Chapitre 45 : La bataille de Midgar partie 1

Résumé :
Cette fois s'en est trop.
Les Remnants ont poussé les Plombs jusque dans leurs retranchements et aucun d'eux n'aurait pu prévoir ce qui allait leur tomber dessus.
Pour être entièrement honnête, Avalanche non plus, mais à force de pousser le chocobo, il finit par ruer.
Personnages :
Team Avalanche VS Team Remnant, Round… je sais plus combien.
Tags spécifiques au chapitre :
Ça se dépeuple chez les Remnants, Avalanche arrive au point RAF, ça va faire mal, mention de torture, Séphiroth a le kokoro qui gonfle, et ça le gonfle, ils sont ceinture noire en esquive d'émotions dans la famille, mention de torture et d'amputation, trauma de lecteurs en vue.


Aérith arriva à la porte de Seventh Heaven à bout de souffle.
Elle allait peut-être devoir se mettre à courir plus régulièrement. Shera lui avait proposé de l'accompagner, histoire de ne pas faire son footing seule dans les Taudis mais Aérith avait rétorqué qu'elle n'avait pas besoin d'améliorer son endurance.
Elle aurait mieux fait de se taire et accepter.
D'ailleurs, dès qu'elle pourrait souffler, elle accepterait la proposition de la biologiste.
Elle se redressa, observant les fenêtres.
Pas de lumière…
Et la porte d'entrée était fermée.
Aérith dévala les marches du porche, se précipitant vers le garage et entrant le code sur le panneau de sécurité.
Autre note pour plus tard, accepter la proposition de Reno et Vincent d'apprendre à crocheter des serrures.
La porte du garage s'ouvrit et elle entra précipitamment, vérifiant d'un coup d'œil si quelqu'un s'y trouvait. Jessie avait dit qu'elle préviendrait Elmyra, Shera et Marlène d'aller se cacher, est-ce qu'elles avaient eu le temps ou…
Elle entendit un fracas et se tourna vers l'entrée du garage. Cloud s'y tenait, essoufflé, une main sur le crâne, l'autre retenant quelqu'un tant bien que mal sur son dos.
"Cloud ? ! "
"Aérith," balbutia Cloud en levant les yeux vers elle.
Un clignement d'yeux.
Ils étaient fendus.
Un autre.
Les pupilles étaient rondes.
"Aérith, aide-moi," supplia Cloud en titubant vers elle.
"Qu'est-ce que tu as ? ! Décris-moi tes symptômes ! " supplia Aérith en tendant les mains vers lui.
"J'entends Mère," souffla Cloud.
Le sang d'Aérith se figea quand elle le toucha.
C'était la même chose qu'il y avait eu dans Séphiroth…. Dans Riku.
"C'est pas Maman," murmura Cloud en s'accrochant à elle.
Aérith tituba sous son poids et celui qu'il portait, mais elle n'avait pas la force de Tifa. Elle s'effondra au sol, essayant de ne pas se tordre une jambe sous le poids conjugué des deux hommes, ni de les laisser tomber au sol.
La charge de Cloud roula par terre et Aérith le reconnut.
Riku.
"Cloud, qu'est-ce que…"
"Faut pas qu'elle le…" commença Cloud avant que ses pupilles redeviennent fendues.
Il attrapa Aérith par les épaules, serrant à lui faire mal.
"Il doit MOURIR ! " rugit-il.
"Cloud, tu me fais mal ! "
Minerva, elle devait le soigner, il…
Il fallait qu'elle le soigne.
Ses mains étincelèrent et Cloud laissa échapper un cri de douleur, fermant brièvement les yeux.
Comme au réacteur.
Il fallait qu'elle soigne de toutes ses forces.
Elle resserra ses mains sur les vêtements de Cloud, enfonçant ses doigts autant qu'elle pouvait dans ses muscles.
Il rouvrit les yeux sur des pupilles rondes.
"Aérith…"
Ça marchait. Elle lui sourit, tremblante mais pleine d'espérance.
"Ça va aller Cloud, je m'occupe de toi."
Il lui sourit aussi.
La pointe d'une lame lui traversa le torse, se plantant dans la poitrine d'Aérith.
Aérith leva les yeux vers l'homme aux cheveux d'argent qui venait de les empaler tous les deux.
Ansem Xehanort.
Son manteau était déchiré, son visage tuméfié, des fissures apparaissent sur sa peau, suintant d'une énergie noire. Et il tenait toujours l'arme avec laquelle il venait de les attaquer.
"Tu peux… te vanter… de m'avoir fait… courir," gronda-t-il avant d'arracher son arme de leurs corps.
Aérith poussa un cri de douleur et Cloud s'effondra sur elle.
Non…
Non non non, elle ne voulait pas mourir…
Elle devait…
Cloud se tordait de douleur aussi, ses pupilles passant de fendues à rondes, tour à tour.
Elle serra les mains sur lui, appelant toute sa magie de guérison.
Il lui fallait quelques minutes… Juste quelques minutes...
Ansem s'écarta d'un pas, se dirigeant vers Riku.
"À toi maintenant…" marmonna-t-il avant de reculer d'un pas.
Devant lui, près de Cloud et Aérith qui s'affaiblissaient à vue d'œil, Riku se relevait.
Il tanguait, ayant du mal à se réapproprier son corps après des mois de coma. Grommelant des demi–mots, les jambes tremblantes, il finit par se remettre debout, frottant ses yeux sensibles. Finalement, il passa la main dans ses cheveux, les ébouriffant, et resta immobile, se balançant encore légèrement, yeux baissés sur le sol.
"Riku," marmonna Ansem d'un air hautain, "quelle joie de te revoir, sale gosse."
"'Sem…" Marmonna le gosse, secouant légèrement la tête avant de se tourner vers lui, titubant d'un pas en arrière pour s'écarter.
"Tu aurais mieux fait de rester inconscient. Je suis de mauvaise humeur, ça te fera mal…" déclara le Remnant.
"Vraiment ? " rétorqua Riku en levant les yeux vers lui.
Ansem se figea.
Ce n'était pas la voix de Riku. Elle était trop… féminine.
Il fit un pas vers Ansem.
Ansem recula.
L'adolescent leva la main au-dessus des deux blessés et Aérith laissa échapper un cri quand leurs plaies se refermèrent aussi rapidement qu'elles avaient été infligées.
Et ce n'étaient pas les yeux de Riku non plus.
Vert, certes, mais comme un voile qui couvrait ses yeux dans leur entièreté.
"Qui…" balbutia Ansem, reculant d'un autre pas.
La créature sourit.


Il n'avait pas trouvé Cloud.
Il avait cherché autour de l'entrée, le long de la rue qui y menait, il avait même atterri sur le poste de garde, terrorisant les troopers postés là et manquant de prendre une balle, mais il n'avait pas trouvé Cloud.
En désespoir de cause, il était retourné à leur but premier : Seventh Heaven. Il fut très content d'atterrir dans la cour et pouvoir reprendre sa forme humaine aussi vite qu'il put.
C'est-à-dire qu'il lui fallut quelques minutes pour arriver à se calmer suffisamment pour ça. Le stress des dernières heures (journées ? semaines ? !) commençait à le toucher assez pour…
Un cri de douleur lui parvint et il manqua de nouveau de se couvrir d'écailles en reconnaissant la voix.
Shera.
Il se précipita dans l'extension, retirant la sécurité de son arme.
La porte du laboratoire était entrouverte et il sentait une odeur de sang.
Il la poussa de l'épaule.
L'homme aux cheveux argent debout au fond du laboratoire se redressa.
Un des clones de Séphiroth, celui aux cheveux longs.
Mais il était couvert de sang, d'un qui ne lui appartenait visiblement pas, au vu de son expression calme, si pas un soupçon halluciné.
L'homme tira une première fois sur lui et Vincent esquiva de justesse, roulant au sol pour tenter de prendre le Remnant à revers. Il était blessé, il avait une brûlure sur la jambe et…
Il était rapide, mais le jeune homme l'était tout autant et lui donna un coup de pied dans l'épaule, heureusement, celle démoniaque, ce qui amortit un peu le choc.
"Tu viens jouer avec moi ? " demanda le clone, tendant de nouveau son arme dans sa direction.
Une explosion secoua les murs de Seventh Heaven, les surprenant tous les deux.
Vincent ne savait pas ce qui venait d'exploser mais ses tympans auraient, encore, besoin de quelques minutes pour s'en remettre. Le clone, déstabilisé et tout autant augmenté, eut le réflexe de se tourner dans la direction du désastre.
Vincent tendit le bras.
Sa première balle toucha le clone sur le côté de son visage.
La seconde emporta ce qui restait de sa mâchoire.
La troisième traversa son cœur.
Vincent se releva, gardant son arme pointée vers le corps, toujours secoué de spasmes post-mortem.
"Shera ? " appela-t-il.
"Vin… Vincent" gémit la voix de la biologiste.
Il contourna la table de dissection.
Et baissa son arme, sous le choc.
"Aide-moi," supplia Shera tout en tentant d'arrêter le sang qui coulait de son genou d'une main.
Il lui avait…
La jambe…
Le bras…
Son visage…
"Matéria," gémit Shera, "mon tiroir."
"Tout de suite ! " s'exclama Vincent.
Il fit trois pas.
Et une vague de magie verte le jeta à terre.


Séphiroth freina devant la porte de Seventh Heaven.
Bien lui en prit, car la façade du garage explosa à moins d'un mètre du capot.
"OH, PUTAIN ! " hurla Zack.
"LES COUILLES DU TITAN ! " renchérit Barret.
"CHIKUSO ! " ajouta Yuffie.
"IFRIT ! " renchérit Nanaki.
"Mana," se contenta de murmurer Séphiroth en regardant l'explosion retomber avec de nombreux débris.
"Vincent ? " suggéra Zack en se levant pour ouvrir la porte du camion.
"Ça ressemble plus à du Cid," rétorqua Barret en descendant aussi, armant son bras.
Ils furent sur leurs gardes en voyant une mince silhouette sortir de la fumée, avançant vers quelque chose au sol.
Quelqu'un.
