Chapitre 20 : En chute libre
Résumé :
Setzer est mort.
Haru est mort.
Ne reste que Riku.
Et il compte bien se battre jusqu'au bout.
Contre qui, malheureusement, c'est la question.
Avalanche ? Hojo et les squames ? Ou la chose qui vit dans sa tête ?
Personnages :
Team Avalanche, Team Kingdom Heart, Team Remnant
Tags spécifiques au chapitre :
Je vais les briser en mille morceaux, oui encore, Riku ne mérite pas tout ça, dommage c'est moi qui écrit la fic, du sang de la chique et du molard, je suis sadique je ne me soigne pas, Ansem est là, planquez vos chouchous, PTSD, Cid essaye d'aider, Body horror,
Avertissement :
Je n'ai joué qu'à Kingdom Heart 1 et 2.
J'ai lu le scénario des autres.
Entre les personnages, leurs Nobodies, leurs sans-cœurs, ceux qui empruntent le nom/apparence d'un autre, les copies etc, etc, j'ai rien compris.
Du coup je vais juste garder les persos que je préfère.
L'été s'achevait.
Les températures commençaient à baisser et la différence était palpable entre les Taudis soudain plus froids le matin et la plaque qui avait le soleil et dix degrés de plus. Malgré ça, Riku garda obstinément son sweat sur le dos et la capuche baissée jusqu'aux yeux en sortant de la gare.
Il aurait vraiment dû se teindre les cheveux avant d'arriver à Midgar, il n'avait pas prévu qu'il y aurait une telle hostilité envers ceux aux cheveux gris ou argentés et il y avait des endroits sur la Plaque où on le traitait avec suspicion pour sa simple couleur de poils. Sora était toujours prêt à faire un scandale chaque fois que ça arrivait en sa présence et Kairi maîtrisait l'art de faire honte aux adultes impliqués, à grand coup de regards larmoyants et de discours culpabilisant.
Avec les adolescents de leur âge, ils étaient plus prompts à utiliser leurs poings et leur magie. Et leurs dents, dans le cas de Sora. Et ce que Kairi pouvait faire avec ses claquettes à semelles en bois était du niveau d'une arme de guerre.
Setzer les aurait adorés.
Une douleur vive lui tordit le ventre et il stoppa net, rassemblant toute sa volonté à ne pas s'effondrer en pleine rue. Il avait vite compris que cheveux gris ou pas, quand un adolescent tombait en pleine rue, il y avait toujours quelqu'un pour venir l'aider.
Inspirant profondément, il fit un quart de tour vers la gauche et tenta de se glisser le plus naturellement possible dans une ruelle sombre à l'écart.
Enfin, une ruelle sombre sur la Plaque, c'était aussi lumineux et propre que les plus grandes rues des Taudis.
Toutefois, il put se trouver un petit coin tranquille et à l'abri des regards pour vomir en toute quiétude.
Ça arrivait de plus en plus.
Et il y avait de plus en plus de morceaux de chair grise, qui continuaient à bouger longtemps après.
Il avait testé. Il en avait ramassé un peu dans un récipient en verre avec couvercle, il avait fallu une semaine pour qu'ils cessent entièrement de bouger[1].
Et après, il les avait soigneusement incinérés à grand coup de sort de flammes.
Comme il le fit à nouveau cette fois-là.
Il ressortit de la ruelle le plus discrètement possible, cherchant une boîte aux lettres du regard. Il savait qu'il y en avait une près de l'école, où est-ce que c'était…
Il vit enfin la boîte blanche surmontée d'une figurine de Moogle, le pompon rouge servant de point de repère.
Il sortit le petit colis maladroitement emballé de son sac à dos et vérifia l'adresse avant de le glisser dans la fente.
"Votre paquet est en cours de scannage," l'informa la voix électronique, "veuillez patienter".
Un frisson lui échappa involontairement et il vérifia aussitôt les chemins d'évasions autour de lui. Et si jamais le scanner détectait quelque chose de suspect ? C'était stupide, il n'y avait rien dedans qui puisse le trahir mais... Il se détendit immédiatement quand la machine lui demanda deux gils pour l'envoi, puis le remercia et lui souhaita une bonne journée. Après avoir payé l'adolescent remit son sac sur son dos et reprit son chemin vers l'école.
Il baissa à nouveau les yeux quand il passa le portail mais s'arrêta quand la grande main de Raijin se leva sous son nez. La matéria rouge était toujours incrustée dans sa paume et Riku recula d'un pas en sentant la présence lovée dans le cristal[2].
"Pas d'capuche dans la MGU," déclara -t-il avec un petit sourire, "tu le sais pourtant."
"Désolé, Raijin," marmonna Riku en retirant sa capuche.
Il s'esquiva rapidement, laissant Raijin continuer l'accueil des élèves.
Il n'entendit que trop tard le bruit de course précipité accompagné d'un cri de guerre terrifiant quand deux adolescents se jetèrent sur lui, le plaquant au sol d'une détente que n'aurait pas dédaigné l'équipe de Blitzball de la MGU.
"BOOOOOOOOOYAKAAAAAA ! ! ! "
"Je vais vous booyaker le cul moi," grommela Riku, écrasé sous le poids de ses deux amis.
"HEY ! Pas de bagarre sur le campus ! " brama Seifer en venant de l'entrée.
"Y se bagarrent pas, Seif'," ricana Raijin, "c'est la bande à Sora."
"Pas d'agression sexuelle sur le campus, alors ! "
Il s'accroupit devant Riku et observa le spectacle. L'adolescent était à plat ventre dans la poussière, Sora et Kairi tranquillement installés sur son dos. Riku avait une grimace douloureuse, gardant les poings serrés et Seifer s'en inquiéta aussitôt.
"Est-ce que ça va ? " Demanda-t-il.
"Je survivrais," grommela l'adolescent aux cheveux argentés.
"Il adore ça en fait," rétorqua Sora en battant des pieds de chaque côté du corps de son ami.
"Sora, Kairi, DU VENT ! " Gronda ledit ami en les repoussant au sol d'un coup de rein.
"Ouais, ben vous lui faites mal, arrêtez un peu avec le booyaka," ordonna Seifer en relevant Riku, posant une main sur son dos.
Il entendit le sifflement de douleur de Riku avant que celui-ci se dégage. Sora et Kairi furent à nouveau sur lui, le regard inquiet cette fois.
"Qu'est-ce qu'il y a ? Tu t'es fait mal ? " demanda Kairi.
"Me suis battu," marmonna Riku en baissant les yeux.
"Tes colocs te font chier encore ? "
"Sora, surveille ton langage," soupira Seifer.
"T'avais qu'à pas m'apprendre à jurer," rétorqua Sora.
"T'avais qu'à pas écouter. Mais sérieusement, Riku, tout va bien ? Tu peux aller voir le Docteur Kadowaki si jamais tu es blessé."
"Nan, c'est bon. C'est juste des bleus."
Seifer pinça les lèvres. Ça faisait plusieurs mois qu'il avait repéré l'adolescent, mineur isolé, et qu'il essayait de le persuader de remplir le dossier pour loger à la MGU, mais le gamin refusait obstinément, prétendant préférer vivre dans les Taudis. La matrone lui avait conseillé de ne pas s'entêter et de laisser le temps à Riku d'accepter la proposition, mais Seifer commençait à perdre patience, à voir Riku arriver de plus en plus souvent malade ou blessé, couverts de bleus ou de coupures.
"Si tu as besoin de parler, Riku, je suis là."
Riku leva les yeux vers lui et pendant quelques secondes, Seifer eut l'impression qu'il allait dire oui, qu'il allait lui dire ce qui n'allait pas. Il le vit même ouvrir la bouche.
Et il baissa à nouveau les yeux, secouant la tête.
"Merci Seifer. Ça va."
Encore raté.
"Ok, si tu le dis. Dépêchez-vous d'aller au bus, Quistis va vous attendre pour la sortie."
"Oui Seifer ! " s'exclama Kairi en prenant la main de Riku l'entrainant après elle.
"Et essayez de pas rendre ma sœur chérie complètement barge cette fois ! " ajouta Seifer dans leur dos, "c'est mon boulot ! "
Riku remit sa capuche sitôt qu'il fut dans le bus, s'installant avec Kairi et Sora, uniquement pour que Quistis lui montre le siège d'à côté d'un index péremptoire.
"Deux par siège, Riku ! Et mettez vos ceintures ! "
Elle eut à peine tourné le dos que Sora et Kairi s'étaient de nouveau glissés avec lui, se serrant à trois sur le siège.
"Roxas ! Axel ! coupez-moi cette musique ! " lança Quistis en revenant sur ses pas. "Sora, sur le siège d'à côté ou je te fais asseoir avec ton frère ! "
"Nooon Quistis ! " gémit Sora.
"NON ! "protesta Axel en enlaçant Roxas, "la place est déjà prise ! "
"Axel, bas les pattes ! " rétorqua le blond.
Le professeur Ross arrivait à son tour dans le véhicule et jeta un regard désespéré à sa classe. Elle aimait l'enseignement, encore heureux, mais chaque année, elle trouvait ses étudiants plus agités. C'était compréhensible ceci dit, la moitié d'entre eux étaient pensionnaires, ou à l'orphelinat, et depuis l'attaque de la MGU, n'avaient plus le droit de sortir seuls de l'école. Ils avaient donc tous un surplus d'énergie que même l'entraînement physique ne dissipait plus.
