Chapitre 51 : La diplomatie en famille
Résumé :
Au sommet diplomatique, les tempéraments s'enflamment vite et la dissension menace.
Mais contre Hojo, les différents pays et ville-état doivent faire front.
Reste à convaincre leurs dirigeants.
Et comme s'il n'avait pas assez à faire, Vincent doit aussi jouer les états tampon entre son fils et son petit-fils.
Personnages :
Team Avalanche, famille Valentine-Hamasaki-Crescent-Makani (décidez-vous pour un nom de famille, bordel ! ), Team Haut Vent, Team rat lab, team diplomates.
Tags spécifiques au chapitre :
Politique, beurk, Yuffie est une princesse, quand elle veut, Vincent VS Godo, round 1, relations père-fils, et père-fille tant qu'on y est, bad flirting, les traumas c'est en famille, vouloir buter Hojo aussi.
"Ce mercenaire restera avec les gardes du corps."
"Ce mercenaire est mon frère d'arme et mérite votre respect, Père."
Vincent s'attendait très honnêtement à ce que les retrouvailles entre l'Empereur et sa fille soient... tendues. Il n'avait jamais rencontré le Seigneur Kisaragi avant, mais de ce qu'il avait pu voir, et surtout entendre, ces quelques derniers mois, la relation entre père et fille était… conflictuelle. Le trajet dans les Taudis avait été relativement calme, chacun ignorant l'autre avec une morgue résolue, mais dès qu'ils étaient arrivés sur la Plaque, l'Empereur de Wutaï avait ouvert les hostilités.
Et Vincent ne s'était pas attendu à être la cause du dernier désaccord en date.
"Un chien de la Shinra demi-sang n'a rien à faire dans ton entourage."
"Pourriez-vous au moins être poli ? Désolée, Makoto."
"Ce n'est rien, Princesse."
Vincent glissa un petit coup d'œil au chauffeur mais celui-ci était impassible, conduisant sans sembler écouter les chamailleries du père et de la fille. Vincent ne devait probablement pas attendre de soutien de ce côté.
"Il ne devra pas ouvrir la bouche," ordonna l'empereur, "son wutan est terriblement grossier."
"Je suis sûr que vos sujets du sud seraient ravis d'apprendre votre opinion sur leur accent, Père."
Yuffie était la digne fille de son père mais elle visait bas et taclait avec le brio d'une joueuse de blitzball.
"Dis-moi la vérité, Yuffie, est-il ton amant ? "
Yuffie laissa échapper des cris offensés très peu distingués à cette idée. Vincent compta jusqu'à vingt à l'envers en maduin pour ne pas intervenir. Mais pourquoi tout le monde préférait croire qu'il était pédophile plutôt que d'imaginer qu'il n'ait que des sentiments fraternels envers Yuffie ?
"PÈRE ! Mais vous n'allez pas croire les torchons des Orientaux ? ! "
"La cour se demande pourquoi tu entretiens une telle compagnie et les rumeurs…"
"Alors d'abord, je suis toujours vierge ! Ensuite, il est BEAUCOUP plus vieux que moi…"
Si Vincent calculait bien, il était même assez vieux pour être le père de l'Empereur. Et si Yuffie et Squall n'avaient pas conclu, Wedge lui devait dix gils.
"Et enfin, il me traite comme une petite sœur ! "
"C'est inconvenant de…"
"Je n'en ai rien à carrer ! ! "
Et ça serait peut-être mieux passé si Yuffie n'avait pas usé d'une expression du sud de Wutaï qu'elle avait probablement appris de lui. Ça allait être sa faute, il le sentait.
"Il m'a sauvé la vie plusieurs fois, me soutient moralement et m'enseigne tout ce qu'il peut afin que je sois en mesure de survivre aux combats que nous menons. Vous devriez le remercier pour tout ce qu'il fait pour moi ! "
"Tu n'aurais pas besoin de ce genre d'aide si tu avais choisi la voie des samouraïs comme je te l'avais ordonné ! "
"Seigneur Kisaragi, Princesse, nous arrivons," déclara calmement le conducteur.
L'Empereur pinça les lèvres, visiblement agacé de l'interruption, mais se redressa et se composa une expression plus calme.
"Merci Sonon. Yuffie. Pendant ce sommet diplomatique, tu devras être…"
"La représentante de Wutaï, agir de façon convenable en tant que Princesse, avec dignité et élégance et vous soutenir dans vos décisions."
"... très bien."
"Prends les bonnes, alors."
Quand le conducteur stoppa la voiture et que Vincent descendit ouvrir la porte à l'Empereur, celui-ci passa sans lui adresser un regard, immédiatement encerclé par ses gardes du corps pour être escorté jusqu'au bâtiment sécurisé choisi pour le sommet. Vincent balaya la rue du regard. Les médias n'avaient pas été prévenus de la nouvelle location du sommet, afin de ne pas risquer la sécurité des dirigeants, il n'y avait donc pas de journalistes, juste des troopers, des SOLDATs et un assortiment de gardes du corps de diverses origines, venus renforcer la sécurité. Certains s'approchèrent Yuffie, l'encadrant comme son père l'avait été quelques secondes plus tôt et Vincent commença à s'écarter d'elle avant qu'elle le ramène près d'elle en le tirant par le coude.
"Rêve. Tu me donnes le bras, je ne veux pas me péter la gueule dans l'escalier avec mes getas."
"Je doute que ton père approuve."
"Et je n'en ai rien à faire," rétorqua Yuffie avant de baisser la voix, suivant les gardes du corps, "je suis désolée de la façon dont il a parlé de toi."
"Yuffie," répondit Vincent sur le même ton, "ce n'est pas grave."
"Il te traite comme un… un…"
"Paysan ? "
"Il respecte plus les paysans ! "
"Ce n'est pas grave, Yuffie," répéta Vincent en l'aidant à monter les marches menant à la porte.
"Mais…"
"Je n'ai rien à carrer de ce qu'il pense," déclara Vincent, faisant sourire Yuffie, "ton opinion de moi est bien plus importante, Imouto-chan."
Yuffie lui adressa un petit sourire et resserra sa main sur son bras. Vincent se laissa faire et ouvrit la porte en haut de l'escalier, la tenant ouverte pour elle.
"Ce ne sera l'affaire que de quelques heures. Si tu es sage et que tu ne fais pas de scandale, je te paye des ramens."
"Ah, toi, tu as compris comment je fonctionne."
"Avec des crevettes en tempura."
"Je serais sage comme une image."
Tseng stoppa devant la porte du bureau souterrain, jetant un petit regard à Rude.
"Rien à signaler ? "
"Non, Monsieur," répondit Rude.
Tseng toqua légèrement au panneau renforcé.
"Entrez ! "
Il obtempéra. Rufus était à son bureau, revoyant une dernière fois son discours avec Wynne, pendant que Dìs préparait ses affaires.
"C'est bientôt l'heure, Monsieur," déclara Tseng.
"Merci, Tseng. Wynne, vous pouvez rentrer chez vous, nous nous reverrons demain."
"Oui, Monsieur, voici vos notes," ajouta la jeune femme en lui tendant une poignée de cartes, "bonne chance."
"Dìs, j'ai deux mots à échanger avec le Directeur Tseng, pouvez-vous m'attendre dans la voiture ? "
"Bien sûr, Monsieur," déclara Dìs en suspendant soigneusement le manteau de Rufus, tirant sur les manches pour le défroisser.
"Rude, escorte Mademoiselle Dìs à la voiture, Reno t'y attends."
"Oui, Monsieur," répondit Rude avant d'offrir son bras à la jeune femme.
Wynne s'excusa à son tour et sortit, refermant soigneusement la porte derrière elle.
Rufus posa ses fiches sur la table puis prit une dernière gorgée de café (sans caféine, il était toujours interdit de stimulants, quel qu'ils soient) et prit une profonde inspiration.
"Tout va bien, Monsieur ? " demanda Tseng.
Rufus hésita, mais Tseng, maintenant habitué à son patient, approcha sans attendre la réponse, levant la main pour la poser sur le front de Rufus.
"Non, je vais bien," objecta Rufus.
Tseng attendit la suite.
"Je… vais bien," répéta Rufus, "c'est juste…"
Il prit appui sur la table et se hissa sur ses jambes aussi élégamment que possible. Tseng ne dit rien, se contentant de lui offrir son bras pour le soutenir.
"J'aimerais pouvoir utiliser mes pouvoirs," finit par déclarer Rufus.
"Il n'en est pas question," rétorqua Tseng.
Le jeune Président laissa échapper un petit rire acerbe.
"Je savais que vous alliez dire ça."
"Pourquoi le suggérer, alors ? "
Rufus garda le silence, laissant Tseng lui tendre sa canne qu'il prit machinalement.
"Je vais… devoir convaincre des chefs d'États, des Rois et Reines, certains à qui l'ancien Président avait déclaré la guerre, ou du moins une hostilité ouverte, de collaborer avec Midgar pour mieux lutter contre Hojo."
Il serra les mains sur sa canne, se sentant… ridicule de parler ainsi, mais en même temps soulagé de pouvoir le dire.
"Et à cause de Scarlet, ma crédibilité en tant que Président est fort entamée…"
Il releva les yeux vers Tseng et tâcha d'être aussi convaincant que possible.
"J'ai besoin d'utiliser mes pouvoirs pour les forcer à…"
"Non."
Rufus cligna des yeux, surpris d'une réponse aussi ferme et immédiate.
"Mais…"
"Non," répéta Tseng, "vous n'avez pas besoin de vos pouvoirs pour ça."
"Tseng, je ne peux même pas vous convaincre de me laisser les utiliser et vous voulez que j'arrive à parlementer avec des diplomates…"
"Très bien, Monsieur. Je vous le demande en tant qu'ami, alors."
L'expression de Tseng s'adoucit et il baissa la voix.
"Rufus. S'il vous plaît. Ne vous mettez pas en danger en abusant de vos pouvoirs."
Il observa attentivement Rufus, de cette façon qui lui donnait l'impression, probablement à raison, qu'il était en train de regarder l'intérieur de son corps pour le réparer.
