Chapitre 40 : Négociations vitales

Résumé :
Il est temps de révéler l'existence de Séphiroth à Avalanche.
Et le tout, de préférence avec délicatesse et diplomatie.
Personne n'y croit, pas vrai ?

Personnages :
Team Avalanche, Team Shinra, Team Rat Lab (Rufus, Umbra et Séph),

Tags spécifiques au chapitre :
Séphiroth VS Avalanche round 2, Cloud et Zack sont confus, Séphiroth aussi, le mystère des fresques se lève, et c'est pas bon signe, révélation familiale (oui je sais encore) (mais celle là, vous l'avez presque tous vue venir depuis au moins trente chapitres), Elena adore son boulot, atteinte à l'intégrité capillaire de Séphiroth (je ne regrette rien)


Seventh Heaven était calme. Le genre de calme qui rendait Barret légèrement nerveux, car annonciateur de catastrophe. Pourtant, rien ne semblait anormal.
Il faisait relativement bon pour un début décembre, les filles étaient toutes à l'école, les jumeaux prenaient leur tour de garde, Shera et Cid ne se disputaient pas, le trio était dans leur chambre/bureau et Barret ne voulait pas savoir ce qu'ils y faisaient, Red jouait avec Cait…
En fait, le seul point qui différait de d'habitude, c'était que Cid et Vincent n'étaient pas ensemble sur le toit, Cid étant, pour une fois, affalé sur le canapé, regardant distraitement une vieille série, comme s'il pensait à autre chose que le scénario du téléfilm.
Est-ce qu'il y avait de l'eau dans le gaz ?
Cela faisait quelques semaines que les plus jeunes membres d'Avalanche avaient lancé des paris sur la relation entre Cid et Vincent (en excluant Yuffie, qui n'avait pas le droit de parier, et Shera, parce que personne n'était assez suicidaire pour lui annoncer la côte) et Barret avait commencé par leur dire de se mêler de leurs affaires avant de réaliser qu'il était aussi bien curieux de ce qu'il y avait entre eux.
Cid était d'un naturel tactile. Il avait toujours la main sur l'épaule ou le bras de quelqu'un, autour de la taille, parfois, avec Shera, Luca ou Fran, il ébouriffait les cheveux de Zack et Yuffie, corrigeait la posture des jumeaux à l'entraînement, se permettait des tapes dans le dos de Barret ou d'attraper Marlène pour la faire sauter dans les airs.
Il touchait Vincent. Encore plus depuis Burmécia. Ce n'était pas grand-chose, procédure Cloud oblige et probablement la volonté d'être discret, mais Barret se souvenait maintenant. Une main sur le poignet de Vincent pour le retenir, sur son bras, ou son dos après une mission agitée, ou simplement rester à ses côtés chaque fois qu'ils étaient convoqués par Shinra, épaule contre épaule.
Et Vincent faisait pareil. Encore plus discrètement. Si légèrement que Cid ne devait pas toujours s'en rendre compte. Une main sur une sangle de sa veste, son genou qui touchait le sien quand ils étaient tous les deux sur le canapé.
Et depuis leur retour de Daguerreo, aucun ne touchait l'autre.
Barret espérait que leurs taquineries sur le Haut Vent n'avaient pas jeté un froid. Avant qu'ils réalisent tous que Vincent avait -encore- fait une connerie, Cid avait eu l'air… et bien gêné. Embarrassé que les autres aient remarqué leur relation. Et depuis leur retour…
Ce n'était pas comme s'ils s'évitaient, ou qu'ils se disputaient, mais ils semblaient tous les deux… comme distant. Ils continuaient de travailler ensemble, de dormir dans la même chambre et avaient des discussions cordiales, mais… Ce n'était pas pareil.
La sonnerie de porte des amis retentit et Cid se leva avec un soupir, faisant signe à Barret de rester assis.
"J'y vais," lança-t-il avant d'ouvrir la porte.
Un flash l'éblouit quelques secondes.
"Bonjour, Capitaine," lança la jeune femme sur le pas de la porte, baissant son appareil.
Cid referma la porte sans un mot.
Barret, qui le regardait faire avec surprise, entendit les protestations de la visiteuse à travers le panneau de bois.
"Euh… qui c'était ? " demanda-t-il alors que Cid s'éloignait vers la porte du couloir.
"Une peste. Shiera ! Paine est là ! " s'écria Cid dans le couloir.
Barret entendit cette fois Shera dévaler l'escalier, puis arriver dans la salle commune avant de se précipiter vers la porte et l'ouvrir en grand.
"Paine ! " s'exclama Shera.
"Shera, ton frère est un rustre," déclara la jeune femme avant d'entrer et serrer Shera contre elle.
"Tu le connais, tu t'attendais à quoi ? "
"Qu'est-ce qui vient de se passer ? " s'enquit Barret en se levant pour l'accueillir.
"C'est une amie," déclara Cid.
"Vu comment vous me traitez, Capitaine, j'ai des doutes," rétorqua la jeune femme en lâchant Shera après une dernière étreinte.
"Ton appareil est toujours en un morceau, de quoi tu te plains ? Et tu effaces cette photo d'ailleurs."
"Montre-la, d'abord ? " demanda Shera.
"On l'a rencontré sur le front, c'est une fouille-merde[1]," continua Cid.
"Journaliste indépendante ! " protesta Paine en laissant Shera regarder les photos sur son appareil.
"Tu as quitté Shinra News ? " s'étonna Shera.
"Bande d'empêcheurs de filmer en rond," grommela la jeune femme, "ils ont tenté de me censurer une fois de trop."
Paine était une jeune femme de l'âge de Biggs, vêtue de cuir noir et aux courts cheveux argentés. Outre son appareil photo, elle avait un enregistreur de sphère à la ceinture et un sac de cuir sur le dos auquel était attachés une petite peluche de cactuar et une carte de presse.
"Et... vous avez l'autorisation de venir à Seventh Heaven ? " s'enquit Barret.
"Je ne suis pas là pour le travail, je dois parler à un certain Makoto Hamasaki."
Cid fixa longuement la jeune femme avant d'approcher nez à nez avec elle et observer ses yeux.
"Oh putain," finit-t-il par maugréer, "toi aussi ? "
"Pardon ? "
Elle avait des yeux rouges.
"Je vais chercher Vincent," grommela Cid.
"Comment ça moi aussi ? "


"On est censé être discret," rappela Paine en ouvrant son sac, une fois que Vincent l'ai fait entrer dans le bureau de Reeve.
"C'est une longue histoire, Avalanche est au courant et gardera le secret. Père sait."
La jeune femme sortit une enveloppe épaisse qu'elle tendit à Vincent, non sans le dévisager calmement.
"Vous êtes vraiment un fils du Seigneur Diablos…" murmura-t-elle avant de détourner le regard.
"Et toi ? "
"Arrière-petite-fille. Mon grand-père était un hors-les-murs, mais il a passé une partie de son adolescence à la bibliothèque pour apprendre la magie avant de retourner en Estérie. Maman, ma sœur[2] et moi avons hérité de son rôle d'espion à Midgar."
"Vous reprenez le flambeau ? "
"Ma sœur s'occupe des Taudis, notre mère de la Plaque, je me balade dans la région."
"Si j'ai un message à passer à Daguerreo…" commença Vincent.
Paine lui tendit une carte de visite.
"Mon PHS. Je serais dispo le plus souvent possible."
"Merci. Shera doit transmettre une copie de nos dossiers à la bibliothèque."
Paine zippa son sac et le remit sur son dos.
"J'emprunte Shera pour l'après-midi, on en parlera," déclara-t-elle en sortant du bureau.
"Pourquoi ? " s'étonna Vincent.
"Truc de filles," rétorqua Paine en approchant de la fratrie Highwind, "Shera, on sort boire un verre, toi et moi."
"Pas moi ? " rétorqua Cid pendant que sa sœur lui jetait un regard victorieux en se levant du canapé.
"Non. Il faut qu'elle m'explique pourquoi Gippal a refusé un plan cul avec moi."
"Il quoi ? " couina Shera.
"Pourquoi tu demandes ça à Shera ? " s'enquit Cid
"Pour rien ! " rétorqua Shera avant d'attraper sa veste d'une main, le bras de Paine de l'autre et sortir précipitamment de la caserne.
Vincent jeta un petit regard perplexe à Cid qui se contenta d'un grand sourire moqueur.
"Tu sais," réalisa Vincent.
"Bien sûr que je sais," rétorqua Cid, "Gip est beaucoup moins subtil qu'il le pense et Shera n'a jamais su me cacher ses mecs."
"Pourquoi tu ne leur dis pas ? "
"D'abord parce que si c'est sérieux entre eux, il va falloir qu'ils le réalisent et c'est pas à moi de leur mettre le nez dessus," déclara Cid.
Il eut un nouveau sourire moqueur.
"Et ensuite, si Shera tient absolument à se mêler de ma vie amoureuse, je vais pas me priver pour lui pourrir la sienne."
Vincent laissa échapper un petit sourire.
Ah, l'amour fraternel.
Il avait de la chance que Hel et Gigas ne soient pas là pour lui pourrir la sienne, au nom de toutes les fois où il leur avait cassé leur coup adolescent.
"Qu'est-ce que Paine t'a amené, au fait ? "
"Probablement les traductions des fresques du temple. Je vais appeler Reeve pour le prévenir."
"Je vais chercher Barret," offrit Cid en se levant.