Pire : Ça leur donnait encore plus d'endurance.
Et aujourd'hui, ils étaient surexcités à l'idée de sortir de l'école. Même Namine, la plus calme de toute la classe, était en train de sautiller sur son siège, son sac de dessin sur le dos.
Elle vit Quistis intercepter la balle que Pence et Hayner se passaient par-dessus les dossiers et la fourrer dans son propre sac, avant de réprimander Axel qui embêtait encore Roxas et Sora.
Hyne, merci de lui avoir envoyé cette assistante. Quistis serait une professeure exceptionnelle dès qu'elle aurait choisi sa spécialité d'enseignement.
Et si les enfants ne la faisaient pas partir en courant avant.
"Je crains le moment où ils auront le droit d'avoir des G-Forces," confia-t-elle à sa jeune assistante.
Quistis gémit d'appréhension, elle avait eu moins peur quand Squall et Seifer avaient eu les leurs et immédiatement commencé à se taper dessus avec.
"Ils sont tous là ? "
"Oui, Hayner, Olette ! Assis ! "
"Silence ! Silence ! Ecoutez un peu ! Oh ! OH ! "
Les élèves cessèrent graduellement de se chamailler comme leur professeur haussait peu à peu la voix.
"Merci de votre attention, aussi brève soit elle. Nous allons partir pour la visite au réacteur du secteur 3, je vous rappelle que vous devrez vous tenir sage et au calme. Pas de courses poursuites dans les couloirs, pas de nourriture, pas de cris ou de bagarre..."
"Pourquoi on va au réacteur ? " gémit Hayner, "on fait ça chaque année, on le connaît par coeur ! "
"Ouais ! Pourquoi on n'irait pas plutôt à l'aérodrome ? ! " s'exclama Axel, "y'a le Haut Vent là-bas ! "
Un chœur de voix appuya la proposition du rouquin, mais leur professeur resta intraitable. Depuis l'attaque de la MGU, les élèves vouaient un culte à l'aéronef et son équipage, il devenait compliqué de les intéresser à autre chose que l'aéronautique.
"Tout le monde ici n'a pas visité le réacteur ! " expliqua le professeur Ross, "pensez à vos camarades de classe ! "
"Ouais," grommela Hayner en se levant dans le couloir pour se pencher vers Riku et lui donner un petit coup dans le torse, "c'est de ta faute encore, c'est toi qui l'as proposé, espèce de…"
L'instant d'après, il avait une main sur le poignet, l'autre autour de la gorge et le regard dans des yeux vert d'eau, furieux et à deux doigts de la limite.
"Tu me touches encore une fois et je te BOUFFE ! " siffla Riku.
"Riku ! " l'interpella Quistis.
"C'est Hayner qui a commencé ! " protesta Kairi en se levant entre les deux adolescents, les obligeant à se séparer. "Arrêtez, tous les deux ! " ordonna-t-elle d'un ton sans concession.
Riku lâcha Hayner, sans le quitter du regard et Hayner recula, retournant s'asseoir avec Olette, jetant des regards craintifs à son adversaire. Kairi posa les mains sur le poignet de Riku et le fit asseoir aussi doucement que possible, sans le quitter du regard.
"Riku… tu es sûr que ça va ? "
Son ami la regarda, hésitant quelques secondes avant d'hocher la tête, s'humectant les lèvres. Il inspira longuement, fermant les yeux, et essayant de se calmer.
Ce n'était pas le moment d'avoir des plumes.
Il sentit Kairi se blottir près de lui et poser la tête sur son épaule et il rouvrit les yeux, la regardant.
"On t'a fait mal tout à l'heure ? "
Il hésita avant de répondre.
"C'est pas grave," commença-t-il
"On va arrêter le booyaka," déclara Kairi, "mais faudra nous laisser te faire des câlins à la place."
Il n'y aurait plus d'autres booyaka. Mais plus de câlins non plus.
Il n'y aurait plus la main de Kairi dans la sienne et celle de Sora dans l'autre.
"Ok."
"Hein ? "
"J'ai dit ok. Si vous arrêtez de me sauter dessus comme ça, je suis d'accord pour les câlins."
Kairi eut un grand sourire et jeta les bras autour de son cou, déposant un baiser sur sa joue.
Il n'y aurait plus de baiser.
Il tourna la tête, posa la main sur la nuque de Kairi et l'embrassa, droit sur les lèvres.
Quand il la relâcha, l'entièreté du bus leur fit une ola bruyante et enthousiaste, digne d'un but au blitzball. Kairi le fixait avec surprise, ses yeux encore plus grands que d'habitude.
"Je... je vais pas me plaindre mais…" commença-t-elle.
Par-dessus son épaule, Riku vit Sora les regarder avec un grand sourire et peut-être un peu d'envie dans le regard.
Beaucoup d'envie.
Riku souleva Kairi d'un bras sous les genoux et de l'autre dans le dos, la porta sur le siège d'en face et la posa entre Sora et lui, laissant à peine le temps à Sora d'ouvrir la bouche pour lui demander ce qui se passait avant de lui donner un baiser à son tour.
Le bruit de la ola redoubla.
"RIKU ! Bas les pattes de mon FRÈRE ! " protesta Roxas en se levant, attrapant le dossier du siège de devant.
"Wow, il a de la technique le mini-séphiroth ! " s'exclama Axel.
"Tu l'appelles PAS comme ça ! " rétorqua aussitôt Kairi.
"Ça commence si tôt la puberté ? " soupira le professeur Ross.
"S'ils sont moitié comme Seifer, oui," répondit Quistis.
Barret revenait d'avoir accompagné Marlène à l'école quand il trouva Vincent et Biggs plongés dans les dossiers des missions précédentes.
"Que se passe-t-il ? "
"Jessie a eu le résultat des empreintes du PHS."
"Ah, enfin ! "
"Pas sa faute, Aérith a eu du mal à emprunter les preuves à Tseng."
"J'ai dû promettre de ne plus taquiner les Turks," ajouta Vincent.
"Ça t'apprendras," rétorqua Barret en retirant sa veste.
Il prit une chaise près de Biggs, se penchant sur les notes du jeune homme. Parfois, ça faisait du bien de voir une écriture lisible chez ses équipiers.
"Bon alors d'un côté, on a un bras adulte coupé à l'épaule et tout ce qu'on sait de lui, c'est que c'était un squame d'Hojo," nota Biggs en posant la photo du bras à sa gauche.
"C'est ça."
"Et de l'autre, on a… une voix jeune qui nous a prévenu à deux reprises d'une attaque imminente. Et on est sûr aux empreintes sur le PHS cassé que ce n'était l'autre," ajouta Biggs en désignant la photo du bras coupé.
"Certain ? "
"Rien que la taille des empreintes ne correspond pas, "expliqua Biggs. "Ensuite, Zack a vu un adolescent sur les docks lors de l'attaque du léviathan, que l'on soupçonne aussi d'être un squame."
"Et qui a de forte chance d'être le fameux 'petit' dont Gabbiani a parlé à Cid," ajouta Barret.
Biggs hocha la tête, ajoutant une note sur son carnet.
"Et enfin, on a quelqu'un à l'intérieur de la MGU qui a ouvert les portes à Ultimécia," acheva Biggs en posant la photo de la caméra de surveillance sur les autres preuves, "j'en déduis donc que notre mystérieux informateur est un gamin. Un qui fréquente la MGU vu que l'accès est interdit aux non-élèves."
"Il faut qu'on le trouve. Si ce n'est pas déjà trop tard," déclara Barret.
"Je vais contacter Madame Kramer pour essayer de l'identifier," déclara le sniper en sortant son PHS.
"Alors c'est elle ton informateur ? " marmonna Biggs, surpris, "Jessie va être jalouse, comment as-tu fait ? "
"Je ne suis pas autorisé à révéler cette information," répondit Vincent d'un ton neutre.
"Je vais voir avec Jessie pour qu'elle te prépare un dossier avec toutes les infos pour le transmettre à Madame Kramer," déclara Biggs avant de se lever, emportant les pièces à conviction les plus évidentes.
"Je ne sais pas ce qu'on ferait sans lui," marmonna Baret en rangeant les dossiers.
Vincent hocha la tête. Biggs avait beau ne pas avoir d'entrainement en intel, il était suffisamment futé pour faire les liens entre les événements et en réaliser des déductions généralement justes.
C'était quelque chose que Vincent avait pourtant été entrainé à faire, des décennies plus tôt.
Quand le jeune homme revint avec une clef USB et un dossier scellé pour Edéa, Vincent se porta volontaire pour les amener à son contact à la MGU.
Cela faisait plusieurs semaines qu'Edéa lui proposait de venir visiter l'école et l'orphelinat, c'était l'occasion.
Elle tenait absolument à lui présenter ses enfants et qu'ils le rencontrent. Barret en ferait une syncope s'il savait qu'elle voulait le présenter comme son frère.
"Tu sors ? " demanda Cid en le voyant approcher de sa moto.
Le pilote était penché sur les entrailles de la Chocomobile, visiblement de nouveau motivé à tenter la réparation de la climatisation.
"Je vais à la MGU," répondit Vincent en refermant son blouson. "Nous avons peut-être une piste pour l'informateur."
"Le petit ? "
"Hm," fit Vincent en ramassant son casque, posé sur le siège.
"Qu'est-ce qu'il y a ? " demanda Cid en se détournant de la Chocomobile, s'essuyant les mains sur un chiffon.
