Chapitre 22 : Réunion parent-professeur

Résumé :
Parfois, Vincent se demande comment un plan avec des ficelles aussi grosses peut fonctionner.
Et pourtant...

Personnages :
Team Avalanche, les Turks, Team MGU

Tags spécifiques au chapitre :
Squall/Yuffie, c'est bon, je crois que c'est officiel maintenant, Vincent est un grand frère, Yuffie grandit, Squall est un troll, Edéa aussi, c'est la faute à Vincent, plus c'est gros plus ça marche, turk trolling as team bonding, Vincent apprend la signification du mot ohana, Ohana veut dire famille, ET TU VAS TE LAISSER ÊTRE OHANER OUI ?, Vincent a deux petites sœurs, pour l'instant.


Yuffie ouvrit la porte du garage, tirant sur la chaîne qui permettait de la lever et la baisser.
La première fois qu'elle avait fait ça en arrivant à Avalanche, elle avait failli décoller à cause du poids de la porte et Cid avait manqué s'étouffer de rire. Il avait changé les contrepoids depuis. Elle regarda Makoto démarrer sa Daytona et la manœuvrer jusqu'à arriver près d'elle, lui tendant le casque de Cloud.
Barret avait insisté, aussi l'enfila-t-elle rapidement avant de s'installer derrière Makoto.
"On y va Barret ! A tout à l'heure ! " Claironna-t-elle.
"Surveillez-vous mutuellement ! " répondit Barret de l'intérieur.
"Accroche-toi," conseilla Vincent en commençant à accélérer.
Rude s'interposa devant les roues de la moto.
Vincent freina immédiatement. Heureusement qu'il n'avait pas été lancé à pleine vitesse.
"C'est une nouvelle habitude Turk ? " demanda-t-il d'un ton agacé.
"Vous êtes aux arrêts je vous rappelle," répondit Rude, "vous ne pouvez pas sortir sans une bonne excuse."
"Ça veut dire que j'échappe à la réunion parent-prof ? " s'exclama Yuffie en faisant mine de sauter de la moto.
"Yuffie," grommela Vincent en lui jetant un regard par-dessus son épaule.
"C'est quoi cette histoire ? "
Vincent arrêta le moteur de sa moto et mit la béquille avant de se redresser et retirer son casque.
"Je suis convoqué par la directrice de la MGU."
"Pourquoi toi ? "
"Parce que je parle Wutan et que je peux transmettre ce qui a été dit au père de Yuffie."
"Sauf si Tseng veut à nouveau expliquer mes notes à Oto-sama ? "
Rude le fixa longuement, sans expression, mais visiblement pas convaincu. Vincent soupira avant de sortir son PHS de sa poche, l'allumant et le tendant à Rude. Le Turk le prit sans un mot pour lire le message.
Edéa Kramer : Monsieur Valentine, j'aimerais discuter avec vous des absences répétées de Yuffie, seriez-vous disponible ?
Vincent : Est-ce important ?
Edéa Kramer : Je préfèrerais que ce soit traité au plus vite, seriez-vous disponible ce matin ?
Vincent : Très bien, j'arrive. Dois-je amener Yuffie ?
Edéa Kramer : Ce serait préférable. Dix heures à la MGU, attendez-moi à l'entrée.
Vincent : Je vous remercie de m'avoir prévenu.
"On peut l'appeler et lui dire qu'on a un imprévu ? " suggéra Yuffie d'une voix pleine d'espoir.
"Non."
Rude interpella Tseng qui le rejoignit devant le garage. Ils échangèrent quelques minutes à voix basse, Rude montra le message à Tseng. Celui-ci jeta un regard méfiant à Yuffie et Vincent, mais s'éloigna quelques minutes pour passer un coup de fil.
Il en passa un second, plus court avant de revenir vers eux.
"Vous avez une heure et demie pour gérer ça. Rude va avec vous," ajouta-t-il en rendant son PHS à Vincent.
"Je le mets où sur ma moto ? " demanda Vincent.
"Prenez la Chocomobile."
Vincent jura en Wutan et jeta un coup d'œil à sa montre avant de soupirer et se lever de sa moto, commençant à la pousser vers une place libre dans le garage.
"Très bien. Yuffie, va demander les clefs à Cid."
"Oui, oui," soupira la jeune fille en descendant de la Daytona, retirant son casque.


Malgré l'imprévu et grâce à la conduite de Rude, ils furent rapidement à la MGU et la Chocomobile fut garée devant l'entrée principale.
Toutefois, Madame Kramer lui refusa l'accès au campus.
"Je ne crois pas que vous ayez été invité, jeune homme," déclara-t-elle quand il arriva à l'entrée, derrière Yuffie et Vincent.
"Mes ordres sont d'escorter les membres d'Avalanche," commença Rude.
"La MGU n'est pas un territoire Midgarien, votre juridiction n'a pas usage ici."
"Madame…"
"Vous comprendrez, j'espère, que je ne souhaite pas d'inconnus dans mon école après les récents évènements."
"Rude," intervint Vincent, "il n'y a qu'un seul accès à l'école, à part en volant, Yuffie et moi ne pourront pas en sortir."
"C'est tentant," grommela Yuffie.
Rude hésita quelques secondes avant d'hocher la tête.
"Très bien. Je vous attends ici. Il vous reste… une heure et quart."
"On sera sage," déclara Vincent.
"J'ai ordre de ne pas te croire quand tu dis ça, Valentine," rétorqua Rude.
La directrice fit signe à Vincent et Yuffie de la suivre d'un geste agacé et prit la tête de leur petite troupe, se dirigeant vers le bâtiment le plus proche. Une fois hors de vue du Turk, elle ralentit, laissant Vincent et l'adolescente la rattraper.
"Qu'est-ce que tu as fait cette fois ? " demanda Edéa en passant le bras autour de celui de Vincent.
"Ce n'est pas toujours ma faute," rétorqua Vincent.
"Non, mais tu les attires."
"Vous vous connaissez vraiment," réalisa Yuffie en trottinant après eux.
"Il a été une mauvaise influence sur moi depuis l'âge de huit ans," répondit Edéa, "il ne nous a pas suivi. Si tu me disais maintenant pourquoi tu avais soudain besoin de venir à la MGU ? "
"Nous avons reçu ceci de la part de Riku Makani ce matin," répondit Vincent en sortant la clef de sa poche pour la tendre à Edéa.
Edéa la prit, l'identifiant, en effet, comme une clef de casier de la MGU.
"Une clef de casier ? La sienne ? "
"C'était envoyé sans explication," déclara Yuffie.
"Est-ce qu'on peut jeter un coup d'œil ? "
"Bien sûr, je vous y emmène," répondit Edéa avant de vérifier le numéro sur la clef.


"122,123, 124, 125 ! C'est celui-là ! " claironna Yuffie en s'arrêtant devant le casier.
Vincent observa attentivement la serrure avant de ressortir la clef de sa poche pour ouvrir le casier. Yuffie se glissa près de Vincent pour voir le contenu sitôt qu'il serait ouvert.
Vincent tendit le bras pour la mettre hors du chemin. Puis changea d'avis et la poussa doucement à sa place, commençant à lui donner des instructions.
"Vérifie que les gonds n'ont pas été touchés. Bien, maintenant observe s'il n 'y a pas de piège, un ticket de train glissé dans l'interstice aidera. Plus doucement, ça pourrait être sensible.
"Makoto," fit Edéa d'un ton sévère, les poings sur les hanches.
Vincent et Yuffie la regardèrent, l'un impassible, l'autre surprise d'entendre le vrai nom de Vincent dans la bouche de son professeur.
"Qu'est-ce que tu apprends à Yuffie ? " s'enquit-t-elle.
"A repérer les pièges. Elle sait déjà forcer une serrure."
"Euh... jamais à la MGU, Professeur," assura Yuffie, un brin paniquée par la tournure de la conversation.
"Ne t'en fais pas, il m'a appris à crocheter un anti-vol de moto quand j'avais huit ans[1]."
"Tu t'es entraînée depuis ? "
"Je n'ai jamais volé de moto," rétorqua Edéa, "les scooters par contre," ajouta-t-elle à mi-voix.
"Barret ne te laissera plus jamais approcher de Marlène," déclara Yuffie.
"Tu peux ouvrir."
Yuffie obéit aussitôt et entrouvrit le casier.
Il ne contenait pas grand-chose.
Juste quelques cahiers soigneusement empilés et une poignée d'enveloppes scellées.
"Qu'est-ce qu'on était censé trouver ? " demanda Yuffie d'un ton déçu.
Vincent prit le premier cahier et le feuilleta.
Avant de le refermer brutalement.
"Yuffie, ton sac."
L'adolescente retira son sac à dos et l'ouvrit, laissant Vincent glisser les cahiers dedans.
"Qu'est-ce qui se passe ? "
"Je te dirais à Seventh Heaven," répondit Vincent avant de prendre le tas d'enveloppes.
Elles ne portaient chacune qu'un nom, deux parfois et il les feuilleta rapidement avant d'en isoler une.
"Makoto ? " fit Edéa, intriguée par le comportement du Turk.
Il la lui tendit.
La femme la prit délicatement. L'enveloppe portait son nom. Elle l'ouvrit, intriguée et déplia la feuille qu'elle contenait, la parcourant rapidement.
Elle interrompit sa lecture à la moitié, clignant des yeux pour chasser des larmes, avant de recommencer du début.
"Déa ? "
"Il s'excuse," murmura la directrice en portant la main à sa gorge, "il s'excuse pour l'invasion de la MGU."
Yuffie baissa les yeux sur le tas de lettres dans les mains de Vincent.
"Ce sont…"
"Qu'est-ce que vous faites là ? ! "
Vincent tourna la tête vers la voix.
C'était l'enfant du réacteur, le petit brun aux yeux bleus. Il avait les genoux encore couverts de pansements, un autre sur le menton, et fixait Vincent d'un air outragé. Son amie était avec lui, les mains nouées autour de son bras, elle avait aussi des pansements sur les bras et le visage, là ou les sans-cœur l'avaient écorchée en la retenant.
Le garçon se dégagea des mains de son amie et approcha, levant les sienne pour pousser Vincent loin du casier.
"C'est à Riku ! Vous avez pas le droit de fouiller dedans ! "
"Sora, revient ! " l'appela son amie," c'est le Monsieur qui nous a aidé au réacteur ! "
"Je m'en fous ! " rétorqua-t-il, "ce sont ses affaires ! "
"Sora ? " répéta Vincent.
Il leva les yeux vers lui, hésitant un moment avant d'hocher la tête.
"Et toi, Kairi ? " continua Vincent en se tournant vers la fillette.
"Ou… oui ? "
"C'est pour vous," déclara Vincent en leur tendant une enveloppe.
Sora prit la lettre, jetant un regard à son amie qui approchait.
"Qu'est-ce que c'est ? " demanda-t-elle.
"Une lettre de Riku," répondit Yuffie avant d'approcher d'eux.
Elle posa la main sur leurs épaules, s'étonnant quelques secondes d'être plus grande qu'eux.
De pas beaucoup, mais quand même.
"Écoutez… je sais que c'est compliqué… Et vous vous posez sûrement pleins de questions sur ce qui s'est passé. Et je sais comment sont les adultes," ajouta-t-elle dans sa barbe, "toujours à dire qu'on comprendra plus tard."
"Il était pas méchant…" murmura Kairi.
"Non, il avait pas l'air en effet," admit Yuffie.
"Pourquoi il a fait ça ? Il détestait être comparé à Séphiroth, pourquoi…" demanda Sora.
Et ça, c'était une question que Yuffie se posait souvent concernant son oncle.
Pourquoi ?
Et de ce qu'elle avait entendu concernant Setzer… Elle ne pouvait s'empêcher de penser que les trois squames avaient été liés plus qu'elle ne le pensait.
Elle devrait vraiment arrêter de penser à eux comme des squames.
C'était des gens.
"Je crois qu'il a plus ou moins été forcé," admit-t-elle, "j'ai pas les détails, mais peut-être qu'il expliquera là-dedans."
Elle désigna l'enveloppe dans les doigts de Sora.
"Je vous laisse la lire. C'est personnel. Mais si jamais vous avez besoin de parler… Je suis en classe de cadets seconde année. Venez me voir quand vous voulez."


