Chapitre 50 : Adoptions mutuelles

Résumé :
Pas à pas, Riku et Vincent trouvent leurs marques l'un par rapport à l'autre, à se connaître, à se faire confiance…
Mais le reste du monde continue à tourner autour d'eux, et le sommet diplomatique approche.

Personnages :
Team Avalanche, Riku et ce qui lui tient lieu de famille, Team Haut Vent, Team rat lab.

Tags spécifiques au chapitre :
Avalanche a un nouveau locataire, Ohana signifie famille, Riku se fait ohaner par tout le monde, il est le premier surpris, Yuffie est enfin une grande soeur, Vincent devient plus mature, au moins un petit peu, VALENWIND, ENFIN !


Riku se réveilla en sursaut, se hissant sur ses coudes.
Il n'était pas à Seventh Heaven, même si la pièce y ressemblait beaucoup. Deux canapés confortable, une télé, une longue table et une petite kitchenette, moins équipée que celle d'Elmyra par contre.
Est ce qu'il était dans le Haut Vent ? Il n'y avait pas de fenêtre et il ne se rappelait pas que Luca et Mustadio lui avaient fait visiter…
Ils n'avaient pas fini la visite. Il avait dû s'effondrer.
Il s'assit sur le canapé où il était étendu, s'enveloppant dans la couverture que quelqu'un avait posé sur lui.
Riku détestait se réveiller dans un endroit inconnu.
Ça lui rappelait trop les absences qu'il avait eu quand l'Araignée était en lui.
Ou quand l'Autre avait pris le contrôle de son corps pendant la bataille de Midgar, allant et venant dans sa tête, le laissant à un endroit inconnu à chaque fois.
Jénova et Minerva avait dit Valentine.
Il n'aimait ni l'une ni l'autre.
Et l'Autre était toujours là, il pouvait presque la sentir parfois, quand quelqu'un prononçait son nom, ou qu'il voulait utiliser sa magie de guérison.
Il avait voulu soigner le Président en sentant le bordel dans sa tête, mais au moment où il s'apprêtait à le faire, Elle avait commencé à se réveiller.
Est-ce qu'il ne pourrait plus jamais soigner de sa vie sans l'avoir en arrière plan ?
Il espérait que Valentine trouverait un moyen de la sortir de là… En tout cas, il avait l'air d'être le seul à comprendre ce qui se passait en ce moment.
Valentine.
Son grand-père.
Il devrait se méfier de ce genre d'affirmation, Setzer lui avait dit en le laissant à Midgar, qu'il ne devrait faire confiance à personne, et l'histoire de Valentine était… incroyable, mais…
Mais il ne pouvait s'empêcher de le croire.
Il portait le numéro 2.
Il avait subi les tortures d'Hojo.
C'était un Plomb.
Il lui disait la vérité. Toujours. Pas tout, parfois, mais quand Riku avait une question, un doute, il prenait le temps de lui expliquer, sans le traiter comme un gamin ignorant…
Il lui rappelait Harumi.
Un bruit de voix fit sursauter Riku et il se leva précipitamment, cherchant une cachette du regard par réflexe, mais quand la porte s'ouvrit, il les reconnut aussitôt.
"Chut maintenant, je regarde juste s'il est.." commença Shera avant de voir Riku debout devant le canapé, toujours enveloppé dans sa couverture.
Elle lui sourit et entra, suivie par le Capitaine Highwind.
"Ah bah, il est réveillé," déclara le blond avec un grand sourire.
Et le Capitaine… Le Capitaine lui faisait penser à Setzer.
En plus calme. En moins… enragé.
"Est-ce que ça va ? " demanda Shera en approchant..
Dès qu'elle avait compris qu'il n'aimait pas les blouses blanches, elle avait arrêté de porter la sienne autour de lui. Et là, elle avait un gros pull jaune chocobo dans lequel ses mains disparaissaient presque.
Elle avait l'air toute douce. Gentille.
"Tu as faim ? " demanda-t-elle.
"Non…"
"Froid ? "
"Un peu."
"Je vais faire du thé," proposa le Capitaine, posant un gros livre et des enveloppes sur la table. "t'en veux Shiera ? "
"S'il te plait. Riku… Est-ce qu'on peut te parler ? "
"Je l'ai pas fait exprès ! "
Le Capitaine et Shera le fixèrent d'un regard surpris, puis le Capitaine se tourna vers la bouilloire en ricanant.
"Me rappelle quelqu'un, ça."
"CID," rétorqua Shera, "ce n'est rien Riku, tu n'as rien fait de mal, viens t'asseoir."
Pendant qu'il obtempérait, les deux adultes échangèrent rapidement dans une langue qu'il ne connaissait pas. Ils passaient leur temps à se chamailler, mais c'était comme quand Setzer et Haru se criaient dessus.
Pour de faux.
Pour le plaisir de s'enguirlander.
Il voudrait tellement les entendre se disputer à nouveau.
Riku se retrouva vite devant une tasse de thé fumante, en face du Capitaine, Shera assise en bout de table, qui reprit la parole de sa voix douce..
"Vincent a dû te parler… de choses graves aujourd'hui, alors si c'est trop pour toi, et que tu préfères que nous reprenions plus tard, n'hésite pas à nous arrêter."
Riku hocha lentement la tête, se demandant bien où elle voulait en venir. Ce fut le Capitaine qui offrit un indice, en faisant glisser le gros livre devant Riku.
"Tiens."
Riku les dévisagea d'un air intrigué avant de repousser sa tasse et prendre le livre. Il n'y avait pas de titre. Juste un autocollant sur le dos, avec une écriture presque illisible.
'Souvenirs Shera, 2960-61'
"Ouvre le," l'incita Shera.
Riku obéit.
Et resta bouche bée.
Sur la première page, une photo était collée. Un jeune homme était assis au sol, ses longues jambes encadrant un moteur en cours de démontage. Il portait une combinaison de mécanicien à moitié enfilée, dévoilant un tee shirt tout aussi taché, ses longs cheveux argentés étaient attachés en queue de cheval pour ne pas être devant ses yeux et il tenait une cigarette entre ses lèvres, fixant l'objectif d'un regard amusé.
"Setzer ? " s'exclama Riku.
"C'était un peu avant l'accident qui lui a coûté sa belle gueule," déclara le Capitaine.
"Cid," reprit Shera d'un ton las.
Riku fronça les sourcils.
"Mais... comment… comment vous avez eu ça ? "
Les deux adultes échangèrent un regard et la jeune femme reprit, d'une voix posée.
"Il... ne t'as jamais parlé de nous ? "
Riku secoua très doucement la tête.
"Siddhe et Shiera non plus[1] ? " reprit le Capitaine.
Cette fois, Riku hésita brièvement. Des fois... Des fois ces noms avaient échappé à Setzer. Quand la mako le rendait malade, quand Riku essayait de le soigner après une bagarre avec les Remnants ou les squames.
"La dragonne ? " suggéra le pilote.
Riku sursauta, dévisageant le Capitaine avant de se tourner vers le Docteur.
"T'es la dragonne ? ! "
Elle ne cessa pas de sourire mais déclara quelque chose dans leur langue qui fit s'effondrer de rire le Capitaine[2].
"Il t'a parlé de nous alors," conclut Cid une fois qu'il eut pu reprendre son souffle.
Riku hocha frénétiquement la tête, les dévisageant d'un oeil nouveau.
"Le dragon et la dragonne ! Je me souviens ! "
"Mais pourquoi il nous appelait comme ça ? " protesta Shera.
Riku se mordilla les lèvres, baissant les yeux sur la photo avant de répondre.
"A Sin… Faut pas parler de sa famille. Les autres… ils disent que c'est plus prudent. Faut pas dire leur nom. Sinon Hojo le sait… et il pourrait faire du mal…"
"A leur famille ? "
Riku hocha la tête puis tourna la page de l'album photo, tombant sur une des quatre amis, dans un bar. Les cicatrices de Setzer sur son visage avaient l'air toutes fraîches, son œil était même fermé par un large pansement.
A ses côtés se tenait une belle femme aux cheveux blonds, à peine assagi par le foulard qu'elle portait, et qui tentait de prendre le verre que Setzer tenait au dessus de lui, juste hors de sa portée.
"Oh. Darril…" murmura Riku avec un petit sourire.
"Tu connais Darril ? " s'étonna Cid en jetant un coup d'œil à la photo.
"Oui… Setzer avait retrouvé une photo dans son portefeuille, il me l'avait montrée…"
Riku et Cid jetèrent un coup d'œil surpris à Shera quand celle-ci se leva précipitamment, sortant de la pièce en courant.
"Shiera ? "
"Je reviens ! " lança la voix de la jeune femme de l'escalier.
"J'ai dit quelque chose ? " s'inquiéta Riku.
"Nan, t'en fais pas, elle a dû penser à quelque chose et se dépêche avant d'oublier, elle est comme ça."
Riku hocha la tête, observant de nouveau la photo avec Darril.
"Il me parlait de vous deux. Vous êtes vraiment frère et soeur ? "
Cid hocha la tête avec un sourire amusé.
"Pas de sang, mais c'est tout comme. Et elle, c'était ma meilleure amie," ajouta Cid en montrant Darril.
"Et vous avez pas aimé quand Setzer est arrivé," ajouta Riku avec un petit sourire.
Cid sembla hésiter à répondre avant de soupirer et se gratter la nuque, embarrassé.
"Pour être honnête, j'aimais aucun des copains de Shiera et Darril… mais il s'est accroché, et j'ai fini par m'habituer à le voir traîner autour d'elle."
Il sortit une pochette et l'ouvrit, tendant quelques photos de Darril et Setzer à Riku.
"J'arrive pas à croire qu'il ait parlé d'elle et pas de nous deux," soupira le Capitaine.
"Elle est déjà morte," répondit Riku, "je pensais pas qu'Hojo arriverait à l'utiliser comme ça… Mais… Setzer voulait la revoir."
Il prit les photos, les observant une à une, découvrant les expressions de Darril.
"Elle lui manquait tellement… des fois il… Il arrivait pas à se souvenir qu'elle était morte."
"Comment ça ? "
"Il allait pas bien. Et la mako ça augmente tout. Les sens, les pouvoirs, les qualités, les défauts…"
La porte se rouvrit sur Shera qui brandissait un rectangle de plastique, faisant sursauter l'adolescent.
"Je l'ai ! " s'exclama-t-elle en le tendant à Riku.
L'adolescent le prit, intrigué et y jeta un coup d'œil, reconnaissant la photo que Setzer avait précieusement gardé à Sin, toutes ces années, maintenant scellée dans une pochette de plastique.