"Rien. C'est juste."
Il leva le dossier d'un geste rageur avant de se forcer à se calmer, respirant profondément, le rangeant dans le petit coffre à l'arrière.
"Tu conduis pas dans cet état," déclara Cid.
Vincent serra les dents mais hocha la tête. Cid avait raison. Conduire un véhicule en étant furieux était toujours une mauvaise idée.
Ne serait-ce que pour que le guidon ne lui reste pas dans les mains en tournant trop vite.
"Qu'est-ce que tu as ? " reprit Cid en approchant, les bras croisés.
"Les conclusions auxquelles nous sommes arrivés. J'aurais dû y arriver seul. Plus vite."
"En travaillant seul tu veux dire ? "
"Non. Je…"
Il ne trouvait pas ses mots. Ça lui arrivait de temps en temps, et il devait parfois passer en Wutan et traduire après afin d'arriver à s'exprimer.
Ça ne lui était pas arrivé depuis l'âge de dix ans, quand il était arrivé à Daguerreo, chez son père, et commençait tout juste à apprendre le commun.
"Prends ton temps."
"J'étais… plus intelligent avant."
Cid fronça les sourcils, mais ne dit rien, se contentant de l'encourager d'un signe de tête.
"J'ai… j'ai l'impression d'avoir du sable dans la tête… Et quand je réfléchis… tout va lentement, je rate des indices importants. Ça ne serait jamais arrivé avant… avant."
"Je vois," murmura Cid. "T'en es à quel chapitre du livre ? "
Vincent prit quelques secondes pour raccrocher la conversation.
"Le… ton livre ? Chapitre quatre."
"Continue alors. Y' a un chapitre à ce sujet. Le sixième."
Vincent fronça les sourcils avant de tourner la tête vers Cid.
"C'est lié ? "
Le blond hocha la tête et se redressa, décroisant les bras.
"Dans certains cas, oui."
"Pourquoi ? "
Cette fois, le pilote leva les bras dans un geste d'ignorance.
"Je suis pas psy. J'ai juste lu des bouquins. Mais toi, Zack, Cloud et Red… vous avez subi des trucs qui vont laisser des traces. Cid… l'autre… m'a dit un truc un jour que l'esprit humain est comme une jambe ou un bras. Quand ça casse et que tu ne te soignes pas comme il faut, ça peut prendre des années pour guérir. Et parfois ça ne guérit pas complètement."
Vincent tourna légèrement la tête sur le côté, méditant les paroles de Cid. Celui-ci le laissa réfléchir quelques secondes, le regardant d'un air pensif, avant de reprendre.
"Si tu veux parler à Cid… je vais le voir dans quelques jours. Il pourra t'expliquer mieux que moi… et peut être qu'il aura des idées pour t'aider à gérer ça ? "
Vincent voulu refuser immédiatement.
Ça partait d'un bon sentiment, Cid voulait aider, il le savait mais…
Mais entre son entrainement de Turk et la raclée que lui donnerait son père et Chaos s'ils apprenaient à quel point il était impliqué dans les affaires humaines, il ne sentait pas prêt à parler de lui à un inconnu.
Ça et, de toute façon, ce n'était pas dans son tempérament à la base.
Cid se frotta les mains, regardant ailleurs avant de se décider.
"Il m'a fallu un an et demi avant de me décider à lui parler. Alors… prends tout le temps qu'il te faudra. Mais je t'assure que ça aide."
"Je ne peux pas te parler à toi ? " demanda Vincent.
Cid resta stupéfait, les yeux écarquillés. Pour sa défense, il ne s'était probablement pas attendu à ça.
Pour celle de Vincent… Ça lui avait échappé.
"Uh. Mauvais Cid, Vince," répondit-t-il avec un petit rire gêné. "J'ai… j'ai juste lu des bouquins…"
"Je sais… C'est... une question de confiance, je crois. Je… ne connais pas Cid."
"Dans ce cas, tu es officiellement invité à la prochaine beuverie de l'équipage. Tu apprendras à le connaître et toutes ses grandes aventures en tant qu'aviateur sur trois guerres différentes."
"Quand est-ce ? "
"Dans quelques jours," répondit Cid avec un grand sourire.
"Est-ce que Balthier me fera encore des avances ? "
"Y'a des chances. Mais si tu demandes à Shera, elle protègera ta vertu."
Vincent laissa échapper un petit rire à imaginer leur médecin légiste le protéger des avances du jeune homme. Il faisait presque une tête de plus qu'elle. Il s'assit sur sa Daytona et enfila son casque.
"J'y réfléchirais. Je dois y aller."
"Soit sage surtout."
"Je ne taquinerai pas de Turk," promis Vincent en démarrant.
"J'y comprends rien," marmonna Sora avec un regard morne au guide qui, en bon scientifique de la Shinra, expliquait le principe de cristallisation de la mako tout en glorifiant le travail de son entreprise, sans qui, apparemment, même les cycles de la lune n'existeraient pas.
"T'as qu'à écouter," rétorqua Kairi en se penchant pour lui répondre, contournant Riku.
Ils profitaient tous les deux que Riku se sentait d'humeur sociale et acceptait de se laisser câliner sans protester pour s'approprier chacun un de ses bras. C'était rare et ils comptaient bien faire durer la chose.
"Je préfère la bagarre," marmonna Sora, "les sciences et la magie, c'est votre truc, pas le mien."
"Bourrin," chantonna Kairi.
"Je ne suis pas bourrin. L'escrime c'est une technique subtile et..."
"Tu l'es."
"Je ne suis pas."
"Tul'estul'estules ! "
"Suispassuispassuispas…"
"Kairi ! Sora ! " Coupa Quistis d'un ton autoritaire.
Les deux adolescents se turent, échangeant des regards malicieux. Riku se contenta de rouler des yeux. Quistis leva les bras au ciel et fit signe à leur guide de continuer tout en s'excusant platement du comportement de ses élèves. Au moins, Riku avait l'air attentif, ce qui n'était pas si étonnant. Même s'il avait tendance à se laisser entraîner dans les bêtises des deux autres, c'était un bon élève, intéressé par la magie et les sciences et, de ce qu'il avait dit, n'avait jamais visité un réacteur mako.
Si seulement les deux autres pouvaient prendre exemple sur lui, plutôt que le contraire.
"Nous sommes maintenant sur la rampe d'accès menant à la chambre de compression du réacteur. Malheureusement, pour des raisons de sécurité nous ne pourrons y accéder, mais si vous regardez a votre gauche, vous pourrez voir le système d'extraction de la mako. Ce système fonctionne sur le principe de la pompe qui…"
"Et les moogles pompaient pomp… aïe ! Quistis ! Kairi m'a tapé ! "
"Sora ! " l'interpella le professeur Ross, "retenue mercredi ! "
"Chui désolé pardon je le ferais plus," s'écrasa aussitôt Sora.
"La mako est donc extraite avec une pompe mise au point par Shinra," acheva le guide avec un regard las. "Nous allons passer dans le musée où nous pourrons voir une maquette du système d'exploitation. Par ici je vous prie."
Sora et Kairi continuèrent de se chamailler en sourdine pendant que le reste de leur classe émigrait à nouveau vers la sortie pour rejoindre le bâtiment du musée. Alors qu'ils étaient en plein concours d'injures très imagées, ils sentirent Riku leur broyer les mains, leur arrachant à tous les deux un cri de surprise et de douleur.
"Riku ? " s'inquiéta aussitôt Sora.
Il les lâcha, nouant ses bras autour de son ventre.
"Riku, ça ne va pas ? " demanda Kairi en posant les mains sur son épaule.
"Si," répondit Riku d'un ton qui indiquait tout le contraire.
"Je vais chercher Quistis," déclara aussitôt Sora en s'élançant.
Riku le retint par la capuche.
"Non ! Ça va… Ça va aller. Faut juste que… "
Il grimaça.
"Faut que j'aille aux toilettes."
"Ew," fit Kairi avec une grimace.
"Ouais, c'est glamour," ricana Sora, soulagé.
"On en a vu y'a pas longtemps, je crois," marmonna Riku en les cherchant du regard.
"Oui, y'a cinq minutes, c'est le long du couloir précédent," indiqua Kairi.
"On t'attends ici…"
"Non, allez-y, je vous rejoins, dites juste à Quistis que j'arrive."
"Avec les détails ? " demanda Sora.
"Je crois pas qu'elle voudra le savoir," décida Kairi, "dépêche-toi, on t'attends avec les autres."
"Je fais aussi vite que je peux," répondit Riku en se tournant pour repartir par le couloir indiqué.
Il entendit leur pas s'éloigner, puis la porte battante s'ouvrir et se refermer. Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, vérifiant qu'il était seul. Il fit demi-tour et approcha de la rampe d'accès.
Il pouvait presque sentir la puissance de la méga-matéria, à quelques dizaines de mètres de lui.
Ce serait tellement facile de la prendre.
Trop.
Il baissa les yeux.
La rampe d'accès surplombait un vide de plusieurs centaines de mètres, parsemé de conduites de tailles variées, amenant la mako brute au réacteur puis la redistribuant sous forme d'énergie.
Le vide descendait jusqu'au sol, trois cent mètres plus bas.
Riku prit son élan et sauta, descendant de conduits en conduits, parcourant les escaliers et les rampes d'accès de plus en plus bas.
