Chapitre 35 : Le point d'équilibre
Résumé :
Gast et Ifalna en ont ras la blouse des magouilles des Shinra père et fils. Ils veulent des réponses et ils les veulent maintenant.
Et ils les auront, même si ce n'était probablement pas ce à quoi ils s'attendaient.
Pendant ce temps, à Seventh Heaven, Vincent tente aussi de trouver un sens dans ce qui se passe autour de lui.
Et plus ça va, moins c'est rassurant.
Personnages:
Rufus et la team Turk, Team Avalanche, Edéa, Séphiroth, Jénova ? , team Haut Vent
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Ohana signifie famille, C'est au tour de Rufus d'ohaner, Séphiroth passe un mauvais moment, bonne chose ? Mauvais chose ? , les Turks se lâchent, Gast est amoureux d'une force de la nature, Mère Nature est furieuse et omnivore, révélation, expérimentation humaine, à mort Hojo, oui encore
Rufus ne se tourna pas en entendant la porte derrière lui s'ouvrir et se refermer. Umbra, assise près de lui, la surveillait déjà et elle ne bougea pas de son poste. Il entendit le bruit des pas d'Elena quand la jeune Turk le rejoignit.
"Le Professeur Falmis et son épouse sont là, Monsieur."
"Je présume que Madame Falmis est en train de forcer pacifiquement le chemin ? "
"J'en ai peur."
"Laissez-les entrer," ordonna Rufus.
Elena hocha la tête et s'apprêta à obéir, mais à peine se fut-t-elle tournée que la porte s'ouvrit, laissant passer le couple Falmis.
Il lui fallut toute sa volonté pour ne pas se mettre au garde-à-vous devant l'épouse de Falmis. Il fit signe à Elena de retourner à son poste à la porte.
"Madame, Professeur. Je suis content de vous revoir en bonne santé."
"Monsieur… le Président…" commença le Professeur.
Il était furieux.
Et c'était bien la première fois que Rufus le voyait dans cet état.
"Rouvrir le tambour est… Est…"
"Je sais, Professeur," répondit Rufus.
Madame Falmis posa la main sur le bras de son époux et il se calma un peu, cherchant ses mots.
"Mais c'était le seul endroit qui pouvait être facilement et rapidement sécurisé," expliqua Rufus.
"Vous pensez vraiment que les Remnants ne pourront pas revenir à la Tour ? ! Avez-vous seulement lu les rapport d'Avalanche sur eux ? "
"Et vous ? "
"Oui, bien sûr, je..." répondit Gast avant de réaliser qu'il n'était pas censé connaître leur existence.
Mais avant qu'il ai eu à trouver une justification, la voix de sa femme s'éleva.
"Gast. Viens. Vite."
Elle se trouvait devant la vitre au fond de la pièce. Elena tentait de la faire reculer, mais elle l'écarta d'une simple pression sur le bras. Gast n'hésita que quelques secondes avant de la rejoindre. Plus de vingt ans à la connaître lui avait permit de développer une immunité à son influence, mais il savait reconnaître l'urgence dans sa voix. Il arriva près d'elle et suivit la direction de son regard.
La vitre donnait sur une chambre stérile, froide et impersonnelle dans laquelle se trouvait un seul lit. Des personnes en combinaison de protection intégrale s'y trouvaient, surveillant des machines entourant l'occupant du lit.
Gast l'aurait reconnu partout.
Séphiroth gisait sur le lit, ses bras couverts de cathéters reliés à des poches de perfusions et de capteurs. A la tête de son lit, des encoches accueillaient plusieurs matérias bleues et vertes, certaines brillant légèrement.
"Je dois le voir," déclara Gast.
"Je comprends. Mais pour le moment ce n'est pas conseillé."
"Pas conseillé ? ! "
"Il a déjà tenté de s'enfuir à deux reprises. Nous avons à peine réussi à le retenir la première fois. De plus il…"
Rufus s'interrompit, le regard fixe et fit deux pas jusqu'à la vitre, enfonçant un bouton près d'elle du plat de la main.
"Sortez. Vite," ordonna-t-il.
Les deux personnes présentes dans la chambre obéirent rapidement, sortant par une porte sur le côté. Le dernier occupant eut à peine le temps de la fermer derrière lui que l'homme sur le lit commença à s'asseoir, ou du moins à tenter de le faire. Il arriva à se hisser sur un coude, jetant un regard hagard aux machines et tenta d'arracher les cathéters d'une main tremblante.
"Que se passe-t-il ? "
"Vous allez voir," déclara Rufus.
Le général grimaça et essaya de sortir du lit, mais ses jambes se dérobèrent sur lui et il tomba à genoux sur le carrelage froid.
"On ne peux pas le laisser," commença Gast en cherchant l'accès à la pièce du regard.
Ifalna le retint d'une main.
Elle semblait atterrée elle aussi, elle qui avait toujours été calme et posée 1.
Une étrange excroissance sortait de l'épaule droite de Séphiroth.
Ça ressemblait à une aile. Mais ce n'était pas les ailes de Minerva, ni des garudas ou des nosfératus.
C'était une aile de chair, mais déformée, fondue, à l'anatomie incompréhensible, qui se tordait dans tous les sens, sans sembler obéir aux ordres de l'homme, cramponné à son lit, tordant le métal du cadre entre ses mains, les yeux écarquillés…
C'était la même chose qu'il y avait eut sur le dos du spécimen étudié à Nibelheim.
La même chose que sur le dos de Jénova.
"Arrachez-lui ça," murmura Ifalna.
"Les SOLDATs sont dans la pièce à côté, ils arrivent," commença Rufus.
Et en effet, deux hommes entrèrent, eux aussi équipés de combinaisons de protection et munis de harpons avec lesquels ils transpercèrent l'excroissance, l'épinglant au mur derrière le général.
Celui-ci tenta de saisir le plus proche, mais il recula et le second lança un sort temporel qui embourba les gestes du Général.
L'aile glissa aisément hors du corps de l'homme, comme si elle n'attendait que ça et la tentacule qui sortit en dernier gifla l'air, tentant à son tour de saisir un des SOLDATs.
La vitre explosa.
Un intense rayon blanc traversa la pièce, frappant l'horreur de plein fouet avec un éclair lumineux.
Quand tous ceux dans les deux pièces purent de nouveau ouvrir les yeux sans avoir des étincelles dans les rétines, ils purent voir Ifalna, la main tendue en direction de la chambre, les yeux entièrement verts.
L'aile avait disparu, ne laissant que la trace de son ombre sur le mur d'en face.
Ifalna baissa la main.
Ses iris redevinrent normaux.
"Monsieur le Président. Qu'est ce qui s'est passé ? " demanda-t-elle d'un ton sec.
"C'était similaire à Jénova," murmura Gast à la place du Président.
"Exactement. Les cellules de la Cetra tentent de sortir de son corps."
Cette fois Gast se tourna vers le jeune homme, le regard brillant.
"Les anti-corps ont fonctionné ? "
"La première injection n'a pas fonctionné longtemps, il a fallu lui faire une seconde après sa première tentative de fuite, et une troisième après la seconde, mais à chaque fois elles fonctionnent plus longtemps et plus efficacement…"
Ifalna secoua rageusement la tête avant de relever ses jupes pour passer par la vitre brisée.
"Mais pourquoi ai-je épousé un biologiste," maugréa-t-elle.
"Madame," objecta Elena en essayant de la retenir.
"Chérie, où vas-tu ? "
"Il vient de rejeter au moins un vingtième de son poids, il faut que je l'aide à régénérer sa masse musculaire ! " expliqua Ifalna en brisant quelques échardes sur son chemin à coup de ballerines 2.
"Peut-être que passer par la porte sera plus simple ? " suggéra Rufus.
Les informations qu'avait amenées Grim furent rapidement analysées et une réunion s'improvisa dans la pièce principale de Seventh Heaven.
"Je n'aime pas ça," déclara Barret, assis devant la télévision avec Reeve, Jessie et Vincent.
Une carte de Gaïa était affichée, Jessie l'annotant en direct grâce à sa tablette. Ils étaient seuls dans le salon, avec Elmyra qui cuisinait en fredonnant. Yuffie était à l'école, Cid remplaçait Barret pour la ronde de sécurité et était parti avec Red, les jumeaux étaient dans leur chambre, Marlène faisait la sieste dans la sienne, Aérith travaillait dans l'infirmerie, Shera dans son laboratoire et les deux hommes de Jessie étaient sortis tester une des inventions de leur petite amie.
"Au moins, ce ne sont pas des attaques à grande échelle," nota la jeune femme.
"Mais ça n'a aucun sens," rétorqua Reeve, "pourquoi Gongaga ? Il n'y a plus de réacteur depuis plus de vingt ans…"
"Où les attaques ont-elles eu lieu exactement ? demanda Vincent, accoudé au dossier du canapé.
"Hmmm," commença Jessie en vérifiant les coordonnées, "alors c'est un coin sur la péninsule est… Au Nord Est de Gongaga..."
Vincent se tourna vers elle, fronçant les sourcils.
"Le Cap de l'Espoir ? "
"Oui, c'est ce nom là, pour…"
"Je reviens," répondit Vincent en sortant son téléphone, se dirigeant vers le couloir.
Il grimpa l'escalier quatre à quatre et toqua à peine avant d'entrer dans la chambre des jumeaux, son pouce composant le numéro d'Edéa. Cloud, assis sur le matelas au sol qui leur servait de lit, leva le nez de la partie de triple triad qu'il faisait avec Zack, affalé à plat ventre devant lui.
"Zack, Cloud, le Cap de l'Espoir a été attaqué par des squames."
Zack se releva d'un bond pendant que Cloud se hissait à genoux, son expression se décomposant.
"Merde ! "
"J'appelle Edéa," annonça Vincent en appuyant sur la touche appel, s'agenouillant près du lit.
La tonalité se fit et Vincent tâcha de rester impassible, alors que Zack s'accrochait des deux mains à son bras monstrueux, serrant presque à lui faire mal.
-Edea Kramer…-
"Déa... Déa que… Didici, ad ...Cape Spei… An ... Maduin3 ?
-Makoto, ton maduin est pitoyable,- répondit Edéa.
"Le Cap a été attaqué…"
-Oh… Oh, Makoto, le camp d'hiver n'y est plus depuis plusieurs années ! Maduin a décidé de changer d'hivernage quand les squames ont commencé à s'approcher des côtes de Gongaga. Il n'y avait personne dans les ruines.-
Vincent poussa un long soupir de soulagement avant de jeter un coup d'œil aux jumeaux. Étant augmentés, ils avaient parfaitement entendu la réponse d'Edéa et se détendirent. Cloud passa un bras autour de son frère, l'aidant à desserrer les doigts autour de celui de Vincent.