Quand Reeve arriva avec Jessie, Barret, Cid et Vincent l'attendaient dans son bureau avec impatience.
Et l'enveloppe était toujours fermée.
"Tu nous as attendu ? " s'étonna Reeve.
"J'ai juste vérifié qu'il n'y avait pas de piège," répondit Vincent.
"Merci," s'amusa Jessie avant de prendre l'enveloppe et la soupeser. "À qui l'honneur de l'ouvrir ? "
"Au Turk, il a été sage," répondit Cid avec un ricanement.
Vincent prit l'enveloppe et l'ouvrit rapidement d'un coup de couteau, malgré les rappels de Reeve concernant la place des armes à Seventh Heaven.
Il vida l'enveloppe sur le bureau.
"Oh, belle écriture," nota Reeve en ramassant une carte griffonnée d'une calligraphie élégante.
"Père ou Gigas," commenta Vincent en y jetant un coup d'œil par-dessus l'épaule de Reeve.
"Comment ça se fait que la tienne soit aussi atroce ? " s'enquit Reeve en réponse.
"Esprit de contradiction," répondit Vincent.
"Il y a une lettre pour Yuffie," s'étonna Barret en prenant une enveloppe.
Cid se mit à rire et Vincent à soupirer, tous deux avec un bel ensemble.
"Que se passe-t-il ? " s'inquiéta Reeve tout en attrapant une épaisse liasse de feuilles.
"Ma… ma plus jeune sœur s'est prise d'affection pour Yuffie," répondit Vincent.
"Il ne veut pas me croire quand je lui dis de se méfier qu'elles ne se liguent pas contre lui," plaisanta Cid.
"Au contraire, je prends ton avertissement très au sérieux," rétorqua Vincent en tendant la main à Barret pour avoir l'enveloppe.
Leur lieutenant la lui tendit et il l'observa longuement avant de soupirer et la glisser dans sa poche. Il la donnerait à Yuffie dès qu'elle serait de retour de cours.
"... Mais je dois leur faire confiance."
"Alors il s'agit de l'écriture du Docteur Grimoire Bélias," finit par annoncer Reeve en fronçant les sourcils, relisant la carte.
Ah, son père avait repris cette identité apparemment. Il en avait une dizaine qu'il changeait selon les endroits où il se rendait. Et Grimoire Bélias était le nom sous lequel sa mère l'avait connu et présenté à Vincent.
"Il m'invite à la plus grande prudence avec ces informations et à m'assurer qu'elles ne soient absolument pas divulguées au grand public, voire même uniquement à un panel restreint. Ça ne me rassure pas."
"Ça doit concerner les Anciens," nota Barret.
"Jessie, je compte sur toi," déclara Reeve en lui tendant la carte.
"Je vais le sécuriser au maximum," répondit Jessie en prenant la liasse. "J'analyse tout ça et je te tiens au courant."
"Merci. Et nous… Nous avons un ordre de Shinra," continua Reeve en se tournant vers ses hommes.
"Il veut le rapport ? " demanda Barret.
"Oui, mais surtout, il veut voir certains membres d'Avalanche."
"Qui donc ? " s'enquit Vincent.
"Toi. Les jumeaux. Et Red."


"Hein ? Mais pourquoi nous ? " rétorqua Zack quand Reeve l'informa que les jumeaux étaient conviés à l'entrevue.
"On sera assez civilisés pour ça ? " s'étonna Cloud, affalé sur le canapé devant un match de blitzball, la tête de Red sur les genoux.
"Il faudra faire un effort," admit Reeve, "on a rendez-vous dans une heure, ça vous laisse le temps d'enfiler un uniforme propre et de tenter de faire quelque chose avec vos cheveux."
"On vient juste de rentrer de notre tour de garde," marmonna Zack en se levant.
"Et pourquoi moi ? " renchérit Red, intrigué en levant la tête pour laisser Cloud se relever.
"Ou moi," ajouta Vincent, "si son père savait qui je suis, il le sait aussi. Il n'a aucune raison de me faire confiance."
"Aucune idée," admit Reeve, "il a juste demandé que toi, les jumeaux et Red soyez présents."
Le Turk fronça légèrement les sourcils en pleine réflexion.
"Vincent ? "
"Je ne vois que deux points communs entre nous : Nous faisons partie d'Avalanche… Et Hojo."
"J'aime pas ça," déclara aussitôt Barret. "Je viens aussi."
"Allez vous changer alors."
"Uniforme de cérémonie ou…" commença Zack d'un ton taquin.
"FILEZ ! " ordonna Barret d'une voix forte.