"OH ! "
"Je l'ai retrouvée dans ses poches," expliqua Shera en se rasseyant, "Je l'ai plastifiée pour la protéger."
Elle reprit sa tasse et observa Riku qui semblait muet d'émotion, tenant la photo à deux mains.
"Tu peux la garder," déclara Shera.
"Vraiment ? Mais... mais et vous ? "
"On a l'original quelque part," répondit Cid en fouillant ses poches.
Il sortit une pièce de monnaie qu'il fit sauter du pouce dans la direction de Riku.
Il ne fut pas surpris de voir Riku l'attraper au vol, puis la faire disparaître et réapparaître sous ses doigts avant de la faire rouler sur ses phalanges. Shera poussa un profond soupir.
"Dis-moi qu'il ne t'a pas appris à jouer au poker ? "
"Non. Mais je sais tricher au poker," répondit l'adolescent avec le sourire de Setzer, qui arrachait à moitié le cœur de Shera.
"Je t'apprendrais les règles."
"Cid," grommela Shera.
"On ne pariera pas, promis," ajouta son frère, "ou alors des bonbons."
"Non ! " protesta Shera, "pourquoi est-ce toujours moi qui doit être la voix de la raison ? "
Et ils recommencèrent à se chamailler, sous le regard hilare de Riku.
L'adolescent baissa les yeux sur la pièce entre ses doigts, la tournant pour vérifier l'autre côté.
Deux faces.
C'était bien la pièce truquée de Setzer. Il avait gagné tellement de paris contre Tarask et Marius avant qu'ils ne comprennent l'astuce et essayent de la lui faire manger.
"Comment il est mort ? " demanda soudain Riku.
Les deux adultes se turent, lui jetant un regard hésitant jusqu'à ce que le Capitaine soupire et décide d'expliquer..
"On… On l'avait convaincu d'arrêter le combat et de nous suivre, mais… il y a… eut."
Il n'arriva pas à finir sa phrase et se redressa, mimant une explosion des deux mains.
"Elle l'a tué," comprit Riku. "L'Arai… Jénova."
"C'est… Jénova qui fait ça ? " demanda le Docteur.
Riku hocha la tête et tourna une page de l'album photo. Setzer était assis à un bureau dessinant un plan, Darril debout derrière lui, désignant quelque chose sur le plan, son autre bras passé autour des épaules de Setzer.
Il ne se souvenait pas d'avoir jamais vu Setzer comme ça. Pas... souriant, non, il souriait à Sin. Pas souvent, mais ça lui arrivait, quand il apprenait un mauvais tour à Riku et lui faisait promettre de ne jamais le montrer à Haru, quand il ramassait Haru pour le jeter en travers de ses épaules et qu'il protestait à grand cris qu'il n'était pas une princesse. Quand lui, Tarask, et les autres arrivaient à tuer un Remnant ou un Squame…
Non. Ce n'était pas le sourire, le problème.
C'était la première fois qu'il voyait Setzer paisible. Juste heureux.
"Je… je pourrais… avoir des photos de lui ? " demanda Riku d'une petite voix.
Shera prit les enveloppes et les lui tendit.
"Tu pourras en avoir autant que tu veux, Riku."
"Fait ton choix, on te fera des copies."
Riku prit une des enveloppes d'un geste hésitant, ouvrant et fermant la bouche à plusieurs reprises avant d'hocher la tête. Il baissa les yeux sur l'album photo, montrant une photo de Setzer et Cid en train de se disputer.
"Qu'est ce qui se passait ? " demanda-t-il d'un ton cassé par l'émotion.
"Quoi d'autre ? Ils se disputaient sur un point technique, recherches scientifiques à l'appui, soupira Shera.
"Je te ferais savoir que j'avais raison ! " protesta Cid.
Riku laissa échapper un petit rire, s'essuyant discrètement le nez sur sa manche et ouvrit grand les oreilles pour entendre les deux versions de la scène, selon Cid et Shera.


Le repas du soir fut, comme la grande majorité des repas à terre avec l'équipage, un barbecue autour du feu de camp. Riku fut initié à l'art de la saucisse de double-corne rôtie au bout d'un bâton, malgré l'insistance de Shera pour qu'il mange équilibré. Maître Cid les régala d'une nouvelle histoire, que Riku écouta attentivement, fasciné, disparaissant à moitié sous le manteau d'Edgar et la couverture qu'avait fourni Gippal quand l'adolescent avait commencé à frissonner. Balthier et Fran, de corvée de cuisine, se chargeaient de fournir Riku en petits pains pour ses saucisses et en fruits épluchés.
Visiblement, Riku était adopté. Vincent commençait à se demander si c'était un pouvoir cetra d'être aimé de tout le monde.
C'était facile d'oublier leurs problèmes pour une soirée.
D'oublier la menace d'Hojo et Sin, d'oublier la recherche du temple de la matéria noire, d'oublier qu'ils étaient en guerre.
De ne se soucier que de ce que l'assiette de Riku soit rarement vide.
Ou de ne faire attention qu'au regard de Cid, par-dessus le feu de camp.
Une heure plus tard, le repas était fini et Riku sommeillait près du feu. Vincent aida les deux apprentis à ranger les restes avant de s'approcher de lui.
"Fatigué ? "
L'adolescent hocha la tête et se leva en se frottant les yeux.
"Il peut dormir dans ma chambre," intervint Luca.
"C'est gentil, merci."
"Mais tu vas dormir où ? " marmonna Riku.
"Avec son petit ami, probablement," répondit Vincent, s'attirant un double couinement embarrassé de Luca et Mustadio.
Quand Vincent redescendit, avec Luca qui avait insisté pour changer les draps, une bonne partie de l'équipage émigrait vers les chambres à leur tour.
"Et faites pas trop de bruit avec le gamin qui dort ! " lança Cid, les bras pleins de vaisselle.
"Besoin d'aide ? " proposa Vincent.
"Nan, va plutôt parler à Cid, il t'attends," répondit le pilote.
Et en effet, Maître Cid était devant le feu qui s'éteignait, une tasse de son horrible mélange de café et de thé à la main, une autre de café posée près de lui pour Vincent. Il vint s'asseoir près du vieil homme, prenant sa tasse.
"Merci pour le café."
"De rien."
Il garda le silence quelques instants, essayant de trouver comment aborder le sujet, mais ce fut Maître Cid qui l'aiguillonna.
"Donc... ton neveu ? "
"C'est ce qu'on a trouvé pour expliquer son existence…"
"Il n'est pas de ta famille ? "
"Si, si, c'est… il est mon petit-fils."
Jusqu'à présent, quoi qu'il ait pu dire au vieux navigateur, rien n'avait surpris le vieil homme. Mais visiblement, ça semblait faire l'affaire.
"Ah. Quel âge il a ? "
"Quinze ans. Et demi."
"Est-ce... qu'il a toujours ses parents ? "
"Son père. Sa mère est morte."
L'expression de Maître Cid, bien qu'à moitié cachée par ses lunettes, sembla s'assombrir.
"Lequel est de toi ? "
"Son père," répéta Vincent.
"Et… tu le savais ? "
Vincent laissa échapper un petit rire narquois et secoua la tête avant de corriger son faux-pas.
"Non. Non je.. l'ai appris très récemment," avoua Vincent. "Vous… vous avez l'accréditation de sécurité maximum, c'est ça ? "
"Plus le secret professionnel."
"Bien. Bien."
"Tu n'as pas à m'en parler pour autant si tu ne le souhaite pas," assura le navigateur d'un ton compréhensif.
Vincent hésita à nouveau, buvant une gorgée de son café avant de reprendre.
Noir comme la nuit, ça devait être Balthier qui l'avait fait.
"J'ai besoin d'aide. Au sujet de Riku. Et de mon fils."
Maître Cid hocha la tête.
"Je ferai de mon mieux pour t'aider."
"Je vous ai parlé de Lucrécia. Et de notre liaison."
"Oui ? "
Le silence régna.
"Oh," finit par murmurer le vieil homme. "Non ? "
"Si."
"Putain Vincent, on va aller dans mon bureau," gromella maitre Cid en se hissant sur ses jambes.
"Pour parler plus discrètement ? "
"Et aussi parce que j'ai planqué une bouteille de whisky Blackbelly là bas et que si Luca ne l'a pas trouvée et jetée, on en aura besoin toi et moi."


Luca n'avait pas trouvé la bouteille, cachée dans un faux tome de 'Traité de psychologie pour adultes et méthode de soin par la méditation' et Vincent en servit volontiers deux verres.
"Tu sais, depuis que j'ai accepté de suivre les plombs, je me forme constamment pour arriver à vous aider avec vos traumas… Mais là, je crois que je vais avoir du mal à trouver une formation appropriée."
"Ce genre de situation ne doit pas être courante."
Le vieil homme secoua la tête et vida son verre avant de le reposer délicatement sur son bureau.
"Des gens qui découvrent leur parentalité sur le tard, ça arrive. Mais dans ton cas… Tu as quel âge ? "
"Vingt-hu… cinquante huit," corrigea Vincent.
"Et comment tu prends le fait d'être grand-père à vingt-huit ans ? "
"Aussi bien que d'avoir un fils plus âgé que moi ? " rétorqua Vincent.
"C'est ce que je voulais dire. A vingt huit ans, je venais d'avoir ma première gamine et je ne me sentais pas plus mature pour autant. Alors arriver directement au petit fils à cet âge…"
Vincent but son propre verre, savourant le goût du liquide ambré à défaut de pouvoir profiter des effets de l'alcool.
"Et il y a le fait que ton fils est Séphiroth en personne…"continua Maître Cid.
"Je ne…" commença Vincent d'un ton sec avant de s'interrompre.
Il inspira profondément pour pouvoir répondre plus calmement.
"Je ne le tiens pas pour responsable de ce qui s'est passé ces douze dernières années."
Le navigateur hocha la tête.
"Même à Wutaï ? "
"Il avait quinze ans. Si je calcule bien, il ne les avait même pas encore quand Hojo et le Président l'ont envoyé là bas. Quel genre de choix peut-on faire à cet âge ? En ayant grandi dans un laboratoire à être…"
Le verre de Vincent explosa dans sa main.
"C'était quoi ? " demanda calmement Maître Cid.
"Le verre," admit Vincent.
"Tu me le remplaceras."
"Bien sûr."
"La balayette est dans le placard, ne te coupe pas."
Le temps que Vincent ait fini de nettoyer les dégâts, il se sentait plus calme. Il rangea la balayette et revint s'asseoir à sa place.
"Je ne sais pas quoi faire avec eux," finit-il par admettre. "Barret, Reeve et Elmyra me poussent à... à prendre des décisions concernant Riku, comme si c'était à moi de le faire."
