Chapitre 44 : Bataille dérangée

Résumé :
C'est le chaos à la Tour Shinra, et entre les Remnants, les Turks, les possédés, la lutte de pouvoir entre les Directeurs et Avalanche qui commence à en avoir ras le pompon du mog, ça sera un miracle si la Tour tient debout à la fin de la journée.
Et Cloud manque toujours à l'appel.
Où peut-t-il bien être et surtout : Que compte-t-il faire de Riku ?

Personnages :
On prend les mêmes et on recommence ! Plus deux squatteuses, une qui pourrait repartir et l'autre qui pourrait rester.

Tags spécifiques au chapitre :
Rufus espérait échapper aux pires aspects du principe de la famille, c'est raté, Grim VS Elena VS Roche : Aka la bataille des Exs, A la recherche du Strife perdu, ça ira mal avant d'aller mieux, les Remnants en prennent encore pour leur grade, la Tour Shinra aussi, Reeve ne sait pas se battre, ça se voitn Séphiroth au volant mort au tournant.


Rufus resta muet de stupeur.
"Petit..." répéta Reeve avant qu'il comprenne. "oh… oh non, vous êtes… "
"La fille de feu le Président," révéla Scarlet d'un air satisfait, ravie de son petit effet.
Rufus savait que le Président avait eu quantité de bâtards, disséminés un peu partout dans le monde et qu'il en avait fait assez peu cas. La fille de Dìs était aussi une enfant Shinra… Rien qu'à la Tour, il y en avait une dizaine, dont l'âge allait de trois à vingt-huit ans, majoritairement des filles, étrangement.
C'était même un peu un trait d'humour (peu drôle en soi) que les blonds aux yeux bleus de Midgar étaient surnommés des shinras, surtout pour peu qu'ils fassent preuve d'un tempérament intransigeant et ambitieux.
Mais il n'aurait jamais soupçonné Scarlet d'en être une.
"Vous étiez au courant ? " souffla Reeve.
Rufus secoua la tête.
Il ne l'avait même pas vu. Est-ce que le Président avait dit à Scarlet qui il était ? Est-ce qu'il lui avait appris à ne pas révéler ses pensées ?
Voilà où ça menait de trop s'économiser, même un télépathe arrivait à rater des informations.
"Illégitime, bien sûr, " soupira Scarlet alors que l'armure faisait un pas vers les deux hommes, "vous savez comment était Cher Papa."
"Prompt à semer ses enfants, beaucoup moins à s'occuper d'eux," déclara Rufus, cherchant une issue du regard.
"Oh que non. Cher Papa n'avait que faire de filles. Et encore moins de bâtarde à moitié Al Bhed."
Ah.
Ça expliquait… beaucoup de choses sur les compétences d'ingénierie de Scarlet. Elle avait toujours été considérée comme brillante et intelligente, une surdouée de la conception d'armes, ce qui était la raison principale pour laquelle elle avait acquis une telle place au conseil des directeurs.
"J'ai dû lutter pour m'extraire du bourbier des Taudis à la force de mes bras," gronda Scarlet, "j'ai dû faire des sacrifices pour arriver à la Shinra, pour me montrer digne de Cher Papa, tu n'as pas idée des horreurs que j'ai pu subir, que j'ai pu commettre..."
L'armure fit un pas en avant, faisant trembler le sol. Dans la salle de commande, Jessie avait empoigné la chaise et tentait de la soulever pour briser une fenêtre. Sans succès.
"Il allait faire de moi son héritière ! Et tu es arrivé ! Tu as tout gâché, des années de travail ! ! Tout ça parce que tu es né avec une queue entre les jambes ! "
"Scarlet attendez, je vais tout vous expliquer," commença Rufus.
Lui et Reeve plongèrent au sol quand une rafale de balles passa juste au-dessus de leurs têtes.
"J'ai été jetée de côté pour un gamin maladif et incompétent ! " hurla Scarlet.
"Tuesti, une idée ? " murmura Rufus en se relevant.
"Scarlet, soyez raisonnable ! " s'interposa Reeve, "si vous nous tuez, vous aurez Avalanche sur le dos ! "
"Oh, ne vous en faites pas, Directeur, je m'arrangerais pour qu'ils pensent que ce laboratoire a été victime d'une attaque d'Hojo. J'en serais la seule survivante," ajouta-t-elle d'un ton peiné.
"Elle est folle," réalisa Reeve.
"C'est le pire, elle est très cohérente," rétorqua Rufus.
Et Scarlet le prouva en déroulant un câble dans le cockpit avant de planter rageusement une extrémité dans sa tempe. Elle poussa un cri de douleur auquel toutes les machines dans le laboratoire semblèrent réagir, se dressant toutes autant que leur mobilité le permettait.
Reeve se tourna en direction d'un bruit de pas, regardant un robot ramper vers eux, similaire à celui qui avait explosé dans son bureau, quelques mois plus tôt.
Il espérait ardemment que celui-ci n'était pas chargé.
À moins que…
Oui, il avait un plan.
Il attrapa le robot par le milieu du dos et la bombe télécommandée se désactiva brutalement.
"Courrez vers l'autre armure ! " ordonna Reeve en montrant l'autre armure inachevée.
"C'est… votre idée ? "
"Je n'ai pas dit que c'était une bonne ! " s'exclama Reeve en traînant le président par le bras.
"Revenez ici ! " s'exclama Scarlet, dirigeant les canons de son armure vers eux.
Reeve poussa le président en avant, se tourna vers elle et, d'un geste aussi précis qu'il put, jeta la bombe dans sa direction.
Il était nul en lancé. Lors de la compétition mensuelle du lancer de couteau de Seventh Heaven, il était avant dernier, malgré les efforts de Yuffie pour lui apprendre à faire mieux.
Mais l'avantage d'utiliser un robot comme projectile, c'est que celui-ci, touchant l'armure, se réactiva aussitôt et commença à escalader le cockpit, tentant de rejoindre Scarlet qui poussa un cri aussi horrifié que s'il s'était s'agit d'un serpent.
"Qu'est-ce que... recule ! Arrière ! Mais pourquoi tu n'obéis pas ? ! " hurla la blonde à l'intention de la bombe qui continuait son ascension sans prêter attention à ses ordres.
Reeve en profita pour déguerpir vers l'autre armure, rejoignant Rufus qui tentait de monter dedans.
"Non, non, allez-vous cacher, je m'en charge ! "
"Vous savez piloter ça ? "
"Non, mais j'apprends vite ! " rétorqua Reeve en posant ses mains sur la carrosserie.
Un bruit de verre brisé fit sursauter Rufus qui se tourna vers le poste de commande.
Visiblement Jessie avait décidé que la tour de l'ordinateur serait plus utile comme bélier et avait réussi à fracasser la vitre de la porte avec.
"Allez aider Jessie, je me charge de Scarlet ! "
Rufus n'avait d'autre choix qu'obéir. Il se précipita vers le poste de commande au moment où Scarlet attrapait le robot bombe à mains nues pour le jeter par-dessus bord.
"Tuesti qu'est-ce que tu… NON ! Ne touche pas à ça ! "
Il y eut une rafale de balles et Rufus plongea au sol, réalisant un peu tard qu'il n'était pas la cible.
Reeve était au sol, effondré au pied de l'armure.
"Non ! " hurla Jessie, essayant d'ouvrir la porte de la salle de commande en glissant le bras à l'extérieur par le trou dans la vitre.
Rufus se leva, trébuchant à moitié et se précipita vers Jessie mais la jeune fille lui fit signe que non, montrant Scarlet derrière lui.
"Non ! Elle va vous…"
Rufus entendit un grand fracas et tourna la tête pour jeter un regard par-dessus son épaule.
L'armure inachevée s'était levée, avait franchi la distance entre Scarlet et elle en quelques pas et, avec une agilité que n'avait pas Crimson Mare, lui asséna un formidable coup de poing en plein torse, tordant la forme du cockpit.
Scarlet poussa un hurlement de peur.
Quoiqu'il se passe, c'était le moment d'en profiter.
Rufus déverrouilla la porte, l'ouvrit et entraîna Jessie par la main.
"Qu'est-ce qui se passe ? " glapit Jessie.
"Je me poserais la question plus tard ! " rétorqua-t-il en retournant vers Reeve.
Il s'agenouilla près de lui, craignant le pire mais…
Il n'avait rien. Pas une seule égratignure. Il semblait juste très profondément endormi.
Si profondément que Rufus ne sentait même plus sa présence.
"Oh, ça recommence," gémit Jessie.
"Qu'est-ce qu'il a ? "
"Euh…" commença la jeune fille avant que le bruit de combat ne s'intensifie entre les deux armures, lui coupant la parole.
L'inachevée tentait de saisir Scarlet et de l'arracher du cockpit, mais la directrice de l'armement déchargeait une à une ses armes contre l'armure, regroupant les autres machines autour d'eux pour tenter de faire lâcher l'autre.
"Je vais BUTER cette pouffe ! " s'exclama Jessie en cherchant une arme du regard.
"Permettez ? " grommela Rufus, "moi d'abord."
Il fallait qu'il en profite pendant que Scarlet était préoccupée.
Rufus ferma les yeux, inspirant profondément.
Quand il les rouvrit, ils avaient la même couleur que ceux d'Umbra.
Oh que c'était douloureux. Sans Umbra pour l'aider à se concentrer et le protéger des pensées autour de lui, il sentait tout.
L'inquiétude de Jessie.
La terreur de Scarlet, sa détermination dans la moindre des machines autour d'elle.
Et la présence dans l'armure inachevée qui lui échappait aussi sûrement que l'esprit de Tuesti.
Ah.
Il y penserait plus tard.
Il plongea dans la tête de Scarlet.
Elle n'avait pas menti.
Elle avait subi des horreurs à grandir, bâtarde, Al Bhed et fille de prostituée dans les Taudis.
Mais elle en avait commis aussi.
Elle avait tué, manipulé, elle avait comploté avec et contre son père…
Quel gâchis.
S'il avait su dès le début… Est-ce qu'il aurait pu la mettre dans la confidence ? S'il n'avait pas été aussi révulsé par sa vie sexuelle au point de ne pas vouloir lire ses pensées ?
Est-ce qu'elle aurait pu être une alliée ?
C'était trop tard.
Et il n'avait pas le temps... Il ne pouvait pas la changer en profondeur, changer ses pensées, ses convictions, ce qu'elle était.
Ça prendrait une force qu'il n'avait pas et chaque seconde dans sa tête pouvait lui coûter la vie.
Il frappa.
Jessie qui tenait le corps du Président contre elle, vit soudain Scarlet s'affaisser sans un cri.
Les machines stoppèrent toutes, certaines, comme Crimson Mare, tombant à la renverse, tandis que l'armure inachevée reculait d'un pas, comme surprise. Dans ses bras, le Président sursauta, laissant échapper un petit gargouillis avant de tousser du sang.
"Président ? "
"Oh… Plus jamais," gémit-t-il, portant la main à son visage.
Il saignait des yeux, du nez, des oreilles. Tseng allait lui jeter un regard désapprobateur. Au moins.
"Qu'est-ce que je dois faire ? ! " paniqua Jessie.
"Il faut... partir. Avant qu'elle… se réveille…"
"Vous pourrez marcher ? "
"Occupez-vous… de Tuesti." balbutia Rufus avant de lever les yeux quand le sol trembla.
L'armure inachevée se tenait devant eux. Elle avait subi les assauts de Scarlet à bout portant. il y avait de nombreux impacts de balles, de missiles sur son torse, sa carrosserie était tordue, voire arrachée par endroit.
Et elle se penchait vers eux.
"Jessie, courrez ! " ordonna Rufus en tentant d'écarter la jeune fille.
"Par où ? ! ! "
La grande main de l'armure descendit vers le corps de Reeve et Jessie tenta de la repousser des deux mains, vite imitée par Rufus.
"Non ! Ne le touche pas ! "
Sans l'écouter, l'armure continua son geste, jusqu'à effleurer le front de Reeve d'un de ses énormes doigts de métal.
Il se réveilla avec un sursaut.
L'armure se figea au-dessus d'eux.
"Reeve ? " murmura Jessie d'une petite voix.
"Hu… Jessie ? " répondit Reeve d'un ton perdu.
Il s'assit, aidé par Jessie et le Président qui fit de son mieux, les mains tremblantes sous l'effort. Voyant l'état du jeune homme, Reeve lui proposa immédiatement la pochette de son costume pour éponger son nez.
"Que vous-est-il arrivé ? ! "
"Surcharge… magique..."
"Oh, Ixion, mettez-vous en position latérale de sécurité ! " protesta Reeve.
"Occupez-vous... Scarlet, elle peut se réveiller... à tout moment."
"Je m'en charge," grogna Jessie en se levant, défaisant sa ceinture, avant de se diriger vers Crimson Mare.
"Qu'avez-vous fait ? " demanda Reeve en aidant le Président à s'allonger.
"Je pourrais vous poser la même question. Vous étiez dans l'armure…"
Reeve fit une petite grimace fautive et jeta un regard à l'armure au-dessus d'eux avant de se gratter la nuque d'un air embarrassé.
"Comment avez-vous fait ? "
"Il se trouve, Monsieur, que… je suis en quelque sorte... partiellement Al Bhed[1]."
Le regard du Président s'éclaira sous le coup de la compréhension.
"Oh. Oh, je comprends... Les spirales ne se voient pas avec vos yeux sombres…"
"Vous comprendrez aisément que je n'ai pas mentionné ce fait quand j'ai été recruté, n'est-ce pas ? "
"En effet."
Une explosion à l'entrée du laboratoire les fit sursauter, Reeve attrapa le Président par le bras, prêt à le mettre debout, mais ce furent Reno et Tseng qui entrèrent, suivi de quelques-uns des jeunes SOLDATS qui avaient été libérés du dortoir.
"Président ? ! " appela Tseng.
"Ici ! " Répondit Reeve, "appelez des secouristes, le Président est blessé."
"Qu'est-ce qui s'est passé ici, bordel ? " s'exclama Reno en voyant la dévastation dans le laboratoire.
"Hey, Reno, attrape ! " lança Jessie du haut de Crimson Mare.
Reno eut tout juste le temps de lâcher sa matraque électrique qu'il recevait une Scarlet inconsciente dans les bras.
"Mettez là aux arrêts," ordonna Rufus d'un ton fatigué pendant que Tseng s'agenouillait près de lui, l'auscultant rapidement, "une cellule sans électronique."
"Est-elle avec Hojo ? " s'enquit le chef des Turks.
"Non. Je vous expliquerais Tseng," soupira Rufus avant d'appuyer le front sur la main du Turk.
"Nous allons vous évacuer, Monsieur."
Rufus s'apprêtait à protester mais…
Il n'arrivait même pas à se lever. Il espérait que ce serait temporaire, ce n'était vraiment pas le moment d'apparaître comme faible aux yeux du reste du monde.
S'il survivait déjà à la nuit qui s'annonçait.
"D'accord… Trouvez… trouvez vite un terminal qui fonctionne... pour que Jessie puisse reprendre sa tâche."
"Ne la laissez pas seule ! " renchérit Reeve.
Pendant que Jessie repartait à la recherche d'un ordinateur fonctionnel, un SOLDAT aux basques, Tseng donna les premiers soins au Président et Reeve se laissa tomber assis, massant son épaule.
Note à lui-même, ne plus prendre de dégât quand il était dans un autre corps que le sien. Il avait l'impression de sentir encore les chocs de la bataille sur sa peau alors que seule l'armure avait été touchée.
"Vous savez le pire, Tuesti ? " murmura soudain le Président, pendant que Tseng vérifiait ses pupilles.
"Non, Monsieur ? " répondit le brun, rajustant sa cravate comme il pouvait.
"Dès que le Professeur sera mort et que le monde rentrera dans l'ordre… je compte démissionner. Quitter la Shinra et Midgar. Ne garder que de quoi vivre jusqu'à la fin de mes jours."
Tseng ne devait pas être au courant, vu la façon dont il dévisagea le Président.
"Et je cherchais quelqu'un pour me succéder, vu que je n'ai pas l'intention d'avoir d'enfants."
"Vous… pensiez à Scarlet ? " comprit Reeve.
"Pourquoi pas ? Enfin… je l'envisageais. Avant…" reprit Rufus en désignant les machines inactives derrière eux.
Reeve jeta un regard par-dessus son épaule et hocha la tête.
"Je pense que vous devriez reconsidérer vos options, Monsieur."
"Mauvaise nouvelle, vous êtes la dernière option disponible."
"Reconsidérez encore," répéta Reeve.