Ce fut donc en uniforme d'intervention, mais leurs armes et matérias laissées à la garde des Turks qu'Avalanche put entrer dans le bureau du nouveau Président au niveau 70.
Et le grand bureau avait bien changé.
Si l'ancien meuble prestigieux, définitivement détruit pendant leur combat, avait été retiré, un autre l'avait remplacé, moins grand mais surtout plus fonctionnel et posé au milieu de la pièce, et non plus au fond. Une partie des baies vitrées avait été remplacée par des murs et au fond de la pièce, là où se tenait le bureau de l'ancien président, une autre table était placée, entourée d'écrans et autour de laquelle s'agitaient plusieurs troopers et SOLDATs. De ce que Vincent pouvait entendre, ça parlait des fronts de défense et de mouvements de troupes.
"Il a redécoré," nota Zack.
"Ben, on a tout démoli," renchérit son frère sur le même ton avant que Reeve les fasse taire d'un regard par-dessus son épaule.
"Monsieur le Président, le directeur Tuesti et Avalanche sont là," annonça la secrétaire du président.
Le jeune Président se tenait près de la table sur fond, discutant avec un trooper et il acheva rapidement sa conversation avant de les rejoindre.
Étonnement, remarqua Vincent, son monstre apprivoisé n'était pas là. C'était peut-être la première fois que Vincent le voyait sans son garde du corps à quatre pattes.
"Messieurs, je vous remercie de vous être déplacés. Nous continuerons plus tard, Dìs," ajouta-t-il à sa secrétaire, "commencez à préparer les dossiers que je vous ai demandé."
"Oui, Monsieur," répondit la jeune femme avant de se tourner vers son propre bureau.
"Veuillez me suivre, je vous prie," commença le jeune Président avant de voir Barret parmi Avalanche, "Lieutenant…"
"Monsieur le Président," répondit Barret.
"Pourrais-je vous demander de patienter ici ? "
"Sauf votre respect, Monsieur, non," déclara le colosse.
Rufus jeta un rapide regard au Directeur Tuesti, mais comme d'habitude, n'arriva pas à lire quoique ce soit. Il sentait sa présence, comme le poisson dans l'eau, mais n'arrivait pas à… à trouver comment entrer dans sa tête. Il revint vers Barret.
L'homme était un livre ouvert. Tous les esprits étaient différents, certains plus chaotiques que d'autres, mais lire l'esprit du Lieutenant était… facile. Tout était, faute d'un autre mot, bien rangé, net, soigneusement compartimenté.
Contrairement à celui de Valentine qui était, au mieux, chaotique, au pire dangereux, comme la plupart des esprits des victimes d'Hojo. Le traumatisme transformait leurs pensées en piège dans lesquels pouvaient se déclencher les propres peurs de Rufus.
Il évitait d'aller dans l'esprit des numéros d'Hojo. Tant que possible du moins.
Mais les pensées du Lieutenant Wallace étaient claires : Il ne laisserait pas ses hommes seuls. Pas encore.
"Très bien. Suivez-moi," déclara Rufus en se dirigeant vers la porte.
Ils arrivèrent rapidement à une autre pièce, que Reeve reconnut être son ancien bureau de Vice-Président. Il avait visiblement décidé de le conserver et Tseng montait la garde devant.
Le Turk jeta un regard méfiant à Vincent qui tenta de prendre l'air innocent, puis ouvrit la porte au Président.
"Merci, Tseng."
Encore une fois, la bête du Président n'y était pas. Il y avait toujours son panier dans un coin et une gamelle d'eau, ainsi qu'un os de double corne à moitié mâchonné que Nanaki alla renifler par curiosité. À peine Avalanche furent-t-ils entrés que quelqu'un toqua.
Tseng alla ouvrir et observa rapidement les nouveaux venus avant de les faire entrer.
"Le Directeur Fon Ronsenburg et son second, Monsieur," annonça Tseng.
"Qu'ils entrent. Empêchez quiconque de nous déranger Tseng."
"Oui, Monsieur," répondit le Turk en sortant, allant se poster de nouveau devant la porte.
"Messieurs les Directeurs, prenez place," invita le jeune Président en désignant les fauteuils devant son bureau.
Basch et Reeve obtempérèrent pendant que les autres se plaçaient derrière eux. Cloud et Zack eurent vite fait d'imiter l'attitude de Vossler et Vincent pendant que Baret croisait les bras, laissant Red se cacher derrière ses jambes.
"Vous devez tous vous demander la raison de cette convocation," commença Rufus en croisant les mains devant lui.
"En effet," répondit Reeve, affichant une expression calme et légèrement curieuse.
Le jeune Président prit un dossier posé devant lui et l'ouvrit avant de jeter un coup d'œil aux deux Directeurs devant lui.
"Le Général Séphiroth a été capturé il y a maintenant trois semaines," commença Rufus, "et est sous la tutelle de la société Shinra depuis."
On y arrivait, réalisa Reeve. Le comment du pourquoi Séphiroth était-il prisonnier au lieu d'être publiquement accusé et exécuté pour ses crimes.
Pourquoi le Président refusait d'utiliser un atout aussi important dans sa prise de pouvoir.
"À la... lueur de certaines découvertes faites par le Docteur Highwind-Mist et le Professeur Falmis… il s'avère que le Général était manipulé par Hojo."
"Putain, vous allez pas croire ça ? " s'exclama Zack, synthétisant en une seule phrase la pensée commune dans le bureau.
Cloud assena un petit coup de coude à Zack pendant que Barret le foudroyait du regard. Vincent risqua un très rapide coup d'œil aux deux SOLDATs. Vossler fronçait les sourcils, mais Basch était toujours aussi calme et impavide.
"En êtes-vous absolument certain, Monsieur ? " s'enquit Reeve.
"J'entends assez peu de choses aux découvertes scientifiques, mais le Professeur Falmis est formel," répondit le Président en refermant le dossier. "Les cellules Jénova sont responsables de l'état second dans lequel le Général se trouvait ces douze dernières années."
"Ça recoupe ce que le Docteur Highwind-Mist avait compris au sujet des cellules de la Cetra," reprit Reeve.
Barret lui jeta un petit regard inquiet mais Reeve restait impassible.
"Les recherches du Professeur Falmis ont permis de concevoir un... remède à ces cellules. Une espèce d'antivirus[3] qui permet à la personne contaminée par les cellules de les rejeter."
Vincent s'interdit de réagir.
Si ce remède avait été trouvé quelques mois plus tôt…
Ils auraient pu sauver Setzer Gabbiani. Harumi Kisaragi. Les clones de Tifa.
Riku Makani.
Quel gâchis.
"Le Général a failli succomber à cet antiviral, mais il a fort heureusement survécu et repris conscience il y a quelques jours. Mais ses derniers souvenirs datent de 2963. Juste avant la disparition d'Hojo."
"C'est trop facile," bougonna Zack.
"De quand datent les derniers souvenirs avant votre libération, Valentine ? " s'enquit poliment Shinra.
Est-ce que c'était pour ça que le jeune Shinra l'avait fait venir ? Afin qu'il serve d'argument pour garder le Général en vie ?
Vincent serra les dents, hésitant à répondre, il échangea un bref regard avec Barret qui semblait aussi hésitant que lui, puis jeta un coup d'œil à l'arrière du crâne de Reeve avant de se décider.
"2944… ou 45. J'ai peur de ne pas connaître la date exacte, Monsieur," déclara-t-il, "Hojo ne gardait pas de calendrier dans le laboratoire."
L'expression impassible du jeune homme frémit à la mention du nom d'Hojo et il se détourna brièvement, se concentrant sur le dossier quelques secondes avant de se tourner à nouveau vers ses invités. Il les regarda longuement un à un avant de sembler se décider.
"Je vais... être honnête avec vous, Messieurs. Quels sont vos numéros ? "
Le silence retomba comme une tonne de mithril sur la pièce. Vincent pouvait entendre les battements de cœur affolé des jumeaux, de Vossler… Étonnement, de Basch aussi…
Et ils devaient entendre les siens.
Basch fut le premier à répondre, remontant sa manche avant de dévoiler le numéro tatoué sur son poignet.
"Numéro 25," finit-t-il par répondre.
"48," souffla Zack en levant la main gauche.
Cloud se contenta de montrer le sien sur la peau de son poignet. 49.
"Série RED, numéro 13," ajouta Nanaki en sortant de son abri derrière les jambes de Barret.
Le regard bleu de Shinra retomba sur Vincent, froid, calculateur.
"Numéro 2," déclara Vincent en le soutenant.
Le jeune homme hocha la tête.
Puis défit la boutonnière de sa manche.
Et montra le tatouage noir sur la peau de son poignet.
"Numéro 15," annonça-t-il à son tour. "le Général est le numéro 3."
Et à nouveau, il adressa un regard appuyé à Vincent avant de se détourner.
"Que cela ne quitte pas ce bureau. Je le saurais. Et vous ne voulez pas savoir ce que je ferai si ceci est divulgué."
Il y avait tout un secret là dessous que Vincent brûlait de découvrir, mais ce n'était pas le moment.
"Le Général a repris conscience il y a deux jours… Il est redevenu lui-même. Je m'en porte garant."
"Comment pouvez-vous en être aussi sûr ? " demanda Barret en approchant, agitant les mains d'un geste furieux, "qu'est-ce qui vous fait penser qu'il est digne de confiance ? ! "
"Lieutenant," commença le jeune homme en se levant.
Barret abattit sa main de métal sur le bureau. Vincent entendit le cœur du jeune homme en face s'emballer, mais ne put qu'admirer son expression impassible.
"Vous êtes prêt à risquer la sécurité de Midgar et pardonner à ce... ce meurtrier ? ! "
"Reculez ! " ordonna Rufus.
Barret obéit, faisant plusieurs pas en arrière, le regard vague.
Le sang de Vincent ne fit qu'un tour. Il connaissait ce genre de regard. Il avait vu Hel l'afficher après une suggestion très appuyée de Chaos. Gigas avait dut le plaquer au sol pour l'empêcher de se jeter par le puit de lumière du volcan.
L'instant d'après, Vincent se tenait entre Barret et Rufus, foudroyant le jeune Président du regard.
"Laissez-le," ordonna-t-il d'un ton froid.
Le blond frémit et la porte s'ouvrit sur Tseng, son cerberus à la main.
Il visa aussitôt Vincent.
"Monsieur ? "
Rufus recula d'un pas, levant une main en direction de Tseng, sans quitter Vincent du regard.
"Ça ira, Tseng. Un malentendu. Laissez-nous."
Le Turk jeta un regard méfiant aux guerriers dans le bureau du Président, mais il finit par obtempérer et remit la sécurité avant de sortir à nouveau du bureau.
Le jeune Président rajusta sa veste avant d'incliner la tête vers Vincent.
"Je vous prie de m'excuser."
"Vincent, que se passe-t-il ? " s'enquit Reeve en se levant lentement, tâchant de ne pas alarmer inutilement ses hommes.
"Manipulation mentale," répondit l'ex-truk d'une voix froide, à la grande surprise de Rufus.
Celui-ci reprit rapidement le contrôle de son expression, avant de tourner les yeux vers Barret toujours immobile. Il ferma les paupières et expira longuement.
Barret sursauta. Les jumeaux furent aussitôt près de lui, le faisant reculer vers le fond du bureau.
"Que... qu'est-ce qui s'est passé ? " marmonna le lieutenant.
"Ne refaites jamais ça," ordonna Vincent.
"Vincent," murmura Reeve tout en posant très doucement sa main au creux du bras humain de Vincent.
"Je vous prie de m'excuser," répéta le jeune président, d'un ton plus tendu cette fois, "ces dernières semaines ont été… éprouvantes, j'ai… réagit par réflexe à l'agressivité du Lieutenant Wallace."
"C'est ça qu'Hojo vous a fait," nota Basch.
Vincent lui jeta un petit regard en coin. Le SOLDAT n'avait pas bougé de son siège, se contentant de retenir Vossler d'une main sur le bras. Et rien qu'à le voir, tenir calmement son second sans frémir, Vincent prenait conscience de la différence entre un seconde classe et un première classe. Vossler tremblait sous l'effort tandis que Basch restait impassible.
"Sur ordre du Président," finit par déclarer Rufus avant de retourner à son siège. "Je vous assure que ça n'arrivera plus."
"C'est comme ça que vous savez que le Général n'est plus sous influence, " comprit Vincent.
"Je n'ai pas besoin de ça pour savoir qu'il est redevenu lui-même. J'ai... passé une partie de ma vie à son contact. Le vrai Séphiroth n'a rien à voir avec celui que vous avez combattu."
"Vous pouvez le prouver ? " demanda Zack alors que le regard de Cloud s'assombrissait encore.
"Souhaitez-vous le rencontrer ? " suggéra le Président.


