Chapitre 49 : Acclimatation graduelle
Résumé :
Riku fait désormais partie des habitants de Seventh Heaven et Vincent découvre les joies d'être grand-père d'un adolescent au moins aussi traumatisé que lui.
Ça devrait bien se passer.
Tant que Séphiroth n'approche pas…
Personnages :
Team Avalanche, famille Valentine-Hamasaki-Crescent-Makani (décidez-vous pour un nom de famille, bordel !), Team Haut Vent, Team rat lab.
Tags spécifiques au chapitre :
Vincent apprend à être un grand-père, non il ne s'habitue pas à l'idée, il fait de son mieux quand même, révélation familiale bis repetita tertia, apprivoisement de petit fils, Séph patauge avec sa paternité, Riku n'aide pas, Avalanche adopte Riku, et essaye de le ménager, lui ne les ménage pas en revanche, Elmyra+Barret 5ever, les SOLDATs sont subtils, comme une enclume.
"Je ne vois pas pourquoi j'ai besoin d'un check-up," commença Vincent en entrant dans l'infirmerie.
Aérith était en train de finir de passer le balai pendant que Gast changeait les draps et Shera sortait des dossiers de leur placard. Il sentait quelque chose d'étrange contre ses écailles, la même sensation de pureté qui suivait un esuna. Ils avaient probablement stérilisé la pièce à grand coup de sorts.
"Cid et Cloud nous ont parlé de la chute que tu as faite au secteur 7 en essayant de sauver Cloud," rétorqua Shera.
Les traitres.
Riku se glissa dans l'infirmerie en même temps que Vincent. Quand Vincent était sorti du bureau, il s'était écarté du groupe qui discutait des travaux et l'avait suivi sans un mot, marchant littéralement dans ses pas.
"Assis," ordonna Aérith en montrant un des lits, "et soit honnête : Où as-tu mal ? "
"Il avait mal à l'épaule," répondit Riku avant que Vincent ait pu ouvrir la bouche, "et au dos."
Les scientifiques et la guérisseuse dévisagèrent l'adolescent, surpris.
"Il est guérisseur né," expliqua Vincent en s'installant, "il m'a soigné."
"J'ai la glace, la foudre et le feu, aussi," précisa Riku.
Et ça, ça ne pouvait venir que de son côté de la famille. Il avait peut-être gravité aussi. Il faudrait vérifier. Vincent ne possédait d'affinité qu'avec cet élément, et encore, uniquement sous sa limite, mais Gigas avait la foudre dans cet état, et Hel maniait le feu sans même avoir besoin de se transformer. Quant à son père et Chaos… Si la gravité avait été leur magie favorite à tous les deux, ils avaient aussi été à l'aise avec les autres éléments.
C'était étrange, habituellement, les unions entre clans différents avaient tendance à amoindrir les pouvoirs, pas à les conserver. Zéphyr aussi possédait les deux, même si dans son cas, la magie sacrée ne semblait pas développée autant que chez Riku.
Ou en tout cas pas de la même manière.
"Il a de la fièvre," annonça Shera d'un air soucieux, la main sur le poignet de Vincent.
Aérith posa aussitôt sa main sur son front.
"Je me sens bien," protesta le Turk alors que Riku l'imitait timidement, posant ses doigts sur sa tempe.
"Il n'a pas l'air malade," admit Aérith, "il a la même température que les jumeaux."
"C'est normal, non ? " s'enquit Riku, "c'est la mako qui fait ça…"
"Oui, mais Vincent n'a pas ça habituellement, " objecta Gast en tournant les pages du dossier de Vincent. "Sa température corporelle habituelle est proche de celle d'un humain normal."
Et selon Cid, bien en dessous, mais Vincent n'allait pas dire ça à Shera. Surtout pas devant Aérith et Riku. Il allait encore être accusé d'être une mauvaise influence sur les plus jeunes habitants de Seventh Heaven.
"Bon, Vincent, retire ton pull et montre-moi ton dos," ordonna Gast.
"Riku, tu voudras peut-être sortir," conseilla Shera.
"Pourquoi ? " s'étonna Riku.
Il était définitivement du même sang que Diablos, soupira Vincent en retirant les diverses couches qu'il portait sur le dos. Et fidèle à cette curiosité héréditaire, Riku jeta un œil sur le torse de Vincent, malgré les injonctions de Shera pour qu'il sorte.
Encore une fois, Vincent fut étonné de l'aisance avec lequel l'adolescent observa les horribles cicatrices qu'il portait.
"Oh, il était en colère, hein ? "
"On peut dire ça," admit Vincent avec un petit sourire amer.
"Tu… as déjà vu ce genre de blessures ? " demanda Shera d'un ton prudent.
"Pas guérie," répondit Riku.
"Oh, Minerva," marmonna Aérith avant de se tourner vers Vincent.
Elle garda le silence un long moment avant de se tourner vers son père qui observait Vincent avec la même expression, moitié inquiète, moitié intriguée.
"Qu'y a-t-il ? " s'enquit Vincent.
"Je vais utiliser un langage extrêmement scientifique, Vincent," déclara Gast.
"C'est-à-dire ? "
"Qu'est-ce qui s'est passé par Alexander et tous ses foutus paladins ? "
"Gast, si je n'ai pas le droit de jurer devant Riku, tu ne l'as pas non plus," rétorqua Vincent en montrant l'adolescent, qui s'était réfugié au pied du lit, les observant tous les deux en silence.
"Il y a eut une explosion de sacre à Seventh Heaven, Papa," expliqua Aérith, "ça a guérit des blessures assez graves."
"Et tu étais blessé ? " s'enquit Gast en approchant de son ami.
"Je n'avais pas une égratignure," répondit Vincent.
"Mais il était inconscient quand… après son passage," ajouta Shera.
Gast tendit la main vers Vincent.
"Puis-je ? "
"Fais vite," rétorqua le Turk en détournant le regard, fixant les néons fixés au plafond.
Gast s'exécuta, palpant rapidement la cicatrice sur le ventre de Vincent avant de passer à son bras démoniaque.
Minerva, merci, il avait les mains froides.
"Ta peau est définitivement plus chaude…"
"Ses battements de cœur sont plus rapides aussi," précisa Shera.
"Et l'état de tes cicatrices s'est amélioré," ajouta Gast en se redressant.
Vincent jeta un rapide coup d'œil à son ventre. Il n'aimait pas regarder cette plaie et l'évitait tant que possible mais…
Mais Gast avait raison.
La cicatrice, qui semblait jusqu'alors encore récemment à peine guérie, s'était estompée. Elle n'avait pas disparu, mais était devenue plus pâle, les bords moins boursouflés.
Même les cicatrices des coups de feu étaient moins profondes et ravagées qu'elles l'avaient été.
"Et si je ne me trompe pas…" reprit Gast en appuyant doucement sur les écailles de son épaule, "ta mutation remontait plus haut."
Vincent hocha la tête, fronçant les sourcils. Ça aussi c'était une surprise qu'il n'expliquait pas. Est-ce que l'explosion de sacre avait guérit sa mutation ?
Ou peut-être…
"Riku… a soigné l'écaille brisée," ajouta-t-il avec un petit regard à son petit-fils qui observait les moindres faits et gestes de Gast, se tenant prêt à intervenir au cas où.
C'était… très étrange de se retrouver autant sous la protection de Riku, mais l'adolescent semblait, probablement pour de bonnes raisons, ne pas avoir confiance dans les scientifiques.
"Riku," souffla Vincent avant de lui faire signe d'approcher, profitant que Gast cherchait l'écaille brisée sur son bras démon.
L'adolescent obéit, s'approchant jusqu'à crisper ses doigts dans la couverture près de Vincent, non sans jeter un regard méfiant au professeur Falmis, à deux pas de lui.
"Gast est un ami, Riku. Il a toute ma confiance."
"C'est une blouse blanche," murmura Riku.
"Oui. Mais toutes les blouses blanches ne sont pas mauvaises," rétorqua Vincent. "Shera en est une aussi."
Shera leva les yeux en entendant son nom et réalisa que Riku et Vincent parlaient entre eux.
"Vous n'aimez pas être touché comme ça," objecta Riku, faisant un petit geste vers la main de Vincent, hésitant à la lui prendre.
"C'est vrai. Mais c'est... seulement à cause des souvenirs que j'ai d'Hojo. Ni Gast, ni Shera, ni Aérith ne me feront de mal. Tu comprends ? "
"Hm," fit Riku avec un dernier regard à Gast.
Il resta toutefois où il se trouvait, grimpant sur le lit pour s'installer près de Vincent, repliant ses jambes à la wutane.
"Est-ce que Hojo… t'as fait du mal ? " demanda Vincent.
"Il a essayé, mais il ne courait pas assez vite pour m'attraper," rétorqua Riku avec un rapide sourire qui dévoilait de tout petits crocs, "et les autres cassaient les bras des Remnants qui tentaient de le faire pour lui."
"Bien," rétorqua Vincent.
"Quand vous aurez fini de dire du mal de moi," reprit Gast avec une lueur taquine dans le regard.
"Oui ? " répondit innocemment Vincent.
"Je vais te poser deux trois autres questions."
"Très bien."
"Comment est ton appétit ? "
"J'ai… faim. Presque en permanence…" reconnut Vincent.
"Il mange presque autant que les jumeaux," intervint Shera.
"Ton sommeil ? "
"Je dors comme une pierre."
"Des cauchemars ? "
"... Moins," admit Vincent.
Gast resta silencieux quelques secondes avant de reprendre, sans quitter Vincent du regard.
"Et ta claustrophobie ? "
"Je n'ai pas eu de crise depuis…"
Quand, au juste ? Il se souvenait avoir été mal à l'aise dans le refuge, mais rien qui ne lui donne une crise de panique.
"Depuis ton réveil à la clinique, comment qualifierais-tu ton processus de réflexion ? "
"Vaseux. J'ai du mal à réfléchir, à trouver mes mots parfois. J'ai l'impression de n'arriver à penser qu'en wutan et de devoir traduire en commun."
"Est-ce que ça s'arranges avec le temps ? "
"Petit à petit," admit Vincent.
"Est-ce que depuis l'explosion de sacre, tu as eu des problèmes de ce genre ? "
Vincent ouvrit la bouche pour répondre.
Et réalisa que non.
"Gast qu'est-ce que ça veut dire ? "
"Ça veut dire, Vincent, que j'avais raison et que tu aurais dû rester au repos depuis ton réveil," grommela Gast.
"Je… pardon ? "
"La raison pour laquelle tu te sens aussi bien, c'est probablement que cette explosion de sacre qui a soigné les blessés de Seventh Heaven t'a aussi guéri. Ça faisait trente ans que ton corps était en train de se remettre de ce que Hojo t'a fait."
