Chapitre 48 : Redémarrage

Résumé :
Vincent savait que faire cohabiter Riku et Séphiroth allait être compliqué.
Mais il ne pensait pas que ce serait à ce point.
Il aurait besoin des conseils de Maître Cid sur la gestion d'adolescents traumatisés.
Et vite.
Heureusement, tout le monde à Avalanche a l'air plutôt déterminé à adopter Riku.

Personnages :
Team avalanche + les squatteurs.

Tags spécifiques au chapitre :
Riku jure comme une taupe des Taudis, normal, Setzer était là pendant ses années formatrices, les Highwind passent en mode parents, Cloud passe en mode grand frère, Vincent passe en mode panique à bord, les autres trouvent tout ça très drôle à regarder. Référence à de l'amputation et de la torture. Shera est une warrior, mais même les warriors ont besoin d'aide au bout d'un moment.


Vincent se réveilla quelques heures plus tard dans le lit de Cid, sans savoir quel jour il était.
Ni quelle heure, par ailleurs. Il tendit la main pour entrouvrir le rideau de la fenêtre, grimaçant quand son épaule lui rappela qu'il avait pris une gamelle assez conséquente pour avoir encore mal deux jours après.
Peut-être qu'il devrait en parler à Aérith, finalement…
Les lampes de jour n'étaient pas allumées. Soit, elles étaient toujours en panne, soit, il faisait encore nuit.
Il entendit un petit bruit de surprise et tourna la tête vers l'occupant de l'autre lit.
Riku venait visiblement de se réveiller. Il était assis sur son lit, dos au mur et avait Cait sur les genoux, le caressant d'une main[1].
Vincent cligna des yeux avant de se frotter le visage et de bailler.
"Bonjour," finit-il par dire.
Riku resta longtemps silencieux sans répondre, dévisageant Vincent.
Ah… oui…
Vincent tendit le bras, allumant la lampe. Un jour, il se souviendrait que Riku n'était pas augmenté. Il ne devait voir que ses yeux briller dans le noir et vu leur couleur, il y avait de quoi s'inquiéter.
Bon, il avait encore son gant, ce serait un traumatisme de moins à infliger à l'adolescent.
"Bien dormi ? " s'enquit Vincent tandis que Cait, reconnaissant la voix de son maître, sautait des genoux de Riku pour venir réclamer de l'amour.
Vincent repoussa sa couverture et s'assit sur son lit, cueillant son chat d'une main sous le ventre avant de le jucher sur son épaule. Le geste sembla rassurer Riku qui se détendit un peu.
"Vous êtes…"
"Vincent. Vincent Valentine."
"Oh, c'est vous… Euh… le Capitaine Highwind m'a dit de dormir dans votre lit…"
"Ne t'en fait pas, je n'ai rien à y redire," répondit Vincent.
L'adolescent hocha doucement la tête, jetant un petit regard craintif à la porte.
"Euh… est-ce que… est-ce que… 'Il' est là ? "
"Séphiroth ? "
Riku hocha la tête.
"Non, il est retourné à la Tour. Il s'inquiétait pour un de ses amis."
La tension se dissipa des épaules de Riku. Un peu, du moins.
"Le Capitaine m'a dit que les Remnants ont attaqué la Tour…"
"Et Séphiroth nous a aidé à les repousser."
Ça ne sembla pas rassurer entièrement l'adolescent dont l'expression se referma, fronçant les sourcils.
"Tu ne l'aimes pas," constata Vincent.
Cette fois, il secoua la tête avant de relever les genoux, resserrant ses bras autour. Riku allait mieux par rapport à la veille - l'avant-veille ? Quel jour était-ce ? - il avait repris des couleurs, mais il restait amaigri par l'inactivité. Elmyra devait probablement déjà être en train de lui préparer un programme de remise en forme à base de bons petits plats. Vincent se leva, prenant la chaise du bureau.
L'adolescent se tendit à nouveau aussitôt, ses yeux évaluant rapidement laquelle, de la fenêtre ou de la porte, serait le plus vite accessible.
Vincent cala la chaise le plus loin possible de Riku avant de s'asseoir, croisant nonchalamment les jambes.
Il ne connaissait pas Riku. Il avait lu son dossier, interrogé Yuffie, mais il réalisait qu'il n'avait aucune idée de la personnalité de l'adolescent.
De son petit-fils.
Cela étant, il en percevait assez pour réaliser que Riku était probablement au moins aussi buté qu'il l'avait été au même âge.
Ça allait être compliqué de le faire s'ouvrir à eux.
"Pourquoi ? "
"Il est mauvais," finit par déclarer Riku.
Ça commençait mal.
"Il a eu des injections de cellules, il était manipulé, comme toi…"
Riku le regarda, mais ne réagit pas. Vincent commençait à réaliser à quel point ça avait dû être perturbant pour son père d'hériter d'un gamin asocial, mutique et à moitié sauvage presque cinquante ans plus tôt.
"Il n'a aucun souvenir des douze dernières années. Il n'était pas responsable de ce qu'il a fait dans Sin…"
"C'est le démon de Wutaï," rétorqua Riku d'un ton peu amène.
Ah oui, Riku avait été élevé par un wutan. Un qui avait connu la guerre entre Wutaï et Midgar. C'était inévitable qu'il ait assimilé l'antipathie wutane pour Séphiroth.
"Et il faisait d'autres choses. Au labo," ajouta Riku après un autre regard rapide à Vincent.
"Du genre ? "
Cette fois, l'adolescent secoua la tête, refusant de répondre. Il faudrait que Vincent en parle à Séphiroth, pour essayer de comprendre où était le problème.
"Vous lui ressemblez," constata Riku en le dévisageant, "vous êtes qui ? Un clone ? "
Bon, c'était était un arrière-petit-fils de Diablos et la curiosité faisait partie de ses gènes. Le manque de tact aussi.
Mais c'était peut-être un angle d'approche qui fonctionnerait. Vincent n'avait jamais su résister à un mystère à cet âge, est-ce que Riku serait pareil ?
"C'est une histoire un peu étrange," commença Vincent d'un ton désinvolte, "et je ne suis pas sûr que tu me croies."
Riku roula des yeux et déplia ses jambes, les laissant pendre au-dessus du bord du lit.
"J'ai grandi dans un poisson géant, élevé par des mutants et j'ai des ailes qui poussent quand je suis pas content… chiche que je serais pas surpris ? "
"Chiche," rétorqua Vincent avec un petit sourire.
Riku se redressa, un sourire frondeur aux lèvres et attendit la révélation.
"Je suis ton grand-père[2]."
Riku dévisagea Vincent la bouche ouverte. Il la referma, fronçant les sourcils pour réfléchir, alternant entre fixer Vincent du regard et pencher la tête de l'autre côté.
"Ok, j'avoue, je suis surpris," finit-t-il par admettre.
"Curieux aussi ? "
Riku hocha la tête. Et voilà, il l'aurait parié.
"Il y a une trentaine d'années, j'étais Turk. J'ai reçu la mission de protéger une équipe de scientifiques étudiants une créature inconnue à Nibelheim…"
Qu'est-ce qui serait approprié d'expliquer à Riku au juste ? Les événements de Nibelheim étaient sordides et il n'était qu'un adolescent…
Mais un qui avait grandi dans un poisson géant, élevé par des mutants…
"J'étais… l'amant de la mère de Séphiroth. J'ai voulu interrompre une expérience d'Hojo…"
Riku grimaça à ces mots.
"Et il a…" reprit Vincent, cherchant ses mots.
"Vous êtes passé sous son scalpel ? " suggéra Riku.
Vincent hocha la tête. Riku désigna son bras et le gant qui couvrait sa main.
"Il vous a fait quelque chose au bras ? "
"Si ce n'était qu'au bras," soupira Vincent avant de défaire le gant.
Riku ne cilla pas en voyant l'aspect de sa peau. Il se contenta d'hocher la tête et tendre les mains.
"Je peux ? "
Vincent mit sa main entre les siennes, les laissant toucher aux écailles noires, comme son père la veille.
"Il vous a découpé de partout," murmura Riku en voyant les cicatrices plus pâles, légèrement dorées.
"Une habitude qu'il n'a pas perdue, je crains," rétorqua Vincent.
Riku lui tourna le bras vers la lumière de la lampe de chevet, fronçant les yeux avant de tracer le chiffre presque invisible tatoué sur le poignet.
"Vous êtes le numéro 2…"
"La mère de Séphiroth était le numéro 1. Il est le 3."
Riku le fixa encore du regard, observant son visage.
"Mais… si vous êtes mon… mon grand-père, pourquoi vous avez pas l'air vieux ? "
"Je... j'ai été en stase pendant trente ans. Ça ne fait qu'un an que je suis réveillé."
"Oh… merde."
Riku lui tourna le bras, dévoilant la cicatrice en forme d'étoile sur le dessus. Riku la fixa longuement avant de tendre l'autre main pour l'effleurer.
"Un cadeau d'Ansem," expliqua Vincent.
Une lumière verte s'éleva des doigts de Riku et Vincent sentit ses écailles se hérisser brièvement avant de s'aplatir sous l'influence calmante de la magie de soin.
"Ce... Ce n'est pas la peine," commença Vincent avant de réaliser que la cicatrice disparaissait.
Aérith avait raison.
Riku était guérisseur natif.
Comme elle.
Comme Lucrécia.
Et il devait être puissant pour être parvenu à lutter aussi longtemps contre l'influence de Jénova.
Quand il le lâcha, la cicatrice du sort avait disparu. Celles des vivisections d'Hojo restaient, certaines estompées, mais toujours présentes. Vincent reprit son bras, observant le résultat.
Même la douleur dans son dos et son épaule s'était estompée, ne laissant derrière que des muscles intacts et reposés. Il releva les yeux vers Riku, s'apprêtant à l'interroger.
La Rivière de la Vie le regardait, se tenant très droite et digne devant lui, dans le corps de l'enfant.
Vincent se sentit soudain très seul, très petit face à Gaïa elle-même, le voile vert de ses yeux aussi intense que la mako la plus pure.
"Riku ? " murmura Vincent.
Riku cligna des yeux et se rassit contre le mur, se frottant les yeux, comme s'il se réveillait.
"Elle était encore là…" marmonna-t-il d'un ton agacé.
"Qui ? Jé… la voix qui te faisait faire des choses ? "
"Non. Non, elle, elle est plus là. Bon débarras. L'autre l'a jetée."
"Quel autre ? " répéta Vincent.
Riku haussa les épaules.
"Chais pas. Je suis tombé dans le réacteur, j'ai tourné de l'œil et quand j'ai repris conscience… J'avais mal… Y'avait la voix de l'araignée…"
"Nous l'appelons Jénova."
"Pouffiasse," cracha Riku. "Mais, y'en a une autre."
"Une autre," répéta Vincent.
Riku hocha la tête.
"Comme elle mais pas pareil. C'est… c'est elle qui m'a soigné. Qui vous a soigné. Elle a empêché ma tête d'exploser et elle a… elle a fait repousser mon aile."
Il se frotta le ventre avec une grimace.
"Et mon foie. Mon estomac. Et un de mes poumons je crois."