"Est-ce que Séphiroth peut les prendre ? "
"Riku ne veut pas qu'il l'approche. Ou même qu'il lui parle. Il le terrorise."
"Ah. Autre problème."
"Je ne sais pas pourquoi."
"Vincent… Pour tous ceux qui ont été témoins des actes de Séphiroth, savoir qu'il était manipulé et non responsable est… Imagine que Chaos réapparaisse et te dise la même chose à son sujet ? "
"Hm. C'est ça," rétorqua Vincent d'un ton sarcastique avant d'avoir pu s'arrêter.
"Voilà."
Vincent cligna des yeux.
"Oh."
Le vieil homme prit une gorgée de sa boisson à son tour, affichant son habituel calme olympien. C'était en partie ça qui faisait du bien à Vincent, le navigateur était probablement aussi dépassé par les évènements que Vincent, mais il ne paniquait jamais, gardant la tête froide et trouvant toujours les bons mots pour l'aider, ou apportant un autre point de vue pour démêler ses perceptions d'une situation.
"Il va faire une réapparition publique ? " reprit le navigateur.
"Non. Non, il est en train de se construire une nouvelle identité. Il a coupé et teint ses cheveux. C'est comme ça que nous avons réalisé… qu'il y avait quelque chose de suspect au sujet de sa naissance."
"Ah, il a ta belle gueule ? "
"Et qu'est-ce que vous en savez ? " rétorqua Vincent.
"Je n'ai qu'à écouter Balthier et Fran soupirer après toi."
Vincent laissa échapper un petit rire.
"Entre vous, comment ça se passe ? " reprit Maître Cid.
"Ça... n'a pas bien commencé mais… Ça va mieux. Il sait que je suis son père, nous… nous parlons. Je lui ai parlé de… de ses oncles, de son grand-père. Je crois qu'il est aussi… perdu que moi."
"Lui aussi doit être complètement désaxé. Il a quelqu'un qui le soutient ? "
"Son… frère. Sa sœur. Pas de moi," précisa Vincent quand le vieil homme haussa un sourcil, "ils se considèrent comme tel… comme des Maduins. Il a aussi renoué avec des amis SOLDATs."
"C'est bien qu'il ne soit pas seul, alors. Et lui, avec Riku ? "
"Il… il essaye de… lui parler. De se rapprocher."
"Il veut assumer sa paternité ? "
"Il se sent responsable de ne pas l'avoir aidé quand ils étaient au laboratoire. De ne pas avoir réalisé qu'il existait."
"Ça me rappelle étrangement quelqu'un," nota Maître Cid.
Vincent n'osa même pas le contredire. C'était une des premières choses que Maître Cid avait repéré chez lui et tentait de lui faire passer à grands coups d'arguments imparables.
"Donc, pour le moment, tu es l'adulte responsable de Riku."
"Oui."
"Et tu y arrives ? "
"J'improvise. Cid aide. Riku l'aime bien. Zack et Cloud… ils sont maduins, c'est naturel chez eux. Barret et Shera ont... ont l'air de penser que je m'y prends mal…"
"Tu es son grand-père. C'est ton boulot de le bourrer de trucs sucrés et de fast-food et de l'autoriser à faire tout ce que ses parents lui interdisent."
Cette fois, le rire qui échappa à Vincent le surpris lui-même.
"Mais plus sérieusement. Ce dont il a besoin actuellement, c'est de quelqu'un sur qui il peut compter. Quelqu'un qui soit un repère stable. Ne pense pas à la façon dont tes parents t'ont élevé. Pense d'abord aux besoins de Riku."
"Ce n'est pas facile..."
"Je sais," admit Maître Cid, gardant le silence quelques instants avant de reprendre. "Je vais t'avouer quelque chose : J'ai été un très mauvais père."
Vincent cligna des yeux, surpris par la confession. Il entendait régulièrement le vieil homme parler de sa famille, sa fille aînée surtout, Cindy, et le fils de celle-ci, le petit Siddhe, et était absolument gaga des deux malgré la guerre que sa fille menait contre les haillons qu'il portait, sa consommation de cigarettes et le surplus de sel de son alimentation.
"Vous ? Mais… Vous êtes…"
"Le père idéal ? Rêve. Je suis un grand-père décent, c'est déjà pas mal. Je n'étais jamais là, toujours déployé quelque part sur Gaïa, mais généralement loin de Midgar."
Le vieil homme tendit la main vers la bouteille et referma les doigts dessus avant d'hésiter et la lâcher à nouveau.
"Ma femme et moi nous sommes mariés parce qu'à l'époque... c'était ce qu'il fallait faire. On se marie. On a des enfants. L'homme travaille et apporte l'argent, la femme s'occupe de la maison et des gamins. Y'en a encore qui pensent comme ça de nos jours, mais ils sont en minorité."
"C'était… le chemin classique à mon époque," avoua Vincent, qui n'avait jamais été tenté de le suivre de sa vie.
"J'étais militaire," continua Maître Cid, "j'étais pratiquement tout le temps en campagne, ou sur une base militaire quelconque. Je voyais mes gamins tous les deux ou trois mois, pendant une ou deux semaines avant de repartir. Et après une dizaine d'années de mariage, quand je servais à la Guerre des Sorcières… Ma femme a demandé le divorce. Elle a rencontré quelqu'un d'autre qui était là tous les soirs, que le petit dernier appelait papa plus facilement que moi… Les deux grands ne voulaient rien à voir avec moi…"
"Vous... avez fait la guerre des Sorcières ? "
"J'étais posté à la frontière, près de Porte Nord. Un poste de merde, et j'en ai eu avec plus de trente ans de services à la Shinra. Loin des conflits, juste assez proche pour devoir gérer des flots de réfugiés qui tentaient de quitter Esthar et Galbadia, à devoir abattre à vue celles qu'on soupçonnait d'être sorcières. Tu as connu ? "
"Non," admit Vincent, "mais… de mon temps… ça faisait déjà des années que ça couvait. On surveillait Esthar de près."
"Ca a été une belle merde cette guerre. Et du jour au lendemain, plus rien. Esthar a été fermé, plus aucun réfugié ne filtrait. Pas mal de gens disent que le Président Loire est un guignol, mais il a ramené la paix à Esthar en cinq ans et empêché Shinra d'envahir la région. Il est soit un brillant politicien, soit un dictateur autoritariste."
"Ou les deux."
"Bref," reprit le vieil homme, " après ça… je me suis retrouvé sans but, seul à Midgar. Plus de femme, plus de maison, plus de gamins. Je déprimais dans mon coin, je buvais trop, je fumais, autre chose que du tabac, crois-moi. Quand le conflit contre Wutaï a éclaté je me suis dépêché de me réengager, j'ai commencé à servir sur les premiers aéronefs de guerre. Des cubes qui volent, horriblement peu maniables, mais au moins je n'étais pas en bas."
Il soupira à nouveau.
"J'ai été blessé."
"Un crash ? "
"Même pas. Sort perdu quand on évacuait des troopers. J'étais à la porte pour aider l'embarquement des blessés. J'ai reçu un sort de foudre et fait un arrêt cardiaque pendant quelques minutes. Heureusement, un des troopers avait une formation de premier secours et m'a ranimé."
"Matéria ? "
"Bouche à bouche et massage cardiaque."
"Oh."
"Après ça j'ai été démobilisé et envoyé en maison de repos à Kalm. Et... personne n'est venu me voir. Sauf Cindy. "
"C'est... bien, non ? "
"Elle est venue par pitié. Je le sais, c'est ce qu'elle m'a dit. Pendant toute ma convalescence, elle a prit le train deux fois par semaine pour faire ses devoirs à côté de mon lit. Et on a parlé. J'ai réalisé à quel point j'avais été un mauvais père… C'est elle qui a suggéré une thérapie au début."
Le vieil homme soupira puis lâcha son verre et défit ses lunettes d'aéronaute, tâtonnant pour les poser sur une surface stable avant de se frotter le visage, massant les marques laissées par le cuir et les sangles.
C'était la première fois que Vincent le voyait sans les lunettes qui lui couvraient le visage et c'était probablement volontaire. Comme Edgar qui refusait d'utiliser sa béquille tant qu'il n'avait pas le choix.
Ou Balthier qui ne quittait jamais ses gants.
Au premier coup d'œil, on ne voyait rien de différent sur le visage du vieux Cid. Des marques de bronzage un peu plus marquées, peut-être, dues aux lunettes, mais pas de cicatrices visibles, ses paupières restaient entrouvertes, dévoilant ses iris brun.
Mais dès que la lumière se reflétait sur ses yeux, Vincent ne pouvait faire autrement que remarquer la différence.
Le regard était fixe, les iris ne se dilataient pas, les reflets semblaient faux.
C'était des yeux de verre.
Maître Cid tendit les doigts vers son verre, le reprenant en main avant de le tendre à Vincent.
"Peux-tu me servir ? Juste un doigt. En hauteur."
"Votre fille me tuerait," rétorqua Vincent en le servant d'un doigt en largeur avant de remplir son verre de la même façon.
"Probablement," admit Maître Cid qui aimait sa fille mais avait peu d'illusion sur son tempérament.
Il prit une petite gorgée et soupira avant de reprendre.
"Après ça, je me suis pris au jeu. J'ai repris des études, fait une formation pour être conseiller… Et quand Shinra a commencé à battre le rappel des troupes pour protéger les grands ports de Sin, j'ai resigné. Cindy ne voulait pas que j'aille au front de Junon, mais je voulais être utile une dernière fois avant la retraite. Je voulais aider des gens comme elle m'avait aidé. C'est comme ça que j'ai rencontré cet équipage de branquignoles."
"Vraiment ? "
"Ils accumulaient les insubordinations, Cid faisait de son mieux pour essayer de les tenir, mais y'avait toujours un moment où l'un d'eux finissait au trou. J'ai demandé à être intégré dans leur unité. J'espérais arriver à les aider."
"Et ça a marché ? " demanda Vincent avant d'avaler une gorgée de whisky.
Le vieil homme eut un rire tonitruant et hocha la tête joyeusement.
"Crois le ou pas, mais ouais. Tels que tu les connais maintenant, ils sont beaucoup plus calmes."
"Oh."
"Ouais, hein ? Je regrette juste… De ne pas avoir consacré plus de temps à Nooj. Mais il ne voulait pas me parler et je ne pouvais pas le forcer. On ne peut pas obliger les gens à accepter de l'aide."
Maitre Cid vida son verre et le reposa près de la bouteille, resta silencieux quelques instants avant de reprendre.
"Vincent. Pour tes gamins. Ne t'inquiètes pas d'être un père parfait. Tu ne le seras pas parce que personne ne l'est. Soit là. C'est tout. Le reste viendra petit à petit."