"Vous n'en avez pas besoin."
"J'aimerais en être aussi sûr," avoua Rufus.
Tseng se tourna et prit le manteau suspendu, l'ouvrant pour aider Rufus à l'enfiler.
"Vous avez survécu quinze ans auprès du Président, à gérer ses sautes d'humeur, ses ordres, ses lubies, le tout sans pouvoir le manipuler. Vous y arriverez."
Rufus lui jeta un regard agacé, mais n'insista pas, se contentant de tirer sur ses manches avant de reprendre sa canne bien en main.
"C'est de la pure manipulation émotionnelle," finit-il par déclarer à Tseng, comme celui-ci lui ouvrait la porte.
"En effet, Monsieur, et vous savez aussi bien que moi que ça ne fonctionnerait pas s'il n'y avait pas de lien affectif derrière."
Ils baissèrent tous les deux les yeux vers Umbra qui aboyait de rire à leurs pieds.
"Oh, tais-toi," grommela Rufus.
Yuffie se tenait admirablement bien.
Elle était assise sur le fauteuil qui lui avait été réservé, à droite de son père, les mains sagement croisées sur ses genoux, la tête haute.
Elle était même plus digne qu'une bonne partie des diplomates autour d'eux.
De sa place, juste derrière le siège de Yuffie, Vincent pouvait voir le reste de l'hémicycle où débattaient les diplomates, et avait une bonne vue sur l'estrade au centre, sur laquelle se tenait Rufus Shinra, debout à un podium, Rude et Tseng derrière lui.
Et pour le moment, il regrettait son ouïe augmentée.
Surtout quand tout le monde criait dans son micro.
Le président de Galbadia pour commencer, était visiblement très remonté. Un général assis près de lui tentait de le calmer, mais son président ne semblait pas l'écouter, continuant d'éructer en direction du Président Shinra.
"Je vois que le Président Deling est en forme," nota Yuffie d'une voix calme.
"Il y a eu une attaque de squames à Timber il y a dix jours," expliqua son père d'un ton tout aussi calme, "et les mouvements de libération sont en train de gagner le support du peuple face à l'inaction de Deling."
"Hamasaki-san."
"J'en prends note, Princesse," déclara Vincent.
Qu'est-ce qu'il y avait à Timber pour intéresser des squames ? Trente ans auparavant, Timber avait été une région autonome, mais la guerre entre Galbadia et Esthar avait mis fin à son indépendance et elle se trouvait maintenant sous la bannière Galbadienne. Vincent n'y était pas allé souvent, seulement en passant pour les missions à Esthar, et ne se souvenait que de grandes forêts en bord de mer. Est-ce que le temple de la matéria noire s'y trouvait ?
"S'il vous plaît ! " intervint le Président Loire, "Président Deling, s'il vous plaît, laissez le Président Shinra finir ! "
L'hémicycle avait été séparé en quatre parties, selon les quatre continents. Et si la partie wutane était la plus petite, due à son unité politique malgré sa taille, celles de Centra et d'Estérie prenaient presque tout le reste de la place. La Reine d'Alexandria était là, accompagnée de sa fille et regardait les dirigeants des pays voisins se hurler dessus d'un air désapprobateur.
Et Vincent n'était pas sûr mais…
Un des hommes de leur entourage avait des cheveux noirs et ressemblait de façon suspecte à son père.
L'Ancien devait déjà être en train de relancer son réseau d'espions auprès des grandes puissances. Est-ce que c'était ça qu'il avait voulu lui dire avant son départ de Daguerreo ? Qu'il devrait défendre les intérêts de Daguerreo auprès de Midgar ?
Un hurlement plus intense de la part du Président de Galbadia attaqua ses oreilles, le coupant dans sa réflexion.
"Comment osez-vous suggérer une alliance contre Hojo après tout ce que votre père à fait pour s'y opposer ? ! "
"Président Deling," reprit Rufus, "croyez-moi quand je vous dit que j'ai bien conscience des décisions de mon père…"
"Vous l'avez soutenue toutes ces années et maintenant vous retournez votre veste ? ! "
"Alors ça, c'est culotté de sa part," marmonna Yuffie dans sa barbe.
"Yuffie," objecta son père sans quitter le président galbadien du regard.
"À votre place, j'aurais démissionné pour laisser quelqu'un de plus légitime prendre la direction de la société Shinra ! "
"Ok, CA c'est encore plus culotté," ajouta Yuffie et cette fois, son père ne la rappela pas à l'ordre.
Un murmure s'éleva de l'hémicycle à ces mots.
"Ma légitimité n'est pas la question du jour, Président Deling," reprit le jeune Shinra d'une voix légèrement agacée, essayant de couvrir le murmure.
Il parcourut l'hémicycle du regard, cherchant visiblement ses alliés tout en se cramponnant à son podium.
Et pour le moment, ce n'était pas grand monde. Esthar tentait de conserver sa neutralité, Alexandria n'avait pas réagi depuis le début du sommet, se contentant d'écouter les débats. Le Maire fantoche de Junon était déjà sous l'égide de Midgar et bondissait à la défense de Rufus chaque fois qu'il le pouvait, mais la commandante de Fort Condor n'était visiblement pas aussi assidue que lui et laissait le Président Shinra se débrouiller seul. Le chef du conglomérat de l'archipel du sud s'était abstenu, en froid avec Midgar depuis la destruction de Besaid. Quant au Grand Maître de Bevelle, Yo Mika…
Il sommeillait
Vincent avait du mal à croire que c'était toujours le même Grand Maître qu'à son époque. Il ne devait pas être loin d'être centenaire maintenant. C'était le plus jeune Maître à ses côtés qui gérait la situation, un homme d'âge moyen, chauve et vêtu d'une robe jaune. Vincent ne le connaissait pas et n'avait pas vraiment d'intérêt pour Bevelle et sa hiérarchie.
Et évidemment, personne de Burmécia, ni d'Eruyt. Ce qui, vu l'isolationnisme des Burméciens et des Viéras, n'était pas surprenant. Vincent aurait été presque plus étonné de voir une viéra ou le roi de Burmécia à la table des négociations.
Et du côté Centra, c'était pareil. Pas de représentant de Cosmo, et Minerva savait à quel point un peu plus de neutralité ferait du bien dans ce sommet. Personne de la région de Nibel non plus, les habitants de Nibelheim étant toujours parqués à Rocket town. Le Maire de Costa del Sol était tout acquis à la Shinra, surtout pour continuer de bénéficier de la protection de sa région par leurs troupes, mais les chefs de clans de Corel Sud et le porte-parole du peuple de Gongaga réclamaient eux aussi la démission du Président Shinra.
Les représentants des îles indépendantes et du peu qui était habité de Grand Glacier restaient silencieux. C'était déjà intriguant que les Guados aient accepté l'invitation au sommet, vu que leur seul intérêt dans les affaires de Gaïa était de disposer des corps des morts.
"De quel droit cet homme se prétend apte à diriger nos efforts de guerre ? "
"Président Deling, je ne vous demande pas…"
"Alors que son père pendant des années les as systématiquement mis en déroute ? ! "
"Président Deling..."
"Il n'est même pas capable de défendre sa propre ville contre Hojo, comment pourrais-t-il…"
"Mais vous allez fermer votre gueule et le laisser finir, oui ? ! "
Le Président Deling, visiblement peu habitué à une intervention de ce type, en ferma sa bouche.
Tous les regards se tournèrent vers la délégation Estharienne.
Squall était penché vers son père et tenait son micro d'une main. Derrière le Président, les oncles du jeune homme semblaient à deux doigts de lui mettre une fessée en public, tandis que de l'autre côté, sa sœur affichait une mine réjouie d'être au premier rang du spectacle.
"La première chose qu'on m'a appris dans ce genre de sommet, c'est que c'est grossier d'interrompre celui qui a la parole."
"Espèce de freluquet, comment oses-tu…"
"J'ai dix-sept ans, je suis jeune et con, j'ai une excuse, c'est quoi la vôtre ? ! "
"Squall, rends-moi mon micro ! " s'exclama le Président Loire.
"Je n'arrive pas à croire qu'il soit ton petit-ami," murmura le Seigneur Kisaragi d'un ton las.
"Je n'arrive pas à croire que je n'ai toujours pas conclu," rétorqua Yuffie.
"Merci de votre... intervention Monsieur Leonhart," déclara Rufus Shinra, "je ne réfute pas les arguments du Président Deling, toutefois…"
Vincent se demanda s'il était le seul dans l'hémicycle à percevoir la pâleur du jeune président, ou la façon discrète dont il s'appuyait sur son pupitre. Tseng semblait aussi conscient de l'état de Shinra. C'était la première fois que Vincent le voyait prêter plus d'attention à sa charge qu'à ce qui les entourait.
"La mort de mon père, ainsi que les nombreuses attaques dont Midgar a été la cible, me font prendre conscience de la fragilité de la situation. En accédant à la tête de la société Shinra j'ai… réalisé à quel point… les objectifs de mon père interféraient avec la lutte contre Hojo."
Il y eut quelques rires, plus ou moins polis.
"C'est pourquoi je me tiens aujourd'hui devant vous. Afin de présenter des excuses sur la façon dont la société qui est maintenant la mienne a fait passer ses intérêts avant ceux de Gaïa."
"C'est facile à dire ! " Intervint un des ambassadeurs de Gongaga, "le Président Deling a raison, vous n'avez rien fait avant ! "
"Je faisais ce que je pouvais dans ma situation…"
"Et vous avez écarté votre sœur du pouvoir ! " ajouta la commandante de Fort Condor.
"Commandante Farron, je vous assure que ma… sœur s'est écartée du pouvoir seule en tentant de m'assassiner."
"Tout le monde sait que vous êtes tous corrompus dans la famille ! " lacha quelqu'un dans la coalition de Corel.
"Messieurs ! " rappela le Président Loire, "un peu de respect ! "
"Vous feriez mieux de tenir votre fils, Loire ! "
"Je vais être honnête," soupira Yuffie, "mais je crois que j'ai vu plus de maturité dans ma classe."