Vincent tâcha de ne pas montrer sa révulsion.
Riku savait ce qu'il avait eu comme blessure, ce qui, de la part d'un guérisseur natif, n'était pas vraiment étonnant. Mais il avait gardé sa conscience pendant le processus de guérison. Il avait dû sentir son corps se reconstituer de blessures mortelles sans pouvoir bouger ou échapper à la sensation.
Comme dans un tube à mako.
Vincent prit plusieurs longues respirations, essayant de se calmer. Il vit la main de Riku s'approcher doucement, restant dans son champ de vision avant de se poser à nouveau sur sa main démoniaque.
Il était guérisseur. Il avait leur empathie…
"Elle voulait pas me laisser me réveiller et partir," continua Riku en glissant ses ongles entre deux écailles, s'y agrippant, "elle m'empêchait de me lever. Et hier elle…"
Son air buté se renforça et Vincent eut brièvement l'impression de se voir dans un miroir quand il était enfant.
"Elle utilisait mon corps."
"Tu l'entends maintenant ? " demanda Vincent.
Riku secoua la tête.
"Non, plus maintenant, elle est retournée… je sais pas où. Je l'ai entendue quand je vous soignais. Mais… elle dort, je crois. Ou elle est morte."
"Minerva," murmura Vincent.
Son petit-fils frissonna et lui jeta un regard effrayé, avant de le lâcher et reculer dans le mur.
"Dites plus jamais son nom ! Elle va venir sinon ! "
"D'accord, d'accord," répondit Vincent en levant sa main humaine. "Tu… sais qui c'est ? "
Riku secoua vigoureusement la tête.
"Je veux pas le savoir. Je la veux pas dans ma tête ! Je veux… je veux…"
Vincent se pencha vers Riku, posant une main sur son épaule, mais ce fut Cait qui réagit, sautant sur les genoux de Riku en miaulant, le faisant sursauter. Après quelques secondes à dévisager le chat, Riku sembla s'effondrer et le prit contre lui, le serrant dans ses bras.
"Je veux Haru. Je veux Setzer," gémit l'adolescent en plongeant son visage dans la fourrure du chat.
Il avait grandi dans un poisson géant, élevé par des mutants et avait des ailes qui poussaient quand il s'énervait.
Mais c'était un gamin de quinze ans qui avait perdu les deux hommes qu'il considérait comme sa famille.
Vincent se leva de la chaise, s'asseyant sur le lit près de lui et passa son bras démoniaque autour de lui, l'appuyant contre son épaule. Il n'était pas dit que des mois à subir les assauts d'affections vigoureux de Yuffie le laisseraient démuni face à la détresse de son propre petit-fils.
"Je sais," finit-il par murmurer.
Riku hoqueta avant de lâcher Cait et s'accrocher au pull de Vincent des deux mains.
Vincent n'avait jamais voulu avoir d'enfant.
C'était quelque chose qui ne lui avait jamais fait envie, qui n'était jamais venu sur le tapis avec ses amantes. Il avait vu sa mère se démener envers et contre tous pour l'élever et ne pas y arriver, son père réussir l'exploit d'être à la fois distant et étouffant… Le seul exemple positif qu'il avait de la parentalité était Maduin, et il ne se sentait pas capable de l'imiter, pas capable d'aimer le monde entier.
Mais il était sûr d'une chose.
Hojo ne toucherait plus jamais à l'enfant dans ses bras.
Quand Riku cessa enfin de trembler et hoqueter contre lui, un long moment avait passé. Les lampes de jour commençaient à s'allumer et Cait miaulait à la porte pour sortir.
"Cait, damare baka neko," marmonna Vincent.
Riku se redressa, jetant un petit regard surpris à Vincent.
"Il s'appelle Cait ? "
Ah, au moins son fils et son petit-fils parlaient la même langue que lui. Ça allait encore rendre Barret fou, mais ça leur permettrait de discuter en privé.
Si Yuffie promettait de ne pas écouter.
"Oui. C'est le nom d'un chat magique dans les contes de Centra Nord."
"Il est magique ? " demanda Riku en regardant Cait qui se roulait au sol, imitant avec succès le chat mort de faim à l'âge tragique de même pas un an.
"Non, c'est juste un glouton," rétorqua Vincent.
Riku laissa échapper un petit rire juste au moment où quelqu'un toquait.
"Oui ? " reprit Vincent en commun.
"C'est Cloud."
"Entre."
La porte s'ouvrit, laissant s'échapper Cait qui bondit entre les pieds de Cloud avec enthousiasme avant de disparaître dans le couloir.
"Un jour, je vais shooter dans Cait sans faire gaffe," maugréa le blond avant d'entrer.
"Évite, s'il te plait," soupira Vincent, "on t'a réveillé ? "
"Je dormais pas," répondit Cloud, "mais j'ai fait du café et du thé en bas, si vous voulez."
"Merci," fit Vincent en se mettant debout.
Riku l'imita, observant Cloud à la dérobée.
"Les autres sont debout ? " continua Vincent.
"Seulement Zack et Nanaki," répondit le blond avant de jeter un regard à Riku, fronçant les sourcils, "tu n'as pas froid ? "
Riku sembla hésiter quelques instants avant d'hocher la tête. Il était pieds nus, portait toujours le jogging emprunté et un tee-shirt qui appartenait à Cid. Cloud dézippa son sweat et le lui tendit avant d'indiquer la porte du pouce.
"Dans la chambre d'à côté, fouille l'armoire, tu trouveras des vêtements et des chaussettes qui devraient t'aller."
"Merci, Cloud," murmura Riku en prenant le sweat avant de disparaître par la porte.
"Merci," répéta Vincent.
Le petit blond haussa les épaules d'un air désinvolte.
"J'ai promis à Tifa de prendre soin de lui."
"Tu l'as revue ? "
Cloud hocha la tête, passant la main dans ses mèches en bataille.
"Elle… est retournée à la Rivière. Définitivement."
"Je suis désolé."
Cette fois, Cloud secoua la tête, un petit sourire aux lèvres.
"Non, c'est bon. Elle… est restée trop longtemps… Elle méritait de reposer en paix au lieu de s'inquiéter pour Zack et moi. Surtout pour moi."
Cloud n'avait pas l'air traumatisé parce qu'il lui était arrivé pendant la bataille, mais au point où il en était, Vincent se demandait ce qui pourrait le traumatiser plus que cinq ans de Sin à servir de cobaye à Hojo.
Pourtant…
Pourtant il semblait... en paix.
"Cloud, est ce que ça va ? "
Le jeune homme fourra les mains dans ses poches, un petit sourire aux lèvres.
"Ouais. Beaucoup mieux. Elle a fait quelque chose…"
"Tifa ? "
"Non…"
Il hésita encore un moment avant de baisser la voix.
"La… La personne qui était dans Riku. Au garage. Son sort de soin, ça a…"
Cloud chercha ses mots avant d'abandonner et relever son tee-shirt, montrant son torse à Vincent.
Les deux cicatrices qui le traversaient de part en part étaient presque effacées, de la troisième qui aurait dû s'y trouver, depuis la veille, il ne restait rien.
"Des sorts de soins balèzes, j'en ai reçu des tonnes, mais celui-là…"
Il rabaissa son tee-shirt.
"C'est comme si… Ça avait soigné ma tête en même temps."
Depuis la disparition de Minerva, au fil des siècles, les cetras avaient perdu la capacité d'effacer des cicatrices, de guérir les brûlures.
Tout comme celle de faire repousser des membres.
Ou de soigner les âmes.
"Et toi ? " demanda Cloud en le dévisageant avec attention.
"Moi ? " répéta Vincent.
"Avec Riku, ça va ? "
"Je tâtonne," répondit le Turk en se tournant pour refaire le lit.
Il sentit la main de Cloud sur son épaule et sursauta légèrement.
"T'en fais pas, Makoto, on est là pour t'aider. On est maduin après tout."
Oh.
Minerva.
Il devrait vraiment appliquer les conseils de Cid, parfois.
A force de vouloir protéger son Vol, il en oubliait qu'il faisait partie du leur.
De leur meute.
De leur clan.
Qu'il fallait juste qu'il accepte d'être aidé.
"Merci, Cloud."
"De rien, maintenant descendons vite avant que Zack donne de la glace à Riku en guise de petit déj."


/Professeur ? Vous avez un visiteur,/ annonça Idun dans l'interphone.
"De qui s'agit-t-il ? "
/Zéphyr Hamasaki, Professeur, il dit être de la famille de Monsieur Valentine. Elena est avec lui./
Vincent avait de la famille à Midgar ? Première nouvelle, la seule famille qu'il lui connaissait était…
Oh.
"Faites-les entrer ! "
Et quand le jeune homme fut là avec Elena, il s'agissait bien de Séphiroth.
"Mon garçon," reprit le Professeur en se levant pour les accueillir.
"Permettez, Professeur ? " l'interrompit Elena d'un geste avant de commencer à fouiller son bureau.
Les deux hommes regardèrent la jeune fille fouiller les environs avant qu'elle revienne avec un petit fragment de papier plié en quatre qu'elle lut en fronçant les sourcils.
"Que se passe-t-il ? " demanda le vieil homme.
"Vincent est passé en premier," grommela Elena en froissant la feuille.
"Apparemment, c'est un jeu entre Turks. Celui qui relève le plus de micros espions dans le mois gagne une bière," expliqua Séphiroth.
"Les Turks," soupira Gast, "sans offense, Elena."
"Ce n'est pas notre pire," déclara la jeune fille.
"Comment va votre bras ? "
"Elle est de service léger pour la semaine," coupa Séphiroth.
"Je vais BIEN," rétorqua Elena d'un ton agacé, "je vais vous laisser, je serais dans le couloir."
Elle les laissa seuls et ressortit, adressant un petit pouce d'encouragement levé à Séphiroth avant de la fermer.
"Assieds-toi mon garçon."
"Merci, Professeur."
"Zéphyr Hamasaki ? " s'étonna Gast en prenant à nouveau son siège.
Séphiroth haussa les épaules.
"J'avais besoin d'un alias."
Hamasaki, c'était le vrai nom de famille de Vincent. Si Séphiroth l'avait choisi…
"Ça... va mieux avec Vincent ? "
"Nous… Je… j'essaye de faire connaissance avec lui."
Et bien, c'était un progrès. En tout cas, c'était un progrès par rapport à leur dernière rencontre. Ifalna avait raison encore une fois : Séphiroth avait juste eu besoin de temps.
"Vous saviez pour Riku ? "
Et il y avait ça aussi. Le Professeur soupira.
"Oui et non. L'influence du Président n'a pas fait du bien à ma mémoire. Dès que je sortais du laboratoire, j'étais incapable de me souvenir qui était le spécimen 54."
"J'en parlerais à Rufus," promis Séphiroth.
"Ne t'inquiète pas pour ça, Ifalna lui a déjà fait des remontrances."
Séphiroth haussa les sourcils. Ça, Rufus s'était bien gardé de le lui dire.
"Comment va ton… comment va Riku ? " finit par reprendre le professeur Falmis.
"Il est réveillé. Il... ça va bien, je crois. Il reste à Avalanche pour l'instant, avec mon… mon père."
