Histoires de famille(s)
Résumé :
Alors que l'épisode des attentats se conclut, ramenant un équilibre branlant à la situation d'Avalanche, un autre commence.
Et Cid se serait bien passer de revoir des dragoons jusqu'à la fin de sa vie, au moins.
Personnages :
Team Avalanche, Kaïn Highwind (FF5), Freya (FF9)
Tag spécifiques au chapitre :
Révélation familiale, chosen family, blood family, adoptions mutuelles, world building, culture de Burmécia
"Vous n'allez pas le croire ! " s'exclama Jessie quand Ifalna et Vincent arrivèrent dans la salle commune.
"Après la journée qu'on a eue ? " rétorqua Barret.
"Heidegger est mort," lâcha la jeune femme.
La réaction fut unanime : tout le monde se tourna vers Vincent.
"Je n'y suis pour rien," se défendit aussitôt l'ex-Turk, "il était vivant et en bonne santé quand je l'ai laissé avec les T…"
Il s'interrompit, écarquillant les yeux en comprenant.
"Oh."
"Qu'est-ce qui s'est passé ? " demanda Shera.
"Version officielle : Il est décédé de ses blessures suite aux attentats à la bombe de la Tour," expliqua Jessie.
"Il a été assassiné par les Turks," déclara Vincent.
"Mais… pourquoi ? " s'exclama Barret, "c'était leur supérieur ! "
"L'ordre a dû venir de plus haut. Shinra. C'est pour cela qu'Elena nous a fait sortir aussi vite… Pour que nous ne soyons pas soupçonnés."
"Tu crois qu'elle savait ce qui se passait ? "
"Soit elle savait, soit elle s'en doutait."
"J'espérais ne jamais revoir un Grand Chambardement", grommela Cid en sortant son PHS, "je préviens Cid de rester sur ses gardes au cas où on a besoin d'embarquer en urgence."
"Qu'est-ce qu'on fait Barret ? " demanda Zackpendant que Cid sortait passer son coup de fil.
Leur lieutenant resta quelques secondes silencieux, se grattant la nuque de sa main de chair.
"Est-ce que Reeve est transportable ? "
"Tu veux l'avis de deux guérisseuses nées et d'une biologiste ? " demanda Aérith.
"Non, il ne veut pas, elles vont le terroriser," rétorqua son père à voix basse.
Ifalna lui jeta un petit regard amusé, les poings sur les hanches et il leva les mains d'un air innocent.
On pouvait presque sentir les années qu'ils avaient passées ensemble rien qu'aux regards qu'ils échangeaient. La plus longue relation amoureuse de Vincent avait duré quatre mois. Et s'était mal terminée.
"Nous avons extrait tous les shrapnels, guéri son épaule et soigné tout ce que nous pouvions. Pour les brûlures, heureusement, on a l'onguent de cuisinier d'Elmyra."
"Et le scanner n'a rien indiqué concernant une éventuelle blessure au cerveau," ajouta Shera. "Il est en bonne santé et devrait se réveiller, je ne comprends pas…"
"Je préfèrerais qu'on reste à proximité d'un hôpital au cas où son état empire…" confia Aérith.
"Vincent, ton avis ? " reprit Barret.
"Personne ne devrait nous… me soupçonner, "corrigea Vincent sous le regard las de Barret. "Nous avons été vus par les journalistes sortir de la Tour Shinra bien avant que la mort d'Heidegger soit annoncée."
"On pourrait peut-être envoyer une partie de l'équipe à l'aéroport et laisser Reeve ici avec l'autre partie ? " suggéra Shera.
"Vu toutes les CRASSES qui nous tombent dessus dès qu'on se sépare, je ne préfèrerais pas," grommela Barret, "on reste ici mais on met des tours de garde. On avisera demain selon l'état de santé de Reeve. Je vais aller chercher Marlène et Elmyra au bar et je les ramène, au cas où on devrait partir en vitesse cette nuit."
"Vincent, Cid ? "
"Rmmrrr ? "
Vincent ouvrit les yeux au murmure d'Aérith, et se redressa au grommellement de Cid.
"Les jumeaux et moi allons dormir," reprit Aérith à voix basse, "c'est votre tour. Trois heures et vous réveillez Yuffie et Red pour la suite.
"Oui, Doc," répondit Cid en s'asseyant à son tour, faisant un geste de salut.
La jeune fille referma la porte et Vincent l'entendit se rendre dans la chambre des jumeaux et protester qu'ils ne lui laissaient jamais de place avant que les trois s'endorment rapidement. Il se leva, s'habillant pendant que Cid faisait de même, encore à moitié endormi.
"Ça va aller ? " murmura Vincent, pour ne pas réveiller les jumeaux.
"Hm, une clope, un thé et je serais d'attaque," répondit Cid avant d'ouvrir la fenêtre, " je vais fumer sur le toit et surveiller les environs, je te rejoins."
Vincent hocha la tête, laissa le dragoon ouvrir la fenêtre et s'esquiver sur le toit, son paquet de cigarettes à la main.
Le tout, pieds nus et en tee-shirt. Visiblement, Cid ne sentait pas le froid.
Vincent sentait très bien le froid en revanche et enfila rapidement un pull avant de descendre aussi discrètement que possible. Seventh Heaven était silencieuse malgré le nombre de gens qui y dormaient pour la nuit.
Yuffie avait offert sa chambre à Ifalna et Gast, et l'adolescente était endormie sur le grand canapé, emmitouflée sous assez de couvertures pour que Vincent n'arrive pas à déterminer dans quel sens elle dormait.
Elle non plus n'aimait pas le froid.
Vincent se servit un café du thermos laissé sur la table, comme tous les soirs.
Nanaki leva le nez de son lit et regarda Vincent quelques secondes avant de se rendormir. Vincent n'était pas sûr que le fauve soit entièrement réveillé et préféra ne pas approcher, histoire de ne pas répéter la mésaventure de Reeve lors de sa première nuit sous ce toit.
Il avait du mal à croire que ça n'était que huit mois plus tôt.
Huit mois qu'il vivait là avec le reste d'Avalanche.
La seule fois qu'il avait vécu autant en communauté, ça avait été à Daguerreo, avec sa famille, et ça n'avait pas été une réussite.
Quarante ans plus tard, il devait bien admettre que ça avait été en partie de sa faute et de sa mauvaise volonté à s'intégrer. Il blâmait Chaos pour le reste de la faute.
Un léger bruit le fit relever le nez de ses réflexions. La porte du bureau de Reeve était entrouverte.
Il approcha d'un pas léger, jetant un coup d'œil aux deux benjamins de l'équipe, toujours endormis à poings et pattes fermées. Aucun des deux ne bougea quand il passa près des canapés.
La peluche de chat était par terre, juste devant la porte entrouverte.
Vincent soupira.
Cait avait une caisse entière de jouets offerts par tous les membres d'Avalanche (ou volés à Marlène, Barret avait grommelé que Vincent était même une mauvaise influence sur le chat), et il essayait quand même de jouer avec ce qu'il n'avait pas le droit de toucher. Vincent ramassa la peluche, faisant attention à ne pas l'abîmer de ses griffes.
Elle devait être ancienne, recousue de partout, son rembourrage tassé par les ans, et étrangement lourde. Soit c'était un jouet de collection, soit c'était une qui datait de l'enfance de Reeve. Il ferait mieux de la mettre à l'abri de la terreur qui semait ses poils partout dans Seventh Heaven. Vincent entra dans le bureau et posa de nouveau le jouet sur le bureau, redémarrant le petit chat porte-bonheur en passant devant.
Ce jouet était décidément sensible, le moindre mouvement l'activait.
Il sortit, fermant soigneusement la porte pour empêcher Cait d'y retourner.
Il entendit Cid descendre de l'escalier et attrapa le thermo de thé, servant une tasse généreuse au dragoon.
En parlant du chat, Cait était lové dans les bras du blond, ronronnant comme le moteur de la Daytona.
Cid avait beau prétendre ne pas aimer les chats et qu'il allait un jour manger cette sale bête, il était une de ses personnes favorites et ne protestait presque pas quand Cait venait réclamer de l'amour.
La tasse et le chat furent échangés entre Cid et Vincent.
"Crétin de chat, ne touche pas à la peluche de Reeve," marmonna Vincent à voix basse non sans le grattouiller sous le menton[1].
"Tu ferais mieux de l'enfermer quelque part," conseilla Cid, "on aurait pu partir sans lui."
"Comment ça ? "
"Je l'ai trouvé sur le toit."
Vincent fronça les sourcils. Il jeta un regard vers le bureau de Reeve puis baissa les yeux sur Cait.
Il entendit à nouveau le bruit sourd venant du bureau.
Il posa le chat sur la tête du mog en peluche, le laissant se rouler en boule dessus et se dirigea vers la porte.
"Vince ? " murmura Cid.
Le Turk lui fit signe de se taire et il posa la main sur la poignée, avant d'ouvrir la porte aussi vivement et silencieusement que possible.
La peluche tomba au sol, au milieu de la pièce.
Vincent fut devant le jouet en deux pas et la saisit de sa main de démon.
Pas d'erreur. Il pouvait bien le sentir maintenant.
Ce qu'il avait pris pour un poids étrange était de la magie.
"Konoyaro[2]," marmonna Vincent en se relevant.
Il passa près de Cid qui le regardait faire, confus et traversa le vestiaire, se dirigeant vers l'infirmerie.
Reeve était toujours inerte sur le lit, respirant à peine. Vincent stoppa près de lui et leva la peluche à hauteur de ses yeux.
"Tu n'as plus le droit de me reprocher mes secrets, tu as bien compris ? "
Et il lâcha le jouet.
