Chapitre 21 : Résidence surveillée
Résumé :
Pour la première fois en plus d'un an, une mission d'Avalanche est un échec.
Et avec le Président Shinra, un seul échec suffit.
Personnages :
Team Avalanche, Team Turk
Tags spécifiques au chapitre :
Seventh Heaven est une carte postale, ils vivent à seize dedans, en comptant deux claustrophobes, une ado, une enfant, un lion et un chat, Barret est un adulte responsable, il ne mérite pas tout ce qu'ils lui font subir, les Turks vont souffrir
Les SOLDATs et les troopers étaient en train de sécuriser l'extérieur du réacteur quand Avalanche sortit du bâtiment principal, avec leurs blessés et le corps du squame.
Encore une fois, ils étaient comme la cavalerie : en retard.
Barret aurait bien aimé avoir eu tous ces SOLDATs postés à divers niveaux du réacteur, plutôt qu'à faire le pied de grue dehors.
Mais il ne pouvait pas leur en vouloir. La grande majorité d'entre eux étaient tout aussi frustrés que lui de la situation, mais les ordres de Heidegger étaient stricts et ils étaient tous entrainés à lui obéir.
Il avait aussi interdit la fraternisation avec Avalanche, mais cette fois, ni les troopers, ni les SOLDATs n'étaient enclins à obéir strictement à cet ordre.
On leur tendit à boire, des potions, des mains amicales pour les aider à porter Cid et Cloud.
Ce n'était pas grand-chose, mais au moins, ce n'était pas rien.
Il acheva d'expliquer la situation dans le réacteur et le SOLDAT première classe blond qui dirigeait l'escouade prit la suite, envoyant ses hommes pour sécuriser et des ingénieurs pour faire les premières réparations du réacteur.
Puis il ordonna à Barret d'aller se reposer.
Ah ah.
Pas avant des heures probablement. Il devait maintenant organiser le retour à Seventh Heaven et après, faire son rapport à Reeve.
Si Reeve était encore leur chef ce soir.
Prendre la décision d'arrêter un réacteur sans l'aval du Président Shinra… Ça n'allait probablement pas être bien accepté.
Sans compter que la méga matéria avait été volée selon Vincent et Yuffie.
Envelopper le squame dans le sac avait été compliqué. C'était toujours compliqué quand ils n'étaient pas entièrement humains. Mettre un cadavre dans un sac mortuaire n'était jamais une tâche facile, mais quand il y avait des membres supplémentaires, ça devenait un casse-tête, Barret n'avait pas la moindre idée de comment une aile de cette taille se pliait.
Et il découvrit que c'était plus difficile encore quand le squame avait le visage d'un enfant de quinze ans.
Il avait fait vite, sans s'attarder sur sa tâche, sans essayer de penser à la chaleur résiduelle de sa peau, à la façon dont ses os cassés bougeaient sous ses doigts.
Il fut très content quand il put enfin le déposer dans la camionnette avant de le laisser aux soins de Red.
Les vivants maintenant.
Barret ouvrit l'ambulance. Cid était sur la civière, sa jambe dans une attelle et tenait un sac à dos posé sur ses genoux, le fouillant avec application.
"Qu'est-ce que c'est ? " demanda Barret.
Le dragoon lui tendit une carte d'identité.
Riku Makani.
C'était celle du gamin.
Il devait avoir deux ou trois ans sur la photo, mais ses yeux et ses cheveux étaient déjà les mêmes.
Comme ceux d'un tout petit Séphiroth.
Elle semblait vraie. Impossible à dire sans scanner, il faudra aller voir si un trooper dehors en avait un.
"C'était en bas," expliqua Cid en sortant un carnet de notes. "Il a dû partir de là pour l'attaque."
"Pourquoi ? "
"Pour retarder son arrivée à la chambre de compression," marmonna Cid.
Il sortit un carnet de notes, avec plusieurs pages déchirées, des marque-pages partout, un stylo accroché aux spirales, et le feuilleta machinalement.
"Putain."
"Quoi ? "
Cid lui montra la dernière page.
"Il a pris des notes pendant la visite scolaire."
La dernière ligne n'était pas finie. Il s'était interrompu en plein mot.
Il avait dû décider que ce n'était plus la peine.
"Quoi d'autre ? "
"Rien. Un peu d'argent, son emploi du temps, ses clefs… Aucun effet pers…"
Cid pâlit.
Il sortit un livre de cours dans lequel une carte de poker était glissée en guise de marque-page.
"Cid ? "
"C'était bien le gamin de Setzer," murmura Cid en ouvrant le livre, sortant la carte.
Ça résolvait un des mystères du tableau blanc.
Trop tard, encore une fois.
"Repose-toi," ordonna Barret avant de se tourner vers l'autre occupant de l'ambulance, assis sur le siège. "Cloud ? "
Le blond leva les yeux vers lui.
Ah, il avait craint un moment que Cloud ait replongé, mais il avait l'air aussi actif que dans le réacteur.
C'est à dire un brin agacé et ronchon, ce qui, après plusieurs côtes cassées, n'était pas étonnant.
"Comment tu te sens ? "
"Ça va mieux. C'était bruyant à l'intérieur."
Cid et Barret échangèrent un regard.
"Bruyant ? " répéta Cid.
"Ouais, je sais pas qui criait comme ça, mais ça résonnait de partout."
Barret était le premier à admettre qu'Avalanche était à peu près aussi discret qu'un troupeau de chocobos sauvages. Les seuls à être vraiment silencieux étaient Vincent et Red, qui marchaient tous les deux comme des chats et parlaient à peu près autant.
Mais la mission dans le réacteur avait été relativement silencieuse, les brèves altercations mises à part. Il n'y avait pas eu de cris. Pas eu d'écho bruyant au point de déranger.
Il sentit l'ambulance bouger quand Red sauta dedans avec toute la légèreté que ses cent vingt kilos lui permettait.
"Le corps ? "
"J'ai mis un stop dessus," répondit Red en allant s'asseoir devant Cloud, posant son menton sur ses genoux.
"Merci. Reste avec eux, veille à ce qu'ils tiennent le coup jusqu'à ce que Shera les prennent en charge."
"Vais me faire tuer," marmonna Cid quand Barret ferma la porte.
Il trouva Zack debout, adossé à l'ambulance, très pâle. Le jeune homme tanguait et sa tête semblait encore le faire souffrir.
"Zack ? Ça va ? "
"Aérith dit que je dois pas dormir."
"Normal, tu t'es encore fait une commotion cérébrale."
"J'ai fait un de ces sauts…" marmonna Zack.
"Cid t'a appris ? "
"Nan, je… je crois pas ? " répondit le jeune homme, confus, "je voulais juste sauter. Je voulais juste attraper Cloud."
"On va rentrer. Tu penses que tu peux rester assis à l'avant sans t'endormir ? "
"Je vais essayer ? " répondit Zack.
"Zack…"
"Je vais chanter. Ça me tiendra éveillé, même moi je ne peux pas m'endormir quand je chante… Je chante tellement mal…"
"Attends le dernier moment pour monter. Reste debout."
Il chercha Aérith du regard.
Elle discutait avec le professeur des enfants, Yuffie à ses côtés. La jeune femme près du professeur semblait retenir ses larmes, les mains serrées l'une sur l'autre. Son professeur finit par lui demander quelque chose et elle hocha la tête, remontant dans le bus avant de redescendre avec un adolescent blond, inquiet, qu'elle confia à Aérith et Yuffie.
Quelqu'un de la famille des deux autres, probablement. Il put voir la ressemblance quand il arriva près de Sora, assis à côté de Kairi à l'arrière de l'ambulance civile, tous deux enveloppés dans une couverture. Aérith se pencha à l'oreille de Yuffie qui hocha la tête avant de rejoindre Barret.
"Aérith dit qu'elle reste avec eux un moment, elle doit briefer les urgentistes," transmis Yuffie.
"Très bien. Wedge reste avec elle. Biggs va ramener l'ambulance. On a fini de nettoyer, on y va."
"Ok," répondit Yuffie avant de se diriger vers le fourgon.
Barret interposa sa main devant elle.
"Yuffie."
"Je sais, je sais, je dois pas aller au contact avec les squames," soupira Yuffie, "mais je devais récupérer les deux autres et quand j'ai vu ce qu'il a fait au gamin…"
"Yuffie…"
"Il les as menacés ! Il lui a tranché l'aile ! "
"Tu as fait ce qu'il fallait."
Yuffie se tut, stupéfaite. Barret posa la main sur son épaule.
"Tu as sauvé les deux gamins. La grenade était peut-être de trop, mais tu as fait ce que je te demandais."
Elle leva les yeux vers lui.
Elle commença à renifler.
Oh, Titans, il ne savait pas gérer les larmes, surtout celles des femmes et des enfants.