-Je m'excuse, je n'ai pas pensé que tu ignorais le déménagement du Cap. Ils se sont réfugiés près du territoire du grand-père de Maduin.-
"Fenrir ? "
-Ifrit. Canyon Cosmo est plus proche.-
"Bien," soupira Vincent.
-Tu t'es inquiété ?-
"Oui," répondit honnêtement Vincent. "As-tu une idée de pourquoi le Cap a été attaqué ? "
-Pas la moindre. Mais les ruines sont très vieilles et il y a des secrets dedans, des secrets que je ne connais pas.-
"Hm… Maduin aurait une idée ? "
-Peut-être… Nous nous sommes parlés au téléphone il y a quelques jours, pour me prévenir de l'attaque, mais nous n'en avons pas discuté.-
"... Maduin a un téléphone ? " s'étonna Vincent.
-Non. Un de ses fils en a un et le lui prête quand son père a besoin d'appeler quelqu'un.-
"Déa… tu pourrais me donner le numéro ? "
-Je vais l'appeler, je transmettrais ta demande. J'espère toutefois que tu réalises que tu vas avoir droit à une fessée.-
Vincent cligna des yeux.
Les jumeaux ricanèrent en chœur.
"... pardon ? "
-Trente ans à passer pour mort et tu ne recontacte même pas la Caravane ? Maduin ne saurait pas que tu es en vie si je ne lui avais pas dit.-
"Je n'ai pas contacté mon père non plus," grommela Vincent en wutan avec un regard agacé à Zack.
-Deux fessées, alors,- taquina Edéa.
"Merci, Déa," grommela Vincent.
-Avec plaisir, Grand Frère.-
Bien que Gast l'obligea à enfiler une blouse et à se laver et désinfecter les mains, Ifalna arriva à temps pour aider aux soins à Séphiroth.
"Tu y arrives, chérie ? " demanda Gast en lui rassemblant les cheveux en natte.
"Il se soigne seul," murmura-t-elle en voyant la blessure béante se ressouder peu à peu pendant qu'elle rapprochait les bords autant que possible.
"Sa régénération mako semble encore accélérée," expliqua Rufus, debout sur le pas de la porte.
"Ça ressemble à de la guérison," murmura Ifalna en caressant la cicatrice du pouce, qui s'estompait sous ses doigts.
"Une magie native ? Encore une ? " s'étonna Gast en faisant un nœud au bout de la natte de sa femme, avant de s'approprier les notes de ses collègues sur les traitements apportés au Général.
"Qu'est-ce que c'est que cette cicatrice ? " demanda Ifalna en levant le poignet gauche du Général.
Elle avait des mains si petites et lui était tellement grand qu'elle dû le soulever à deux mains.
Gast pâli.
Il n'avait pas approuvé le tatouage à l'époque, Séphiroth avait été si petit. Mais quand il s'en était aperçu, c'était trop tard, le chiffre avait déjà été tatoué sur le poignet de l'enfant. Comme d'habitude, le Professeur Hojo avait fait ses magouilles dans son dos.
Mais il n'y avait plus de tatouage sur le bras de Séphiroth.
Juste une cicatrice de brûlure en travers du poignet, vaguement arrondie, qui formait une dépression dans le poignet.
"Matéria de feu," expliqua le Président. "Il l'a activée et a posé son poignet dessus pour brûler le tatouage. Il lui a fallu des jours pour en guérir. Son père était furieux."
"Comment le savez-vous ? " demanda Gast.
La créature du Président approcha, posa sa tête contre la jambe de son maître et il posa la main sur elle, gardant le silence si longtemps que Gast crut qu'il ne répondrait pas.
"Venez avec moi," demanda-t-il en ressortant.
Il s'éloigna dans le laboratoire encore presque entièrement désaffecté, laissant la pièce et son activité derrière lui. Gast échangea un regard avec Ifalna et, sur son signe, le suivit. Elle les rejoignit après s'être assuré que l'état du jeune homme était stable et que les médecins s'occupaient de lui remettre ses cathéters et les capteurs. Les deux hommes s'étaient arrêtés à une petite distance de la chambre, Elena restant juste hors d'oreille pour empêcher quiconque de les déranger.
"J'étais là," finit par déclarer le jeune homme, retirant ses gants.
"Quand il a brûlé le tatouage ? "
"Oui. Il ne voulait pas que les assistants le voient faire et m'a demandé d'être là pour l'aider. C'était dans sa cellule, au retour de Wutaï."
"Ce... ce n'est pas possible," calcula rapidement Gast, "vous n'êtes arrivés à la tour que…"
"J'ai toujours été à la Tour," coupa Rufus en défaisant le bouton de sa manche.
Il la releva sans un mot avant de se tourner vers le couple Falmis, leva le bras vers eux.
"J'y suis né."
Un chiffre noir était inscrit sur la peau blême de son poignet.
Numéro 15.
"Travail de commande. Le Président Shinra voulait un espion indécelable, quelqu'un qui pourrait trouver les secrets sans le moindre effort."
Il montra Umbra qui attendait, aux pieds d'Elena, sa tentacule nouée autour de son bras.
"Ho… le Professeur Fou étudiait les darkstars depuis quelques temps et avait déterminé qu'elles étaient capables de lire les esprits. Après un peu de recherches et d'expérimentation, il a pu les rendre capable de les manipuler aussi, mais elles en devenaient incontrôlable et étaient trop peu discrètes au goût du Président."
La Darkstar tourna la tête vers Rufus et remua la queue, lui adressant un regard affectueux.
"Il a alors tenté une hybridation. Un mélange parfait entre une apparence humaine et un cerveau de Darkstar. Moi."
Il soupira et rabaissa sa manche, cachant à nouveau le tatouage.
"Afin de pouvoir me contrôler plus facilement, il a placé plusieurs verrous mentaux qui m'empêchaient d'utiliser mes pouvoirs sur le Président ou pour me forcer à obéir aux ordres. J'étais censé mourir avec le Président. Il n'avait qu'à prononcer certains mots en ma présence pour me tuer."
Un sourire satisfait s'agrandit sur les lèvres de Rufus.
"J'ai été plus malin."
Il redevint impassible tout en reboutonnant ses manchettes.
"Vous… comprendrez que je ne souhaite pas que ce genre de chose se sache."
"Pourquoi nous le dire, alors ? " s'étonna Gast.
"Parce que Séphiroth a besoin de vous," répondit Rufus en remettant son gant, "et que... je n'ai visiblement plus le droit de vous manipuler pour ça."
L'expression d'Ifalna était presque aussi froide que le climat de Grand Glacier. Le jeune Shinra avait intérêt, en effet. Gast la vit croiser les bras et se tourner vers Elena d'un air sévère.
La jeune femme n'avait rien fait, elle se contentait de monter la garde le temps que Rufus et eux discutent, pourquoi…
"Tous les gens qui sont ici sont manipulés, n'est-ce pas ? "
"Dès qu'ils sortent d'ici, ils n'ont pas de souvenir de ce qui s'y est passé."
"Vous êtes à deux doigts de la rupture d'anévrisme," déclara calmement Ifalna.
Rufus garda soigneusement la bouche fermée. Il n'avait pas l'habitude de partager son état de santé, surtout avec des inconnus et pour l'instant, seul Tseng était autorisé à le soigner.
Mais même si le Turk ignorait ce qui causait ses blessures, il gardait le secret.
Tout comme Rufus gardait le sien.
"Pourquoi est-ce si important pour vous de soigner le Général ? " reprit-t-elle d'une voix plus douce.
"Le fait qu'il s'agisse du fils de votre cousine n'est pas suffisant ? "
"Je vous demande vos motivations, pas les miennes," rétorqua Ifalna.
Cette fois, le jeune Président s'autorisa un regard à Umbra, toujours assise près d'Elena. La Darkstar le fixa un moment du regard avant d'hocher la tête et se détourner, s'appuyant de l'épaule sur la jeune Turk.
"Sans lui, j'aurais été abattu avant même de savoir parler," finit par déclarer Rufus.
Il sentait des pensées horrifiées venant du côté du Professeur Falmis et se détourna de lui, tâchant de les ignorer du mieux qu'il pouvait. Son épouse était un lac calme mais avec les pensées du Professeur Falmis, couplé avec leur proximité des derniers mois, il devenait de plus en plus difficile de séparer ses émotions des siennes.
"Le… Professeur… est doué pour créer des monstres. Pas pour les élever. Il a estimé que, ne sachant pas parler, ni maîtriser mes pouvoirs à l'âge de trois ans, j'étais un échec. J'aurais été euthanasié, ou jeté à ses monstres si Séph… Séphiroth ne m'avait pas…"
Il n'avait pas de mots sur ce que Séphiroth avait fait. Au Tambour, c'était chacun pour soi. Il n'y avait que peu d'entraide, peu de possibilité pour ça déjà. Tout le monde était enfermé dans sa cage, dans sa cellule pour les plus chanceux, qui avaient droit à un lit, comme Séphiroth.
Séphiroth sortait.
Il avait huit ans, obéissait à son père au doigt et à l'œil, ne cherchait pas à s'enfuir, même quand le vieux scientifique le tentait en laissant la porte du Tambour ouverte. Il venait à l'arène quand… quand Il le convoquait, en repartait après les combats, ou revenait seul des labos quand son état le permettait.
C'était en revenant d'une série d'injections de mako, titubant à moitié, que Séphiroth vit Rufus pour la première fois, recroquevillé dans sa cage, en attente d'être transféré à l'arène.
Séphiroth ne lui avait jamais dit pourquoi il avait fait ça, mais il avait approché, arraché un barreau et tiré Rufus hors de sa cage. Rufus ne savait même pas marcher debout à l'époque, et Séphiroth avait dû le porter, d'abord sous les aisselles, puis réalisant qu'il ne pourrait pas marcher ainsi, le prenant dans ses bras.
Il avait fallu plusieurs jours aux assistants pour trouver où était passé le numéro 15, que Séphiroth avait caché sous son lit. Quand le vieux l'avait découvert, Rufus avait déjà appris à prononcer plusieurs mots, et arrivait à tenir debout sans aide.
Rufus fut enfermé dans une autre cellule, malgré les demandes de Séphiroth.
Une semaine plus tard, le Scientifique Fou réalisa que si le petit restait sagement dans sa cellule en journée, il passait les nuits dans le lit de Séphiroth, trouvant les codes d'ouverture de leurs portes dans l'esprit de ses assistants.
