIKI !"
Barret et Vincent levèrent le nez et virent Yuffie descendre d'un toit de hangar avec son agilité habituelle, utilisant la descente de la gouttière comme d'une échelle. Barret eut un moment de panique en la voyant dégringoler, mais Vincent se contenta de tendre les bras, la laissant atterrir sur ses mains avant de l'aider à atteindre le sol.
Barret ne s'habituait pas aux acrobaties de ces deux-là. Yuffie lui avait déjà donné des sueurs froides à escalader tout ce qui restait immobile suffisamment de temps pour ça, mais depuis que Vincent l'encourageait et lui montrait l'exemple, c'était pire.
Vincent la laissa serrer son bras humain contre elle pendant quelques secondes avant de l'écarter, vérifiant d'un regard son état de santé. Elle était trempée, son tee-shirt collant à sa combinaison de plongée, et elle tremblait, mais n'avait pas l'air de bouger comme si elle était blessée.
"Yuffie, rapport, " demanda Barret.
"Quand tu as appelé, il y a eu une première vague, assez forte, ça a fait le plus gros des dégâts, " répondit Yuffie en laissant Vincent lui mettre un module sur l'oreille. « Après y'a eu une attaque de sahagins et de squames aquatique. Il y a eu une seconde vague, plus petite, il y a quelques minutes et encore un lot de squames."
"Attention dessous !" s'exclama une voix avant qu'un sort de feu ne dégomme un sahagin qui tentait d'escalader la digue de glace.
"Merci Tina !" s'exclama Yuffie, "on a commencé à s'organiser tout de suite. Les mages ont levé une digue de ce côté-ci pour protéger le quai et les autres aident à l'évacuation."
"Je sais pas ce qu'on ferait sans la MGU, " murmura Barret.
"Squall, Seifer, Fujin et Raijin ont été emportés par la première vague, " annonça Yuffie d'une voix moins assurée. "Ils savent nager, mais on n'a pas réussi à les contacter, tous nos PHS ont pris l'eau. J'ai... J'ai lâché Squall, " avoua-t-elle.
Barret et Vincent échangèrent un regard alarmé, mais un des amis de Yuffie, Zell, cru se souvenir Vincent, approcha à son tour.
"T'en fais pas ! Ils ne sont pas blitzballer mais ils savent nager ! Ils doivent s'être planqué quelque part ou être en train de faire du tir aux sahagins !"
Derrière le blond, une des jumelles lança un sort de feu que même Vincent n'aurait jamais appris à une adolescente.
"Ne t'en fais pas Yuff' !" ajouta un autre ami, un grand rouquin, "va avec tes coéquipiers, on se charge de les retrouver !"
"Je peux être un adulte responsable trente secondes et vous dire de ne pas vous en mêler ? " demanda Barret, fatigué d'avance.
"Vous pouvez !" rétorqua un grand rouquin avant de jeter sa balle de blitzball au visage d'un sahagin puis d'enchainer avec une série de coups de poings, dans un grand bruit d'os brisés.
"Yuffie, tu as parlé d'un léviathan…" reprit Barret après un soupir.
"Ha, oui ! Je l'ai vu faire surface avant la première vague, mais je l'ai perdu de vue quand on a été bousculé par l'eau."
"Il faut trouver son invoqueur. Vincent, prends Yuffie avec toi et mettez-vous en hauteur, essayez de le trouver, permission de tuer à vue. "
Il y eut un hurlement strident qui donna la chair de poule à Vincent, comme si un prédateur beaucoup plus gros que lui approchait.
Il n'avait pas ressenti ça depuis la dernière fois qu'il avait vu Chaos.
"Le revoilà" nota Yuffie, "c'est bizarre qu'il crie comme ça…"
"Pourquoi ? "
"On dirait qu'il a mal, " répondit Yuffie avant d'emboiter le pas à Vincent, se dirigeant vers la grue de canal la plus proche.
"Vague en vue !" s'exclama quelqu'un dans la foule des réfugiés.
Une vague de deux mètres de haut s'abattit sur la digue, la faisant dangereusement craquer, malgré les efforts des mages et l'eau commença à s'engouffrer par les fêlures, contournant la protection qu'elle offrait.
"Red, aide-les à maintenir la digue !" Ordonna Barret en se retenant à un lampadaire.
"Je suis un mage de FEU, " rétorqua Red d'un ton outragé, perché sur le toit du camion.
"Fais de ton mieux ! Zack, Cloud, allez dans cette direction, trouvez l'invoqueur ! Cid avec moi dans l'autre direction ! Aérith, Biggs, Wedge, organisez un point de premiers secours et d'évacuation ! Jessie ! Coordonne avec les SOLDATS et les équipes de secours !"
-Je suis déjà avec eux !- indiqua Jessie, -Ils installent des points de secours et des digues sur l'autre rive ! Filez des modules aux gamins de la MGU, je vais essayer de les mettre au boulot.-
-Leurs parents vont nous tuer-, nota la voix de Reeve venant de derrière celle de Jessie.
Lorsque le léviathan réapparu, Vincent achevait tout juste de finir d'escalader la grue, suivant Yuffie qui n'avait pas le vertige, ni la peur du vide.
L'adolescente était déjà penchée par-dessus bord, se tenant d'une main à un câble pour regarder dans l'eau.
"Il fait trop sombre !"
"Non, il est là, " déclara Vincent en s'agenouillant, montrant le milieu du canal.
Il y avait une longue forme serpentine qui ondoyait sous leurs pieds. Une très longue forme. Vincent était à peu près certain que le léviathan d'Edéa avait été plus petit.
"Comment tu arrives à voir ? !" s'exclama Yuffie en plissant les yeux.
"Mako", répondit Vincent en prenant le fusil accroché sur son dos, se préparant à tirer, "Lieutenant, le léviathan est en dessous de nous mais je ne vois pas l'invokeur."
Le léviathan sortit la tête de l'eau à ce moment-là, traînant après lui deux chaînes auxquelles se cramponnaient des squames et sahagins. Il sembla se débattre quelques secondes contre ses passagers, puis se cabra, entraînant l'eau après lui comme si elle le suivait, provoquant une autre vague.
Les balles de Vincent ne lui firent pas grand-chose.
Même à la distance où il était, il avait bien l'impression qu'elles avaient rebondit sur lui.
"Ça n'a pas l'air d'être une invocation normale, " déclara Vincent.
Yuffie se tenait aux câbles de la grue, regardant tout autour d'eux avec appréhension. L'eau montait encore, empêchant de plus en plus les habitants de fuir les lieux. Elle entendait des sorts crépiter en dessous d'eux, de la glace, majoritairement, pour tenter de contenir l'inondation, mais aussi des sorts de foudre quelque part et les hurlements des habitants, terrifiés par la montée des eaux et les cris du léviathan.
"Il va inonder les docks !" s'écria-t-elle, "et après ce sera tout le secteur 5 !"
-Est-ce que tu peux faire quelque chose, Vincent ?- demanda Barret.
"De loin, les balles ricochent sur lui, " répondit le sniper.
-Quelqu'un voit l'invoqueur ?- ajouta Aérith.
Le léviathan sortit à nouveau de l'eau, se hissant si haut au-dessus des flots que Vincent et Yuffie le virent à quelques mètres d'eux.
Vincent en profita pour essayer de lui tirer dessus à nouveau, mais entre ses écailles et les mouvements vifs de la créature, il ne put toucher un point vital.
Cela sembla toutefois lui faire mal et le léviathan se secoua, parvenant à éjecter un de ses passagers avant de se jeter sur la grue, mordant rageusement dans les poutrelles de métal avant de replonger. Vincent avait aussitôt bondit sur Yuffie, la tenant contre lui pour l'empêcher de tomber le temps que la créature ne replonge.
"Est-ce que ça va ? " demanda-t-il.
"Grand Frère ? " fit Yuffie en Wutan, se redressant lentement.
"Hm ? "
Elle avait l'air étrangement calme et regardait la silhouette du léviathan qui nageait en dessous d'eux.