Vincent resta silencieux un long moment avant de se souvenir de parler.
"Je... oui. Merci, Maître Cid."
"Ah, et avant que j'oublie. Toi et Cid ? "
"Oui."
"Tout le tralala : Tu le respectes, tu ne joues pas avec ses sentiments, tu le soutiens et tu ne le rends pas trop maboul."
"Oui, Maître Cid."


Cid finissait d'éteindre le feu quand Vincent retourna en bas, sur le bout de terrain derrière le hangar que l'équipage utilisait comme zone de barbecue. Il vit Vincent approcher et acheva de vider le seau d'eau avant d'aller le poser à sa place sous le robinet extérieur.
"Vous avez fini ? "
Vincent hocha la tête, approchant de Cid.
La nuit était tombée. L'éclairage de nuit de l'aéroport était allumé, mais là où ils se trouvaient, entre deux rangées de hangars, il faisait plus sombre. Le reste de l'équipage était allé se coucher, les autres résidents de l'aéroport étaient couchés, sauf ceux de tour de gardes, Cid et lui étaient donc seuls. Il leva une main en approchant de Cid, la posant sur son épaule et l'attirant vers lui.
"Ça va ? "
"Oui… Il m'a donné des conseils pour Zéphyr et Riku."
"Tu lui as dit quoi ? "
"La vérité. Reeve lui a donné l'accréditation de sécurité nécessaire et… Il savait déjà pour Nibelheim. Il aurait fini par deviner."
Cid avait la main dans son dos, le lui caressant légèrement et il frissonna.
"Prêt à aller au lit ? "
"Pas pour dormir, si c'est ce que tu sous-entends," rétorqua Vincent.
Il sentit la main de Cid se crisper sur son dos et lui sourit innocemment.
"Espèce d'allumeur," grommela Cid.
"Moi ? "
"Toi."
Cid n'eut pas vraiment l'occasion de réagir.
Il vit juste Vincent sourire, d'une façon qui pour une fois découvrait ses crocs et le temps que son cerveau achève de lui signaler que oui, il trouvait ça sexy, il avait déjà le dos contre le mur extérieur du hangar, les mains de Vincent sur les hanches et sa langue dans sa bouche.
"T'es sur de toi ? " demanda Cid, le souffle court, quand Vincent daigna le laisser respirer.
"Il n'y a qu'une façon de le savoir," répondit Vincent.
"Tu m'excuseras si je préfère ne pas me prendre un coup de griffes parce que je t'ai tripoté sans faire gaffe là où il faut pas."
Point au dragoon.
Contrairement à Vincent, il ne guérissait pas rapidement et Aérith aurait probablement quelques questions si elle devait soigner des blessures à cinq plaies.
Si Shera et l'équipage ne tuaient pas Vincent d'abord.
Il soupira en posant son front contre celui de Cid.
"Tu veux essayer ? " proposa le blond.
Vincent hocha la tête, mais prit bien soin de poser sa main gantée à plat contre le mur extérieur du hangar, le plus loin possible de la peau de Cid.
Le premier contact se fit à travers plusieurs épaisseurs de vêtements. Cid sentit Vincent se crisper sous ses doigts, mais il se détendit rapidement, après plusieurs respirations calmes.
"Ok ? " murmura Cid.
"Je… ne dirais pas que c'est agréable," admit Vincent d'une voix légèrement tendue, "mais… je n'ai pas le besoin immédiat de devenir… grand, rouge, noir et en pétard."
"Te force pas…"
"Je sais, je sais," murmura Vincent en penchant la tête de façon à pouvoir déposer un baiser sur la tempe de Cid.
Il inspira profondément, se remplissant les poumons de l'odeur de Cid et il eut la surprise d'entendre le dragon rire à voix basse.
"Hm ? "
"Tu le fais souvent," murmura Cid, "je peux pas sentir si bon que ça avec la clope et la mécanique."
Vincent sourit contre le front de Cid, passant son bras humain derrière ses épaules pour glisser ses doigts dans les cheveux blonds sur sa nuque.
"Tu sens la pluie. Le vent," murmura Vincent avant de replonger le nez dans le cou de son amant.
Les deux mains de Cid étaient sur ses hanches maintenant, ses pouces caressant son ventre et Vincent ferma les yeux, essayant de ne pas penser aux mains d'Hojo sur sa peau.
"Tu sens… comme le premier souffle d'air quand je prend mon vol."
Cid pencha légèrement la tête pour laisser Vincent accéder à son cou plus facilement.
"Oh. Si bon que ça ? "
Vincent hocha la tête, inspirant à nouveau avant de déposer un baiser dans le cou chaud de Cid.
"Pas volé de mes propres ailes depuis si longtemps," soupira Cid en se laissant faire.
"On ira," déclara Vincent. "Voler," précisa-t-il.
Cid laissa échapper un petit rire.
"Où est-ce que je pourrais voler peinard sans être vu ? Tu as vu ma taille ? "
"Daguerreo," répondit Vincent, glissant ses doigts dans le col du blouson de Cid pour libérer l'accès au creux de son épaule, "les montagnes de Wutaï Sud…"
"Tu… ah.. tu y as réfléchi…"
"Hmm," répondit Vincent, attaquant la gorge de Cid de petites morsures.
"Hé, Vince," murmura le pilote en rabattant la tête en arrière.
"Hmm ? "
"Regarde où est ma main."
Vincent se figea. Il baissa lentement le regard.
La main de Cid était sous ses vêtements, à plat contre son ventre, presque brûlante contre sa peau. Seul le pouce de Cid était sur la cicatrice, la caressant lentement.
Vincent inspira vivement, retenant son souffle.
"Chhh. Ça va, c'est juste moi…"
Il n'était pas au laboratoire. Il était à l'air libre, sous un ciel étoilé. Il n'avait pas l'odeur du désinfectant et de son propre sang dans les narines, mais celles de Cid, de la pluie, du vent.
Ses mains n'étaient pas entravées, l'une à plat sur le mur de béton et de métal, l'autre froissant le pull de Cid.
La main sur lui n'était pas celle d'Hojo.
Il releva les yeux, croisant le regard de Cid, légèrement inquiet.
"Respire," murmura Cid.
Vincent obtempéra, soufflant lentement, vidant l'air de ses poumons.
"Bien. très bien," murmura Cid en déposant un baiser au coin de ses lèvres.
"Cid…"
"J'arrête ? "
"Non," murmura Vincent, "continue."
Cid obéit, glissant sa main le long du ventre de Vincent, gardant le pouce sur la cicatrice, mais si légèrement que Vincent n'arrivait pas toujours à le sentir, frissonnant à chaque contact plus appuyé. Cid leva son autre main, tirant sur l'écharpe que portait Vincent.
"Retire ça," ordonna-t-il.
Vincent n'avait jamais obéit à un ordre aussi vite, Trigger aurait été impressionné. Il dénoua son écharpe, permettant à Cid de poser ses lèvres sous sa mâchoire, et laissa échapper un gémissement de plaisir quand sa langue traca le contour de son oreille.
La main de Cid était maintenant juste sous la cicatrice des balles, ses doigts effleurant le bord des cratères. Le pilote s'écarta légèrement, surveillant les réactions de Vincent avant de poser la main à plat sur son cœur.
Ce n'était pas la main d'Hojo.
Hojo ne l'avait jamais touché comme ça, comme s'il était délicat. Fragile… Précieux.
Il sentit l'autre main de Cid passer sur ses reins avant de descendre plus bas et le plaquer contre lui, les pressant l'un contre l'autre, appuyant la main de Cid contre sa peau et Vincent cessa de penser à Hojo.
Il poussa de tout son poids contre Cid, le plaquant à nouveau contre le mur et décolla sa main gantée du mur, cherchant la ceinture de Cid à tâtons. Il entendit le rire de Cid à son oreille, puis sentit ses doigts quitter la cicatrice pour effleurer un de ses tétons.
"Peut-être… le bon moment… pour monter ? " souffla Cid entre deux suçons sur sa gorge.
"Monter ? " répéta Vincent en glissant ses doigts sous la ceinture de Cid, abandonnant la boucle de ceinturon, trop compliquée à ouvrir pour l'instant.
Cette fois, Cid jura et sa prise sur les hanches de Vincent se desserra.
"Dans… ma cabine… sur le Haut-Vent."
Ils étaient très bien là où ils étaient de l'avis de Vincent, mais Cid retira sa main de sous son pull, lui prenant fermement le poignet.
"Vincent… cabine."
Le Turk se redressa, inspirant longuement, les yeux fermés, essayant de remettre un peu d'ordre dans ses pensées et ses priorités avant de regarder Cid en face.
"Ta cabine."
"Hmm."
"Celle en haut de trente mètres d'escaliers."
Cid hocha la tête avec un petit ricanement et se dégagea doucement, sans lâcher la main de Vincent.
"On fera un arrêt en salle des machines si tu veux."
"Ouvre la voie."


Bon.
Et bien.
Wow.
Côté expérience charnelle, Cid estimait ne pas être un prêtre abstinent des Yévonites, son équipage pouvait en témoigner. Il avait eu des amants depuis l'âge de dix-huit ans et rarement de période de célibat aussi longue que celle qui venait de s'achever, et même si son dernier amant n'avait pas vraiment été expérimenté avec les hommes (voire pas du tout, mais ce que Edgar ne savait pas, il l'avait appris avec enthousiasme et beaucoup d'entraînement), Cid se sentait relativement aguerri dans l'art de s'envoyer en l'air, même sans saut, ni moteur.
Putain, heureusement qu'il n'avait pas envoyé Aérith promener quand elle l'avait coincé dans l'infirmerie pour de longues explications sur ce que ça impliquait de coucher avec un augmenté.
La mako augmentait vraiment tout et n'importe quoi.
Vincent lui-même avait été surpris de sa propre endurance.
Il était pour le moment allongé près de lui, la joue sur son bras mutant et semblait assoupi, étendu sur le ventre de tout son long, les draps repoussés sur ses jambes. Les doigts de Cid remontèrent le long du dos de Vincent, jusqu'à la cicatrice de sortie des balles qui l'avaient traversé.
Cette cicatrice avait été une surprise pour Cid, mais Vincent n'avait rien dit quand il l'avait touchée, comme s'il ignorait même qu'elle était là. Il était sniper, Turk, il travaillait avec des armes à feu depuis des décennies, il devait savoir quel genre de blessure faisaient ses balles…
Ou il devait volontairement éviter d'y penser.
Vincent frissonna toutefois quand les doigts de Cid effleurèrent la vieille plaie et Cid remonta sa main un peu plus vite, caressant le dos pâle entre ses omoplates.