Son entraînement d'espion commença après ça.
Et pour le faire obéir, on lui donna un petit de darkstar, qu'il avait accueilli avec bonheur, la traitant instinctivement comme sa sœur.
Lors de leur seule tentative d'évasion, c'était Umbra qui avait subi la punition, se tordant de douleur aux mots-clés prononcés par Hojo.
Ce soir-là, il avait hésité à tuer sa sœur de ses mains, pour ne pas qu'elle subisse une vie aussi horrible, mais Séphiroth l'en avait dissuadé.
Il lui avait promis, alors qu'il n'avait que dix ans, qu'un jour, ils seraient libres tous les trois.
Maintenant c'était à Rufus de tenir cette promesse.
"Je lui dois la vie."
"Et vous retirez les cellules de Jénova," murmura Gast, feuilletant le dossier fiévreusement.
"Vous rappelez vous l'échantillon que le Docteur Highwind a ramené en Août ? "
"Highwind-Mist," corrigea distraitement Gast, "vous parlez de la capsule de cellules qui était dans… comment savez vous…" balbutia Gast avant de soupirer rageusement.
"Vous avez reconnu les cellules qu'elle contenait à ce moment-là," expliqua Rufus avant d'approcher du Professeur.
Il leva la main mais s'interrompit, jetant un regard prudent à Madame Falmis.
"Puis-je… lui rendre sa mémoire ? "
Elle l'autorisa d'un geste magnanime.
Il effleura le front du vieil homme, malgré le mouvement de recul de celui-ci, qui ferma les yeux en sentant les doigts de Rufus sur son front.
Ce ne fut pas douloureux. Ce fut juste comme se souvenir d'un détail négligé.
"Alors c'est ça… "murmura le Professeur, "il a continué l'expérience Jénova en secret. Tous ces SOLDATs, les pupilles… et maintenant les clones et les Remnants…"
"Il a récupéré la tête de la Cetra."
"Évidemment. Les cultures de cellules échouaient toujours au bout de plusieurs générations, il a dû arriver au bout de sa réserve et avait besoin de cellules frai… Pardon ? "
"Nibelheim a été attaqué. La tête de Jénova a été volée, mais le reste de son corps est ici."
"Oh… Pourquoi ne l'a-t-il pas récupéré pendant l'attaque de la Tour ? "
"Il ignore que nous l'avons retrouvé, probablement. Une des raisons pour laquelle effacer les mémoires…"
"Non," reprit aimablement Ifalna, "il va falloir apprendre à faire confiance aux gens. Et à Avalanche en second."
"Pas en premier ? " s'étonna Rufus d'un ton sarcastique en se tournant vers elle.
Il se figea en voyant qu'Elena le regardait, la main d'Ifalna posée sur son épaule.
"Je pense, Monsieur le Président, qu'il est temps que vos gardes du corps soient au courant de certains points."
"Je m'excuse," déclara Vincent en revenant s'appuyer sur le canapé, les jumeaux sur les talons.
"Que se passe-t-il ? " s'enquit Reeve.
Vincent jeta un petit coup d'œil à Barret et Jessie avant de répondre à mots choisis.
"Edéa a de la... famille au Cap. Je vérifiais… que tout allait bien. Elle m'a dit qu'il ne devrait rien avoir qui intéresserait Hojo là bas."
"Encore une piste qui ne mène à rien alors," soupira Barret.
"Elle devrait contacter quelqu'un qui en sait plus, je vous dirais ce que les maduins en pensent."
"Ton contact est maduin ? " s'étonna Barret, alors que Jessie et Reeve se tournaient vers Vincent, surpris.
"On peut dire ça."
"Le Cap de L'Espoir était le lieu d'hivernage des maduins," expliqua Zack à Reeve et Jessie.
"S'il y a quelque chose là-bas, ils le sauront," ajouta Vincent.
"J'aurais… presque envie de vous envoyer enquêter," soupira Reeve en regardant de nouveau la carte.
"Pourquoi ? " s'étonna Barret.
"S'il y a une chose de sûre au sujet d'Hojo, c'est qu'il n'attaque jamais pour rien. Soit c'est pour voler une méga matéria, soit c'est pour récupérer un spécimen ou des documents…"
"Qu'est-ce que les maduins ont qui pourraient intéresser Hojo ? " ajouta Jessie.
Vincent haussa les épaules avec un geste vague.
"Je l'ignore…"
Reeve soupira en se frottant le front, contemplant pensivement la carte sur l'écran.
"J'aimerais essayer de prendre de l'avance sur ce que prévoit Hojo pour une fois."
"On a quelque chose de neuf au sujet des recherches de Gast qui ont été volées ? "
"Je suis dessus. Mais… Je ne comprends pas pourquoi Hojo les veux," soupira Jessie.
"Comment ça ? "
"C'est… un recueil de mythes et légendes des Cetra, une transcription de diverses traditions orales…"
Vincent fronça les sourcils avant d'échanger un rapide regard avec Reeve.
"Où a-t-il eu ça ? Je croyais que les écrits des Cetra étaient perdus…"
"Hm… il ne mentionne pas grand chose sur ses sources. D'ailleurs, ce ne sont pas vraiment des recherches… Juste des transcriptions d'entretiens avec des conteurs… Il en cite surtout une… Mais juste avec ses initiales… I.C."
Vincent réprima un soupir en se promettant d'avoir une petite discussion avec Ifalna concernant le secret des Anciens.
Et la subtilité aussi. Il se serait attendu à de telles imprudences de la part de Gast, mais pas d'Ifalna qui semblait plus maligne que ça.
"Est-ce que je pourrais y jeter un œil ? " demanda-t-il à Jessie.
"Je t'envoie ça sur ta tablette, pourquoi ? " s'enquit leur opératrice, déjà en train de préparer le document.
"Ma curiosité naturelle."
"Et en attendant, on fait quoi ? " reprit Barret.
"Je vais faire une demande officielle pour vous envoyer enquêter au Cap de L'Espoir," répondit Reeve en se levant, "c'est l'occasion de tester la bonne volonté du nouveau Président."
"J'organise ça avec Cid dès qu'il est rentré," déclara Barret en se levant.
"Putain."
"Reno ! " s'exclamèrent en chœur quatre voix, plus ou moins indignées.
"Je doute que c'était la réponse la plus appropriée," ajouta Ifalna.
"Pardon, M'dame Falmis," répondit Reno, "mais je m'attendais pas à ce que Rufus Shinra soit un pupille…"
"J'essayais de limiter les soupçons à cet égard," rétorqua le jeune Président d'un ton sarcastique.
"J'aurais juré que vous étiez le fils Shinra, vous êtes autant un bâtard que..." reprit Reno avant de recevoir une baffe lasse sur l'arrière du crâne, de la part de Rude.
"Comment se fait-il que Reno soit votre second, Tseng ? " s'enquit Rufus sans changer de ton.
"L'ancienneté, Monsieur," répondit Tseng "et l'efficacité sur le terrain."
"Sur une technicité légale, je suis le fils du Président," reprit Rufus, "il m'avait reconnu et adopté il y a quinze ans."
"Et vous manipulez les caboches."
Cette fois, ce fut Elena qui asséna son coude dans les côtes de Reno.
"Pourquoi nous ? demanda soudain Rude.
Rufus lui jeta un regard intrigué, les sourcils froncés.
"Pourquoi ne constituez-vous pas un entourage avec ceux qui vous sont fidèles ? "
Rufus posa la main sur la tête d'Umbra qui se redressa, venant à la rencontre de sa paume.
"Mon entourage fidèle est là," déclara Rufus, "je n'ai… pour l'instant personne d'autre."
Rude inclina la tête. C'est vrai que depuis qu'il faisait partie des Turks, soit six ans, il n'avait jamais vu qui que ce soit se rapprocher volontairement de Rufus.
Scarlet ne comptait pas, elle le poursuivait de ses assiduités avant même que Rude rejoigne la Shinra. Et de ce que racontait Reno, c'était déjà le cas quand Rufus avait tout juste atteint la puberté.
Même pendant les galas ou les réunions diplomatiques, Rufus avait été avec son… avec le vieux Président. Il n'avait jamais socialisé, comme le faisait la Princesse Kisaragi avec ses amis de la MGU, qui prenaient le moindre prétexte en gala pour se réunir dans un coin calme, envoyer voler leurs chaussures et faire un sort à un plateau de petits fours volé sur une table4.
Il n'y avait jamais eu d'histoire de cul non plus. Ni femme, ni homme. Des rumeurs seulement, colportées par les torchons dès qu'il échangeait deux mots avec quelqu'un en public.
Il restait toujours seul, avec sa bestiole.
"Puis-je compter sur vous ? " demanda le jeune Président.
"J'appartiens à la compagnie, Monsieur," répondit Tseng, inexpressif.
Il ne plaisantait pas en disant ça, pas plus que quand il l'avait expliqué à Jessie et Barret.
Quand les troopers de Shinra l'avaient ramené de Wutai, après un raid punitif Wutan durant lequel la majorité des prêtres et guérisseurs du temple avaient été exécutés pour avoir soigné des soldats Shinra, il était devenu lui aussi la propriété de la société. Toute désobéissance aurait été punie, toute rébellion sévèrement étouffée.
Il avait été à deux doigts de devenir un pupille de Shinra, et n'avait été sauvé que par la pitié du Directeur Morrow qui l'avait réquisitionné pour les Turks.
C'était tout ce que le Directeur avait pu faire pour lui à l'époque, lui enseignant tout ce qu'il savait et l'aidant à cacher des pouvoirs qui auraient fort intéressé Hojo.
Morrow avait aussi appartenu à la Shinra.
Tous les Turks. Tous ceux qui avaient été récupérés au fond d'une prison, comme Rude et Valentine, les désespérés des Taudis, prêt à tout pour échapper à leur vie, comme Reno. Les traîtres d'autres pays à qui on ne donnait pas grand choix d'avenir, comme Morrow et Tseng.
Même Elena était la propriété de Shinra. L'ancienne petite serveuse de bar qui brisait des doigts sans ciller et cumulait les gaffes.
Rufus lui jeta un regard insondable.
"Sachez que je vais bientôt faire annuler tous les... contrats à vie que mon… père avait mis en place ces trente dernières années," déclara le blond, faisant légèrement tressaillir le wutan.
"Vous feriez ça ? " demanda Rude.
"Avec mon passif, j'apprécie ce concept... à sa juste valeur," reprit Rufus d'un ton froid.