"Les invocations de famille… Tu connais comment ? "
Il hésita quelques secondes avant de répondre dans la même langue.
"D'où penses-tu que viennes la mienne ? "
"Pas de ta mère, c'est sur" murmura Yuffie.
"Non. En effet."
Elle regarda le dragon qui s'éloignait, faisant gonfler l'eau à chaque mouvement de sa queue. Une nouvelle vague se préparait.
"Barret va me tuer, " déclara Yuffie d'une petite voix.
"Je le crains."
"Et ce sera rien à côté de ce que Père me fera s'il l'apprend."
"Tu es sûre de toi ? "
"Il y a trop de vies en danger."
Vincent fouilla dans sa poche et en sortit le projecteur de fausse G-Force qui ne le quittait plus en mission.
"J'y vais en premier. Je détournerais son attention. Tu attends que ce soit éteint et tu y vas à ton tour. Compris ? "
"Compris."
"Fais très attention à toi."
"Toi aussi."
-Qu'est-ce qu'ils se disent ces deux-là ?- marmonna Jessie.
"Vincent, Yuffie, qu'est-ce que vous manigancez ? " demanda Barret pendant que Cid dégageait le chemin d'un revers de lance.
-Lieutenant, je vous présente des excuses d'avance,- déclara Vincent.
"Oh... oh non, avant que toi et Yuffie fassiez quelque chose de stupide, je veux que vous m'expliquiez à quel point ça va l'être ! CID ! Baisse-toi !"
Le dragoon obéit, maintenant habitué à l'ordre, laissant Barret abattre les squames qui approchaient d'une rafale de balles.
-Nous allons invoquer nos G-Force.-
Un moment, Barret se sentit soulagé. Il vit la lueur dorée du projecteur de Vincent s'allumer en haut de la grue puis la silhouette du démon prendre son vol, à moitié illuminé par la projection lumineuse.
La projection s'éteignit.
Et se ralluma.
-Pourquoi Yuffie vient de sauter dans le canal ?- fit la voix de Zack dans le module.
"Yuffie a quoi ? "
Et sous les yeux ébahis de Barret, un second léviathan sortit des flots en sifflant, étendant ses nageoires et projetant des vagues d'eau autour de lui.
Le premier siffla à son tour, rassemblant ses anneaux sous lui.
"Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? " demanda très distinctement Cid derrière lui.
Barret n'aimait pas les combats d'invocations. Il y avait tout un segment de films et de sphères dédié à ce thème, qu'une partie de son équipe dévorait avec des hurlements de rire dû au kitch des effets spéciaux[1], mais dans la réalité, quand deux invocations en venaient aux mains, ce n'était que de la destruction gratuite.
Les créatures, souvent d'une taille et d'une puissance démesurée, avaient tendance à se battre sans se soucier de leur environnement et des humains qui pourraient être pris dans le tumulte. C'était en général pour ça que lorsqu'une invocation arrivait sur le champ de bataille, c'est l'invoqueur qui se retrouvait la cible des ennemis.
Il avait suffisamment dû protéger Braska au combat pour le comprendre. Jecht avait souvent plaisanté que l'invokeur[2] serait moins en danger avec une cible dans le dos.
Le premier léviathan s'apprêtait à fondre sur le second, mais une silhouette noire et rouge s'abattit sur sa tête, le faisant sursauter en arrière.
Le second léviathan, et Barret réalisa qu'il était plus petit que l'autre, en profita pour se détendre à son tour comme un serpent, refermant ses mâchoires sur la gorge du premier.
Le collier l'empêcha de s'accrocher suffisamment pour le blesser, et il ne fallut que quelques secousses de la part du grand léviathan pour le faire lâcher. Le petit tenta de reprendre une prise plus solide, mais sa gueule étant trop étroite, il ne pouvait qu'essayer d'entourer le corps de l'autre de ses anneaux.
La mâchoire du grand léviathan se referma sur le dos du petit et il poussa un cri de douleur qui fit trembler l'eau sous eux.
Puis le grand le lâcha en hurlant, se redressant au-dessus du canal, Vincent accroché à son crâne.
Barret n'était pas sûr de voir exactement ce qui se passait, ils étaient haut et il faisait sombre, mais vu où se trouvait le démon, il avait dû s'attaquer à un de ses yeux. Le petit léviathan en profita pour passer par-dessus le grand, s'éloignant derrière lui, entraînant l'eau du canal, comme Marlène quand elle traînait sa couverture derrière elle après une sieste.
L'eau du canal recula derrière le petit léviathan, laissant le grand presque à sec, incapable de bouger sur le sol bétonné et boueux du canal.
Un énorme mur d'eau se forma derrière lui.
"Que tout le monde s'accroche ! Il va relâcher un raz-de-marée !" s'exclama Barret.
Mais cette fois-là, le tsunami ne se déversa pas sur les quais, noyant tout le monde autour.
Il se déversa comme un canon à eau, restant dans les limites rectilignes du canal, projetant avec d'autant plus de force le mur d'eau sur son adversaire.
Puis, une fois sa tâche accomplie, l'eau revint s'enrouler autour du petit léviathan, formant comme un manteau autour de lui avant de retomber souplement, retournant dans le canal, aussi paisible qu'avant l'attaque.
Son adversaire avait été projeté sur une des grues de levage, s'empalant sur les poutres d'acier qui la composait.
Barret se sentit glacé en réalisant que ça avait été le but du petit léviathan depuis le début.
Quel était au juste le niveau d'intelligence de ces créatures ?
Dans le silence qui régnait sur les quais, il entendait distinctement les sifflements enragés du léviathan restant, ainsi que les cris d'agonies du mourant.
Il comprenait maintenant le malaise de Vincent envers les G-Force.
Cette créature-là était vivante.
Intelligente.
Indépendante.
L'eau sur les quais commença à retourner dans le canal, en dizaines de petites rivières, contournant les digues ou passant au-dessus, remplissant de nouveau la gangue de béton.
Et avec un sifflement à bout de souffle, le petit léviathan plongea dans les flots, ne laissant qu'un léger remous derrière lui avant de disparaître entièrement.
Puis Barret réalisa quelque chose.
"Où est Yuffie ? "
-J'ai une théorie, mais tu vas pas aimer,- risqua Jessie dans son module.
Un bruit d'ailes se fit entendre au-dessus de lui et il leva les yeux, observant Vincent, posé sur un lampadaire comme une gargouille sur une église de Minerva.
"J'en ai une aussi, " grommela le colosse avec un regard noir au démon qui eut la décence de sembler embarrassé, repliant nerveusement ses ailes autour de lui, "et je n'aime pas, en effet."
Il ravala les dix premières choses qui lui venaient à la bouche, consistant principalement en des jurons et le nom de Vincent, mais il n'avait pas insisté à imposer la mascarade des fausses G-Forces pour révéler le secret de Vincent dans un moment de colère. Il finit par lever un doigt rageur vers le démon.
"Trouve Yuffie. Vite. Et je veux des explications !"
Le démon hocha la tête puis se releva et, claquant des ailes, reprit son envol, frôlant les flots à la recherche de leur équipière.
"Quelqu'un essaye de récupérer un canot ou quoi que ce soit qui flotte pour trouver Yuffie ! Les autres, je veux deux équipes, une par rive et vous nettoyez les quais !"
Il vit le tsunami frapper Haru de plein fouet.
"Non !"
Il s'élança vers le quai, bousculant les blessés et les réfugiés qui tentaient de fuir dans le sens inverse, jusqu'à arriver au pied de la grue.
"NON !"
C'était trop tard.
Il le savait, de cette impression qu'il avait toujours devant une blessure, qui lui disait si ça pouvait être soigné ou pas, mais c'était trop tard.
"NOOON ! !"
Haru était en train de mourir.
Zack qui commençait à remonter le quai, Cloud sur les talons, vit la silhouette hurlant au pied de la grue, devant le léviathan agonisant.
Il ne s'inquiéta d'abord pas, croyant à un curieux venu voir la créature de près.