La peluche paniqua, agitant les bras, avant d'atterrir à quatre pattes sur le torse de Reeve, amortissant l'atterrissage avec la grâce d'un vrai chat.
"Euh," fit la peluche.
Le jouet leva les yeux vers Vincent qui la regardait, presque amusé.
"Oh, allez ! Vincent ! " s'exclama la peluche en se mettant à genoux, levant les mains d'un geste familier...
Lequel se contenta de croiser les bras d'un air satisfait.
"Oui, Reeve ? "
La peluche inspira puis souffla longuement.
La main de Reeve se referma sur elle et l'homme se redressa à demi, les yeux écarquillés, avec une petite toux sèche. Il regarda autour de lui, désorienté, d'abord à droite, puis, voyant le mur, vers la gauche, trouvant Vincent.
"Je vais prévenir les autres que tu es réveillé," déclara le Turk en décroisant les bras, se tournant vers la sortie.
"Vincent, Vincent attends ! Reste là, s'il te plait, je t'en supplie, Vincent ! "
Le sniper s'arrêta net quand Reeve s'élança en avant, lui attrapant la main et manquant de tomber du lit, emporté par la force de Vincent.
Heureusement qu'il réagissait moins brutalement que quelques mois plus tôt. Vincent recula aussitôt, repoussant Reeve sur le lit avec délicatesse.
"Reeve..."
"Tu sais ce que je suis ? ! "
Vincent fronça les sourcils, levant la main gauche pour décrocher celles de Reeve, sans toutefois oser le toucher.
"S'il te plait, dis-moi ! "
"Reeve, tu ne sais pas ce que tu es ? "
L'homme secoua doucement la tête, les yeux écarquillés.
"Tes parents…"
"Ne savent pas... ils ne savent pas que je peux le faire, je ne suis pas sûr qu'eux puissent non plus."
"Oh," souffla Vincent," d'accord. D'accord, je vais te dire tout ce que je sais. Mais d'abord, laisse Aérith s'assurer que tu vas bien."
"Vince, qu'est-ce qui," commença Cid en entrant.
Le pilote freina des deux pieds en voyant Reeve réveillé.
"Reeve ! " s'exclama-t-il en se précipitant vers lui.
"Cid ? "
"Comment tu te sens ? Tu as mal quelque part ? "
"Je vais réveiller Aérith et Shera, reste avec lui," ordonna Vincent en se dégageant doucement.
"Oui, oui, vas-y ! "
Une fois Shera et Aérith réveillées, et donc tout le monde, tout Avalanche se rassembla dans l'infirmerie, ravis que leur directeur soit de nouveau conscient. Vincent les regarda faire quelques instants avant d'effectuer une retraite stratégique vers la salle commune, ramassant sa tasse de café, abandonnée là.
Cid y était aussi, sa tasse de thé à la main, et l'attendait.
"Vincent, qu'est-ce qui s'est passé ? "
Le sniper plissa pensivement la bouche avant de désigner le plafond.
"Toit."
Cid hocha la tête et ouvrit la route vers leur chambre, passant à nouveau par la fenêtre. Vincent l'y rejoignit et alla s'asseoir près de lui, cherchant ses mots soigneusement avant de se lancer.
"Reeve est l'un des nôtres."
"Reeve ? Drekkaskìtur," jura Cid.
"Là, j'aimerais avoir mon père devant moi et lui montrer Reeve en lui disant que j'avais raison," marmonna Vincent entre ses dents.
"A quel sujet ? "
"Au fait qu'on PEUT être trop bien caché," gronda Vincent.
"Vince," siffla Cid en vérifiant d'un regard que personne n'écoutait.
"Il ne savait pas. Je pense que sa limite s'est déclenchée et que c'est ça qui lui a sauvé la vie, mais il n'a pas la moindre idée de ce qu'il est…"
Cid fixa Vincent d'un air surpris, tentant d'assimiler la déclaration.
"Comment ? "
"Je ne suis pas sûr. Il va devoir apprendre les règles vite."
"Qu'est-ce qu'on fait ? "
"Je... vais lui parler," soupira Vincent.
"Vince, on n'est pas censé se mêler des affaires des autres clans…" objecta Cid.
"S'il est ce que je pense, il n'y a plus de clan. Ses parents ne savent pas non plus."
"Putain," murmura Cid en se frottant le visage d'une main.
"Il faudra que je lui parle seul à seul."
Cid hocha la tête en soupirant avant de se redresser.
"Dès qu'ils sont calmés, je me charge de les occuper."
"Merci."
Finalement, parler à Reeve seul à seul fut facile.
Vincent se contenta de se porter volontaire pour lui apporter son petit déjeuner le lendemain matin.
Le directeur attendait, assis sur le lit, la peluche sur les genoux. Aérith et Shera l'avaient convaincu d'enfiler un pyjama pour être plus à l'aise, et il avait les cheveux en bataille, mais il avait bien meilleure mine que la veille. De ses blessures, il ne restait que quelques brûlures superficielles qu'Aérith ne pouvait pas soigner.
"Reeve."
L'homme se redressa, observant Vincent soigneusement fermer la porte de l'infirmerie puis approcher, posant le plateau sur la table de chevet, avant de sortir son PHS.
Il mit une playlist au hasard, augmenta le son et le posa près du plateau avant de s'asseoir.
"Tu veux savoir... ce que tu es, c'est ça ? "
Par où est-ce qu'il devait commencer ?
Qu'est-ce que Reeve avait besoin de savoir ?
"J'aurais dû mieux écouter mon père quand il disait que j'aurais à expliquer ça un jour à mes enfants," soupira Vincent.
"C'est… comme avec Yuffie et toi ? "
"Oui. Je suis désolé, mais tu vas devoir continuer à te cacher."
"Au moins je saurais ce que j'ai à cacher," avoua Reeve.
C'était un argument recevable.
"Explique-moi ce que tu peux faire. Je veux être sûr."
Reeve hocha la tête et chercha sa tasse du regard, tendant la main pour l'attraper avant de commencer son récit.
"La première fois que c'est arrivé, j'avais sept ans… J'ai fait une chute d'un arbre, j'étais en train de me construire une cabane."
Vincent pouvait parfaitement imaginer un Reeve de sept ans en train de se construire une cabane dans un arbre. Il pouvait le voir, jusqu'aux genoux écorchés et au sourire ravi.
"Je suis tombé d'une branche. Mes parents m'ont dit que j'étais resté dans le coma plusieurs jours. Mais… Mais je n'étais pas dans mon corps."
Il ramassa la peluche posée près de son oreiller.
"J'étais là-dedans. Il m'a fallu une journée entière pour descendre de l'arbre et... et après je ne comprenais pas ce qui se passait… Ma mère m'a raconté qu'elle pensait devenir folle en m'entendant pleurer dans la maison alors que j'étais… que mon corps était à l'hôpital. Elle pensait que j'étais mort et que je les hantais. Je pensais que j'étais mort moi aussi. Après plusieurs jours, ils ont trouvé la peluche pendant que je dormais et l'ont amenée à l'hôpital pour me tenir… pour tenir compagnie à mon corps et… Et je me suis réveillé. Dans mon corps."
Il posa la poupée sur ses genoux, jouant distraitement avec une de ses oreilles.
"Après… j'ai remarqué que les machines avaient tendance à se dérégler autour de moi, que je pouvais faire bouger des objets quand j'étais stressé ou effrayé… Et parfois…"
Il lâcha la peluche, mais celle-ci resta assise, imitant les gestes de bras et de tête de Reeve.
"... ils m'imitent," acheva la peluche avant de retomber, inerte.
"Ça explique comment les jouets de ton bureau ont pu te protéger du gros de la bombe," nota Vincent.
Reeve le dévisagea avec surprise.
"Ils m'ont protégé ? "
"Tu as dû les faire bouger par réflexe pour te protéger."
"Vincent… qu'est-ce que je suis ? "
"Tu es un inspire[3]."
Reeve le fixa avec étonnement quelques secondes avant de secouer la tête.
"Je…"
"Tu ne sais pas ce que c'est ? "
"J'en ai peur," répondit Reeve avec un petit sourire navré.
"Je ne suis pas étonné. Un Inspire est un mage… Ou en tout cas, quelqu'un capable d'insuffler la vie dans un objet inanimé. Ils avaient d'autres noms. Les marionnettistes, les enchanteurs… Chaque fois qu'on parle de quelqu'un capable de faire bouger une statue ou un golem dans un conte, c'est en général un inspire."
"Pourquoi… pourquoi je n'ai jamais vu ce nom ailleurs ? J'ai cherché pourtant ! "
"Les Inspires sont censés avoir disparus il y a un peu plus de mille ans. La seule raison qui fait que je le sache… c'est par la bibliothèque et les histoires de mon père"
"Que s'est il passé ? "
"La Guerre des Machinas. Entre Bevelle et Zanarkand."
"Les Inspires ont été pris dans la guerre ? "
"Un homme appelé Alb les as utilisés pour créer une armée de combattants. Les archives sont floues, beaucoup ont été détruites pour éviter que ce genre de chose se reproduise, mais je pense que de la manipulation génétique ou quelque chose du genre a été utilisée."
"Alb" répéta Reeve pensivement. "Et l'armée… qu'il a créée ? "
"Les Bedores. Après la guerre, on les a appelés les Alb-bedores et au fil du temps, ça été raccourci en..."
"Al Bhed," murmura Reeve.
Vincent hocha la tête gravement. Ce qui était arrivé avec les Al Bhed n'était qu'un des nombreux traumatismes auxquels leurs clans avaient dû faire face. La guerre des Magi, la Calamité venue des Cieux, les mages noirs, les Alb-Bhed… les G-Forces maintenant.