Le Président avait préparé cette rencontre.
Il avait choisi ses interlocuteurs, ceux qui avaient été des victimes d'Hojo ou qui avaient vu ses crimes, afin de jouer sur ce point. Pas afin d'innocenter le Général, il n'y avait aucun moyen d'ignorer toutes les morts du secteur 7, de Winhill, mais d'atténuer sa responsabilité.
De faire en sorte qu'ils ressentent une affinité, des points communs, un lien avec lui.
Et Vincent ne pouvait qu'admirer un tel niveau de manipulation. C'était digne d'un Turk.
Le Général les attendait dans une salle de réunion de l'étage inférieur, gardée par Rude et Reno.
"Tout se passe bien ? " entendit-il Tseng demander à ses subordonnés.
"Oui, Monsieur," répondit Rude.
Avalanche et les deux SOLDATs suivirent le Président dans la salle de réunion. Reeve et Basch toujours impassibles, mais les autres visiblement inquiets.
Et dans le cas des jumeaux, anxieux.
Le Général était assis dans un des fauteuils et leur tournait le dos, sa longue chevelure retombant derrière le dossier de son siège. Il était vêtu de noir, comme lors de l'assassinat du précédent Président; mais ce n'était pas le pantalon et le manteau de cuir qui dévoilait son torse et ses points faibles, défiant ses adversaires de le toucher.
Il portait un pantalon de SOLDAT noir, et un de leur pulls de maille de la même couleur.
Il n'avait pas ses cuissardes, mais une paire de bottes de combat, qui, bien que neuve, était parfaitement fonctionnelle.
Il ne se tenait pas droit comme un i dans le fauteuil, et était même légèrement avachi en arrière, la tête haute, certes, mais les bras négligemment posés sur les accoudoirs.
Et Elena se tenait derrière lui, un couteau à la main qu'elle agitait d'un air agacé.
"Elena ? " fit Rufus, debout sur le pas de la porte.
La jeune Turk se tourna vers lui d'un air coupable, escamotant aussitôt son couteau sous le regard amusé de Vincent qui connaissait bien ce geste.
"Monsieur."
"Que se passe-t-il ? " continua le Président en faisant entrer le reste de ses invités.
La jeune femme sembla hésiter avant de répondre, se mettant au garde à vous.
"Il n'est pas raisonnable, Monsieur," déclara-t-elle avec un regard noir au Général qui tourna à demi la tête vers elle, haussant un sourcil sarcastique.
"C'est malheureusement un de ses traits de caractère, Elena. Qu'a-t-il fait ? "
"Il a essayé de me voler mon couteau pour se couper les cheveux," répondit-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
"Séph… iroth," soupira Rufus en approchant. "On s'en chargera plus tard."
Le Général se leva, dépliant sa haute silhouette d'un mouvement nerveux.
"J'aimerais être débarrassé de cette toison, tu sais que je déteste..."
Il se tourna vers les nouveaux venus, levant le regard vers eux.
Zack recula, se cognant à Basch.
Cloud s'élança en avant, sautant à la gorge du Général.
Elena tenta de le retenir, mais Vincent la saisit par la ceinture, la traînant à l'abri.
Umbra, cachée sous la table de réunion, tenta aussi d'attraper Cloud par la cheville, mais Nanaki la bouscula d'un coup d'épaule avant de la faire rouler sur le dos, claquant des crocs un centimètre au-dessus de sa gorge.
La lumière s'éteignit brutalement.
"Que tout le monde se CALME ! " ordonna Reeve en la rallumant d'une pression sur l'interrupteur.
"Cloud, lâche-le," renchérit Barret.
Le Général était adossé au mur du fond, les deux mains levées en signe de paix, sans repousser le petit blond qui le tenait d'une main par le col, prêt à le frapper de l'autre.
Il n'avait pas réagi à l'agression, remarqua Vincent.
Il se retenait de réagir, observant alternativement Cloud, puis Rufus.
Cloud l'observait aussi, plissant des yeux.
"Zack," marmonna Barret, "tu penses que tu peux calmer…"
"C'est pas lui," finit par déclarer Zack en se redressant, gardant les yeux fixés sur le Général.
"Séph ? " murmura Rufus, partagé entre venir à son secours ou à celui d'Umbra.
"Je vais bien," se contenta de répondre calmement le Général.
"C'est pas lui," confirma Cloud en baissant le poing, visiblement confus. "C'est son visage, c'est son corps, c'est même son odeur, mais ce n'est pas lui. C'est pas ses yeux."
"Qui ? " s'enquit Séphiroth en baissant lentement les mains.
"Celui qui a tué Tifa. Celui qui a blessé Zack. C'est pas vous."
Cloud fronça les sourcils, puis attrapa le pull du Général et le souleva, à la grande surprise de toute l'assemblée.
"Mais c'est lui que j'ai coupé en deux," ajouta Cloud avec un sourire satisfait, montrant une fine cicatrice qui barrait son ventre.
Séphiroth fronça les sourcils, passant une main sur la cicatrice. Il la suivit du doigt, jusqu'à la tracer autour de son dos.
"Qu'est-ce que..." murmura-t-il en réalisant l'étendue de la blessure.
"Est-ce que votre Strife pourrait arrêter de déshabiller le Général ? " s'enquit sarcastiquement Rufus.
Cloud lui jeta un regard confus avant de se tourner à nouveau vers Séphiroth, réalisant ce qu'il faisait.
"Oh. Pardon," déclara-t-il par réflexe en lâchant le vêtement
"Et tant qu'on y est," reprit Rufus d'un ton légèrement agacé, "j'aimerais que votre ami relâche Umbra et Valentine serait bien aimable de poser ma garde du corps."
Vincent cligna des yeux et tourna la tête vers Elena qui lui jetait un regard agacé, coincée sous son bras.
"Mille excuses, Elena," offrit-il en la reposant sur ses pieds.
"Tu fais ça avec tout le monde ? "
"Surtout avec ceux plus petits que lui," intervint Zack.
Cloud confirma d'un signe de tête grognon en rejoignant son frère.
Après un dernier regard à Umbra, Nanaki la relâcha, emboitant le pas à Cloud pour retourner se cacher derrière Barret et les jumeaux.
Le Président et le Général discutaient à voix basse, et Vincent eut beau tendre l'oreille, il ne comprenait qu'une syllabe sur eux. Un code peut-être ? Le Président avait mentionné avoir passé une partie de sa vie avec le Général.
Ils avaient grandi dans le laboratoire d'Hojo.
Deux enfants dans le laboratoire de ce fou.
Vincent se rapprocha de Reeve et, captant son regard, fit un signe de tête vers les deux jeunes hommes. Reeve haussa les épaules, apparemment aussi désemparé que lui.
"J'ignorais tout ça," murmura Reeve.
"Reeve, tu restes avec nous," reprit Barret en posant sa main métallique sur son épaule, "j'ai pas confiance."
Vincent tourna la tête et croisa le regard vert du Général.
Il l'avait remarqué sur les photos, mais en vis à vis, c'était encore plus flagrant.
C'étaient bien les yeux de Lucrécia. Ce vert devait être une caractéristique de clan, comme les yeux rouges étaient celle des démons.
Il n'avait pas grand-chose d'Hojo. La forme des yeux peut-être, typique d'un métis de sang wutan.
Vincent avait les mêmes après tout.
Sa peau était blafarde, comme celle de Vincent, mais il venait de passer douze ans dans Sin… et Vincent sortait de trente ans de stase en souterrain.
Setzer Gabbiani, Harumi Kisaragi et Riku Makani avaient eu la même couleur de peau eux aussi.
Ce n'était pas… une preuve.
Le jeune homme pencha légèrement la tête, faisant glisser ses cheveux devant son visage.
Il détourna le regard avec un juron à mi-voix, rabattant ses longues mèches en arrière d'un geste agacé.
Ah. Ça, en revanche, ça lui venait de sa mère. Lucrécia avait détesté avoir les cheveux dans les yeux.
"Rufus."
"Après. Promis," répondit le jeune président d'un ton autoritaire.
Basch, resté près de l'entrée avec Vossler, finit par avancer, contournant Avalanche pour approcher du Général.
En le voyant approcher, l'homme aux longs cheveux argentés se redressa, son expression agacée redevenant impassible. Ce fut Reeve qui le reconnut cette fois.
Plus grand, bien sûr, plus large d'épaule, les cheveux plus longs, mais c'était le jeune homme qui écoutait patiemment pendant les réunions du conseil douze ans plus tôt. Calme, impassible, mais attentif.
Basch approcha posément avant de tendre la main au Général.
"Général."
"Fon Ronsenburg," salua le Général en échangeant une poignée de main avec lui.
Il y eut quelques secondes pendant lesquelles le Général sembla perturbé par quelque chose, observant les deux hommes de la tête aux pieds, jusqu'à ce que Vossler laisse échapper un petit rire acerbe.
"J'avais bien dit qu'il finirait plus grand que nous deux," murmura-t-il à Basch.
Basch répondit par quelque chose en Wutan, faisant dresser l'oreille à Vincent.
Séphiroth soupira mais hocha la tête.
Basch et Vossler échangèrent un regard avant de s'éloigner de quelques pas, mais restant à la hauteur du Président et du Général.
Ils avaient visiblement choisi leur camp.
"Qu'est-ce qu'ils ont dit ? " demanda Zack en enfonçant son index dans le bras de Vincent.
Vossler lui jeta un regard agacé, mais Vincent ne répondit pas.
Séphiroth apprécierait probablement assez peu qu'Avalanche sache que ses hommes le surnommaient Petit Général.
"Messieurs. Permettez-moi de vous présenter le Général Séphiroth," déclara Rufus.
"On connaît," grommela Zack.
"Général," salua poliment Reeve.
"Directeur Tuesti," répondit le Général.
Visiblement, le Général était au courant de sa promotion. Le Président avait dû le tenir au fait des choses.
Qu'est-ce qu'il savait d'autre ?
"Pour le moment, l'existence du Général doit rester cachée, du moins tant que nous ne saurons pas…"
"Son allégeance ? " suggéra Reeve.
"Mon allégeance va au Président Shinra," rétorqua Séphiroth de sa voix rocailleuse.
Intéressant choix de mot. Pas à la société Shinra, pas à Midgar, pas à son père.
A Rufus Shinra.
"Tant que nous ne saurons pas comment la justifier aux yeux du reste du monde," acheva le jeune Président.
"Cela risque de provoquer des incidents diplomatiques," intervint Basch.
"Surtout si on ne peut apporter de preuves que le Général… Était sous influence," ajouta Reeve.
Le président lui jeta un regard froid et Reeve frissonna, faisant vaciller la lumière à nouveau. Vincent fut aussitôt devant lui, s'interposant pour le protéger de quoique soit les pouvoirs du jeune homme.
Mais le blond ne fit rien. Rien que Reeve pouvait sentir en tout cas.
"Il est autant une victime d'Hojo que le sont le Directeur Fon Ronsenburg, les Strife, votre lion…"
Le Président regarda Vincent, lui adressant un nouveau regard calculateur.
"Ou votre Turk."
Vincent rétrécit les yeux et cette fois, ce fut le Général qui approcha, s'interposant entre Vincent et Rufus.
Le jeune Shinra tendit la main, la posant sur l'avant-bras du Général, comme quand Cid tentait de calmer Vincent. L'homme aux cheveux argentés se laisse traîner en arrière, non sans foudroyer Vincent du regard.
"Si vous souhaitez le condamner pour ce que Hojo lui a fait, je vous suggère de faire la même chose à vos équipiers."
"Je comprends, Monsieur le Président," répondit Reeve.
"Puis-je compter sur vous ? "
Il n'avait pas posé la question à Basch et Vossler, réalisa Vincent.
S'ils avaient tous les deux servi sous les ordres de Séphiroth.
S'ils avaient reconnu l'homme qu'ils avaient connu…
Si Séphiroth avait déjà été hors du contrôle d'Hojo à l'époque.
Si si si, ça faisait assez de si pour mettre Alexander en bouteille.
Mais une possibilité était certaine.
Quand les alliés diplomatiques de Midgar apprendraient que Séphiroth était vivant et ne serait pas jugé pour ses crimes, ça jetterait un pavé dans la mare diplomatique mondiale.
Et avec la menace de la Calamité qui se précisait, Hojo qui était toujours dehors…
Ce n'était pas le moment.
Reeve allait accepter.
"Nous saurons garder le secret, Monsieur," finit par déclarer leur directeur.
"Je vous en remercie."
Zack tenta bien de protester mais Vincent tourna la tête vers lui, lui faisant signe de se taire et le brun dû ravaler ses protestations.
"Avant que vous partiez, Directeur, avez-vous le résultat de l'expédition à Gongaga ? " s'enquit Rufus.
"C'est en cours," intervint Barret. "Les squames ont volé quelque chose au Cap de l'Espoir et nous essayons de l'identifier."
"Nous venons de recevoir une traduction de textes découverts à proximité du lieu du vol, cela devrait nous éclairer," continua Reeve. "Dès que nous aurons fini d'analyser ces textes, nous vous transmettrons notre rapport."
"Je vous remercie," fit le Président, "vous pouviez dis… "
Le jeune blond cligna des yeux, le regard dirigé vers un coin de la pièce.
Umbra s'y tenait, bloquant résolument Nanaki à la jonction entre les deux murs. Cloud fit un pas vers les deux fauves, inquiet, avant de reculer, un petit sourire aux lèvres pendant que son frère sortait son PHS.
"Ça, c'est pour l'album souvenir."
Nanaki affichait une expression boudeuse, ou du moins autant que son visage pouvait l'afficher, mais ne tentait pas de se libérer. La Darkstar s'appuyait de tout son poids contre son épaule, le pressant contre le mur afin de pouvoir tranquillement lui réordonner la crinière à grands coups de langue.
"Tout… vas bien, Red ? " s'enquit Barret.
"Oui, oui," répondit le fauve, "elle… elle fait juste ma toilette."
"Pourquoi ? " s'enquit le Président, visiblement peu habitué à voir son monstre réagir ainsi.
"Elle pense que je suis un chiot. Je le suis pas ! " ajouta Nanaki d'un ton sans ambages, "j'ai quarante-huit ans ! "
"Quinze ans," traduisit aussitôt Cloud.
"Je ne suis plus un chaton ! " ajouta le fauve avant de se taire quand la Darkstar posa sa patte sur son museau pour l'empêcher de bouger.