Quand il arriva enfin à son but, il était au plus profond du réacteur, au niveau du sol rocheux sous Midgard, le plus loin possible de la chambre de compression. Il voyait les deux conduites qui plongeaient dans la roche, les lézardes dans la roche suintant d'une intense lueur vert pâle.
Même en volant, il lui faudra longtemps pour remonter.
C'était parfait.
Il posa son sac à dos, et sortit son téléphone.
Jamais deux sans trois.
Il composa le numéro d'urgence.
Bonjour, numéro de secours de la Shinra, je vous écoute ?
"Allo. Je suis au réacteur du Secteur 3. Il y a un squame qui s'apprête à l'attaquer et à voler la méga matéria."
Pouvez-vous décliner votre identité ?
"Riku. Riku Kishino."
Pouvez-vous nous donner plus d'informations sur le squame ?
Riku garda le silence. Sa mâchoire ne voulait plus fonctionner.
La fleur de cactuar s'ouvrait dans sa tête. Elle s'était réveillée.
Il ferma les yeux et rassembla toute sa magie pour la repousser. La magie de guérison, c'est ce qui marchait le mieux en général.
"C'est moi," finit-t-il par dire.
Ses ailes s'ouvrirent dans son dos, maintenant rouge et noire et il lâcha son téléphone.
Elle leva les yeux.
Sa proie était plus haute et étincelait comme le sang de la planète.
Vincent venait d'arrêter sa moto devant la MGU et patientait à l'interphone qu'Edéa vienne lui ouvrir quand son PHS sonna. Il jeta un coup d'œil au nom sur l'écran avant de décrocher.
"Jessie ? "
-T'es où ?-
"MGU."
-Super, tu récupéreras Yuffie !-
"Que se passe-t-il ? "
-Alerte réacteur Tonberry ! Un squame est entré et tenterait de voler la méga matéria !-
"Je vais chercher Yuffie et nous arrivons."
-On vous amène vos armes !-
"Merci."
Vincent raccrocha. Puis regarda le portail toujours fermé. Edéa approchait, resserrant une étole sur ses épaules avec un grand sourire.
Sourire qui s'effondra en voyant l'expression de son vieil ami.
"Silence ! J'ai dit SILENCE ! " S'époumona le professeur blond qui enseignait l'histoire des conflits. "IRVINE ! Donne-moi cette sarbacane ! "
La classe se calma peu à peu sous le regard sévère du jeune professeur Harvey. Malgré son nom et sa blondeur de petit prince, c'était un paladin réputé et le fait qu'il enseignait aussi l'escrime aux majors, leur bottant aisément l'arrière-train, l'aidait à asseoir son autorité. Néanmoins, en histoire des conflits armés, il avait beau être très érudit, il parvenait beaucoup moins à se faire obéir.
"Est ce que quelqu'un pourrait me dire ce que l'armée de Wutai aurait dû faire pour éviter ce piège ? " Demanda-t-il en désignant le schéma qu'il avait tracé au tableau avant qu'Irvine ne commence à bombarder ses camarades.
"Acheter des canons à Mako au lieu de se battre avec des shurikens pourris ! " lança une voix au fond.
"Tu veux mon shuriken dans la gueule pour voir s'il est pourri ? " Rétorqua aussitôt Yuffie en se tournant sur sa chaise.
"Djidane, Yuffie, ça suffit ! " Interrompit le professeur Harvey en frappant du plat de la main sur son bureau, "Djidane, au tableau ! "
Le jeune garçon se leva de sa chaise, grommelant entre ses dents et traversa toute la pièce avant de stopper devant le tableau blanc ou s'étalait le casse-tête du jour. Il observa le diagramme un moment, sa queue de singe giflant ses chevilles, avant qu'il ne prenne le feutre effaçable et trace quelques traits.
"Explications à haute voix, je te prie," corrigea le professeur.
Le garçon chat grogna et prit une profonde inspiration avant de faire volteface vers la classe, une main sur la poitrine, l'autre levée en un geste tragique et un immense sourire machiavélique aux lèvres.
"En ces lieux épiques, cette bataille fit rage,
Guerriers Millénaires contre Armée des Étoiles.
Plus de foudre et d'éclair qu'un noir ciel d'orage,
Et de flammes écarlates, comme de funestes voiles.
Mais l'Armée cachait des yeux dans les nuages,
Et les Guerriers impuissants, ne pouvaient... ne pouvaient. Une rime en 'oile' quelqu'un ? "
Le professeur Harvey se prit la tête dans les mains avec un soupir affligé pendant que son élève continuait sa diatribe fougueuse.
"Et les Guerriers, impuissants, maudissaient les Étoiles,
Eussent ils eut des ailes, c'eût été un espoir,
Mais de plumes, que dalle,
Et encore moins de victoire[3]"
Un tonnerre d'applaudissements retentit dans la classe, Djidane s'inclinant profondément, tout en remerciant son public.
"Merci merci, vous êtes tous fooooormidââââble, merci merci…"
"C'était mieux que ton poème en alexandrin sur la bataille du Guernica," admit son professeur malgré son agacement, "mais ça ne valait pas la pièce en trois actes que tu m'as pondu sur la guerre des sorcières…"
"Oui mais c'est de l'impro ! " Objecta Djidane sans se déparer de son sourire espiègle.
"Si tu n'as pas répondu à la question de manière conventionnelle dans moins de deux minutes, je te colle un zéro," le prévint très aimablement le professeur Harvey.
Djidane se tourna immédiatement vers le tableau et allait reprendre ses explications quand la porte s'ouvrit avec fracas, laissant passer un homme vêtu de noir, un blouson de moto rouge sur le dos.
"Yuf... Veuillez m'excuser, monsieur," s'excusa Vincent avec une légère inclinaison du torse. "Yuffie, alerte."
"Oh, KSO ! " S'exclama la jeune fille, déjà à mi-chemin de la porte, "où ? "
"Réacteur 3", répondit Vincent.
Il vit plusieurs élèves se lever d'un bond et suivre Yuffie.
"Quistis est là-bas ! " s'exclama Seifer.
"Avec le professeur Ross et des juniors ! " renchérit Raijin.
"Je m'en charge ! " s'exclama Yuffie par-dessus son épaule, avant de suivre Vincent dans les couloirs.
"Yuffie ! Sois prudente ! " réussi à demander Squall avant que Vincent et la ninja ne disparaissent hors de vue.
Le temps que les élèves arrivent à descendre de leur salle de classe, Vincent avait démarré sa moto et lui et Yuffie étaient loin, rejoignant le reste d'Avalanche au réacteur.
L'alerte sonna dans le musée du Réacteur Tonberry, interrompant une vidéo pédagogique pendant laquelle la grande majorité des élèves s'étaient assoupis, endormis par la chaleur dans la pièce, l'obscurité et le sujet rébarbatif.
Même Quistis sursauta, et mis quelques secondes à se lever, imitant le professeur Ross.
"Pas de panique ! " ordonna leur professeur, "en rang deux par deux le long du mur ! Vite ! "
Leur guide avait déjà déguerpi et Quistis se promit de laisser un message assassin sur le site du réacteur, tout en cornaquant ses élèves en formation.
Toutes deux occupées à calmer et diriger des élèves déjà agités, elles ne virent pas Sora et Kairi échanger un regard inquiet avant qu'ils ne disparaissent derrière les sièges de la salle ciné.
Elles ne virent pas non plus la porte de derrière s'ouvrir et se fermer quand les adolescents décidèrent de partir à la recherche de leur ami encore absent.
Quand Vincent et Yuffie arrivèrent au réacteur, la zone autour avait été évacuée et un assortiment de SOLDATs et troopers étaient en train de barrer les routes d'accès, mais il restait un bus scolaire aux armes de la MGU, rempli d'enfants plus jeune que Yuffie, tous aussi paniqués les uns que les autres, collés aux fenêtres de leur véhicule. Une jeune femme et un professeur attendaient devant, parlant avec un SOLDAT, la plus jeune, avec un chignon blond et un uniforme de la MGU, visiblement inquiète et la plus âgée tentant de rester calme.
Les véhicules d'Avalanche étaient tous les trois garés devant l'entrée et il voyait Biggs et Wedge préparer des armes à l'arrière du fourgon, près de Jessie qui se démenait devant son ordinateur.
Vincent stoppa sa moto près du fourgon, laissant Yuffie sauter au sol pendant qu'il se débarrassait de son casque.
Il prit note d'acheter un casque pour Yuffie.
Barret allait encore l'accuser d'être une mauvaise influence sur elle s'il apprenait qu'elle était montée en moto sans protection.
Il la retrouva à l'arrière du fourgon, en train de retirer sa jupe.
Il allait l'arrêter quand il réalisa qu'elle portait un short en dessous.
"Quoi ? " fit-t-elle en voyant son regard surpris, "tu as vu la longueur de mon uniforme et tu veux que je me balade en culotte dessous ? "
Elle n'avait pas tort.
Il retira son blouson, empoignant le fusil de Wedge lui avait préparé. Personne d'Avalanche ne sortait plus sans armes ni matéria, mais Vincent préférait laisser les fusils de sniper à Seventh Heaven. Ils étaient trop lourds et trop voyants pour son habituelle discrétion. De plus, ça rendait les Midgariens légèrement nerveux de voir un homme se promener avec une arme de guerre sur l'épaule.
"Qu'est-ce qu'on a ? " demanda-t-il pendant que Yuffie retirait sa veste d'uniforme et enfilait son gantelet de protection.