Et puis l'aile de plumes blanche et rouge se déploya dans son dos et il se crut revenu à Winhill, quand Séphiroth avait débarqué pour envahir le réacteur, moissonnant leur unité à Cloud et lui, comme s'il s'était s'agit de mauvaises herbes.
Il crut sentir son bras se détacher à nouveau, son épée lui échappa des doigts.
Et, comme à chaque fois qu'il déconnectait, c'est son frère qui reprenait pied, redevenant soudain plus présent que lui.
Tout d'un coup, c'est Cloud qui redevenait celui qui bougeait et qui réfléchissait et Zack qui se faisait immobile et inutile.
Comme à Winhill.
Comme quand son bras s'était détaché.
Comme quand Cloud avait foncé sur Séphiroth malgré ses blessures, son épée brillant de sa limite.
La silhouette se tourna quand Cloud arriva sur elle.
Ce n'était pas Séphiroth, réalisa soudain Zack.
L'aile n'était pas noire.
Il était trop petit.
C'était un gamin.
"Cloud, NON !"
L'appel déstabilisa Cloud suffisamment pour le ralentir. Le gamin esquiva l'épée d'un bond, sortit la sienne pour parer le second coup et profita que la force de Cloud le propulse loin en arrière pour faire demi-tour et disparaître dans l'écart entre deux entrepôts.
Cloud commença à le poursuivre, mais, comme chaque fois qu'il s'éloignait trop de Zack, abandonna rapidement, revenant vers son frère pour le protéger.
"Zack ? "
"Chui là. Ça va, "balbutia Zack, "c'était pas lui. C'était pas Séphiroth…"
"Trop petit."
"Trop petit, " confirma Zack en attrapant la main de Cloud de sa main gauche.
Il fit jouer son bras droit.
Toujours là.
Il referma sa main sur le bras de Cloud et son frère l'aida à se relever, le faisant s'appuyer contre lui.
A quel moment était-il tombé à genoux au juste ? Il se cramponna à son frère, serrant les mains sur son pull.
La main de Cloud dans son dos glissa, le lâchant et Zack laissa échapper un soupir tremblant.
Cloud était reparti.
"Ça va, Cloud, c'est mon tour d'utiliser notre cellule grise commune, " murmura Zack en se redressant, appuyant sur son module."Ici Zack. Faites gaffe, y'a un gamin avec une aile qui se balade, Cloud l'a fait fuir."
Une seule ? Une demi-Sorcière ? demanda Jessie.
"Non, je crois que c'était un garçon, mais je peux pas confirmer, il n'a pas cherché le combat, il s'est barré en voyant Cloud arriver sur lui."
Qui ne le ferait pas ? demanda philosophiquement Cid.
"J'ai un cadeau pour Shera, par contre, " déclara Zack en avisant quelque chose, là où Cloud avait combattu le mini Séphiroth.
Il restait une poignée de plumes et de duvets au sol.
Une rémige avait été tranchée nette par l'épée de Cloud, laissant une plume presque intacte au sol.
Blanche et rouge.
Wedge et Aérith étaient en train de retourner un canot renversé pour l'utiliser dans leurs recherches quand ils trouvèrent Squall. Ou plutôt que l'adolescent les trouva.
Il était trempé, ayant visiblement subi quelques-unes des vagues du léviathan, mais ne semblait pas blessé, bien qu'un peu énervé. Il rengaina sa gunblade en arrivant près d'eux.
"Aérith !"
"Squall ! Aide-nous !" demanda Aérith.
Grâce à l'adolescent, la barque fut remise à flot en moins d'une minute, éclaboussant tout autour d'elle quand sa coque toucha la surface de l'eau.
"Yuffie a dit que vous étiez quatre ? " le questionna Aérith.
"Raijin a été blessé, " répondit Squall, "on l'a amené à un poste de secours, Fujin et Seifer s'occupent de réfugiés ! Où est Yuffie ? "
"On la cherche, " répondit Aérith pendant que Wedge laissait échapper une exclamation de joie en parvenant à redémarrer le moteur du canot.
"Je viens avec vous !" s'exclama Squall en sautant dans la barque.
"Qu'as-tu comme association ? " demanda Aérith en descendant à son tour, aidée par Squall.
"Plus de G-Force pour moi, " répondit Squall en dégainant son arme.
"Squall, tu associes ou tu descends de cette barque !" menaça Aérith.
"J'ai... j'ai un Aéon[3], " avoua Squall, "on y va ? "
"Squall, " reprit Aérith d'un ton sévère.
"Oh ! Vous allez pas ME reprocher d'avoir des secrets ? !" s'emporta l'adolescent avant de pousser le mur du canal d'un coup de pied, éloignant la barque de la rive.
Un sahagin sortit de l'eau d'un bond à ce moment-là.
Squall lui envoya un sort de feu si puissant que seul le bas de la bête retomba dans l'eau.
"Je vote pour qu'il reste, " déclara Wedge en manœuvrant la barque loin des morceaux du cadavre.
"Moi aussi, " déclara Aérith en s'asseyant dans la barque.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? " demanda Squall, "les autres vont bien ? "
"Vos amis ? Oui, oui, tout le monde va bien, maintenant tais-toi et laisse-moi me concentrer."
Squall ferma sa bouche, surpris et regarda Wedge qui haussa les épaules d'un air fataliste.
"Si tu veux pas qu'on te pose des questions, n'en pose pas non plus, " déclara-t-il en guise d'explication.
"Par-là, " indiqua Aérith en montrant une direction, les yeux fermés.
"Va à l'avant et essaye de la voir, " demanda Wedge, " si Aérith la sent, elle ne doit pas être loin."
"Il y a quelqu'un ! À trois mètres devant nous !" s'exclama Squall, lui coupant la parole.
Il voyait quelqu'un flotter sur le ventre, mais à la silhouette, ça ne devait pas être Yuffie. Elle semblait plus grande et portait une espèce de long manteau vert d'eau, sans manche. Squall l'attrapa par le bras et tenta de la soulever.
Il la lâcha en sentant des écailles à la place de sa peau.
"Qu'est-ce qu'il y a ? " demanda Wedge.
"Ce n'est pas Yuffie ? " s'étonna Aérith.
"Aidez-moi !" répondit Squall en replongeant les mains dans l'eau.
En s'y mettant à trois, ils parvinrent à remonter la personne et à l'allonger sur le bateau.
Ou plutôt à essayer de la remonter.
Une longue queue de serpent d'eau terminait son corps, là où il aurait dû y avoir des jambes. Trop longue pour réussir à la hisser sur la barque.
"On a remonté un squame ? !" s'exclama Wedge en reculant.
"Quelqu'un a de quoi éclairer ? " demanda Aérith.
Le premier réflexe de Squall fut de sortir son PHS, uniquement pour réaliser qu'il avait pris l'eau. Il leva sa gunblade, effleurant sa matéria de feu pour l'illuminer, donnant un peu plus de lumière à Aérith.
C'était Yuffie.
Ou du moins, c'était le visage de Yuffie, même si elle avait des écailles sur le front et les tempes, similaires à celles sur ses bras. Squall souleva une de ses mains, cherchant le pouls tout en l'observant. Les écailles étaient gris bleuté, mais s'irisaient à la lueur de la matéria, et les doigts étaient palmés jusqu'à la seconde phalange, chacun s'achevant en griffes du même gris que les écailles. Ses oreilles semblaient remplacées par une paire de nageoires ou des ailettes de peau, et deux longues vibrisses sortaient dessous, inerte.
"Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? " énonça très clairement Wedge en désignant Yuffie, toujours immobile.
"Elle va bien ? " s'inquiéta Squall en même temps.
Aérith lui jeta un regard abasourdi. Puis se tourna à nouveau vers Yuffie.
"Pour autant que je puisse voir et sentir, elle va bien, finit par déclarer la guérisseuse, en fait... tout semble normal mais…"
Elle montra Yuffie d'un geste vague, englobant la totalité du 'mais' qui flottait sur les lèvres de tous les passagers.