"Si des Inspires ont pu échapper à ce sort, ils ont dû se cacher encore plus que… que les miens. Et avec les métissages et la diminution de leurs pouvoirs que ça implique, ce n'est pas étonnant que leurs descendants aient oublié leurs origines."
Reeve semblait abasourdi, contemplant le contenu de sa tasse d'un air atterré.
Et en même temps, soulagé.
"Je me suis demandé pendant des décennies ce que j'étais… Merci, Vincent."
"Je n'ai pas fini," reprit le brun avant d'augmenter le son du téléphone. "Les Al-Bhed et la disparition des Inspires… Ce n'était pas la première fois que quelque chose de ce genre arrivait."
"Les Mages noirs ? "
"Entre autres. Tu connais… l'histoire des Espers ? "
"Non. Mais tu en as parlé pendant l'expérience avec la G-force…" se souvint Reeve, "c'est ce qui a donné les matérias rouge, n'est-ce pas ? "
Vincent hocha la tête. Il admirait la mémoire de Reeve parfois, surtout avec la sienne qui battait la campagne selon les sujets, le moment ou les phases de la lune.
"C'est ça. Et la guerre des Magi ? Ça te dit quelque chose ? "
"Vincent, c'était il y a bientôt trois mille ans," nota Reeve.
"Pour les miens, c'est encore une histoire que l'on raconte pour dissuader les jeunes de se mêler trop aux humains."
Il fallait bien noter que ça n'avait pas marché dans son cas, mais après une enfance à parcourir les routes, il n'avait pas été ravi de passer sept ans enfermé à Daguerreo.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? " demanda Reeve.
"Il y a trois mille ans, un Empire a tenté de prendre le contrôle du monde en soumettant différents clans dotés de pouvoirs et capacités extraordinaires qu'ils nommaient les Espers," commença Vincent, "je n'irai pas dans les détails, mais les magicites… ou comme on les appellent maintenant, les matérias rouge… Chacune d'entre elles contient l'esprit et la magie… de l'un d'entre nous."
Reeve fronça les sourcils, réalisant petit à petit ce que ça signifiait.
"L'un d'entre nous ? Tu veux dire… comme les G-Forces ? "
"C'est exactement ça. Chaque fois que notre existence a été révélée à l'humanité de manière généralisée, ça c'est mal fini. La guerre des Magi a failli provoquer notre disparition, mais ce n'est pas la seule qui ait eu lieu. Il y a eu la guerre des machinas, Alexandria a créé les Mages Noirs pour se battre à la place des humains, la Calamité a décimé les Cetras, même les Sorcières sont liées aux Espers… A chaque fois… les archives sont détruites pour cacher de nouveau notre existence."
"C'est pour cela que je n'ai rien trouvé en faisant des recherches ? "
"Probablement."
Reeve se remit à réfléchir et Vincent le laissa faire, lui tendant un toast pour qu'il mange. Reeve était très intelligent et vif d'esprit et était probablement déjà en train de faire des liens entre tout ce qu'il savait, ce que Vincent lui avait révélé et ce qu'il pouvait deviner. Parler à Reeve lui rappelait parfois Hel dans ses meilleurs jours, quand son frère avait été motivé pour utiliser sa cervelle.
"Tout ce qui est invocations… ce sont des Espers, c'est ça ? "
"C'est ça. Mais Espers est le nom que les humains nous donnaient à l'époque."
"Et quel est celui que... nous nous donnons ? "
"Anciens."
Le toast tomba sur la couverture du lit.
"Vincent. Quoi."
"Avant que tu commences à paniquer, nous ne sommes pas des dieux," reprit Vincent en ramassant le toast pour le lui rendre. "les Anciens sont puissants et ont une très grande longévité, c'est vrai, mais ils restent mortels."
"Mais…"
"Les différents conflits les ont exterminés au point qu'ils ne sont plus assez pour perpétuer les clans. Des clans entiers ont disparu en même temps que les Cetras. D'ici quelques siècles, il ne restera des Anciens que les sang-mêlé."
"Comme toi."
"Et toi. Ce n'est pas si rare. Je suis sûr que rien qu'à Midgar, tu peux trouver des gens qui ont du sang d'Ancien dans les veines et qui l'ignorent, qui mettent leur limite sur le dos du hasard ou du talent."
"Mais pourquoi… pourquoi se mêler avec les humains ? "
"Avec qui d'autres ? Les chocobos ? "
"C'est un argument recevable, mais je n'avais pas besoin de l'image mentale, merci."
"Et ça dépend des Anciens. Je sais que Fenrir est… prolifique disons."
"Je n'ai pas besoin d'en savoir trop sur la vie sexuelle des Anciens ! Surtout ceux qui..."
"Avant que tu continues sur cette lancée," le coupa Vincent, "sache que les Anciens peuvent prendre une apparence humaine… ou du moins humanoïde."
Reeve sembla, faute d'un autre mot, soulagé et Vincent laissa échapper un petit sourire amusé avant de redevenir sérieux.
"Il ne me reste qu'une seule chose à te dire."
Reeve hocha la tête tout en grignotant son petit-déjeuner.
"Ce sont les règles : Ne jamais se révéler. Garder ses pouvoirs sous contrôle, ne pas les montrer. Et pour ceux qui désobéissent…"
"La mort ? " murmura Reeve, se souvenant des paroles de Vincent, à peine quelques mois plus tôt.
Vincent hocha la tête.
"Reste caché."
"Personne n'a rien remarqué en vingt-huit ans," rétorqua Reeve avant de prendre une gorgée de café, "c'est reparti pour vingt-huit ans supplémentaires."
"Je vais imiter Jessie quelques secondes," le prévint Vincent.
"Hu ? "
"La fatigue, le stress et les dangers favorisent les limites, essaye de lever le pied."
"Je te trouve un peu culotté de me sortir ça," rétorqua Reeve, jetant un regard moqueur à Vincent par-dessus sa tasse.
"C'est mon boulot. Pas le tiens."
Ils furent interrompus quand quelqu'un frappa à la porte.
"Entrez ? " répondit Reeve.
Aérith obéit, poussant la porte battante.
"Reeve, tu es présentable ? "
"Je suis en pyjama, je n'ai pas pris de douche depuis hier matin et j'ai des brûlures partout, pourquoi ? " s'enquit sarcastiquement Reeve.
"Le Vice-Président est là," expliqua Aérith.
"Tu veux une chemise ? " proposa Jessie en se penchant de derrière Aérith, levant un cintre devant elle.
"Mon père vous présente toutes ses excuses pour les accusations dont Avalanche a été la cible hier, ainsi que pour la situation désastreuse qui a suivi," déclara le Vice-Président, une fois Reeve peigné, la chemise enfilée et le plateau du petit déjeuner discrètement évacué par la fenêtre en même temps que Vincent[4].
Barret se tenait à côté de Reeve, bras croisés et fixait le jeune homme d'un regard froid. De l'autre côté de la pièce, Tseng veillait sur le Vice-Président avec la même expression.
"Je suis toutefois soulagé d'apprendre que vous vous êtes vite remis de vos blessures. La disparition d'Avalanche au grand complet a suscité bien des interrogations au sein de la Tour."
"Mes hommes sont un peu à cran en ce moment, ils ont voulu me mettre à l'abri le plus rapidement possible."
"Je comprends. Avec le décès brutal du Directeur Heidegger, l'organigramme de la société Shinra risque d'être un peu bousculé. Pour le moment, il est préférable que vous restiez à votre poste au Département du Planning Urbain, ainsi qu'à la direction d'Avalanche. Toutefois, vos décisions devront désormais être validées directement par le Président. Il vous en dira plus lors du prochain conseil, si vous êtes remis d'ici là."
"Je suis sûr que Mademoiselle Falmis et le Docteur Highwind-Mist y veilleront."
"J'ai entendu dire… que votre sniper avait trouvé des indices concernant le commanditaire de l'attentat. Il serait préférable que ces indices soient livrés au département des recherches administratives afin de faciliter l'enquête officielle."
"J'y veillerais, Monsieur le Vice-Président," promit Reeve avec un petit sourire.
"Je vais vous laisser vous reposer, Directeur. Lieutenant Wallace."
Avec un dernier salut, le Vice-Président se leva de sa chaise et sortit de l'infirmerie, laissant les deux hommes seuls.
"C'est quoi cette histoire d'indices ? " s'enquit Reeve à voix basse.
"Vincent. Lui et Yuffie ont récupéré deux boîtes de débris de la bombe et de micros."
"Ils avaient déjà remis des micros ? " soupira Reeve, "il va falloir les renvoyer à Shinra. Tu penses que Jessie aura le temps d'y jeter un coup d'œil ? "
"Je la mets dessus tout de suite," répondit Barret avant de poser la main sur l'épaule de Reeve, la serrant avec douceur, "content de te revoir en pleine forme."
"Merci, Barret."
"Avant de te laisser dormir" commença le colosse, ricanant quand Reeve baissa les mains vers le sol, protestant qu'il n'était pas un morceau de sucre dans un café bien noir. "Il faut qu'on décide ce qu'on fait."
"A quel sujet ? "
"Est-ce qu'on reste en état d'alerte prêt à sauter dans le Haut Vent au moindre regard de travers de Shinra ? "
"D'un côté, Shinra nous as a l'œil de plus près encore, mais de l'autre… Il nous a rendu notre indépendance pré-Heidegger. Et il va être très occupé avec la réorganisation des Turks, de la sécurité civile et des SOLDATs. On reste profil bas, on lui donne nos rapports précis avec empressement et on continue de laisser Vincent farfouiller discrètement dans les affaires tordues de Shinra."