"Elle a beaucoup mûri ces derniers mois," déclara Edéa en s'éloignant de quelques pas, la main au creux du bras de Vincent, restant à portée de vue des trois adolescents.
"J'aurais préféré qu'elle n'ait pas à le faire."
"Je suis contente que tu t'occupes d'elle. Elle avait besoin d'une référence morale."
Vincent lui jeta un petit regard dubitatif. Edéa ne releva pas, se contentant de sourire.
"Tu es bien la seule de cette ville à considérer que je suis une bonne influence sur elle."
"Je n'ai jamais dit que c'était une bonne référence morale. Mais elle refusait celle de Midgar et elle rejetait celle de sa famille. Tu lui montres une autre voie."
"Celle d'un assassin."
"Dois-je te rappeler quel est le rôle traditionnel des ninjas ? "
Il aurait dû savoir qu'Edéa grandirait en sachant aussi bien jouer sur les mots. Il lui avait montré l'exemple après tout, il ne pouvait s'en plaindre qu'à lui-même. Il regarda Yuffie qui serrait les deux gamins contre elle, leur parlant suffisamment bas pour que même lui doive tendre l'oreille.
"Elle fera une bonne impératrice," déclara Edéa en serrant doucement le bras de Vincent.
"Je ferais en sorte qu'elle sache échapper aux tentatives d'assassinat quand elle remuera un peu trop les traditions au goût de sa cour."
"Bien, je n'en attendais pas moins de toi."
Yuffie salua les deux adolescents qui s'éloignèrent, ouvrant leur lettre, et elle rejoignit les deux adultes.
"J'arrive pas à croire que MOI, je viens de dire à quelqu'un d'être sage," marmonna-t-elle dans sa barbe.
"Et ça, c'est l'influence de Barret," déclara Vincent.
"Comment vont-t-ils ? " demanda Edéa.
Yuffie fit une petite grimace.
"Ils… sont confus. Ils se posent des questions. Mais ils l'aiment toujours, je crois."
Edéa posa sa main libre sur le bras de Yuffie en souriant.
"Merci de leur avoir parlé, Yuffie. Ils ne voulaient rien me dire."
"J'ai pas fait grand-chose," marmonna l'adolescente, embarrassée.
"Les petites choses suffisent parfois."
Vincent effleura le bras de Yuffie de son autre main et l'adolescente leva le nez, lui adressant un petit sourire.
Il faisait des progrès pour ce qui était de mieux saisir les indices subtils du langage corporel.
Il se tourna vers Edéa qui les observait en souriant.
"Déa, qu'est-ce que tu peux nous dire sur lui ? "
"Allons dans mon bureau, ce sera plus discret."
"Oui, ça évitera que tes élèves cachés au coin nous entendent."
Yuffie ricana en entendant une voix murmurer un 'putain' bien senti.
"Pas de ce langage ici ! " rétorqua Edéa.[2]
"Pardon, Matrone ! "


Le bureau d'Edéa était dans les bâtiments de l'administration et Vincent eut la satisfaction, après un rapide passage, de n'y trouver aucun micro.
"Tu es paranoïaque," nota Edéa en leur faisant signe de s'asseoir.
"Ça m'a souvent sauvé la vie," rétorqua Vincent.
Yuffie s'assit sur un des fauteuils, visiblement intimidée pendant que la directrice s'asseyait à son bureau, rallumant son ordinateur. Elle était déjà venue dans ce bureau, mais habituellement, c'était à cause de ses notes ou de son attitude en cours.
Encore que… ça faisait un moment que ça n'était pas arrivé.
Mince, elle devenait respectable.
"Que peux-tu me dire sur lui ? "
"J'ai peur que la grande majorité soit fausse."
"Dis-nous quand même ? "
La sorcière se tourna, allumant son imprimante avant de répondre, laissant l'impression se lancer.
"Du point de vue d'un professeur… C'était un enfant très brillant. Intelligent, curieux, à la fois doué en combat et en magie. Il avait un retard scolaire, ce qui n'est pas étonnant vu son parcours."
"Comment ça ? " demanda Yuffie avant d'avoir pu s'en empêcher.
"Officiellement, il était mineur isolé, il fuyait son grand-père abusif chez qui il avait été placé après la mort de ses parents et il n'a jamais été à l'école depuis."
"D'où venait-il ? " demanda Vincent.
"Zanarkand, une île autour de Costa Del Sol. Elle a été détruite il y a quelques années lors d'une attaque de squames."
"Tu as vérifié ? "
"Impossible. Toutes leurs archives ont aussi été détruites. Il n'avait que sa carte d'identité avec lui et elle... Elle semblait vraie."
"On va devoir vérifier ça. Tu as une copie de son dossier ? "
"Je te l'imprimes," indiqua la directrice en désignant sa machine en train de cracher des feuilles.
"Vous ne faites pas de vérification approfondie sur le passé de vos élèves ? "
"Nous ne sommes pas Turk," avoua Edéa en se redressant, se massant le front...
"Mais comment vous le savez ? " commença Yuffie.
La directrice eut un rapide petit sourire qui illumina son regard d'une étincelle facétieuse.
"Demandes à Makoto de t'expliquer. Il raconte très bien les histoires."
"Qu'est-ce que tu as d'autre sur lui ? "
"Pas grand-chose. Il ne se confiait pas facilement. Sora et Kairi étaient ses seuls amis, surtout parce qu'ils ne lui laissaient pas le choix."
"J'en connais une comme ça," déclara Vincent.
"Je me sens visée, là," rétorqua Yuffie, "je suis visée ? "
"Oui."
"Il refusait de venir vivre à la MGU, Seifer était en train d'essayer de le convaincre. Il m'a dit qu'il avait l'air malade récemment, et que ça lui arrivait de venir blessé en cours. Riku le justifiait en disant qu'il se battait dans les Taudis ce qui était… prévisible."
"Comment ça ? "
"Makoto, il ressemblait au Général," intervint Yuffie, "c'est pas très bien vu ici."
"Ça ne fait pas longtemps que tu es revenu, n'est-ce pas ? " demanda la directrice.
"Elle ne sait pas ce que le vieux taré t'a fait ? " demanda Yuffie en Wutan.
"Qui est le vieux taré ? " continua Edéa dans la même langue.
Yuffie se redressa sur son siège, prise en faute et jeta un regard coupable à Vincent. L'expression du sniper n'avait pas changé.
"Tu parles Wutan," nota-t-il.
"J'étais curieuse de savoir ce que tu disais dans cette langue quand j'étais enfant."
"Et moi qui jurait en Wutan pour rester correct devant toi…"
"Désolée," marmonna Yuffie.
"Makoto…" reprit Edéa en fronçant légèrement les sourcils.
"Je ne suis pas revenu depuis longtemps, en effet et tu n'as pas besoin de savoir," trancha Vincent d'un ton péremptoire.
Edéa le fixa longuement avant de se tourner vers l'imprimante qui avait cessé de fonctionner. Elle rassembla les feuillets et les agrafa proprement avant de les tendre à Yuffie qui les rangea aussitôt dans son sac.
"Vous devriez peut-être vérifier les identités de vos élèves plus…" commença Vincent.
"Non."
Vincent leva les yeux vers la femme assise devant lui.
"Makoto, la MGU est une école, un orphelinat et cela fait dix ans que nous sommes en guerre. Des enfants traumatisés par les squames, la destruction de leur maison et la mort de leurs parents, j'en ai au moins dix par classe. Et Riku est… était un cas d'école."
"Il a mis ton école en danger. Tes enfants."
"Et si j'avais eu le moindre doute sur ce qu'il traversait, j'aurais tout fait pour l'aider."
Vincent ouvrit la bouche, mais la directrice le coupa d'un ton autoritaire, levant une main.
"Nous sommes maduin, Makoto. Nous recueillons les égarés, les métissés, les mal aimés, tous ceux qui n'ont nulle part où aller. Et il n'avait nulle part où aller."
Elle soutint le regard du Turk.
"Je pensais que tu le savais."
"Je n'ai pas été maduin très longtemps," déclara Vincent en se levant.
"Mais tu l'as été. Et ça ne s'oublie pas."
Yuffie les fixaient tous les deux alternativement, les yeux pleins de questions.
Questions qu'il aurait à affronter probablement dans un futur proche, mais…
Pas maintenant.
"Je te remercie de ton aide, Déa."
"Je t'en prie… Mais, Makoto ? "
"Oui, Déa ? "
"Quand vos soucis avec Shinra seront finis, tu dois toujours venir rencontrer mes enfants, tu sais."
Vincent laissa échapper un petit souffle amusé. Il se demandait si l'entêtement d'Edéa venait aussi de lui ou de Maduin en personne.
"Tu sais que je risque d'être une mauvaise influence sur eux, n'est-ce pas ? "
"J'espère bien que tu le seras," rétorqua Edéa avec un petit sourire.
"Wow, elle est… l'antithèse de Barret sur ce coup."


