Chapitre 46 : La bataille de Midgar partie 2

Résumé :
Il ne reste qu'un Remnant à Midgar.
Et toute une tripotée de Sans-Cœurs, de Squames et de Bienheureux qui errent encore dans le secteur 6, menaçant les habitants.
Avalanche arrive à la rescousse et Séphiroth y mettra du sien, mais il ferait mieux de se rappeler un détail.
Il est aussi la cible des Remnants.

Personnages :
Team Avalanche, Famille Tribal, assortiment de squames, sans-cœurs et autres made in Sin.

Tags spécifiques au chapitre :
Bataille urbaine, mention de prostitutions, les abeilles et les bourdons du HoneyBee Inn sont dans la place,
Séphiroth aime les jolis garçons, les jolis garçons aiment Séphiroth, les jolies filles aussi, grossièreté (Cid et Barret surtout), dernier Remnant de la journée (nuit ?), tout le monde fatigue un peu, l'auteure comprise.


"Tu le vois ? " beugla Barret tout en incitant les civils à franchir la frontière entre le secteur 5 et 6.
Grimpé en hauteur, sur le mur de séparation entre les deux taudis, Zack tentait d'observer les alentours. Il avait entrevu un éclair de cheveux gris au loin quelques minutes plus tôt, mais le Remnant avait à nouveau disparu, semant des sans-cœurs comme du riz à un mariage gongan.
"Non, je l'ai perdu ! " répondit-t-il avant de sauter au sol.
Barret laissa échapper un cri d'alarme, mais Zack atterrit sans difficulté malgré sa hauteur de chute, amortissant le contact exactement comme Cid le faisait. Dès que tout ce bordel serait fini, Barret allait cuisiner Vincent sur cette histoire de mimic. Il rendit son arme à Zack qui la replaça sur son dos.
"Il est rapide, dès que j'ai l'impression de le voir, il disparaît à nouveau."
/Barret, Zack ? / intervint la voix de Jessie.
"On t'écoute."
/Gros problème au HoneyBee inn, les employés se sont réfugiés dedans avec tous leurs voisins, mais un squame les assièges ! /
"On fonce les aider ! " déclara Barret, "dès que les autres arrivent, dis leur d'aider à l'évacuation ! "
/Je m'en charge ! / répondit Jessie. /Ah, Aérith et Séph arrivent pour vous donner un coup de main./
"Est-ce que quelqu'un dans cette foutue unité écoute ce que je dis ou pas ? ! ! " tempêta Barret avant de suivre Zack.


Quand Barret et Zack arrivèrent, un grand squame était en train d'escalader le bordel, sous les hurlements de terreurs des employés réfugiés dans les étages. La façade avait déjà été bien abîmée, outre les lacérations laissées par les griffes du sans-cœur, plusieurs fenêtres portaient la trace de sorts de flammes qui avaient emporté des briques et la menuiserie. Le squame avait été touché, un des côtés de sa tête grésillant encore, mais ne semblait pas s'en soucier, continuant de regarder par les fenêtres, ou d'y tendre le bras, tentant d'attraper une victime. Il était en train de farfouiller dans une pièce quand un adolescent blond se pencha par la fenêtre d'à côté et lui lança un poignard avec une précision impeccable. L'arme s'enfonça dans l'épaule du monstre qui perdit sa prise sur la façade et dû précipitamment ressortir sa patte pour se retenir.
"Viens t'en prendre à quelqu'un de ta taille ! " vociféra Djidane.
Le squame lui obéit et détendit son cou comme une vipère qui frappe.
Heureusement, Djidane était aussi rapide que Yuffie et à peu près aussi casse-cou et se jeta tout bonnement par la fenêtre, esquivant les mâchoires redoutables et s'agrippant au monstre pour se mettre à l'endroit le plus sûr possible à proximité du squame : L'arrière de son crâne. Il lui planta son second poignard à plusieurs reprises dans le cuir épais en hurlant des cris de guerre Terran.
"Ce gamin est suicidaire," murmura Barret.
"Djidane ! Reste pas là ! " s'exclama Zack en se précipitant, décrochant son arme de son dos.
Avant qu'il ait put tenter d'utiliser les sauts de Cid, une des fenêtres du Honey Bee In explosa quand une haute silhouette rouge en jaillit, accompagnée de multiples boules de feu qui frappèrent le squame comme autant de missiles à tête guidée.
Le monstre fut déchiqueté en deux morceaux qui retombèrent au sol.
"Putain," murmura Barret en voyant les débris arriver sur Zack.
Zack plongea au sol, levant son épée au-dessus de lui pour se protéger.
Quand, intrigué de ne pas sentir de choc, Zack osa ouvrir les yeux, Séphiroth était là, se tenant debout près de lui, Aérith cramponnée à son dos, un cercle doré flottait au-dessus d'eux, bordé d'ailes de plumes blanches et dorées et tournant lentement au-dessus des doigts de Séphiroth. Les débris rebondissaient sur sa surface, sans que Séphiroth semble même faire le moindre effort pour le tenir.
"C'est nouveau," déclara calmement le Général.
"C'est bienvenu," rétorqua Zack en se levant,
"Qu'est-ce que c'est ? " s'enquit Aérith, accrochée aux épaules de Séphiroth.
"Je voulais utiliser un bouclier magique," répondit Séphiroth.
"Oh, et bien, c'est le cas, non ? " déclara Aérith.
"Ça va, mon ange ? " s'enquit Zack, attrapant Aérith par la taille pour l'aider à descendre.
"Oui, mon amour ! " répondit la guérisseuse.
"Qu'est-ce que je vous ai déjà tous les deux au sujet de flirter en mission ? " soupira Barret en approchant du squame, aux aguets.
Bon, le squame était mort, mais Barret prit la précaution de lui tirer plusieurs balles dans la tête au cas où il déciderait de jouer les bienheureux. Il se tourna à nouveau vers ses hommes. Séphiroth était en train de contempler le bouclier d'un air pensif, agitant la main pour tenter de s'en débarrasser, comme la fois où Cait avait marché sur un morceau de papier adhésif.
"On n'en a plus besoin," nota Zack.
"Je n'ai pas la moindre idée de comment l'arrêter," avoua le SOLDAT d'un ton égal.
Ouais, s'il était comme son père, il devait être en train de paniquer intérieurement.
"Ferme la main ? " suggéra Aérith.
Ça fonctionna. Le bouclier sembla se replier sur lui-même, devenant de plus en plus transparent avant de disparaître tout à fait, laissant quelques plumes retomber légèrement au sol.
"Mana, qu'est-ce que Hojo a fait ? " murmura Séphiroth d'un ton calme, observant sa paume.
Définitivement en train de piquer une crise intérieurement.
"On demandera à Vincent s'il sait quelque chose à ce sujet," trancha Barret avant de se tourner à nouveau vers le HoneyBee Inn. "Où est Djidane ? "
"Je suis là ! " répondit l'adolescent, "mais… euh, paniquez-pas, hein ? "
Fort heureusement, il avait prévenu.
Barret aurait probablement réagit violemment en le voyant dans les bras d'un humanoïde presque aussi grand que Séphiroth, couvert de fourrure rouge et autour duquel gravitait des boules de feu. Il tenait Djidane serré contre lui d'un bras, mais l'adolescent se cramponnait à lui avec tout autant de détermination. Surtout, remarqua Barret, pour l'empêcher de jeter ses sorts sur Avalanche, sa queue enroulée autour de son poignet. L'humanoïde gronda sourdement en montrant les crocs, exactement comme Red le faisait parfois et Djidane resserra sa prise sur lui, se tordant pour essayer de lui tourner la tête vers lui.
"Kuja, Kuja , Kuja ! Calme-toi ! C'est pas des ennemis, calme-toi ! Désolé ! Reculez ! "
"T'es sur que ça va aller ? " demanda Zack en poussant Aérith en arrière de son dos.
"Ouais, vous en faites pas, je gère ! MIKI ! Viens m'aider ! "
Une fillette blonde d'une dizaine d'années sortie du bordel, malgré les filles qui tentaient de la retenir et elle galopa à toute allure vers Djidane et Kuja, achevant sa course en se jetant sur le mage, s'accrochant à sa taille des bras, des jambes et même de sa queue, identique à celle de Djidane.
Barret crut pendant quelques secondes que la créature allait l'attraper pour la rejeter violemment, mais à peine eut-elle posé ses mains sur l'enfant qu'elle se figea.
Un souffle brûlant traversa l'air autour d'eux, similaire à celui d'un four qu'on ouvre et soudain le mage faisait une tête de moins, bien que toujours plus grand que l'adolescent, et avait désormais de longs cheveux mauves très pâle, presque gris, ornés d'une plume.
Kuja était de haute taille, d'une stature élancée, quoique qu'athlétique, visiblement été en cours d'enfilage du costume des danseuses du HoneyBee lors de l'attaque, et ne portait que ses bas, un short très mini et un blouson court enfilé à la va vite et à moitié zippé.
Il ?
Elle ?
Séphiroth arrivait habituellement à identifier le sexe de ses interlocuteurs assez aisément, mais là, il allait avoir besoin de sentir son odeur.
Si Kuja le laissait faire.
"Djidane ? " murmura Kuja d'une voix grave et hésitante.
"Tout va bien Kuja, tout va bien," déclara le blond en se remettant sur ses pieds.
La longue main de Kuja se glissa dans les cheveux de Djidane, son expression soulagée.
Et lui attrapa brusquement l'oreille, faisant glapir l'adolescent de douleur.
"Xolopitli[1] ! ! "
"Aïe aïe aïe, Kujaaa ! "
La fillette se laissa glisser au sol, s'accrochant à la jambe de Kuja avec un rire ravi pendant que son frère aîné se faisait enguirlander en cosmo, prenant plusieurs taloches de la part de l'adulte.
"Sauter comme ça à l'attaque d'un squame ! Mais tu veux que j'atteigne ma limite une fois par semaine ou quoi ? ! Tu es aussi idiot et intrépide que Papa et si tu continues comme ça, tu seras bientôt aussi mort que lui ! "
"Mais mais aïeuh, Kuja ! "
"Kuja, Djidane, tout va bien ? ! " s'exclama une femme en se penchant par la fenêtre détruite, affichant sans honte son décolleté plongeant.
Kuja se tourna vers elle et Séphiroth put voir que le... la mage ? Avait aussi une queue[2], comme son frère et sa sœur, mais elle semblait avoir été coupée, probablement dans un accident, et ne dépassait que d'une trentaine de centimètres, là ou celles de ses cadets devaient se courber pour ne pas toucher le sol.