Kefka sursauta quand quelque chose atterrit près de lui, soulevant un nuage de la poussière du sol aride des plaines de Midgar
Les deux triplés bondirent sur leurs pieds, sortant leurs armes et les pointant sur l'intrus.
Qui s'avéra être Ansem.
Ansem en très mauvais état, encore pire que le mois dernier, et pourtant, Kefka avait rarement vu Ansem blessé.
"Ça va, Sorcier de mon Cœur ? "
À plat ventre sur la terre des plaines, secoué par une toux tonitruante, vomissant de l'eau en grande quantité, Ansem ne lui signifia même pas d'aller se faire voir et Kefka approcha prudemment, observant son état.
Il y avait une seconde tête qui sortait de son dos, noire, cornue, des yeux dorés lumineux. Deux bras déformés s'agitaient faiblement, peu à peu absorbés par le corps d'Ansem.
Si c'était la limite d'Ansem, il n'avait pas tiré le bon numéro, ça ressemblait plus à des morceaux de makonoïde qu'aux ailes des Remnants.
Aw, pauvre sorcier… Lui qui était si fier d'être le plus puissant des Remnants...
"Qu'est-ce qui t'es arrivé, Sorcier Chéri ? " demanda Kefka d'un ton moqueur en s'accroupissant près de lui.
"Va te faire foutre," rétorqua la tête supplémentaire.
Avec un cri de douleur, Ansem se retourna, écrasant sa seconde tête contre le sol avant de porter les mains à sa gorge, soignant ses blessures
Ouuuuuch, ça avait dû faire mal. Quelqu'un avait essayé de l'étrangler on dirait. Avec enthousiasme. Et un garrot.
"Qui est-ce que tu t'es mis à dos cette fois ? Le Turk ? " demanda Kefka en lui écartant un doigt pour admirer la blessure.
"T'étais passé OÙ ? " gronda Ansem d'une voix rauque.
"Je me frittais au rebut d'expérience n°2 pendant que tu te tapais son frère," rétorqua Kefka en se relevant, grimaçant légèrement de ses propres blessures.
"Aussi incompétent l'un que l'autre," déclara Yazoo en rangeant son arme.
Autant Kefka aurait aimé lui faire ravaler ses paroles, Yazoo était beaucoup trop dangereux pour ça. Il restait toujours d'un calme irréel, presque aussi inexpressif que Séphiroth (enfin le Séphiroth d'avant) jusqu'au moment où quelque chose titillait sa curiosité ou son attention.
Et ce n'était généralement pas une bonne nouvelle pour le quelque chose en question.
"Le corps de Mère," reprit Ansem en se relevant, frottant sa gorge. "Où est-il ? "
"Leur lion l'a détruit," répondit Yazoo.
"Et vous l'avez laissé faire ? ! ! " s'exclama Ansem.
L'arme de Yazoo se glissa sous sa gorge toute neuve et il se redressa sans un mot, s'écartant comme il pouvait sans laisser voir sa peur.
"Kadaj a été blessé," se contenta de répondre Yazoo de sa voix douce.
"Et tu peux parler, tu as laissé l'autre déguerpir avec Riku…" ajouta Kefka.
"Ça suffit, les enfants," s'éleva une voix douce, mais autoritaire.
Les trois Remnants s'écartèrent les uns des autres, se tournant vers le quatrième qui fixait Midgar au loin.
Leur cachette n'en avait que le nom, c'était un simple promontoire rocheux qu'ils occupaient chaque fois qu'ils préparaient une excursion dans la joyeuse cité de Midgar, mais il n'y avait pas suffisamment de rondes de sécurité autour de la ville pour les débusquer.
Kadaj regardait la ville. Une mince colonne de fumée s'élevait du haut de la Tour Shinra, témoignant des dégâts qu'elle avait subi. Maintenant que le corps du spécimen ne s'y trouvait plus, peut-être qu'ils pourraient la dynamiter une bonne fois pour toute.
Avant que Kefka ait put le suggérer, Kadaj se tourna vers eux.
Ses yeux étaient dorés, la pupille fendue et dilatée.
"Mère," murmura Yazoo d'une voix chaleureuse.
"Mère," renchérit Ansem.
Kefka ne comprenait pas vraiment la fixette que faisaient les autres Remnants sur leur mère. Elle ne l'était même pas.
C'était la déesse Sophia, celle dont il avait volé les pouvoirs dans sa précédente incarnation, des millénaires plus tôt.
Et il le referait. Il savait où se trouvait Séphirot[2] le démiurge, réincarné lui aussi, il ne manquait que le démon Zurvan et il pourrait de nouveau retrouver ses pouvoirs de Dieu de la Magie.
Et abandonner Hojo et ses minables ambitions scientifiques.
La déesse approcha en le fixant de son regard inhumain et Kefka sursauta, la saluant bien bas. Parfois, il se demandait si elle ne lisait pas son esprit…
"Nous n'avons pas le temps pour les disputes intestines. Il faut retrouver l'enfant. S'il survit… Notre propre vie est en danger."
"Vous ne pouvez pas obliger Strife à nous rejoindre ? " s'étonna Ansem.
"Il arrive. Il nous rejoindra bientôt. Pour l'instant, soigne-toi mon enfant. Assure-toi que tes frères puissent se battre à nouveau et préparez-vous. Dès que l'enfant sera mort, nous irons chercher Séphiroth. Nous reprendrons votre frère."


