Retournement de situation façon saut périlleux
Résumé :
Après l'attentat contre les directeurs, un autre grand chambardement se profile dans la Tour Shinra.
Et ça ne serait pas si inquiétant si ce n'était pas aussi l'exact moment où Vincent se découvrait un sens de la famille et le besoin de venger un des siens.
Personnages :
Team Avalanche, team Shinra, Gast Falmis, Ifalna Falmis (FF7), team Turk
Tags spécifiques au chapitre :
Attentat à la bombe, Vincent n'aime pas qu'on touche à ceux qu'il adopte, il a adopté tout Avalanche, ça va faire mal, team as family, Ohana veut dire famille, ça y est Vincent se laisse Ohaner, BAMF Vincent Valentine, Tseng&Rufus, c'était absolument pas prévu !
Le bruit fut assourdissant, figeant Avalanche et les employés de l'étage pendant une bonne vingtaine de secondes.
Quand Vincent arriva à se redresser, une épaisse fumée verte commençait à envahir l'étage.
Il serra les dents.
Une bombe bio.
Aussi haut dans la Tour, c'était une mauvaise chose, le temps que les secours arrivent, les survivants seraient empoisonnés ou subiraient tout autre maléfice contenu dans la bombe.
Il sentit Yuffie se débattre dans ses bras et il se redressa, l'asseyant sur la moquette de l'open-space.
"Grand Frère ! Makoto ! Qu'est-ce qui se passe ? ! "
Il manqua de recevoir un coup dans le nez et voulut ouvrir la bouche pour la rassurer.
Aucun son ne sortit.
Merde.
La bombe devait contenir un maléfice de mutisme. Son talisman ne protégeait pas contre ça.
Il détestait les baillons magiques, Hojo en avait abusé quand…
Non.
D'abord rassurer Yuffie. Il penserait à Hojo une autre fois.
Il tapota doucement la joue de la jeune fille et elle sursauta, tourna le visage dans sa direction.
La bombe bio contenait obscurité aussi, réalisa Vincent en voyant le voile noir et opaque sur les yeux de Yuffie.
"Grand Frère ? " gémit Yuffie.
Barret se relevait aussi, appelant ses hommes présents.
Barret avait une matéria esuna.
"Cid, Jessie, Shera ? Ça va ? "
"Je vais bien ! Amenez-moi les blessés ! " ordonna Shera.
"On s'en occupe, Cid, va enclencher l'alarme et les systèmes de sécurité ! Évacue le nuage toxique et..."
L'instant d'après, une main attrapait Barret par le coude et le faisait pivoter sur place, quelque chose qui ne lui était pas arrivé depuis l'âge de quatorze ans et sa première poussée de croissance.
Il allait protester, reprenant son équilibre de justesse, quand il reconnut Vincent, plus effrayé qu'il ne l'ai jamais vu.
Bon, c'était subtil, ses yeux étaient juste un peu plus écarquillés que d'habitude, mais venant de leur sniper c'était équivoque.
Et il comprit la source de sa panique quand Vincent lui mit Yuffie dans les bras.
"Que… Yuffie ? "
"Barret ? Je vois rien ! " s'écria Yuffie, s'accrochant à son tee-shirt.
"Ne panique pas, c'est obscurité, je te retire ça tout de suite."
Il détestait voir quelqu'un d'aussi jeune avec une malédiction. Il en avait trop vu à Besaid, des enfants prostrés, incapable de voir ou parler, trop confus pour se mettre à l'abri, ou prit d'une fureur impossible à contenir.
Il avait acheté sa première matéria esuna dans les bas-fonds de Midgar, une fois démobilisé.
Sans Braska pour les soigner et protéger, il fallait que quelqu'un d'autre prenne le relais.
Le maléfice se délita sous ses doigts et son sort d'esuna, les iris grises de Yuffie réapparaissant. L'adolescente leva le regard vers lui et sourit avec reconnaissance.
"Merci," murmura-t-elle.
"Je t'en prie."
"Où est Makoto ? Il était avec moi."
Barret leva les yeux.
"Ton frère est un abruti[1]," maugréa-t-il en voyant Vincent s'éloigner, droit dans le nuage toxique.
Yuffie suivit son regard au moment où Vincent disparaissait dans les miasmes, un bras en travers du visage pour se protéger.
"Makoto no baka ! " glapit Yuffie.
"Va aider Cid, trouve des masques, mets-en un et va lui botter les fesses qu'il en prenne un aussi," ordonna Barret.
"J'y vais ! " s'exclama Yuffie.
Il y avait tellement de corps étendus au sol et Vincent ne savait pas s'ils étaient vivants et inconscients ou morts. La déflagration n'avait pas été assez puissante pour détruire les murs du bureau de Reeve, mais les maléfices agissaient partout où les miasmes s'infiltraient. Il sentit son bras frissonner sous la magie qui l'entourait, mais il n'arrivait pas à faire le tri dans ce qu'il sentait. Il y avait du poison, définitivement, il sentait la brûlure de cette magie, différente de celle du feu.
Il ne pouvait pas sauver tout le monde.
Par qui commencer ?
C'était évident.
Reeve.
Vincent arriva près de Reeve, le cœur battant. Leur directeur avait été poussé au sol par le souffle, le dos de sa veste était percé de plusieurs trous ensanglantés, dû au shrapnel, mais quand Vincent posa la main sur lui, il respirait.
Toute sa collection de jouets était éparpillée autour de lui, les peluches ayant visiblement amortit un peu le choc. Cependant, il était en plein dans le nuage de miasmes. Il fallait le sortir de là avant que toute l'étendue des maléfices l'atteigne. Il passa un bras sous les épaules et sous les genoux de Reeve et le souleva sans efforts, l'amenant à Shera. La biologiste et Barret étaient déjà en train d'organiser un point de premiers secours au fond de l'open-space, allongeant les blessés sur les bureaux. A peine Vincent eut-il posé Reeve que Shera avait les mains sur sa gorge, sa matéria de guérison étincelante.
"Est-ce que ça va mieux ? " demanda-t-elle pendant Barret faisait de même sur Reeve.
"Merci," répondit Vincent, "il y a d'autres blessés, j'y retourne."
"Shera ! Reeve a des plaies ouvertes ! " appela Barret.
Cid arrivait à son tour, une femme pleurant dans les bras, et la posa sur un bureau libre, lui parlant calmement.
"Ça va, Miss, ça va, on va s'occuper de vous, restez calme."
"Makoto ! Mets-ça ! " ordonna Yuffie en arrivant à son tour, posant un masque sur le visage de Vincent.
Vincent lui prit le visage entre les mains le temps qu'elle l'équipe, s'assurant qu'elle ne souffrait de rien de grave. Le maléfice semblait être complètement dissipé et elle portait un masque qui filtrait les miasmes. Son talisman étincelait, preuve qu'il la protégeait au moins contre un autre méfait de la bombe bio.
"Ça va ? " demanda Yuffie.
"Oui, désolé, j'étais mutique."
"Et probablement confus vu que tu as foncé dans le nuage de maléfices ! " s'exclama Yuffie avant de l'entraîner avec elle au secours des victimes.
"Il a pas fait ça ? " s'exclama Cid en les suivant, attrapant au vol le masque que Yuffie lui lança.
Heureusement, la plupart des blessés purent être rapidement soignés et suffisamment remis sur pieds pour que Barret et Jessie les aident à sortir de l'étage. Vincent, Cid et Yuffie amenèrent ceux qui ne pouvaient se déplacer à Shera et une fois le plus gros des employés évacués, ils s'attachèrent à sécuriser les lieux.
Yuffie alla fracasser la fenêtre du bureau de Reeve d'une chaise en pleine vitre, chassant ce qui restait d'air vicié, pendant que Cid allait démolir des vitres de l'open-space à coup de pieds.
"Brutal," commenta Vincent.
"Efficace," corrigea Yuffie, "on fait quoi maintenant ? "
"Cherche des preuves. Qui, comment, pourquoi. Ne touche à rien."
La ninja hocha la tête avant de contempler froidement le bureau de leur directeur.
"Qui que ce soit, je vais le buter et personne ne trouvera leurs restes," déclara-t-elle.
Reeve avait eu de la chance. En explosant, la bombe avait détruit le bureau, une partie de l'étagère de Reeve avec sa collection et…
Vincent observa les débris des jouets, répandus entre le bureau et la porte, là où avait été touché Reeve.
Non. Ce n'était pas logique.
Comment les peluches étaient-elles arrivées là ? La bombe aurait dû les souffler sur le côté, vers le mur, pas vers l'avant.
"Makoto, c'était un robot," nota Yuffie, penchée sur les débris de la bombe.
"Tu es sûre ? "
La jeune fille montra des morceaux de métal carbonisés. Il y en avait au moins deux qui ressemblaient à des pattes, articulées comme celle d'un insecte.
Vincent leva le nez au-dessus du meuble en morceaux. La bombe était tombée du conduit de la climatisation, elle avait dû se déplacer jusque-là. Vincent serra les dents pour lutter contre une vague de colère qui commençait à monter. Les responsables étaient probablement déjà loin.
Ou bien cachés dans la tour.
"J'y vais ? " proposa Yuffie.
"Certainement pas," répliqua Vincent, "on ne sait pas s'il n'y en a pas d'autres. Va chercher une boîte, rassemble les morceaux de la bombe et surtout met des gants."
"Tout de suite ! " s'exclama Yuffie avant de disparaître par la porte.
Vincent fouilla le reste de la pièce, trouvant deux micros qu'il foudroya du regard avant de les mettre soigneusement de côté. Yuffie revint, brandissant plusieurs boîtes à repas en plastique.
"Où as-tu eu ça ? "
"Dans la salle de pause, ça séchait sur l'évier[2]," répondit Yuffie.
Vincent en prit une pour ranger les deux micros, prenant le temps de soigneusement les envelopper des restes d'une peluche pour assourdir les sons, pendant que Yuffie transférait délicatement les restes de la bombe dans une autre boîte. Puis, Vincent passa soigneusement le reste de la pièce au peigne fin, Yuffie sur les talons, l'observant faire avec attention.