"Ça va ! Même si cette tête de cactuar," ajouta Kuja avec une dernière baffe à l'arrière du crâne de Djidane, "fait de son mieux pour se faire tuer ! "
"Je comptais utiliser ma limite ! " protesta Djidane.
"Ça ne marche pas comme ça ! "
"Est-ce qu'il y a des blessés à évacuer ? " demanda Barret, interrompant les deux terrans qui se criaient dessus.
"Non, on a eu de la chance," avoua Kuja.
"Et mon grand frère est un super mage ! " renchérit la petite sœur, toujours accrochée à lui.
Ah. Homme donc, décida Séphiroth ignorant le petit coup de coude qu'Aérith donna à son fiancé dans son dos.
"On vous escorte au refuge," lança Barret. "Ne prenez que le strict nécessaire et rassemblez-vous en bas ! "
"Oui, Lieutenant Wallace ! "répondit un chœur de voix alors que les employés du Honey Bee Inn obéissaient.
Au moins, quelqu'un dans cette ville l'écoutait à part Marlène.
"Surveillez les accès, on a toujours un Remnant qui se balade."
"Hey, Zack," fit Djidane en approchant, suivi par Kuja et leur sœur.
"Hey, Dji', t'as failli faire un joli vol plané," ricana Zack en cognant très doucement son poing sur celui de l'adolescent.
"Ne l'encouragez pas," grinça Kuja tout en zippant son blouson.
"C'est qui ce type ? " demanda Djidane en regardant Séphiroth qui surveillait l'accès vers la rue, s'assurant qu'aucun squame n'approchait.
"Euh...une future recrue pour Avalanche ! " répondit Zack, " il venait passer son entretien d'embauche, on a décidé d'enchaîner sur les travaux pratiques."
"Zack ! " protesta Barret.
Bon sang, ils avaient déjà assez de dangers publics à Avalanche sans qu'on rajoute un criminel de guerre recherché sur trois continents et demi. Malheureusement, les abeilles du HoneyBee avaient l'oreille fine dès qu'il s'agissait de beaux garçons.
"Salut, la recrue ! " lança une des danseuses en s'arrêtant près de Séphiroth, enveloppée dans un manteau couvert des paillettes de son maquillage.
"Vous les embauchez chauds comme la braise à Avalanche ? " lança une autre fille en approchant à son tour.
"On fait un tarif spécial pour les sauveurs de Midgar ! " ajouta un danseur en venant passer un bras autour des épaules d'une des filles.
Visiblement, le HoneyBee inn avait… disons, agrandit son panel de choix ces dernières années, réalisa Séphiroth en remarquant qu'une partie de ses abeilles étaient maintenant des bourdons. Aérith dû plaquer sa main sur son visage pour ne pas laisser son ricanement sortir à l'expression confuse qu'affichait Séphiroth sous les tentatives de dragues éhontées qu'il subissait.
"Hé ! Ne nous le traumatisez pas ! " lança Zack, "il a pas encore signé ! "
"Zack, tu pars en avant et tu protèges la tête," coupa Barret avant que ses hommes se dissipent encore plus qu'ils ne l'étaient, "je prends le milieu, Aérith tu me colles aux bottes, et vous…"
Le Lieutenant se tourna vers le Général et hésita un bref moment avant de reprendre d'un ton que Séphiroth n'avait pas entendu hors de sa bouche depuis Wutaï.
"Qu'est-ce que vous fichez là ? Vous avez laissé les filles seules ? "
"Elles sont au refuge," répondit Séphiroth, "Aérith a appelé Jessie qui lui a dit que vous étiez ici."
"Je vous avais dit de rester à l'abri," reprit Barret.
"Moi je suis bien content qu'il ait été là," admit Zack tout en prenant la tête de la colonne de réfugiés.
"Vous prenez la fin de la colonne, protégez nos arrières et vous ne nous lâchez pas jusqu'au refuge du secteur 6 ! "


"Vous ouvrez cette porte, MAINTENANT, drekaskìtur ! "
Visiblement, Cid était déjà là, réalisa Barret.
L'autre équipe avait secouru une vingtaine d'habitants en chemin et tentaient d'entrer dans le refuge du secteur 6. Cloud et Cid tenaient chacun un enfant dans les bras et Vincent portait un vieil homme sur son dos pendant que Nanaki faisait des rondes autour de la petite foule, surveillant les environs.
Aérith fut immédiatement à leurs côtés, s'assurant qu'eux et leurs protégés n'étaient pas blessés et Barret rejoignit Cid qui s'époumonait.
"Je vais sortir Cornéo de ce trou moi-même et l'empaler sur ma lance si vous n'ouvrez pas ! " éructa Cid.
"Le boss a dit qu'on n'ouvrait pas ! " répondit une voix de l'autre côté de la porte.
"Que se passe-t-il ? " demanda Barret.
"Cornéo a donné l'ordre de fermer les portes et ils ne veulent pas les rouvrir," gronda Cid, un mégot éteint au coin de la bouche.
"Permission de crocheter la serrure ? " demanda Vincent à leur lieutenant.
Barret était fatigué. Il n'était pas sûr de l'heure qu'il était, mais probablement tard, voire très tôt, ils n'avaient pas mangé, subissaient crise sur crise depuis des heures, étaient en plein milieu d'une zone de guerre et avaient la responsabilité de plusieurs vies.
"Refusée. Permission accordée de DÉMOLIR cette porte."
Les jumeaux, Cid et Vincent dévisagèrent Barret avec surprise. Puis des sourires identiques et sadiques fleurirent sur les lèvres des hommes pendant qu'Aérith applaudissait.
Ayant les mains libres, ce furent Zack et Séphiroth qui se chargèrent d'ouvrir la porte, usant de l'épée de Zack comme d'un levier pour forcer les battants coulissants à s'entrouvrir avant qu'ils puissent les tirer de leur force herculéenne.
Sous le mauvais œil mako des deux géants[3], les sbires de Cornéo n'osèrent pas protester.
Et quand les abeilles entrèrent en remontant leurs manches, ils préférèrent tourner les talons.
Un quart d'heure plus tard, les réfugiés, aidés par Avalanche, avaient enfermés Cornéo et ses hommes dans une partie inutilisée du refuge, les empêchant de sortir et avaient pris possession des lieux.
"Ça ira, vous êtes sûrs ? " demanda Barret aux frères Tribal.
"Je vais monter la garde devant les portes avec Kuja," déclara Djidane, "amenez-nous tous les réfugiés que vous trouverez."
"Et on aidera ! " lança une voix féminine plus loin dans le refuge.
"Tenez, voici mon numéro," déclara Aérith en écrivant une suite de chiffres sur la main de l'adolescent, "s'il y a un problème, appelez-moi ! "
"Et contacte Yuffie, elle s'inquiétait de ne pas réussir à t'avoir tout à l'heure," ajouta Zack.
"Ouais, merde, j'ai pas eu le temps de répondre avec l'alerte," marmonna Djidane en sortant son PHS de sa poche.
Quelques mètres plus loin, Barret avait enfin coincé Séphiroth à l'écart des oreilles indiscrètes et tentait de lui faire entendre raison, mais finit par interpeller Vincent pour l'aider.
"Tu ne peux pas essayer de le raisonner et lui dire de rester là ? "
"Barret, s'il tient de moi, tu vas devoir parler longtemps, s'il tient de sa mère, Minerva en personne ne le fera pas bouger," répondit Vincent avec un soupir.
Ah, c'était intéressant d'apprendre que ce que Vossler avait appelé sa "tête de chocobo des montagnes" était un trait de caractère venant des deux côtés de la famille.
"Il n'a pas d'arme ! " protesta Barret.
Ça, Séphiroth dû l'admettre, c'était vrai. Il ne savait pas où se trouvait Masamune et elle commençait à lui manquer.
"Je ne pense pas qu'il en ai besoin," objecta son père.
Le lieutenant d'Avalanche poussa un long soupir et se frotta le visage de sa main de chair avant de se décider.
"Très bien, mais tu ne le lâches pas d'une semelle. Il y a un Remnant qui joue à cache-cache dans le secteur et personne ne sait s'il a des cellules de Jénova sur lui."
"Oui, Lieutenant," répondit Séphiroth.
"Vous avez un module ? "
"J'ai… perdu le mien," admit Vincent.
"J'ai donné le mien à Cloud," répondit Séphiroth.
Heureusement, le lieutenant était équipé de modules de secours et fouilla rapidement ses poches pour en tendre deux à Vincent.
"Demande à Cid de les régler."
"Oui, Lieutenant," répondit Vincent en se dirigeant vers le pilote, qui profitait de la pause pour allumer sa cigarette.
"Et vous," commença Barret en levant un doigt menaçant vers Séphiroth, "pas d'imprudence ! Votre mission est d'évacuer les civils et de repérer le Remnant, mais ne l'attaquez pas seul. Et si Vincent a une idée, c'est d'office NON."
"Pourquoi ? "
"Est-ce que les plans pas possibles improvisés à la volée sont de famille ? "
Séphiroth s'autorisa quelques secondes de réflexion. Se remémora certaines batailles à Wutaï et les missions de SOLDATs après la paix.
"Peut-être," finit-il par admettre.
Barret soupira à nouveau, accablé.
"Empêchez-vous mutuellement de faire des conneries, alors," marmonna-t-il avant de se détourner, "les jumeaux, vous restez ensemble ! Cid, Red, avec moi, Aérith, tu RESTES ici ! "
"Et si l'un d'entre vous est blessé ? ! " protesta Aérith.
"Mais par les Titans, combien de fois on va devoir avoir la conversation au sujet des ordres ? ! "
Séphiroth s'éloigna pour laisser Barret affronter Aérith et se rapprocha de son père. Il se tenait face au pilote qui réglait les modules, échangeant tous deux à voix basse, mais leur discussion fit stopper Séphiroth net.
"... prudent, tu m'entends ? "
"Oui, Cid," répondit son père avec un petit sourire.
"Ne commence pas à me sortir du 'oui, Cid'. Je t'ai vu atterrir tout à l'heure, j'appelle pas ça de la prudence."
"Je vais déjà mieux."
"Foutu augmenté," marmonna le capitaine avant de tendre la main, installant le module sur l'oreille de Vincent.
Son père se laissa faire, penchant même la tête pour l'aider.