"Et entre vous ? "
Séphiroth garda le silence. Ça voulait tout dire.
"Il a eu une vie difficile, laisse-lui un moment pour trouver ses marques."
Une vie difficile ? C'était un euphémisme ou…
Avec Hojo dans son entourage, Riku ne pouvait pas avoir eu une vie facile.
"Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? "
"As-tu eu les dossiers sur Sin ? "
"Je… ne crois pas ? "
Si ça concernait Riku, Rufus avait probablement dû décider de les mettre dans la catégorie : 'ménageons Séphiroth'.
Ou bien c'était dans la pile de dossiers qu'il avait amené… Il y a seulement quelques jours ? Séphiroth n'avait pas eu le temps de s'y plonger, il venait de passer deux jours à manger, dormir, et s'assurer que personne ne menaçait Rufus et Umbra, pas même le surmenage.
Sur ce coup-là, c'était plutôt un échec, vu que Rufus avait déjà repris le travail de son lit et coordonnait ses efforts avec ceux du Maire et de Tuesti pour tenter de parer au plus urgent des dégâts de la ville. Séphiroth avait été poliment, mais fermement prié de se mêler de ses affaires pour quelques heures et Elena lui avait proposé d'aller prendre des nouvelles des SOLDATs blessés pendant l'attaque.
"Riku avait donné des informations à Avalanche concernant Sin, les squames et tout ce qui se passe à l'intérieur. Je te transmettrai mon dossier."
"Merci."
"Le Directeur Tuesti m'a invité à Seventh Heaven pour un débrief, tout à l'heure, est-ce que tu voudras te joindre à moi ? "
"Ce sera avec plaisir, merci."
Le silence retomba entre Séphiroth et Gast. Après l'alerte générale à Midgar et la nuit terrifiante qui avait suivi, avoir Séphiroth en face de lui et en bonne santé était un soulagement, surtout maintenant qu'il n'était plus en colère, mais…
Mais Séphiroth n'était plus le petit garçon curieux qu'il avait connu et qui posait des questions en rafale. Ce n'était plus l'enfant qui courait dans les couloirs, qui tirait sur sa moustache, qui s'accrochait à son pantalon pour faire ses premiers pas.
Comme il regrettait de ne pas l'avoir emmené avec lui.
"Je m'excuse," finit par déclarer Séphiroth.
"Pourquoi ça ? "
"Pour… la dernière fois. La façon dont je vous ai parlé à Madame Falmis et vous."
"Séphiroth, c'est à moi de te présenter des excuses. Tu étais en droit d'être en colère contre moi… Pour t'avoir... abandonné."
"Vous m'auriez… vraiment emmené ? "
Gast hocha gravement la tête.
"Si j'avais été moins naïf, j'aurais commencé par ça. T'emmener loin de Midgar, à l'abri, sans essayer de raisonner le Professeur Hojo et le Président."
Et il aurait élevé Séphiroth comme son fils. Aérith aurait eu un grand frère qu'elle aurait mené par le bout du nez avec autant de brio que les Turks, Séphiroth aurait connu son héritage, le nom de sa mère… Peut-être de son père. Le vrai.
Et maintenant, il ne pouvait qu'espérer rattraper le temps perdu.
"C'est pour cela que tu viens me rendre visite ? "
"Ou… non. Pas seulement," admit Séphiroth, "je viens au sujet des SOLDATs blessés. Comment vont-ils ? "
Gast se tourna et attrapa un tas de dossiers sur son bureau qu'il posa devant Séphiroth.
"Ils sont tous débarrassés des cellules J."
"Déjà ? Je pensais que ça prendrait des semaines."
"Dans ton cas, oui. Tu… avais beaucoup de cellules dans ton corps. Eux n'en avaient que très peu."
C'était à la fois un soulagement et une inquiétude. Si peu de cellules suffisaient à ce que les victimes soient manipulées ?
"Ça explique ce que Riku a sorti de Xehanort et Strife."
"Tu m'intéresses, mon garçon," reprit le Professeur, "raconte ? "
Séphiroth s'exécuta, racontant la scène à laquelle il avait assisté dans le garage de Seventh Heaven.
"Hm," finit par faire Gast, "en effet, ceci explique cela. Le Remnant devait avoir reçu les cellules depuis un bon moment alors que Cloud ne les avait que depuis quelques heures. J'aurais aimé pouvoir étudier ça."
"Les corps des Remnants ont été détruits rapidement."
"Les Plombs sont expéditifs, dommage pour moi. Est-ce que tu veux voir les SOLDATs ? "
"Je… peux ? "
"Bien sûr," répondit Gast en se levant, "pas longtemps ceci dit, ils sont encore en cours de guérison."
Séphiroth fronça les sourcils, suivant le Professeur dans le couloir. Elena leur emboita aussitôt le pas, suivant discrètement.
"Comment… vont le Capitaine Fon Ronsenburg et le Lieutenant Azelas ? "
"Un pied perforé pour le capitaine, ainsi qu'un nez cassé. Le lieutenant a la hanche et la tête du fémur brisés, il doit garder le lit pour la semaine. Et ils ont tous les deux une belle bosse et une fêlure au crâne."
"Ils l'ont solide tous les deux, ils s'en remettront."
"Tu les connais bien ? " s'étonna Gast.
Séphiroth hocha la tête.
"Nous avons servi à Wutaï ensemble. Ils… ce sont des... amis."
Gast hocha la tête. C'était rassurant de savoir que Séphiroth avait eu des amis sur qui compter, même quand il était sous la garde d'Hojo. Entre le Président, les deux SOLDATs… Et maintenant Vincent, Elena… Riku peut-être ?
Gast espérait que tout irait bien maintenant.
Mieux en tout cas.
Il stoppa devant une porte.
"Tu vas pouvoir leur rendre visite alors. Fait en sorte que le Capitaine ne s'agite pas, il n'est pas un patient facile."
"Qui l'est parmi les SOLDATs ? " rétorqua Elena.
Gast vit du coin de l'œil un jeune troisième classe entrouvrir la porte de sa chambre pour saluer Elena et il se tourna vers lui, le foudroyant du regard.
"Aucun. Jeune homme ! Au lit ! " ordonna Gast avec l'autorité d'un sergent-instructeur.
"Oui, Prof ! " glapit le jeune homme en refermant la porte.
"Entrez ! " lança la voix de Vossler venant de l'intérieur.
Avec le boucan qu'ils faisaient, pas étonnant que Vossler les ait entendus venir. Séphiroth poussa la porte pendant qu'Elena prenait son poste devant la chambre, tachant de ne pas rire de la déconvenue du jeune SOLDAT.
"Basch," salua Séphiroth, fermant soigneusement la porte derrière lui, "Vossler."
Basch leva la tête de son oreiller et le salua d'un geste avant de se rallonger.
Ça avait été rare que Séphiroth leur rende visite à l'infirmerie, même à celle des SOLDATs. Les seules fois où ils l'avaient vu là, ça avait été pour l'inauguration de cette aile ou pour enguirlander ses subordonnés qui s'y retrouvaient à la suite d'une imprudence[3].
Après avoir passé deux ans dans le laboratoire d'Hojo, Basch comprenait pourquoi maintenant. Et s'il n'était pas actuellement à moitié drogué, et en train d'attendre que son pied guérisse, il serait probablement déjà à mi-chemin vers Kohlingen pour échapper à l'odeur de sang et de désinfectant.
"Pourquoi êtes-vous dans la même chambre ? " s'étonna Séphiroth en approchant entre leurs lits.
"C'est la procédure quand Basch est blessé," expliqua Vossler en éteignant la TV, "s'il n'y a pas l'un d'entre nous avec lui, il s'enfuit dès qu'il peut."
"C'est arrivé que deux fois," rétorqua Basch d'une voix pâteuse.
"Cette année," contra son ami.
Séphiroth fronça les sourcils, se tournant vers Basch. La légendaire récupération des SOLDATs aurait déjà dû agir, mais le nez de Basch était toujours violacé et la jambe et la hanche de Vossler prises dans un carcan rigide.
"Le Professeur Falmis m'a dit que vous alliez mieux…"
"On va mieux," marmonna Basch.
"Apparemment, le truc que nous a injecté Grim a foutu le brun dans notre organisme," ajouta Vossler, "vous avez une idée de ce que c'était ou c'est classifié ? "
"Des cellules d'un cetra retrouvé à Grand Glacier."
"Malbeno[4]," marmonna Basch, "celles de Jénova ? "
"Ce TRUC ? " gémit Vossler.
"Vous connaissez ? "
"Mission à Nibelheim il y a quelques mois, on était chargé d'aller la chercher là où elle avait été cachée et la ramener à Midgar," répondit Basch en se frottant le visage des deux mains, évitant son nez.
"On aurait mieux fait de se casser une jambe," grommela Vossler en jetant un regard à l'attelle sur la sienne.
"Mi tuj vomos," ajouta Basch en s'asseyant.
"Hop hop hop ! " l'interpella Vossler, "Vi ne moviĝas, kien mi diras al Noah[5] ! "
"Tu parles alexandriote ? " s'étonna Séphiroth en retenant Basch d'une main sur le torse.
"On a vécu à Kohlingen quelques années avant de revenir à Midgar, j'ai fini par assimiler quelques phrases."
"Son accent dalmascian et son teint doré faisaient des ravages parmi la population féminine de Kohlingen," marmonna Basch en essayant de s'appuyer sur la tête du lit.
Séphiroth soupira avant de sortir quelque chose de ses poches qui fit sourire Vossler.
Des barres chocolatées, tirées tout droit du distributeur de sucreries dans le hall de l'étage des SOLDATs.
"Oh, merci ! " s'exclama le brun en s'appropriant immédiatement une part.
"Tu t'es souvenu de ça," soupira Basch.
"Je me suis dit qu'il devait toujours être accro à ces cochonneries," répondit Séphiroth sur le même ton.
"Comment vous êtes-vous retrouvé dans cet état ? "
"Le Capitaine Highwind," répondit Basch.
"Roche nous a montré la vidéo du combat. Il nous a mis une raclée en deux coups," expliqua Vossler en ramassant une tablette sur la table de chevet, l'allumant pour la tendre à Séphiroth.
"J'espère que le projet du précédent Président d'envahir Burmécia sera ajourné," ajouta Basch.
La vidéo était en effet intrigante. Séphiroth avait tenté de protéger le Capitaine pendant le combat contre les SOLDATs, mais il réalisait maintenant que le dragoon n'avait probablement pas eu besoin de sa protection.
Séphiroth n'aurait jamais pensé qu'un non-augmenté aurait pu briser son mur de glace.
"Et de votre côté ? " demanda Vossler avant de mordre dans sa friandise.
Tutoie-moi, Vossler, s'il te plait," répondit Séphiroth, "pas de blessé grave chez Avalanche malgré les efforts des Remnants. On en a eu trois sur quatre et le dernier est probablement gravement blessé."
"C'est déjà ça."
"Et j'ai un fils," ajouta Séphiroth l'air de rien.
Les deux SOLDATs dévisagèrent leur ex-supérieur d'un air aussi abasourdi l'un que l'autre.