Il fallut beaucoup de persuasion de la part du Président, mais Umbra finit par lâcher Nanaki et Avalanche purent repartir avec un fauve légèrement humide et très vexé, mais intact.
"Tu as une petite amie maintenant ? " plaisanta Zack quand ils entrèrent dans l'ascenseur.
"Non ! " Protesta Nanaki d'un ton boudeur, "elle est trop vieille… enfin, trop âgée pour moi."
"C'est pareil, non ? "
"Non j'ai quarante-huit ans, mais quinze ans de maturité, elle a l'âge du Président et pareil en maturité."
"Comment tu le sais ? " s'étonna Barret.
"Elle me l'a dit."
Elle était une créature intelligente non humanoïde, comprit Vincent.
Et ça, ça voulait dire qu'il faudrait être plus prudent autour d'elle.
"Vincent, on nous écoute ? " demanda Reeve d'un ton las.
Vincent inspecta aussitôt l'ascenseur comme il pouvait. Il secoua la tête et Reeve soupira.
"C'est une bombe diplomatique à deux doigts d'exploser…"
"Qu'est-ce que tu en penses Vincent ? " demanda Barret.
"Je ne sais pas. Le Général a l'air… sain d'esprit et libre de ses actions, mais je ne le connaissais pas d'avant, c'est la première fois que je le vois…"
"Il a même l'air plus… vivace qu'avant," admit Reeve, "ses interactions avec le Président…"
"Amis d'enfance," suggéra Vincent.
"Ils ont grandi dans le Tambour," murmura Cloud.
"Merde," ajouta son frère en s'adossant à la paroi de l'ascenseur, "le Président est un Pupille."
"Je ne l'ai pas vu venir," admit Vincent, "mais ça explique… sa façon de faire."
Barret fronça les sourcils.
"Qu'est-ce que tu veux dire ? "
"Il doit avoir un pouvoir mental, c'est comme ça qu'il t'a fait reculer tout à l'heure. Si ça s'étend à lire et à manipuler les pensées… Il devait être l'espion idéal pour l'ancien Président."
Et ça expliquait pourquoi il n'avait pas été nommé héritier officiel dans le testament du vieux Shinra. Il n'avait probablement jamais eu de légitimité. S'il avait même un quelconque lien de famille avec le Président Shinra.
Est-ce que Rufus Shinra avait manigancé pour se débarrasser du vieil homme ? D'Heidegger ?
Bon sang, si c'était le cas, il devait préparer ça depuis des années.
"Vincent ? "
"J'espère que Séphiroth est réellement libre de toute manipulation de la part d'Hojo. Parce que si ce n'est pas le cas… Hojo a un accès direct au Président."
"Ce n'est pas lui," reprit Cloud d'un ton buté.
Vincent se tourna vers le jeune homme qui essuyait le museau de Nanaki de son mouchoir.
"Que veux-tu dire ? "
"C'est pas le Séphiroth que je connais," répéta Cloud, comme dans la salle de réunion, "je l'aime pas, mais c'est pas lui."
"Cloud a raison," renchérit Zack, "physiquement, c'est lui, mais…"
Le brun hésita, comptant jusqu'à cinq à plusieurs reprises avant d'arriver à trouver ses mots, juste quand l'ascenseur arrivait au niveau du parking.
"Il parle. Il réagit. Il hésite. Quand on se battait contre lui c'était…"
"Un mur qui bougeait. Pas d'expression, pas de paroles," acheva Cloud.
"Comme quand Riku était possédé ? " ajouta Barret.
Les jumeaux hochèrent la tête de concert.
"Le seul moment où il a moufté à Winhill, c'est quand il a pris la limite de Cloud à bout portant."
"Alors… le Président a raison," conclut Reeve en approchant de la camionnette d'Avalanche.
"Je me pose une autre question," admit Vincent en ouvrant l'arrière pour laisser monter ses collègues.
"Laquelle ? " s'enquit Barret.
"Pourquoi a-t-il décidé de nous faire confiance avec cette information ? "


"Tu es sûr que tu peux leur faire confiance ? " demanda Séphiroth en appuyant sur le bouton de l'ascenseur présidentiel privé.
"Ils veulent tous la mort du Professeur avec des degrés de sadisme variable," répondit Rufus en entrant, la main sur le cou d'Umbra, "les jumeaux Strife sont particulièrement créatifs à ce sujet."
Séphiroth entra, suivi par Elena qui appuya sur le bouton du niveau 50. Il jeta un petit regard au dos de la jeune Turk, s'assurant qu'elle ne pouvait pas les voir avant de lever la main, la posant sur le crâne de Rufus avec un petit regard interrogateur. Rufus soupira et secoua la tête, faisant lâcher Séphiroth.
Ils furent rapidement au niveau 50 et se dirigèrent vers les logements des première classe, suivis par leur garde du corps.
À peine dans son appartement et ses bottes retirées, Séphiroth se dirigea vers sa salle de bain, sortant une boite d'anti-douleur du placard avant de retourner dans le salon.
Rufus était assis sur le canapé, Umbra assise entre ses pieds, la tête sur sa cuisse. Séphiroth prépara un verre d'eau et le tendit à Rufus avec la boîte de médicaments.
"Tu as abusé de tes pouvoirs," l'accusa-t-il.
Rufus soupira mais accepta les deux objets avant de se servir.
"J'avais besoin d'être sûr qu'ils étaient sincères en acceptant."
"Depuis quand prends-tu une dose aussi forte ? " le coupa Séphiroth en notant le nombre de cachets que sortait Rufus.
Le blond se figea. Faites confiance au Général et sa mémoire photographique pour se souvenir de ce genre de détail.
"Je sais ce que je fais."
"Dois-je faire venir le Directeur Tseng ? " demanda Elena, toujours debout devant la porte.
"Tseng ? " répéta Séphiroth.
"Merci Elena, ça ira," rétorqua Rufus avant de gober sa poignée de médicaments.
Séphiroth darda son regard mako toxique sur Rufus, mais ça n'eut pas le moindre effet. Il n'avait jamais fait peur à Rufus, ça n'allait pas commencer maintenant que son ami était Président d'une multinationale, dirigeait la ville et exerçait une telle influence sur le monde. Il finit par s'asseoir à ses côtés, poussant ses cheveux de façon à ne pas se poser dessus.
"Avalanche, tu leur fait confiance ? "
"Il va falloir. Est-ce que tu veux leurs dossiers ? "
"Oui. Leurs dossiers, leurs missions, tout ce qu'ils ont envoyé depuis qu'ils commencent à lutter contre Hojo."
"Elena, pouvez-vous demander à ma secrétaire d'amener les dossiers préparés, je vous prie ? Elle saura de quoi vous parlez."
"Oui, Monsieur," répondit Elena avec une pointe de surprise dans la voix.
Elle sortit, laissant les deux hommes seuls.
"Qu'est-ce que tu vas faire de moi ? " finit par demander Séphiroth.
Rufus qui attendait que les antidouleurs fassent effet, tourna la tête vers lui.
"Qu'est-ce que je devrais faire de toi ? " demanda-t-il. "Tu es ici, tu es toi-même, je n'ai besoin de rien d'autre."
"Je ne vais pas rester enfermé ma vie entière dans mon appartement," gronda Séphiroth.
"C'est temporaire. Je suis en train de faire réaménager la villa de Costa del..."
"Ce n'est pas le problème ! " rétorqua Séphiroth en se levant pour faire les cent pas devant Rufus.
Le jeune homme soupira. Il aurait dû s'en douter. Séphiroth s'était tenu sage tout le temps qu'il avait été prisonnier du laboratoire, mais après Wutaï, après avoir découvert les grands espaces, le ciel, la possibilité de pouvoir simplement se lever, marcher ou courir des heures… Après ça, son ami n'avait jamais réussi à tenir en place. L'inactivité le rendait fou. Il devait toujours faire quelque chose, lire, s'entraîner, apprendre… Mais il ne pouvait plus rester immobile à attendre.
"Et si on partait ? " murmura Rufus, stoppant Séphiroth net.
"Quoi ? "
"On devrait faire ce qu'on a toujours dit : Partir. On est libre tous les trois. Entre nos pouvoirs à Umbra et moi, et les tiens, personne ne nous retrouvera."
Séphiroth se tourna vers lui, les poings sur les hanches.
"On pourrait…" commença Rufus en se penchant en avant, s'appuyant des coudes sur ses genoux, "on pourrait trouver un coin tranquille, sans personne autour pour me filer la migraine. Sans personne pour te reconnaître et te traiter comme un meurtrier."
Séphiroth approcha de son ami, l'observant d'un regard intrigué. Il fallait probablement être télépathe pour le reconnaître comme tel, n'importe qui d'autre aurait dit que Séphiroth avait l'air fâché.
"On a le choix. Gongaga, c'est vide… Pas Wutai par contre… Et on devrait éviter l'Estérie… Mais peut-être. Les îles du Sud, si tu veux aller au chaud… ou celles du Nord si tu préfères le froid…"
"Rufus."
"On pourrait même aller au Grand Glacier ! Je t'apprendrais à faire du ski, je suis sûr que tu vas détester…"
"Rufus ! "
Le jeune homme grimaça, détournant le regard. Séphiroth s'agenouilla devant lui, regrettant de ne pas avoir de matéria de guérison sous la main et posa sa grande main sur la nuque de Rufus.
"Tu partirais ? Tu laisserais tomber Midgar ? La Shinra ? "
"Qu'est-ce qu'ils ont fait pour nous ? " rétorqua Rufus.
Rien, en effet.
Ils avaient tous les trois été traités comme des objets, comme des possessions, comme des armes toute leur vie. Même quand Morrow avait dévoilé les méfaits d'Hojo, même quand les Pupilles avaient été libérés, leur sort soulevant l'opinion publique, rien n'avait changé pour eux trois.
Rufus soupira, appuyant son front contre l'épaule de Séphiroth.
"Mais… ça ne servirait à rien," murmura-t-il contre les mèches argentées.
"Que veux-tu dire ? "
"Ho... Le Vieux Scientifique est toujours dehors. S'il apprend où tu es, il te reprendra. Et je préfère mourir que de le laisser mettre la main sur toi," gronda Rufus.
Avant de savoir parler, Rufus communiquait comme une darkstar. En grondant, en grognant, en grinçant des dents. Et parfois ça lui revenait, quand il était seul avec Séphiroth et Umbra.
"Reno a raison."
"Reno ? "
"Le Turk aux cheveux rouges. Celui qui t'a maté les fesses[4]."
Séphiroth avait des Opinions au sujet des Turks de la nouvelle génération, mais il n'était pas leur directeur et les garda donc pour lui.
"Tant que... Tant que ton père est dehors, ce ne sera pas être libre.
"Tu ne peux toujours pas dire son nom," remarqua Séphiroth en resserrant sa main sur sa nuque.
"Blocage. Ça fait mal," répondit le blond avant de se dégager lentement, faisant face à Séphiroth. "On reste ? "
"On reste," confirma Séphiroth. "Je veux me battre aussi."
"C'est ce que je craignais," soupira Rufus, "laisse-moi convaincre Avalanche de te laisser les aider, ça risque de prendre un moment."
"Si quelqu'un peut le faire, c'est toi."
"Ce sont des paranoïaques," marmonna Rufus sans réaliser l'ironie de ses paroles, "de toute façon, tu n'es pas en état pour l'instant."
Séphiroth dû admettre le point à contre-cœur.
Ça le rendait fou, mais il fatiguait encore trop facilement. Même une simple marche et quelques volées d'escaliers le mettait sur les genoux. Et il y avait le problème de sa magie qui lui échappait à la moindre contrariété.
Il devait être raisonnable et admettre qu'il n'était pas en état de se battre. Il devait rester et se reposer.
Mais pas seul.
Rufus tenta de se lever et Séphiroth le retint aisément avant de baisser les yeux sur Umbra, toujours blottie entre eux.
"Couche toi sur lui," ordonna-t-il à la Darkstar.
Qui obéit bien obligeamment, pesant de tout son poids sur le torse de Rufus.
"Séph ! Je dois retourner travailler ! " protesta Rufus en tombant sur le dos sur les coussins moelleux du canapé. "Je dois…"
"Tu dois te reposer au moins une heure," corrigea Séphiroth en se levant calmement, allant préparer du thé, "laisse les antidouleurs agir."
"Umbra ! Laisse-moi me lever ! "