Quand ils sortirent du bâtiment de l'administration, la cloche de la récréation avait sonné et des groupes d'élèves passaient d'une salle de cours à l'autre dans un joyeux brouhaha.
Edéa avait envoyé un élève prévenir les amis de Yuffie, aussi profitèrent-t-ils de la pause pour la retrouver, augmentant encore le brouhaha ambiant de leurs cris de joie.
Yuffie achevait de dire bonjour aux jumelles quand Squall arriva, légèrement agacé.
"Oh, Squall ! Écoute pour la dernière fois, je…"
Il ne la laissa pas achever sa phrase. Il l'attrapa d'une main autour de la taille, l'autre derrière la nuque et l'embrassa.
Longtemps.
Vincent commença à se demander s'il devrait intervenir pour que Yuffie respire.
Il ne s'inquiétait pas vraiment de la question du consentement. Yuffie était très capable de se débrouiller et avait de toute façon les deux mains dans les cheveux de Squall.
"Je vais devoir rappeler certaines règles sur les relations amoureuses au sein de la MGU," soupira Edéa, pendant que les amis des deux adolescents échangeaient gils, rires et jurons.
Squall relâcha Yuffie, l'aida à se redresser puis lui adressa un grand sourire.
"A bientôt, Yuffie."
Et il repartit, laissant Yuffie sur place, abasourdie.
"Nani ja korya[3] ? ! "
"Je crois qu'il t'en veut un peu de l'avoir laissé en plan la dernière fois," expliqua Djidane en passant un bras autour de ses épaules.
"Qu'est-ce qui s'est passé la dernière fois ? " demanda Vincent en Wutan.
"Je l'ai juste embrassé devant Tseng et…" commença Yuffie avant de réaliser ce qu'elle était en train de répondre. "PAS UN MOT À BARRET ! "
Vincent se contenta de sourire un peu plus.
"Les enfants, vous avez cours, je vous rappelle," commença Edéa.
"Ah, oui Madame Kramer…"
Les adolescents se séparèrent à contre-cœur et Yuffie rejoignit les deux adultes, toujours écarlate.
"Quelles sont les règles concernant les relations amoureuses au sein de la MGU, Yuffie ? "
"Ne pas se faire prendre ? [4]" suggéra Vincent.


Rude les attendait dans la Chocomobile, qu'il avait garée plus près de l'entrée.
"Alors cette réunion parents profs ? " s'enquit-t-il.
"Ta gueule," marmonna Yuffie en grimpant dans la Chocomobile, l'air renfrogné.
"Est-ce que ton commun est assez bon pour lui donner des cours de soutien ? " demanda Vincent en s'asseyant près d'elle, refermant après eux.
"Den katalavaíno to koinó[5]," répondit Rude en redémarrant.
"Condorien ? "
"Deuxième génération d'immigrés."


"Tadaima ! " lança Yuffie en entrant dans la pièce principale, Vincent sur les talons.
"Comment ça s'est passé ? " demanda aussitôt Barret.
"Makoto a été sage," déclara sérieusement Yuffie.
"Titans, merci," marmonna Barret.
Vincent secoua la tête mais dézippa le sac de Yuffie, sortant les cahiers et les posa sur la table de la salle commune.
"Qu'est-ce que c'est ? " demanda Barret.
"La dernière aide que Riku Makani nous apportera."
"C'est ce qui était dans son casier ? " demanda Jessie en prenant le premier carnet.
Vincent ne répondit pas, la laissant lire ce qu'il contenait.
"Qu'est-ce que putain de quoi ? " murmura Jessie en le feuilletant de plus en plus vite.
"Ils sont numérotés," indiqua Vincent en lui tendant un second.
"Jessie, qu'est-ce que c'est ? " demanda Barret.
"Des plans de Sin ! Des listes de clones, de noms et d'expériences ! " expliqua Jessie en prenant le second carnet pour l'ouvrir à son tour.
"Et ceci," fit Vincent en posant une lettre sur les autres carnets, "c'est pour nous."
"Qu'est-ce que c'est ? " demanda Aérith en la prenant.
"Il en a laissé plusieurs," marmonna Yuffie en fourrant ses mains dans ses poches. "Pour ses amis, pour d'autres élèves, pour la directrice de la MGU."
"Pour sa logeuse au secteur 4... Et pour Avalanche."
Tous les regards se tournèrent vers l'enveloppe blanche entre les doigts d'Aérith.


Je ne sais pas par où commencer,

Si vous lisez ça, vous avez bien reçu la clef et compris le message, et donc : je suis mort.
D'abord : C'est pas votre faute. Et merci.
J'ai résisté autant que j'ai pu, mais au final, ça n'a servi à rien.
Je crois que je vous dois des explications.
Je m'appelle Riku Makani et j'ai grandi dans Sin. Je ne suis pas né dedans, mais j'étais trop petit quand ma mère et moi sommes arrivés là-bas, je ne me souviens pas d'avant. Juste que c'était tout blanc.
J'ai de la chance, Hojo me considère comme un échec, du coup, il me fout la paix tant qu'il ne me voit pas. Quand il me voit, il pique une crise de colère, alors j'essaye que ça arrive le moins possible. Le vieux est sénile et peux pas courir assez vite pour m'attraper, mais les Remnants sont tous de foutus sadiques, surtout Ansem.
Vous allez pas comprendre les noms que j'utilise, mais tout est expliqué dans les carnets. J'espère que j'ai rien oublié, je les ai commencé un peu avant le pilier du secteur 8.
Merci pour les filles, au fait. Elles C'est
Elles venaient de naître, je suis pas sûr qu'elles se rendaient comptes de ce qu'elles faisaient.
J'étais pas à Sin quand elles sont nées, sinon j'aurais aidé les Parasites à les saboter .
Quand nous quittons Sin, Hojo nous injecte quelque chose. J'espère que vous avez trouvé la capsule dans le ventre de la grande, et que ça vous aidera à comprendre. A faire quelque chose.
Je ne sais pas ce que c'est, mais c'est jamais une bonne chose. Ça change ceux qui ont l'injection. Physiquement d'abord, ils deviennent… très forts, la magie leur vient naturellement, ils résistent à tout ce qu'on leur balance et guérissent vite.
Mais ça change aussi dans la tête.
Il y a
Je sais pas
Ça fait comme
On devient fou.
J'ai eu quatre injections. Une avant de sortir de Sin et trois au pilier.
Je sais que je suis condamné, j'ai beau me soigner, ça s'étend et me file la gerbe. J'entends une voix qui me pousse à faire qui me fait je tue des gens quand elle me parle.
Je suis désolé pour les gens que j'ai tué à l'usine de traitement des eaux et au pilier, je voulais pas je vous jure.
J'espère que personne n'est mort au réacteur.
Mon père Haru m'a dit qu'en mourant, on allait tous dans la Rivière de la Vie. J'espère que je les reverrai là-bas lui et Setzer.
Je vous remercie pour tout.
Et je vous jure : C'est pas de votre faute.
Continuez, s'il vous plaît.
Vous êtes les seuls qui pouvez nous arrêter quand on devient fou.