"Quoi ? " balbutia Basch.
"Attends, mais je te croyais…"
"Oui, oui, je le suis toujours," coupa Séphiroth, "mais… Hojo…"
C'était triste à dire, mais ce seul nom était une explication suffisante pour les deux SOLDATs. Même avant le kidnapping de Basch, Hojo les avaient déjà tous les deux augmentés pendant la procédure SOLDAT. Ils savaient de quoi il était capable dès qu'il avait du temps libre et une éprouvette entre les mains.
"Insémination artificielle," précisa Séphiroth.
"Ah," fit Basch.
"Merde," renchérit Vossler.
"C'est une surprise," admit Basch.
"Pour moi aussi. Je l'ai appris juste avant l'attaque de la Tour."
"Où est le gamin ? "
"A Seventh Heaven. Avec mon… mon père."
"Oh, Valentine doit être en panique," murmura Vossler, "j'aimerais bien voir ça."
"Il y a de quoi," admit Basch, "il a l'air d'avoir l'âge de Séphiroth."
"Ah, au fait," reprit Séphiroth, "en public, nous sommes officiellement frères. Et… Et il vaudrait mieux m'appeler Zéphyr."
"D'où tu le sors ? " demanda Vossler en achevant sa barre chocolaté pour en reprendre une seconde.
"Tu vas te rendre malade," grommela Basch.
"Apparemment, ma mère envisageait de me surnommer comme ça…" avoua Séphiroth.
"Le Docteur Crescent…"
Séphiroth hocha la tête. Basch semblait… savoir des choses à son sujet, mais à son expression, il devait hésiter à les lui dire.
Et en toute honnêteté, il ne voulait pas les entendre.
Fort heureusement, la porte s'ouvrit à ce moment-là, laissant entrer un pilote blond, un sourire aux lèvres à défaut de sa cigarette habituelle et qui portait une boite métallique sous le bras.
"Hey, les éclo… ah, Zéph, salut."
Et il avait déjà un surnom de son faux nom. Ça n'aurait même pas pris 24 heures.
"Cid," le salua Basch.
"C'est de TA faute," grommela Vossler en désignant sa hanche du pouce.
"Au moins la question de la supériorité entre les SOLDATs et les dragoons est résolue," rétorqua Cid en serrant la main de Basch, "j'ai des offrandes de paix."
"De la bière ? " demanda Vossler.
"Le Professeur Falmis me les as confisquées," répondit Cid en ouvrant la boite, "mais il a autorisé ça. De la part d'Elmyra."
La boîte était remplie de biscuits faits maison.
Et une fois chacun servi, la discussion reprit.
"Je croyais que tu n'aimais pas les trucs sucrés," s'étonna Vossler en voyant Séphiroth manger sa part.
"Je n'aime pas ÇA," rétorqua Séphiroth en désignant les barres chocolatées du pouce.
"Qu'est-ce que tu fais là au fait ? " s'étonna Basch envers Cid, qui s'était assis sur son lit.
"Livraison. J'ai amené un Remnant mort à Seventh Heaven, le Professeur Falmis est parti s'en occuper."
"Je croyais qu'il y avait un labo dans votre QG," reprit Vossler.
"Il y avait," marmonna Cid, "le labo et une partie de l'infirmerie ont été détruits pendant l'attaque."
"Merde, Shera va bien ? " s'inquiéta Vossler.
Cid grimaça et reprit un biscuit.
"Elle dit qu'elle va bien," grommela Cid avant de jeter un regard soupçonneux à Vossler, "je peux te demander pourquoi tu t'inquiètes soudain pour ma sœur ? "
"Sœur ? " répéta Séphiroth.
Les trois hommes se tournèrent vers lui d'un même mouvement.
"Oh, c'est vrai, t'es pas au courant," réalisa Cid.
"Le Docteur Highwind-Mist est la sœur de Cid," expliqua Basch, "plus jeune je crois ? "
"De deux mois. Famille recomposée," expliqua Cid quand Séphiroth lui jeta un regard perplexe. "Mon vieux et sa mère se sont mariés quand on était gamins, on a grandi ensemble."
"Oh."
"Ne me dit pas que tu as cru qu'on était mariés ? " marmonna Cid.
Vossler ricana.
Cid lui indiqua sans un mot d'aller se faire foutre.
"Et je répète : pourquoi tu t'inquiètes comme ça pour ma sœur ? "
"Elle est plutôt mignonne," taquina Vossler, "elle est célibataire ? "
"Je vais te casser l'autre jambe," le menaça Cid.
"Voss, ne titille pas le dragon," marmonna Basch.


"Shera ? "
Pas de réponse. Vincent ouvrit la porte, jetant un œil dans le laboratoire dévasté.
Entre ses coups de feu, les… les traces laissées par le Remnant et les dégâts provoqués par Cid, il faudrait quelques jours de travaux pour que la pièce soit de nouveau opérationnelle. Quelqu'un avait scotché des bâches le long des murs pour empêcher le froid d'entrer et séparer la pièce de l'infirmerie et la majorité des débris avaient été poussés sur le côté, y compris la table de dissection, brisée par la limite de Cid.
Il n'avait pas réalisé à quel point la pièce avait été abîmée pendant la bataille.
Il avait eu d'autres préoccupations à ce moment-là.
"Shera ? "
Il entendit une réponse marmonnée venant de la réserve et s'y dirigea.
La légiste d'Avalanche se tenait devant une unité de réfrigération ouverte, les bras croisés, fixant son contenu du regard.
"Qu'y a-t-il ? " demanda Vincent en entrant.
Il jeta un regard dans l'unité et le regretta.
Elle contenait la main et le pied coupé de Shera.
"Tu les as gardés ? " s'étonna-t-il.
Shera hocha la tête, décroisant un bras pour se frotter les yeux sous ses lunettes. Elle avait encore l'air épuisée, mais Cid avait confirmé que la nuit passée n'avait pas été mieux que la première.
"Un réflexe stupide. Et... je ne voulais pas que Cid les voit."
Elle inspira, le souffle tremblant, avant de désigner la direction du four crématoire.
"Il faudrait que je les incinère."
"Besoin d'aide ? "
Elle hocha la tête et remonta ses lunettes d'une main.
Celle qu'elle avait perdue et qui avait réapparut.
"Oui mais… pas pour ça. Pas pour ça."
"Pourquoi ? "
Elle tendit l'autre main, désignant celle dans l'unité.
Elle tenait une espèce de pince coupante qui donna des frissons à Vincent.
"Je voudrais… je voudrais récupérer une bague… C'était un cadeau de ma grand-mère…"
Vincent fixa la main coupée. Il y avait une bague, en effet sur l'annulaire, mais le doigt était légèrement replié et rendu rigide par la congélation. Si Shera voulait la récupérer, il n 'y avait qu'un seul moyen.
"Je vais le faire," déclara Vincent en tendant la main vers elle.
"Bahamut, merci," murmura Shera en lui abandonnant la pince.
"Prépare le four."
Shera hocha la tête et retourna dans le labo pour allumer le four.
Ce fut rapide. La pince était bien aiguisée. Vincent récupéra le bijou, le nettoya rapidement et le glissa dans sa poche avant de regarder autour de lui.
Il y avait un stock de sacs mortuaires dans un coin de la réserve et il en déchira un, emmaillotant les membres tranchés avant d'amener le paquet à Shera. Laquelle eu un moment de recul avant de réaliser que Vincent les avait enveloppés.
"Merci."
"Je t'en prie. Dans le four ? "
"Oui."
Vincent transporta rapidement le paquet, le posant au centre du four avant de reculer. Shera activa les matérias d'un geste rodé avant de refermer la porte et s'appuyer dessus avec un soupir.
"Je me sens ridicule," souffla Shera en nouant ses bras autour d'elle.
"Shera…. Tu as subi une attaque violente, c'est normal d'être…"
"Mais je m'en suis sortie ! Ma main et mon pied ont... ont repoussé ! Je ne devrais pas..."
Il leva la main, la posant entre les épaules de la docteure.
"Tu l'as quand même vécu. Tu l'as vu te blesser…"
"J'aurais voulu que Gippal soit là…" murmura Shera.
"Pourquoi ? "
"Pour qu'il retrouve son œil. Et Edgar sa jambe. Et Cid… Et…"
"Ça n'aurait peut-être pas marché… L'œil de Nanaki n'a pas guéri, ni le bras de Barret..."
"Ce n'est pas juste…" gémit Shera avant de plonger le visage entre ses mains.
Vincent hocha la tête, la laissant pleurer jusqu'à ce qu'elle parvienne à se calmer, caressant son dos d'un geste calme.
"Tu en as parlé à Cid ? " demanda-t-il une fois qu'elle eut repris le contrôle.
"Je… Je lui ai dit que j'avais été blessée, que tu m'avais sauvé et que l'explosion de… oh... Oh, Vincent, je suis désolée, je ne t'ai même pas remercié ! "
Vincent secoua la tête, fouillant dans sa poche avant de lui rendre son bijou. Shera reprit la bague avec un petit sourire, la remettant à son doigt.
"Merci," finit-t-elle par dire.
"Je t'en prie. Shera…"
"Oui ? "
"Va parler à Maître Cid."
Shera ouvrit les bras d'un air impuissant.
"Je... comment tu veux que je lui dise que… que j'ai retrouvé… que j'ai été guérie alors que lui…"
"Tu penses vraiment qu'il t'en voudrait ? " reprit Vincent. "Qu'il serait fâché de savoir que tu vas bien ? "
"Je…"
Vincent prit Shera contre lui, serrant son épaule délicatement dans sa main. La jeune femme hésita un moment avant de nouer ses bras autour du torse de Vincent. Elle fit très attention à ne pas toucher son ventre, se plaçant sur le côté plutôt que face à lui et Vincent lui en fut reconnaissant. Pour le moment, il n'y avait guère que Yuffie qui arrivait à le toucher sans réaction réflexe.
Et Cid.
"Je dois aller le voir aussi," admit Vincent, "on ira ensemble, si tu veux ? "
Shera hocha la tête avant de s'essuyer les yeux et repousser doucement Vincent tout en se redressant.
"Merci, Vincent."
Il inclina la tête sans répondre, fermant à demi les yeux.
Shera se tourna vers son bureau sur lequel étaient posés des cartons.
"Est-ce… est-ce que je peux te demander un autre service ? "
"Bien sûr ? "
"Je dois mettre mes dossiers à l'abri dans le bureau de Reeve."
Vincent hocha la tête et commença à empiler les cartons pendant que Shera fermait la réserve à clef.
Elle ouvrit ensuite la porte pour Vincent avant de le suivre, un carton dans les bras. Parfois, la force des augmentés était une bénédiction, surtout quand il fallait déplacer des objets lourds ou des meubles. Ils arrivèrent dans la pièce de vie, le pas de Vincent se faisant encore plus silencieux quand ils passèrent devant le canapé sur lequel Nanaki et Marlène faisaient la sieste, Riku prit en sandwich entre eux.
"Je me demandais où était ta nouvelle ombre," murmura Shera en ouvrant la porte du bureau.