Le pilote en profita pour lui toucher la joue du bout des doigts.
Séphiroth avait déjà vu ce genre de gestes entre certains de ses hommes. Les SOLDATs, surtout ceux ayant fait Wutaï, avaient fait assez peu cas des lois, et avoir certains des héros de Wutaï afficher ouvertement leurs préférences avait joué dans la décriminalisation de l'homosexualité à leur retour à Midgar[4].
Ça avait aussi été l'objet d'une conversation très instructive avec Basch et Vossler dès qu'ils avaient tous les deux réalisés que l'éducation sexuelle de Séphiroth était proche du zéro absolu[5].
Ça avait mené à une seconde conversation toute aussi instructive avec Reks, un des SOLDATs ouvertement homosexuels quand ses deux amis avaient compris, avant même Séphiroth, qu'il n'était pas intéressé par les femmes.
Séphiroth s'apprêtait à se détourner et leur laisser leur intimité quand il fut arrêté par Kuja qui approchait, son frère sur les talons, en train de rédiger un message sur son PHS.
"Je ne sais pas qui tu es, mon mignon," ronronna le mage en sortant une carte de visite de la poche de son blouson, "mais voici mon numéro. Appelle-moi quand tout ça sera fini."
"Kuja, c'est le moment de draguer ? " Protesta son frère.
"J'ai l'intention de sortir de ça en vie et avec un plan cul," rétorqua Kuja.
Au moins, le mage était honnête sur ce qu'il voulait, réalisa Séphiroth en le regardant s'éloigner, tenant toujours sa carte dans la main. Ou, comme Basch, il avait réalisé que s'il laissait le temps à Séphiroth de refuser, il n'arriverait à rien.
"Hu," fit Séphiroth.
"Je crois que tu as une touche," nota Aérith d'un ton taquin en venant passer son bras autour du sien.
"Est-ce que ce sont tes affaires ? " rétorqua Séphiroth.
Il rangea toutefois la carte du jeune homme dans la poche arrière de son pantalon.


Ils patrouillaient dans les rues du Secteur 6 depuis une demi-heure quand Séphiroth entendit le premier hurlement.
"Que se passe-t-il ? " demanda son père quand Séphiroth s'arrêta, levant le nez.
"Quelqu'un crie," répondit Séphiroth.
Vincent fronça les sourcils. Il n'entendait rien pourtant, mais peut être que Séphiroth avait une ouïe encore supérieure à la sienne.
De son côté, Séphiroth grimaçait presque du volume des hurlements qui lui parvenaient. Il avança dans la rue tout en tournant la tête, essayant d'en trouver l'origine.
C'était un homme, un wutan en uniforme de leur armée. Il se tenait immobile au milieu de la route, éclairé par les lampadaires moribonds des Taudis qui laissaient de grandes ombres sur son visage, les bras ballants et les fixait d'un regard absent, un petit sourire figé aux lèvres.
Séphiroth hésita.
Sa bouche était fermée… Pourtant c'était bien lui qui hurlait comme un damné, avec un tel volume qu'il n'arrivait même pas à comprendre ses paroles.
Quelque chose n'allait pas.
Les instincts de Séphiroth lui hurlaient que l'homme ne devrait pas pouvoir hurler, ni même bouger.
"Oh, Minerva," entendit-t-il avant qu'une détonation ne retentisse.
Le coup de feu explosa littéralement la gorge de l'homme, le décapitant net, et le wutan tomba en avant sans un bruit, son hurlement coupé net. Stupéfait, Séphiroth se tourna vers son père qui rechargeait.
"Que…"
"Bienheureux."
"Comment avez-vous su ? "
"Ils ne respirent pas," répondit Vincent.
Mana. C'était donc ça les morts-vivants qu'Hojo utilisait. C'était encore pire que ce que Séphiroth avait craint.
"Peux-tu l'incinérer ? "
"Avec plaisir," répondit Séphiroth.
"Fais attention, ils se déplacent souvent en groupe," ajouta son père en montant la garde.
Séphiroth se figea alors qu'il portait la main au-dessus du cadavre pour l'incinérer.
De nouveaux hurlements de damnés commençaient à se rapprocher d'eux.
Les bienheureux se déplaçaient en groupe.
Il se redressa, levant son autre main dans une direction et une vague d'énergie vert pâle sortit de ses doigts, balayant les trois autres bienheureux qui approchaient dans l'ombre.
Quand Séphiroth et Vincent finirent de cligner des yeux pour chasser la lumière rémanente du sort, il ne restait des bienheureux que quelques morceaux de cadavres, le reste de leur corps ayant été dissous par le sort saint.
"J'ignorais que tu avais de la magie sacrée," nota Vincent en approchant des fragments pour les incinérer à son tour.
"Moi aussi," rétorqua Séphiroth.
Il n'arrivait pas à croire que malgré les années à son contact, il arrivait encore à sous-estimer Hojo. Ramener les morts. Mais où avait-il eu cette idée ? Avec le Jour des Morts ? En étudiant le cycle de la Rivière ? Hojo n'avait jamais cru aux Dieux ni aux Anciens, et considérait la magie comme une science dans laquelle la spiritualité n'avait pas sa place, mais même pour Séphiroth, tout aussi athée, le concept lui semblait légèrement hérétique.
Il suivit son père qui marchait dans les ombres du Taudis comme s'il y avait vécu toute sa vie. Après un moment, son père fit une pause à l'abri derrière un mur, le dévisageant d'un air…
Difficile à dire. Inquiet ? Désapprobateur ?
"Qu'y a-t-il ? "
"Je ne sais pas," admit Séphiroth. "Depuis qu'Aérith a…"
Son père attendait qu'il trouve ses mots. Et il risquait d'attendre longtemps. Il ne les trouvait pas, il ne les avait pas. Comme quand Hojo lui demandait d'expliquer comment il utilisait la magie quand il avait sept ans.
"Elle m'a montré comment… faire quelque chose au refuge et…"
Tout était différent.
"Essaye de trouver une sensation similaire," conseilla Vincent.
Séphiroth resta quelques secondes stupéfait à dévisager Valentine.
"Même si ce n'est pas exactement ce que tu ressens, essaye de comparer à quelque chose qui y ressemble."
Il était spécialiste de la magie, se souvint Séphiroth. Avec un talent magique qui frôlait la magie native, et ce même avant d'avoir été augmenté.
Il saurait peut-être ce qui se passait.
"C'est… Comme si… Comme si j'avais été engourdi toute ma vie. Et tout d'un coup…"
Il posa la main sur le mur, presque inconsciemment.
Il y avait une conduite à mako là, en dessous et il la traça doucement des doigts. Séphiroth avait toujours été très doué pour repérer la présence de mako sous le sol, ou de fontaines à matérias. Mais alors qu'il n'avait jamais osé s'en approcher de trop près, comme si l'énergie le repoussait, cette fois, c'était comme si…
Comme si elle l'attirait.
"Tout d'un coup j'arrive à… entendre et voir."
Le regard de son père se fit pensif.
"Peut-être que la Cal… les cellules de Jénova bloquaient… une partie de ton héritage."
"Mon héritage ? "
"Ta mère… était guérisseuse-née. Probablement… probablement mage blanche aussi."
Séphiroth cligna doucement des yeux. Mage blanche ? Il ne… savait même pas ce que c'était exactement.
"Jénova craint cette magie. Aérith arrive à la repousser avec, Riku aussi. Elle a dû empêcher cette magie de se développer chez toi et maintenant qu'elle n'est plus là…"
"Ça… revient."
Son père hocha la tête.
Oh.
Bon.
Une nouvelle magie qui se développait. Ça, il savait le gérer. Il avait déjà fait avec la magie élémentaire, il aurait juste besoin de s'entraîner…
Et ça expliquait sa perte de contrôle depuis son réveil. Il s'était demandé quelle magie provoquait les accidents sans laisser de trace élémentaire derrière elle.
"Nous en reparlerons, " reprit son père.
"Une des nombreuses choses dont vous devez me parler ? "
Son père eut un très léger sourire, presque imperceptible, cette fois, et Séphiroth sut qu'il n'était pas désapprobateur, moqueur ou…
Il était… amusé.
"Je promets de répondre de mon mieux à toutes tes questions, mais plus tard."
Il s'apprêtait à reprendre sa route quand Séphiroth l'arrêta d'un geste, ses pupilles dilatées, aux aguets.
"Qu'y a-t-il ? "
"Il y a quelqu'un pas loin."
Le quelqu'un en question s'avéra être une demi-dizaine de personnes, cachées entre deux bâtiments, recroquevillés les uns sur les autres sous une bâche, tremblant de froid et de peur.
Vincent se dévoua et tendit son arme à son fils, le temps de s'agenouiller devant la bâche. Les réfugiés cachés dessous restèrent à frissonner, le dévisageant d'un air inquiet. Dommage qu'il ne portait pas son uniforme d'intervention, le logo d'Avalanche avait le don de calmer les Midgariens.
Au vu de leurs habits et des sacs qu'ils transportaient, c'étaient des sans domicile fixe qui tentaient de se mettre à l'abri comme ils pouvaient.
"Bonsoir. Vincent Valentine, d'Avalanche. Mon partenaire et moi allons vous évacuer vers le refuge."
"Cornéo l'a fermé, il ne veut pas de nous," déclara le plus âgé de la troupe.
"Les employés du HoneyBee ont pris le contrôle du refuge, vous y serez les bienvenus," répondit Vincent.
"Elles ont buté Cornéo ? " rétorqua une jeune fille d'un ton incrédule.
"Si seulement," marmonna Vincent avant de tendre la main, "venez."
Très rapidement, la petite troupe sortit de leur cachette, s'alignant le long du mur. Vincent reprit son arme pendant que Séphiroth annonçait à Barret qu'ils retournaient au refuge.
/Soyez prudent, Cloud dit qu'il a vu le Remnant de votre côté./
"Bien reçu," répondit Vincent, "Prends la tête," ajouta-t-il à l'intention de son fils, "je couvre nos arrières."
Ce n'étaient pas des manœuvres aussi strictes et militaires qu'avec les SOLDATs, mais Séphiroth était suffisamment familier avec des procédures d'évacuation des champs de bataille pour suivre aisément. Certes, les réfugiés étaient des civils, mais des années d'invasions de squames avaient appris aux habitants des Taudis à être silencieux quand il fallait, aux aguets du moindre bruit et à utiliser les objets de leur environnement immédiat comme une arme potentielle.