Un des bras d'Ansem avait été emporté par l'explosion, mais un second bras, noir et difforme, poussait à sa place.
Il tenta de se lever, mais le bras difforme plia sous son poids, refusa de le soutenir, et il retomba, le nez dans la terre du Taudis.
Il ne put s'écarter quand Riku approcha et, d'un coup de pied presque négligent, l'envoya rouler sur le dos avant de se pencher sur lui.
Ansem poussa un cri de douleur quand son bras difforme changea soudain, se métamorphosant en une tentacule qui transperça l'épaule de l'adolescent.
À part un petit sursaut de surprise, Riku n'en montra rien, se contentant d'observer la blessure d'un air désintéressé.
Un peu de son sang coula le long du bras monstrueux.
Séphiroth voulu aller à son secours mais se retrouva arrêté net par la poigne de Zack, qui le retenait de son bras intact. Il fallait vraiment qu'il arrête de sous-estimer les deux frères Strife, leur force était au moins similaire à la sienne.
"Attends," déclara Zack, "y'a un truc qui cloche."
"Comment ça ? "
"Je l'ai rencontré deux fois, il agit pas comme d'hab."
Un autre cri de douleur s'éleva de la bouche d'Ansem quand Riku posa très calmement la main sur son bras monstrueux et le retira de sa blessure avant de, tout aussi calmement, le lui arracher.
Le bras sortit du corps d'Ansem, suivi par d'horribles tentacules qui giflèrent l'air furieusement.
"Yuffie… Yuffie, l'anti viral, vite ! " ordonna Barret.
"Je m'en occupe ! " répondit Yuffie en plongeant à nouveau dans le fourgon, à la recherche du matériel confié par Tseng.
Mais avant que Yuffie puisse revenir avec le remède, Riku avait lancé le bras monstrueux dans les airs.
Ses trois paires d'ailes s'ouvrirent dans son dos. Son épée apparut dans sa main, la lame en forme d'aile de démons brillant comme de la mako incandescente...
Il frappa.
Quand la lumière de l'impact se dissipa, le membre difforme avait disparu. Riku se tourna vers Ansem qui tentait de ramper hors de portée.
"Je... je ne veux pas… Mère, aidez-moi... Mère ? Où êtes…"
Riku approcha de lui, l'attrapa par les cheveux, le redressant sur les genoux avant de calmement lui trancher la tête.
Barret referma la porte du fourgon, empêchant Yuffie de redescendre.
Riku jeta la tête au sol avant de tourner son regard vers Avalanche, les observant quelques secondes et il retourna dans le garage par la façade éventrée...
Ces yeux.
Barret avait vu Riku quand il avait été possédé par Jénova.
Ce n'étaient pas ces yeux-là.
C'était… autre chose.
C'était…
Aérith quand elle utilisait sa limite. Quand elle avait scellé Séphiroth.
Qui est-ce que c'était ?
"Il est toujours possédé ? " s'enquit Nanaki.
La voix d'Aérith retentit soudain.
"NON ! "
Lâchant Séphiroth, Zack entra en courant, assez vite pour voir Riku approcher d'Aérith et Cloud.
"Ne lui faites pas de mal ! " supplia Aérith, essayant de traîner Cloud après elle.
"NE TOUCHE PAS A MON FRERE ! "
Toujours nonchalamment, Riku se retourna et, d'un geste de la main, envoya valdinguer Zack qui se ruait vers lui, fou furieux. Le brun atterrit contre le mur d'en face, près de la Chocomobile, laissant échapper un cri de douleur quand son épaule percuta le mur. Il retomba au sol, secoua la tête et releva les yeux vers son frère et l'adolescent. Riku baissa son épée.
"CLOUD ! "
Et la planta au sol, près de la tête de Cloud.
"Ne lui faites pas de mal," répéta Aérith.
Riku lui sourit, gentiment cette fois, avant de poser la main sur la joue de la jeune fille.
"Je n'en ai pas l'intention, ma Fille."
Séphiroth vit son fils se pencher sur Cloud avec élégance avant de saisir vivement quelque chose sur son visage.
Il tira.
Un long filament sortit de la bouche de Cloud, ramifié comme une racine.
Ou un système nerveux.
Riku tira dessus, emberlificotant le fil jusqu'à ce qu'il le tienne dans son poing fermé.
"Je savais que tu étais mêlé à tout ça, Calamité," déclara l'adolescent.
Ce n'était pas une voix de garçon, même aussi jeune.
La masse fibreuse dans sa main se convulsa et les pointes les plus fines mordirent dans sa peau, plongèrent dans sa chair. Mais au lieu de pousser des cris de douleur, l'adolescent se contenta de sourire. Et la masse se convulsa de nouveau, s'asséchant petit à petit dans sa poigne.
"Nous avons le remède à ton mal..."
Il approcha la créature agonisante de son visage.
"Je te le jure, Calamité. Au nom de Gaïa, je te traquerais. Je te trouverais. Et je te détruirais."
Après une dernière convulsion, la créature dans sa main tomba en poussière et Riku baissa les yeux sur Cloud et Aérith.
Puis, d'un geste étonnement tendre, presque maternel, il s'agenouilla, passant une main derrière la nuque de Cloud pour l'asseoir. Aérith l'aida de gestes hésitants.
"Tu vas m'aider, ma Fille," déclara-t-il en lui prenant la main, "je ne peux pas rester plus longtemps."
La jeune guérisseuse hocha doucement la tête, comme transfigurée.
Il ferma les yeux.
Aérith l'imita.
Leurs ailes se déployèrent.
Six chacuns, blanches, dorées, lumineuses, qui emplissaient tout l'espace du garage, effleurant les murs, les véhicules, Avalanche et Séphiroth.
Une explosion verte et silencieuse se déploya autour d'eux.
Zack sentit ses blessures se refermer.
Celles de Nanaki et Yuffie disparurent.
La fatigue de Séphiroth et Barret s'effaça.
"C'est…" commença Séphiroth quand l'onde le traversa, guérissant ses écorchures.
"De la guérison," murmura Nanaki en secouant la tête, délogeant ses pansements, "du sacre mais…"
Il tourna la tête, voyant l'onde sortir de Seventh Heaven et balayer la rue.
"Je n'ai jamais vu une telle puissance."
Et puis, aussi soudainement qu'elle était apparue, l'explosion s'inversa. L'onde revint dans son épicentre en une boule éblouissante et quand les membres d'Avalanche purent de nouveau ouvrir les yeux, Cloud reposait, intact, sur les genoux d'Aérith et Riku.
Les ailes, la magie, tout avait disparu en silence.
"Cloud ? " appela doucement Riku de sa voix étrange.
Le cadet des Strife ouvrit les yeux et Aérith laissa échapper un petit rire ravi.
Ses pupilles étaient rondes. Son regard bleu mako.
"C'est fini," déclara Riku, "Tifa te pardonne. Ta mère est fière de toi."
Cloud hocha doucement la tête.
"Repose-toi maintenant, d'accord ? "
"Oui…Merci..."
Et Cloud se rendormit.
Riku se redressa, retira sa main et s'assit sur ses talons. Il eut un dernier soupir et s'effondra à son tour, retombant sur le torse de Cloud.


"Vincent ? ! Vincent réponds-moi, qu'est-ce qui… Bahamut, Saint Alexander, qu'est-ce qui se passe ? ! "
Shera… elle semblait... hystérique… Ce qui était normal dans son...
Vincent se redressa brusquement.
Non ! Il devait trouver sa matéria de soin et au moins stopper l'hémorragie avant...
"She…"
Il retomba au sol, sa vision tanguant quelques secondes avant qu'il puisse la stabiliser.
"Vincent ! Tu vas bien ? Décris-moi tes symptômes, tu t'es…"
Elle le palpait pour chercher ses blessures et il lui prit les mains pour l'arrêter.
Les mains.
Il jeta un regard abasourdi aux deux petites mains de Shera dans les siennes.
Mais… sa main avait été…
Il leva les yeux vers elle et comprit qu'elle était tout aussi surprise et probablement sous le choc.
Son visage était intact aussi.
Pas la moindre cicatrice.
Il posa sa main humaine sur sa joue puis baissa les yeux vers ses jambes.
Sa jambe était revenue aussi. Son pantalon coupé en dessous du genou.
En revanche elle n'avait plus de chaussette, ni de chaussure sur ce pied.
La chaussette et la chaussure associée étaient toujours sur le membre coupé, à quelques mètres d'eux.
"Comment…"
"Je ne sais PAS ! " explosa Shera avant de fondre en larmes.
Vincent n'était peut-être pas très doué question psychologie, mais il était certain que même Maître Cid n'aurait pas la moindre idée de comment consoler quelqu'un qui venait d'être brutalement torturée, amputée et, tout aussi soudainement, guérie.
Il était en train d'essayer de lui tapoter le dos quand la porte se rouvrit violemment.
"SHIERA ! DREKASKÌTUR ! EST-CE QUE TU VAS..."
Vincent n'eut pas le temps de l'arrêter.
Il vit Shera qui pleurait, le sang sur ses vêtements déchirés et sur les murs, le corps du Remnant.
Pendant quelques secondes, il y eut un silence de mort.
Une espèce de craquement sec retentit.
Puis Cid fit un pas en avant, ouvrant les mains.
Vincent se demanda brièvement où est ce que Cid avait trouvé des gantelets d'armure burmécienne avant de réaliser que c'étaient des écailles et pas du métal.
Quand les mains de Cid les touchèrent, elles avaient presque doublé de volume et continuaient à grandir, ses écailles craquant et grinçant au fur et à mesure de leur apparition...
Son dos s'était allongé, les pans de sa veste devenant deux grandes ailes. Il referma les bras sur Vincent et Shera, maintenant assez grand pour les tenir chacun d'une seule main et son cou s'allongeait encore, ses cheveux se hérissant comme une couronne de cornes acérées.
Il y eut un choc et la table de dissection se renversa quand il la heurta d'une épaule.
Il dû se tourner quand ses pattes arrière atteignirent leur taille finale et qu'il les utilisa pour piétiner le cadavre du Remnant avec une force qui brisa le plancher du préfabriqué.