Vincent hocha la tête, posant les cartons dans un coin de la pièce avant de laisser Shera poser le sien. Depuis son réveil, Riku était pratiquement collé à ses talons. Ou à ceux de Cid. Mais avec les autres il était…
Méfiant.
Sur ses gardes.
Vincent ne pouvait pas vraiment le blâmer. Il avait été pareil avec les maduins quand il avait enfin quitté Daguerreo, et même Maduin avait mis un moment à lui faire accepter d'être touché. Riku avait de nombreuses raisons de rester sur ses gardes, de se tendre quand Barret élevait un peu la voix, ou quand Shera l'auscultait. Tout le monde avait naturellement appliqué la procédure Cloud avec Riku, lui laissant de l'espace, du temps, ou l'opportunité de se cacher derrière Cid ou Vincent, selon celui qui était le plus proche.
Encore que Marlène et Nanaki avaient tout de suite été acceptés sans concession. Riku n'avait même pas cillé quand le fauve lui avait parlé la première fois.
"Il s'est effondré après le repas."
"Aérith dit qu'il a les réserves magiques à zéro. À part en le mettant sous perfusion d'élixir, il n'y a rien à faire que le laisser dormir."
"Je…" commença Vincent avant de s'humecter les lèvres qu'il avait soudain sèches, "je préfèrerais… qu'il n'y ai pas… ou aussi peu de procédure médicale que possible sur lui."
Shera le fixa quelques secondes du regard.
"Ni Aérith ni moi ne lui feront quoique ce soit sans ton accord ou celui de son père," déclara-t-elle doucement.
"Et le sien," ajouta Vincent.
"Et le sien," répéta Shera avant de tendre la main vers Vincent, lui effleurant le coude du bout des doigts. "Il t'a dit… quelque chose ? "
Vincent secoua la tête.
"Il ne parle pas beaucoup. Il se contente de nous observer pour l'instant, de s'assurer que nous sommes dignes de confi…"
Vincent se tut brutalement.
"Quoi ? "
"Je crois qu'il tient ça de moi."
Shera laissa échapper un ricanement qui n'aurait pas déparé dans la bouche de Cid.
"Oh, le pauvre petit."
"Je dois des excuses à mon père et à Maduin. A Barret aussi", marmonna Vincent en rabattant ses cheveux en arrière.
"Il tournera bien quand même, ne t'en fais pas," le taquina Shera avant de grimacer, "enfin… désolée pour toutes les conneries que Setzer lui aura apprises."
Vincent lui jeta un petit regard interrogatif et elle reprit à voix basse.
"Setzer était… Il est né et a grandi dans les Taudis du secteur 6 et ses parents n'étaient pas… Il a été livré à lui-même très tôt et s'asseyait un peu sur tout ce qui était légal ou..."
Shera se tut en réalisant à qui elle parlait.
Un Turk.
Qui non seulement avait probablement fait tout ce que Setzer avait fait, voire pire, mais était de plus payé pour ça.
"Ne lui apprends rien de plus," finit-elle par marmonner devant le petit sourire amusé de Vincent.
"Je pense que j'aurais aimé rencontrer Setzer."
"J'aurais probablement détesté que vous vous rencontriez," soupira Shera, "vous auriez été une influence déplorable sur Cid. Ou vous vous seriez entretués, au choix."


"Bonjour tout le monde ! " s'exclama Reeve en entrant.
Il stoppa quelques secondes sur le pas de la porte, réalisant que tous ses hommes étaient rassemblés autour de la table, penchés sur un plan du bâtiment dessiné à la main. Même Riku était là, vêtu d'un des sweats favoris des jumeaux, et collé au coude de Vincent.
"Salut Reeve ! " lança Yuffie.
"Est-ce que je veux savoir ce que vous faites ? " demanda Reeve avant de s'écarter pour laisser passer le Professeur Falmis et Jessie.
"On essaye de réorganiser les chambres et les lits," expliqua Shera.
"Pourquoi ça ? "
"Riku ne va pas squatter le lit de Vincent en permanence," déclara Shera pendant que son frère entrait à son tour, retirant sa veste.
"A moins que tu acceptes qu'il dorme dans ma chambre ? " ajouta Yuffie.
"C'est inconvenant," rétorqua Reeve, "et ton père me tordrait le cou. Vous y arrivez ? "
"Non," admit Aérith en gommant un projet de placement.
"Mettez ça de côté un moment, j'aimerais faire un debrief," déclara Reeve en posant ses dossiers sur la table.
"Je fais le café ! " claironna Zack en se levant, posant Cait dans les bras de Riku.
"J'emmène Marlène faire un tour," annonça Elmyra,"qui vient ? "
"Moi ! " s'exclama Wedge en se levant, "faut que j'aille nourrir les chats errants, tu m'aides, Marlène ? "
"Ouais ! " s'exclama l'enfant tout en ramassant les crayons de couleur avec lesquels elle coloriait le plan.
Séphiroth, qui arrivait en dernier, referma la porte derrière lui, cherchant son père du regard.
Il le trouva dans la cuisine, en train d'aider Zack avec les boissons chaudes. Riku était à côté de lui, le chat dans les bras, et les observait faire avec attention.
Séphiroth fit un pas vers lui.
Riku frissonna et tourna la tête dans sa direction, l'apercevant enfin.
Et aussitôt, à nouveau, Séphiroth vit la peur dans ses yeux. Il ne tenta pas de fuir cette fois, se rapprochant juste de son grand-père, jusqu'à se cacher à moitié derrière lui, sans quitter Séphiroth du regard.
Bon.
Il était peut-être encore un peu tôt pour essayer de lui parler.
"Zéphyr ! " s'exclama Aérith en approchant.
Ah, donc c'était comme ça que ça se prononçait.
"Aérith."
"Comment va le Président ? "
"Il travaille, malgré les conseils de Tseng," répondit Séphiroth.
"Je n'aurais jamais pensé rencontrer quelqu'un qui désobéisse à Tseng. A part moi, je veux dire," marmonna Aérith en posant sa main au creux du bras de Séphiroth, "viens t'asseoir."
Ils frissonnèrent tout d'un coup tous les deux de concert et échangèrent un regard surpris avant de se tourner vers la cuisine.
Le regard que Riku jetait sur Séphiroth était cette fois purement hostile. Il y avait toujours de la peur dans les iris verts, mais la colère, la haine même, dominaient. Séphiroth vit son père se redresser puis se tourner vers Riku, l'effleurant de sa main gauche.
"Riku ? Du calme, tu vas casser quelque chose…"
L'adolescent sursauta et tourna la tête vers Vincent, puis vers les tasses. Le thé dans l'une d'elle bouillonnait.
"Oh…"
Vincent tourna la tête dans la direction du regard de Riku et vit Séphiroth et Aérith qui les regardaient, abasourdis.
"Je vais rester debout, Aérith, merci," reprit Séphiroth en se dégageant doucement.
Personne d'autre ne semblait avoir remarqué la réaction de Riku. Le Professeur Falmis était en train de donner des dossiers à Shera et ils discutaient tous les deux à voix basse, Barret et Biggs installaient le tableau blanc de Reeve à sa place habituelle pendant que Yuffie, Cloud et Cid tentaient de trouver assez de chaises pour tout le monde.
Malgré leurs efforts, Séphiroth et Cloud restèrent debout, bien que le blond, après un regard méfiant à Séphiroth, décide d'aller rejoindre le lion sur le petit canapé. Riku s'était assis entre son grand-père et le Capitaine et avait rapproché sa chaise du Turk, disparaissant presque derrière lui, sans quitter Séphiroth du regard.
Ou du moins jusqu'à ce que le directeur Tuesti approche.
"Ah, bonjour Riku, comment ça va ? "
Riku sursauta, levant les yeux sur le brun d'un air hésitant.
"Euh... bien... Monsieur…"
"C'est Reeve Tuesti, le directeur du département d'aménagement urbain et dirigeant d'Avalanche," expliqua Cid.
"Oh. Je croyais que c'était le Lieutenant ? "
"Barret est notre chef en intervention," expliqua Vincent, "c'est lui qui établit les tactiques et qui donne les ordres."
"Quand vous daignez les écouter," grommela Barret en descendant une boîte de biscuits du haut du frigo.
"Reeve gère tout le reste, le budget, les communications, les relations avec le reste de la Shinra," acheva Shera.
"Euh… d'accord. Enchanté Monsieur."
"De même Riku. Ça change d'avoir quelqu'un d'aussi poli ici[6]. Bon tout le monde est prêt ? "
"Ton café," répondit Jessie en tendant une tasse à Reeve avant de se diriger vers la TV, sa tablette à la main.
"Indispensable," soupira le directeur. "On va avoir beaucoup de choses à discuter aujourd'hui, à commencer par l'attaque de la Tour."
"Elle est toujours debout ? " demanda Zack en se servant en biscuits.
"Oui, mais je crois que vous serez tous interdits d'entrée désormais," plaisanta à moitié Reeve, "heureusement que nous n'avons pas à rembourser les dégâts."
"Oups," murmura Zack pendant que les rires s'élevaient autour de la table.
"Le démontage de Sister Ray s'accélère, avant que son poids achève de déstabiliser la Tour. Le Tambour est définitivement hors d'usage."
De l'avis de Séphiroth : Ce n'était pas une perte.
"Les bureaux du Président ont été relocalisés dans un endroit secret, et tout ce qui se trouvait au-dessus du Tambour a été évacué pour de bon. Il y a de grandes chances que ces étages soient démantelés, les dommages structurels sont trop importants. Bon ceci étant dit. Jessie et moi avons réussi à déterminer l'ordre des événements."
"Comment avez- vous fait ? " s'étonna Barret.
"Les Remnants sont des pu… sacrés mages," corrigea in-extremis Jessie sous le regard désapprobateur de Biggs, "mais ils n'ont pas vraiment pris la peine d'être discrets. Reno m'a filé des vidéos de juste avant l'attaque, Grim Olmur a été enregistré en train de parler à un homme blond."
"Qui ça ? "
Jessie afficha une image tirée d'une vidéo sur la TV. On voyait un jeune SOLDAT seconde classe debout de dos discuter avec un petit blond aux yeux bleus, au visage étrangement scarifié, de longues cicatrices prolongeant sa bouche sur ses joues.
"Qui c'est ? " demanda Yuffie.
"Kefka," répondit Riku.
Tout le monde se tourna vers lui et il se recroquevilla, mal à l'aise sous autant de regards.
"En effet," confirma Jessie,"Kefka Palazzo en personne s'est ramené à l'étage des SOLDATs, à peine une heure avant le début de l'attaque."
"J'arrive pas à décider si c'est du culot ou de l'inconscience," marmonna Cid.
"Il lui a donné un paquet," continua Jessie en montrant une photo de l'échange, "et après la fouille du logement d'Olmur, l'emballage a été retrouvé. Ça ne pouvait être que ce qu'il a utilisé sur les SOLDATs."
"Comment vont-ils au fait ? " demanda Barret.
"Il y a eu des morts pendant l'attaque," annonça Séphiroth, "chez les troisièmes classes, surtout. Heureusement, les plus jeunes recrues ont été épargnées."