"C'est à dire pas du tout," ricana Reno.
"Sans ces contrats, beaucoup d'employés de Shinra vont partir," reprit Tseng, "certains SOLDATs, les troopers, des cadres haut placés…"
"Les Turks," acheva Rufus en tournant la tête vers Tseng, "vous pourriez retourner à Wutaï."
Le jeune Shinra tourna la tête vers Rude.
"Ou retrouver votre sœur à Fort Condor."
Puis vers Reno qui se redressa vivement sous son regard.
"Ou pouvoir quitter Midgar pour découvrir le reste du monde comme vous le souhaitez."
Il tourna la tête vers Elena, mais avant qu'il ait put lire son esprit, la jeune femme avança d'un pas.
"Je reste," déclara-t-elle d'un air calme.
Tous les autres se tournèrent vers elle, surpris.
"Elena ? Il t'a manipulée pas plus tard que…" commença Reno avec son tact habituel.
"Je sais. J'ai mes raisons."
La petite Turk blonde eut un grand sourire malicieux et décroisa les mains qu'elle gardait dans le dos, tendant l'index vers Rufus, puis le crochetant à deux reprises, comme pour lui faire signe d'avancer. Elle se tapota ensuite la tempe avant de reprendre son attitude professionnelle. Désarçonné par la demande, Rufus jeta un petit regard à Umbra qui le poussa du nez, l'incitant à lire les pensées de la jeune femme.
Il obtempéra.
Son regard resta trouble ce qui sembla être quelques secondes pour le reste des Turks, et quasiment une vie pour Rufus. Il se redressa, secouant légèrement la tête avant de tourner à nouveau les yeux vers Elena.
"Je vois… Je suis… content d'apprendre ce qu'il est devenu."
"Grâce à vous, Monsieur. Ma famille a une dette, je serais ravie de m'en acquitter."
"Merci, Elena."
"qu'est-ce qui s'est passé là ? " marmonna Reno.
Rude haussa les épaules.
"Sans ce contrat vous obligeant à rester, que ferez vous ? " demanda Rufus aux deux autres turks.
"Ça sert à rien," grommela Reno.
"Je… vous demande pardon ? "
"Si je pars de Midgar, ça sert à rien, y'a toujours le Roi des Tarés et sa cohorte de mutants dehors. Je reste et je me bat. Tant qu'il est là en tout cas. Le moment où ils sont morts, je me barre."
Elena le fixa d'un regard surpris, les lèvres entrouvertes. Il haussa les épaules d'un air revêche.
"Quoi ? Ça t'étonne ? "
"Ce qui m'étonne le plus, c'est que tu connaisses le mot 'cohorte'," rétorqua Elena.
"Ellie ! " protesta Reno, offensé.
Rude hocha la tête, ignorant ses deux collègues qui se chamaillaient, sous le regard interloqué du Président...
"Moi aussi."
"Tu es sûr Rude ? " demanda Tseng.
Le chauve opina derechef.
"Reno a raison. Tant qu'Hojo est dehors, ce ne sera pas être libre."
"Très bien," déclara Tseng avant de se tourner vers Rufus. "Quels sont vos ordres, Monsieur ? "
Rufus se retint de laisser échapper un soupir de soulagement.
"Le Général doit être sous bonne garde, jour et nuit et tout changement doit m'être…"
Ifalna se racla discrètement la gorge.
"Doit nous être rapporté immédiatement au Professeur Falmis et moi," corrigea immédiatement Rufus. "Le Professeur et Madame Falmis doivent aussi être protégés. Continuez à coopérer avec Avalanche, mais ne leur parlez pas du Général… il faudra... aussi."
"Ça suffira pour ce soir," déclara Ifalna en posant la main sur l'épaule de Rufus, le faisant sursauter, "Tseng, escorte le Président dans ses appartements et veille à ce qu'il se repose."
"Bien Madame Falmis. Elena, occupe-toi d'assigner un logement sécurisé à Monsieur et Madame Falmis et organise des tours de garde avec Fon Ronsenburg pour leur protection."
"Oui Monsieur ! " répondit la petite blonde avec un salut.
"Rude, tu prends un tour de garde au Tambour. Reno, au poste de surveillance, je viens te relever bientôt."
"Oui, Boss," répondit Reno , suivant Rude vers la sortie.
Elena emmena le couple avec elle, laissant Tseng et Rufus seuls avec Umbra. Le fauve poussa un soupir et s'appuya de la tête sur le genou de son maître qui lui caressa le crâne d'un geste fatigué.
"Vous sentez vous en état de rejoindre vos appartements, Président ? "
Rufus hocha la tête, se dirigeant vers la porte du bureau.
Il était épuisé, comprit Tseng en le regardant marcher d'un pas qui semblait nonchalant. Tseng le suivit, l'escortant jusqu'à son ascenseur privé, puis à ses appartements.
C'étaient toujours ceux qu'il avait eu en tant que Vice-Président. Ceux du Président étaient encore en travaux avant son emménagement. Le jeune Shinra voulait tout changer à l'intérieur ce qui, après les dernières révélations, n'était pas si étonnant.
Si le musée à la gloire de l'ancien président existait toujours l'année prochaine, Tseng se raserait le crâne.
Il ouvrit la porte des appartements de sa charge, vérifia rapidement qu'il n'y avait aucun danger avant de le laisser entrer. Umbra fut presque aussitôt sur le canapé de la pièce principale, se roulant dessus avec bonheur avant de s'asseoir, laissant de la place à son maître pour qu'il s'asseye lourdement. Tseng ferma derrière eux, approchant du jeune homme blond et tendant une main vers lui.
Toutefois, avant qu'il ai pu le toucher, le blond se redressa, lui jetant un regard indéchiffrable.
"Vous n'avez pas répondu Tseng."
"Je vous demande pardon ? "
"Est-ce que je peux vous faire confiance ? "
"Ma loyauté va envers la Shinra," répondit aussitôt Tseng en se redressant.
"Tseng," soupira Rufus, "j'ai trop mal au crâne pour essayer de lire vos pensées, répondez honnêtement."
"Donc, c'est de là que viennent vos migraines."
Rufus soupira et se redressa, attrapant Umbra par le collier pour la tirer vers lui.
Avec un grognement ressemblant fort à un grommellement, le fauve obéit, bougeant sa masse impressionnante pour s'affaler sur les genoux de son maître, laissant Rufus montrer la place libérée d'un geste de la main.
"Asseyez-vous,Tseng."
Le Turk hésita un bref moment avant d'obéir, prenant place sur le coussin pendant que Rufus défaisait le collier de chaînes d'Umbra, au grand bonheur de celle-ci qui sauta au sol pour s'étirer.
"J'ai… une confession à faire," déclara Rufus en l'observant se gratter vigoureusement.
Tseng hocha la tête, observant le jeune homme chercher ses mots. Il avait passé une vie entière à se cacher. Pas étonnant qu'il n'aime pas s'ouvrir.
"J'ai déjà modifié vos souvenirs," finit par avouer le jeune homme.
Ah.
Tseng n'était pas surpris. Ça le surprenait presque plus que le jeune Shinra l'admette. Ce n'était pas exactement le genre de chose qu'un espion ferait.
"En quelles circonstances ? "
Rufus soupira et leva la main, la dirigeant vers le front de Tseng. Il hésita quelques secondes, repensant à Madame Falmis et recula légèrement ses doigts.
"Permettez ? "
Il l'avait déjà fait. Plusieurs fois. Mais c'était différent.
Tseng savait désormais qu'il pouvait lire et manipuler les esprits.
Le Turk le fixa lentement avant d'hocher la tête, fermant les yeux.
C'était étonnant, tous ceux qui avaient appris son secret avaient la même réaction quand il tentait ensuite de lire leurs pensées.
Fermer les yeux.
Comme pour se protéger.
C'était compréhensible, mais futile.
Rufus posa les doigts sur la tempe de Tseng.
Le Président avait ordonné la disparition du Directeur Morrow. Il avait été envoyé en cellule de détention, pendant que les autres Turks étaient assignés à l'évacuation des pupilles dans une clinique privée, où ils seraient enfermés, le temps que l'enquête sur Hojo soit finie, soignés, pour ceux qu'on pourrait soigner, pour prouver aux médias que Shinra réparait les erreurs de leur scientifique fou.
Les autres… ceux qui n'étaient déjà plus humains… disparaîtraient aussi.
Shinra n'avait que faire d'un traître qui lui coûtait des millions de gils de perte en recherche, sans compter leur meilleur scientifique maintenant en prison et une réputation publique en cendre.
"Directeur, je…"
"N'essaye même pas, Tseng," répondit le Turk.
Entre le moment où il avait été mis aux arrêts, où il s'était défendu avec sa rage habituelle, ses poings flamboyant de magie de feu et maintenant, la rage du vieux Turk était retombée.
Il avait presque pu s'enfuir, il n'aurait eu qu'à relâcher son Ifrit, à le faire brûler les murs et le suivre dans sa furie destructrice pour s'échapper.
Mais il aurait dû tuer ses propres hommes pour ça. Tous ceux qu'il avait formé, la plupart sauvés du fond des Taudis ou des prisons.
Quand il l'avait réalisé, il avait perdu toute combativité, baissant les mains et laissant ses hommes l'emmener à contre-cœur.
Tseng avait perdu au tirage au sort de celui qui devrait s'acquitter d'abattre leur directeur.
"Je pourrais…"
"Si je sors d'ici vivant, c'est toi qu'ils tueront à ma place," déclara le Directeur Morrow.
Ces dernières années, le blond de ses cheveux devenait de plus en plus gris et il commençait à se plaindre de l'effet du mauvais temps sur des articulations bien éprouvées par des années à se battre.
Il continuait, toutefois, refusant de devenir un 'putain de bureaucrate à gros cul' et menant ses hommes en mission, prenant autant de risques qu'eux, continuant à former les plus jeunes et les enguirlander avec sa poésie et son tempérament habituel à la moindre erreur.
On se moquait souvent à la Tour, on l'appelait le dresseur de chats errants, on lui reprochait de recruter ses hommes parmi les délinquants, les repris de justice, de faire venir des femmes dans les rangs des Turks (ce reproche là n'était généralement fait qu'une fois, comme Morrow le disait souvent: les filles ne savent pas rentrer leurs griffes), que ses Turks avaient plus de loyauté pour lui que pour la Shinra.
Il fallait qu'il disparaisse.
"Mais, j'aurais préféré que ce soit quelqu'un d'autre," admit le Directeur avec un soupir.