Il passa son bras de chair autour des épaules de Yuffie et elle vint aussitôt se blottir contre lui, cachant son visage dans son pull.
"Ça ira, Yuffie."
"C'est pas juste. Je l'ai entendu quand il parlait à Cid. Il faisait tout… Il faisait tout pour ne pas faire de mal…"
"Yuffie…"
"Pourquoi l'autre lui a coupé l'aile ? " gémit l'adolescente.
"Je ne sais pas, on va le ramener à Shera et on fera le tri dans tout ça. D'accord ? "
Elle hocha la tête en silence.
"Va dans le fourgon, on rentre."
Il détestait ça.
Il détestait les fins de missions houleuses où il fallait ramasser ses hommes à la petite cuillère.
Ça lui rappelait trop Besaid.
Ça lui rappelait trop la recherche de ses hommes parmi les corps non identifiés, dans les hôpitaux de fortune surchargés, alors que Dyne et lui n'avaient plus qu'un bras chacun, à serrer les dents pour ne pas hurler de douleur tout en retournant les corps sur la plage.
Ils étaient vingt en arrivant à Besaid.
Ils étaient repartis à quatre.
Ils n'étaient plus que trois.
Ce n'était pas le moment de broyer du noir.
Ses hommes, ceux d'Avalanche, étaient vivants, il fallait juste qu'il les ramène à la maison pour laisser Elmyra les requinquer.
"Biggs ! " beugla-t-il.
"Crie pas s'teuplé," gémit Zack en fermant les yeux.
Le jeune brun sortit du fourgon, un câble à la main. Il devait être en train d'aider Jessie à ranger.
"Lieutenant ? "
"Ramène l'ambulance à Seventh Heaven, s'il te plait."
"Tout de suite, Lieutenant ! " répondit Biggs avant de rendre le câble à Jessie.
Biggs aida Zack à monter dans le véhicule, puis prit le volant, s'éloignant rapidement.
Un de ces jours, il faudrait qu'ils aient une seconde ambulance.
Mais vu qu'ils n'avaient toujours pas la camionnette réfrigérée pour les corps, ça risquait de prendre un moment.
Il approcha du fourgon, comptant mentalement ceux qui restaient à évacuer. Vincent était debout près de la porte ouverte, parlant à Yuffie assise à l'intérieur. Jessie achevait de ranger. Wedge était en train de l'aider.
"Wedge, Aérith reste un peu plus longtemps ici, tu la raccompagnes avec la camionnette. Red a mis un stop sur le… sur le gamin, faites quand même gaffe à ce qu'il ne… que l'auto destruction..."
"Lieutenant… Barret, " reprit Wedge en lui mettant une tape amicale sur le bras, " je sais."
Barret baissa les yeux sur lui, mais le jeune homme se contenta de sourire gentiment.
"Je me charge d'Aérith et du chargement. Allez vous reposer à la maison."
Le colosse hocha la tête. Wedge n'était peut-être pas le plus combattif des membres d'Avalanche, mais il était un de ceux sur qui il pouvait toujours compter pour garder la tête sur les épaules.
Ça faisait du bien, parfois, d'avoir quelqu'un de stable sous le bras. Le jeune homme se dirigea vers la camionnette, vérifiant qu'elle était bien verrouillée avant d'attendre là, tournant le regard vers Aérith.
La suite maintenant.
"Vincent, tu pourrais conduire le fourgon ? " demanda-t-il en approchant.
L'ex Turk avait son casque à la main.
Avec tout ça, il avait oublié que Vincent avait été chercher Yuffie à l'école en moto.
"Vu comment les SOLDATs matent ta bécane, tu pourrais peut-être la leur confier," suggéra Jessie.
"Pas moyen," rétorqua Vincent aussi sec.
Oui, il était comme les jumeaux avec les leurs.
Bon, qui restait il…
Barret resta quelques secondes silencieux avant de jurer et monter à l'avant du fourgon.
Lui.
Il ne restait que lui.
"Jessie, je vais avoir besoin de toi pour passer les vitesses ! "
Aérith regarda Quistis et le professeur Ross remonter dans le bus, ramenant leurs élèves à la MGU.
Kairi, Sora et son frère avaient été évacués à l'hôpital pour vérifier que les deux juniors n'avaient pas été empoisonnés par la mako qui avait coulé après l'ouverture du réacteur, mais à part ça et quelques écorchures, les enfants allaient bien.
Physiquement en tout cas.
Mentalement, c'était une autre histoire.
Le Professeur Ross avait promis d'organiser des séances de soutien psychologique avec le psychologue de l'école. Aérith espérait que ce serait suffisant. Ils avaient vu leur meilleur ami se transformer en squame avant d'être assassiné sous leurs yeux.
"On rentre, Princesse ? " demanda Wedge, toujours adossé à la camionnette.
Aérith eut un petit sourire reconnaissant et laissa Wedge lui ouvrir la porte du passager.
"Gentleman avec ça ? "
"Je fais de mon mieux, Mademoiselle," plaisanta Wedge avant de refermer.
Il vint s'installer au volant et mit sa ceinture, observant Aérith à la dérobée.
La guérisseuse avait l'air épuisée. Il la vit grimacer en se frottant les mains, qui étincelaient de vert par à coup.
"Limite ? "
"Non…" répondit Aérith en observant ses paumes, " je ne crois pas… je crois que j'ai juste abusé de mes pouvoirs…"
Quand elle avait senti ce qu'il y avait dans le corps de Riku, elle n'avait pas réussi à résister. Tous ses instincts lui hurlaient de soigner ce qui s'y trouvait, d'arracher la fleur de cactuar, l'araignée qui se tapissait dans son cortex cérébral.
Elle n'avait jamais soigné comme ça de sa vie, comme si elle tentait de brûler la maladie ou quoique ce soit à coup de sorts de flammes.
Ça n'avait pas suffi.
Elle avait juste réussi à soigner une de ses ailes.
Le mal était revenu en quelques minutes.
Elle glissa la main dans sa poche de pantalon, cherchant ce qu'elle avait fourré dedans par réflexe.
Des plumes blanches.
"Qu'est-ce que c'est ? "
"Ses plumes."
"Je comprends pas l'obsession d'Hojo avec les ailes..." marmonna Wedge en arrivant sur Jormungand, "entre les sorcières, Séphiroth…"
Aérith haussa les épaules en faisant tourner une plume entre ses doigts.
"Avant, c'était un symbole de pouvoir," expliqua-t-elle.
"Ah bon ? "
"Oui... c'était un des symboles de Minerva."
Le jeune homme fronça les sourcils, cherchant d'où venait ce nom et ce qu'il lui rappelait.
"Oh... Celle de l'église de ta mère ? "
"Hmm," acquiesça Aérith, "c'était la seule Ancienne à avoir des ailes de plumes sans être un oiseau, comme Garuda ou Quetzacoatl."
"C'est l'Ancienne de quoi ? "
"C'était. Elle était l'Ancienne de la Vie. Elle est morte il y a longtemps. Elle est retournée à la Rivière de la Vie."
"Ça meurt un Ancien ? " s'étonna Wedge.
"Difficilement," soupira Aérith en posant la tête contre la vitre côté passager, "il faut y mettre de la puissance de feu."
Elle soupira. Elle était contente que Wedge conduise, elle ne se sentait pas motivée à prendre le volant pour l'instant. Elle était épuisée et…
Elle grimaça alors que Wedge quittait Jormungand à la sortie des Taudis 8. Le macadam disparut, laissant place au sol défoncé des Taudis et elle se redressa, écartant le front de la vitre. Une étincelle verte lui échappa des doigts et elle y jeta un petit regard intrigué.
"Wedge, tu es blessé ? "
"Moi ? Nope ! Je suis en pleine forme ! " répondit le jeune homme.
Elle n'avait rien non plus, pourquoi est-ce que sa magie continuait de se déclencher comme si elle avait encore quelqu'un à soigner ?
Aérith tourna la tête vers l'arrière de la camionnette.
"Tiens…" murmura-t-elle.
"Qu'est-ce qu'il y a ? " demanda Wedge.
"J'ai l'impression…"
Wedge jeta un regard rapide dans le rétroviseur pour s'assurer que tout allait bien à l'arrière.
Il vit Reno débouler d'une ruelle et arriver devant la camionnette.
Il freina et donna un coup de volant.
Barret poussa un soupir en descendant du fourgon.
Il fallait vraiment qu'il pense à prendre sa prothèse avec lui pour ce genre de situation. Il arrivait à tourner le volant quand il avait son arme, ou qu'il ne portait rien sur le bras droit, mais tout ce qui était changement de vitesse, frein à main, ou même juste les essuis glace ne lui était pas accessible.
Heureusement, Jessie avait vite appris à passer les vitesses pour lui.
Il allait falloir qu'il la persuade de passer son permis un jour.
