Résumé:
Le séjour à Nibelheim touche à sa fin.
Et pour finir en beauté, Vincent va devoir offrir une visite guidée du Manoir à ses collègues.
Personne n'est enthousiaste à cette idée, y compris l'auteure
Personnages:
Cid, Cloud, Zack, Vincent, Lucrecia (OH NOES) (FF7), Team SOLDAT, Team Haut-Vent
Tags spécifique au chapitre:
le Manoir Shinra, c'est un trigger warning a lui tout seul, expérimentation humaine, ANGST, et cette fois c'est Vincent, tout le monde passe à la trauma-machine, y'aura pas de jaloux comme ça, flash back, PTSD, futurs ou jeunes parents, ne regardez pas
"Ça va être déplaisant," déclara Cid quand ils arrivèrent à nouveau à Nibelheim, une heure plus tard.
Vide, sans ses habitants ni le camp de secours monté d'urgence, la ville était encore plus désolée.
Entre les ruines, le paysage dévasté, le silence, le vent froid…
Et cette bâtisse intacte qui surplombait le tout…
Ça avait un côté film d'horreur qui donnait la chair de poule.
Et pour ne rien arranger, Cloud et Zack avaient demandé à passer au cimetière avant de commencer la mission. Ils avaient salué la tombe de leur mère, lui parlant longuement avant d'aller voir celle de Tifa. Ils avaient proposé à Cid de faire de même mais, conformément à son habitude avec les cimetières, Cid avait refusé.
Il l'avait même fait poliment.
Il préférait se souvenir de Tifa comme d'une jeune femme vivante et souriante.
Pas comme d'une pierre froide.
Ensuite, les jumeaux avaient soigneusement fermé et barricadé l'entrée du cimetière avant de les rejoindre. Les Nibelungens avaient brûlé le corps du loup avant de partir et rassemblé ses cendres dans une urne qui avait été respectueusement enterrée dans une tombe commune avec d'autres conteneurs similaires.
C'était très étrange du point de vue de Cid. A Burmécia, les dragons étaient des animaux respectés pour leurs capacités destructrices, mais si l'un d'eux approchait trop de la ville, les dragoons étaient sans pitié et le corps du dragon n'était certainement pas enterré avec le même respect que celui d'un humain. Au mieux, il était dépecé pour récupérer de quoi fabriquer des nouvelles armes et armures. Les griffes, crocs et écailles étaient très demandés, et les meilleures forgerons pouvaient faire des lances incroyables avec un fémur de dragon.
Oui, c'était paradoxal. Le seul dragon que les Burméciens révéraient était Bahamut.
"Ça va mieux! " claironna Zack une fois la porte du cimetière verrouillée.
"Soyez sage," demanda Cloud, tourné vers les tombes, " on essayera de revenir au printemps, pour la reconstruction."
"Tu sais qu'ils ne t'entendent pas?" marmonna Cid.
"Tu es sur?" rétorqua Cloud.
"Décidément, ton traitement fait des miracles," s'étonna Cid en posant son arme sur son épaule.
"Tu as eu ça ou?" s'étonna Zack.
Cid leva la masse d'armes, la montrant au grand brun.
"Edgar me l'a prêtée en disant que je pouvais la casser sur un crâne de squame. C'est pas mon arme préférée, mais je me démerde avec. Vous êtes prêt?"
"Autant qu'on peut l'être," déclara Cloud avec morosité.
Evidemment, avec le réacteur éteint, il n'y avait plus d'électricité dans le Manoir. Toutefois, Vincent se souvenait où avait été le générateur de secours et après quelques encouragements purement Burmécien et un coup de pied vindicatif, le générateur daigna redémarrer.
"Il ne reste pas des masses de carburant dedans, mais ça devrait tenir quelques heures, c'est bizarre qu'il y en ai d'ailleurs…"
"Gast a dû en remettre quand il est passé en février," marmonna Vincent en refermant la porte de la remise.
Ils rejoignirent les jumeaux qui attendaient dans l'entrée, admirant l'intérieur du Manoir pour la première fois de leur vie.
"Qu'est-ce qu'on a ici?"
"Rez de chaussée…" répondit Vincent en regardant autour de lui. "Il n'y a pas grand chose à ce niveau, c'était surtout les pièces de vie, la cuisine, la salle de bain et le garde manger. Et ma chambre."
"Chut! Chuuuuut! Tu vas réveiller les autres!"
"Lu, ils sont à l'étage, ils n'entendront rien..."
"Tu as l'air bien sûr de toi…"
"J'ai une solution si tu veux que je reste silencieux."
"Vraiment? Laquelle?"
"Il suffit d'occuper ma bouche. Viens là."
"Vincent!"
"Ta..."
"Celle où je dormais. Je pense qu'on ne trouvera rien ici… Ce niveau et l'étage ont été désaffectés par la Shinra."
"Ou est-ce qu'on pourrait trouver quelque chose, alors?"
"Le laboratoire secret, au sous-sol. Mais il faut aller au premier pour ça."
"Il faut monter pour descendre?" s'étonna Zack.
Vincent hocha la tête avant de guider ses équipiers jusqu'à l'escalier, restant aux aguets. Il n'y avait pas eut de monstres à son époque, la seule présence de Vincent et son habilité avec les armes à feu avait découragé les monstres les plus bénins de s'installer, mais des années d'inoccupation et probablement quelques fenêtres cassées avaient permis la prolifération de chauve-souris et d'autres petits monstres qui déguerpirent dès l'approche des quatre hommes. Une fois à l'étage, Vincent hésita brièvement.
"Vincent?"
"Le laboratoire officiel était à gauche," indiqua Vincent, "l'accès au sous-sol à droite."
"Allons jeter un œil au labo quand même," décida Cid.
Ils montèrent les marches menant à l'aide de gauche et Vincent ouvrit la porte la plus proche avec prudence.
"Ils ont vraiment tout retiré," murmura-t-il en se redressant, avançant d'un pas.
Il ne restait que le carrelage blanc et sale sur les murs. Il y avait quelques traces de meubles et de machines au sol, mais rien d'autre dans la pièce, pas même un bout de papier.
"C'est là que…" commença Zack d'un ton prudent.
"Ils étudiaient la Cetra ici. Elle était dans une cuve dans ce coin, "expliqua Vincent en désignant une trace circulaire sur le sol.
"Qu'est-ce qu'il y a dans les autres pièces?" demanda Cid en montrant les deux autres portes du couloir.
Vincent ressortit et observa les portes.
"Celle d'en face… la chambre de Gast je crois."
"Ouip, enfin c'est une chambre," déclara Zack en l'entrouvrant.
"Et là," continua Vincent en montrant la porte du fond, vitrée, par laquelle filtrait un rayon de lumière, "c'est le jardin d'hiver."
"C'est quoi un jardin d'hiver?" demanda Cloud.
"Me demande pas," répondit Cid.
Vincent eut un rapide petit sourire. Il avait posé la même question le jour où Lucrecia lui avait fait visiter le Manoir, quand il était arrivé pour assurer leur protection. Il se souvenait encore de la réponse.
"Comme le nom l'indique, c'est une pièce dans laquelle on peut faire pousser des plantes, même par grand froid."
"Pourquoi faire?"
"Parce que j'aime les plantes, Monsieur Valentine et que j'aime bien voir un peu de couleur en hiver!"
Lucrecia s'était appropriée la pièce en arrivant et passait au moins une heure par jour à entretenir les fleurs qu'elle faisait pousser. Aucun des trois hommes ne lui en avait disputé la suprématie, même si Hojo lui avait reproché de ne pas utiliser ce temps à ses propres recherches.
Vincent aurait volontiers admis qu'il y avait passé du temps, autant parce que Lucrecia y était que parce que c'était une des pièces les mieux chauffées du Manoir.
"On ne trouvera rien ici," compris Cid avant de montrer l'autre bout du couloir, "tentons l'autre côté."
Vincent hocha la tête et se dirigea vers l'aile de droite.
Il hésita au croisement, entre continuer par le couloir de gauche ou passer par la porte de droite.
"Vince? Tout va bien?"
"Je… ne sais plus. C'est l'une des deux…"
"Essayons à gauche," suggéra Zack.
Le petit couloir menait à une autre chambre que Vincent reconnu. A peine.
"Oh… c'était la chambre de L… Du professeur Crescent, avant son mariage."
"C'est… glauque," murmura Zack, la main sur la poignée de porte.
Lucrecia avait aménagé son ancienne chambre. Il savait qu'elle le prévoyait, elle avait commencé à rénover la pièce dès qu'elle avait annoncé sa grossesse, mais il ne l'avait jamais vue finie.
La chambre d'enfant.
Apparemment, elle avait fini par se décider pour des murs verts pâle.