"Moi aussi."
"Je suis désolé," ajouta le vieil homme en relevant ses yeux bleus vers Tseng.
Tseng fronça légèrement les sourcils et le sourire du vieil homme vacilla légèrement, comme ça arrivait parfois quand il regardait Tseng. Un jour qu'il avait été particulièrement fatigué, stressé et sous l'emprise d'un analgésique à cause de deux doigts cassés, le Directeur lui avait avoué qu'il lui rappelait un ancien collègue. Tseng n'avait pas cherché à en savoir plus.
Il n'existait pas d'ancien Turk. Seulement les vivants et les morts.
"Je n'aurais pas dû faire de toi un Turk," avoua le vieil homme en levant les mains d'un geste impuissant, faisant cliqueter les menottes qui les retenaient. "Tu es un guérisseur natif. Vous n'êtes pas fait pour tuer. Ça vous rend… Ça ne vous fait pas du bien."
"Au moins, je ne suis pas… un pupille de Shinra."
"Moi vivant, il ne t'auront pas eu."
Tseng hocha la tête, resserrant la main autour de son cerberus.
"Fait gaffe à toi, d'accord, gamin ? "
"Oui, Monsieur."
"Prends soin des autres."
Tseng hocha la tête et leva son arme.
Il appuya sur la gâchette.
Il s'étonnera plus tard d'avoir pu rester impassible, d'avoir pu nettoyer le corps de son mentor, de l'avoir enveloppé dans une housse mortuaire avant de l'envoyer à l'incinérateur, puis d'être rentré chez lui et avoir réussi à dormir paisiblement.
Non.
Écoute.
Regarde.
Souviens-toi.
Ça ne s'est pas passé comme ça.
"Fait gaffe à toi, d'accord, gamin ? "
"Oui, Monsieur."
"Prends soin des autres."
"Stop."
Tseng se figea, soudain incapable de bouger.
Il vit Morrow tourner la tête en direction de l'autre voix, puis se lever, abasourdi.
Tseng vit une tête blonde approcher du coin de l'œil, jusqu'à rejoindre le directeur Morrow. Il le reconnut aussitôt.
C'était le fils du Président. Un enfant maigrichon d'une douzaine d'années, vêtu d'un petit costume blanc sur mesure, un chiot mutant sur les talons.
Comment était-il arrivé là ? Comment avait-t-il passé la sécurité des locaux des Turks ?
Tseng ne pouvait plus bouger, plus parler. Une magie ? Une matéria sceller ? Non, il ne sentait rien, pas la moindre trace de maléfice.
Rufus Shinra leva les mains, dévoilant une clef avec laquelle il ouvrit les menottes du directeur, à la grande surprise de celui-ci.
"Vous avez dix minutes pour partir," déclara l'enfant, "Umbra vous guidera, suivez la de près où on vous verra."
"Monsieur Shinra, je…" commença Morrow, "pourquoi ? "
L'enfant ne répondit pas, remontant sa manche gauche pour montrer un tatouage noir au Directeur. Celui-ci serra les dents, fermant les yeux et compta à l'envers depuis vingt avant de fixer à nouveau l'enfant du regard.
"Viens avec moi," ordonna-t-il.
"Non. Pas sans Séph."
"Tu n'auras peut-être pas cette chance à nouveau…"
"Il a promis. Allez-y, vite."
Le directeur jeta un petit regard à Tseng, qui ne pouvait toujours pas bouger.
"Et lui ? "
"Il ne se souviendra de rien. Il croira avoir fait son travail et vous avoir tué."
"Ça va le détruire," grinça Morrow.
"Je peux vous faire disparaître. Pas lui. Les gens se poseront des questions," rétorqua l'enfant d'un ton agacé.
Le Directeur hésita brièvement à nouveau avant de soupirer.
"Je suis désolé, Tseng. Courage."
Il adressa un dernier signe de tête puis emboîta le pas à la darkstar qui le guida hors de la pièce, laissant Tseng et l'enfant seul. celui-ci approcha, tendant les mains vers Tseng.
L'une d'elle agrippa le col de sa veste, l'obligeant à se pencher en avant.
L'autre se posa sur son front.
"Tu as tué le Directeur Morrow d'une balle en pleine tête. Puis tu l'as nettoyé, tu as mis son corps dans une housse mortuaire et tu l'as déposé au crématorium de la Tour. Tu vas rentrer chez toi et dormir."
Tseng s'écarta avec un sursaut, jetant un regard abasourdi à Rufus, toujours assis devant lui.
"Le directeur Morrow est…"
"Vivant. Je n'ai jamais essayé de le retrouver, je ne voulais pas risquer sa sécurité. Même des années après, le Président aurait été trop content de le faire mettre à mort."
"Pourquoi l'avez-vous aidé ? "
"Parce qu'il était le seul dans cette foutue Tour à vouloir faire tomber… le Professeur. Le seul à lui résister, le seul à chercher à lui nuire. Je pensais que c'était… bon. Je pensais que le... le Professeur disparaîtrait aussi si le Président était trop furieux contre lui. Mais…"
"Ça n'a pas suffit."
"Il a emmené Séphiroth."
Séph avait dit Rufus dans son souvenir.
Appeler le Général ainsi n'était pas anodin.
Le jeune Président avait dit qu'ils avaient grandi dans le laboratoire.
Ensemble.
Seuls contre Hojo.
Il avait refusé de partir sans lui.
"Est-ce que je peux vous faire confiance ? " demanda Rufus.
Tseng laissa échapper un petit grognement de frustration et se leva vivement, laissant Rufus seul sur le canapé.
Le blond poussa un soupir rageur et posa ses mains à plat sur ses yeux, s'adossant au dossier du canapé.
Il aurait dû le savoir que Tseng ne prendrait pas cette révélation calmement. C'était pour cela qu'il ne voulait pas révéler ses pouvoirs, ni au Turks, ni à Avalanche, ni à personne.
C'était plus simple d'être seul avec Umbra et de tirer les ficelles dans l'ombre.
C'était…
Il sentit la main gantée de Tseng se poser sa nuque, lui inclinant la tête en avant, puis un linge humide sur son visage, lui nettoyant délicatement la peau.
"Tête vers le bas, le sang va couler dans vos narines sinon," déclara Tseng, d'un ton qui était presque un ordre.
Oh. Rufus saignait à nouveau du nez.
"Plus de… magie ou quoique ce soit ce soir," ajouta Tseng, achevant de nettoyer son visage avant de lui tendre un mouchoir sec "faites un point de pression. Dès que ça ne saigne plus, montrez-moi vos yeux."
Rufus obéit, prit de court par les conseils de Tseng. Il savait depuis des années que le Turk était un guérisseur natif, qu'il était la seule raison pour laquelle les Turks ne fréquentaient pas l'infirmerie des étages scientifiques et se remettaient miraculeusement de blessures graves, mais jamais Tseng n'avait proposé de soigner quelqu'un d'autre que ses collègues.
Et c'était la troisième fois qu'il soignait Rufus.
Est-ce que ça faisait de lui un Turk honoraire ?
Rufus dû faire appel à tout son entraînement pour ne pas laisser échapper un petit rire.
Après tout, il est né pour être un espion, pas pour jouer au Président d'une société corrompue remplie d'arrivistes se souciant plus de leur portefeuille que d'un psychopathe en blouse blanche détruisant le monde.
Une fois son saignement de nez sous contrôle, il regarda Tseng retirer ses gants, dévoilant à nouveau les tatouages sur ses paumes, aux lignes incompréhensibles.
Il n'aurait jamais pensé que la magie de guérison soit si efficace sur ses maux de crâne. Tout ce qu'il avait trouvé jusque là étaient des médicaments, des drogues de plus en plus efficaces, mais aussi de plus en plus dangereuses. Il n'était pas augmenté comme Séph l'est, mais avait une résistance aux médicaments supérieure à la normale. Que ce soit dû à l'accoutumance ou son ADN de darkstar, il l'ignorait. Le Vieux Fou le saurait peut-être, mais Rufus ne risquerait pas de lui poser la question, même s'il le voulait.
"Merci," laissa-t-il échapper quand la magie de Tseng balaya la source de sa souffrance aussi aisément que quand il avait essuyé le sang qui coulait de son nez.
"Je vous en prie."
"Je… Je m'excuse," ajouta-t-il à voix basse.
"Vous l'avez sauvé. Il n'y a rien à excuser."
Un Turk guérisseur et honorable. Il avait tout vu.
"Qu'allez vous faire avec la Shinra ? " finit par demander Tseng en le relâchant après une dernière vérification.
Rufus se redressa légèrement, tâchant de reprendre son impassibilité habituelle.
"Ce que j'ai dit au conseil. Les objectifs principaux seront de protéger Midgar et nos alliés, renforcer nos liens diplomatiques avec les autres cité-état et pays, et surtout, trouver et détruire Sin et le Professeur."
"Avalanche ? "
"Une variable imprévisible. Je préférerais les intégrer à la sécurité civile, mais j'ai peur qu'ils ne se laissent pas faire. Ils avaient prévu des procédures pour s'enfuir au cas où Heidegger ou Père chercheraient à forcer leur main."
Être… télépathe, si c'était le bon mot, était très pratique pour un espion, décida Tseng.
"Vous avez lu l'esprit de Tuesti ? "
"Non, pas lui, je ne sais pas comment il fait, mais c'est presque impossible, c'est comme s'il arrivait à m'esquiver. Les autres sont des livres ouverts par contre."
"Je me charge de convaincre Mademoiselle Falmis," déclara Tseng en se levant, ramassant les linges souillés de sang.
"Vous pensez réussir ? "
"Monsieur. Allez vous coucher."
Rufus en resta bouche bée. Personne ne lui avait jamais donné cet ordre de sa vie.
Sauf Umbra. Et elle préférait se coucher sur lui pour l'y obliger plutôt que de le lui dire.
"Vous êtes épuisé et à deux doigts de l'embolie cérébrale. Gaïa attendra," déclara Tseng en désignant la porte de la chambre.
"Êtes-vous mon docteur, Tseng ? "
"Préférez-vous que Madame Falmis ou sa fille s'occupent de votre santé, Monsieur ? "
Si la fille était comme sa mère, elle devait être moitié aussi terrifiante. Donc non.
"Je… vais prendre une douche et j'irais me coucher," répondit Rufus.
Tseng hocha la tête, ajouta quelques informations sur les troopers qu'il allait placer en protection à l'étage du Président, puis s'excusa pour la nuit, laissant Rufus et sa créature seuls.
