Chapitre 38 : On ne choisit pas sa famille
Résumé :
On ne peut pas dire que le retour du fils prodigue se passe de manière idéale, mais au moins, personne n'essaye de tuer Vincent.
Enfin… Pas volontairement en tout cas.
Personnages :
Vincent, Cid, Yuffie, Zack, Cloud et Aérith, Diablos, Galian, Hellmasker (Helgrimr), Gigas Death (Gigastein), Chaos (mentionné)
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On choisit pas sa famille, Vincent aurait préféré, Helgrimr et Cid deviennent pote, Yuffie et Galian aussi, histoire de familles, oui encore, renforcement des liens père-fils, ou pas, pas avec Vincent en tout cas, pour des gens aussi intelligents ils arrivent à être particulièrement cons quand ils veulent, Gigas est le gardien du bon sens de la famille, il en faut bien un, les Anciens sont parfois un poil possessif envers leur famille, et c'est pas toujours une bonne chose, revisitage des traumas façon guide touristique, torture, expérimentation humaine, (enfin, humaine, on se comprend), rupture amoureuse, traumatismes assez sévères, violence familiale, trauma intergénérationnel, comme si Vincent en avait déjà pas assez avec les siens, Jénova Inside, certains personnages envisagent le parricide avec bonheur, Aérith est horrifiée, Vincent va devenir un poil plus mature (mais alors juste un petit poil, hein)
"Fumeur ?" demanda Cid en allumant la cigarette d'Helgrimr.
"Rarement," admit Helgrimr avant d'inhaler une bouffée de fumée, "comme vous l'avez vu, c'est interdit, et l'approvisionnement est… compliqué."
La planque d'Helgrimr consistait tout bêtement à se glisser dans le tunnel d'entretien du système de ventilation du volcan, près de la bouche de sortie, histoire que la fumée ne rentre pas dans la bibliothèque. L'ingéniosité des démons de Daguerreo était impressionnante.
"Et puis, Galian a le nez fin. Elle sait quand je fume et ne se prive pas de le rapporter à Père."
Cid laissa échapper un ricanement compatissant.
"J'ai deux sœurs. Elles sont toutes les deux sur mon dos pour que j'arrête."
"Minerva, j'aimerais n'avoir que deux sœurs," soupira Helgrimr.
"J'ai cru voir que la famille était nombreuse."
"Avec le retour de Makoto, ça fait un de plus."
"Je ne suis même pas étonné que Vin... que Makoto ait grandi ici," murmura Cid.
"Vraiment ? Pourquoi ?"
"Il a toujours le nez fourré dans un livre."
"Hm. Dire que c'était un calvaire de le faire lire à l'époque," marmonna Helgrimr.
Cid haussa un sourcil surpris. Il avait du mal à imaginer un petit Vincent sans un livre à la main. Helgrimr vit son expression dubitative et expliqua avec un petit sourire amusé.
"Il avait grandi au grand air et se retrouvait soudain enfermé sous terre, avec la mort de sa mère et notre frère qui l'asticotait, il ne voulait rien avoir à faire à Daguerreo."
"Chaos ?"
Helgrimr souffla un nuage de fumée en jetant un petit regard calculateur à Cid.
"Qu'est-ce qu'il vous a dit à notre sujet ?"
"Pas grand-chose. Juste qu'il se battait avec Chaos. Et qu'il voulait vous revoir."
Le démon manqua de s'étouffer à la fois d'indignation et avec sa cigarette.
"Makoto ? ! Il a dit ça ? ! Alors ça c'est le bouquet ! Il se barre sans prévenir, sans nous donner de nouvelles pendant dix ans avant de mourir et on lui manque ?"
La cigarette s'enflamma brutalement et Cid recula, jeta un regard circonspect au démon.
Encore un mage-né… Et visiblement, c'était de famille d'avoir leur magie qui leur échappait quand ils devenaient émotifs.
Le brun regarda les cendres tomber de sa main avant de grommeler et éparpiller les restes d'un geste.
"Oubliez ce que je viens de dire."
"Ça dépend, vous allez vous en prendre à lui ?"
"Je ne suis pas Chaos. Je suis juste… je suis un vieux con aigri," soupira Helgrimr en passant la main dans ses cheveux.
Cid ressortit son paquet, lui proposant une autre cigarette qu'il accepta. Il laissa le dragoon l'allumer et recommença à tirer dessus.
"Il est parti en nous laissant derrière, Gigas et moi," finit par déclarer le démon, "mais d'un autre côté, je ne devrais pas lui en vouloir. De nous deux, c'est moi l'aîné, c'est moi qui aurais dû le protéger."
Cid ricana.
"Quoi ?" s'offusqua Helgrimr.
"Je le connais depuis moins d'un an mais je sais déjà qu'il ne supporte pas d'être protégé. Je suis presque sûr qu'il ne sait pas comment faire d'ailleurs."
"Vous le connaissez bien, en effet, "admit le brun avant de se fendre d'un sourire machiavélique, "qu'est-ce qu'il y a entre vous ?"
Cid lui jeta un regard en coin, laissant échapper un long nuage de fumée de ses narines. Gippal appelait ça "faire le dragon", ça n'était pas aussi impressionnant que le mauvais œil mako, mais ça faisait taire ses hommes et avouer le coupable de la dernière connerie en date en quelques secondes, montre en main.
"Ça, ce sont nos affaires."
"Rien à voir avec le courrier de plainte que nous avons reçu de Burmécia comme quoi un démon de Daguerreo est en train de dévoyer le dernier fils en date de Bahamut ?"
Helgrimr se bidonna au chapelet d'insultes en burmécien qui échappa à Cid.
"Ils ne peuvent pas foutre la paix à ma vie sexuelle, drekaskìtur ? !"
Le vieil homme finit par se calmer et jeta un regard à sa cigarette avant de reprendre, d'un ton plus sérieux.
"Comment va-t-il ? Pas... pas maintenant, je veux dire… en général."
"Pas top," marmonna Cid, "il s'est réveillé d'une absence de trente ans, ceux qu'il connaissait sont morts ou ont vieilli sans lui, Hojo lui a fait subir des trucs que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi…"
"Et le connaissant, il doit s'entêter à continuer comme si de rien n'était."
Cid hocha la tête. Il avait un peu de mal à cerner le vieil homme à ses côtés. Un moment il crachait sur son frère, et au suivant, s'inquiétait pour lui. Quoi qu'il se soit passé au départ de Vincent, ça avait dû être compliqué.
"Pourquoi est-il parti ?" demanda Cid.
Le démon brun porta sa cigarette à ses lèvres et posa la main sur le reste de son bras, serrant le morceau de manche qui flottait dans son poing avant de la replier comme il pouvait.
"Chaos aurait fini par le tuer s'il était resté," finit-t-il par déclarer une fois le pan de tissu replié et la cigarette de retour dans sa main.
"C'est lui qui vous a fait ça ?"
"Père avait décidé de m'envoyer à Esthar pour espionner les magouilles des Sorcières qui se faisaient la guerre là-bas. Chaos l'a... mal pris. J'ai perdu mon bras dans la bagarre."
"Votre père n'a rien dit ?"
Helgrimr laissa échapper un petit rire acerbe avant de secouer la tête, incinérant le reste du mégot d'un geste des doigts avant de répondre.
"Chaos l'a convaincu que c'était un accident et qu'il s'est laissé emporter. Il a été puni mais… ça ne l'a pas empêché de recommencer l'année suivante avec Makoto."
"Sa jambe," compris Cid.
"Que ça ne quitte pas cet endroit, mais Chaos était un trou du cul et Père est le seul ici à le regretter."
"Pourquoi les Anciens ont autant de mal à être des pères corrects ?"
"La thérapie n'existait pas y'a deux mille ans," répondit sarcastiquement Helgrimr.
"J'aimerais presque avoir une bière pour trinquer à ça."
"On n'a pas de bière ici."
"Je l'aurais parié," soupira Cid.
"On a du vin de palme, en revanche."
Vincent s'était réfugié dans la salle de la mémoire.
Il avait amené Aérith dans la section civilisation disparue de la bibliothèque afin qu'elle en apprenne plus sur sa propre culture. La plupart des livres sur les Cetras étaient pour le moment réquisitionnés par son père pour la traduction et certains étaient trop vieux pour être manipulés ou lus par la jeune guérisseuse, mais il y avait plusieurs compilations en commun que le responsable du rayonnage avait trouvé pour elle. Elle l'avait presque embrassé. Zack et Cloud avaient décidé de rester avec elle et après un moment à chercher Cid, Yuffie avait décidé qu'ils feraient mieux de se séparer et était partie avec Galian pour la guider.
Il devrait peut-être s'inquiéter de la façon dont Galian semblait idolâtrer Yuffie, mais question mauvaise influence, Hel était probablement pire qu'une ninja wutane.
Il avait profité de se retrouver seul pour retourner ici. Ça faisait longtemps et il avait besoin de réfléchir un peu.
Ce niveau était le plus proche de la bouche du volcan et probablement un des plus anciens. Les Daguerriens avaient tendance à creuser vers le bas quand ils voulaient s'agrandir et les murs de ce niveau étaient grossiers, juste aplanis au niveau des peintures pariétales qui les couvraient.
Vincent était adossé à une fresque représentant Minerva émergeant du sol quand Cid arriva et, après un regard à la fresque, vint s'asseoir près de lui.
"Comment as-tu su où j'étais ?" demanda Vincent.
"Helgrimr m'a dit que tu te planquais toujours là quand tu étais gamin," répondit Cid.
Ah. Peut-être qu'il devrait aussi s'inquiéter si Hel et Cid commençaient à devenir amis.
"Chaos n'osait pas venir me chercher ici. Père l'aurait tué s'il avait abîmé ses peintures."
"C'est ton père qui les a faites ?"
"Hm, quand il était enfant. Il les restaure régulièrement."
"C'est quoi ? Des peintures religieuses ?" demanda Cid en jetant un regard à la déesse derrière lui.