"Les autres ont à nouveau la gueule à l'endroit," annonça Cid, "y'a encore quelques gnons et des egos un peu froissés, mais ils s'en remettront."
"Ensuite, les Remnants se sont planqués," acheva Jessie.
"Et quand Cloud s'est éloigné du reste de l'équipe, ils en ont profité," conclut Barret, "vous m'écouterez maintenant quand je vous dirais de ne PAS vous séparer ? "
Un chœur de 'oui, Barret' plus ou moins penauds s'éleva et Vincent et son fils eurent droit à un regard sévère supplémentaire.
"Mais je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attaqué avant, ils étaient déjà dans la Tour, ils auraient pu en profiter…" continua Jessie.
"Ils cherchaient Séphiroth," annonça Cloud.
Tout le monde se tourna vers lui.
"Quand la… la mère des Remnants me hurlait dans les oreilles…"
"La mère des…" balbutia Reeve tout en sentant qu'il ne voudrait pas en savoir plus.
"Jénova," intervint Séphiroth, "Kadaj l'appelait Mère et elle a tenté de me persuader qu'elle était la mienne."
"Elle voulait récupérer Riku et Séphiroth au début," expliqua Cloud.
"Au début ? " s'étonna Reeve.
"Ouais, mais quand Xehanort compris qu'on pouvait la détruire grâce à Riku, elle a…"
Il jeta un petit regard à Riku avant de continuer en pesant soigneusement ses mots.
"Elle a paniqué. J'ai repris conscience et je me suis barré en emmenant Riku. Après c'est… confus."
"Donc, tout ce qu'un Remnant sait, elle le sait," marmonna pensivement le professeur Falmis.
"Elle peut prendre possession de tous ceux qui ont de ses cellules, de leur capacité et probablement de leurs mémoires et connaissances aussi," déclara Vincent.
"Comment ça on peut la détruire grâce à moi ? " demanda Riku.
Vincent hocha la tête.
"Quelque chose dans ton sang détruit ses cellules. Gast pourra probablement mieux t'expliquer que moi."
"C'est grâce à toi que ton père a pu être sauvé," ajouta Gast avec un gentil sourire.
Il ne s'attendait absolument pas à l'expression renfrognée qui accueillit cette nouvelle. Il jeta un regard surpris à Vincent qui lui fit signe d'enchaîner et vite.
"Et... euh… il faudra qu'on en reparle, mais plus tard, quand tu seras entièrement remis et si ton p… ton grand-père, sera d'accord."
Aérith dû plaquer sa main sur sa bouche et pincer Zack pour que ni elle ni lui ne ricane à l'expression paniquée qui traversa furtivement le visage de Vincent.
Grand-père.
Aucun d'entre eux n'avait osé le taquiner à ce sujet pour l'instant, mais dès qu'il serait plus à l'aise avec Riku, ça allait voler dans tous les sens.
"Le reste de la chronologie, vous connaissez," acheva Jessie en refermant le dossier. "vous êtes venus, vous les avez vus…"
"On leur a botté le cul ! " s'exclama Yuffie.
"Yuffie ! " protesta Biggs.
Séphiroth commençait à se demander qui à Avalanche avait pu être une aussi mauvaise influence sur la Princesse Kisaragi. Sa mère avait été tellement digne et élégante, il avait parfois du mal à imaginer qu'elle ait laissé sa fille devenir aussi garçon manqué.
Il espérait un peu que ce ne soit pas la faute de son père[7].
"Passons à Grim Olmur, qu'est-ce qu'on sait sur lui au juste ? " demanda Barret.
"J'ai son dossier au SOLDAT," expliqua Jessie en fouillant le tas à la recherche du bon classeur.
"Est-ce que quelqu'un avait vu ça venir ? " s'enquit Reeve.
"Non," admit Vincent tout en se félicitant d'être resté paranoïaque autour du SOLDAT.
"Je l'aimais pas," déclara Zack d'un ton péremptoire.
"Parce qu'il a fait du gringue à Cloud ? " demanda Jessie d'un ton amusé.
"Ouais," rétorqua le brun pendant que son frère piquait un fard et lui jetait Sith à la tête.
"Je ne sais pas à quel moment il a pu devenir l'espion d'Hojo," reprit Jessie en parcourant rapidement le dossier, "c'est un rescapé de Besaid, infecté à la mako lors de la destruction du réacteur. Il devait avoir seize ou dix-sept ans. Sa famille n'a pas été retrouvée après l'évacuation de l'île et il a été envoyé dans un orphelinat yévonite jusqu'à sa majorité où il a débarqué à Midgar pour devenir SOLDAT. Il passe les tests physiques et mentaux sans problème, subit la procédure et devient troisième classe rapidement, probablement aidé par sa précédente exposition à la mako."
Vincent lui fit signe de lui passer le dossier et elle obtempéra avant de continuer.
"Il est passé seconde classe il y a quelques mois, une évolution classique. Rien dans son dossier qui sorte de l'ordinaire. Ses supérieurs disaient de lui qu'il était doté de bonnes aptitudes martiales, un mage correct, et assez apprécié de ses collègues, mais selon Elena, ce petit con cachait probablement ses capacités réelles."
Vincent feuilleta rapidement le dossier de Grim. C'était… banal en effet. Son dossier de l'orphelinat, ses résultats du test d'entrée au SOLDAT, ses faits d'armes.
"Oh," fit une voix à sa gauche.
Il tourna la tête vers Riku, qui tentait de lire par-dessus son épaule.
"Tu connais cet homme ? " demanda Vincent lui tendant le dossier.
"Oh, oui, c'est Luxiere," répondit Riku en prenant la liasse de papier, après avoir posé Cait sur ses genoux.
"Il était dans Sin ? " demanda Barret.
"Ouais, un des Parasites," répondit Riku en feuilletant à son tour le dossier, "je le croyais mort, on l'avait plus vu depuis qu'il a accepté une proposition d'Hojo."
"Ça arrive ? "
"Hm," fit Riku en hochant la tête, "il recrute des Remnants parmi les Parasites. Setzer disait que Luxiere aurait sucé des bites pour sortir de Sin…"
Shera poussa un grognement de dépit en se levant et lui arracha le dossier des mains par-dessus la table.
"Vincent ! Ne donne pas ce genre de chose à Riku ! Il aurait pu tomber sur les photos de l'autopsie ! "
"C'était il y a combien de temps ? " reprit Barret.
"Chais pas exactement," répondit Riku, "trois… quatre ans ? On peut pas suivre le temps dans Sin. Les seuls repères qu'on a, c'est quand y'a des attaques et que les Moissonneurs ramènent des gens ou des choses."
"As-t-il disparu avant ou après l'attaque de Besaid ? " reprit Vincent.
Riku réfléchit quelques secondes avant d'hocher la tête.
"A cette période, ouais."
"Hojo a dû l'implanter à Besaid à ce moment-là," comprit Vincent.
"Vu le bor... le fatras que l'évacuation a été, personne n'a dû réaliser qu'il n'était pas de Besaid," ajouta Barret.
"Donc, Hojo a caché un de ses hommes à la Shinra pendant des années," comprit Reeve.
"En tant que SOLDAT, il devait connaître les mouvements militaires pour protéger les réacteurs avec une méga matérias et les endroits plus ou moins protégés des fronts," ajouta Barret. "Il va falloir vérifier tous les employés de la Shinra, maintenant."
"Rufus est dessus," répondit Séphiroth, "et Umbra l'aide."
"Il va se faire frire la cervelle à ce rythme," soupira Aérith.
"Tseng le surveille."
"Vingt gils qu'ils finissent ensemble," murmura Zack.
"Tenu," rétorqua Jessie.
Reeve tâcha d'ignorer tant qu'il pouvait ses hommes lancer des paris sur la vie personnelle de leur patron, le tout sous le regard moitié offensé, moitié abasourdi de l'ex-Général des SOLDATs et ami d'enfance de celui-ci.
"Qu'est-ce qu'on a d'autre ? "
"À moi, je crois," reprit Gast en se levant à son tour, "le Docteur Highwind-Mist m'a demandé de faire l'autopsie du SOLDAT Olmur et du Remnant que le Capitaine m'a amené aujourd'hui… C'était très instructif…"
"Gast," l'interrompit Vincent.
Le vieil homme se tourna vers son ami qui eut un très léger sourire avant de faire une demande.
"Concis, Gast."
"Je sais être bref, Vincent," rétorqua Gast.
"Ça a changé en trente ans."
"Petit malin," grommela le vieil homme d'un ton bon enfant, "et je vais être concis de toute façon : Impossible de définir si Olmur, ou Luxiere, a été artificiellement augmenté avant Besaid ou pas. En revanche, il n'avait pas de cellule J."
"Hojo n'en met pas à toutes ses créatures, on dirait," nota Shera.
"Il devait vouloir économiser les cellules J," suggéra le professeur Falmis.
"Il ne peut pas les cloner ? " s'étonna Reeve.
"Il y a trente ans, nous n'y sommes jamais parvenus," répondit le Professeur. "Jénova n'est pas un organisme… Gaïen… ses cellules semblent incapable de se reproduire seules."
"Seules ? " répéta Barret.
"Pour simplifier, Jénova est un parasite. Un virus qui se reproduit en passant dans les cellules d'un organisme, en assimilant son code génétique et en imposant le sien avant de passer à un autre. Mais une fois le parasité entièrement modifié, les cellules finissent par cesser de se multiplier et meurent."
"C'est ce que j'avais ? " murmura Riku.
"Ouaip," souffla Cid.
Riku sembla brièvement dégoûté, grimaçant d'horreur.
"La mako semble aider à la survie des cellules, mais il en faut beaucoup pour les maintenir en 'vie'," acheva Gast.
Ce qui expliquerait pourquoi la Calamité s'était attaquée directement à Minerva, deux mille ans plus tôt. en ayant l'Ancienne de Gaïa sous son contrôle, elle pouvait accéder à la Rivière et donc, la mako. Encore quelque chose dont Vincent devrait parler à son père. Il devait avoir reçu les recherches de Shera et être joyeusement en train d'étudier tout ça.
"Pas de numéro non plus, mais ça aurait pu être une volonté de discrétion. Ce genre de tatouage ne passe pas inaperçu," acheva Gast avant de prendre un nouveau dossier.
Séphiroth se massa distraitement le poignet, remarquant du coin de l'œil que Zack en faisait autant.
"Le clone maintenant. Vincent, il y avait besoin de le charcuter comme ça ? " soupira Gast.
"Oui," répondit Vincent.
"Qu'est-ce que tu lui a fait au juste pour qu'il soit autant en bouillie ? "
"Professeur ! " s'exclama Shera.
"Papa ! Riku écoute ! " protesta Aérith.
"Oh. Pardon," marmonna le vieux professeur. "Enfin, il n'y a pas grand-chose à dire, son corps était déjà très détérioré quand il est arrivé. Il a été augmenté à la mako, mais présentait aussi des cellules de Jénova. Son tatouage était le numéro 91."
Cid entendit Riku soupirer et tourna la tête vers lui. L'adolescent avait baissé les yeux sur Cait et le serrait contre lui.
"Riku ? "
"C'était Yazoo," murmura Riku.