Vincent secoua la tête et fit un pas à l'intérieur. Il n'y avait pas grand chose. Le lit de bébé, en bois peint en blanc avec des barreaux ouvragés. Une commode assortie, avec une peluche de moogle et une autre de chocobo posées dessus, grises de poussière. Une table à langer, encore pleine de couches et de produits pour bébé. Un fauteuil dans un coin avec une couverture délavée par le temps pliée dessus.
"C'est là que… que Séphiroth a grandi?" demanda Zack d'une voix basse.
"Non," marmonna Cid en observant le tout d'un air sombre.
"Comment ça?"
"Le lit n'est pas fait," expliqua Cid en se penchant sur le petit lit, balayant un peu de poussière du matelas nu. "Le matelas n'a même pas été déballé."
Il alla vers la table à langer et ouvrit le placard dessous.
"Les biberons et les tétines non plus. La pièce était prête, mais n'a jamais été utilisée."
"Tu t'y connais en bébé?" s'étonna Zack.
"J'ai pratiquement élevé Freya."
"Elle… Elle est morte en le mettant au monde," expliqua Vincent.
"Oh, c'est vrai… et Hojo est parti rapidement après," renchérit Zack.
"Comment tu sais ça?" demanda Cid.
"Euh… l'aïeul du village nous en a parlé," expliqua Zack en jetant un regard prudent à Vincent.
"C'était l'autre porte," déclara Vincent en tournant les talons, sortant de la pièce.
"Qu'est-ce que l'aïeul a dit d'autre?" demanda Cid en approchant de Zack.
"Ne laissons pas Vincent seul," coupa Cloud.
Les trois hommes rejoignirent Vincent dans l'autre pièce, une espèce de bureau qui avait été vidé avec la même efficacité que le labo, ne laissant qu'un meuble d'écriture aux tiroirs encore grands ouverts.
"Bureau d'Hojo," expliqua Vincent avant d'ouvrir la porte du fond.
Ils entrèrent tous les quatre dans une chambre de couple.
"Leur chambre?" demanda Cid.
"Oui."
La pièce avait été vidée d'une partie seulement de ses objets cette fois. Il ne restait pas grand chose, seuls une partie des tiroirs de la commode étaient ouverts, des habits étaient toujours suspendus dans l'armoire, quelques flacons et une brosse à cheveux encore présents sur la coiffeuse. Vincent approcha du meuble et ramassa quelque chose posé dessus, le secouant doucement pour chasser la poussière.
Un ruban jaune.
"Je n'arrive à rien aujourd'hui! Vincent aide-moi!"
"Lu, tu peux me demander de tuer pour toi et je le ferai, mais je n'ai pas la moindre idée de comment on noue un ruban."
"C'est l'occasion d'apprendre, Monsieur Valentine! Tu préfères que je demande à Hojo?"
"Je ne suis même pas sûr qu'il serait plus doué."
"Arrête un peu, Hojo est un scientifique brillant."
"J'espère, il n'a pas grand chose d'autre pour lui."
"Il n'a même pas pris leur photo de mariage," nota Zack en ramassant un petit cadre sur la table de chevet.
Son frère la lui arracha des mains avant de désigner Vincent d'un signe de tête.
"Il n'a prit que ses affaires à lui," nota Cid en approchant à son tour.
"La pauvre," renchérit Cloud.
"Vincent?" reprit Cid, "tu disais qu'il y avait un accès au sous-sol?"
"La… la cheminée condamnée," indique Vincent en montrant le fond de la pièce.
Cloud y était déjà agenouillé, regardant des traces dans la poussière.
"Quelqu'un est passé ici," indiqua-t-il.
Vincent tendit la main vers une pierre déchaussée, appuyant dessus d'un geste hésitant.
Avec un claquement, le fond de la cheminée s'ouvrit, montrant un gouffre sombre.
"Probablement quand Gast est venu me chercher," répondit Vincent.
"Il fait noir comme dans un four là dedans!" s'exclama Zack, "même moi j'y vois pas grand chose!"
"Il y a un interrupteur… à gauche," indiqua Vincent.
Cloud descendit quelques marches en tâtonnant, et il y eut plusieurs cliquetis, mais rien n'arriva.
"Ça ne marche plus. L'ampoule doit être morte."
"Tu pourras entrer Zack?" demanda Cid en allumant sa lampe torche.
"Je sais pas. Passe-moi la lumière?"
Cid obtempéra et Zack balaya l'intérieur du passage secret du rayon.
"Ça devrait aller, jugea-t-il. "C'est assez grand pour que je n'arrive pas à toucher les murs opposés en même temps."
"Tu veux garder la lampe?"
"Je peux? Mais et toi?" répondit Zack.
"J'en ai emprunté une autre à Basch, ça ira."
"Tiens, tu l'appelles par son petit nom, maintenant?"
"Zack, descend," ordonna Cid en allumant la seconde lampe torche. "Vincent, tu penses que…"
Il se tourna vers le sniper.
Vincent restait planté devant la cheminée.
"Vincent?" appela doucement Cid.
Le brun leva les yeux vers lui.
Sa main gauche tremblait.
"Zack, Cloud, attendez," ordonna Cid par-dessus son épaule.
Il approcha doucement de Vincent, levant lentement la main pour la poser sur son épaule sans le surprendre.
"Vincent?"
Ça ne pouvait plus durer. Lucrecia avait fait un malaise alors qu'elle prenait soin de ses fleurs et quand Gast et Vincent l'avait installée dans la chambre du scientifique, la plus proche du jardin d'hiver, ils avaient vu le sang sur sa jupe.
Son bébé allait bien, Minerva en soit remerciée, mais ça ne pouvait plus durer.
Avec cette foutue expérience, Hojo allait tuer l'enfant. Son propre enfant!
La Caravane de Maduin passait à Nibelheim bientôt, d'ici là, il fallait qu'il convainque Hojo d'arrêter les expériences.
Dès que Maduin sera là, Vincent lui amènera Lucrecia, qu'elle le veuille ou non.
Maduin avait des centaines d'enfants, adoptés ou portés. S'il y avait une seule personne sur cette planète qui savait comment s'occuper d'une femme enceinte et de son bébé, c'était bien Maduin.
Vincent ouvrit le passage secret et commença à descendre dans le noir, n'allumant même pas l'ampoule anté diluvienne.
Il fallait juste qu'il parle à Hojo.
Ce sera rapide.
"Je peux pas," murmura Vincent. "Je peux pas descendre là dedans."
Cid hocha la tête, poussant très doucement sur l'épaule de Vincent.
"Je comprends. Recule. Allez recule," répéta-t-il en le poussant en arrière, vers la porte de la chambre.
"Je suis désolé…"
"T'as pas à l'être, je m'y attendais."
La griffe dorée se referma sur le poignet de Cid qui se laissa faire, accompagnant le mouvement pour ne pas être blessé.
"Pardon…"
"Vincent, c'est bon. Je comprends."
"Tu… faites… faites attention, Gast et les troopers… ils ont été attaqués par quelque chose là-dedans. Un humanoïde. Ils l'ont fait fuir, mais... il est peut être…"
"C'est noté. Vincent? Regarde-moi."
Le brun leva les yeux vers Cid.
"C'est bon. Tout va bien, on descend regarder et on remonte."
"Je suis inutile."
"Non, bien sûr que non… Garde le module. On te contacte dès qu'on est en bas et tu nous guideras, ok?"
Vincent hocha la tête d'un geste saccadé.
"Tu restes ici, et tu nous attends."
"Oui."
"Tu peux me lâcher?"
Vincent baissa les yeux sur sa main de démon. La griffe dorée tenait fermement Cid par le poignet, fort heureusement protégé par ses gants épais. Il se força à le lâcher.
"On revient vite," le rassura Cid avant de se détourner et baisser la tête pour passer par l'ouverture.
"Ça ira?" demanda Cloud quand il les rejoignit dans l'escalier en colimaçon.
"J'espère. On regarde vite fait, on ramasse tout ce qu'on peut et on se barre. Je veux pas rester dans ce trou plus de temps que nécessaire. Sans offense."
"T'en fais pas pour ça. J'aurais jamais cru qu'il y avait autant de trucs glauques ici…" commenta Zack, déjà presque en bas.
"Tu nous attends, bordel! Vincent a dit qu'il y avait quelque chose ici quand le professeur Falmis est venu le chercher."
Zack les attendit en bas de l'escalier. Cette fois, l'interrupteur fonctionna et la lumière du couloir s'alluma.
La créature au bout du couloir poussa un hurlement strident de ses deux bouches.
"Oh, drekkaskìtur."
Il ne voulait pas rester dans la chambre de Lucrecia et Hojo.
Il ne voulait pas mais le sous sol était creusé profondément dans la roche, les modules ne couvriraient peut être pas…
Les hurlements venant d'en bas le firent sursauter.
"PUTAIN! CLOUD! Dégage de son chemin!"
"Attention y'a une des têtes qui incante!"