"Les premières archives de Daguerreo," répondit Vincent avec un soupir. "Il les as faites pour garder un souvenir."
"De quoi ?"
"De la Calamité."
Encore une fois, Cid était frappé de réaliser à quel point les Anciens étaient… vieux.
Le père de Vincent, aussi jeune qu'il semblait, avait connu cette époque. Une époque dont Bahamut aussi gardait un traumatisme durable.
Cid regarda les fresques les plus proches, essayant de les déchiffrer. Il voyait des Anciens, un peu partout, au milieu des leurs. Il reconnut Fenrir, cerné de loups, Shiva, dansant sur des pointes de glacier…
Une foule de démons ailés et griffus, dont un, plus petit, se tenait à la queue d'un démon plus grand.
"Ton père ?" demanda Cid en désignant le petit démon.
"Et le sien. Bélias. Je ne l'ai pas connu, il est mort dans la guerre contre la Calamité. Presque tous les démons sont morts, il n'est resté que les enfants et quelques adultes. Et ceux qui… qui ont été déformés par la Calamité. Qui sont devenus des monstres."
Le père de Cid avait mentionné quelque chose de similaire au sujet des dragons et Cid essayait très fort de ne pas trop y réfléchir.
De ne pas penser que les dragons que les dragoons tuaient et dépeçaient autour de Burmécia étaient de lointains cousins.
"Maintenant que Chaos est mort, Père est le dernier survivant purement Ancien. Sa cousine est morte il y a… quelques siècles."
"Que s'est-il passé ?"
"Suicide. Quand Daguerreo… Quand la ville a été détruite, elle ne l'a pas supporté. Elle avait été touchée par la Calamité, elle perdait l'esprit. Chaos avait hérité d'elle."
"Oh… Oh putain, il a fait un gamin avec sa cousine ?"
"À l'époque, Père essayait encore de repeupler son clan d'Anciens. Il a abandonné, on ne peut pas dire que c'était une réussite."
Vincent leva les yeux vers les fresques avec un soupir.
"Quand Père mourra, il ne restera que la bibliothèque."
"Y'a pire comme héritage," nota Cid en l'imitant "des siècles de connaissances accumulées."
"Deux millénaires en comptant les fresques" corrigea Vincent, montrant les peintures qui les entouraient.
Ils restèrent un moment silencieux, épaule contre épaule avant que Vincent soupire et s'appuie doucement contre Cid.
"Je suis désolé."
"À quel sujet ?" rétorqua Cid sans le regarder.
"D'être parti sans te prévenir."
"Putain, Vincent," commença Cid.
"Mais Chaos était… dangereux, ça lui arrivait de s'en prendre à… à nos proches."
"Pourquoi tu nous en as pas parlé d'abord ? Ça aurait évité une partie de ce cirque !" s'emporta Cid en faisant un grand geste.
Il se frotta le visage d'une main avant de reprendre.
"On en reparlera, ok ? Mais pas maintenant. Pas ici. Quand tu auras réussi à convaincre ton père de te laisser partir."
"Promets moi d'arrêter de le chercher, s'il te plaît," reprit Vincent.
"Je le cherche pas ! C'est juste que…"
"Vous avez aussi sale caractère l'un que l'autre."
"Hé !" protesta Cid avant de réaliser que Vincent lui souriait.
"J'avoue que c'est une autre raison pour laquelle je voulais éviter que tu le rencontres," déclara le brun, "je savais que vous alliez tous les deux en venir aux mains."
"Ça lui fera du bien que quelqu'un lui tienne tête. Il doit pas avoir l'habitude."
"Bien sûr que si. Mais en général, ceux qui lui tiennent tête finissent dans son lit."
Cid jeta un regard stupéfait à Vincent qui se leva et lui tendit la main pour l'aider à se mettre debout.
"Il a un faible pour les têtes de chocobo qui ont du répondant."
"Je ne suis PAS intéressé par ton père, merci," rétorqua Cid en se hissant debout.
Il se retrouva nez à nez avec Vincent et lui attrapa le menton de l'autre main.
"Je préfère son fils," murmura Cid en inclinant le visage vers lui.
Un petit rire vite étouffé fit lever l'oreille à Vincent, qui soupira, posant son front sur le haut du crâne de Cid.
"Sortez de là," ordonna Vincent.
Le rire se fit assez fort pour que Cid l'entende cette fois et le pilote vit les visages hilares de Galian et Yuffie émerger de derrière une colonne.
C'était définitif, il ne manquait que Freya pour que toutes leurs sœurs leur pourrissent leur vie amoureuse[1].
"Père dit que la salle de la mémoire, c'est pas pour se peloter," ajouta Galian avec un grand sourire, dévoilant ses crocs.
"Je l'aime bien ta sœur," ajouta Yuffie en passant un bras autour des épaules de la fillette qui s'agrippa des siens à la taille de l'adolescente.
"Qu'est-ce que vous faites là ?" soupira Vincent.
"Galian voulait me montrer un portrait de Dame Da Chao," répondit Yuffie.
"Vince, méfie-toi, elles vont se liguer contre toi un jour," le prévint Cid en lâchant Vincent.
"Peut-être que je pourrais les lâcher sur Hel," soupira Vincent, faisant de même, mais laissant ses doigts effleurer la taille de Cid dans son dos, à l'abri des regards des filles.
"C'est par là !" s'exclama Galian, entraînant Yuffie avec elle.
"Y'a pas un seul coin sur Gaïa où on pourrait être tranquille dix minutes ?" marmonna Cid.
"Karma," répondit Vincent en se dirigeant à la suite des filles, "c'était mon jeu favori de déranger Hel et Gigas quand ils comptaient fleurette à leurs conquêtes."
"Elle est là !" s'exclama la voix de Galian.
Vincent jeta un regard à la fresque que désignait l'enfant à Yuffie. Sur un des côtés, Da Chao était parfaitement visible, encore jeune à l'époque, sa queue de serpent se tordant sous elle pendant qu'elle retenait les flots de ses mains. De l'autre côté de la fresque, une autre femme, plus massive, dotée d'une queue de baleine et à la peau blanche comme le lait, faisait de même. Entre elles, une silhouette lointaine et ailée flottait au-dessus d'une terre desséchée et ravagée.
"Qui est-ce ?" demanda Cid en montrant la sirène.
"Bismarck," répondit Vincent.
"C'est le... euh…nami no kôtai... le retrait des vagues ?" demanda Yuffie.
"Hein ?" fit Cid.
"Pendant le combat contre la Calamité, les Anciens ont tenté de l'empêcher de sortir du cratère de Grand Glacier," expliqua Vincent.
"La Terre Fertile !" intervint Galian.
"C'était son nom à l'époque," expliqua Vincent, "tous les Anciens marins et aquatiques ont retiré l'eau autour du continent avant de la jeter dans le cratère nord et Shiva l'a ensuite gelée, ce qui a couvert la Terre Fertile du Grand Glacier."
"T'es un fils d'Ancien, tu sais pas ça ?" s'étonna Galian en fronçant les sourcils.
"J'ai pas été élevé comme tel," rétorqua Cid, "alors celle au milieu, c'est la Calamité ?"
"Oui, elle venait de tuer Minerva."
"Je ne savais pas la Calamité était une femme," s'étonna Cid en s'avançant pour mieux observer la peinture.
"Ça dépend des histoires. Certains disent que c'était un 'il', d'autres une 'elle', d'autres que le genre n'était pas un concept applicable vu que la Calamité volait les corps de ses..."
"Vince…" murmura Cid en désignant le portrait de la Calamité, "si je te parle de nichon oculaire ça te dit quoi ?"
Vincent fronça les sourcils, cherchant où voulait en venir Cid et regarda la peinture à son tour.
Il y avait un œil sur son sein droit, un autre flottant à côté d'elle.
Ses ailes déformées étaient rabattues en arrière, hérissées de plumes blanches, rouges et noires.
Elle n'avait pas de mains, mais des tentacules à la place de chaque bras.
Et ce que Cid ne pouvait pas savoir… Elle avait de longs cheveux argentés.
Et des yeux fendus.
Vincent l'avait déjà vue.
"Il faut prévenir Père," s'entendit dire Vincent.
"Père !"
"Je croyais qu'il avait perdu l'habitude de débarquer sans prévenir alors que je suis occupé," marmonna Diablos, penché sur une traduction, Gigastein à ses côtés.
"On l'a perdue, nous ?" rétorqua Helgrimr assis plus loin dans un des fauteuils devant la cheminée, un livre sur le ventre.
La famille était rassemblée dans l'étude privée de l'Ancien. Sophia, la femme de Gigastein était là aussi, recopiant minutieusement les fresques pour l'archivage pendant que son mari aidait son père sur des détails linguistique que Vincent n'oserait même jamais appréhender.
"J'ai une mauvaise nouvelle, Père," reprit Vincent en approchant, Cid et ses sœurs sur les talons.
"Pire qu'un savant fou qui s'en prend aux Anciens ?" rétorqua son père sans lever le nez de sa traduction en cours.
"Père, le portrait de la Calamité dans la salle de la mémoire, est-il ressemblant ?"
L'Ancien se redressa, intrigué par la question de son fils.
"Lequel ?"
"Merde, on aurait dû regarder les autres," marmonna Cid.
"J'y retourne, je vais prendre des photos !" Offrit Yuffie en récupérant son portable posé sur la table.
"Je l'accompagne !" renchérit Galian.
"Princesse, qu'est-ce que…" commença Diablos avant que les deux filles ne repartent en courant.
"Père, c'est important, le portrait qui apparaît sur la fresque avec Dame Da Chao et Dame Bismarck ? Le retrait des vagues…"
"Oui, c'est un portrait… du moins aussi ressemblant que possible… Je ne l'ai vue qu'une fois après la mort de Minerva et j'étais petit… Où veux-tu en venir ?"