Alors que Squall observait les appendices au bas du dos de Yuffie, se demandant si c'était des nageoires ou des ailes atrophiés, le corps de la jeune fille s'arqua soudainement. Squall passa par réflexe un bras autour de sa taille, essayant de la maintenir, mais s'aperçut avec surprise qu'il n'en avait pas la force. Seul le manque d'appui de Yuffie lui permettait de l'empêcher de retomber à l'eau. La jeune fille se débattit, raclant le fond de la barque avec ses griffes, tordant son corps pour échapper à la prise de Squall.
"Yuffie ! Ça va ! Du calme !" S'exclama Aérith, "les garçons, tenez-la !"
Alors que Wedge aidait Squall à maintenir Yuffie, le regard d'Aérith tomba sur le visage de Yuffie. Les larmes aux yeux, la jeune fille semblait étouffer malgré sa bouche largement ouverte par laquelle s'échappaient des cris de cétacés, comme les pleurs d'un dauphin.
"Qu'est-ce qu'elle a ? " Demanda Squall en arrivant enfin à la rallonger sur ses genoux.
Yuffie tenta de se retourner, s'accrochant désespérément au bord de la barque, faisant des gestes vers l'eau de l'autre. Squall fixa avec stupeur les branchies sur les côtés de son cou. Elles s'ouvrirent avec un bruit mouillé, comme autant de bouches suffocantes et il comprit soudain le problème. Soulevant la jeune fille qui paniquait, il la rejeta à l'eau, malgré les cris de ses amis. Aérith se pencha aussitôt par-dessus bord, cherchant l'adolescente du regard.
"Elle a disparu, " constata-t-elle en fouillant l'eau du regard.
Squall se pencha à son tour, espérant qu'il n'avait pas été trop tard. Une forme claire serpenta soudain sous la coque, faisant sursauter le petit groupe. La forme ondula sur place encore un petit moment puis cercla le bateau avant de remonter à la surface, lentement. Tous poussèrent un soupir de soulagement en reconnaissant les yeux de Yuffie quand le haut de son crâne perça la surface.
"Elle n'est pas amphibie", expliqua Squall, alors que le regard de Yuffie passait alternativement d'un visage à l'autre, "elle ne peut pas respirer à la surface quand elle est…"
Il fit quelques gestes vagues vers Yuffie, cherchant ses mots avec soin.
"Comme ça, " finit-t-il par dire.
"Pourquoi c'est toi, d'entre nous tous, qui ne flippe PAS ? " demanda Wedge.
"Différenciation culturelle ? " offrit Squall en se penchant près d'Aérith, qui laissa échapper un petit rire moqueur et légèrement nerveux.
"Je ne suis pas sûre que ce soit ce à quoi ton oncle pensait en disant ça."
Yuffie semblait hésiter à s'approcher, craignant visiblement quelque chose de la part de ses amis.
Squall commença à faire quelques signes des mains avant de se souvenir que Yuffie ne parlait pas la langue des signes. Et ne devait pas voir ses mains correctement avec l'obscurité ambiante. Il finit par lui faire signe de venir, vérifiant que personne sur les quais ne les voyait puis se pencha le plus possible.
"Ça va ? "
Elle sortit la tête de l'eau juste assez pour répondre par un petit bruit, similaire à ceux qu'émettrait un dauphin ou tout autre animal marin.
Ah, elle ne pouvait pas parler comme ça.
Ce qui n'était pas étonnant, son système respiratoire devait être totalement différent si elle dépendait de branchies et...
Il fallait qu'il lui apprenne la langue des signes.
"Il vaut mieux que tu restes dans l'eau…"
Elle leva une main dans les airs, traçant une lettre en commun.
S.
"Seifer et Fujin vont bien" répondit Squall, "Raijin a été blessé, mais ça ira, il a été évacué vers un hôpital."
Elle ferma les yeux, coulant légèrement, comme si elle soupirait, avant de remonter un peu plus à la surface.
"Barret va te tuer, " mentionna Wedge en se rasseyant. «Et Vincent aussi."
Squall se redressa, alarmé par la nouvelle, mais Aérith se contenta de lui tapoter l'épaule d'un air compatissant.
"Façon de parler, Squall. Enfin, je pense."
Squall tourna la tête vers le grand corps toujours empalé sur la grue. Dans l'eau, Yuffie fit de même, fronçant le nez quand le sang du léviathan commença à se répandre jusqu'à elle. Elle cracha un peu d'eau ensanglantée avant de plonger, se dirigeant vers la grue.
Elle fut rejointe par Vincent qui plana quelques secondes au-dessus d'elle avant d'accélérer d'un coup d'ailes, s'immergeant à son tour près d'un ponton. Il émergea humain et nagea vers le ponton, s'y agrippant de sa main de démon. Il regarda autour de lui, s'assurant que personne ne pouvait les voir, cachés comme ils étaient par la construction, pour aider Yuffie à ressortir, d'un bras autour du torse.
"Vincent, elle ne peut pas respirer comme ça, " indiqua Aérith pendant que Wedge manœuvrait, approchant la barque pour cacher l'adolescente aux regards venant de l'autre rive.
"Elle doit probablement faire quelque chose pour redevenir humaine, " expliqua Vincent alors que l'adolescente se tortillait dans ses bras pour remonter.
Elle saisit le bord du ponton à deux mains, plantant ses griffes dans le bois et tenta d'inspirer.
"Yuffie ? " s'inquiéta Vincent.
Elle secoua la tête et recommença.
Puis soudain, elle fut prise d'une toux explosive, recrachant de l'eau par le nez et la bouche. Vincent sentit soudain son poids diminuer et il resserra le bras avant qu'elle lui échappe, n'était plus retenue par ses griffes.
"Da Ch..." commença Yuffie avant d'être reprise d'une toux tonitruante.
Elle était redevenue humaine, de nouveau vêtue de sa combinaison de plongée, ses armes encore attachée sur elle.
Vincent la hissa sur le ponton, aidé de Squall et Aérith qui y débarquèrent, tirant Yuffie sur la terre ferme.
"Ki... kira... Kiraide...su[4] !" haleta Yuffie avant de recommencer à vomir de l'eau.
"Yuffie ? Ça va ? " S'enquit Squall en posant sa main sur son dos.
Yuffie redressa la tête et essaya de parler, mais encore à demi étranglée par sa toux et le manque d'air, elle ne put articuler et dut attendre la fin de sa quinte pour répondre.
"A va..."siffla d'elle d'une drôle de voix, "z'en faites... pas... c'normal…"
Elle se racla la gorge à plusieurs reprises, reprenant un souffle régulier puis jeta un regard à l'immense créature cuirassée suspendue sur la grue. Comme si ça avait été le signal, le mutant se transforma à son tour. Ce n'était pas comme Yuffie, une transformation immédiate, ou Vincent, qui redevenait humain de manière fluide. Le grand corps se contractait par à coup, comme s'il bloquait, la peau tailladée se déchirait parfois le long des blessures, les aggravant par la même. Mais quand le serpent eut fini, il ne restait sur le sol défoncé du quai qu'un corps humain, baignant dans les flaques de son propre sang. Prenant une profonde inspiration, Yuffie se leva. Elle vacilla un bref moment et se rattrapa à l'épaule de Squall, attendant de reprendre son équilibre pour le lâcher.
"Yuffie !" appela Aérith.
"Attend, c'est dangereux, " commença Squall.
"Non. il est presque mort", rétorqua Yuffie, le regard dur, " et je dois savoir... Qui est ce lâche qui a abandonné notre famille... Qui est ce traître…"
Ses amis échangèrent un regard stupéfait au ton venimeux de la voix de Yuffie, mais comme ils s'apprêtaient à la rejoindre, Vincent saisit Squall par le col et l'écarta de son chemin, lui intimant du regard de ne pas intervenir. Il suivit Yuffie qui avançait, tremblante de froid mais tentant de ne pas le montrer.
"Yuffie ? " appela-t-il doucement.
"Ça va, Makoto 'nii-san", fit-elle avec un faible sourire.
"Je te suis, " répondit Vincent, en sortant son arme, effleurant sa matéria de feu.
Son pistolet avait pris l'eau et aurait besoin d'être entièrement démonté et nettoyé pour être de nouveau utilisable, mais fort heureusement, les matérias étaient insubmersibles.
