Chapitre 41 : Révélations et conséquences

Résumé :
Les dernières révélations sur ce qui s'est passé à Nibelheim vont ébranler Vincent et Séphiroth et tout ce qu'ils croyaient vrais.
Vincent peut s'estimer heureux, il a son vol, sa famille autour de lui.
Mais Séphiroth ?
Personnages :
Team Avalanche, team Shinra, team rat lab, Falmis Family
Tags spécifiques au chapitre :
Révélations familiales, Lucrécia pourquoi ? , Vincent craque, Zack gère, si si Zack gère, bon Cloud aide beaucoup, warning: Mention sur la vie sexuelle d'Hojo, Séphiroth patauge, négociation amoureuse, Ifalna est en mode Mama, Séphiroth n'était pas prêt., Cid et Vincent se papouillent, ce sont des adultes MATURE et RAISONNABLE, si si.


Rufus se prit ses pensées de Valentine de plein fouet et il regretta d'avoir laissé Umbra dans l'autre pièce, sa présence l'aurait aidé à se blinder.
Il ne saurait pas qui était ce Chaos qui occupait les pensées de Valentine, mais le peu qu'il voyait ne donnait pas envie d'approfondir la question.
"Tu sors si ça ne va pas, d'accord ? " glissa le lieutenant avant de sortir, laissant entrer les jumeaux Strife.
Ceux-ci vinrent se placer de chaque côté de Valentine, le blond se permettant de lui toucher son bras ganté du dos de la main en guise de soutien.
Séphiroth frissonna en sentant un sort de silence tomber sur la pièce. Quelqu'un avait dû activer une matéria sceller.
"Je vous prie d'excuser cette arrivée impromptue," commença Rufus, "je ne pensais pas que voir le Général ainsi…"
"Il m'a rappelé quelqu'un que j'aurais préféré oublier," coupa Valentine d'un ton froid, impassible.
"Qui ? " demanda Séphiroth.
Le Turk garda le silence quelques secondes avant de répondre.
"Un de mes frères."
Bien.
Ça… répondait peut-être aux questions de Séphiroth.
"Monsieur Valentine," reprit Rufus, "ce que je vais vous demander est… personnel… mais je vous serais reconnaissant de ne pas refuser de répondre."
"Que voulez-vous savoir ? "
"Avez-vous été l'amant du Professeur Crescent ? "
"Putain, et c'est moi qui réfléchit pas avant de parler ? " protesta le Strife brun.
"Zack," gronda son frère.
"Avant son mariage avec le Professeur Hojo, en effet," finit par répondre Valentine.
Il était métis, remarqua Séphiroth. Wutan à la forme des yeux. Il n'était pas sûr pour le reste. Centra, peut-être ? Sa couleur de peau était trop maladive pour être un indicateur sûr et les cheveux noirs étaient courant tant à Centra Sud, en Estérie du nord, qu'à Wutaï.
Séphiroth était métis aussi. Il avait longtemps cru que ses yeux bridés venaient de son p... d'Hojo.
Peut-être que ça venait de son père quand même ?
"Les dates ne correspondent pas," nota Rufus, "mais quand je vous vois…"
Les jumeaux échangèrent un regard et le brun avança d'un pas pendant que son frère retenait Valentine par le bras, lui parlant à voix basse.
"Les vieux de Nibelheim disent que… que le Général est né prématuré. A sept mois."
"Elle a annoncé sa grossesse deux mois après notre rupture, un mois après avoir épousé Hojo," ajouta Valentine, le regard baissé.
Nul besoin d'être doué en mathématiques.
"Pourquoi l'avez-vous laissé épouser Hojo si elle était enceinte de vous ? " demanda Séphiroth.
"Je l'ignorais," rétorqua Valentine.
"Vous n'avez pas senti qu'elle était..."
"Séphiroth," murmura Rufus en le retenant par la manche, "il n'était pas augmenté à l'époque."
Vincent se frotta le visage de sa main humaine. Ah, les augmentés pouvaient sentir ce genre de chose ? Dire qu'il croyait avoir fait le tour de ce qu'apportait la mako.
"Hojo m'a... tué en juillet. Je n'ai pas vu le temps passer dans le sous-sol, je… jusqu'à récemment je ne savais pas combien de temps ça avait… duré."
Il inspira, se recomposant une expression impassible avant de reprendre, d'une voix plus ferme.
"Mais ce ne sont que des suppositions. Il n'y a pas de preuve."
"On peut lui taper dessus à coup de miroir ? " marmonna le Strife brun à son frère qui lui fit signe d'arrêter de parler.
"Ça peut être prouvé. Ou invalidé," déclara Rufus en fouillant sa poche, "je peux vous faire passer un test de paternité…"
Il sortit un sachet de plastique qu'il ouvrit.
Il vit les trois hommes devant lui se tendre soudain.
Ah.
Oui.
Ça pouvait prêter à confusion.
"Ce ne sera pas une prise de sang," annonça-t-il.
Ils se détendirent tous les trois.
"Monsieur Valentine. Vous, Séphiroth et Messieurs Strife avez un lourd passif avec les laboratoires et tout ce qui s'y rapporte, aiguilles comprises. Si vous pensez que je vais approcher une aiguille de Séphiroth, vous sous estimez grandement la force de mon instinct de conservation."
Séphiroth lui jeta un petit regard appuyé à la mention de l'instinct de conservation de Rufus. Il était peut-être devenu prudent et raisonnable au fil des ans, mais adolescent, avait tendance à se ruer dans la tête de ses cibles d'une façon qui dénotait d'un manque absolu d'instinct de conservation.
Rufus acheva d'ouvrir le sachet et tendit un grand coton tige et sa pochette à Valentine.
"Frottez simplement l'intérieur de votre bouche avec ça. Pas besoin de faire saigner."
Valentine prit l'objet et l'observa quelques instants, avant de lever les yeux vers Séphiroth.
"Que ferez-vous si le résultat confirme que je suis votre père ? "
"Je ne pense pas que vous puissiez faire pire qu'Hojo."
"Ce serait dur."
"Zack."
Après un dernier moment de réflexion, Valentine finit par obtempérer. Il remit le coton tige dans sa pochette stérile, puis la posa dans le sachet de tendait Rufus avant qu'il la range.
"Nous aurons les résultats d'ici une ou deux semaines," déclara le Président, "je vous remercie de votre coopération."
Séphiroth sortit en premier de la pièce, passant près de Vincent et les jumeaux sans les regarder. Rufus le suivit rapidement, appelant Umbra qui reniflait Nanaki, toujours assis sur son canapé, l'air méfiant.
Puis après un dernier salut poli à Elmyra, ils sortirent de la caserne.
Le silence régna trois secondes et demie avant que Cid jure et se précipite dans le bureau, Yuffie sur les talons.
Vincent était à moitié assis sur le bureau de Reeve, Zack en face de lui, lui tenant les mains. Cid fronça les sourcils avant de remarquer que le bureau de Reeve était désormais orné de longues balafres, là où les doigts de Vincent l'avaient creusé.
"Hé, Vince, ça va ? " demanda Zack à voix basse.
Il vit Vincent frémir en réponse. Le sniper avait le regard fixe, pour une fois écarquillé, ses yeux flamboyants.
Il tremblait.
"Il faut le faire sortir," déclara Cloud avant de se tourner et voir Cid et Yuffie sur le pas de la porte.
"Qu'est-ce qu'il a ? " demanda Cid en essayant d'avancer.
"Cid, laisse-nous faire," murmura Cloud en attrapant Cid par le dos du tee-shirt.
"Mais…"
"Il n'a pas besoin d'être calmé, là," expliqua Cloud.
"Il a besoin de casser quelque chose," ajouta Zack en entraînant Vincent après lui dans la salle principale.
"Je ne suis pas sûr que ça me rassure," intervint Barret.
"T'en fais pas, on a un coin où on va se défouler, Cloud et moi," répondit Zack avant de pousser Vincent par la porte, "on revient dans une heure ! "
"PHS ! " rappela Barret quand les trois augmentés sortirent en coup de vent.
"On a ! "