"CID?!" Appela Vincent du haut de l'escalier.
"Je l'ai! je l'ai!"
"Zack! Jette ton épée!"
Un éclair aveuglant illumina le passage secret, suivit d'un bruit de tonnerre tonitruant.
Son vol était en danger.
Vincent cessa de réfléchir.
Il était déjà à la moitié de l'escalier quand le bruit du tonnerre cessa.
Il arrivait en bas quand Cloud fut projeté à travers une porte du couloir d'un coup de poing du monstre.
Zack était par terre, son épée plantée près de lui, encore parcourue d'étincelles bleutées et il se redressait en secouant la tête.
Le monstre avait deux têtes. L'une des deux regardait Cloud, l'autre se tournait vers Cid, un sort sur les lèvres.
La tête magicienne explosa au premier coup de feu.
L'autre se tourna vers Vincent, mais ce fut la masse de Cid qui l'atteignit cette fois, lui écrasant le crâne. La créature tituba, tombant à genoux, laissant échapper un cri de rage.
Deux éclairs le prirent en sandwich, l'achevant pour de bon.
"Putain, c'est pas passé loin!" s'exclama Zack en se relevant, s'aidant de la paroi rocheuse mal dégrossie.
"Tout le monde va bien?" demanda Vincent.
"Ça va," répondit Cid, "Cloud?"
"Je vais bien!" répondit la voix de Cloud, toujours dans la pièce, "j'ai juste trébuché sur un… oh…"
Vincent tourna la tête vers lui.
Cloud avait atterri dans la crypte.
Le jeune homme était affalé dans...
Il avait trébuché sur un cercueil ouvert.
La crypte était remplie de cercueils.
Mais celui dans lequel était tombé Cloud…
Le couvercle à côté était…
"Oh, non, pas encore," gémit Cid.
Le masque de Vincent se referma sur son visage, ajoutant encore un sentiment d'oppression à la panique qui venait.
Ses ailes déchirèrent son dos.
Il lâcha son fusil.
"Je m'en charge!" s'exclama Zack en se ruant sur Vincent, attrapant le sniper à bras le corps.
"Zack, NON! Ne le touche pas, laisse-le… ZACK!"
Cid tenta de retenir le Strife brun, mais Zack poussait déjà Vincent vers l'escalier. Une des ailes se déplia, cognant contre le plafond, faisant hurler le démon de douleur.
"Rah mais PUTAIN qui nous a lancé une foutue malédiction?!" s'exclama Cid en sautant par-dessus le cadavre de leur précédent adversaire.
Il percuta Cloud, ou plutôt Cloud le percuta en sortant de la crypte avant de se précipiter à la suite de son frère.
Cid tomba au sol, l'épaule en feu, se rattrapant de justesse avant de s'effondrer face contre terre. Il leva les yeux et vit les griffes du démon se planter dans le dos de Zack avant que les deux bruns ne disparaissent hors de vue.
"Oh BAHAMUTKÙLUR [1]!"
Il fallait qu'il sorte, il fallait qu'il prenne son vol, il fallait qu'il parte loin d'ici, le plus loin possible, plus jamais dans le cercueil, plus jamais dans la maison, plus jamais dans ces montagnes, il voulait respirer, de l'air, de la lumière, de…
Il sentit le plancher sous ses ailes quand il atterrit sur le sol. La lumière l'éblouit quelques secondes et il recula précipitamment, entraînant son ennemi avec lui. Il cogna du dos contre le mur, poussant un grognement de douleur et il crispa ses mains dans la chair de…
"Vincent! Arrête! Lâche-le!"
Cloud?
"Vincent, reviens, calme-toi! Lâche Zack!"
Cid?
Une main lui décrispa les griffes, le forçant à desserrer les doigts, à les sortir de…
Du dos de Zack.
Il lâcha brutalement le corps sur ses genoux.
Cloud et Cid en profitèrent pour le traîner à l'écart, le gant de Cid brillant déjà de la lueur verte de la guérison.
"Putain j'y arrive pas!" s'exclama le pilote, enchaînant un second sort, sans trop d'effet.
"Donne-moi la matéria!" hurla Cloud avant d'abattre sa main sur le bras de Cid.
Le pilote poussa un grognement de douleur quand les os de ses avant-bras grincèrent sous la force du blond et à sa grande surprise, la matéria de soin sortit de l'emplacement sur son gant, bondissant dans la main de Cloud, comme aimantée.
Le sort de Cloud guérit un peu plus Zack mais…
Mais il voyait sa colonne vertébrale dans les lacérations.
Cid se redressa, tenant son bras abîmé dans sa main, le regard égaré, avant de repérer Vincent.
"Vincent! Vince! Calme-toi, vite [2]!" s'exclama-t-il en se précipitant vers Vincent, prenant son visage entre ses mains.
Vincent ne pouvait pas parler.
Il devait toujours être un démon.
"Il faut que tu te calmes! Redeviens humain, c'est toi qui a les potions!"
"Aérith…" gémit Zack.
"Vincent, respire, donne-moi les potions!" répéta Cid.
Vincent essayait, il essayait vraiment, inspirant aussi profondément qu'il pouvait mais…
Cid attrapa le masque et l'arracha, libérant le visage de Vincent.
Il inspira.
"Aérith…" répéta Zack d'une voix pleine de douleur.
"Cid, les potions!" appela Cloud, enchaînant les sorts.
Les ailes de Vincent redevinrent son manteau et Cid plongea aussi sur ses poches, sortant toutes les potions qu'il pouvait.
"Je reviens!" lança-t-il à Vincent, rampant aussi vite que possible vers les jumeaux.
Zack tendit ses mains tremblantes devant lui, avant de les joindre en prière.
"Aérith…"
Un vent d'un beau vert lumineux s'éleva des mains de Zack, tournant autour de lui en grandes spirales.
Les blessures de Zack guérirent.
Le bras de Cid aussi.
Les écorchures sur Cloud se refermèrent.
Le silence retomba sur la pièce.
Avec un petit grognement, Zack se redressa à quatre pattes, regardant autour de lui.
"Euh… qu'est-ce qui s'est passé?"
"ABRUTI!" s'exclama Cloud avant d'attrapper son frère à deux bras, le serrant contre lui. "Ne refais jamais ça!"
Cid acheva de déchirer le manteau sanglant de Zack, passant la main sur le dos du jeune homme, cherchant les affreuses plaies qui avaient couvert sa peau quelques secondes à peine auparavant.
"Il a rien. Il est guéri… c'était la limite d'Aérith, comment…"
Un bruit de course effrénée retentit dans les couloirs du Manoir et Fon Ronsenburg arriva, l'épée à la main.
"Que se passe-t-il?! On a entendu…"
Il stoppa net sur le pas de la porte, regardant les quatre hommes en sang, les vêtements de Zack en lambeau, Vincent appuyé contre le mur, le sol et le papier peint lacérés de coups de griffes et...
"Pourquoi il y a des fleurs partout?" s'étonna Vossler.
"Euh," commença Zack.
"On a été attaqué par un monstre," expliqua rapidement Cloud.
"Zack a été blessé…" ajouta Cid.
Vincent ne put rien dire, tétanisé. Il baissa rapidement les yeux sur lui, réalisant qu'il était redevenu entièrement humain.
Juste à temps...
"Vous avez besoin de soin?" s'inquiéta aussitôt le SOLDAT.
"Non… Heu… Cloud a une matéria," expliqua Zack.
Cid se leva, les jambes tremblantes, et approcha de Vincent, posant la main sur son épaule.
"Vince? Essaye de respirer normalement…"
"J'essaye."
"Tu redescends pas… Définitivement."
"Non."
"On va avoir besoin de renforts," décida le pilote en se levant. "Basch?"
"Oui?"
"Tu as des hommes qui ne craindront pas de descendre dans une espèce de maison hantée taille réelle?"
Au final, Basch et Vossler se portèrent volontaires et Cid décida de ne pas prendre plus d'hommes avec eux.
"Le couloir est étroit. cinq ce sera suffisant. Zack tu es SUR que ça va?"
"Je suis en pleine forme!" s'exclama le jeune homme.
"Cette fois, tu m'écoutes quand je te dis non, est-ce que c'est bien compris?!"
Zack grimaça et baissa les yeux.
"Oui, Cid."
Cid se tourna vers Vincent, assis sur le bureau vidé. Il reprenait des couleurs, mais Cid soupçonnait que tant qu'ils seraient de la maison, Vincent ne serait pas lui-même.
"Et toi?"
"Je vais mieux," répondit-t-il sans lever les yeux.
"Tu es sûr de vouloir toujours nous guider?"
Le sniper hocha la tête, ajustant le module sur son oreille.
"Le sous-sol n'est pas très grand. A moins que... que vous rencontriez d'autres squames, ça devrait aller."
"On fait vite alors."