"Est-ce qu'elle avait des cheveux argentés, des yeux fendus, des ailes déformées…"
"Les organes qui dépassaient ?" intervint Cid, "on les as pas vu sur la fresque mais…"
"Parce qu'ils étaient cachés dans son dos derrière ses ailes," déclara l'Ancien d'une voix blanche, "nous les avons trouvés après que... Comment le savez-vous ?"
"Père, le corps de Cetra qui a été utilisé pour les expériences d'Hojo à Nibelheim a été trouvé à Grand Glacier."
Son père approcha de lui, le fixant du regard, mais sans l'interrompre.
"Mais, je crois que n'est pas un Cetra."
Diablos posa la main sur l'épaule de son fils, l'écoutant parler avec anxiété.
"Je crois que c'est celui de la Calamité Venue des Cieux."
"Quoi ?" murmura l'Ancien.
"Cid et les jumeaux ont vu son corps, ils pourront confirmer…"
"Filez du papier à Cloud et il vous le dessinera," ajouta Cid.
"Sa tête n'y est plus, mais je l'ai vue il y a trente ans et…"
"Montre-moi," ordonna Diablos en posant l'autre main sur la joue de son fils.
"Que… Oh. Oh non, Père non !" s'exclama Vincent, essayant de s'écarter de lui.
Les yeux de son père flamboyèrent.
L'enfant portait une robe d'été blanche, salie de poussière et avait des yeux rouges étincelaient de mako.
"Turk au grand cœur," murmura-t-elle avant de lui briser la main.
Son visage fut déchiqueté par l'impact de la balle.
Elle était morte.
Il n'y avait pas d'autres explications.
Le cœur de la shiva devant lui ne battait pas, elle ne respirait pas.
Elle était froide. C'était normal chez les femmes des glaces, mais même quand elles utilisaient leur magie, il y avait la pulsion de leur sang qui réchauffait leur peau.
Et cette plaie, à l'arrière du crâne...
Comme celle que lui avait faite Hojo.
Minerva, ça recommençait.
Le soldat Estharien lança quelque chose sous ses pieds.
Réflexe aidant, il recula rapidement.
Le sceau estharien s'ouvrit sous lui et son corps cessa de lui obéir.
Il tomba à genoux, puis à quatre pattes et s'effondra sur le côté.
Il ne pouvait plus bouger.
Il ne pouvait plus rien faire, pas même respirer.
Est ce qu'il était de retour dans le cercueil ?
Gast avait vieilli. Il avait des cheveux gris, ses lunettes étaient plus épaisses, ses traits plus marqués.
"Gast... Que t'est-il arrivé ? "
"Beaucoup de choses... Beaucoup d'années…"
"Combien ? "
"Je ne crois pas que tu ais..."
"Combien ? "
"Trente ans."
Il n'était pas mort.
Où était-t-il ?
Il ne pouvait pas bouger, quelque chose de matelassé le coinçait en position allongé, il pouvait à peine lever le front pour le toucher. Il pouvait bouger ses pieds, un peu, mais le fond de sa prison était étroit, il ne pouvait même pas prendre de l'élan pour donner un coup de pied. Il essaya de tâtonner, de trouver une serrure, une poignée qu'il pourrait ouvrir, mais il était...
Il était dans une boîte.
Ses yeux s'habituaient à la pénombre. Comment ? Il n'y avait pas de lumière, il ne devrait pas voir mais…
Il était sous une surface matelassée et soyeuse.
La boite était plus large au niveau des épaules.
Il était dans un cercueil.
La main de Lucrécia était chaude sur sa bouche, l'empêchant d'hurler de douleur. Il sentait la mako se répandre dans ses veines, incandescente et glacée en même temps, inondant ses veines d'une puissance qui lui brûlait les chairs.
"Je suis désolée" balbutia-t-elle, gardant la main plaquée sur ses lèvres jusqu'à ce qu'il n'ait plus de souffle.
"Lu... Lu je t'en supplie… laisse… laisse-moi mourir," supplia-t-il quand elle rechargea le pistolet à injection d'une autre ampoule de mako.
"Je ne peux pas… je suis... je suis désolée…"
Elle posa le pistolet sur sa peau à nouveau.
La douleur reprit.
Elle le bâillonna de ses lèvres cette fois.
"Tout aurait dû se passer comme prévu, et par TA faute…"
Le scalpel se planta dans son ventre, et affaibli comme il l'est, il n'arrive pas à réagir, à s'écarter.
Il n'a plus envie de lutter.
Hojo a l'air suffisamment en colère pour le tuer cette fois.
Ce serait bien de se reposer enfin.
De rejoindre la Rivière de la Vie.
La douleur lui arracha un cri, il vit un morceau d'intestin glisser au sol, jeté sur le côté d'un geste négligent par Hojo.
Ce sera bientôt fini.
"Ne bouge pas Cerbère, tu vas fausser le résultat," déclara Hojo en enfilant ses gants, puis son masque chirurgical.
Vincent essaya de lutter contre les liens qui le retenait, l'arrimant à la table de dissection. Il était attaché trop serrer, son corps trop faible pour lui permettre de se libérer et les calmants dans ses veines l'empêchant d'accéder à sa limite.
"Non… pitié…"
"Évaluation de régénération de la partie crânienne. Première phase, régénération osseuse."
La scie à os se mit en marche avec un vrombissement qui lui donna la nausée.
"NON ! Arrête !"
"Ne bouge pas, j'ai dit."
Stop.
Silence.
Esuna.
Et la scie entama son crâne.
Il rouvrit les yeux.
Tout était trouble autour de lui, déformé, teinté de vert.
Il était dans de l'eau ? Non c'est trop froid, trop vert.
'Ça alors… Ça a marché…'
Hojo se tenait de l'autre côté de la vitre, souriant comme le malade qu'il était.
Il voulait lever les mains, briser la vitre, nouer ses doigts autour de ce cou malingre et le tordre comme celui d'un lapin, mais il n'arriva pas à bouger une seule phalange.
'Je n'aurais jamais parié que tu serais celui qui survivrait à cette expérience… les Turks sont coriaces on dirait. Tu vas peut-être m'être utile finalement, Cerbère.'
Il se pencha vers lui, posant sa main moite sur le verre du tube qui l'entourait.
'Nous allons bien nous amuser ensemble, toi et moi.'
Il était en train de mourir.
Une balle en plein cœur, ça ne pardonne pas.
Trigger aurait sa peau s'il apprenait cette imprudence. Laisser quelqu'un lui prendre son arme, tu parles d'un Turk.
Il vit Hojo se pencher sur lui, sa vision s'assombrissant petit à petit.
"Hm… ce serait trop bête de gâcher un spécimen…"
"C'est fini, Vincent."
"Je ne comprends pas…"
Elle leva les mains devant elle, l'empêchant d'approcher.
"C'est fini," répéta Lucrécia.
"Lu…"
Oui, ils se sont disputés, c'est vrai, ils en sont presque venus aux mains, il l'a saisie par le bras pour l'emmener hors de la ville mais…
Mais il l'a lâchée tout de suite, dès qu'elle lui a dit qu'il lui faisait mal.
"Hojo m'a demandé en mariage."
"Quoi ?"
Il ne lui ferait jamais de mal. Il ne voulait pas...
"J'ai déjà accepté."
"Lucrécia…"
Elle refusait de le regarder. De croiser son regard.
Elle avait peur de lui…
De sa réaction.
Elle craignait qu'il lui fasse mal.
"Ne fais pas de scandale."
Il recula.
"Elle a été assassinée."
Les trois scientifiques se tournèrent vers leur garde du corps, debout devant la Cetra, les bras croisés.
"Pardon ?" fit Gast en remontant ses lunettes.
"Assassinée. Et avec assez peu de délicatesse."
"On peut être délicat quand on tue quelqu'un ?" rétorqua sarcastiquement le professeur Hojo.
"On n'a généralement pas besoin de trancher des membres ou fracasser le crâne quand il y a une éventration.," rétorqua leur Turk sur le même ton, "c'est juste plus long."
"Je note que si je dois tuer quelqu'un un jour de façon lente et douloureuse, je penserais à l'éventration," continua le professeur Wutan avec un regard équivoque au Turk.
"C'est répugnant," murmura le professeur Crescent avec un frisson.
"En tout cas, son meurtrier s'est acharné. Je me demande ce qui s'est passé," murmura Vincent.
Il n'aimait pas le regard fixe de la créature, son œil unique semblait briller comme si elle était encore vivante, la pupille fendue comme celle d'un chat.
"Trigger ? T'es là ?" lança Morrow en toquant à la porte.
"Tu crois qu'il est retourné à la planque des trafiquants ?" demanda Ash.
"Y'a un moyen d'être sûr. Vincent, tu as ta clef ?"
"J'ai toujours ma clef," rétorqua Vincent en s'agenouillant devant la serrure, sortant ses crochets de serruriers.
"Voyou," marmonna Ash d'un ton mi-désapprobateur, mi-amusé.
"C'est ce que tu aimes chez moi," rétorqua Vincent en ouvrant la porte en grand.
Les jurons de Morrow retentirent aussitôt.
Il ne comprit pas ce qu'il voyait au début.
Pourtant, des têtes explosées par un coup de feu, il en a déjà vu beaucoup.
Makoto était en train de ranger des livres dans un des étages les plus hauts de la bibliothèque quand Chaos le trouva. Perché sur une échelle comme il l'était, il n'eut pas le temps de descendre se mettre à l'abri et se retrouva les deux mains enserrées dans celle de Chaos, suspendu au-dessus du vide du puits central.
Un des archivistes partit aussitôt chercher Gigas en courant, mais avant qu'il arrive… Il fallait que Makoto gagne du temps.
"Lâche-moi !"
Il essaya de lui donner un coup de pied, mais Chaos ne le sentit même pas.
C'était injuste. Purement injuste. Il avait beau devenir de plus en plus fort, s'entraîner avec Gigas et Hel, Chaos était toujours plus fort.