Shera était en train de sortir la civière de l'ambulance avec l'aide de Biggs, enguirlandant son frère pendant que Zack aidait le sien à sortir, l'encourageant à le suivre à mi-voix.
"Besoin d'un coup de main ? " demanda Barret.
"Non, merci," répondit Shera avec un gentil sourire, interrompant sa diatribe en Burmécien, "va rassurer Elmyra plutôt, je me charge des éclopés."
Bon sang, qu'il était content que Shera sache aussi soigner. Ça n'avait pas été la raison principale de son recrutement, mais avoir une deuxième personne capable d'utiliser décemment une matéria de soin était indispensable. Lui-même savait à peu près utiliser esuna avec une matéria, mais il était loin d'être du niveau des deux femmes et devait parfois s'y reprendre à plusieurs reprises.
Barret envoya Yuffie et Red se déséquiper aux vestiaires avant de les suivre, Vincent sur les talons. Il devait retirer l'arme de son bras. C'était le petit rituel qui l'aidait à sortir de la mentalité du lieutenant pour redevenir Barret Wallace.
Il allait retirer son uniforme, profitant que Yuffie avait filé sous la douche, quand Jessie arriva à son tour, son PHS à la main et affichant une mine sombre.
"Je voudrais pas vous tomber dessus sans prévenir, mais on a des problèmes," déclara-t-elle.
"Du genre ? " demanda-t-il en remettant son pull correctement.
"Reeve a été mis aux arrêts."
Barret jura.
Vincent, qui aidait Red à retirer son équipement, se redressa à son tour.
"Raison officielle ? "
"Arrêt non autorisé d'un réacteur."
"Non officielle ? " reprit Vincent.
"Heidegger veut mettre la main sur Avalanche depuis le début," déclara Jessie, "il va utiliser l'excuse du vol de la méga matéria."
"Je suis désolé," commença Vincent.
Barret explosa.
"Mais tu n'as pas à l'être bordel ! Pourquoi tu es toujours désolé ? ! Ce n'est pas de ta faute, RIEN de tout ça n'est de ta faute et RIEN que tu n'aurais pu faire aurait pu le changer ! "
Il reprit son souffle, prêt à continuer sur sa lancée.
Et stoppa net, sa colère retombant aussitôt.
Vincent ne bougeait pas, figé sur place, mais semblait prêt à s'enfuir au prochain cri.
Red s'était caché sous le banc d'en face.
Jessie avait reculé jusqu'à la porte du couloir et il voyait la porte des sanitaires entrouverte, avec juste l'œil de Yuffie qui apparaissait dans l'ouverture.
"Je… Je n'aurais pas dû crier," marmonna-t-il.
Bon sang, heureusement que les jumeaux et Cid étaient à l'infirmerie.
Enfin, heureusement qu'ils n'étaient pas là avec eux plutôt.
Il s'assit sur le banc qui grinça sous son poids et se prit le front dans la main.
Est-ce qu'il se faisait déjà trop vieux pour ces conneries ?
"J'aurais… put le tuer," avoua Vincent.
"Mais tu ne tues pas les enfants."
Cette fois, le visage de Vincent n'était pas impassible. Il semblait plutôt intrigué. Surpris.
"Cid nous l'a dit... après… les clones."
"Oh."
"Et tu crois que j'aurais pu le faire, moi ? "
"Je suis ici pour être sniper et…"
"T'es pas ici pour être notre tueur, Vincent."
Le sniper eut un étrange petit sourire.
Non, pas étrange.
C'était juste que Barret n'avait pas l'habitude de le voir sourire.
Il montra ses armes sur le râtelier, celle toujours à son holster, les débris du fusil d'aujourd'hui, qu'il avait posés sur le banc.
"Pourquoi alors ? "
"Ça, c'est à toi de me le dire. Va prendre une douche, fais-toi ausculter par Shera, prend un café, et quand tu le sauras, tu reviendras me le dire."
"Oui, Lieutenant," répondit Vincent.
Il acheva de retirer son équipement et sa matéria et se dirigea vers les douches. De la vapeur sortit de la pièce quand il ouvrit la porte. Yuffie avait déjà dû commencer la sienne.
Il aurait peut-être dû attendre qu'elle ait fini avant d'y envoyer Vincent.
Barret se leva et se dirigea vers Red, qui se tortillait pour sortir de sa cachette. Il ne comprenait pas comment le fauve faisait pour arriver à se glisser dans des endroits aussi étroits et improbables. Étonnement, contrairement à Zack et Vincent, il ne souffrait pas de claustrophobie.
Il avait plus peur des espaces ouverts.
"Red ? Je suis désolé, je n'aurais pas dû crier."
Le fauve secoua la tête et Barret tendit la main vers lui, retirant le peigne à matérias dans sa crinière.
"Est-ce que ça va ? "
"Je ne suis pas blessé," répondit Red en s'asseyant.
"Des tortues," grommela Barret en se relevant sous le regard confus du fauve. "Jessie ? "
"Oui, Barret ? "
"On va faire un débrief dès que tout le monde sera là et que les guérisseuses nous ont donné le feu vert."
"Je prépare ce que je peux mais…"
Son téléphone sonna. Elle prit l'appel en soupirant et sortit dans le couloir. Bon, elle allait avoir besoin de silence. Barret retira le haut de son uniforme, enfilant un tee-shirt propre avant de remettre sa prothèse. Il attendrait son tour pour la douche pour se changer entièrement.
Il entendait Zack chantonner dans le garage.
Quoi que dise Zack, il n'avait pas une si vilaine voix que ça. Et il ne criait pas, se contentant de chanter à voix basse en faisant les cent pas derrière les véhicules.
"Qu'est-ce que tu fous debout ? " marmonna Barret en arrivant dans la pièce.
"Cid et Cloud occupent les lits de l'infirmerie. Shera m'a dit que je devais rester debout et pas dormir jusqu'à ce qu'Aérith me le dise."
"A propos, Aérith et Wedge ne sont pas encore arrivé ? " s'étonna Barret.
"Non," répondit Zack avant de froncer les sourcils," non, c'est bizarre, ils devraient déjà être là…"
Quelqu'un frappa frénétiquement à la porte du garage à ce moment-là et Barret alla l'ouvrir, intrigué que la personne de l'autre côté de la porte n'ait pas été sonner.
Normal. Il ne devait pas atteindre les sonnettes.
Un gamin des taudis se tenait devant l'entrée, à bout de souffle. Il leva les yeux en voyant la porte s'ouvrir. Puis les leva encore.
"Lieutenant ! "
"Qu'est-ce qui se passe ? "
Le petit inspira longuement. Petite, corrigea mentalement Barret. C'était la fille d'un des vendeurs d'accessoires qui avait pignon sur rue plus bas. Barret lui avait vendu du métal de récupération quand il était encore ferrailleur.
"Y'a eu un accident ! " déclara la petite en montrant une des extrémités de la rue.
"Quoi ? "
"Vot' camionette ! Elle est rentrée dans un mur ! "
Barret tourna la tête dans la direction que lui montrait l'enfant.
Il voyait maintenant les gens dans la rue se diriger là-bas, attirés par quelque chose.
"Aérith et Wedge ont été blessés ! " acheva l'enfant.
Barret n'eut que le temps de pousser la petite hors du chemin que Zack l'avait bousculé et se ruait vers l'attroupement, pieds nus.
"Zack ! ! Reviens ! Shera ! Viens vite ! Prends tes matérias ! "
Une fois la scientifique prévenue et ses matérias en main, Barret se précipita à la suite de Zack.
Vincent les rejoignit en enfilant un pull, imité par Yuffie, tout juste sortie de la douche, les cheveux encore humide et Biggs, bon dernier. La foule s'écarta sur leur chemin, les laissant arriver à la camionnette rapidement.
Barret poussa un soupir de soulagement en constatant que l'annonce de la petite avait été un peu plus dramatique qu'il l'avait craint.
La camionnette avait bien percuté un mur, mais au vu des traces de freinage sur la poussière du secteur 8 et le manque de dégâts important, le choc avait dû être en fin de course.
Aérith et Wedge étaient tous les deux vivants. Tremblants, mais vivants. Wedge avait une coupure au visage et était assis à l'arrière de la camionette, une femme lui tamponnant le front d'un linge propre, Aérith était dans les bras de Zack et hurlait dans son PHS rose. Le verre du pare-brise lui avait entaillé les mains, mais les coupures guérissaient déjà, sous l'impulsion de sa magie native.
"Reno a failli mourir ! Wedge l'a évité de justesse ! "
"Aérith, est-ce que tu vas bien ? " demanda Barret.
"Tu m'écoutes ? ! Reno a failli mourir ! Tu as intérêt à lui dire de ne jamais JAMAIS refaire ça ! ! "
Bon, quand elle était comme ça, c'était impossible d'en placer une tant qu'elle ne se serait pas calmée.