Au revoir,

Riku Makani


Le reste de la journée fut morose.
Après la lecture de la lettre, Jessie emmena tous les carnets de Riku pour les scanner et commencer à les analyser, aidée par Biggs et Wedge.
Le reste d'Avalanche se dispersa comme ils pouvaient dans la maison, à la recherche d'un peu d'intimité pour tenter de digérer le contenu de la lettre.
Vincent dû s'occuper de Yuffie.
Ce n'était pas que l'adolescente s'était mise à pleurer de façon hystérique en entendant la lecture de la lettre, ou avait hurlé de colère.
Non.
Elle était restée blottie en silence contre lui, cachant son visage contre sa manche, serrant son bras humain contre elle.
C'était… Wutan comme façon de faire. Rester impassible, garder le contrôle de ses émotions en public, ne pas faire de vague.
Vincent était comme ça, lui aussi. Ça avait beaucoup déstabilisé son père de ne pas le voir pleurer à la mort de sa mère. Morrow et Ashe n'avaient pas compris comme il avait fait pour rester impassible après celle de Trigger.
Mais Yuffie ne l'était pas, généralement. Elle était émotive, emportée, et même si elle n'aimait pas parler de ses émotions, elle était généralement assez facile à lire pour qu'il comprenne ce qui lui passait par la tête.
Mais pas là.
Il ne savait pas trop quoi faire pour la… il ne savait pas quoi au juste. La calmer ? Lui remonter le moral ?
Il se sentait presque aussi désemparé que son père l'avait été avec lui.
Il avait fini par l'entraîner dans la cuisine, lui préparant un thé wutan avant de la ramener dans sa chambre à l'abri des regards.
Il ne savait pas quoi faire.
Alors il resta avec elle, assis sur son lit, épaule contre épaule.
Elle finit par lui lâcher le bras pour boire son thé, à petites gorgées.
"C'est bon ? "
"Oui."
"Tu en veux un autre ? "
Elle secoua doucement la tête.
"Est-ce qu'il y a autre chose que je peux faire ? "
"Tu pourras tirer une balle de plus dans le crâne d'Hojo quand tu le trouveras ? "
"C'était prévu," répondit Vincent avec un petit sourire.
Elle eut un petit rire qui s'acheva en sanglot et posa sa tête sur l'épaule de Vincent.
Enfin, elle essaya, même tous les deux assis sur le lit, elle ne lui arrivait qu'en haut du bras.
"C'est pas juste pour Riku. Et t'avises pas de dire que la vie n'est pas juste ! "
Vincent ferma sagement la bouche.
"Je voudrais pouvoir sortir taper sur quelque chose, même si c'est juste un punchingball," marmonna Yuffie.
"Moi aussi," avoua Vincent.
"C'est marrant, en général, les adultes disent que la violence n'est pas une réponse."
"Ça dépend de la question."
Cette fois, le rire de Yuffie fut plus libre. Moins triste. Elle passa un bras autour de celui de Vincent, se blottissant à nouveau contre lui.
"J'espère qu'il est avec Oncle Harumi. Et Setzer aussi. J'espère que la Rivière les fera renaître tous les trois ensemble."
"Probable."
"Tu penses ? "
"Il y a des légendes à ce sujet-là…"
"Tu me racontes ? "
Il tourna la tête vers elle, fronçant un sourcil et croisa son regard. Elle fit une petite grimace malicieuse.
"Madame Kramer a dit que tu racontais bien les histoires."
De son point de vue, il n'avait fait que répéter les contes et légendes que son père lui avait appris. Mais Edéa avait été fascinée des contes et légendes de Centra, n'ayant connu que les histoires de Hyne par sa lignée maternelle.
Comment ça commençait déjà ?
"Il était une fois, il était deux fois, et toutes les fois dont je me souvienne, deux amis que rien n'avait jamais séparés..."


Une autre journée passa.
Les amis de Yuffie tentèrent à nouveau de passer la barrière des Turks pour transmettre les devoirs de la semaine.
Cette fois, ce fut le PHS de Rude qui disparut, mais il eut le réflexe de vérifier ses poches avant de partir de Seventh Heaven.
Pendant la nuit, Red tomba nez à nez avec Tseng pendant qu'il essayait de sortir discrètement dans la cour pour satisfaire un besoin naturel.
Le Turk fut très vexé que le fauve ait apparemment réussi à sortir sans se faire voir pendant quatre jours, presque cinq, au nez et à la barbe de trois Turks.
Tseng voulut lui interdire toute sortie.
Red rétorqua qu'il ne pouvait pas utiliser les toilettes humaines, faute d'une anatomie compatible.
Tseng proposa qu'il accompagne Red chaque fois qu'il avait besoin de sortir.
Red rétorqua qu'il ne voulait pas que quelqu'un le voit faire ses besoins.
Elena suggéra une litière de la taille d'un bac à sable.
Les sons qui sortirent de la gueule de Red ne ressemblaient à aucun langage connu de tous les habitants de Seventh Heaven mais le ton offensé resta compréhensible. C'était non.
Aérith les enguirlanda tous les trois par la fenêtre de la chambre des jumeaux.


Le cinquième jour, il fallut faire des courses.
Elmyra avait fait durer les provisions autant qu'elle avait pu, mais avec quatorze personnes à nourrir et seulement un frigo et un congélateur, même format familial, il ne restait qu'un demi-paquet de céréales, du riz et les croquettes de Cait dans les placards.
Après avoir jeté un coup d'œil à la liste que lui donna la gouvernante, Rude admit qu'il ne pourra pas tout ramener seul.
Cette fois, ce furent les jumeaux qui eurent le droit de sortir avec la Chocomobile et le Turk.
Outre le ravitaillement, il devenait nécessaire pour Zack de sortir prendre l'air avant qu'il ne commence à escalader le mur du jardin pour aller courir dans les rues. Il avait même refusé de monter à l'avant, préférant rester sur le hayon avec Cloud pendant que Rude les conduisaient au supermarché de la plaque.
Quand Shera trouva son frère assis à la porte de l'extension menant à la cour, elle réalisa que la prochaine sortie autorisée devrait être pour lui.
Sans être claustrophobe, Cid supportait assez mal les longues périodes d'enfermement. Il avait grandi sur les montagnes de Burmécia, à crapahuter au grand air, et de tout façon, il était pilote d'aéronef et d'avion. Dès qu'il n'avait pas la tête dans les nuages, il devenait ronchon.
Enfin, encore plus.
"Faut qu'on appelle l'équipage," marmonna-t-il quand elle vint s'asseoir près de lui, sur le pas de la porte ouverte.
"Le vol d'entretien a lieu quand ? "
"Demain. Et cette foutue enquête n'est toujours pas finie."
"Je vais essayer de voir ça avec Tseng," soupira Shera.
"Ouais, sinon ils vont venir nous chercher, et même si ce serait amusant de voir Tseng rencontrer Balth, tu sais comment est Fran des fois."
"Tu veux dire qu'elle le plierait en trois dans le sens inverse de ses articulations ? " marmonna Shera en Burmécien.
Cid hocha la tête avant de prendre une autre bouffée de sa cigarette.
"Je préfèrerais qu'ils ne soient pas cloués au sol par ma faute encore une fois," ajouta Cid dans la même langue après un regard sur le toit.
Elena s'y trouvait, assise de façon aussi confortable que possible sur les plaques de métal, un thermos à portée de main. Elle se faisait discrète, surtout depuis qu'elle avait failli passer par la fenêtre, et était la plus cordiale des trois Turks assignés à leur surveillance, mais elle était quand même là pour les surveiller.
Parler Burmécien était plus prudent.
Shera hocha la tête en silence avant de tendre la main vers celle de son frère, prenant délicatement la lettre qu'il tenait.
Celle du gamin.
"Cid…" soupira-t-elle.
Son frère le lui reprit, la repliant soigneusement avant de la remettre dans l'enveloppe. Il expira un nuage de fumée sans oser croiser le regard de sa sœur.
"A quinze ans, tu devrais être en classe, en train d'essayer de draguer pour la première fois ou de t'inquiéter pour ton avenir. Pas à craindre pour ta vie."
Shera posa la tête sur son épaule, nouant ses bras autour du sien. Elle aurait du se douter que l'histoire avec le gamin allait secouer Cid aussi fort. Non seulement Riku avait été lié à Setzer, mais…
Il avait été encore plus jeune que Cid au moment du désastre à Burmécia.
"Pourquoi lui as-tu parlé ? " demanda-t-elle à voix basse.
Cid soupira et contempla quelques secondes sa cigarette avant de reprendre.
"Après Setzer… l'oncle de Yuffie… Les clones… je voulais essayer de… d'en sauver un."
Il secoua la tête.
"C'était stupide. Aussi stupide qu'Aérith qui essaye de le soigner..."
"Qu'est-ce qu'on aurait fait de lui ? On l'aurait caché dans la chambre de Yuffie ? "
"Reeve aurait trouvé ça inapproprié," marmonna Cid.
"S'il avait survécu, il se serait retrouvé sous la garde de Shinra et de ses scientifiques. Je ne le souhaite à personne."
Ils levèrent tous les deux les yeux vers l'étage quand une des fenêtres s'ouvrit. Vincent s'accouda à la fenêtre, plongeant le visage entre ses mains avec un soupir rageur. Ils virent Elena approcher à pas prudent et s'accroupir au-dessus de Vincent, l'interrogeant à voix basse, mais le sniper se contenta de secouer la tête, faisant signe que, malgré tous les indices du contraire, il allait bien.
"Qu'est-ce qu'il a ? " s'étonna Shera.
"Il ne dort pas en ce moment. Et le peu qu'il dort, il fait des cauchemars."
"Comment tu sais ? "
"Son lit est à deux mètres du mien. Je lui jette une paire de chaussettes roulées dès qu'il commence à marmonner."
Cid soupira en écrasant son mégot sur les marches du porche.
"Dire que je commençais à le persuader de parler à Cid."
"Tu penses vraiment que ça l'aiderait ? Cid n'a qu'une formation de conseiller, il n'est pas psy…"
"Ça aide Zack."
"Tu ne peux pas l'obliger à accepter de l'aide, Cid…"
"Il… il est pas comme Nooj. Il lit le bouquin. Il est en train de le finir et…"
"Tu avais promis de ne pas t'impliquer."
"Je ne suis pas impliqué, je veux juste l'aider ! "
"Il faut vraiment que tu arrêtes d'aider tous les paumés de Midgar, Cid, ça finira par avoir TA santé mentale."
"Dis donc tu as RIEN dit quand j'ai commencé à aider Zack et…"
"Tout va bien ? " retentit la voix d'Elena au-dessus d'eux.
"JÁ ! " répondirent les Highwinds d'une même voix.
"Laisse-les faire," intervient Vincent, "c'est leur façon de communiquer."
Cid grommela quelque chose dans sa barbe avant de retourner à sa conversation avec sa sœur, toujours dans leur langue natale, mais avec un volume nettement moins élevé.
"Tu sais, je commençais à espérer que tu finirais par te caser avec Edgar," soupira Shera. "De tous tes mecs, ça a quand même été le seul qui ne soit pas un psycho, un connard ou un tocard pur et dur."
"Ce qui est terrible, c'est que je sais exactement desquels tu parles…" soupira Cid en portant la main à son paquet de cigarettes.
Il lui en restait trois. Il espérait que Zack pense à lui ramener un paquet ou il allait devoir arrêter temporairement.
Et il allait être encore plus imbuvable.
Il rangea le paquet dans sa poche.
"Tu n'aurais pas dû le laisser partir…" continua Shera.
"Eh, c'était son choix ! Il a trouvé quelqu'un d'autre et de ce que dit Cid, ça se passe très bien entre eux…"
"Tu lui aurais demandé de rester, il l'aurait fait."
Cid lui dédia un regard narquois. Après des années à lui reprocher d'abuser de sa position auprès de son équipage, Shera changeait soudain d'avis ?
En passant, il n'avait pas abusé de qui que ce soit, merci, dans les deux cas, Nooj et Edgar avaient fait le premier pas.
"Il méritait pas ça."
"Promets-moi de ne pas tenter le coup avec Vincent."
"J'en ai déjà eu ASSEZ avec Nooj. Pas envie de remettre le couvert. Et puis… qu'est-ce qui te dit qu'il serait intéressé ? "
"Je n'en sais rien, mais si je me rappelle bien, Edgar était hétéro avant de te rencontrer."
"Si tu écoutais un peu quand je te parlais de ce qu'on faisait…"
"Pas de détail, merci ! " s'exclama Shera en plaquant ses mains sur ses oreilles.
"Tu saurais que c'est lui qui a demandé…" continua Cid en essayant de les lui décoller.
"Non non non, je veux pas savoir ! "