"J'allais mieux," protesta Vincent.
"Par rapport à maintenant ? "
Vincent cligna des yeux, surpris. Il n'avait pas réalisé…
… comment avait-t-il fait pour ne pas réaliser ? !
Parce qu'il n'avait même pas été en état de le réaliser, comprit-t-il.
"Cloud… Dit que le sort a soigné sa tête…"
"Oui," confirma Aérith, "il est comme je l'ai connu quand il avait quinze ans. Et on va tous souffrir dès que Zack et lui auront leur première idée de bêtise en commun."
"Il va être comme Zack ? " s'inquiéta aussitôt Shera.
"J'aimerais te refaire passer des tests cognitifs, comme à la clinique," ajouta Gast, "juste pour évaluer la différence."
"Tu penses que c'est nécessaire ? "
"Tu vas mieux, Vincent. Mentalement aussi, c'est indéniable. Je ne sais pas si c'est le sort de soin qui a fait ça, ou la présence de Séphiroth et Riku…"
Le vieil homme soupira puis eut un petit sourire en regardant l'épaule de Vincent.
"Mais qu'elle qu'en soit la raison…"
Vincent tourna la tête, réalisant que son petit-fils s'était tout simplement endormi sur lui, la joue contre les écailles de son bras démoniaque.
"Je suis content que tu arrives enfin à ce point."
"Vincent, c'est quoi un mimic ? " demanda soudain Zack pendant le repas, alors qu'ils étaient attablés devant un curry gongan.
Elmyra avait proposé à Séphiroth de rester déjeuner, mais il avait refusé, prétextant devoir escorter Reeve et le Professeur Falmis à la Tour.
Riku s'était immédiatement détendu quand il avait quitté la caserne, redevenant plus serein.
Ils n'étaient pas rendus pour essayer de faire cohabiter le père et le fils.
"Oh, c'est vrai," réalisa Vincent entre deux bouchées.
Comme d'habitude, il y avait deux plats sur la table, épicé (plat rouge) et non épicé (plat vert).
Vincent commençait à redévelopper sa tolérance à l'épicé en mélangeant les deux, tout comme les jumeaux. Cid n'en avait absolument aucune, ainsi que Shera. Wedge, Jessie, Barret et Marlène restaient au sans épices, alors qu'Elmyra, Biggs et surtout Yuffie pouvaient mâcher des piments crus. Nanaki, apparemment, n'avait même pas les papilles gustatives nécessaires pour sentir les épices les plus agressifs[1].
Quant à Riku, il mangeait tout ce qu'on lui mettait dans l'assiette avec l'appétit d'un augmenté. Et vu comment Aérith avalait sa part sans même ciller, Vincent commençait à soupçonner les guérisseurs de soigner systématiquement la brûlure des épices.
"Je suis surpris que personne ne s'en soit aperçu avant," admit-t-il.
Y compris lui-même. Maintenant qu'il y repensait, ça lui semblait évident, mais jusqu'à présent, il n'avait pas vraiment assisté à cette capacité des jumeaux avant de voir Zack sous une forme de démon...
"On n'a pas tous grandi dans une bibliothèque géante," rétorqua Cid.
"J'aurai bien voulu la voir," soupira Shera.
"Vu les progrès dans l'éducation, je pensais que ce genre de terme serait courant," objecta Vincent.
"Y'a toute une génération de savants spécialisés dans la magie qui ont été assassinés pendant la guerre des Sorcières," intervint Yuffie, "Madame Kramer est folle de rage chaque fois qu'elle aborde le sujet en cours."
"Adel ? " demanda Vincent.
"Ouais, et la psychose anti-magie qui a suivi n'a pas aidé, des tonnes de recherches ont été détruites."
"Et avec les progrès scientifiques et technologiques, la thaumaturgie est une discipline peu étudiée maintenant, " ajouta Shera.
"C'est quoi un mimic ? " redemanda Zack.
"Un combattant qui parvient à imiter des techniques de combats qu'il voit ou... heu... subit," répondit Vincent avec un petit sourire.
"Pourquoi je galère autant à apprendre l'escrime avancée alors ? Squall s'arrache les cheveux."
"Peut-être qu'il faut que tu le laisses te taper dessus ? " suggéra innocemment Cloud.
"Je ne peux pas te le dire précisément. Ce que je connais le mieux, ce sont les légendes. Il y avait un mimic parmi les héros de la seconde guerre des Magii je crois… Hm... Obo... Ogo…"
"Gogo !" s'exclama Marlène en brandissant sa cuillère.
"Elle connaît ses classiques," admit Vincent.
"Je la lui ai déjà racontée au moins trente fois," soupira Barret, "si quelqu'un a des idées pour d'autres histoires du soir…"
"Si je suis un mimic… alors Cloud l'est aussi," marmonna Zack.
"Vu comment il a utilisé le couloir des ténèbres des Remnants, y'a des chances," ajouta Barret.
Cloud cessa brusquement de s'empiffrer, jetant un regard stupéfait à Barret.
"Oh," murmura Cloud. "En gros, si… Zack et moi subissons une attaque ou une technique, on peut la reproduire ? "
"Je ne connais pas les détails exacts," admit Vincent, "je ne sais pas comment ça se déclenche, si c'est une limite ou si vous pouvez y avoir accès quand vous voulez, mais c'est le principe, pourquoi ? "
"Ben jusqu'à présent, je croyais que ma limite était un omnislash," expliqua Cloud.
"Tu sais," reprit Yuffie avant de brandir son couteau et imiter la façon dont Cloud achevait les squames, appuyant chaque geste d'un bruit de vent.
Vincent cligna des yeux.
Se tourna vers Cloud.
"Remontre-moi ? "
Cloud refit une démonstration, le regard concentré.
À ses côtés, Zack fit de même d'un air absent.
Vincent posa sa fourchette. Il n'en avait été témoin qu'une seule fois, mais il ne pouvait pas s'y tromper.
Il avait vu Séphiroth l'utiliser sur Kadaj après tout.
"C'est une des techniques d'épée de Séphiroth," annonça-t-il.
"Ouais, je l'ai pris en pleine poire à Winhill," déclara Zack en touchant son bras droit.
"Et je l'ai attaqué avec juste après," ajouta Cloud avec un sourire satisfait.
Vincent commençait à comprendre pourquoi Hojo s'était intéressé aux jumeaux. Non seulement Zack avait survécu à l'attaque de Séphiroth, mais Cloud avait été capable de la reproduire immédiatement. Avec l'obsession d'Hojo pour copier Séphiroth, il n'avait pu que s'intéresser à eux.
"Et je le referais," grommela Cloud dans sa barbe.
"Je t'aiderai," renchérit Riku.
Minerva, ils n'étaient vraiment pas rendus.
"On finit la distribution des chambres après le repas ? " demanda Jessie quand les assiettes furent vides et saucées.
"Ah heu, oui !" s'exclama Barret en se levant, attrapant les deux plats, eux aussi bien propres, pour les porter à la cuisine.
Les assiettes et couverts furent rassemblés pour être débarrassés, comme d'habitude à chaque fin de repas, mais Barret et Elmyra étaient tous deux dans la cuisine, le colosse bloquant le chemin de sa masse tout en discutant avec Elmyra avec un chuchotement fort peu habituel chez lui.
"Barret ? " s'étonna Zack, qui apportait les assiettes.
"Restez assis !" ordonna Barret en les lui prenant.
"Le dessert arrive," renchérit Elmyra avant de reprendre le fil de leur conversation.
Zack obtempéra, échangeant un regard intrigué avec son frère, puis un sourire machiavélique quand ils tendirent l'oreille d'un même mouvement.
C'était horriblement malpoli. Il faudrait que Vincent leur apprenne à être plus discrets.
"Tu es sûr ? " murmurait Elmyra.
"Oui. Elmyra c'est… c'est le moment."
"C'est… rapide…"
Yuffie enfonça son doigt entre les côtes de Vincent.
"Grand-frère, qu'est-ce qui se passe ? "
Vincent posa son index sur ses lèvres sans cesser d'écouter plus discrètement. Autour d'eux, les autres membres d'Avalanche semblaient tout aussi intrigués par l'attitude des deux parents de la troupe.
"Tu… as changé d'avis ? " murmura Barret en prenant la main d'Elmyra.
"Non, non… Bien sûr que non…"
Elle jeta un petit coup d'œil à la pièce commune soudain suspicieusement silencieuse, mais les discussions reprirent immédiatement, couvrant un peu leurs voix.
"Qu'est-ce qui se passe ? " murmura Aérith en regardant alternativement les jumeaux et Vincent.
Le sourire hilare de Zack sembla répondre à ses interrogations.
"Non ? " murmura-t-elle d'un ton incrédule.
Cloud hocha la tête et Aérith dû se plaquer les deux mains sur la bouche pour s'empêcher de couiner. Les conversations s'arrêtèrent quand Elmyra posa un gros gâteau au centre de la table.
Un marbré, nota Vincent quand elle commença à couper les parts. Subtil.
Barret l'aida à faire le service, s'assurant que tout le monde avait sa part avant de reprendre la parole.
"Bon heu, avant que vous commenciez…" reprit Barret, "Elmyra et moi... avons quelque chose à vous dire."
Tout le monde était pendu à leurs lèvres.
Sauf Marlène qui entamait déjà son gâteau et Riku, qui ne semblait pas comprendre ce qui se passait.
"Voilà, avec tout ce qui s'est passé dernièrement… Entre… les missions et les attaques, et… et, et tout le reste…"
Elmyra, debout près de lui, mit sa main sur son bras d'un geste réconfortant et Barret posa immédiatement sa main de chair sur ses doigts, les serrant doucement. Il lui jeta un regard reconnaissant et inspira longuement avant de reprendre.
"J'ai… on a réalisé, Elmyra et moi que…"
"Vas-y, dit leeeee," marmonna Zack qui trépignait sur place.
À "sa réaction, il dû recevoir un coup de pied sous la table, voire peut-être plusieurs.
"La vie est trop courte et…"
Barret se racla la gorge avant de reprendre d'une voix plus claire.
"Voilà… Elmyra et moi… sommes en couple."
Riku sursauta aux cris de joie qui échappèrent aux guerriers et les dévisagea tous comme s'ils perdaient la tête. Aérith se leva d'un bond de sa chaise pour sauter au cou d'Elmyra, la serrant contre elle.
"Enfin ! Vous y avez mis le temps !"
"Aérith !" protesta Elmyra.
"Qu'est-ce qui se passe ? " demanda Marlène, barbouillée de miettes de chocolat.