Le bloc de ciment explosa en heurtant un pan de mur qui s'effondra sous le choc.
Heureusement, cette partie du secteur 7 était toujours inoccupée. Les travaux de reconstruction commenceraient bientôt, vu les panneaux que le Maire avait fait mettre. Il faudrait probablement que Zack et Cloud se trouvent un autre endroit où se défouler quand tout devenait trop…
Trop.
Enfin, si Vincent leur laissait des trucs à démolir.
Ça avait commencé un peu après la mort de Tifa, à l'époque où Cloud était parfois pris de crises de fureur, chaque fois qu'il se souvenait de secteur 7, de Tifa, de son duel contre Sép…
Oh putain, Séphiroth était bien le fils de Vincent.
Bref, faute d'une meilleure idée et vu que Reeve leur interdisait de se battre à cent pour cent de leur force à Seventh Heaven, Zack avait emmené Cloud à Secteur 7, lui avait mis une masse d'ouvrier dans les mains et lui avait ordonné de détruire un bâtiment en ruine.
La masse avait tenu cinq minutes.
Par la suite, Cloud avait détruit les immeubles branlants et inhabités (Zack vérifiait toujours) à mains nues. Zack n'avait pas été sûr que ça fonctionnerait, ni que c'était une bonne idée, mais au fur et à mesure, les crises de fureur s'étaient estompées, espacées et maintenant que Cloud n'avait plus son traitement…
Il allait mieux.
C'était pas encore parfait, c'était pas encore comme avant, il y avait toujours des fois où Cloud se dégageait quand Zack le tenait contre lui, où il se réveillait en nage d'un cauchemar, où il restait sans bouger, les yeux dans le vague, mais…
Il allait mieux. Il était là plus souvent que le contraire. Il parlait, il blaguait, il…
Zack et Cloud se baissèrent de concert quand un bloc de ciment les manqua de peu.
"Ça ne le calme pas," nota Cloud.
"Avec tout ce qu'il s'est pris dans la gueule ces trente dernières années, je suis pas surpris," rétorqua Zack en secouant la tête du plâtre qui couvrait ses cheveux.
"J'y vais en premier, tu prends le second souffle ? " proposa Cloud en se levant, époussetant ses genoux.
"Je t'en prie."
Cloud approcha de Vincent, les mains levées en signe de paix. L'ex-Turk reprenait son souffle, mais Zack soupçonnait que c'était moins de l'épuisement que de la rage.
Même quand Vincent s'était réveillé après le coup que son père lui avait fait, il n'avait pas été aussi furieux. La colère était venue après et avait disparu aussi rapidement qu'elle était arrivée, mais là…
"Corps à corps. Pas d'armes, pas de magie, si une limite approche, on arrête, ok ? " déclara Cloud.
Vincent hocha la tête, plongea sa main dans ses poches pour sortir un élastique avec lequel il s'attacha les cheveux.
Ouuuuh là.
Tifa le lui avait bien fait comprendre : Quand l'élastique est de sortie, le mec en face va morfler.
Même Cloud s'écartait de son chemin quand elle sortait de quoi s'attacher les cheveux pour aller 'parler' à quelqu'un.
Oh, qu'est-ce qu'elle lui manquait son petit soutif qui cognait aussi dur qu'un marteau de ferrailleur.
Elle aurait su quoi faire pour aider Vincent.
Et pour peu qu'elle s'allie à Aérith…
Aérith, merde.
Il sortit son portable pendant que Vincent et Cloud commençaient à échanger des coups.
Zack : Mon ange ?
Aérith : Coucou Zack ! Quoi de neuf ?
Zack : Franchement, t'as raté un sacré épisode d'AG&M[1].
Aérith : Oula.
Aérith : Qu'est-ce qui s'est passé cette fois ? "
Zack : En résumant… Le Général est probablement le fils de Vincent.
Le PHS sonna aussitôt et Zack s'éloigna suffisamment pour que les deux combattants ne l'entendent pas.
/Il est QUOI ? ! !/
"Un test de paternité est en cours mais… je te parie cent gils que c'est le cas."
/Comment tu peux en être aussi…/
"Le Général est arrivé avec les cheveux court et noir. C'est le portrait craché de Vincent et de son père."
/Oh… oh, misère. Oh non… C'est quoi ce bruit ?/
"Ah, c'est rien, Cloud est en train de s'entraîner avec Vincent," répondit Zack en voyant Cloud décoller et traverser les airs suite à un coup de pied. "Ça va Cloud ? ! "
"Il a de longues jambes, c'est pas juste ! " rétorqua son frère en se levant, massant à peine l'impact sur son torse avant de repartir à l'assaut.
Zack entendit Aérith soupirer au bout du fil.
/Qu'est-ce que vous faites ?/
"On essaye de fatiguer Vincent, il était un peu furax après la visite du Président et du Général."
/Contre eux ?/
"Non, je… je crois que c'est contre… le professeur Crescent," murmura Zack.
/Tu veux que je vienne ?/
"Pas maintenant, si tu lui ressembles tant que ça… c'est pas une bonne idée."
Elle soupira à nouveau.
/Vous m'appelez quand vous avez fini que je vienne vous retaper ?/
"C'est promis."
/Et tu me raconteras ?/
"Promis bis. Aérith ? "
/Oui ?/
"Je t'aime."
/Je t'aime aussi./
Zack raccrocha, rasséréné d'avoir discuté avec sa fiancée, à temps pour voir Cloud décoller à nouveau, cette fois jeté par-dessus l'épaule de Vincent.
"À mon tour ! " s'exclama Zack en passant près de son frère, faisant craquer ses phalanges.
"Fais gaffe, il est rapide," rétorqua Cloud après un high five pour passer le relais.


Une demi-heure plus tard, Vincent était cette fois à bout de souffle pour les bonnes raisons. Cloud l'avait assis sur un tas de débris en attendant que Zack revienne, parti acheter de quoi boire et inspectait sa main humaine, retirant tous les débris coincés dans les plaies avant qu'elles ne se referment.
"J'ai du Ifrit Cola, du Shiva Freeze ou de l'eau plate," déclara Zack en les rejoignant avec trois bouteilles dans les mains.
"L'eau," souffla Vincent entre deux halètements.
"Shiva Freeze," renchérit Cloud.
Zack distribua les boissons avant de s'asseoir près de Vincent, décapsulant sa bouteille tout en observant le champ de bataille.
Bon, au moins, le Maire n'aura plus besoin de faire appel à une équipe pour démolir les ruines.
"Tu sens comment ? " demanda Zack.
"Épuisé," répondit Vincent.
"Parfait."
Vincent but une gorgée d'eau fraîche avant d'en verser sur ses articulations malmenées.
"Rien de cassé ? "
"J'ai pas l'impression," répondit Cloud.
"Et l'autre main ? "
Vincent lui montra sa main démoniaque.
Pas une égratignure.
Le gant était en lambeaux en revanche. Heureusement, Vincent pourrait probablement cacher sa main dans sa manche ou ses poches le temps de rentrer.
"Je peux appeler Aérith pour qu'elle vienne vérifier," proposa Zack.
"Pas maintenant je… Je préfère ne pas la… qu'elle ne me voit pas comme ça."
Épuisé, mais toujours en colère, quoi.
Cloud acheva d'inspecter ses mains et se redressa pour vérifier qu'un bleu sur sa mâchoire s'estompait comme il fallait avant de reprendre sa boisson et s'asseoir de l'autre côté de Vincent.
"Tu veux en parler ? "
"Je ne sais même pas quoi dire."
"Faut que ça sorte. C'est ce que Maître Cid dit toujours," déclara Zack en prenant une gorgée de son soda.
Vincent hocha lentement la tête, le regard dans le vide, mais les dents toujours serrées. Il resta silencieux quelques instants avant d'exploser.
"Je suis… je suis furieux de ce qu'ils ont fait ! Tous les deux ! Hojo a…"
Il agita sa main de démon, les doigts crispés et Zack s'écarta pour ne pas risquer une autre estafilade.
"Mais Lucrécia… C'était mo... son fils ! Comment est-ce qu'elle a pu me mentir comme… "
La bouteille dans sa main craqua et il la posa précipitamment avant de plonger son visage entre ses mains.
"Comment j'ai pu me laisser manipuler comme ça ? " marmonna-t-il.
"Peut-être... qu'elle ne savait pas que c'était ton fils ? " suggéra Cloud.
"Elle ne pouvait que savoir. Elle a fait tout ça sciemment," répondit Vincent de derrière ses mains.
"Comment ça ? " s'étonna Cloud.
Vincent se redressa, retirant machinalement l'élastique de ses cheveux. Avec l'agitation des dernières minutes, la queue de cheval ne tenait plus de toute façon.
"Elle… Elle était du clan des Cetras. Elle était guérisseuse native," finit-t-il par dire.
"Oh," fit Zack, " comme Aérith…"
"Elle devait savoir qu'elle était enceinte même avant qu'un test puisse le définir. Elle savait qu'elle était enceinte quand elle m'a quitté. Quand elle a épousé Hojo. Quand ils ont décidé d'utiliser l'enfant pour leur expérience…"
"Mais pourquoi ? " s'étonna Zack. "Si elle voulait un enfant, elle avait qu'à s'en faire faire un par Hojo ! C'était plus simple ! "
"Peut-être qu'il tirait à blanc ? " suggéra Cloud.
Son frère dévisagea Cloud avec surprise pendant que Vincent laissait échapper un rire acerbe.
"Pitié, on peut arrêter de spéculer sur la vie sexuelle d'Hojo ? " gémit Zack.
"Je suis d'accord," renchérit Vincent.
Ils restèrent à nouveau silencieux quelques minutes, observant la dévastation autour d'eux.
"Je commence à plaindre Séphiroth," murmura Zack.
"Ouais…" renchérit Cloud.
Vincent les regarda alternativement, surpris de la révélation.
"Après ce qu'il vous a fait ? "
"Non, attends. J'ai pas pitié de lui…" corrigea Cloud. "Il a tué Tifa."
"Et Kunsel," ajouta Zack, "toute notre unité à Winhill…"
"Mais… j'ai pitié de ce qu'il aurait pu être," acheva Cloud, "si tu l'avais élevé."
"Je ne suis pas sûr que j'aurais fait mieux," soupira Vincent en baissant la tête.
"Pourquoi tu dis ça ? Tu te débrouilles bien avec Marlène," déclara Zack avec un petit coup d'épaule sur celle du Turk, "et avec Yuffie aussi. Et Edéa, tu l'as récupérée gamine, non ? "
"Je n'ai jamais réussi à la coiff... comment tu le sais ? "
"On a discuté le jour de ton anniv, c'est notre sœur aussi," lui rappela Zack avec un grand sourire.
"S'occuper d'un enfant pendant un mois ce n'est pas pareil qu'en élever un jusqu'à l'âge adulte… vous imaginez un Turk élever un enfant ? Vous imaginez quel genre de père je serais ? "
"Mieux que le nôtre," déclara Cloud d'un ton sombre.
"Il nous cognait Maman, Cloud et moi."
"Je suis content qu'il soit mort," déclara Cloud, les yeux dans le vague, "et que la planète ait dispersé la moindre bribe de ce qu'il était."
Comparé à ça, Vincent aurait en effet été un père…
Quel genre de père aurait-il été ? Il n'avait pas voulu d'enfant et avait été prudent à ce niveau-là. Il n'y avait guère qu'avec Lucrécia qu'il n'avait pas pris de précautions, surtout parce qu'elle avait prétendu utiliser une contraception.
Oh, Minerva, elle avait vraiment prémédité son coup.
Il entendit le wrak caractéristique du téléphone de Zack et vit le jeune homme le sortir de sa poche pour y jeter un coup d'œil.
"Il va falloir rentrer," déclara Zack. "Aérith commence à s'inquiéter."
"Oui… je… dois parler à Cid," soupira Vincent en se levant.
"Tu vas lui dire ? " demanda Cloud en tendant la main à Zack pour l'aider à se lever.
"Je suis à peu près sûr que c'est le genre de chose à mentionner à…" commença Vincent avant de fermer la bouche.
"A ? " reprit Cloud, une lueur taquine dans le regard.
Vincent le fixa quelques secondes avant de se tourner vers son frère qui avait le grand sourire mange-merde des Strifes aux lèvres.
"Vous tenez que je le dise à voix haute, n'est-ce pas ? " maugréa Vincent.
Les jumeaux hochèrent la tête.
"... à un amant," finit par abdiquer Vincent.
"Eeeeeet ? "
"Je refuse d'aller plus loin dans les petits noms sans son accord préliminaire."
"Est-ce que c'est si difficile à admettre ? " reprit Cloud d'un ton sage.
"Cloud, la femme que je... que j'AIMAIS m'a littéralement fait un enfant dans le dos avant de le sacrifier à la science, tu m'excuseras si j'ai un peu de mal à admettre… mon affection pour quelqu'un d'autre après ça."
"Au moins t'es sûr que Cid ne te fera pas un enfant dans le dos," déclara peu sagacement Zack.
Vincent le poussa dans une flaque de boue d'un geste las.
Cloud le laissa faire.