Yuffie arriva près du corps, son sourire quittant son visage pour un regard froid et elle s'agenouilla, imitée par Vincent.
C'était un homme de petite taille, aux longs cheveux noirs, presque aussi en broussaille que ceux de Vincent. Il portait un vieux kimono en haillon, ainsi, étonnement, qu'un pantalon militaire trop grand pour lui, le bas des jambes roulé sur ses chevilles. Pas de chaussures cependant, ni aucun autre vêtement, arme ou équipement. Yuffie l'attrapa par le kimono et le retourna, laissant Vincent éclairer son visage de sa matéria.
C'était un wutan, d'un peu plus de vingt, vingt-cinq ans, mais vieilli par ses traits tirés et son teint terne. Un de ses yeux gris était fermé, suintant le sang, mais quand il tourna la tête vers la lumière, Vincent eut l'impression de reconnaître son regard.
Il leva les yeux vers Yuffie.
Puis les baissa à nouveau vers l'homme.
"Identifiez-vous" demanda Vincent en wutan.
"Kisaragi… Harumi…" répondit l'homme, dans un souffle.
L'expression de Yuffie se décomposa, Vincent se redressa lentement, la dévisageant.
Kisaragi.
Il n'y avait qu'une famille dans tout Wutai avec ce nom.
Oh.
Oh, non.
"Yuffie..." commença-t-il en tendant la main vers elle, "tu devrais…"
"Yuffie ? " répéta l'homme en tournant le visage, " Bébé ? "
"Oncle Harumi ? " murmura la jeune fille d'une voix étranglée.
Vincent lâcha sa matéria, se relevant pour attrapper Yuffie par le bras, mais l'adolescente s'était déjà recroquevillée au-dessus du wutan, saisissant le kimono en lambeaux des deux mains.
"Oh non... non non non…" gémit Yuffie, posant ses mains sur les blessures de l'homme, comme si elle pouvait les refermer. "Oncle Harumi, je voulais pas..."
"Yuffie… Yuffie… Riku... o mamoru... onegai[5]…"
"Aérith !" appela Vincent en se tournant vers leurs amis.
La guérisseuse accouru aussitôt, laissant Wedge et Squall monter la garde.
"Que se passe-t-il ? "
"C'est son oncle, " expliqua Vincent alors que Yuffie commençait à pleurer derrière lui, parlant à l'homme en Wutan, d'une voix de plus en plus étranglée. "Tu penses que tu peux…"
La guérisseuse approcha de Yuffie et son oncle, s'agenouillant près de la jeune fille, et se pencha sur l'homme, posant la main sur sa joue.
Elle tourna la tête vers Vincent, la secouant doucement d'un air triste.
Vincent allait se diriger vers le reste de l'équipe quand Aérith le rappela, d'un ton plein d'urgence.
Il revint vers elle, inquiet.
Elle montrait le dos de Yuffie.
Son tee-shirt était ensanglanté dans le dos.
Il s'agenouilla à nouveau et souleva le vêtement d'un geste.
La combinaison était percée de trous réguliers en deux demi-cercle sur son dos, du sang coulant des blessures.
Vincent tourna la tête vers Wedge.
"L'ambulance. Elle est blessée, " déclara-t-il avant de se tourner vers Yuffie, aidant Aérith à lui faire lâcher le corps.
"Je préviens Barret !" répondit le brun avant d'attraper Squall par le bras, l'entrainant avec lui vers la digue de glace.
"Makoto, non !" protesta Yuffie quand Vincent détacha ses mains du kimono, le plus doucement qu'il put.
"Yuffie, tu es blessée, " commença-t-il.
"Il faut le soigner !"
"Shhh, " fit Aérith, posant la main sur sa joue, "Yuffie, je suis désolée."
"Je veux rester avec lui… S'il te plait !" demanda l'adolescente.
"Yuffie, c'est fini, " murmura Vincent en wutan.
"Je veux pas, " sanglota Yuffie.
"On doit suivre la procédure, " continua Vincent en la soulevant, "on va le ramener à Seventh Heaven."
"N'appuie pas sur son dos !" conseilla Aérith.
"Je veux pas qu'on le touche !" s'exclama Yuffie en essayant de se débattre.
"Je m'en charge, Yuffie, je… promis je m'en charge, personne ne le touchera…" murmura Vincent.
Ils approchaient de la digue de glace, qui avait presque doublé de volume en leur absence et la contournèrent, parvenant aux véhicules d'Avalanche. La camionnette avait été bousculée par les flots, mais l'ambulance, plus lourde, n'avait pas bougé. Les amis de Yuffie se rassemblèrent en voyant Vincent arriver. Le sol était jonché de cadavres de squames, mais l'attaque semblait s'être arrêtée avec la mort du léviathan. Les squames restant avaient dû fuir ou étaient actuellement dispersés dans le canal, chassés hors du canal par Avalanche ou les SOLDATs.
"Yuffie ? " s'exclama Zell en approchant.
"Ecartez-vous", ordonna Vincent, "Aérith, fait vite."
La guérisseuse ouvrit les portes de l'ambulance et Vincent entra, baissant la tête au passage.
"Makoto ! Le laisse pas seul !"
"Je m'occupe de lui, " promit Vincent en la posant sur la civière, lui retirant son tee-shirt et défaisant le harnais qui maintenait son équipement.
"Yuffie, s'il te plait, calme-toi, " demanda Aérith en essayant de l'allonger sur le ventre.
"Laisse-moi !"
"Vincent…" commença Aérith.
"Je vais la tenir."
"Non. Dehors, " ordonna la guérisseuse.
Le brun lui jeta un regard confus.
Aérith le regarda en baissant d'un centimètre la fermeture éclair dans le dos de Yuffie.
La seconde suivante, Vincent était hors de l'ambulance, refermant une des portes derrière lui. Aérith passa la tête par l'autre porte, tâchant de retenir Yuffie qui essayait de se lever.
"J'ai besoin de quelqu'un qui ne soit pas attiré par les femmes !"
Le silence retomba sur la petite troupe des amis de Yuffie.
"Euh…" fit Squall, "pardon ? Pourquoi ? "
"Parce que j'ai une adolescente à moitié nue dans l'ambulance qui refuse de rester couchée pendant que je la soigne."
"J'arrive, " déclara une amie de Yuffie, aux cheveux bruns coupés aux épaules, en se glissant par la porte, refermant derrière elle.
"On a besoin de plus de femme dans l'équipe, " déclara Biggs.
"Ou d'homme homo, " ajouta Wedge, se prenant un coup de coude de Biggs, suivit d'un signe de tête discret dans la direction de Vincent.
Vincent en déduisit que ça n'était plus illégal.
Ses coéquipiers prenaient un soin infini à ne pas choquer ses sensibilités d'un autre temps.
Geste louable de leur part, mais parfaitement inutile.
Il ne restait plus grand chose à choquer.
Il alla vers le fourgon, fouillant la réserve à la recherche d'une housse mortuaire avant de repartir vers la grue, Wedge le suivant pour le couvrir. Il reprit contact avec Barret en chemin.
"Lieutenant ? "
Yuffie va bien ?
"Aérith s'occupe d'elle, ça n'a pas l'air profond, mais…"
Il s'arrêta près du corps du…
Squame ?
Mutant ?
Eidolon ?
...Esper ?
Il s'agenouilla et commença à l'envelopper dans la housse mortuaire.
Il était tellement léger.
Yuffie pesait le même poids quand elle lui escaladait les épaules.
"Nous avons… un problème, " finit par déclarer Vincent.
-Je suis actuellement en train d'achever des sahagins et divers autres squames qu'Hojo nous a envoyé, il va falloir être plus précis.-
"Un membre de la famille royale de Wutai est mort sur le quai. L'oncle de Yuffie."
-Les couilles du Titan et sa barbe par-dessus, qu'est-ce qu'il fiche ici ?- jura Barret.
Il y eut un silence sur le canal de communication.
Puis Barret jura très longuement. Et avec inventivité.