"Un seul squame qui se balade, il est en train de remonter jusqu'au cœur du réacteur," déclara Jessie en montrant l'écran de son ordinateur, "mais tu vas pas aimer."
Elle avait réussi à pirater des caméras du réacteur et affichait une mosaïque de différentes sources. Vincent vit les jumeaux passer en courant sur une coursive, Red avancer prudemment sur un escalier de métal, suivi d'Aérith.
Une silhouette mince atterrit sur un tube de transport, en bas de l'écran, des grandes ailes battant sur son dos pour maintenir son équilibre.
Il n'y avait pas d'erreur.
C'était un enfant. Un adolescent, de l'âge de ceux du bus. La vidéo était en noir et blanc, mais les deux équipiers purent voir qu'il avait des cheveux clairs, aux épaules.
Yuffie ne connaissait pas son nom, mais elle l'avait déjà vu, quand ses amis et elle hurlaient de rire à voir Quistis se dépatouiller avec ses élèves.
"Oh, non," gémit-t-elle avant de se précipiter vers le bus en courant.
La jeune femme blonde sembla la reconnaitre et fit quelques pas vers elle, allant à sa rencontre.
"Yuffie ! "
"Quistis, tout le monde est là ? "
"Non ! La bande à Sora a encore disparu ! "
"Décris-les ? "
"Sora, quatorze ans, court cheveux bruns, yeux bleus, cette taille. Kairi, même âge, cheveux brun roux, courts, à peu près la même taille, Riku, plus grand que les deux autres, quinze ans, cheveux gris aux épaules et yeux vert."
Elle vit l'expression de Yuffie changer soudainement, devenant aussi impassible que possible, et elle sentit son cœur se serrer. C'était la première fois qu'elle voyait la Yuffie d'Avalanche, ou la Yuffie de plomb, comme disait Djidane avec sa façon lyrique de décrire les choses.
"Yuffie ? "
"Reste avec les autres, je me charge de les retrouver," ordonna Yuffie avant de faire demi-tour, rejoignant Vincent qui lui lança un module.
"Essai micro," commença Vincent.
-Ah, vous voilà ! -répondit Barret, -On est en train de se répartir sur les niveaux du réacteur. Vincent, va t'installer tout de suite devant la chambre de compression, prépare-toi au cas où le squame s'approcherait. Ordre d'abattre à vue.-
"J'y vais," répondit le sniper avant de se diriger vers l'entrée du réacteur.
"Barret," coupa Yuffie en trottinant après lui, accrochant son propre module, "il manque deux élèves qui étaient en excursion scolaire. Sora et Kairi."
-Sora est là ? ! -s'exclama la voix de Zack.
"Et… De ce que j'ai vu du squame," continua la ninja, "j'ai peur qu'il s'agisse d'un troisième élève. Riku."
Le silence se fit sur le canal de conversation.
-Je vois lequel c'est, -murmura Zack en réalisant quand il l'avait rencontré.
Yuffie, reprit Barret d'un ton grave, tu es chargée de retrouver les deux autres et de les escorter en sécurité, je t'interdis d'entrer en contact avec le squame.
"Bien reçu," répondit Yuffie.
Les deux soldats de garde à l'entrée du réacteur leur ouvrirent la porte, l'un d'eux leur adressant un signe de tête d'encouragement. Vincent tourna la tête vers la jeune fille, posant la main sur son épaule.
"Sois prudente," déclara-t-il en wutan.
"Toi aussi, grand frère," répondit-t-elle.
-Ok, Vincent, dirige-toi vers le réacteur, au fond à gauche-, indiqua Jessie, Yuffie,- je suis en train de vérifier, je n'ai pas l'impression que les gosses soient dans le musée ou le bâtiment d'administration.-
"Je fais un tour rapide de la cour et je te dis," répondit Yuffie.
Cid était en train de descendre les escaliers vers le bas du réacteur quand il vit un éclair noir et rouge passer près de lui en sens inverse, s'élevant vers la chambre de compression.
Un moment, il crut qu'il s'agissait de la limite de Vincent, mais quand il leva les yeux, il réalisa que la silhouette était beaucoup trop petite et lui rappelait plutôt Ultimécia.
Des ailes noires et rouges.
Des cheveux gris argentés.
Mais un corps d'adolescent, à peu près de la même taille que Yuffie.
"Le squame monte vers vous les jumeaux ! " prévint-t-il dans son module avant de faire demi-tour, cherchant une zone dégagée qui lui permettrait de sauter.
Cloud le repéra en premier.
Ils étaient dans les paliers métalliques qui encerclaient l'intérieur du réacteur quand le squame se posa sur la passerelle qui barrait leur étage par le milieu, permettant de passer aisément d'un côté à l'autre.
Il ne les avait pas vus et observait l'enchevêtrement de tuyaux et de poutrelles au-dessus d'eux, cherchant un accès par lequel il pourrait passer avec ses ailes.
Il s'était posé avec délicatesse sur la main courante, se tenant à la barre de métal, ses ailes se refermant sur son dos pour l'empêcher de perdre l'équilibre.
Cloud fut sur lui en quelques secondes, le bruit de ses pas faisant un staccato sur le métal perforé de la passerelle.
L'épée de Cloud devait peser le poids de son adversaire.
Et pourtant, il ne ploya même pas, interposant une étrange épée qui sembla apparaître dans sa main.
Zack en était certain, l'épée noire du squame n'était pas là quelques secondes plus tôt.
Par contre, le choc entre les deux adversaires se répercuta dans leur environnement et la main courante plia sous les pieds du squame.
Cloud y mettait toute sa force, et pourtant, l'adolescent ne semblait pas faire le moindre effort pour le retenir.
De l'autre côté de la passerelle, Zack hésitait.
Ce n'était pas Séphiroth, se répéta-t-il en assurant la main sur son épée.
Ce n'était pas lui.
Trop d'ailes.
Mais elles étaient noires, comme celle de Séphiroth.
Il serra les dents.
Ce n'était pas Séphiroth.
Il attaqua.
Le squame le vit venir, repoussant Cloud en arrière d'un coup de pied avant de se tourner vers Zack, l'arrêtant de la même parade qu'avec son frère. Zack vit son frère préparer un sort et recula rapidement.
Il connaissait l'amour de Cloud pour les sorts de foudre et ce n'était pas le moment de prendre le jus parce que son adversaire et lui avaient les mains sur des épées de MÉTAL.
Un jour, il faudrait qu'il pense à intervertir la matéria de foudre de Cloud pour un autre élément.
La foudre s'abattit sur l'adolescent, aveuglant brièvement tous les spectateurs.
Il se contenta de secouer la tête, à peine ébranlé.
"RIKU ! "
Le cri surprit les trois combattants, interrompant leur combat, les faisant se tourner vers leur origine.
Barret, qui descendait vers leur niveau, se pencha dans le vide, cherchant l'origine du cri.
Deux adolescents se tenaient au palier au-dessus de celui des jumeaux, agrippés à la main courante, dévisageant la scène avec horreur.
Zack les reconnut.
"Sora ! Dégage ! Vite ! " ordonna-t-il. "Yuffie ! Les gosses sont avec nous ! Étage... heu…"
Étage moins cinquante ! indiqua Jessie dans les modules.
J'arrive ! Essayez de les mettre à l'abri ! demanda Yuffie.
"On a les mains un peu prises ! " rétorqua Zack alors que le squame se tournait à nouveau vers lui.
Il fit deux gestes, très rapide, si rapide que Zack ne comprit pas.
La partie de passerelle sur laquelle se tenait le squame se découpa très nettement du reste, tombant vers le sol, des centaines de mètres plus bas.
Le squame prit son vol, ses grandes ailes battant l'air pour s'élever vers le cœur du réacteur.
Sans le morceau manquant et avec le poids des jumeaux et de leurs armes, les deux morceaux restant de la passerelle commencèrent à s'incliner vers le bas.
Déséquilibré par son épée, Cloud bascula dans le vide.
Zack lâcha la sienne, donnant un coup de pied au sol pour sauter vers Cloud et l'empoigner.
La seconde suivante, ils étaient vingt mètres plus haut, Cloud calé sous son bras et continuaient de monter à grande vitesse, fonçant droit vers un autre palier.
Zack n'arriva pas à amortir.
Ils heurtèrent violemment le bord du palier.
Ce ne fut que grâce aux réflexes de Cloud, qui interposa le plat de son arme, qu'ils ne percutèrent pas le béton et la structure de métal. Toutefois, le choc contre la surface plate leur coupa le souffle et il retombèrent sur le palier du dessous, tous les deux sonnés.
Barret resta bouche bée.
C'était un des sauts de Cid, comment est-ce que Zack avait fait ?
Est-ce que le dragoon le lui avait appris ?
Le squame se posa au même palier, de l'autre côté, observant les deux escrimeurs retomber, perché sur la rambarde comme une gargouille.
"Riku ! Arrête ! " répéta un des deux adolescents tout en gravissant les escaliers pour le rejoindre.
Le squame les fixa d'un regard intense, penchant la tête sur le côté d'un air curieux.
"Riku ! " appela l'autre adolescente.
"Bon sang ! Ne restez pas là ! " ordonna Barret.
Le squame se redressa sans les quitter du regard, levant son arme qui scintillait de vert.
Deux mains blanches le saisirent par une aile et Barret jura.
Aérith.