"Ils sont toujours comme ça ? " s'étonna Elena en regardant les Highwinds se chamailler en Burmécien, Shera en arrivant au point de donner des coups de pieds à son frère pendant que celui-ci la coinçait sous son bras pour lui raconter quelque chose à l'oreille.
"Toujours," répondit Vincent.
"SIDDHE ! " glapit Shera. "Ég vil ekki vita ! [6] ! "
"Það mun gefa þér hugmyndir[7] ! " rétorqua Cid, hilare.
"Y'a des fois, j'aimerais bien avoir les sous-titres," ajouta Zack en s'accoudant à sa fenêtre à son tour.
"Shera ! Cid ! Arrêtez de brailler ! " lança la voix de Barret.


Quelques jours plus tard, Jessie et Barret furent convoqués à la Tour Shinra.
La réunion fut rapide. Le Président et Heidegger n'avaient pas jugé nécessaire d'être présent et la tâche avait été déléguée à Rufus Shinra. Celui-ci fit une présentation des résultats de l'enquête, une série de recommandations et Barret et Jessie furent congédiés.
Ça n'avait pas duré quinze minutes.
Moins de temps qu'il n'avait fallu pour aller à la tour. Ça aurait été tout aussi rapide de le faire par téléphone.
La voiture s'arrêta devant Seventh Heaven. Assise à l'arrière, à côté de Barret, Jessie jeta un petit regard appréhensif à la porte. Marlène avait encore gribouillé dessus à la craie, et au vu de certains des dessins, Cloud l'avait aidée.
Elle n'avait pas envie de retourner à l'intérieur. Barret non plus, visiblement. Il avait les mains sur les genoux, bougeant nerveusement les doigts de la prothèse.
Ils allaient devoir.
Ils avaient des nouvelles.
"Merci, Tseng."
"Jessie. Lieutenant… Je sais que nous n'avons pas toujours… eut les mêmes objectifs. Mais je suis désolé."
"Tu suis les ordres," soupira Barret.
"J'appartiens à la compagnie."
"Vraiment ? " rétorqua Barret d'un ton sarcastique.
Tseng resta silencieux. Il était à peu près sûr qu'il n'y avait pas de micro dans la voiture, mais après celui trouvé dans le bureau du Directeur Tuesti dont la provenance n'avait pas pu être identifiée, il préférait rester prudent.
Jessie se pencha en avant, posant la main sur le siège de Tseng. Il lui jeta un regard par le rétroviseur intérieur.
Jessie n'était pas connue comme étant une combattante, que ce soit à l'arme blanche, aux armes à feu ou à la magie. C'était une secrétaire, une assistante du Directeur Tuesti.
Avec un casier judiciaire juvénile long comme le bras, allant du vol de données, au piratage informatique, de la vente et réparation illégale de machines à la dégradation volontaire de la propriété de la Shinra[8].
Elle venait de passer un an avec une bande de combattants, il ne savait pas ce qu'elle avait bien pu apprendre à leurs côtés.
"Tseng… comment va Reeve ? Ne nous donne pas de détails si tu n'as pas le droit, mais... juste… il est toujours…"
"Il est vivant. Reno veille sur lui."
Elle hocha la tête, poussant un petit soupir de soulagement.
"Le président sait qu'il est indispensable à la ville. Dès que la leçon sera apprise, il retournera à la direction de l'aménagement urbain."
"Quelle leçon ? " demanda Barret.
"Ne jamais s'opposer au Président," murmura Jessie.
Barret grommela entre ses dents et ouvrit la portière, s'extrayant de la voiture comme il pouvait. Tseng fit de même avant d'ouvrir la portière à Jessie, la lui tenant galamment.
"La surveillance va être levée. Je sais que c'est beaucoup vous demander, mais soyez sage. Surtout Valentine."
"Qu'est-ce que tu veux qu'il fasse ? "
"J'ai lu son dossier. Le vrai," précisa Tseng.
"Ah, je me demandais où il était caché," intervint une voix près de la porte.
Jessie eut un petit sourire en voyant Vincent, nonchalamment appuyé sur le montant de la porte de la caserne, bras croisés sur son torse, l'image même du calme. Elle n'avait même pas entendu la porte s'ouvrir et se fermer.
"Tu as essayé de le voler à ton dernier passage à la Tour, n'est-ce pas ? " demanda Tseng en se tournant vers lui.
"Il se peut."
"Rude, Elena. Nous rentrons," lança Tseng.
Rude sortit de l'ombre de la ruelle la plus proche. Il fallut quelques secondes supplémentaires pour qu'Elena descende du toit. Vincent se décolla même de la porte pour lui tendre la main, l'aidant aussi galamment que s'il lui offrait le bras pour sortir d'une voiture.
"Au revoir, Elena."
"A bientôt, Vincent," répondit la jeune femme avant de rejoindre Tseng et Rude.
Lesquels montèrent dans la voiture, non sans jeter un regard méfiant à Vincent. Les trois membres d'Avalanche regardèrent la voiture s'éloigner en silence avant que Jessie laisse échapper un petit rire.
"Tu flirtes avec Elena pour embêter Tseng ? "
"Pour ma défense, elle en a bien conscience et elle joue le jeu."
"Vincent," soupira Barret en faisant signe à Jessie de rentrer, "tu étais déjà comme ça quand tu étais Turk ? "
"Non."
Barret regarda Vincent laisser poliment passer Jessie en premier avant de continuer.
"J'étais pire," acheva-t-il avec un minuscule sourire.
"Oh, Titans," marmonna Barret avant d'entrer à son tour.


"L'enquête est finie," annonça Jessie dès que la porte fut fermée derrière eux, "Avalanche ne sera pas dissoute."
L'entièreté de l'équipe, rassemblée dans la salle principale de Seventh Heaven, poussa un soupir de soulagement.
"Aérith, Biggs et Wedge peuvent rentrer chez eux, nous avons de nouveau le droit de sortir, Yuffie et Marlène vont pouvoir retourner en classe sans problème..."
"Ça fait trop de bonnes nouvelles d'un coup, c'est suspect," intervint Zack.
Jessie hocha la tête. C'est là que les mauvaises commençaient.
"Reeve a été démis de ses fonctions comme dirigeant d'Avalanche."
"Qu'est-ce qui va lui arriver ? " demanda Elmyra.
"Toujours aux arrêts pour l'instant. Il est puni. Mais Tseng dit qu'il retournera au département d'Aménagement Urbain."
"Mais qui va diriger Avalanche, alors ? " s'étonna Yuffie.
"Heidegger a définitivement la main sur nous. Je reste ici comme agent de liaison entre lui et vous."
"A quoi ça a servi tout ce binz au juste ? " demanda Cid.
"A nous faire comprendre que nous avons intérêt à être sages," répondit Vincent, "le Président a juste tiré sur notre laisse."
"Ça veut dire qu'il va falloir transmettre nos rapports à Heidegger," soupira Shera.
"Pour qu'il se torche avec ? Non merci," rétorqua Jessie, "je me chargerais de tout, ne vous en faites pas."
"Donc nous prenons le chemin de la résistance passive ? " s'enquit innocemment Vincent.
"Vincent : Non," grommela Barret.
Vincent se contenta d'un petit sourire.
Ça lui avait presque manqué de ne plus entendre cette phrase.