Il avait dû voir l'absence du léviathan mort sur la grue et réalisé le lien avec Yuffie.
-Ne me dis pas… Oh, BORDEL !-
"Je suis en train de m'occuper de son corps, il faut l'évacuer avant que les Turks ne viennent le détruire."
-Vincent, on ne peut pas l'autopsier si c'est l'oncle de Yuffie,- intervint la voix de Shera, par le module de Jessie.
-Et un Prince de Wutai !- ajouta celle de Reeve.
"Pourquoi ? "
-Outre les problèmes diplomatiques, il nous faudra l'autorisation de la famille,- expliqua patiemment Shera, -Et… Je ne me vois pas demander ça à Yuffie. Pas maintenant.-
Vincent s'interrompit dans sa tâche macabre et jeta un regard au visage de l'homme dans la housse.
Il avait les mêmes yeux que Yuffie. Un peu moins grand, peut-être, mais la même couleur. Il les lui ferma avant de zipper la housse.
"En effet, " admit-t-il, "mais on ne peut pas le laisser ici."
"Si les Turks le trouvent, " intervint Wedge, toujours derrière lui, "ce sera encore pire."
S'il y avait une chose que Vincent avait quitté avec joie quand il avait officiellement cessé d'être Turk, c'était bien le casse-tête diplomatique des conséquences de certaines missions. Il n'était pas exactement ravi de devoir y faire face à nouveau.
"Je me charge des Turks, " soupira-t-il avant de glisser les mains sous les épaules et les jambes du cadavre.
-Je rappelle qu'il est interdit de les assassiner,- soupira Reeve.
"Ça ne résoudrait pas le problème, " nota Wedge.
Vincent se redressa, soulevant le corps et se dirigea à nouveau vers la digue.
"Wedge. Écarte les enfants."
"Pas des enfants, Vincent, " répondit le jeune homme avant d'obéir, prenant quelques pas d'avance pour empêcher les adolescents d'approcher du brun.
Biggs vint l'aider et ils dégagèrent le chemin, permettant à Vincent se diriger vers la camionnette sans encombre. Il vit les adolescents fixer son fardeau d'un air sombre, certains entonnant le chant funèbre des Yévonites. Squall tenta de le suivre, lui emboitant le pas quand il passa devant lui.
"Monsieur Valentine, que…"
"Chut, " ordonna Vincent, "ouvre la porte."
Squall hésita une ou deux secondes avant d'obéir, tenant la porte ouverte pour Vincent, le temps que celui-ci dépose le corps sur le sol de la camionnette.
"Red !" appela Vincent par-dessus son épaule en se redressant.
Le véhicule tangua et il tira aussitôt son arme de son holster avant de réaliser que ce n'était que Red, qui avait sauté du toit du fourgon à celui de la camionnette et s'était accroupi au-dessus de lui.
"Qu'est-ce que..."
"Je ne sais pas nager, " répondit le fauve.
Normal pour une créature née dans une région désertique. Toutefois, il ne restait qu'une dizaine de centimètres d'eau au sol.
"Pourrais-tu incanter un stop sur le corps, s'il te plait ? "
"Je m'en charge, " répondit le fauve.
"Merci, " fit Vincent avant de prendre Squall par l'épaule et l'entraîner après lui.
Squall s'apprêta à se dégager avant de réaliser que son épaule était prise dans un étau d'acier et qu'il n'avait d'autre choix que de suivre Vincent.
"A partir de maintenant, tu te tais."
"Mais..."
"Chut."
Il traversa l'assemblée des blitzballers, traînant toujours Squall avec lui et toqua à la porte de l'ambulance. Aérith entrouvrit la porte.
"Comment va-t-elle ? "
"Les blessures sont refermées. Ça va laisser une cicatrice, " répondit Aérith, "heureusement, ça n'était pas profond."
"Je dois contacter Tseng."
La guérisseuse grimaça mais sortit son PHS de sa poche et composa rapidement un numéro avant de le lui tendre. Vincent fit signe à Squall de rester où il était et s'éloigna de quelques mètres.
-Allo ?- fit la voix de Tseng dans le haut-parleur.
"Ici Valentine."
-Que fais-tu avec le PHS d'Aérith ?-
"Elle me le prête. J'ai besoin d'une faveur."
-Est-ce que ça a un rapport avec le grabuge au canal ?- s'enquit le chef des Turks.
"Reno a intérêt à ne pas descendre du toit où il est perché, " rétorqua Vincent.
Un moment, demanda Tseng avant de mettre en place une musique d'attente.
Vincent attendit.
-La mission de suivi de Reno est mise en suspens pour quelques minutes,- annonça Tseng quand il reprit la communication.
"Bien."
-Quelle est la faveur dont tu as besoin ?-
"Avalanche vient de trouver un corps qui ne doit pas être détruit."
-Et pourquoi te ferais-je cette faveur, cette fois ?-
"Parce qu'il s'agit du corps d'un membre de la famille Kisaragi."
-Comment va la Princesse Kisaragi ?- demanda la voix de Tseng, légèrement plus tendue.
Vincent tourna les yeux vers l'ambulance. Yuna venait de descendre et, suivant les ordres d'Aérith, parti chercher quelque chose dans le fourgon. Elle revint presque aussitôt avec des vêtements de rechange, probablement pour Yuffie.
"Elle va bien."
-Alors qui…-
"Elle sera fort déçue si quelque chose arrivait au corps de son oncle."
Un nouveau silence.
-... d'accord. Très bien. Discrétion assurée.-
"Je t'en remercie."
-Je tiens à ce que tu saches, Valentine, que mon travail était beaucoup plus simple avant que tu n'arrives dans cette ville.-
"J'ai cet effet sur les gens."
-Tu m'en dois une.-
Et ça, il le savait dès le moment où il avait décidé de l'appeler. Avec de la chance, Tseng se contenterait de lui demander d'arrêter de faire tourner les jeunes Turks en bourrique.
"Très bien."
-Occupe-toi de ta Princesse et passe-moi la mienne.-
Vincent retourna vers l'ambulance et toqua de nouveau, rendant le PHS à sa propriétaire.
"Même ton PHS est rose ? " demanda-t-il en le lui tendant.
"C'est tellement plus facile d'être sous-estimée quand tu portes du rose, tu devrais essayer, " répondit Aérith.
Yuffie redescendit à son tour et Vincent vit Yuffie achever d'enfiler un tee-shirt trop grand pour elle, dos à la porte.
Effectivement, les blessures laisseraient une cicatrice. Il s'éloigna d'un pas et attendit une minute ou deux avant de faire signe à Squall d'entrer. Aérith lui jeta un regard intrigué tout en raccrochant son PHS.
"On le ramène à Seventh Heaven, " déclara Vincent.
"Euh, vous allez pas le faire disparaître ? " s'enquit le grand roux à la balle de blitzball.
"Pire. On va lui faire signer une clause de confidentialité, " rétorqua Aérith avec un grand sourire.
Les adolescents semblèrent confus de sa réponse.
C'était beau l'innocence.
L'adolescent sonna à la porte. Le trooper qui avait été chargé de le raccompagner, quand il avait été trouvé en larmes au milieu d'un groupe d'évacués, avait insisté pour le confier à un adulte responsable et ce fut le nom de sa logeuse qu'il donna.
Ce n'était pas comme s'il avait des adultes responsables dans sa vie.
Il n'en avait plus maintenant que Setzer et Haru…
La porte s'ouvrit sur une femme d'une soixantaine d'années, vêtue d'une longue tunique usée, en train de s'essuyer les mains.
"Que se passe… oh, Shiva !" s'exclama-t-elle en le voyant, trempé et frissonnant sur le pas de sa porte avec un trooper Shinra.
"Il va bien, Madame, " déclara le trooper, "j'ai été chargé de le raccompagner chez lui et de le confier à ses tuteurs légaux."
"Je suis sa logeuse, il est mineur isolé, " expliqua-t-elle avec un regard inquiet.
"Je vois. Donne-moi ta carte, je dois confirmer que tu as bien été déposé chez toi, " demanda le trooper en sortant son scanner.