"Qu'ils restent désunis," déclara son père, "ça nous servira."
Yuffie jeta un petit regard soupçonneux à son père mais avant qu'elle ait pu lui demander ce qu'il voulait dire par là, une voix autoritaire coupa le débat qui s'envenimait.
"SILENCE ! "
Cette fois, l'appel au calme vint de la tribune d'Alexandria. En effet, Garnet s'était levée, sous le regard surpris de sa mère et de leurs gardes du corps.
"Mesdames. Messieurs. Je vous en conjure. Un peu de calme. Nous ne sommes pas ici pour discuter de tarifs ou de désaccord commerciaux. Nous sommes ici pour décider du sort de Gaïa contre notre ennemi commun. Et je serais la première à reconnaître les défauts du précédent Président Shinra. Toutefois, son fils est prêt à reconnaître les torts de sa famille et à offrir des excuses publiques. Ce devrait être suffisant pour au moins envisager de travailler ensemble."
"Princesse, je pense que vous devriez laisser parler votre mère au lieu de nous assommer d'idées romantiques idéalisées," déclara le Président Deling.
"Ma fille parle pour moi, Président," rétorqua froidement la Reine, levant une main pour la poser sur celle de sa fille.
Mère et fille échangèrent un regard et la Reine hocha subrepticement la tête, encourageant sa fille en silence.
"Je sais combien vos peuples souffrent de ces attaques. Je sais combien vous voudriez arrêter le Maître de Sin et ses monstres. Et nous en avons l'opportunité, maintenant. Nous pouvons oublier nos différents et enfin travailler pour lutter contre Sin et le Professeur Hojo."
"Princesse, je crois que vous donnez trop de foi au Président Shinra pour nous apporter la paix," intervint le représentant de Gongaga.
"Je ne sais pas, Monsieur, je ne me souviens pas de ce qu'est vivre en paix," rétorqua Garnet, "j'avais six ans quand Hojo a déclaré la guerre à Gaïa."
Le silence retomba à nouveau.
"Il est temps," reprit Garnet, "de laisser partir les querelles intestines, de cesser de se chamailler pour des bribes de pouvoirs ou d'influence. Nous devons nous unir. Nous devons travailler ensemble. Ou Hojo gagnera. Et c'est tout Gaïa qui sera perdant. Mesdames, Messieurs, merci de m'avoir accordé votre attention."
Elle se rassit dignement et sa mère se tourna vers elle, lui tapotant la main avec un sourire fier, avant de se lever à son tour, se hissant sur ses pieds avec difficulté.
La Reine Brahne était une femme d'une quarantaine d'années, prématurément vieillie par la mort de son époux et l'attaque d'Alexandria. Mais alors qu'elle se redressait de toute sa taille, forte impressionnante, qu'elle bombait le torse et levait le menton, tout le monde se souvint de la grande valkyrie au tempérament incendiaire qui terrorisait les prétendants lors des réceptions mondaines avec sa langue de vipère et ses manières de corps de garde.
Fort heureusement, il semblerait que sa fille ait hérité du caractère un peu plus accommodant de son diplomate de père.
"Je rejoins l'avis du Président Shinra," déclara la Reine d'une voix assez forte pour ne pas avoir besoin de micro. "Il est temps de s'unir contre la menace de Sin et de la vermine qui le dirige. J'en appelle à votre bonne volonté, Mesdames, Messieurs. L'avenir de Gaïa dépend de vous."
Un nouveau murmure s'éleva de l'hémicycle, les dirigeants conversant avec leurs conseillers sur le récent développement, jusqu'à ce que l'empereur de Wutaï se lève, attirant tous les regards.
"C'est une décision qui demande une concertation avec nos conseillers," déclara-t-il, "je propose d'ajourner les débats pour aujourd'hui."
"Le Seigneur Kisaragi a raison," ajouta le Président Loire.
"Très bien," reprit le jeune président Shinra, "je vous remercie tous de votre participation, nous reprendrons dès demain."
Yuffie allait entraîner Vincent vers le buffet des rafraîchissements quand son père l'arrêta, la retenant par le coude.
"Nous retournons à l'ambassade."
"Si vite ? "
"Dépêche-toi," ordonna son père.
"Seigneur Godo ! Voyons, vous nous quittez sans même dire bonjour ? " s'exclama une voix forte.
L'Empereur et sa fille se tournèrent vers la Reine d'Alexandria qui approchait, son éventail à la main et suivie de sa fille et ses conseillers.
"Dame Brahne," salua l'Empereur d'un air guindé.
"Est-ce que c'est la petite Yuffie ? " reprit la Reine en se tournant vers la jeune fille, "Saint Alexander, tu ressembles de plus en plus à ta mère ! "
"Je vous remercie, Majesté," déclara poliment Yuffie en s'inclinant.
"Au fait, Godo, j'ai entendu des rumeurs concernant votre jeune épouse, est-ce vrai que vous attendez un heureux événement ? "
Derrière sa mère, Garnet fit discrètement signe à Yuffie de la rejoindre et malgré les mimiques agacées de son père, aux prises avec la Reine, Yuffie obtempéra, Vincent sur les talons. Les deux princesses s'éloignèrent vite, bras dessus bras dessous, Vincent derrière elles.
"Merci pour le coup de main," murmura Yuffie.
"Je t'en prie, ton père a l'air encore plus sombre que d'habitude…"
"On s'est disputés dans la voiture, mais pour une fois, c'est pas moi qui ait commencé."
"Yuffie…"
"Ce n'est pas moi qui ait commencé," reprit Yuffie en corrigeant son commun à la grande satisfaction de Garnet.
"Squall et Ellone nous attendent près des petits fours, dépêchons-nous avant que Mère n'arrive plus à accaparer l'attention du Seigneur Kisaragi."
"Monsieur Valentine, puis-je vous adresser un mot ? "
Vincent se tourna vers l'homme qui venait de parler et reconnut l'Alexandriote qu'il avait repéré pendant les débats.
Et il avait effectivement des yeux rouges.
Cette journée allait de mieux en mieux.
"Je dois rester en vue de la Princesse Kisaragi."
"Nous ne serons pas loin," rétorqua l'homme.
Ils restèrent effectivement proches des deux Princesses, juste suffisamment à l'écart pour que Vincent puisse toujours lire sur leurs lèvres et surveiller leurs environnements immédiats. Il vit Squall tendre un verre aux deux jeunes filles avant d'entamer une discussion à bâtons rompus.
"J'ai un message pour vous de Daguerreo."
Est-ce que son père avait déjà reçu sa lettre ? Non, ce n'était pas possible, Paine ne devait même pas encore être arrivée à Gongaga, le temps qu'un message de Daguerreo arrive à Alexandria plus le voyage de la délégation à Midgar, ce message devait avoir été envoyé bien avant. Et puis, s'il avait des reproches à lui faire, son père ne se priverait pas pour les lui faire en vis à vis.
"Je vous écoute."
"Un autre sommet se prépare, mais les choses bougent vite. Tenez-vous sur vos gardes, vous aurez de nouvelles instructions rapidement."
"Est-ce que le dirigeant de Daguerreo est équipé en nouvelles technologies ? "
"C'est en cours," admit l'homme.
Vincent sentait qu'il allait regretter de donner un moyen rapide à son père de le contacter.
"Transmettez-lui mes coordonnées dès que ce sera fait, je vous prie," demanda-t-il.
Une fois l'échange de numéros fait, Vincent put de nouveau approcher des quatre jeunes gens. Ellone et Garnet discutaient tout haut du scénario d'une série télévisée à la mode, pendant que Squall et Yuffie échangeaient dans un mélange de murmures et de discrets signes de mains. Au moment où Vincent les rejoignait, l'Empereur arriva à son tour, les interrompant.
"Yuffie, nous devons retourner à l'Ambassade."
"Très bien, Père," répondit Yuffie avec une amabilité qui surprit son père, "Princesse Alexandrios, Mademoiselle Loire, Monsieur Leonhart, au plaisir."
"A demain, Princesse," répondit Ellone.
Vincent s'inclina poliment à son tour avant de suivre Yuffie.
Elle lui prit le bras pour descendre les marches du bâtiment, en profitant pour lui glisser quelque chose dans la manche.
A la taille et au poids, ce devait être une clef USB.
En forme de moomba.
Ça le changeait des microfilms du passé.
Le trajet vers l'ambassade fut rapide et plus calme qu'à l'aller et la voiture les déposa rapidement devant le bâtiment dédié à Wutaï. Vincent commença à suivre le père et la fille dans les couloirs, l'Empereur marchant presque trop vite pour que Yuffie suive avec ses getas.
"Père ! Père attendez ! "
"Dans mon bureau, Yuffie," ordonna l'Empereur avant de se tourner vers Vincent, "jeune homme, je vais vous demander d'attendre ici, ce que j'ai à dire est… personnel."
"Bien, Votre Majesté," répondit Vincent avant de se poster près de la porte.
Les autres gardes du corps le rejoignirent et il recula de quelques pas devant leurs mines peu aimables.
Visiblement, ils avaient des ordres le concernant.
Misère… Ce n'était pas le moment que l'Empereur décide d'essayer d'enlever sa fille à nouveau. Vincent s'adossa au mur, aussi près que les gardes du corps ne l'autorisaient et glissa sa main dans sa poche, prêt à déclencher l'alerte de son PHS si les choses dégénéraient. Il vit Yuffie lui jeter un regard alarmé avant de suivre son père dans son bureau. Celui-ci congédia les serviteurs qui leur apportaient du thé et s'installa à son bureau.
"Que se passe-t-il, Père ? "
"Nous nous retirons de Midgar."
Que Dame Da Chao lui donne de la sérénité et vite. Elle allait le tuer et ça lui ferait mal.
"Vous n'allez pas refuser la demande de Shinra ? "
"Yuffie, réfléchis. C'est notre chance de pouvoir enfin retrouver notre indépendance totale ! Si personne ne le soutient, son initiative est vouée à l'échec"
"Vous ne pouvez pas faire ça APRÈS qu'Hojo soit mort ? ! "
"Nous allons nouer une alliance avec les autres contrées, bien sûr, mais nous ne pouvons pas soutenir…"
"Père, est-ce que vous pourriez réfléchir en désactivant votre ego ? ! "
"Tu comprendras quand tu seras impératrice."