"Qu'est-ce que t'as cette fois ? ! Je t'ai rien fait, Kusoyaro !"
"Père a décidé que tu serais envoyé à Wutaï, comme espion," gronda l'Ancien.
"Ah ? Je savais pas, merci de l'info !"
"Mais il n'en est pas question," siffla son frère.
"J'y suis pour rien, voit ça avec Père quand il reviendra, j'ai rien demandé !"
"Tu resteras à Daguerreo, tu ne quitteras pas la bibliothèque," continua Chaos en le secouant.
"Kso, Chaos ! Ne déconne pas, tu seras débarrassé de moi si je pars !"
"Non, tu ne partiras pas. Tu es à moi, tu m'entends ? Tu es de mon clan et tu ne partiras pas !"
Peine perdue, Chaos avait son regard des mauvais jours, quand il faisait une fixette sur un détail qui le mettait en rage et que personne, pas même leur père, ne pouvait le raisonner.
"On en parlera à Père quand il reviendra !" s'exclama Makoto, "on va le convaincre de me laisser rester !"
"Tu ne partiras pas. J'y veillerais."
Et il le lâcha.
Il ne fallut que quelques secondes à Makoto pour atteindre sa limite. Il était déjà terrorisé et la chute aidait. Le temps d'ouvrir ses ailes, il arriva à ralentir, s'accrocha au bord d'un palier en passant et se hissa dessus. Heureusement, il n'était pas aussi grand que Père ou Chaos, il pouvait déguerpir dans les couloirs et aller se cacher dans un endroit où Chaos…
Il retomba à plat ventre sur le sol quand Chaos lui atterrit sur le dos, sous sa forme de démon lui aussi. Il voulut hurler de le lâcher, mais seuls des cris inarticulés sortaient de sa bouche. Il vit Gigas et Hel arriver vers eux, Gigas criant à Chaos d'arrêter.
Trop tard.
Il entendit le sifflement caractéristique du sort de gravité, puis sentit sa jambe se tordre violemment, jusqu'à casser.
"Mère va venir," grinça-t-il entre ses dents.
Le prêtre de Yévon lui jeta un regard sévère, mais n'arrêta pas de lui raser les cheveux. Peut-être qu'ils ne parlaient pas wutan ?
"Mère va venir et elle va tous vous tuer," répéta Makoto.
Cette fois, le prêtre lui donna une bourrade sur le crâne avant de lui attraper le menton, lui tournant le visage pour raser l'autre côté.
Makoto planta ses crocs dans sa main, mordant jusqu'au sang.
Le temps que les autres prêtres arrivent à la faire lâcher, il avait le nez qui saignait, reçu un coup sur le dos qui l'avait fait crier, mais il avait la satisfaction d'avoir la bouche pleine de sang. Et pas du sien.
"Mère va venir," répéta-t-il.
Il faisait tellement froid, la température baissait de minutes en minutes, qu'est-ce qui se passait ?
Ils tentaient de se tenir chaud, blottis les uns contre les autres, leurs ailes repliées autour d'eux, mais ils n'étaient plus beaucoup. Juste lui. Sa sœur. Ses cousins et cousines.
Plus que cinq.
Les autres, elle les avait déjà pris. Un baiser, une morsure pour les plus rebelles et c'était fini.
Il avait vu son père partir comme ça, la suivant sans protester, une trace de morsure en travers de la gorge.
L'appelant Mère.
Elle allait revenir bientôt, pour eux. Ceux qui restaient.
Il vit Fenrir, enchaîné près de leur cellule, relever le nez.
"Garuda ?" murmura l'Ancien des Montagnes avant de se lever, tirant sur ses chaînes.
C'était elle, perchée sur l'épaule du Seigneur Ifrit qui s'arrêta devant leur prison, testant la résistance des barreaux de pierre.
"Oh, Rivière ! Les enfants de Bélias !" s'exclama Garuda en descendant légèrement son perchoir.
"Écartez-vous," gronda Ifrit, les mains flamboyantes.
Les enfants obéirent, laissant le fauve fondre les stalactites fermant leur prison avant de les attraper un à un, les posant sous les ailes de Garuda pour les réchauffer.
"Où sont les autres ?" demanda l'Ancienne du Vent.
"Elle les a embrassés," répondit Diablos.
"Alors c'est trop tard," murmura la femme-oiseau. "Vite, libérons Fenrir et partons ! Bismarck et Da Chao ne vont pas tarder à inonder le Cratère.
Il s'avéra impossible de briser les chaînes qui retenaient le loup géant. Même les flammes d'Ifrit n'y firent rien.
"Laissez-moi là," gronda le loup, "elle les a enchantées pour qu'elles ne me lâchent jamais !".
"Pas question !" rétorqua le fauve, "il doit y avoir un moyen…"
"Cassez la roche," suggéra Diablos, accroché aux plumes de Garuda.
"Quoi ?"
"La roche. Elle n'est pas indestructible."
"C'est bien le gamin de Bélias, celui-là," commenta Ifrit avant d'obéir, fondant les rochers autour desquelles étaient enroulées les chaines, libérant le loup géant au prix de quelques brulures.
"Je vais buter cette CHIENNE," gronda le loup en se secouant.
"Dépêche-toi alors, Bahamut est en train de la réduire en charpie."
Quand ils retrouvent leurs congénères, le dragon était effectivement en train de dépecer la Calamité. Il était sous sa forme hume, abattant sa lance, encore et encore sur le corps en lambeaux de la créature.
"Bahamut," tenta de l'arrêter Ramuh, "arrête, ça ne sert plus à rien."
"Elle... a… TUÉE Minerva !" hurla le dragon. "Elle a détruit ma famille !"
"Ça reste le corps de Minerva, arrête !" continua le sage de la foudre, le traînant en arrière, aidé par Alexander.
"Ne laisse pas la colère t'aveugler, Bahamut," reprit le golem de pierre sacrée, "si elle te touche, tu seras corrompu aussi."
"Shiva commence son sort !" s'exclama le Phénix, le bec vers le haut du cratère, "prenez le portail, vite !"
"Chacun prend un gamin ou un prisonnier !" lança Ifrit, attrapant Diablos pour le hisser sur son épaule.
L'évacuation commença rapidement, les créatures se ruant vers le portail ouvert sur le mur. Ifrit resta à côté, s'assurant que tout le monde était bien sorti avant de se diriger vers le cercle de lumière.
"Ça va secouer un peu gamin, accroche-toi."
Diablos obéit, nouant ses poings griffus dans la fourrure rouge du mage.
Il vit, par-dessus son épaule, la Calamité trembler, puis se hisser en position assise.
Ses bras avaient été tranchés, ses ailes arrachées, ses organes, trop gros pour le corps de Minerva, gisaient autour d'elle, son cerveau semblait prêt à s'échapper de sa boîte crânienne fracassée.
Mais elle le vit.
Son cœur se remit à battre.
Elle se hissa sur ses jambes, ouvrant la bouche.
Le sort de gravité de Diablos réduisit la roche au-dessus d'elle en poudre, provoquant une avalanche de pierres et de cristaux qui l'ensevelit.
Les corps des deux démons explosèrent en un nuage de poussière noire.
"Oh, Minerva !" jura Helgrimr avant d'attraper Cid.
N'ayant qu'un seul bras, il eut du mal à le saisir correctement et dû serrer sa main sur lui deux fois plus fort. Cid protesta, mais finit par suivre l'archiviste quand il vit une aile gigantesque se déplier et manquer de le frapper en pleine tête.
Il avait pris un coup d'aile de dragon une fois, il n'était pas sûr de vouloir renouveler l'expérience.
Gigastein faisait de même avec Sophia, quoi qu'avec plus de délicatesse.
Ils ne furent posés qu'une fois hors de la pièce, à la grande surprise des archivistes.
"Qu'est-ce qui se passe ?" s'enquit l'un d'eux.
"Père et Makoto piquent une crise," expliqua Helgrimr en lâchant Cid, "ah, mille excuses," ajouta-t-il en remarquant la forme sombre sur son bras.
"Drekaskìtur, qu'est-ce qui se passe, bordel ? !" s'emporta Cid.
"Père a dû tenter de lire les souvenirs de Makoto," répondit Gigastein, posant sa femme sur ses pieds, s'assurant qu'elle allait bien.
"Il peut faire ça ?"
"C'est un pouvoir qu'il n'use que rarement, et jamais sur des humes," répondit le colosse en se penchant prudemment par la porte du bureau.
"Ça a tendance à leur frire la cervelle. Pas sur nous," précisa Helgrimr au regard affolé de Cid, "c'est juste… désagréable."
"Mais ça ne provoque pas la limite de Père en général," ajouta Gigastein observant le démon recroquevillé autour du corps de son fils, ses deux paires d'ailes repliées autour d'eux.
"S'il a vu ce qui est arrivé à Vincent…" murmura Cid, "ça pourrait."
"Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?" s'enquit l'aîné de Diablos.
"Expérimentation humaine," se contenta de répondre Cid. "Il a été disséqué vivant."
"Oh… Minerva," murmura Helgrimr, devenant si pâle qu'il en était presque vert.
"Vous devriez aller chercher votre guérisseuse," déclara Gigastein, "Helgrimr, aide le fils du Seign…"
"Appelez-moi Cid et mêlez pas le Vieux à ça," grommela Cid en se levant.
"Aide Cid à la trouver."
"J'y vais. Tu te charges de calmer Père ?"
"Autant que je peux," soupira Gigastein en se redressant.
L'étude de son père était une pièce de belle taille habituellement, mais avec un démon de six mètres de haut dedans, plus un de trois mètres, l'espace était singulièrement encombré. Le bureau avait été violemment poussé vers la cheminée, le travail en cours éparpillé et une bibliothèque était tombée.
Et de ce qu'il voyait, son père avait dû se blesser en battant des ailes dans un espace aussi étroit, il avait les articulations couvertes de bleus et de plaies.