Barret laissa échapper un petit rire et s'agenouilla près d'elle, lui réexpliquant la situation, Cid profitant qu'il se baissait pour lui assener une tape amicale sur l'épaule.
"Je comprends pas," marmonna Riku.
"Ça fait plusieurs mois…" commença Vincent.
"Plus d'un an !" s'exclama Zack.
"Que Barret et Elmyra se tournent autour," acheva le sniper avec un petit sourire.
"JE VAIS AVOIR UNE NOUVELLE MAMAAAAAN !" s'écria Marlène avant de sauter de sa chaise pour enlacer les jambes d'Elmyra.
"Oh," fit Riku en comprenant, "ils vont bais…"
Shera plaqua sa main sur la bouche de Riku avec la vivacité d'un augmenté.
"Ce n'est pas un vocabulaire approprié en public, Riku," corrigea-t-elle d'un ton tendu. "Vincent, dit quelque chose."
"J'espère pour eux," ajouta Vincent avec un petit sourire.
"VINCENT !" protesta Elmyra.
"Vincent ! Montre le bon exemple à Riku !" ajouta Barret.
"Oh. Attendez une minute," reprit Shera d'un ton suspicieux, "si vous nous le dites maintenant… c'est que je perds ma colocataire, c'est ça ? "
Elmyra et Barret piquèrent un fard de concert et la cuisinière hocha doucement la tête.
"J'ai de la place pour Marlène dans ma chambre, hein," proposa Yuffie avec un grand sourire pas subtil.
"Je vais chercher le plan," déclara Aérith après un dernier gros baiser sur la joue d'Elmyra.
Minerva, c'était encore plus compliqué qu'il l'avait pensé.
Vincent relut la phrase qu'il venait d'écrire mais n'alla même pas jusqu'au bout avant de la raturer.
Décidément, il détestait écrire tout ce qui n'était pas un rapport de mission factuel et impersonnel. Ça avait désespéré Gigas mais devant le manque de poésie de son benjamin, il avait fini par abandonner l'idée de lui enseigner la littérature, tentant au moins de s'assurer qu'il saurait rédiger des comptes-rendus exacts de ses futurs voyages diplomatique ou ses missions d'espionnage pour Daguerreo.
Encore une fois, c'était quelque chose qui lui avait servi dans sa future vie de Turk.
Mais qui, pour un courrier à sa famille, le desservait un brin.
Il froissa sa feuille et la jeta dans la corbeille, se promettant d'aller brûler ses brouillons dans la cour plus tard. Il reprit une feuille vierge, son stylo et resta quelques secondes à tapoter pensivement la pointe en haut de la feuille.
"Vous faites quoi ? "
Vincent se tourna sur sa chaise, regardant Riku. L'adolescent se tenait à la porte de la chambre, de nouveau dans son jogging et tee-shirt emprunté (et depuis lavés par Elmyra). Il l'avait entendu approcher et se n'en était pas alarmé, mais il devait admettre que Riku savait être silencieux quand il voulait.
Bien qu'il ait passé tout l'après-midi à somnoler sur le canapé, malgré le bruit des matchs de blitzball à la TV, des dessins animés de Marlène et des discussions de partage des chambres, Riku n'avait émergé à nouveau que pour manger le repas du soir et prendre une douche.
"J'écris à ma famille. Notre famille," corrigea Vincent.
Riku resta silencieux quelques secondes puis s'assit sur le lit qu'il occupait désormais, remontant la couverture sur ses épaules pour s'adosser au mur.
"T'as… vous avez encore de la famille ? "
"C'est compliqué," admit Vincent en regardant la feuille blanche. "Je… Je me suis réconcilié récemment avec eux…"
Il jeta un petit coup d'œil à son PHS, posé sur un coin du bureau, branché à la prise la plus proche. Elena lui avait envoyé un message avec le nouveau numéro de Séphiroth un peu plus tôt. Il allait pouvoir décider d'une date pour les révélations.
S'il arrivait à faire venir Riku.
"J'aimerais… vous en parler. A Zé…à Séphiroth et toi."
"Pourquoi ? " rétorqua Riku d'un ton rogue avant de se figer et rentrer la tête dans les épaules, attendant le coup.
Qu'est-ce qui s'était passé à Sin pour que la première chose à laquelle Riku pensait quand il voyait une cicatrice, c'était la façon dont elle avait été infligée ? Pour que la simple vue de son père le plonge dans la terreur ou la colère ? Pour que le moindre mot de travers lui fasse attendre des représailles ? Tous les scénarios auxquels Vincent pouvaient penser…
Le stylo dans la main de Vincent explosa, les faisant tous les deux sursauter.
"Et un en moins," marmonna Vincent en essuyant l'encre sur la feuille blanche.
"Ça va ? " demanda Riku dans la même langue, tendant déjà les mains vers lui.
"Pas de blessure cette fois," répondit Vincent en inspectant sa main. "Je m'excuse, je ne maitrise pas encore ma force."
"Setzer disait qu'il avait l'impression que tout était en papier alu autour de lui, Haru et moi compris."
"La comparaison est juste," admit Vincent avant de froisser la feuille autour du stylo, les jetant tous les deux dans la corbeille. "Riku, je sais que tu n'aimes pas beaucoup Séphiroth, mais… c'est important que je vous parle de… notre famille."
"Pourquoi ? " répéta Riku, d'un ton moins énervé cette fois.
"Parce qu'ils voudront probablement vous rencontrer, et qu'ils sont tous…"
Il hésita sur le terme à utiliser.
"Cinglés ? " suggéra Riku.
"Excentrique," rétorqua Vincent avec une diplomatie qu'il ne se connaissait pas.
Riku n'était visiblement pas dupe et eut un grand sourire, dévoilant ses crocs.
"Et il faut que tu saches d'où viennent tes pouvoirs. Tes ailes. Tes crocs."
L'adolescent referma vivement la bouche, stupéfait.
"Ça vient… pas de Séphiroth ? "
Vincent sourit lentement, dévoilant ses propres crocs.
"Oh," fit Riku, stupéfait.
"Et… Je dois vous expliquer d'autres choses. D'où vient la seconde voix dans ta tête. Qui elle est."
"On pourra la retirer de ma cervelle ? "
Vincent jeta un regard à la pile de feuilles sur le bureau. Ah, ça aussi il faudrait qu'il en parle à son père.
"Je l'ignore. Mon père… saurait peut-être."
" Il doit être super vieux," murmura Riku.
"Oh que oui…"
Riku hocha la tête, baillant longuement puis se frotta les yeux longuement.
"Est-ce que tu veux bien que nous en parlions avec Séphiroth ? "
"Vous me laisserez pas seul avec lui ? " balbutia Riku, déjà à moitié rendormi.
"Non. Je te le promets."
"Ok, alors…"
Vincent eut un petit sourire en voyant l'adolescent piquer du nez et il leva la main, le retenant pour l'empêcher de s'effondrer la tête la première sur le plancher. Le recoucher fut facile, il ne pesait rien entre ses mains, plus léger encore que Yuffie.
Du papier alu, en effet.
Et une fois, l'adolescent remit au lit, les couvertures empilées sur lui et son souffle redevenu régulier, Vincent prit un nouveau stylo, une feuille blanche et contempla sa tâche.
Bon. Changement de tactique.
Faire une liste des nouvelles à annoncer.
Les rédiger comme un rapport.
Ensuite essayer d'arrondir les angles avec des formules de politesses et des platitudes.
Et espérer que ça suffise.
Père,
A: Je suis père et grand-père.
a: Séphiroth
b: Riku
Addendum : Expliquer Lucrécia et son hérédité.
B: On peut soigner les possessions par la Calamité Venue Des Cieux.
a: Comment ?
b: Pourquoi.
Cf : A. b.
C : Mon petit-fils est probablement possédé par les souvenirs de Minerva, voire par Minerva elle même
a : Est-ce possible ?
b : Est-ce dangereux pour Riku ?
c : Est-ce qu'on peut les retirer ?
Toutes mes salutations à Helgrimr, Sophia, Gigastein et Galian,
Respectueusement,
Makoto de Daguerreo.
Vincent soupira, plia la feuille et la glissa dans sa poche avant de se lever.
Bon, il avait le plan général, mais il allait avoir besoin de café pour arriver à rédiger cette lettre.
Le nouveau bureau privé de Rufus était sous-terrain.
Enfin, disons plutôt qu'il était situé dans les niveaux cachés sous la Tour, comme celui des Turks, dans l'axe central de Midgar. Il avait toujours un bureau officiel dans la Tour, dans lequel il recevait ses rendez-vous, et le centre du commandement avait été déménagé aussi, mais dès qu'il fallait travailler, il retournait dans ce que les Turks avaient vite rebaptisé l'Antre.
C'était Reno qui était de garde cette fois, debout devant la porte, les mains dans les poches. Il se redressa en voyant Séphiroth approcher, un sac au bout du bras.
"C'est déjà l'heure de le nourrir ? "
Le SOLDAT jeta un petit regard agacé au rouquin qui, avec l'assurance des Turks et sa propre inconscience, ne releva pas.
"Pourquoi parles-tu du Président comme d'un animal sauvage ? "
"Honnêtement, j'ai moins peur d'Umbra," rétorqua Reno, "et si vous pouvez essayer de le sortir pour qu'il prenne l'air, ça ne sera pas plus mal, il va devenir barjo la dedans."
"Prends une pause, je reste avec lui."
"Excellente idée, j'emmène les filles déjeuner !"
Séphiroth ne comprenait pas du tout comment Reno avait réussi à se mettre les deux secrétaires dans la poche, mais Dìs et Wynne ne rataient pas une occasion de papoter avec lui. Et des dires d'Elena, il ne couchait ni avec l'une, ni avec l'autre.
Séphiroth devait sérieusement commencer à s'ennuyer s'il se mettait à écouter les ragots de la Tour.
Mais pour le moment, il n'avait rien à faire. Basch et Vossler n'étaient pas assez remis pour s'entraîner avec lui, le Professeur Falmis se consacrait à ses recherches, déterminés à trouver un remède à Jénova qui ne dépendrait pas des globules rouge ou blanc de Riku, et il était probablement encore trop tôt pour tenter de se réconcilier avec son fils.
Il avait lu les dossiers le concernant et avait manqué faire sauter les plombs de l'étage des SOLDATs en apprenant les conditions de vie dans Sin.
La façon dont son fils avait décrit comment il terrorisait les Parasites.
Les meurtres qu'il avait commis.
Pas étonnant qu'il le craigne et le haïsse.
Reno ouvrit la porte et entra.
"Boss ! C'est Zéph !"
"Est-ce si compliqué de prononcer mon nom complet ? " soupira Séphiroth en le suivant.