"J'ai dit une connerie, Vincent m'a poussé dans la boue, je peux prendre une douche ici ? " demanda Zack quand Aérith lui ouvrit la porte de chez elle et le trouva debout devant elle, dégoulinant de boue.
Il n'avait absolument pas l'air contrit, ni repentant. Ça devait vouloir dire que Vincent allait mieux.
"D'accord, mais d'abord, je te passe au karcher[2]," déclara-t-elle, "ne bouge pas, je vais chercher une serviette."
"Faut vraiment ? "
"C'est ça ou tu fais le ménage après ton passage."
"Karcher."


"Oh, Shiva ! " s'exclama Elmyra en voyant Vincent et Cloud rentrer.
"Désolé," déclarèrent-t-ils d'une même voix.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? " renchérit Yuffie.
"Session d'entrainement."
"On y est allé à fond," ajouta Cloud.
"À la douche, tous les deux ! Et vous secouez vos vêtements avant de les mettre au sale ! " ordonna Elmyra.
"Oui, Elmyra."
Quand Vincent fut de nouveau propre et habillé convenablement, il alla directement dans sa chambre, évitant de se faire voir par Elmyra qui était légèrement ronchonne de devoir recoudre un gant.
Elle avait menacé de lui souder le prochain au bras et Vincent était presque sûr qu'elle plaisantait, mais au cas où, il se porterait volontaire pour les deux prochaines semaines de ménage.
Cid était dans leur chambre, assis au bureau, en train d'écrire quelque chose.
Probablement une lettre pour sa famille à Burmécia, les lettres sur le papier étaient trop rectilignes pour être du commun. Il se tourna en entendant la porte s'ouvrir et adressa un petit sourire à Vincent.
"Ah, te voilà."
Vincent lui fit un signe de tête en fermant derrière lui, avant d'aller s'asseoir sur son lit. Cid le suivit du regard, se tournant pour le regarder s'installer, adossé au mur.
"Les jumeaux sont en un seul morceau ? "
"Un chacun, comme d'habitude."
"Et toi ? "
Vincent baissa les yeux sur ses mains, il ne restait que de vagues bleus sur ses phalanges, toutes les plaies s'étaient refermées. Il plia et déplia les doigts une ou deux fois avant de répondre.
"Ça… va… mieux en tout cas… Zack avait raison j'avais… besoin de me défouler."
"Il est un peu brut de décoffrage, mais il a ses moments," déclara Cid, "tu veux en parler ? "
"Il faut," soupira Vincent.
"Tu n'es pas obligé tu sais."
"Je veux que tu saches…"
Cid posa son stylo et se mit face à Vincent.
Bon sang, c'était toujours aussi difficile de parler de ses problèmes à quelqu'un. Mais c'était Cid. Et il avait le droit de savoir.
De savoir ce qu'une relation avec Vincent allait impliquer.
"Il… se pourrait… que le Général Séphiroth soit mon fils."
Cid hocha la tête doucement.
"Tu le savais ? " s'étonna Vincent, intrigué par l'absence de surprise.
"Non. Mais quand on a vu arriver le Général tout à l'heure… Ça a fait un choc à tout le monde. On a tous compris…"
"Ce n'est pas encore sur… il va y avoir un test de paternité…"
"Je sais qu'il faut s'attendre à tout quand Hojo est concerné, mais ça m'étonnerait que ce soit négatif," objecta Cid.
Vincent soupira et ferma les yeux, basculant la tête en arrière pour s'adosser au mur.
"Tu ne te doutais de rien ? " demanda Cid en s'accoudant au bureau.
Vincent hésita avant de se redresser, baissant le regard vers Cid.
"Je… un peu. Mais je n'avais... pas de preuves. Juste… des rumeurs entendues à Nibelheim, lors de notre mission là-bas."
Nibelheim ? Vincent avait des doutes depuis Nibelheim ? Et il avait réussi à les lui cacher ?
Ah oui, Ex-Turk.
Ex-Turk qui commençait à ne plus se prendre des gifles de la vie, mais des uppercuts, pas étonnant qu'il ait été autant en miettes après leur mission là-bas.
"Un des aînés du village," continua Vincent, "il m'a dit que… le Général est né prématuré sept mois après le mariage de Lucrécia et Hojo. Neuf mois après notre rupture. Mais… Je ne voulais pas y croire."
"Pourquoi ? "
"Parce que si c'est vrai, elle s'est servie de moi."
Il baissa les mains vers le sol avant de serrer les poings et les abattre sur son matelas.
"Et avec le TALENT d'un Turk ! Je n'ai rien vu ! Elle m'a… elle m'a embobiné et j'ai tout gobé ! J'ai... j'ai été stupide ! "
"Hey," commença Cid en lui prenant la main.
Vincent tenta de lutter brièvement, mais Cid refusa de le lâcher. Il se pencha en avant, posa un genou sur le lit de Vincent et passa son autre bras autour de ses épaules pour le serrer contre lui.
"Je sais que ça ne se fait pas de dire du mal des ex, mais sur ce coup-là, c'était pas ta faute."
Vincent fourra son nez au creux du cou de Cid. La position n'était pas vraiment confortable, leurs genoux se cognaient entre eux, sa nuque était tordue et… Il voulait Cid dans ses bras.
Aussitôt pensé, aussitôt fait. Cid marmonna une protestation quand il l'attrapa par la ceinture de sa main démoniaque, le hissant sur ses genoux, mais une fois la surprise passée, il se laissa faire, se retrouvant à califourchon sur les cuisses de Vincent.
Exactement la position inverse qu'à l'hôtel de Porte Nord.
"Gaffe, je suis lourd," prévint Cid en essayant de ne pas peser de tout son poids sur Vincent.
"Je suis augmenté," rétorqua Vincent sur le même ton, remettant le museau au creux de l'épaule de Cid.
Minerva. À peine une semaine sans le toucher et Cid lui manquait déjà.
Et il voulait plus.
Il voulait sentir la peau de Cid sous ses mains, avoir son goût sur ses lèvres, se perdre dans l'odeur de pluie, de tabac et de terre humide, oublier Lucrécia et sa froideur dans les bras de Cid.
Il ne réalisa qu'il serrait Cid contre lui et commençait à glisser ses mains sous ses vêtements que quand les mains du pilote se serrèrent autour de ses biceps.
"Vince… Makoto…" murmura Cid.
"K'so," souffla Vincent en desserant son étreinte, laissant Cid s'écarter.
Il n'allait pas loin, s'asseyant simplement en arrière pour regarder Vincent, son expression indéchiffrable.
"Je suis désolé," souffla Vincent en fermant les yeux.
"Au moins, je sais que tu me trouves sexy," rétorqua Cid.
Vincent laissa échapper un petit rire puis inspira profondément.
"Oh, ce n'est pas le problème."
Il rouvrit les yeux, regardant longuement Cid avant de lever sa main humaine, caressant sa joue.
"Si j'étais… comme avant. Comme il y a trente ans… je t'aurais déjà mis dans mon lit," avoua-t-il, "je l'aurais fait il y a des mois."
Et il le voulait toujours. Il voulait reposer ses mains sur les hanches de Cid et l'attirer de nouveau contre lui et ne pas s'arrêter cette fois. Il était doué au lit, il saurait convaincre Cid, il ne le regretterait pas...
Il détacha ses mains de Cid, à contrecœur, les posant sur la couverture.
"Mais tu n'es pas comme il y a trente ans," murmura Cid.
Vincent secoua la tête.
Plus le temps passait, plus il s'éloignait du Turk sarcastique, paillard et sûr de lui qu'il avait été.
Moins il se reconnaissait.
"Est-ce que c'est ta réponse ? " demanda Cid sans lever la voix.
Vincent secoua la tête.
"Non. Je… je ne sais pas… Je ne sais toujours pas…"
Cid croisa les bras avec un petit regard amusé.
"Tu n'y as pas réfléchi, pas vrai ? "
Vincent lui jeta un regard las. Il avait eu d'autres… Oui, bon, il n'y avait pas réfléchi.
Il ne voulait pas y réfléchir.
"Je sais que tu ne le mérites pas."
"Oh, merci," rétorqua Cid d'un ton sarcastique.
Il frissonna quand les mains de Vincent se posèrent sur ses cuisses, serrant légèrement et que le sniper se pencha en avant, presque à toucher les lèvres de Cid des siennes.
"Non. Tu ne mérites pas que je te traite comme ça," rétorqua Vincent, "tu ne mérites pas… Tu n'es pas un coup du soir, ou juste une passade en attendant mieux."
Le Turk ferma les yeux, inspirant l'odeur de la peau de Cid avant de s'écarter à nouveau, à regret.
"Tu es… Tu m'aides à mettre de l'ordre dans ma tête, tu es toujours là pour me soutenir, m'aider, me..."
Protéger.
Il ne craignait rien quand il était dans les bras de Cid. Ni les cauchemars, ni les squames.
Ni Hojo.
Ni Lucrécia.
"Je ne veux pas t'utiliser juste pour un peu de plaisir. Tu ne mérites pas ça. Tu mérites mieux."
Il sentit les mains de Cid se poser sur les côtés de son cou et ses doigts lui relever le visage, pour croiser le regard du pilote.
"Et je ne sais pas si je peux te le donner," avoua Vincent.
Cid hocha la tête sans le quitter du regard et Vincent laissa ses mains glisser de ses cuisses, les reposant sur la couverture.
"Laisse-moi… encore un peu de temps. S'il te plaît."
"Hey, bien sûr," reprit Cid, "t'es pas vraiment dans la bonne période pour prendre une décision de toute façon. Surtout vu ce qui te tombe dessus."
Il lui caressa les joues une dernière fois avant de le lâcher, se relevant.
"Prends ton temps. Je préfère que tu sois sûr de toi."
"Merci."
"Mais tu as besoin de réconfort."
Vincent soupira.
"Cid, si tu reposes ton cul sur moi, je ne réponds plus de rien."
"Oh, j'ai mieux," répondit le blond avant de se mettre à genoux, à la grande confusion de Vincent.
Il se pencha avec un sourire moqueur, mit son bras sous le lit et sortit Cait qui y faisait la sieste avant de le poser sur les genoux de Vincent.
"Tiens. Occupe-toi un peu de ton chat."
Vincent laissa échapper un petit rire amusé et plongea la main sur le ventre duveteux du chat qui se laissa faire avec bonheur avant de tenter de lui démonter les articulations.
Cid se leva, déposa un baiser sur le crâne de Vincent et s'épousseta les genoux avant de se redresser.
"Et je vais chercher Yuffie, elle s'inquiétait pour toi."
Il vit Vincent froncer les sourcils, ouvrir la bouche et il lui coupa aussitôt la parole.
"Et elle continuera de s'inquiéter pour toi tant que tu ne lui auras pas parlé."
"Elle devrait plutôt s'inquiéter de ses examens de fin d'année…"
"Parce que tu crois qu'elle arrive à réviser quand celui qu'elle considère comme son frère passe une mauvaise période ? "
Cette fois, Vincent ne trouva rien à redire et Cid eut un sourire victorieux avant de sortir de la chambre, sifflant dans ses doigts.
"Hé ! Sauterelle ! Ton frère est dispo ! "
Yuffie jaillit aussitôt hors de sa chambre, un livre de cours toujours à la main et se précipita vers celle de Vincent et Cid en marmonnant en wutan.
"Aniki ! "
"Ah, Yuffie…"
Heureusement, les lits étaient solides, vu comment Cid et lui se vautraient dessus et comment Yuffie sautait à pieds joints sur le matelas. Elle s'installa à ses côtés, piétinant les couvertures comme un chat avant se blottir contre son bras gauche. Il voulu le replier pour ne pas risquer de la blesser par accident, mais elle s'y cramponna d'un bras, posant son livre sur ses genoux.
"Ça va ? " finit-t-elle par murmurer en posant sa tête sur son épaule, tendant la main pour gratouiller Cait..
"Je fais avec."
"Honnêtement," reprit-elle d'un ton sans ambages.
Il soupira. Plus personne à Seventh Heaven n'était dupe sur ses états d'âme, on dirait.
"Pas terrible. Est-ce qu'on pourrait… en parler plus tard ? Quand j'aurais le résultat du test de paternité ? "
"Ah, carrément un test ? "
"Par précaution…"
Yuffie sembla prête à dire quelque chose, mais sembla se raviser et rouvrit son livre de cours.
De la magie visiblement, peut être que Vincent pourrait aider cette fois. Il y avait une enveloppe en guise de marque page avec une écriture maladroite en commun, épelant le nom de Yuffie.
"La lettre de Galian ? "
"Oui," fit Yuffie en la prenant entre deux doigts.
"De quoi parlez-vous ? "
"Rien d'important qui puisse risquer d'être intercepté. Elle me parle de sa vie à Gongaga, de ce qu'elle apprend en ce moment. Qu'elle s'ennuie avec ses frères."
"Ils ont cinquante ans de différence et il n'y a jamais eu beaucoup d'enfants à Daguerreo."
"C'est comme à la cour Impériale," murmura Yuffie. "J'aimerais bien lui faire visiter Wutaï…"
"Bon courage pour convaincre Père."
"On va botter le cul d'Hojo, Sin et la Calamité et il sera tellement impressionné par nos prouesses qu'il nous laissera emmener Galian faire le tour de Wutaï," déclara Yuffie avant de sortir un crayon de sa poche pour souligner une phrase sur son livre.
Vincent laissa échapper un petit rire et déposa un baiser sur le crâne de Yuffie qui se laissa faire.
"Je peux me permettre un conseil ? " murmura Vincent à son oreille.
"Hm ? "
"Avec Squall, sortez couvert."
Yuffie prit une expression mi-embarrassée, mi-agacée avant de répondre, les joues écarlates.
"T'en fais pas, si un jour on doit franchir le pas, Seifer nous as fourni en capotes pour un mois complet."
C'était probablement le genre de chose que Barret ne voulait pas que Vincent apprenne à Yuffie, avec le maniement d'explosifs, le vol et la meilleure façon de tuer quelqu'un avec un couteau à huitre.
"Si Barret le découvre, je ne suis pas au courant."
"Ça va te couter cher en brioches au pahsana," rétorqua Yuffie avec un grand sourire.