Cid avait vu les vidéos des attaques de Séphiroth des douze dernières années. C'était toujours la même chose, le même déroulement.
Séphiroth arrivait soudain au milieu des monstres, marchant d'un pas calme et lent, et détruisait tout sur son passage, allant en ligne droite jusqu'à son but avant d'opérer un demi-tour et revenir sur ses pas.
Il n'y avait ni tactique, ni formation, ni même un semblant de réflexion.
Rien ne l'arrêtait.
Rien ne pouvait l'arrêter.
Et effectivement, quand ils combattirent côte à côte dans l'étage d'entrainement des SOLDATs, il réalisa que ce n'était plus pareil.
Séphiroth était un redoutable guerrier au corps à corps, certes, mais apparemment, son expérience à Wutaï lui avait appris des techniques de guérilla qui étaient foutrement efficaces.
Le coup de diviser les groupes d'ennemis à coups de murs de glace, il faudrait qu'il le suggère à Barret.
Et ça avait le double avantage de séparer les premières classes des autres SOLDATs réfugiés dans les salles d'entraînement virtuelles.
"Doucement le plafond ! " déclara Cid quand un des murs défonça le faux plafond de l'étage.
"Je manque de maîtrise," grommela Séphiroth en intervertissant deux matérias sur l'épée de Cloud, "c'est quoi ça ? " ajouta-t-il en montrant une matéria jaune.
"Putain, pas la moindre idée, je suis une brêle en magie," rétorqua Cid, "Zack, la matéria jaune sur l'épée de Cloud, c'est quoi ? "
/Attaque double ! / répondit le jeune homme dans le module.
"Parfait," déclara Séphiroth en la remettant.
/Avez-vous besoin d'un coup de main ? / ajouta Barret.
Cid s'apprêtait à répondre quand Séphiroth se retourna, maniant la buster sword de Cloud d'une main.
Le SOLDAT qui arrivait en face se prit deux fois un coup du plat de l'épée, et celui d'après un coup de poing qui les rendit tous deux inconscients.
"Pour l'instant, on gère," finit par déclarer Cid.
/Est-ce que Cloud est de votre côté ? / ajouta Zack d'un ton anxieux.
"Désolé," répondit Cid, "pas vu."
"Que se passe-t-il ? " demanda Séphiroth en revenant, traînant les armes de ses adversaires après lui.
"Cloud a disparu, tout le monde le cherche."
"Et Riku ? "
/Avec lui,/ répondit Vincent.
Cid détestait quand les augmentés papotaient entre eux sans même faire semblant de ne pas écouter à son module. Séphiroth fronça les sourcils, surveillant nerveusement leurs environs.
"Il faut finir ça vite," finit-t-il par déclarer.
"Tu ne peux pas utiliser ta magie ? " suggéra Cid.
"Je ne contrôle RIEN," rétorqua Séphiroth en désignant les dégâts au plafond, "je ne veux pas les tuer par accident ! "
Putain, il était vraiment différent de l'idée que tout le monde se faisait de lui.
/Jessie de retour en visuel ! / claironna la jeune fille.
"T'étais OÙ ? ! " s'exclama Cid.
/On a eu un léger contretemps avec Scarlet,/ répondit Jessie, /mais j'ai à nouveau le contrôle des caméras et c'est pas jojo./
"À quel point ? "
/Grim est en train d'injecter tous les SOLDATs dans les salles d'entraînement virtuel./
Séphiroth soupira et lâcha les armes confisquées pour se libérer les mains.
"Je me charge des SOLDATs première classe, essayez d'aller les aider avec les secondes et troisièmes classes."
/Cid, Vincent et moi descendons vous aider, essayez d'attendre ! /
Tiens, pour une fois, Séphiroth n'écoutait pas la conversation privée, nota Cid en le voyant se précipiter dans le labyrinthe de glace.
"Trop tard, Séph est reparti ! "
/On arrive, tiens le coup ! /
"Je suis pas en sucre ! " protesta Cid.
Un des murs de glace près de lui explosa et il se projeta par réflexe à l'autre extrémité du couloir où il se tenait, retombant planté sur ses pieds, sa lance en avant.
Merde.
Basch.
/Barret, faites vite ! Basch vient de tomber sur Cid ! / lança Jessie.
Le SOLDAT se tourna vers Cid qui frissonna devant ses yeux gris acier et fendus. Après des mois de cohabitation avec un ex-Turk augmenté à la mako, Cid commençait à s'habituer aux yeux lumineux, mais ces pupilles fendues…
Nope. Il ne s'y faisait pas.
Il vit Basch lever son épée et faire un pas en avant, s'apprêtant à embrocher le dragoon.
Là. Il le voyait encore.
Cid fit un simple pas en arrière et l'épée stoppa largement devant lui.
Il plissa les yeux.
Comme avec Riku.
Comme avec Séphiroth quand son épée avait été brisée.
Les possédés agissaient comme s'ils avaient une plus grande allonge que leurs armes leur donnait.
Mais cette fois, c'était Cid qui avait l'arme la plus longue[3].
Il planta la lame de sa lance dans le pied de Basch, traversant la botte, le pied, la semelle et la ficha solidement dans le sol. Puis, profitant que l'élan du SOLDAT était stoppé net, il lâcha son arme, attrapa Basch par le poignet qui tenait l'épée et asséna un formidable coup de poing de l'autre.
Basch tituba.
Et se redressa.
"Putain d'augmenté," marmonna Cid avant de lui remettre un pain.
Enfin, le Capitaine des SOLDATs tomba à la renverse, KO pour le coup. Cid arracha son arme du pied de son ami avec une petite grimace.
"Désolé, Basch."
/Wow, Cid ! C'était classe ! / s'exclama Jessie.
"Merci Jessie," répondit Cid en faisant bouger ses phalanges endolories.
Ouch, est-ce que la mako renforçait aussi les os ?
"On en est où ? "
/Le Général vient d'en assommer deux autres premières… Non trois ! Il en reste encore deux valides ! /
"Séph ! Tu te charges des deux derniers ? ! " lança Cid à pleins poumons.
Il y eut le crépitement caractéristique d'un sort de foudre et les fusibles de l'étage sautèrent.
Puis Cid entendit un grand fracas, un cri de douleur et à nouveau la voix du Général.
"Je suis dessus ! " reprit Séphiroth, "je cherche le dernier."
/J'essaye de rallumer la lumière ! / ajouta Jessie.
"Je file aider les autres ! " ajouta Cid en se dirigeant vers le mur de glace qui le séparait du reste des SOLDATs.


C'était la fin. Roche était acculé, dos au mur de glace qui était apparu quelques minutes plus tôt, il n'avait même plus assez d'espace pour esquiver la prochaine attaque.
Il pourrait avoir la fierté de dire qu'il s'était battu jusqu'au bout.
Il leva son arme, serrant les dents et jeta un regard déterminé au lieutenant Azelas.
Il était prêt pour le baroud d'honneur.
Qu'il rende Phénix fière de lui et qu'Elle le relève un jour pour se battre à Ses côtés.
Le mur explosa derrière lui, le projetant au sol et bombardant le lieutenant Azelas de gros fragments de glace.
Roche soutiendra jusqu'à la fin de ses jours qu'il n'avait pas poussé un cri de pucelle outragé.
Ça avait été un cri de surprise très viril, merci.
Le Capitaine Highwind passa par l'ouverture libérée et jeta un regard autour de lui avant de voir Vossler se relever, sonné. Il se précipita vers lui, levant la main pour la poser sur son épaule.
"Merde, Voss, désolé je…"
"Attention, il est possédé ! " s'exclama Roche en se hissant sur ses coudes, reprenant son épée tombée devant lui.
Le Plomb sursauta, vit Vossler lever son arme vers lui.
Et donna un coup de pied dans sa hanche.
Il y eut un craquement sinistre.
Roche abattit le pommeau de son épée sur le crâne de son supérieur.
Vossler tomba comme un arbre mort.
"Oh, merde," murmura le plomb en s'agenouillant, vérifiant les signes vitaux de Vossler, "il va m'en vouloir sur ce coup."
"Merci, Capitaine," murmura Roche.
"De rien, y'a a d'autres ? "
"Quelques-uns, seulement des secondes et troisièmes, les premières classes…"
"S... mon équipier s'en charge… Elena n'était pas avec vous ? "
"Elle est partie empêcher Grim de… oh, par Phénix et ses plumes de cul, elle va se faire tuer ! " s'exclama Roche avant de partir en courant dans une direction, plantant Cid au milieu du couloir.