Wynne, assise à son bureau, leva le nez de ses tâches.
"Oh, bonjour, Monsieur Hamasaki," salua-t-elle en retirant coquettement ses lunettes.
Dìs, qui prenait des notes devant Rufus, roula des yeux.
Rufus se contenta de tourner les siens vers Séphiroth.
"Non."
"Si," rétorqua Séphiroth, "c'est l'heure."
"Je réquisitionne Dìs et Wynne !" ajouta Reno en attrapant le manteau de Dìs sur sa chaise pour le draper galamment autour des épaules de la jeune femme.
"Mais Reno…"
"Je vous invite toutes les deux."
"Si c'est la gargote condorienne de la dernière fois, ce n'est pas la peine," rétorqua Wynne.
"Promis, j'ai trouvé mieux cette fois !"
En moins d'une minute, les deux jeunes femmes étaient dehors, chacune à un bras de Reno, laissant Rufus et Séphiroth avec Umbra.
"Comment fait-t-il ? " murmura Rufus.
"Elena dit que Reno est leur atout charme, mais que c'est difficile à croire tant qu'on ne l'a pas vu en action."
Séphiroth attrapa le dossier que tenait Rufus et le mit, ouvert, sur un coin du bureau avant de poser le sac devant Rufus.
"Séph…"
"Tu dois manger correctement pour reprendre des forces. Tu ne devrais même pas être debout."
"J'ai du travail," soupira Rufus en se redressant sur son siège.
Il tenta de réprimer une petite grimace de douleur, mais Séphiroth avait un œil d'aigle pour repérer ce genre de chose.
"Tes antalgiques ? "
Rufus grommela mais ouvrit le tiroir pour sortir des médicaments qu'il posa devant lui. Son expression ronchonne changea immédiatement quand Séphiroth déballa le plat qu'il avait amené.
"Chocobo à la galbadienne ? "
"Avec mimet frits," ajouta Séphiroth en lui tendant son carton.
A la façon dont Rufus se jeta sur sa part, il était pardonné de l'avoir interrompu.
"Tu vois que tu avais faim," déclara Séphiroth en sortant un paquet qu'il ouvrit avant de verser son contenu dans la gamelle d'Umbra qui se jeta immédiatement dessus.
"C'est de la gourmandise," rétorqua Rufus.
Séphiroth prit son propre repas et ouvrit la boite tout en gardant un œil sur Rufus. Quoi qu'il se soit passé avec Scarlet - et Rufus refusait d'en dire plus, ce qui signifiait donc qu'il avait abusé de ses pouvoirs - il avait fallu deux jours pour qu'il arrive à se lever à nouveau. Il y avait encore des moments où il devait s'asseoir, et où il perdait même le contrôle de ses mains. Son guérisseur, par l'intermédiaire de Tseng, lui avait formellement interdit d'utiliser ses pouvoirs pour encore plusieurs jours, si pas semaines.
Pour ce qui était du repos obligatoire, Umbra s'en chargeait en pesant régulièrement de tout son poids sur lui. Séphiroth se contentait de le nourrir et de venir le chercher à la fin de la journée de travail.
"Ça avance la préparation du sommet diplomatique ? " demanda Séphiroth.
"C'est un casse-tête pour trouver un nouveau lieu sécurisé et suffisamment de monde pour protéger les dirigeants. Il va falloir que je demande à Tuesti de nous prêter Avalanche."
"Je suis surpris qu'ils n'aient pas annulé."
"Moi aussi," admit Rufus, "mais ça risque de changer sous peu…"
"Comment ça ? "
Rufus soupira avant de prendre une bouchée.
"Rufus ? "
"Scarlet m'as fait une saloperie digne du vieux."
Séphiroth baissa sa fourchette, intrigué. Vu comment Rufus le présentait, ça ne voulait probablement pas dire qu'elle avait des enfants cachés. Il vit Rufus poser son plat et chercher quelque chose sous ses dossiers avant de le lui tendre.
Le numéro du jour de la Voix de Ramuh.
"Pas la peine de l'ouvrir," soupira Rufus.
Séphiroth lut les gros titres de la première page.
Rufus Shinra illégitime ?
Le Président aurait usurpé sa place.
Sa sœur cachée, la directrice Scarlet Crehny, témoigne.
"Je croyais qu'elle était en isolation ? " nota Séphiroth.
"Elle l'est. Tseng est en train d'enquêter avec ses nouvelles recrues, mais apparemment, la plupart des rédactions des journaux de Midgar ont reçu par mail un témoignage écrit de Scarlet, avec toutes les preuves de son ascendance, courriers entre le vieux et sa mère, acte de naissance, tout ça…"
"Comment a-t-elle fait ? "
"Elle est à demi-Al Bhed, soit elle avait programmé l'envoi au cas où son coup d'état échouerait, soit elle a réussi à accéder au mognet de sa cellule."
"Qu'est-ce que ça risque de faire ? "
"Dans l'absolu, pas grand-chose. Elle est emprisonnée, accusée de triple tentative de meurtre et a trop peu de fidèles pour que ça puisse peser contre moi… Mais… à quelques jours du sommet, ça risque de remettre en cause ma crédibilité."
"Ce n'est pas le bon moment."
"Et ça pourrait donner des idées à d'autres enfants Shinra."
"Il en a fait COMBIEN ? " grommela Séphiroth.
"Le dernier compte est de vingt-deux. En comptant Scarlet et moi. Et au moins un cousin qui m'a rendu une petite visite hier soir."
"Un cousin ? " s'étonna le SOLDAT.
"Devine. Cheveux blonds, yeux bleus…"
"Un Shinra, quoi."
Rufus le foudroya du regard.
"Très drôle. Et si je me souviens bien, tu as, par le passé, menacé de le jeter de la Tour s'il essayait de refiler des filles mineures aux SOLDATs."
Séphiroth baissa le journal.
"Cornéo ? "
Si sa situation n'avait pas été aussi stressante, Rufus aurait probablement ri de l'expression stupéfaite de son ami d'enfance.
"Cornéo ? !" répéta Séphiroth.
"Apparemment Don Cornéo Senior était le frère ou demi-frère du Président et ils se sont partagés Midgar, Cornéo dans le Taudis, Le Président sur la Plaque."
"Mana, ça explique pourquoi il n'a jamais rien fait contre le crime organisé dans les Taudis…" marmonna Séphiroth en repliant le journal pour le poser de côté, "moi qui pensais que c'était parce que les Cornéo lui fournissaient de la chair fraîche."
"Oh, ça aussi. En plus de faux témoignages concernant ma naissance."
"Quoi ? "
Rufus hocha la tête et piocha distraitement dans sa part.
"Pour justifier mon existence, le Vieux a utilisé les papiers d'une des Abeilles décédées de Cornéo. Soi-disant qu'il a été un client fidèle."
"Charmant."
"Et Junior veux me faire chanter au sujet de ma 'mère'."
"Pourquoi ? "
"Parce que après le coup de maître qu'Avalanche et toi avez fait à le détrôner du secteur 6, il veut que j'envoie des SOLDATs brutaliser les Abeilles afin qu'il reprenne son gagne-pain principal."
Rufus planta rageusement sa fourchette dans un légume frit qui n'avait rien fait pour mériter ça à part être délicieux.
"Franchement, vous l'auriez tué pendant la bataille, ça m'aurait débarrassé d'une sacrée épine dans le pied."
"Avalanche ne m'aurait jamais laissé faire," objecta son ami.
"Je ne sais pas quoi faire, "admit le blond.
"Cornéo menace les Abeilles, c'est ça ? " demanda Séphiroth en fouillant ses poches.
"Il les tient responsables de la mutinerie qui secoue le secteur 6 depuis la bataille."
"Je connais quelqu'un qui serait très intéressé d'apprendre ça."
Séphiroth sortit son téléphone et une carte de visite pliée en deux de la poche de son jean.
"Qui ça ? " s'étonna Rufus en luttant contre l'envie de lire les pensées de Séphiroth.
"Une Abeille. Enfin, un Bourdon plutôt."
"Qu'est-ce que tu fais avec le numéro d'un… Bourdon ? " renchérit Rufus en sentant le coin de ses lèvres se remonter.
"Il…" commença Séphiroth d 'un ton légèrement embarrassé, "il m'a proposé de faire plus ample connaissance."
Rufus poussa un grognement désabusé en se rabattant en arrière sur son fauteuil. Et voilà, ça recommençait, Séph allait de nouveau avoir son cortège d'admirateurs des deux sexes. Il était presque étonné qu'après son escapade publique sous la Plaque, il ne soit pas le sujet de toutes les convoitises des .s les aimant grands, bruns, baraqués et augmentés. Yévon savait que les tabloïds étaient déjà en feu avec l'apparition d'un éventuel nouveau Plomb.
"Oh, misère, Séph…"
"Je n'ai pas accepté !" protesta le SOLDAT.
"Qui est-ce ? Andréa ? "
"Tu connais des Bourdons ? " rétorqua Séphiroth.
Rufus eu un petit sourire acerbe.
"Du temps où je n'étais que l'héritier présomptif du Vieux, Cornéo essayait de me faire consommer en m'envoyant les plus jolies filles ou garçons du HoneyBee."
"Et ça a marché ? "
"Séph, avant de déterminer si je préfère les hommes, les femmes ou les deux, il faudrait déjà que je sache si je suis plus intéressé par les bipèdes ou par les quadrupèdes."
Cette fois, le regard de Séphiroth fut franchement horrifié et Rufus se fendit d'un grand sourire, imité par Umbra qui aboya un ricanement.
"Je plaisante. Je suis asexuel."
Rufus s'amusa du soulagement évident de Séphiroth et replongea vers son repas, réalisant qu'il avait déjà presque fini. Il avait eu plus faim qu'il le pensait. Il espérait même que Séph ait pensé au dessert.
"Donc, qui est-ce ? "
"Hm ? Oh, Kuja. Hu, Kujata Tribal AisTerra," lut Séphiroth sur la carte, "tu le connais ? "
Rufus dévisagea Séphiroth, les yeux ronds et le reste de son repas oublié.
"Tu as tapé dans l'œil de Kuja ? "
"C'est un problème ? "
"S'il apprend que tu fais partie de la Shinra, ça risque de l'être pour toi…"
"Qu'est-ce qui s'est passé ? " demanda Séphiroth, curieux.
Rufus soupira tout en fouillant le sac posé entre eux, cherchant la suite de son repas.
"Tseng a tenté de le recruter pour les Turks il y a quelques années."
"Et ? "
"Il a… poliment refusé."
"Euphémisme ? "
"Il a tué un Turk qui avait brutalisé sa famille et a manqué d'incinérer Reno vivant," admit Rufus.