Basch se redressa en entendant un pas rageur dans le couloir des logements de fonctions des SOLDATs.
Ses invités le suivirent du regard, intrigués, mais habitués aux étrangetés des augmentés, ils restèrent silencieux, le laissant écouter.
Le Général venait de rentrer. Et il n'avait pas l'air content.
"Séph, attends ! "
Et le Président était avec lui. Basch se tourna vers ses invités.
"Ils sont revenus," déclara-t-il au couple assis sur son canapé, "mais je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment pour votre entretien avec le Général."
"Je m'en charge," soupira Madame Falmis en posant sa tasse sur la table, "je vous remercie de votre hospitalité, Monsieur le Directeur."
"S'il vous plaît Madame Falmis, si vous tenez à utiliser un titre, je préfère 'Capitaine'."
Elle se leva et lui tapota l'avant-bras avec un gentil sourire avant de sortir de l'appartement, laissant son époux avec le Capitaine.
"Elle arrivera à les calmer ? " s'enquit le SOLDAT blond.
"Avez-vous déjà eu affaire à ma femme ? " rétorqua le scientifique moustachu avec un petit sourire.


Séphiroth entra dans son appartement, se retenant de claquer la porte derrière lui.
C'était puéril, inutile et il avait BESOIN de cette porte pour son intimité. Rufus le suivit, tenant la porte pour Umbra et la refermant plus calmement derrière eux.
Plus ils s'étaient éloignés de Seventh Heaven, plus la confusion de Séphiroth avait laissé place à sa colère. Et moins Rufus arrivait à faire abstraction des émotions chaotiques de son ami.
Couplées avec celles de Valentine, il avait cru qu'il allait se mettre à hurler dans la voiture pendant le retour. Il regarda Séphiroth faire les cent pas dans son salon, essayant de se calmer sans vraiment y arriver. Avec un petit gémissement, Umbra décida d'aller se cacher dans la cuisine, derrière le comptoir.
Bon, il n'allait pas pouvoir compter sur elle pour aider à calmer Séph.
"Je pensais que tu serais content d'apprendre cette possibi…"
"Tu savais Rufus ? " le coupa Séphiroth.
"Non," répondit Rufus, "quand j'ai vu Valentine la première fois, j'ai trouvé qu'il y avait une ressemblance. J'ai pensé pendant un moment… J'ai cru que c'était ton frère ou ton clone."
Ça, ça arrêta les déambulations de Séphiroth qui se tourna vers Rufus, surpris.
"Mon frère ? "
"Il a l'air plus jeune que toi et... tu te souviens quand on était enfants ? Toutes les femmes qui tournaient autour du Professeur ? "
Séphiroth soupira. Il n'avait jamais compris pourquoi les femmes étaient attirées par son pè… par Hojo et passait leur temps à tenter de le séduire. Le statut de Directeur de la Shinra probablement.
Ça n'avait pas duré longtemps, cela dit. Même la pire des arrivistes était partie en courant quand Hojo avait commencé à devenir encore plus malsain. Quand certaines d'entre elles avaient commencé à disparaître sans explications. Il n'y avait guère que Scarlet qui l'avait toléré, mais elle n'était jamais allée jusqu'à lui faire la cour.
Donc, oui, que Valentine soit son frère, c'était plausible.
Mais il ne l'était probablement pas.
"Et puis, j'ai eu accès à son dossier de Nibelheim," continua Rufus, "j'ai commencé à avoir un doute... Et te voir avec les cheveux court et noir…"
"Pourquoi tu ne l'as pas dit plus tôt ? ! "
"Tu t'es réveillé il y a une semaine ! " rétorqua Rufus sur le même ton, "tu as perdu douze ans de ta vie, tu ne peux même pas grimper deux étages sans être épuisé, ton... le Professeur t'a utilisé comme une marionnette, tu es en colère en permanence, ce n'était pas le moment ! "
"Comment tu sais que je suis en colère ? "
"Je…" commença le blond avant de réaliser ce qu'il venait de dire.
"Rufus ! "
"J'arrive à entrer dans ta tête," avoua Rufus.
Ce n'était pas la bonne chose à dire à quelqu'un d'aussi gardé et renfermé que Séphiroth.
Ses pensées avaient peut-être été la seule chose qui lui avait appartenu, vu que ni Umbra, ni Rufus n'avait jamais réussi à le lire étant enfants.
"Depuis quand ? ! "
"Je ne sais pas, j'ai juste… "
"Je t'interdis de lire mes pensées ! "
"Tu crois que je le fais exprès ? ! "
"Je pensais que toi au moins tu n'essayerais pas de me..."
La porte s'ouvrit. Séphiroth se tourna dans sa direction, imité par Rufus.
Une femme d'âge mur se tenait sur le pas de la porte, vêtue d'une longue robe rouge et d'un châle mauve, ses longs cheveux bruns rassemblés en une grosse natte sur son dos.
"Ça suffit," déclara-t-elle calmement.
Ce fut comme si quelqu'un venait d'ouvrir une fenêtre et que le courant d'air chassait toute la colère qui régnait dans la pièce.
Dans leur tête.
"Madame Falmis," fit Rufus, tentant de reprendre le contrôle.
"Président," répondit-t-elle en approchant, "je pense que vous devriez vous éloigner un moment."
Rufus jeta un petit regard à Séphiroth et inspira, se recomposant une impassibilité.
"Permettez-moi d'abord de vous présenter Séphiroth, Madame Falmis."
La femme se tourna vers lui, un petit sourire aux lèvres et inclina la tête dans sa direction.
"Je suis très honorée de te rencontrer, Séphiroth."
"Séphiroth," reprit Rufus sans croiser son regard, "voici… Ifalna Falmis. L'épouse du Professeur Falmis."
Le Général la regarda, intrigué. Sa colère s'était envolée, sa frustration de se sentir…
Trahi, utilisé, trompé...
Aussi.
Qu'avait-t-elle fait ? Était-elle comme Rufus ou...
"Président. Cela fait plusieurs jours que vous êtes l'un sur l'autre, dans la tête l'un de l'autre. Prenez un peu de distance. Et travailler ne compte pas comme faire une pause," ajouta-t-elle immédiatement avant de se pencher sur Umbra, lui caressant le crâne, "pourrais-tu veiller à ce que ton frère aille se reposer seul quelques heures, s'il te plait ? "
La Darkstar lui lécha le poignet et vint se placer derrière les jambes de Rufus, le poussant vers la porte. Vaincu et en minorité face à l'entêtement féminin, Rufus finit par obtempérer.
Il s'arrêta néanmoins à la porte, se tournant vers son ami d'enfance.
"Séph… Il y a d'autres choses que tu dois savoir mais… on en parlera plus tard, d'accord ? "
Séphiroth voulait se remettre en colère et recommencer à crier sur Rufus.
Il le voulait.
Mais il n'arrivait même pas à soulever une miette d'indignation à l'idée que Rufus lui cachait quelque chose d'autre.
Le blond et Umbra disparurent dans le couloir, laissant Séphiroth seul avec Madame Falmis.
"Quoi que vous fassiez : arrêtez," ordonna Séphiroth.
"Pourquoi ? Tu tiens tant que ça à être en colère et que vous vous disiez des horreurs ? " rétorqua-t-elle d'une voix douce.
Il inspira profondément, plongeant ses mains dans ses cheveux et fit quelques pas à l'écart de la femme aux yeux vert.
"Tu as changé de couleur de cheveux ? " s'enquit-t-elle en approchant d'un pas.
"Je ne passe pas inaperçu," rétorqua Séphiroth, se tournant vers elle.
La femme du Professeur Falmis.
Il avait du mal à le croire. Il n'imaginait pas le Professeur autrement que célibataire endurci.
Elle devait être plus jeune que lui, quel âge avait-il au juste ? Il était parti quand Séphiroth était petit, à peine assez vieux pour se souvenir de lui et…
Elle l'observait, les sourcils froncés. Comme si elle essayait de le reconnaître.
"Que c'est étrange," murmura-t-elle, "tu ressembles…"
"Vous connaissez Valentine," coupa Séphiroth durement.
"Vincent ? Oui, c'est... un ami proche de mon époux et de ma fille."
"Il se pourrait qu'il soit mon père," grommela Séphiroth.
Elle sembla surprise.
"Oh... Oh, Lucrécia qu'est-ce que tu as fait à ce pauvre garçon," murmura-t-elle.
"Vous connaissiez ma mère," releva Séphiroth.
"Oui, je… Le Président ne t'a pas dit ? "
"Rufus ne me dit rien," grinça Séphiroth.
Elle soupira en secouant la tête.
"Il est un espion brillant, mais il n'est pas doué pour ce qui est relation humaine. Assieds-toi."
Séphiroth s'apprêta à refuser, mais…
Ça ne servait à rien. Sa simple présence le privait de sa colère. L'obligeait à se calmer et réfléchir.
À être raisonnable.
Il s'assit à une extrémité du canapé.
"Puis-je ? " demanda-t-elle en désignant l'autre coussin.
Il hocha la tête. Il n'était pas poli. Hojo n'avait demandé que du silence et qu'il l'appelle Monsieur, les formules d'accueil rituelles et la politesse n'avaient pas fait partie de son éducation. Basch avait fait de son mieux, mais sensibiliser un adolescent tout juste sorti d'un laboratoire aux arcanes complexes de la politesse avait été difficile.
Surtout dans les camps militaires au milieu des montagnes de Wutaï.
Encore plus avec Vossler qui jurait comme un troupier à l'époque.
"Où est le professeur Falmis ? " demanda-t-il pendant qu'elle prenait place.
"De l'autre côté de la porte. Il essaye de se motiver pour venir affronter tes reproches."
Séphiroth jeta un regard à la porte avant de revenir vers la femme devant lui.
"Je suis Ifalna Falmis, née Crescent. Ta mère et moi étions cousines. Pour résumer," ajouta-t-elle avec un petit sourire, "je pense que tu n'as pas envie d'entendre des heures d'explications sur notre arbre généalogique. Une autre fois, peut-être ? "
Séphiroth s'interdit de répondre avec un quelconque intérêt.
"J'ai en ce moment assez peu de sympathie pour la femme qui est censé être ma mère."
Il n'en avait pas eu quand il pensait que Jénova était sa mère et qu'elle était morte en lui donnant le jour.
C'était tout ce qu'il avait su d'elle de toute façon. Son p… Hojo n'avait jamais pris la peine de lui en dire plus.
Sa mère était morte, il ne l'avait jamais connue, ça ne servait à rien de la regretter.
(Sauf parfois, quand il était petit, après la disparition du professeur Falmis, avant qu'il trouve Rufus et qu'il espérait qu'un jour, sa mère, le Professeur Falmis, ou quelqu'un d'autre vienne le chercher et l'emmener loin du laboratoire.)
Mais ce qu'il avait appris aujourd'hui, qu'elle avait menti, abandonné son amant à Hojo, sacrifié son enfant…
Cela la mettait désormais dans la même catégorie qu'Hojo.
"Est-ce qu'elle est réellement morte ou est-ce que c'est un autre mensonge ? " finit-il par bougonner.
"Elle est morte," confirma Ifalna, "Hojo l'a tuée."
Cette fois, Séphiroth tourna le regard vers Ifalna. Sa… Il ne connaissait pas les noms des liens de famille, il y avait un mot pour 'cousine éloignée de la mère' ?
"Hojo ? "
Ifalna hocha la tête avant de reprendre ses explications.
"Le jour de ta naissance. Elle tentait de vous sauver, Vincent et toi."
"Comment le savez-vous ? "
Ifalna souffla longuement, visiblement perdue dans l'ordre de ses explications.
"C'est tellement compliqué. Pour simplifier… Je suis la dernière Cetra. Ta mère était demi-sang."
"Je sais. J'ai du sang de Cetra, les Héritiers de la Planète."
"Je t'INTERDIS de penser ça," rétorqua durement Ifalna, le faisant sursauter.
Elle se radoucit immédiatement, mais Séphiroth resta secoué de l'interruption. Il avait eu… brièvement l'impression qu'elle allait le frapper, qu'elle aurait pu le briser en deux d'un seul mot. Et pourtant, il faisait presque cinquante centimètres de plus qu'elle.
"Les Cetras ne sont pas les héritiers de la planète. Ils sont ses serviteurs. Ses gardiens. Notre rôle n'est pas de la diriger, mais de la protéger. Qui t'a appris… non, laisse-moi deviner : Hojo ? "
"Il disait que j'étais destiné à… A hériter de la planète. Mais… quand le projet SOLDAT a commencé, il a arrêté d'en parler… Il disait que c'était du gâchis..."