Ils ne trouvèrent pas grand-chose. Seule une des peluches avait échappé au massacre, un chat noir et blanc similaire à Cait, mais de forme humanoïde et doté d'une petite cape rouge et d'une couronne en tissu lamé cousue sur son crâne[3]. Yuffie la ramassa, le visage grave et la serra contre elle.
"Tu crois que Reeve va s'en sortir ? " murmura-t-elle d'une petite voix.
Vincent posa la main sur son épaule.
"On va aller le voir tout de suite."
L'adolescente hocha la tête et suivit Vincent, gardant la peluche contre elle.
Parfois, Vincent était frappé de se souvenir à quel point elle était jeune, et la voir ainsi, la joue sur la tête de la peluche, renforçait cette impression. Il la sentit serrer sa main dans la sienne quand ils arrivèrent au niveau du centre de soin temporaire. Shera vint à leur rencontre, un pli soucieux entre les sourcils.
"Comment va-t-il ? " demanda Yuffie en retirant son masque.
"J'ai soigné l'empoisonnement et les quelques blessures qu'il avait."
"Qu'y-a-t-il alors ? " s'inquiéta Vincent.
"Il ne se réveille pas pour le moment. Et… Vincent, Jessie a eu des rumeurs comme quoi tous les Directeurs ont été touchés par un attentat."
Ça expliquait pourquoi les Turks n'étaient pas encore venus mener l'enquête. Ils devaient avoir d'autres chats à fouetter que le mouton noir des Directeurs.
"Oh… non. Gast," murmura Vincent en réalisant ce que ça signifiait.
"Aérith, Red et les jumeaux sont au département scientifique," déclara Barret. "Deux d'entre vous y vont, vérifiez qu'ils vont bien, ramenez-les si possible."
"J'y vais," répondit aussitôt Vincent. "Yuffie, je te confie les preuves."
"Personne n'y touchera," siffla Yuffie, resserrant sa prise sur les boîtes et la peluche.
"Je viens," renchérit Cid.
Heureusement, il n'y avait que deux étages à monter.
Vincent poussa la porte et dû reculer précipitamment, évitant la file d'employés paniqués qui descendaient les soixante-trois étages vers la sortie.
Il fallait vraiment qu'il arrête de tenter la chance.
En jouant des coudes, suivit par Cid, Vincent parvient à monter à l'étage 65, prenant trois fois plus de temps que nécessaire pour lutter contre le flot des employés évacuant.
Il poussa la porte ouverte, laissant passer Cid avant de le suivre.
Ils trouvèrent Gast avec Elena dans le hall d'entrée de son département, assis sur une chaise de la salle d'attente, tremblant, mais vivant. Nanaki était à ses pieds, laissant le vieil homme se cramponner à sa crinière. Le fauve avait rapidement compris que ses équipiers l'utilisaient comme nounours quand ils étaient en état de choc et se laissait faire avec bienveillance.
"Gast ! " s'exclama Vincent en tombant à genoux près de lui.
"Oh, Vincent ! "
Le vieil homme lâcha la crinière de Nanaki pour refermer les mains sur le bras de Vincent. Il avait l'air d'avoir pris une dizaine d'années, ses traits étaient tirés et ses cheveux en bataille.
"Tu vas bien ? "
"Oui, oui…"
"Aérith ? "
Gast désigna le bureau de sa secrétaire.
La bombe était tombée devant elle. Son bureau était en miette et il voyait des projections de sang sur les murs.
Aérith était à genoux au-dessus de la jeune femme, la soignant avec une résolution inflexible, ses yeux vert fixés sur le corps de son amie. Même de là où il était, Vincent pouvait sentir la magie de guérison à travers son gant.
"Je... je venais d'entrer dans le bureau avec Aérith et ses amis," murmura Gast, secoué. "Elle est…"
"Red, où sont les jumeaux ? " demanda Cid en se penchant sur le fauve.
"Ils aident à l'évacuation, mais les scientifiques ne veulent pas partir à cause de leurs expériences."
"Je dis ça en étant techniquement un scientifique[4]," commença Cid d'un ton bougon, "mais ils ont plus de cervelle que de bon sens."
La lumière de la magie de guérison s'éteignit et Vincent se tourna vers Aérith, mais la jeune fille se contenta de soupirer, tenant la main d'Idun entre les siennes.
"Aérith ? Comment va-t-elle ? " demanda son père.
Sa fille tourna la tête vers lui et lui sourit.
"Elle va s'en sortir," annonça Aérith, "mais tu la colles en congé médical plus un support psychologique."
"Aérith," murmura Idun.
"Chh, tout va bien. Elena, il faut l'évacuer."
"Des secouristes sont en train de monter," déclara la jeune Turk, l'oreille sur son PHS, "mais les ascenseurs ont été désactivés, ça va prendre encore un moment."
"Les bonbons," reprit Idun.
"Pas moyen que tu les manges après tous les miasmes qui sont passés dessus, je t'en trouverais d'autres, gratuitement cette fois."
"Ma fille deal des bonbons," marmonna Gast d'un ton désabusé.
"Ça pourrait être pire," commenta Vincent en se levant, rassuré de les voir en bonne santé.
"Ouais, elle pourrait être douée pour ça," renchérit Cid.
"Hey ! " protesta Aérith avant de réaliser que Vincent et Cid étaient les seuls présents. "Où sont les autres ? "
"Il y a eu une bombe au département de planification urbaine," annonça Vincent, Reeve et plusieurs de ses employés ont été atteints."
L'expression d'Elena s'assombrit et Vincent prit note de lui apprendre à camoufler ses émotions un peu mieux.
"Elena ? "
Elle secoua doucement la tête, glissant un rapide regard dans un coin de la pièce. Vincent l'imita discrètement.
Une caméra.
"Je comprends Elena," déclara Vincent quand la jeune femme lui adressa un petit clin d'œil.
"Il n'est PAS QUESTION que tu restes seul ici ! " s'exclama Aérith en prenant son père par les épaules.
"On le ramène au niveau 63," déclara Vincent. "Nanaki, va chercher les jumeaux, dis-leur de nous rejoindre dès qu'ils peuvent."
"Oui, Makoto," répondit Nanaki avant de se précipiter vers un couloir.
"Euh, Vincent, je ne suis pas sûre que je puisse vous laisser faire…" commença Elena.
"Non, en effet," ajouta Vincent, "tu devrais aller prévenir Tseng."
"Vincent ! Tête de TURK ! " lança Elena comme il emboitait le pas à Cid, Aérith et Gast.
La descente fut plus facile, et Vincent laissa le père et la fille prendre la tête, main dans la main, pendant qu'il surveillait leurs arrières.
Ils retrouvèrent le reste d'Avalanche à l'étage 63.
L'étage était évacué, à part Avalanche, rassemblés autour de Reeve, toujours inconscient. Gast et Aérith s'approchèrent aussitôt de lui, l'auscultant par conscience professionnelle.
Jessie s'était aussi lancée dans l'action. Elle s'était assise à un ordinateur abandonné par son propriétaire et pianotait frénétiquement, les dents serrées et les yeux brillants.
"Palmer est légèrement intoxiqué et a été évacué," annonça-t-elle entre ses dents, "le Président et son fils sont indemnes, ils n'étaient pas dans leur bureau. Scarlet a réussi à sortir avant l'explosion et la bombe d'Heidegger n'a pas explosé, elle est en train d'être déminée par ses services."
"Le rendez-vous mystère qui vous a attiré ici ? " demanda Vincent en se penchant par-dessus son épaule
"Il a disparu du planning juste après l'explosion" répondit Jessie avant de renifler, s'essuyant assez peu fémininement le nez sur la manche de son sweat.
"Ils ont essayé de nous piéger en même temps," conclut Vincent.
"Qui ? " demanda Barret d'un ton sombre.
"A qui profite le crime ? " demanda Vincent en se redressant.
"Heidegger," répondirent d'une voix la moitié d'Avalanche.
"On n'a pas de preuve…" objecta Shera.
"On a ça," intervint Yuffie en montrant les boîtes qu'elle tenait.
Les jumeaux et le lion arrivèrent à ce moment-là. Cloud avait un masque sur le nez, qu'il retira en arrivant, approchant de Barret. Zack l'imita, mais rejoignit Aérith, posant la main sur son dos.
"Comment va-t-il ? " demanda-t-il.
"Il a une fracture de l'omoplate, mais je ne peux pas la remettre ici," annonça Aérith, " quelques brûlures, il faut extraire des shrapnels, mais aucun n'a touché un organe vital. Il a eu une chance incroyable."
"Pourquoi il ne se réveille pas ? " demanda Zack.
"Je ne sais pas. C'est peut-être mieux pour l'instant, il ne sent pas la douleur comme ça, mais ça m'inquiète. Shera, il faudra lui faire un scanner…"
Vincent approcha à son tour pendant que Shera et Aérith échangeaient sur les soins à apporter à Reeve.
Leur directeur était inerte. Vincent l'avait déjà vu endormi, soit sur le canapé de Seventh Heaven, pour une sieste rapide qui durait généralement plus d'une heure, soit à son bureau, le temps de 'reposer ses yeux'.
Mais ce n'était pas pareil. Même endormi, Reeve n'arrivait pas à rester immobile, et marmonnait en permanence, ses yeux bougeant derrière ses paupières. Nanaki refusait de dormir avec lui sur le canapé à cause de ses coups de pieds.
Là, c'était à peine si Vincent pouvait le voir respirer.
Il posa sa main de démon sur le front de Reeve. Il ne sentait rien, si ce n'est quelques résidus des magies de soin utilisées sur lui.
Reeve n'était pas en première ligne avec eux, il ne savait pas se battre.
Mais il faisait partie de son vol quand même.
Et quelqu'un venait d'essayer de le tuer.
"Jessie, on rentre à la maison, tu viens avec nous," ordonna Barret, "Aérith, Reeve est transportable ? "
"Si on peut trouver une civière, ce serait mieux," déclara Aérith.
"On peut démonter une porte," suggéra Zack.