"Ah, à propos de ça…"
"VINCENT MAKOTO VALENTINE ! QU'EST CE QUE TU AS FAIT A HEIDEGGER ? ! "
"Ah, tu es grillé," nota Yuffie.
"En effet, n'imites pas mes bêtises,[5]" admit Vincent en soupirant, s'excusant auprès de Gast et Ifalna, " je vous escorte chez vous dès que j'ai fini de me faire enguirlander."
"Prends-ton temps, Vincent, c'est rare, laisse-nous en profiter", le taquina Gast avec un grand sourire.
"C'est tout ce que tu as ? "
Le ferrailleur hocha la tête avec un petit sourire avant de désigner les caisses disposées sur le trottoir devant lui. Shera était agenouillée près de l'une d'elle, fouillant avec précaution pendant que Cid observait des débris d'épées posés sur un pan de plastique, à même le sol.
"Sur place, oui, j'en ai d'autres dans mon atelier, mais faudra passer commande."
"Il ferait peut-être mieux de prendre un manche à balai, il se débrouillerait mieux avec, " intervint Shera.
"Shiera ! " protesta Cid.
"Tu laisses ta femme te parler comme ça ? " s'étonna le ferrailleur.
Cid roula des yeux avant de tirer sur sa cigarette, jetant un regard las au ferrailleur.
"D'abord, c'est ma sœur, ensuite c'est traditionnel dans mon coin d'origine."
"Qui casse sa lance se fait chambrer ! " ricana Shera.
"Une lance ? " répéta le ferrailleur, "j'ai pas ça."
"Je sais, ici vous n'en avez plus que dans les musées, je cherche juste de quoi m'en faire une nouvelle."
L'homme changea sa propre cigarette de coin de bouche avant de se gratter le crâne, observant ses différentes caisses.
"Il te faut quoi ? "
"Un alliage suffisamment solide pour résister à sa force de brute, pas trop léger, ni trop lourd, qui puisse être affûté, qui ne risque pas de se tordre quand il tape avec, ni d'exploser au premier sort de gel et qu'il puisse réparer seul quand ça s'abime," répondit Shera en fouillant dans un des bacs du ferrailleur.
"Et à part ça ? "
"Un paquet de clopes, deux barres de chocolat et un ifrit cola," répondit Cid.
Le ferrailleur ricana mais secoua la tête.
"Désolé mec, mais ce genre de métal, c'est pas ici que tu en trouveras. On ferraille à Midgar, on forge pas."
"Ouais, je m'en doutais, mais je voulais essayer quand même."
"Pour du métal de bonne qualité, tu peux essayer autour des usines, mais fait gaffe, les troopers trainent là-bas et embarquent tous ceux qui dealent."
"Mon boss va me tuer si je me fais choper, tant pis, merci."
"De rien, je garde un œil ouvert, essaye de repasser dans quelques jours ! "
"C'est sympa, merci."
Shera se releva de sa fouille de la caisse, époussetant son pantalon, et rejoignit son frère, nouant son bras autour du sien pendant qu'ils s'éloignaient tous les deux, reprenant leur route vers le secteur huit.
"Il te faut vite une nouvelle arme."
"Je sais, je sais, j'espérais trouver quelque chose de correct à Wall Market."
"Il y avait bien la lance wutane à l'armurerie."
"Chère, pas assez d'encoches à matéria et trop courte… Je pourrais peut-être retirer la lame et la mettre sur une autre hampe cela dit…"
"Ou alors, on écrit à Freya pour qu'elle t'en trouve une."
"Si quelqu'un apprend qu'elle m'envoie une arme, elle risque d'avoir des ennuis."
"Fais lui confiance, elle est trop maligne pour se faire attraper."
"Me demande bien où elle a appris ça…" marmonna Cid avec une lueur malicieuse dans le regard.
"D'après toi ? " rétorqua Shera.
"Mamma," achevèrent-t-ils en chœur avant de ricaner d'un même souffle.
Estrela Mist avait très rapidement appris qu'à Burmécia, ses diplômes et son intelligence ne l'aideraient pas à lutter contre les préjugés des Burméciens envers une femme, divorcée, mère élevant seule sa fille et scientifique. Elle avait donc vite appris à élever la voix pour se faire entendre, à faire preuve d'une logique implacable contre les têtes de chocobos de montagne que sont les dragoons et, au besoin, à louvoyer avec doigté entre les règles et traditions de leur société.
Parfois, Shera se demandait ce que le père de Cid avait trouvé à sa mère pour la demander en mariage, lui accorder un statut de femme de chef de clan, et son soutien indéfectible.
L'inverse était aussi valable. Elle ne comprenait pas ce que sa mère trouvait à Kaïn. Il était, certes, un valeureux chevalier et encore bel homme pour son âge, mais aussi fier, borné et revêche que...
Que son fils.
Et que Shera, heureusement.
"Qu'est-ce qui s'est passé à Nibelheim ? " demanda Shera en Burmécien.
"Shera, t'es un bouledogue quand tu veux."
"Parce que je ne lâche pas ma proie ? "
"Et que tu es courte sur patte aussi," rétorqua son frère.
"Crache le morceau."
Cid soupira. Ouaip. Un bouledogue. Génétiquement modifié pour avoir une mâchoire en piège à ours.
" J'ai vu un putain de loup géant parler aux jumeaux, même que Zack a été poli. J'ai vu un truc qui est censé être une cetra morte depuis des millénaires et que tu soupçonnes d'être la raison pour laquelle les squames existent. J'ai vu la chambre que le docteur Crescent avait aménagée pour élever son fils. J'ai vu le laboratoire où Vincent a été torturé et le cercueil où il a passé trente ans emprisonné."
Shera serra la main sur le bras de son frère.
La plupart des gens ne la croyait pas quand elle disait que l'empathie de Cid le tuerait un jour. Surtout parce que personne ne croyait que Cid avait de l'empathie après leur première rencontre avec lui. Il avait soigneusement appris à ne pas le montrer, merci à son père, et désormais, il fallait un bon moment avant qu'il ne décide que vous étiez adopté et qu'il faisait de vos problèmes SES problèmes.
Quand ils n'étaient qu'ingénieurs et pilotes, ça n'avait pas posé de soucis. Il n'y avait que Setzer et Darill dans leur petit groupe et même si Darill avait immédiatement accepté l'adoption par Cid, Setzer avait lutté plus longtemps avant de daigner se laisser faire.
Après leur mort, Cid avait été déterminé à ne pas s'attacher à l'équipage du Lady Luck.
Shera avait vu le résultat.
Encore une fois, deux morts, dont un beaucoup trop proche de Cid, et un nouveau vol que Cid protégeait comme une maman dragon.
Et Cid était bien partie pour intégrer une grande partie d'Avalanche dans ce vol.
"Tu as vu les photos de son dossier ? " demanda Cid, la coupant dans ses réflexions.
"Lesquelles ? "
"J'ai lu que les premières pages."
"Tu as bien fait," soupira Shera en lui serrant le bras.
"Il faut encore qu'il reprenne du poids."
"Au moins dix kilos. C'est pour ça que tu essayes de le gaver de chocobonbons ? "
"C'est le seul truc qu'il mange sans réfléchir."
"Tu t'impliques trop."
"Ouais."
Shera dévisagea son frère avec surprise, stoppant net et l'obligeant à faire de même. Il lui jeta un petit regard et haussa les épaules.
"Quoi ? Je le réalise, c'est bon, je suis pas SI têtu."
"Marquez ce jour d'une pierre blanche," rétorqua sa sœur.
"Bon tu veux que je sois honnête ? Ok, si Vincent veut baiser, mon lit est grand ouvert[6]."
Shera lâcha le bras de son frère pour lui plaquer une main sur la bouche et l'autre à l'arrière du crâne.
"SIDDHE ! On est dans la rue ! "
"Et personne ne comprend le Burmécien ici," lui rappela Cid en lui baissant la main, le regard malicieux.
"Merci de ta franchise..."
"C'est tout ou rien sur ma vie sexuelle, Shiera. Mais je te rassure, ça n'arrivera pas."
"Vraiment ? "
"Pour commencer : Il est hétéro."
Shera roula des yeux en reprenant le bras de son frère.
"J'en connais au moins un que ça n'a pas arrêté," rétorqua-t-elle.
"Et, je me répète, Edgar a fait le premier pas ! C'est quoi ton problème avec lui au juste ? "
"Pas avec lui précisément, mais tu venais de plaquer Nooj et tu t'embarquais dans une autre relation tête baissée."
"C'était pas la seule chose qui était baissée."
"Je vais te frapper," le menaça calmement Shera.
"Essaye, tu te feras mal et ça me fera marrer."
Elle le frappa.
Elle se fit mal.
Il se marra.
"Et puis... il est toujours amoureux d'elle."
"Le Docteur Crescent ? "
Cid hocha la tête.
"Tu es sûr ? "
Son frère laissa échapper un rire caustique.
"Oh, putain, oui."
"Tu sais ce qui s'est passé entre eux ? "
"J'ai pas les détails… Il m'a juste dit qu'elle lui manquait et… du coup… je ne comprends pas sa réaction avec Madame Falmis."