Biggs arriva bon dernier de leur groupe avec Shera, mais fut aussitôt sur Wedge, le serrant contre lui.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu vas bien ? Réponds ! "
"Biggs, ça va, je t'assure…" commença Wedge.
"Hé, Biggs, laisse-moi finir," protesta la femme.
"Le corps a disparu," déclara Vincent, profitant de sa taille pour jeter un œil dans la camionnette.
"Les Turks," expliqua Wedge, "Reno a déboulé quasiment sous mes roues, j'ai dû donner un coup de volant et…"
Il désigna l'avant de la camionnette. Cid allait être occupé dès qu'il pourrait à nouveau se lever.
"Le Capitaine va me tuer."
"Il est cloué au lit," déclara Vincent, " ça lui laissera le temps de se calmer."
Biggs s'aperçut de la proximité de Vincent et le fixa comme un lapin devant un prédateur.
Ah. Nouveau drama en vue, réalisa Barret en se préparant à intervenir. Ils avaient tous respecté le choix de leur trio local de ne pas révéler leur relation à Vincent, mais de son point de vue, ça aurait dû être expliqué plus rapidement.
"Oui ? " fit Vincent d'un ton égal.
Biggs baissa les yeux sur Wedge, toujours dans ses bras, et qui tentait de cacher son amusement.
"Il y a quelque chose que tu veux me dire, Biggs ? " demanda Vincent sans changer de ton.
"Je crois qu'il a compris," ricana Wedge.
Vincent hocha la tête.
"Biggs, je sais pour vous trois. Depuis un moment. Vous n'êtes pas très discret."
Barret poussa un soupir de soulagement.
En rétrospective, essayer de cacher quelque chose à un Turk, même ex-Turk...
"Oh... " marmonna le brun en devenant écarlate, "et... heu, ça... ça ne te gêne pas ? "
"Non. J'aurais dû faire pareil à votre âge," répondit Vincent.
Parfois, Barret n'arrivait pas à faire la différence quand l'ex-turk était sérieux et quand il le trollait avec la virtuosité d'Aérith. Vincent était passé maître dans l'art du sarcasme et gardait une expression absolument impassible même en sortant les pires bêtises.
Bon sang, est-ce qu'il allait falloir définir d'un code avec Vincent pour savoir quand il se fichait du monde ou pas ?
Quelqu'un dans la foule autour d'eux laissa échapper un cri de joie.
Bien, maintenant, ce ne serait plus la moitié des célibataires de la rue qui allait courir après leur turk, mais les deux tiers.
"Biggs, ramène Wedge à Jessie, on s'occupe de la camionnette," ordonna Barret.
"Yuffie, prend le volant," ajouta Vincent.
La ninja se mit aussitôt au volant, profitant de l'occasion pour apprendre à conduire sans avoir à démarrer[1]. Pendant que Zack ramenait Aérith et Biggs, Wedge, les soutenant tous les deux, Vincent et Barret commencèrent à pousser le véhicule vers leur garage, aidés par quelques autres habitants et encouragés par les enfants qui couraient partout autour d'eux.
Ayant eu l'habitude de travailler dans l'ombre avec des contacts minimum avec les civils, Vincent avait eu du mal à s'habituer à la façon dont les habitants des Taudis, et surtout ceux de leur rue, traitaient les membres d'Avalanche.
Presque avec… disons : camaraderie.
Madame Yusui avait quasiment adopté Yuffie, mais tout le monde, y compris les voyous et les trafiquants, les saluaient volontiers pendant leurs rondes ou lorsqu'ils sortaient faire des courses. Ils pouvaient garer leurs véhicules hors de Seventh Heaven, personne n'y toucherait et les parents laissaient volontiers leurs enfants jouer à proximité avec Marlène, rassurés par la présence des combattants d'Avalanche.
Le point le plus positif de tout ça, c'était surtout que les habitants du secteur 8 les protégeaient férocement de toute tentative des journalistes de s'immiscer dans leur vie privée.
Il avait vu Madame Yusui en chasser un de sa boutique à coup de balai quand il avait tenté de l'interroger sur les habitudes de Yuffie.
Et même les Turks marchaient sur des œufs autour d'elle.
Tseng referma derrière lui en entrant dans le bureau des Turks.
"Le corps du squame a été confié au Département Scientifique. Bravo pour cette mission. Pas pour l'état de Reno."
Les trois autres Turks le regardèrent. Reno était allongé sur son canapé de sieste, les deux mains d'Elena sur son genou, maintenant un sort de gel qui enveloppait sa jambe dans une gangue de glace.
"Aérith est furieuse," déclara Tseng, faisant grimacer le rouquin.
"Désolé, Boss," s'excusa Reno.
"Retire le sort, Elena. Rude, ciseaux," ordonna Tseng en prenant un siège pour s'asseoir près de Reno.
Les deux autres Turks obéirent et Tseng découpa le tissu du pantalon de Reno, dévoilant sa blessure. Il inspecta longuement la contusion, passant les mains au-dessus de l'énorme bleu du roux.
Il soupira.
Fracture de la rotule. Fémur fendu. Et l'articulation lui semblait désaxée.
Wedge n'avait pas entièrement réussi à éviter Reno.
"Rude, montre à Elena comment préparer une injection d'analgésique pour le poids de Reno."
"Oui, Chef," répondit Rude en entraînant leur junior avec lui.
Tseng leva les yeux vers Reno. Le roux, qui habituellement affichait une attitude je-m-en-foutiste, ignorant les réprimandes et les rappels à l'ordre, se faisait presque tout petit sous le regard de Tseng.
"Aérith te tuera de ses mains si tu refais ça."
"Je le ferais plus," marmonna Reno.
"Laisse-lui quelques heures pour se calmer et appelle-la pour t'excuser."
"Oui, Boss."
Peut-être qu'un jour, il s'inquiètera de l'influence d'Aérith sur ses hommes, mais il ne pouvait contester que grâce à elle, ils prenaient moins de risques insensés et s'étaient beaucoup calmés.
Ça n'avait pas sauvé deux de leurs collègues. Mais Rude et Reno étaient toujours en vie et comptaient le rester le plus longtemps possible, ne serait-ce que pour faire plaisir à la guérisseuse.
Rude approcha, lui tendant une seringue.
"Elena ? Sais-tu faire une injection ? " demanda Tseng sans la regarder.
"Oui, Monsieur."
"Alors vas-y."
Il fallut quelques minutes pour que l'anti-douleur fasse effet, puis pour qu'il remette en place la jambe de Reno, aidé par Rude.
Tseng retira ensuite ses gants, jetant un petit regard au tatouage sur sa paume, avant de la poser sur la blessure.
Une lueur verte s'éleva autour de sa main, soignant la fracture.
"Tu connais la chanson, Reno," déclara Tseng en remettant ses gants
"Je rentre chez moi, je reste deux jours sans me lever, je reviens que quand je boite plus," marmonna le rouquin.
"Pourquoi vous n'allez pas au département scientifique ? Ils ont des docteurs et des guérisseurs," s'étonna Elena.
"Moi vivant, ils ne vous auront pas," rétorqua Tseng.
"Voici le squame, Docteur."
"Merci, mettez-le sur la table."
Les troopers obéirent, posant le sac mortuaire sur la table de dissection. L'un d'eux posa ensuite une grande aile noire sur l'autre table, à la surprise de l'assistante du légiste.
"Ça va avec," expliqua-t-il avant de prendre congé.
Le légiste les remercie avant de commencer à se préparer pour l'autopsie, aidé par son assistante.
"Pour une fois qu'on met les mains sur un squame avant le Docteur Highwind…"
Ils ouvrirent le sac mortuaire, essayant de sortir le corps du squame, mais celui-ci était figé et ils durent couper le linceul pour sortir la créature.
"Comment ont-ils réussi à le mettre dedans ? " s'étonna l'assistante.
"Il ne devrait pas déjà être en rigor mortis," objecta le légiste, s'écartant de quelques pas pour faire appel à sa G-Force, laissant le carbuncle se lover dans son crâne.
Après un rapide sort d'analyse, il détermina le problème et dissipa rapidement le sort d'arrêt temporel sur le corps. Celui-ci s'effondra sur la table, redevenant souple et le médecin alluma les lampes au-dessus de lui.
"Allez commençons. Le sujet est un adolescent de quinze ou seize ans, doté de plusieurs ailes dont l'une a été tranchée très récemment. Impact de balle traversant au niveau de l'épaule. Multiples fractures…"
Le légiste palpa un des bras du squame, cherchant les fractures.
"Tiens ? " fit le légiste en lui soulevant le poignet.
Il l'observa quelques secondes avant de tendre la main à son assistante.
"Alba, donnez-moi mon stét…"
Le médecin légiste cessa de bouger.