Un des sans abri qu'ils escortaient avait un sac plein de briques. Une des jeunes filles brandissait une bouteille brisée avec détermination. Et le plus âgé, leur père ou du moins, leur chef, tenait le plus jeune contre lui, marmonnant une prière d'un ton vindicatif.
Séphiroth n'était en rien croyant, mais il était à peu près sûr que ce n'était pas une façon de parler à Ramuh.
Ralentis par leurs charges, il leur fallut de longues minutes pour traverser le Taudis, et, alors qu'ils passaient devant un chantier de construction, Vincent rejoignit Séphiroth, l'arrêtant d'un geste avant de désigner le chantier.
"Coupons par-là."
La palissade qui protégeait le chantier ne fit pas long feu face à la force de Séphiroth et la petite troupe traversa rapidement l'immeuble en construction, déambulant au milieu des poutrelles et des murs de béton.
Jusqu'à ce que Séphiroth s'arrête brusquement, faisant signe au groupe de s'arrêter.
Signe qu'ils ne comprirent pas et une des filles lui rentra dedans avant d'avoir pu s'arrêter.
Ah, oui. Civils.
"Que se passe-t-il ? " souffla très doucement Vincent, juste assez fort pour que Séphiroth soit le seul à l'entendre.
Séphiroth leva les yeux. Vincent l'imita.
De nombreux yeux jaune lumineux brillaient dans l'ombre de la charpente au-dessus d'eux.
"Sans-cœurs," déclara calmement Vincent en faisant sauter la sécurité de son arme.
"Au moins, ce ne sont pas les gros, cette fois," ajouta Séphiroth sur le même ton.
Et il le regretta aussitôt quand deux grands sans-cœurs quadrupèdes au crâne apparent commencèrent à descendre, sautant d'une poutrelle métallique à l'autre avec légèreté.
"Ça, c'est nouveau," admit Vincent en visant soigneusement.
Ses balles ne semblèrent pas avoir d'effet sur eux.
"Ils sont sensibles aux armes blanches et à la magie ! " s'exclama Séphiroth en levant la main.
Son sort de feu cueillit l'une des créatures en plein bond, l'incinérant aussitôt mais la seconde recula et retourna dans la charpente, se cachant dans la forêt de métal qui l'entourait.
"Sortez les civils de là ! " s'exclama Séphiroth, "j'ai une idée pour nous débarrasser de tous les sans-cœurs d'un coup."
/Qu'est-ce que j'ai dit au sujet des plans improvisés ? / s'exclama Barret dans le module, faisant grimacer Séphiroth.
"Tu es sûr de toi ? "
"Je vous rejoins dès que j'ai fini," répondit Séphiroth avant de lancer un autre sort de flamme, forçant le sans-cœur à grimper plus haut.
"Très bien," fit Vincent après une hésitation avant de se tourner vers leurs protégés, "vite, sortons de là ! "
Séphiroth continua de bombarder les sans-cœurs de sort de flamme pendant que Vincent évacuait les Midgariens en courant, mais dès qu'ils furent sortis du chantier, Séphiroth cessa de lancer des sorts, jetant un regard à la grappe de sans-cœurs au-dessus de lui.
Le fauve recommençait à descendre prudemment.
Les humanoïdes faisaient de même, dégringolant comme des singes de leur perchoir, se scindant déjà en deux groupes pour s'attaquer à Séphiroth et poursuivre les réfugiés.
Séphiroth attendit.
Le fauve arriva sur la poutrelle juste au-dessus de lui et s'apprêta à lui bondir dessus.
Des étincelles parcoururent les bras de Séphiroth.
La foudre tomba sur le haut de la charpente métallique, parcourant les poutrelles et grillant un à un tous les sans-cœurs.
Quand la foudre eut entièrement disparu, il ne restait des monstres noirs que quelques nuages de poussière qui retombaient légèrement.
Uh.
Ça avait été un brin plus efficace que prévu. Ou bien sa magie était réellement plus puissante qu'avant. Qu'est-ce que Hojo lui avait fait pendant ces douze années ?
/C'était quoi ça ? / demanda Cid, /on l'a vu de l'autre côté du secteur ! /
"Une meute de sans-cœurs," répondit Séphiroth, "le danger est écarté."
/Déguerpissez avant que le Remnant vous repère ! / tonna Barret.
"Oui, Lieutenant."
C'était étrange d'obéir à nouveau aux ordres après avoir été le Général des armées de la Shinra, mais s'il devait rejoindre Avalanche pour de bon, il devrait s'y faire.
/Tout va bien ? / s'enquit son père.
"Oui, je vous rejoints et..."
Un bruit de pas le fit se tourner.
Une silhouette approchait. Un jeune homme, vêtu de cuir noir se tenait sous la pluie de poussière, les mains levées comme un enfant qui marcherait sous la neige.
"Tu as détruit mes sans-cœurs," murmura le jeune homme avant de baisser les yeux sur Séphiroth, "ce n'est pas très gentil."
Oh, mana, c'était perturbant. Séphiroth avait l'impression de se voir dans un miroir. Il n'arrivait pas encore à intégrer qu'il avait maintenant trente ans, chaque fois qu'il voyait son reflet, il ne reconnaissait pas l'homme devant lui.
Mais le jeune homme devant lui.
C'était lui, à dix-huit ans. Juste avant que... tout disparaisse.
Juste avant qu'il ne se réveille adulte, haï par l'entièreté de Gaïa, avec un nouveau père, un fils adolescent, une liste de crimes de guerre longue comme le bras et…
Et des clones de lui-même.
"Tu joues avec moi en échange ? " demanda le clone, dégainant lentement un sabre wutan à lames parallèles.
Séphiroth se tourna entièrement vers lui, se campant sur ses jambes.
"Lieutenant… le Remnant est en face de moi."
/Rassemblement ! / ordonnait Barret, /rejoignez la recrue, il faut empêcher le clone de le reprendre ! Et vous, essayez de ne pas engager ! /
"Trop tard," murmura Séphiroth en réponse.
Son clone s'élança vers lui et il leva la main, appelant la foudre.


Barret avait raison, ils ne devraient jamais se séparer.
"Je peux…" commença Vincent.
/Tu as des civils à ta charge ! / objecta aussitôt Barret, /met les à l'abri d'abord ! /
Vincent laissa échapper un soupir rageur mais obéit, guidant ses protégés à travers les rues.
/Vincent ? / reprit leur lieutenant, inquiet de ne pas avoir entendu de réponse.
"Je suis à dix minutes du refuge, nous arrivons."
Dix minutes. Seul, il pourrait revenir en moins de cinq. Est-ce que Séphiroth tiendrait seul face à un Remnant pendant quinze minutes ?
C'était un adulte, un SOLDAT, il était augmenté de toutes les façons possibles, mais… il se réveillait à peine de douze ans d'absence, il n'avait plus le contrôle de ses capacités.
Il n'avait même pas d'arme !
Est-ce que c'était comme ça que Barret s'inquiétait à chaque mission ?
Vincent lui devait des excuses.
Mais avant ça, il fallait qu'il aide son fils et...
Une mage blonde manqua de lui rentrer dedans au coin d'une ruelle.
L'instant d'après, elle était sous le bras de Vincent et il brandissait son arme vers les autres adolescents qui la suivait.
"ANIKI ! " s'exclama Yuffie, les mains levées.
Vincent baissa son arme. Puis posa la jumelle qu'il avait empoignée.
"Quand je disais de rêver d'être dans les bras d'un homme, je pensais au grand amour, ou à la rigueur danser le tango ! " protesta-t-elle en touchant le sol.
"Yuk," commenta très succinctement sa sœur.
Yuffie était là, en pleine forme visiblement. Les jumelles ou d'une moins l'une d'elles la suivait, ainsi que Zell et quelques autres adolescents, le grand rouquin de l'attaque du port, le blond à l'épée d'eau et d'autres que Vincent ne connaissait pas.
"Que faites-vous là ? " demanda Vincent pendant que les adolescents entouraient le groupe de réfugiés dans une manœuvre admirablement synchronisée.
"Barret sonne le rassemblement…"
"Yuff…"
"Promis, j'emmène juste les réfugiés à l'abri. Suivez les blondes ! " ordonna l'adolescente au petit groupe, "Zell en arrière garde avec moi ! Makoto…"
"Je dois retourner aider… je dois l'aider."
Yuffie lui jeta un regard critique mais s'abstint de l'en empêcher et lui glissa un couteau dans la manche.
"Sois prudent," marmonna-t-elle dans leur langue natale, "faut que tu me présentes mon neveu officiellement et j'ai l'intention de faire une photo de sa réaction quand je l'appellerais comme ça."
Vincent eut un rapide petit sourire à cette idée et déposa un baiser sur le crâne de sa sœur avant de faire demi-tour, vérifiant machinalement ses armes.
Il fallait qu'il protège Séphiroth.
Il ne l'abandonnera pas une seconde fois.


Heureusement, la zone était en construction et dépourvue d'habitants ou de travailleurs, car le clone était presque aussi augmenté que Séphiroth au même âge.
Presque.
S'il ne l'avait pas été, le clone aurait été grillé par la foudre, mais malheureusement pour Séphiroth, il était quand même rapide. Très rapide.
Séphiroth avait l'épée du clone sous la gorge, mais lui retenait le bras pour l'empêcher d'aller plus loin.
Il s'apprêta à lancer un sort de glace pour figer son adversaire quand l'expression du clone se fit soudain plus douce.
"Grand Frère," murmura le clone.
Ce n'était pas comme avec Riku.
Malgré leur ressemblance, Riku et lui n'étaient pas entièrement identiques. Il avait… Il devait ressembler à sa mère aussi.
Mais le clone…
C'était lui à dix-huit ans. Jusqu'à la coupe de cheveux.
Séphiroth le lâcha.
"Grand Frère, rentre avec moi," murmura le clone, portant son arme sur le côté.
"Tu... comment... t'appelles tu ? "
"Numéro 90 ! " répondit le jeune homme avec enthousiasme.
Séphiroth allait tuer Hojo. Lentement. Avec ses propres scalpels.
"Tu n'as pas de nom ? "
Cette fois, le jeune homme hésita, brièvement.
"Nos frères m'appelaient Kadaj."
Son expression passa soudain du désespoir à la colère et il fit un grand geste de rage de la main qui tenait son épée.
"Avalanche a tué nos frères ! "
Séphiroth grimaça légèrement quand la main de Kadaj qui ne tenait pas son arme se referma sur son bras. Il était définitivement augmenté.