Après avoir vu Kuja en action, Séphiroth n'était même pas surpris. Le mage semblait avoir un tempérament aussi explosif que ses pouvoirs, ce qui était en général une caractéristique reconnue des mages du feu.
"Il pense que je fais partie d'Avalanche, ça devrait aller," finit par déclarer Séphiroth.
Rufus soupira et se massa les tempes d'un air las.
"Séph, tu suggères que je soutienne la mutinerie des Abeilles ? "
Le SOLDAT secoua la tête tout en composant le numéro sur la carte.
"Tu ne soutiens rien du tout. Je me contente de tenir Kuja au courant des manipulations de Cornéo."
"Fils de Turk."
"Je préfère ça plutôt que fils de Shinra."
"C'est tout ? " s'enquit Paine dans le garage, quelques jours plus tard, quand Vincent lui tendit une mince enveloppe.
"C'est juste une correspondance familiale," répondit Vincent.
"Urgent ? " demanda la jeune femme en tapotant l'enveloppe sur son menton.
"Pas vraiment. Mais c'est important."
"Je pars à Centra dans deux jours," déclara Paine. "Ils l'auront en mains propres dans une semaine."
Donc, avant les jours Carbuncle. Vincent espérait vraiment que son père n'allait pas en profiter pour débarquer et rencontrer Zéphyr et Riku. Il lui avait expressément demandé d'attendre un signe de sa part pour ça, mais Diablos était l'Ancien de Daguerreo, Père de la Mémoire, Roi des Démons, modèle moral des Gongans et prototype des Dioui Fénon.
Il faisait ce qu'il voulait, quand il le voulait.
"Prends ton temps," ajouta Vincent, s'attirant un petit regard amusé de la journaliste avant qu'elle les baisse à nouveau.
Elle ne le regardait pas dans les yeux. Jamais. C'était quelque chose qui ne lui avait pas manqué de Daguerreo, où seuls son père et ses frères l'avaient regardé en face.
"On commence à parler de vous dans la famille," lui signala Paine en rangeant la lettre dans son sac.
"En mal j'espère," rétorqua Vincent.
À nouveau, le rapide petit sourire en coin qui ne pouvait venir que de son père apparut sur le visage de la jeune femme. Même Riku l'avait, alors qu'il n'avait connu ni son père, ni son grand-père et encore moins le reste de la famille. À ce point-là, ça ne pouvait être que génétique.
"Un fils du Roi de Daguerreo qui dévergonde un dragoon de Burmécia, remue la merde à Nibelheim et est toujours dans le coin quand ça pête à Midgar, ça compte comme en bien ou en mal ? "
Merveilleux, lui qui espérait rester discret. Les Anciens avaient beau garder l'anonymat dans la société humaine, ça n'empêchait pas leur réseau de communication d'être un repère de pipelettes.
Et les démons de Daguerreo n'étaient pas les derniers pour ça. Vincent était presque surpris que Paine soit la seule journaliste aux yeux rouges qu'il n'ait jamais croisée. Être payé pour colporter des ragots, c'était pratiquement un travail sur mesure pour les descendants de Diablos.
Et en parlant de descendant de Diablos, il vit Riku tenir la porte du couloir entrouverte, jetant un petit regard hésitant à son grand-père et la jeune femme qui se tenaient au milieu du garage.
"Riku," l'interpella-t-il en lui faisant signe d'approcher.
Il obéit, non sans remonter sa capuche sur ses cheveux, tentant de les cacher du mieux qu'il pouvait.
Vincent observa rapidement Paine avant de revenir vers Riku.
Hm. Il n'avait pas réalisé, mais les cheveux gris venaient probablement de son côté de la famille. Ceux de Galian étaient presque blanc, et s'il se souvenait des portraits que son père avait fait de Dame Lamia, elle avait aussi eu des cheveux gris argentés, comme ceux de Paine. Riku s'arrêta près de lui, glissant ses mains dans ses poches.
"Je te présente ta cousine."
Riku releva vivement le nez, stupéfait et Paine haussa un sourcil, interrogeant Vincent du regard.
"Mon petit-fils."
"Ah. C'est pour ça la lettre ? "
"Entre autres," admit Vincent.
Et maintenant qu'elle savait qu'il faisait partie de la famille, elle ne pourrait pas écrire un mot à son sujet dans les journaux. Vincent avait grandi à Daguerreo, il connaissait les tactiques pour museler les pipelettes.
"Enchantée Riku, je suis Paine," se présenta la jeune femme en lui tendant la main.
Riku la lui serra machinalement, abasourdi.
"Il n'a pas les yeux de la famille," nota Paine en se penchant sur lui, faisant reculer l'adolescent d'autant.
"Il a ceux de sa grand-mère. Un autre clan."
"Au moins, il a la belle gueule," rétorqua la jeune femme en se redressant, "je vais y aller Seigneur, comptez sur moi pour la lettre."
"Merci Paine."
Elle les salua puis sortit par la porte du garage, laissant Riku et Vincent seuls.
"C'est vraiment ma cousine ? " demanda Riku une fois qu'elle eut disparu.
"Son grand-père et moi étions demi-frères, mais je ne l'ai pas connu."
"Elle vous as appelé… hum… 'seigneur,' "nota Riku.
"C'est une des choses dont nous allons parler. Tu es prêt ? "
Riku hocha la tête. À sa dernière visite, Aérith était arrivée avec une valise de vêtements pour Riku, merci à Ifalna, et Riku était enfin vêtus d'habits à sa taille, même s'il portait le plus souvent possible le sweat à capuche qui avait appartenu aux jumeaux.
Mais surtout, il avait enfin des chaussures et un manteau. Ce qui, pour sortir en pleine hiver Midgarien, allait être indispensable.
Reeve avait d'abord catégoriquement refusé que Riku sorte de Seventh Heaven, mais Vincent, aidé par Shera, avait fini par le convaincre que Riku ne pouvait pas rester enfermé 24h sur 24 et Reeve avait fini par céder.
Il y avait eu des conditions, bien sûr.
Riku pouvait aller dans la cour comme il le souhaitait, mais ne devait pas sortir dans la rue sans un adulte avec lui, et de préférence, en cachant ses cheveux et si possible, ses yeux.
Ce n'était pas le moment qu'un squame d'Hojo supposé mort depuis des mois refasse soudain surface. Depuis la bataille de Midgar, les habitants étaient un brin chatouilleux de la gâchette et carrément paranoïaque.
"Nous allons prendre ma moto," décida Vincent, s'amusant de voir aussitôt le regard de Riku pétiller.
Il faudrait qu'il pense à lui acheter un casque. Celui de Yuffie était soigneusement emballé en attendant les jours Carbuncle, malgré les efforts de l'adolescente pour essayer de trouver l'endroit où Vincent cachait son cadeau.
Cloud accepta de lui prêter le sien et prit même en main l'équipement de Riku, lui montrant comment le fixer, avant d'essayer de lui enfiler ses gants.
"Il a besoin de quelques centimètres en plus," nota Cloud en voyant Riku nager dedans.
"S'ils te gênent pour t'accrocher à moi, retire-les au premier arrêt," conseilla Vincent avant de pousser sa Daytona vers la porte.
"D'accord."
"Vous revenez à quelle heure ? " demanda Cloud tandis que Riku s'installait à l'arrière de la moto, baissant la visière.
"Je ne sais pas. Mais Cid a proposé de montrer le Haut Vent à Riku."
"Ça fera pas un peu tard pour rentrer ? "
Vincent haussa les épaules, se dirigeant vers la porte pour l'ouvrir.
"Au pire, nous passerons la nuit à l'aérodrome."
Le sourire de Cloud se fit purement malicieux et Vincent lui jeta un regard suspicieux.
"Ne t'inquiète pas, je suis sûr que Cid saura te trouver un petit coin où dormir," déclara Cloud d'un ton taquin.
"Je préférais presque quand tu étais catatonique," soupira Vincent
"Pas moi. Sortez couvert, hein."
Riku apprécia la balade en moto, malgré l'obligation de respecter les limites de vitesse et Vincent se promit de pousser un peu l'accélérateur quand ils iraient à l'aérodrome. Décidément, tous ceux qui avaient connu le plaisir de voler aimaient la moto. Riku allait probablement aimer le Haut Vent encore plus. Vincent stoppa à la guérite du parking souterrain pour présenter leurs papiers au trooper avant de pouvoir entrer.
Heureusement, Jessie, toujours terre à terre et moralement peu encombrée par la légalité, avait fourni à Vincent des faux papiers pour Riku. Il préférait les garder avec lui, non pas qu'il n'avait pas confiance en lui, mais vu l'antipathie que Riku éprouvait pour son père, ce n'était pas le moment qu'il réalise qu'il portait maintenant, pseudo-officiellement, le même nom que lui.
Hamasaki.
Ils arrivèrent dans l'ascenseur et Vincent fit signe à Riku de retirer le casque.
"Garde juste ta capuche, ça suffira."
"Faut vraiment que je vienne ? " marmonna Riku en s'exécutant.
Vincent hocha la tête avec un petit sourire. Si les gènes de Lucrécia avaient pourvu Séphiroth d'une tignasse moins ébouriffée, ça avait malheureusement sauté la génération de Riku et il fallait d'un rien pour que les cheveux de l'adolescent soient autant en bataille que ceux de Vincent.
"Je préfèrerais ne raconter ça qu'une seule fois."
Riku baissa les yeux sur le casque entre ses mains d'un air renfrogné et Vincent soupira légèrement avant de pencher la tête vers lui.
"Riku. Je te promets de faire aussi vite que possible. Nous ne resterons pas plus longtemps."
L'adolescent hocha la tête sans répondre.
"Et après, nous irons à l'aérodrome. Cid et Shera nous attendent là-bas."
Cette fois, la réplique arracha un sourire à Riku. Après Vincent, Cid était une des personnes favorites de Riku. Peut-être parce qu'il s'était occupé de lui au tout début, ou parce qu'il avait tenté de lui parler lors de sa possession au réacteur. Vincent ne savait pas, mais Riku semblait très attaché à Cid et par extension, tolérait de mieux en mieux Shera, malgré son statut de 'blouse blanche'.
L'ascenseur s'arrêta et la voix enregistrée annonça l'étage 50. Comme à son habitude, Riku se glissa aussitôt derrière le bras de Vincent, lui emboitant le pas, tel une deuxième ombre. Elena et Rude étaient devant le bureau du concierge, Rude montant la garde devant la porte avec son inexpressivité habituelle, tandis qu'Elena discutait avec l'employé, tous deux autour d'un café. Elle se tourna en entendant l'ascenseur s'ouvrir et salua Vincent d'un grand sourire.