Retourner au sous-sol fut plus lent cette fois. Basch et Vossler avaient prit la tête, bougeant avec des précautions plus militaires et méthodiques qu'Avalanche.
"Comment cette créature a put rester ici aussi longtemps sans eau ni nourriture?" s'étonna Basch en voyant la créature à deux têtes inerte.
"Je me pose la même question", répondit Cid, s'agenouillant pour détailler la créature de façon plus attentive.
"Numéro 7," indiqua Zack en prenant le poignet gauche de la créature.
"Encore un," soupira Cid. "On prendra des photos et des prélèvements pour Shera plus tard."
"Qu'y a-t-il là?" demanda Vossler en désignant la crypte.
Basch fit un pas dans la crypte.
Il vit les cercueils disposés en désordre.
Celui ouvert.
Son couvercle lacéré de traces de griffes.
Il n'avait pas besoin de demander.
Ça faisait quinze ans, si pas seize, qu'il était SOLDAT. Il avait appris à utiliser son sens de l'odorat pour pister et reconnaître les odeurs.
Le cercueil portait celle du Turk.
"On sort, Vossler," déclara-t-il en faisant demi-tour.
Son second lui jeta un simple regard avant d'hocher la tête.
Basch ferma derrière eux et souda la serrure d'un sort de feu.
Cid le regarda faire sans un mot, mais lui adressa un petit signe de tête avant de reprendre son chemin vers le fond du couloir.
"Capitaine, je rappelle que vous n'êtes pas augmenté, laissez-nous prendre la tête," objecta le SOLDAT blond.
"Venez la chercher," rétorqua le pilote.
Basch le rattrapa et le dépassa en quelques pas, poussant la porte entrouverte au fond du couloir.
Il attendit quelques secondes qu'un éventuel squame attaque, mais rien n'arriva. Il avança prudemment, son épée à la main.
"Hm."
"Qu'y-a-t-il?" demanda Cid.
Basch alluma l'interrupteur, dévoilant l'intérieur de la pièce.
"Je m'attendais pas à ça," admit Cid en le suivant.
Ils se trouvaient dans une bibliothèque. Il y avait un lustre au plafond, donc deux ampoules ne fonctionnaient plus, de nombreuses étagères remplies de livres épais, une table avec quelques objets dispersés dessus, le sol avait été soigneusement pavé, contrairement au couloir grossier, et…
Il y avait un trou dans un des murs.
"Vossler," ordonna Basch en montrant le mur, se positionnant pour couvrir le seconde classe.
Le brun approcha prudemment, un sort de feu prêt à partir au bout des doigts, mais après avoir approché et observé le trou, il le dissipa.
"Je crois qu'on a nos réponses concernant la créature," expliqua-t-il en montrant un coin derrière le bureau.
Il y avait un nid. Une vieille couverture en lambeaux, de la nourriture, dont un morceau de pain sec, mais encore comestible, des os d'animaux rongés.
"Il vivait là?" demanda Zack, faisant sursauter les deux SOLDATs en apparaissant près d'eux sans prévenir.
"Strife," grommella Vossler.
"Qu'est-ce que j'ai dit sur ne pas faire flipper des augmentés?" demanda Cid en arrivant à son tour.
"Je sens l'air," indiqua Cloud, penché par le trou du mur, "ça doit mener là haut."
Basch ne savait pas où les jumeaux avaient appris à marcher aussi silencieusement. Les nouveaux SOLDATs avaient en général du mal, gênés par leur nouvelle force, ils ne maitrisaient pas toujours la façon dont ils posaient le pied par terre.
Mais les jumeaux Strife avaient réussi à faire assez peu de bruit pour le surprendre.
"Quoique ce soit, il vivait ici depuis un moment," conclut Basch.
"Pourquoi personne ne l'a jamais vu?" s'étonna Vossler, "il n'était pas vraiment discret."
"S'il a réussi à se cacher, c'est qu'il était intelligent," nota Cid en se relevant de l'inspection de la couverture.
"Il vivait seul ici sans déranger personne…" murmura Cloud.
"J'ai presque des scrupules à l'avoir tué," acheva Zack.
"On continue," ordonna Cid, tapotant l'épaule de Zack en passant.
Il n'y avait rien d'autre.
Aucune trace de laboratoire.
"Vincent?" appella Cid par son module.
Qu'y a-t-il?
"Il n'y a qu'une bibliothèque ici."
Pardon?
"On est dans une pièce carrée, il y a des étagères avec des livres un peu partout, un bureau au centre et c'est tout," décrivit Cid.
Ça n'est pas normal, le laboratoire aurait dû…
Ils entendirent Vincent inspirer profondément avec de reprendre.
L'entrée du laboratoire était à gauche en entrant.
Les trois hommes d'Avalanche se tournèrent dans la direction qu'indiquait leur collègue.
"Hm, y'a juste une étagère de livres," indiqua Cid en approchant.
"Que se passe-t-il?" demanda Basch.
"Vincent dit qu'il y avait une autre pièce ici," expliqua Zack, "y'a peut être un autre passage secret?"
Je ne m'en souviens pas, c'était juste une porte à l'époque.
"Ça a peut-être été muré, suggéra Vossler.
Cid prit un des livres et l'ouvrit.
Des pages blanches.
Il en saisit un second, identique.
Il avait vraiment l'impression d'être dans un film fantastique.
Ou d'horreur, au choix.
Il jeta le faux livre sur la table.
"Une fausse bibliothèque. Les jumeaux, vous pouvez virer cette étagère?"
"On s'en charge!" s'exclama Zack en appuyant son épée contre un autre meuble.
Deux minutes plus tard, l'étagère était déplacée sur le côté, et seuls quelques livres étaient tombés, dévoilant leur contenu vierge ou inintéressant.
"C'est juste un botin téléphonique d'il y a trente ans, avec une nouvelle couverture," nota Vossler en feuilletant l'un des livres tombés.
"Vossler avait raison, c'est muré," nota Cid en regardant l'espace dévoilé, avançant la main pour toucher les briques.
Et le travail avait été bâclé. C'était un simple mur de briques, hâtivement peint de la même couleur que les murs. S'il y avait du mortier, c'était le strict minimum pour que le mur tienne.
Juste de quoi cacher grossièrement quelque chose qui aurait été couvert par la bibliothèque de toute façon.
"Zack? Cloud? Ça vous dirait de casser quelque chose?"
"Oh, avec plaisir Cid," répondit Zack pendant que son frère faisait craquer ses phalanges
Trente secondes plus tard, le mur était en morceaux.
"Ça les défoule et c'est utile," expliqua Cid avec un petit sourire.
"De notre côté, on envoie les troisièmes classes en salle de réalité virtuelle", expliqua Basch.
"Si c'était qu'eux," maugréa Vossler.
"Vite fait, bien fait!" déclara Zack en dégageant le bas du trou d'un coup de pied avant d'entrer, suivi par son frère.
"Soyez prudent en allant voir, Zack, si c'est u…"
Zack repassa soudain l'ouverture, Cloud dans les bras et s'engouffra dans le couloir de sortie.
"Pose-moi!" réclama Cloud, jeté sur l'épaule de son frère.
"Zack?" appella Cid.
"On remonte!" lança Zack, "faites gaffe, c'est glauque!"
Cid et les deux SOLDATs échangèrent un regard appréhensif.
"Si Zack dit ça, il faut s'attendre au pire."
Heureusement, l'électricité fonctionnait aussi dans la pièce dévoilée.
Ou peut-être malheureusement.
Ils étaient effectivement dans un film d'horreur.
La première pièce était petite, carrelée de blanc, comme le labo désaffecté à l'étage. Le plafond avait été grossièrement aplani et blanchi, une simple ampoule y pendait pour éclairer la pièce. Il y avait une desserte métallique dans un coin, pleine d'instruments et de flacons, le tout couvert de poussière.
Une autre desserte à côté, plus petite et haute, avec une espèce de bassine transparente sur le dessus, tapissée d'un coussin tâché.
Et le plus inquiétant du point de vue de Cid, un lit couvert d'un drap taché de sang, avec une espèce d'instrument de torture formant deux branches à un bout d'où pendaient encore deux lanières tranchées.
"C'est quoi cette pièce?" demanda Cid, "une salle de torture?"
"Euh, presque," marmonna Vossler, "selon qui vous demandez…"
"Tu connais?" s'étonna son supérieur.
"C'est une salle de travail [3]," expliqua-t-il.
Les deux blonds le regardèrent avec incompréhension.
"Une quoi?"
Cette fois, le soldat semblait un peu embarrassé de devoir expliquer et fit quelques gestes vagues de la main qui ne tenait pas son épée.
"C'est… une salle d'accouchement ."
"Vossler, il faudra que tu m'expliques comment tu sais ça," rétorqua Basch.
"Mes parents étaient des hippies," répondit le brun, "ils ont voulu que je sois présent à la naissance de mon frère et ma soeur."