Umbra remonta sur le canapé et se laissa tomber dessus, étirant son cou pour poser son menton sur la cuisse de Rufus, le fixant de son regard écarlate.
"Pas un mot, Umbra," grommela Rufus en sentant son regard sur lui.
Elle ne dit rien.
Elle ne pouvait pas parler.
Mais elle ne se priva pas de penser.
"Aérith ? Je peux te poser quelques questions ? "
La jeune femme, assise sur son fauteuil, jambes croisées, referma son cahier tout en se redressant, adressant un grand sourire à Vincent.
"Bien sûr ! entre ! "
Vincent obtempéra, suivit par Cait qui vint aussitôt quémander de l'amour auprès d'Aérith.
"Si mon professeur de guérison apprenait qu'un animal entre dans l'infirmerie, je serais bonne pour des heures de colle à écrire cent fois les règles de l'asepsie," ricana Aérith en câlinant le chat.
"Je saurais me taire," déclara Vincent avant de poser une tasse du thé préféré d'Aérith devant elle.
"Ah, toi tu veux une faveur," nota Aérith avec un petit rire.
Vincent se contenta de mettre en marche un de ses playlists sur son PHS avant de s'asseoir face à Aérith.
C'était de plus en plus confortable pour lui de se rendre à l'infirmerie. Cid dirait que c'était à force d'y passer des nuits, mais les efforts de décoration d'Aérith et Cloud (et de leur directrice artistique de cinq ans) y étaient aussi pour beaucoup. Il y avait d'ailleurs une nouvelle peinture sur la porte.
"Je t'écoute," déclara Aérith en s'appropriant la tasse.
"C'est au sujet des recherches de ton père."
"Ah, alors je t'arrête, je n'en sais rien. Surtout les plus récentes… Et Mama dit qu'il n'est pas encore en état de répondre à tes questions…"
"Ce serait pour des recherches plus anciennes. Et je pense que tu dois les connaître," répondit Vincent en faisant glisser sa tablette vers Aérith.
La guérisseuse prit la tablette d'un geste délicat et parcourut les premières lignes rapidement. Elle se mordilla les lèvres avant de jeter un regard interrogatif à Vincent.
"C'est… ce qui a été volé à la Tour ? "
"En effet. Continue de lire."
Aérith obtempéra, les sourcils froncés et fit défiler le texte sur l'écran. Son expression intriguée fit rapidement place à de la confusion.
"Tu connais ces textes ? " s'enquit Vincent.
"Pas sous cette forme. Ce sont les contes et légendes que Mama me racontait quand j'étais petite…"
"Et ton père écoutait, n'est-ce pas ? "
Aérith hocha la tête avant de soupirer, reposant l'écran sur le bureau.
"Il devrait pourtant savoir qu'il ne faut pas retranscrire ces récits."
"Aérith, Gast est un de mes plus proches amis, mais il a parfois le bon sens que Minerva a donné à un mog."
"Normal, Cid dit souvent que j'ai l'instinct de survie d'un bébé mog nourrit à la barba-papa," ricana Aérith.
"Ah. C'est de famille, donc."
Aérith lui tira la langue. Vincent haussa un sourcil, retenant sa répartie habituelle face à ce genre de réaction5. Il se redressa, désignant la tablette du doigt.
"Dis moi si une de ces histoires parle de Gongaga."
Aérith soupira avant de reposer la tablette devant elle.
"Vincent, tu sais que nous ne sommes pas censés en discuter… même entre… nous..." acheva-t-elle en baissant la voix.
"Si Hojo commence à s'intéresser aux Cetras d'aussi près, il finira par découvrir l'existence des autres. Il a déjà connaissance des Kisaragi et de comment déclencher leur limite, il a expérimenté sur Séphiroth toute sa vie et il est… il est du même sang que toi, il sait que… que je peux changer d'apparence. Il a accès aux recherches de Xehanort. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il comprenne le secret des Anciens."
Aérith se mordilla à nouveau les lèvres, jouant distraitement avec une de ses mèches.
"Il faut protéger tes parents. S'il comprend que la conteuse désignée par I.C. est ta mère, elle sera une cible... et toi aussi."
Aérith releva vivement les yeux, le fixant d'un regard apeuré. Il n'aimait pas lui faire peur, mais Cid avait raison. Elle ne réalisait parfois pas toujours les risques qu'ils couraient à combattre les squames. Elle ne réalisait pas de quoi Hojo était capable pour assouvir sa curiosité.
"J'appelle Tseng," décida-t-elle en sortant son PHS de sa poche.
Vincent hocha la tête et s'apprêtait à se lever, mais elle lui fit signe de rester alors que le chef des Turks décrochait. Il éteignit la playlist par politesse.
Bon d'accord, et pour pouvoir espionner la conversation aussi.
"Allo, Tseng ? Je ne dérange pas ? "
-Aérith,- soupira Tseng, -ta mère a recommencé.-
"Définit: ' ta mère a recommencé' ? " reprit Aérith d'un ton surpris.
Vincent lui jeta un petit coup d'œil curieux avant de se pencher vers elle, tendant l'oreille. Aérith le laissa faire avec un petit regard amusé.
-Ta mère est à la Tour avec ton père.-
"Papa est réveillé ? ! Il devrait se reposer ! " s'exclama la jeune guérisseuse.
-J'ai peur que tu ne tiennes pas ta tête de chocobo des montagnes uniquement de ta mère, Aérith,- répondit Tseng de l'autre côté du fil.
"Tête de chocobo du glacier," corrigea Aérith, "est-ce qu'elle a recommencé à terroriser le Président ? "
-Pire. Ils coopèrent.-
"Le monde est perdu ? "
-Ou sauvé, au choix.-
C'était la première fois que Vincent entendait Tseng aussi détendu. Soit Aérith avait aussi un effet à distance, soit il était réellement attaché à elle plus qu'il ne le laissait paraître habituellement.
"Tu veux que je viennes les chercher ? " proposa Aérith.
-Non… Ah, non, mais il faudra que tu retournes chez vous t'occuper des serres, le Président a besoin de la présence de ton père et ta mère est...-
"Elle même, je comprends. Merci de me prévenir, j'irais m'occuper des plantes, tu peux rassurer Mama."
-Pourquoi appelles-tu ?-
"C'est au sujet des documents qu'Hojo a volé dans les archives..."
-Hm, Rude ne vous les as pas transmis ?-
"Si, si, je… commence à les lire… Tseng, ce sont les histoires de… ce sont les contes de Grand Glacier. De Mama. J'ai peur qu'Hojo..."
-S'en prenne à Madame Falmis ?- suggéra Tseng.
"Oui," admit Aérith d'une petite voix.
-Je vais renforcer la sécurité autour d'elle. Prévient-la juste de ne pas nous fausser compagnie sans prévenir, comme une certaine autre personne.-
"J'avais douze ans ! " protesta Aérith.
-Alexandria,- contra aussitôt Tseng.
"J'avais… de bonnes raisons."
-Comment ça se passe avec les Plombs ?-
Aérith jeta un petit regard à Vincent, cherchant ses mots. Il hocha la tête, lui faisant signe de répondre.
"On ne sait pas sur quel pied danser avec le nouveau Président," finit par admettre Aérith, "tout semble… soudain plus facile. C'est louche."
Cette fois, ce fut Tseng qui garda le silence un moment.
-Il a ses raisons. Laisse-lui… quelques temps pour trouver ses marques avant de te faire une idée sur lui.-
"Tu l'aimes bien," taquina Aérith.
-Ce que je pense personnellement de lui n'a aucune foutue importance,- rétorqua le wutan.
Oh, ça, c'était une réponse à la Morrow, réalisa Vincent en reconnaissant la tournure de phrase.
Et ça voulait dire qu'en effet, Tseng aimait bien le nouveau Président Shinra.
Enfin, en mesure Turk, bien évidemment.
-J'ai entendu dire que Fon Ronsenburg vous a fait parvenir des documents ?-
"Oui… comment tu sais ? "
-Grim Olmur est très réceptif au charme de Reno.-
"Je croyais qu'il préférait les blonds," rétorqua aussitôt Aérith.
-Elena n'est pas encore formée aux techniques de séduction Turk,- déclara Tseng d'un ton sérieux.
Cette fois, Vincent cligna des yeux, surpris.
Technique de séduction Turk ? depuis quand les Turks utilisaient ce genre de…
Depuis son époque, probablement, en fait.
Il y avait eut quelques missions où envoyer Vincent et Ash jouer de leurs charmes avait été nettement plus simple et efficace que laisser les brutes (Morrow, Yoshiro, et étonnement, Trigger ) y aller bille en tête.
"Reno s'est porté volontaire pour lui tirer les vers du nez, mais il n'a rien pu avoir de plus que la mention de documents. De quoi s'agit-t-il ?
Vincent prit le bloc note d'Aérith et un stylo avant d'écrire rapidement quelques mots dessus, tentant de s'appliquer autant que possible. La guérisseuse dû quand même loucher quelques secondes sur son écriture avant de comprendre.
"L'attaque au Cap de l'Espoir."
-Ah, oui,- reprit Tseng, -ça vous éclaire ?-
"Pas pour le moment," répondit Aérith après un nouveau petit mot de Vincent, "mais on enquête dessus."
-Très bien, je te transmettrais de nouvelles informations si on n'en a.-
"Tu sais que tu peux contacter Reeve directement maintenant," grommela Aérith.
-Ce serait fort peu Turk de ma part,- rétorqua Tseng d'un ton sarcastique. -Je dois y aller. Oh, Aérith ?-
"Oui ? "
-Passe le bonjour de ma part à Valentine.-
Aérith laissa échapper un petit glapissement de surprise et Vincent secoua la tête pendant qu'elle raccrochait, écarlate.
"Comment il a su ? ! " s'exclama-t-elle.
"Il ne savait pas," répondit Vincent avec un petit sourire, "il se doutait que quelqu'un écoutait à cause de tes pauses, ça ne pouvait être que Nanaki, les jumeaux ou moi. Et tu as confirmé que c'était moi avec ta réaction."
"Oh,"murmura Aérith, embarrassée.
"Je t'apprendrais à réagir correctement, si tu veux…"
"Barret dit que tu n'as pas le droit de m'apprendre quoi que ce soit," lui rappela Aérith en reprenant la tablette, la rallumant pour continuer sa lecture.
Vincent se pencha, composant son code sous les yeux d'Aérith avant de se rasseoir, la laissant lire quelques pages des recherches.
Aérith finit par soupirer et se frotter le visage avant de remettre la musique en marche.