Son assistante aussi, restant la main posée sur l'instrument demandé.
La porte s'ouvrit.
Le jeune homme blond qui entra jeta un regard calme à la scène, faisant entrer deux autres personnes avant de se pencher par la porte.
"Fais le guet," ordonna-t-il à son fauve qui se coucha en sphinx devant la porte, avant qu'il la ferme.
Il approcha de la table d'autopsie, jetant un regard froid aux instruments de dissection, et se pencha sur le corps allongé dessus. Il resta quelques secondes à l'observer avant de déplier le drap qu'il tenait et le recouvrir entièrement. Il se redressa et se tourna vers les deux personnes qui l'avaient accompagné.
"Professeur Falmis, emmenez le dans votre laboratoire. Enregistrez-le sous le nom de spécimen 54. Gardez-le jusqu'à ordre du contraire"
Le professeur s'exécuta, les yeux dans le vague, aidé par sa secrétaire. Le blond se tourna ensuite vers le médecin et inspira longuement avant de reprendre.
"Bon travail Docteur, vous n'avez rien trouvé dans cette autopsie. Le corps a été incinéré. Vous pouvez ranger et rentrer chez vous."
Il sortit, refermant la porte derrière lui.
Il entendit le médecin légiste féliciter son assistante pour le travail bien fait et lui proposer d'aller prendre un café à la cafétéria.
Il ferma la porte et pencha la tête vers son fauve.
"C'est dingue ce qu'il ressemble à Séph."
Elle se leva, venant frotter sa tête contre sa main.
"J'aurais aimé le rencontrer avant."
Il soupira avant de se redresser, reprenant son expression neutre.
"Allons au laboratoire du professeur Falmis, je voudrais vérifier quelque chose."
Une fois tout le monde soigné, calmé et lesté d'une boisson chaude, Barret ordonna une réunion d'urgence dans l'infirmerie. Cid n'avait pas le droit de se lever pour quelques jours et Cloud était d'office au lit, allongé sur le dos, la tête sur les genoux d'Aérith. Tout le monde fut d'accord pour laisser Zack et Vincent prendre les sièges du bureau d'Aérith, là où ils pourraient tous deux avoir plus de place pour respirer.
Le reste de l'équipe s'entassa comme ils pouvaient de l'autre côté de la pièce.
"Je vais être honnête : On a merdé."
Un chœur de grognements las répondit à Barret.
"Je vais être encore plus honnête : On n'avait pas le choix," rétorqua Cid.
"Je sais," soupira le lieutenant, "assurer la sécurité du réacteur à nous tous, c'était impossible."
"Je commence à comprendre pourquoi les renforts d'Heidegger arrivent toujours en retard," grommela Zack.
"Ça fait plusieurs missions que ça nous pendait au nez," remarqua Vincent.
"Et tu voulais qu'on fasse quoi de plus ? ! " s'emporta Zack en se levant.
"Zack," reprit Cid," c'est pas une accusation, calme-toi."
Zack se tourna vers le pilote, assis sur le lit, une tasse de thé à la main et baissa les mains vers le sol, prenant la Rivière à témoin tout en cherchant ses mots, blême de colère.
"Je sais, Zack, je sais… ça me débecte aussi. Je déteste ces histoires de politique interne."
"Malheureusement, Shinra et Heidegger attendaient le moindre faux-pas de notre part," expliqua Vincent.
"Et sans soutien, sans financement, sans aide, ça serait arrivé tôt ou tard," ajouta Jessie.
Barret soupira en finissant son café. Elmyra les avait attendus de pied ferme, prête à les remettre d'aplomb et finissait de préparer le repas avant d'aller chercher Marlène à l'école pour le midi. Un peu de normalité leur ferait du bien à tous après cette matinée de folie.
"Du coup, Jessie, tu as des nouvelles de Reeve ? " s'enquit Barret.
"Non. Les communications avec lui sont interdites. J'ai contacté Julia du département de planification urbaine et c'est le chaos là-bas aussi, ils font de leur mieux pour rester opérationnel, mais avec la mauvaise habitude de Reeve de ne pas déléguer..."
"Et nous ? Que fait-on ? " demanda Aérith, assise sur le lit de Cloud, sa tête sur ses genoux.
Leur opératrice soupira. Elle n'avait pas chômé en arrivant, passé quantité de coups de fil, envoyé bouler les journalistes demandant un commentaire sur l'échec de la dernière mission.
Et surtout, elle avait eu droit à un coup de téléphone qu'elle avait détesté du début à la fin.
"Le Président a confié les rênes d'Avalanche à Heidegger."
A nouveau, l'équipe au complet poussa un grognement de dépit, même Red, couché sous le lit de Cloud, les pattes à l'abri des bottes de ses collègues.
"Heidegger a ordonné que toutes nos activités soient mises en suspens," ajouta Jessie, " y compris les analyses de Shera et les rondes de sécurité."
Ce que Yuffie déclara d'un ton acerbe avait probablement la même signification que l'insulte en Burmécien de Cid, celle de Shera et le magnifique 'connard' que laissa tomber Zack.
"Nous sommes aussi assignés à résidence le temps que l'enquête sur les événements du réacteur soit finie," acheva Jessie, "avec interdiction de contacter les journalistes, nos indics et toute autre personne susceptible d'intervenir dans l'activité d'Avalanche."
"Enquête ? " reprit Barret d'un ton inquiet, "qu'est-ce qu'ils pourraient trouver sur nous ? "
"Probablement beaucoup de choses, allant de l'insubordination, au manque d'organisation, en passant par l'efficacité douteuse à leurs yeux…"
"Oups," murmura Yuffie.
"Sauf que j'ai déjà effacé les vidéos et les enregistrements des ordinateurs du réacteur et qu'il me faudra deux minutes pour effacer nos archives si vraiment il faut, ce que je n'espère pas ! "
"Donc ils n'ont rien contre nous ? " reprit Vincent.
"Ils ne peuvent rien prouver en tout cas."
"Ça ne les arrêtera pas longtemps."
Vincent soupira en s'accoudant sur le bureau, se massant le front d'un air las. Ça s'annonçait mal.
"Qu'est-ce qu'on peut faire ? " demanda Yuffie, "on… on peut pas se défendre ? "
"Shinra dispose des gens comme il le désire," marmonna Barret.
"Mais... Mais y'a bien quelque chose qu'on peut faire ! " protesta l'adolescente. "Je… je peux appeler Oto-sama et…"
Elle referma la bouche. Non, son père n'attendait que ça, qu'Avalanche soit dissous et qu'elle retourne à la l'ambassade, si pas à Wutaï.
"Pour l'instant, nous ne pouvons qu'attendre le résultat de l'enquête," reprit Vincent, "et essayer d'analyser ce qui s'est passé ce matin."
"On a quoi sur le squame ? " demanda Jessie.
"Pas grand-chose," soupira Barret, "pas de corps déjà."
Aérith se tortilla pour sortir de sa poche la poignée de plumes qu'elle avait arraché à l'aile, les tendant à Shera.
"Tu pourras faire quelque chose avec ça ? "
"Un oreiller, peut-être," soupira Shera.
"Il n'avait pas les plumes noires ? " objecta Zack.
"Quand je l'ai trouvé, il avait une aile blanche," intervint Cid, "et elle a de nouveau tourné au noir quand…"
"Quand ? " répéta Shera comme son frère cherchait ses mots à son tour.
"J'essaye de me souvenir," répondit le blond, "Il a dit qu'Ansem lui avait injecté des cellules de trucs. Il m'a montré les plaies. Ça ressemblait à celle du clone… En plus avancé."
"Avancé comment ? " demanda Shera.
"Ça…s'étendait. Ça... ça avait l'air vivant ? "
"Quoi d'autre ? "
"Il a commencé à partir en vrille après," avoua Cid, "Il disait qu'il avait quelque chose dans la tête."
"Il avait quelque chose dans la tête," coupa Aérith.
Tout le monde se tourna vers elle.
"Il y avait quelque chose... dans son cerveau. Sa colonne vertébrale aussi, et son ventre. C'est ça que j'ai… j'ai essayé de soigner. Je crois que je n'ai réussi qu'à soigner son aile."
"Ah, oui, on devait parler de ça," reprit Zack en se levant.
"Zack, ce n'est pas le moment…" commença Aérith.
"Tu es allé au corps à corps avec un squame et tes biceps en guimauve ! "
"Ce n'était pas pour me battre, il fallait que je…"
"Zack. Aérith."
Coupés dans leur dispute, le couple baissa les yeux sur Cloud, toujours allongé et qui les fixaient avec appréhension.
"S'il vous plaît… Vous disputez pas."
Zack voulu ouvrir la bouche, mais ne trouva rien à dire et se rassit, croisant les bras avec mauvaise humeur.
"Donc il avait quelque chose dans la tête..." reprit Shera.