Il obéit.
Sa carte d'identité était vraie après tout, personne ne ferait le rapport avec Hojo.
Le trooper la scanna avant de jeter un regard à la photo, laissant fleurir un sourire sur son visage impassible jusque-là.
"Faudra que tu changes la photo, tu as quel âge là-dessus ? "
"Deux... trois ans je crois, " répondit-t-il.
"Merci de l'avoir raccompagné."
"Un plaisir, Madame, bon courage, petit."
"Merci M'sieur, " marmonna-t-il.
Le trooper prit congé et sortit de l'immeuble d'un pas las. Eux aussi avaient travaillé longtemps pour évacuer les habitants du secteur 5 et tenter de juguler les dégâts des eaux et des squames. Il sentit le bras de sa logeuse passer autour de ses épaules et le serrer contre elle brièvement. Il aimait bien la vieille femme qui veillait sur ses locataires avec la férocité d'un zuu en période de ponte, surtout sur la ribambelle de mineurs isolés qui logeaient dans les chambres du dernier étage.
Il l'aimait bien et c'était pour ça qu'il essayait toujours de garder ses distances avec elle.
"Que s'est-t 'il passé ? "
"Je… J'étais au canal… y'a eu des Squames…"
"Ho, non. Tu n'es pas blessé ? "
"N...non…"
"Menteur" l'accusa-t-elle d'une voix douce en voyant la trace sur sa gorge.
"C'est rien, c'est... un débris dans l'eau…"
Elle l'entraîna d'autorité dans son appartement et le fit asseoir à sa table, allant chercher de quoi désinfecter.
"Est-ce que tu es sûr que tout va bien ? " s'enquit-t-elle à nouveau.
"J'ai... un ami… qui est mort…"
"Sora ? !"
"Non ! Non, il est à la MGU… Un... un autre ami."
La vieille femme posa le coton qu'elle avait utilisé pour nettoyer la blessure.
"Oh... oh, non… Oh, Riku[6], je suis désolée…"
Il n'eut pas le temps de refuser qu'elle l'avait déjà pris dans ses bras, posant une main dans son dos et l'autre dans ses cheveux.
C'était comme quand Haru le tenait quand il était petit et qu'il avait peur des squames. Comme quand Setzer l'avait serré contre lui lorsque Haru avait été emmené par les Remnants et enfermé dans le laboratoire d'Hojo.
Il fallait qu'il garde ses distances avec elle.
Pas ce soir.
Demain.
Demain il redeviendrait distant.
Mais pour l'instant, il ne voulait rien de plus que rester où il était, les bras de la vieille femme autour de lui, dans ce petit appartement des Taudis, qui sentait la friture et la cannelle.
Quand les quais furent nettoyés des derniers squames, quelques heures plus tard, une fois l'ambulance et la camionnette renvoyés à Seventh Heaven, et le dernier adolescent rendu à sa famille (avec force embrassades et hurlements, la mère de Zell semblait être une force de la nature), Vincent et Cid purent rentrer, récupérant les derniers membres d'Avalanche au passage.
"Les gamins ? " fit Barret en montant à l'arrière.
"Chez eux, probablement en train de se faire engueuler, " répondit Cid.
"J'espère que Jecht et Auron ne vont pas rater Tidus, " grommela le colosse en s'asseyant.
"Tu connais le môme ? " S'étonna Cid.
"Son père a servi avec moi."
Le reste de l'équipe les rejoignit. Biggs et Wedge avaient déjà conduits les deux autres véhicules à Seventh Heaven, il ne restait que les jumeaux, Red, Barret et eux pour rentrer.
"Et je ne vais pas vous rater Yuffie et toi, " ajouta Barret avec un regard noir à Vincent.
Yuffie fut fort heureusement épargnée ce soir-là, mais nul doute qu'elle aurait droit à des reproches le lendemain. Vincent dû aussi attendre son tour, et ne put entrer dans le bureau de Reeve que quand Squall en sortit, penaud.
"Biggs ou Wedge, ramenez-le à la MGU. Madame Kramer l'attend."
"Je m'en charge !" déclara Wedge.
"Merci, Monsieur, " marmonna Squall, "et Yuffie ? "
"Elle dort, t'en fais pas, " répondit Wedge en l'entrainant dans le garage, "et si tu m'appelles encore une fois 'monsieur'…"
Vincent ne saura jamais ce que Wedge allait menacer, car c'était son tour.
Jessie lui fit signe d'entrer.
Il n'avait vraiment pas envie d'avoir cette conversation.
Il inséra une matéria sceller dans l'encoche vissée dans le cadre de la porte, activant le sort de silence sans un mot, avant d'entrer, suivi de Barret et Cid.
Il y avait comme un goût de déjà vu, même si Barret prit soin d'aller s'adosser le plus loin possible de Vincent et que Cid s'assit immédiatement, libérant de l'espace. Jessie était restée aussi, restant debout à côté de Barret, derrière Reeve.
"J'aimerais avoir des explications sur le fait que Yuffie et une créature d'Hojo aient tous les deux soudain décidé de se transformer en léviathan, " commença Reeve.
Il n'était pas loin de onze heures du soir et tout le monde était épuisé, nerveux et, dans le cas de Vincent, encore légèrement humide d'avoir piqué une tête dans le canal. Fort heureusement, le sujet de la discussion lui détournerait les idées de l'étroitesse de la pièce.
Il n'était pas sûr que ledit sujet soit bon pour son état d'esprit.
"As-tu besoin d'explications officielles à donner à Shinra et aux journalistes ou d'explications officieuses qui ne quitteront pas ce bureau ? "
Reeve soupira. Quelle idée il n'avait pas encore eu d'essayer d'interroger un Turk.
"Les deux ? ", suggéra-t-il, "et je ferais le tri ? "
"Yuffie a acquis une G-force de léviathan et l'a utilisée pendant que mon nosfératu détournait l'attention du léviathan d'Hojo."
"Ce sera crédible ? "
"J'ai utilisé mon projecteur deux fois, " répondit Vincent, "les Kisaragi sont connus pour leur attachement à l'Ancienne de Wutai. Que Yuffie ai un léviathan n'étonnera personne."
"Le projecteur a bien fonctionné deux fois, " confirma Barret, "et ils ont tous les deux fait attention en atteignant leur limite et en la quittant, " admit-t-il, "personne ne les as vu."
"Très bien. S'il y a des questions à ce sujet, ce sera la version officielle, " déclara Reeve en fermant le dossier devant lui. "La version officieuse, maintenant ? "
Vincent garda le silence, cherchant ses mots.
"Vincent ? "
"Je ne suis pas autorisé à parler de ce genre de choses."
"C'est un projet de Shinra ? " demanda Reeve.
Vincent frissonna et secoua la tête.
Il espérait que le Président n'en saurait jamais RIEN. Cet homme vendrait les dents de sa mère, si ce n'était pas déjà fait.
"Hojo, alors ? " ajouta Jessie.
"Non plus."
"Vincent, j'aimerais pouvoir te faire confiance mais tes mensonges…"
"Je n'ai pas menti, " contra immédiatement Vincent.
Il inspira profondément avant de reprendre. Il allait devoir faire appel à tout son talent pour jouer sur les mots sans révéler quoique ce soit d'important. Ou dangereux.
"Ma limite est un secret de famille. Et je pense que c'est aussi le cas de Yuffie."
"Tu penses ? " répéta Barret.
"J'ignorais qu'elle… J'ignorais ce qu'elle pouvait faire jusqu'à quelques minutes avant qu'elle ne saute."
"Vincent, ce genre de chose… J'ai besoin de savoir si je peux avoir confiance en mes hommes et vous cachez…"
"Mais moi, je ne sais pas si je peux vous faire confiance, " coupa Vincent.
Barret se redressa, offensé et Vincent leva une main pour le calmer.
"Rien de personnel, Lieutenant. Il y a plusieurs raisons qui font que ceux comme Yuffie et moi ne pouvons pas... ne devons pas révéler notre existence à n'importe qui."
"La première ? " demanda Barret.