C'était un massacre.
Grim avait réussi à injecter quoi que soit la drogue qu'il avait à quelques autres SOLDATs et les combats avaient repris, directement dans les salles d'entrainements.
"Essayez de vous rassembler dans une salle ! " ordonna Elena avant de tirer dans la jambe d'un possédé qui ne fit que tituber et se tourna vers elle.
Ah, elle avait attiré son attention. Heureusement, un SOLDAT encore libre d'esprit arriva à le désarmer et lui asséner un coup du plat de l'épée qui l'assomma pour le coup.
"Elena, bordel, tu es la plus cassable de nous tous, vas te planquer ! " ordonna-t-il.
Quand tout ça sera fini, elle aura quelques mots à échanger avec les SOLDATs au sujet du machisme qui sévissait au sein de leur organisation.
Même si elle devait admettre qu'il n'avait pas tort. Elle n'était pas augmentée, si elle prenait une seule gifle d'un troisième classe, elle était bonne pour une commotion cérébrale.
Et une nuque brisée à partir de la baffe de seconde classe.
Elle recula quand deux possédés attaquèrent son sauveur et entra précipitamment dans une des salles d'entraînement, s'agenouillant derrière un des pupitres de réalités virtuelle le temps de recharger.
Tseng avait dit que le Général et le Capitaine Highwind arrivaient, où étaient-ils ?
Est ce qu'ils avaient réussi à survivre aux premières classes ?
Bon sang, elle avait déjà eu des missions agitées depuis qu'elle était Turk, mais ça n'était pas pareil.
Elle avait bu des verres avec certains des possédés.
Elle s'était chamaillée avec eux.
Elle était sortie deux mois avec Roche.
Tseng et Fon Ronsenburg avait beau lui reprocher de trop fraterniser avec les SOLDATs, elle ne pouvait pas s'en empêcher.
C'était ses amis.
Elle entendit la porte de la salle se fermer.
"Elena Chérie ? " appela soudain une voix connue.
"Pas ta chérie," rétorqua Elena d'un ton venimeux avant de se redresser, canardant par-dessus le pupitre.
Grim esquiva aisément, plus rapide qu'un seconde classe ne devrait l'être.
Elle replongea derrière le pupitre, fouillant ses poches.
Plus de munitions. Il ne lui restait que son couteau, sa limite et…
Et le toutou.
Elle lâcha son arme et ferma les yeux, essayant de se calmer le plus possible, cherchant la présence dans sa tête.
Elle ne l'avait presque jamais fait depuis que son père avait accompli la cérémonie, quand elle était devenue Turk. Elle avait tellement plus d'affinité avec la magie de glace que le toutou, étant un être de feu, refusait d'apparaître la moitié du temps.
"Allez, s'il te plait, coopère cette fois…" murmura-t-elle, essayant de réveiller la créature.
"Qui donc, Chérie ? "
Elle sursauta et manqua de perdre le contact, mais parvint à s'agripper mentalement à la conscience qui s'éveillait peu à peu.
Grim était appuyé au pupitre au bout de la rangée, d'un geste aussi désinvolte et charmeur qu'il le faisait habituellement quand il tentait d'obtenir un rencart.
Il avait l'air tellement normal.
Il était toujours le même, avec ses cheveux bruns en queue de cheval, son sourire canaille, ses yeux dorés brillant de mako...
Est-ce qu'il était un Remnant ?
Un numéroté ?
Un parasite qui avait tourné du mauvais côté ?
Elena se releva en tremblant, sortant son couteau de sa manche d'un geste.
"Allez ma belle, je vais te faire une fleur," reprit Grim en approchant d'elle.
Elena tenta de le poignarder mais Grim lui attrapa le poignet et le tourna violemment, l'obligeant à lâcher son couteau avant de la plaquer sur le mur. La jeune Turk eut le souffle coupé en heurtant le mur et tomba à genoux, laissant échapper un cri de douleur. Elle aurait de la chance si ce n'était pas cassé.
"Je ne vais pas te mettre ça," murmura Grim à son oreille, posant l'injecteur au sol à côté d'eux, "tu vas revenir avec moi à Sin."
Elena avait lu le rapport sur ce qui arrivait aux femmes là-bas.
Elle préférait mourir.
"Tu resteras avec moi," murmura Grim en déposant un baiser dans son cou, "je m'occuperais de toi…"
Correction : Elle préférait encore mourir plutôt que ça.
Et du fond de sa conscience, elle sentit le toutou réagir à sa colère.
Il arrivait.
"Toutou, par le pacte qui nous lie, ramène ta queue ! ! "
Grim cligna des yeux, surpris du brusque éclat de voix de la jeune femme.
Un sigle lumineux se traça sur le mur autour d'Elena.
Le SOLDAT regarda le sigle.
Regarda la petite blonde.
"Putain, t'es une invokeuse[4] ? ! ! " s'écria-t-il en se levant rapidement, dégainant son épée.
Un long bras couvert de fourrure rousse sortit du sigle, passant à un cheveu d'Elena, ses longues griffes sombres tranchant net le bras du SOLDAT renégat avant qu'il puisse brandir son arme. Avec un hurlement de douleur, Grim s'écarta de son agresseur, à temps pour le voir s'extraire de son sigle entièrement, ramassant délicatement Elena de son autre bras, l'asseyant dessus.
Toutou ? gronda l'ifrit d'un ton vaguement vexé, j'aimerais que ton père et toi arrêtiez de m'appeler comme ça…
"Tu as horreur des ronds de jambes," rétorqua Elena avec un sourire soulagé, s'accrochant au collier de l'aéon de sa main intacte.
Il y a un monde ou deux entre les ronds de jambes et la politesse dont vous... Il t'a brutalisé ? s'enquit la créature en voyant son bras pendre.
"Je te dirais bien de l'épargner pour qu'on puisse l'interroger mais…"
Si j'étais subtil, ça se saurait, rétorqua l'ifrit en posant Elena, éloigne-toi de quelques pas, chaton, je m'en charge.
Elena obéit avec une célérité qui aurait rendu Tseng envieux. Grim tenta de l'intercepter pour la prendre en otage, mais l'ifrit était grand, rapide et visiblement mécontent qu'Elena ait été blessée. Il fut sur le SOLDAT brun en deux pas.
Sa grande main se referma sur le crâne de Grim au troisième.
Le feu se déchaîna.


"Elena ! " appela Roche, poussant sur son épée glissée dans la porte en guise de levier. "tiens bon, j'arrive ! "
"ON arrive ! " corrigea un autre troisième classe, tirant la porte à mains nues.
"Je vais butter Grim ! " ajouta un seconde classe," pour une fois qu'on a une Turk sympa et mignonne ! "
La résistance de la porte céda sous la force des trois SOLDATS et celle-ci s'ouvrit, les laissant entrer.
Ils virent juste la silhouette d'un ifrit penché sur Elena et dans un souffle, l'invocation disparu, non sans leur jeter un regard méfiant.
"Les couilles de Ramuh et sa barbe par-dessus," murmura le seconde classe.
"Elena ! " lança Roche en tombant à genoux près d'elle, "tu es blessée ? "
"Poignet cassé, je crois," répondit Elena, déjà en train de construire un cocon de glace autour de sa blessure, "Vossler ? "
"Le Capitaine Highwind s'est chargé de lui," répondit l'autre troisième classe, "d'où tu as un ifrit ? ! "
"Mon père m'a donnée une matéria quand je suis devenue Turk," répondit Elena.
"Putain de cadeau," marmonna le seconde classe, penché sur le cadavre de Grim.
La tête du traître était réduite à un petit morceau d'os carbonisé et fumait même encore un peu
"J'étais un peu en colère," admit Elena.
"Je croyais que c'était la glace ta magie de prédilection," s'étonna Roche en aidant Elena à se relever.
"Ouais, c'est pour ça que le toutou n'est pas très puissant quand je l'invoque."
Les trois SOLDATs revirent leur évaluation de la jeune Turk à la hausse.
Elle passa de 'joli petit lot à mater' à 'joli petit lot qui sait tabasser.
"On en est où ? "
"Le Général et le capitaine Highwind sont en train de maîtriser les derniers possédés," expliqua le seconde classe. "Par hasard, tu aurais pas une matéria temporelle qu'on fige tous les infectés le temps qu'on leur remette la gueule à l'endroit ? "
"Si," répondit Elena en désengageant sa matéria temporelle de son collier pour la leur tendre, "prenez là, je crois que je ne pourrais pas lancer de sort pour une semaine."
"Je peux t'évacuer, maintenant ? " demanda Roche en sentant Elena s'appuyer de plus en plus contre lui.
"Évite juste de me porter comme un sac à patate cette fois," maugréa la jeune Turk.


"Que s'est-il passé ? " demanda Séphiroth en voyant un jeune SOLDAT troisième classe transporter Elena façon princesse.
"Je vais bien," marmonna Elena en agitant sa main intacte.
"Mon cul, oui," rétorqua le SOLDAT.
"Elle a réussi à tuer le traître, mais elle a été blessée," répondit le seconde classe qui venait d'amener une matéria temporelle à Séphiroth.
"Putain, Vincent va la tuer," commenta Cid.
"Vin… Valentine ? Pourquoi ? " s'enquit Séphiroth en insérant la matéria dans un orifice de porte, pendant que les SOLDATs achevaient de rassembler les possédés inconscients dans la pièce qu'elle ouvrait.
"Ils sont plus ou moins amis… à la Turk," répondit Cid, appuyé sur sa lance.
"A la… Ils sont amants ? " crut comprendre Séphiroth.
Cid cligna des yeux, surpris avant de ricaner.
"Ah non, non… C'est… plus comme avec Yuffie. Vincent a tendance à adopter les gamines en manque de grand frère."
/Et ça fait bisquer Tseng,/ ajouta joyeusement Jessie.
Bien. Au moins, Séphiroth pouvait être rassuré sur un point : Son père n'était pas en train de courir les jeunes filles du tiers de son âge.
Sur ce coup, il faisait mieux que le Président Shinra.
"Général ! " salua un seconde classe en sortant de la pièce, "nous avons rassemblé les derniers possédés."
"Très bien, je vais lancer le sort, sortez ! "
Il fut rapidement obéi et figea le temps dans la pièce, gardant les possédés en place le temps qu'on puisse s'occuper d'eux et de leurs blessures.
"Jessie," reprit Cid en portant la main à son module, "les possédés sont maîtrisés. Grim est mort. Est-ce que tu as besoin de Séph et moi ailleurs ? "
Séphiroth secoua la tête d'un air incrédule au surnom. Seul Rufus avait le droit de l'appeler ainsi et c'était surtout une habitude qu'il avait pris enfant, quand il n'arrivait pas encore à prononcer son nom en entier.
/Pour l'instant, non. Rejoignez-nous./
"Et les SOLDATs ? Qu'allons-nous faire d'eux ? " demanda Séphiroth.
"Jessie, prépare un module pour Séph, j'en ai marre d'être un relais de communication," râla Cid avant de transmettre le message.
/On a eu le Professeur Falmis au téléphone, il est en train d'expliquer à Tseng où trouver les doses d'antiviraux et comment les administrer./
Séphiroth ferma les yeux de soulagement avant de réaliser que les deux secondes classe étaient toujours près de lui, au garde à vous.
"Qu'y a-t-il ? "
"Désolé, Général mais… Vous êtes le plus haut gradé encore... euh… conscient… Quels sont les ordres ? " demanda l'un.
Séphiroth resta impassible mais jura intérieurement.
Ça ne lui avait pas manqué.
"Est-ce que la procédure d'évacuation d'un champ de bataille est toujours valide ? "
"Oui, Général."
"Alors appliquez-la. Transportez les blessés aux secouristes puis rejoignez les troopers et mettez-vous à la disposition du directeur Tseng jusqu'à nouvel ordre."
"Oui, Général ! " lancèrent les deux SOLDATs en saluant avant de s'éloigner, se partageant la tâche de prévenir leurs collègues.
Séphiroth se tourna vers Cid qui le regardait avec amusement.
"Général un jour, général toujours, hein ? "
"Je suis le premier surpris qu'ils m'écoutent," admit Séphiroth. "Je… ne suis pas sûr d'avoir combattu avec la moitié d'entre eux."
"Si Basch te fait confiance, ils te feront confiance, amène-toi, on a quelques étages à monter."
/À descendre,/ corrigea Jessie, /on est au 45 ! /
"Je déteste ces putains d'escaliers," grommela Cid.