Quand Cid cessa enfin de bouger, c'était moins par manque de rage que parce que, roulé en boule dans le laboratoire, il prenait toute la place, les murs grinçants dangereusement sous la pression de sa masse.
Vincent était coincé entre une énorme patte aux écailles gris-bleus et un poitrail plus grand encore que celui du dragon qu'ils avaient combattu à Nibelheim.
Si les écailles n'avaient pas été aussi chaudes, Vincent aurait eu l'impression d'être bloqué dans un éboulis.
Cid en dragon était comme un mur qui respire.
Heureusement qu'il avait rencontré le père de Cid, ça aurait presque pu être une surprise.
Il essaya de se tortiller pour s'extraire de la prise de Cid, mais le dragon gronda sourdement et resserra sa patte autour de Vincent.
Ça devait vouloir dire de ne pas bouger.
"Shera ? "
Il ne pouvait voir d'elle que ses jambes, qui dépassaient de sous la patte de Cid, et sa main, passée autour de sa tête, le serrant contre elle.
"Ça… ça va," murmura-t-elle d'une voix rauque. "Ne t'inquiète pas. Laisse-le… Il... Il va se calmer."
"C'est... normal ? " demanda Vincent en posant la main sur le poitrail large pour tenter de mieux voir Shera.
Bon sang, il y avait une fournaise là-dessous ?
… C'était probablement le cas en fait, le feu des dragons venait bien de quelque part.
Et la chaleur corporelle de Cid commençait à s'expliquer.
"Ça fait seize…. Dix-sept ans qu'il se retient…" murmura Shera, sa petite main grattant doucement une large écaille sur la joue de son frère, "je m'attendais…. Honnêtement, je pensais qu'il craquerait avant…"
Dix-sept ans sans voler de ses propres ailes.
Vincent se serait jeté de la Plaque au bout d'un an. C'était un peu ce qu'il avait fait du temps où il était Turk, allant voler dans les montagnes autour de Midgar par les nuits de nouvelle lune...
"Cid… Tout… Shera va bien… Calme-toi…"
Il vit la tête du dragon bouger légèrement, se tournant vers lui et un œil gros comme son poing s'ouvrir, dardant sur lui un regard bleu ciel à la pupille en croix. Vincent se figea. Est-ce que Cid avait la maîtrise de lui sous cette forme ? Est-ce qu'il était guidé par ses instincts ou est-ce qu'il gardait son intelle…
Il sentit la patte de Cid se relâcher autour de lui et il se laissa glisser au sol, rejoignant Shera quand Cid leva la tête pour la libérer. Un des murs craqua quand Cid bougea, se hissant debout pour laisser les deux humes se rapprocher, mais faute de place et après s'être cogné les cornes au plafond, qui ne serait plus jamais le même, le dragon se recoucha rapidement, englobant cette fois Shera et Vincent entre ses deux énormes pattes.
Vincent se retrouva presque nez à nez avec Shera, recroquevillé contre le poitrail de Cid.
Elle semblait…
Il ne pouvait pas vraiment dire calme. Elle était visiblement toujours sous le choc, ses mains tremblaient et ses yeux étaient écarquillés, mais être entre les pattes de son frère semblait la calmer.
C'était… compréhensible.
Vincent se sentait à l'abri contre les écailles chaudes. Il n'y aurait guère que l'effondrement de la plaque qu'il pourrait craindre et il était pratiquement sûr que ça ne suffirait pas à abattre le dragon.
"Ne t'en fais pas, il commence à se calmer… Ça va Siddhe. Je vais bien."
L'inspiration du dragon les souleva tous les deux.
Elle dura cinq secondes.
Cid revenait.
Le dragon siffla longuement, le son se transformant peu à peu en claquement et syllabe, jusqu'à arriver à des mots en Burmécien et enfin, en commun.
"sssss'est passssé, Bahamutskitur Shiera, qu'est ce qui s'est passé ?
Ne restait contre eux que Cid, qui les serrait contre lui, juste assez calme pour ne pas redevenir un dragon.
En fait, il n'était même pas tout à fait humain encore. Des plaques d'écailles se réduisaient encore sur ses bras et la pupille de ses yeux n'avait pas repris sa forme habituelle, mais à chaque respiration, il se faisait plus humain.
Vincent avait aussi cru voir une armure dans le processus, mais pareillement, il ne resta bientôt plus sur le dos de Cid que son blouson, son pantalon et une paire de vieilles bottes militaires.
"Vincent m'a sauvé" répondit Shera, "ça... ça va... je vais bien…"
"Tu es couverte de sang ! " protesta Cid en essayant de desserrer ses bras pour l'ausculter. "Et tes fringues sont en morceaux, mais qu'est ce qui s'est passé ? "
Shera secoua la tête, refusant de lâcher son frère. En désespoir de cause, Cid s'adressa à Vincent.
"Vincent, qu'est ce qui..."
"Non," protesta Shera, "non pas maintenant. Cid ... Siddhe. Ney. Ney ney ney. Ekki núna. Seinna. Seinna.[1]"
Cid tenta à nouveau de parler mais sa sœur plaqua ses mains sur sa bouche en secouant la tête.
"Ekki nùna…"
"Cid ? " murmura Vincent.
Le dragon baissa les yeux sur Vincent, réalisant qu'il était toujours là.
Et sous son bras.
Il le lâcha.
Vincent se redressa.
"Merci."
"Hu…"
Shera marmonna quelque chose en Burmécien qui laissa Cid bouche bée et elle se redressa, adressant un petit sourire tremblant à son frère.
"Shera, où sont Marlène et Elmyra ? " demanda Vincent.
La biologiste sursauta et montra la porte de la réserve du labo.
"Je les ai enfermées là pour les protéger ! Oh, sors-les de là, elles doivent être frigorifiées ! "
Vincent s'inquiétait plus de ce que Marlène aurait pu entendre des derniers évènements et il ouvrit lentement la porte.
Il ne vit d'abord que la lame du couteau d'Elmyra, juste sous son nez. Leur gouvernante le brandissait avec la détermination de toute habitante des Taudis prête à défendre sa famille.
Puis elle reconnut les yeux de Vincent dans le noir et redevint leur gouvernante affable et maternelle, baissant son arme.
"Vincent ? "
"Vous allez bien ? "
La gouvernante hocha la tête et le petit visage de Marlène apparut de derrière sa jupe.
"Vincent, je me suis occupée de Cait ! " proclama la petite, tenant le chat contre elle.
Parfois, Vincent était très content que le jeune chat soit aussi flegmatique avec Marlène. Quoique la petite lui fasse subir, il restait toujours calme, restant dans ses bras sans protester, ni aux câlins, ni au brossage, ni à l'habillage de vêtements de poupées.
Avec Zack, il était un tourbillon de griffes et de crocs.
"Merci Marlène. Tu as été très courageuse."
"Qu'est-ce qui s'est passé ? " demanda Elmyra.
"Un Remnant."
"Est-ce que Shera…"
"Qu'avez-vous entendu ? "
Elmyra ne répondit pas, baissant rapidement les yeux vers Marlène.
"Je lui ai bouché les oreilles," murmura-t-elle.
"Shera va bien," affirma Vincent, "il y a eu… De la magie de guérison."
Il leur fit signe d'attendre et jeta un coup d'œil par la porte, observant l'état de la pièce.
Outre les dégâts, il y avait aussi du sang partout et… des morceaux de corps. Tout ce qui était interdit de laisser voir à Marlène. Vincent retourna à l'intérieur, retirant sa veste.
"Marlène, tu… On va faire un jeu, d'accord ? "
Marlène lui adressa un grand sourire. Vincent n'était pas très doué pour jouer d'après elle, mais il lui apprenait toujours pleins de choses. Il fallait juste qu'elle ne le dise pas à son père.
Il lui mit sa veste autour d'elle, la zippant jusqu'en haut et rabattit la capuche, lui cachant la tête sous le vêtement.
"Je vais te cacher et personne ne doit te voir, d'accord ? "
"D'accord."
"Tiens bien Cait. Elmyra, je passe devant. Ne… ne regarde pas, suit le mur jusqu'à la porte."
Il souleva Marlène, l'installant sur son bras gauche avant de ressortir son arme. Elmyra raffermit sa prise sur son couteau et hocha la tête, le suivant hors de la pièce.
Heureusement, Cid était en train de couvrir les restes du Remnant d'un sac mortuaire pendant que Shera faisait de même avec…
Oh… Elle avait du cran, mais elle allait définitivement avoir besoin de parler à Maître Cid.
Vincent la porterait dans son bureau lui-même s'il fallait.
"Qu'est-ce que… Marlène ? " marmonna Cid en voyant les pieds de Marlène dépasser de la veste de Vincent.
Un petit rire s'échappa du col.
"Je suis cachée ! "
"Cid, où sont les autres ? "
Le dragoon ouvrit la bouche, mais la referma aussitôt d'un air coupable.
"Je les ai plantés sur Jormungand," admit-il, penaud.
"Tu as quoi ? " s'exclama Shera en revenant, enfilant sa chaussure.
"J'ai entendu Jessie dire que le fils de… que le décoloré arrivait à Seventh Heaven et… heu…"
"Prise de décision hâtive, irréfléchie et à fort volume sonore ? " soupira Shera d'une voix accablée.
"Tu aurais fait quoi à ma place ? ! "
"Attends, tu as sauté de Jormungand ? ! " réalisa Shera.
"On n'était qu'à une vingtaine de mètres du sol ! "
"Shera, Cid," les coupa Vincent, "vous vous crierez dessus plus tard, il faut retrouver les autres..."
/Ils sont dans le garage,/ intervint Jessie d'une voix tremblante.
Vincent et Cid, les seuls à bénéficier d'un module dans la pièce, échangèrent un regard.
"Jessie ? Ils vont bien ? "
/Reeve dit que vous allez tous le rendre taré, et je plussoie,/ répondit Jessie en reniflant, /ils vont bien, ils ont retrouvé Cloud, il est hors de danger…/
La voix de Jessie s'éloigna et Vincent l'entendit se moucher violemment.
"Jessie, qu'est-ce qui se passe ? " demanda Cid d'un ton aussi calme qu'il pouvait se le permettre en sortant tout juste de sa limite.