"Il faut que tu m'aides à les venger ! Aide-moi à tuer Avalanche ! "
"Kadaj… Écoute-moi…"
"Et après… Et après on rentrera à la maison ! Père et Mère nous attendent ! "
"Père ? " murmura Séphiroth en réalisant qui Kadaj pouvait appeler ainsi.
"Oui, notre père, le Professeur Hojo ! "
C'était bien ce qu'il craignait
"Et… notre mère ? "
Kadaj pencha la tête sur le côté, surpris.
Il avait l'air… tellement normal comme ça. Ou est-ce qu'il avait appris à réagir comme ça, à être aussi expressif ? Séphiroth avait très tôt appris à rester impassible, est-ce que quelqu'un avait élevé Kadaj et ses frères ? De façon… normale ?
Est-ce qu'il avait eu une mère comme Riku ou...
"C'est Jénova la Cetra," répondit fièrement le jeune homme.
Douze ans plus tôt, Séphiroth aurait donné les mêmes réponses.
Douze ans plus tôt, il aurait peut-être été à la place de Kadaj.
Il ne pouvait pas laisser Hojo le manipuler ainsi.
Il ne pouvait pas le laisser à sa merci.
Il fallait qu'il fasse quelque chose… n'importe quoi.
"Ce ne sont pas nos parents," déclara Séphiroth aussi calmement qu'il pouvait.
Cette fois, Kadaj recula d'un pas, secouant la tête.
"Kadaj, Hojo a menti, il n'est pas notre père, le spécimen Jénova n'est pas notre mère."
Le jeune homme recula à nouveau, secouant plus violemment la tête. Séphiroth approcha, tendant la main vers lui pour la poser sur son épaule.
"Écoute-moi bien, mon père est Vincent Valentine. Ma mère s'appelait Lucrécia Crescent…"
"Non…"
"Hojo l'a tuée et s'est fait passer pour mon père, il a menti à tout le monde…"
"Ce n'est pas vrai ! "
"Kadaj, écoute, tu n'as pas à retourner là-bas…"
Qu'est-ce qu'il pouvait lui dire ? Qu'est-ce qu'il aurait voulu qu'on lui dise à l'époque ?
"Je... je m'occuperais de toi. Tu n'auras plus jamais à obéir à Hojo. On a un remède contre les cellules de Jénova, on pourra te les retirer…"
Et, ce n'était visiblement pas la chose à dire, comprit Séphiroth en voyant les pupilles du clone se fendre, comme celles d'un chat.
Cinq secondes plus tard, Séphiroth avait réussi à bondir à l'abri du coup d'épée de Kadaj.
De justesse.
Son sweat avait été déchiré et deux plaies sanglantes barraient son ventre, presque exactement là où Cloud l'avait déjà blessé.
Il plaqua la main dessus, évaluant la gravité des blessures, mais ça ne semblait pas très profond, ce n'était qu'une estafilade, il ne sentait pas…
...Il sentait ses os et ses tripes sous ses doigts alors que les monstres l'entouraient et tendaient leurs mains vers lui pour l'emmener, alors que la plaque tombait au-dessus d'eux, que les hurlements emplissaient ses oreilles…
"Mon enfant," murmura Kadaj.
Il leva les yeux vers le jeune homme. Ce n'était pas sa voix.
Ce n'étaient pas ses yeux.
Ils étaient maintenant dorés, fendus.
C'était comme… Comme avec Riku a Seventh Heaven.
Ce n'était pas Kadaj.
Ce n'était plus Kadaj.
"Oublie tout ça," reprit la créature en avançant calmement vers Séphiroth, l'épée de Kadaj à la main, tenue d'une main lâche, "quoi qu'ils t'aient dit, je suis ta mère."
Jénova.
C'était Jénova.
Aucun rapport n'avait mentionné qu'elle était toujours…
Faute d'un autre mot : Vivante.
Elle approcha, levant la main vers lui.
Séphiroth recula à son tour, la sienne plaquée sur son ventre.
"Viens, mon enfant… Ignore ces pauvres mortels, nous allons reprendre ce qui nous revient de droit. Cette planète est ton héritage, tu en deviendras le maître, le dieu vivant…"
Tout d'un coup, les délires d'Hojo sur le fait d'hériter de la planète prenaient du sens. Ou le peu de sens qu'ils ne feraient jamais. Est-ce qu'il était aussi sous l'influence de Jénova ? Ou est-ce que c'était elle qui était sous son emprise ?
"Et je t'aimerais. Je te promets, je t'aimerais toute ma vie, tu es mon premier né..."
Si elle l'avait trouvé enfant pour lui dire ça, il l'aurait écoutée.
Même plus âgé, il l'aurait écouté.
S'il n'avait pas eu Rufus et Umbra, Basch, Vossler et le reste de ses hommes, il l'aurait suivi.
Il serait devenu volontairement le monstre qui avait détruit Wutaï, Besaid, Winhill…
Le Secteur 7.
"Non."
La créature dans le corps de Kadaj se figea. Séphiroth se redressa de toute sa taille, serrant le poing.
Il pouvait presque sentir Masamune dans sa main, comme elle l'avait été pendant des années.
Il sentait son autre main fourmiller, comme la présence d'Aérith.
Tout son corps lui donnait l'impression de frémir, de vibrer, comme si quelque chose sous sa peau cherchait à sortir.
Comme si sa colère elle-même cherchait à sortir.
"Je ne suis pas ton fils."
Kadaj avait des crocs, remarqua-t-il quand un rictus de rage déforma son visage.
"Tu es à moi," cracha Jénova.
Le fourmillement se transforma en picotement, puis en déchirure.
Quelque chose transperça son dos, mais il n'y prêta pas attention, furieux à ne plus sentir la douleur.
"Viens me chercher," rétorqua Séphiroth avec un petit sourire.


"Séphiroth ! N'engage pas avec la Calamité ! " cria Vincent dans son module tout en se précipitant dans la direction de la bataille entre son fils et le clone possédé.
/Vincent, on arrive, attends-nous ! /
Vincent ne répondit pas, accélérant encore pour rejoindre son fils. Il bondit par-dessus une voiture, fit un virage sec et…
Il fut bousculé par le souffle d'un sort qui manqua de le jeter au sol.
Déséquilibré, il recula jusqu'à la voiture, se tenant à elle et levant le nez dans la direction d'origine du sort.
"Oh."
/C'est un 'oh, merde', ou un 'oh, ouf' ? / s'enquit Cid.
/Si c'est ce que je vois, c'est un 'oh, putain',/ renchérit Zack.
Séphiroth et son clone se battaient en plein ciel au-dessus du chantier. Le clone avait trois paires d'ailes rouge et noire, similaires à celle qu'avaient eu Riku, mais aussi d'autres protubérances que Vincent avait vues sur la Calamité dans le souvenir de son père. Des tentacules, des tumeurs qui poussaient sur sa peau, déformant son corps.
Et en face, Séphiroth était…
Angélique.
Son corps brillait d'une telle manière qu'il devenait aveuglant dans la pénombre du Taudis, tout ce qu'un humain non augmenté aurait pu voir était de grandes ailes lumineuses, surmontées d'un cercle doré, lui aussi cerné d'ailes.
Et une très longue épée avec laquelle il attaquait le Remnant sans relâche.
Vincent avait grandi avec des Anciens, il avait vu son père se battre, il avait pris des corrections de Chaos, il avait vu Maduin mettre une raclée à son frère…
Séphiroth n'était techniquement que deux quart Ancien mais…
Minerva.
La mako augmentait tout. Y compris l'héritage des Anciens, réalisa Vincent.
Il devait être l'égal d'un Ancien de pur-sang.
Le clone lança un rayon noir sur Séphiroth mais le bouclier ailé s'interposa automatiquement entre eux, sans même fléchir sous le choc. Le clone poussa un hurlement strident qui fit grimacer Vincent et vaciller Séphiroth. Suivant son geste réflexe, le bouclier se décala, laissant la voie ouverte au clone qui se rua vers son adversaire, épée et tentacules en avant.
Séphiroth leva son arme.
Il frappa huit fois.
Vincent bondit se mettre à l'abri derrière la voiture.
"Ne venez surtout PAS ! " lança-t-il dans son module.
Il y eut un grand fracas.
La voiture fut violemment secouée par le souffle d'une explosion.
Vincent entendit quelque chose s'effondrer lentement non loin, probablement le bâtiment en construction.
Le sol trembla sous la chute du bâtiment.
Quand la poussière fut retombée et qu'aucun autre bruit de bagarre ne se fit entendre, il osa se redresser, une main sur son arme.
L'immeuble était en miettes. Il ne restait que quelques poutrelles de métal debout, portant des marques de coups d'épée aussi nettes que celles d'un couteau dans du beurre. Tout ce qu'il y avait autour avait été balayé par le souffle de l'impact. Les panneaux, les barrières, mêmes les poubelles et les étals marchands branlants avaient volé, laissant le sol du Taudis presque propre et vide.
Si c'était là la vraie puissance de Séphiroth, Vincent commençait à comprendre pourquoi il était aussi craint dans le monde.
Et à propos de son fils…
Il leva le nez à nouveau.
Séphiroth se tenait à une vingtaine de mètres du sol, ses ailes battant l'air pour le maintenir à cette hauteur et il semblait chercher quelque chose du regard.
Il vit Vincent.
C'était la journée des surprises, décida Vincent quand son fils atterrit devant lui, repliant ses nombreuses ailes.
Six. Comme Riku.
Sept, plutôt, corrigea Vincent avec un coup d'œil à celle de démon qui sortait de son épaule droite, au-dessus d'un bras d'apparence démoniaque[6].
Son père allait le tuer pour avoir affaibli le sang des cetras.
Séphiroth reprit son souffle, le regard dans le vide avant de baisser les yeux vers ses mains, observant les écailles de la droite et l'arme lumineuse dans la gauche.
Il vit ensuite la cicatrice dorée sur son ventre, celles sur ses jambes.
Les ailes de plumes qui ondoyaient doucement.
Il leva les yeux vers le bouclier qui flottait au-dessus de lui comme une auréole sacrée.
Et enfin, il tourna le regard vers Vincent.
Au moins, ses yeux étaient toujours les mêmes. Même si le vert mako semblait… Et bien encore plus mako, si c'était seulement possible.
"Je vais dire ça en étant habitué aux pires idées d'Hojo mais… Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? " énonça calmement Séphiroth en levant les mains, montrant ses armes.