Il jeta un regard au lit avant de montrer les attaches.
"Sauf que ça… c'est pas normal. Qui attacherait une future mère?"
"Et surtout pourquoi une femme accoucherait ici?" acheva Basch.
Cid inspira profondément.
"Vincent?"
La voix de Vincent mit un petit moment à lui parvenir. Il avait dû les entendre.
Oui, Cid?
"Je crois que tu ne devrais plus écouter. Retire ton module de communication."
Un long silence, encore une fois.
Très bien, finit par répondre Vincent.
Par sécurité, Cid retira aussi le sien, le fourrant dans sa poche sous le regard grave de ses deux compagnons.
"Qui?" demanda doucement le SOLDAT blond.
"Docteur Crescent. La femme d'Hojo. Elle a mis au monde Séphiroth à Nibelheim. J'ai peur que ce soit… ici," acheva Cid en désignant le lit de son arme.
"La femme d'Hojo," répéta Basch, les yeux écarquillés par l'horreur.
"Ce qui signifie qu'Hojo est… le père de... Oh… Ifrit…" jura Vossler.
"Je commence à comprendre pourquoi le Général refusait d'utiliser son nom de famille," murmura Basch.
Cid tourna la tête vers le fond de la pièce.
Il y avait une autre porte.
"Je vous avoue que j'ai peur de ce qu'on va trouver derrière celle-là."
"Ce sera dur de faire pire," marmonna Vossler.
Vincent était assis sur son ancien lit quand les jumeaux le trouvèrent. Zack posa sans façon son frère à côté de Vincent avant de se redresser. Vincent s'alarma quelques secondes de son expression hantée mais celle-ci disparut rapidement, quand le Strife brun réalisa où il s'était arrêté.
"On est où?"
"Mon ancienne chambre," expliqua Vincent. "Comment es-tu arrivé là?"
"J'ai suivi ton odeur," répondit Zack. "Je savais pas où aller."
"Tu dormais là?" s'étonna Cloud avant de rebondir légèrement sur le lit, le faisant grincer.
"J'essayais en tout cas," répondit Vincent, temporairement distrait de ses idées noires par l'enfantillage innocent de Cloud.
Il avait été surpris de la taille de la chambre en arrivant la première fois, étant habitué à vivre dans des pièces exiguës lors de ses missions comme Turk, ou dans des chambres d'hôtel inconfortable. Il avait vite déchanté lors des premières gelées. La chambre était grande mais pratiquement impossible à chauffer, surtout aussi éloignée qu'elle l'était des parties communes. Heureusement, les chasseurs locaux l'avaient vite pris en pitié et lui avaient offert un manteau du coin pour se déplacer dans le froid de Nibelheim. Il faudrait qu'il demande à Aérith ce qu'elle en avait fait. La générosité des chasseurs avait été un des points positifs de son séjour ici, il aurait aimé en garder au moins un morceau, en mémoire d'eux.
"Tu as retrouvé des affaires?" demanda Zack.
"Non, j'ai déjà fouillé. Il n'y a plus rien. Ils ont dû envoyer un autre Turk me remplacer après… après."
"Qu'est-ce qui est arrivé à tes trucs?"
En fait, Vincent s'était souvent demandé comment sa malle était retournée à Midgar, intacte, et avait été mise à l'abri aussi longtemps.
Tout comme sa moto.
Il haussa les épaules en regardant les jumeaux retourner ce qui restait des meubles, cherchant la moindre trace de présence de Vincent.
Zack ouvrit le placard et jeta un coup d'œil dedans, soufflant sur les toiles d'araignées avant de faire une grimace dans le miroir.
"Tu avais un miroir là dedans!"
"Pratique pour faire son nœud de cravate le matin," déclara Vincent avec un petit sourire amusé.
Il devrait leur demander ce qu'ils avaient trouvé en bas et pourquoi ils avaient tous les deux déboulés dans sa chambre comme des diables hors de leur boîte mais…
Il se doutait de la réponse.
Et il ne se sentait pas la force de l'affronter.
Cid avait raison. Parfois, il devrait esquiver plutôt qu'affronter le passé.
Il avait des excuses à lui faire.
Un éclair de lumière lui attira l'œil quand le miroir reflétait un rayon venu de la fenêtre.
"Zack? tu peux ouvrir la porte plus grand?"
Le jeune homme obéit et l'éclat de lumière réapparut. Vincent se leva et approcha, sortant son couteau.
"Qu'est-ce qu'il y a?"
"Technique Turk, " répondit Vincent en posant la main à plat sur le miroir, le retenant pendant qu'il défaisait délicatement les attaches au coin.
Elles se défirent trop facilement pour que ce soit un hasard et il retira le miroir de son emplacement, le posant sur la table qui lui tenait lieu de bureau avant de le retourner.
L'arrière du miroir était couvert de gravures fines.
"Vincent, c'est quoi?"
"Un message," répondit Vincent.
27/07/2944
Pas de tombe au cimetière local.
Pas de corps à Midgar.
V, si tu lis ça, contacte-moi.
A.
"Ils ont envoyé Ash à ma place," murmura Vincent, effleurant du doigt les lettres gravées à l'arrière du miroir.
"Qui c'est?" demanda Cloud.
"Une… une ancienne collègue Turk."
22/01/2945
Fin de mission. Manoir désaffecté.
N'ai RIEN trouvé sur V, ne reste que sa malle.
A.
"Elle a dû ramener mes affaires à Midgar," comprit Vincent.
Une autre écriture continuait la liste.
05/06/2951
V, si tu es vivant, contacte-nous.
On a tenté de tuer Falmis, je l'ai aidé à disparaître.
Projet Jenova? Lié à Hojo?
M.
Morrow aussi.
Morrow était passé à Nibelheim, des années plus tard.
Pourquoi?
10/12/2952
On a une piste. Midgar.
Nouveau projet d'Hojo: SOLDAT.
Rumeurs de disparitions liées au département scientifique.
Est-ce que V est là?
Je déteste les rats de labo.
A.
Ils l'avaient cherché… Ils l'avaient cherché pendant des années.
"Vincent?" murmura Cloud en posant doucement la main sur son épaule.
"Ils… mes collègues… ils sont venus à Nibelheim, plusieurs fois."
"Pourquoi?" demanda Zack.
"Pour me trouver. Pour savoir ce qui s'était passé."
10/08/2962
On l'a eu V.
Hojo va tomber.
Tu n'es pas à Midgar.
Où es-tu?
M.
C'était contre la procédure. Les Turks étaient là pour obéir, pour accomplir les volontés de Shinra, pas pour enquêter non officiellement sur la disparition d'un collègue.
Ils avaient désobéis.
Ash et Morrow étaient partis à sa recherche. Ils avaient enquêté pendant des années et avaient caché leur but à Shinra. Jusqu'à ce qu'ils puissent rassembler les preuves.
Jusqu'à ce qu'ils puissent le venger.
Les cons.
Il ramassa le miroir et le rangea à sa place, remettant soigneusement les attaches avant d'effacer toutes les traces de doigts sur le verre, refermant l'armoire.
"Ils sont vivants, tu crois?" ajouta Zack.
"Ils sont tous les deux censés être morts," répondit Vincent.
"Toi aussi, hein," rétorqua Zack, prenant un coup de coude de son frère entre les côtes.
"Je veux rentrer," murmura Vincent.
Cloud toucha son bras humain, puis changea d'avis, posant son front sur l'épaule du sniper d'un mouvement las.
"Moi aussi," avoua-t-il.
"Retournez au Haut Vent," déclara Zack avant de rallumer son module," je préviendrais Cid. On vous retrouve là-bas."
"Merci Zack."
"Oh, Ifrit!"
Vossler eut un haut-le-cœur en entrant dans la pièce et Cid manqua de l'imiter, se concentrant quelques secondes sur sa respiration, les yeux fermés, avant d'oser les rouvrir.
Trente ans d'abandon n'avaient pas aidé à la propreté de la pièce, mais même avant d'être murée, celle-ci avait déjà été répugnante.
"C'est… du sang sur les murs?" demanda Vossler.
"Quelque chose a été jeté dessus," nota Basch d'une voix blanche.
Cid approcha d'une cuve à mako, similaire à celle qu'il avait vu la veille qui avait contenu la Cetra. Trop similaire pour que ce soit un hasard, la technologie était identique et devait dater de la même époque. Il y avait un impact de balle dans la paroie vitrée, à hauteur d'homme et une traînée de sang sur l'extérieur, qui glissait jusqu'au sol. La porte avait été laissée ouverte et des traces de sang sortaient de la cuve, allant jusqu'à la table d'opération couverte de taches sombres.
Ou inversement. Cid n'était pas sûr de vouloir savoir.
Il se détourna, cherchant d'autres indices.