"Au rythme où ça va, il n'y aura plus de Gaïa quand je serais impératrice ! " tempêta Yuffie.
"Je sais ce que je fais et il est temps que tu cesses de me contredire à tout bout de champ ! "
Yuffie jeta un regard agacé à son père et opéra un demi-tour, à pas trop grands pour son kimono. Elle rouvrit la porte, faisant sursauter les autres gardes du corps et pointa du doigt Vincent qui attendait patiemment.
"MAKOTO ! VIENS ! "
Vincent obtempéra calmement, intrigué de voir Yuffie soudain aussi furieuse et la vit fermer la porte derrière lui puis asséner une claque sur la matéria soigneusement camouflée au milieu d'un élégant décor de porte fait de fleurs, incrusté de pierres semi précieuse.
Un sort de silence les sépara du reste du bâtiment et Yuffie retourna vers son père d'un pas déterminé.
"Est-ce que vous avez été en contact avec Daguerreo récemment ? "
"Dag... Yuffie, voyons," reprit l'Empereur en affichant une mine désapprobatrice, "la ville de Daguerreo a été détruite il y a des siècles."
Parfois, Vincent détestait l'augmentation de ses sens.
Parfois, il appréciait.
Comme en ce moment où il pouvait très nettement entendre la panique de l'Empereur, rien qu'au battement frénétique de son cœur. Yuffie posa ses poings sur ses hanches, jetant un regard furieux à son père.
"Ah tu veux le jouer comme ça ? Aniki ? "
"Haï ? " répondit Vincent par réflexe.
"Je peux lui dire, s'te plait ? " Minauda Yuffie en battant des cils.
Vincent inclina la tête d'un geste élégant et Yuffie se racla la gorge en se tournant vers son père.
"Père. Permettez-moi de vous présenter Makoto de Daguerreo."
L'Empereur jeta un regard peu amène à Vincent, visiblement vexé d'avoir été pris en flagrant délit de mensonges éhonté.
"Père avait raison, j'aurais dû me méfier des fureteurs aux yeux rouges," marmonna-t-il.
"... Fils du Seigneur Diablos de Daguerreo, Roi des Démons, Père de la Mémoire," acheva Yuffie d'un ton froid.
Vincent s'inclina poliment.
"Très honoré, Seigneur Kisaragi."
Yuffie accorda à son père très exactement une minute vingt secondes pour réaliser qu'il manquait de respect au fils d'un Ancien avant de reprendre.
"Bon, maintenant, faut qu'on te parle en tant qu'arrière-petit-fils de Dame Da Chao."
Quand Barret ouvrit la porte à Yuffie et Vincent, elle portait une paire de baskets aux pieds.
"Tu as eu ça où ? " soupira Barret en les laissant entrer.
"Les serviteurs de l'ambassade me les ont prêtés," expliqua Yuffie, je leur rends demain."
"J'irais avec elle," précisa Vincent.
"On s'inquiétait," ajouta Reeve qui avait défait sa cravate et patientait en vidant des tasses de café.
"Désolée," s'excusa Yuffie, "Père voulait me parler, on est sorti il y a juste dix minutes."
"Que se passe-t-il ? " demanda Barret, inquiet.
"Le Seigneur Kisaragi accepte de rejoindre l'alliance dans la lutte contre Sin," expliqua Vincent en retirant son écharpe.
Barret et Reeve échangèrent un regard abasourdi.
"L'influence du Seigneur Kisaragi et de Sa Majesté Alexandros va sévèrement renforcer l'autorité de Shinra," commença Reeve.
"Oui, et les autres puissances devraient suivre."
"Oh, Aniki, le truc que je t'ai filé ? Ce sont des infos de la part de Squall et Ellone pour Reeve ! "
Vincent hocha la tête, sortant la clef usb de sa poche intérieure avant de la lancer à Reeve qui l'attrapa au vol, jetant un regard stupéfait au petit moomba en plastique dans sa main.
"Vincent qu'est-ce que vous avez FOUTUS ? " s'exclama Barret.
"On a été sages," répondit Vincent.
"Vous avez retourné l'échiquier géopolitique en une demi-heure ? ! "
"Oui, mais on a été sages," répéta Vincent pendant que Reeve éclatait d'un rire nerveux.
Cid était assis à son atelier dans le garage avec Séphiroth, faisant quelque chose aux lames posées devant eux quand Vincent le rejoignit, toujours en costume.
"Tadaima."
"Oh, vous êtes de retour ? " s'étonna Cid en se tournant vers Vincent.
"Yuffie se change, vous nous avez attendu ? "
"Reeve a commencé à flipper quand vous avez disparu du sommet avec l'Empereur."
"Nous étions à l'ambassade, nous réglions un… problème de famille."
"Il va falloir se barrer en urgence ? " demanda Cid en se redressant.
Vincent secoua la tête en s'arrêtant près de son fils. Il le salua d'un petit signe de tête auquel répondit Séphiroth de la même façon avant de baisser les yeux vers la table. L'épée de Cloud, ainsi que le sceptre d'Aérith, un de ses couteaux et Masamune étaient posés dessus, au milieu d'outils.
"Séance réparation ? "
"J'essaye en tout cas, je suis pas forgeron," soupira Cid en lui rendant son couteau, "j'ai ressoudé une fissure sur l'épée de Cloud et remplacé l'orifice abimé, mais à un moment, il faudra qu'il la change."
"Et je voulais savoir si Masamune est réparable," ajouta Séphiroth en désignant son arme, rangée dans un fourreau de taille normale.
"Puis-je ? " demanda Vincent.
Séphiroth hésita mais finit par hocher la tête et Vincent sortit l'épée avec délicatesse, observant la cassure.
"Faites attention, elle a ses têtes," intervint Séphiroth.
Vincent l'interrogea du regard, au moment où il sentit la garde de l'arme se dissoudre sous ses doigts.
L'épée disparut dans un nuage de poussière noire et il manqua de laisser tomber le fourreau, pendant que Séphiroth tendait précipitamment le bras sur le côté, resserrant la main sur la garde de Masamune qui réapparaissait à sa portée.
"Oh."
"Je l'ai gagnée dans un combat à Wutaï," expliqua Séphiroth en la reposant sur la table de l'atelier, "je croyais qu'une fois cassée, elle ne le ferait plus mais…"
"Je pense pas que j'arriverais à la réparer si elle s'amuse à faire ça, " grommela Cid.
"C'est une arme liée," expliqua Vincent.
"Basch appelle ça une… heredaĵa armilo," précisa Séphiroth.
"C'est quoi ? " demanda Cid.
"Des armes héréditaires. Elles se transmettent d'un utilisateur à un autre, généralement à son enfant ou après un combat," expliqua Vincent.
"Comment savez-vous tout ça ? " s'étonna Séphiroth.
"Mon père. Il a tenté de faire de moi un érudit."
"Pourquoi n'a-t-il pas réussi ? " demanda son fils.
"J'aimais trop la bagarre," admit Vincent avec un petit sourire.
"Au fait, Riku en a une aussi, non ? " reprit Cid.
Oh. Oui. La lame en forme d'aile. Vincent se redressa et écouta. Il entendait Riku et Marlène jouer dehors, dans la cour.
"Je vais le chercher."
"Attend, je lui ai appris un truc," intervint Cid, "RIKU ! "
Quand Riku entre dans le garage, Marlène sur la hanche et tous deux avec le nez et les joues rouges de froid, Vincent et Séphiroth se frottaient tous deux l'oreille la plus proche de Cid.
"Qui s'passe ? " marmonna Riku d'un ton méfiant.
"Cid n'a plus le droit de crier pour t'appeler," soupira Vincent.
"D'accord 'Ji-san," répondit Riku avant de jeter un coup d'œil à Séphiroth et faire le tour de son grand-père pour rejoindre Cid.
"T'as toujours ton épée ? " demanda Cid.
Riku hocha la tête et avant que les adultes aient pu l'arrêter, il avait tendu la main sur le côté, son épée apparaissant dedans. Il eut un sourire fier avant de froncer les sourcils en la ramenant devant lui.
"Oh, elle a encore changé…"
"Ouaaaah," s'extasia Marlène.
Cid avait vu l'arme de très près quelques mois plus tôt et ne put que confirmer. Là où la lame avait été courbée comme un cimeterre, en forme d'aile de démon, elle était maintenant plus droite et deux ailes plus petites entouraient sa garde, une de démon et l'autre de plumes. D'ailleurs, quelques gravures de plumes semblaient apparaître sur la lame.
"Elle change ? " s'étonna Séphiroth.
"Les armes liées évoluent selon leurs propriétaires," expliqua Vincent, "selon leur talent à l'épée, leur état mental…"
Hel avait été très fier quand il avait réussi à enchanter une arme pour qu'elle devienne héréditaire[1]. Ça lui avait pris trois ans à étudier la thaumaturgie antique et les écrits d'un de leurs ancêtres avant d'y arriver. Et après son amputation, l'épée s'était transformée pour s'adapter à son bras, lui permettant de continuer à la manier sans avoir à apprendre l'escrime de la main gauche.
C'était logique que l'épée de Riku fasse de même.
Ce qui était moins logique, c'était que Riku ait une arme héréditaire à son âge.
"Où l'as-tu eue ? "
"Hu…" hésita Riku avec un petit coup d'œil à Marlène qui le regardait avec des étoiles dans les yeux.
Le béguin de la petite fille pour Riku était évident et Barret allait probablement râler à ce sujet, mais elle était probablement un peu jeune pour entendre les circonstances dans lesquelles Riku avait obtenu son arme.
Parce que ça ne signifiait qu'une chose : quelqu'un était mort devant lui. Peut-être même de sa main.
"Marlène, pourrais-tu demander à Elmyra de préparer du thé pour nous, s'il te plait ? " demanda Vincent.