Quand Elena revint, une caisse de dossiers entre les mains, le Président était toujours sur le canapé, Umbra sur lui et le Général était assis à l'autre bout, les regardant dormir, une tasse à la main.
"Tout va bien, Général ? " s'enquit Elena en posant la caisse sur la petite table devant le canapé.
"Il dort. Il est toujours comme ça ? "
"Oui. Le Directeur Tseng a du mal à le convaincre de se reposer."
Le Général jeta un petit regard calculateur à la jeune fille avant de pencher la tête vers elle.
"Sont-ils… amis ? "
"Oh, la moitié de la Tour aimerait le savoir," répondit Elena avec un sourire malicieux.
Ça ne voulait dire qu'une chose.
La côte des paris devait être élevée.


"Ah bah putain," marmonna Cid quand l'équipe fut rassemblée au complet dans la pièce principale pour un débrief.
"Je n'aurai pas dit mieux," admit Shera, assise près de lui.
Reeve hocha la tête tout en se tournant vers son tableau effaçable.
Il avait tout réécrit proprement, utilisant de code de couleurs pour les vivants, les morts, les autres états d'existences et leurs relations.
C'était plus clair.
Pour lui en tout cas.
"Je suis étonné qu'Hojo ne tente pas de récupérer le Général," avoua Shera.
"Il ne doit pas savoir où il se trouve," suggéra Barret.
"Raison de plus pour qu'on reste bouche cousue à ce sujet," déclara Reeve en agitant son feutre effaçable, "je n'ai pas envie qu'Hojo attaque Midgar comme il l'a fait avec Alexandria l'année dernière."
"Bon, on ne peut rien faire de plus au sujet de l'affaire Séphiroth," jugea Barret en se tournant vers leur opératrice, "tu as quelque chose, Jessie ? "
La jeune femme hocha la tête, soupira et posa les traductions sur la table, le tout d'un seul tenant.
"J'ai pas l'habitude de lire ce genre de texte, alors c'est un peu compliqué d'interpréter…"
"Je peux ? " demanda Vincent en tendant la main vers la liasse.
"Je t'en prie ! " rétorqua la jeune femme en la lui tendant.
Vincent commença sa lecture, tout en gardant une oreille ouverte pour écouter Jessie.
"En gros, les fresques que vous avez trouvées sont un mode d'emploi."
"Pour la matéria qui a été volée ? " suggéra Yuffie.
"Le Docteur Bélias n'utilise pas le mot matéria…"
"Qui ? " s'étonna Yuffie.
"Mon père," répondit Vincent sans lever le nez de sa lecture.
"Oh."
"Il parle d'une clef de pierre," continua Jessie. "Je ne sais pas si c'est une erreur de traduction, du littéral ou juste un mot qui n'existe plus mais…"
"Une clef de pierre," répéta Vincent.
Reeve se tourna vers lui.
"Ça te dit quelque chose ? "
"Pas exactement, mais une clef, ça ouvre quelque chose."
Jessie tendit le doigt vers Vincent.
"Exactement ! Mais c'est pareil, je ne comprends pas cette partie de la traduction. Il a traduit… 'La clef de pierre ouvrira le temple de la pierre noire de la Rivière qui invoquera le météore purificateur. Si quelqu'un y comprend quelque chose..."
Cid, Aérith, Yuffie et les jumeaux se tournèrent vers Vincent qui continuait sa lecture, cherchant ce passage.
"Je lis plusieurs langues anciennes mais pas celle-là," rétorqua Vincent, "je ne peux que faire confiance à Père pour la justesse de la traduction."
"Et interpréter, tu peux ? Parce que là, ça n'explique pas grand-chose."
"Je vais essayer," soupira Vincent. "La pierre noire de la Rivière…"
Ah, ça c'était facile. Presque.
"Une pierre de Rivière c'est une matéria."
"Une matéria noire ? " marmonna Cid, "ça existe ça ? "
"Je n'en ai jamais entendu parler," répondit Vincent avant de se tourner vers Nanaki qui avait posé sa tête sur la table, près du coude de Cloud.
"Pareil," ajouta le fauve, "si c'est une matéria d'invocation, elle devrait être rouge."
"Mais Météore, c'est une matéria verte, non ? Et puis c'est super rare." objecta Yuffie.
"Comment tu sais ça ? " demanda Zack.
"J'écoute en cours," rétorqua Yuffie.
"Ça change."
Il y eut quelques secondes chaotiques pendant lesquelles Reeve rappela qu'on ne jetait pas la vaisselle à la tête de ses collègues, surtout quand il restait du thé chaud dedans.
Du thé froid non plus. Pose ça Yuffie.
"Le météore purificateur… ça ne me dit rien en revanche," reprit Vincent.
"Moi, si," rétorqua Aérith avant de ramasser son sac, posé sur le canapé.
Elle dû pousser Cait, qui trouvait toujours le moyen de se mettre sur l'objet dont on avait besoin au moment où on en avait besoin et elle sortit sa tablette.
"C'était dans les recherches de Papa sur les Cetras," expliqua-t-elle d'un ton sérieux.
C'était assez rare de voir leur guérisseuse aussi anxieuse, aussi tout le monde attendit calmement qu'elle trouve le passage concerné.
"Je vais paraphraser, hein," prévint-t-elle, "mais… voilà c'est là."
Elle se racla la gorge.
"Quand la planète était en danger, Minerva pouvait appeler à elle ses protecteurs, des créatures capables de se battre pour elle, de faire disparaître les menaces et régénérer la planète. On les appelle les Armes."
Vincent hocha la tête. Ça, il le savait, son père en avait parlé quand il lui apprenait l'identité des différents Anciens.
Alexander était une Arme, la plus récente, la dernière que Minerva avait créée, un golem de sacre que les Anciens avaient accueilli parmi eux pendant la guerre contre la Calamité et qui dormait sous Alexandria en attendant qu'on le réveille pour combattre la prochaine menace.
Sur une technicité, les Anciens le considérait comme l'un des leurs, mais en réalité, il était une créature unique, taillé dans la pierre et incapable de se reproduire.
Une Arme.
"Et donc le Météore purificateur en est une ? "
Aérith hocha la tête, les lèvres serrées, cherchant sa ligne.
"Et dans sa grande Sagesse," commença-t-elle, "Notre Mère Minerva a créé la plus puissante de toutes ces Armes. Car si la menace se fait trop grande, si les Anciens et les Armes tombent, si la Rivière de la Vie elle-même est en danger, alors le Météore Purificateur devra tomber."
"Tomber ? " répéta Reeve dans le silence qui suivit.
"Car ce n'est que quand les âmes seront toutes revenues à la Rivière de la vie que la planète pourra renaître, tel Phénix de ses cendres," acheva Aérith.
"Comme... un reboot ? " reprit Jessie, "ça remet tout à zéro ? "
"Un système de sécurité," murmura Vincent, réalisant ce que ça signifiait.
"Je... je comprends pas ? " reprit Zack, les yeux écarquillés, "pourquoi elle a fait ça ? C'était l'Ancienne de la Vie, non ? Pourquoi elle a fait quelque chose qui tuerait toute la vie sur la planète ? ! "
"Parce qu'elle était la personnification de la Rivière," murmura Vincent, "et en dernier recours, la survie de la planète est plus importante que celle de ses habitants."
Aérith hocha la tête, contemplant tristement sa tablette.
"Tant que la planète existe, la vie peut s'y développer à nouveau. Cela pourra prendre des millénaires, des centaines de milliers d'années, mais la vie reviendra. "
"C'est quelque chose que seul un immortel pourrait décider," déclara Vincent.
"Et Hojo cherche cette matéria d'invocation," conclut Reeve, "mais pourquoi ? "
"Quelle que soit la raison, Hojo ne doit PAS mettre la main dessus," gronda Barret.
"Non," confirma Vincent.
"Je vais rédiger un rapport alarmiste pour Shinra," déclara Reeve en se levant. "Aérith, Jessie, je veux que vous travailliez ensemble pour trouver où est ce temple."
"Je peux faire venir Papa et Maman ? " demanda Aérith, "ils connaissent ces légendes Cetra, ça serait plus simple."
"Oui, bien sûr, fais-les venir. Vincent, tu restes en contact avec le Docteur Bélias au cas où quelque chose de neuf arrive."
"Oui, Reeve."
"Vous autres, surtout, gardez le silence à ce sujet. La panique n'aidera personne."
"Entendu," répondit Vincent en tendant la liasse à Jessie.
"Mais en privé, on peut paniquer ? " demanda Zack, "parce que là, entre Hojo, la Calamité et Météore…"
"Pense juste à utiliser une matéria sceller," répondit Reeve, à deux doigts d'activer la sienne.