Quand Séphiroth et Cid arrivèrent enfin dans le nouveau QG temporaire, presque tout le monde était rassemblé. Nanaki était là aussi, laissant Barret poser des pansements sur les lacérations sur son museau. Yuffie se tenait des deux bras à celui de Vincent, Zack était affalé dans un fauteuil, Rude était là aussi, tanguant légèrement pendant que Reno parlait au téléphone, le maintenant debout d'une main sur le haut du bras.
"Oy, Général ! Le Président dit de pas vous inquiéter, un guérisseur s'occupe de lui et Umbra ! "
"Pourquoi est-ce qu'un guérisseur doit s'occuper d'eux ? " s'enquit froidement Séphiroth.
"Parce qu'il est une tête de nœud qui ne sait pas reculer quand il faudrait et qu'elle n'est pas mieux" rétorqua Reno.
Séphiroth cligna lentement des yeux. Il ne pouvait pas contester la remarque de Reno mais il était toujours surpris du respect relatif que le Turk avait pour Rufus.
Jessie débrancha un module de son ordinateur et le tendit à Séphiroth qui le prit aussi délicatement qu'il pouvait avant de l'enfiler sur son oreille, sur les indications de Cid.
"Quelles nouvelles de votre côté ? " demanda Barret en relevant le nez de sa tâche.
"Tous les SOLDATs contaminés sont sous un sort temporel. Les blessés sont évacués, j'ai pris la liberté d'assigner les SOLDATs restants aux ordres du Directeur Tseng," déclara Séphiroth.
"Elena a été blessée," indiqua Cid, "rien de méchant, un SOLDAT l'emmène aux secouristes."
"Quel SOLDAT ? " maugréa Rude.
"Je le connais pas, troisième classe, blond, cheveux longs, à l'air à deux doigts de la demander en mariage…"
"Roche", ronchonnèrent les deux hommes d'une même voix.
"Le corps de Jénova est en cendre," déclara fièrement Nanaki avant de grimacer quand Barret désinfecta une coupure plus profonde.
"Désolé, il faudra des points de suture ou un guérisseur pour celle-là…"
"Je viens d'avoir Aérith," indiqua Reeve en raccrochant. "Elle dit qu'elle arrive mais les trains prennent du retard avec l'alerte."
"Xehanort a disparu de la Tour après son altercation avec Yuffie," ajouta Barret avec un regard désapprobateur à l'adolescente qui grimaça, "et ni les clones, ni Palazzo n'ont été vus."
"Cloud non plus," ajouta Zack, assis sur un fauteuil, l'air abattu et l'épaule en écharpe.
"Qu'est-ce qui t'es arrivé ? " s'alarma Cid en le voyant blessé.
"Transformation avec une plaie ouverte," répondit Vincent, "il va avoir besoin d'un peu plus de dix minutes de repos."
"Trans… quoi ? " répéta Cid.
"Vincent a dit que j'étais un mimi…"
"Un mimic", corrigea Vincent, "c'est… un type de combattant capable de copier les techniques de combat rien qu'en les voyants."
"Si on peut faire ça, pourquoi je suis aussi nul en escrime ? " maugréa Zack en tirant sur ses bandages.
"Ne touche pas. Je t'expliquerai plus tard."
"Au moins, l'attaque des Remnants a été contrecarrée," soupira Reeve en s'appuyant contre le bureau sur lequel Jessie travaillait, visiblement aussi épuisé et échevelé que ses hommes.
Barret jeta un regard calculateur à Séphiroth.
"Peut-être pas. Ils peuvent toujours essayer de capturer Séphiroth. Et Cloud… est toujours sous influence."
Zack se redressa vivement avant de grimacer sous la douleur, mais ce fut Nanaki qui intervint.
"Il m'a parlé avant de disparaître ! Il avait l'air normal, il se demandait ce qui se passait."
"Mais il a utilisé la technique de disparition des Remnants," objecta Barret, "c'est un pouvoir de sorcière, pas de Jénova…"
"S'il est comme Zack, il l'a peut être copié," intervint Vincent.
"Tu penses ? "
"Ça expliquerait comment les jumeaux ont appris à marcher comme moi, comment Zack sait utiliser les techniques de Cid et comment il a pu utiliser ma limite et celle d'Aérith."
"Putain," murmura Zack en réalisant, "comment on va le retrouver ? "
"Il a son PHS ? " demanda Jessie en se tournant vers Zack.
"Euh... Ouais ? " répondit Zack. "tu veux l'appeler ? "
"Non, mais je peux utiliser son PHS pour le trouver."
"Comment ça ? " demanda Barret alors que le regard de Reeve s'illuminait sous la compréhension.
"Si le portable est allumé et que la géolocalisation est activée, on devrait pouvoir le retrouver," expliqua Reno.
Tout le monde se tourna vers lui.
"Vous croyez que je suis devenu second de Tseng juste parce que je sais bien casser des genoux ? " grommela le rouquin.
"Ça c'est moi," marmonna Rude.
"Tu saurais faire ? " demanda Jessie.
"J'ai juste besoin du numéro de Strife."
"Je te le file, pose ton cul là," répondit Jessie en montrant un deuxième ordinateur près d'elle.


Dès que les portes du train s'ouvrirent, les voyageurs entrèrent dans le wagon précipitamment.
Avec l'alerte à la Tour, chacun voulait se dépêcher de retourner chez eux, à l'abri avec leurs familles. Les trains précédents avaient été pris d'assaut et celui-ci n'était plus qu'à moitié vide, aussi personne ne fut blessé quand, au moment où les portes se fermaient, quelqu'un les força d'un coup d'épaule, percutant une barre verticale qu'il manqua de plier en deux sous le choc.
Tous le reconnurent.
Le visage de Cloud Strife était dans les journaux depuis plus d'un an maintenant.
Ils l'avaient tous vu à la télévision lors de son évasion de Sin, pour la fondation d'Avalanche… et quand la mort de Tifa Lockhart et leur combat contre Séphiroth avait été annoncé.
Mais il n'avait pas l'air du jeune homme renfermé et triste que tout le monde était habitué à voir dans les journaux.
Il avait l'air vindicatif.
Agressif.
Il lâcha les jambes de sa charge, serrant le poing.
La petite main de l'adolescent dans ses bras se posa dessus.
"Non," murmura-t-il.
Les autres passagers virent leur protecteur cligner plusieurs fois des yeux, puis jeter un regard abasourdi à son environnement.
"Je… Je suis où ? "
"Express 23 en direction de la gare des Taudis, Secteur 1," répondit un jeune homme, sa petite amie blottie près de lui.
"Oh," fit Cloud avant de baisser les yeux sur Riku.
L'adolescent avait de nouveau les yeux entrouverts, une légère lueur verte en émanant, similaire à un regard mako.
Il avait perdu la couverture à un moment et la peau de Riku était piquetée de chair de poule. La blouse de patient déchirée ne protégeait pas grand-chose du climat de décembre.
"Monsieur Strife ? "
Cloud tourna la tête vers la voix qui l'appelait.
Une mère de famille était debout près de lui, hésitant à toucher son épaule, ses enfants cachés derrière elle.
"Il va bien ? " demanda-t-elle en montrant l'adolescent.
"Je… Je ne sais pas," admit Cloud.
"Est-ce qu'il a besoin d'une potion ? " demanda le jeune homme, un peu plus âgé que Cloud, sa petite amie accrochée à son bras.
"Je…" repris Cloud en baissant les yeux sur Riku. "Il a été blessé…"
Il essaya de le redresser pour montrer la brûlure mais celle-ci avait disparu.
Comment ? Aérith lui avait bien dit qu'elle ne pouvait pas soigner les brûlures…
"Attendez ! " s'exclama la petite amie avant de plonger vers le sac de courses à ses pieds.
Elle sortit un sweater et arracha l'étiquette avant de le tendre à Cloud.
"Mettez-lui ça ! Il va attraper froid."
"Heu, merci…"
"J'ai un jogging propre ! " intervint un autre homme en ouvrant son sac de sport.
"Et moi des chaussettes ! " renchérit la mère de famille en fouillant son sac à main.
"J'ai une potion ! " ajouta une jeune fille plus loin, "c'est une assez faible, mais s'il a besoin…"


Ansem était en train de soigner Kadaj quand le jeune clone se raidit soudain sous ses doigts. Il lui jeta un regard agacé et s'apprêta à lui intimer de se tenir tranquille quand il vit que ses yeux étaient de nouveau dorés.
La main de Kadaj s'abattit sur son épaule et il grimaça sous l'impact et la pression de ses doigts.
"Mère ? "
"Il… m'échappe", grinça la créature.
"Quoi ? "
"Ce maudit enfant… Ce bâtard l'aide…"
Au rythme où ça allait, Ansem serait à court de sorts de soin avant la fin de la nuit.
"Mère, ordonnez et j'obéirai," déclara Yazoo, la main sur son arme.
"Allez dans Midgar. Trouvez votre frère et tuez l'enfant ! "
Yazoo s'inclina et se tourna vers Kefka.
"Allons-y."
"Quoi, comme ça ? Sans tactique ? " protesta Kefka.
"Palazzo, obéit," grinça Yazoo.
"On ne sait même pas s'il est sur ou sous la Plaque ! "
"Il s'enfonce dans la ville de nuit," déclara leur Mère, le regard dirigé vers Midgar.
Kefka soupira longuement d'un air théâtral en baissant les mains vers le sol.
"Très bien, répartissons-nous dans les Taudis, on le trouvera plus facilement que si on se déplace en troupeau."
Leur Mère hocha la tête d'un air sage.
"Ne me décevez pas, mes enfants…"
Sa main se resserra derechef sur l'épaule d'Ansem qui serra les dents de douleur.
"Votre père et moi serions très déçus…"


"Je l'ai ! " s'exclama Reno, "putain je l'ai ! "
"Où est-il ? " demanda Zack en se levant pour regarder par-dessus l'épaule de Reno.
"Secteur 8 ! non… 7 ? " corrigea Reno en fronçant les sourcils, observant le marqueur de position sur la carte. "Il se déplace vite…"
"Il est dans un train," comprit Vincent en déchiffrant la carte lui aussi.
"Jessie, tu peux le trouver comme ça ? "
"S'il a pris le train au secteur 8…" marmonna Jessie… "caméra… Transport Urbain Midgar… Où est-ce qu'ils mettent les flux vidéo ? "
"Où qu'il aille, il redescend dans les Taudis," déclara Vincent en se redressant.
"Il est dans l'Express 23 ! " s'exclama Jessie en affichant la vidéo.
Tout le monde se rassembla derrière elle, observant l'image.
Cloud était assis sur un siège du train, Riku sur les genoux, le tenant pendant que d'autres voyageurs l'habillaient.
"Qu'est-ce qu'ils font ? " marmonna Yuffie.
"Il...n'a pas l'air possédé," nota Cid.
"comment ça ? "
"Ben les possédés agissaient comme des automates, sans expression," répondit le dragoon, "là Cloud a juste l'air…"
Il montra Cloud qui écoutait tour à tour les voyageurs, hochant la tête, aidant à redresser Riku ou le soulever quand un autre voyageur tenta de lui enfiler un jogging trop grand.
"Il a l'air normal," comprit Vincent.
Sur l'écran, une jeune fille essaya de décrocher la main de Riku pour lui enfiler la deuxième manche de son sweat, mais l'adolescent resta cramponné à Cloud et elle dû se résoudre à seulement zipper le bas du vêtement autour de sa taille.
"Jessie," murmura Vincent, "est-ce que tu peux trouver une vidéo du départ de Cloud de la Tour ? "
"Je l'ai ici," répondit Jessie en faisant rouler sa chaise vers un autre moniteur.
Vincent la suivit, Séphiroth sur les talons.
Ils se penchèrent sur le nouvel écran et virent Cloud traverser le Tambour en courant, Riku dans les bras, s'éloignant de la caméra de surveillance. La voix de Nanaki tonna soudain.
/CLOUD ! /
Ils virent Cloud s'arrêter et chercher la voix avant de lever le nez.
/Tu vas bien ? ! "/
/Qu'est ce qui se passe ? ! /
/Les Remnants t'ont inj… Derrière toi ! /
Ansem apparut dans un nuage de fumée noire pendant que Cloud se tournait, Riku cramponné à lui.
/J'en ai assez de jouer au chat et à la souris avec les plombs…/
Un nuage de poussière noire apparut derrière Cloud qui dévisageait Xehanort avec son habituelle expression de chocobo buté face à un ennemi, tout en reculant vers le couloir des ténèbres. Le Remnant sembla hésiter brièvement avant de lancer le sort vers les deux jeunes gens.
Riku fut touché.
Il lâcha Cloud.
Le nuage et ses passagers disparurent.
/BARRET ! Xehanort est là ! / hurla la voix de Nanaki.
"Recule," demanda Vincent. "Au moment de l'impact et met une pause."
Jessie lui jeta un regard intrigué mais obéit.
"Il est en train de le soigner…" murmura Vincent en voyant la lueur verte autour de la main de Riku.
Séphiroth se détourna vers l'autre écran.
"Ici aussi. Qu'est-ce que ça veut dire ? "
"Lors de l'attaque du réacteur Tonberry, Aérith a tenté de soigner Riku et ça lui a rendu conscience quelques minutes," expliqua Barret.
"Il doit essayer de faire pareil avec Cloud," conclut Vincent.
"Il n'a pas l'air réveillé pourtant ? " nota Yuffie en venant se glisser devant Séphiroth pour regarder la scène.
"Donc," résuma Barret, "tant que Riku soigne Cloud, il est normal, mais dès qu'il arrête…"
"Il est de nouveau sous l'influence de Jénova."
"Et il se dirige droit vers les Taudis," acheva Reeve en reprenant son téléphone.
"Qu'est-ce qu'on fait ? " demanda Nanaki.
"Il faut éviter que les civils soient blessés," répondit Reeve en sortant son téléphone, "je lance l'alarme refuge aux Taudis. Je ne suis déjà pas tranquille qu'il y ait autant de gens autour de lui."
"Cloud ne leur ferait jamais de mal ! " protesta Zack, imité par Nanaki.
Barret posa sa main sur l'épaule indemne du brun, l'obligeant à se rasseoir.
"Je sais," déclara-t-il d'une voix calme, "mais s'il est sous l'influence de Jénova, il pourrait le faire."
Zack tenta à nouveau de protester et Barret lui serra l'épaule.
"Est-ce que tu penses qu'il se le pardonnerait si ça arrivait ? "
Le Strife brun hésita quelques secondes avant de secouer la tête, se laissant aller sur sa chaise, abattu.
"Pourquoi n'utilisons-nous pas l'anti-viral ? " suggéra soudain Séphiroth.
Le silence régna quelques secondes. Jusqu'à ce que l'exclamation de Zack résume la pensée générale.
"PUTAIN ! "