Cid hocha lentement la tête, les sourcils froncés et les yeux dans le vide.
"Cid ? " reprit Shera.
"Il a dit… que la voix prétendait être sa mère mais qu'il était sûr que ça ne l'était pas. Que c'était la voix qui le faisait tuer des gens. Et qu'elle rendait tout le monde fou. Même ceux dans la mako…"
"Ah, c'est eux qui criaient comme ça," marmonna Cloud.
Aérith eu l'air abasourdie, mais Zack se contenta de soupirer.
Ça faisait un moment qu'il n'avait pas entendu les cris ailleurs que dans ses cauchemars. Il avait espéré que les hallucinations auditives avaient cessé chez Cloud aussi, mais apparemment, ce n'était pas le cas.
C'était difficile à dire avec son frère, autant les hallucinations auditives de Zack lui filaient les foies, autant Cloud, n'en montrait rien jusqu'au moment où il mentionnait que quelqu'un parlait trop fort, ou qu'il répondait à une voix invisible.
"Tu as entendu quelqu'un crier, Cloud ? "
"Pas toi ? "
"J'ai rien entendu depuis des mois."
Cloud attrapa l'oreiller posé près d'Aérith et le jeta à son frère. Barret nota que malgré le manque d'aérodynamisme de l'arme improvisée ainsi que le fait que Cloud soit couché et avait toujours des côtes douloureuse, elle toucha Zack en plein torse
"Veinard."
"On en parlera à beau-papa. Peut-être qu'il faut encore augmenter tes médocs."
"J'en veux plus, ça me file la gerbe," répondit Cloud.
Aérith fronça les sourcils, posa la main sur le front de Cloud qui se laissa faire, fermant les yeux.
"Autre chose, Cid ? " reprit Barret.
"Pas grand-chose. Sa carte d'identité, des affaires de cours."
"Donne-la-moi, je vais vérifier si elle est vraie," proposa Jessie en tendant la main.
Cid la lui tendit et Yuffie l'attrapa pour la transmettre à Jessie.
"C'est vrai qu'avec un nom pareil, elle est peut-être fausse," marmonna Yuffie en jetant un coup d'œil à la photo.
"Pourquoi tu dis ça ? " demanda Barret.
"Ben, il a pas l'air Wutan et Riku c'est un nom…" commença l'adolescente avant de se décomposer.
Vincent se redressa, voyant la jeune fille au bord des larmes, sans préavis.
"Yuffie ? "
"Aniki ! " gémit Yuffie, 'riku o mamoru' ! "
Vincent fronça les sourcils avant de comprendre. Il eut à peine le temps de se préparer que Yuffie était pendue à son bras humain, le visage enfoui contre sa manche, étouffant ses cris de rage contre le tissu.
"C'était pas 'Protège le rivage'," traduisit Yuffie, "c'était 'protège Riku' ! "
Elle avait l'air à deux doigts de pleurer de colère et Vincent la laissa replonger le visage sur sa manche, levant sa main de démon avec hésitation pour lui effleurer l'épaule.
"Je le voyais tous les jours ! J'entendais Quistis pester contre la bande à Sora en permanence et j'ai PAS FAIT LE RAPPORT ! "
"De quoi vous parlez tous les deux ? " demanda Barret.
Yuffie se redressa, s'essuyant rageusement les yeux.
"Mon oncle, avant de mourir m'a dit… Mot à mot : Protège le rivage, la terre ferme."
"Riku signifie 'terre ferme', 'rivage' en Wutan," murmura Vincent.
"J'ai même pas pu faire ça," siffla Yuffie.
Le pilote soupira avant de fouiller à nouveau le sac de Riku. Il sortit la carte de poker, la tendant à sa sœur.
"Oh non," murmura-t-elle en prenant délicatement la carte.
"C'était le gamin. Celui de Setzer," expliqua Cid.
"On va pouvoir compléter le tableau blanc," soupira Wedge.
"Y'a plus de place," lui rappela Biggs sur le même ton.
Quelqu'un toqua à la porte de l'infirmerie et Elmyra entra, tenant la main de Marlène qui se précipita aussitôt vers son père, réclamant à être portée...
"Vous avez fini ? " s'enquit leur gouvernante.
"On ne pourra pas aller plus loin," soupira Barret en juchant sa fille sur son épaule.
"Bon, alors venez manger, ce sera un bon point de départ pour reprendre cet après-midi avec l'estomac plein."
"Sans vouloir offenser ta cuisine, Elmyra, je ne suis pas sûr qu'on soit beaucoup à pouvoir manger," répondit Cid en se recouchant.
Il s'avéra toutefois que la journée de merde ne faisait que commencer.
Elmyra avait pu aller chercher Marlène à l'école, mais quand il fut l'heure de la ramener, elle se trouva confrontée au refus des Turks, qui avaient profité de la pause de midi pour encercler Seventh Heaven à trois et empêchaient ses habitants de sortir.
"Marlène doit aller à l'école ! " protesta Barret, la main de sa fille dans la sienne.
"Papa, qu'est-ce qu'y a ? " s'enquit la petite.
"Je comprends, Lieutenant," commença Tseng, "mais nous avons nos ordres."
"Vous n'avez qu'à m'escorter là-bas, comme d'habitude…"
"Le Directeur Heidegger a été très clair, personne d'Avalanche ne doit sortir."
"Tseng," intervint Elmyra, "et si c'est moi qui accompagne Marlène ? "
"Je dois en référer au Directeur Heidegger. Je vous demanderais de patienter à l'intérieur le temps que j'ai la réponse."
"Qui arrivera quand ? "
"Je l'ignore."
Elmyra et Barret échangèrent un regard. Même lui, qui connaissait bien Elmyra après les années qu'il avait passé à suivre Aérith quand Elmyra la baby sittait, avait été surpris de la vitesse avec laquelle le Lieutenant et la gouvernante étaient tombés amoureux.
Et de la lenteur qu'ils mettaient à officialiser les choses.
Même chez les Turks, il y avait des paris à leur sujet. Reno avait cent gils sur l'anniversaire de leur rencontre.
Et pourtant, ils en étaient déjà aux habitudes de vieux couple, comme communiquer tout un discours en un regard.
"Bon, et bien, nous verrons," finit par déclarer Elmyra avec un sourire poli, mais tendu, "viens avec moi Marlène, on va appeler ton institutrice."
"Je voulais voir Rina," geignit Marlène, suivant toutefois Elmyra dans la maison.
"Ça va durer longtemps ? " grommela le lieutenant une fois sa fille et sa petite amie de retour à l'intérieur.
"L'enquête suit son cours."
Il roula des yeux avant de se tourner vers la porte.
"Espérons que ça sera plus rapide que pour la camionnette réfrigérée.
Tseng travaillait sous les ordres d'Heidegger depuis plus de dix ans maintenant.
Il en doutait.
Plus tard dans l'après-midi, ce fut la dispute entre Aérith et Zack qui mit les Turks en alerte.
Et la tentative d'intervention d'Elena manqua de la voir jetée par la fenêtre par Zack, ce qui relança la dispute.
"Elle n'y est pour RIEN ! Elena, tu ferais mieux de sortir ! "
La Turk blonde n'avait jamais obéi aussi rapidement à un ordre, refermant la porte de la chambre des jumeaux derrière elle.
"Elle n'avait qu'à pas s'en mêler ! "
"Zack, calme-toi, tu n'es pas raisonnable ! "
"Parce que tu l'étais toi, à soigner un squame ! "
"On ne va pas recommencer là-dessus ! "
Vincent accueillit Elena dans le couloir, s'assurant qu'elle n'était pas blessée avant de la ramener en bas.
"Est-ce que ça va ? "
"Je... oui, j'ai esquivé le plus gros," répondit Elena, une main sur le bras.
"Ne jamais rester à portée d'un augmenté," la gourmanda Vincent, "besoin de glace ? "
"J'ai ce qu'il faut."
"Reste dans la cour," suggéra le brun.
"Ils... se disputent souvent ? " demanda la jeune Turk en entendant les cris continuer au-dessus d'eux.
"Non," admit Vincent en levant les yeux, "c'est la première fois que je les entends…"
Il escorta la jeune femme dans la cour et la laissa là, sous le regard de Rude qui surveillait depuis le toit, avant de remonter dans la maison. Shera préparait du thé dans la cuisine, les mains tremblantes.
"Tout va bien ? "
"Je n'aime pas entendre des gens se disputer," avoua Shera, grimaçant en entendant Zack crier plus fort.
"Pourquoi ? "
"Mes parents," expliqua-t-elle. "Cid et son père," ajouta-t-elle plus bas.
Il lui jeta un petit regard inquiet, mais elle secoua la tête.
"Si tu trouves que Cid et moi sommes bruyant, c'est que tu n'as jamais entendus deux Burméciens se crier dessus."