Yuffie, qui s'apprêtait à dessiner une petite tête de mort sur le tableau blanc, s'interrompit au ton de Riku.
"Tu le connaissais ? " s'étonna-t-elle.
"Ouais. Lui, Loz et Kadaj."
"Tu en avais parlé dans tes carnets," se souvint Jessie, "les triplés, c'est ça ? "
"C'est Tarask qui les appelait comme ça. Quand ils étaient petits, on n'arrivait pas à savoir lequel était le plus vieux, alors c'est resté."
"Comment ça : quand ils étaient petits ? " demanda Barret.
Riku hocha la tête.
"Ouais, ils ont que cinq ans je crois. Ou quatre. C'était après qu'Hojo ait capturé les femmes dans Sin. Haru et les autres ont essayé d'aller les sauver, mais c'était trop tard. Il y avait déjà eu des grossesses."
"Oh," murmura Aérith en devenant plus pâle.
"Ils sont revenus avec des bébés, mais… on n'avait pas de lait, on n'a pas pu tous les sauver. Y'a que Kadaj, Loz et Yazoo qui ont survécu, ils étaient assez vieillis pour manger de la nourriture solide."
"Vous les avez élevés ? " reprit Gast d'une voix tremblante.
Riku hocha la tête.
"Un peu. Mais… Hojo était furieux et voulait les récupérer… Et Borghen, le chef des parasites de l'époque, les lui as rendus."
"Il a QUOI ? " gronda Cid.
"Il les lui a rendus. Tarask et Haru étaient furax, Baku aussi."
"Qu'est-ce qu'ils ont fait ? " demanda Shera.
Riku eut de nouveau le sourire mauvais hérité de Setzer.
"Ils ont jamais voulu me dire s'ils y étaient pour quelque chose mais Borghen a été retrouvé mort un peu après."
"Ils l'ont tué ? "
"Vu l'épaisseur du cou de Borghen, fallait bien des paluches comme celles de Tarask pour le lui casser," répondit fièrement Riku.
Il réalisa que tout le monde le regardait d'un air horrifié et son sourire retomba.
"Et tu avais peur que je le traumatise, Aérith ? " s'enquit Gast d'une voix mal assurée.
"J'aurais pas dû dire ça," marmonna Riku en baissant les yeux.
"Continuons," suggéra Vincent.
"Donc Yazoo, numéro 91, ainsi qu'Ansem, 81 et Kefka, 94, sont officiellement morts," reprit Jessie.
"Et s'il est en vie, Kadaj doit être gravement blessé," ajouta Séphiroth. "Il a perdu un bras, une aile et des… tentacules."
"Je crois que ça couvre la totalité des Remnants qui se trouvaient dans ta liste, Riku," reprit Reeve en se tournant vers l'adolescent, "est-ce que tu peux me le confirmer ? "
Riku jeta un regard hésitant à Cid avant de se lever et avancer vers le tableau blanc, parcourant la liste tout en câlinant Cait.
"Loz est mort aussi…" murmura-t-il, "Adel ? Qui c'est ? "
Un chœur de grognements las lui répondit.
"Une sorcière qu'Hojo a tenté de recruter," expliqua Cid.
"Il en a trouvé une autre ? " gémit Riku.
"Numéro 95. On s'est chargé d'elle," déclara Yuffie.
Riku hocha la tête, relisant la liste, s'attardant brièvement sur celle des clones de Tifa avant de se tourner à nouveau vers Reeve.
"Je vois pas d'autres Remnants qui pourraient rester," annonça-t-il. "mais ça fait… longtemps que je suis plus à Sin. Il a pu avoir le temps d'en faire d'autres."
"Riku, si je te parle de la matéria noire ou de météore est-ce que ça te rappelle quelque chose ? " demanda Reeve.
L'adolescent secoua la tête.
"Rien de neuf à ce sujet-là ? " demanda Vincent pendant que Riku venait se rasseoir.
"Non, avec l'attaque de la Tour et de Midgar, les recherches sur le temple de la matéria noire ont été mise en stand-by," expliqua Reeve, "il a fallu rappeler des escouades de SOLDATs pour assurer de nouveau la protection de la ville, surtout avec le sommet diplomatique qui approche."
"Ouais, et je suis invitée," intervint Yuffie, "d'ailleurs, Aniki, prépare ton costume, tu viens avec moi."
"Il le faut ? " soupira Vincent.
"Me laisse pas seule au milieu des diplomates," répondit Yuffie.
"Vous avez tous les deux intérêts à bien vous tenir," grommela Barret.
"Oui Barret ! " répondit aussitôt innocemment Yuffie.
"Je promets de garder mes mains dans mes poches," ajouta Vincent.
"Tant que tes oreilles sont grandes ouvertes," intervint Reeve avec un petit sourire. "Et à propos d'oreilles grandes ouvertes, rien de neuf au sujet du temple chez vos informateurs ? "
"Rien chez moi, mais Oto-sama n'y met pas du sien. Squall dit que sa sœur cherche un indice qui provoquerait des visions du passé chez elle," expliqua Yuffie en se balançant en équilibre sur sa chaise, "mais leur père refuse qu'elle quitte Esthar seule. Garnet a contacté les bibliothécaires du palais pour qu'ils fassent des recherches, rien pour le moment. Elle rentre à Alexandria pour les vacances, elle a promis de chercher elle-même."
"Et de ton côté, Vincent ? "
"Rien. Edéa ne connaît pas de légendes concernant ce temple, Maduin non plus. Ce qui signifie probablement qu'on peut exclure Centra."
"Des nouvelles de ton père ? " ajouta Barret.
Vincent secoua la tête. Son père parcourait Gaïa dans tous les sens depuis des siècles, s'il ne savait pas où se trouve ce temple, personne ne le savait.
"Aérith ? "
La guérisseuse soupira, posant son front sur ses bras croisés devant elle pendant que Gast grimaçait.
"Papa s'est fait disputer pour avoir retranscrit les histoires que Mama lui racontait sans le lui dire."
"Je ne pouvais pas savoir qu'Hojo allait les conserver ! " protesta Gast, embarrassé, "il n'en avait rien à faire de la 'sentimentalité déplacée des histoires de bonnes femmes', fin de citation."
"Cet homme devient de plus en plus charmant au fil du temps," grommela Shera.
Séphiroth, qui n'avait jamais reconnu le moindre charme à Hojo, était d'accord, et se demandait ce que sa mère avait pu lui trouver pour le préférer à son vrai père.
"Mama refuse d'en dire plus sur ces légendes, elle dit qu'elles disparaîtront avec elle et que c'est mieux ainsi."
"Dites-moi dès que l'un d'entre vous apprend du neuf à ce sujet," reprit Reeve, "qu'est-ce qu'il nous reste, Jessie ? "
"La détention de Scarlet," grommela Jessie.
"Qu'est-ce qu'elle a fait ? Détournement de mineur ? " suggéra Zack avant qu'Aérith le fasse taire d'un petit coup de pied sous la table, montrant Riku qui écoutait.
"Tentative d'assassinat du Président, de Jessie et de moi," répondit Reeve d'un ton sérieux.
Le silence régna dans la pièce.
Puis Avalanche au complet explosa de rage.
"QUOI ? " finit par rugir Barret en se levant.
"Comment ça elle a essayé de te buter ? ! " s'exclama Cid.
"Jessie aussi ? ! Mais quelle salope ! " renchérit Zack.
"OH ! Les garçons, pas devant Riku ! " intervint Shera.
"J'ai entendu pire," risqua l'adolescent.
Shera lui signifia d'un regard impérieux que ce n'était pas un argument valide. Étonnement, Riku fut immédiatement tétanisé et se ratatina contre Cid qui ricanait.
"Elle a agi sur les ordres d'Hojo ? " s'enquit Vincent, un peu déstabilisé de ne même pas avoir soupçonné quelque chose venant de la Directrice.
"Non, c'était juste sa mégalomanie et son opportunisme naturel," répondit Reeve, "la Directrice Crehny s'est avérée être une fille Shinra et légèrement… amère de ne pas avoir été désignée héritière de la compagnie."
Jessie ouvrit la bouche, réalisa que Riku écoutait, vit les regards désapprobateurs de Shera, Biggs et Aérith et décida sagement de ravaler ce qu'elle allait déclamer sur la généalogie de Scarlet.
"Bref, elle est en détention jusqu'à ce que le Président décide quoi faire d'elle."
"Bon débarras," grommela Biggs de son coin de table alors que Cloud hochait la tête, bien content de ne plus être la cible de la directrice chaque fois qu'il mettrait le pied à la Tour.
"Et ça fait une nouvelle position à remplir au conseil pour le Président," ajouta Vincent.
Séphiroth hocha la tête, ayant personnellement assisté à la prise de décision urgente pour temporairement remplacer Scarlet. Il n'avait pas réalisé à quel point Rufus avait écouté quand il était revenu de Wutai avec un vocabulaire étendu. S'il avait su, il se serait peut être retenu de jurer devant lui autant que Basch l'avait fait.
"Rufus cherche un candidat correct, mais avec le sommet diplomatique qui approche, il a d'autres cœurls à fouetter."
"Espérons qu'il arrive à trouver quelqu'un avant que la chaîne d'approvisionnement de l'armement soit brisée," soupira Reeve en refermant le dossier. "Achevons ce débrief sur une note positive ! "
"On sait faire ça ? " soupira Zack.
"Oui. À partir de la semaine prochaine, des ouvriers viennent réparer Seventh Heaven."
"Chouette ! On aura une caserne toute neuve pour les jours Carbuncle ! " s'exclama Yuffie.
"En effet. Le garage va être réparé, le laboratoire et l'infirmerie aussi, et de nouvelles chambres et sanitaires seront construits," acheva Reeve avec un sourire malicieux.
Cette fois, le cri de joie fut général.
"Et oui, il y aura un nouveau ballon d'eau chaude," ajouta Reeve au milieu des hurlements de joie. "Attendez, laissez-moi finir ! "
"ON SE TAIT ! " tonna Barret.
Reeve laissa échapper un petit rire tout en aidant Jessie à déplier le nouveau plan. Ceux assis autour de la table se levèrent, proposant tasses et verres pour tenir la feuille à plat.
"Quatre chambres seront construites et je vous arrête tous, la plus grande sera pour Jessie. Ça fait plus d'un an qu'elle dort dans son bureau, elle est prioritaire."
Sans la présence de Séphiroth, Gast et Riku, nul doute que le trio se serait abondamment fait taquiner, mais fort heureusement, toute l'équipe sut se tenir avec brio.
"Il faudra bouger la chambre d'Elmyra et Shera, afin que la seconde salle de bain soit construite au-dessus de la première, elles ont donc le second choix. Il restera deux chambres. À vous de vous décider qui ira où et je vous fais confiance pour gérer ça de manière mature et responsable."
Des ricanements s'élevèrent à cette réplique. Les discussions s'élevèrent de nouveau au-dessus de la table, chacun débattant de qui voulait changer de chambres, des options de douches et ainsi de suite.
Étrange. Séphiroth aurait pensé qu'Avalanche aurait préféré déménager à la Tour, pour se rapprocher du poste de commandement, mais Tuesti avait d'office refusé la proposition de Rufus.