Une desserte de métal, du même genre que ceux que Shera avait dans son laboratoire, était tordue et écrasée, jetée sur le côté.
"Qu'est-ce qui s'est passé?"
"Gravité," répondit Cid.
"Vous êtes sur?"
"Oh, certain…"
Il y avait des scalpels au sol, une matéria brisée, un pistolet d'injection, des traces de griffes sur le sol... Quelque chose, quelqu'un avait traversé le laboratoire en bousculant tout sur son passage.
Quelqu'un avait été un peu énervé.
Grand, rouge, noir et en pétard.
"Faut… des dossiers, des documents, n'importe quoi… Des preuves…"
"Il y a un meuble de dossiers ici, mais c'est verrouillé, "indiqua Vossler, dans un coin de la pièce.
"J'ai un passe-partout," grommela Cid en approchant d'un bon pas.
"Je vous en prie, Capi…" commença Vossler.
Cid donna un coup de pied rageur dans le meuble de classement, brisant la serrure d'un seul coup.
Basch prit doucement Vossler par le bras, l'attirant prudemment à l'écart, pendant que Cid ouvrait le tiroir, sortant plusieurs dossiers.
"Sujet 01. L. Crescent-Hojo, sujet 02. V. Valentine," lut Cid avant de tourner la page.
Une photo de Vincent, aux cheveux courts, était agrafée à la première page, fixant calmement l'objectif de ses yeux rouges, comme sur une photo d'identité.
Il avait l'air encore plus jeune dessus.
Il avait l'air bien nourri, reposé, presque serein, un demi sourire aux lèvres.
Cid tourna la page.
Project Cerbère: régénération intensive d'organes par cuve à mako.
Réanimation matéria nécessaire à deux reprises.
Mort clinique pendant…
Cid referma le dossier.
"C'est votre Turk."
Cid tourna la tête vers Basch.
"Pas mon Turk."
"Il était là il y a trente ans," continua Basch.
"Classifié…" répondit Cid d'une voix aussi ferme qu'il put.
Basch hésita longuement avant de tendre son épée à Vossler. Le brun la prit et s'éloigna aussitôt vers la porte, montant la garde, les épaules tendues et la nuque droite.
Le SOLDAT blond défit le gantelet sur son bras gauche, le glissant sous son aisselle avant de remonter sa manche.
Il portait le numéro 25.
"J'étais un des pupilles de Shinra," expliqua-t-il à voix basse, si basse que Cid devait tendre l'oreille pour l'entendre. "Hojo a été intrigué par ma capacité à me remettre d'un coup d'épée en plein front," ajouta-t-il en désignant la cicatrice sur son front.
Il remit son gantelet rapidement, rajustant son armure et ses matérias avant de continuer.
"Pendant deux ans, il m'a fait combattre dans l'arène privée de son foutu labo, ne me soignant que lorsque ma vie était en danger. Son... son but était de mesurer ma capacité de régénération, de voir combien de temps il me fallait pour guérir d'une fracture ou d'une plaie ouverte sans avoir recours à un tube à mako. Quand le Directeur Morrow a réussi à révéler notre existence au grand public… Mes SOLDATs m'ont… Vossler m'a enlevé et caché à Kohlingen. Hojo n'a pas réussi à me retrouver quand il s'est enfui la queue entre les jambes avec le reste des pupilles."
Cid hocha doucement la tête.
Ça expliquait l'entêtement de Fon Ronsenburg à vouloir les aider.
Et bon sang, pourquoi toutes les victimes d'Hojo étaient du genre maso à se ruer droit dans un laboratoire au lieu d'en rester le plus loin possible?
"J'ai beau en savoir beaucoup sur ce qu'Hojo a fait à... à Vincent, aux jumeaux, à Red et... et aux autres… Il arrive toujours à rendre les choses encore plus horrible."
"Cid, laissez-nous vous aider."
"J'en parlerais à Reeve. Dès que nous serons à Midgar, on trouvera un moyen de vous contacter discrètement. Mais avant ça…"
Il montra le reste du laboratoire d'un geste de la main.
"Faut qu'on ramasse tout ce qu'on peut là dedans. Les dossiers, faire des photos, des prélèvements sur le numéro 7…"
"Très bien. Merci Cid."
Le pilote haussa les épaules d'un air épuisé, contemplant les dossiers dans ses mains.
"Eh, plus on est de fous," murmura Cid.
"Plus on rira quand on le trouvera," acheva Basch.
"On s'arrache," déclara Cid une fois les documents et les prélèvements à l'abri dans sa cabine, verrouillant la porte derrière lui.
"Oui, Capitaine," répondit Edgar avant de lui emboîter le pas comme il pouvait.
"Je veux être loin d'ici depuis hier," continua Cid en se dirigeant vers le poste de pilotage.
"Nous sommes tous ardemment derrière vous, Capitaine," rétorqua son chef-mécanicien avec ferveur.
"Fran! Mus! Vous entassez les SOLDATs restant dans le Haut Vent et on file."
"Oui Capitaine!" répondit Fran avant d'entraîner Mus vers l'aire d'embarquement.
"Que Gippal reste à son poste tant qu'on n'a pas quitté les montagnes, j'ai pas envie de me prendre un deuxième dragon."
"Un deuxième quoi?!" rétorqua Edgar en stoppant net sur la coursive. "Cid! Un deuxième quoi?!
"Dragon, tu as bien entendu."
"C'est dans le contrat pour Avalanche, ça?" protesta le grand blond alors que Cid ouvrait la porte du poste de pilotage.
"Cid! Tu me fais le plan de vol le plus rapide possible sans passer par Guadosalam," demanda le Capitaine en approchant du poste de communication.
"Luca l'a déjà fini et j'ai vérifié avec la météo et le trafic aérien," répondit Cid en tendant un papier à son Capitaine pour validation, "on descend jusqu'à Cosmo et on longe le détroit vers l'Est jusqu'au désert de Corel. De là, direction Winhill, on traverse la mer jusqu'à la pointe Ouest d'Alexandria et on longe la côte vers le Nord jusqu'à Midgar. Ce sera plus long par contre."
"Je m'en bats les couilles avec une passion que tu ne soupçonnes même pas," grommela Cid en réponse avant de lui rendre l'itinéraire, reposant la main de Cid par-dessus. "Où sont les trois autres?"
"On les as envoyé prendre une douche," déclara Edgar.
"Faut encore que je gère ça," marmonna Cid en se redressant.
Il sursauta quand son navigateur l'attrapa par le bras.
"Cid, bon sang…"
"Stop. Je prends le commandement."
"Quoi, une mutinerie?" plaisanta Cid en essayant de le faire lâcher.
"Oui," rétorqua Edgar.
Le temps que le pilote arrive à trouver une répartie, le vieux Cid s'était levé, prenant sa canne blanche et l'entraînant avec lui..
"Tu ne peux pas être le dragoon d'Avalanche et le Capitaine du Haut Vent en même temps. Soit tu t'occupes de tes hommes, soit tu pilotes le Haut Vent."
Cid soupira rageusement mais se laissa entraîner par son aîné. Ils montèrent jusqu'au niveau des quartiers de l'équipage, dans la partie supérieure du Haut Vent.
"Où…. Comment vont-ils?"
"Ils ont fait peur à Luca et Mus en arrivant, couverts de sang apparemment."
"On a eu… un accident.," marmonna Cid.
"J'ai pas l'odorat aussi fin qu'un SOLDAT, mais tu ne sens pas la rose non plus. Lequel a été blessé?"
"Zack. On… Cid, j'ai cru qu'on… J'ai cru que j'allais perdre un autre homme."
Le vieil homme s'arrêta, plus doucement qu'il n'avait entraîné son capitaine jusque-là. Sa poigne se fit moins dure et il se tourna vers lui.
"Dans quel état sont-ils?" demanda-t-il à voix basse.
"Vivant. On a pu le soigner."
"Que s'est-il passé?"
"On a… on a trouvé un laboratoire d'Hojo."
"Et tu as laissé les jumeaux venir?!"
"Si il n'y avait qu'eux!"
"Valentine aussi?"
Cid jura à voix basse. Voilà pourquoi il devait faire attention à ce qu'il disait autour de son navigateur. La plupart des gens le sous estimait pour sa petite taille, son apparence grossière et mal attifée ou même juste son handicap, mais Maître Cid était un homme intelligent et perceptif et il ne fallait parfois qu'un soupir de la part de son équipage pour qu'il sache immédiatement ce qui n'allait pas.
"Cid, ce sont tes hommes. Ils ont besoin de toi maintenant."
"Je sais, je…"
Cid inspira profondément. Il se sentait épuisé et il n'était que…
… Bon sang il n'arrivait même plus à calculer l'heure.
"Ok, je m'occupe d'eux, je viens faire décoller le Haut Vent et Balthier prendra la suite."