/Biggs et Wedge… On a perdu le contact… Ils ont dit de ne pas s'inquiéter, qu'ils avaient un plan mais…/
/Jessie, va te reposer,/ reprit la voix de Reeve en se rapprochant.
/Mais non, je…/
/Fait une pause. Reno et moi prenons le relais./
Il y eut un bruit de frottement quand Reeve prit le casque audio de leur opératrice-radio, puis sa voix se fit entendre, plus nette.
/Vous êtes toujours là ? /
/Oui,/ fit la voix de Barret.
"Idem," reprit Cid.
/Rassemblez-vous dans le garage./


Quand Vincent arriva au garage, Zack était agenouillé au sol, son frère dans les bras, le serrant contre lui comme s'il ne le reposerait plus jamais.
"Il…"
"Il va bien," déclara Zack sans le quitter du regard, "Aérith dit qu'il n'a plus les cellules J, il est guéri il…"
"Oui et bien, JE ne peux pas le porter ! " retentit soudain la voix d'Aérith.
Vincent se tourna dans sa direction et vit la guérisseuse et Séphiroth, tous deux agenouillés autour de Riku, inconscient. Aérith banda ses muscles, assis Riku et l'appuya contre le torse de Séphiroth qui se figea immédiatement, comme si elle venait de lui tendre une bombe.
"C'est TON fils, alors arrête un peu tes simagrées et prends le dans tes bras ! " ajouta Aérith avant de se lever, ne laissant pas le temps à Séphiroth de refuser.
Elle se tourna vers les nouveaux venus et approcha rapidement, évaluant leur état de santé du regard. Barret s'était immédiatement précipité vers Elmyra et la serrait dans ses bras, prenant garde à ne pas la blesser avec sa prothèse.
"Elmyra, tout va bien ? Où est Marlène ? "
"Ici," répondit Vincent.
"Chuteuuuuh ! " s'exclama Marlène.
"Elle n'est pas du tout cachée dans mon manteau," ajouta Vincent en tendant le petit fardeau qui riait à son père.
Aérith poussa un petit soupir de soulagement puis jeta un regard à la tenue de Shera mais Vincent secoua la tête avant d'aviser le sang sur le pull d'Aérith.
"Aérith que…"
"Je vais bien. Cloud va bien. Le... l'explosion de sacre nous as soignés."
"Explosion de sacre," répéta Vincent, "tu… toi ? "
Aérith secoua doucement la tête avant de désigner Riku, que Séphiroth soulevait avec délicatesse, comme s'il était fait de verre.
"Riku ? "
"Je... non," répondit Aérith en portant la main à son torse, la posant à plat au-dessus de sa poitrine, " je ne crois pas, je…"
"Aérith ? "
"Minerva était là," murmura Aérith en levant les yeux vers lui.
Vincent resta silencieux quelques secondes.
"Minerva est morte," finit-il par répondre sur le même ton.
"Elle est l'incarnation de la Planète, la personnification de la Rivière de la Vie, son corps est mort…"
Aérith se tourna vers Riku, qui dormait paisiblement dans les bras de son père, enveloppé dans ses vêtements trop grands.
"… Pas son esprit."
"Riku est Minerva ? "
"Non. Oui. Je ne sais pas," soupira rageusement Aérith en soufflant sur ses mèches.
"De quoi parlez-vous tous les deux ? " s'étonna Séphiroth.
"Ça fera partie des nombreuses choses que je dois t'expliquer," déclara Vincent.
/J'ai une mauvaise nouvelle,/ annonça Reeve.
"Merde," déclara Zack, le menton sur le crâne de son frère.
/Un des clones sème la désolation à secteur 6, il invoque des sans-cœurs à tour de bras qui attaquent les habitants en cours d'évacuation.../
"Merde," répéta Barret, " les autres sont où ? "
"J'ai tué le clone aux cheveux longs," annonça Vincent.
"Tu es sûr ? " demanda Barret en se tournant vers lui.
"Oui," répondirent d'une même voix Shera et Cid.
"Et Riku a buté Xehanort," ajouta Yuffie d'un ton vindicatif en montrant du pouce un feu qui flambait joyeusement à l'extérieur.
"Ne reste que le clown tueur," grommela Cid.
/Il est au secteur 1 et se dirige vers vous ! / s'exclama la voix de Reno.
Barret soupira et ferma les yeux, réfléchissant rapidement avant de tendre Marlène à Elmyra.
"Je déteste faire ça, mais il va falloir nous séparer. "
Barret dévisagea ses hommes, cherchant les équipes les plus aptes à combattre les deux Remnants restant.
Vincent, Cid, Zack, Yuffie, Red, Aérith, lui… et Séphiroth.
Non. Pas lui. Il ne fallait pas que les Remnants mettent la main sur lui.
"Zack, Yuffie et moi allons au secteur 6. Zack et moi nous chargeons du Remnant, Yuffie, essaye d'organiser l'évacuation vers le refuge."
"Je peux réquisitionner mes potes qui vivent là-bas," ajouta Yuffie.
"Yuffie..." commença Barret d'un ton sévère.
"Tu crois qu'ils ne sont pas en train de défendre leur maison ? Je te parie que Djidane est déjà sur le coup."
Barret allait le regretter.
"D'accord, essaye de les contacter. Tu n'approches pas des Remnants, est-ce que c'est bien compris ? "
"Oui, Lieutenant, " répondit Yuffie d'un air déterminé.
"Cid, ta lance est dans le fourgon, toi, Red et Vincent, vous vous occupez de Palazzo."
"À tes ordres," répondit Cid en se dirigeant vers le véhicule.
"Aérith, Shera, Elmyra, vous prenez le fourgon avec Riku, Cloud et Marlène, allez-vous mettre dans un refuge."
"Et moi ? " demanda Séphiroth.
"Vous allez avec eux," répondit Barret.
"Lieutenant, je peux me battre…"
"Les Remnants ne doivent pas remettre la main sur vous ! "
/Palazzo est à cinq minutes ! / lança Reno.
"J'y vais," déclara Vincent en mettant la sécurité sur son arme avant de suivre Cid vers le fourgon.
Cid fermait la porte quand il vit Vincent commencer à escalader la façade endommagée.
"Tu fais quoi ? "
"S'il est un mage aussi puissant que ça, il vaut mieux que… je me change."
"Un de ces jours, tu te feras voir. Yuff ! Passe-moi le machin de Vincent ! "
"Il est à l'arrière du fourgon ! " lança Yuffie de l'intérieur du garage.
Très rapidement, les trois groupes se séparèrent, chacun vers leur but.
Shera aida rapidement Marlène à mettre Cait dans sa caisse de transport pendant qu'Elmyra démarrait le fourgon.
Séphiroth posa Riku à l'arrière avant de revenir chercher Cloud, toujours endormi, la tête sur les genoux d'Aérith.
"Hé," murmura Aérith, attirant son attention.
Il tourna la tête vers elle.
"Je sais… C'est frustrant de devoir rester en arrière pendant qu'ils risquent leur vie…"
"Comment…"
"Je crois que tu as rencontré mes parents," déclara Aérith avec un petit sourire taquin avant de lui tendre la main, "Aérith Falmis."
Ah.
Oui, en effet, il aurait dû s'en douter, elle ressemblait beaucoup à Madame Falmis.
Sa… tante ? Cousine ? Il n'était toujours pas sûr du terme approprié.
Il leva la main, hésitant avant de la serrer très doucement autour de celle d'Aérith.
"Séphiroth."
"Papa m'a beaucoup parlé de toi. Tellement que j'étais sûre que tu étais mon frère quand j'étais petite."
"Déçue ? "
Elle secoua la tête et tira sur sa main pour la mettre sous la tête de Cloud, l'aidant à le prendre dans ses bras.
"Jamais."


Quelque chose venait de se passer. Kefka n'était pas entièrement certain de quoi, mais il ne sentait plus la moitié des Remnants par l'entremise des cellules de la déesse. Soit, ils avaient déguerpi très loin et très soudainement, ce qui, connaissant Ansem, n'aurait pas été surprenant, soit, ils étaient morts.
Et vu les explosions qu'il avait entendues il y a quelques minutes, la deuxième solution semblait la bonne.
Peut-être qu'il était temps de battre en retraite et vite.
Un bruit d'ailes familier lui fit lever les yeux et il vérifia d'un regard qu'aucune catastrophe n'était en train de lui tomber spécifiquement sur les endosses.
Il dû répéter son regard pour être sûr.
Kefka ne pouvait en croire ses yeux.
Le troisième mage était là.
Zurvan, le démon, était là, devant lui, à voler au milieu des Taudis, surveillant les environs.
Zuvran était là, Séphirot était à proximité… Une fois qu'il les aurait tous les deux tués et assimilé leurs pouvoirs, il ne ferait qu'une bouchée de la Déesse.
Il retrouverait ses pouvoirs, il détruirait à nouveau le monde, le modelant à son envie…
Il serait de nouveau le dieu de la magie.
Toute à son euphorie, Kefka sortit de sa cachette et, sortant ses ailes, s'éleva dans les airs en direction du démon.
"Zurvan ! Te voilà enfin ! "
Le démon se tourna vers lui, battant des ailes.
"Je savais que je te retrouverais un jour... " déclara le mage, "je savais que si j'étais revenu, que si la Déesse Sophia et le démiurge Séphirot étaient là aussi, je te retrouverais…"
Vincent était moins réfléchi quand il était en démon, et avait plus tendance à suivre ses instincts, mais il comprenait les paroles du Remnant.
Enfin, il comprenait les mots, il n'était pas sûr si c'était sa nature de démon qui influait sa compréhension ou si Palazzo était en train de déclamer des sottises, mais il ne faisait aucun sens.
Zuvran ? Sophia ? Séphirot ? !
Mais de quoi parlait-il ? !
"Je suis toutefois navré que tu ne sois revenu que pour me servir…"
Que Minerva le préserve des cinglés avec une tendance au monologue, il avait donné avec Hojo, merci.