La porte au-dessus d'eux claqua et Aérith descendit, les larmes aux yeux, restant quelques secondes dans la pièce principale avant de secouer la tête et aller se réfugier dans la buanderie, suivie par Elmyra.
"Je vais parler à Zack," déclara Barret en se levant," tu finis ta page d'écriture, Marlène ? "
"Pourquoi ils crient ? " demanda la petite à Vincent et Shera, la lèvre tremblante.
Shera abandonna le thé pour aller s'asseoir près d'elle, la prenant dans ses bras.
"C'est rien, Chocobébé, on est tous un peu énervé en ce moment…"
Vincent regarda Shera tenter de réconforter la petite, échangeant un regard gêné avec Yuffie, assise en face d'elles, devant ses propres devoirs.
"Ça commence mal cette assignation à résidence," murmura Yuffie en wutan.
Vincent ne put qu'être d'accord.
Et Yuffie en fut la victime suivante.
Ses amis aussi, quand Tseng les empêcha d'approcher de Seventh Heaven.
"Euh, mais vous êtes qui ? " demanda une des jumelles d'un ton suspicieux.
"Vous n'avez rien à faire ici," répondit Tseng.
"Ben si, on ramène ses affaires à Yuffie," déclara Zell en montrant le sac qu'il tenait à la main.
"Et les devoirs," ajouta Squall en levant la pochette qu'il portait.
Tseng tendit la main. Squall l'observa quelques secondes en silence avant de la lui tendre. Le Turk commença aussitôt à la fouiller.
"Ok, qu'est-ce qui se passe ? " demanda Zell.
"Vous n'êtes pas habilité à le savoir," répondit le Turk avant de refermer la pochette, faisant signe à Zell de tendre le sac.
"Yuffie va bien ? " demanda l'autre jumelle.
"Vous n'êtes pas habilité à le savoir," répéta Tseng en fouillant le sac.
"Je crois que je vous aime pas," déclara Zell avec un sourire plein de crocs.
Tseng ne réagit pas, refermant le sac.
"Yuffie revient en cours demain ? " demanda Djidane.
"Laissez-moi deviner, Monsieur," coupa Squall d'un ton froid, "nous ne sommes pas habilités à le savoir."
Tseng lui jeta un regard tout aussi froid.
Sans quitter le Turk des yeux, Squall leva la main à sa bouche et siffla.
La porte de Seventh Heaven s'ouvrit aussitôt sur Yuffie qui leur jeta un regard surpris.
"Yuff ! " appela Djidane.
"Depuis quand vous…"
"Princesse, retournez dans la maison," ordonna Tseng.
"Ce sont mes amis ! " protesta Yuffie en désignant les adolescents.
"Vous êtes assignés à résidence, vous ne devez pas sortir."
"Ah… donc je vais pas à l'école demain non plus, c'est ça ? "
"Princesse, retournez dans…"
Yuffie passa près de lui, empoignant son sac et la pochette au passage avant de s'arrêter devant Squall, l'attrapant par le col et, profitant qu'elle était une marche plus haut sur l'escalier, lui roula une pelle.
Elle lâcha le col de Squall, déposa un dernier baiser sur le bout de son nez et jeta un regard mauvais à Tseng.
"Je vous recontacte dès que je peux," déclara-t-elle avant de faire demi-tour et retourner dans la maison, sous le regard médusé de Tseng et de ses amis.
"Je peux me tromper," déclara Djidane avant de tourner lui aussi un sourire pleins de crocs vers Tseng, "mais je crois qu'elle vient de vous dire d'aller vous faire foutre."
"Je crois aussi," murmura Squall.
Tseng réalisa le soir, en rentrant chez lui, que la jeune princesse lui avait volé ses clés au passage.
Il dû retourner de nuit à Seventh Heaven pour les récupérer.
Le lendemain fut un peu plus paisible.
Elmyra fut autorisée à accompagner Marlène en classe, mais l'enfant dû rester à la cantine pour limiter les déplacements.
Elena alla chercher des vêtements et effets de toilette pour Aérith, Biggs et Wedge, toujours assignés à Seventh Heaven.
Il y eut une seconde dispute entre Aérith et Zack.
Vincent était dans l'infirmerie avec Cid, Shera, Yuffie et Cloud, à jouer aux cartes quand lui et Cloud levèrent les yeux d'un même mouvement.
"Que se passe-t-il ? " demanda Cid.
"Ils recommencent," expliqua Vincent avant de préciser, "Aérith et Zack."
Shera jeta elle aussi un regard appréhensif vers le plafond.
"Tifa va me tuer," marmonna Cloud avant de donner ses cartes à Yuffie et se recoucher.
"Cloud ? Qu'est-ce que…"
Shera posa ses cartes et se leva du lit de Cid, se penchant sur Cloud qui avait cessé de bouger, regardant le mur devant lui.
"Il peut replonger de lui-même ? " s'étonna Vincent, assis entre les deux lits de l'infirmerie.
"Parfois je me demande si ce n'est pas toujours le cas," répondit Shera en soupirant, vérifiant les signes vitaux de Cloud par réflexe.
"Il fait toujours ça dès qu'il s'agit d'éviter un conflit ou une situation qui lui déplait," ajouta Cid.
"Mieux vaut ça que les crises de fureur," marmonna Yuffie en reprenant les cartes de tout le monde pour les redistribuer.
Les deux autres grimaçèrent en acquiesçant. Vincent n'avait encore jamais vu Cloud en faire une, mais ça avait dû être suffisamment terrifiant pour que tout le monde évite de provoquer cet état.
"Je vais aller les calmer," soupira Cid en faisant mine de se lever.
"Tu fais ça et je m'assieds sur ta jambe cassée," rétorqua sa sœur en se tournant vers lui, les bras croisés.
"J'y vais, " finit par déclarer Vincent en se levant.
Il croisa Rude dans le couloir, debout près du bureau de Jessie et semblant hésiter à intervenir aussi.
"Je m'en charge," soupira Vincent en passant près de lui.
"Assure-toi qu'il ne fasse pas de mal à Aérith," répondit le Turk.
Vincent hocha la tête et commença à monter l'escalier, se concentrant sur les voix des deux amoureux.
"Arrête de me traiter comme si j'étais en verre ! "
"Sang et os, Aérith ! C'est pas la question ! "
Il s'arrêta en haut de l'escalier.
Ah.
C'était étrange comme cette dispute lui rappelait quelque chose. Une autre dispute, une trentaine d'années plus tôt, au sujet d'une certaine expérience.
"Je suis capable de prendre soin de moi ! J'ai grandi dans les Taudis et je m'y suis débrouillée sans toi pendant des années ! "
"Tu es en carton-pâte ! Un squame qui respire trop fort pourrait te faire mal et moi... moi… moi… Qu'est-ce qu'il m'arrivera si tu fais comme Tifa ? ! "
Et Aérith avait autant de répondant et d'entêtement que Lucrecia à l'époque.
Ça avait été leur seule et unique dispute d'ailleurs. Même quand elle l'avait quitté, quelques jours plus tard, il n'y en avait pas eu d'autre.
Deux mois plus tard, elle épousait Hojo.
"Tu as vu ce que ça fait à Cloud ! Je… je ferais pas mieux. Je ferais probablement pire."
Le sniper secoua la tête, se sortant de ses idées noires. Il devait intervenir avant que ça dégénère mais ce genre de situation n'était pas son fort. Il fallait que ce soit le jour où Cid n'avait pas le droit de se lever, évidemment.
"J'ai perdu Maman, j'ai perdu Tifa et je… j'ai l'impression d'être en train de perdre Cloud… je veux pas te perdre en plus…"
"Tu ne vas pas me perdre, Zack…"
"S'il te plait… ne refais pas ça… ou... ou alors tu le refais que quand je suis assis sur le squame d'abord, d'accord ? "
"... D'accord. Mais… ne t'assieds pas sur un squame…"
"Je pourrais le faire ! "
"Justement ! "
Apparemment, la réconciliation était en cours. Minerva, merci, il n'aurait pas à intervenir.
Il faisait demi-tour pour retourner dans l'escalier quand il entendit un léger bruit venant de la chambre des jumeaux.
Vincent stoppa net.
Aérith et Zack ne criaient plus.
Par contre les bruits qu'il entendait commençaient à prendre un peu de volume.
Il secoua la tête avant de retourner à la porte, toquant doucement sur le panneau.
"Aérith ? Zack ? "
Il y eut un petit cri de la part d'Aérith avant que la voix de Zack ne reprenne.
"Putain ! La matéria ! "
"Désolée Vincent ! "
"Amusez-vous bien," ajouta Vincent en s'éloignant.
"Merci Vin…"
La voix d'Aérith et tous les sons venant de la chambre furent coupés net.