Son équipe avait décidé de le rendre dingue aujourd'hui. Il leva le bras, s'apprêtant à tirer, mais Aérith était dans le champ, il risquait de la toucher.
Le squame se tourna vers elle, un sourire satisfait aux lèvres.
Sourire qui se figea et se décomposa en une expression horrifiée quand les mains d'Aérith commencèrent à briller elles aussi d'une lueur verte, si claire qu'elle en était presque blanche.
Plusieurs valves explosèrent autour d'eux.
Un flot de vapeur de mako les enveloppa.
Le squame hurla.
Il s'arracha des mains d'Aérith si brutalement qu'il laissa une poignée de plumes entre ses doigts[4].
En quelques secondes, il avait disparu, se laissant à nouveau tomber vers les niveaux inférieurs.
Barret resta sur place, observant alternativement Aérith, toujours figée sur place, l'endroit où avaient atterri les jumeaux et les deux adolescents qui cherchaient un moyen de descendre.
Par qui commencer ?
Vincent venait juste de s'installer à son poste de tir quand il entendit les sorts en dessous de lui. Il se pencha, observant le vide.
De là où il se trouvait, il avait une vue parfaite sur la rampe d'accès menant au cœur du réacteur, là où ils avaient arrêté Gabbiani, quelques mois plus tôt.
La rampe surplombait un vide dans lequel il entrevoyait de multiples niveaux de tubes et de conduites, des passages étroits au-dessus du vide et d'autres rampes d'accès.
Il vit des éclats de sorts qui illuminaient brièvement l'obscurité.
Il entendit des bruits de lames s'entrechoquant.
Des cris, de Zack, puis d'une voix inconnue.
Une odeur de mako monta et il fronça les sourcils, cachant son nez dans son coude.
-YUFFIE ! Viens chercher les enfants !- cria Red.
-Je suis en route ! -Protesta la ninja.
"Ici Vincent, je suis en position, que se passe-t-il ? "
-Je peux pas résumer !- déclara Barret, visiblement furieux, -Vincent reste où tu es, Cid, va voir, le squame est retombé vers le bas !-
-Je fonce !- répondit Cid.
C'était la partie du travail de sniper que Vincent aimait le moins. Attendre sans savoir ce qui arrivait à ses équipiers.
Mais il n'y avait rien d'autre à faire.
Il se mit en position, gardant l'œil sur sa lunette de visée, attendant sa cible.
Aérith et Red retrouvèrent Barret en train de relever les jumeaux.
"Comment j'ai fait ça," marmonnait Zack, les jambes tremblantes, se tenant au mur d'une main.
"On verra ça plus tard," ordonna Barret, aidant Cloud à se lever.
"T'as sauté très haut," répondit Cloud, "aïe. Barret, j'ai mal."
"Où ? " demanda Aérith, fourrant une poignée de plumes dans sa poche en approchant de Cloud.
Cloud posa la main sur ses côtes.
Lesdites côtes ployèrent sous la pression.
Côtes cassées. Merveilleux. Parfois, Aérith se demandait si elle ne préfèrerait pas entendre Cloud hurler de douleur quand il était blessé.
"Prends une grande inspiration," ordonna Aérith en posant les mains sur son torse.
Il obéit.
Elle soigna les os au fur et à mesure qu'ils se replaçaient sous ses doigts.
"Aérith, je peux savoir ce que tu essayais de faire ? " gronda Barret, sortant une potion pour Zack.
"J'ai... je devais le soigner…"
"Aérith ! C'est un squame ! " s'exclama Barret.
"Il a quelque chose dans son corps qui doit être soigné ! "
"Mais enfin de quoi tu parles ? ! "
"Je ne peux pas t'expliquer," déclara Aérith en achevant les soins sur Cloud, se tournant vers Zack.
"T'as soigné le squame ? " répéta Zack d'un ton incrédule.
"Et toi, tu t'es fait une commotion cérébrale, encore," soupira Aérith.
"On en reparlera," marmonna le brun.
Barret leur fit signe de se taire, un doigt sur son module.
-Ici Cid. Le squame est devant moi.-
Cid atterrit au sol le plus doucement qu'il put, amortissant au maximum. Il resta accroupi quelques secondes, cherchant leur adversaire du regard.
Le niveau du sol était silencieux et sombre. Il n'y avait que quelques lumières, trop faible pour éclairer entièrement la scène, juste suffisante pour indiquer les sorties, les panneaux de contrôle, les interrupteurs...
La grande majorité de la lumière était fournie par la mako à l'état liquide qui suintait autour des deux trous de forage.
Cid se redressa lentement, sa lance devant lui.
Après le fracas du combat plus haut, tout semblait tellement calme. Des débris de la rampe d'accès abîmée étaient tombés, soulevant des nuages de poussière, mais il ne voyait pas le squame.
Il contourna lentement l'un des conduits pompant la mako.
Il était là, assis par terre, dos au conduit, ses ailes étalées autour de lui, comme s'il n'avait pas la force de les relever. L'une d'elle était presque entièrement blanche, les autres noires et rouges. Il était à bout de souffle, inspirant et expirant profondément, son épée à côté de lui.
"Ici Cid. Le squame est devant moi."
Il vit le gamin relever les yeux.
Cid avait rencontré Séphiroth.
C'était il y a des années, quand Shera, Darill, Setzer et lui avaient intégré le Département d'Exploration Spatiale et Aéronautique de la Shinra.
Ça avait été bref, une visite des directeurs lors de la présentation du projet du Blackjack, un truc officiel auquel Cid n'avait pas voulu participer, mais avait été contraint par les filles. Il y avait eu un buffet, un discours de Palmer et la présentation de Darill qui avait perdu au tirage au sort et qui, de toute façon, était la seule d'eux quatre à être suffisamment charismatique et distinguée pour qu'on l'écoute.
Il avait vu le général à ce moment-là.
Ce qui l'avait frappé, c'était à quel point il était jeune à l'époque.
C'était quelques mois avant le Grand Chambardement, avant la disparition d'Hojo et de son labo, avant que le département aéronautique soit transféré à Rocket Ville pour la construction des aéronefs.
Quelques années avant que Sin fasse sa première apparition.
Cid avait vingt ans.
Le général dix-huit.
Ils n'avaient pas parlé. Cid l'avait juste vu de loin, immobile près du Président Shinra et de son fils pendant le discours, puis penché sur la maquette du Blackjack après, à observer les détails du projet, sans expression.
Darill et Setzer l'avaient taquiné pour l'avoir fixé des yeux toute la soirée, mais c'est ce que Cid faisait quand il chassait encore les dragons sur les montagnes de Burmécia.
On ne quitte pas ces petits connards du regard, au cas où il leur viendrait l'idée d'attaquer.
Et devant l'adolescent caché derrière les tubes à mako, c'était pareil.
Il lui ressemblait, Cid ne pouvait le contester.
Les cheveux, la peau, la silhouette qui promettait d'être la même adulte.
Et ces yeux.
Vert. Perçant. Inhumains presque.
Mais ce n'était pas le regard calme et froid du Général.
Le gosse était terrorisé.
"Gamin ? "
"Vous approchez pas ! " siffla l'adolescent en se redressant, se plaquant au conduit derrière lui.
Cid, je vais te tuer, promit la voix de Shera dans son oreille.
"Tout va bien," déclara Cid du ton le plus calme qu'il put en la circonstance, détachant une main de son arme pour la tendre vers le gosse, paume vers le bas.
L'adolescent lui jeta un regard incrédule, désignant leur environnement des deux mains, levant son arme dans le champ de vision de Cid.
Cid n'avait jamais vu une épée comme la sienne. Ornementée, noire et rouge, en forme d'aile de démon, un œil fendu enchâssé sur la poignée.
On aurait dit une arme antique, comme celle des chevaliers noirs des anciens temps.
"Est-ce qu'on peut t'aider ? "
Encore une fois, il eut un regard incrédule et bon sang, qu'il avait l'air jeune.
Il n'avait même pas l'âge de Yuffie.
"Non… non, vous pouvez pas…" finit-t-il par répondre.
"Laisse-nous essayer."
Le gamin releva le bas de son tee-shirt et Cid inspira longuement, retenant le haut-le-coeur qui lui venait.
Les deux marques sur son ventre étaient purulentes, cernées de veines noires qui semblaient pulser, s'étendant autour des plaies.
C'était le genre de truc que Shera avait trouvé sur le clone de Tifa.
"Ansem… Ansem m'a mis des cellules de truc…"
"De quoi ? "
"Je sais pas ! " s'exclama l'adolescent, " le vieux en met à tous ceux qui quittent Sin et après…"
"On a des docteurs, on pourra…"
"Non," répéta l'adolescent, plus fermement, avant de lever les yeux vers le haut. "J'en ai eu quatre. Même une, c'est déjà trop tard."
Il pencha la tête, posant sa main libre sur son oreille, comme faisaient les jumeaux dès qu'il y avait trop de bruits autour d'eux.
"Elle revient. Elle les fait crier," murmura le gamin.
Cid n'entendait que le bruit de leurs respirations.
"Qu'est-ce que tu veux dire ? "
"Il y a quelque chose dans ma tête… Elle dit qu'elle est ma mère, mais... mais je sais qui est ma mère et c'est pas elle. Je crois qu'elle rend tout le monde fou… Même ceux là-dedans," ajouta-t-il en montrant les fissures au sol.