Heureusement, il guérissait vite. Il faudrait juste que Gigastein s'assure que les plaies se refermeront sans s'infecter et que les membranes n'étaient pas abimées...
"Père," commença Gigastein en approchant lentement.
Le démon tourna la tête vers lui, l'observant à travers les yeux du masque, avant de tourner à nouveau la tête, resserrant sa prise sur le corps de son plus jeune fils.
Makoto semblait inconscient, ou en tout cas, se laisser faire.
Ce qui signifiait donc qu'il était inconscient, il ne se laissait pas toucher enfant, ça n'avait probablement pas changé maintenant qu'il était adulte et traumatisé.
Parfois, Gigastein se demandait ce qu'auraient été Helgrimr et Makoto si Chaos n'avait pas été là.
Ce qu'il serait lui.
Il s'agenouilla près de son père, posant une main sur son coude. Il aimerait pouvoir prendre sa forme de géant pour ça, ce géant à la peau dure comme le fer et qui mâchait de la foudre et des mots, mais il ne savait pas le faire à volonté.
"Père, tout va bien, Makoto est en sécurité ici."
Le démon ne répondit pas, posant une de ses mains griffues sur le crâne de son plus jeune fils.
Être le fils d'un Ancien était à la fois un avantage et un problème. Gigastein avait une santé de fer pour son âge, hérité de l'intelligence de son père, et depuis la mort de Chaos, bénéficiait du statut d'aîné des enfants de Diablos, ce qui lui assurait une autorité sur tous les habitants de Daguerreo.
Mais il était déjà plus vieux que son père.
Il avait réalisé ça à la naissance de son premier petit-fils, quand son père était venu le rencontrer et avait joyeusement choyé et bercé le bébé.
Diablos avait l'air à peine plus vieux que son propre fils aîné, Bélias. Et s'il avait plus de deux mille ans, il n'avait pas la maturité d'un homme de plus de trente ans.
Les Anciens vieillissaient lentement, mûrissaient lentement, et guérissaient tout aussi lentement de leurs traumatismes.
Et avec ce que Diablos avait subi enfant, il ne guérirait probablement jamais, même bien après la mort de Gigastein.
Parfois, c'était Gigastein qui se sentait le père entre eux deux.
"Il faut que vous le lâchiez, Père. Laissez son amie guérisseuse vérifier qu'il va bien."
Gigastein se leva, posant deux mains sur l'aile la plus proche pour la déployer.
"C'était ses souvenirs… C'est fini maintenant…"
"Il n'aurait jamais dû…" murmura son père avant de frissonner comme Gigastein se glissait sous son aile, pour repousser la seconde, "plus personne ne doit sortir…"
"Makoto est inconscient, il faut vérifier qu'il va bien et qu'il n'a pas de séquelle de votre sort."
"De… séquelles ?"
"Vous lui avez fait revivre des souvenirs désagréables," commença Gigastein avant d'ouvrir les bras quand son père lâcha Makoto, horrifié.
Heureusement qu'il avait une force supérieure à la normale, même sous forme humaine.
Et que les démons volants de Daguerreo ne pesaient presque rien par rapport à leur taille.
Makoto était bien inconscient, comme plus tôt quand ils l'avaient sorti du cellier. Immobile, respirant, à peine, les yeux entrouverts…
Qu'était-il arrivé à l'enfant qui ne reculait jamais, quoi que Chaos lui fasse où lui dise ?
Qu'était-il arrivé au petit sauvageon qui était prêt à prendre une gifle pour avoir l'opportunité de plonger ses crocs dans la chair de ceux qui lui cherchait des noises ?
Et Minerva, même sous sa forme de nosfératu, Gigastein pouvait compter ses côtes...
"Est-t-il…"
"Son amie guérisseuse va se charger de lui, ne vous en faites pas," le tranquillisa Gigastein en soulevant Makoto, l'amenant à la porte de la salle d'étude.
Les amis de Makoto s'y trouvaient déjà, attendant dans le couloir avec anxiété. Un des descendants de Fenrir prit le relais, avec encore moins de difficulté que Gigastein, uniquement gêné par la taille de Makoto.
"Je l'ai," déclara-t-il, "Cloud, prend ses jambes. Quelqu'un sait comment plier ses ailes ?"
"Je m'en charge," répondit le fils de Bahamut.
"Remettez-le au lit, je passerais le voir plus tard," déclara Gigastein avant de retourner dans l'étude, refermant derrière lui.
Son père était en train de reprendre forme humaine, libérant l'espace dans la pièce.
Bon. Il allait falloir restaurer certains des livres, mais rien d'irrémédiable au premier coup d'œil. Les meubles auraient droit à un peu de ponçage et une nouvelle couche de peinture, mais le tapis était irrécupérable. Quant aux murs.
Bah, l'avantage de vivre en habitat troglodyte, c'était que les murs soient en bon état ou pas, la différence ne se verrais pas tant que des morceaux ne tombaient pas.
Son père était toujours assis, adossé au mur et regardait le vide.
Quoi qu'ai vu ou vécu Makoto, ça avait bien secoué l'Ancien. La seule fois où Gigastein l'avait vu ainsi, c'était à l'annonce de la disparition de Chaos. Il lui avait fallu presque un mois pour sortir à nouveau de ses appartements, malgré le soutien de ses compagnons de l'époque.
Gigastein revint s'asseoir près de lui, épaule contre épaule, restant silencieux quelques minutes, laissant l'Ancien reprendre ses esprits.
"Quel genre de père je suis, Gigastein ?"
"J'ai l'impression que cette question est lourde de sens, Père," répondit Gigastein.
"J'ai laissé Chaos vous maltraiter…"
"Qu'avez-vous vu ?"
"Il a cassé la jambe de Makoto. Il voulait le rendre infirme, l'empêcher de quitter le clan… comme Helgrimr."
Ah.
Bon, et bien… il savait tout maintenant.
Dommage qu'il ait fallu en arriver là pour que leur père finisse par les croire.
Quand Gigastein avait enfin réussi à faire lâcher Chaos, la jambe de Makoto avait été en morceaux. Il avait trouvé au moins deux fractures, peut-être une troisième, mais sans guérisseur à Daguerreo, il avait dû se résoudre à réduire lui-même les fractures du mieux qu'il pouvait, pendant que Makoto continuait d'hurler de rage et de douleur et que Helgrimr tentait de lui faire avaler des potions d'une seule main.
Heureusement qu'après l'"l'accident" d'Helgrimr, il avait commencé à se... hem... procurer des potions de la réserve.
Il sentait qu'il y allait avoir d'autres accidents du même genre.
Et les potions n'avaient pas suffi. Les os avaient été ressoudés, certes, mais restaient fragiles et quand Makoto avait repris sa forme humaine, une des fractures avait cassé à nouveau.
Après ça, Gigastein avait décidé de cacher Makoto dans un des coffres le temps que sa fracture se consolide.
Et "oublié" de refermer la porte correctement une fois qu'il avait été capable de marcher à nouveau.
Il n'avait pas pu faire grand-chose pour ses frères, à part aider Helgrimr dans sa vie quotidienne après son amputation et faire en sorte que Makoto soit autant à l'abri qu'il pourrait l'être.
La mort de Chaos avait été un soulagement pour tous.
Sauf pour leur père, qui l'avait aimé dix fois plus longtemps qu'aucun autre de ses enfants.
"Chaos… n'était pas stable…"
"Comme sa mère…" murmura l'Ancien en soupirant.
Son père avait abandonné l'idée de renouveler leur clan après la mort de sa cousine, Lamia. Comme celui de Bahamut, de Garuda, de Da Chao, le clan des nosferatus était condamné.
Il avait commencé à prendre des compagnons humes après ça. Enfin, ce n'était pas comme s'il ne semait pas déjà ses enfants illégitimes à travers tout Gaïa de toute façon. C'était juste devenu plus officiel.
"Peut-être que j'aurais dû faire ce que nous avons fait après la Calamité. Peut-être que j'aurais dû le tuer quand j'ai réalisé qu'il était touché par sa folie."
"Vous seriez capable de tuer votre enfant ?"
"Non," admit l'Ancien.
"Moi non plus," renchérit son fils.
Quand il était adolescent puis jeune adulte, Gigastein n'avait pas compris l'entêtement de son père à prendre soin de ses bâtards, à retourner voir ses amantes, se tenir au courant de la vie de leurs enfants et parfois, les ramener à Daguerreo, comme Helgrimr et Makoto l'avaient été.
Il avait estimé au début que c'était une perte de temps, d'énergie (surtout quand il avait fallu tenter d'éduquer Makoto) et que ces enfants auraient été mieux chez eux, là où la Rivière les avait fait naître et pas dans ses pattes.
Et puis Chaos avait commencé à maltraiter les plus jeunes.
Helgrimr avait perdu son bras.
Makoto avait fui pour sa vie.
Et quelques années plus tard, Gigastein avait tenu son premier enfant dans ses bras.
Il avait compris ce jour-là.
Son père avait des difficultés à appréhender la monogamie et n'était peut-être pas un père moderne et attentif, mais il essayait de prendre soin de ses enfants.
Dommage que Chaos ait été là pour tout gâcher.
L'Ancien finit par se redresser, se recoiffant d'une main, son regard redevenant ferme.
"Makoto ne quittera plus Daguerreo," déclara-t-il.
"Sauf votre respect, Père, c'est une mauvaise idée."
"Tu ne sais pas ce qu'il a subi entre les mains de ce…"
"Non. Et connaissant Makoto, il ne me le dira jamais. Mais vous ne pouvez plus le traiter comme un enfant."
"C'est MON enfant ! Je dois l'empêcher de…"
"Vivre ?" suggéra Gigastein d'une voix douce.
Son père lui jeta un regard surpris.
"Vous avez toujours traité Makoto comme l'un d'entre nous et c'est tout à votre honneur. Mais Makoto n'a jamais été Helgrimr, Chaos ou moi. Il est peut-être même plus proche de Galian."