La femme pinça les lèvres et posa ses mains l'une contre l'autre de gestes mesurés. Elle n'avait pas l'air d'être une guerrière, mais si elle était Cetra, elle devait posséder d'immenses pouvoirs.
"Si j'avais ce minable petit laborantin sous-diplômé entre les mains," murmura-t-elle avant de reprendre son calme et ses explications. "Une de nos capacités est de pouvoir communiquer avec la planète et entre nous, même à longue distance. Mais… Lucrécia n'était qu'à demi-sang, sa voix… était difficile à entendre. Le jour de sa mort, j'étais à Grand Glacier. J'ai vu ce qui se passait à Nibelheim. Mais je n'ai… je n'ai pas compris les détails…"
La scène avait hanté ses cauchemars pendant des années. Voir Lucrécia tenter d'aider Vincent, puis être abattue par Hojo, Vincent devenir ce grand démon noir et rouge, Hojo s'effondrer sous ses griffes avant d'arriver à lui tirer dessus à nouveau…
Le tout avec l'enfant qui hurlait, couvrant tous les bruits autour d'eux.
Elle ferma les yeux en secouant la tête.
"Je ne la comprends pas," avoua-t-elle, "je ne sais pas pourquoi elle a fait ça et je ne lui trouverais pas d'excuse. À part une seule."
Elle se pencha en avant, vers l'homme aux yeux verts qui ne bougea pas d'un muscle, l'observant froidement.
"Elle t'aimait. Elle regrettait. Elle voulait te sauver."
"Dommage que ça ait été trop tard," finit par répondre Séphiroth.
"En effet."
Quelqu'un toqua à la porte.
"Prêt ? " demanda Ifalna d'une voix douce.
Séphiroth hocha la tête. Tant qu'à avoir des discussions désagréables, autant les mettre hors du chemin tout de suite.
"Entre, Chéri ! " lança Ifalna.
La porte s'ouvrit, lentement.
Un vieil homme entra.
Séphiroth ne l'avait pas vu depuis presque vingt-cinq ans. Il n'avait pas réalisé…
Il avait toujours sa moustache. Quand Séphiroth avait été petit, ça l'avait fasciné. Son p… Hojo n'avait pas de moustache, personne d'autres au laboratoire n'en avait porté et Gast l'avait laissé tirer dessus, ne protestant que quand sa force phénoménale avait commencé à se manifester, lui apprenant à commencer à la maîtriser ainsi.
Mais ses cheveux étaient maintenant gris, ses yeux et sa bouche cernés de rides. Et il avait l'air…
Fatigué.
"Professeur," fit Séphiroth en se levant.
Le vieil homme grimaça légèrement, détournant le regard.
"Je suis désolé," déclara-t-il rapidement, "je n'aurais pas dû te laisser seul avec Hojo, j'aurais dû t'emmener avec moi, j'aurais dû t'enlever et ne pas laisser Hojo te…"
"Professeur…"
"Je suis tellement désolé mon garçon," reprit le vieil homme en levant les yeux vers lui.
Son regard changea, s'emplissant de confusion, sa bouche retomba. Il leva les mains vers le visage de Séphiroth.
"Mais qu'est-ce que…"
"Il semblerait que Lucrécia ait eu plus de secrets que nous le pensions, chéri," déclara Ifalna d'un ton las.
Qu'il était petit. Il avait semblé grand à Séphiroth étant enfant, surtout quand il le prenait dans ses bras pour le consoler ou lui montrer le ciel de Midgar par une fenêtre du laboratoire.
Avant le Tambour.
Avant l'arène.
"Je vais avoir une petite discussion avec Vincent ! " glapit le professeur.
"Il ne savait pas," rétorqua aussitôt Séphiroth, sans trop savoir pourquoi il défendait soudain Valentine, "il a été aussi… surpris que moi."
"Surpris ? Qu'est-ce qu'il a cassé ? " s'enquit Gast alors que sa femme se levait pour lui prendre le bras.
"Une porte."
Le professeur eu un petit rire las et laissa sa femme l'asseoir sur le canapé, lui caressant les cheveux. Séphiroth les regarda faire. Elle était plus jeune que lui en effet, d'au moins… vingt ans ? Peut-être plus, peut-être moins.
"J'ai l'impression de ne pas connaitre ceux avec qui j'ai travaillé des années," murmura Gast avant d'attraper la main de femme pour déposer un baiser dessus.
"Où étiez-vous ? " reprit soudain Séphiroth.
Le Professeur baissa à nouveau les yeux d'un air coupable.
"Pourquoi vous êtes parti ? " continua le jeune homme sans arriver à s'arrêter.
"Je n'ai pas eu le choix…"
"Hojo a dit…" commença Séphiroth avant de fermer la bouche.
Est-ce que c'était sa voix ? Il avait l'impression d'avoir dix ans à nouveau.
Et pourquoi devrait-il croire Hojo pour commencer ?
Le vieux professeur soupira en retirant ses lunettes pour se frotter les yeux.
"Je voulais… J'ai demandé ta garde… On me l'a refusé."
Séphiroth fronça légèrement les sourcils, faisant grimacer le professeur, mais sa femme eu un gentil sourire avant d'expliquer.
"Il voulait t'adopter," expliqua-t-elle.
"Mais… Le Président Shinra n'a pas voulu. Tu avais un père, tu n'étais pas adoptable et tu… tu étais la propriété de la Shinra. J'ai voulu démissionner pour leur faire comprendre la gravité de la situation mais…"
"On ne quitte pas la Shinra," murmura Séphiroth.
"Quelqu'un a tenté de me tuer quand j'étais dans mon bureau. Un sniper."
Il n'avait jamais su qui. Il avait été soulagé, en revenant à la Shinra, de ne reconnaître aucun des Turks.
Soulagé et… à la fois déçu de ne pas en revoir un autre, blond et ronchon.
"Un Turk m'a sauvé. Il m'a amené à l'aérodrome et m'a obligé à partir… je n'avais plus rien… je ne pouvais pas rentrer."
"Un Turk."
"Tu l'as peut-être connu. L'agent Morrow. Ou, devrais-je dire…"
"Le directeur Morrow ? "
Le vieil homme hocha la tête.
Séphiroth n'avait jamais compris l'inimité du Directeur Morrow envers Hojo. Ça avait été communément admis à la Tour qu'un jour, Morrow trouverait comment abattre Hojo sans en subir les conséquences, mais tout le monde l'avait traité comme une blague, comme une rivalité entre directeurs de la Shinra qui avaient élevé la technique de se tirer dans les pattes au rang d'art.
Jusqu'au jour où Séphiroth avait surpris Morrow à fouiller le bureau d'Hojo, cherchant des indices sur la mort de Basch.
Jusqu'au jour où il lui avait donné la carte d'accès au Tambour.
Où il lui avait dit quand et comment y entrer.
Où trouver les preuves de la culpabilité d'Hojo.
Jusqu'au jour où Morrow avait révélé les crimes d'Hojo à Gaïa entière.
"Je me suis réfugié à Canyon Cosmo," continua le professeur Falmis, "chez mon ancien professeur quand j'étais à l'université d'Alexandria. C'est là que j'ai rencontré Ifalna, par hasard."
"Mais ils ont continué à nous chercher," continua Ifalna, "nous avons quitté Canyon Cosmo pour Icicle quand il est devenu clair que la Shinra voulait étendre son influence à Centra. Mais..."
"Hojo nous as retrouvé."
Le professeur se leva, sortant sa chemise de sa ceinture pour montrer son ventre à Séphiroth.
Il avait une plaie au-dessus de la hanche, une cicatrice de balle en forme d'étoile.
"Minerva, merci, j'ai épousé une guérisseuse-née," déclara le Professeur d'un ton léger, essayant de dédramatiser.
"Comment lui avez-vous échappé ? "
"Nous avons fait quelque chose d'inconscient et complètement stupide," répondit Gast.
"Nous sommes sortis sans équipement en plein blizzard," acheva Ifalna.
"Elle était enceinte de huit mois, je perdrais tout mon sang. Heureusement, nous avons rencontré des guados qui nous ont mis à l'abri."
"Que faisaient-t-ils là ? "
"Ils venaient chercher les morts," répondit Ifalna, "tous les témoins d'Icicle ont été exécutés par les hommes de Shinra. Aérith est née à Modeoheim. Et dès que nous avons été tous les trois capables de voyager, nous avons disparus dans les montagnes du Grand Glacier."
Il avait fallu des mois à suivre la voix de la planète avant qu'ils trouvent leur oasis. Une toute petite vallée verte au milieu des montagnes glacées. Juste assez pour eux trois, le vieil homme qui y vivait avec ses chocobos[3] et cultiver de quoi vivre. Il les avait accueillis sans se poser de question, ravi d'un peu de compagnie et d'avoir une petite-fille honoraire en la présence d'Aérith qui l'avait surnommé Dedushka Oryol. Le vieil homme était mort quelques années plus tard, leur léguant la vallée et ses chocobos et ils avaient vécu là jusqu'à ce que les nouvelles de la disparition d'Hojo, puis de sa réapparition leur parvienne.
"Quand le professeur Hojo a refait surface… Nous avons décidé de revenir à Midgar pour aider à lutter contre lui."
"Après ce que le Président avait fait ? "
"Il était... aussi désespéré qu'un homme comme lui pouvait l'être," déclara Ifalna, "il voulait reprendre le contrôle de la situation, prouver qu'il voulait débarrasser le monde d'Hojo… Il a publiquement demandé à Gast de reprendre la tête du département scientifique et aider à lutter contre Hojo."
"On ne peut pas dire qu'il ait beaucoup aidé," grommela Gast d'un ton ronchon, "j'avance plus depuis qu'Avalanche existe que toutes les années à travailler pour lui."
"Pourquoi ? " s'étonna Séphiroth.
"Disons que la soumission à l'autorité n'est pas le fort des plombs. D'Avalanche je veux dire," corrigea Gast, "et depuis que Vincent est avec eux, c'est pire, ils font tout dans le dos du Président."
Il laissa échapper un petit rire avant de réaliser ce qu'il venait de dire au fils potentiel de Vincent et meilleur ami du nouveau président.
"Euh, je veux dire…"
"Je sais, il est Turk," reprit Séphiroth.
Gast tendit la main vers l'homme devant lui, mais Séphiroth n'approcha pas, restant immobile devant lui.
"Il est… Je ne vais pas dire qu'il est un modèle de moralité et de droiture… Mais il n'est pas mauvais. Il a objecté aux expériences de Nibelheim dès que des êtres humains ont été impliqués. Encore plus quand il a appris que Lucrécia était enceinte…"
"Et il n'a rien fait pour l'empêcher."
"Il en a fait suffisamment pour qu'Hojo essaye de le tuer," rétorqua Gast avec un regard sévère.
Séphiroth n'avait plus six ans. Hausser un peu la voix ne lui faisait plus peur.
"Est-ce que vous tentez de me convaincre qu'il fera un bon père ? "
"Séphiroth… on ne peut pas changer le passé. Mais tu as un avenir maintenant. Tu as ton vrai père près de toi, quelqu'un dont tu puisses être fier et que tu rendras fier. Peu importe comment vous en êtes arrivé là, vous pouvez partir sur une nouvelle voie. Être une vraie famille…"
"Il n'est pas Hojo," rétorqua Séphiroth d'un ton froid. "Et c'est tout ce que je lui demande."
Gast voulu protester, mais Ifalna posa la main sur le bras de son époux, secouant doucement la tête.
"Nous nous sommes assez imposés pour aujourd'hui, Séphiroth," reprit-elle en se levant. "nous allons rentrer."
Le professeur se leva, gêné d'entendre Séphiroth être aussi froid envers Vincent. Ifalna approcha du jeune homme, levant la main pour lui toucher doucement le bras.
"Si tu souhaites que je te parle de ta mère un jour, n'hésite pas."
"Je doute que ça arrive," répondit le jeune homme.
"Nous verrons," répondit la Cetra avec un sourire énigmatique.
Séphiroth lui jeta un regard agacé et la fixa le temps qu'elle sorte de la pièce, laissant Gast et lui seul.
"Avant que tu poses la question, oui, elle est toujours comme ça," déclara le vieux professeur, "et notre fille est pareil."
Il croisa le regard de l'homme devant lui et tendit aussi la main, lui touchant le bras de la même façon que sa femme.
"J'aimerais…" commença-t-il avant de soupirer. "Je ne sais pas comment me faire pardonner. Mais s'il te plait, laisse une chance à Vincent."
Séphiroth regarda la main noueuse sur son bras avant de se dégager doucement.
"Nous aviserons au résultat du test de paternité."