Le week-end qui suivit, l'alarme sonna.
Les membres d'Avalanche, par réflexe, furent rapidement dans le vestiaire, à enfiler uniformes, équipements et matérias diverses, jusqu'à ce que Biggs arrive pour les arrêter.
"On a ordre de ne pas intervenir," déclara-t-il d'un ton las.
Un flot de protestation s'éleva mais il secoua la tête.
"Heidegger a ordonné qu'Avalanche reste à Seventh Heaven. Il a déjà fait une déclaration comme quoi les SOLDATs allaient régler ça rapidement."
"On sait au moins ce qui se passe ? " demanda Barret en retirant son arme pour remettre sa main à la place.
"Jessie est dessus."
A contrecœur, les combattants retournèrent dans la salle commune, à la grande surprise d'Elmyra qui commençait déjà à préparer leur retour.
"Vous n'y allez pas ? "
"Contre ordre d'Heidegger," soupira Barret.
Il regarda Zack se précipiter aussitôt vers la télévision et l'allumer, zappant à la recherche d'informations.
"Secteur 5 apparemment," finit par dire le brun en montant le son.
L'équipe se rassembla autour de la télévision, vite rejointe par Jessie, le téléphone à l'oreille. Apparemment l'alerte avait lieu le long du mur de fortification du secteur 5.
"Ils ont trouvé un point d'entrée des squames," expliqua Jessie en plaquant temporairement le combiné contre son épaule, "ils sont en train de faire une opération de nettoyage."
Elle remonta le combiné à son oreille, reprenant la conversation.
"Non, je vous dis juste qu'Avalanche se tient prêt à intervenir…"
Elle s'éloigna à nouveau dans le bureau, laissant ses collègues assister à l'interview en direct Heidegger, sur fond d'intervention armée des SOLDATs.
"Je suis la seule à trouver suspect qu'il trouve soudainement un de ces points d'entrée alors que ça fait des mois qu'il était censé être dessus ? " demanda Shera.
"Non," répondit en chœur plusieurs de ses collègues.
"Deux jours après qu'il a mis la main sur nous et s'assure qu'on intervienne pas, c'est pas subtil," ajouta Yuffie en s'accoudant sur le dossier du canapé.
Directeur Heidegger, l'unité Avalanche a été mise sous vos ordres il y a quelques jours, est-ce grâce à eux que cet accès des squames a été trouvé ? demanda la présentatrice avec un sourire professionnel.
Bien sûr que non ! s'emporta Heidegger, les soldats de plomb n'ont aucune discipline ni savoir-faire ! Il suffit de voir les états de service du Capitaine Highwind…
"Y'en a un qui veut ma lance dans le cul," marmonna Cid.
"Ça l'abimerait," rétorqua Zack sur le même ton.
... sous mon égide, je vous garantit que l'efficacité d'Avalanche sera renforcée, leurs tempéraments rebelles seront matés afin de faire place à une discipline…
"Je vais aller calmer mon tempérament rebelle avec une clope," gronda Cid en sortant fumer devant Seventh Heaven.
L'image à l'écran changea, montrant une vue de la zone d'intervention. Un ruban de troopers et de SOLDATs troisième classe maintenaient les curieux à distance d'un trou au pied du mur que d'autres troopers agrandissaient pour permettre leur intervention.
"Il n'a pas fait évacuer la zone ? " s'indigna Barret, "Jessie ! Pourquoi il n'évacue pas ? ! "
"Je sais pas ! " rétorqua Jessie, "non, ce n'est pas à vous que je parle, mais le Lieutenant a raison, pourquoi la zone n'est-t-elle pas évacuée ? "
"Il a peut-être déjà sécurisé l'accès avant de lancer l'alerte et faire venir les journalistes," suggéra Vincent.
"Pourquoi faire ? " s'étonna Yuffie.
"C'est un moyen facile d'avoir une opération réussie en pu…"
Il y eut une explosion à la télévision. Les membres d'Avalanche se tournèrent vers l'écran d'un même mouvement. Une bombe cachée dans le sol avait ravagé les rangs des troopers qui tentaient d'agrandir l'accès, abîmant une bonne partie du mur et tuant sur le coup plusieurs soldats. La panique s'empara de la foule et le caméraman fut violemment bousculé par des habitants paniqués, sa caméra tombant au sol.
"Oh, non," murmura Barret avant de se ruer vers le bureau, bousculant ses hommes au passage, "Jessie ! Il y a eu une explosion ! "
Il revint aussitôt avec Jessie, toujours au téléphone et pâle comme un linge.
"Passez-moi Heidegger ! " ordonna-t-elle au téléphone. "NON ! Tout de suite ! "
"Il y a des morts," murmura Aérith, assise à la table, les yeux dans le vague.
"Chérie ? " s'inquiéta Zack en se penchant sur elle, prenant délicatement sa main dans la sienne.
"On peut pas rester là ! " s'exclama Yuffie en agitant les bras, "faut qu'on fasse quelque chose ! "
"On a des ordres," objecta Wedge sans quitter l'écran du regard, désemparé.
Vincent plissa les yeux avant de regarder par la fenêtre donnant sur la rue. Il pouvait déjà voir des habitants se rapprocher de leur caserne, confus de ne pas voir Avalanche sortir malgré l'alerte. Les photographes qui avaient élu domicile sur le toit d'en face descendaient de leur perchoir, à la recherche de détails croustillants.
"Mais vous allez me passer Heidegger, oui ? Non ! Pas son aide de camp ! "
Le Directeur des Turks à l'époque de Vincent lui avait souvent reproché des tactiques impulsives et peu réfléchies.
Vincent appelait ça improviser avec brio.
Il ouvrit la fenêtre.
"Qu'est-ce que tu fais ? " siffla Barret en faisant un geste pour la refermer.
Il l'en empêcha, secouant la tête.
"Il y a des gens en danger de mort actuellement et vous nous empêchez de faire le travail pour lequel Avalanche a été créé ! Protéger Midgar ! Protéger ses habitants ! " hurlait Jessie.
"Vincent ! " protesta Barret en montrant l'extérieur, attirant l'attention de leurs collègues.
"Il faut chaud, tu ne trouves pas ? " répondit Vincent d'un ton parfaitement innocent.
"Sous contrôle ? Vous venez de perdre des hommes ! " hurla Jessie.
"Eh, vous savez qu'on entend Jessie de dehors ? " demanda Cid en se penchant par la fenêtre de l'extérieur, sa cigarette à la main.
Vincent hocha la tête. Cid le fixa quelques secondes avant que son regard s'éclaire.
"Oooooh, ok je me pousse," déclara-t-il en s'écartant.
"J'écoute la radio et j'ai la télévision allumée, voilà comment je le sais, passez-moi le Directeur Heidegger ! "
"Vincent, j'espère que tu sais ce que tu fais," murmura Shera, "ça pourrait nous retomber dessus…"
"Je ne vois pas de quoi tu parles, Shera," répondit Vincent, "je suis juste en train de prendre l'air. Ma claustrophobie, tu comprends…"
"Ce n'est pas une invitation pour virer les journalistes de la scène, espèce d'imbécile ! " ajouta Jessie.
Du coin de l'œil, Vincent pouvait voir leurs voisins commencer à s'agiter, les journalistes discuter rapidement au téléphone, faisant apparemment un compte rendu en temps réel à leurs éditeurs.
"J'espère qu'à votre mort à tous, la Rivière de la Vie elle-même vous éjectera dans la stratosphère plutôt que d'absorber vos mémoires et les réinjecter dans l'ADN mental commun ! ! "
Ils l'entendirent jeter le combiné sur son socle avant qu'elle revienne dans la pièce principale.
"Tant pis ! Allez-y, vite ! Les SOLDATs vont avoir besoin d'aide pour évacuer leurs blessés ! Prenez les masques et la caisse de talismans, on ne sait pas si c'était une bombe explosive ou bio ! "
"On y va Jessie ! " s'exclama Barret.
"Et soyez prudent ! " ajouta Jessie avant de se précipiter à son poste de supervision, dans son propre bureau.


Ce ne fut pas une mission agréable. Si tant est que c'était possible.
Vincent n'avait pas été entraîné pour ce genre de choses.
Quand les Turks arrivaient sur le lieu d'un attentat ou d'une catastrophe, c'était généralement pour enquêter sur ses origines et trouver les responsables, éventuellement les exécuter sur le champ.
Pas pour aider à l'évacuation, à la récupération des corps, à la sécurisation des lieux.
Il réalisait maintenant vraiment tout ce qu'impliquait dix ans de conflit.
Il n'avait pas cillé aux contrôles de sécurités, aux laissez-passer aux portes des villes, aux caméras installées partout, aux rondes de sécurités des troopers et d'Avalanche. Il avait été Turk des années. Il avait vu la paranoïa du Président Shinra augmenter petit à petit, il avait discuté avec Ashe et Trigger de l'évolution possible de cette paranoïa et de ses retombées au niveau individuel. Il aurait plutôt été surpris que, guerre ou pas, ces mesures n'aient pas existé.
Il réalisait ce que leur unité avait offert à Midgar.
Des mois entiers sans bombes. Sans attaque de squames qui dégénérait en massacre. Des mois entiers où les habitants pouvaient vivre sans crainte, se sentir en sécurité.
Barret l'avait assigné à la protection de Yuffie en lui conseillant de la laisser faire. Ça l'avait d'abord étonné. Il avait souvent vu Yuffie rester en arrière lors d'une mission, pour s'occuper d'évacuer des civils et il avait cru pendant un moment que c'était par manque de force de frappe ou pour épargner l'adolescente des pires combats.
Après l'avoir vue organiser l'évacuation d'un blessé grave, donné des ordres à des SOLDATs plus grands qu'elle d'une bonne tête en moyenne (et qui l'avaient tous écoutée sans se poser de question), effectué des premiers secours à son niveau, il réalisait qu'en réalité, c'était sa spécialité.
"Où as-tu appris à faire ça ? " demanda-t-il pendant une pause, quand Yuffie et lui soufflèrent quelques minutes entre deux expéditions à la recherche de blessés.
"Tifa," expliqua l'adolescente en s'essuyant le visage de sa manche, "et… J'ai suivi des cours spécialisés à la MGU cette année. Gestion et simulation de crise, technique d'évacuation et de premiers secours, triage…"
"Vous apprenez ça à la MGU ? "
L'adolescente sourit.
"Ouais. C'est surprenant, hein ? "
"Je pensais que c'était une école militaire…"
"Ça l'est. Dans le sens où on apprend à se battre, où on étudie les batailles du passé pour apprendre les stratégies, tout ça. Mais c'est pas juste ça. La MGU forme des mercenaires, des officiers, des espions, mais aussi des équipes de secours pour les catastrophes naturelles, des diplomates pour les zones de guerre, des guérisseurs…"
Elle accepta une gourde qui lui proposait un jeune trooper à peine plus vieux qu'elle et le remercia d'un sourire chaleureux et d'une tape amicale sur le bras avant de continuer ses explications.
"Mon père m'a envoyée à la MGU parce que le niveau d'éducation est très élevé et qu'il espérait que je crée des liens diplomatiques avec les autres enfants de dirigeants là-bas."
"Ça a fonctionné ? "
"Pas comme il le pensait, mais ouais."
De ce que Vincent avait compris des amis de Yuffie, il y avait autant d'enfants de l'élite mondiale que de gamins des Taudis dans son entourage. Et il était prêt à parier qu'Edéa l'avait fait exprès.
"Faut que j'aie de meilleures notes en commun," avoua Yuffie," l'année prochaine, je dois choisir mes options et celles que je vise vont être super techniques niveau vocabulaire."
"Qu'est-ce que tu veux faire ? "
"Géopolitique. Je veux continuer en gestion de crise aussi, mais du côté dirigeant, ça me sera utile quand je serai Impératrice."
Vincent resta quelques secondes stupéfait, observant l'adolescente debout devant lui, un masque antipoison autour du cou, le visage et les bras couverts de cendre et de poussière, un talisman contre les effets secondaires au poignet. Yuffie eut un petit rire un peu embarrassé et détourna les yeux.
"Ouais, ça me ressemble pas trop, je sais et…"
"Yuffie. Tu vas être une Impératrice extraordinaire", la coupa Vincent.
Elle le fixa avec étonnement, avant qu'un sourire ravi lui monte aux lèvres.
"Je vais surtout retourner toute la stratégie diplomatique de Wutai, ils vont pas aimer…"
"Tu penses que tu auras besoin d'un garde du corps ? "
"Tu me conseillerais quelqu'un ? "
"Un ex-turk. Il est sous contrat actuellement, mais une fois que ce sera fini, il chercherait un travail."
"Je lui arrangerais un entretien d'embauche alors," sourit Yuffie.
-Yuffie, Vincent, fin de la pause,- intervint Jessie, -Aérith et Shera, en pause !-
-Oui, Jessie !-
"On y retourne," ajouta Vincent, "qu'est-ce qu'on a ? "
-Il va falloir descendre dans le trou,- expliqua leur opératrice, -Cid et les démineurs viennent de finir de déminer tout ce qu'il y avait là, mais il y a deux SOLDATs bloqués, l'un d'eux est blessé et ne peut pas être transporté par une seule personne, on aura besoin de la force de Vincent.-
"Je passe prendre une civière et un kit de secours," déclara Yuffie, "Makoto, commence à sécuriser le chemin d'accès, j'arrive."
"Oui, Princesse."