Ah, il n'avait probablement jamais atteint sa limite jusqu'à présent.
/Vincent, qu'est-ce qui se passe ? / demanda Barret dans le module.
"Ah… hu… officiellement, Séphiroth a utilisé sa carte de garuda," répondit Vincent.
"Pardon ? " reprit son fils.
/Vous commencez à me gonfler dans cette famille. Le Remnant ? /
Séphiroth montra une direction de son épée.
Quand Vincent s'y précipita, il trouva un bras, qui tenait toujours une épée à deux lames parallèles, un morceau d'aile et quelques-uns de tentacules.
"Il a laissé un bras et quelques morceaux," finit-t-il par déclarer, en donnant un petit coup de pied dans le membre tranché.
Inerte. Il allait prendre des photos pour Shera et les incinérer aussitôt après. Tant pis pour ses recherches, le plus urgent était de détruire toute cellule de la Calamité.
/Les sans-cœurs disparaissent,/ nota Cid.
Ça ne voulait rien dire. Les sans-cœurs avaient disparu chaque fois que Xehanort leur faussait compagnie, il fallait probablement que leur invoqueur reste à proximité pour qu'ils gardent leur forme de monstre. Un des fragments de tentacule se convulsa et Vincent y mit le feu par réflexe, faisant sursauter son fils.
/Ouais, bah les squames et les Bienheureux sont toujours là ! / s'exclama Barret avant de tirer une salve de balles, /alors on ne se relâche pas ! Vincent, occupe-toi de cette histoire avec Garuda, le reste, on continue le nettoyage et l'évacuation ! /
"Oui, Lieutenant," déclara Vincent avant de jeter un regard à son fils qui approchait d'un pas rendu maladroit par l'encombrement de ses ailes.
Hm… il était aussi plus grand que sous sa forme hume. Et s'il était toujours en limite, c'était qu'il ne se sentait ni à l'abri, ni calme.
Il y avait un bâtiment suffisamment intact à quelques dizaines de mètres d'eux et Vincent le désigna d'un geste. Séphiroth hocha la tête et s'y dirigea d'un bon pas, qui tituba légèrement quand son nouveau centre de gravité se fit sentir à nouveau.
Après quelques jurons et grâce à l'aide de Vincent, il finit par arriver à entrer dans le bâtiment, se recroquevillant dans le hall de l'immeuble. Il fallut manœuvrer pour faire entrer l'épée et son bouclier détruisit une partie de la porte avant que Séphiroth parvienne à s'accroupir au centre de la pièce, jetant un regard peu amène aux modifications de son corps.
"Qu'est-ce qu'Hojo a fait ? " finit-t-il par siffler.
"Je crois que cette fois, il n'est pas responsable," répondit Vincent en retirant son module, le glissant dans sa poche avant d'approcher de son fils.
Séphiroth soupira, baissant à nouveau les yeux sur l'épée dans sa main, imité par Vincent. Elle ressemblait vaguement à Masamune, de par sa taille et ses proportions, mais aussi à l'arme de Riku, avec la forme de la garde qui rappelait une aile de démon et l'œil posé dessus. Étrangement, la lame était barrée de deux lignes dorées, identiques aux cicatrices sur le ventre de Séphiroth et à celle sur le bras de Vincent.
Il fallait que Vincent le calme. Si ça avait été une limite similaire à celle des démons, il aurait essayé de lui retirer son masque mais…
Il réalisait à quel point il ne savait rien des Cetras. S'ils étaient des guérisseurs, pourquoi Séphiroth avait-il une limite guerrière ? Est-ce que l'épée et le bouclier venaient de son côté de la famille, comme l'épée d'Hel ? Est-ce que c'était aussi le cas pour l'épée de Riku ? Comment est-ce qu'il pouvait le calmer ?
Il approcha lentement, presque à toucher Séphiroth et s'agenouilla pour poser son arme au sol. Séphiroth tressaillit, comme s'il s'attendait à être frappé et ses ailes se relevèrent légèrement.
Ah.
Oui.
Comme ça.
Vincent s'installa à côté de Séphiroth, se plaçant sous une des ailes les plus basses.
Ce fut presque immédiat.
Instinctif.
Séphiroth referma ses ailes autour d'eux et resta quelques secondes silencieux avant de les relever, fronçant les sourcils à sa propre réaction.
"C'est normal," expliqua Vincent, "c'est un instinct qui vient avec des ailes."
"Je… couve ? " rétorqua Séphiroth d'un air dubitatif.
"Tu protèges," corrigea Vincent.
"Qu'est-ce qui m'arrive ? "
Vincent défit la sangle qui maintenait son gant sur son bras et le retira, montrant sa main à Séphiroth.
La main démoniaque qui prit la sienne était quasiment identique. Les écailles étaient plus claires, grises et mauves plutôt que noires et rouges, mais elles avaient la même forme.
"C'est ta limite," expliqua Vincent laissant Séphiroth observer ses griffes, comparant les cicatrices dorées avec celles sur son propre corps, "une partie de la mienne… le reste doit venir de ta mère."
"Comment... comment ça s'arrête ? "
"C'est la première fois que tu l'atteins ? "
Séphiroth hocha la tête, tournant le bras de son père pour observer l'écaille brisée sur son poignet. Vincent le laissa faire, écoutant son cœur battre la chamade. Il aurait pensé qu'avec la vie que Séphiroth avait vécu, au laboratoire, puis à la guerre… Il aurait pensé qu'atteindre sa limite aurait été courant chez lui.
Mais d'un autre côté, Hojo l'avait bourré de drogue et de calmants pour l'empêcher d'atteindre la sienne à Nibelheim.
Il avait probablement affiné sa technique depuis, ou trouvé un moyen d'empêcher Séphiroth d'accéder à la sienne.
"Une limite est une réaction à… un danger, une émotion violente…"
"La colère ? " murmura Séphiroth en dépliant la main de Vincent qui se laissa faire.
"Si on est suffisamment furieux, oui. Tu l'étais ? "
"J'aurais détruit le monde si Hojo aurait fait partie des victimes," murmura Séphiroth.
"Non."
L'ange tourna les yeux vers son père, interdit.
"Non, tu ne l'aurais pas fait," reprit Vincent, "tu aurais démoli plus qu'un bâtiment et le clone dans ce cas. Tu es augmenté et en limite, tu aurais pu raser le secteur. Et tu ne l'as pas fait."
Séphiroth baissa le regard sur la main qu'il tenait dans la sienne.
"J'ai... peur," finit-t-il par admettre d'une voix basse.
"Hojo ? "
"Jénova. Moi. De ce que… j'aurais pu être. J'aurais pu devenir comme Kadaj…"
Il soupira et lâcha la main de Vincent, la laissant retomber à ses côtés avant de lever le nez vers le bouclier qui tournait toujours au-dessus de lui.
"Je voulais… L'aider… Pas comme… pas comme avec Riku… et Basch..."
"Parfois, il n'y a rien qu'on puisse faire," soupira Vincent.
"Vous avez des regrets vous aussi ? "
Son père hocha lentement la tête.
"Oui."
Séphiroth inclina la tête vers son père à nouveau et Vincent soutint son regard.
"...Ma mère ? "
"Pas seulement. Toi aussi."
Les ailes de Séphiroth frémirent et il les referma un peu plus autour d'eux.
"J'aurais voulu pouvoir vous aider tous les deux. Que tu sois mon fils ou pas, et je… n'ai pas réussi."
Il leva la main, hésitant brièvement avant de la poser résolument sur le bras démoniaque de Séphiroth.
"Je suis désolé de ne pas avoir pu faire plus."
Le regard mako de Séphiroth resta quelques secondes sur lui, impossible à lire.
Le bouclier disparut avec un chuintement, et avec lui, la lumière qui émanait de Séphiroth.
Il ne restait plus que son fils, titubant dans la pièce vide et froide, Masamune brisée à la main, ses cheveux ébouriffés et ses habits tachés et déchirés.
Vincent se releva, lui offrant son bras en soutien.
Séphiroth se cramponna à lui d'une poigne presque douloureuse, le regard baissé.
"Je… je voudrais... voir si Riku va bien."
"D'accord. Je préviens Barret que nous retournons au refuge du secteur 8."


La fin de l'alerte sonna comme un clairon de victoire.
Cid s'en doutait depuis une bonne demi-heure. Le nombre d'ennemis avait drastiquement diminué après la disparition des sans-cœurs et les monstres restants ne furent pas difficile à abattre.
C'était plus épuisant de courir dans tous les sens pour les trouver.
Heureusement, Tseng avait pris le commandement des forces armées de la Shinra, en l'absence de Basch et du Président, et avait envoyé des renforts troopers et SOLDATs aussi vite que possible.
Couplé avec les habitants des Taudis et les gamins de la MGU qui se défendaient avec leur vigueur habituelle, Cid était content de constater que le nombre de blessés restait minimal.
Barret avait même décidé de se passer des services de Cid après avoir remarqué qu'il commençait à boiter et l'avait envoyé protéger le refuge du secteur 6. L'atterrissage au secteur 7 avait été un peu plus brutal qu'il l'avait pensé. Shera allait probablement l'enguirlander.
Un bruit de moteur le sortit de ses pensées et il jeta un regard à la moto qui stoppa de l'autre côté de la rue. Un SOLDAT blond se tenait dessus, lui faisant un grand signe de la main.
"Hey, Capitaine ! "
"Euh… attends t'es…" commença Cid, reconnaissant le jeune homme qui avait transporté Elena aux secouristes.
"SOLDAT troisième classe, Roche Speusippos," se présenta le jeune homme avec un salut.
"Comment va Elena ? "
"Elle a une attelle et gère les rondes de sécurité autour de la Tour," répondit le SOLDAT d'un ton contrarié.
"Je suis même pas surpris, les Turks connaissent pas leurs limites."
"Ils sont tous comme ça ? "
"Certains plus que d'autres," confirma Cid.
Bahamut, il espérait que Vincent aille bien. Il ne l'avait presque pas entendu après le combat entre Séphiroth et son clone.
"Je vous dépose quelque part ? "
"Je dois aller au refuge du secteur 8."
"Montez ! Et faites gaffe à votre lance ! "
Adolescent, Cid avait appris à monter un chocobo tout en maniant une lance. Ce n'était pas sa spécialité et il n'avait pas fait ça longtemps, mais visiblement, les acquis restaient et il n'épingla personne pendant le trajet. Roche le déposa rapidement à sa destination et le salua une dernière fois avant de repartir.