"Nous avons perdu tellement de connaissances," soupira Aérith en reprenant la tablette, "Mama dit que c'est pour le mieux, que la planète n'a pas besoin que tous ses secrets soient connus… Et certains me terrifient."
C'était une des raisons pour lesquelles Vincent avait souvent cauchemardé en arrivant à Daguerreo. Les secrets que lui apprenait son père, sous couvert d'histoire pour dormir6, l'avait plus souvent traumatisé qu'autre chose. Et avec Chaos qui en rajoutait par-dessus, ça n'était pas vraiment étonnant que Vincent n'ait réussi à dormir des nuits complètes à nouveau qu'en arrivant à la Caravane.
"Et… je… ne suis que demi-sang…"ajouta Aérith d'une voix dépitée, "je… n'entends pas aussi bien la planète que ma mère… que mes ancêtres. Je ne comprends pas toujours ce qu'elle tente de me dire. J'entends… les cris d'agonies beaucoup mieux que les paroles douces."
Vincent cligna doucement des yeux, intrigué.
Des cris ou des paroles inintelligibles. Ça lui rappelait quelque chose, tiens.
"Parfois, je me demande si c'est pour ça que…"
Elle releva brièvement les yeux vers Vincent avant de tourner le regard sur le côté, réfléchissant à ses mots.
"Que ma tante a participé à l'expérience Cetra. Pour retrouver ces pouvoirs. Pour se sentir... utile…"
"Aérith, tu es loin d'être inutile."
"Si j'avais accès aux pouvoirs de mes ancêtres, je pourrais me battre à vos côtés, vous protéger au lieu de..."
"Nous sauver la vie ? " acheva Vincent d'une voix douce, "nous remettre sur pied physiquement et mentalement ? "
Aérith le fixa quelques secondes, abasourdi par ses mots avant de baisser les épaules, toute la tension de son corps disparaissant. Il tendit sa main humaine, effleurant doucement son épaule du dos de ses doigts.
"Tu es la plus puissante guérisseuse que j'ai jamais rencontré Aérith, sans toi, nous serions… encore plus en danger. Ne te sous-estime pas…"
"Mais... si nous avions les pleins pouvoirs de nos ancêtres…"
"Est-ce que nous serions humains ? " demanda doucement Vincent.
Elle sembla hésiter à la réponse, Vincent lui reprit délicatement la tablette avant de refermer sa main humaine autour de la sienne.
"Nous ne sommes pas des Anciens de sang pur, il n'y en aura plus jamais sur cette planète. Le dernier était Maduin et… le résultat n'a pas été ce que les Anciens voulaient."
La naissance de Maduin avait été…
Une expérience, disons.
Une tentative d'unifier plusieurs clans en un, de se métisser entre clans plutôt qu'avec les humains. Fenrir, et Garuda, ainsi qu'Ifrit et Da Chao avaient tenté d'avoir des enfants qui auraient la somme de leurs pouvoirs plutôt qu'une fraction.
Et ça n'avait pas été une franche réussite. Si Fenrir s'était uni à Da Chao et Ifrit à Garuda, peut-être que ça aurait fonctionné, mais leurs magies s'étaient mutuellement opposées. Le fils d'Ifrit et Da Chao avait à peine atteint l'âge adulte avant d'être déchiré par ses propres sorts, incapable de maîtriser ses pouvoirs, tandis que la fille de Garuda et Fenrir, sans pouvoir toucher le sol ou s'élever dans les airs plus haut que quelques centimètres, avait lentement dépéri au fil des siècles. Leurs noms à tous deux étaient oubliés, sauf de leur enfant, Maduin.
Là où les magies de ses parents s'étaient annulées ou opposées, la sienne était parfaitement équilibrée, lui permettant de charmer autant le feu que l'eau, de voler dans les airs ou modeler la terre à sa guise. Ses grand-parents s'étaient disputés le privilège d'élever le nouveau défenseur de la planète et une fois l'âge de raison atteint, Maduin les avait tous envoyés paître, renonçant à être l'Ancien de la Guerre pour devenir celui de la Famille.
Maduin avait clairement fait comprendre aux autres Anciens que ses griffes ne ressortiraient que selon son bon vouloir.
Et sur leur cuir si besoin était.
"Nous sommes les demi-sang, les quart-sang, les lointains descendants des Anciens, nous n'avons peut-être qu'une fraction de leurs pouvoirs, mais notre force est dans notre nombre. Et continuer à se diviser, se séparer, ça ne fait que nous affaiblir."
Vincent s'était disputé un nombre incalculable de fois avec son père et Chaos à ce sujet. Ils préféraient tous deux rester au statu quo, à la séparation de chaque clan bien définie et à devoir cacher leurs existences les uns des autres, alors que Vincent et sa curiosité insatiable le poussait à vouloir découvrir les secrets qu'on lui cachait.
Et comme disait souvent Barret: Trois têtes de chocobos sous le même toit, ça n'était pas vivable. Surtout si on ajoutait la langue de vipère d'Hel dans le lot. Gigas avait été le plus raisonnable d'eux cinq mais craignait trop Chaos pour oser le contredire. Ça avait donc souvent été Vincent contre les quatre autres.
Il ramassa la tablette, la tendant à Aérith.
"Quoi qu'Hojo ait trouvé dans ces documents, ça l'a mené au Cap de l'Espoir. Il faut qu'on trouve quoi."
La jeune guérisseuse hocha doucement la tête en reprenant l'écran, mais elle soupira toutefois.
"Je vais essayer… Mais…"
"Oui ? "
"Les contes…" commença Aérith en hésitant avant de se lancer, "les contes Cetra… sont vieux… et ont été traduit en commun ici…"
"Ça risque de poser un problème ? "
"Un seul… Quel était le nom du Cap de l'Espoir à l'époque et en Glacian antique ? "
Vincent resta quelques secondes silencieux, réalisant le problème. Parfois, il regrettait de ne plus avoir accès à la bibliothèque de son père.
"Oh."
"Je vais devoir tout lire, essayer de trouver les noms des lieux en Glacian et après... je pourrais peut-être te dire ça ? "
"Fais de ton mieux ? "
"Fourni moi en thé noir à la confiture de fraises et j'irais plus vite7," rétorqua Aérith en se plongeant dans sa lecture.
C'était noté.
"Débriefing," annonça Reeve en arrivant le lendemain en début d'après-midi, après une matinée passée à la Tour à suivre diverses réunions entre directeurs.
"Tout le monde ? " demanda Barret qui était de vaisselle avec Shera et Cid.
"Oui, Yuffie et Aérith ne devraient pas tarder, j'ai appelé le directeur de la MGU en venant.
Cid échangea un regard avec sa sœur. Si Reeve faisait sortir Yuffie de l'école, lui qui insistait pour qu'elle rattrape tous les cours qu'elle ratait à cause des missions, c'était important.
"Du grabuge ? " demanda Barret, inquiet.
"Je ne suis pas sûr," admit Reeve en acceptant un café de la part d'Elmyra.
"Je vais préparer le matériel," déclara Jessie, déjà en train de retirer ses chaussures et sa veste de tailleur.
Une fois tout le monde à nouveau rassemblé dans la salle principale et les deux étudiantes revenues, escortées par un des professeurs de son école, la réunion put commencer.
"Tu m'inquiètes, Reeve," déclara Aérith en déboutonnant sa propre veste d'uniforme.
"Désolé, mais… j'avoue que je suis… méfiant."
"Qu'est-ce qui se passe ? " demanda Vincent.
"Ma demande de vous envoyer enquêter au Cap de l'Espoir a été acceptée."
"C'est… bien, non ? " demanda Zack d'un ton hésitant.
"C'est trop facile," déclara Vincent.
"Je trouve aussi," renchérit Cid.
"Après des mois à nous mettre des bâtons dans les roues, ils nous facilitent soudain les choses ? " grommela Barret.
"Ce n'est pas tout. Une équipe de SOLDATs est en train d'être constituée pour remplacer Avalanche le temps de votre absence. Cid ? "
"J'appelle Basch dès qu'on a fini," répondit le pilote.
"Merci. La seule chose que le Président demande, ce sont des rapports journaliers et que votre absence ne dure pas plus de trois jours."
Il observa rapidement ses hommes qui semblaient tous aussi perturbé que lui à son arrivée.
"Vincent ? "
"Je ne trouve pas en quoi ça bénéficierait Shinra de coopérer aussi soudainement. Ce serait une autre société, je dirais qu'ils prennent conscience de leur responsabilité mais… c'est Shinra."
"Peut-être que c'est ça que Tseng voulait dire hier ? " intervint Aérith.
"Tseng ? " répéta Barret.
Aérith expliqua la discussion qu'elle avait eu la veille avec le Turk et la conclusion rendit Reeve encore plus perplexe.
"Le Président a ses raisons ? Qui d'autre est-ce que ça inquiète ? "
Même Red leva la patte.
"On y va ou pas, alors ? " demanda Yuffie en baissant la main.
Reeve soupira longuement en se massant les tempes avant de demander un autre café à Elmyra.
"Oui… oui, vous y allez. Toute l'équipe de combat en tout cas. Jessie, tu restes avec moi, tu superviseras de mon bureau. Wedge et Biggs resteront avec nous. Elmyra…"
"J'irais au bar de Jecht et Auron avec Marlène," déclara Elmyra,"laissez-moi juste… laissez-moi les prévenir et préparer un sac avec nos affaires.
"Je t'aiderais," ajouta Barret.
"Shera, tu veux venir avec nous ? " proposa Reeve.
"Si ça ne te dérange pas Reeve, je préférerais aller avec Cid."
"Tu n'es pas une combattante…"
"Je resterais sur le Haut Vent. Ça me manque de voler et je pourrais tenir Cid à l'œil."
"La queue des wyrms, Shiera, tu ne vas pas passer ta vie à m'espionner ? "
"Devine."
"Écoutez… Je veux que vous alliez là-bas pour enquêter. Juste pour enquêter," réclama Reeve sérieusement, "ne partez pas à l'assaut de Sin, ne cherchez pas la bagarre avec les locaux, et ne provoquez pas d'accident diplomatique, est-ce que c'est compris ? "
"Tu as peur de quoi Reeve ? " s'enquit Zack.
"Je ne veux même pas faire de suggestion au destin, Zack."
Si les derniers événements avaient apporté un point positif, c'était bien la vitesse à laquelle toute l'équipe d'Avalanche pouvait vider Seventh Heaven et partir pour l'autre bout du monde.