Il commençait à se remplumer depuis la bataille de Midgar, mais les creux et bosses que formaient encore ses os sous sa peau restaient impressionnant. Il entendit Vincent soupirer puis tourner la tête de l'autre côté, appuyant son autre joue sur ses écailles pour regarder Cid. Lequel eut un petit sourire en voyant la marque rougie sur sa peau et il leva la main pour la masser doucement.
"Je t'ai réveillé ? "
"Je reprenais juste mon souffle," rétorqua Vincent.
Ah.
Cid allait y repasser, si le regard gourmand de Vincent sur lui était un indice pas si subtil.
Et il attendait ça avec impatience, mais quand Vincent se redressa à quatre pattes, ce fut juste pour se recoucher à moitié sur lui, glissant une jambe entre les siennes et se laissant aller contre lui comme son chat.
"Froid ? "
"Hmmm," répondit Vincent en se tortillant pour éloigner tant que possible ses griffes acérées de Cid.
Cid tendit la main et attrapa les draps et la couverture, les remontant lentement sur eux et en profitant pour admirer à nouveau le corps de Vincent sur toute sa longueur.
Définitivement besoin de se remplumer encore un peu, mais c'était bien parti.
Il les remonta jusqu'aux épaules de Vincent et se réinstalla, déposant un petit baiser sur les écailles de son bras.
Il avait cru que les larges écailles et la peau épaisse seraient moins sensibles, mais vu comment Vincent réagissait chaque fois qu'il les touchait, ce n'était probablement pas le cas.
Ou c'était encore la mako.
Il vit Vincent tourner la tête vers lui, l'observant d'un air amusé.
"Quoi ? "
"Rien… Je pensais juste que tu aurais déjà une cigarette aux lèvres."
"Nan, je fume pas dans le Haut Vent et jamais au lit."
Et depuis qu'il avait enfin lâché prise sur sa limite, il devait avouer que son niveau de stress général avait bien baissé. Gippal semblait trouver ça suspect, d'ailleurs et faisait des bonds chaque fois que Cid se tournait vers lui, comme si son capitaine allait exploser sans prévenir.
"Vraiment ? "
"Shera déteste quand je sens la clope si elle vient dormir avec moi."
"Tu es un grand frère admirable d'abnégation."
Cid envisagea de le pincer aux fesses, mais il n'y avait pas grand chose à pincer.
"Tu veux savoir pourquoi j'ai commencé à fumer ? "
Vincent se hissa sur ses coudes, hochant la tête. Cid l'incita à s'asseoir, l'éloignant un peu de lui et Vincent obtempéra, une lueur curieuse dans le regard. Il n'alla pas loin ceci dit et s'assit tout bonnement sur lui.
Ouep, round deux en vue.
Cid inspira, faisant rouler sa langue dans sa bouche puis entrouvrit les lèvres et laissa échapper une brève flammèche, suivi d'un long jet de fumée.
"Oh," fit Vincent, sa lueur curieuse habituelle illuminant son regard.
"Pas facile à expliquer à Midgar," déclara Cid, inspirant à nouveau pour laisser échapper des nuages de fumée de ses narines. "La clope aide à le camoufler."
"Tous les Burméciens savent faire ça ? "
"Non. Enfin pas à ce point. Freya ne peut faire qu'un peu de fumée et il faut qu'elle soit vraiment en pétard pour ça."
Il sentit la main de Vincent se poser sur son ventre et frissonna quand il lui caressa très légèrement les abdominaux.
"Vince ? "
"Hm-m ? " répondit Vincent.
"Tu ne m'écoutes déjà plus, hein ? "
Vincent eut un petit sourire en coin, sa main remontant petit à petit.
"Cid. Demain, nous devrons retourner à Seventh Heaven où l'intimité est une denrée rare."
Cid admettait lui aussi qu'il redoutait un peu le retour dans la chambre qu'ils partageaient avec Riku. Il aimait bien le gamin mais les galipettes avec lui à proximité… C'était un peu un tue-l'amour.
En parlant de galipette…
Cid posa ses mains sur les cuisses de Vincent, les remontant tout aussi lentement que la main de Vincent sur son torse. Le sniper frémit quand les mains de Cid arrivèrent à ses fesses et il se pencha en avant, plantant ses coudes sur l'oreiller, de chaque côté de la tête de son amant, se penchant jusqu'à effleurer de ses lèvres celles du dragoon.
"J'aimerais bien en profiter un peu," souffla-t-il.
Vincent était définitivement un allumeur, décida Cid.
Mais Cid était un dragon, il ne lui fallait pas beaucoup plus d'une étincelle pour s'enflammer.
Il resserra ses mains sur le derrière encore un peu trop maigre de Vincent, l'attirant contre lui avant de rouler sur lui, envoyant définitivement voler les draps.
Il allait falloir s'assurer que Vincent n'aurait pas froid, maintenant.


"Alors cette escapade amoureuse ? " s'enquit Cloud quand ils revinrent à Seventh Heaven le lendemain.
"Cloud, tu es ami, mais va toi être secoué par quetzalcoatl," rétorqua Vincent.
"C'est joli le maduin," déclara Elmyra, "c'est chantant, presque."
"Qu'est-ce qu'ils se disent ? " s'enquit Barret.
"Je ne suis pas autorisé à traduire ça devant Marlène," rétorqua Zack.


"Vivement qu'ils aient fini," soupira Cloud en posant une tasse de café sur la table près du bras de Vincent, avant d'aller rejoindre son frère sur le canapé, posant le plateau contenant leurs boissons à Zack, Riku, Nanaki et lui sur le petit meuble.
Zack grommela une réponse, deux coussins pressés sur ses oreilles.
"Utilise les boules quies," suggéra Cloud.
"J'ai déjà des boules quies," marmonna Zack.
Vincent hocha la tête. Lui aussi en avait mis mais malgré ça, il entendait toujours les bruits des travaux à l'étage. La perceuse n'était déjà pas l'outil le plus silencieux avant qu'il soit augmenté, mais maintenant, c'était infernal.
"J'ai la tête comme un mimet trop mûr," marmonna Zack.
"On piquera la matéria sceller de Reeve pour la mettre sur le salon demain," offrit Cloud.
"Je croyais qu'on n'avait pas le droit à la magie ici ? " s'étonna Riku, qui se réveillait d'une sieste, assis sur le canapé de Red, entortillé dans un plaid.
"Sauf en cas extrême," rétorqua le fauve, de sous le plaid, "et c'est un cas extrême."
"Courage," déclara Elmyra, un couteau à la main, "ils arrêtent pour la journée dans une heure."
"Tadaima ! "
Vincent leva le nez de sa tâche, voyant Yuffie arriver dans Seventh Heaven et fermer la porte d'un coup de hanche. Avec le boucan des travaux, il ne l'avait même pas entendue arriver. Elle avait les bras pleins de livres, son sac semblait rempli à ras bord et elle posa le tout sur la table avant de retirer sa veste.
"Okaeri, Yuffie," salua-t-il en poussant une partie de ses affaires pour lui faire de la place.
"Comment s'est passé ta dernière journée ? " demanda Elmyra de la cuisine.
"Vacances pour deux semaines ! " s'exclama Yuffie.
"Et tu as ramené le contenu de ton casier ? " s'étonna Cloud.
Yuffie grimaça en baissant les yeux sur ses affaires.
"J'ai les derniers examens à la rentrée et il faut absolument que je ne me plante pas en commun," expliqua-t-elle, "du coup j'ai ramené tout ce que je pouvais pour réviser."
"Yuffie va réviser pendant les vacances ? " s'étonna Zack, "elle est malade ? "
Il manqua de recevoir un tome de commun seconde langue deuxième cycle sur le crâne mais il fut plus rapide et esquiva avec élégance.
"Yuffie, n'abime pas les livres," objecta Vincent.
"Mais Zack, je peux ? " rétorqua Yuffie avant de réaliser ce que Vincent faisait.
Les restes de 'Psychologie et réinsertion des prisonniers de guerre' étaient soigneusement disposés devant lui, les pages arrachées avaient été nettoyées et classées dans le bon ordre et il était actuellement en train de réparer la reliure abîmée.
"Qu'est-ce que tu fais ? " s'étonna Yuffie en se penchant par-dessus l'épaule de Vincent.
"Je répare mon livre."
"Tu sais faire ça ? "
Riku vint rendre son livre à Yuffie et en profita pour regarder aussi, intrigué.
"C'était une de mes tâches à la bibliothèque," répondit Vincent.
"La bibliothèque ? " répéta Riku.
Vincent hocha la tête, concentré sur sa tâche.
"J'ai vécu dans celle de mon père de l'âge de dix à dix-sept ans."
"Tu... vous avez grandi dans une bibliothèque ? " répéta Riku, intrigué.
"Pas celle de la MGU," intervint Yuffie, "celle-là est grande comme un secteur."
"Et sur plusieurs niveaux," ajouta Vincent.
A l'expression de Riku, il semblait avoir du mal à concevoir la chose.
"Mon père collectionne les livres. Et entre les rats, les accidents et les documents qui arrivent abîmés, il faut souvent les restaurer ."
"J'ai du mal à t'imaginer assis à un bureau à réparer des bouquins toute la journée," admit Cloud.
"Moi aussi," répondit Vincent avec un petit sourire en coin.
Gigas avait souvent dû aller le chercher en haut d'une étagère à lire un livre de légendes, à jouer avec les chats de la bibliothèque, ou à les séparer, Hel et lui, d'une de leurs nombreuses bagarres, pour remettre son benjamin en face de ses corvées.
Vincent savait réparer un livre, et trouvait parfois ça apaisant, mais ça ne signifiait pas qu'il aimait le faire toute la journée.
"Votre père," murmura Riku avant de jeter un petit regard prudent aux autres, tâchant de se souvenir de ce que Vincent lui avait dit concernant le secret des Anciens et de s'ils pouvaient en parler clairement.
"Tu le rencontreras probablement un jour," déclara Vincent en rassemblant un nouveau cahier de feuilles.
"Probablement ? " répéta Zack.
"Je préfèrerais que ce soit le plus tard possible," admit Vincent.
"Il est… mauvais ? " murmura Riku.
Tous ceux qui avaient rencontré Diablos restèrent sagement cois. Y compris son propre fils qui pesa soigneusement ses mots, et pas uniquement parce que Elmyra était là.
"Disons qu'il a un tempérament qui s'enflamme assez vite dès que je suis concerné."
"Et c'est réciproque," ajouta Yuffie à mi-voix en s'asseyant près de Vincent.
"Malheureusement. Père et moi… ne sommes pas exactement en bon terme."
"Il sera pas content que j'existe ? "
Vincent releva les yeux vers son petit-fils qui le fixait anxieusement.