"De quoi parles-tu ? "
"Il a fait une crise de panique en la voyant. Apparemment elle ressemble beaucoup au Docteur Crescent. Pourquoi aurait-il peur de la femme qu'il aime ? "
Shera n'avait vu que des photos du Docteur Crescent, mais elle avait remarqué la ressemblance. En fait, elle avait plus remarqué la ressemblance avec Aérith, mais elle connaissait mieux la guérisseuse que sa mère. Même les recherches de Jessie sur le professeur Crescent n'avaient rien donné à son sujet. Avant son arrivée à la Shinra, la seule chose que leur opératrice avait trouvé était un diplôme de l'université de Galbadia. Elle n'avait trouvé ni certificat de naissance, ni dossier médical, Lucrécia Crescent semblait s'être matérialisée à Midgar à l'âge de vingt et un ans.
Et avait disparu tout aussi mystérieusement, à peine quelques années plus tard.
Shera soupira et posa la tête sur l'épaule de son frère.
"Tu t'impliques trop."
"Je veux l'aider…"
"Pourquoi tu ne pouvais pas avoir un faible pour les bureaucrates, hein ? "
"C'est ça, pourquoi pas un cadre de la Shinra tant qu'on y est ? "
"Et pourquoi pas Reeve ? "
"Est-ce qu'on connaît l'orientation sexuelle de Reeve au moins ? "
"Ouais : Travailler."
"On ne va bientôt plus pouvoir aller sur le toit," soupira Vincent.
Cid ricana tout en lui tendant les mugs par la fenêtre, laissant le sniper accroupi sur le toit les prendre avant d'escalader à son tour. La chaleur de leurs boissons montait en deux volutes paresseuses dans l'air frais et Vincent portait sa veste alors que Cid était toujours en tee-shirt.
"Parle pour toi, je trouve ça vivifiant."
"Tout le monde n'est pas un homme des montagnes," rétorqua Vincent en lui rendant sa tasse de thé avant d'aller s'asseoir à leur place habituelle, juste assez loin vers la cour pour que les photographes en planque ne les voient pas une fois qu'ils étaient tous les deux allongés sur le métal.
Octobre s'achevait. Enfin.
Vincent avait fêté son cinquante-huitième anniversaire, ou plutôt son vingt-huitième plus trente (Aérith avait insisté que ce serait plus sain pour sa santé mentale de voir les choses comme ça), Reeve avait repris le travail, le nouveau Grand Chambardement se passait relativement confortablement pour Avalanche et pour l'instant, Hojo n'avait pas reparu.
Ce qui, du point de vue de Vincent, n'était probablement pas bon signe.
Ni du point de vue de Basch, d'ailleurs, que Cid avait retrouvé au bar des amis de Barret[7] récemment, pour un debrief non-officiel autour d'une bière, quelques jours plus tôt. Vincent avait été présent, ainsi que Vossler, et il s'était fait à nouveau réprimander pour son sale tour à Heidegger.
Vincent l'avait aimablement toléré avant de demander à Vossler ce qu'il aurait fait s'il avait été à sa place et que c'était Basch qui avait été blessé.
Vossler était resté bouche bée, et avait fini par offrir une bière à Vincent en guise d'offrande de paix.
Au grand dam de Basch, il était pressenti pour devenir le nouveau directeur du département des SOLDATs, tandis que Tseng avait, bien logiquement, été nommé directeur des recherches administratives.
Autrement dit, des Turks.
Il commençait d'ailleurs à recruter à nouveau et avait envoyé une proposition à Vincent par l'intermédiaire d'Elena.
Il avait poliment mais fermement refusé.
Elena avait soupiré de soulagement.
En attendant que les squames réapparaissent, Avalanche, les Turks et les SOLDATs travaillaient de concert pour sécuriser le mur d'enceinte, cherchant tous les accès que les squames auraient pu utiliser ces derniers mois.
Et ils s'étaient aperçus qu'il y avait du travail.
Ils venaient tout juste d'achever de fouiller et reboucher un accès au niveau du secteur 3 et tout le monde était légèrement ronchon que ça ai pris autant de temps pour être découvert.
"Si ça avait été repéré avant, ça nous aurait évité bien des emmerdes," grommela Cid.
"Les Remnants peuvent toujours entrer grâce aux couloirs des ténèbres," objecta Vincent.
"Ouais, mais je sais pas ce qui est pire : Une dizaine de squames moyennement méchants ou un taré surpuissant et génétiquement modifié ? "
Vincent admit le point. Jusqu'à présent, les Remnants n'avaient pas attaqué directement, se contentant de planifier les attaques, faire venir les squames ou, dans le cas de Xehanort, intervenir ponctuellement.
Il avait d'ailleurs un compte à régler avec le Sorcier (et ça, c'était un mot que Vincent n'aurait jamais pensé utiliser) et avait commencé à s'entraîner régulièrement avec Yuffie à tenter de contrecarrer l'utilisation des sorts d'évasion.
Yuffie était très très douée avec et même avec ses augmentations mako, Vincent avait parfois du mal à l'attraper.
Squall n'avait aucune chance d'y arriver et restait désemparé chaque fois que Yuffie s'amusait à danser autour de lui, apparaissant et disparaissant trop vite pour qu'il arrive à l'attraper.
Pour l'instant, il n'y avait rien d'autre à faire.
Sécuriser Midgar.
S'entraîner pour arriver à contrer les Remnants.
Réétudier les dossiers des missions passées.
Et glander sur le toit de Seventh Heaven.
"J'ai regardé Wutai Sud sur la carte, c'est montagneux pourtant…"
"Le climat est subtropical, il fait rarement moins de vingt degrés en hiver, sauf sur les pics les plus hauts," expliqua Vincent.
"Je n'ose pas demander la température en été. Et Gongaga ? "
"Pareil. Mais encore plus humide. Burmécia ? "
"Oh, en été on peut atteindre les vingt degrés quand il n'y a pas trop de vent," répondit Cid avec un sourire moqueur.
Vincent se contenta de fourrer son nez dans le col de son manteau en réponse, sentant venir de Midgar le froid de Burmécia.
"Pauvre petit gars du sud," ricana Cid.
"Au moins, je peux rajouter des épaisseurs si j'ai froid, tu étais à la limite de l'indécence en août."
Cid ricana dans sa tasse de thé. Autant Vincent, Red et Yuffie n'aimaient pas le froid, autant Cid, Aérith et Shera dans une moindre mesure, avaient simplement fondus pendant l'été.
La longueur de leurs vêtements aussi et Vincent avait eu la surprise de trouver Cid en caleçon dans le garage certains matins, endormi sur le béton ou dans le hayon de la Chocomobile, sur les surfaces les plus froides possible.
Voir Aérith en bikini dans l'infirmerie avait presque été moins surprenant.
Les jumeaux ? Jean et tee-shirt toute l'année. Avec une moitié de vie à Gongaga et l'autre à Nibelheim, ils étaient parés pour tous les climats.
Les habitants des Taudis prenaient la vague de froid avec leur flegme habituel, en rajoutant des rideaux à leurs fenêtres, une couche de pull à leur tenue et des braseros dans les rues. Vincent admirait leur résilience et avait doublé sa consommation de café pour survivre.
Il replongeait le nez dans sa tasse quand il entendit des cris et des exclamations venus de la rue. Il s'assit, ouvrant l'oreille. Ça ne semblait pas être des cris de peur ou d'horreur, ni de colère. Il entendait de l'étonnement, de la surprise, de l'émerveillement, même.
"Qu'est-ce qui se passe cette fois ? " demanda Cid en levant le nez vers Vincent.
Le sniper se leva, tourné vers la rue et l'origine des exclamations.
"Oh… Ça, ce n'est pas courant," murmura-t-il en approchant de l'autre bord du toit.
En bas, dans la rue, une dizaine de chevaliers en armure approchaient, leur présence étant complètement anachronique dans la rue du taudis. Ils avançaient d'un bon pas, presque silencieux malgré leurs armures, en rangs serrés autour d'un homme en robe de prêtre.
Vincent n'avait jamais vu de chevaliers. Même à son époque, les armures étaient déjà détrônées par les armes à feu sur les champs de bataille, seuls les nobles d'Alexandria et de Bevelle en avaient portés pour les grandes occasions et il n'était même pas sûr que ce soit toujours le cas trente ans plus tard.
Ces chevaliers ci ne portaient pas une armure de parade. Bien qu'en bon état, il pouvait voir que les pièces avaient des traces d'usure, quelques-unes avaient été réparées, voire remplacées et semblaient plus neuves que d'autres.
Mais il sut tout de suite de qui il s'agissait.
Les lances étaient un indice flagrant.
"Cid… Il y a des dragoons qui arrivent vers Seventh Heaven."
Il y eut un bruit métallique et Vincent tourna la tête à temps pour voir Cid se relever d'un bond, sa tasse roulant sur le toit en répandant son thé. Il arriva près de Vincent, jetant un regard paniqué dans la rue.
Un des dragoons, portant une armure bleue, leva la tête à ce moment-là.
"Skìtt[8] ! " s'exclama Cid en entamant un demi-tour précipité.
Il n'eut que le temps de faire deux pas.
Le dragoon en armure bleue atterrit derrière lui, le saisissant par le col, interrompant son élan pour sauter au loin.
Vincent admit plus tard que sa réaction avait peut-être été un peu disproportionnée, mais il n'avait pas survécu jusque-là en laissant quelqu'un maltraiter ses amis et collègues.
Il tenta d'attraper le dragoon par le bras et lui faire sa fameuse prise.
Il avait malheureusement sous-estimé l'angle d'articulation de l'armure qui l'empêcha de tordre le bras de son propriétaire, ainsi que le fait que le dragoon se défendrait d'un coup d'épaule en plein torse qui l'envoya par-dessus bord.
Vincent atterrit heureusement sur le toit de l'annexe médicale et resta quelques secondes le souffle coupé, à fixer les ventilateurs de la plaque qui se dédoublaient.