"Bonjour Vincent !"
"Elena, Rude."
Le Turk lui adressa un petit signe de tête avant de reprendre sa position, inamovible.
"Bonjour Riku, enchantée de te rencontrer," continua Elena.
Riku jeta un petit regard interrogatif à Vincent qui se contenta d'un bref hochement de tête.
"Bonjour," finit par murmurer l'adolescent.
"Décidément, ne pas être bavard, c'est de famille."
"Dans ton cas, ça devrait l'être," rétorqua Vincent, " ils sont là ? "
"Ils vous attendent," intervint Rude en s'écartant de la porte. "Content de te voir debout," ajouta-t-il quand Riku passa près de lui.
"Euh… merci… Je le connais ? " souffla Riku une fois la porte passée.
"Il veillait sur toi quand tu étais dans le coma," répondit Vincent en l'incitant à passer devant lui.
Riku obtempéra avec une légère hésitation, mais à peine eut-il fait quelques pas que plusieurs portes s'ouvrirent dans le couloir, le figeant sur place.
Les SOLDATs première classe sortirent de chez eux, encerclant Riku et Vincent dans le couloir.
"Oh, Ifrit," marmonna l'un d'eux en regardant Riku.
"J'ai l'impression d'être revenu à Wutaï," renchérit l'un d'eux, un blond élancé.
"Ça ne nous rajeunit pas," ajouta un autre à la peau brune.
Riku recula d'un pas, se cognant à Vincent qui posa la main sur son épaule pour le rassurer.
"C'est dingue ce qu'il ressemble à son père," reprit le premier.
"Je vois que les rumeurs sont déjà lancées," soupira Vincent, laissant Riku s'aplatir contre lui.
"Ça ne quittera pas l'étage, Valentine," renchérit le blond, le Capitaine a été très clair là-dessus."
"Et qu'est-ce que j'ai dit d'autre, Beoulve ? " interrompit la voix de Basch.
Les premières classes sursautèrent et se mirent rapidement au garde à vous comme la porte de Basch s'ouvrait sur leur capitaine, visiblement agacé.
"De ne pas effrayer le gamin, Capitaine !" répondit Beoulve.
"Alors laissez le respirer," ordonna Basch.
"Von Ronsenburg," salua Vincent.
"Valentine, mes excuses pour l'attroupement," déclara Basch avant de baisser la tête vers Riku. "Oh."
"C'est à ce point ? " demanda Vincent, passant son bras autour des épaules de Riku.
L'adolescent se cramponna aussitôt à son poignet, plus inquiet de l'interaction avec les SOLDATs qu'il ne voulait le montrer.
"Vous n'avez pas idée."
"Hey, Valentine," salua Vossler en se penchant par-dessus l'épaule de Basch.
"Azelas. Tous les SOLDATs sont rassemblés dans ce couloir ? "
"Seulement les plus curieux," répondit le brun avant de se glisser près de Basch, se penchant à son tour sur Riku qui gardait une expression neutre, malgré sa main serrée sur le bras de Vincent.
"Vossler, on en taillerait trois comme lui avec un comme toi, recule," ordonna Basch.
"Titans, c'est vraiment le portrait de son père… jusque dans l'expression aimable et enjouée…"
"Y'a un truc que j'ai de ma mère," grommela Riku d'un ton agacé.
"Ah ouais ? Quoi ? " rétorqua Azelas.
L'adolescent leva le nez vers le SOLDAT et un sourire sarcastique fleurit sur ses lèvres, dévoilant ses petits crocs.
"Le sourire charmeur."
Un silence abasourdi retomba.
"Ok, c'est encore plus perturbant," marmonna le SOLDAT Beoulve.
"Je suis content que le Général ne nous ait pas fait ce coup-là à Wutaï," ajouta un autre.
"Ça aurait fait flipper les Wutans," nota un troisième, s'attirant un regard foudroyant de Riku, qui fit aussi vaciller les lumières néons au-dessus d'eux.
"Riku a été élevé par un guerrier wutan," intervint Vincent d'un ton froid, "je vous demanderais de respecter sa mémoire."
Le silence régna à nouveau, embarrassé cette fois, jusqu'à ce que Basch fasse signe à Vossler de retourner dans l'appartement d'une petite tape sur le bras.
"Rompez," ordonna-t-il à ses hommes, "et laissez-nous respirer."
"Oui, Capitaine !" obéirent aussitôt les SOLDATs.
Basch les observa rentrer chez eux d'un regard sévère avant de reprendre une expression plus amicale, inclinant la tête vers Riku, sans toutefois s'approcher.
"Au nom des SOLDATs, je te présente mes excuses pour ce commentaire désobligeant, ça ne se reproduira plus," déclara-t-il solennellement.
"Euh... ouais. D'accord," répondit Riku, embarrassé.
"Merci, Capitaine," renchérit Vincent.
"Cela étant, je suis content que tu aies le sourire de ta mère et pas celui de ton grand-père," ajouta Basch avec un petit regard taquin à Vincent.
Il les salua et prit congé dans son appartement à son tour.
"Merci," marmonna Riku.
"Je t'en prie. Ils ont tendance à oublier que je suis Wutan aussi."
Il entendit distinctement le juron d'un SOLDAT à travers une porte et eut un petit sourire avant de pousser doucement Riku devant lui, cherchant l'appartement de son fils.
"Vous êtes Wutan ? "
"Métis. Mon père est gongan, ma mère était wutan et j'ai grandi avec elle jusqu'à l'âge de dix ans."
La porte d'un appartement s'ouvrit sur Zéphyr qui le regarda d'un air curieux avant de soigneusement cacher son expression à Riku.
"Je vous parlerais d'elle, une autre fois," offrit Vincent.
Zéphyr hocha la tête et s'effaça pour les laisser entrer.
"Bienvenue. Entrez."
"Strict minimum, hein ? " fit une voix venant de l'intérieur de l'appartement.
"Tout le monde n'a pas eu droit à des cours de maintien," rétorqua Séphiroth par-dessus son épaule.
Vincent jeta un petit regard à Zéphyr qui fermait la porte. Pas de chaussures aux pieds. Deux paires soigneusement rangées contre le mur.
Il commença à retirer ses bottes, vite imité par Riku pendant que Séphiroth se dirigeait vers la cuisine.
L'appartement n'était pas immense, mais largement suffisant pour une seule personne. La première chose à laquelle Vincent prêta attention fut Masamune, toujours brisée, posée sur un emplacement prévu pour sur le mur.
La seconde fut le Président Shinra, assis sur le canapé, mais qui se leva à l'entrée de Vincent. Il portait toujours son costume blanc, mais avait retiré ses vestes et semblait… plus frêle ainsi. Le fait qu'une canne soit posée près du canapé renforçait encore cette impression.
"Reste assis," gronda Séphiroth de la cuisine.
"Oui, Général," rétorqua le Président à mi-voix avant de tendre la main à Vincent. "Valentine."
"Président."
Après avoir serré la main de Vincent, Rufus se tourna vers Riku qui le fixait sans un mot et lui tendit la main.
"Riku, je suis heureux de te voir en bonne santé."
L'adolescent hésita, mais imita à nouveau Vincent.
"Je vous co… oh…"
Rufus inclina poliment la tête quand Riku écarquilla les yeux, sans lâcher sa main.
"Oui ? "
Vincent vit une lumière verte s'élever de leurs mains jointes, et intervint, posa sa main gantée sur le poignet de Riku.
"Riku. Non."
Aérith avait été bien claire. Plus Riku utiliserait sa magie, plus ça lui prendrait du temps de se remettre.
Mais ce fut la Déesse qui tourna les yeux vers Vincent, le voile lumineux de ses yeux faisant sursauter le Président.
"Riku," répéta Vincent d'un ton plus ferme.
Le voile disparut.
Riku lâcha le Président.
"Qu'est-ce que c'était ? " demanda le jeune homme en regardant alternativement sa main et Riku.
"Que s'est-il passé ? " ajouta Séphiroth en approchant.
"J'ai cru…" commença le blond.
Il jeta un petit regard à Riku qui semblait se réveiller et se demander où il était.
"J'ai cru que Madame Falmis était là," reprit-il d'un ton prudent.
"Comment ça ? " reprit Vincent, lâchant le poignet de Riku.
Le Président se tapota la tempe du doigt.
Ah.
Vincent se tourna vers Séphiroth qui les fixait du regard, ne perdant pas une miette de la conversation.
"As-tu une encoche à matéria installée dans cette pièce ? "
"Oui, pourquoi ? " répondit Séphiroth.
Riku sursauta, surpris de la proximité de son père et se glissa sous le bras de Vincent, s'éloignant tant que possible du SOLDAT, sans le quitter du regard.
"Ce que je dois dire ne doit pas être entendu par d'autres."
Séphiroth hocha la tête et alla vers un de ses tiroirs, fouillant rapidement dedans avant de sortir une bille verte.
"Séph, où tu as eu ça ? " soupira Rufus.
"Vossler."
"J'ai l'impression que la consigne comme quoi les armes et les matérias sont interdites dans la Tour n'est pas écoutée," soupira le Président.
Vincent se garda bien de lui dire qu'il avait un pistolet et deux couteaux sur lui.
Le SOLDAT alla vers la porte d'entrée et inséra la matéria dans un orifice sur le montant. Il revint après avoir lancé le sort, emmitouflant la pièce d'une couverture de silence.
"Voilà. Personne ne nous entendra."
"Qu'est-ce que c'était ? " répéta le Président.
Vincent soupira et échangea un petit regard avec Riku.
"Elle ? "
L'adolescent hocha la tête en continuant de reculer vers le mur.
"Je peux leur dire ? "
Son petit-fils hésita encore avant d'hocher la tête, s'asseyant sur l'accoudoir du canapé.
"Il semblerait… que Riku n'ait pas été celui qui a aidé Cloud à échapper à l'influence de Jénova."
"Vous voulez dire," reprit Séphiroth, "quand… il le soignait ? "
"Je pense que d'une façon ou l'autre… Riku possède des souvenirs de… D'une lointaine ancêtre... à toi. Et à ta mère."
"De l'atavisme mental ? " suggéra le Président tout en se tournant vers le canapé, s'asseyant avec précaution.
"Une ancêtre ? " répéta Séphiroth.
"Elle s'appelait…" commença Vincent avant de se raviser, "Elle était l'ancêtre et la Reine des Cetras."
"Ça existe les Cetras ? " s'étonna Riku, "c'est pas un délire d'Hojo ? "
"Comment connais-tu les délires d'Hojo ? " demanda Séphiroth.