"C'est… un problème entre Père et moi, Riku. Il ne t'en tiendra pas rigueur. Il sera ravi d'avoir de la descendance."
"Alors… pourquoi vous voulez pas que je le rencontre ? "
"Parce que…" commença Vincent avant de soupirer. "Parce que je le connais et qu'il voudra dicter vos vies à Zéphyr et toi. Et probablement vous enfermer tous les deux à la Bibliothèque."
"Oh."
"Je pense que tu aimerais mes frères par contre."
Cette fois, Riku sembla intéressé par cette perspective.
"Vous en avez beaucoup ? "
"Deux frères aînés. Gigas… stein. Et Helgur… Helgrimr. Et une petite sœur. Galian."
"J'aurais bien aimé avoir des frères et soeurs," murmura Riku.
"Ouais c'est chouette un frère," renchérit Cloud pendant que Zack confirmait joyeusement.
"Peut-être que Zéph t'en fera d'au…" commença le brun.
"Non ! " rétorqua immédiatement Riku.
Le silence retomba, Riku regrettant visiblement son coup d'éclat et cherchant déjà un moyen de sortir de la pièce. Même s'il s'était bien détendu cette dernière semaine avec eux, Riku avait encore parfois tendance à réagir vivement aux reproches ou à l'embarras et avait tendance à filer se cacher dans la chambre dès qu'il ne savait pas comment gérer une situation.
"J'avoue qu'à douze ans, je me serais passé d'avoir des frères aînés," continua Vincent pour changer de sujet.
"T'étais le bébé, c'est normal," déclara Cloud.
Riku se détendit peu à peu en entendant les jumeaux taquiner Vincent sur sa famille et il finit par s'asseoir près de son grand-père, l'observant réparer le livre en silence.
"Vous… heu… Vous devez l'appeler Père ? "
"C'est ce qu'il préfère, oui. Je n'ai jamais réussi à l'appeler Tata[3]…"
"Tata ? " répéta Riku.
"Ça veut dire 'papa' en gongan," intervint Cloud.
"Oh… heu, comment on dit 'grand-père' en Gongan ? "
"Bunicul," répondit Vincent distraitement, concentré sur l'encollage du nouveau dos du livre.
"Makoto," appela Cloud.
Vincent se tourna vers le blond qui les regardait par-dessus son épaule et le dossier du canapé.
"Je crois que Riku essaye de te demander comment il doit t'appeler," déclara Cloud en maduin.
Vincent cligna des yeux puis se tourna vers Riku qui les fixait alternativement, sans avoir compris ce qu'avait dit le blond.
"Tu… veux m'appeler grand-père ? "
Zack se mit à ricaner et Riku réagit aussitôt, catastrophé.
"Non ! Enfin... je veux dire… Je... je me demande juste…"
Vincent leva la main, la posant doucement sur le dos de Riku qui ferma la bouche aussitôt.
"Riku, je ne suis pas fâché. Explique-moi."
L'adolescent hocha la tête avant d'inspirer, cherchant ses mots.
"Kairi appelle sa grand-mère : Yaya. Marlène… elle dit papa et maman… Et... et Sora et Roxas quand ils parlent de leurs parents, ils disent makuakane ou makuahine… Je me demande juste… S'il y a un mot pour toi ? Vous ! "
"Pour commencer, je crois que tu peux me tutoyer," reprit Vincent.
"Oh… Oui... euh, merci ! "
Bon et bien s'il y avait une chose à laquelle Vincent n'avait pas pensé, c'est que Riku voudrait un jour l'appeler grand-père.
Il mentirait s'il prétendait être complètement confortable avec cette idée.
"C'est bizarre," ajouta Riku avec un petit sourire embarrassé.
Vincent hocha la tête avec emphase. Oui, c'était peu dire.
"Mais… mais ça me fait… c'est étrange de vous… de t'appeler Vincent. alors comment je… je peux dire ? "
D'un autre côté, il comprenait le besoin de Riku d'essayer de mettre de l'ordre dans ce qui l'entourait. D'essayer de se trouver des points de repère.
Et comme disait Maître Cid, tant que Séphiroth et Riku n'auraient pas résolu leur problème, c'était Vincent le point de repère de Riku.
"Et bien… Si tu tiens à m'appeler avec un nom... Je préfèrerais que tu m'appelles Makoto."
"Makoto ? " répéta Riku, reconnaissant un mot qu'avait prononcé Cloud un peu avant.
"C'est mon nom de naissance."
"Makoto… " murmura Riku. "C'est wutan ? "
"Oui. C'est le nom que m'a donné ma mère. Hamasaki Makoto."
"Aw, moi qui espérait que tu lui dises de l'appeler Ojii-san ! " s'exclama Yuffie.
"Seulement s'il peut aussi t'appeler Oba-san," rétorqua Vincent.
"Oy ! "
"Ça veut dire quoi ? " s'étonna Riku.
"Tu sais pas ? " renchérit Yuffie
L'adolescent secoua la tête doucement.
"Ojii-san signifie grand-père. Oba-san c'est tante," expliqua Vincent.
"Oh ! "
"C'est bizarre que tu le sache pas," s'étonna Yuffie tout en jonglant avec un des outils de Vincent, "tu parles pourtant bien wutan…"
"Y'a des mots dont j'ai jamais eu besoin," expliqua Riku, "Haru me les as pas appris."
Il fronça les sourcils, hésitant un bref moment avant de reprendre.
"Euh, Haru c'était…" commença-t-il à expliquer d'un ton hésitant.
"Je sais," annonça Vincent, "ton père."
"Non. Enfin… j'aurais bien voulu."
Riku attrapa un des outils de Vincent, commençant à jouer avec nerveusement.
"Il s'est occupé de moi après la mort de Maman, mais même avant, il disait que je ne devais pas l'appeler Papa. Qu'ils étaient pas mariés et que c'était pas officiel."
Vincent haussa les deux sourcils cette fois pendant que Yuffie poussait un grognement de dépit.
"Raaah, Harumi 'Ji-san, c'était pas le moment d'être procédurier ! "
Riku jeta un regard désarçonné à Yuffie, peu sûr de savoir s'il devait protéger la mémoire d'Haru ou approuver.
"Jisan ? "
"C'est… tonton," expliqua Vincent. "On dit Oji-san, mais Yuffie parle vite."
"C'est pareil que Ojii-san ? "
"Non, Ojii-san, Oji-san," répéta Vincent, "le i est plus court."
"Ojii-san, Oji-san. Harumi 'Ji-san…" répéta Riku avant de relever les yeux, une lueur taquine dans le regard. "Makoto Ojii-san."
"Merci, Yuffie," soupira Vincent avec un regard las à la jeune fille qui se bidonnait.
"De rien, Grand Frère ! "
"Je vais pas t'appeler comme ça," déclara Riku avec mansuétude, "si quelqu'un comprend le wutan et m'entends, ce sera dur à expliquer."
"Ouais, comme Madame Yusui," nota Zack.
"Oh ! J'ai une idée ! " s'exclama Yuffie.
"Aïe," rétorqua Vincent, interceptant un livre au vol avant de le recevoir sur le nez.
"Tu as qu'à appeler Vincent : Makoto 'Ji-san ! " reprit Yuffie d'un ton enthousiaste, "après tout, officiellement c'est ton oncle, ça surprendra personne et au pire, tu peux dire que tu prononces mal ! "
"Ça te déranges pas ? " demanda timidement Riku.
Vincent secoua la tête, reprenant ses outils des doigts de Riku et Yuffie.
"Riku. Je suis très heureux que tu sois là et que tu sois mon petit-fils. Mais j'ai vingt-huit ans…"
"Cinquante-huit ! " corrigea Zack.
Il prit un plioir sur l'arrière du crâne, Cloud et Nanaki manquèrent de s'étouffer de rire.
"Et je ne me sens pas mentalement prêt à me faire appeler Grand-père, quelle que soit la langue. Alors oui, Makoto 'Ji-san ira très bien."
Le sourire radieux et soulagé de Riku était la preuve qu'il avait fait le bon choix.
Puis les sourcils de l'adolescent redescendirent entre ses yeux et il se tourna vers Yuffie.
"Attends, pourquoi tu appelles Haru, tonton ? "
Cette fois, ce fut le visage de Yuffie qui s'illumina.
"Tu sais quoi ? Aide-moi à monter mes affaires dans ma chambre et je t'explique ! "
"Tu as une ronde dans une demi-heure," lui rappela Vincent en se remettant à son livre, "tu veux que je te remplaces ? "
"S'il te plait, merci ! "


Riku ne savait pas exactement à quoi ressemblait une chambre de fille, n'ayant jamais eu l'opportunité d'aller dans celle de Kairi.
Sa grand-mère ne l'aurait jamais permis de toute façon.
Aussi regarda-t-il avec curiosité quand Yuffie le fit asseoir à la chaise du bureau. La chambre était un peu encombrée pour le moment. Un des lits avait été démonté pour faire de la place au petit lit de Marlène et le coffre à jouets de la petite avait aussi été déménagé, mais en attendant la fin des travaux, le reste de ses affaires était toujours dans la chambre de son père. Yuffie avait un tas assez impressionnant de couvertures sur son lit, comme son grand-père, dont une, soigneusement pliée au bout du lit, faite de plusieurs tissus cousus ensemble. Il regarda Yuffie poser ses affaires sur le bureau, puis changer d'avis et tout pousser sur son lit avant d'attraper un bol en céramique rempli de gravier sur son étagère et dans lequel était plantée une longue pierre gravée.
Elle posa le bol délicatement sur la table, redressant la pierre avant de retourner chercher une boite en bois brillant, plate et de la taille d'un grand cahier. Elle l'ouvrit et sortit un paquet d'encens, préparant un bâtonnet pour l'allumer et le planter dans le gravier. Une fois ses préparatifs finis, sous le regard un peu intrigué de Riku, elle s'assit sur son lit, poussant les livres étalés dessus.
"Bon. Tu sais ce que c'est ? " demanda-t-elle en désignant le bol et la pierre.
"Makoto 'Ji-san a la même chose dans sa chambre."
Elle hocha la tête, effleurant à nouveau la pierre du bout des doigts.
"Haru… Faisait ça aussi," ajouta Riku.
"Quoi ? "
"Pas avec des pierres. Avec des morceaux de bois, ou d'os de Sin, ou des écailles de squames… Quand quelqu'un mourait à Sin il... Il prenait quelque chose et gravait son nom dessus."
"Oh…" murmura Yuffie.
Un moment, Riku craignit qu'il avait encore horrifié quelqu'un avec ses histoires de Sin, mais quand il tourna la tête vers Yuffie, elle n'avait pas l'air à deux doigts de vomir.