"Oui, Vincent ! " s'exclama-t-elle.
Riku la posa au sol et elle déguerpit, le laissant seul avec les adultes.
"Alors ? " fit Cid.
"C'était l'arme de Garland," expliqua Riku en baissant son bras.
"Qui ? " répéta Séphiroth.
"Un Remnant. Il est mort."
"Tu l'as tué ? " demanda Vincent.
Riku se tortilla d'un air coupable sous le regard inquisitif de son grand-père.
"Achevé, plutôt ? " offrit-t-il, prouvant par là même qu'il jouait autant sur les mots que lui.
"Comment ça ? "
"Hojo lui avait injecté de la mako et… et des cellules de Jénova je crois, et…" commença Riku avec un regard à son père, avant de le désigner d'un geste de sa main libre, "ses cellules. Mais il a commencé à dégénérer. Hojo l'a laissé tomber et il traînait dans Sin en tuant et mangeant ceux qu'il croisait."
Vincent avait une bonne imagination et déjà vu et subi des horreurs de la part d'Hojo. Mais dès que Riku ouvrait la bouche sur sa vie à Sin, il en découvrait de nouvelles qu'il aurait probablement préféré ignorer. Il fallait qu'il parle à nouveau à Maître Cid. Il espérait qu'il aurait des idées sur comment aider un adolescent tellement habitué à ce genre d'horreurs qu'il ne cillait plus en les racontant.
"Mang…" répéta Séphiroth, lui aussi visiblement perturbé.
"Il a essayé de me coincer un jour. Setzer est intervenu ! " ajouta précipitamment Riku en voyant les adultes froncer les sourcils, "il a pas eu le temps de me faire du mal ! Et… Alors qu'il était mourant et que Setzer reprenait son souffle…"
Il jeta un regard à son arme et la leva à hauteur de ses yeux.
"Souleater[2] est apparue."
"Et tu l'as utilisée sur lui," acheva Vincent.
Riku hocha la tête, baissant à nouveau son arme.
"Après sa mort. J'ai… je voulais être sûr qu'il allait pas se relever. Je lui ai coupé la tête. Mais…"
Il jeta un petit regard à Souleater, la tournant de gauche à droite. Elle devenait de plus en plus légère au fur et à mesure de ses utilisations, et il l'avait mieux en main, surtout depuis qu'il avait commencé à apprendre l'escrime auprès du Professeur Garamonde.
Quand Garland l'utilisait avant, c'était une épée presque aussi grande que lui, garde comprise, à double tranchant. Mais pendant la dégénérescence de son propriétaire, elle avait commencé à se fissurer, du feu suintant de ses lézardes.
"Elle a changé dès que j'ai mis la main sur sa garde, pour que j'arrive à la soulever. Et quand elle est apparue la seconde fois, elle commençait à devenir... comme vous l'avez connue."
Cid sentait de la bile lui monter dans la gorge et il attrapa une cigarette dans le paquet sur l'établi pour la coincer entre ses lèvres.
La seconde fois.
Bahamut, quel âge avait eu Riku quand il avait dû commencer à tuer pour se défendre ? Il avait rencontré Setzer… Après sa disparition à Junon, moins quelques mois de trempette dans la mako… Donc, il y a environ cinq ans.
Il avait commencé à se battre pour sa vie à dix ans.
"Elle s'est adaptée à ton héritage," reprit Vincent en désignant la lame en forme d'aile de démon.
Riku jeta un regard à Souleater avant de toucher doucement la partie emplumée de la garde.
"Et ça…"
"Ta grand-mère. Comme tes ailes."
"Et Elle," ajouta Riku d'un ton amer.
"J'en ai peur," admit Vincent.
Riku se rembrunit puis secoua la tête et lâcha son épée qui se dissout dans un nuage de poussière avant de toucher le sol.
"Bon, les règles de la maison concernant les armes, c'est : pas à l'intérieur," intervint Cid du ton le plus léger qu'il put. "Donc tu la ressors pas, surtout devant Reeve."
"Ah... heu, d'accord," déclara Riku.
"Le thé est prêt ! " s'exclama Marlène en ouvrant la porte.
"Nous arrivons ! " répondit Cid, "vas-y, Riku on te rejoint."
L'adolescent hocha la tête et rejoignit Marlène, la soulevant pour la jucher à nouveau sur sa hanche avant de fermer la porte derrière eux. Les trois adultes restèrent silencieux un long moment avant que Séphiroth finisse par prendre la parole.
"J'espérais que sans arène à Sin il y aurait échappé," admit-t-il.
Cid jeta un regard intrigué à Vincent qui secoua la tête.
"Comment ça se passe avec lui ? " reprit Vincent.
Séphiroth soupira.
Ah, à ce point.
"Il a passé l'après-midi à m'éviter," expliqua Séphiroth. "Soit il montait les meubles de sa chambre avec Shera et Jessie, soit il aidait Elmyra, ou bien il allait jouer avec Marlène… Dès que j'entre dans une pièce, il trouve une excuse pour sortir."
"Au moins, il n'a plus l'air d'avoir peur," risqua Vincent.
"Après ce qu'il vient de dire, je le comprendrais," murmura Séphiroth.
"Tu n'y étais pour rien," reprit Vincent.
"Ce... Garland… avait de mes cellules. Et il est devenu un monstre cannibale. Est-ce que moi aussi je vais…"
"Zéphyr," le coupa Vincent en posant la main sur son épaule.
Séphiroth se tut, baissant les yeux sur son père avant de les tourner vers le sol bétonné...
"Tu n'es pas un monstre."
"Il n'est pas le seul… tous ceux qui ont eu de mes cellules… les autres enfants…"
"Zéphyr, on ne sait pas ce qu'Hojo leur a fait de plus. Il y a la mako, les pouvoirs de Sorcières, Jénova."
Vincent baissa la voix, continuant plus bas.
"Et… ce que je t'ai révélé peut... être un choc… mais… ça ne fait pas de toi quelqu'un de moins humain."
Le jeune homme semblait confus. Et Cid étant maintenant spécialisé dans les expressions de Vincent, c'était visible comme le nez au milieu de la figure pour lui.
"Zéph," reprit Cid, "tu penses que les Al Bhed sont humains ? "
Séphiroth lui jeta un regard abasourdi.
"Je... oui, bien sûr."
"Et les viéras ? "
"Je n'ai jamais rencontré de Viéra[3] mais…"
"Les lions de cosmo aussi ? "
"Oui… enfin, physiquement ils diffèrent mais…"
"Mais ils sont humains…"
Séphiroth resta interdit quelques instants avant d'hocher la tête.
Vincent jeta un coup d'œil aux portes du garage, s'assurant qu'elles étaient bien fermées avant de retirer ses gants, tendant sa main démoniaque à son fils.
"Est-ce que je suis humain ? "
Il vit Séphiroth hésiter à la prendre, mais se raviser et plonger ses mains dans ses poches.
"Oui," finit-t-il par répondre.
"Alors tu l'es aussi."
Séphiroth ne semblait pas encore convaincu, aussi Vincent posa le dos de sa main contre son bras.
"C'est une question que se posent… tous ceux comme nous, à un moment ou l'autre. Et si mes frères étaient là, ils t'entraîneraient dans un débat philosophique pendant des heures, mais je vais résumer. Humain n'est pas le mot parfait, il se réfère trop aux humes. Conscient, peut-être."
"Conscient ? "
"D'exister, de vivre," intervint Cid.
Séphiroth hocha la tête et Vincent décida de ne pas insister. C'étaient effectivement des questions que se posaient les descendants d'Ancien, qu'il s'était lui-même posé à dix ans, puis quelques années plus tard, quand il avait fini par décider de vivre parmi les humains plutôt que parmi les Anciens. Et c'était à Zéphyr de décider pour lui.
"Tu veux rester ici cette nuit ? " demanda Vincent.
"Je… Elmyra me l'a déjà proposé. Elle dit que ce sera plus simple pour demain quand vous devrez retourner au sommet."
"Tu vas pouvoir inaugurer la chambre d'ami," ajouta Cid.
Le PHS de Séphiroth sonna et il le sortit de sa poche, jetant un coup d'œil à l'écran.
"C'est Rufus."
"Va dans le bureau de Reeve, il y a une matéria sceller," déclara Cid.
"Merci," fit Séphiroth avant de se tourner vers le vestiaire, décrochant déjà. "Zéphyr. Oui, attends je prends une matéria…"
Vincent attendit que son fils soit sorti avant de s'appuyer du dos contre l'établi, se frottant le visage à deux mains. Cid leva le bras pour lui toucher le dos.
"Laisse-moi deviner : tu vas tuer Hojo ? "
"Séphiroth aura le coup de grâce et j'ai promis aux jumeaux de leur laisser ses mains," grommela Vincent de derrière ses doigts.
"Il reste pas mal de morceaux à démembrer…"
"Je me ferais un plaisir de les énumérer," gronda le Turk.
"Il va falloir que tu te calmes, " conseilla Cid en se levant de son siège, passant la main autour de la taille de Vincent pour l'attirer contre lui
"Est-ce que tu penses que je suis d'humeur à me calmer ? "
"Riku est guérisseur-né. Il a leur empathie."
C'était une excellente raison de se calmer. En fait, rien que l'idée de bouleverser Riku douchait sa colère aussitôt. Vincent inspira longuement, souffla tout aussi longuement et enlaça Cid à son tour.
"Merci de prendre soin de lui."
Cid haussa les épaules.
"Je les aime bien tes gamins, ça me déranges pas…"
"Zéphyr est adulte…"
"Il est adulte de la même façon que tu es un senior," rétorqua Cid, écopant d'un pinçon dans le dos pour la peine. "Il a que dix-huit ans dans sa tête. Et ouais, il a fait la guerre, il a grandi dans un labo, il a eu des responsabilités qu'un gamin de seize ans n'aurait jamais dû avoir, mais justement. Il a besoin d'être aidé autant que Riku."
"Merci, Cid," murmura Vincent.