"Il n'y a qu'une seule dose de disponible," déclara Tseng en tendant un pistolet injecteur à Barret.
"Pourquoi une seule ? "
"Le Professeur Falmis n'a pu faire qu'un nombre limité d'anti-viral et nous avons une bonne moitié de l'effectif des SOLDATs à soigner, " expliqua Tseng.
"Donc, on n'a droit qu'à une seule chance," murmura Barret.
Il se tourna vers ses hommes en train de grimper dans le fourgon et installer les armes dans leurs emplacements.
Cid, Vincent, Zack, qui malgré sa blessure, avait refusé de rester à la Tour, Yuffie et Red.
Et Séphiroth, qui montait à l'arrière, penchant la tête pour ne pas se cogner au toit.
"Très bien, merci Tseng."
"Je vous en prie, Lieutenant," répondit le Turk.
Barret monta à l'avant, près de Cid qui démarrait.
"Une dose ? " fit le pilote.
"Il va falloir le maîtriser pour ne pas se rater," soupira Barret en observant le pistolet dans sa main, "Vincent, tu vas devoir t'en charger."
"Oui, Lieutenant," répondit Vincent.
"Zack ? " reprit Barret pendant que Cid manœuvrait rapidement pour sortir du parking, "appelle Aérith."
"Pourquoi ? " demanda Zack, la tête de Nanaki sur les genoux.
"Dis-lui d'aller nous attendre à Seventh Heaven, on passe la prendre. J'ai peur qu'on ait besoin d'elle."


/Nous informons les voyageurs qu'à la suite d'une alerte sur la Plaque, ce train ne desservira que le premier arrêt de la plaque : Secteur 1. Merci de laisser ce train à la disposition des premiers répondants.../
Oh, Minerva, elle allait devoir courir jusqu'à la Tour. Elle aurait vraiment dû rentrer à Seventh Heaven après les cours, elle aurait pu partir avec eux.
Elle posa la main sur son cœur, le sentant battre à tout rompre.
Qu'est-ce qui pouvait bien se passer là-haut ? Elle avait le cœur qui battait comme si elle était en première ligne, mais depuis que la nature de Jénova était révélée, depuis que la clef de pierre avait été volée, depuis le retour de Séphiroth…
Elle n'était pas tranquille.
Est-ce que quelqu'un était blessé ? Ou pire, mort ?
La sonnerie joyeuse de son PHS la fit sursauter et elle fouilla rapidement ses poches pour l'extraire, glissant son sceptre au creux de son bras.
"Allo ? ! "
/Aérith ? /
Zack. Minerva merci. Il était vivant.
"Je suis dans le train, on entame bientôt la montée vers la plaque ! "
/Non, non, reste dans les Taudis ! / protesta Zack, /Barret… Barret veut que tu nous attendes à Seventh Heaven ! /
"Qu'est-ce qui se passe ? " demanda Aérith en se tournant vers les portes, jetant un regard au repère lumineux sur le plan de la ligne.
Zack ne répondit pas.
"Zack ? "
/Cloud, il… Il a été…. Il a reçu des cellules de Jénova…/
Aérith crut qu'elle venait de recevoir un coup de poing en plein ventre.
Pas Cloud.
Pas lui…
Pas son frère, son meilleur ami…
Il recommençait tout juste à vivre, ce n'était pas juste !
/Donne-moi le téléphone,/ intervint la voix de Barret, /Aérith ? /
"Barret…" murmura Aérith.
/Aérith, ne panique pas ! Il a des moments de lucidité et on a une dose de l'anti viral qui a sauvé le Général. On retourne à Seventh Heaven, rejoins nous là-bas, on aura besoin de toi pour le trouver et le soigner ! /
Le train s'arrêta et les portes s'ouvrirent.
/Arrêt Sous-Sol Secteur 2. Deux minutes d'arrêt. Nous rappelons que ce train ne desservira…/
"Je vous y attends ! " s'exclama Aérith avant de sauter hors du train.
Elle avait deux secteurs à franchir à pied avant d'arriver au secteur 8.
Il était temps de courir.


Une fois à la gare souterraine de secteur 1, Cloud déclina la proposition des autres voyageurs de les rejoindre dans le refuge le plus proche.
Il devait…
Il ne savait pas ce qu'il devait faire… Il y avait un endroit où il devait se rendre mais…
Mais il n'arrivait plus à se souvenir.
Il baissa les yeux vers Riku.
Au moins, il était suffisamment rhabillé pour ne pas attraper froid.
Enfin, il avait toujours un bras hors du sweater, sa main serrée sur le poing de Cloud.
Cloud chercha un endroit où s'asseoir du regard et trouva un banc sous un lampadaire. Il s'y installa, posant Riku sur ses genoux et ajustant ses vêtements.
Ça lui rappelait…
Ça lui rappelait les enfants que leur mère récupérait de temps en temps, soit à Nibelheim, soit dans les villages isolés autour. Des gamins qui arrivaient à moitié affamés, maltraités, mal aimés et qui restaient avec eux le temps que la Caravane passe les chercher. Des petits frères et sœurs temporaires qu'il fallait nourrir, habiller, baigner, avec qui il fallait jouer...
Si leur mère était en vie, elle adorerait s'occuper de Riku. Elle serait probablement déjà en train de nettoyer et ranger la chambre des petits, comme ils l'avaient appelée, une chambre qu'elle avait aménagée dans le grenier spécialement pour les accueillir.
Ils en avaient discuté, Tifa et lui, avant sa mort.
Avec toute la mako dans ses veines, il ne pourra probablement pas avoir d'enfants. Mais des enfants sans famille, il y en avait toujours, avec ou sans guerre.
Ils voulaient retourner à Nibelheim. Faire fermer le réacteur. Restaurer la montagne.
Adopter des enfants, maduins ou pas, et les élever.
Mais Tifa était morte avant…
Il soupira et prit la main étincelante de Riku, la décrochant de son bras pour l'enfiler dans sa manche.
Il n'entendit pas le gémissement de l'adolescent.
A peine eut-il lâché sa main que ses yeux changèrent.
Il releva la tête.
Mère l'appelait.
Il devait rejoindre ses frères.
Riku dans les bras, Cloud se leva et s'éloigna en direction de la porte de sortie du secteur 1.
Vers les Plaines.