Riku refusa de répondre, se laissant glisser au sol pour se cacher derrière l'accoudoir du canapé.
"Les Cetras… sont presque éteints. Il n'en reste qu'une en vie. Aérith, Riku et toi êtes métis."
"Et Jénova," ajouta Rufus.
Vincent grimaça.
"Non. C'est... justement une des choses dont je devais vous parler."
Quelque chose sonna dans la cuisine et Séphiroth se tourna à demi.
"Je reviens. Hm. Prenez place."
Vincent hocha la tête, se tournant vers le canapé. Le Président avait laissé de la place près de l'accoudoir et il s'en approcha, essayant d'apercevoir Riku et d'évaluer s'il allait bien.
Il ne vit que ses cheveux et les manches de son manteau. La Darkstar du Président s'était tout simplement assise devant lui, montant la garde entre l'adolescent et le reste de la pièce. Riku avait les bras autour de son cou et semblait plongé dans ses pensées.
"Est-ce que ça va ? " demanda Vincent en s'agenouillant devant eux.
Riku hocha la tête, sans vraiment sembler convaincu.
"C'est pas des souvenirs," murmura-t-il, "elle est là."
"Je vois. Écoute en attendant qu'on en sache plus, il vaut mieux que tu n'utilises pas de magie de soin, d'accord ? "
"C'est ce que dit l'Ombre."
Vincent eut le privilège d'assister au spectacle rare de la surprise du Président Shinra.
"L'Ombre ? " répéta le blond. "Umbra ? "
La Darkstar remua la queue à l'appel de son nom.
"Oh, j'avais mal compris," déclara Riku avant de caresser le museau de la créature, "désolé Umbra."
"Ne vous en faites pas," reprit le Président pendant qu'Umbra entamait une toilette très assidue du visage de Riku, "elle ne lui fera pas de mal."
"Je n'en ai pas le moindre doute," répondit Vincent avant de s'asseoir.
Séphiroth revint, un plateau dans les mains et distribua les tasses, jetant un petit regard à Riku et Umbra l'un sur l'autre.
"Et tu craignais qu'elle lui fasse peur," déclara le président à son ami d'enfance.
"Je ne sais jamais quoi attendre avec lui," soupira Séphiroth en servant le thé.
"Il n'a pas réagi plus que ça à Nanaki non plus," ajouta Vincent.
Séphiroth resta silencieux, observant Riku à la dérobée. Ça… c'était différent. Quand Séphiroth, à six ans, avait été amené au Tambour, il avait craint les monstres enfermés là, ou flottant dans leurs tubes à mako. Voir Sin l'avait terrorisé la première fois, alors qu'à l'époque, il n'avait pas été plus qu'un embryon, un de deux mètres de haut, certes mais…
Mais le voir ainsi, recroquevillé, ses bras se muant peu à peu en griffes, ses jambes en nageoires, sa queue…
Arrête.
Séphiroth sursauta, sentant la main de Rufus sur son bras. Il tourna la tête vers Rufus, puis vers son père qui attendait patiemment une réponse.
"Êtes-vous prêt ? " répéta Vincent.
"J'avoue être curieux de ce que vous voulez nous révéler, Valentine," reprit le Président en croisant élégamment les jambes.
Son expression était suffisamment gardée pour donner le change, mais Vincent avait vu combien il semblait instable quand il se tenait debout. Il n'était visiblement pas remis de quoique ce soit que Scarlet lui avait fait. C'était probablement ce qui avait fait réagir la Déesse.
"Habituellement, je ne devrais pas avoir à vous le dire. Vous ne faites pas partie de ceux qui seraient autorisés à le savoir," répondit Vincent. "Mais vous êtes ce que Séphiroth a de plus proche d'un frère."
"Et une sœur," renchérit Séphiroth en désignant Umbra qui avait la tête posée sur les genoux de Riku.
Vincent admit le point avec un petit signe de tête à la créature qui cligna calmement des yeux en réponse.
"Mais avec vos compétences et votre passif… je pense que vous saurez garder le secret."
"Quel secret ? "
Finalement, heureusement que Vincent avait pu s'entraîner avec Reeve, la tâche lui semblait moins insurmontable.
"Que savez-vous des Anciens ? "
"Alors ce n'est pas la première fois," murmura Rufus, quelques heures plus tard.
"Malheureusement non. Hojo n'est pas le dernier en date, Esthar est aussi coupable, même si je pense que le nouveau dirigeant ne connaissait pas les détails des G-Forces."
"C'est pour ça que je les aime pas ? " demanda Riku, à moitié affalé sur Umbra.
Il luttait contre le sommeil depuis un petit moment maintenant. Ses crises de narcolepsie se faisaient plus rares et plus courtes, mais ça lui arrivait encore parfois de piquer du nez quelques dizaines de minutes avant de se réveiller en sursaut.
"Probablement. Elles sont l'équivalent Ancien des Bienheureux, vu que tu es guérisseur, ça ne doit pas..."
Il entendit quelque chose casser et bondit sur ses pieds, se tournant vers Séphiroth qui refaisait du thé dans la kitchenette de l'appartement. Il sentait l'odeur du sang.
"Zéphyr ? " s'inquiéta-t-il en approchant.
"Ça va," rétorqua immédiatement son fils, posant le reste de la théière dans l'évier.
Vincent fut près de lui en deux pas, essayant de lui prendre la main, mais le SOLDAT se dégagea, ouvrant le robinet pour glisser sa main sous l'eau.
"Ça va, pas d'éclat dans la blessure," marmonna-t-il en rinçant le sang qui coulait, rapprochant les bords de la plaie de l'autre main.
Ça se refermait déjà. Même les jumeaux ne guérissaient pas aussi vite, c'était ahurissant.
"Pourquoi n'interviennent-t-ils pas ? " reprit le Président en se levant à son tour, réprimant une grimace de douleur.
"Jusqu'à récemment, le seul Ancien qui se tenait au courant des affaires des humes a… s'était isolé. Les autres ont tendance à ignorer ce qui se passe tant qu'ils ne sont pas directement concernés."
"C'est facile, ça," rétorqua Séphiroth en s'essuyant les mains.
Le Président se pencha de l'autre côté pour inspecter la blessure et Séphiroth tenta de se dégager à nouveau, agacé.
"C'est guéri," ronchonna-t-il, "et prend ta canne pour marcher."
"Toi et Tseng êtes fait pour vous entendre," rétorqua Rufus.
"Les choses vont probablement changer," reprit Vincent en suivant Séphiroth qui ramenait le président vers le canapé. "Maintenant que la Calamité est de retour, les Anciens vont vouloir intervenir."
"Que vont-ils faire ? "
"Pour l'instant, je l'ignore. Père parlait de contacter les autres chefs de clan, mais ce genre de réunion prend du temps à être organisée…"
Il jeta un regard à Riku et s'aperçut que l'adolescent avait succombé au sommeil. Il s'était affalé entièrement sur Umbra qui le laissait l'utiliser comme oreiller avec la même bienfaisance que Nanaki. Avec un petit sourire, Vincent retira sa veste et approcha d'eux, la posant sur les épaules de Riku.
"Pour le moment, la seule chose que nous pouvons faire est trouver le temple de la matéria noire, et détruire toutes les cellules de Jénova que nous pourrons."
"Et protéger Riku," ajouta Séphiroth, "Hojo voudra le retrouver et le tuer."
Vincent hocha la tête en se relevant.
"Peut-être devrait-il être caché quelque part," suggéra Rufus.
"A la Tour ? " rétorqua Vincent en haussant un sourcil.
"Hojo a prouvé à plusieurs reprises qu'il se moquait de toutes nos mesures de sécurité," admit le directeur, "mais est-ce qu'il est plus à l'abri à Seventh Heaven ? "
"Riku restera avec nous. Il commence à nous faire confiance et à être à l'aise," décida Vincent.
"Les Remnants savaient où se trouvait votre QG," objecta le Président.
"Et le seul qui soit arrivé jusque-là l'a amèrement regretté."
"Séphiroth, tu es son père," commença Rufus.
"Il ne veut même pas que je lui parle, comment pourrais-je décider pour lui ? " rétorqua le SOLDAT.
Vincent eut un petit soupir et leva la main, la posant sur le dos de son fils qui frissonna.
"Il nous a fallu un moment pour arriver à nous parler. Ça viendra. Ne t'en fais pas."
"J'espère juste qu'il ne faudra pas une attaque de Remnant pour ça," rétorqua Séphiroth.
"Ne parlez pas de malheur, tous les deux," marmonna le Président.
Riku se réveilla rapidement après une dizaine de minutes de sieste. Et une fois Valentine et l'enfant reparti, Séphiroth referma la porte derrière eux, attendant quelques secondes avant de réactiver la matéria.
Il tourna la tête vers Rufus et laissa échapper un soupir en le voyant accoudé sur ses genoux, la tête entre les mains.
"Tu n'aurais pas dû utiliser tes pouvoirs," marmonna Séphiroth en allant chercher des antalgiques dans sa salle de bain.
"Avec ce qu'il nous a raconté, j'ai préféré vérifier," répondit la voix de Rufus.
"Tu y crois ? " demanda Séphiroth.
"Il a dit la vérité. Ce n'est même pas une histoire de foi, il a vécu ce dont il a parlé."
Le Général rejoignit Rufus, posant la boîte de médicament devant lui. Umbra avait posé sa tête sur son genou, son tentacule noué autour du bras de Rufus. Il tendit la main et lui caressa le crâne, s'attirant un petit grondement satisfait en réponse.
"Donc c'est vrai ? "
"Il ne peut pas avoir fabriqué certains de ses souvenirs," répondit Rufus en décollant ses mains de ses tempes. "Tu as eu de la chance d'échapper à un de tes oncles."
"Le fameux… frère à qui je ressemble, c'est ça ? "
Rufus hocha la tête et ramassa la boîte de médicament, la tournant pensivement entre ses mains avant de l'ouvrir.
"Les Anciens sont réels," murmura Séphiroth en tendant un verre d'eau à Rufus avant de s'asseoir à ses côtés.
Rufus hocha gravement la tête.
"Et Jénova est une créature extra-terrestre parasite qui cherche à détruire le monde à l'aide d'un météore."
À nouveau, le jeune président hocha la tête, calculant mentalement à combien d'anti-douleur il avait le droit.
"Comment ça se fait qu'on le prenne de façon aussi… calme ? " s'étonna à moitié Séphiroth.
"Tu utilises la magie sans matérias ni G-Force, Umbra et moi lisons et manipulons les pensées, on a vu de quoi était capable le Professeur… Qu'est-ce qui pourrait nous surprendre ? "
"L'arrivée de Riku a plutôt bien marché," nota Séphiroth.