Il y eut un craquement et Cloud revint avec la porte de l'open-space sous le bras.
"Oups," fit-il d'un ton absolument pas convaincant quand il vit le regard de ses amis sur lui.
Barret soupira.
"Si on me demande, j'ai rien entendu. Aidez-moi à le mettre dessus."
"Euh…" intervint Yuffie d'une voix hésitante.
"Qu'est-ce qu'il y a ? " demanda Barret, transférant délicatement Reeve sur la porte que les jumeaux tenaient près du bureau.
"Je voudrais affoler personne," continua l'adolescente.
Oh non.
Ça y est, Barret était affolé. Par principe.
"Oui ? " soupira-t-il.
"Makoto a disparu," acheva Yuffie.
"Oh, TITANS."
Heidegger regarda son unité de troopers spécialisés emporter la carcasse de la bombe. Aucun d'eux n'était dupe, mais ils le craignaient trop pour dire quoi que ce soit.
"Avez-vous besoin de quelque chose, Monsieur le Directeur ? " demanda leur caporal.
"Détruisez la bombe."
"Bien Monsieur le Directeur."
"Et envoyez quelqu'un réparer la bouche d'aération," ajouta Heidegger en jetant un regard à la bouche d'aération fracassée par l'entrée de la bombe télécommandée.
"Oui, Monsieur," répondit le caporal en le saluant avant de sortir, fermer la porte derrière lui.
Une fois seul, Heidegger laissa fleurir un sourire satisfait sur ses lèvres. Il alla s'asseoir à son bureau, s'installant confortablement sur son fauteuil et se servit un verre de whisky Black Belly.
Tout se passait comme prévu.
Bon, les hommes d 'Avalanche avaient échappé à la bombe, mais c'était de peu d'importance. Dès que le Président lui donnerait les pleins pouvoirs sur Avalanche, il allait dissoudre cette unité et en être débarrassé une bonne fois pour toute.
Santé à lui-même.
Il lâcha son verre quand une main l'attrapa par les cheveux, lui levant la tête, tandis qu'une lame d'épée Wutane glissait sous son menton, stoppant à quelques centimètres de sa gorge.
SON épée, réalisa-t-il en reconnaissant la garde du coin de l'œil.
"Directeur Heidegger," murmura une voix grave.
Il leva les yeux autant qu'il pouvait sans bouger la tête, paralysé de peur.
Le regard rouge et lumineux du Turk d'Avalanche se posa sur lui.
"Va... Valentine."
"Je ne sais pas encore comment vous avez fait, mais je sais que c'est vous," déclara le Turk, ses yeux flamboyants.
"Si vous me faites le moindre mal…" commença Heidegger.
"Que ferez-vous ? Vous tenterez de prendre le contrôle d'Avalanche ? Vous m'enverrez chez les SOLDATs ? Vous essayerez de me tuer avec une bombe téléguidée ? "
Il approcha la lame encore un peu plus de la gorge d'Heidegger, tranchant quelques poils de sa barbe au passage.
"Si Reeve meure," reprit Vincent en se penchant encore plus sur sa victime, "je vous jure, sur le nom sacré de Minerva, que je vous retrouverais..."
"Shinra vous…"
"J'ai survécu à Hojo, vous pensez que Shinra me fait peur ? "gronda Vincent
La porte du bureau s'ouvrit et le Turk jeta un coup d'œil dans sa direction.
"Valentine," fit une voix qu'Heidegger connaissait bien.
"Tseng," répondit le Turk aux yeux rouge.
"Je peux savoir ce que tu fais ? "
"Je donne un avertissement," répondit Vincent. "En échange de quelle faveur me laisserais-tu finir ? "
"Laisses-le," rétorqua le chef des Turks.
Vincent laissa passer de longues secondes en silence avant de se redresser, lâchant le Directeur.
Il s'éloigna de quelques pas avant d'achever de retirer la lame de sous sa gorge, la rengainant soigneusement et se dirigeant vers la porte. Heidegger se laissa retomber sur son fauteuil, palpant sa gorge à la recherche d'une blessure. Il leva les yeux sur les Turks et reconnut Tseng, ce bon à rien de Reno, ainsi que la petite nouvelle qui fixait la scène d'un regard neutre.
"Tseng ! Arrêtez cet homme ! " ordonna Heidegger.
Il vit les deux Turks échanger le même regard froid avant que celui aux yeux noirs tende la main à l'autre.
"Les armes sont interdites dans la Tour, Valentine."
Vincent jeta un petit coup d'œil à la main ouverte, puis déposa calmement l'épée wutane dedans, des deux mains.
"Elle devrait être rendue à son propriétaire."
"J'y veillerais," répondit Tseng. "Elena ? "
"Monsieur ? " fit la jeune femme, du couloir.
"Escorte Valentine à son responsable et assure-toi qu'il quitte les lieux dans les dix minutes qui suivent."
"Oui, Monsieur," répondit Elena en faisant un pas vers Vincent, posant sa main au creux de son bras.
Celui-ci se laissa faire, pliant son bras de façon élégante pour laisser la jeune femme le guider vers les ascenseurs.
"Tseng qu'est-ce que cela signifie ? Pourquoi ne l'arrêtez-vous pas ? ! " s'emporta le Directeur en se levant, furieux.
"Vous êtes convoqué par le Président, Monsieur le Directeur," déclara Tseng, "veuillez nous suivre."
"Oh oui, je vais vous suivre et le Président en entendra parler ! C'est de l'insubordination ! " cracha le barbu en contournant son bureau. "Mon épée ! "
"Vous n'en aurez pas besoin," répondit Tseng avant de faire signe au Directeur de suivre Reno.
Elena guida Vincent jusqu'à l'ascenseur tout juste remis en marche et patienta avec lui le temps d'entrer dedans et appuyer sur la touche menant à un niveau de parking.
"Elena," commença Vincent.
"Tu aurais pu au moins être discret ! " soupira la jeune femme en lui donnant un petit coup de coude.
"Elena, que se passe-t-il ? " demanda Vincent, intrigué.
"J'ai pas le temps de t'expliquer et je ne suis probablement pas autorisée. Estime-toi heureux que Tseng te laisse sortir au lieu de te jeter en pâture au Président ! "
L'ascenseur arriva à l'étage qu'elle visait et elle resserra la main sur le bras de Vincent, l'entrainant dans le parking d'un pas déterminé.
C'était assez étrange d'être traîné comme ça par une petite jeune fille à peine plus grande que Yuffie. Il avait l'impression d'être confronté à un mélange de Morrow et Ash parfois.
Ce qui était probablement la raison pour laquelle il la laissait le malmener comme ça, ça avait été le privilège qu'il leur avait accordé à tous les deux, par amitié.
Ils retrouvèrent Cid et Yuffie devant la Chocomobile, accompagnés de Basch.
"Elena," salua poliment le SOLDAT.
"Capitaine Fon Ronsenburg," salua Elena.
"Vincent, où tu étais et qu'est-ce que tu as BRANLÉ ? " grommela Cid.
"Tu as fait une bêtise ? " marmonna Yuffie, un petit sourire aux lèvres.
"Peut-être," admit Vincent.
"Tu ne peux pas le contrôler ? " marmonna Basch
"Barret n'y arrive pas, je devrais faire quoi, le mettre en laisse ? " rétorqua Cid.
"J'aimerais bien voir ça," rétorqua Vincent en croisant les bras.
"Il ne vous reste que deux minutes pour sortir d'ici, " déclara Elena en désignant leur véhicule, " et surtout, passez par la sortie principale."
"Ça va être bourré de journaleux après les attentats," protesta Cid en se dirigeant vers le véhicule.
"Justement," reprit Basch, " il y a des rumeurs qui courent, si elles sont vraies, vous ne devez pas être ici dans l'heure qui suit."
"Protégez votre directeur, je peux rien dire de plus," déclara Elena en refermant la porte derrière Vincent et Yuffie "prenez la sortie principale, soyez vus par les journalistes, ne faites pas de commentaires et partez."
Cid démarra en silence et éloigna rapidement la Chocomobile pendant que Vincent tâtait les recoins de l'habitacle à la recherche de micro.
Il ne trouva rien.
"Que se passe-t-il ? " demanda Yuffie d'un ton effrayé, serrant la peluche contre elle.
"Je ne sais pas," répondit Vincent, "mais tout le monde veut nous éloigner de la Tour."
"Pourquoi ? "
"J'aime pas ça," marmonna Cid.
"Je préviens Barret qu'on a retrouvé Makoto," déclara Yuffie en sortant son PHS.
"Sérieusement, tu as fait quoi ? " demanda Cid en présentant sa carte au garde de la sortie.
"J'ai... peut-être… menacé Heidegger…" avoua Vincent.
-Il a fait QUOI ?- fit la voix de Barret dans le PHS de Yuffie.
"Je te le passe," déclara précipitamment Yuffie avant de le tendre à Vincent.
Non seulement les Turks refusaient de lui rendre son arme ou d'arrêter Valentine, mais en plus, il devait attendre devant le bureau du Directeur, comme un vulgaire subalterne.
Ce n'était pas son bureau principal, qui avait été ravagé par l'explosion. A peine les Turks avaient-t-ils évacués le Président et son fils qu'un nouveau avait été rapidement aménagé, fouillé pour s'assurer de l'absence de bombe, micro et caméra cachés et la secrétaire était en train de transférer tous les dossiers et affaires personnelles du Président, faisant l'aller-retour entre les deux locations.
Il était composé de deux pièces, une qui servait de bureau pour la secrétaire et de salle d'attente, et une autre pour le Président, devant la porte de laquelle attendaient Heidegger et les deux Turks.
"Qu'est-ce que cela signifie, Tseng ? "
"Le Président va vous recevoir," répondit le Turk d'une voix calme.
"Et bien qu'il le fasse, je…"
La porte du bureau s'ouvrit et la directrice du département de l'armement sortit, ajustant sa veste sur ses épaules. Scarlet était encore plus pâle qu'à son habitude et elle jeta un petit regard à Heidegger, les lèvres pincées. Le sourire carnassier qu'elle portait habituellement n'était pas présent.