Le mec d'Elena, hein ? Pas étonnant que Rude et Reno soient presque aussi ronchon que quand elle faisait du charme à Vincent. Elle devait avoir un faible pour les motards.
Les réfugiés retournaient chez eux et Cid dû louvoyer entre les véhicules abandonnés et ceux qui repartaient pour arriver au refuge proprement dit. Certains habitants de leur rue le croisèrent, le saluant, le remerciant, et il mit un certain temps à traverser la place jusqu'à l'entrée.
Vincent était près de la porte, son fusil à la main, gardant un œil sur les environs.
Il était assis.
Il devait être épuisé.
En tout cas, Cid l'était tout autant. Il approcha d'un pas lourd et Vincent se tourna vers lui avant de lui faire de la place sur le bloc de ciment sur lequel il s'était installé. Avec un petit grognement indistinct, Cid se laissa tomber dessus.
"Ça va ? "
"Fatigué," répondit Vincent, "tu boites."
"Trop de sauts. Crevé. Séph ? "
"Avec Riku. Sa rencontre avec le clone l'a secoué."
"Qu'est-ce qui s'est passé ? j'ai entendu que des bribes…"
"Séphiroth a essayé de le convaincre de… de quitter Hojo et Jénova."
"Ça n'a pas marché ? "
Vincent secoua la tête.
"Peut-être si on donnait l'antiviral au cl… à Kadaj d'abord mais… Mais la Calamité était là."
Cid frissonna d'instinct et ravala la flamme qui tentait de sortir de sa gorge. Il ralluma sa cigarette pour donner le change avant de souffler un nuage de fumée.
"Merde."
"Séphiroth l'a repoussée."
"Ton gosse est une force de la nature."
Vincent hocha doucement la tête, un petit sourire fier aux lèvres. Si les dernières vingt-quatre heures avaient eu un seul effet bénéfique, c'était que Vincent semblait plus à l'aise avec son fils. Ou au moins avec l'idée d'avoir un fils.
Il semblait plus... calme en tout cas.
Plus serein malgré la nuit qui venait de se passer.
Il était…
Il ressemblait encore plus à la photo de lui sur son dossier, avant qu'Hojo ne le capture.
"J'ai vraiment, VRAIMENT envie de t'embrasser, là…" murmura Cid.
"Bien. Qu'est-ce qui t'en empêche ? " répondit le sniper en tournant la tête vers lui.
Rien en effet.
Ou peut-être une quantité de choses, être en public, au vu de tous, ne toujours pas savoir ou ils en étaient l'un avec l'autre, avoir leurs exs qui logeaient toujours dans leurs têtes sans payer le loyer, des histoires de famille à ne plus savoir qu'en faire, un ennemi ancestral qui se réveillait…
Mais finalement, tout ça semblait avoir peu d'importance quand il était à côté de Vincent, quand le sniper avait sa main dans ses cheveux, ses lèvres sur les siennes, que Cid avait une main sur sa hanche et l'autre sur son genou et...
"Oups, mauvais timing," marmonna la voix de Cloud.
"Dix minutes," soupira Cid en posant son front contre la tempe de Vincent, "dix minutes d'intimité, c'est trop vous demander ? "
"Oui," répondit Cloud.
"C'est comme voir ses parents se rouler des pelles," renchérit Zack, hilare.
"Vincent, Cid, pas devant les enfants, voyons," renchérit Aérith, appuyée contre Zack.
"Tu n'as qu'un an de plus que nous ! " protesta Cloud.
"Où sont les autres ? " demanda Vincent.
"Barret est allé chercher Yuffie avec Nanaki," répondit Cid en se redressant, "les gamins se sont tous rassemblés chez la mère de Zell à la fin de l'alerte."
"Ils vont bien ? " s'inquiéta Vincent.
"Ils ont tenu la jonction entre secteur 5 et 6 comme des grands," déclara Zack.
"Tseng a réussi à leur envoyer des SOLDATs et des troopers dès que la Tour a été sécurisée," intervint Aérith, la joue appuyée sur le torse de son fiancé.
"Tes parents ? " ajouta Vincent.
Aérith eut un petit sourire et leva une main pour se frotter le visage. Elle devait être épuisée elle aussi, et ne tenait debout que parce que Zack la soutenait.
"Papa et Mamma ont organisé un centre de soin pour les blessés dans l'Eglise."
Typique de Gast et Ifalna.
Une camionnette brinquebalante et peinturlurée des Taudis stoppa près d'eux et Barret descendit de l'arrière, allant ouvrir la porte pour aider Yuffie à descendre pendant que Red prenait de l'élan pour sauter au sol à son tour et se précipiter vers Cloud d'un pas aussi vif que possible.
"Merci de nous avoir raccompagné, Madame Dincht."
"C'est le moins que je pouvais faire," répondit la femme brune au volant.
"Merci Ma' Din… Dincht," ajouta Yuffie en tentant de rester debout et réveillée, "rentrez bien."
"Ne vous en faites pas pour moi, si je croise un squame, je lui roulerai dessus."
Yuffie et Barret la regardèrent repartir dans son tacot, l'une ricanante, l'autre inquiet.
"Dis-moi qu'elle n'en est pas capable ? "
"Elle a cassé le bras d'un lascar de Cornéo y'a trois ans quand il a essayé de dévoyer Zell," répondit Yuffie.
"Qu'est-ce qu'il y a dans l'eau des Taudis pour rendre tous ses habitants aussi timbrés ? " marmonna Barret en soutenant Yuffie d'une main dans le dos.
Vincent se leva, s'aidant de l'épaule de Cid et approcha des deux nouveaux venus, laissant Yuffie se blottir entre ses bras. Elle allait bien. Elle ne sentait pas le sang, à peine la poudre et les cendres et elle s'avachit contre lui dès qu'il l'eut dans les bras.
"Merci, Barret," murmura le sniper.
"De rien. Tout le monde est là ? "
"Elmyra, Shera et Séphiroth sont dans le refuge, ils veillent sur Marlène et Riku," répondit Vincent.
"Biggs et Wedge ont été retrouvés ? " demanda Cid.
Barret hocha la tête, au grand soulagement des autres membres d'Avalanche.
"Oui, ils ont improvisé un refuge dans le tunnel abandonné au nord du secteur 6. Ils ont dû barricader l'entrée à coup d'explosifs pour empêcher des squames d'entrer," expliqua Barret, "il va falloir encore une heure ou deux pour les faire sortir avec les réfugiés."
"Jessie va les tuer," ricana Zack.
/Je confirme,/ grommela Jessie.
"Je les soignerais après," promit Aérith.
"Jessie ? On a le feu vert pour rentrer ? " demanda Barret.
/Ouais, rentrez. Je vous retrouve là-bas,/ marmonna la voix épuisée de Jessie.
Barret jeta un coup d'œil à ses hommes, tous titubants de fatigue. Les jumeaux avaient l'air d'être les plus vifs, mais même eux retenaient difficilement leurs bâillements. Il espérait que Shera ou Elmyra aient réussi à se reposer et pourraient les ramener.
Et en parlant du loup.
Elmyra arrivait, Marlène endormie sur l'épaule et Cait dans sa caisse au bout du bras.
Oh, Titans, elles allaient bien.
Il les intercepta toutes les deux, les serrant aussi fort qu'il l'osa sans réveiller Marlène, soulevant Elmyra dans ses bras.
"Barret," protesta leur gouvernante d'une voix douce.
Shera lui tapota l'épaule en passant près d'eux et se dirigea aussitôt vers Cid qui la prit sur ses genoux, la laissant se blottir contre lui.
Séphiroth qui arrivait bon dernier, Riku sur le dos, les regarda faire avant de tourner la tête vers son père et la Princesse Kisaragi, pelotonnée contre lui et déjà à moitié endormie.
Il… ne comprenait rien aux relations entre les membres d'Avalanche.
Et il était probablement trop fatigué pour essayer d'approfondir la question.
"Eh, Séph," reprit Zack, "ça te dirais de conduire au retour ? "
"Pas MOYEN ! " vociféra Barret.


"Seventh Heaven, deux minutes d'arrêt," annonça Shera en stoppant le fourgon devant la caserne.
Il y eu un ou deux petits rires au trait d'humour, mais la majorité des membres d'Avalanche tombaient de sommeil et tout le monde descendit du véhicule en silence. Reeve sortit du bâtiment, suivit par un jeune SOLDAT.
"Tout le monde va bien ? ! " s'inquiéta-t-il.
"Reeve, bordel," maugréa Barret, sa fille endormie sur l'épaule, "pourquoi t'es pas au lit ? ! "
"J'ai dormi," rétorqua leur directeur en leur tenant la porte de la caserne ouverte, "Jessie m'a mis au lit vers deux heures du matin.
"Et tu es déjà debout ? "
"Tu réalises qu'il est presque dix heures ? " objecta Reeve en haussant un sourcil.
Barret leva les yeux vers la Plaque, intrigué. Il y avait des lampes allumées, en effet mais pas autant que pour l'éclairage de jour.
"Des squames ont endommagé les lampes de jour, on fonctionne sur le système de nuit pour l'instant," expliqua Reeve tout en observant ses hommes entrer un à un en traînant les pieds.
"J'ai peur de demander quel jour on est ! " lança Zack en se laissant tomber sur le canapé pendant que son frère aidait Red à monter sur le sien.
"J'ai fait du café et du thé," annonça Reeve à Elmyra quand elle passa, "et j'ai rétabli le courant, mais il faudra vider le frigo."
"Je m'en charge," annonça Elmyra en remontant ses manches.
"Et moi, je file au réacteur, on m'attend là-bas pour des réparations," annonça Reeve en prenant son manteau.
"Seul ? Je vais avec toi ! " protesta Barret.
"Lieutenant," intervint le SOLDAT, "c'est mon job pour aujourd'hui."
"Allez manger et dormir," ordonna Reeve, "des troopers ont été assignés à la surveillance de Seventh Heaven, vous serez tranquille. Ne réveillez pas Jessie, elle est dans son bureau."
"Soyez prudent," maugréa Barret en les raccompagnant à la porte.
"Je reviendrais dans ce foyer," lança Reeve avec un petit sourire.
Barret ferma la porte derrière eux et jeta un regard à ses hommes. Shera était en train de faire asseoir Cid malgré ses protestations qu'il allait bien, Séphiroth cherchait un endroit où poser Riku sans oser s'approcher des canapés où s'étaient effondrés les jumeaux, Vincent était debout mais semblait s'appuyer un tout petit peu sur Yuffie.