"Je vais reprendre ce qui me revient de droit, tes pouvoirs, ta nature, et dès que j'aurais retrouvé Séphirot et Sophia, je serais de nouveau le dieu de la…"
Vincent lui coupa la parole.
Ou plutôt, Vincent fonça sur le mage ailé, enfonça son épaule dans son ventre pour lui couper le souffle, le laissant retomber au sol comme un météore.
"Woohoo ! Bien joué ! " lança Cid du sol.
Vincent lui adressa un signe de tête avant de reculer précipitamment, profitant de la maniabilité de ses ailes pour s'éloigner quand des boules de feu fendirent l'air dans sa direction.
Avant que Cid ait pu intervenir pour abattre le Remnant, celui-ci s'était élevé dans les airs comme un bouchon de champagne, ses quatre ailes battant pour l'amener au niveau de Vincent.
Hu.
Visiblement, ça n'avait pas été sa limite à la Tour Shinra. Il avait bien ses deux paires d'ailes, les grandes de plumes et les plus petites de démon, mais sa peau était maintenant d'un mauve sombre, presque gris, sur lequel ses cheveux blonds tranchaient violemment.
Et...
Vincent n'était pas sûr, mais... est-ce que c'étaient des écailles qu'il voyait sur son torse et ses bras ?
Oh…
Palazzo avait reçu des cellules de Séphiroth. Son fils.
Les ailes et les écailles lui venaient de Vincent.
À quoi pouvait bien ressembler Séphiroth avec sa limite ?
Puis Kefka ouvrit la bouche, ses lèvres fendant son visage jusqu'à ses tempes, dévoilant ses crocs et Vincent cessa de se poser des questions pour se concentrer sur leur combat.
Il dû manœuvrer rapidement pour éviter les nombreux bras de foudre qui tombèrent sur lui. Minerva, le mage était rapide !
"Veux-tu bien te laisser faire, bon sang ? ! " glapit Palazzo en partant à sa poursuite.
Une boule de feu s'écrasa sur la hanche de Palazzo qui hurla de douleur et baissa les yeux vers le dragoon et le lion au sol.
"Faut l'éloigner ! " s'exclama Cid en montrant les bâtiments endommagés par la foudre, "amène-le au secteur 7 ! "
"Oh, je te n'ai pas oublié la sauterelle ! " s'exclama Palazzo en se tournant vers Cid d'un coup de rein.
"Viens me le dire en face ! " rétorqua Cid en montrant le sol devant lui.
Palazzo lui tira la langue.
Cid fit un grand sourire.
"Ok, j'arrive alors."
Visiblement, Palazzo n'avait jamais été confronté à un dragoon qui avait la place de bouger.
Il resta figé de surprise, oubliant même de battre des ailes quand Cid fut soudain à sa hauteur, ramenant sa lance en arrière.
"Allez, fais-moi un bécot," ricana Cid avant de lui assener la hampe de sa lance en travers du corps.
Le Remnant fut projeté comme un boulet de canon en arrière et Cid retomba, utilisant tout l'art des dragoons pour atterrir sans se blesser. Vincent s'assura d'un regard qu'il allait bien avant de partir à tire d'aile à la poursuite de Palazzo. Le souffle coupé, avec probablement plusieurs côtes cassées, le mage n'arrivait plus à battre des ailes et dû recourir à décubitus pour ne pas s'écraser.
Vincent en profita, l'attrapant par la cheville.
Léger comme il l'était, ce ne fut pas difficile de l'entraîner vers le secteur 7.
Cid, de retour au sol, le regarda faire avant d'échanger un regard amusé avec Red.
Vincent était un troll.
Le Remnant se prenait toutes les antennes et panneaux que Vincent pouvait trouver sur son chemin.
"Suivons-les," suggéra Cid avant de faire un bond vers un toit.
"Hé ! Attendez-moi, je suis à pattes ! " protesta Red en suivant comme il pouvait, dans la rue.


"Je me trompe ou c'est Vincent ? " s'étonna Shera à voix haute, assise à la place du mort, un fusil à la main.
Aérith ouvrit une des fenêtres teintées du côté du fourgon et Séphiroth la rejoignit pour regarder.
Elle ne voyait pas grand-chose avec la lumière de nuit des Taudis, mais Séphiroth aperçut -et entendit- très clairement le nosferatu voler, traînant une autre créature ailée et jurant en Alexandriote derrière lui.
"Mon... père ? " répéta Séphiroth.
"C'est une longue histoire," admit Aérith, "mais j'ai l'impression qu'il a la situation bien en main…"
Séphiroth tourna la tête, voyant une autre silhouette bondir de toit en toit, parfois accompagnée d'une boule de feu visant le captif du démon.
"Bien, pour une fois, je ne suis pas la chose la plus étrange du champ de bataille," déclara Séphiroth en se rasseyant, jetant un coup d'œil à Cloud et Riku, endormis l'un à côté de l'autre.
Il leva les yeux vers Aérith qui ricanait, et Shera qui semblait partagée entre hurler d'horreur et rire.
"Misère, il a le même sens de l'humour que son père," finit par déclara la brune en remontant ses lunettes sur son nez.
"En plus verbeux," renchérit Aérith.
Elmyra freina soudainement et Séphiroth attrapa Aérith par la taille, l'empêchant de tomber à la renverse sur Cloud et Riku.
"Qu'est-ce qui se passe ? ! " demanda Aérith en se tenant à lui.
Elmyra ne répondit pas, passant frénétiquement la marche arrière pendant que Shera faisait sauter la sécurité de son arme.
"Marlène ! Mets-toi à l'arrière avec Cloud et Riku ! " s'exclama Shera en se penchant par la fenêtre du fourgon pour viser.
Devant le fourgon, deux énormes créatures se tenaient, avançant d'un pas lent. Elles étaient quadrupèdes, leur corps fait d'ombre pure, sauf sur la tête, munie d'un crâne blanc difforme. Elles possédaient deux excroissances hérissées d'une ligne de pointes sur le dos, comme des ailes atrophiées et une longue queue achevée d'un crochet acéré.
Aérith se précipita vers la banquette, attrapant Marlène pour la faire s'agenouiller au sol, derrière Elmyra.
"Qu'est-ce que c'est que CA ? " s'exclama Séphiroth.
"Marche arrière, Elmyra ! Marche arrière ! " S'exclama Shera en visant, touchant une des bêtes sur le crâne, sans sembler faire autre chose que l'agacer.
"Ça ressemble à un sans-cœur mais…" commença Aérith, serrant Marlène contre elle.
"Un quoi ? ! "
"Des monstres de magie que les Remnants peuvent invoquer ! "
Séphiroth jura avant de se diriger vers la porte.
"Je m'en charge ! "
Elmyra parvint à faire un demi-tour sec, faisant tituber le SOLDAT et repartit aussi vite qu'elle put.
Après quelques secondes de surprise, les deux créatures se ruèrent après le fourgon. Séphiroth ouvrit les portes arrière, attrapant la poignée de l'épée de Cloud, rangée dans son support vissé sur le côté du fourgon.
Une main plus petite que la sienne, mais à la poigne toute aussi forte, le devança.
Séphiroth baissa les yeux.
Cloud leva les siens.
"Tu permets ? C'est à moi," déclara le petit blond.
Surpris de le voir debout, Séphiroth lâcha l'arme, laissant Cloud la dégainer puis sauter tout bonnement du véhicule en marche, atterrissant devant un des deux monstres qui ne ralentit même pas, ouvrant la gueule pour gober Cloud d'une bouchée.
Le petit blond le trancha en deux d'un geste.
Les deux moitiés continuèrent leur chemin, portées par leur élan et se dissolvèrent dans une brume de poussière noire. Cloud les suivit du regard un instant, intrigué, ignorant l'autre monstre qui arrivait sur lui.
Séphiroth lâcha la porte du fourgon, lançant ses deux mains en avant.
Il ne savait pas trop ce qu'il appelait. Sa magie était, au mieux, capricieuse, au pire, complètement incontrôlable aussi ne fut-il pas tellement surpris quand des boules d'énergie blanches jaillirent de ses doigts, se précipitant vers le second monstre, le percutant avec suffisamment de force pour l'envoyer bouler dans un immeuble derrière.
Quand elles eurent fini de le bombarder, il ne restait de lui qu'un peu de poussière.
Le fourgon freina et Séphiroth se rattrapa précipitamment à la porte ouverte, mais il sentit un bras le retenir, autour de sa taille et baissa les yeux.
Aérith s'agrippait à lui comme elle pouvait, la main crispée sur son sweat, l'autre accrochée à une poignée du fourgon.
"Mais c'est de famille de ne pas avoir le sens de l'auto-préservation ? ! " s'exclama-t-elle d'un ton un peu fébrile.
"On parle du côté Crescent ou du côté Valentine ? " rétorqua Séphiroth.
"Les deux, elle n'est pas mieux," rétorqua Cloud en approchant, faisant le geste d'accrocher son épée à son harnais avant de réaliser qu'il ne le portait pas.
"Cloud ! " Protesta Aérith.
Le blond approcha de Séphiroth et le fixa d'un regard peu amène avant de le contourner, se penchant dans le fourgon.
"Tout le monde va bien ? "
"Tu as tué les monstres ! " s'exclama Marlène, assise près de Riku, "t'es trop fort[2] ! "
"C'est ce que vous faites à chaque sortie ? " demanda Elmyra, les mains tremblant sur le volant.
"On évite de sauter en marche, en général," objecta Aérith en lâchant Séphiroth pour se laisser tomber assise sur le banc.
Cloud ouvrit la bouche pour protester avant qu'une explosion retentisse, venant du secteur 7.
"Oh, ça, c'est Vincent," murmura Shera.
Cloud resserra sa prise sur son arme.
"Je vais les aider."
"Je viens," ajouta Séphiroth.
"Restez avec elles."
"Je peux me battre ! " protesta Séphiroth.
"Je sais," rétorqua Cloud d'un ton toujours aussi peu aimable.
"Ça suffit tous les deux ! " ordonna Aérith en se plantant entre eux, les poings sur les hanches.
Les deux hommes reculèrent d'un pas sous son regard furieux. Elle inspira profondément avant de se tourner vers Cloud.