"Mana, la circulation ne s'est pas arrangée," murmura Séphiroth.
"Les jours d'alerte, c'est toujours pire," renchérit Yuffie.
Malgré les efforts de Cid et tout son talent de pilote, ils étaient à l'arrêt, bloqués dans un bouchon. Et comme Yuffie l'avait mentionné, dès qu'il y avait une alerte, Jormungand était bloqué par ceux qui tentaient de fuir la ville, les conflits ou les contrôles routiers. Barret ouvrit la portière et sortit à moitié du fourgon, jetant un coup d'œil au-dessus des autres véhicules.
"Un accident," maugréa-t-il en revenant s'asseoir.
"Manquait que ça ! " grommela Cid avant d'enfoncer le klaxon, faisant grimacer les augmentés du véhicule.
/J'ai une nouvelle, mais je sais pas si elle est bonne ou mauvaise ! / intervint Jessie dans leur module.
"Achève-nous," déclara Cid.
/Cloud est au secteur 1 et se dirige vers la porte de sortie./
"Il essaye de sortir de la ville…" nota Vincent.
"Les troopers de l'entrée vont l'en empêcher," déclara Yuffie.
"Ou essayer du moins," objecta Barret, "si Cid peut sortir en douce sans effort, je doute que ça arrêtera Cloud longtemps."
"On fait le mur UNE fois," grommela le pilote avant de sortir le torse par la fenêtre ouverte pour insulter le conducteur de devant.
Barret soupira avant de se tourner vers l'arrière du fourgon.
Séphiroth et Vincent se tenaient face à face, l'un assis près de Zack, l'autre près de Yuffie et Nanaki était allongé au sol entre les deux groupes.
"Vincent… Il va falloir que tu descendes trouver Cloud…"
"Très bien," répondit Vincent en défaisant sa ceinture, " je vais avoir besoin d'une matéria temporelle pour l'arrêter."
"Prends la mienne," offrit Red en penchant la tête pour donner accès à son peigne.
Yuffie se chargea de sortir la matéria et de la tendre à Vincent qui l'interverti avec sa matéria de poison avant de sortir le projecteur de sceau de sa poche, le tendant à Yuffie.
Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas volé.
"Comment allez-vous descendre ? " s'étonna Séphiroth en jetant un regard au vide sur le côté de la route.
"Il me faudrait un endroit discret…"
"Est-ce qu'un chemin d'évacuation ça suffira ? " demanda Cid en désignant un sas rond inséré au bord de la route, un peu plus grand qu'une plaque d'égout, prévu pour l'évacuation des utilisateurs en cas de catastrophe routière.
"Parfait," répondit Vincent en sortant du fourgon.
"Je viens," déclara Séphiroth en se levant.
"Pas question que vous vous baladiez dans les Taudis avec les Remnants qui trainent," renchérit Barret.
"Barret à raison, Séphiroth," rétorqua son père, "il ne faut pas qu'ils te reprennent. Ils ont peut-être encore des cellules J avec eux."
Séphiroth serra les dents et jeta un regard au lieutenant, mais il finit par opiner, se rasseyant près de Zack.
Il n'aimait pas ça. Il avait l'impression d'avoir à nouveau quinze ans à Wutaï, quand Basch et Vossler tentaient encore de le protéger du gros des combats.
Ça n'avait pas duré, cela dit. Même augmentés, les SOLDATS avaient été en difficulté face à la combativité des Wutans.
Vincent descendit, vérifiant que la sécurité de ses armes était mise. Il s'arrêta en passant près de la portière du conducteur quand Cid tendit la main, le retenant par l'épaule.
"Hé… t'es prudent, hein ? " murmura-t-il.
Vincent hocha la tête, laissant échapper un petit sourire quand Yuffie siffla avec entrain derrière lui.
"C'est le moment pour le baiser de bonne chance, Cid ! "
"Yuffie, je le dis avec le plus grand respect pour ton rang de princesse : Ta gueule ! " rétorqua Cid.
Barret se pencha vers leur benjamine, désignant Séphiroth qui écoutait la scène, confus.
"Tu crois que c'était le moment ? " marmonna-t-il dans sa barbe.
"Oops," fit Yuffie.
Vincent se dirigea vers le sas d'évacuation, arrachant la poignée et l'ouvrant avant de jeter un regard vers le bas de l'échelle.
C'était... étroit, mais faisable. L'échelle descendait vers un niveau intermédiaire permettant à des piétons d'évacuer le périphérique en rejoignant la structure centrale de la plaque. C'était à l'abri des regards et en enjambant la rambarde de sécurité, il pourrait se jeter dans le vide sans problème.
/Je te voiiiis,/ chantonna Jessie quand il arriva sur ce niveau.
Vincent leva le nez vers une caméra de surveillance qui fit l'équivalent d'un petit coucou en s'agitant de gauche à droite.
"Je compte sur toi pour faire disparaître les preuves ? "
/Comme d'habitude ! / confirma Jessie.
"Merci. Où se trouve Cloud ? "
/Il remonte la rue principale du secteur 1 en direction de la porte, tu y arriveras ? /
"Il faudra bien."
Vincent arracha le grillage qui surmontait la rambarde et se glissa dans le trou ainsi formé, se tenant d'une main à la rambarde.
/J'espère que tu arriveras à le retrouver./
"J'espère aussi. Yuffie ? Vas-y."
Il se jeta dans le vide.
Yuffie pressa le bouton, faisant apparaître le sceau sur le macadam de Jormungand.
"Qu'est-ce que… un sceau de G-Force ? " s'étonna Séphiroth.
Il sursauta quand une silhouette grande, rouge, noire et en pétard remontant d'un coup d'aile à leur niveau, avant de plonger à nouveau vers les Taudis.
C'était la première fois qu'il voyait un nosfératu d'aussi près. Hojo l'avait fait s'entraîner avec plusieurs G-Force, mais avait catégoriquement refusé qu'il utilise les démons, Séphiroth n'avait jamais vraiment compris pourquoi.
"Il avait besoin de frimer comme ça ? " ricana Yuffie en remontant dans le fourgon, fermant la porte derrière elle.
"Il s'étire les ailes," répondit Cid.
"J'ai la sensation de rater quelque chose," déclara Séphiroth.
"Bienvenue au club," maugréa Barret.


Il se rapprochait. Il pouvait le sentir. Il était proche de Mère et de ses frères désormais.
Il allait les retrouver.
Ils seraient ensemble pour de bon, ils ne seront plus jamais séparés, même par une simple épaisseur de barreaux comme avec…
Avec...
Cloud stoppa.
Qui… était le frère qui avait été en cage ?
Pourquoi ne se souvenait-il pas de lui ?
Il se redressa, juste assez pour ne pas déranger Riku qui dormait sur son dos.
Où est-ce qu'il était ?
Ils étaient toujours ensemble, depuis…
Depuis…
La voix de Mère s'estompait, comme si elle s'éloignait.
Où est-ce qu'elle allait ?
Il sursauta en entendant un bruit sec, comme un bouchon de champagne qui saute et la lueur des réverbères vacilla brièvement au-dessus de lui.
Une brume verdâtre, vaguement lumineuse, s'écoula à ses pieds, presque liquide.
Une valve à mako devait avoir explosé. Avec l'état général de la ville c'était presque étonnant que les empoisonnements mako soient aussi rares…
Il fallait qu'il s'éloigne, avec ses précédentes intoxications, Zack disait qu'il valait mieux évi…
Zack.
Pourquoi il s'éloignait de son frère ? !
Qu'est-ce qui lui prenait ? !
Il se retourna vivement, déterminé à rejoindre Zack au plus vite et tomba presque nez à nez avec Tifa.
Apparemment, elle fut aussi surprise que lui, figée en plein pas pour le suivre, son image tremblant légèrement dans l'air froid des Taudis.
Cloud ?
"Tifa ? "
Elle se tenait sous la lumière d'un lampadaire, son blouson sur le dos, les mains dans les poches.
Elmyra allait encore la réprimander de déformer les poches quand elle portait ses gants de combat.
Tu m'entends ?
"Mieux que d'habitude."
Elle leva les poings au-dessus de sa tête dans un geste de victoire.
Ça a marché !
Oui, elle portait ses gants de combat. Ceux avec les plaques de métal incluses dessus. Cid avait même proposé de lui en graver deux avec son nom à l'envers dessus, pour qu'elle puisse l'imprimer dans la tronche des squames.
"Tifa, qu'est-ce que tu fais là ? " murmura Cloud en lâchant une des jambes de Riku, tendant la main vers elle.
Elle sursauta et recula précipitamment, les deux mains levées.
Non ! Non ne me touche pas !
"Qu'est-ce que…"
Cloud, je… je suis toujours morte… On m'aide à venir actuellement mais… mais ça ne va pas durer.
"Tifa, je suis désolé, j'ai pas su te protéger."
Cloud…
Elle soupira et détourna brièvement le regard avant de reprendre son assurance se penchant vers lui, les poings sur les hanches.
Ne me dis pas que tu penses toujours que c'est ta faute ?
"Je n'ai pas tenu ma promesse… je t'avais promis de te protéger et…"
Tifa se redressa, se massant le front d'un air agacé.
Oh, Fenrir, Grand Dévoreur, donne-moi de la patience parce que si tu me donnes de la substance, je vais le gifler.
"Oy, Tifa," protesta Cloud décontenancé.
C'était bien elle. Il ne pouvait pas sentir son odeur, elle était… Elle était toujours morte, c'était comme au jour des morts, mais…
Mais elle était là.
Elle le fixa quelques secondes de sous sa main avant de croiser les bras, claquant des talons sur le macadam.
Très bien. Tu n'as pas pu tenir ta promesse.
"Je suis désolé…"
Je demande le prix du sang.
C'était de bonne guerre. Il avait de la chance que le père de Tifa ne le lui ai pas demandé d'abord.
"Tout ce que tu voudras."
Elle montra l'adolescent sur le dos de Cloud.
À partir de maintenant, c'est lui que tu protègeras.
"Hein ? " fit Cloud en tournant la tête, regardant le visage de Riku toujours sur son épaule.
Protège-le, mets-le à l'abri et je te pardonnerais, déclara Tifa en recroisant les bras.
"À l'abri ? "
Dans un lieu sûr, déclara Tifa avant de reprendre d'une voix plus douce, se penchant vers lui. Cloud, où est l'endroit le plus sûr de tout Midgar ?
"A… la maison. À Seventh Heaven."
Alors vas-y.
Cloud ouvrit la bouche, mais la voix de Mère recommença à se rapprocher, lui rappelant qu'il devait se rendre à leur… réunion.
"Mais... mes frères… Mère…"
Cloud, Nibelungen de la lignée Strife, si tu continues à tergiverser, je vais chercher ta mère et tu devras t'expliquer avec elle ! menaça Tifa en tapant du pied au sol.
"J'y vais, j'y vais ! " protesta Cloud en commençant à s'éloigner dans la direction de Seventh Heaven.
Il s'arrêta et Tifa crut un moment qu'il allait reprendre le chemin vers la porte.
"Tifa ? " reprit-il en se tournant vers elle.
Oui, Cloud ?
"Si je fais ça… Si je protège Riku… Tu retourneras à la Rivière après ? "
Tifa baissa les yeux, remettant les mains dans ses poches tout en tortillant du bout de la chaussure dans la poussière.
Il faudra que j'y retourne. Pour de bon cette fois.
Cloud la fixa quelques instants avant d'hocher la tête avec un petit sourire.
"C'est bien. Tu le mérites."
Je suis désolée de te laisser seul…
"Je le suis pas. Y'a Zack et Aérith. Et Nanaki… Et Vincent. Tu l'aimerais bien."
Cloud baissa la tête avant de la secouer et adresser un petit sourire triste à Tifa.
"Tu me manques mais…"
On naît. On vit.
"On meurt. Même les souvenirs seront oubliés," acheva Cloud.
Soit heureux, Cloud.
"Et toi, trouve le repos."
Avec un dernier sourire, Cloud réinstalla Riku sur son dos et se dirigea vers le huitième secteur.
Tifa le regarda partir d'un air triste.
Une furoluciole apparut près d'elle, se manifestant en une jeune fille à la robe verte et aux mêmes yeux rouges que Tifa.
Ansem arrive, grande sœur.
Parfait. Vous êtes toutes prêtes ?
Un chœur de voix féminines lui répondit et elle ajusta un de ses gants, son visage affichant une expression déterminée et belliqueuse.
Alors il est temps de commencer à le hanter à grands coups de pieds au derrière.


"Jeeeeeessiiiiie ? " murmura Reno en tendant la main vers la jeune fille, les yeux rivés sur son écran.
"Si personne n'est mort, je ne veux pas savoir," gémit Jessie.
"Ça va pas tarder. Remnant dans le secteur huit."
"Merde ! " jura Jessie en faisant pivoter sa chaise vers Reno, se propulsant d'un coup de talons dans sa direction et manquant de renverser Reeve qui accourait aussi.
Ils se penchèrent tous deux par-dessus l'épaule de Reno, observant l'image de la caméra.
Un jeune homme déambulait à la jonction entre le secteur sept et le huit, boitant légèrement, observant tout ce qui se trouvait autour de lui avec curiosité.
Il avait de longs cheveux argentés, était vêtu de cuir noir et tenait une arme à mi-chemin entre l'épée et le pistolet.
"Il arrive bientôt à la rue principale," précisa Reno, qui, en bon natif de Midgar, aurait été capable de s'orienter dans sa ville les yeux bandés et soul comme une barrique[5].
"Seventh Heaven," murmura Reeve avant d'attraper son portable, "je préviens Shera et Elmyra d'aller se mettre à l'abri ! "
"J'appelle les autres," renchérit Jessie.