Le Président admit le point. Si Hojo lui avait fait le coup, il en aurait probablement fait une crise d'apoplexie.
"Il me hait," soupira Séphiroth avant de tourner la tête vers Rufus, l'observant d'un regard pensif.
Rufus le lui rendit, impassible.
"Non. Je n'irais pas regarder dans sa tête."
"Rufus…"
Le blond reposa son verre en fronçant les sourcils.
"Séph. Tu réalises ce que tu me demandes ? "
Le SOLDAT tenta de soutenir le regard de Rufus, mais finit par détourner les yeux en premier.
"Je ne lui ferai pas ce que tu refuses que je te fasse."
"Je voudrais juste… savoir," commença Séphiroth avant de soupirer et s'appuyer contre le dossier de son canapé, "pourquoi est-ce aussi difficile d'être un humain décent ? "
"Manque d'entraînement," rétorqua Rufus, "et de ce que nous a dit ton père, tu es à peu près aussi humain que moi."
Vincent stoppa sa moto devant le hangar et laissa Riku en descendre.
"Alors ? "
"C'était trop COOL !" s'exclama Riku en relevant la visière, "on recommencera au retour ? "
"On fera un tour de Midgar avant de rentrer, si tu veux," ajouta Vincent.
Riku hocha la tête mais son enthousiasme fut soudain douché quand Edgar arriva en boitant à leur rencontre, et il se cacha à nouveau derrière son grand-père.
"Hé, Valentine."
"Edgar," ajouta Vincent en poussant la moto à sa place dans le hangar.
"Le Capitaine vous attend pour le vol de test, on part dans vingt minutes, le Haut Vent est dehors."
"On va voler ? " laissa échapper Riku d'un ton émerveillé.
Vincent hocha la tête et se redressa, retirant son casque, vite imité par Riku.
"Riku, je te présente Edgar, le chef-mécanicien du Haut Vent."
Et visiblement, Riku avait une nouvelle idole, en plus de Cid, vu comment ses yeux étincelèrent.
"Edgar, voici mon neveu, Riku."
"Enchanté, Riku !"
"Merci, M'sieur," répondit l'adolescent en serrant la main de Edgar.
"Tu peux embarquer si tu veux," déclara le blond.
Riku commença immédiatement à se diriger vers la porte mais stoppa net et se tourna vers Vincent, une expression hésitante sur son visage.
"Tu peux y aller," déclara Vincent, "met ta capuche dehors et ne reste pas au niveau des machines, suit le fléchage jusqu'au poste de pilotage, Cid devrait y être."
"Merci !" s'exclama Riku avant de déguerpir.
Edgar et Vincent le regardèrent s'éloigner jusqu'au Haut Vent avant que le mécanicien se tourne vers Vincent.
"Neveu, hein ? "
"Officiellement."
"Classifié ? "
Vincent hocha la tête.
"Personne ne doit savoir qu'il est à Seventh Heaven."
"Je ferais passer le mot," indiqua Edgar.
"Merci."
Le sourire du blond se fit plus malicieux et Vincent soupira. Ça commençait.
"en parlant d'info classifiée, le Capitaine et vous, c'est officiel, donc ? "
"Ah. Cid vous l'a dit."
"C'est un problème ? " demanda innocemment Edgar.
Vincent secoua la tête et posa les deux casques sur le siège de sa moto avant de retirer son gant droit.
"Non. Vous êtes son Vol, c'est normal que vous soyez parmi les premiers au courant," déclara Vincent avant de voir Fran approcher de son pas chaloupé, suivie par Balthier, les mains dans les poches et Gippal qui avait l'air embarrassé.
"On va pas lui faire ça," entendit-il l'Al Bhed murmurer.
"Bien sûr que si, on va le faire," rétorqua Balthier.
"Si le Capitaine l'apprend, on est tous morts."
"Me faire quoi ? " reprit Vincent.
"Santa[2], c'est vrai, il est augmenté," marmonna Gippal.
"Je dois m'inquiéter ? " demanda Vincent alors que les mécaniciens l'encerclaient.
"Nope !" répondit Balthier.
Fran s'arrêta devant Vincent et croisa les bras, fixant le sniper de son regard calme.
"Nous aimons tous beaucoup le Capitaine," commença-t-elle.
"Shera aussi va nous tuer," nota Gippal en arrière-plan.
"Il est comme un frère pour nous," continua Balthier.
"J'en ai conscience," répondit Vincent.
"Vous le traiterez bien. Vous le rendrez heureux," ajouta Edgar.
"Je... ferais de mon mieux."
"Et vous baiserez. Régulièrement," acheva Fran.
Vincent ne comprenait pas exactement pourquoi il était surpris du langage un peu cru de Fran. Elle avait déjà prouvé à de nombreuses reprises que l'embarras et la pudeur étaient des notions humes dont elle n'avait que faire.
"C'est prévu," se contenta-t-il de répondre.
Fran sourit. Puis déposa un baiser sur son front avant de faire demi-tour.
"Bienvenue dans le Vol," renchérit Balthier avant de suivre sa compagne, passant un bras autour de sa taille.
"J'ai... l'impression d'avoir été en partie accueilli avec bienveillance et en partie menacé de mort," murmura Vincent.
"Si ça n'est qu'une impression, c'est que pour une fois, on a été subtils," rétorqua Edgar.
"Tu en fais une tête," nota Cid quand Vincent arriva dans le poste de pilotage.
Balthier, debout devant la barre, se figea imperceptiblement, bien que Fran reste impassible, achevant quelques réglages avant de s'éloigner avec élégance vers la porte de la salle des machines.
Riku n'écoutait pas, déjà scotché à la verrière du poste de pilotage, attendant le décollage avec trépidation.
"Ça s'est mal passé avec Zéph ? "
"Ça s'est passé," répondit Vincent, "ils ont eu l'air de bien le prendre. Ton équipage est au courant pour nous."
"Ah, ils t'ont déjà dit ? "
"Nous avons eu une petite discussion…"
/BALTHIER, FRAN !/ rugit la voix de Shera dans le haut-parleur, /EN SALLE DE COMMANDEMENT ET VITE ! EDGAR TOI AUSSI !/
"Gippal, espèce de TRAÎTRE !" s'exclama Balthier en bloquant la roue.
"Qu'est-ce qui se passe ? On décolle dans dix minutes," protesta Cid.
"J'ai été informé que je devais prendre bien soin de toi," répondit Vincent d'une voix basse.
Cid le dévisagea avec surprise. Et ne se retint de jurer à proximité de Riku qu'au prix d'un immense effort de volonté.
"BALTHIER !" lança-t-il dans le dos du jeune homme qui déguerpissait, "Je reviens, ils vont m'entendre !"
Riku aima voler dans le Haut Vent.
Il resta sagement devant la verrière tout le temps du vol, bien que faisant sans cesse des allers-retours devant pour ne pas rater une miette du spectacle et quand ils entamèrent les manœuvres d'entrée du hangar, Mustadio et Luca eurent le droit de lui donner une visite de la salle des machines[3].
"Ton neveu, hein ? " demanda Maître Cid, à peine les trois adolescents sortit du poste de pilotage.
"Je... pense qu'il faudra qu'on ait une petite discussion à ce sujet," admit Vincent.
"Tu sais où est mon bureau, laisse-moi juste finir la paperasse avec le Capitaine et je suis à toi."
"Shera d'abord."
Le navigateur fronça les sourcils derrière ses lunettes de pilotage.
"Elle est venue me parler tout à l'heure. Merci de l'avoir convaincue de venir me voir."
"Je t'en prie. Elle… va bien ? "
"Secret professionnel, Vincent, tu le sais," objecta le vieil homme.
"Je m'inquiète en tant qu'ami," soupira Vincent.
"Je sais et c'est tout à ton honneur. Mais c'est à elle de faire le travail maintenant. Toi, Cid et Gippal ne pouvez que la soutenir le temps qu'elle rebondisse."
"Je le ferai."
Le vieil homme eut un petit sourire.
"Toi aussi, ça va mieux on dirait."
"Ça fera partie des choses dont j'aimerais vous parler."
"Ça n'a aucun rapport avec le fait que le Directeur Tuesti m'ai envoyé une accréditation de sécurité d'un niveau plus élevé qu'un simple navigateur d'aéronef ne devrait avoir ? "
"Probablement pas," rétorqua Vincent, faisant s'esclaffer le vieil homme.
"Monsieur Valentine !" retentit la voix de Luca.
Vincent bondit sur ses pieds à l'urgence dans la voix de Luca et Cid, qui surveillait la manœuvre de Balthier, se tourna aussi.
"Qu'est-ce qui se passe ? !" s'exclama-t-il.
Luca ouvrit la porte, la tenant pour Fran qui entra, portant Riku inconscient dans ses bras. La viéra avaient les sourcils légèrement froncés et tenait Riku aussi délicatement que possible, ses oreilles tournées vers l'arrière.
"Il s'est effondré tout d'un coup !" expliqua Mustadio qui arrivait sur les talons de Fran.
"Que se passe-t-il ? " s'inquiéta Maître Cid.
"C'est Riku," répondit le Capitaine, "pas de panique, ça lui arrive souvent."
"Je pensais qu'il resterait éveillé plus longtemps," admit Vincent en prenant doucement Riku des bras de la viéra, "merci, Fran."
"Ok ? " murmura Fran en effleurant le front de l'adolescent.
"Il a fait une surcharge magique, il a juste besoin de dormir," répondit Vincent.
"On a bientôt finit la manœuvre. Tu pourras l'installer dans la salle de pause, il y a des couvertures sous le canapé," proposa Cid.
"Merci," répondit Vincent avant de ressortir, Riku dans les bras et Fran sur les endosses.
Cid les regarda s'éloigner pensivement avant de revenir vers Balthier qui achevait les manœuvres.
"Vous pensez à adopter, Capitaine ? " plaisanta Maître Cid.
"Je t'emmerde," rétorqua Cid.
"C'est pas un peu rapide ? " continua Balthier sur cette lancée, "ça fait quoi ? Trois jours que vous êtes avec Valentine ? "
Cid lui jeta un regard noir avant de lui adresser un sourire aussi grand que suspicieux, hérissant les poils du jeune pilote.
"Ça me fait penser, Balth, il serait peut-être temps que vous parliez bébé avec Fran, non ? "
Balthier en manqua de planter le Haut Vent de travers dans le hangar.
[1] Par contre, il déteste les agrumes. Même l'odeur. Les mimets, c'est une autre histoire, il les croquerait encore sur la plante.
[2] Merde en Al Bhed
[3] Cid : Balthier: Ta gueule.
Balthier : Je n'y ai même pas pensé !