Rufus détestait être le Président Shinra.
Ce n'était pas une nouvelle pour lui, il s'y était attendu. Outre le fait d'être désormais responsable du destin de millions de personnes sur Gaïa, de devoir assurer leur subsistance, leur sécurité, gérer les relations diplomatiques avec d'autres buts que ceux de son prédécesseur (donc plus de diplomaties, moins de menaces) il devait aussi vivre dans une tour avec des milliers d'autres personnes qui pensaient toutes plus fort les unes que les autres.
Et il y avait le côté militaire des choses.
Il fallait vraiment qu'il remplace Heidegger pour le département de la sécurité intérieure et de l'armée, mais il n'avait toujours pas trouvé quelqu'un de confiance. Tseng gérait les Turks et était trop occupé par la formation de ses nouveaux subalternes, Fon Ronsenburg se démenait comme il pouvait mais était un homme d'action à la base et pas un gestionnaire. Il fallait vraiment quelqu'un pour gérer les forces armées et lui laisser le temps de s'occuper de tout ce qui était la lutte contre Hojo, qui avait été singulièrement délaissée ces derniers mois. Voire années.
Il était au courant mais il avait sous-estimé le problème.
Rien n'était fait contre Hojo. Rien.
Oh, bien sûr, il y avait des fronts armés autour des grandes villes des côtes pour éviter les invasions et protéger les voies de commerce, mais rien ni personne ne s'occupait des campagnes, des villages. Il n'y avait aucune initiative commune pour tenter de trouver Sin, ou de le traquer pour définir ses itinéraires et l'intercepter.
Et le moins il pourrait dire au sujet du Département de l'Armement et de leurs efforts pour détruire Sin et les Squames, mieux ce serait.
Comment est-ce que Gaïa n'était pas tombée dans le chaos ces dix dernières années le dépassait.
"Monsieur ? " fit sa secrétaire personnelle.
Dìs. Elle était restée. C'était plus simple, elle travaillait bien, connaissait ses manies et avait appris à ne pas craindre Umbra. Wynne, la secrétaire du Président… De l'ancien président, était là aussi, gérant les affaires courantes avec lui. Et parfois, elles faisaient appel à Bellona, celle d'Heidegger, qui était la seule personne à savoir comment fonctionnait le département de la sécurité intérieure et était donc aussi restée, gérant au moins la bureaucratie avec une efficacité quasi militaire.
Peut-être qu'il devrait la nommer elle à la tête du département. Au moins, la paperasse serait réglée rapidement.
"Une idée de comment persuader les autres puissances étrangères de changer la tactique militaire mondiale ? " soupira-t-il, une main sur la tempe.
"Envahissez-les et faites-le vous même, ce sera plus simple," répondit Wynne avant de plaquer la main sur sa bouche, mortifiée.
"Ne me tentez pas," soupira Rufus.
"Un sommet diplomatique est prévu dans quelques semaines," lui rappela Dìs en pianotant sur sa tablette, vérifiant le planning, "peut-être pourriez-vous ajouter un ordre du jour ? "
"Préparez une annonce officielle," ordonna Rufus, "je la lirais et la signerais pour envoi immédiat."
"Bien, Monsieur," fit la jeune femme en s'effaçant vers son bureau.
"Nous avons reçu le dernier rapport d'Avalanche, Monsieur, dois-je le faire archiver ? " lui demanda la secrétaire de son père.
"Non, j'aimerais le lire d'abord."
Ah, ça c'était nouveau, l'ancien Shinra ne l'aurait jamais fait, mais c'était une bonne chose que son fils soit plus déterminé à s'impliquer dans…
Il fallait vraiment qu'il trouve un moyen de ne pas recevoir tout ce qui se pensait autour de lui. Umbra devait se fatiguer et moins filtrer s'il commençait à entendre Wynne. Il lui jeta un petit regard et la vit roulée en boule contre la fenêtre, le front sur la vitre froide.
Il allait faire une pause. L'heure du déjeuner arrivait, ils en auraient tous les deux besoins. Peut-être qu'il pourrait en profiter pour essayer de se faire pardonner auprès de Séphiroth.
Quoiqu'il ne s'en sentait pas la force. Depuis qu'il commençait à percevoir les pensées de Séphiroth, il réalisait à quel point le calme permanent de son ami était une simple façade et que ses pensées étaient aussi chaotiques que celles de Valentine.
C'était peut-être de fa…
Wynne se racla poliment la gorge et il leva les yeux vers elle. Elle lui tendait le dossier.
"Merci Wynne. Dès que nous avons fini ça, prenez toutes les deux votre pause déjeuner."
"Bien, Monsieur, souhaitez-vous que je vous commande de quoi manger ? "
"Tant que ce n'est pas le plat du jour de la cafétéria."
Wynne lui tendit le dossier avec un petit sourire et il commença à lire le rapport. Honnêtement, il ne s'attendait pas à grand-chose au sujet de cette enquête. Si Hojo avait un plan, ça se serait déjà vu et à part attaquer les réacteurs pour les mégas matérias et les villes pour nourrir ses monstres, il n'y avait aucune trace de tactique cohé…
Il relut une phrase.
Puis la relu à nouveau.
Dìs et Wynne levèrent toutes les deux les yeux de leur tâche quand retentit un juron digne du pire SOLDAT[4] de troisième classe de toute la Tour.
"Monsieur ? " s'inquiéta Dìs en se levant.
"Appelez le Professeur Falmis, le Directeur Tseng et le Directeur Fon Ronsenburg ! Dites-leur de venir me voir dans le petit bureau toutes affaires cessantes ! "
"Tout de suite, Monsieur," répondit la jeune femme en décrochant son téléphone.
Fort heureusement, ni elle, ni Wynne ne réalisèrent qu'elles n'avaient pas entendu Rufus jurer.