Il ne fallut qu'une heure pour prévenir l'équipage du Haut Vent, transférer les ordinateurs et archives dans la Chocomobile, faire les sacs, préparer l'équipement et se souvenir de mettre Cait dans sa caisse pour qu'Elmyra puisse l'emmener avec elle au bar.
Le chat protesta haut et fort du traitement.
"Oui, oui, je sais, c'est un outrage," déclara Vincent à son chat quand les hurlements de dépit s'élevèrent derechef.
Yuffie ricana au décalage entre son ton et ses paroles avant de jeter son sac à l'arrière du fourgon.
"Je suis prête ! "
"Monte sauterelle ! " ordonna Cid, à l'avant avec Shera qui consultait une carte, les sourcils froncés.
"Cap de l'Espoir… si le Haut Vent passe en diagonale, on a en a pour sept heures de vol, une dizaine si on suit les côtes. C'est largement jouable."
"Et Balth a passé son accréditation, il peut officiellement faire voler le Haut Vent seul," ajouta Cid, "on pourra alterner plus facilement."
Barret était en train de discuter avec Jessie, qui le chargeait de bidules électroniques au fur et à mesure.
"Les modules de rechanges si vous perdez les vôtres, comme d'habitude. Il faudra les réinitialiser sur la fréquence, Cid sait faire. Je vous ai mis un brouilleur au cas où. Tu veux des explosifs ? "
"Jessie, tu penses vraiment que…" commença Barret.
"On en a au Haut Vent," intervint Cid.
"Ah, super ! "
"Ça n'est pas une bonne idée," grommela Barret, résigné à être la voix de la raison.
"Soyez très prudent, appelez-moi dès que vous avez atteint le Cap," demanda Reeve alors que Biggs fermait la porte de la Chocomobile, Wedge grimpant à l'extérieur pour protéger les ordinateurs et les dossiers.
"Ça risque d'être tard," objecta Cid.
"J'attendrai. Je serais chez moi et je me coucherais juste après," soupira Reeve sous le regard insistant de Barret et Elmyra.
"En voiture tout le monde ! " lança Cid.
Cette fois, une partie de l'équipage attendait Avalanche au hangar. Le Haut Vent était en train d'être sorti de son emplacement, guidé par Fran et Gippal au sol. Cid attendit quelques minutes que la place se libère avant de garer le fourgon, directement dans le hangar. Luca vint immédiatement ouvrir la porte de derrière du véhicule.
"Luca ! " S'exclama Yuffie en tendant les bras vers l'apprentie.
"Yuffie ! "
Vincent n'avait pas réalisé que Luca était encore plus petite que Yuffie avant de les voir dans les bras l'une de l'autre, à échanger les dernières nouvelles avec un débit déconcertant.
"Oui, Luca est un peu leur Yuffie," expliqua Shera en surprenant le regard du sniper sur les deux jeunes filles.
"Ou Yuffie est un peu votre Luca," ajouta Edgar en arrivant à son tour.
"tout est prêt ? " demanda Cid en descendant.
"Oui Capitaine," répondit Luca, "batteries chargées, frigo plein, réserve d'eau aussi ! "
"Maître Cid prépare le trajet et Balth est en train de finir la manœuvre de placement, on n'attends plus que vous et les plombs ! "
"Ok, prenez vos affaires et préparez-vous à monter à bord ! "
L'embarquement se fit rapidement, les derniers furent Gippal et Ed qui fermèrent la porte du hangar avant de grimper, refermant derrière eux. Cloud et Yuffie firent la course jusqu'à l'infirmerie, suivis d'Aérith, Red et Zack, pendant que Barret aidait Cid et Vincent à empiler leur matériel d'intervention dans le cargo.
"Ed, besoin d'une autre paire de mains dans la salle des machines ? " demanda Shera en rassemblant sa queue de cheval en chignon.
"Ce serait un plaisir de travailler à nouveau avec vous, Capitaine," déclara Edgar avec un petit salut, "essayez juste de ne pas distraire Gippal."
"Capitaine ? " s'étonna Vincent.
"Co-capitaine," expliqua Cid, "Shera a aidé à la conception du Haut Vent et… Hey ! Edgar, ça veut dire quoi 'ne pas distraire Gippal' ? "
"Vous savez comment il est dès qu'il y a une jolie femme à bord, Capitaine," répondit Edgar sans ciller, pendant que Shera grimaçait discrètement.
Le pilote jeta un regard dubitatif au chef-mécanicien, puis à Shera qui roulait des yeux d'un air agacé. Il y avait un secret de la taille de Bismarck entre Shera et Gippal visiblement et Vincent décida charitablement de venir au secours de la légiste.
"Cid, je peux utiliser la radio du Haut Vent pour contacter Edéa ? Il faudrait qu'elle prévienne les maduins."
"Ah, oui, on va demander à Cid, viens."
Edgar attendit que les deux hommes soient passés dans l'escalier avant de pencher la tête vers Shera.
"Lui et le Capitaine… ? "
"Moi vivante, jamais," marmonna Shera.
"Tu dis ça chaque fois que Cid mate un cul."
Shera grimaça et releva ses lunettes pour se frotter le visage à deux mains.
"Ed, j'essaye de dissuader Cid de s'impliquer plus avec Vincent, ne l'encourage pas, s'il te plaît."
"Six mois de célibat, Shera, la dernière fois qu'il a été abstinent aussi longtemps, il a fini dans mon lit…"
"Mais pourquoi il a fallu que tu te trouves un mec ? " gémit la jeune femme en baissant les mains vers le sol.
Edgar eu un petit rire et passa un bras autour de ses épaules, l'attirant contre lui.
"Shera, je t'adore, mais laisse Cid respirer un peu."
"Hé, Valentine peut pas être si terrible, il a l'air plutôt sympa," hasarda Gippal.
Shera soupira. C'était le problème. Enfin, une partie du problème. L'autre étant que plus le temps passait, plus Vincent lui rappelait un autre brun auquel elle aurait préféré ne plus jamais penser.
"Vous vous souvenez comment était Nooj après leur dernière rupture ? " demanda-t-elle à voix basse.
"… un peu avant sa mort tu veux dire ? " murmura Gippal.
"Vincent est… pareil. À prendre des risques insensés et partir dans des plans pas possible sans réfléchir."
"Tu ne l'aimes pas ? " risqua Edgar.
"C'est ça le pire. Je l'aime bien. Il… Il a sauvé la vie de Cid et des autres, il a pris Yuffie sous son aile et… ça me fait mal de le dire, mais ça lui fait du bien, elle est plus calme. Mais…"
"Mais tu as peur qu'il vous fasse un coup à la Nooj," acheva Gippal.
"Et qu'il entraîne mon idiot de frère après lui…"
Edgar soupira en posant son menton sur le haut du crâne de Shera. Il comprenait un peu mieux l'inquiétude de Shera au sujet de son frère. Nooj avait été le genre de personne qu'on ne pouvait pas s'empêcher d'aimer, quitte à le regretter très amèrement par la suite.
Et du peu qu'il avait croisé Valentine, ils avaient des points communs. Grand, ténébreux, stoïque la plupart du temps, belle gueule, de la répartie et, connaissant les goûts de son capitaine, probablement plus ou moins fêlé.
C'était triste de réaliser qu'il était le plus stable des ex de Cid.
"Ça se trouve, il est hétéro et pas intéressé par Cid…" commença Edgar pour tenter de la rassurer.
"Il est bi. Et ça ne veux rien dire, TU étais hétéro et pas intéressé par Cid," lui rappela Shera avec un regard las.
"J'ai jamais compris comment il faisait ça, d'ailleurs," marmonna Gippal.
"Tu devrais essayer, Gip, tu comprendrais," plaisanta Edgar avant d'esquiver un coup de poing de Shera.
"Edgar Roni Figaro, tu LAISSES mon plan cul rester hétérosexuel, est-ce que c'est bien compris ? ! "
Comme d'habitude, Maître Cid était à son poste dans la salle de pilotage et fut rejoint par son Capitaine et son apprentie, qui vint aussitôt consulter l'écran.
"Cid ! On a quoi comme itinéraire ? "
"On descend vers Junon et on a l'autorisation de passer par leur espace aérien pour couper vers Gongaga cette fois," répondit le vieil homme.
"Prise d'altitude maximale au-dessus de Junon alors," grommela Cid d'un ton sombre, " on a une mission au Cap, je prends le premier quart de pilotage, Balth, tu te sens de prendre la barre avant ou après Junon ? "
"Avant ça ira, Capitaine," assura Balthier d'une voix sérieuse.
"Parfait, et pour l'atterrissage au Cap, y'a besoin d'autorisation ? "
"Gongaga village disent qu'il n'y a personne là bas et pas de piste d'atterrissage," répondit le vieux Cid, "il faudra juste signaler notre position régulièrement."
"Vincent doit contacter la directrice de la MGU à ce sujet, tu peux lui ouvrir une ligne ? "
"Bien sûr, viens par là Vincent, tu sais comment ça fonctionne ? "
"J'ai peur d'avoir un peu de retard sur cette technologie," admit le Turk.
"Tant mieux, faut entretenir ta curiosité, c'est bon pour ton état mental," rétorqua le navigateur en lui faisant signe d'approcher.
"Pitié, Maître Cid", soupira Barret, "ne l'encouragez pas à être encore PIRE."
1 Sauf lors de leur première rencontre où elle l'avait copieusement insulté et enguirlandé tout en lui jetant des poignées de terre à la tête.
2 Maduin/latin: J'ai appris pour...Le Cap de L'espoir… Est-ce que... Maduin ?
3 Djidane n'est jamais invité aux galas, mais le majordome capable de l'arrêter n'est pas encore né. Au bout d'un an et demi à le voir s'infiltrer plus ou moins en douce pour rejoindre Garnet, Béatrix et Steiner ont laissé tombés et le laissent venir tant qu'il ne vole rien et met un costume approprié. Yuna doit parfois assister aux galas en tant que future prêtresse de Yévon, et emmène Tidus comme son gardien. Personne n'est dupe, vu qu'il vénère Bismarck. Yuffie et Squall sont généralement le cavalier l'un de l'autre, mais parfois, ils se mettent d'accord avec Linoa pour inviter Quistis, Zell et Seifer. Pour mettre de l'ambiance.
4 A savoir: "Ne la sors pas si tu n'as pas l'intention de l'utiliser sur moi". Quoi ? Ça avait marché sur Ash.
5 A noter que ça ne marchait pas des masses
6 Elle boit son thé à la Russe, en sucrant à la confiture.
7 Ce n'est pas de Gast qu'Aérith tient son impulsivité, vous noterez.