/Avalanche vous m'entendez ? /
"Ici Barret," répondit le lieutenant, se cramponnant alors que Cid accélérait
/Vous êtes où ? ! /
"On arrive enfin à sortir du bouchon," répondit Barret.
/Il va falloir faire encore plus vite ! Un des clones... heu… Celui aux cheveux longs est à proximité de Seventh Heaven ! /
"Shera ! " s'exclama Cid.
Il donna un coup de volant qui envoya Yuffie bouler sur Nanaki, manquant tous deux de rentrer dans Séphiroth et Zack.
Le fourgon stoppa sur le bord de la route.
Barret n'eut pas le temps de retenir Cid qu'il avait déjà ouvert la portière, sauté par-dessus le mur ceignant Jormungand et disparut.
"Qu'est-ce que…" marmonna Séphiroth.
"Jessie, Cid vient de filer."
/...oh merde./
"Un homme vient de sauter de Jormungand et vous trouvez tous ça…" commença Séphiroth avant de voir le regard las de ses compagnons de route.
"C'est un dragoon de Burmécia," expliqua Yuffie en essayant de se démêler de Nanaki.
Un dragoon ?
Un VRAI ?
Où est ce que Tuesti avait pu bien trouver une bande de guerriers aussi hétéroclite, au juste ?
"Merde, j'ai pas ma main", jura Barret, "qui peux conduire ? "
"J'ai pas le permis," lui rappela Yuffie.
Nanaki se contenta d'hausser un sourcil.
Zack montra son épaule.
Séphiroth soupira et se leva dans le fourgon, enjamba l'adolescente et le fauve avant de se glisser comme il pouvait à la place du conducteur.
"Vous savez conduire ? "
"Techniquement," répondit Séphiroth d'un ton qui rappela violemment à Barret celui de son père quand il le trollait avec virtuosité.
"Comment ça techniquement ? " s'affola Yuffie.
"J'ai appris à Wutaï, sur des routes de terre montagneuse," répondit le général avant de démarrer, jetant un rapide coup d'œil au rétroviseur.
"Finalement, je vais…" commença Barret avant de se retrouver plaqué sur son siège par le démarrage en trombe.
"Ah, à l'armée ? " demanda Zack en ricanant.
"Tout à fait."
"On vous apprend pas l'usage des clignotants à l'armée ? ! "


Cette sale gosse ne l'avait pas raté.
Même une fois guéri, il avait encore mal à la gorge. Le jour où il remettrait la main dessus, il allait l'étrangler. Il faudrait juste qu'il trouve comment. Peut-être avec un champ d'anti-magie ou…
Ansem s'arrêta au milieu de la rue, retirant sa main de sa gorge endolorie.
Étrange.
Il ne venait que rarement à Midgar, mais la ville n'était jamais aussi…
Vide.
Il n'y avait personne dans les rues. Seuls quelques rats qui se promenaient, profitant de l'absence d'humains et d'animaux de compagnies.
Pas un seul trafiquant, pas une seule fille de joie...
Qu'est-ce qui se passait ?
Est-ce que tout le monde se cachait ? Pourtant l'alerte de la Tour ne devait pas avoir atteint les Taudis.
Il n'avait pas le temps de penser à ça, il devait retrouver ce maudit gamin d'abord.
Et écarteler le blondinet qui s'ingéniait à lui échapper.
Il pouvait entendre Mère tempêter entre ses tempes chaque fois qu'il arrivait à échapper temporairement à son contrôle mais elle ne pouvait pas l'aider à le trouver.
Il ne pouvait que tenter de le repérer grossièrement, à la présence des cellules de Mère en lui.
Et ce n'était pas la méthode la plus précise, entre Yazoo, Kadaj, et Kefka, il devenait facile de confondre...
Un, deux, trois, rentrons à Gaïa !
Il sursauta, se tournant vivement en direction de la voix d'enfants.
Trois petites filles jouaient à la marelle ronde. Ou du moins l'une d'elle, en robe blanche, bondissait à cloche-pied, retenant sa jupe des deux mains pendant que la plus grande, d'une douzaine d'années, portait une plus jeune dans ses bras, sur sa hanche, tout en chantant.
Quatre, cinq, six, dans la Terre Promise !
Ça ne rimait absolument pas et Ansem se détourna des trois filles. Des sœurs qui jouaient probablement.
Sept, huit, neuf, Ansem est un œuf !
Ansem stoppa net, puis se tourna à nouveau vers les fillettes.
Est-ce qu'il hallucinait ?
Il espérait que non. Les hallucinations, c'était la première marque de dégénérescence. Il avait vu d'autres Remnants en souffrir. Il avait lu le dossier de Garland, sa lente descente vers la folie, la liste de ses symptômes...
Non, il n'était pas en train de se dégénérer, il avait fait attention, il avait calculé la juste quantité de cellules de Mère, il avait transféré ce qu'il fallait de pouvoir de sorcières, s'était injecté juste la bonne dose de mako pour que son corps trouve un équilibre…
Elles le regardaient.
Il les avait prises pour des sœurs, en raison de leurs cheveux noirs et longs.
Ce n'était pas tout à fait exact.
"Vous... êtes mortes," balbutia-t-il.
Leurs yeux rouges étincelaient de malice.
Dix, onze, douze… reprit la grande.
Voilà ton épouse, acheva celle à la marelle en atterrissant sur la case Gaïa.
Hey, chéri ?
Ansem se tourna.
Le clone vêtu de cuir se tenait derrière lui.
Son poing arrivait sur lui à pleine vitesse.
Il n'eut pas le temps de l'esquiver.
Quand il reprit conscience, il ne savait pas combien de temps s'était écoulé et il avait une bosse énorme sur la tempe.
Et il était seul dans la ruelle.
Seule la marelle était encore là, deux empreintes de pieds nus dans la case Gaïa.
Ce n'était pas possible.
Elles étaient mortes.
Il avait senti Mère détruire leur corps une fois qu'elles n'étaient plus utiles.
Il fallait qu'il retrouve le gamin et qu'il le tue, avant que Mère…
Il reprit sa route, cherchant la présence des cellules de Mère autour de lui.
Un, deux, trois...
Un rire de jeune fille s'éleva vers sa droite et il tourna la tête, à temps pour voir une robe verte virevolter, sa propriétaire boitant légèrement avant de disparaître entre deux bâtiments des taudis.
Rentrons à Gaïa !
Il leva le nez, et vit une jeune fille habillée en cow-girl, assise au bord du toit. Elle lui fit un grand sourire avant de se laisser tomber du toit, directement sur lui, pieds en avant.
Il sauta dans un couloir des ténèbres.
Il réapparu ailleurs.
Où ? Il ne savait pas, il n'avait pas réfléchi mais il était toujours à Midgar.
Mais plus dans la ruelle.
Il était…
L'usine de traitement d'eau ?
Peu importe.
Il les avait semées.
Quatre, cinq, six...
"FOUTEZ LE CAMP ! " rugit Ansem en se tournant, jetant un sort de foudre noire en direction de la voix.
La foudre traversa les deux jeunes filles qui se tenaient devant lui, bras dessus, bras dessous, l'une en jolie robe de soirée, l'autre portant un short en jean et un tee-shirt trop petit.
Elles ne frémirent même pas sous l'impact, le sort n'arrachant qu'une ou deux pyrolucioles qui s'effacèrent rapidement.
Des Errantes.
C'était des Errantes.
A la Terre Promise, acheva celle en robe de soirée pendant que l'autre la lâchait, faisant craquer les jointures de ses doigts en approchant d'Ansem.
Il jeta un sort de glace.
Une autre furoluciole disparut.
Du feu.
Même effet.
De la gravité.
L'Errante commença à s'effacer, à se désagréger. Il accéléra les sorts, vidant peu à peu la revenante de sa substance jusqu'à ce qu'elle disparaisse au moment où elle allait le frapper.
Il chercha l'autre du regard, mais elle avait disparu elle aussi.
Dix, onze, douze, voilà ton épouse, murmura une voix à son oreille.
Il se tourna.
C'était la dernière. Celle qui avait combattu les Strife en haut du huitième pilier.
Et elle allait lui asséner un coup de pied en pleine tête.
Ansem disparut.
Encore une fois, il atterrit au hasard.
Le huitième pilier.
Les SOLDATs stationnés là poussèrent un cri d'alarme en le voyant apparaître et il poussa un juron avant de disparaître.
Il tituba en arrivant à nouveau sur le sol boueux des Taudis, complètement déboussolé. Il ne savait pas où il était, dans quel secteur, dans quelle rue… Est-ce qu'il était seulement toujours sur Gaïa ?
Il commençait à fatiguer. Ça ne lui était pas arrivé depuis des années. Depuis qu'Hojo lui avait donné sa première dose de mako.
Il avait trop présumé de ses forces, il devait se reposer avant de...
Un éclair de douleur lui traversa le crâne.
Non, il devait continuer, il devait détruire Riku avant que Mère soit en danger.
Une des filles était à quelques mètres devant lui, plantée au milieu du chemin, les mains dans les poches de son blouson.
Une minute… une, deux, trois… quatre, cinq… six… sept, huit… neuf… il les avait toutes croisées.
Qui était la dixième ?
Elle était vêtue d'un blouson avec le logo de cette maudite unité sur la poitrine, les mains dans les poches.
Elle portait leur uniforme, mais ses bottes étaient ferrées.
Elle avait les longs cheveux noirs des clones, relevés en queue de cheval.
Leurs yeux rouges, quoique moins brillants de mako.
Et un sourire de lutin.
Bonjour, M'sieur. On se rencontre enfin…
"Un autre clone ? " marmonna Ansem.
La jeune fille eut un petit rire.
Non, moi, je suis l'originale, Tifa, Nibelung de la lignée Lockhart.
Elle retira les mains de ses poches, dévoilant les gants de combat qu'elle portait, fléchissant ses doigts un à un.
"Tu… es morte… Séphiroth t'a tuée…"
Bien sûr…
Elle frappa son poing dans sa paume.
Mais c'est l'étoffe des sagas. La jeune fille assassinée qui revient de la Terre Promise pour venger l'affront qui lui a été fait par-delà la mort ? Les skälds[6] vont en pleurer de joie pour des générations.
Elle écarta les pieds, se mettant en position d'attaque et leva les poings.
Il serra les siens.
"Sans-Cœurs. Venez à moi."
Ses créatures sortirent de l'ombre et il s'autorisa un bref sourire victorieux avant de voir les clones rejoindre Tifa Lockhart, même les plus petites se préparant à se battre contre lui et ses Sans-Cœurs.
On la joue magie de sorcière contre le Sacre de la Rivière ? suggéra Tifa avec un sourire qui dévoilait ses petits crocs.


[1] De l'art de mentir en disant la vérité. Vincent sera très fier de lui.
[2] Non, non, y'a pas de faute, Kefka fait référence aux trois divinités dont il a pris les pouvoirs dans FFVI. Ce Kefka là est persuadé d'être sa réincarnation. S'il a raison, s'il a tort, à vous d'en juger.
[3] Nan, mais, allez-y pour les blagues sur la taille des armes, hein, je me retiens pour ne pas trop casser l'ambiance, mais le cœur y est.
[4] Le père d'Elena ? Invokeur de Yévon qui, au moment de faire son premier pacte avec le Fayth d'Ifrit, a réalisé qu'il n'était pas fait pour cette vie et s'est carapaté avec un Aéon hilare dans le crâne. Pour savoir qui est le père d'Elena, si vous ne l'avez pas déjà fait, lisez le chapitre 28 de Boules de Neige : Un prêté pour un rendu !
Faut que j'arrête les backstory des personnages tertiaires.
[5] Ou en jargon Turk : Samedi soir.
[6] Poètes