Diablos grimaça. C'était bien connu à Daguerreo que la petite dernière des enfants de l'Ancien ne tenait pas en place. Elle avait besoin de courir, de se dépenser et, bien qu'elle suive ses leçons du mieux qu'elle pouvait, ça l'ennuyait prodigieusement. Il fallait toute l'expérience que Gigastein avait cumulé à tenter d'éduquer Makoto pour lui faire entrer quelque chose dans la tête.
Gigastein remerciait l'Ancienne Morte que Chaos soit mort des années avant la naissance de Galian.
"Il ne sera jamais chez lui à Daguerreo. Il a besoin d'être dehors, à l'air frais, au soleil, de bouger et se battre. Il ne sera jamais un érudit et vous le savez."
"Et s'il meurt à nouveau ? Et si à force de se battre il finit par être tué ? Si la Calamité est de retour..."
"Vous oubliez vos propres paroles, Père."
Gigastein se releva, grimaçant quand ses genoux lui firent part de leur déplaisir à être restés pliés aussi longtemps. Il alla vers la cheminée du bureau, ramassant une longue pierre gravée, plantée dans un récipient rempli de sable grossier, devant lequel restait un morceau d'encens à moitié brulé. Il revint vers son père et la lui tendit.
"On naît, on vit, on meurt, et même les souvenirs seront oubliés," déclara Gigastein.
Diablos prit la tablette funéraire, effleurant le nom gravé dessus des pouces.
"Je ne veux pas oublier le moindre de mes enfants…" murmura-t-il.
"C'est tout ce que je vous demande, Père. Pas que nous ne soyons jamais oubliés. Juste que vous, vous ne nous oubliez pas."
L'Ancien soupira avant de tendre une main vers celle de son fils, la serrant doucement.
"Tu es plus sage que moi Gigastein."
"Quelqu'un doit l'être dans cette famille et il vaut mieux que ça ne soit pas Helgrimr."
Son père laissa échapper un petit rire et se hissa debout.
"Je vais traduire les fresques du temple," déclara le démon en se levant, "Makoto et ses amis en auront besoin."
"Merci, Père."
"Prépare un courrier officiel pour tous les Anciens encore en vie, même ceux des Mogs et des Chocobos. Il faut les prévenir de l'éventualité du retour de la Calamité."
"Très bien, Père"
"Et détruit ça," ordonna Diablos en lui rendant la tablette funéraire.
"Oui, Père."
Lucrécia était là. Lucrécia était là et pleurait tout en lui injectant de la mako.
Et Hojo attendait son tour derrière elle, avec un scalpel dans la main.
Et il y avait le prêtre de Yévon et son rasoir.
Trigger était assis à ses pieds, montrant l'arrière de son crâne fracassé, ajustant sa cravate.
Chaos était là aussi, sous sa forme de démon, ses griffes se pliant et se dépliant, attendant de pouvoir les poser sur lui.
Et la Calamité penchée au-dessus d'eux, ses ailes grandes ouvertes pour tous les embrasser, le ventre toujours ouvert comme le sien.
Son ventre était ouvert.
Son ventre était ouvert et il y avait de la mako dedans.
Vincent sursauta violemment en essayant de s'écarter d'eux.
"Makoto 'Nii-san ?"
"Oula, Yuffie, recule vite !"
"Écartez-vous !"
"Cid, ne reste pas là !"
"Ne le retenez pas, il va vous faire mal !"
"T'en fais pas, procédure Cloud !"
"Vincent, Vincent, ça va aller, quoique tu vois, ce n'est pas la réalité."
Ses jambes refusaient de lui obéir, il n'arrivait pas à bouger. Quelque chose lui retenait les jambes.
Les liens à la table d'opération, ça ne pouvait être que ça, ça ne pouvait être...
"Il panique !"
"Retirez la couverture !"
Et soudain il pouvait de nouveau bouger et il percuta une surface dure et rocheuse du dos.
Le fond du cercueil ?
Non, le cercueil avait été rembourré avant qu'il arrive à déchiqueter la garniture, non il...
Il était.
Il était à Daguerreo.
Il était avec son vol.
Cloud et Zack étaient assis sur son lit, chacun d'un côté de ses jambes. Cloud tenait encore la couverture qu'il lui avait retirée. Zack avait des estafilades qui guérissaient sur son bras.
"Tout va bien," déclara calmement Cloud, "c'est fini."
"Lucrécia…"
"Elle n'est pas là," répondit le blond en repliant la couverture, la posant derrière eux.
"Ho... Hoj..."
"Non plus. Je te jure que je lui casserais les deux mains avant qu'il puisse vous toucher, Cloud et toi," déclara Zack avec un regard inflexible.
Son vol le protégerait.
"Vincent," appela doucement Aérith.
Il tourna le regard vers elle.
"Est-ce que je peux te toucher ?" demanda-t-elle en lui tendant la main.
Il secoua la tête frénétiquement.
"D'accord, dis-moi quand tu t'en sentiras capable."
"Qu'est-ce qu'il a ?" demanda Cid, debout derrière elle et qui retenait Yuffie d'un bras autour des épaules.
"Il… il est terrorisé," répondit Aérith.
Évidemment qu'il était terrorisé, tous ceux qui l'avaient traumatisé ces quarante… cinquante dernières années lui avaient rendu visite. Il avait tout revu, les blessures, les dissections, les horreurs...
Son père les lui avait rappelés.
"Et furieux," murmura Aérith en se levant lentement, tirant Cloud par la manche, "écartez-vous de lui."
Cloud et Aérith s'étaient à peine écartés que Vincent tentait de se lever, un rictus de rage sur le visage.
"Grand Frère, calme-toi," commença Yuffie.
"Je vais le tuer," gronda Vincent.
"Qui ?"
"Mon Père !"
"Oh crotte, on le laisse pas sortir, il est à deux doigts du parricide."
"Ce serait une perte ?" maugréa Cid.
"Est-ce que je suis la seule personne ici à ne pas vouloir tuer son père ?" s'enquit Aérith d'un ton exaspéré.
"Oui," répondit Cid.
"Ça dépend des jours," ajouta Yuffie.
"Ouaip," ajouta Zack.
"Y'a des chances," confirma Cloud.
"Il n'y aura pas de parricide aujourd'hui," déclara Aérith après un long soupir, "Vincent... Makoto, reste assis."
"Il... il a…" balbutia Vincent.
"Helgrimr disait que son père a lu ses souvenirs," intervint Cid.
"Hein ?" s'exclama Aérith.
"On peut autoriser le parricide, là ?" suggéra Zack.
"Non !"
"Aérith a raison, on a besoin des traductions."
"Cloud, ça n'aide pas !"
Cid poussa doucement Yuffie sur le côté et s'agenouilla devant le lit bas, essayant de croiser le regard de Vincent.
"Hey. Hey, Vince… Vincent…"
"Vais le tuer."
"Makoto," reprit Cid, "regarde-moi."
Le regard écarlate et incandescent se tourna vers Cid, mais il ne frémit pas.
Il le voyait presque tous les soirs et les matins dans la pénombre, ça ne lui faisait plus peur.
"Tu te souviens ce que je t'ai appris à l'hôtel ?"
Zack voulut ouvrir la bouche[2], mais son frère et Aérith, dans une réaction d'une simultanéité habituellement réservée aux jumeaux, lui assenèrent chacun un coup sur ses bras pour le faire taire.
"Inspire le froid," ordonna Cid.
Il fallut plusieurs essais mais Makoto finit par obéir.
"Expire les flammes," continua Cid d'une voix calme. "Recommence. Cinq secondes à chaque fois."
Inspirer.
Cinq secondes.
Expirer.
Cinq secondes.
Makoto tendit les mains, tâtonnant jusqu'à arriver à les refermer sur le tee-shirt de Cid, le froissant dans ses poings serrés.
"Ça va aller, je reste avec toi, ok ?" murmura Cid d'un ton calme.
Cid vit Makoto hocher la tête sèchement, continuant à respirer et se calmer.
"Pas que je sois pas d'accord avec le parricide, hein, tu me connais…" ajouta Cid à mi-voix.
Makoto laissa échapper un petit rire acerbe qui fit grimacer Yuffie et il posa le front sur l'épaule de Cid, se courbant presque en deux.
"Mais je crois que si tu essayes de le tuer maintenant, on va avoir tout Daguerreo sur le cul et ça sera encore moins drôle qu'avec les Burméciens."
"Oh, Cid, dis-moi que tu n'as pas essayé de tuer le Seigneur Bahamut," marmonna Aérith.
"Seulement… verbalement," répondit Makoto.
Cid sentait le tabac, le thé et la pluie.
Minerva, depuis quand l'odeur de Cid le calmait autant ?
"Ça va mieux ?" demanda Cid en tournant la tête vers son oreille.
"Hm," répondit Makoto.
"P'tain Cid, comment tu fais ?" s'exclama Zack.
"Magnétisme animal," rétorqua le dragoon d'un ton ronchon.
Vincent sursauta en réalisant la position dans laquelle ils se trouvaient.
Il leva les yeux vers le reste de l'équipe qui les regardait.
"Ah, ouais et aussi on était moins discret qu'on le pensait," grommela Cid, "ils savent tous."
Oui, le sourire goguenard de Zack ne pouvait signifier qu'une seule chose.
"Vous faites un mignon petit couple," déclara Yuffie d'un ton exagérément attendri.
"Je dirais pas mignon. Sexy à mort, oui, mignon..." corrigea Zack avec un vague signe de la main.
"Je ne voulais pas entendre cette conversation, merci," soupira Cloud.
"Nous reprenons notre programme habituel, à vous les studios," acheva Aérith, "Vincent ? Est-ce que je peux t'ausculter maintenant ?"
Vincent hocha la tête et commença à essayer de se démêler des bras du pilote.
Il fallut que Cid l'aide à décrocher ses griffes de son tee-shirt.
"T'es pire que ton chat," marmonna Cid.