Elle semblait juste triste.
"C'est quoi ? "
"Des tablettes funéraires. C'est pour... honorer et se remémorer les morts."
"Oh, c'est pour ça," comprit Riku.
"Celle que Makoto a, c'est pour sa mère."
"Il m'a promis qu'il me parlerait d'elle, un jour."
"Pousse le au cul pour qu'il aille plus vite."
"C'est pour qui ? " demanda Riku en désignant la tablette dans le bol.
Yuffie inspira profondément et se frotta les mains l'une contre l'autre avant d'arriver à se lancer.
"C'est pour Harumi 'Ji-san."
Riku resta immobile quelques secondes avant de se tourner vers la tablette.
"Mais… pourquoi ? "
Yuffie rouvrit la boite, sortant un cadre qu'elle tendit à Riku, arrachant des morceaux de papiers collés dessus au passage.
Elle représentait une grande famille wutane en vêtements étranges, le premier rang assis sur des sièges, le second derrière eux, tous affichant un air sévère et sérieux.
"Il est là," indiqua Yuffie en montrant un enfant debout entre deux sièges.
Riku n'avait jamais vu de photos d'Harumi, mais ils avaient vécu dix ans ensemble.
Il le reconnut facilement.
"Et là, c'est son père," indiqua Yuffie en montrant le vieil homme richement vêtu sur un des sièges, "le précédent Empereur de Wutaï."
Riku releva les yeux de sa contemplation de la photo.
"Empereur ? "
"Ouais."
Riku eut un petit rire, se frottant le nez d'un revers de manche.
"Ew," fit Yuffie en sortant un paquet de mouchoirs d'un tiroir du bureau, "tiens, mouche toi."
"C'est pour ça que tout le monde le surnommait "Princesse' à Sin ? "
"IIs osaient pas ? " s'exclama Yuffie en ricanant.
"Tu crois qu'ils se privaient ? " rétorqua Riku avant de se moucher.
Yuffie secoua la tête puis montra le couple au milieu de la photo.
"Et là, c'est son frère ainé, l'actuel Empereur de Wutaï et sa femme. Mes parents."
Riku jeta un regard atterré à Yuffie.
"T'es une Princesse ? "
"Ouais," répondit fièrement Yuffie avant de voir l'expression de Riku changer.
"T'es de la famille de Haru," réalisa l'adolescent ,"c'est pour ça que tu l'appelles tonton."
Yuffie hocha la tête, son visage se faisant plus neutre.
"Il s'occupait de moi quand j'étais petite."
"Oh. C'est comme ça qu'il a appris ? "
"Il s'occupait de toi ? "
"Avant que maman et lui se mettent ensemble, elle lui demandait parfois de me surveiller."
"Si je me souviens bien de comment il était, tu as pas dû avoir l'occasion de faire souvent des bêtises…"
"Il me lachait pas du regard."
"Ouais, ça lui ressemble bien."
Yuffie inspira longuement avant de replier les jambes sous elle, posant les mains sur ses genoux pour s'incliner devant Riku.
"Je suis désolée."
Riku la regarda sans comprendre.
"Quand il a attaqué Midgar, sur les quais… Je…"
Elle inspira profondément et compta jusqu'à trois avant de se lancer.
"C'est moi qui l'ai tué."
"Oh."
Elle leva brièvement les yeux mais Riku ne semblait pas avoir compris ? En tout cas, il ne réagissait pas.
"Ah, c'était ton léviathan qui l'a attaqué ? "
"T'étais l… Ah k'so, c'est vrai t'étais là," se rappela Yuffie en grimaçant.
Elle soupira et se frotta la nuque, notant distraitement que ses cheveux redevenaient trop longs. Il faudrait qu'elle demande à Cid ou Shera et de les lui recouper.
"C'était pas un léviathan… Makoto t'a expliqué pour les Anciens ? "
"Ouais ? "
"Tu promets de rien dire ? "
"Ouais ? "
"Les Kisaragi descendent d'une Ancienne. Dame Da-Chao, un dragon d'eau."
Riku cligna des yeux.
"Ah. Je me demandais pourquoi il était le seul des squames à être devenu un léviathan," nota Riku d'une voix neutre.
Il regarda la photo entre ses mains, puis Yuffie.
"C'était toi le petit léviathan ? "
Elle hocha la tête.
"Tu savais qui c'était à ce moment-là ? "
"Non," répondit Yuffie, "je croyais que... c'était un traître à notre famille, qui aurait rejoint Hojo et le servait."
Elle se tourna à nouveau vers la boîte funéraire et sortit le kimono délavé, soigneusement replié.
"Je l'ai reconnu après. Quand il a repris forme humaine."
Riku hocha la tête, posant la photo pour prendre le kimono, le dépliant délicatement. C'était bien celui d'Harumi, aux couleurs passées, ses broderies décousues à peine reconnaissables. Il leva les yeux vers Yuffie qui prenait un mouchoir pour s'essuyer le nez.
"Je suis désolée…" répéta-t-elle.
Riku pencha la tête sur le côté avant de reposer le kimono sur les genoux de Yuffie et lui prendre la main. Elle se laissa faire sans lutter.
"C'était trop tard, tu sais."
Yuffie renifla de surprise, relevant le nez vers lui.
"Hojo… il avait fait quelque chose dans sa tête. Son cerveau était… En morceaux. Il avait la trouille en permanence et ça… ça lui ressemblait pas."
Yuffie hocha la tête, s'y reprenant à plusieurs reprises avant de pouvoir répondre.
"Shera a trouvé des… des éclats de matérias de manipulation dans sa tête. Aérith disait qu'elle… qu'elle sait pas soigner ça."
Riku lâcha d'une main celles de Yuffie et contempla sa paume quelques secondes en silence. Yuffie le regarda faire quelques secondes avant de resserrer ses mains sur la sienne.
"Tu n'aurais pas pu le soigner non plus," déclara-t-elle d'un ton autoritaire.
Il secoua la tête et Yuffie reprit, rassemblant les deux mains de Riku entre les siennes.
"On a pu lancer l'alerte rapidement grâce à toi, des centaines de gens auraient pu mourir dans l'attaque..."
"Mais les employés de la station d'eau, les troopers au pilier… Je les ai tués."
Il renifla à nouveau et pencha la tête en avant, posant son front sur celui de Yuffie.
"Qu'est-ce que je peux faire ? "
"Pourquoi ? "
"Me faire pardonner. Pour tout ce que j'ai fait…"
"Dame Da-Chao, vous êtes pareils Makoto et toi," grommela Yuffie .
"C'est un compliment ou une insulte ? "
"Les deux", rétorqua Yuffie, "vous vous sentez toujours responsables pour des trucs que vous n'auriez pas pu changer."
"Comme toi au sujet d'Harumi ? " demanda Riku, sentant Yuffie tressaillir contre lui.
"Ça aussi tu le tiens de lui," finit par marmonner Yuffie.
"T'as fait quoi, toi ? "
Yuffie soupira et montra la tablette funéraire d'un signe de tête.
"Je lui ai donné des funérailles appropriées. J'ai gravé sa tablette funéraire. J'essaye de me souvenir de lui le plus possible."
Elle soupira et posa la joue sur le front de Riku qui se laissa faire. Au moins, il était plus câlin que Makoto, c'était déjà un défaut qu'il n'aurait pas.
"Franchement, je sais pas si je fais ce qu'il faut," admit Yuffie, "je fais de mon mieux pour ne pas refaire les mêmes erreurs."
Riku hocha la tête.
"Ah et j'essayais de tabasser Ansem chaque fois que j'en avais l'occasion," ajouta Yuffie.
"Vas-y, raconte," marmonna Riku.
"Alors, pour commencer : au réacteur, je lui ai balancé une grenade entre les pieds avant de disparaître avec Kairi…"


"Tout le monde a ses ordres ? "
Un chœur d'affirmation s'éleva de Seventh Heaven.
"Ok, on part dès que Vincent et Yuffie sont avec les diplomates," déclara Barret.
"La voiture de l'ambassade ne devrait plus tarder," annonça Vincent en arrivant dans la pièce, ajustant sa cravate.
"Honnêtement, on ne s'en lasse jamais," déclara Wedge en le voyant en costume.
"Moi si," rétorqua Vincent.
"Comment tu supportais l'uniforme quand tu étais Turk ? " s'étonna Aérith en repoussant ses mains pour redresser son col.
"A contre-coeur," répondit Vincent.
"J'ai l'impression d'entendre Reno," murmura Aérith.
"Vous êtes sûres que ça ira pour rester seules ici ? " demanda Barret à Elmyra et Shera.
"Tseng a promis d'envoyer quelqu'un surveiller Seventh Heaven," déclara Aérith en tendant un élastique rose à Vincent qui soupira mais s'attacha rapidement les cheveux.
"Je sais, je sais, mais…"
"Biggs, Jessie et moi serons là aussi," précisa Wedge.
"Et moi," intervint Riku.
"On en profitera pour finir de monter les nouveaux meubles," ajouta Shera.
"Aniki ! Faut que tu m'aides ! " s'écria Yuffie en arrivant à son tour dans la pièce principale, le obi à la main.
"Si c'est un nœud compliqué ne compte pas sur moi," rétorqua Vincent.
"Pourquoi est-ce que personne de l'ambassade ne vient aider Yuffie quand elle doit porter la tenue traditionnelle ? " s'étonna Biggs.
"Ils ont la trouille," rétorqua Cloud, debout en tenue d'intervention près de Zack qui achevait de mettre ses épaulières.
"Tu te souviens de ce qui s'est passé à son anniversaire ? Ils n'osent plus apparaître devant elle[4]," ajouta Zack.
"Noeud plat, pas de fantaisie," indiqua Yuffie en se tournant devant Vincent.
"Merci Dame Da-Chao," marmonna Vincent en tenant la ceinture en place pendant que Yuffie ajustait les pans du kimono pour éviter les faux-plis.
Elle s'interrompit pour lui jeter un coup d'œil étonné par-dessus son épaule, mais se redressa pour le laisser faire le nœud aussi soigneusement qu'il put. Intrigué, Riku approcha, observant Vincent nouer la ceinture.
"Assez serré ? "
"Je respire, donc non," rétorqua Yuffie, "mais ça ira, ne t'en fais pas. Merci."
"Chaussures ! " s'exclama Aérith en les posant devant Yuffie.
"Quand je serais Impératrice, j'interdirais les chaussures traditionnelles," grommela Yuffie en glissant ses petits pieds dedans.
"C'est des habits traditionnels ? " s'étonna Riku.