Apparemment, les plombs étaient attachés à la bicoque qui leur servait de caserne.
Cette unité déstabilisait Séphiroth à tous les tournants. Il était pourtant habitué aux SOLDATs irrévérencieux, surtout ceux de la période de Wutaï, pendant laquelle la moitié d'entre eux seulement avaient une expérience militaire. Faire de cette troupe de mercenaires une armée entraînée, disciplinée et efficace avait été long, et il avait fallu les efforts conjugués du premier général des armées Shinra, le Général Léo Cristophe, puis Séphiroth, secondé par Basch, pour les organiser.
Avalanche n'était pas comme ça. Encore une fois, plus de la moitié d'entre eux n'étaient pas militaires, et il avait vu le Lieutenant Wallace s'arracher les cheveux avec leur désobéissance chronique.
Mais une fois les combats finis, les blessures soignées et les debriefs fait… Il n'y avait plus de hiérarchie. Le directeur Tuesti était tutoyé, le Lieutenant taquiné, le Capitaine se disputait avec sa f... sœur. La Princesse se chamaillait avec les jumeaux et vénérait presque son père…
"Je vais bientôt devoir retourner à la Tour," annonça Reeve avec un coup d'œil à l'horloge, "mais avant ça, j'ai deux trois choses à dire au Général. Barret, Vincent, avec moi."
"On sera sage ! " s'exclama Yuffie.
"C'est ce qui m'inquiète," soupira Barret.


"Bon, il faut qu'on parle de Riku," reprit Reeve en fermant la porte après avoir activé la matéria de sceau.
Vincent hocha la tête tout en s'installant derrière le bureau de Reeves, là où il se sentirait moins oppressé par la présence de Barret et Séphiroth.
Il avait encore du mal à s'habituer à les voir l'un à côté de l'autre. Barret était tellement massif que c'était une surprise permanente de s'apercevoir que Séphiroth était aussi grand que lui.
"Que se passe-t-il ? " demanda Vincent en s'adossant à l'armoire.
"Le Président demande son retour à la tour Shinra," annonça Reeve avec un regard à Séphiroth.
"Pas sûr que ce soit une bonne idée," marmonna Barret.
"Je... confirme," ajouta Séphiroth avec un soupir.
"Comment ça ? "
"Il a peur de moi," expliqua Séphiroth à contre-cœur.
Reeve haussa un sourcil.
"Tu sais ce qui se passe, Vincent ? " demanda Reeve.
Le Turk haussa les épaules d'un air impuissant.
"Il ne veut rien me dire. Quelque chose qui s'est passé au laboratoire… Ça ne te dit rien ? " demanda Vincent à son fils.
Séphiroth secoua la tête, glissant ses mains dans ses poches.
"Je ne me souviens pas l'avoir vu au laboratoire. Si je l'avais… Un enfant qui me ressemble autant, j'aurais su qu'il était un clone… ou mon fils. J'aurais…"
Il semblait hésiter avant de secouer la tête.
"J'aurais… réagi. Je n'aurais pas laissé Hojo… lui faire quelque chose."
Pas comme avec Basch, avait dit Séphiroth après le combat contre Kadaj.
Pas comme avec Riku.
"J'ai peut-être…" hésita Séphiroth, "peut-être tué quelqu'un qu'il connaissait… "
"Comment ça ? " s'étonna Barret.
"Dans l'arène," marmonna Séphiroth.
"L'arène ? " reprit Barret en fronçant les sourcils alors que Reeve jurait doucement, fermant les yeux, en réalisant de quoi le SOLDAT parlait.
"Il avait… Il y avait… Dans le Tambour, niveau un. Hojo avait aménagé une arène de combat, pour tester les capacités des spécimens qu'il étudiait, ou le résultat des expérimentations sur... sur moi ou les autres. C'était des combats à mort pour la plupart et…"
Il cligna des yeux, réalisant devant qui il était en train de parler et se redressa, reprenant son expression distante.
"J'ai peut-être tué quelqu'un qu'il connaissait à ce moment-là."
"Il avait moins de trois ans, comment pourrait-t-il s'en souvenir ? " reprit Reeve.
"Je vais essayer d'en savoir plus," promit Vincent, "mais je ne veux pas le brusquer."
Reeve soupira en se massant l'arête du nez. Misère, c'était ce qu'il craignait, ils avaient un nouveau co-locataire. Avec de la chance, il serait discret et facile à vivre.
Il se tourna vers le père et le grand-père de Riku.
Non, avec son hérédité, aucune chance.
"Bon, je vais essayer de convaincre le Président de lui laisser un peu de temps pour s'acclimater."
Vincent hocha la tête. Il n'avait pas l'intention de laisser Riku seul dans un endroit inconnu de toute façon.
Comme s'il connaissait Seventh Heaven.
Minerva, est-ce qu'il était en train de faire comme son père et décider à la place de Riku ?
"Je m'en chargerais," intervient Séphiroth.
"Bien. On devra peut-être lui réserver une des chambres," nota Reeve avant de jeter un regard à sa montre, "avant que j'y aille, je dois parler au Général seul à seul. Barret, va surveiller les enfants, s'il te plait."
"Oui, Reeve."
"Tu veux que je reste ? " demanda Vincent à Reeve.
"Non, toi, tu files à l'infirmerie," rétorqua Barret, "Aérith et Shera ont deux mots à te dire au sujet de tes dernières cascades."


"Pouvez-vous réactiver la matéria s'il vous plaît, Général ? " demanda Reeve quand Barret et Vincent furent ressortis.
"Oui, Directeur."
Une fois le sort de silence à nouveau posé, Reeve fit signe à Séphiroth de prendre place dans le grand fauteuil de Barret avant de reprendre.
"J'ignore si vous le savez, mais le Président m'a demandé de vous intégrer à Avalanche."
"Sur ma suggestion, Monsieur," répondit Séphiroth.
Reeve l'aurait parié, même contre Aérith. Le Président n'avait pas eu l'air si content de cette possibilité et tant qu'il était encore à moitié abruti par les anti-douleurs, Reeve allait en profiter pour apprendre à décoder ses expressions.
"D'un point de vue complètement objectif, je serais heureux que vous nous rejoigniez. Quand bien même notre… position, au sein de la société Shinra n'est plus aussi précaire qu'avant, je crains que nous ayons à faire avec les squames de façon plus intense qu'avant et un combattant supplémentaire ne sera pas de trop."
"Mais de façon subjective ? "
"Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Pour l'instant en tout cas. Mes hommes… risquent de ne pas vous accueillir de façon positive…"
"A cause de ce que j'ai fait à Mademoiselle Lockhart, c'est ça ? "
"Je ne vous accuse de rien," déclara calmement Reeve, "ce qui s'est passé quand vous étiez sous le contrôle d'Hojo n'est pas de votre fait."
Reeve marqua un petit silence, observant le jeune homme devant lui.
Maintenant qu'il le voyait, qu'il lui parlait… il repérait les points communs entre Vincent et lui. La même façon d'écouter sans quitter son interlocuteur du regard, la même façon de réfléchir avant de parler.
La même façon de garder le silence.
Est-ce que c'était de famille ou juste une réaction aux tortures qu'ils avaient subis avec Hojo ? Cloud était un peu pareil, Red aussi, mais Zack était… Complètement à l'opposé.
"Le Président a raison. Vous tenir comme responsable des actions d'Hojo, ce serait exactement comme si je tenais Cloud responsable d'avoir manqué de livrer Riku. Ou Vincent de ne pas avoir sut stopper Hojo il y a trente ans."
Le petit éclat de curiosité dans le regard du Général était aussi celui que Vincent avait quand un détail attirait son attention.
"Mais… Tifa était… bien aimée ici."
"C'était la compagne de Cloud Strife."
"Pas seulement. L'ami d'enfance de Zack. Amie et employée de Barret. Baby sitter de Marlène. Future belle-sœur d'Aérith. Nous sommes nombreux ici à l'avoir appréciée."
"Vous compris ? "
"Pas autant que j'aurais dû," admit Reeve.
Il était le premier à admettre que jusqu'à la disparition de Tifa, il avait tenté de garder ses distances avec ses hommes. Certes, ils avaient tout de suite bien travaillé ensemble, surtout Barret et lui, mais…
Il n'avait pas voulu se rapprocher d'Avalanche. Il avait même espéré garder ses distances, laisser Barret gérer l'unité, mais au fur et à mesure des missions…Il avait fini par se rapprocher. Par discuter avec Shera de ses théories, par laisser Marlène l'appeler tonton, par s'inquiéter pour la santé des jumeaux qui finissaient systématiquement à l'infirmerie…
La mort de Tifa les avait tous touchés en plein cœur.
Quand il était arrivé à l'hôpital où Cloud avait été évacué, il avait vu Aérith et Yuffie en larmes dans les bras l'une de l'autre, Zack prostré sur sa chaise, épaulé par Cid.
Il avait fallu que Barret et lui aille reconnaître officiellement le corps de Tifa à la morgue.
Il en restait si peu. Son torse, tranché en dessous du sternum. Un bras entier. La moitié de l'autre. Sa tête. Son visage, immobile et pâle.
Même ses cheveux avaient été coupés par la lame de…
Reeve secoua la tête, chassant la vision de sa mémoire.
"Sa mort est encore… un souvenir frais et douloureux. Surtout avec les clones d'elle qu'Hojo a envoyé pour nous tuer."
L'expression d'horreur qui traversa le visage de Séphiroth fut une surprise.
Et en même temps… un soulagement.
Lui aussi était horrifié par cette idée.
Lui aussi avait été cloné sans son consentement.
Reeve lui sourit, rassemblant ses dossiers pour repartir à la Tour.
"Laissez un peu de temps à mes hommes pour s'habituer à vous, nous en reparlerons, si vous le voulez bien."
Séphiroth hocha la tête, se levant de son siège, imité par Reeve.
"Mais vous êtes le bienvenu à Seventh Heaven pour des visites, Général. Après tout, vous avez deux excuses pour venir nous voir."
"Je… Je vous remercie pour votre hospitalité," répondit Séphiroth du ton le plus poli qu'il put.
"Gardez ça pour Elmyra, c'est elle la maîtresse de maison."
"Donc, elle est le troisième chef d'Avalanche ? " s'enquit Séphiroth.
Ah, il était capable d'humour.
"Général, voyons," soupira Reeve en soulevant son tas de dossiers.
Il redressa la peluche posée sur son bureau d'un geste avant de se tourner vers le jeune homme.
"Elle est notre supérieure hiérarchique."


[1] L'amour des chats est de famille visiblement.
[2] Ouais, le manque de tact, c'est définitivement de famille…
[3] Au hasard : Vaan
[4] Malédiction
[5] Basch : Je vais vomir.
Vossler : Tu ne bouges pas où je le dis à Noah ! (Noah étant le frère jumeau de Basch, avec qui il a la relation la plus conflictuelle et la plus aimante qui soit. Ils s'aiment mais ne peuvent pas vivre sous le même toit sans se crier dessus.)
[6] HA HA HA
[7] Nope, elle était comme ça quand il l'a rencontrée.