"Y'a un trou !" s'exclama Yuffie en tirant dessus.
"Hé, l'abîme pas encore plus, j'ai pas de change."
Aérith roula des yeux tout en auscultant Vincent.
"Pas de douleur ?"
"La tête. Je crois que... c'est le sort de Père."
"Est-ce que tu pourrais vérifier que tu n'as pas de bosse ou de plaie ?"
Vincent s'exécuta, palpant son crâne avec précaution.
Il frissonna quand ses doigts touchèrent la cicatrice à l'arrière de son crâne et la lâcha aussitôt.
"Rien de neuf."
"Bon, physiquement, ça a l'air d'aller," finit par admettre Aérith. "Mentalement ?"
"Non. Mais ça ira."
"Vincent…" soupira la guérisseuse.
"Je parlerais à Maître Cid."
"Et du coup ?" reprit Yuffie, "ton père a confirmé pour la Calamité ?"
"Confirmé qui ?" répéta Zack.
"Qu'est-ce que la Calamité a à faire dans cette histoire ?" s'inquiéta Aérith.
"Le spécimen Jénova," expliqua Vincent, "ce n'est pas un cetra. Pas... entièrement en tout cas."
"Qu'est-ce que c'est la Calamité ?" demanda Cloud.
"C'est ce qui a tué Minerva," intervint Cid.
"Une créature venue du ciel il y a deux mille ans et qui a décimé les rangs des Anciens," précisa Vincent.
"Et c'est... c'est elle ?" demanda Zack avec appréhension.
"J'ai vu les souvenirs de Père autant qu'il a vu les miens. Il était là quand Bahamut l'a dépecée après qu'elle ait pris possession du corps de Minerva."
Cid jeta un regard abasourdi à Vincent à cette révélation.
"C'est le vieux qui a…"
Vincent hocha doucement la tête.
"Et c'est grave ?" demanda Zack.
"Les Anciens n'ont pu la vaincre qu'après de très longs combats et ont dû geler la moitié de la planète pour l'arrêter temporairement."
"On est dans la merde," murmura Cid.
"Père ? Gigastein ?"
"Ça a intérêt à être important, Helgrimr," marmonna l'Ancien, concentré sur un point délicat de grammaire cetra qui pouvait aussi être une faute d'orthographe.
"Makoto est réveillé."
"J'y vais," déclara Gigastein en posant le livre qu'il réparait.
Makoto attendait dans le couloir, avec la guérisseuse et la Princesse.
Et il semblait être furieux.
"Je dois parler à Père au sujet de la Calamité," déclara-t-il d'une voix tellement maîtrisée que Gigastein ne pouvait même plus entendre son accent.
Et pourtant, faire perdre son accent à Makoto avait été difficile, même leur père avait admis qu'il avait parfois du mal à le comprendre quand il parlait Wutan au début. Ce qui avait aussi été une des raisons pour laquelle Gigastein était devenu Gigas et Helgrimr, Hel. Makoto n'avait jamais réussi à prononcer leurs noms correctement.
"Fais-le entrer, Gigastein."
"Souviens-toi : Tu as promis de garder ton calme," marmonna la Princesse.
"Donne-moi le bras," ajouta la guérisseuse en tendant la main vers lui.
Makoto obtempéra et laissa passer la princesse avant d'entrer avec la guérisseuse. Dans l'étude de Diablos, son père s'était redressé, glissant un morceau de papier dans son livre en guise de marque page.
"Makoto…" commença l'Ancien.
"Père…"
Helgrimr jeta un petit regard à Gigastein du coin de l'œil. Est-ce qu'il se trompait ou est-ce que leur père semblait… embarrassé ?
"Ce fut déplaisant," finit par déclarer l'Ancien.
"De même," rétorqua Makoto, écopant qu'un peu discret coup de coude dans les côtes de la part de la Princesse.
"Cette femme t'a..."
"Je ne souhaite pas parler d'elle," répondit Makoto d'un ton impérieux.
"Nous venons au sujet de la Calamité, Seigneur," intervint la Princesse.
Le démon hocha la tête, visiblement ravi de détourner la conversation. L'art d'éviter les discussions pénibles devait être dans les gènes, apparemment.
"Nous allons contacter les autres Anciens afin de décider des actions à mener. Le plus urgent serait de détruire le corps de la Calamité avant qu'elle ne recommence à nuire."
"Hojo a sa tête," lui rappela Vincent.
"Alors il faut la lui reprendre et la détruire."
"Le moindre indice que vous pourrez nous donner sur les fresques du temple nous aiderait," ajouta Yuffie.
L'Ancien désigna l'empilement de livres et de papiers devant lui.
"Je m'en occupe. Mais il me faudrait encore plusieurs jours," répondit l'Ancien en fronçant les sourcils.
"Et nos chefs demandent notre retour rapide à Midgar," reprit Yuffie.
L'Ancien resta pensif quelques secondes avant de se tourner vers un de ses fils.
"Helgrimr, va me chercher la liste de nos espions à Midgar."
"Oui, Père," répondit le vieil homme avant de s'éclipser.
"Je vous ferai envoyer la traduction dès qu'elle sera finie et je vous tiendrai au courant des décisions des Anciens concernant la Calamité."
"Nous vous en seront reconnaissant, seigneur," déclara Yuffie en s'inclinant devant l'Ancien.
Aérith tapota l'épaule de Yuffie avant de murmurer à son oreille.
"Oh, oui, bon point. Seigneur, désirez-vous que nous vous transmettions les recherches de notre biologiste sur les créatures d'Hojo ?"
Vincent roula des yeux quand son père se tourna vers Yuffie, soudain très alerte et intéressé.
"Des recherches ? En biologie ? Est-ce de la génétique ou…"
"Ça veut dire oui," traduisit Vincent.
"Ce sera fait. Si vous permettez Seigneur, nous devons retourner à notre aéronef."
"Très bien. Gigastein, assure-toi que la Princesse et son entourage aient tout le ravitaillement nécessaire pour leur retour."
"Je vais mettre Galian dessus, Père," répondit Gigastein avec un petit sourire, "Princesse, permettez que je vous accompagne à vos appartements."
"Je vous en remercie."
Minerva, heureusement que Yuffie était là pour gérer la diplomatie. Vincent ne se sentait pas d'un tempérament très diplomate pour l'instant et laisser les jumeaux ou Cid...
Non.
Définitivement non.
Mais alors qu'ils arrivaient devant les appartements des ambassadeurs, Gigastein tendit la main vers lui.
"Makoto, un moment je te prie."
Vincent s'arrêta, jetant un petit regard suspicieux à son frère.
Suspicion qui s'avéra juste quand Gigastein se tourna vers Yuffie.
"Princesse, Mademoiselle, permettez que j'échange quelques mots avec mon frère en privé ?"
Yuffie interrogea Vincent du regard et celui-ci hocha imperceptiblement la tête.
"Bien sûr, nous allons préparer notre départ," déclara Yuffie avant de prendre congé, entraînant Aérith avec elle.
Elle ferma la porte derrière elle et Vincent eut un petit soupir las en réalisant qu'elles devaient toutes les deux être restées espionner à la porte.
"Je me trompe ou cette petite t'aime bien ?"
"Elle… Elle me considère… comme un frère."
"Drôle de choix," lança Helgrimr en rejoignant ses frères.
"Père s'inquiétait que vous soyez amants," ajouta Gigastein.
"Certainement pas," rétorqua Vincent.
Il réprima un petit sourire en entendant Yuffie faire mine de s'étrangler de dégoût discrètement.
"Makoto… J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi," reprit Gigastein.
"Je ferais ce que je peux."
"Bien," fit Gigastein en fouillant une de ses poches, "détruit ça. Réduis-le en poudre."
Son frère tendit les mains, prenant l'objet que lui tendait Gigastein.
Et manqua de le lâcher.
Une tablette funéraire.
À son nom, le vrai, en wutan et en alphabet commun.
La pierre avait été gravée à coup de griffes.
Il leva les yeux vers Gigastein, abasourdi.
"Si tu crois que Père n'a pas porté le deuil de ta mort, tu te trompes."
"Je…"
"Détruis cette pierre. Et assure-toi que Père n'ait pas à la refaire avant très longtemps."
Son père avait porté son deuil. C'était… c'était à la fois perturbant et…
Rassurant.
Après sept ans pénibles à l'élever et dix ans sans nouvelles, son père avait quand même porté son deuil et accompli les rites wutan en sa mémoire, au lieu des cérémonies gongan.
Son père avait gravé une tablette funéraire pour lui.
Ce n'étaient même pas les rites de Daguerreo, la seule autre tablette qu'il y avait eu dans la bibliothèque était celle de sa mère et il l'avait emmenée en quittant les lieux.
Son père avait honoré sa mort selon les rites importants pour Vincent.
Pour Makoto.
"Je le ferais," finit par répondre Vincent, resserrant les mains sur sa tablette funéraire.
L'expression sévère de Gigas s'évanouit et ses traits s'affaissèrent, le vieillissant soudain.
Vincent le réalisait maintenant.
Ses frères étaient âgés. Il avait quitté un jeune homme et un qui arrivait à peine à l'âge adulte et maintenant, ils avaient...
Il fallut qu'il calcule.
Soixante et soixante-cinq ans. Combien de temps leur resterait-il à vivre ? Cinq ans ? Dix ? Quinze ?
Combien de temps avant qu'ils soient mis en terre sous une pierre à leur nom ? Combien de temps avant que leur père écrive le dernier mot dans le livre qu'il écrivait de la vie de chacun de ses enfants ?
"Je sais que tu n'as pas que des souvenirs heureux ici, mais…" commença Gigas d'une voix hésitante, "reviens nous voir. S'il te plaît."
"Il faut que tu rencontres les gamins de Gigas," ajouta Hel.
"Tu as des enfants…" murmura Vincent.
"Deux. Des garçons, Bélias et Mateus," précisa Gigas avec un petit sourire, "et Bélias en a deux, bientôt trois. On espère une fille."