"A votre tour Heidegger," déclara-t-elle en guise de salut, "bonne chance."
C'était une réplique fort inhabituelle dans sa bouche et cela perturba Heidegger plus qu'il ne voulait l'admettre. Il ne protesta pas quand Tseng le fit entrer dans le bureau avant de ressortir, fermant derrière lui.
Le directeur était assis à son bureau, le regardant d'un air froid. Son fils était là aussi, mais pour une fois, il n'était pas debout derrière son père, raide comme un piquet. Il semblait essoufflé, tourné vers une fenêtre, son monstre appuyé de l'épaule contre sa jambe.
"Rufus," appela Shinra.
Le jeune homme se redressa, prenant une courte inspiration avant de se tourner à nouveau vers son père, revenant à sa place habituelle.
Quelque chose n'allait pas avec un de ses yeux, mais Heidegger n'eut pas le loisir de s'interroger à ce sujet avant que le Président ne reprenne la parole.
"Comment allez-vous, Heidegger ? "
"Je vais bien, Président," répondit-il automatiquement, "je vois que le Vice-Président et vous allez bien aussi."
"Une chance, n'est-ce pas ? La bombe a explosé avant notre arrivée."
"Oui, en effet."
"Rufus ? "
"Vérité."
Heidegger cligna des yeux, interloqué. Que... qu'est-ce que…
"Avez-vous une idée de qui serait responsable de ces attentats ? " reprit le Président.
"Pas encore, Monsieur le Président, mais une fois que les débris des bombes seront entre nos mains je ferai en sorte que les perpétrateurs payent pour cette offense."
"Mensonge," déclara Rufus Shinra.
"A quel niveau ? " demanda son père, impassible.
Cette fois, le jeune homme ne répondit pas.
"Rufus ? "
"Ce n'est pas précis."
"Président, que se passe-t-il ? " demanda le vieux général, intrigué du comportement du père et du fils.
"Je pose les questions Heidegger. Savez-vous qui est le responsable ? "
"Non, je..."
"Mensonge," murmura Rufus.
"Je peux savoir ce qui te prends, gamin ? " rugit Heidegger en se levant d'un bond.
Il retomba assis quand la darkstar bondit à ses pieds, posant ses larges pattes sur son torse pour le repousser sur son fauteuil. Il voulut lever les mains pour la repousser, ou l'attraper par les chaines de son collier, mais la tentacule du monstre s'enroula autour de sa gorge, serrant fermement et il se figea, de peur qu'elle lui brise la nuque.
Le monde entier était contre lui aujourd'hui ou quoi[5] ?
"Heidegger, je vais poser une dernière question : Avez-vous commandité ces bombes ? " demanda froidement Shinra.
"Mais enfin Président ! Comment pouvez-vous penser qu'après toutes ces années…"
"Mensonge," souffla Rufus.
"QUOI ? "
"Rufus, fait le parler."
"Père," protesta le jeune homme, "je ne…"
"C'est un ordre," rétorqua son père sans quitter Heidegger des yeux.
Le blond soupira mais approcha de l'homme maintenu sur sa chaise, tendant la main pour la poser sur la tête de son monstre.
"Aide-moi, Umbra," murmura-t-il.
Il y avait définitivement quelque chose qui n'allait dans l'œil du jeune Shinra.
Et cette sensation empira encore quand il baissa le regard sur Heidegger.
Il y avait du sang dans ses yeux.
"Oui ! " s'entendit dire Heidegger sans arriver à refermer la bouche, "c'est un projet que je menais avec Scarlet, des bombes auto guidées pour trouver leur cible et empêcher les efforts des secouristes après la détonation. J'ai décidé de les utiliser pour me débarrasser de ce gêneur de Tuesti. J'ai programmé les bombes dès que j'ai quitté la salle de conférence."
"Pourquoi attaquer aussi les autres directeurs ? " demanda le Président.
Encore une fois, Heidegger ne put lutter contre le flot de paroles qui lui venaient.
"Pour brouiller les pistes, si tous les hauts placés, moi compris, semblaient menacés, personne ne me soupçonnerait. J'ai programmé les autres bombes pour qu'elles n'explosent pas ou sans danger pour les directeurs."
"Pourquoi, Heidegger ? "
"Père… s'il vous plaît…" souffla Rufus, la main crispée sur la courte fourrure de sa créature.
"Fais-le PARLER."
Le jeune Shinra ferma les yeux.
"Je voulais me venger des humiliations que ce gringalet me fait subir depuis des mois ! Cette unité qui me ridiculise, qui me nargue avec leur réussite, JE SUIS la voix de l'ordre dans cette ville, c'est grâce à moi que vous êtes toujours Président et vous semblez l'oublier ! ! "
En reprenant son souffle, Heidegger réalisa soudain qu'il se tenait de nouveau sur ses jambes. Le fauve l'avait lâché et s'était éloignée, poussant son maître titubant à l'écart.
La dernière phrase n'avait pas été forcée hors de lui, réalisa Heidegger. Il l'avait hurlé de lui-même.
Et il réalisa que ce serait sa dernière erreur.
"J'aurais été prêt à pardonner cette attaque peu subtile à l'encontre de Tuesti, Heidegger," déclara calmement le Président," tout comme j'avais pardonné les précédentes."
Le Président se leva lentement. Il était plus petit qu'Heidegger, plus fluet, malgré les années où il s'était empâté.
Mais il avait toujours ce charisme, cette présence qui faisait que les gens le suivaient, l'aidaient dans ses buts, quels qu'ils soient.
Qui faisait qu'Heidegger l'avait soutenu toutes ces années.
"Mais pas après ce que vous venez de dire."
Il se pencha, appuyant sur un bouton de son interphone.
"Faites entrer Tseng et ses hommes," ordonna-t-il.
"Président ! Attendez ! " protesta Heidegger, "laissez-moi une autre chance ! "
Le Président se tourna vers lui, lui jetant un regard agacé.
"Une autre chance pour que vous décidiez finalement que je suis aussi un gêneur ? Que j'oublie vos mérites ? Je vous ai donné beaucoup de chances, Heidegger. Et vous en avez abusé."
Tseng entra, laissant Reno passer avant de fermer derrière eux.
"Monsieur le Président."
"Tseng. Emmenez le Directeur Heidegger par mon ascenseur privé. Soyez discret."
"Président ! " commença Heidegger en levant la main vers l'épaule du blond.
Reno assena un coup de matraque électrique dans son dos, le faisant tomber à genoux devant son ancien ami.
"Préparez aussi l'annonce officielle de sa mort, Tseng."
"Oui, Monsieur," répondit Tseng tout en prenant le colosse par le bras, l'obligeant à se redresser.
Une fois les deux Shinra seuls, le Président se tourna vers son fils. Le jeune homme avait repris sa place près de la fenêtre, essayant de reprendre son souffle, une main pressée sur son visage.
"Rufus."
Avec un petit sursaut vite maîtrisé, le jeune homme se tourna vers son père.
Il saignait du nez. Encore.
C'était un défaut de fabrication dont le Président se serait bien passé. Ça n'était pas discret quand ça arrivait en plein entretien et il commençait à y avoir des rumeurs comme quoi son fils avait une santé fragile.
Mais il devait faire avec, il n'y aurait jamais de deuxième Rufus.
"Oui, Père ? "
"Qui as dit à Heidegger qu'Avalanche avait trouvé des dossiers secrets ? "
Son fils ne répondit pas, mais le monstre à ses pieds s'interposa entre eux, comme cette fichue bête en avait l'habitude dès que Rufus se sentait menacé.
"Il est arrivé furieux dans mon bureau en m'annonçant qu'il y avait une fuite de sécurité de la faute d'Avalanche. Comment a-t-il su ? Qui lui as dit ? "
Il vit le jeune homme lutter contre l'injonction de répondre.
"Qui ? "
"Moi," finit par admettre le jeune homme.
Le monstre se mit à gronder et le Président lui jeta un regard dédaigneux.
Elle était indispensable à Rufus, mais parfois, il aurait préféré que son créateur en ait fait quelque chose de plus petit et discret.
"Envoie ta bestiole dehors."
Umbra grogna plus fort.
"Rufus. Obéis ou elle retourne au laboratoire."
Le jeune homme frissonna et se dirigea vers la porte. Umbra le regarda faire avec un petit gémissement mais le suivit, tête basse. Il lui ouvrit la porte.
"Umbra, sors," ordonna Rufus.
Le monstre hésita avant de donner un petit coup de tête contre la jambe de Rufus et sortir en courant. Le jeune homme referma la porte avant de se tourner à nouveau vers son père.
"Pourquoi ? " reprit le Président en retournant s'asseoir.
"La fille du Professeur Falmis connaît le projet Jenova, j'ai pensé qu'il était urgent de les arrêter avant que d'autres secrets soient révélés…"
"Tu n'es pas là pour penser, Rufus," rétorqua son père.
Le jeune homme baissa les yeux.
"Je m'excuse, Père, je croyais bien faire."
"Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler ainsi en privé."
"Oui, Monsieur."
Cette fois, le Président eut un petit rire narquois.
"Tu crois que je ne te vois pas faire, Rufus ? "
"Monsieur, je…"
"Tais-toi. "
Les mâchoires de Rufus se serrèrent au point qu'il eut du mal à déglutir. L'homme continua, dardant ses yeux bleus glacé sur le jeune homme devant lui.
"Je te vois traîner au département scientifique, tu manigances autour d'Avalanche, autour des Turks, mais tu le sais très bien…"
Il se leva, approchant du jeune homme jusqu'à lui faire face.
"Tu peux faire tout ce que tu veux, tu ne seras jamais l'héritier de ma société."
Le blond secoua la tête, sans arriver à parler.
"Tu n'es vivant que parce que tu m'es utile, Rufus. Ne deviens pas inutile. Ou gênant. Est-ce bien compris ? "
Le jeune blond hocha la tête d'un geste saccadé.
"Bien. Tu es libre."