Visiblement, Cid n'était pas le seul dragoon à cogner aussi fort.
"Vince ? ! ! "
Il vit deux ou trois Cid apparaître au bord du toit, le fixant d'un regard inquiet avant que le chevalier ne le saisisse à nouveau par le bras et descende dans la cour d'un bond, l'entrainant à sa suite.
"Cid ! " appela Vincent, essayant de basculer sur le côté en reprenant son souffle.
Rien de cassé visiblement, mais le toit de l'annexe était légèrement enfoncé à son point de chute. Il arriva à se redresser à quatre pattes à temps pour voir les jumeaux bondir hors de la fenêtre de leur chambre, alarmé par le bruit de bagarre au-dessus de leur tête. Le chevalier en armure eut à peine le temps de lâcher Cid et se camper sur ses jambes que Zack l'avait percuté de plein fouet.
Heureusement son armure le protégea un peu du choc et il parvint à garder son équilibre, s'apprêtant à contre-attaquer de sa lance.
Cette fois, ce fut Cid qui intervint, retenant l'arme par la hampe tout en s'interposant devant le chevalier.
"NEI ! "
Cloud freina avant de percuter les deux Burméciens et se retint à son frère qui reculait de surprise, manquant de les envoyer tous les deux au sol.
"C'est mon père ! " s'exclama Cid en tendant l'autre main, retenant Cloud par le col.
"Quoi ? " rétorqua Zack, fort rapide ce jour-là.
"Je t'expliquerais ! " déclara Cid avant de lâcher la lance du chevalier, se tournant vers lui avec un regard furieux. "Er EKKI í lagi að ráðast á þjófnaðinn minn ? [9]"
Vincent sentit que ça allait être une de ces journées ou il allait regretter de s'être levé. Il arriva à se redresser et parvint à descendre en s'agrippant au bord.
Il touchait à nouveau le sol quand la porte de l'annexe s'ouvrit sur Shera.
"C'était quoi ce bruit ? Vous êtes tombé du toit ? " s'inquiéta-t-elle en voyant Vincent essayer de reprendre son souffle.
"Dragoon," souffla Vincent, montrant le chevalier et Cid, dans la cour, en train de se crier mutuellement dessus dans leur langue natale sous le regard confus des jumeaux.
Shera se tourna vers son frère et devint blafarde en quelques secondes.
"Faðir ? ! "
Le chevalier cessa de crier quelques secondes, le temps de saluer Shera d'un signe de tête.
"Shiera."
Vincent attrapa la femme par le coude, sans cesser de masser son ventre de l'autre main.
"Il y en a d'autres qui arrivent dans la rue…"
Shera écarquilla les yeux et sembla hésiter, paniquée avant de se tourner vers les jumeaux.
"Empêchez Elmyra de les inviter à entrer ! Vite ! "
Voir Shera dans cet état et entendre Cid se disputer avec le chevalier persuadèrent Vincent d'obéir et il retourna dans Seventh Heaven par la porte arrière, aussi vite qu'il pouvait, collant aux basques des jumeaux.
Il y avait déjà un chevalier dans Seventh Heaven, vêtu d'une armure rouge décorée d'écailles de dragon et Elmyra était en train d'ouvrir la porte un peu plus grande pour faire entrer les autres.
Elle poussa un cri de surprise quand Cloud la ferma du plat de la main, apparaissant à ses côtés en un éclair.
"Cloud ! Qu'est-ce qui…"
"Shera... a dit de ne pas... les inviter à entrer," répondit Vincent avant de se tourner, jetant un regard circonspect au dragoon qui se tenait déjà dans la pièce, raide comme un piquet.
"Ça va ? " demanda Zack en réalisant que Vincent ne semblait pas en bonne santé.
"Tombé du toit," répondit Vincent, se retrouvant immédiatement pris en charge par Aérith.
"Que se passe-t-il ? " demanda Reeve en arrivant à son tour attiré par le vacarme.
"Dragoon burmécien," répondit Cloud.
"On en a un dans la cour qui s'engueule avec Shera et Cid, continua Zack, " Shera dit de ne pas les laisser entrer."
"Par où est la cour ? " s'enquit le dragoon en commun d'une voix timide.
Tout le monde se tourna vers elle.
Personne ne s'attendait à ce que le chevalier ait une voix aussi jeune et féminine, sans la moindre trace d'accent Burmécien. Elmyra désigna la porte de derrière et elle s'inclina poliment en guise de remerciement avant de se précipiter aussi calmement que possible à l'extérieur.
Shera ne plaisantais pas au sujet du volume sonore de deux Burméciens en colère, nota Vincent quand elle ouvrit la porte avant de se mettre à crier en Burmécien.
"Père ! Qu'est-ce qui t'a pris ? "
"Freya, ce n'est pas le moment ! "
"Freya ? Qu'est-ce que tu fiches là ? ! "
La discussion dégénéra en une dispute à quatre voix entre les deux hommes et les deux femmes, attirant le reste d'Avalanche sur le porche.
"Shera, qu'est-ce qui se passe ? " demanda Reeve.
La biologiste cessa de crier quelques instants le temps d'expliquer la situation ou ce qu'elle en savait.
"C'est… Notre père et notre sœur ! Je m'en charge, laissez-nous juste quelques minutes et… Siddhe, Père, baissez le ton, je cause ! "
"Faut qu'on les arrête vous pensez ? " demanda Zack.
"Je ne m'en mêle pas," déclara sagement Vincent pendant qu'Aérith palpait ses côtes.
"Avec un tuyau d'arrosage, peut-être ? " suggéra Jessie.
"Jessie ! " protesta Elmyra.
"Je n'aime pas ça," murmura Aérith, les sourcils froncés en une expression soucieuse.
"Pourquoi ? " demanda Barret.
"Ils sont bouleversés. Tous les quatre."
"Allez chercher des matérias temporelles avec stop, au cas où," ordonna Reeve sans quitter la famille du regard.
"Mais enfin, Père c'était d'une impolitesse RARE ! " s'exclama Freya en portant les mains à ses tempes.
"Parce qu'il est connu pour sa politesse ? " rétorqua Cid.
"Siddhe, ta gueule," gronda leur père.
"Tu n'as rien à faire ici, bordel ! Tu n'as même pas demandé l'autorisation d'entrer à la maîtresse de hall ! "
"Je suis d'accord avec Siddhe ! " renchérit Shera.
"Oh, Bahamut," marmonna Freya, "c'est une violation flagrante des règles de l'hospitalité, on ne saute pas dans la cour de quelqu'un sans avoir demandé d'abord ! "
"Mes filles, vous ne me simplifiez pas la vie ! "
"Tu ne nous simplifies pas la nôtre ! " rétorqua Shera avant de fouiller ses poches, "attends un peu que Maman l'apprenne ! "
Elle composa un numéro rapidement, sans cesser de foudroyer son père du regard.
"Tu vas voir ce que tu…"
Une mélodie s'éleva de l'armure de son père, coupant les récriminations des trois enfants. Shera regarda le dragoon d'un air abasourdi avant de fourrer son téléphone dans sa poche sans raccrocher, tendant les mains vers son armure.
"Non, mais, je rêve ! " s'exclama-t-elle, tirant sur les boucles de fixation de l'armure jusqu'à pouvoir les défaire et glisser sa main sous le plastron.
"Shiera, poussin à lunettes," soupira son père pendant qu'elle fouillait les vêtements en dessous.
La biologiste sortit un vieux PHS et dévisagea leur père d'un air furieux.
"Tu as piqué le PHS de Maman ? ! " s'exclama Cid, pendant que leur sœur poussait un gémissement d'embarras.
"Tu n'as pas HONTE ? ! " s'exclama Shera en brandissant le vieux PHS comme une arme.
"Personne n'est sortable dans cette famille," gémit Freya.
"Il fallait que je parle à Siddhe sans que votre mère le prévienne de filer se cacher comme elle le fait d'habitude ! "
"Ah, tu as fini par le comprendre," grommela Cid.
L'homme poussa un soupir rageur avant de lever les mains à son casque, défaisant les attaches pour le retirer et pouvoir faire face à son fils.
"Oh, wow," souffla Jessie, "c'est le père de Cid ? Canon ! "
"Jessie ! " protesta Biggs.
"Il a bien vieilli," renchérit Zack.
"Il est jeune pour être le père de Cid, non ? " murmura Elmyra.
Kaïn Haifin était un bel homme d'une petite cinquantaine d'années, aux longs cheveux encore blonds, rassemblés en queue de cheval. Mais là où Cid était petit et baraqué, son père était grand et élancé, aux traits beaucoup plus fins malgré son âge[10]. Même en tenant compte du nez cassé de Cid, Vincent ne voyait pas la ressemblance entre eux.
Et Cid était de plus en plus agité, cherchant à s'éloigner des deux dragoons, sans que son père ne le laisse faire, l'attrapant régulièrement par le bras pour l'empêcher de prendre son élan.
"Siddhe, je dois te parler, c'est très important."
Cid fit un geste furieux englobant la cour.
"Et ben tu es là, vas-y, parles ! Et ensuite barre-toi ! "
Son père jeta un regard à Avalanche qui les observait, puis à ses deux filles qui n'attendaient qu'un mot de sa part pour l'étriper vif. Il posa la main sur le bras de son fils, essayant de l'entraîner un peu plus à l'écart, mais Cid s'enracina sur place, refusant de bouger.
"Siddhe."
"Je t'écoute."
"Siddhe, " réessaya son père d'un ton plus hésitant, " c'est… c'est important, il faut que tu reviennes à Burmécia."