Vincent s'éloigna avec un petit sourire aux lèvres. Il n'avait pas connu cet usage de la matéria sceller trente ans auparavant, mais ça lui aurait été très utile à l'époque. Ce n'était pas une matéria couramment utilisé en combat, ses effets sur une créature vivante était assez aléatoire, et pourtant il y en avait au moins quatre dans la maison, dont deux d'un niveau élevé.
Et une seule pour garantir la tranquillité de Reeve quand il était au téléphone.
Il recroisa Rude qui attendait au pied de l'escalier et lui fit un petit signe de tête.
"Résolu ? "
"En cours. N'entrez pas dans leur chambre."
Rude soupira de lassitude avant de retourner à l'extérieur, laissant Vincent rejoindre ses compagnons de jeu dans l'infirmerie.
"Déjà de retour ? " s'étonna Cid quand il entra, Cait sur les talons.
"Ils se réconcilient."
"C'est vrai qu'on ne les entend plus," nota Shera.
"Zack a activé leur matéria sceller," expliqua Vincent en reprenant sa chaise, tendant le bras pour laisser le chat l'escalader et s'installer sur son épaule.
Yuffie et les Highwinds échangèrent un petit regard, puis un début de fou rire.
"Que la Rivière bénisse leur matéria sceller," ajouta Shera en ricanant.
"Que celle-ci ne fissure jamais," renchérit Cid.
"Reeve dirait que c'est encore un usage abusif de la magie ! " ajouta Yuffie en se tenant les côtes.
"Faut qu'on apprenne le truc à Barret et Elmyra, d'ailleurs," ajouta Cid.
"Tu veux les faire imploser de gêne ? " renchérit Shera.
Ils n'avaient toujours pas de nouvelles de Reeve.
Jessie avait fini par s'installer dans son bureau, laissant le sien à Biggs, Wedge et leurs affaires. Elle avait beau harceler le Département de la Sécurité Publique, Heidegger refusait de leur transmettre les évolutions de l'enquête.
Par contre, Heidegger la laissait se débrouiller avec le Département d'Aménagement Urbain. Probablement histoire qu'elle ne s'ennuie pas et ne tente pas quelque chose de drastique pour aider son directeur.
"Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on peut faire pour t'aider ? " demanda Barret en lui apportant un café et un sandwich sur ordre d'Elmyra.
"J'essaye de déléguer tout ce que je peux concernant les dossiers en cours," marmonna Jessie en levant les yeux au-dessus de l'ordinateur de Reeve, "mais…"
Le téléphone sonna et elle décrocha aussitôt avec une expression fatiguée.
"Jessie Rasberry, bureau du Directeur Tuesti. Non, il n'est toujours pas disponible. Les demandes de commentaires doivent désormais être adressées au bureau de la communication du Département de la Sécurité Publique. Bonne journée."
Et elle raccrocha.
"Ça fait un an que j'ai quitté l'Aménagement Urbain, je ne pensais pas que je serais aussi larguée sur les projets en cours. Il y a une bonne nouvelle ceci dit ! "
"Vraiment ? "
"Le réacteur Tonberry est presque réparé, il rouvre après-demain."
Barret soupira.
"Petite bonne nouvelle."
"Au moins c'en est une."
Le téléphone sonna.
Jessie grimaça.
"Met le répondeur," suggéra Barret.
"Déjà plein," soupira Jessie avant de décrocher, "Jessie Rasberry, bureau du directeur Tuesti…"
"On va devenir DINGUE," déclara Zack le matin du troisième jour de l'assignation à résidence.
"Je crois que c'est le but," soupira Vincent.
Toute l'équipe était dans la pièce de vie, sauf Jessie, occupée à gérer les tâches journalières de Reeve ainsi que Biggs et Aérith, qui finissaient la dernière lessive en date dans la buanderie.
Au moins, Seventh Heaven n'avait jamais été aussi propre et bien rangé. Même le garage était impeccable, Shera et Cid ayant tout nettoyé au karcher dès que le blond avait été autorisé à se lever. Yuffie avait même fait toutes les vitres de l'étage, surtout pour énerver Tseng qui tiquait dès qu'elle faisait la moindre acrobatie sur la façade.
"Comment tu fais pour ne pas tourner en rond comme un chocobo dans son box ? " s'étonna Zack.
"Je planifie mentalement l'assassinat d'Heidegger," répondit le brun en pliant un pull.
Assis devant lui à plier des pantalons, Barret lui jeta un regard las.
"Sarcasme ou pas sarcasme ? "
"Sarcasme."
Le colosse eut un soupir de soulagement.
"Si je dois l'assassiner, personne ne saura que je le prévoyais."
"Je vais assumer que c'était du sarcasme aussi," déclara Barret en secouant la tête.
On toqua à la porte.
Elmyra alla ouvrir, laissant les membres d'Avalanche finir de plier le linge.
Cait en profita pour rentrer et venir se frotter à toutes les jambes sous la table. Au vu de l'état du pantalon d'Elena quand elle entra, il avait aussi répandu ses poils sur elle.
Vincent le rattrapa au vol comme il tenta de sauter dans le panier de linge propre et le jucha sur son épaule où le chaton s'installa en ronronnant.
"Courrier du cœur, Elmyra," déclara Elena en lui tendant un tas de lettres et de paquets.
"Merci Elena."
"Comment ça va ? "
"Tout le monde est sur les nerfs. Veux-tu une tasse de café ? "
"Les Turks n'ont pas le droit au café ! " lança Zack.
"Zack ! C'est la loi de l'hospitalité ! " protesta Elmyra.
Ce fut donc lestée d'une tasse de café qu'Elena alla reprendre son poste devant la caserne, laissant Elmyra distribuer le courrier.
"Ton journal, Vincent."
"Merci Elmyra."
"Jessie, il y a du courrier pour Reeve."
"Mets-y le FEU ! " rétorqua la jeune femme du bureau ouvert.
Elmyra le mit soigneusement de côté. Elle finit par sortir un petit paquet maladroitement emballé, de forme triangulaire, fait de plusieurs épaisseurs de papier d'écriture, enroulés et scotchés.
"On a un colis étrange," nota Elmyra en le levant devant ses yeux.
"Pour qui ? " demanda Barret.
"Avalanche," répondit Elmyra en lui tendant, "pas de nom d'expéditeur."
Barret le lui prit avec un petit froncement de sourcil intrigué. Vincent poussa son tas de linge plié de côté avant de tendre la main.
"Barret, tu permets ? "
"Tu crois que ça pourrait être piégé ? "
"Les Turks ont dû vérifier, mais on ne sait jamais."
Il tendit la main à Yuffie qui lui offrit immédiatement un kunaï.
"Les armes au vestiaire ! " protesta Barret.
"C'est pas une arme ! C'est un soutien moral ! " se justifia Yuffie.
Vincent ouvrit précautionneusement le paquet, vérifiant entre toutes les couches d'emballage avant de sortir ce qu'il contenait.
"Une clef ? " s'étonna Barret en regardant la clef dans la main de leur Turk.
"C'est quoi, un jeu de piste ? " demanda Biggs.
"Nan, je sais exactement ce que ça ouvre" déclara Yuffie.
"Moi aussi", renchérit Aérith.
"Un casier de la MGU," acheva la ninja d'un air victorieux.
"Qui nous a envoyé ça ? " s'étonna Wedge.
Vincent haussa les épaules, tourna et retournant l'emballage à la recherche d'un indice, mais il n'y avait que leur adresse.
"Montre," demanda soudain Cid, debout à côté de sa chaise, en tendant la main.
Vincent obéit et laissa le pilote lire attentivement l'adresse.
"Drekaskìtur," marmonna Cid en reposant les fragment de papier, "Shera, le sac du gamin, il est où ? "
"Dans le labo, je l'ai mis dans le tiroir des affaires personnelles," précisa sa sœur.
Cid disparut vers l'annexe en boitant.
Il revint rapidement, le sac de cours de Riku dans les mains, sortant un carnet de note qu'il posa près de l'emballage déchiré.
"Même papier," déclara-t-il en montrant les feuilles rayées de bleu et rouge, "même écriture," ajouta-t-il en montrant les lignes de notes.
"Il a posté ça … il y a trois jours," ajouta Vincent après inspection du tampon postal, "juste avant l'alerte."
"Ce gosse va nous aider combien de fois ? " murmura Barret.
"Ouais, mais, on est assignés à domicile, comment on va faire pour aller voir ce que c'est ? " demanda Zack.
Vincent leva la clef devant ses yeux d'un air pensif.
"Yuffie, quand est ta prochaine réunion parent-professeur ? " demanda-t-il.
[1] D'un commun accord, tous les membres d'Avalanche avaient décidé qu'elle n'apprendrait pas à conduire à Midgar. Même si Cid avait proposé de lui enseigner les bases sur le tarmac de l'aérodrome.