"Je me charge de le convaincre de s'inscrire à la prochaine session d'accréditation dès qu'on est à Midgar. Il faut qu'il passe sa licence."
"Ouais… Merci, Cid."
Le vieil homme tapota l'épaule de son capitaine avec un petit sourire.
"Et tu dors."
"J'irais… me reposer."
"J'ai l'impression d'avoir un quatrième gamin, des fois," ronchonna le navigateur en faisant demi-tour, "et pas le plus raisonnable du lot. [4]"
Quand Cid entra dans les sanitaires du Haut Vent, les jumeaux achevaient de se rhabiller.
Les sanitaires du Haut Vent...
Hm...
Cid admettait lui-même que ce n'était pas la partie la mieux conçue de l'aéronef.
Il les avait ajoutés presque après coup, quand Darril et Shera lui avaient rappelé que le futur équipage de l'aéronef aurait besoin de se laver pendant des vols au longs courts, et il avait fait installer le minimum vital.
Quatre cabines de douches, deux lavabos.
Et pas les plus vastes.
Dix ans et plusieurs vols après, il reconnaissait que c'était un peu juste. Un jour, il se chargerait de concevoir quelque chose de plus pratique.
Et plus grand peut-être.
"Zack?"
Le Strife brun tressaillit et baissa les yeux, penaud.
"Oui, Cid?"
"Tu ne refais jamais quelque chose d'aussi stupide que d'attrapper quelqu'un en pleine limite."
Il grimaça, prit en faute, mais Cid se contenta de lui taper sur l'épaule d'un geste las.
"Je suis trop crevé pour t'engueuler comme il faut. Tu es encore blessé?"
"Non. Je… juste courbaturé."
"Et toi Cloud?"
"Je vais bien," répondit le petit blond. "Qu'est-ce que tu as trouvé?"
Cid jeta un regard vers la douche encore occupée. Il n'entendait pas Vincent, mais il était persuadé que le sniper était aux aguets.
"On verra au débrief quand Shera et Jessie auront fini de tout analyser," finit-t-il par déclarer.
Et il n'était pas franchement heureux à l'idée que sa sœur allait devoir lire les dossiers qu'il avait trouvés.
"On décolle bientôt," continua-t-il, "vous devriez aller vous reposer."
Vincent sortit de la cabine de douche à ce moment-là. Il s'était déjà rhabillé aussi et acheva d'enfiler le gant qui couvrait sa main de démon. Il semblait de nouveau impassible et maîtrisé.
Sauf sa main qui tremblait.
"Vous voulez du calme?"
"Ce serait bien," marmonna Zack, "les SOLDATs sont sympas mais…"
"Venez avec moi," ordonna Cid.
Il les guida vers l'avant des quartiers de l'équipage, près de sa cabine à lui.
Les deux cabines inutilisées.
Celle de gauche d'abord.
"Pour vous deux," déclara-t-il en prenant la clef cachée au-dessus de la porte, déverrouillant la pièce. "Ça fait un moment qu'elle n'a pas été utilisée, mais ça devrait être propre."
La cabine était faite de deux cabines normales dont la paroie de séparation avait été retirée pour n'en faire qu'une. Elle contenait surtout un grand lit double, soigneusement vissé au sol, une armoire dans le mur et un bureau un peu plus grand que les tablettes disponibles dans celles de l'équipage. Il n'y avait aucune affaire privée dedans, si ce n'est un plan d'un aéronef punaisé sur le mur.
Le Falcon.
Comble du luxe, il y avait deux fenêtres.
"C'était la chambre de Setzer et Darril," expliqua Cid en tendant la clef aux jumeaux.
"Oh," murmura Zack. "T'es sur qu'on peut…"
"Darril serait ravie de savoir qu'il y a deux beaux gosses dans son lit," rétorqua Cid, "et ça ferait râler Setzer."
Cloud eut un petit sourire et prit la clef avec un signe de tête.
"Merci."
"Les draps sont dans l'armoire. Essayez de dormir, le retour va être plus long que l'aller, on évite Guadosalam."
"Fenrir, merci," marmonna Cloud.
Cid fit signe à Vincent de le suivre dans la cabine d'en face. Celle-ci avait la taille des autres cabines et il y avait quelques affaires dedans, des livres surtout. Le lit, une couchette simple, était fait, une épaisse couverture de laine soigneusement bordée.
"La cabine de Shera. Je pense qu'elle ne m'en voudra pas si je te la prête."
"Les SOLDATs vont crier au favoritisme."
"Et ils auront raison. Je suis le Capitaine, je décide qui je préfère," rétorqua Cid en fermant la porte derrière eux, "comment tu te sens?"
Vincent resta silencieux, le regard dans le vide. Il posa son sac sur le lit avant de reprendre la parole, se tournant vers Cid.
"Fatigué. Et… Tu avais raison ce matin."
"Je t'ai pas dit tout ça pour avoir le plaisir d'avoir raison, tu sais."
"Je n'aurais pas dû… aller dans le Manoir," admit Vincent.
"J'aurais probablement dû le dire d'une autre façon," marmonna Cid sur le même ton.
Maintenant qu'il avait vu la photo de Vincent dans le dossier, il réalisait que son ami n'était pas… pas comme avant.
Il était toujours trop maigre, sa peau n'avait pas repris ses couleurs… Vivre sous la Plaque ne devait pas aider non plus. Dès qu'ils seraient rentrés, il allait relancer leur gouvernante sur le cas de Vincent, il allait l'emmener régulièrement prendre l'air à l'aéroport, il allait…
Il allait s'impliquer encore plus avec lui et Shera n'allait pas aimer.
"Tu as besoin de repos."
"Je ne suis pas sûr d'arriver à dormir," rétorqua Vincent.
"Cauchemar?"
"J'ai..." commença Vincent sans arriver à trouver ses mots. "Je… Je ne…"
Cid tendit la main lentement, s'assurant que Vincent le voyait venir avant de la poser sur son bras humain. Le sniper avait atteint sa limite quelques heures plus tôt à peine et crapahutait dans ses traumas depuis la veille, ce n'était pas le moment de le surprendre.
"Ça va aller, Vince, ça…"
Cid referma la bouche quand Vincent resserra la main sur son manteau, l'attirant contre lui avec sa force surhumaine.
Il lui fallut quelques secondes et redémarrer son cerveau pour réaliser qu'il n'y avait absolument rien de romantique, sexuel ou autre fantaisie de sa part dans l'étreinte.
Comme sur le toit, après la mission catastrophique du huitième pilier, Vincent était simplement en train de s'effondrer.
Cid hésita quelques secondes avant de poser l'autre main sur le dos de Vincent.
"Eh… Ça va…"
"Je suis… je suis désolé," murmura le brun.
"C'est rien, c'est rien," rétorqua Cid, "t'en fais pas."
"Je… je veux…" commença Vincent, la voix hésitante.
"Qu'est-ce que tu veux, Vincent?"
Il y eu un long silence, Cid n'entendant que la respiration de Vincent, avant que celui-ci ne parvienne à reprendre la parole.
"Je veux ma vie d'avant. Je veux mes amis, mes collègues. Je veux aller prendre un verre avec Ash et Morrow, taquiner Yoshiro et que Trigger m'en empêche. Je veux Maduin et Déa telle qu'elle était la première fois que je l'ai vue, quand elle avait huit ans. Je veux mon père et mes frères… Même Chaos, même si c'est pour qu'on se batte. Je veux revoir Wutai, Daguerreo, et le Cap de l'Espoir. Je veux n'avoir jamais brisé mon tabou..."
Cid n'avait jamais entendu la moitié des noms que Vincent prononçait. Cela faisait des mois qu'il partageait une chambre avec lui et pas une seule fois il n'avait entendu Vincent parler d'eux.
Juste ses frères, en passant, après l'attaque des docks.
En craignant qu'ils soient devenus des G-Forces.
"Je veux Lucrecia," gémit Vincent en posant sa tête contre celle de Cid. "Je veux la revoir… Elle me manque."
Cid avait comprit, au fil des mois, à force d'entendre Vincent buter sur le nom du Docteur Crescent, à force de le voir éviter de parler d'elle.
Il avait compris qu'il y avait eu quelque chose entre eux.
Vincent l'avait aimée.
Et l'aimait probablement toujours.
Pour lui, ça ne faisait qu'un an qu'elle était morte.
Nooj lui manquait toujours, trois ans après.
Cid prit quelques instants pour le tenir plus confortablement contre lui, le laissant s'appuyer sur lui de tout son poids.
Et tout son poids, ce n'était pas grand chose pour quelqu'un d'aussi grand.
"C'est normal tu sais…"
"De quoi?"
"Vouloir ce que tu ne peux plus avoir."