Il commença à défaire sa cravate. Il avait vraiment perdu l'habitude d'en porter une, elle l'étranglait presque. Surtout quand il était prit d'envie de meurtre.
"Je vais me changer."
"Dommage, j'aime bien."
"Est-ce que tu aurais des fantasmes concernant ces vêtements, Highwind ? " s'enquit Vincent avec un regard taquin.
"Nan, j'aimerais juste pouvoir te les retirer un jour," rétorqua Cid avec un grand sourire.
Vincent cligna des yeux, stoppé en plein geste.
"Je te croyais timide," finit-t-il par avouer.
Cid attrapa les pans de la cravate et tira dessus, amenant Vincent à sa hauteur.
"C'est pas parce que je n'aime pas étaler ma vie sexuelle en public que je suis timide," souffla-t-il avant d'embrasser Vincent à pleine bouche, ne le lâchant que quand l'air commença à se faire rare.
Il s'écarta de Vincent, lui adressant un grand sourire et lui tourna le dos pour s'éloigner.
"Je te garde ton thé au chaud, fais vite," déclara Cid avant de sortir du garage.
Bon. Au moins, Vincent n'avait plus envie de commettre un meurtre dans les trois minutes qui venaient.
Mais il allait quand même avoir besoin de se calmer avant d'approcher de nouveau de Riku.
Eh Tsubame, tu veux pas larguer ton gamin et la Princesse pour un peu de bon temps avec un vrai mec ?
Oh oui, Haru, fais quelque chose, je serais curieux de savoir ce que valent les Kisaragi…
Tu veux venger ta mère ? Je te boufferais en premier, gamin.
Soigne-moi, bordel ! Soigne-moi ou… ou je bute Haru, tu m'entends ? !
Je vais te bouffer.
Tu as ses cellules, donne-les-moi, DONNE LES MOI ! DONNE-MOI LES CELLULES DE SEPHIROTH !
JE VAIS TE BOUFFER ! !
Je VAIS…
Riku se réveilla, le cœur battant, un hurlement de makonoïde dans les oreilles.
Il crut un instant qu'il y avait quelqu'un d'autre dans le lit, qui prenait toute la place et il s'assit vivement, prit de panique, avant de réaliser que c'étaient ses ailes, sorties et qui le poussait de côté.
Où est-ce qu'il était ? !
Il ne reconnaissait pas…
Si. Si il reconnaissait la pièce.
Il n'y avait pas grand-chose dedans, juste son lit, une armoire. Rien d'autre.
C'était normal, ce n'était que la première nuit qu'il passait là. Shera, Aérith et lui avaient fini de monter le lit dans la journée et ils devaient construire le bureau demain.
Et pour sa première nuit seul, il avait droit à un cauchemar de Garland.
Ca faisait des années que ce n'était pas arrivé, Ansem avait rapidement remplacé Garland dans le role du monstre dans le noir, mais d'en avoir parlé avec son grand-père, Cid et…
Et Séphiroth…
Riku se recroqueville sur lui-même, rassemblant ses ailes autour de lui.
Ses ailes.
Il n'en avait qu'une avant, une blanche qui était vite devenue rouge, puis noire quand Hojo lui avait injecté des cellules de Jénova.
Et maintenant, il en avait six.
Il espérait un peu qu'il n'y en aurait pas plus, il ne savait pas comment se déplacer avec.
Et est-ce qu'elles brillaient dans le noir ? !
Super discret, merci.
Il inspira profondément, puis souffla, se forçant à se détendre.
Il fallut quelques minutes pour que ses ailes disparaissent et qu'il puisse s'asseoir dos au mur, ramassant une de ses plumes.
Ouais, elles brillaient dans le noir.
Ji-san disait qu'il tenait ça de sa grand-mère, la mère de…
Son… père…
Il leva les yeux vers le mur en face de son lit.
Il dormait dans la chambre d'à côté, que tout le monde avait décidé d'appeler la chambre d'ami. Un mur, ce n'était pas grand-chose pour un augmenté. Il pourrait l'entendre.
Il pourrait enfoncer le mur pour l'attraper.
Les murs n'avaient pas longtemps arrêté Garland, même ceux faits de la chair de Sin.
Il voulait retourner à Sin.
Non, il ne voulait pas…
Enfin… Il voulait retrouver les autres. Les Parasites. Baku, Shadow, Blank, Cinna, Marcus, Tarask…
Setzer…
Harumi…
Il voulait grimper dans le trou que sa mère et Haru avaient creusé dans la paroi de l'estomac de Sin, qui devenait trop petit avec deux adultes et un adolescent qui arrivait à être en pleine croissance malgré le manque de nourriture.
Il voulait se rouler en boule entre Setzer et Haru et entendre Setzer râler qu'il était trop grand pour ça mais ne pas le chasser.
Il voulait recommencer à escalader les épaules de Tarask et se faire jeter quand il gigotait trop, et remonter aussitôt là-haut.
Il voulait que Baku l'attrape à nouveau par la peau du cou pour l'obliger à apprendre à lire dans les fragments de journaux et de livres qu'il avait sauvé des derniers pillages.
(Et écrire aussi, les profs de la MGU s'étaient plaint qu'il écrivait atrocement mal, mais avant de sortir de Sin, il n'avait jamais écrit avec un autre outil qu'un morceau de verre ou de métal assez aiguisé pour qu'il puisse graver le sol ou les murs.)
Il voulait être là chaque fois qu'un parasite était blessé, ou malade, parce qu'il était le seul guérisseur de Sin et que sans lui, ils devaient…
Ils devaient…
Il se leva, empoignant sa couverture et alla vers la porte, l'ouvrant très doucement.
Shera dormait dans la chambre en face de la sienne et Jessie dans celle d'après. Enfin, elle ne dormait pas, il y avait un son très bas qui en sortait et de la lumière sous la porte, elle devait regarder un film et il passa sur la pointe des pieds.
Il y avait la porte de la chambre d'ami sur la gauche et il marcha encore plus silencieusement avant de passer la porte du couloir, arrivant dans l'ancienne partie des dortoirs. Le silence régnait toujours, personne ne l'avait arrêté. Il s'enveloppa dans la couverture, passant silencieusement devant la porte des sanitaires, puis celle du Lieutenant et d'Elmyra, celle de Yuffie et Marlène, la porte des jumeaux, et enfin celle de son grand-père et du Capitaine.
Là aussi, il y avait un rai de lumière sous la porte. Ils ne devaient pas encore dormir. Riku hésita, resserrant sa couverture autour de ses épaules puis inspira profondément et posa la main sur la poignée, ouvrant la porte.
"Capitaine, 'Ji-san, j'arrive pas à dormir, je peux venir dans votre…"
Il stoppa net sur le pas de la porte.
Le Capitaine, debout devant le bureau, se figea.
Son grand-père, assis sur le bureau en face du Capitaine, remonta rapidement ses mains, les posant sur ses hanches.
Riku cligna des yeux.
Bon, au moins, ils étaient encore habillés.
Enfin, majoritairement.
Le tee-shirt du Capitaine était jeté sur un des lits et Riku pouvait voir une vilaine cicatrice sur son épaule gauche, une brûlure sur le coude droit et sa nuque qui devenait peu à peu écarlate.
Il ne voyait pas grand-chose de son grand père, si ce n'est ses jambes de chaque côté du Capitaine, (toujours habillées, ouf,) et les pans de sa chemise ouverte.
Et son visage, calme et impassible, malgré le fait que le Capitaine essayait de cacher le sien au creux de son épaule.
"Oui, Riku ? " demanda-t-il.
"Euh… rien, désolé, bonne nuit," marmonna Riku en refermant la porte.
Il y avait peut-être du bon à frapper avant d'entrer, comme le lui avait dit Shera.
C'était presque pire que la fois où il avait débarqué dans l'alcôve de Tarask et Lani en demandant pourquoi ils criaient comme ça.
"Bon. Eh bien, il sait maintenant," finit par déclarer Vincent quand la porte se ferma.
"Je t'avais dit de lui en parler rapidement," marmonna Cid sans décoller son front de l'épaule de son amant.
Il sentit l'épaule de Vincent tressauter sous lui et laissa échapper un sourire à contre-cœur.
"Vincent. Vince. Arrête," marmonna Cid entre ses dents.
Vincent essaya vaillamment de se retenir, lâchant les hanches de Cid pour passer les bras autour de sa taille, le serrant contre lui.
"Vincent, si tu commences à rigoler, je ne vais pas pouvoir me retenir…"
"Je suis désolé," parvint à balbutier Vincent en tentant de ravaler son rire, "les nerfs."
Cid laissa échapper un grognement de dépit qui ressemblait fort à un ricanement étouffé.
"Note pour la prochaine fois : fermer la porte à clef."
Vincent hocha la tête, entièrement d'accord.
"Autant pour essayer de profiter que les jumeaux sont en ronde de nuit," finit-il par soupirer, alors que Cid se dégageait doucement, s'asseyant à côté de lui sur le bureau.
"Tu… as pu voir ce qu'il en pensait ? " demanda Cid.
"Il avait… l'air gêné," répondit Vincent.
"Tu veux que j'y aille ? " proposa Cid.
"Non… Non c'est à moi de le faire."
Il se releva et reboutonna sa chemise, réfléchissant à la façon d'approcher la conversation. Comment est-ce que son père aurait…
Non. Comment est-ce que Gigas avait géré ses propres questions ?
D'abord en l'envoyant balader quand il les interrompait Sophia et lui. Ensuite en lui mettant un livre entre les mains.
Mauvais exemple.
Et pour une fois, Hel avait été franc et honnête, et Vincent en avait un peu trop appris d'un coup. Beaucoup trop.
Penser à Riku d'abord, avait dit Maître Cid.
"Je suis présentable ? "
"Parfait. Maintenant va voir si Riku va bien et n'a pas été traumatisé."
C'était bien là la question. Est-ce que Riku était surpris, choqué ou traumatisé ?
En tout cas, une chose était sûre, il fallait aussi qu'il en parle à Séphiroth.
Avant que lui aussi l'apprenne par accident.
Séphiroth trouva Riku assit sur le bar de la cuisine, à manger une glace rectangulaire bleue.