"Êtes-vous sûr que ça va, Président ? " s'inquiéta le Professeur une fois dans son bureau avec les deux autres hommes.
"Simple migraine," rétorqua Rufus.
Tseng n'était pas dupe. Il pouvait le sen…
Il referma ses barrières mentales comme il put.
"Avez-vous lu le rapport d'Avalanche sur le vol au Cap de l'Espoir ? " s'enquit-il.
Le silence régna.
"Messieurs, s'il vous plait, je sais pertinemment qu'ils les partagent avec vous dans mon dos," soupira Rufus.
Si Tseng et le SOLDAT restèrent impassible, il n'en fut pas de même pour le Professeur qui rougit d'embarras.
"Qu'en pensez-vous ? " demanda Rufus.
"Et bien, les soupçons concernant la véritable nature du spécimen Jénova sont préoccupants," déclara le professeur.
"Vous pensez qu'ils ont raison ? "
"De par mes recherches sur la civilisation des Cetras… Je pense que oui. Il y a beaucoup de légendes concernant un Cetra qui aurait mal tourné et dont la… La folie serait contagieuse."
Il mentait.
Mais en même temps, il disait la vérité. Ou du moins une partie.
"Ce qui expliquerait l'état mental des sujets ayant reçu ses cellules ? "
"Tout à fait," répondit le professeur Falmis.
"Professeur, je veux que le corps de Jénova soit détruit dès que vos recherches seront finies et vous commencerez à produire l'antivirus de façon industrielle."
Il vit le professeur hésiter avant de répondre d'une voix ferme.
"L'état du sujet originel est stable, mais il ne pourra produire suffisamment d'anticorps pour traiter tous les habitants de Gaïa."
Rufus soupira. Il était tellement plus facile de gérer les problèmes quand on n'avait pas d'éthique mais…
"Faites ce que vous pouvez tant que sa santé n'est pas à risque," finit par abdiquer Rufus avec un soupir.
"Monsieur le Président, il faudra en parler au Général," ajouta le vieil homme.
Et il y avait aussi Ce Problème.
"Je m'en chargerais. Directeur Fon Ronsenburg…"
Capitaine bon sang pourquoi tout le monde voulait l'appeler Directeur ? !
"Capitaine si vous préf..." commença Rufus avant de se secouer. "Le temple de la matéria noire doit être identifié et mis sous surveillance au plus vite ! Je compte sur vous."
"Oui, Monsieur le Président."
"Directeur Tseng, traitez tout l'intel que vous pouvez avoir sur les attaques de squames du même type que celle du Cap de l'Espoir, collaborez étroitement avec le D... le Capitaine Fon Ronsenburg."
"Ce sera fait Monsieur," assura Tseng, "j'aurais un rapport à vous faire..."
"Oui. Professeur, Capitaine, je compte sur vous," les congédia rapidement Rufus.
Une fois seul avec Tseng, il poussa un long soupir pendant qu'Umbra se hissait sur ses pattes arrière, posant ses pattes avant sur l'accoudoir de son fauteuil pour lui lécher le visage.
"Si tu n'avais pas une haleine capable de tuer un béhémoth à trois mètres, j'apprécierais," marmonna Rufus en tendant néanmoins une main pour lui caresser le museau.
Tseng contourna le bureau pour approcher de lui tout en retirant un de ses gants.
"Vous perdez le contrôle de vos pouvoirs," nota-t-il en se plaçant près du jeune Président, lui faisant lever le visage pour observer ses yeux.
"Trop... trop de gens autour. C'était plus facile quand personne ne faisait attention à moi," soupira Rufus en le laissant faire.
"Vous avez besoin de repos."
"Je n'en ai pas le loisir," rétorqua Rufus.
"Dans le meilleur des cas, vous êtes à risque d'atteindre votre limite. Dans le pire…"
"Je n'ai pas de limite."
"Ou vous ne l'avez juste jamais atteinte," corrigea le wutan en palpant le crâne de Rufus, cherchant un hématome à soigner, "et si vous continuez à vous surmener, vous risquez de l'atteindre en plein conseil."
"Est-ce le guérisseur ou le directeur du service des recherches administratives qui parle ? " demanda Rufus.
"Celui que vous écouterez le plus," rétorqua Tseng.
Il fut surpris d'entendre le jeune Président étouffer un rire avant de se détendre quand Tseng soigna un nouvel hématome. Encore un peu plus et il allait finir affaler sur le bureau.
"Président… Allez-vous allonger un moment," reprit Tseng.
"Je voulais… Il faut que je parle à Séphiroth…"
"Le Général est… irritable en ce moment," déclara Tseng avec un tact rarement égalé.
Le rapport d'Elena avait été nettement moins nuancé. Elle avait mentionné quelque chose comme étant tendu comme un string en fil barbelé[5].
"Si vous devez aller lui parler, reposez-vous d'abord."
Rufus hocha la tête et se leva, repoussant son siège. Il se retint brièvement à l'épaule de Tseng, reprenant son équilibre avant d'hocher la tête.
"Merci, Tseng."
"Je vous en prie, Monsieur."
Tseng regarda le jeune homme tituber jusqu'à la petite chambre accolée au bureau puis se tourna vers Umbra, qui s'était assise devant lui et l'observait avec attention.
"As-tu besoin de soin, toi aussi ? " demanda Tseng.
Il sursauta mais se retint de réagir brutalement quand la darkstar se hissa sur ses pattes arrière, posa ses énormes pattes avant sur ses épaules et lui donna un affectueux coup de langue en travers du visage.
Puis, retombant sur ses pattes, elle alla rejoindre son maître, remuant la queue joyeusement.
Tseng resta quelques secondes immobiles avant de sortir un mouchoir de sa poche, s'essuyant soigneusement le visage.
Oubliez le béhémoth.
Umbra pouvait abattre un MALBORO avec son haleine.