Cid avait connu ça quand il avait quitté Burmécia. Les six premiers mois à Midgar avaient été difficiles. Il y avait eu le choc culturel d'abord, se retrouver pour la première fois de sa vie dans un endroit inconnu, où même les maisons lui semblait anormales, à utiliser une langue qu'il maîtrisait mal, à vouloir retourner là où il était né, à revoir ses amis et sa famille.
Même en sachant qu'il ne pouvait pas.
Et Vincent subissait ça au centuple, il n'avait même pas la consolation de savoir que ses proches allaient bien, quelque part, même s'il ne pouvait plus les revoir.
Il était presque surpris que le sniper ne se soit pas effondré avant.
Et dire qu'il avait peur de paraître faible.
"Comment tu le sais?"
"Un jour, je te raconterai pourquoi je suis partie de Burmécia," promis Cid, "faudra juste que je sois fin saoul pour ça."
"Est-ce que… ça ira mieux, plus tard?" demanda Vincent d'une voix basse.
"Non. Mais ça sera différent. Ce sera autre chose. Ça prend un moment de refaire sa vie…"
Vincent hocha la tête en silence.
"Mais t'es pas obligé d'être seul," ajouta Cid, "J'aurais pas été loin sans Shera et Darril. Elles m'ont sauvé la vie."
Il serra l'épaule de Vincent, sentant les muscles et les écailles sous le gant qui couvrait le bras gauche de Vincent jusqu'à la clavicule.
"Et tu l'es pas non plus. T'as Yuffie."
Il sentit le sniper sursauter.
"Ne… ne lui dit pas ce qui s'est passé…"
"Tu sais qu'elle ne te laissera pas en paix si elle a le moindre doute, hein?"
"Les soeurs sont toutes comme ça?"
"M'en parle pas, j'en ai deux."
"Des dragonnes."
Capitaine! Tout le monde est à bord, vous êtes attendu au poste de pilotage! claironna la voix de Luca dans les haut-parleurs.
Cid soupira rageusement. Son équipage avait un sens du timing désastreux, mais bon, au moins, ils n'avaient pas déboulé sans prévenir, comme de nombreuses fois à Junon.
Même Bar avait vu ses fesses. A son grand dam, d'ailleurs. Ça avait bien fait rire Nooj.
"Il faut que j'y aille," marmonna Cid en tapotant doucement le dos de Vincent.
Vincent se redressa, hochant la tête.
"Oui... oui, je m'excuse."
"Pas de ça. Essaye de te reposer. Si tu as faim, va voir au mess, il doit rester du zuu."
"J'essayerais. Cid…"
Le blond allait fermer la porte de la cabine après lui mais interrompit son geste.
"Ouais?"
"Merci," murmura Vincent sans se tourner vers lui.
"A charge de revanche [5]," répondit Cid avant de fermer la porte.
Le reste du voyage fut paisible.
Enfin, autant qu'on pouvait l'avoir avec une quarantaine d'occupants, dont les deux tiers avaient la vingtaine, les trois-quart étaient augmentés et tout le monde s'ennuyait ferme.
Il y eut beaucoup de tournois de Triple Triad.
Et deux bagarres.
Basch réprimanda ses hommes quand Vossler et lui les séparèrent, Cid les siens, pour avoir mis un cercle de paris en place.
Fran et Balthier parvinrent à dévergonder Grim.
Vossler avait déclaré que c'était un exploit vu le peu qu'il restait à dévergonder.
Cid nota qu'ils avaient attendu deux jours, ce qui venant d'eux étaient presque de l'abstinence.
Vincent dormit peu, mais réfléchit beaucoup.
Ce fut très tôt dans la matinée que le Haut Vent finit par atterrir à l'aérodrome de Midgar. Il y avait un comité d'accueil de journalistes et caméras, prêt à accueillir les héros de Nibelheim.
Fort heureusement, Basch s'en chargea, évitant ainsi à Cid et le reste d'Avalanche d'expliquer leur présence au sein de la mission de secours.
"Je lui en doit une sur ce coup," marmonna Cid en observant de loin le SOLDAT donner une interview, pendant que Vossler faisait embarquer leurs hommes dans les fourgons Shinra venus les chercher.
"Comment fait-il pour parler aux journaleux comme ça?" s'étonna Zack.
"Je sais pas, mais je veux pas apprendre," répondit Cid avant de se redresser. "J'ai de la paperasse à finir avec l'aéroport, prenez la Chocomobile pour rentrer si vous voulez."
"Non, c'est bon, on va attendre," répondit Zack.
"J'en ai pour une bonne demi-heure," prévint Cid.
"C'est bon, on va en profiter pour faire un tour de l'aérodrome en courant, on a besoin de se défouler."
"Ne cassez rien," ricana Cid en s'éloignant.
"C'est arrivé UNE SEULE FOIS!" protesta Zack.
"Tu veux venir, Vincent?" proposa Cloud pendant que Cid s'éloignait avec Edgar.
"Non. Merci, je... vais me promener."
Les jumeaux prirent congé, laissant Vincent seul dans le hangar et le sniper se tourna pour bien observer les lieux.
Le hangar du Haut vent était constitué de deux parties.
Le hangar proprement dit, dans lequel l'aéronef était placé quand il n'était pas en vol. Il entrait tout juste, ce qui faisait soupçonner à Vincent que le bâtiment avait été construit spécialement pour le Haut Vent. Des échafaudages amovibles se repliaient sur lui, permettant aux mécaniciens d'assurer son entretien ou des réparations sans avoir à escalader l'aéronef.
Et sur un des côtés du hangar, il y avait une série de préfabriqués empilés les uns sur les autres, jusqu'au toit et dans lesquels vivaient et travaillaient l'équipage. Les plus hauts, dédiés aux chambres donnaient sous le toit, tandis que ceux plus bas constituaient les ateliers, les réserves d'outils et de pièces, les bureaux et les parties communes.
Ils avaient plus de place qu'à Seventh Heaven, même si les murs n'étaient pas forcément plus épais.
Un escalier en métal permettait d'accéder à l'une ou l'autre partie du bâtiment et Vincent n'eut qu'à monter deux étages avant d'arriver à trouver celui qu'il cherchait.
Le bureau de Cid Pollendina.
Il avait été soigneusement indiqué par un panneau et en approchant de la porte, Vincent entendit une voix artificielle déclamer quelque chose.
"Mail de: Aéroport militaire de Midgar-Service aux bâtiments. Date: 9 octobre 2965. Voulez-vous l'écouter?"
"Oui."
"Bonjour Monsieur Pollendina, nous vous contactons suite…"
Vincent attendit poliment que la machine ait fini de lire avant de toquer à la porte vitrée.
"Entrez!" lança le navigateur.
Vincent entra en silence. La pièce n'était pas grande, tout en longueur, et le bureau du vieil homme était au fond.
Tout était impeccablement rangé par contre, les livres et dossiers soigneusement ordonnés, couverts d'inscriptions au stylo et en braille, les meubles rangés hors du chemin et le tapis au sol avait été scotché pour ne pas bouger ou se prendre dans les pieds. Assis derrière le bureau, une main sur le clavier de son ordinateur, le vieux Cid fronçait les sourcils, tournant la tête de gauche à droite.
"Qui-est ce?" finit-t-il par demander.
Vincent resta quelques secondes abasourdi avant de répondre.
"Je... Valentine."
"Ah!" reprit Maître Cid en se tournant vers sa voix, "faut pas rester silencieux dans un coin, ça me rend nerveux."
"Je m'excuse," déclara Vincent en s'approchant, refermant la porte derrière lui.
Le vieux Cid secoua la tête d'un air bienveillant.
"Ce n'est rien. Il faut un moment pour s'adapter à côtoyer un non voyant. Et tu es sacrément silencieux, presque autant que Fran."
Effectivement, Vincent n'avait pas l'habitude de côtoyer quelqu'un qui ne pouvait pas le voir. Devoir signaler sa présence était… contre-nature pour lui, mais le vieil homme n'avait aucun moyen de le repérer s'il ne parlait pas.
"Je m'excuse."
"Excuses acceptées," déclara l'homme, "je peux t'aider?"
Vincent déglutit nerveusement avant d'hocher la tête.
Il corrigea aussitôt son faux-pas.
"Oui… j'ai… Cid.. m'a.. dit que je pouvais venir vous parler..."
Le vieil homme hocha la tête et désigna la chaise devant son bureau.
"Je suis à ta disposition, prends un siège et dis moi tout ce que tu veux.
[1] Islandais: Couilles de Bahamut, oui, toute l'anatomie des dragons va passer dans les jurons de Cid.
[2] Cid, je suis pas sûre que paniquer devant Vincent va l'aider….
[3] Laissez-moi vous dire que mon historique google pour les recherches sur ce chapitre est du genre intéressant...
[4] Cid Pollendina a trois enfants. Deux filles et un fils. Et un petit-fils, appelé Siddhe, dont Cid Highwind est le parrain.
[5] Ça mon coco, tu vas le regretter.