Il n'avait pas vraiment prévu…
Bon, d'accord, c'était un mensonge.
Quand il avait entendu Riku se réveiller d'un cauchemar, il avait décidé de tenter une nouvelle approche.
"Elmyra sait que tu manges ça ? "
Riku sursauta, manquant de lâcher sa glace, mais se reprit vite, foudroyant son père du regard.
Mauvaise tactique. Il se braquait à nouveau.
Séphiroth hésita quelques secondes avant de passer près du bar, évitant de toucher Riku, et tendit le bras pour récupérer la boite à biscuit au-dessus du frigo. Il l'ouvrit, en sortit une poignée et se tourna vers Riku, la lui tendant.
"Je lui dirais rien si tu ne lui dis rien ? "
"Elle les achète pour moi," rétorqua Riku.
"Ah ? "
L'offrande de biscuits semblait être refusée. Mais Séphiroth avait remarqué que bien que Riku semble adorer la cuisine de la gouvernante, il n'est pas aussi friand de ses biscuits que lui. Ou les jumeaux. Ou le Lieutenant. Séphiroth referma la boîte de métal et la remit soigneusement à sa place, poussant le luxe jusqu'à la tourner exactement comme il l'avait trouvée.
"Je ne savais pas que tu aimais la glace," nota Séphiroth en s'appuyant du dos contre le frigo.
"J'aime pas. Trop sucré," rétorqua Riku.
Séphiroth jeta un petit regard à l'esquimau dans la main de Riku qui sembla brièvement embarrassé.
"C'est pas pareil. C'est… c'est salé et sucré en même temps."
Il baissa les yeux sur la glace qui fondait sur ses doigts et la changea de main, léchant la crème fondue.
"Salé et sucré ? "
"C'est de la glace à l'eau de mer."
Séphiroth n'y connaissait pas grand-chose en gastronomie, mais la combinaison lui semblait… inhabituelle.
Mais plus rien ne l'étonnait depuis qu'il avait vu ce que les Midgariens des Taudis sortaient du canal pour le dîner.
"Surprenant."
"C'est bon," rétorqua Riku d'un ton acerbe avant de grimacer et se tasser sur lui-même, comme s'il s'attendait à ce que Séphiroth se fâche et le frappe.
"Je ne vais pas te faire de mal," reprit Séphiroth d'une voix aussi basse qu'il pouvait.
"C'est trop tard," rétorqua Riku en jetant un coup d'œil nerveux à la porte de derrière.
"Riku s'il te plait… Dis-moi ce que tu me reproches," demanda Séphiroth en approchant de son fils qui se raidit immédiatement, prêt à sauter de la table et s'enfuir.
Séphiroth s'arrêta, puis recula délibérément d'un pas avant de reprendre.
"Que je puisse comprendre… et m'excuser."
"Après ce que t'as fait à maman ? ! "
"Ta mère ? "
"Fais pas l'innocent ! "
"Oh… c'était à Sin, c'est ça ? "
"Non, au labo ! "
Séphiroth avait vu les photos de Tsubame Makani dans le rapport d'Avalanche au sujet de Riku.
Et il ne l'avait pas reconnue.
Il ne l'avait jamais vue, il en était certain.
Des femmes, au Tambour, il n'y en avait pas eu beaucoup. Même parmi les assistants d'Hojo. Les rares qu'il avait vues avaient été des spécimens puissants, isolées… ou jetées dans l'arène pour défendre leur vie contre lui.
Mais il n'avait jamais vu la mère de Riku.
Il ne l'avait jamais touchée.
"Je… ne sais pas de quoi tu parles, Riku, qu'est-ce que je lui ai fait ? "
"Moi ! " cracha Riku.
Séphiroth resta abasourdi, dévisageant son fils qui le fixait, sa glace fondant à la main.
"Je... quoi ? "
"Elle a dit que... que tu étais venu au labo, que tu avais profité qu'elle soit endormie par Hojo et... et…"
"Quoi ? " répéta Séphiroth.
"Et que... et que c'est comme ça que je suis né et..." continua Riku en reniflant et agitant sa glace.
La main de Séphiroth fendit l'air.
Riku se crispa, fermant les yeux.
Et Séphiroth rattrapa la moitié de l'esquimau qui s'était cassé, avant que la glace ait touché le sol.
Son père arriva à ce moment-là, observant la scène de son air impassible. Il devait pourtant avoir de quoi s'étonner de trouver son fils avec une moitié d'esquimau fondue dans la main, son petit-fils au bord des larmes et des biscuits en miette sur le sol.
Sans compter qu'il avait dû entendre la discussion. Séphiroth était même un peu surpris que personne d'autre ne les ait interrompus.
"Aide-moi," supplia Séphiroth.
Cela sembla sortir son père de sa surprise.
"J'aimerais bien, mais il va falloir m'expliquer un peu plus," reprit Vincent avant d'approcher de Riku, attrapant un verre pour y mettre le reste de la glace, "et il faut que vous repreniez votre calme. Tous les deux."
Il posa le verre sur le plan de travail, aida Riku à descendre et le fit s'asseoir à la table avec quelques feuilles d'essuie-tout pour se nettoyer les mains.
"Nanaki, je suis désolé de te demander ça mais…"
"Pas de problème, Makoto, Je vais attendre Cloud et Zack dans leur chambre," répondit la voix du lion de cosmo.
"Merci."
Séphiroth avait complètement oublié que le lion dormait dans la pièce. Il était tellement discret et silencieux que la plupart du temps, seul le bruit de ses perles s'entrechoquant rappelait à Séphiroth qu'il était toujours là. Il fourra son nez sur le bras de Riku en passant puis se glissa par la porte et disparut. Vincent en profita pour s'approcher de Séphiroth lui prenant la glace fondue et lui tendant d'autres feuilles d'essuie-tout.
"Calme-toi aussi…" reprit-il à voix basse en jetant la friandise fondue dans l'évier.
Séphiroth lui jeta un regard incrédule.
"Zéphyr," reprit son père en montrant le frigo qui grésillait, son bourdonnement fluctuant aléatoirement.
"Je… Riku… pense que j'ai…"
"Je sais. Je sais. On va résoudre ça. Calme-toi. Inspire profondément. Tiens cinq secondes, puis expire."
Séphiroth obéit, suivant les indications de son père.
"Riku est guérisseur-né, il a leur empathie," murmura son père, "c'est comme avec Rufus Shinra. Plus tu es… perturbé autour de lui, plus il le sera."
Vincent guida doucement son fils vers la table, le faisant asseoir face à Riku.
"Je vais faire du thé. Restez là."
Le thé fut vite prêt.
Son père rendit aussi sa glace à Riku, accompagné d'une petite cuillère pour la finir.
Il avait même ressorti des biscuits et un sachet d'œufs en chocolat.
"Qu'est-ce que t'as entendu ? " demanda Riku, les joues rouges.
"Assez et pas assez," rétorqua Vincent en se tournant pour attraper le rouleau d'essuie-tout et le poser devant Riku. "Ta mère t'a dit… comment tu as été conçu ? "
"Pas à moi," marmonna Riku. "je l'ai entendue en parler à Haru."
"Comment elle l'a su ? " reprit Vincent d'une voix aussi calme que possible, "elle était endormie c'est ça ? "
Riku fronça les sourcils à la question mais finit par hocher la tête.
"Quand elle a vu qu'elle était enceinte, elle comprenait pas, elle se souvenait de rien et…"
"Et ? "
"Hojo lui a dit que t'étais venu pendant qu'il l'avait anesthésiée ! " cracha Riku.
"Je n'ai jamais…" commença Séphiroth.
"Zéphyr. Attends," demanda son père, "Riku, tu es né en août, c'est ça ?
Riku hocha la tête en se frottant le nez d'un revers du bras.
"Mouche-toi," ordonna Vincent en montrant le rouleau sur la table. "Zéphyr, quand est-ce que tu es parti à Wutaï ? "
"Octobre 2959."
"Soit onze mois avant la naissance de Riku."
"Ouais, et ? " rétorqua Riku.
"Une grossesse humaine dure neuf mois, Riku," expliqua Vincent.
"Il aurait pu revenir entre-temps," bouda l'adolescent après un moment.
"Zéphyr ? " reprit Vincent.
Le jeune homme se massait l'arête du nez d'un air agacé, et faisait visiblement un gros effort pour garder son calme.
"Une fois. Après la victoire de Fort Tamblin, le Président a voulu faire une parade au secteur 1."
"Quand ? "
"Mars 2960. Le 7. La capitulation a été signée en juin. J'étais de retour définitivement en septembre."
"Donc le seul moment où il est revenu, c'était cinq mois avant ta naissance."
"Ça veut rien dire, Hojo sait faire grandir les bébés plus vite dans le ventre des mères."
"Riku, je suis homosexuel ! " coupa Séphiroth.
Vincent cligna des yeux.
Bon, c'était un argument comme un autre.
Et ça expliquait pourquoi Séphiroth avait eu l'air aussi surpris d'être père.
"Hein ? " fit très intelligemment l'adolescent.
"Je suis homosexuel," répéta Séphiroth, "et la première fois que j'ai…"
Il sembla chercher un mot adapté pour une conversation avec un adolescent, une main levée et hésitant, et finit par jeter un regard désespéré à son père.
"Eut une relation amoureuse ? " suggéra Vincent.
"J'avais dix-sept ans ! " enchaîna aussitôt Séphiroth. "Et c'était avec un homme ! "
"Mais… " balbutia Riku, "Maman a dit… et elle mentait pas et…"
Vincent leva la main, effleurant doucement le bras de son petit-fils.
"Riku. Rappelle-moi qui le lui a dit ? "
"Ho… Hojo…"
"Hojo est un menteur," siffla Séphiroth. "Il m'a dit qu'il était mon père. Que Jénova était ma mère. Alors qu'il avait tué ma mère et mon... Qu'il a essayé de tuer mon père."
"Il a prétendu que j'avais été tué dans un accident de chasse, afin que personne ne me cherche," ajouta Vincent.