"Garde du corps de Yuffie ? " s'étonna Zack quand, après de longues heures, Avalanche put retourner à Seventh Heaven, entassés dans le fourgon.
Vincent leva les yeux de l'adolescente, endormie sur son épaule. Elle était épuisée, ayant couru tout l'après-midi. Cid, Biggs et Wedge étaient dans le même état, après des heures à chercher et désactiver les mines cachées autour de l'accès. Les jumeaux, Barret et Red avaient exploré tout le tunnel après coup, découvrant que l'accès avait été abandonné depuis au moins quelques semaines et donnait sur les plaines de Midgar. Tout avait soigneusement été piégé pour provoquer le plus de dégâts possible à sa découverte, que ce soit à l'infrastructure du mur comme au sous-sol de la ville.
Un traquenard dans lequel Heidegger était tombé tête la première, perdant une dizaine d'hommes dont au moins trois SOLDATs.
Lesquels SOLDATs n'avaient visiblement pas apprécié d'avoir été mêlés à une opération aussi mal organisée et étaient à deux doigts de l'insurrection. Il avait fallu toute la persuasion de Barret pour réorienter leur colère et leur énergie dans l'évacuation du quartier et des blessés. Le SOLDAT première classe chargé de superviser l'opération avait volontiers donné son opinion à ce sujet aux journalistes venus quémander l'avis d'Avalanche.
Il n'avait pas crié, mais sa voix avait porté. Loin.
Tout s'était déroulé encore mieux que Vincent aurait put le prévoir.
Un point pour les plans impulsifs.
Vincent eut un petit sourire à l'intention de Zack.
"Pourquoi pas ? "
"Je pensais pas que tu réfléchissais à un après Avalanche."
"Pas toi ? "
Zack haussa une épaule, faisant attention à ne pas déloger Aérith endormie sur l'autre.
"Je sais pas trop. Je veux épouser Aérith, ça c'est sûr, mais à part ça…"
"On pourrait livrer ses fleurs," suggéra Cloud, assis de l'autre côté de son frère, la tête de Red sur les genoux.
"A moto ? " proposa Zack.
"On mettra un side car," marmonna Cloud avant de bailler.
"Et toi Cid ? Tu feras quoi après Avalanche ? " demanda Zack.
Le pilote ne répondit pas tout de suite, semblant endormi sur le siège du mort.
"Construire un aéronef que Shinra pourra pas nous voler et ne plus poser un pied au sol pour des mois à la suite."
"On pourra monter dedans ? " demanda Zack avec un grand sourire
"Faudra demander à Shera, ce sera le sien cette fois," marmonna Cid.
"Et toi Barret ? "
"J'ai promis à Marlène de l'emmener voir Corel" répondit Barret, manœuvrant pour garer le fourgon dans Seventh Heaven.
"Avec Elmyra ? "
"Elle a peur du ciel," répondit Barret, "mais… peut être. Si elle veut venir avec nous."
"Hey Elmyra ! s'exclama Zack en sortant du fourgon, " ça te dirait de…"
"ZACK TA GUEULE ! ! " s'exclama aussitôt Barret.


Quand Jessie se réveilla dans le canapé-lit qu'elle partageait souvent avec ses deux compagnons, elle était malheureusement seule. Biggs ne savait pas faire la grasse matinée et Wedge avait toujours trop faim le matin pour rester longtemps au lit, ce n'était pas inhabituel.
Ceci dit, il y avait des matins où elle aimerait bien se réveiller au chaud, surtout vu les températures matinales de septembre. Elle attrapa le premier sweat-shirt qui traînait (un de Wedge), glissa ses pieds dans une paire de chaussettes propres et se leva, entamant le lent chemin vers la pièce de vie et un bon petit déjeuner.
Il lui fallait du café. Noir de préférence. Le goût était optionnel.
Quand elle arriva dans la salle principale de Seventh Heaven tout le monde était déjà là. Yuffie était étonnamment bien réveillée, en uniforme scolaire et finissait son thé. Elmyra et Barret nattaient les cheveux de Marlène, chacun d'un côté de l'enfant. Vincent lisait son journal, imité par leurs collègues, tous ayant un magazine, un PHS ou une tablette à la main. Tout le monde avait l'air étonnamment alerte et joyeux pour un lendemain de mission.
"Hey, Jessie, tu as vu les titres de ce matin ? " demanda Wedge en brandissant son PHS.
"Wedge, j'ai pas assez de café dans les veines pour avoir les deux yeux ouverts en même temps," marmonna sa petite amie.
Biggs lui tendit sa tasse favorite remplie du breuvage divin. Elle bue une gorgée et décolla les paupières pour lire le PHS de Wedge.
Elle prit une seconde gorgée.
Ses yeux s'ouvrirent plus grand.

'Le Directeur Heidegger accusé d'ingérence avec l'unité Avalanche'

"Quoi ? ! "
Elle posa sa tasse brusquement, renversant la moitié de son café.
"Ici, on a 'Enquête exclusive sur la dernière attaque de squames : Avalanche a-t-il été empêché d'agir par leur nouveau directeur'" lut Shera en penchant le journal vers Cid qui ricanait.
"Et ici 'La mise à pied du Directeur Tuesti est-elle justifiée'," lu Aérith en montrant le titre en première page.
"Vous verriez les caricatures dans le Chocobo enchaîné," ajouta Vincent.
"Montre ! " réclama Yuffie.
"Où est-ce que les journaux ont eu ces rumeurs ? " s'étonna Jessie en lisant l'article.
"C'est un mystère," répondit Vincent, le regard rivé sur son journal, "les journalistes invoquent le secret professionnel."
Jessie baissa le PHS, jetant un regard inquisitif au Turk.
"Qu'est-ce que tu as fait ? "
"J'avais chaud. J'ai ouvert la fenêtre. Je n'avais pas réalisé que tu étais au téléphone avec l'état-major. J'en suis navré."
"Espère de… petit... manipulateur…" commença Jessie d'un ton admiratif.
"Je t'en prie Jessie : Grand manipulateur. Je fais plus d'un mètre quatre-vingts."
C'en fut trop.
Yuffie explosa de rire dans son bol de thé.