"Très bien, va au secteur 7. Tu es prudent et vous revenez tous les quatre ! "
"Oui, Aérith," marmonna Cloud.
"Séph restera avec nous jusqu'au refuge," ajouta Aérith avant de lever un index sous le nez de Séphiroth qui s'apprêtait à protester du surnom et de l'ordre, "on avisera là-bas."
"Mais..."
"Tu ne veux pas t'assurer que ton fils sera hors de danger ? " rétorqua Aérith.
La fille était la digne enfant de sa mère, réalisa Séphiroth avant de soupirer, jetant un coup d'œil à Riku.
Il ne s'était pas réveillé. Marlène était même en train de le border avec une couverture de survie qu'elle avait trouvé quelque part.
"Très bien," finit-il par capituler.
Il vit Cloud lui jeter un regard étrange, et pour une fois pas belliqueux. Il hésita encore quelques secondes avant de défaire le module sur son oreille, le tendant au petit blond.
"Tiens. Tu en auras besoin pour garder le contact."
Le petit blond le prit avec autant de délicatesse que Séphiroth. S'il était aussi augmenté que lui, c'était nécessaire. Il contempla quelques secondes le petit appareil avant d'hocher la tête et le mettre sur son oreille.
"Merci," finit-il par dire avant de se tourner vers les femmes dans le fourgon, "soyez prudentes."
"Toi aussi," déclara Shera tout en rechargeant.
Cloud hocha la tête et s'élança en direction du secteur 7, son épée posée sur l'épaule du côté contondant.
Elmyra la dépassa rapidement, se dirigeant vers le refuge du secteur huit.
"On y est bientôt," déclara-t-elle, tentant de maîtriser les tremblements dans sa voix.
"Tu veux que je prenne le volant ? " demanda Aérith en approchant avec précaution pour ne pas bousculer Marlène et Riku.
"Non, non, ça ira," répondit Elmyra, tant que je fais quelque chose, ça ira…"
Séphiroth regarda Aérith se pencher sur Elmyra et poser une main apaisante sur son épaule.
Telle mère, telle fille, encore une fois, jugea-t-il en s'asseyant avant de baisser les yeux sur Riku.
Il dormait paisiblement.
Vu le nombre de machines qui le maintenait en vie le matin même -ça ne faisait que quelques heures qu'il connaissait son existence ? Vraiment ? - il avait craint qu'il ait des difficultés à respirer, ou même juste vivre, mais son souffle était régulier, ses joues roses et…
Il posa la main sur son front.
Sa peau était chaude.
"C'est ton fils, Monsieur ? " demanda la fillette assise par terre près de Riku.
"Oh kúkalabbi ! " jura la légiste d'Avalanche.
Séphiroth tourna le regard vers elle et elle se détourna précipitamment.
Shera Highwind-Mist. Légiste et biologiste d'Avalanche. Il était persuadé de l'avoir vue, avant sa disparition, mais à l'époque, elle travaillait à la conception d'aéronef au département de l'aéronautique, avec le Capitaine Highwind.
Ce devait être sa femme.
Une minute, la princesse avait plaisanté sur le fait qu'Highwind devrait embrasser son père pour lui porter chance...
Est-ce que c'était une blague de troupier ou…
"Diiiiit ? " reprit l'enfant en lui secouant la main.
"Marlène, laisse le Général tranquille," commença le Docteur Highwind-Mist.
Sentir les petits doigts de la fillette sur les siens lui rappelait des souvenirs.
Ceux de Rufus autour de sa main, même si à l'époque, la différence de taille n'était pas aussi prononcée.
"Oui, c'est… C'est mon fils. Il s'appelle Riku."
"Il est beau. Je pourrais me marier avec lui quand je serai grande ? "
Ça, il n'y avait jamais eu droit avec Rufus. Mais maintenant qu'il était adulte, ça allait peut-être commencer.
Aérith laissa échapper un petit gloussement amusé à son expression surprise et il lui jeta un appel à l'aide du regard.
"C'est à Riku que tu devras demander, Marlène," finit par déclarer la guérisseuse, "mais tu sais, je crois qu'il a déjà une petite amie et un petit ami."
"Ooooh," bouda Marlène d'un ton déçu.
"Pardon ? " marmonna Séphiroth.


Kefka roula sur le sol du secteur 7, alternant cris de douleur et insultes à l'intention de Zurvan. Il avait fallu un sort de foudre à bout portant pour que le démon le lâche et ça ne l'avait qu'à peine ébranlé. Il avait été nettement plus facile à abattre trois mille ans plus tôt.
Kefka commençait soudain à se demander si ça avait été une bonne idée de chercher Zurvan. Il avait été le plus faible des trois magi à leur première rencontre, mais s'en prendre à Séphirot d'abord aurait peut-être été plus malin[3].
Kefka se hissa à genoux, cherchant son adversaire du regard. Le démon s'était posé sur une ruine du secteur 7, reprenant son souffle tout en attendant que les derniers spasmes du sort se dissipent. Il ne quittait pas Kefka du regard, incandescent derrière son masque.
Il était augmenté à la mako, réalisa Kefka. Et son torse était couvert de cicatrices terriblement familières.
Et ça, ça signifiait qu'Hojo s'était probablement aiguisé les scalpels sur lui.
Manquait plus que ça.
Kefka fouilla sa poche, sortant une potion qu'il avala cul sec. C'était sa dernière. Mierda. Parfois, Kefka maudissait la mémoire d'Ultimécia. Ah, ça, pour ce qui était de la magie élémentaire, c'était du en veux-tu en voilà, mais pour la guérison, il pouvait se brosser, et à rebrousse-poil.
Il soupçonnait la Sorcière de s'être arrangée pour ne pas lui transmettre un seul sort de guérison.
Ah, Zuvran recommençait à bouger. Il vit le démon escalader la ruine pour se percher plus haut avant d'ouvrir ses ailes dans un claquement. Kefka porta les mains à ses côtes. Ça n'était pas encore tout à fait guéri, mais ça devrait suffire. Il fallait qu'il se débarrasse de Zuvran avant que les deux autres arrivent.
Il décolla d'un coup de talons.


"Oh, les couilles du Titan et sa barbe par-dessus," jura Barret en arrivant au secteur 6, Yuffie et Zack sur les talons.
Ou plutôt, Zack sur les talons, Yuffie ayant apparemment décidé qu'elle irait plus vite en grimpant sur le dos de leur coéquipier.
Il y avait des monstres partout, les sans-cœurs habituels, mais aussi des monstres similaires plus grands, d'autres quadrupèdes au crane apparent, des squames, qui sortaient régulièrement de nuages noirs apparaissant au hasard.
"Alors c'est comme ça qu'ils font entrer les gros monstres ? " s'étonna Zack en posant Yuffie qui jeta un dernier regard à son PHS avant de l'empocher.
"Yuffie, on t'accompagne au refuge," décida Barret.
"Barret, je pourrais me débrouiller ! " protesta Yuffie.
"Avec tous les monstres qui…"
Une double explosion retentit à cinquante mètres de là et Yuffie la désigna du pouce.
"Ça, c'est les jumelles, et elles nous rejoignent, je leur ai envoyé un message," déclara la princesse sans détourner le regard de Barret, "Zell est à la frontière entre les secteurs 5 et 6 et s'assure que le chemin est libre pour évacuer dans le 5. J'ai pas encore réussi à avoir Djidane, mais Squall est en train de contacter tous les élèves du secteur 6 pour appliquer les procédures qu'on apprend à la MGU."
Son expression se fit implorante et elle ouvrit les mains devant Barret.
"Fais-nous confiance, Barret. Les Taudis, c'est chez nous, on va défendre notre maison."
Le Lieutenant hésita visiblement, jetant un regard sur les monstres qui attaquaient les habitants du secteur 6.
"Très bien. Évacuer les habitants le plus vite possible, au refuge ou au secteur 6 selon la proximité."
"Je m'en charge ! Soyez prudent ! " s'exclama Yuffie avant de se tourner en direction d'une explosion, allant à la rencontre d'une jeune mage blonde, "Tina ! "
"Raté ! C'est Celes ! " rétorqua la jumelle avant de lancer un sort sur un sans-cœur qui explosa à l'impact.
"J'aurais des cheveux blancs avant la fin de la nuit," soupira Barret avant d'armer son bras.
"On sera deux, déclara Zack, décrochant son épée de son harnais, " je les attendris et tu les achèves ? "


Cid atterrit en jurant avant de se tourner à nouveau vers la bataille aérienne.
Rien à faire. Palazzo se méfiait de lui maintenant et était plus maniable dans les airs. Chaque fois que Cid approchait, il arrivait à s'éloigner suffisamment pour être à l'abri d'un coup de lance ou de pied.
Il se tourna quand une boule de feu frôla le mage, et vit Nanaki approcher à son tour, à bout de souffle.
"J'ai du mal à viser," admit Nanaki, "il va trop vite et j'ai peur de toucher Vincent…"
"Et la magie temporelle ? "
"Vincent ne m'a pas rendu ma matéria," objecta le fauve, "et ça ne marche pas bien sur les Remnants en général."
Au-dessus d'eux, Vincent esquiva un bras de foudre et fondit vers le sol, le frôlant avant de tenter de remonter vers le mage. Les griffes de Vincent parvinrent à lacérer la membrane d'une de ses ailes de peau, mais ça ne sembla pas ralentir le Remnant qui lui envoya une boule de feu presque à bout portant, jurant quand il réalisa que ça ne faisait qu'à peine agacer le démon.
"Faut qu'on fasse quelque chose," maugréa Cid.
Un cri d'une voix connue fit se tourner les deux plombs d'un même mouvement.
"Cid ! Nanaki ! "
"Cloud ! " s'exclama le fauve en se précipitant vers le blond qui arrivait en courant, son épée sur l'épaule.
"T'es debout ? ! " s'exclama Cid.
Décidément, la résilience des augmentés le surprendra toujours.
"Qu'est-ce qui se passe ? " demanda Cloud en levant le nez vers la bataille aérienne.
"Faut qu'on trouve un moyen d'aider Vincent contre le mime tueur."