Cette fois, il put ouvrir la bouche, prenant une inspiration tremblante. Le sang coulait de nouveau de son nez et ses yeux étaient déphasés, couvert de taches rouges.
"Va te nettoyer," ordonna le Président avant de se détourner vers la porte, "et ne mets pas de sang sur le tapis cette fois."
"Oui… Oui, Monsieur."
"Tu as de la LAINE à place du cerveau ! ! " s'exclama Barret.
Cid et Yuffie grimacèrent de concert, l'un par habitude d'être celui qui se faisait crier dessus, l'autre par compassion, à la voix de leur lieutenant, même à travers la porte du bureau de Reeve.
"Ça barde," murmura Cid.
"Ben, ce que Makoto a fait était vraiment stupide," admit Yuffie.
"J'ai pas dit qu'il le méritait pas. Si l'un de mes hommes avait fait un truc du genre au front, je l'aurais privé de vol pour au moins un an."
Il y eut un nouvel éclat de voix de la part de Barret et Red décida de s'éloigner du bureau et sauta au bas de son canapé, rejoignant Cloud dans la cuisine avec Zack, en train de préparer du thé et du café.
"Est-ce qu'on doit rester ici ? " demanda Zack pendant que son frère servait une gamelle de thé à Red.
"Pour l'instant, oui," répondit Cid, "Shera est en train de faire passer un scanner à Reeve, "dès qu'Aérith est revenue avec ses parents, on décidera quoi faire."
"On va vraiment devoir partir de Midgar ? " demanda Yuffie d'une petite voix.
"Je n'espère pas," répondit Cid en lui tapotant le dos, "mais avec cette histoire et la connerie de Vincent, on risque de devoir se faire oublier quelque temps."
"Peut-être que Yuffie devrait retourner à la MGU le temps que ça se calme ? " suggéra Zack.
"Faudra déjà que tu arrives à m'attraper, m'attacher et me bâillonner," rétorqua l'adolescente.
"Et pendue par les pieds de l'étage, aussi ? " demanda Cloud.
"Bahamut," ricana Cid pendant que Yuffie dévisageait Cloud avec stupéfaction, "tu vas être tout le temps comme ça, maintenant ? "
"Oh, là, il s'échauffe juste," répondit Zack avec un grand sourire.
"... et c'était la chose la plus STUPIDE que j'ai vu de toute ma carrière militaire et pourtant j'ai vu Jecht piquer une tête au milieu de squames ! "
Barret reprit son souffle.
"Bien. Maintenant tu m'expliques exactement ce qui t'es passé par la tête," reprit-t-il d'une voix plus calme.
"Je suis désolé," répéta Vincent, " mais j'ai peur que… justement rien ne me soit passé par la tête."
"Tu as été menacer un Directeur de la Shinra ! "
"Il avait…" commença Vincent avant de fermer la bouche.
"Il avait quoi ? Vincent, on a aucune preuve tangible de sa culpabilité pour l'instant ! Je te garantis que dès qu'on en a je serais le premier à réclamer sa tête, mais pour l'instant, on a que les boites que Yuffie et toi avez ramené et Jessie est en train d'emballer toutes nos archives pour évacuer au premier pet de travers de Shinra, elle n'a pas le temps d'analyser ça ! "
"Il a attaqué quelqu'un de mon…"
"Ton ? "
"...Mon Vol," répondit Vincent.
"Ton vol ? " répéta Barret, confus.
"C'est… comme ça que ma famille nomme…Ce que nous sommes."
"C'est-à-dire ? "
Les jumeaux auraient compris, mais même si Barret était de Centra Nord, sa région était le territoire des Titans. Et Vincent n'avait jamais été suffisamment au nord pour connaître les traditions des Titanides, ils n'avaient probablement pas le même genre d'esprit de meute que les Nibelungens. Ou les Daguerréens.
"Ceux qui se battent et vivent ensemble sans être forcément du même sang," finit-t-il par expliquer, "comme… une famille de guerre."
"Ok… je suis touché. Toujours en colère contre toi, mais touché, "admit Barret.
Le colosse inspira longuement pour achever de se calmer et s'appuya des deux mains sur le bureau de leur Directeur.
Un peu plus tôt, Yuffie était passée déposer les preuves dans le coffre (et peut-être devrait-il s'inquiéter qu'elle connaisse le code du coffre-fort de Reeve), ainsi que la peluche trouvée dans son bureau à la Tour et qui les fixait tous les deux de son regard brodé, assise contre l'écran de l'ordinateur.
"Tu as pensé à ce que je t'ai demandé ? Réfléchir pourquoi tu étais à Avalanche ? "
Vincent hésita longuement avant d'hocher la tête.
"Je t'écoute ? "
Il aurait dû se douter que Barret n'allait pas le lâcher avec ça. Parfois, il lui faisait penser à Trigger. Tous les deux étaient père de famille après tout, ils devaient avoir développé l'entêtement et l'autorité nécessaire pour élever des enfants.
Et de l'avis de toutes ses figures parentales, Maduin compris, Vincent n'avait pas été un enfant facile à élever.
"Je… Je voulais juste tuer Hojo au début. Je voulais me venger. Venger Lucrécia."
Le lieutenant hocha la tête, lui faisant signe qu'il avait compris, et attendit la suite.
"Mais… maintenant je… je veux juste l'arrêter."
"Tu ne veux plus le tuer ? " demanda Barret en fronçant les sourcils.
"Si. Oh, si. C'est… Ça va de soi. Mais si j'ai le choix entre le tuer ou protéger Yuffie… Je choisirais Yuffie. Ou n'importe qui d'Avalanche."
Il eut un petit sourire amer.
"Il faut l'arrêter avant qu'il continue… avant qu'il recommence à détruire d'autres vies… Et… C'est à moi de le faire. Si j'avais… si j'avais été plus déterminé il y a trente ans… Si j'avais tué Hojo tout de suite, rien de tout ça ne serait arrivé. C'est de ma faute."
Il fut surpris par la tape qu'il prit sur le côté du crâne.
Il ne l'avait pas vu venir.
Elle n'avait pas été assez brutale pour faire mal et il n'avait donc pas réagi brutalement mais il resta étonné que Barret ai voulu le frapper, même s'il avait mis à peine assez de force que pour chasser une mouche.
"Tu as essayé de changer les choses," gronda Barret en tendant le doigt vers lui d'un air sévère, "tu as essayé de sauver le Docteur Crescent. Tu as été gravement blessé et subit des tortures. Ce n'est pas ta faute et je ne veux plus jamais t'entendre dire ce genre de chose."
"Mais…" commença Vincent.
"Il n'y a pas de 'mais'," reprit Barret, "tu as fait ce que tu pouvais avec les informations que tu avais. Est-ce que tu t'attendais à ce qu'Hojo essaye de te tuer ? "
"Non," admit Vincent.
"Alors tu ne pouvais rien faire d'autre que d'essayer de l'arrêter. Et si ça n'a pas marché : ce.n' . ," assena Barret en tapant du doigt sur l'épaule de Vincent à chaque mot.
Il croisa les bras et se redressa de toute sa hauteur devant leur sniper.
"J'ai besoin de pouvoir compter sur toi pour garder la tête froide, j'ai besoin de toi pour voir les détails qui m'échappent et les analyser, j'ai besoin que tu sois là à veiller sur les autres et protéger leurs arrières. Est-ce que tu penses que tu peux faire ça ? "
"Oui, Barret."
"Parfait. Alors tu vas préparer tes affaires au cas où on doit évacuer en quatrième vitesse, et tu écriras une lettre d'excuses officielle au Département de la sécurité publique."
Vincent hocha la tête.
"A la main," précisa Barret.
Cette fois, le sniper grimaça.
"Je ne suis pas sûr qu'ils arriveront à me relire."
"Tant mieux, tu pourras être aussi sarcastique que tu veux."
Tseng était à Midgar depuis une quinzaine d'années et travaillait chez les Turks depuis à peu près aussi longtemps. Il avait commencé en bas de l'échelle sous la protection du Directeur Morrow, avait gravi les échelons, appris de multiples façons de tuer ou gérer une situation explosive. Il avait vu tous les Turks actuels débuter leur carrière et avait perdu des hommes de façon aussi horrible que brutale.
Il pensait avoir tout vu.
Sauf… ça.
"Rude, qu'est-ce que…"
"Tseng," répondit calmement le chauve, dos au mur, "aide-moi."
Rude, et ce serait probablement drôle chez n'importe qui d'autre, craignait les chiens. Surtout les grands chiens de garde musclés et agressifs.
Ce n'était pas drôle pour Tseng, qui avait vu les cicatrices sur les jambes du chauve et qui savait d'où elles venaient.
La Darkstar n'était tolérée autour de Rude que parce qu'elle était l'animal de compagnie du vice-Président. N'importe quel autre canidé aurait déjà été abattu à vue, augmenté ou pas.
Et habituellement, la créature évitait de s'approcher de Rude, comme si elle pouvait sentir qu'il était dangereux pour elle.
Ou qu'il avait peur d'elle.
Mais cette fois-là, elle le bloquait avec détermination dans un coin du couloir, assise devant lui, le regard fixé sur son visage et son tentacule fouettant l'air.
"Qu'est-ce que tu lui as fait ? " demanda Tseng.
"Rien. Je revenais de la cafétéria avec un café et un bretzel. J'ai cru qu'elle voulait le bretzel mais..."
En effet, la pâtisserie gisait par terre, à droite de l'animal, intacte.
"Où est son maître ? " demanda Tseng.
"Il était avec le Président Shinra tout à l'heure, mais je ne sais pas s'il…" commença Elena avant de reculer d'un pas.
La Darkstar s'était tournée vers elle en entendant sa voix et approcha en quelques pas.
"Gentille… Gentille Umbra," commença Elena pendant que Rude battait en retraite.
La créature la flaira avec attention avant d'enrouler son tentacule autour de son bras.
"Elena, reste calme," l'enjoignit Tseng.
"Je suis calme," couina la blonde.
La créature fit un pas en avant, tirant sur le bras d'Elena. Elle stoppa et attendit.