"Merci de m'avoir déposé, Elena."
"Je vous en prie, Directeur. Transmettez le bonjour à Avalanche."
"Je n'y manquerai pas."
Il se tourna vers Seventh Heaven, se demandant à quel moment il avait commencé à considérer la vieille caserne comme un second chez lui, plus encore que son bureau à la Tour Shinra.
Déjà, des voisins l'interpellaient, le saluant, lui souhaitant la bienvenue. Il entendit même quelqu'un l'appeler Garde-Chiourme.
Le secteur huit lui avait manqué, réalisa-t-il aussi en grimpant les marches, répondant poliment aux cris de bienvenue et aux saluts amicaux.
Evidemment, ses hommes furent rapidement au courant. Entre les jumeaux, Red et Vincent, il y avait forcément quelqu'un pour entendre les appels des voisins.
Ce fut Zack qui ouvrit la porte.
"Reeve ! "
"Zack, content de…"
Il aurait dû s'attendre à la réaction du jeune homme. Il avait déjà vu Zack faire pareil avec Aérith, Tifa, même Cid une fois. Mais il n'avait pas été soulevé comme ça depuis l'âge de dix ans.
"Je suis TELLEMENT content de te revoir ! " s'exclama Zack en le serrant contre lui.
"Laisse-le entrer Zack ! " s'exclama la voix de Barret venant de l'intérieur.
Zack dû décider que c'était plus simple de l'emmener à l'intérieur, et ne le posa qu'une fois dans la pièce principale de Seventh Heaven.
"Merci, Zack…"
Le Strife brun fut immédiatement remplacé par Jessie qui lui sauta au cou.
"Ne me laisse jamais plus toute seule à gérer tout ça et je te jure que je vais te forcer à prendre des pauses plus régulièrement, tu m'entends ? ! "
"Désolé Jessie."
"Tonton Reeve ! "
Marlène fut la troisième à sauter sur Reeve et, nota-t-il, avec presque plus de délicatesse. Il s'agenouilla et la laissa s'accrocher à son cou quand il se releva, la soulevant dans le même temps.
"Papa disait que tu étais en vacances ! "
Reeve toussota légèrement.
Vacances. Oui. Il n'allait pas contredire Barret sur ce coup, Marlène était peut-être un peu jeune pour comprendre ce qui s'était passé ces dernières semaines.
"Tu as fait quoi ? "
"J'ai joué à des jeux de sociétés," répondit Reeve avec honnêteté.
Parce que c'était la vérité. Après avoir passé plusieurs jours à alterner des heures à dormir et des heures à se ronger les sangs, Reeve avait finalement convaincu Reno de faire quelques parties de cartes.
Reno ne voulait désormais plus jouer contre lui.
Même avec son propre jeu de cartes.
"Ils t'ont bien traité ? " s'enquit Barret.
"Mieux que vous d'après ce que j'ai entendu," le rassura Reeve.
"Et tu n'as pas vu ce qu'on a fait subir aux Turks," déclara Yuffie avec un grand sourire.
A un autre moment, Reeve se serait inquiété et aurait tout de suite demandé à ce que ses hommes arrêtent de faire tourner les Turks en bourrique.
Après avoir passé presque deux semaines à faire la même chose à Reno, il était prêt à échanger des astuces.
Bon, en toute honnêteté, ça ne s'était pas passé si mal que ça. Même Reno n'arrivait pas, seul, à atteindre le niveau de chaos de son étage à la Shinra, ou d'Avalanche dans leurs bons jours. Mais la surveillance constante, le manque de nouvelles de ses hommes, de son Département et du monde en général avaient rendu Reeve légèrement irritable.
Reno avait disparu dès que Tseng lui en avait donné l'ordre.
"Ne vous inquiétez pas. J'étais juste assigné à domicile. Privé de PHS, d'ordinateur et de télévision."
Jessie prit une expression horrifiée, incapable d'envisager la chose. Il lui sourit gentiment pour la rassurer.
"J'espère que tu en a profité pour dormir," finit-t-elle par déclarer.
"Je ne me rappelle que de six jours complets depuis la mission du réacteur Tonberry."
"C'était y'a dix jours," nota Barret.
"Quand je te dis que tu as besoin de dormir plus ! "
"Nouvelle règle, Reeve : si tu n'es pas chez toi et endormis à 22 heures, on te colle un sort de sommeil et on te case à l'infirmerie," déclara Barret.
Reeve envisagea un moment de leur rappeler les règles sur l'abus de la magie sous le toit de Seventh Heaven mais décida qu'il n'aurait qu'à être raisonnable.
Ce serait plus simple.
"Du coup, qu'avez-vous fait pendant votre assignation à domicile ? " demanda Reeve en acceptant la première tasse de thé décente depuis presque deux semaines, merci à Elmyra.
"On a nettoyé Seventh Heaven ! " répondit Zack, "même Red ! "
"M'ont fait prendre un BAIN," grommela le lion, de retour sur son canapé.
"Toutes les lames ont été aiguisées, les armes à feu ont été révisées et entretenues, même le bras de Barret," ajouta Vincent.
"On a classé et inventorié les matérias," s'exclama Yuffie.
"Ah, bien, vous vous êtes ennuyés à ce que je vois."
"Oh, ne t'inquiètes pas pour ça," déclara Jessie en posant un tas de cahiers et de dossiers devant Reeve. "On a aussi les plans de Sin, la liste des créatures d'Hojo présentes dedans jusqu'à i peu près six mois et une tonne d'informations sur les plans des Remnants."
Reeve resta silencieux, la tasse à la main, à contempler le tas devant lui. Il posa la tasse et tendit la main vers celui du dessus, le feuilletant rapidement avant de dévisager ses hommes, abasourdis.
"Vous étiez assigné à domicile, comment avez-vous réussi ça ? "
"On a un Turk apprivoisé," répondit Barret.
"C'est un peu comme un chat. En plus néfaste pour la Shinra," ajouta Zack.
"Bon et bien… débrief, Jessie ? "
"Avec PLAISIR ! " déclara la jeune femme.


Omake :

La fameuse phrase : 'Vincent : non' ? La voilà avec la version de ses collègues.

Trigger :
"Cible en vue. Tiens-toi prêt."
"Bien reçu."
"Laisse passer Cornéo et abat l'autre."
"Il faut vraiment ? "
"Vincent."
Le jeune homme ne tourna même pas la tête vers son partenaire, accoudé près de lui en haut de l'immeuble, une paire de jumelles devant les yeux, à surveiller leur cible.
"Oui, Trigger ? "
"Non."
Vincent sourit un peu plus.
"Je dis juste que ça nous débarrassera de Cornéo en même temps."
"J'ai dit : Non."
"Je suis sûr de pouvoir le faire d'une seule..."
"Non."
"Oh, très bien."
La balle effleura toutefois la joue de Corneo avant d'atteindre sa cible.


Ashe :
Vincent venait de chaparder un portefeuille.
La jeune femme à ses côtés soupira, attrapant la grande main de Vincent pour la coller d'autorité autour de sa taille, balançant le portefeuille dans une poubelle en passant à côté.
Elle le connaissait. Il y avait de fortes possibilités pour qu'il l'ait fait exprès afin qu'elle ait cette réaction, mais Vincent était le chaos incarné, elle préférait ne pas prendre de risque.
"N'y pense même pas…"
"Juste pour un peu d'argent de poche," suggéra Vincent, glissant un pouce dans le passant de ceinture d'Ashe, repliant ses longs doigts autour de sa hanche.
C'était pour ça que Vincent et elle avaient été collés en filature. Morrow était peut-être d'une taille plus compatible à la sienne, mais lui et Yoshiro étaient infoutus de faire semblant d'être l'autre moitié d'un jeune couple.
Alors que Vincent arrivait très bien à jouer le jeune homme amoureux et...
Elle remonta la main qui glissait plus bas sur son jean.
Il y arrivait très très bien ce petit con d'un mètre quatre-vingts.
"On a une mission. On est censé suivre notre cible discrètement, ce n'est pas le moment de faire les poches…"
"Je t'offre le restau après…"
"Vincent : Non ! Tu laisses cette main là où elle se trouve ! "
Ashe réalisa quelques secondes plus tard que c'était effectivement ce que Vincent voulait dès le début.


Morrow :
"Quand je dis NON ça veut dire quoi, espèce d'abruti ? "
Vincent tira à plusieurs reprises au-dessus de leur abri avant de revenir s'y cacher, se pliant comme il pouvait à côté de Morrow.
"Je vais avoir besoin de contexte pour répondre à ta question."
Le petit blond lui mit un coup de coude entre les côtes tout en rechargeant son arme.
"Dans TOUS les cas c'est non ! De toute façon dès que tu as une de tes idées, ça complique tout, c'est le chaos et…"
"Même la fois à Mideel ? "
"Quelle…" commença Morrow avant de se souvenir de la fois à Mideel.
Il jeta un regard paniqué à Vincent, qui sortait déjà des bâtons de dynamite de son sac.
"Je vais les poser et tu lâches ton clebs ? "
Vincent lui adressa un clin d'œil avant d'activer sa matéria d'évasion et disparaître dans un nuage de poussière noire, sans laisser le temps à Morrow de protester.
"Je vais le buter," déclara calmement Morrow activant sa matéria d'invocation.
Les flammes de son Ifrit commencèrent à s'élever autour de ses mains.
"J'avais dit : NON ! " ajouta-t-il en se levant, ordonnant à Ifrit d'attaquer les bâtons de dynamite posés au sol comme autant de bougies d'anniversaires.


Yoshiro
"VINCENT ! DAME[9] ! "
Trigger soupira, couper en plein débrief. Debout devant lui, Ashe roula des yeux.
"Vincent est déjà de retour ? "
"Il devait passer à l'aile médicale pour un dernier check up, mais il ne reprend que demain."
"Va l'empêcher de devoir retourner à l'aile médicale pour cause de Yoshiro."
"Vincent : NON ! "
"Je crois que Morrow est dessus."
Une litanie explosive en Wutan se fit entendre.
"Alors occupe-toi de calmer Yoshiro."
"Permission d'utiliser une matéria ? " suggéra Ashe.
Trigger soupira. Vincent était une très mauvaise influence sur leur plus jeune recrue.
"S'il n'était pas aussi bon sniper, je lui aurais déjà collé une balle entre les deux yeux," soupira Trigger.
"Vincent : non ! " s'exclama Ashe en ouvrant la porte avant de se précipiter dehors.
L'aîné des Turks soupira. Bon, et bien, il savait qui serait sur la mission demain.
Si Yoshiro n'éventrait pas ce petit con d'abord.


[1] Voir Boule de Neige 7 : Une bonne action ne reste jamais impunie.
[2] Vous noterez qu'elle ne le dispute absolument pas pour avoir espionné ou s'être fait choper, hein.
[3] C'est quoi ce délire ? !
[4] Mauvaise influence. Définitivement.
[5] Grec/condorai pour : Je ne comprends pas le Commun.
[6] Je ne veux pas savoir !
[7] Ça te donnera des idées !
[8] Pour la défense de Jessie… non en fait, il n'y avait rien à défendre, elle assumait totalement d'avoir lacéré quelques pneus des troopers dans son adolescence. Mais Barret ferait mieux de se méfier qu'elle n'apprenne pas à Yuffie à faire ses propres bombes.
[9] Vincent ! Non ! Oui on reste dans le thème, hein.