Cid espérait que Jessie était en train d'enregistrer ce qu'ils se disaient parce qu'il allait avoir besoin de réécouter plusieurs fois avant de comprendre ce que le gamin voulait dire.
"Je suis en train de devenir fou," murmura l'adolescent, " elle me fait faire des trucs, tuer des gens..."
"On va t'arrêter…"
L'adolescent eut un petit rire qui ressemblait beaucoup trop à ceux de Setzer, comme quand il aboyait son mépris à la face des gens.
C'était lui le petit, réalisa Cid. L'enfant pour qui Setzer craignait le pire.
"J'ai latté le cul de Zack et Cloud et vous pensez pouvoir m'arrêter ? " s'exclama le gamin, marquant un point non négligeable.
Il se redressa d'un geste vif et Cid recula d'un pas, reprenant son arme à deux mains. Le regard du gamin était moins paniqué, ses gestes plus sûrs et ses ailes se relevèrent, s'orientant de façon à ne pas le gêner quand il marchait.
Il en avait six.
Deux grandes, au milieu du dos, et deux paires plus petites, sur les reins et sur les omoplates.
Et l'aile blanche redevenait rouge, les rémiges noircissant elles aussi.
"Faut pas qu'Avalanche soit détruit," déclara l'adolescent en tendant l'épée vers Cid, "vous êtes les seuls qui peuvent nous arrêter quand on devient fou…"
Les yeux du gamin changèrent.
Ses pupilles devinrent fendues.
Et Cid se retrouva face à Séphiroth.
Il parvint à parer un premier coup, mais la force de l'impact le fit reculer de plusieurs pas. Cela lui permit d'esquiver le second et de tenter une contre-attaque, mais le gamin avait ce que les jumeaux n'avaient pas.
Un putain de bon jeu de jambes et une excellente technique.
La seule chose qui sauva Cid fut que son adversaire devait être habitué à une lame plus longue et semblait surestimer sa mesure, la pointe de son épée fendant l'air avant de pouvoir toucher Cid.
En entraînement, Cid aurait adoré se mesurer à un adversaire de cette trempe. Il était issu d'une longue lignée de chevaliers et c'était pratiquement dans ses gênes d'aimer la bagarre et surtout une bonne bagarre, comme les nombreux combats de bar de sa jeunesse pouvaient en témoigner.
Mais ils n'étaient pas en entraînement.
Le combat était à mort.
Et son adversaire n'avait aucun scrupule à utiliser des techniques que Cid ne pouvait contrer.
Comme la magie par exemple.
Le premier sort, rapide, obligea Cid à se jeter sur le côté, esquivant la vague de flammes qui se ruait vers lui.
Le second le fit bondir, suffisamment haut pour ne pas être touché par les pics de glace qui jaillirent du sol
Le troisième lui attrapa la jambe dans une sphère noire qu'il commençait à bien connaitre après des mois de combat aux cotés de Vincent quand il était grand, noir, rouge et en pétard.
Il sentit ses os se briser et laissa échapper un cri de douleur.
Il retomba au sol, heureusement à côté des pics et pas dessus.
Quand les taches noires devant sa vision se dissipèrent, il réalisa trois choses.
Il était toujours vivant.
Le gamin avait disparu.
Et Shera hurlait dans son oreille.
-SIDDHE ? SVARAÐU MÉR[5] ! SIDDHE ? !-
"Shiera…"
-Lof sé Bahamut, Siddhe, ertu í lagi[6] ?-
Il baissa les yeux sur sa jambe.
Ah, chouette, un nouveau cauchemar à prévoir. Entre ça et l'éventration, il avait de la variété, maintenant.
"Jambe cassée," déclara-t-il.
-On t'envoie Aérith tout de suite ! -, annonça Jessie, reprenant la main, -le squame ?-
"Plus là. Il est remonté. Jessie ! Passe-moi Reeve ! "
-Tout de suite !- Répondit leur opératrice radio.
La voix du directeur s'éleva rapidement dans son oreille.
-Cid ?-
"Reeve, je crois pas qu'on puisse l'arrêter, il faut éteindre le réacteur ! "
-Cid, si on fait ça…-
"Il va ouvrir le réacteur pour récupérer la matéria, ça fera quoi s'il fonctionne toujours ? "
-Il y a des sécurité pour empêcher l'ouverture et…-
"Elles feront quoi les sécurités contre une épée ? ! Reeve, qu'est-ce qui se passera si le réacteur est ouvert quand il est en marche ? "
-Tout explosera,- répondit une voix en arrière-plan du côté de Reeve.
-Le...les secteurs 2, 3 et 4 seront contaminés-, ajouta Reeve, -sans compter les dégâts à la plaque et aux taudis en dessous.-
-Reeve, arrête le réacteur.- demanda la voix de Barret. -On va essayer de stopper le gamin, mais il y a un trop gros risque.-
Reeve resta silencieux quelques secondes, assis à son bureau de la Tour Shinra.
Sa secrétaire était devant lui, les mains serrées sur sa tablette à s'en blanchir les jointures, ses employés avaient tous interrompus leur travail, attendant devant son bureau. Il pouvait les voir par la porte ouverte. Tous attendaient, pendus à ses lèvres, la décision qu'il prendrait.
"Monsieur," commença sa secrétaire.
"Que quelqu'un aille prévenir le Président Shinra,' ordonna Reeve en se tournant vers son ordinateur, "et qu'il prenne l'escalier."
"L'esca…" commença un de ses employés qui attendait à la porte avec ses collègues, confus.
"Que j'ai le temps de finir avant qu'il ordonne aux Turks de m'arrêter," expliqua Reeve, entrant son mot de passe. "Mackenzie ! Je veux que tous les bâtiments sensibles du secteur trois passent sur l'alimentation des réacteurs Diablo et Quetzalcóatl ! "
"Oui, Chef ! " lancèrent ses collègues avant de se ruer vers leurs postes de travail.
Vincent entendit le réacteur stopper avant de voir les lumières s'éteindre une à une.
Le bruit de fond qu'il entendait en permanence s'arrêta, comme si une gigantesque turbine cessait de brasser l'air.
La pénombre tomba sur le bâtiment. Il ne voyait plus que la lueur venant du hublot encastré dans le cœur du réacteur.
Il attendit.
Ses collègues cherchaient le squame et les deux enfants dans tout le bâtiment.
-Eeeet je n'ai plus de visuel du tout, les gars-, marmonna Jessie.
-Yuffie, les enfants ! Trouve-les ! -demanda Barret.
J'ai pas la vision augmentée, moi !- râla Yuffie.
-Vincent, tu es toujours là ?-
Quelque chose n'allait pas.
Le silence était absolu.
Il entendait les battements de son cœur.
-Vincent ?-
Un battement sembla décalé. Un autre cœur.
Derrière lui.
Vincent se retourna vivement interposant son fusil.
La lame de son adversaire trancha dedans, évitant de très peu les munitions et les matérias.
Ce n'était pas le squame qu'avaient combattu Cid et les jumeaux.
Il était plus grand.
Sa peau plus sombre.
Et ses yeux dorés brillaient de mako.
-Vincent ? !-
Le sniper lâcha son arme abîmée, saisit celle de son adversaire par la poignée entre les deux lames et tenta de donner un coup de pied dans son genou. Lequel recula maladroitement, levant les deux mains, lâchant son arme.
Vincent sentit la peau de son bras gauche se hérisser, une sensation de chaleur lui indiquant la nature du sort qui se préparait.
Il bascula sur le côté, se laissant tomber sur le palier en dessous de sa cachette, comme une boule de feu se déployait là où il se tenait quelques secondes auparavant. Il se releva, l'arme de son adversaire à la main…
Et elle disparut dans un nuage de poussière.
-Vincent, réponds, que se passe-t-il ?- répéta Barret.
"Il y en a un deuxième ! Xehanort ! " répondit Vincent en sortant son arme de poing, cherchant son adversaire du regard.
"Je vais vraiment tuer ce gamin," murmura une voix derrière Vincent.
Comment faisait-t-il pour être aussi rapide ? Vincent se tourna et tira.
Il avait de nouveau disparu.
"Barret, je crois qu'il est augm…"
"Tu crois seulement ? " reprit la voix derrière lui.
Vincent se tourna à nouveau.
Personne.
Pas de bruit de pas. Pas de souffle de déplacement. Ce n'était pas une vitesse surhumaine.
Il détestait les sorts d'évasion.
Il tendit le bras derrière lui et tira.
Il eut la satisfaction d'entendre la voix étouffer un cri de douleur.
"Mais ce n'est pas un combattant," déclara-t-il en tournant la tête vers lui.
Ansem Xehanort lui jeta un regard venimeux, la main sur l'épaule, brillant déjà d'un sort de soin.
"En effet," grinça-t-il, " je suis un sorcier."
Ce n'était ni magiquement, ni biologiquement possible.
Mais les recherches de Xehanort portaient sur le transfert de pouvoirs.
Il avait expérimenté sur lui-même.
Au cas où ce n'était pas déjà officiel : Vincent détestait les scientifiques fous.
"Les sans-cœurs, sortez de l'ombre," ordonna Xehanort d'une voix qui donnait la chair de poule au bras démoniaque de Vincent.
De nombreux yeux lumineux, ronds et dorés s'ouvrirent autour de Vincent et son adversaire. Le sniper inspira longuement. Sa matéria de feu et celle de gravité étaient restées sur le fusil. Il n'avait que sa matéria de poison et des matérias de supports sur son bracelet.