"Jessie. Combien coûtent des cornes de nosfératu au marché noir ? " demanda Vincent sans se tourner vers elle.
La jeune femme échangea un regard avec Reeve qui hocha la tête et elle alluma sa tablette, cherchant pendant quelques minutes avant de répondre, les yeux légèrement agrandis.
"Une seule peut valoir dans les 10 000 gils. La paire assortie pourrait payer une petite maison à Costa Del Sol."
"Les écailles de léviathan ? "
"Vincent, putain !" s'exclama Jessie après avoir vérifié, "tu es en train de me dire que quelqu'un dépècerait Yuffie pour ça ? "
"Je ne connais pas l'état du trafic de reliques actuel, mais quand j'étais enfant, des forgerons étaient prêts à payer cher pour des crocs et griffes de monstres. Sans compter les alchimistes, les rebouteux ou même juste les collectionneurs."
C'était la raison pour laquelle sa mère ne l'avait pas confié à ses amis chasseurs avant de mourir. Elle ignorait si l'appât du gain ne serait pas plus fort que d'avoir aidé à l'élever. Elle ignorait si lui avoir appris à tirer ou à écrire les empêcherait de lui arracher les cornes et les ailes.
"Il y a aussi la façon… dont sont traitées les créatures intelligentes non humaines… Et parfois même les humaines."
"Les lions de cosmos…" commença Reeve.
"Les Al Bhed, " ajouta Cid.
"Les Mages Noirs, les Viéras… quantités d'autres créatures…" acheva Vincent. "Ma famille a décidé de cacher sa nature pour éviter ça. Et je ne suis pas rassuré qu'Hojo ait découvert la limite d'un Kisaragi et trouvé un moyen de la déclencher à la demande. Je sais déjà qu'il… a fait quelque chose sur ma limite."
Il tourna la tête vers son bras démoniaque, dépliant ses doigts, et croisa le regard de Cid qui grimaça et détourna les yeux.
"Et puis, il y a les G-Forces."
Il leva les yeux sur Reeve.
"J'avais des frères, " expliqua Vincent, "et je me demande si… si ce n'est pas d'eux que viennent les G-Forces nosfératu."
Il espérait sincèrement que son clan existait toujours. Il n'était pas particulièrement attaché à son père et certains de ses frères mais pas au point de souhaiter leur mort.
Bon, sauf celle de Chaos, peut-être.
"Je ne peux rien dire de plus, Reeve.
"Tu penses qu'Hojo refera des trucs de ce genre ? " demanda Barret.
"Odine est toujours dans la nature. Et c'est lui qui a découvert comment créer une G-Force."
"Ils sont de mèche ? " demanda soudain Cid.
"Je l'ignore. Peut-être. Mais Odine pourrait aussi très bien être contraint à travailler pour Hojo ou… Je ne sais pas."
"Donc Hojo a fait des expériences sur des Sorcières, peut être des mages noirs, des Al Bhed et… quoi que toi et Yuffie soyez.
"Reeve. Personne ne doit rien savoir."
"Vincent, je te promets…"
"Si ça s'ébruite, Yuffie, moi… ou vous trois, risquez gros. Je ne sais pas ce que les Kisaragi feraient pour assurer le secret de leur limite… Mais ma famille est… expéditive."
"Ils te tueraient ? " murmura Jessie.
"Vous aussi, " confirma froidement Vincent.
Le silence retomba dans le bureau. Reeve fini par soupirer. Encore une chose à laquelle il faudrait faire attention.
"Très bien, " fit-t-il en rangeant ses dossiers, "je verrais avec Yuffie demain pour qu'elle n'utilise plus cette G-Force et qu'elle soit plus prudente avec à l'avenir. En échange, Vincent : Pitié, arrête de l'encourager à prendre des risques."
"Reeve, j'étais un Turk, pourquoi t'attends-tu à mieux de ma part ? "
"J'ai foi en l'humanité, " répondit le brun, "nous verrons demain ce qu'il… ce qu'il faudra faire du corps de…"
"Harumi Kisaragi, " répondit Vincent.
"Allez prendre une douche et dormir. Je rentre chez moi faire pareil."
Cid fut le premier à sortir, suivit par Barret et Vincent, Jessie restant aider Reeve à ranger avant son départ. Vincent désactiva la matéria sur la porte et approcha de Cid.
Il connaissait le tempérament du Burmécien après plusieurs mois à partager un toit et une chambre et il était un peu étonné du silence de celui-ci pendant l'entrevue.
Il se souvenait encore de la tempête qu'il y avait eu lors du débrief au sujet de Gabbiani.
Il en soupçonnait la raison, mais comme il avait dit à Reeve, il n'était pas autorisé à parler de ce genre de chose.
Personne ne l'était.
Le blond tourna la tête vers lui, le regardant pensivement quelques secondes avant de prendre son paquet de cigarettes, en calant une entre ses lèvres.
"J'ai besoin d'un verre et d'une clope, " déclara-t-il.
"Moi aussi. Et d'une douche, " renchérit Vincent.
Mais avant ça.
Ils s'arrêtèrent devant la table de la pièce commune. Elmyra avait laissé une assiette pleine de ses sandwichs de fin de mission, traditionnel après chaque journée de combat pendant laquelle un ou plusieurs repas avaient été sautés. Cid s'appropria un sandwich au rôti de double-corne, Vincent en prit un au chocobo. Deux canettes de bière furent libérées du frigo.
"Le toit ? "
"Le toit."
L'air extérieur était encore chaud et les lumières éteintes, sauf dans le secteur 5, où les lumières avaient enfin été rallumées, le temps de finir les réparations d'urgence et l'évacuation. Le silence régnait, même avec son ouïe augmentée, Vincent n'entendait rien d'autre que les bruits habituels de la nuit et la respiration de leurs équipiers endormis.
Comme d'habitude, ils étaient tous les deux seuls sur le toit, au calme.
"Cid."
"Hm ? " répondit le pilote en mâchant son repas.
"J'ai besoin d'aide."
Cid tourna le regard vers lui, finissant soigneusement sa bouchée avant de répondre.
"A quel sujet ? "
Il serait étonné que ce soit la suite de leur conversation de ce matin. Le brun semblait avoir besoin d'encore un peu de temps pour lire le livre et en digérer les informations.
"Yuffie. Demain…"
Le sniper laissa échapper un petit soupir de frustration avant de reprendre, cherchant ses mots au fur et à mesure.
"Demain sera difficile pour elle. Et je ne suis pas… Je ne suis pas la meilleure personne pour l'aider."
"Peut-être, " admit Cid, "mais elle ne me fait pas autant confiance qu'à toi."
Ça sembla agacer Vincent qui se concentra un moment sur son propre repas, fixant le sandwich d'un regard noir comme si son contenu (au demeurant excellent) était responsable de la situation.
"Vince, que tu le veuille ou non, cette gosse t'aime bien, " continua Cid.
"J'ignore pourquoi."
"Pareil, " rétorqua Cid en prenant une nouvelle bouchée de son sandwich.
Il acheva son repas, puis prit sa bière, la sirotant lentement avant de reprendre.
"Je peux rester avec vous demain, si tu veux."
Vincent prit sa bière à son tour, hésitant un moment avant d'hocher la tête.
"Merci."
[1] Oui, l'univers de Gaïa a des films de Kaiju sur le thème des invocations. GODZILLA GO !
[2] Rappel dans cette fic : Invoqueur : n'importe qui qui utilise une matéria ou une G-Force pour invoquer. Invokeur : Personne ayant conclu un pacte avec un Fayth pour utiliser ses pouvoirs. C'est pas ma faute si Square a zéro originalité pour les noms de classes !
[3] Voir Boule de Neige chapitre 10 : Le Fayth de la Colline de la Victoire
[4] Je déteste ça !
[5] Nope, je traduirais pas dans ce chapitre, ce sera dans le prochain ! :D Comment ça je suis un troll ? C'est le chapitre 15 et vous vous en apercevez seulement maintenant ?
[6] Roh, allez, vous allez pas me dire que j'ai été trop subtile sur ce coup là ?