"Vous vous sentez d'avaler quelque chose ? "
"Si ça ne s'enfuit pas trop vite," répondit Zack.
"Vous allez tous boire une boisson à électrolyte d'abord," ordonna Elmyra en ouvrant un placard, sortant des packs desdites boissons, les distribuant rapidement, "quelqu'un a besoin d'un éther ? "
"Aérith," marmonna Zack.
Vincent leva une main aussi, avant de la baisser à nouveau pour tapoter l'épaule de Yuffie.
"Yuffie ? As-tu besoin d'un éther ? "
"Nan, dodo," marmonna l'adolescente.
"Je vais coucher Yuffie," déclara Vincent en prenant une des canettes pour l'adolescente avant de la soulever d'un bras autour de la taille.
Eh bien, c'était une méthode comme une autre de traiter la royauté, décida Séphiroth. Basch serait probablement horrifié de la façon peu cavalière dont son père souleva la Princesse, ou la manière dont celle-ci s'accrocha à lui, comme un bébé mog.
Il s'avéra rapidement qu'une fois les boissons, magiques ou non, bues, personne ne put garder les yeux ouverts et les membres d'Avalanche commencèrent à transiter vers l'étage.
En retournant vers la salle commune, Vincent croisa les jumeaux quand ils entrèrent dans la chambre, Zack portant à moitié Aérith.
"Yuffie ? " murmura Cloud.
"Elle dort. J'ai réussi à la désarmer."
"Elle doit être vraiment crevée," marmonna Cloud. "Dors bien."
"Toi aussi," répondit Vincent en se dirigeant vers l'escalier.
Il rencontra Cid qui montait en baillant, défaisant sa veste.
"Elmyra et Barret cherchent où caser Séph et Riku," marmonna Cid.
"Je vais aller les aider," soupira Vincent.
Le format de carte postale de Seventh Heaven allait encore les desservir. Où est-ce qu'ils pourraient…. L'infirmerie ? Non, outre le fait que ça risquait de rappeler de mauvais souvenirs à Séphiroth et peut-être à Riku, la destruction du laboratoire avait aussi dû faire des dégâts.
Peut-être… Qu'ils pourraient mettre Riku dans la chambre de Yuffie, sur l'ancien lit de Tifa ? Ou...
Il sentit la main de Cid lui effleurer l'épaule et il se tourna vers lui.
"Hé. Te vrille pas les neurones. On va trouver."
"Oui, c'est juste…"
Il chercha ses mots quelques instants avant de réaliser qu'il pensait en wutan. Il se frotta le visage de sa main humaine avec un soupir.
"Fatigué ? " murmura Cid, passant sa main de son épaule à sa joue.
"Hmm," soupira Vincent en s'appuyant du front sur l'épaule de Cid, profitant qu'il était une marche plus basse que lui.
"Tu veux de la compagnie ? " suggéra Cid à voix basse.
C'était… tentant. Et ça libérerait un lit, même si Vincent n'était pas sûr de la façon dont Séphiroth prendrait cette révélation. Il en savait si peu sur son fils, sur ses opinions, sa personnalité, sa façon de voir les choses…
Vincent leva les yeux, sentant un regard sur eux.
Shera se tenait en haut de l'escalier.
Elle s'était mise en pyjama, prévoyant probablement d'essayer de dormir, et avait enfilé un de ses pulls par-dessus.
Et elle les regardait tous les deux, hésitant à les interrompre.
Ça changeait. Habituellement, quand elle devait les interrompre, elle n'hésitait que sur la façon de le faire.
"Cid," murmura Vincent.
"Hm ? "
"Shera a besoin de toi."
Cid fronça les sourcils avant de se tourner à demi dans le cercle des bras de Vincent, jetant un regard par-dessus son épaule. Il vit Shera les observer et revint vers Vincent.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? "
"Ce n'est pas à moi de te le dire," répondit Vincent avant de tourner la tête vers Shera, "mais… Si elle veut de l'aide pour en parler... je te le dirais."
Shera eu un petit sourire reconnaissant mais secoua doucement la tête.
"Merci Vincent, je… je vais lui dire…"
"Très bien," répondit Vincent en lâchant Cid.
Cid l'imita avec un petit soupir, mais monta les marches vers sa sœur, passant un bras autour de ses épaules en murmurant en burmécien. Vincent allait s'éloigner quand Cid le rappela.
"Vince… Si… Séph ou Riku ont besoin d'un lit… Je vais dormir avec Shera cette nuit."
"Merci."
Il descendit dans le salon en étouffant un bâillement. Minerva, il ne se souvenait pas avoir été aussi épuisé depuis… des mois.
Depuis la clinique.
"Ah, Vincent…"
Le sniper dû admettre qu'il était impressionné par la résilience de Barret. Il n'était pas augmenté, ni descendant d'Ancien et il suivait le rythme de ses hommes tout en donnant des ordres et en râlant.
"On cherchait où caser Séphiroth et Riku mais je crois qu'il a décidé tout seul," marmonna doucement Barret de la même voix basse qu'il utilisait quand Marlène dormait.
Vincent tourna la tête vers le canapé que Barret lui désignait.
Séphiroth était endormi, assis sur le grand canapé, la tête penchée d'une façon que, augmenté ou pas, il allait sentir le lendemain. Riku était toujours à moitié affalé sur lui, la tête sur le torse de son père et un bras de celui-ci autour de lui.
"Une photo a été prise," annonça Elmyra avec un petit sourire.
"Je vais essayer de les mettre à l'aise," répondit Vincent sur le même ton en s'agenouillant près du canapé.
Allonger Séphiroth fut relativement facile, malgré sa taille. Le SOLDAT émergea brièvement quand son père le toucha aussi délicatement qu'il put, mais il dû le reconnaître, à l'odeur ou d'une autre façon et se rendormit, aidant à peine quand Vincent l'allongea sur le canapé et lui retira ses bottes.
Toutefois, quand le sniper souleva Riku, il fut retenu d'une main implacable sur son coude.
Heureusement, c'était le démoniaque.
Vincent tourna calmement la tête, croisant le regard de son fils, encore mal réveillé.
"Je vais juste le mettre au lit."
Séphiroth fronça légèrement les sourcils, tâchant d'enregistrer ce que Vincent lui disait.
Il ressemblait encore plus à sa mère avec cette expression, quand Vincent la réveillait sans lui avoir apporté son premier café du matin en offrande.
"Il sera dans ma chambre. Je le protégerais," continua Vincent.
La main sur son coude se desserra et l'instant suivant, Séphiroth dormait à nouveau à poings fermés. Vincent se leva, tenant Riku contre lui.
"Tu vas le mettre où dans votre chambre ? " marmonna Barret.
"Cid dort avec Shera," expliqua Vincent, "elle… a besoin de réconfort."
"Ça ne te déranges pas ? " demanda Barret à Elmyra.
"Elle pourra dormir avec toi."
Le lieutenant se tourna vers Vincent qui le regardait avec un petit sourire.
"Je vois pas de quoi…"
"Barret. Les jumeaux, Nanaki et moi pouvons sentir quand vous passez la nuit ensemble."
Elmyra, qui dépliait une couette pour Séphiroth, piqua un fard impressionnant.
"On… on fait que dormir ! " précisa Barret précipitamment.
"Je sais. On le sentirait aussi."
"Va te coucher ! " couina Elmyra.
"Haï, Baa-san[7]," rétorqua Vincent avec un petit sourire, remontant à l'étage avec son précieux fardeau.
Riku ne se réveilla pas.
C'était un peu inquiétant, malgré tout ce qui s'était passé autour de lui, le vacarme, les combats, il continuait à dormir à poings fermés.
Aérith avait dit que Minerva était là.
Qu'est-ce que ça pouvait signifier ? Qu'elle était une Errante ? Qu'elle s'était réincarnée ? Dans Riku ?
Est-ce qu'il le savait ?
Les souvenirs des vies antérieures étaient rares, très rares, si rares que même son père doutait de leur véracité.
Il parvint à ouvrir la porte de sa chambre, jouant des coudes et alla poser Riku sur son lit.
Cait l'y rejoignit aussitôt, n'attendant même pas que Vincent ait fini de border Riku avant de se glisser contre lui, ronronnant à plein régime.
Vincent hésita avant de poser sa main démoniaque sur le front de l'adolescent.
Rien.
Il ne sentait rien.
Pas de magie, même résiduelle.
Mais sa peau était chaude, il respirait facilement et Vincent pouvait voir ses yeux bouger sous ses paupières.
Il avait un fils.
Il avait un petit-fils.
Il allait falloir qu'il écrive à son père pour le prévenir.
Il devait parler à Séphiroth, et à Riku aussi, dès qu'il serait réveillé, de leur héritage.
Il devait parler à Cid et il ne savait pas comment…
Il…
Il avait besoin de dormir.
Il se hissa à nouveau sur ses pieds, plus difficilement cette fois, et se dirigea vers le lit de Cid. Il fallut d'abord qu'il le débarrasse de tous ses carnets et stylos, secouant la couverture avant de s'asseoir sur le matelas, retirant son pull, ses bottes et son gant.
Il se glissa sous les couvertures, posant la tête sur l'oreiller.
Le linge sentait le propre et la lessive d'Elmyra, mais en dessous, le matelas et l'oreiller avaient toujours l'odeur de Cid.
Et Vincent s'endormit aussi profondément que son petit-fils à moins de deux mètres de lui.


[1] Idiot en nahuatl/cosmo
[2] Séph, tu regardes quoi au juste, là ?
[3] Je rappelle, Zack : 1.91m, Séph 2.00 m. Avec la mako et les muscles en plus, je ne sais pas qui garderait son flegme face à eux quand ils sont légèrement agacés.
[4] Pour citer les SOLDATs concernés : Oui, on est homo, on a aussi assez de mako dans les veines pour faire tourner secteur 6 pendant un an, on a survécu à Wutaï et on peut tordre de l'acier à mains nues. Vous disiez quoi au sujet de la loi ?
[5] Séphiroth avait une vague idée de comment on faisait les bébés à l'époque, mais ça impliquait plus d'éprouvettes et de fécondations in-vitro que la méthode que pratiquent Basch et Vossler.
[6] Alors la limite de Séph est inspirée à la fois par celle du one winged angel du jeu originel , mais aussi par celle qu'il a dans Dissidia NT!
[7] Oui, Tata en wutan/japonais