"Je crois qu'elle veut qu'on la suive ? " suggéra Elena en prenant le risque d'effleurer le tentacule de son autre main, évaluant si elle arriverait à la desserrer ou pas.
Parfois, Tseng se demandait quel était le niveau d'intelligence de la créature. Certes, elle obéissait toujours au doigt et à l'œil de son maître, mais il y avait des fois où il ne pouvait s'empêcher de se demander si elle ne comprenait pas plus qu'il ne le pensait.
"Rude, rejoint Reno dans la cellule de détention. Aide-le à finir le travail en cours."
"Oui, Boss," marmonna Rude.
Tseng emboîta le pas à Elena et la Darkstar, qui les guida jusqu'au bureau temporaire du Président Shinra. L'animal gratta à la porte de la salle d'attente et Elena l'ouvrit bien obligeamment avant de tituber à la suite de la créature.
"Elle ne te blesse pas ? " s'enquit Tseng.
"Non, non, elle a une sacrée poigne, mais elle ne fait pas mal."
Il n'y avait que la secrétaire du Président dans la salle d'attente, en train de ranger les dossiers du Président à leur nouvelle place. La porte du bureau temporaire était fermée et la secrétaire se leva en les voyant arriver tous les trois, les fixant alternativement avant de jeter un rapide coup d'œil à la porte.
"Le Président est-il là ? " demanda Tseng.
"Non, Monsieur."
La Darkstar relâcha Elena, qui se frotta immédiatement le poignet, ramenant la circulation dans son bras, et alla gratter à la porte.
"Aidez-le, s'il vous plait," murmura la jeune femme.
Elle avait à peine un tiers de l'âge du Président. Une jolie jeune fille, décemment compétente. Le vieux aimait les belles femmes, mais ne supportait pas de travailler avec des courges, ses secrétaires devaient être aussi jolies qu'efficaces.
Cela faisait deux ans que celle-ci travaillait pour lui. Un record. Probablement dû à l'utilisation systématique des moyens de contraceptions.
Elle posa une boîte d'archive sur son bureau sans lâcher les Turks du regard, puis, après l'avoir ouverte, se leva, prenant d'autres dossiers avec elle.
"Aidez-le," répéta-t-elle avant de sortir de la salle d'attente, fermant la porte derrière elle.
Tseng fit signe à Elena d'aller voir la boîte d'archive. Celle-ci hocha la tête, contournant le bureau pour y jeter un coup d'œil prudent. Elle fronça les sourcils.
"Elena ? "
"Une trousse de premier secours," murmura Elena en la ramassant, "bien garnie. Une cravate et une chemise d'homme propre, sous plastique," continua-t-elle en voyant ce qui était caché dessous.
La Darkstar poussa un petit gémissement plaintif.
Tseng approcha d'elle et posa la main sur la poignée de la porte. Il l'ouvrit doucement.
La créature poussa la porte d'un coup d'épaule, l'ouvrant en grand et se rua à l'intérieur.
Bon, s'il y avait un assassin, il le plaignait.
Il entra, la main sur son arme.
La pièce était vide.
Il entendait de l'eau couler.
Il approcha de la petite salle de bain attenante au bureau. Ce n'était pas grand-chose, une douche, un évier, des toilettes, de quoi permettre à l'occupant du bureau de se rafraîchir avant un rendez-vous d'affaires. Ou après un rendez-vous amoureux. La Darkstar était déjà à la porte, à moitié dans la pièce, remuant sa petite queue frénétiquement.
Tseng approcha pour jeter un œil par-dessus le monstre...
Rufus Shinra se redressa vivement, prit par surprise et lâcha le gant de toilette ensanglanté qu'il tenait.
Ils se dévisagèrent mutuellement quelques secondes.
Il avait les yeux injectés de sang, plusieurs vaisseaux sanguins avaient explosés. Du sang, encore, coulait de son nez, d'une de ses oreilles aussi et…
Il y avait tellement de sang dans son cerveau.
Tseng le sentait à un mètre de lui.
Ses mains lui brûlaient d'approcher et de les poser sur le front du jeune blond.
Tseng recula d'un pas.
"Chef ? " commença Elena.
Tseng leva la main, lui imposant le silence.
"Umbra, quand je te demandais de l'aide, ce n'est pas exactement à ça que je pensais," entendit-t-il Rufus marmonner à sa créature.
"Elena," appela Tseng.
La jeune femme approcha.
"Aide le vice-Président à se rendre présentable. Vérifie qu'il n'a pas besoin de soins."
"Oui, Chef."
Il s'écarta de quelques pas pour la laisser approcher. Il l'entendit distinctement jurer avant qu'elle puisse se reprendre.
"Laissez-moi vous aider," offrit-t-elle en posant la trousse de premier secours sur le meuble de l'évier.
Il allait avoir besoin de conseils pour la suite.
Tseng s'éloigna vers le coin le plus éloigné du bureau, composant un numéro qu'il connaissait par cœur. Selon la grande tradition Turk, il lui en devait une.
-Aérith à l'appareil ?-
"C'est Tseng."
-Qu'est-ce qui se passe Tseng ?-
"Es-tu toujours à la Tour ? " demanda le brun à voix basse.
-Je vais à Seventh Heaven, que se passe-t-il ?-
"J'ai besoin… de conseils."
-Quel genre ?-
"Saignements de nez et d'oreilles. Vaisseaux éclatés dans les yeux. Des hématomes au cerveau. "
-Ce n'est pas mon organe de prédilection, Tseng, qui que ce soit, tu ferais mieux d'amener le patient à un médecin.-
"Ça n'est pas envisageable."
-Comment est-ce arrivé ?-
Il sentit quelque chose de chaud contre sa jambe et baissa le regard.
La Darkstar était assise à ses pieds et le fixait de son regard écarlate.
Il n'aimait pas les chiens de guerre de Shinra. Ils avaient fait trop de dégâts à Wutai pour qu'il se sente à l'aise autour d'eux mais…
Elle les avait guidés à son maître blessé.
Il posa la main sur le crâne d'Umbra et l'animal ferma les yeux, appuyant sa joue sur sa jambe.
"Je l'ignore," finit-t-il par admettre.
-Qui est-ce ?-
"Je ne peux le révéler."
-Tu ne m'aides PAS.-
"J'aimerais pouvoir."
Il l'entendit soupirer et grommeler quelque chose dans sa langue natale. C'était rare quand Aérith parlait le glacian.
Il n'était pas augmenté, mais il entendit une autre voix répondre dans la même langue.
Ah. Madame Falmis était là aussi.
-Bon. Les hématomes font quelle taille ? Parle en gils, - reprit Aérith d'une voix plus professionnelle.
"Un gil pour la plupart, deux pour le plus gros."
-C'est déjà ça. Ça devrait se résorber seul. Vérifie ses capacités motrices et mentales, si le patient s'exprime correctement, s'il peut bouger ou faire des gestes simples seuls. Referme les blessures externes, ça ne changera rien à l'intérieur mais…-
"Il n'y a pas de blessures externes."
-Rivière. Comment ?-
"Je l'ignore."
Il entendit à nouveau la voix de Madame Falmis, toujours en Glacian.
-Da, Mam[6] ? Oh... Oh, c'est peut-être une surcharge magique ? Ton patient a de la matéria ? Plusieurs G-Forces ? Une magie innée dont il aurait abusé ?-
"Je…"
Il sentit Umbra frissonner contre lui et lui gratta le crâne par réflexe. Le monstre poussa un long soupir.
-L'ignores, c'est ça ?-
"Oui."
-Pas d'aspirine. Surveille-le comme un traumatisme crânien. Réveil toutes les deux heures pendant vingt-quatre heures avec vérification des capacités motrices et cérébrales. Interdit d'utiliser la magie pour une semaine. Pas d'alcool, repas léger s'il a faim, pas de drogue. Essaye de le persuader de voir un médecin ou un guérisseur spécialisé.-
"Je vais essayer. Merci."
-Dis-moi que ce ne sont ni Reno, ni Rude, ni Elena.-
"Ils vont bien."
-Dis-moi que ce n'est pas toi ?-
"Je vais bien."
-Alors continuez-.
"Comment va le directeur Tuesti ? "
-S'il lui arrive quelque chose Tseng, tu devras me confisquer ma matéria destruction.-
"Prends soin de lui. Je te tiens au courant."
-Tu as intérêt. Bisous.-
Tseng raccrocha. Il baissa les yeux sur Umbra et lui tapota le crâne une dernière fois avant de ranger son PHS.
"Je vais m'occuper de ton maître," déclara-t-il.
Il aurait juré que la créature semblait soulagée et la regarda partir vers la salle de bain d'un pas guilleret. Quand il la rejoignit, Elena achevait de nettoyer le visage du vice-président. Elle lui avait fait retirer son manteau et sa chemise et il ne portait qu'un simple débardeur, gardant ses deux mains fermement posées sur ses genoux.
C'était le plus négligé que Tseng ne l'avait jamais vu de sa vie. Sans dégager son visage des soins d'Elena, le vice-président tourna les yeux vers lui.
"Avec qui parliez-vous ? "
"Un guérisseur."
"Je ne souhaite pas…" commença Rufus avant qu'Umbra essaye de se glisser entre Elena et lui, posant sa tête sur sa main gauche.
Elena protesta, mais Rufus se contenta de poser son autre main sur le crâne de la créature, lui caressant la fourrure du bout des doigts.
"Je… préfèrerais que mon état de santé ne soit pas divulgué," corrigea Rufus.
"Vous n'irez pas au département scientifique, du coup ? " demanda Elena.
Le Vice-Président eut un reniflement méprisant à cette idée.
"Je vais chercher votre chemise propre," reprit la blonde en rassemblant les cotons ensanglantés et le reste de la trousse de secours.
Elle fit demi-tour et se glissa près de Tseng pour sortir, laissant les deux hommes ensemble.
"Essaye de trouver une paire de lunettes de soleil," ajouta Tseng avant qu'elle ne soit trop loin.
"Oui, Chef ! " lança Elena.