Vincent opina avant de tourner les yeux vers Hel qui secoua la tête.
"Oh, non, pas moi, j'ai déjà eu assez à faire avec les neveux et petits-neveux," ricana-t-il. "Allez, on ne te demande pas de venir chaque année pour les jours Carbuncle et célébrer les morts, juste assez pour qu'on puisse t'accuser de tous les défauts de Galian."
"Je te promets de lui enseigner tous les sales tours que tu m'as appris," répondit Vincent avec un petit sourire.
"Parfait ! Alors ne te fait pas tuer !" rétorqua Hel avant de s'éloigner en montrant le dossier qu'il tenait, "Père attends ça, j'y vais !"
Gigas et Vincent regardèrent leur frère s'éloigner.
"Tu serais revenu il y a deux ans, tu aurais rencontré son compagnon," déclara Gigas d'une voix douce.
"Il… avait un compagnon ?"
"Etsai. Vingt ans de vie commune. Probablement plus, mais tant que Chaos était dans le coin, ils se sont faits discret… "
"Que s'est-il passé ?"
"L'âge. Il avait dix ans de plus qu'Helgrimr. Père l'aimait bien."
Gigastein approcha encore, posant la main sur l'épaule de Vincent.
"Et toi ? Le dragoon ?"
"C'est... compliqué," admit Vincent.
"Des enfants ?"
Vincent garda le silence. Que répondre ?
Oui ? Non ? Peut-être ?
Il ne savait même pas… Il n'avait aucune certitude à ce sujet.
S'il était son fils, Séphiroth avait reçu des cellules de la Calamité. Il était peut-être déjà perverti, sans aucun espoir de…
S'il était son fils.
"Non. Pas que je sache," finit-t-il par répondre.
Il releva les yeux vers son frère et fut surpris de croiser un regard compatissant.
"Si ça change, n'hésite pas à nous le dire… Tu connais l'adresse ?"
"Grimoire Bélias, village du volcan Golgotha, Gongaga ouest. Centra," récita Vincent.
Cette fois, le regard de Gigas se fit surpris, ses sourcils disparaissant sous son bandeau.
"Je ne l'ai pas oublié, j'ai oublié beaucoup mais pas ça," murmura Vincent, "je… j'ai pensé revenir, parfois… Je voulais revenir mais… Chaos..."
"Tu as bien fait de ne pas revenir, il t'aurait tué," déclara Gigas avec une dernière pression sur son épaule, "mais je suis content que tu y aies pensé."
Il lâcha son frère avec un petit sourire.
"Je vais prévenir Galian qu'elle vous prépare du ravitaillement pour votre départ."
"Je t'en remercie."
Gigas reprit son expression sévère et se détourna, repartant dans une autre direction.
Vincent inclina la tête dans sa direction avant de se redresser et se diriger vers la porte des appartements des ambassadeurs.
Il appuya sur la poignée.
Yuffie, Aérith et Zack manquèrent de se casser la figure.
"Je m'attendais à mieux venant de toi, Aérith," déclara Vincent avec un petit sourire narquois.
"Pas de nous ?" s'étonna Yuffie.
"Ninja," déclara Vincent en désignant Yuffie, "pipelette," ajouta-t-il en montrant Zack.
"Hey !" protesta Zack en ricanant.
"Vous êtes prêt ?"
"Moi oui," soupira Cloud en amenant son sac dans la salle principale. "Zack, Aérith…"
"On y va !" s'exclama Aérith en riant, entraînant Zack après elle.
Yuffie tendit la main vers la tablette que tenait Vincent.
"Qu'est-ce que c'est ?"
"Ma tablette funéraire."
Yuffie frissonna violemment, jetant un regard horrifié à Vincent.
"Oh, merde, nous faut du sel, vite."
"Pourquoi faire ?" s'enquit Cloud.
"Contrer le mauvais œil, tu m'étonnes que Grand Frère ait une poisse pareille, il a une tablette funéraire avec son nom dessus !"
"Je veux pas que tu t'en ailles !" geignit Galian en s'accrochant à Yuffie.
"Minerva… Galian, un peu de tenue s'il te plait," grommela son père.
"Ce n'est rien, Seigneur," répondit Yuffie, sans lâcher Galian non plus, "votre fille a été une hôtesse exemplaire."
L'Ancien eut un regard dubitatif à ces mots, et se pencha pour décrocher Galian de la jeune princesse, la soulevant comme si elle ne pesait pas plus lourde qu'un de ses livres. Ils se trouvaient tous devant la sortie officielle de Daguerreo et Avalanche s'apprêtait à quitter la bibliothèque, malgré les efforts de Galian pour l'empêcher.
"Il faut qu'ils repartent, Galian. Dis au revoir de manière convenable."
"Oui, Père," bouda Galian. "Je vous remercie de votre visite et j'espère que nos chemins se croiseront à nouveau un jour."
"Père," commença Helgrimr," vous disiez que Galian devait commencer son apprentissage de la diplomatie, n'est-ce pas ?"
"En effet," répondit son père avec un regard méfiant à son filou de fils.
"Pourquoi ne pas autoriser une correspondance avec la Princesse Kisaragi ?"
"Ça permettrait aussi d'améliorer l'écriture de Galian," ajouta Gigastein, l'air de rien.
"Je tiens à dire que vous êtes tous deux de très mauvais manipulateurs," soupira leur père.
Galian se tourna vers lui, s'accrochant à sa ceinture avec un regard implorant.
"Et tu es encore pire," soupira-t-il, non sans se tourner vers Yuffie. "Princesse, feriez-vous l'honneur à ma fille d'accepter une correspondance avec elle ?"
"Ce serait un honneur, Seigneur !"
"C'est vrai ? !" s'exclama Galian.
"Va chercher de quoi noter l'adresse de la princesse," déclara Gigastein avant d'avoir ses poches prises d'assaut par sa sœur à la recherche de papiers et stylos.
"Faudra pas que tu fasses de faute," murmura Zack à Yuffie.
"Chuteuh !" rétorqua la Princesse entre ses dents.
Une fois les adresses échangées et les derniers adieux faits entre les jeunes filles, Avalanche prit congé de l'Ancien et ses enfants, passant la lourde porte blindée.
"Makoto…"
Vincent se tourna vers son père qui sembla hésiter un instant avant de reprendre.
"Tu parleras en mon nom à Midgar."
"Bien, Père."
Le fils de Bahamut attendait Makoto. Il le vit murmurer quelque chose à son fils qui hocha la tête avant de continuer sa route.
Les yeux bleus du dragoon, Cid avait dit la Princesse, croisèrent son regard.
Pour un fils du vieux dragon, il était foncièrement mal élevé et irrespectueux, regardant les Anciens dans les yeux, les défiant du regard avec impertinence.
Mais il inclina la tête en direction de Diablos avant de fermer la porte derrière eux.
Dommage qu'il n'ait d'yeux que pour Makoto. Ça faisait longtemps que personne ne lui avait tenu tête comme ça.
Depuis Minako d'ailleurs.
Et ça aurait l'avantage non négligeable de rendre Bahamut vert de rage.
"À votre avis ?" demanda-t-il à la cantonade.
"Ils baisent," déclara Helgrimr d'un ton péremptoire pendant que Galian poussait un grognement dégouté.
"Je ne suis pas sûr," objecta Gigastein.
"Je les ai vus se peloter dans la salle de la mémoire," intervint Galian.
"Pourquoi c'est toujours là que vous amenez vos conquêtes ?" soupira l'Ancien.
"C'est calme," répondirent ses deux aînés d'une même voix.
"Je vous aime tous, mais parfois, j'ai envie de vous étrangler."
"C'est courant chez les pères," confirma Gigastein.
"On est d'accord, hein, je ne fais plus JAMAIS la princesse !" s'exclama Yuffie une fois qu'ils furent hors de portée de voix et d'oreilles, "si j'ai quitté l'ambassade c'était pour éviter d'avoir à bien me tenir en permanence !"
"Mais tu le fais tellement bien !" s'exclama Zack avant d'esquiver un shuriken.
"Et tu auras à le refaire, Yuffie, surtout s'il faut communiquer avec d'autres Anciens," objecta Vincent.
"Ton père me filait les jetons en permanence !" geignit l'adolescente en allant chercher son arme.
"Pas à moi," rétorqua Cid.
"J'ai vu, t'es au courant qu'on doit les respecter ?" lui rappela Yuffie.
Vincent sortit la tablette funéraire de sa poche, l'observant quelques secondes avant de chercher un endroit approprié du regard.
"Vincent ?" l'appela Aérith.
"Juste un instant," demanda-t-il en allant poser la tablette sur un bloc de pierre taillé, à moitié couvert de mousse.
"Ah, oui, faut la détruire," se souvint Yuffie.
"Il y a un rituel ?" demanda Vincent.
"Les morts reviennent rarement, tu sais. Enfin, je veux dire, pour de vrai, pas comme les Bienheureux…"
Ou son oncle, comprit Vincent.
Il effleura sa matéria gravité avant de tendre sa main démoniaque au-dessus de la tablette de pierre.
Il y eut un sifflement assourdissant, suivi d'un bruit d'effritement et la tablette s'effondra en un petit tas de gravier.
"Bon," déclara Yuffie avant de verser une bonne poignée de sel par-dessus, "ça c'est fait, t'aura peut-être moins la poisse maintenant[3]."
"Où est-ce que tu as eu ce sel ?" s'enquit Vincent.
"Galian me l'a trouvé."
"Si Père me demande, ce sera ta faute."
"Et je dirais que mon comportement est de la tienne et que donc tu es aussi responsable."
[1] Edéa protesterait. Si elle était au courant, elle les pousserait dans les bras l'un de l'autre. Et elle n'espionnerait pas. Presque pas. Juste pour être sûre que tout se passe bien.
[2] Je sais, Zack, je sais.
[3] Oh non, on n'en a pas fini...