"Tu ne peux pas sauter ? "
"Il est plus agile que moi, une fois dans les airs, je ne peux pas changer de direction," expliqua Cid, "et je sais pas pourquoi, il fait une fixette sur Vincent ! "
"Jaloux ? "
"Va te faire foutre," rétorqua Cid par réflexe.
Les deux hommes et le fauve restèrent silencieux quelques secondes, cherchant une solution. Cid finit par tapoter doucement le talon de sa lance sur la botte de Cloud.
"Cloud, tu te rappelles la fois ou Aérith nous as interdit de vous lancer dans une bagarre, Yuffie et toi ? "
"Ouais, pourquoi ? " répondit le petit blond.
Cid le regarda.
Cloud regarda Cid.
Ils se tournèrent vers la mêlée aérienne.
Nanaki gémit en baissant les oreilles.
"Si jamais elle l'apprend, je dirais que c'était ton idée," déclara Cloud.


"Mais... Tu... Vas… Rester... IMMOBILE… OUI ? ! " brama Kefka, alternant chaque mot d'un sort de foudre.
Comme pour les squames, c'était la magie la plus efficace contre Zuvran. Le feu ne lui faisait pas grand-chose, la glace était trop lourde pour pouvoir être utilisée dans les airs et la terre… Même Loz aurait su que ça ne servait à rien contre un être volant.
Et c'était bien la première fois de sa vie que Kefka aurait tué pour de la magie de vent. Le truc qui ne servait habituellement à rien.
Zuvran allait trop vite pour qu'il arrive à le viser d'une malédiction ou d'un sort temporel. Il ne restait qu'à espérer qu'il allait se fatiguer à zigzaguer comme il le faisait entre les sorts de Kefka.
Le mage laissa échapper un cri de victoire quand le démon dû virer de bord pour esquiver un sort et se retrouva dans la ligne de mire de Kefka.
"Vincent, écarte-toi ! " lança une voix.
Vincent ? Comment ça : Vincent ?
Avant que Kefka ait pu comprendre ce qui se passait, le démon referma ses ailes, se laissant tomber comme une pierre sur plusieurs mètres. Kefka jura, baissa les yeux…
Et vit un missile humain et blond monter vers lui à grande vitesse, une énorme épée à la main.
Il fallut toute la souplesse et le talent d'acrobate de Kefka pour se tordre et esquiver de justesse le fil de son épée, sacrifiant quelques plumes au passage.
"Raté ! ! " S'exclama-t-il avec un rire soulagé quand l'augmenté le dépassa, continuant son ascension.
"T'es sur ? " reprit la voix, plus proche.
Oh merde.
La sauterelle.
Kefka n'eut que le temps de tourner la tête, voyant Cid arriver sur lui à son tour.
Le coup de lance lui fracassa l'aile gauche et Cid, profitant d'être au contact, ajouta un coup de pied dans son dos, le repoussant violemment.
"Cloud, à toi ! " lança Cid en retombant au sol.
"Espèce de ver…" éructa Kefka, ultima au bout des doigts.
Cloud retomba droit sur Kefka, l'épée en avant.
L'énergie libérée par le sort quand l'épée de Cloud le traversa repoussa Vincent et Cid, l'un vers la plaque, l'autre vers le sol.
Le sol arrivait beaucoup trop vite au goût de Cid. Il allait avoir besoin de tout l'art des dragoons et de leurs techniques millénaires.
L'impact secoua le sol sur une bonne dizaine de mètres autour de lui.
Le choc fut plus rude qu'il ne l'aurait préféré, mais il parvint à amortir suffisamment pour ne rien se briser et il releva la tête, à temps pour voir Vincent parvenir à saisir Cloud au vol, l'empêchant de s'écraser au sol.
Les démons, compris instinctivement Cid, ne sont pas conçus pour porter des gens en vol. Leurs ailes sont trop aérodynamiques pour ça, faites pour la vitesse et la voltige, mais pas la puissance, contrairement aux ailes des dragons qui devaient soulever l'équivalent d'un camion-citerne quand ils prenaient leur vol.
Et il devait non seulement porter Cloud, mais aussi son arme, qui pesait au moins autant que le petit blond.
"Merde ! CLOUD LACHE TON ÉPÉE ! "
Cloud obéit, mais ils étaient déjà trop près du sol pour faire une différence et heurtèrent de plein fouet un mur qui s'effondra sous l'impact.
Jurant comme un troupier, et boitant encore du choc de l'atterrissage, Cid se précipita vers le point de chute des deux augmentés.
"Vincent ? Cloud ? "
Une toux lui répondit, moins grave que celle de Vincent et quand la poussière retomba, il vit Cloud se redresser à quatre pattes au-dessus de Vincent qui avait visiblement tenté d'amortir leur chute de son corps.
Si le démon était encore vivant, il allait le tuer.
"Vincent ? "
"Owwww"
Il redevenait humain. Rien de cassé donc. Cid se laissa tomber à genoux avec un rire nerveux.
Cloud regarda Vincent redevenir lui-même avec une expression confuse, puis les dégâts autour d'eux avant de se relever, tendant la main à Vincent.
"Pas ton meilleur atterrissage ? " s'enquit Cloud.
"Étonnement : pas le pire." répondit Vincent en se hissant sur ses coudes avant d'attraper la main tendue. "Cid ? "
"J'ai déjà fait mieux" répondit Cid.
"Blessé ? "
"Ça devrait aller. Rien de cassé."
"Cloud ! Cid ! "
Nanaki arrivait en galopant, se jetant presque littéralement dans les jambes de Cloud.
"Je le dirais à Aérith ! " s'exclama le fauve.
"Dire quoi ? " s'étonna Vincent en se massant l'épaule.
"Cid a lancé Cloud sur le Remnant ! "
Les deux blonds eurent la décence de sembler embarrassés.
"À propos de Palazzo, où est-il ? " demanda Vincent.
Ils trouvèrent le corps à demi carbonisé du Remnant dix mètres plus loin.
Et l'épée de Cloud plantée dans le sol, légèrement noircie et une matéria ayant explosé dans son orifice, mais sinon, quasiment intacte.
"Comment ça se fait que tu n'as pas une égratignure ? " s'étonna Cid pendant que Cloud extrayait son arme du sol.
"Elle m'a protégé," répondit Cloud.
"Qui ? "
Cloud haussa les épaules.
"Chais pas, elle m'a soigné et réveillé quand le fourgon a été attaqué…"
"Shiera va bien ? ! " réagit aussitôt Cid.
"Oui, j'ai vaincu les monstres et…"
L'expression de Cloud se refit butée quand il admit la seconde partie de la phrase.
"... Séphiroth reste avec elles jusqu'au refuge."
Vincent grimaça intérieurement tout en sortant son PHS pour photographier le corps du Remnant avant que Nanaki ne l'incinère totalement. Il ne pouvait blâmer les jumeaux de ne pas être… accueillant envers Séphiroth, mais…
Ça allait être un problème à gérer à un moment ou l'autre. Tout comme la présence de Riku.
Bon, cette méthode ne l'avait pas aidé jusqu'à présent mais il fallait qu'il mette ça de côté pour se concentrer sur le combat du moment. Il porta la main à son module… Et s'aperçut qu'il avait dû le perdre à un moment, pendant une de ses transformations ou durant l'atterrissage en catastrophe.
"Est ce quelqu'un a un module qui fonctionne ? " s'enquit-il.
Cid pressa le sien sur son oreille.
"Jesse ? Reno ? Reeve ? "
/Cid ? ! / s'écria Jessie.
"Je suis avec Cloud, Nanaki et Vincent…"
/Dis à Vincent d'arrêter de perdre son module ! Je me suis inquiétée, il ne répondait plus ! /
"Arrête de perdre ton module," transmis Cid à l'intéressé, "Palazzo est mort et en train de flamber joyeusement, ça en est où avec le dernier Remnant ? "
/Il est en train d'invoquer tout le contenu de Sin et la moitié de son cul,/ résuma admirablement Reno.
/On a des attaques de sans-cœur, de squames, de Bienheureux, ça n'arrête pas et l'évacuation du secteur 6 est toujours en cours ! / expliqua Jessie.
"Comment ça en cours ? Ça devrait déjà être fini ! " s'exclama Cid.
/Les portes du refuge du secteur ont été fermées alors que la moitié des habitants et visiteurs étaient encore dehors ! /
"Qui a décidé cette connerie ? ! " brama Cid.
/Devine. Tu as droit à trois essais et les deux premiers ne comptent pas./
"Cornéo ? " suggéra Vincent.
/Un point pour le Turk ! / s'exclama Jessie.
/Cid, ici Barret,/ reprit la voix de leur lieutenant, à bout de souffle, /on a besoin de renforts, rendez-vous à l'accès entre secteur 6 et 7./
"On arrive," répondit Cid, "je présume que vous avez tous entendu ? "
"Oui, Cid," répondit Cloud en levant son arme pour la poser sur son épaule.
"Alors en avant ! " ordonna Cid.


Les refuges étaient souterrains, réalisa Séphiroth quand Elmyra stoppa le fourgon au milieu d'une petite place couvertes d'autres véhicules.
C'était probablement plus sûr, histoire que si la Plaque au-dessus d'eux s'effondrait, les réfugiés soient épargnés.
"Séphiroth, tu vas devoir porter Riku," commença Aérith après avoir rapidement vérifié l'état de santé de l'adolescent.
Séphiroth obtempéra, tâchant de soulever Riku bien enveloppé dans sa couverture.
Il était tellement léger… Séphiroth n'avait jamais rencontré d'adolescents de cet âge, même quand il avait été envoyé à Wutaï.
Il avait été le plus jeune SOLDAT à Wutaï. Même Vaan, l'autre benjamin des SOLDATS, avait été plus âgé[4].
"Comment va-t-il ? " s'inquiéta-t-il comme son fils restait obstinément endormi.
"Honnêtement, il est en parfaite santé," répondit Aérith en attrapant son sceptre avant de descendre à son tour.
Marlène avait déjà pris le panier de transport du chat, qui hurlait toujours son mécontentement et Elmyra la poussait vers la porte du refuge, gardée par des troopers pendant que Shera surveillait les environs, son fusil à la main.