"Ouais," répondit Yuffie en tendant la main pour se tenir à son épaule le temps d'ajuster ses pieds dans les sandales, "Couleur discrète, motifs simples, pas de manches trop longues," continua-t-elle en désignant les éléments de son kimono.
"Pourquoi 'Ji-san n'en porte pas ? " s'étonna Riku.
"Ca n'existe pas à ma taille," déclara Vincent en apportant son étole à Yuffie.
"Ca existe mais il refuse que je l'amène chez un tailleur," corrigea l'adolescente.
"Ah, ça j'aimerais bien le voir," déclara Cid avec un grand sourire.
Le PHS de Yuffie sonna et elle le sortit rapidement de sa cachette, à la grande stupéfaction de Riku qui jeta un regard abasourdi au manque de poches de sa tenue.
"Ah, Oto-sama arrive. Prêt Aniki ? "
"Hé, vous deux," interpella Barret en montrant la table, "couteaux."
Vincent et Yuffie échangèrent un regard mais obtempérèrent, sortant leurs armes cachées et les posant sur la table, à la surprise de plus en plus grande de Riku.
"Shuriken aussi, Yuffie."
"Maiiiiis," protesta l'adolescente en sortant son fuma shuriken plié de sous sa ceinture.
"Où est-ce que tu le cachais ? " demanda Riku.
"Dans mon c…"
"Yuffie ! " protesta Aérith en montrant Marlène.
"Vincent ? " reprit Barret après un soupir las.
"Je n'ai plus rien," déclara Vincent, levant ses mains gantées.
"Ils sont là ! " s'exclama Yuffie après un coup d'œil par la fenêtre.
"Soyez sage, pas de bêtise, surveillez-vous mutuellement," lança Barret en guise de dernière recommandation.
"Oui oui ! " s'exclama Yuffie en ouvrant la porte.
Elle se retrouva nez à nez avec Séphiroth.
Où, comme tous ceux d'Avalanche qui n'atteignaient pas le mètre quatre-vingt, nez à torse. Le SOLDAT lui jeta un regard éberlué et elle eut un petit sourire malicieux. C'était la première fois qu'il la voyait en tenue traditionnelle et ça avait eu le même effet sur chaque membre d'Avalanche, aussi décida t-elle de s'amuser un peu.
Avec toute la grâce qu'elle pouvait rassembler, elle s'inclina très élégamment à la Wutane. Après un moment de confusion, Séphiroth l'imita maladroitement avant de s'écarter de son chemin.
"Faut que tu lui apprennes les bonnes manières Wutane, Grand Frère, il ne sait pas s'incliner comme il faut."
"Yuffie, Zéphyr parle wutan."
Ça fit sursauter l'adolescente qui se tourna vivement vers Séphiroth avec une grimace embarrassée.
"Désolée ! "
"Ce n'est rien," répondit Séphiroth en les regardant descendre les marches vers la voiture de luxe garée devant la caserne.
Il regarda son père ouvrir la porte à la Princesse avant d'aller s'installer à l'avant. Les vitres étaient fumées, aussi Séphiroth ne vit pas l'intérieur du véhicule, mais il entendit très nettement la princesse saluer son père à l'intérieur.
Retraite. Vite.
Si le Seigneur Kisaragi le reconnaissait, ça allait faire des vagues.
Il entra dans la caserne et referma derrière lui. Le reste d'Avalanche l'accueillit joyeusement.
Sauf Riku, planté dans la cuisine, qui le fixait d'un regard haineux.
Bon, au moins il n'était plus terrorisé, c'était un progrès.
Peut-être.
"Qu'est-ce qui se passe ? " demanda le Capitaine.
"Je crois que l'empereur de Wutaï est dans la voiture."
"Ah merde," renchérit Zack en allant vérifier à la fenêtre qu'il n'y avait pas d'esclandre dehors.
"Non," corrigea Cid, "on dirait que tu as vu un fantôme."
"Oh, c'est juste… La Princesse ressemble encore plus à sa mère quand elle est… hu… endimanchée ? "
Aérith, qui préparait une tasse de thé pour Séphiroth, releva la tête.
"Oh, c'est vrai, Yuffie m'a dit que tu l'as combattue en duel pendant la guerre ! "
Elle lui tendit la tasse qu'il prit avec un petit signe de tête en remerciement.
"Tu l'as tuée ? " demanda Riku.
Séphiroth lui jeta un regard surpris, c'était bien la première fois que son fils lui adressait la parole de lui-même et il fallait que ce soit pour ce genre de question.
"Non. Je l'ai vaincue et épargnée. Elle m'en a voulu d'ailleurs."
"Ah, ouais ! " s'exclama Barret, "je m'en rappelle, ça a fait les gros titres à l'époque. Y'a eu plein de débats si vous aviez eu raison de l'épargner et de la ramener à son époux au lieu de la garder en otage."
Séphiroth laissa échapper un reniflement dédaigneux à cette idée.
"Tu penses avoir eu raison ? " demanda Cid.
"Elle sentait le lait."
La révélation laissa le reste d'Avalanche confus, jusqu'à ce que Cloud, qui comptait quelque chose, ne comprenne.
"Yuffie était bébé. Elle l'allaitait."
Séphiroth hocha la tête.
"Pourquoi la mère de Yuffie t'en a voulu ? " s'étonna Aérith.
Séphiroth garda le silence, mais elle remarqua son regard légèrement embarrassé.
"Sééééééph ? " minauda-t-elle.
"J'ai demandé à Basch devant tous les SOLDATs."
"Pardon ? "
"J'ai demandé à Basch pourquoi elle sentait comme ça. C'est lui qui a compris que je parlais du lait. Elle a cru que j'insultais son odeur corporelle."
Aérith explosa de rire, se retenant au coude de Séphiroth.
"Il FAUT que tu dises ça à Yuffie ! " s'exclama-t-elle en secouant le bras de Séphiroth.
"Dame Kisaragi a déjà dû lui raconter une version qui la mettait plus en valeur," rétorqua Séphiroth.
Aérith arrêta de le secouer et le dévisagea quelques secondes avant de baisser les yeux.
"Aérith ? "
"La mère de Yuffie est morte quand elle avait sept ans. Dans l'attaque de Sin à Wutaï."
Séphiroth resta très immobile, osant à peine respirer.
Dame Kasumi était… Morte. Oh…Oh non, pourvu que…
"... moi ? "
"Non," intervint Barret, "vous n'avez pas été vu à Wutaï."
Il laissa échapper un soupir de soulagement.
"Qu'est-ce que tu fiches là, au fait ? " s'étonna Cid avant de vider sa propre tasse d'une lampée.
"Rufus m'a conseillé de débarrasser le plancher quelques heures. Il préfère que je ne risque pas d'être vu autour de lui pendant le sommet. Elena a suggéré que je vienne ici en votre absence pour protéger Seventh Heaven."
Barret hésita quelques secondes, jetant un regard à l'horloge. Elmyra approcha, lui tapotant le bras avant de lui jeter un regard calme. Il soupira mais hocha la tête.
"Très bien, merci d'être venu. Les volontaires pour le sommet, en voiture ! "
"Oui, Chef," répondit Cid.
Barret posa Marlène au sol et lui tapota doucement la tête avant d'échanger un baiser avec Elmyra.
"Au revoir papa ! "
"A tout à l'heure ma puce, soit sage."
"Vi ! "
"Je m'occupe d'elle," intervint Riku, soulevant Marlène pour la jucher sur sa hanche.
"Tu n'es pas obligé…"
"Ça ne me dérange pas," déclara l'adolescent avant de jeter un regard à Séphiroth, "on jouera dans la cour."
"Couvrez-vous bien," conseilla Barret avant de sortir de la cuisine, rejoignant ses hommes dans le garage tout neuf.
Les travaux venaient de s'achever, il ne restait plus qu'à finir d'aménager les nouvelles chambres, ce que le trio, Shera et Elmyra avaient décidé de faire pendant que les autres étaient de piquet au sommet diplomatique.
L'ambulance et la camionnette avaient toutes les deux été remplacées par des véhicules plus neufs et mieux équipés, mais la Chocomobile était toujours là, en cours de réparation par Cid et les jumeaux. La camionnette était même réfrigérée, ce que Jessie avait déclaré être un miracle. Barret s'installa à l'avant du fourgon, retirant son bras pour le remplacer par son arme.
"Y'a un truc qui te titille," nota Cid une fois qu'il eut sorti le fourgon dans la rue.
"Hm. Le… Zéphyr et Riku. Ils ne se parlent toujours pas…"
"Ouais. Vincent n'arrive pas à savoir pourquoi, le p'tit se referme dès qu'il aborde le sujet."
"Et quand Zéphyr approche une des femmes de l'équipe, il essaye de s'interposer ou le foudroie du regard," ajouta Aérith, qui bouclait sa ceinture.
"Ah. Tu as remarqué aussi ? " nota Cid, "il fait pareil avec Shera."
"Qu'est-ce que ça veut dire ? " demanda Zack.
"Qu'il ne faut probablement pas le laisser seul avec une fille," rétorqua Cloud de l'arrière.
Aérith lui jeta un petit regard désapprobateur qu'il prit bien soin d'ignorer.
"Ne me faites pas regretter de lui faire confiance," grommela Barret en se massant le nez.
"Il touchera pas aux filles," intervint Zack. "enfin, il touchera pas aux filles 'comme ça'."
"Comment peux-tu en être aussi sûr ? " demanda Barret.
Zack ouvrit la bouche… la referma. Réfléchit. Et rouvrit la bouche.
"Il sent pas comme s'il était intéressé autour d'elles."
"Intéressé ? " répéta Barret.
"Oui," intervint Red en glissant son museau entre les sièges avant, "le désir a une odeur reconnai…"
Avec leur simultanéité habituelle, Cloud lui referma la gueule d'une main pendant que Zack l'entraînait en arrière par la peau du cou.
Cid freina brutalement, envoyant les jumeaux bouler contre les sièges de l'avant..
"Attendez, c'est COMME CA que vous avez sut pour Vincent et moi ? ! " s'écria-t-il en se tournant vers eux.
"Heu, non, ça c'est parce qu'on vous as ent… heu… oups," murmura Zack.
"CID ! " gronda Barret.
"On a RIEN fait à Seventh Heaven ! " protesta le pilote en redémarrant.
"Je confirme, ils se sont juste…"
"ZACK ! "


[1] Rappel Siddhe se prononce Sid-thé avec le th de theater , pas Cid
[2] A savoir : Je vais tuer Setzer dans sa prochaine vie
[3] Papa en Turc. Oui j'ai un sens de l'humour pourri, c'est le chapitre 50 et vous vous en apercevez juste ?
[4] Voir Boules de neige chapitre 29 : Sauvetage de Princesse en danger