"Certainement pas ! " rétorqua Cid en se dégageant.
"Pas moyen ! " renchérit Shera.
"Père ! " protesta Freya," s'il fait ça il risque d'être…"
"Attends, tu es au courant ? ! " s'exclama Kaïn en se tournant vers sa plus jeune fille.
"Siddhe m'a écrit pour m'expliquer et encore heureux parce que si je devais attendre que VOUS m'expliquiez pourquoi mon frère a dû fuir sa propre ville natale, je l'apprendrais sur votre lit de MORT ! "
"Tu parles de ce genre de chose à ta SŒUR ? " s'offusqua Kaïn en désignant sa benjamine.
"C'est ça où elle m'invitait à son mariage ! " protesta Cid.
"Est-ce qu'on pourrait revenir sur POURQUOI tu veux soudain que Siddhe retourne à Burmécia ? " s'exclama Shera, brandissant toujours le vieux PHS sous le nez de son père.
"Mes filles, vous ne devriez pas écouter. Retournez à l'intérieur."
Shera et sa sœur échangèrent un regard outragé, et bien que Freya portait encore un casque qui cachait ses traits, elles semblèrent communiquer parfaitement et croisèrent les bras d'un même geste entêté.
"Si ça concerne Siddhe, ça nous concerne toutes les deux," déclara Shera pendant que Freya acquiesçait.
"Je ne retourne pas là-bas," répéta Cid entre ses dents, " je me ferais buter en moins de dix minutes, si je suis pas assassiné en route."
Kaïn grimaça à cette idée et glissa son casque sous son bras, tentant à nouveau de faire s'éloigner son fils dans un coin de la cour.
"Siddhe, je te protégerais, je te jure que personne ne te fera le moindre mal."
"Ah ? Tu as enfin décidé d'être un vrai père ? " rétorqua Cid d'un ton venimeux.
"Oh, Bahamut et toutes ses couilles, Siddhe ! Je ne suis pas ton père ! "
"Qu'est-ce qui se passe ? " s'enquit Zack quand un silence inopiné tomba sur la famille Haifin.
"Rien de bon," jugea Vincent en commençant à descendre les marches du porche.
"Quoi ? " murmura Cid.
"Père, qu'est-ce que c'est que cette histoire ? " s'exclama Freya pendant que Shera portait ses mains à sa bouche, horrifiée.
"Ecoute," reprit Kaïn, "je vais tout t'expliquer, mais ce n'est ni le lieu, ni l'endroit. Tu dois revenir à Burmécia, ton père souhaite te parler."
L'instant d'après, le sol tremblait sous le coup de pied que Cid assena dessus. Le vieux chevalier fit un pas en arrière, évitant les fissures qui s'ouvrait dans la terre sèche. Déséquilibré, il n'eut pas le temps d'esquiver le poing de Cid.
Shera poussa un cri de surprise quand l'homme décolla sous la force de Cid, pendant que leur sœur se précipitait pour le retenir.
Aucune ne put intercepter Cid quand celui-ci fit un pas de côté, se tournant avant de décoller d'un bond, disparaissant par-dessus le mur du fond de la cour.
"SIDDHE ! CID ! Revient ! " s'exclama Shera.
"Shera, que se passe-t-il ? " demanda Vincent en arrivant près d'elle.
La biologiste se tourna vers Vincent, visiblement paniquée et l'attrapa par le devant de son pull.
"Vincent ! Il faut le retrouver, vite, avant qu'il fasse une bêtise ! "
"J'y vais," répondit Vincent, décrochant sa main avec autant de douceur qu'il pouvait.
"Cloud, Zack, suivez-le ! " ordonna Barret, "Red, tu viens avec moi, Vincent, prends ta moto et fais le tour du quartier ! "
"Oui, Barret ! " s'exclama Zack avant de suivre son frère dans la direction où avait disparu Cid, escaladant aisément le mur.
"Prenez vos armes et matérias ! " leur rappela Reeve pendant que ses hommes s'essaimaient dans la caserne.
Aérith avait déjà franchi les quelques marches du porche et s'agenouillait près du chevalier, l'auscultant rapidement.
"Depuis quand Siddhe cogne aussi fort ? " grommela Kaïn en portant la main à son visage tuméfié.
"Tu sais très bien qu'il frappe toujours plus fort quand il est en colère ! " s'exclama Freya, "et c'est QUOI cette histoire ? ! "
"Shera, tu peux leur demander s'il a des symp..."
"IL PEUT RÉPONDRE LUI MÊME ! " Hurla Shera.
"Mais Shera, s'il ne parle pas commun..." commença Aérith, déstabilisée par l'éclat de voix et la colère de son amie.
"Je parle commun," répondit Kaïn, bien qu'avec un accent étrangement mêlé de burmécien et d'alexandriote[11].
"Parfait, suivez mon doigt du regard..."
"Père ! C'est quoi cette histoire ? ! " réclama Freya en le secouant par le bras.
"Mademoiselle," risqua Elmyra en se penchant sur elle, posant ses mains sur ses épaules pour la relever, "venez, laissez Aérith soigner votre ami. Shera, vient, je vais vous faire du thé."
Il fallut qu'elle appelle Shera à plusieurs reprises avant que la biologiste la suive, serrant le bras de sa sœur contre elle.
Et même une tasse de thé ne les calma pas.
Quand, une heure plus tard, Vincent revint à Seventh Heaven, il était bredouille.
La troupe de dragoons avait disparu, ne laissant qu'un seul d'entre eux, en armure verte, qui attendait sur le porche, piteusement assis sur les marches, sous le regard intrigué des gamins de la rue formant un large cercle autour de lui, curieux de le voir en armure, mais trop méfiants pour oser le toucher. Il regarda la moto ralentir puis s'arrêter devant le garage mais ne se leva pas, reposant juste sa lance sur son épaule.
Shera rejoignit Vincent au garage, ayant entendu le moteur de la Daytona.
"Tu l'as trouvé ? "
Vincent secoua la tête tout en achevant de pousser sa moto à sa place. Il avait interrogé quelques voisins avant d'aller terroriser les photographes installés sur le toit d'en face. Ceux-ci avaient avoué qu'ils avaient vu Cid faire deux ou trois sauts au-dessus des toits, mais ils n'avaient pu lui donner que la direction approximative qu'il avait prise.
"Tout ce que je sais, c'est qu'il est parti vers la gare, mais personne ne l'a vu là-bas."
"Il est pieds nus, il n'a ni son PHS ni son portefeuille, il compte faire quoi ? ! " s'exclama Shera.
Vincent lui attrapa délicatement la main au vol et la serra doucement.
"Shera, calme-toi, on va le trouver."
"Shiera ? Ils l'ont retrouvé ? "
La benjamine de la famille Highwind avait retiré son armure en attendant le retour d'Avalanche et ne portait qu'un pantalon resserré sous les genoux, ainsi qu'une tunique Burmécienne et une écharpe colorée ceinte autour de ses hanches. Elle ne devait pas être plus âgée que les jumeaux ou Aérith, et était même quelques centimètres plus grande que Cloud.
Et elle ne ressemblait pas à son frère. Elle avait des cheveux blanc et lisse, coupés aux épaules, des yeux verts et était aussi élancée que leur père.
Elle ne ressemblait pas non plus à Shera, réalisa-t-il après un rapide regard à leur légiste. Il avait cru comprendre que Freya était leur petite sœur, mais elle n'avait pas l'air d'être métisse.
"Shiera ? " répéta la jeune femme.
"Il a disparu," répondit Shiera avant de lâcher Vincent, croisant les bras.
Vincent commençait à comprendre pourquoi ça agaçait autant Barret quand Yuffie et lui parlaient Wutan.
"Qu'est-ce que vous faites là ? " finit par reprendre Shera d'un ton fatigué.
"Je ne suis pas sûre," admit sa cadette en lissant nerveusement ses cheveux d'une main.
"Est-ce que c'est à cause de la lettre ? Pour la lance ? " demanda Shera, une pointe d'anxiété dans la voix.
"Non, non ! " protesta la jeune fille, "j'ai été prudente, je l'ai cachée dans mes tampons, personne ne la trouvera, même Fratley."
"Dans tes... " commença Shera avant de laisser échapper un rire nerveux.
"Hé, si ça marche, je ne vais pas changer de méthode," rétorqua sa jeune sœur avec un sourire qui ressemblait à ceux de Cid, avant qu'elle ne se rembrunisse soudain. "Un messager est venu à Burmécia. Il était envoyé par l'Ancien de la Montagne."
"Fenrir ? "
"Oui. Mais… je n'étais pas présente, tu sais comment sont les Öldungar avec la présence d'une femme au conseil."
Shera poussa un soupir rageur en repoussant ses lunettes pour se frotter la base du nez. Oui, elle savait. Elle avait vu leur mère se bagarrer avec les Aînés suffisamment pour savoir à quel point ils étaient bornés. Plus encore que la moyenne des Burméciens.
Ce devait être un critère de sélection à ce niveau.
"Et après, les Öldungar ont ordonné qu'on retrouve Siddhe de toute urgence. Père a réussi à insister pour que nous venions à Midgar aussi et je voulais essayer de vous prévenir mais…"
"Uh, Shera ? " fit Vincent.
"Histoire de famille, Vincent, je ne traduirais pas," rétorqua son amie d'un ton las.
Vincent posa sa main sur son coude, essayant de la tourner vers lui avec délicatesse. Elle lui cachait quelque chose, il pouvait presque le sentir, mais si elle préférait en parler à sa sœur en Burmécien plutôt qu'en Commun, elle n'allait certainement pas lui dire le problème de visu.