"Je vais avoir besoin de renforts," déclara-t-il calmement.
-Oh, putain-, répondit quelqu'un dans le module.
Elle atterrit sur le chemin de métal.
Il y avait une bataille pas loin. Un des esclaves d'Hojo observait un combat entre ses poupées de magie et un de ces humains qui pensaient pouvoir la contrecarrer.
Elle.
L'esclave se tourna vers elle, lui jetant un regard méprisant avant de réaliser qu'il ne s'agissait pas de l'enfant dont elle occupait le corps. Il sursauta, s'inclinant respectueusement avant de lui désigner la boule de pure énergie qui flottait dans le sang de la planète.
"Après vous, Mère."
Il dû esquiver un de ses propres pantins que l'homme lui avait jeté à la figure et il jura, préparant un sort.
"Je me charge de lui."
Elle l'ignora. Il n'avait que peu d'importance après tout. Il était utile, certes, mais elle avait déjà bu toutes ses connaissances, tout son savoir. Elle les avait déjà donnés à Hojo, emplissant encore sa petite tête de plus de connaissances.
Ils n'avaient plus vraiment besoin de lui, si ce n'est comme chair à canon.
Elle arriva devant le hublot et posa la main sur la porte, l'arrachant d'un geste, répandant un flot de sang de la planète à ses pieds.
Elle entendit un coup de feu et tourna la tête vers son épaule.
Une balle la lui avait traversée.
Que ces corps étaient fragiles. Ils n'avaient rien à voir avec ceux des créatures qu'elle avait trouvées quand elle était arrivée. Elle tourna la tête vers la mêlée. L'homme aux cheveux noir était en train de tourner son arme vers l'esclave, tirant à plusieurs reprises.
L'esclave avait déjà disparu, s'évaporant dans une nuée noire. L'homme retourna à sa lutte contre les pantins.
L'épaule guérissait déjà. Elle tendit la main vers la boule d'énergie, refermant les doigts dessus.
Cette main était si petite. Elle dû tendre la seconde pour pouvoir prendre la boule cristalline et la ramener vers elle.
Le sang de la planète grésillait sur sa peau, comme si les âmes qu'il contenait tentaient, à leur niveau ridicule, de la détruire.
Elles n'avaient pas réussi en deux milles ans, comment le feraient-elles maintenant ?
"RIKU ! "
Riku cligna des yeux.
Il n'était plus au pied du réacteur, sur le sol rocheux de Midgar.
Il était devant le cœur du réacteur, grand ouvert, qui vomissait des flots de mako, illuminant les alentours.
Il avait mal à l'épaule.
Il avait une énorme matéria dans les mains.
Il se tourna.
Kairi et Sora étaient derrière lui, à l'autre bout de la passerelle et le fixaient avec horreur et inquiétude.
Ansem était pas loin en train de se battre contre un membre d'Avalanche, les sans-cœurs volant autour d'eux, s'agglutinant autour du plomb.
Qu'est-ce qui s'était passé ?
"Riku, qu'est-ce que tu fais ? " s'écria Sora en approchant.
Il avait ses ailes sorties.
Il les replia par réflexe, comme s'il pouvait les cacher derrière lui.
"Qu'est-ce que tu fais ? File ! Ramène ça à Sin ! " s'écria Ansem.
Il prit un sort d'eau en pleine tête. Cela sembla le choquer suffisamment pour que les sans-cœurs s'arrêtent, se tournant tous vers Kairi, qui préparait un second sort.
"Restez pas là ! " hurla Riku.
"Attrapez les gosses," ordonna Ansem d'une voix froide.
Le flot de sans-cœurs libéra le plomb et celui-ci se redressa aussitôt, se jetant sur Ansem.
Qui disparut, réapparaissant plus loin, un sort de foudre noire entre les mains.
Riku tendit le bras sur le côté au-dessus du vide, tenant la matéria d'une main tremblante.
"ANSEM ! "
Tout le monde se figea, se tournant vers lui. Même le plomb resta immobile, le regardant d'un air stupéfait. "Laisse-les partir," ordonna Riku.
"Qu'est-ce que tu fous ? " gronda le Remnant.
"Laisse-les partir ou je jette ce truc par-dessus bord."
"Riku…"
"Y'a trois cents mètres d'ici à en bas. C'est largement suffisant pour casser une matéria, même une de cette taille."
"Hojo va te tuer," siffla Ansem, dispersant son sort.
"Comme si j'allais sortir vivant de ce trou, entre toi et Avalanche," rétorqua Riku.
Il jeta un coup d'œil à Sora et Kairi, à quelques mètres de lui, cernés des sans-cœurs qui n'attendaient qu'un ordre de leur maître pour les saisir. Il revint vers Ansem.
"Laisse-les pa..."
Ansem avait disparu.
"Riku derrière ! "S'exclama Sora.
Il tenta de se tourner, mais Ansem était déjà sur lui, le plaquant au sol sous son poids et tordant une de ses grandes ailes d'une main. La matéria lui échappa, roulant sur le sol de métal, mais un sans-cœur la ramassa, l'avalant comme un gros bonbon avant de se redresser.
"Ramène ça à Sin," ordonna Ansem
Le sans cœur disparut dans un nuage de poussière noire.
"Non ! " hurla Riku.
"Et toi, c'était ta dernière désobéissance."
Il le souleva par l'aile.
Sora se précipita vers eux pour l'aider et fut taclé par un sans-cœur.
Kairi tenta d'intervenir, préparant un sort d'eau, mais les autres sans-cœur se jetèrent sur elle.
Il voulut lancer un sort pour la protéger.
Ce fut là que Ansem lui trancha l'aile et le poussa par-dessus bord.
Vincent enjamba la rambarde pour se jeter dans le vide, espérant qu'il arrive à atteindre sa limite et sauver les deux enfants à temps quand il vit Ansem jeter son allié dans le vide et les sans-cœurs qui menaçaient la fillette exploser sous l'impact d'une dizaine de shuriken.
Yuffie atterrit près de l'enfant, la prit dans ses bras.
Et disparut dans une nuée noire.
Elle réapparut à ses côtés, posant la fillette qui tomba assise, sous le choc.
Vincent avait changé d'avis. Il aimait les sorts d'évasion désormais.
"Occupe-toi d'elle, je vais chercher l'autre ! " s'exclama Yuffie en disparaissant à nouveau.
Elle apparut quasiment aux pieds d'Ansem qui se tourna vers elle, l'aile à la main, un sourire sardonique aux lèvres.
Yuffie lui fit un doigt d'honneur.
Et disparut avec le garçon et le sans-cœur qui le tenait.
L'expression du squame se figea quand il réalisa qu'elle avait laissé une grenade dégoupillée devant lui.
L'explosion de la grenade fit trembler les passerelles, mais Vincent n'y prit pas garde, Yuffie venait de réapparaître près de lui avec le garçon et le sans-cœur et il se concentra quelques secondes sur la créature, l'explosant d'un coup de poing avant qu'elle ait pu blesser les enfants. Il ramassa la fillette qui s'accrocha aussitôt à son cou, terrorisée.
Xehanort avait disparu. Le reste de ses créatures aussi. Il ne restait sur le passage que l'aile tranchée et la mako qui goutait du réacteur. Soit la grenade l'avait réduit en cendre, ce qui aurait fort étonné Vincent, soit il était parti pour de bon.
-C'était quoi cette explosion ? !- hurla Barret dans leur module.
"Je lui ai foutu une grenade dans le cul ! " rétorqua Yuffie d'un ton vindicatif.
"Xehanort a disparu, il a jeté l'autre dans le vide ! " ajouta Vincent.
"Riku ? " murmura le garçon, accroché des deux mains à Yuffie.
"On a les deux élèves disparut ! " ajouta Yuffie, serrant un bras autour de lui.
-Évacuez les dehors, vite ! Tout le monde descend, cherchez le gamin !-
-On n'arrête pas de monter et descendre !- protesta Zack.
-Plains-toi, j'ai QUATRE pieds- grommela Red qui détestait les escaliers.
Ce fut Barret qui le trouva.
Le squame avait chuté sur une bonne centaine de mètres, percuté un tube de transport de mako, rebondissant dessus avant d'atterrir sur une rampe d'accès où il était resté inerte.
Il ne respirait plus quand il s'agenouilla près de lui.
Il ne sentait pas son pouls.
Il avait l'air tellement petit, recroquevillé sur la surface métallique, une aile brisée sous lui, les quatre autres pendant mollement.
Le moignon d'aile ne saignait plus, comme cautérisé, mais la magie de soin n'avait visiblement pas suffit à soigner les dégâts de la chute.
"Barret ? " fit la voix de Zack, derrière lui.
"Vas… vas chercher un sac mortuaire, Zack. S'il te plaît."
"Oui, Barret."
Barret passa la main sur son visage.
Il baissa à nouveau les yeux sur le gamin.
C'était un enfant.
Plus jeune que Yuffie, Tidus et Yuna.
Il lui ferma les yeux.
[1] Il a une démarche scientifique, vous noterez
[2] Voir Boules de Neige chapitre 12 Voix cassée, main brisée, mémoire fragmentée /works/29175054/chapters/77625011
[3] J'en ai CHIÉ pour écrire ça.
[4] Je voudrais pas casser l'ambiance, mais avec toutes les plumes qu'il perd, c'est un miracle qu'il arrive encore à voler.
[5] Réponds-moi !
[6] Ça va ?