Tseng se tourna de nouveau vers le jeune homme qui continuait de le fixer, les épaules tendues.
"Je vais vous demander de faire quelques gestes simples, "commença Tseng, " levez vos bras."
"J'ai peur que mon bras gauche soit occupé," rétorqua Rufus.
En effet, la darkstar avait enroulé son tentacule autour et refusait de bouger, les yeux fermés.
"Le droit alors. Levez-le. Tendu devant vous. Vers le haut. Baissez-le. Bougez vos doigts un à un. Le pouce. Le majeur. L'auriculaire."
Le jeune Shinra obéit sans entrain, mais laissa Tseng le guider à travers les gestes. Le wutan se pencha et tendit un doigt devant ses yeux.
"Suivez mon doigt du regard, sans bouger la tête."
"Que faites-vous ? "
"Je vérifie que vous n'avez pas de séquelles neurologiques."
"S'il y en a, elles y étaient déjà avant," rétorqua le blond d'un ton mordant." J'ignorais que vous étiez médecin, Tseng."
Le Turk se redressa et jeta un rapide coup d'œil autour d'eux. Il n'y avait pas de caméra dans la pièce et Reno avait déjà vérifié qu'il n'y avait pas de micro avant que le président y soit relocalisé.
Personne ne pourrait voir ce que seuls les Turks savaient.
Tseng défit un de ses gants, puis le second, les posant tous les deux sur le meuble de l'évier avant de tendre les paumes au jeune homme. Celui-ci le regarda faire, toujours sans expression avant de lever la main droite, prenant celle de Tseng dans la sienne.
Il avait un tatouage wutan dans la paume. Rufus tourna la tête vers l'autre main et Tseng l'orienta obligeamment pour qu'il puisse voir l'autre, identique au premier.
"Qu'est-ce que c'est ? "
"Marque religieuse. Au monastère, elles servaient à concentrer les pouvoirs des guérisseurs natifs," répondit Tseng.
Une lueur verte sembla suinter des traits noirs tatoué sur la peau du Wutan.
"Laissez-moi vous aider," demanda Tseng.
Le jeune blond fixa longuement Tseng dans les yeux, jusqu'à ce qu'une petite grimace de douleur lui torde le visage. Il lui lâcha la main, reposant la sienne sur le crâne de la Darkstar avant de soupirer et baisser les yeux, hochant la tête.
Tseng leva les mains, les posant sur le front du jeune homme et libéra précautionneusement sa magie sur ses blessures.
Après quelques minutes, le blond laissa échapper un soupir de soulagement et appuya son front sur les mains de Tseng.
"Merci," murmura-t-il.
"Je vous en prie," répondit Tseng[7].
"Prêt ? " demanda Cid.
"Paré," répondit Vincent en attrapant un livre sur le bureau, soulevant son sac de l'autre main.
"C'est quoi ce bouquin ? " demanda Cid en lui tenant la porte de la chambre ouverte.
Vincent le lui tendit et Cid lut le titre.
"Psychologie et réinsertion des prisonniers de guerre. Tu as eu ça où ? "
"Monsieur Pollendina," répondit Vincent en reprenant le livre, "il me l'a conseillé. Il… a dit que c'était le plus proche possible de ma… situation."
Cid releva les yeux du bouquin.
"Il n'y a pas d'étude sur... les problématiques dues à l'expérimentation humaine," continua Vincent en reprenant le livre.
"Ah… Bon, je… je suis content qu'il ait trouvé quelque chose qui t'aide."
"Je viens de commencer. La lecture est… difficile."
Le vieux Cid avait été honnête avec lui, outre les quelques pamphlets qu'il lui avait aussi donné à ce sujet, il n'y avait pas grand-chose d'accessible aux victimes et il lui avait conseillé de ne lire que quelques pages à la fois et d'arrêter dès qu'il se sentait submergé.
Ce serait plus long que pour le premier livre et Vincent avait déjà dû s'y reprendre à plusieurs reprises pour certains passages qui touchaient un peu trop près.
Ils étaient censés en parler régulièrement, mais avec les derniers évènements, Vincent n'était pas sur de savoir quand ils auraient à nouveau le temps.
Ils arrivaient tous les deux dans le garage alors que la Chocomobile se garait à son emplacement, accompagnée des voix de la famille Falmis.
"Mais vous allez m'expliquer ce qui se passe ? " s'exclama une voix de femme alors qu'Aérith faisait le tour de la Chocomobile.
"Tu veux dire que tu n'as rien senti, chérie ? " rétorqua la voix de Gast.
"Non ! Jusqu'à ce que vous veniez m'enlever tous les deux, ma journée était parfaitement normale ! "
"Bon, ça doit probablement dire que nous n'étions pas en danger," conclut Gast.
"Je n'ai rien senti non plus," admit Aérith en soulevant une valise du hayon de la Chocomobile.
"Oh, bonjour Madame Falmis ! " lança Cid en approchant, ouvrant la porte du fourgon.
Un silence lui répondit et la voix de la mère d'Aérith reprit.
"Aérith. Il est là ? "
"Euh, je… Oui," finit par répondre Aérith, "je le sens dans la maison."
"Oh non… non… Aérith je suis désolée, mais parfois, tu es comme ton père ! "
"Mais enfin ! " protesta Gast sans trop savoir pourquoi il devrait être offensé.
"Qu'est-ce que j'ai fait ? " s'étonna la jeune femme.
"Il ne faut pas que Vincent me voie, je dois me cacher ! " s'exclama sa mère d'un ton paniqué.
"Pourquoi ça ? " demanda Vincent en contournant la porte du fourgon pour enfin la rencontrer[8].
Aérith et sa mère se tournèrent vers lui.
Il stoppa net.
Pourquoi Lucrécia était-t-elle devant lui ?
"Oh, non," murmura-t-elle.
Elle fit un pas en avant, tendant les mains vers lui.
Elle allait lui faire mal.
Il recula précipitamment.
"Vincent, non, s'il te plait, calme-toi," déclara-t-elle d'une voix aussi calme que possible.
"Vince ? " s'exclama Cid en s'approchant.
"Cid fait attention ! " l'arrêta Aérith.
"Chérie ? "
"Laisse-nous faire, Gast," ordonna Lucrécia en se tournant vers lui.
A force de reculer, Vincent percuta l'estrade qui menait au reste de Seventh Heaven, faisant craquer le bois de la rambarde. Lucrécia approcha à nouveau, lui parlant d'une voix aussi calme que possible.
"Vincent, je vais tout t'expliquer, calme-toi…"
Si elle le touchait, elle allait… elle allait recommencer… elle allait reprendre les injections…
Cid approcha d'un pas lent et calme, comme pour un chocobo effrayé.
"Vince, c'est bon, calme-toi…"
"La laisse pas m'approcher ! "
"Vincent, elle est guérisseuse, elle ne peut rien te faire de mal," commença Cid en tendant la main vers lui.
"Elle l'a déjà fait ! " s'écria Vincent.
"Vince, je suis là, je te protège, ok ? "
Cid posa la main sur l'épaule humaine de Vincent, mais Lucrécia arriva à ce moment-là derrière lui et Vincent se laissa tomber au sol, coincé contre le mur.
Cid n'eut pas le temps de réagir que Vincent l'avait entraîné avec lui, serrant sa main, humaine heureusement, sur son bras.
"Ow ! Vincent ! Vincent, s'il te plait, respire, tu es en train de faire une crise de panique."
"Vincent, tout va bien," murmura Lucrécia en s'agenouillant à son tour
"Madame Falmis, vous ne devriez pas approcher," conseilla Cid tout en essayant de faire lâcher Vincent.
"Tout ira bien, Cid," répondit la femme levant les mains vers le visage de Vincent.
Les yeux de Lucrécia, qui le fixait avec peine et remords et…
Vincent ferma les yeux.
Ses mains se posèrent sur ses joues.
Un calme irréel s'étendit sur lui.
Oh.
Telle mère, telle fille apparemment.
Il arrivait de nouveau à réfléchir.
Il sentit Cid lui desserrer la main et il rouvrit les yeux, regarda la femme devant lui.
Ce n'était pas Lucrécia.
Elle était trop jeune.
Lucrécia aurait eu cinquante-huit ans.
La femme devant lui ne devait pas avoir plus de quarante-cinq ans.
Elles avaient la même couleur de cheveux.
Mais elle les gardait libres sur le dos.
Lucrécia n'avait jamais aimé détacher les siens, soit elle les portait en queue de cheval, soit en natte.
Le visage… Le visage était similaire aussi. Peut-être que la mère d'Aérith avait le menton plus arrondi. Elle était un peu plus âgée que Lucrécia au moment de sa mort, elle avait eu un enfant, elle avait eu le temps de vieillir.
Est-ce que Lucrécia aussi se serait arrondie avec l'âge ?
Les yeux.
C'étaient ceux de Lucrécia. La forme, la couleur, l'intensité du regard.
Mais ce n'était pas Lucrécia.
"Qui êtes-vous ? " murmura-t-il.
Son expression soucieuse s'effaça et elle sourit, retirant une de ses mains de ses joues pour la poser sur son épaule gauche.
"Je suis Ifalna. La mère d'Aérith. La femme de Gast. Et la cousine de Lucrécia.[9]"
"Elle... avait une cousine ? "
Cette fois, Ifalna eu un soupir las tout en hochant la tête et elle lâcha le visage de Vincent, prenant sa main entre les siennes pour l'aider à se lever.
"Je me doutais qu'elle ne t'avait pas parlé de moi. Y a-t-il un endroit où nous pourrons discuter à l'abri des oreilles indiscrètes ? "
"Ici ? " marmonna Aérith, "Maman, les murs sont encore pires qu'à la maison."
"La cour. En baissant la voix," suggéra Cid.
"Alors, allons-y, Vincent," déclara Ifalna en glissant sa main au creux de son bras. "Minerva, que tu es grand."
Ça avait été une des premières choses que Lucrécia lui avait dit aussi. En le vouvoyant, bien sûr, il lui avait fallu des semaines pour qu'elle commence à le tutoyer.