"Shera…"
"Qu'est-ce que vous faites à ma fille ? " gronda une voix d'homme.
Visiblement, Aérith avait décidé que le chevalier ne méritait pas d'être entièrement guérit et il avait encore des traces d'un impressionnant œil au beurre noir. Comme sa fille, il ne portait plus son armure ceci dit, juste une tunique et un pantalon burmécien et cela confirma ce que Vincent avait déjà vu.
Lui et Cid ne se ressemblaient pas.
Ni par le visage, ni par la stature, et même s'ils étaient tous les deux blonds aux yeux bleus, les nuances étaient différentes.
"Kaïn, je ne suis ni une enfant, ni une vierge," grommela Shera avec un regard assassin.
"Je dois te lâcher ? " demanda Vincent.
"Là, rien que pour le faire chier, je te demanderais presque de me mettre la main au panier," rétorqua Shera.
Ouf. Et dire qu'il pensait avoir une relation conflictuelle avec son père.
"Il ne reste qu'un dragoon dehors, qu'est-ce qu'il fait là ? " demanda-t-il, tentant de détendre l'atmosphère en changeant de sujet.
Les deux dragoons le fixèrent avec stupéfaction. Ou du moins, Freya le fit, leur père avait visiblement un meilleur contrôle sur ses émotions que ses enfants.
"Un dragoon ? "
"Oui, armure verte, lance avec une lame courbée..." commença à décrire Vincent.
"Fratley ! " glapit Freya avant de sortir du garage en courant.
"Son fiancé," expliqua Shera avec un soupir quand Vincent l'interrogea du regard.
"Je pars chercher Siddhe," déclara le vieux dragoon en se tournant de nouveau vers le vestiaire.
"Tu as," commença Shera en commun avant de reprendre en Burmécien, "tu as intérêt à prendre congé d'Elmyra poliment ! "
"Oui ! " répondit son père d'un ton agacé.
Shera poussa un soupir rageur avant de tapoter le bras de Vincent pour qu'il la lâche. Elle alla à la porte du garage, se penchant pour interpeller sa sœur.
"Freya ! Sire Haifin part à la recherche de Siddhe ! "
"Oh, glaire de dragon[12] ! Fratley, je vais chercher mon armure, je reviens."
La jeune femme revint, s'attachant rapidement les cheveux pour pouvoir remettre son casque et rejoignit son père dans le vestiaire.
Par curiosité, Vincent les suivit.
Les deux armures avaient été déposées dans le vestiaire, soigneusement rassemblées en un tas compact. C'est là que Vincent réalisait que ce n'était pas des objets d'apparat. Tout était fait dans ces armures pour être utilitaire au maximum, les seules décorations étant les gravures imitant les écailles de dragons.
Shera se tenait près de sa sœur qui remettait son armure rapidement, aidée par Shera pour ajuster quelques sangles. Il fallait que Vincent donne quelques cours de pickpocket inversé à Shera. Elle n'avait pas vraiment été discrète pour rendre le vieux PHS à sa sœur, mais heureusement, leur père était lui aussi en train de s'équiper et, plongé dans ses pensées, n'avait pas vu la manœuvre de ses filles.
"Soit prudente et embrasse Mamma dès que tu la verras, d'accord ? Appelez-moi."
"Promis Shiera," répondit la jeune femme.
"Shiera," reprit leur père en approchant, son casque à la main.
"Oui, Sire Haifin ? " rétorqua Shera d'une voix froide.
L'homme grimaça légèrement avant de remettre son casque, nouant la mentonnière.
"Il faudra qu'on parle," finit-il par dire, "dès que j'ai retrouvé Siddhe, je… je t'explique ce qui s'est passé."
Shera serra les dents, ravalant un début d'engueulade en Burmécien avant de se tourner vers sa sœur, la serrant contre elle autant que l'armure le lui permettait.
"Soyez prudent, ne sautez pas au milieu de la rue, ne montez pas sur la Plaque en passant par les piliers, vous vous feriez tuer par la sécurité."
La jeune femme hocha la tête et caressa la joue de sa soeur avant de se tourner vers leur père.
"Père. Saluez la maîtresse de hall."
"Elle n'est même pas l'épouse du…" commença le chevalier.
Bien qu'elles lui tournaient toutes les deux le dos, Vincent put presque sentir le double regard meurtrier que lui adressèrent les deux sœurs et le dragoon sortit piteusement en direction de la salle de vie, suivi des deux femmes et Vincent. Le chevalier remercia rituellement Elmyra pour son accueil, Freya l'imita d'un ton nettement plus cordial et chaleureux et ils sortirent de Seventh Heaven, laissant respirer tout le monde.
"Maintenant qu'ils sont partis : Qu'est-ce qui s'est passé ? " s'enquit Reeve.
"Je suis désolée que vous ayez dû rencontrer mon… mon père dans ces conditions," s'excusa Shera.
"C'est vraiment ton père ? " s'exclama Zack.
"Beau-père. Il a épousé ma mère."
"Shera, qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qu'il a dit à Cid ? " demanda Reeve en approchant de la jeune femme.
La biologiste hésita, retirant ses lunettes pour les essuyer sur le bas de son pull.
"C'est… familial. Et je… je n'en sais pas assez pour vous dire mais… Cid…"
La porte du couloir s'ouvrit et Wedge arriva, à bout de souffle.
"Les dragoons sont partis ? " demanda-t-il.
"Tout juste," répondit Shera.
"Super, Jessie a trouvé Cid."
Tout Avalanche tenta de s'entasser dans le bureau de Jessie, mais ce fut Shera qui arriva en premier (par galanterie des autres) et Vincent en second (parce qu'il était assez agile pour se glisser entre ses collègues).
"Où est-il ? "
"Je sais pas, mais je sais par où il est passé," répondit Jessie en affichant une vidéo sur son écran.
Vincent et Shera se penchèrent par-dessus ses épaules. Ils virent Cid debout près du mur d'enceinte de Midgar à observer le sommet du mur puis s'accroupir avant de décoller d'un coup de talons et passer proprement au-dessus du mur.
"Je vais le tuer."
"Reeve aussi quand il saura qu'il arrive à franchir les sécurités de Midgar aussi facilement," soupira Jessie tout en prenant note sur un post-it de signaler la faille aux troopers, pendant que Reeve confirmait d'un ton las.
"Pourquoi est-il sorti par-là ? " demanda Vincent.
"Il n'a pas son portefeuille, donc pas son laissez-passer," répondit Jessie.
"Qu'y a-t-il dans cette direction autour de Midgar ? " reprit le sniper.
Jessie ouvrit une carte de Midgar sur l'écran à la place de la vidéo, mais Shera fut la première à comprendre.
"L'aéroport. Il rejoint l'équipage du Haut-Vent."
"Je vais le chercher," déclara Vincent.
"Attends ! "
Shera accompagna Vincent au garage, faisant un bref détour pour récupérer divers objets au vestiaire. Elle arriva devant la daytona les bras chargés et Vincent ouvrit le coffre du siège sans un mot.
"Ses chaussures, les chaussettes sont dedans. Portefeuille. PHS. Son blouson. Son écharpe. Ses lunettes. Un bracelet à matéria avec ses favorites."
Elle tassa tant qu'elle put et jeta un coup d'œil hésitant au paquet de cigarettes qui lui restait dans la main. Vincent le prit sans un mot et le glissa dans sa poche avant de commencer à enfiler son casque.
"Appelle-moi dès que tu le trouveras et passe-lui un savon de ma part," ordonna la brune en se frottant les yeux.
Vincent hocha la tête, mais au moment où il allait redémarrer, Shera lui attrapa la manche.
"Vincent… Makoto… veille sur lui… j'ai... peur qu'il fasse quelque chose de stupide."
Le sniper tourna la tête vers elle. Il ne savait pas ce qui s'était passé entre les Burméciens, mais visiblement, c'était suffisamment grave pour que Shera soit aussi bouleversée que Cid. Il leva la main, la posa sur celle de Shera et la serra très délicatement.
"C'est promis."
[1] Headcanon perso : Vincent adore les chats et les chats l'adorent.
[2] J'ai déjà mentionné peut-être que si Vincent a un langage très correct en commun, il jure comme un charretier en wutan ?
[3] Petite précision : Ce devait être un plot-point dans une première version du jeu originel, ou Reeve avait donné vie à Cait Sith, mais finalement, Cait est "seulement" devenu un robot.
[4] Non, elles n'ont pas jeté Vincent et le plateau par la fenêtre, voyons. Il y est allé tout seul.
[5] Eh, il essaye d'être une bonne influence. Je n'ai pas dit qu'il y arrivait, mais au moins, il essaye.
[6] Punaise, ENFIN on progresse.
[7] Faudrait vraiment que je trouve un nom pour le bar de Jecht, Auron et Barret.
[8] Merde
[9] Non, mais, ça ne va PAS de t'attaquer à mon vol ?
[10] J'ai vu le concept art de Kaïn sans son casque et deux choses : Premièrement : a href=" . /finalfantasy/images/c/cc/Kaïn_Highwind_(colour_sketch_2007).jpg"Hello sailor/a, deuxièmement : Effectivement, à part les cheveux et les yeux, ils n'ont rien en commun
[11] Shera et sa mère sont d'Alexandria et ce sont elles qui ont enseigné le commun dans la famille. Du coup, Kaïn et Freya ont un drôle d'accent. Celui de Cid ne réapparaît que quand il est furieux ou émotif.
[12] Même si Freya n'avait que sept ans quand Cid est parti de Burmécia, il a laissé sa marque.
Et puis, c'est Kaïn qui avait appris à jurer à Cid, hein.