Il ne fallut que quelques jours à Séphiroth pour récupérer une partie de ses forces, lire tous les rapports d'Avalanche et se tenir au courant des événements de dix dernières années avant de commencer à tourner en rond dans son appartement comme un loup en cage.
Le tout en retournant dans tous les sens ses interactions avec le Professeur Falmis et sa femme, Rufus, et Valentine.
Lire les rapports sur les évènements de Winhill, Besaid, Wutaï, du Secteur 7 l'avait secoué, plus qu'il n'aurait voulu l'admettre… Tous les endroits où il avait été vu en train de...
Il avait fait la guerre à Wutaï. Il n'était pas étranger au concept. Il avait combattu des gens sous le simple prétexte que c'était ses ordres, que le Président et son p… et Hojo le lui avaient ordonné.
Il savait ce que c'était que se battre et vaincre des ennemis.
Mais les photos qu'il avait vues… Les rapports qu'il avait lu… les vidéos qu'il avait visionnées.
Ça n'avait pas été du combat. Ceux en face de lui n'avaient eu aucune chance, n'avaient même pas eu droit à un combat honorable…
Basch le lui avait appris à Wutaï.
Ne jamais s'attaquer aux civils. Ne jamais se mettre la population à dos. Ils avaient suffisamment de raison de le haïr sans ajouter de la cruauté gratuite au cocktail. Il avait fallu un moment à Séphiroth avant de comprendre, mais Basch avait patiemment expliqué, lui enseignant les règles de la guerre, le code d'honneur, des concepts que le Président trouvait suranné dans un conflit moderne, et que Basch, chevalier de par le sang, de par son père et le père de celui-ci, lui apprit sans relâche.
Séphiroth n'avait pas encore osé aller toquer à la porte de Basch, juste au coin du couloir.
Il n'avait pas encore osé l'affronter après les massacres dont il était responsable.
Tous les morts de Winhill, laissés à l'abandon dans leurs champs de fleurs.
Et Besaid, souillée pour des siècles par la mako, désormais presque aussi morte que Nibelheim.
Il était celui qui avait…
La première fois que Rufus était venu après sa lecture des rapports de Winhill… Il avait jeté un regard à Séphiroth avant que son visage se torde de douleur.
Il avait tenté de rester, de discuter comme il l'avait promis mais… Il n'avait pas pu. Il s'était excusé, sortant précipitamment, laissant Umbra avec lui.
Umbra avait tenté de le rassurer, couchée contre lui de tout son long, mais… Séphiroth n'arrivait même pas à faire le tri dans ses propres pensées.
Winhill.
Wutaï.
Besaid.
Alexandria.
Le Secteur 7.
Son père.
Qui que ce soit.
Il avait lu et relu les rapports sur Valentine. Elena lui avait même amené son dossier de Turk.
Petit pickpocket des Taudis, métis wutan avec un talent certain pour l'infiltration et l'intel, recruté de force chez les Turks.
Indiscipliné, tendance à l'insubordination.
Excellent sniper avec un impressionnant compte de têtes.
Assigné à la protection des scientifiques à Nibelheim après la mort de son partenaire, tant pour l'occuper que pour les surveiller.
Mort le 17 juillet 2944 dans un accident de chasse.
Il n'avait même pas été surpris que le certificat de décès ait été signé par Hojo.
Retrouvé vivant en février 2975.
Intègre Avalanche comme sniper sous la fausse identité de son propre fils.
Efficace et meurtrier contre les squames d'Hojo.
Et c'était à peu près tout.
Il n'arrivait pas…
Il n'arrivait pas à ressentir quoi que ce soit pour lui.
Il n'avait rien ressenti pour Hojo à part de la peur, quand il était enfant, puis de la haine. Et pendant un ou deux jours, il avait cru que c'était parce que ce n'était pas son père mais…
Mais si Valentine était son père... il ne ressentait rien non plus.
Il jeta le dossier sur la table et se laissa aller en arrière sur son canapé, réfléchissant à la dernière question que Valentine lui avait posée.
Que ferait-il si Valentine était son père ?
Il…
Il ne savait pas.
On toqua à la porte et Séphiroth se redressa.
"Entrez."
Elena. Il commençait à s'habituer à elle. Il ne se faisait pas d'illusion, elle avait été choisie spécifiquement parce qu'elle semblait sans défense et elle s'ingéniait à jouer dessus avec ses gentils sourires, ses maladresses et sa serviabilité. Elle approcha, une enveloppe dans la main qu'elle lui tendit.
"Bonjour Général, de la part du Professeur Falmis."
Il se leva pour prendre l'enveloppe et lui jeta un petit regard avant de la retourner.

Résultat du test de paternité. J'ai pensé que tu préférerais que ce soit rapide.

Pr. G. Falmis

Rien d'autre. Il retourna de nouveau l'enveloppe sous le regard d'Elena.
"Voulez-vous que je vous laisse seul pour le lire ? "
Il leva les yeux, à peine, elle était grande pour une femme, mais minuscule près de lui, essayant de déchiffrer son expression.
"Elena… vous avez travaillé avec Valentine…"
"Vincent ? Oui, en effet. En collaboration sur quelques missions, et… quand il a fait des bêtises."
"Des bêtises ? " répéta Séphiroth.
"Oh, trois fois rien… Désobéir aux ordres, menacer Heidegger, ce genre de chose…"
Séphiroth releva de nouveau les yeux, intrigué et, il fallait l'avouer, intéressé.
"Et aussi quand Avalanche a été mis sous surveillance après le vol de la méga-matéria du réacteur Tonberry."
"Pardon ? " coupa Séphiroth.
Elena leva les yeux vers lui, fronçant les sourcils.
"Oui, vous n'avez pas vu le rapport de cette mission ? "
Il secoua la tête et elle posa les poings sur ses hanches, jetant un regard surpris au tas sur la table.
"Permettez ? " fit-t-elle en se dirigeant vers la petite table, s'agenouillant devant.
Séphiroth s'apprêtait à lui rappeler de retirer ses chaussures, mais l'absence du dossier l'intriguait.
Et faire le ménage l'occuperait au moins une demi-heure.
Il approcha, observant Elena analyser rapidement son système de classement (chronologique) avant de chercher le dossier incriminé.
"C'est étrange," avoua-t-elle, croisant les bras, "il ne manque que celui-là…"
"De quoi traitait-t-il ? "
"Une attaque mi-septembre d'un squame au réacteur Tonberry. Avalanche a eu toutes les peines du monde à l'arrêter. Ils ont eu plusieurs blessés et au final, le squame a manqué d'échapper au contrôle d'Hojo avant d'être abattu par un Remnant."
Elle réordonna les dossiers avant de se lever, défroissant les jambes de son pantalon.
"La méga matéria a été volée par le Remnant. Le Président avait demandé qu'Avalanche soit mis aux arrêts après ça, le temps qu'une enquête détermine leur degré de responsabilité. Le Directeur Tuesti a été temporairement démis de ses fonctions et remplacé par le Directeur Heidegger."
"D'où la menace à son encontre ? "
Un sourire à moitié réprimé tordit le visage d'Elena.
"Si vous voulez, Général, je vous amène notre exemplaire du dossier manquant et je demanderais au directeur Tseng l'autorisation de vous fournir la version Turk des évènements."
"Ça devrait être instructif, merci," répondit Séphiroth avant de jeter à nouveau un regard à l'enveloppe entre ses doigts.
Elle était tellement fine. Il ne devait guère y avoir qu'une feuille pliée en trois dedans. Il la retourna à nouveau.
"Elena… puis-je… vous demander un autre service ? "


[1] Amour, Gloire et Matéria
[2] Honnêtement, ces deux-là : Couple goal.
[3] Oui, ils ont squatté chez le Chocobo Sage. Je l'ai appelé Oryol. Aérith l'appelait Papy.
[4] Rufus ne jure pas beaucoup. Ni lui, ni Séphiroth ne l'ont appris au laboratoire. Par contre, quand Séphiroth est revenu de Wutai après plusieurs mois au sein d'une division de SOLDATs…
Disons que Basch avait dû à plusieurs reprises rappeler à ses hommes que, Première Classe ou pas, Séphiroth n'avait que quinze ans et qu'ils devraient surveiller leur langage autour de lui.
Ça n'avait pas marché.
Et du coup, il a appris à Rufus.
[5] Reno et sa poésie midgarienne sont contagieux