"Pourquoi dort-il comme ça ? "
"Je ne sais pas," répondit Aérith en posant sa main sur le front de Riku.
"Des blessés ? " s'enquit un des troopers en les voyant approcher.
"Juste inconscient," répondit Aérith, nous sommes six."
"Sept ! " protesta Marlène en montrant Cait dans sa cage.
"Sept," corrigea Aérith avec un petit sourire.
"On a encore de la place, descendez vite," ordonna le trooper en ouvrant la porte.
Séphiroth obéit, penchant la tête pour ne pas se cogner au-dessus du tunnel.
L'escalier s'enfonçait dans le sous-sol de Midgar, jusqu'à donner dans une espèce de grande pièce presque nue. Des sommiers avaient été installés, mais pas en nombre suffisant pour tous les réfugiés, et la plupart étaient allongés à même le sol, dans leurs couvertures ou leurs manteaux. Certains avaient des sacs remplis d'affaires, d'autres des valises, mais la plupart ne portaient rien d'autres que les vêtements qu'ils avaient sur le dos.
On ne lui accorda pas un regard.
C'était étrange comment une simple couleur de cheveux le rendait soudain anonyme, alors qu'avant, la simple vue de sa tignasse provoquait presque un mouvement de foule en sens inverse.
"Il y a une place ici," indiqua Shera en désignant un emplacement vide.
Riku fut déposé au sol et Marlène, qui commençait à s'endormir debout, le rejoignit sous la couverture. Elmyra et Shera s'assirent à leur tour, visiblement épuisées par les derniers évènements tandis qu'Aérith papillonait de l'une à l'autre, les auscultant avec inquiétude avant de les laisser se reposer.
Elle finit par s'asseoir près de Séphiroth et poussa un long soupir avant de jeter un regard à son pull ensanglanté.
"Papa va m'enguirlander," murmura-t-elle en passant un doigt dans le trou d'un air dépité.
"Est-ce qu'ils…. vont bien ? "
Aérith ferma les yeux et sembla se concentrer quelques instants, comme si elle s'apprêtait à lancer un sort. Mais rien n'arriva. Elle rouvrit rapidement les yeux et hocha la tête.
"Ils sont à l'abri. À l'Église je crois, mais je ne suis pas sûre."
"Vous êtes…"
"Tutut ! "coupa Aérith, " tutoiement ! "
"Tu es," corrigea Séphiroth, "comme…"
Ifalna. Madame Falmis. Sa… cousine ? Tante ?
"Oui," répondit Aérith en posant sa main fraîche sur celle de Séphiroth. "Comme toi aussi."
"J'en doute," rétorqua Séphiroth en se dégageant aussi doucement que possible.
Aérith, découvrit-il à ce moment-là, était aussi butée qu'un chocobo des montagnes. Elle reprit sa main entre les siennes, la posa sur ses genoux et, après un regard légèrement agacé, referma les yeux.
"Ferme les paupières," ordonna-t-elle.
"Faites ce qu'elle dit," conseilla le Docteur Highwind-Mist, en train de décharger son arme, "où elle ne vous lâchera pas."
Au moins, la légiste restait au vouvoiement. Séphiroth obtempéra, se sentant un brin ridicule d'obéir ainsi à une petite guérisseuse.
"Pense à quelqu'un d'important pour toi."
Et ça, c'était quelque chose que Séphiroth évitait soigneusement depuis… Depuis des années en fait.
Depuis qu'Hojo avait découvert qu'il s'était attaché à Rufus et inversement.
Depuis qu'il avait trouvé Basch dans l'arène du Tambour.
Il tenta de se dégager à nouveau, mais Aérith resserra une de ses mains autour de son pouce et l'empêcha de bouger.
"Ne t'inquiète pas. Je ne saurais pas qui c'était."
Séphiroth referma les yeux.
"Pense à lui ou elle. Essaye de te souvenir de sa présence…"
C'était… facile à dire, mais Séphiroth n'avait pas la moindre idée de ce que ça signifiait. Il n'était pas très versé question spiritualité, ce qu'il connaissait de Rufus, c'était surtout son apparence, son odeur...
La façon qu'il avait eu de s'endormir sur lui quand ils étaient petits.
Ou de rester éveillé quand Séphiroth dormait, pour surveiller qu'Hojo et ses assistants n'allaient pas l'emmener dans son sommeil.
Ils s'inquiétaient toujours mutuellement l'un pour l'autre, pour Umbra, aussi, quand elle les avait rejoint, un tout petit chiot de darkstar qui venait à peine de cesser de téter.
Elle s'inquiétait pour eux aussi, même dans l'état où elle était, elle n'aimait pas les voir blessés, surtout -le blond, son frère, le petit, celui qui pense comme eux, esprit de verre- Rufus, mais même -le grand, incassable, celui qui sent comme la planète, vif-argent- Séphiroth était son fr...
Séphiroth sursauta, se relevant d'un bond et heureusement, Aérith le lâcha à temps.
"Tout va bien ? "
"Je dois appeler Rufus," répondit Séphiroth.
"J'ai mon PHS," déclara Aérith en le lui tendant, "tu connais son numéro ? "
Il fallait que Séphiroth se décide à recharger son PHS un jour. Ou au moins vérifier s'il marchait toujours. Il secoua la tête et Aérith composa rapidement un numéro avant de le lui tendre.
"Tseng devrait pouvoir t'aider."
"Merci."
Il s'éloigna de quelques pas, le PHS sur l'oreille jusqu'à ce que la tonalité soit remplacée par une voix au léger accent wutan.
/Tseng./
"S... c'est moi."
/Général,/ salua le Turk.
"Comment vont Rufus et Umbra ? "
/Relativement bien pour des personnes qui prennent des risques inutilement comme ils le font,/ rétorqua Tseng. /La balle dans l'épaule d'Umbra a été extraite sans complication, elle devrait dormir. Le Président est censé se reposer aussi./
"Et ni l'un ni l'autre ne le font."
/En effet./
"Passez-le-moi," ordonna Séphiroth avant de grimacer de son propre ton autoritaire, "je vais… essayer de le raisonner."
/Bien Général,/ reprit Tseng en éloignant le PHS de ses lèvres, /Monsieur, le Général au PHS./
/Merci,/ répondit Rufus, /Séph ? /
Son ton était aussi flegmatique et égal que d'habitude, mais Séphiroth avait grandi avec lui. Il connaissait la moindre de ses inflexions. Il savait quand Rufus se faisait du souci pour lui.
"Je vais bien," déclara-t-il aussitôt.
/Strife ? /
"Il a retrouvé ses esprits. Riku est avec moi. Toi ? "
/...Je te raconterais./
"Je vais m'énerver ? "
/Probablement,/ admit Rufus d'un ton presque penaud.
"Umbra, couche toi sur lui et dormez," ordonna Séphiroth.
Il y eut une brève lutte à l'autre bout du fil, un léger grognement de douleur et le téléphone tomba au sol avant d'être ramassé.
/Umbra est couchée sur le Président," déclara Tseng d'une voix calme et pas du tout étonnée.
"C'est la seule chose qui marche pour l'obliger à se reposer," expliqua Séphiroth.
/Je saurais m'en souvenir./
"Prenez-soin d'eux, Tseng… "
/C'est mon devoir, Général./
Et il raccrocha.
Séphiroth revint vers Aérith, lui rendant son bien.
"Comment va le Président ? "
"Fidèle à lui-même," répondit Séphiroth.
"Ce qui signifie qu'il ne ferait pas tache au milieu des têtes de chocobos d'Avalanche ? "
La simple idée de Rufus dans une mêlée donnait des frissons d'horreur à Séphiroth. Rufus avait de grands pouvoirs et était manipulateur et intelligent, mais dans un combat…
Il y avait une raison pour laquelle Umbra le protégeait en permanence. Et ce n'était pas juste parce qu'elle les considérait juste comme ses fr…
Rufus était son frère. Umbra était sa sœur. Et c'était enfin la première fois depuis dix… plus de vingt ans que Séphiroth arrivait à mettre un mot sur ce qu'ils étaient les uns pour les autres.
Il sentit la main d'Aérith se glisser autour de son coude et son parfum quand elle posa la tête contre son bras.
Mana, qu'elle était petite à côté de lui.
"Ils sont à l'abri avec Tseng. Il ne laissera personne leur faire de mal," déclara Aérith.
Séphiroth ne laissera personne leur faire de mal.
À commencer par Hojo.
"Je ne peux pas rester les bras croisés," finit-t-il par déclarer, "je sors aider Avalanche."
Aérith soupira en hochant la tête, lâchant le bras de Séphiroth.
Ses mains étaient fraîches, mais c'était son absence qui donna froid à Séphiroth.
"Je viens avec toi," déclara Aérith en se penchant pour ramasser son sceptre.
"Est-ce prudent ? "
Aérith leva le nez pour lui jeter un regard amusé, haussant un sourcil d'un air narquois.
"Je te renvoie la question."
"Je suis un SOLDAT…"
"Et je suis la guérisseuse d'une troupe d'intervention spéciale depuis plus d'un an et demi," rétorqua Aérith, vérifiant ses matérias.
"Si je lui dis de rester ici…" commença Séphiroth en se tournant vers les deux autres femmes.
"Elle viendra quand même," rétorqua Elmyra.
"Et s'il le faut, dans votre dos," ajouta Shera.
Quinze ans plus tôt, Basch, Vossler et une grande partie des SOLDATs à Wutaï avaient réalisé que Séphiroth ne prenait pas 'non' comme une réponse valable.
Ils trouveraient probablement ça très drôle de découvrir que c'était de famille.


[1] Non. Non non non. Pas maintenant. Plus tard. Plus tard.
[2] Franchement, tout le monde s'inquiète de ne pas la traumatiser, mais elle prend tout plutôt bien, je trouve.
[3] Pas sûre, en fait. Séph est un brin sur les nerfs en ce moment et probablement pas très enclin à se retenir sur un Remnant.
[4] De deux ans, lire Boule de Neige chapitre : Retrouvailles pour en savoir plus sur Séphiroth et ses SOLDATs à Wutaï