"Est-ce que je peux revenir ? " demanda Elena en toquant à la porte de la salle de bain.
Elle entendit un 'hm' positif et ouvrit la porte.
Debout près de l'évier, le Général se frottait vigoureusement le cuir chevelu.
Et Ô, par chance, comme la plupart des SOLDATs, le Général considérait que des sous-vêtements étaient une tenue décente.
Roche et Grim étaient déjà bien foutus, mais elle avait sous les yeux le top du top. Elle adorait son boulot parfois.
Elena ouvrit le sac poubelle qu'elle tenait et commença à ramasser les ustensiles à faire disparaître rapidement. Elle acheva de ramasser les restes de la teinture puis empoigna l'énorme natte argentée posée dans l'évier, comme un long serpent gris.
"Avez-vous des instructions concernant les cheveux ? "
"Mettez-y le feu, Elena," répondit Séphiroth de sous sa serviette.
Ah, ça elle pouvait le faire. Dommage mais elle pouvait le faire. Elle leva les yeux quand le Général se pencha en avant et remarqua des tâches sur le tissu.
"Oups, je crois que la serviette est fichue."
Séphiroth cessa de se frotter les cheveux et déplia le rectangle de tissu éponge.
Ah, en effet.
"Au moins ce n'est pas du sang," commenta-t-il en recommençant à s'essorer les cheveux.
Elena dû en convenir.
De toute façon, entre les SOLDATs, les Troopers, les Turks et les employés qui utilisaient la salle de sport du bâtiment, la Tour Shinra avait une consommation de serviettes éponges probablement égale au reste de Midgar réunis. Personne ne réaliserait d'où viendrait celle-ci.
"Ça s'estompe si vite ? " s'étonna Séphiroth.
"Il fallait probablement laisser poser plus longtemps," nota Elena en relisant le mode d'emploi avant de le mettre à la poubelle, "mais comme vos cheveux sont clairs à la base, ça ne devrait pas avoir trop d'incidence sur la couleur."
Il redressa la tête en entendant la porte de son appartement s'ouvrir, mais se détendit en reconnaissant le pas de Rufus et Umbra. Elena l'imita, rangeant son arme qu'elle avait sorti en voyant le SOLDAT réagir.
Umbra entra d'un pas guilleret, venant saluer Elena d'un coup de truffe dans le ventre et se laissant ébouriffer les oreilles avant de se diriger vers Séphiroth.
"Cette salle de bain est déjà trop petite pour deux adultes, Umbra," marmonna le Général, non sans lui gratter le crâne du bout des doigts.
"Bonjour, Monsieur le Président," salua Elena en sortant de la salle de bain, son sac poubelle entre les mains.
Le blond lui jeta un regard intrigué, baissant les yeux sur le fardeau d'Elena puis sur la natte jetée par-dessus son épaule.
"Ah, vous avez réussi à lui couper les cheveux ? "
"Oui, Monsieur. Et à les teindre."
"Les teindre ? "
"C'était son idée," déclara Séphiroth en sortant à son tour.
"Si jamais il est aperçu, l'opinion publique fera moins facilement le rapport," acheva Elena.
"Quelle couleur as-tu choisi ? " demanda Rufus en se tournant vers Séphiroth. "Blond ? "
"On m'aurait pris pour un fils illégitime du Président et ça aurait mis ta crédibilité en jeu," rétorqua Séphiroth avant de retirer la serviette de son crâne, secouant la tête, "ah, c'est tellement mieux les cheveux courts.
"J'ai proposé noir," continua Elena en fourrant le sac dans la poubelle de la cuisine.
Le président ne répondit pas, le regard fixé sur Séphiroth.
Il avait des cheveux noirs, coupés en dessous du menton, comme à son retour de Wutai. Juste assez court pour pouvoir être attachés en cas de combat, juste assez longs pour cacher son visage quand il penchait la tête. Quelques mèches étaient encore rebelles et retombaient devant ses yeux, mises en bataille par l'essorage vigoureux.
Rufus avait déjà vu quelqu'un avec des cheveux comme ça.
Il s'arracha à la contemplation de son ami et se dirigea vers les dossiers posés sur la table basse, fouillant rapidement dedans avant d'en extraire un.
Il tourna la première page. Observa la photo. Puis Séphiroth. Et jeta le dossier sur les autres.
"Elena, faites préparer une voiture banalisée, nous allons à Seventh Heaven, discrètement."
"Tout de suite, Monsieur," répondit Elena avec un salut rapide, avant de sortir de l'appartement.
"Séph, habille-toi. En civil. Je te retrouve ici dans dix minutes," ajouta Rufus en défaisant sa cravate.
"Qu'est-ce qui se passe ? "
Umbra haussa les épaules, tout aussi confuse.