"Aérith, assure-toi que ton mêle-tout de fiancé et son frère ne nous écoutent pas," ordonna Ifalna.
"Je vais les mettre devant un match de Blitzball avec le son à fond," déclara Aérith avant de déposer un baiser sur la joue de sa mère et entraîner Cid et son père avec elle.
"Ce jeune homme a l'air de beaucoup s'inquiéter pour toi," nota Ifalna une fois qu'ils furent seuls.
"Cid est un ami[10]…"
Elle lui tapota le bras et observa attentivement la cour avant de l'entraîner vers le fond, devant le petit jardin d'Aérith et Elmyra.
"Ici, ce sera parfait," déclara-t-elle avant de jeter un regard critique au potager, "juste à côté des plantes."
Telle mère, telle fille, décidément, se répéta Vincent en la voyant s'accroupir pour arracher quelques mauvaises herbes et inspecter les feuilles.
Telle cousine aussi, réalisa-t-il en se rappelant de Lucrécia accomplissant les mêmes tâches dans son jardin d'hiver. Elle effleura une fleur et se releva, lisant sa robe rouge avant d'approcher de Vincent.
"Je suis désolée de… de ne pas avoir voulu te rencontrer avant."
"Vu ma réaction, c'était légitime," admit Vincent.
Elle hocha la tête et tendit la main à Vincent.
"Ifalna Falmis. Née Crescent."
"Vincent Valentine. Makoto," ajouta Vincent en serrant délicatement la petite main.
"Makoto ? "
"C'est mon vrai nom…"
"Tu ne lui a jamais dit, n'est-ce pas ? "
Il fronça les sourcils.
"En effet… Comment le savez-vous ? "
"Et bien d'abord, tu vas me tutoyer," commença Ifalna en s'asseyant sur les marches de la porte de l'extension, "et ensuite tu vas t'asseoir. Tu es beaucoup trop grand pour rester debout quand je te parle."
Vincent obtempéra, s'asseyant près d'Ifalna qui chercha longuement ses mots avant de se lancer.
"Je sais... des choses. J'ai des intuitions. Des rêves parfois."
Comme Aérith, comprit Vincent.
"Des prophéties ? " suggéra-t-il.
"Oh, Minerva, non merci, pouvoir connaître le passé me suffit largement. Et je n'aurais pas dû dire ça," soupira-t-elle avant de lui jeter un petit coup d'œil en coin, "tu es très doué pour faire dire aux gens ce qu'ils ne devraient pas, n'est-ce pas ? "
"Turk."
"Mêle-tout sans scrupule."
"Turk, quoi."
Ifalna riait comme Lucrécia, en cachant sa bouche derrière sa main.
A peine la pensée lui eût traversé l'esprit qu'Ifalna stoppa, lui jetant un regard désolé.
"C'est pour cela que je ne voulais pas te rencontrer. Gast… avait été choqué par notre ressemblance et à l'époque… Sept ans avaient passé. Je craignais que me voir… Te fasse du mal."
Elle reprit sa main et il sentit à nouveau le calme surnaturel l'envahir.
"Nous étions cousines," expliqua Ifalna, "dans un sens très… étendu de la famille diront nous. Plus exactement, nos grand-mères étaient sœurs. Lucrécia avait une dizaine d'années de plus que moi. Chut, je ne serais pas plus précise."
"Je ne demande jamais l'âge d'une dame," assura Vincent.
Elle eut un petit rire et lui tapota le bras.
"Je l'adorais. Elle était comme une grande sœur pour moi. Elle était tellement belle et intelligente. Je voulais tout faire comme elle. Jusqu'aux chaussures," ajouta Ifalna en montrant ses ballerines rouges, " sauf que je n'ai jamais maîtrisé la marche en talons hauts."
"Je n'ai jamais compris comment elle faisait, perchée là-dessus."
"Aérith y arrive. Moi, non," avoua Ifalna.
Ifalna soupira, le regard perdu dans ses souvenirs.
"Je suis… je suis la dernière de notre clan. Lucrécia était métisse, comme Aérith. Elle en a toujours fait un complexe. Elle voulait… Elle voulait ramener notre famille à la vie, nous rendre notre gloire passée, notre héritage."
"C'est pour ça qu'elle a participé au projet Cetra ? "
Ifalna frissonna et hocha la tête, resserrant à nouveau le châle sur ses épaules.
"Elle n'aurait jamais dû."
"Tu n'approuves pas ? "
"Notre clan est mort, tout comme notre Ancienne. Et même du temps de notre âge d'or… Nous n'étions pas les surhommes que tout le monde pense. Nous existions juste. Et tout ce qui existe doit mourir un jour. Nos corps et nos mémoires retournent à la planète et un jour, nous serons oubliés. C'est ainsi."
Vincent hocha la tête, retrouvant dans les paroles d'Ifalna celles de son père à la mort de sa mère.
C'est ainsi.
On naît, on vit, on meurt, et même les souvenirs seront oubliés.
Même les dieux meurent.
Même les Anciens meurent.
Même les pierres seront en poussière.
"Mais Lucrécia… elle était têtue," soupira Ifalna.
"Comme un chocobo des montagnes," admit Vincent, " je n'ai jamais réussi… à la faire changer d'avis."
"Tu aurais bien été le premier," maugréa Ifalna. "Aérith est comme ça aussi. Je ne suis pas sûre que ça me rassure," ajouta-t-elle à mi-voix, "j'ai vu… ce que ça a donné avec Lucrécia."
"Tu sais ce qui s'est passé au Manoir."
Ifalna hocha la tête tristement.
"Rien de tout ça n'aurait dû arriver," murmura-t-elle en remontant le châle sur ses épaules. "Ils auraient dû t'écouter. Lucrécia n'aurait jamais dû se porter volontaire. Si Maduin avait été là une semaine plus tôt, Lucrécia serait en vie et vous auriez pu élever Séphiroth comme il le méritait."
"J'aurais dû faire plus," murmura Vincent, "je… n'ai rien fait pour arrêter Hojo."
"Avec des si, on met Alexander en bouteille et on rêve d'un monde meilleur," acheva Ifalna avec un soupir.
Elle… ne ressemblait pas tellement à Lucrécia, finalement. Il pouvait voir les différences maintenant. Maintenant qu'il n'était plus terrifié.
Ifalna était plus douce, là où Lucrécia avait été inflexible.
Plus calme, là où sa cousine avait été impatiente.
Résignée, là où Lucrécia avait été révoltée.
"Pourquoi… Pourquoi est-ce que j'ai réagi comme ça en pensant la voir ? "
"Parce que tu as de bonnes raisons. Votre dernière rencontre n'a pas été… Disons, sous les meilleurs augures."
Leur dernière rencontre ? C'était...
Il l'entend à peine, à travers la mako, le verre épais de la cuve et ses larmes.
Il l'entend à peine à travers le bruit, les cris qui résonnent dans ses oreilles alors qu'ils sont seuls au fond de ce laboratoire caché et souterrain.
Mais il sait lire sur les lèvres. Il peut la comprendre.
'Je suis désolée Vincent. Je te demande pardon. Ce n'est pas ce que je voulais.'
Elle a les mains sur son ventre. Avant qu'il soit dans cette cuve, avant Hojo et ses scalpels, son ventre était à peine arrondi.
Elle peine à en faire le tour des deux mains maintenant.
Son enfant sera un gros bébé.
'Mais je ne... je ne peux rien faire… Je suis désolée, mais…'
Elle a un petit hoquet et bouge une de ses mains, caressant le côté de son ventre.
'Le projet Jenova est plus important que toi… Plus important que moi… plus important que ce qu'Hojo prévoit…'
Elle s'essuie les yeux et repose les mains sur son ventre, oscillant de gauche à droite, comme pour bercer l'enfant dans son ventre.
'Quand… quand Séphiroth sera né… j'essayerais de te sortir de là… je te le promet.'
"Non. N'essaye pas de t'en souvenir…"
Il sent la main d'Ifalna se resserrer sur la sienne et le souvenir s'effriter, s'effacer rapidement, mais doucement, comme un rêve qui s'oublie au petit matin.
"Elle avait promis de m'aider," murmura Vincent.
"Lucrécia et ses promesses," soupira Ifalna. "Elle m'avait promis de m'emmener à Canyon Cosmo un jour. J'ai dû y aller seule au final."
Elle tourna la tête vers Vincent avec un sourire malicieux, qu'elle avait probablement transmis à sa fille.
"Je n'en suis pas repartie seule, cela dit. C'est là que j'ai rencontré Gast et que je lui ai tourné la tête au point qu'il m'a suivi à Grand Glacier."
"Il faut me raconter," déclara Vincent, "je serais curieux de savoir comment tu as fait pour le détourner de ses recherches."
"Et bien, maintenant que nous nous sommes rencontrés, dîner à la maison un soir ? "
"J'amènerais le vin," promis Vincent, "je paierais même la bouteille," ajouta-t-il par réflexe.
"Ça serait moins drôle," rétorqua Ifalna.
"Oh, Minerva, je vois de qui Aérith tient."
"Au grand dam de son père…"
"Aniki ! "
Vincent tourna la tête vers Yuffie qui dégringolait le porche arrière.
"Viens vite, on a des nouvelles de la Shinra et c'est pas joli joli ! "
[1] Je crois que c'est bon, ils ont tous intégré que ces deux-là se sont mutuellement adoptés.
[2] Elle les rendra, promis.
[3] Parce que pourquoi pas tant que j'y suis ?
[4] Il a un doctorat en aéronautique.
[5] Non, seulement l'autrice. Et le karma.
[6] Russe/Glacian : Oui, Maman ?
[7] NdA après avoir relu la scène : … non. Nooooon. Non les garçons arrêtez, j'ai absolument pas prévu de romance pour vous deux ! Rufus tu es censé être aro-ace, arrête !
[8] Vincent est un de mes personnages favoris, mais question instinct de survie, il se pose, là.
[9] C'est quand même vachement pratique le fait que les personnages des FF aient tous la même tête.
[10] Je ne vais jamais arriver à les coller ensemble, n'est-ce pas ?