La caserne d'Avalanche était une vieille bicoque des Taudis.
La bâtisse de base devait dater de la fondation de Midgar, mais même les extensions récentes avaient un côté miteux que les tags n'arrangeaient pas.
Et c'était minuscule. Ils y vivaient à combien ?
"Ils vivent là-dedans ? " s'étonna Séphiroth.
"Oui. Père ne leur avait pas attribué un budget faramineux," répondit Rufus en grimpant les marches menant au porche.
Son ami avait revêtu un jean délavé et un sweater gris à capuche qui cachait ses cheveux, et Séphiroth portait des vêtements similaires, même si sa nouvelle couleur et coupe de cheveux lui assurait plus d'anonymat, mais la présence d'Umbra près d'eux, même sans son collier de chaînes, était peu discrète et criait 'molosse shinra' à la face du monde.
"Attendez-nous ici, Elena," ordonna Rufus.
"Oui, Monsieur."
Elena avait juste eu le temps d'enfiler un pantalon et une veste de moto avant de les suivre et resta près de la voiture, surveillant les environs en faisant mine de lire quelque chose sur son PHS.
"Rufus, tu vas me dire ce qui se passe ? " gronda Séphiroth entre ses dents, pendant que son ami enfonçait une des deux sonnettes du pouce.
"Je viens de comprendre quelque chose d'important mais j'ai besoin d'interroger Valentine avant de pouvoir t'en dire…"
La porte s'ouvrit sur une jeune fille que Séphiroth n'avait jamais rencontré autrement que dans les dossiers d'Avalanche.
Wutane, seize à dix-sept ans…
De la famille Kisaragi.
La fille de Dame Kasumi.
Mana, elle lui ressemblait en effet. Qu'était-il arrivé à sa mère ? Il faudrait qu'il demande à Basch.
"Bonjour, c'est à quel… Oh, Da Chao ! " s'exclama-t-elle en le voyant.
Séphiroth penchant aussitôt la tête, se cachant derrière ses cheveux. Est-ce qu'elle l'avait reconnu ?
"Masaka[5]," ajouta l'adolescente.
"Valentine est-il là ? " demanda Rufus.
"Je… oui... heu, entrez," les invita la Princesse.
L'intérieur était… confortable, dû admettre Séphiroth en entrant. Les murs avaient été réparés et repeints à plusieurs reprises, mais c'était normal pour un bâtiment avec au moins trois augmentés dedans. Les meubles étaient dépareillés, il y avait un panneau d'affichage au mur avec le règlement, mais aussi des dessins d'enfants, des listes de courses et un tableau de score pour le concours de lancer de couteau de décembre. Une certaine Elmyra gagnait.
La pièce principale était petite pour le nombre de gens qui s'y tenait, la table couverte de livres et cahiers que la Princesse s'empressa de rassembler en vrac avant de les jeter dans un sac de cours aux armes de la MGU. La pièce était ouverte sur une petite cuisine où s'affairait une femme d'âge mur et une enfant, probablement sa fille, debout sur une chaise à coté, à l'aider.
Sur le côté, deux canapés étaient installés devant une télévision, plusieurs personnes affalés dessus à suivre un match de blitzball.
"Qui c'est Yuuuuuu," commença un des Strifes, le brun, en se tournant avant de bondir sur ses pieds.
Visiblement, il avait encore du mal à réprimer la première réaction de peur qu'il avait en voyant Séphiroth.
Mais… ce n'était pas de la peur.
C'était de la surprise.
Séphiroth vit la tête de son frère apparaitre par-dessus le dossier du canapé, accompagnée par celles du lion de cosmo, d'un jeune homme avec un bandana rouge sur le crâne et… et d'un chat noir et blanc qui vint aussitôt à sa rencontre, la queue levée en miaulant.
"Les couilles de Fenrir," marmonna Zack. "Oh... OH VINCE ! VIENT VITE ! " Brama-t-il.
"Zack, non, faut le prévenir d'abord ! " protesta son frère en se levant à son tour. "VINCENT ATTENDS ! "
La porte du bureau de Reeve s'ouvrit et le lieutenant en sortit, les sourcils froncés.
"Oh, les jumeaux, c'est quoi la troisième règle de…"
Son regard tomba sur Séphiroth et il jura à son tour.
"C'est quoi ce bordel encore ? " fit une autre voix en venant du couloir, "on vous entend de l'extension ! "
Une jeune fille entra, aux cheveux bruns en queue de cheval, suivie par un grand brun aux cheveux courts, une main sur son dos qu'il retira aussitôt en voyant les deux invités.
Les jumeaux montrèrent le Président et Séphiroth et la jeune fille sursauta.
"Oh, Président Shinra, je m'excuse, je..." son langage se faisant plus châtier.
Son regard tomba sur Séphiroth et le parler taudis revint aussi sec.
"Putain de bordel de merde."
La porte de derrière s'ouvrit sur un petit blond à l'air ronchon, une cigarette à la bouche, mais qui la retira rapidement en voyant l'enfant.
Bon sang, Séphiroth le connaissait mais n'arrivait pas…
Ah, si. Highwind ou quelque chose comme ça. Le nouveau protégé de Palmer. Enfin à l'époque. Un des ingénieurs chargés de rebâtir une flotte aérienne moderne. Il avait rejoint Avalanche comme lancier, mais Séphiroth n'avait pas encore lu son dossier avec attention.
"Eh, je sais pas pourquoi vous criez encore comme ça, mais Shera dit que si vous continuez, vous mangerez de la soupe aux somnifères ce soir."
La cuisinière désigna les deux nouveaux venus du doigt. Le dragoon jura dans sa langue natale avant de jeter sa cigarette dans la cour, se précipitant vers la porte du couloir.
"Vincent a été prévenu ? ! " demanda-t-il à la cantonade.
"Oui ! " répondit Zack.
"Non ! " objecta Cloud.
"Quelle est la crise du moment ? " s'enquit Valentine en poussant la porte ouverte avant que le blond ait pu la retenir.
Il passa un regard intrigué sur les expressions catastrophées de ses équipiers avant d'apercevoir Rufus et Séphiroth.
Séphiroth n'avait jamais vu de regard mako rouge. Des bruns qui prenaient des teintes dorées, comme Vossler, des bleus qui pouvaient aller de bleu électrique à gris acier, des verts, comme le sien, qui avaient facilement une couleur mako toxique.
Mais rouge, c'était la première fois.
La porte se brisa sous la main de Valentine.
"Chaos…"
"Vince, reste calme," commença le blond en approchant plus lentement de lui, les mains en avant.
Quoi qu'il se passe, l'ancien Turk était en train de paniquer. Et de son expérience à Wutaï, puis comme directeur du SOLDAT, c'était toujours une mauvaise chose quand un augmenté paniquait. Séphiroth fit un pas en avant, prêt à aider à le maîtriser, mais les jumeaux s'interposèrent.
"Non, non ! C'est bon ! On s'en occupe ! " objecta le brun.
"Yuffie, charge-toi d'eux," ajouta le Lieutenant, "dans le bureau ! "
"Oui, Barret, Monsieur le président, Général, par ici, je vous prie."
L'adolescente eut tôt fait de les faire entrer dans le bureau au fond de la pièce et les y laissa quelques instants, partant chercher du thé.
"Je m'attendais à une réaction, mais pas à ce point," admit Rufus.
"Rufus, je ne lis pas les pensées, parle-moi," reprit Séphiroth d'un ton autoritaire.
"Tu… ne t'es pas vu dans le miroir avec les cheveux noirs ? "
"Quel miroir ? " rétorqua Séphiroth.
Bon c'était sa faute, mais il avait fallu se débarrasser du miroir brisé de sa salle de bain qui n'avait toujours pas été remplacé et il n'avait pas encore pu voir sa nouvelle tête.
On toqua à la porte et la cuisinière entra, un plateau entre les mains, suivie par le lieutenant. Elle les invita à s'asseoir gracieusement, puis leur servit thé et café avant de les laisser avec le lieutenant d'Avalanche.
Séphiroth mesurait maintenant deux mètres de haut, mais restait persuadé de ne faire qu'un mètre quatre-vingts, aussi se sentit-il un peu écrasé par la présence du colosse.
"Le Directeur Tuesti a été prévenu et arrive," finit par déclarer le militaire avec une mine revêche.
"Je vous remercie. Ce n'était pas nécessaire. Est-ce que Valentine…"
"Le Capitaine Highwind et les jumeaux vont le calmer."
"Nous devons lui parler en tête à tête."
"Après sa réaction ? " protesta le lieutenant d'un ton incrédule.
"Rufus que se passe-t-il ? " finit par grincer Séphiroth.
Le jeune Président finit par soupirer et rabattre sa capuche en arrière.
"Lieutenant, serait-ce… possible d'avoir un miroir ? "
"Un…"
Une rapide fouille du bureau ne permit pas de trouver un miroir, mais la jeune fille à la queue de cheval, venue assister le lieutenant, finit par leur révéler une arcane secrète féminine et sortit un CD qu'elle présenta à l'envers au Président.
"Est-ce que je veux savoir ? " grommela le Lieutenant quand elle sortit le CD de sa boite.
"Ça se voit que tu n'as jamais dû te maquiller dans le train pour aller au travail," expliqua-t-elle.
Rufus prit l'objet et le tendit à Séphiroth en lui faisant signe de se regarder.
Le Général obtempéra.
Il ne comprit pas au premier coup d'œil où était le problème et pourquoi tout le monde paniquait en le voyant.
Et puis il enregistra enfin sa coupe de cheveux et la couleur.
"Oh."
Il ressemblait à Valentine.
Il baissa le CD, tâchant de se souvenir de tout ce qu'il savait sur lui.
Turk assigné à la protection des Professeurs Falmis et Hojo, ainsi qu'au Docteur Crescent à Nibelheim en 2943. Décède officiellement lors d'un accident de chasse en 2944.
S'avère avoir servi en secret de sujet d'expérience au Professeur Hojo jusqu'en 2945 et est abandonné en stase dans les sous-sol du Manoir Shinra.
Réanimé en 2975.
Intégré à Avalanche en tant que sniper et spécialiste magique.
Ça ne l'avançait pas.
À part sur un point.
Il était à Nibelheim aux alentours de sa conception.
Le CD cassa entre ses doigts, au grand désespoir de la secrétaire. Rufus leva lentement la main, la posant sur son bras.
"Séph…"
La porte se rouvrit.
Ce fut Highwind qui entra, approchant du Lieutenant.
"Il est calmé," annonça-t-il avec un regard méfiant à Rufus et Séphiroth.
"Ils veulent lui parler."
"Je m'en doute."
"Tu crois qu'il est en état ? "
Le blond sembla réfléchir, plongeant une main dans ses cheveux avant de répondre.
"Pas seul avec eux."
"Toi ? "
Cette fois le pilote grimaça.
"Les jumeaux. Ils pourront le retenir et l'évacuer s'il pique une crise."
"Très bien, va les chercher."
Le Capitaine hocha la tête et ressortit, emmenant la secrétaire avec lui.
"Monsieur le Président, qu'on soit bien clair," reprit le Lieutenant en se tournant vers lui, " je n'apprécie pas vos manigances. Vincent est un de mes hommes et a déjà subi plus de traumatismes qu'il ne devrait être humainement possible de le supporter."
"Lieutenant…" commença Rufus.
"Vous nous le rendez en bonne santé physique et mentale, compris ? "
"Oui, Lieutenant," finit par grincer Rufus, au moment où quelqu'un toquait à la porte.
"Entre, Vincent ! " ordonna Barret sans quitter les deux hommes du regard.
Le sniper obéit.
Et maintenant que Séphiroth avait vu son reflet, il ne comprenait pas comment il avait fait pour ne pas remarquer leur ressemblance avant.
La forme des yeux était la même. La bouche aussi. Le menton. C'était difficile de juger les contours du visage, avec sa maigreur, mais le nez n'était pas le même.
Est-ce que c'était celui de sa mère ?
Est-ce que l'homme en face de lui était son père ?
Qu'est-ce qui s'était passé à Nibelheim il y a bientôt trente et un ans ?


NdAuteur : Pardon pardon de couper là, mais le chapitre aurait été beaucoup trop long avec la scène complète !


[1] Voir Boules de Neige 11 : Naufrage en champ de bataille
[2] La sœur en question étant Lulu. Oui, j'ai osé.
[3] Encore une fois, à toustes les docteurs, biologistes ou scientifiques qui me lisent : Pardon.
[4] Il mate le cul de Vincent, il ne va pas se gêner pour Séphiroth.
[5] Impossible