Séphiroth inspira profondément et souffla longuement avant de reprendre d'une voix plus maîtrisée.
"Écoute, je… Rufus a ton dossier. Celui qu'Hojo… Celui qu'il rédigeait pour l'expérience qui t'a donné naissance. Tu pourras le lui demander si tu ne me crois pas mais…"
Il se frotta le visage d'une main, se sentant presque aussi… vide que quand il avait appris la vérité sur l'identité de son père. Son regard croisa celui de Vincent qui hocha doucement la tête.
"C'était une insémination artificielle. Je ne savais même pas que Hojo avait… Jusqu'à il y a deux semaines, je ne savais même pas que j'avais un fils."
"Tu… savais pas ? " renifla Riku.
"Je l'ai appris avant l'attaque de la Tour."
"Quelques heures avant," confirma Vincent, "il est venu se réfugier ici en apprenant la vérité."
Riku resta silencieux quelques instants, son regard allant de Séphiroth à Vincent, puis de nouveau vers Séphiroth, ses yeux se remplissant de larmes.
"Elle a jamais su," reprit Riku, la voix étranglée, "elle a toujours cru…"
Il commença à hoqueter et Vincent attrapa le rouleau devant lui, arrachant quelques feuilles pour les lui mettre dans les mains.
"Shhh, ça va, ça va…"
Vincent hésita quelques secondes sur la marche à suivre avant de passer son bras autour de Riku, laissant l'adolescent s'accrocher à lui.
"Je crois qu'on en a assez dit pour aujourd'hui, on continuera une autre fois, d'accord ? "
Riku hocha la tête. Vincent se leva, sans le lâcher et se tourna vers Séphiroth qui l'avait imité, une main levée, hésitant à toucher Riku.
"Zéphyr, je vais mettre Riku au lit, je reviens."
"Je… je vais ranger," répondit Séphiroth en baissant la main, prenant sa tasse.
"Qu'est-ce qui se passe ? " demanda Cid en ouvrant la porte de la chambre.
"Je vais définitivement arracher la langue d'Hojo," déclara Vincent en guidant Riku jusqu'à son lit.
"Restera pas grand-chose une fois que vous en aurez fini avec lui," marmonna Cid, "je peux faire quelque chose ? "
"Riku va rester avec nous cette nuit…"
"Je suis désolé," renifla Riku, "je veux pas déranger…"
"Me déranges pas," rétorqua Cid, "viens là, j'ai encore pleins de photos de Setzer à te montrer."
Cid assit Riku sur le lit de Vincent avant d'ouvrir un tiroir du bureau.
"Je dois aller calmer Zéphyr aussi," murmura Vincent.
"Vas-y, je me charge de Riku."
"Zéphyr ? "
La cuisine était vide. Les tasses avaient été lavées, les friandises rangées, la table avait même été nettoyée.
Zéphyr n'était nulle part en vue.
Mais la porte de derrière était mal fermée.
Vincent trouva son fils assis sur le porche, jambes croisées, le regard fixé sur le mur du fond. Ou peut-être au-delà. Dans le silence de la nuit, Vincent entendait distinctement son cœur battre à tout rompre.
Zéphyr avait l'air calme, mais ne l'était pas. Vincent hésita sur la façon d'approcher, jusqu'à ce qu'il voie son fils tourner légèrement la tête vers lui.
"Riku ? "
"Cid s'occupe de lui."
Zéphyr hocha la tête, mais garda le silence.
"Tu savais que j'étais là ? "
"Vous sentez la poudre," répondit Zéphyr.
Ah. Oui, s'il y avait une chose sur laquelle Vincent n'avait aucun contrôle, c'était son odeur. Et Zéphyr était augmenté depuis beaucoup plus longtemps que lui…
Quel âge avait-il eu la première fois qu'il avait reçu de la mako ?
Vincent approcha, essayant de ne pas marcher trop silencieusement et s'agenouilla près de son fils. Lequel hésita quelques instants avant de reprendre la parole.
"Pourquoi a-t-il menti à ce sujet ? "
"Tu veux mon avis de Turk ? "
Zéphyr hocha sèchement la tête.
"C'est une technique de manipulation. Il ne voulait pas que Riku et sa mère s'attachent à toi comme Rufus l'avait fait. Il cherchait à t'isoler, à s'assurer qu'il soit la seule personne proche de toi."
"Nous n'étions pas proches," rétorqua sèchement Zéphyr.
"Qui y avait-il d'autre autour de toi, présent depuis ta naissance ? "
Il y avait…
Séphiroth fronça les sourcils.
Personne.
Le professeur Falmis avait été éloigné.
Les assistants d'Hojo changeaient régulièrement et n'étaient de toute façon pas autorisés à lui parler.
Le Président n'avait commencé à s'intéresser à lui que quand le projet SOLDAT avait commencé.
Hojo était le seul à avoir été là en permanence, qu'il le veuille ou non.
Le seul repère stable de sa vie, même si c'était pour le haïr.
Même Rufus n'avait pu rester que parce que Hojo l'avait bien voulu. Il lui avait montré à plusieurs reprises qu'il lui suffirait de désobéir pour qu'ils soient séparés.
"Pourquoi je ne réalise ça que maintenant ? " murmura Séphiroth, les yeux baissés sur ses mains.
"Ce n'est pas ta faute," déclara son père, "quand on est victime longtemps de ce genre de manipulation, ça devient… normal."
"J'ai essayé de lui échapper," murmura Séphiroth. "Après Wutaï…"
"Que s'est-il passé ? "
"Je suis revenu à Midgar et… Il avait dû livrer Rufus et Umbra au Président. Il ne pouvait plus les menacer, ils étaient trop utiles… Ils étaient… esclaves du Président, mais à l'abri d'Hojo…"
Vincent hocha la tête. Le Président et sa darkstar… Rufus et Umbra étaient le plus proche d'une famille que Séphiroth ait eu à l'époque.
Aussi proche que Yuffie l'était pour lui.
"J'ai refusé de retourner au laboratoire. J'ai refusé de me soumettre aux expériences. Pendant un an… J'étais libre."
Il tourna la tête vers son père.
"Je ne restais que le temps de trouver une solution pour… Pour Rufus et Umbra. J'attendais le bon moment pour les emmener loin tous les deux…"
Séphiroth se redressa, inspirant longuement avant de reprendre.
"Et Hojo a pris Basch."
"En otage ? " murmura Vincent.
Séphiroth hocha la tête. Le Capitaine avait dit avoir servi sous les ordres de Zéphyr à Wutaï, mais n'avait rien précisé. Et Zéphyr s'était inquiété pour lui dès la fin de la bataille de Midgar.
"Il lâchait Basch dans l'arène chaque fois que je désobéissais. Quand je parlais à quelqu'un avec qui je n'avais pas le droit, quand je faisais quelque chose qu'il ne voulait pas…"
"Et même parfois sans raison valable, sans que tu puisses y faire quelque chose," acheva Vincent, "parce qu'il était en colère, ou que quelque chose n'allait pas comme il voulait."
Séphiroth tourna la tête vers son père. Il se tenait très droit, assis sur ses talons à la wutane, les mains sur les genoux, le regard dans le vague.
"Comment vous savez ? " murmura Séphiroth.
Son père hésita un moment, détournant le regard avant de remonter son pull sur son ventre.
Il le rabaissa rapidement, mais pas assez du goût de Séphiroth.
"Il était en colère, hein ? " reprit Séphiroth de la même voix basse.
"Je crois que c'était à ta naissance," répondit Vincent sur le même ton. "Il disait que j'avais tout gâché. Il a dû... comprendre qu'il n'était pas ton père à ce moment-là…"
Vincent leva la main, rajustant une dernière fois son pull.
"Je ne l'avais jamais vu aussi furieux. Je pensais qu'il allait me tuer. J'espérais qu'il me tue. Mais ta… Lucrécia m'a sauvé la vie."
"Que s'est-il passé ? "
"Je ne suis pas sûr. Tout est très confus…Elle m'a injecté de la mako, elle m'a soigné, mais ça n'a pas suffi. Elle m'a remis dans le tube et…"
ll haussa les épaules d'un air perdu.
"Je n'en sais pas plus. Je me suis réveillé dans le…"
Il s'interrompit un bref moment, inspirant longuement avant de reprendre.
"Et je ne me souviens de rien jusqu'au moment où je me réveille à la clinique, trente ans plus tard, avec Gast..."
"Pourquoi il nous en veut comme ça ? " murmura Zéphyr.
Vincent se tourna vers lui.
Il avait l'air tellement jeune quand il était comme ça.
Comme s'il avait l'âge de Cloud. De Yuffie. De Riku.
Comme s'il n'était vraiment qu'un jeune homme de dix-huit ans et pas un vétéran de Wutaï, le général des SOLDATs, un rescapé d'expérimentation humaine.
Cid avait raison.
Vincent s'appuya de l'épaule contre celle de son fils et Zéphyr se laissa faire.
"Un jour, il sera mort," déclara Vincent, "et nous serons libres."
Zéphyr ne répondit pas.
Mais il s'appuya lui aussi contre Vincent.
"Il dort ? "
Cid, assis sur la chaise de bureau, sursauta.
Un jour, Vincent allait lui filer un arrêt cardiaque.
Cid n'avait même pas entendu la porte s'ouvrir et se fermer.
Il se tourna vers son amant qui approchait, complètement silencieux. Vincent vint poser une main sur son épaule, observant Riku endormi dans son lit, enroulé dans un nid de couvertures. Visiblement, son petit-fils était aussi frileux que lui.
"Il vient juste de sombrer," répondit Cid.
"Il t'a dit ce qui s'est passé ? "
"Je crois que j'ai compris le principal. Hojo lui a fait croire que Zéph avait…"
Merde, Cid n'arrivait même pas à le dire. Pas étonnant que le gamin craigne autant son père et veuille protéger les filles en sa présence.
"Sa langue sera pour Riku," gronda Vincent d'une voix basse.
"Comment va Zéph ? " demanda Cid en lui prenant la main.
Vincent chercha ses mots, se frottant le front de l'autre main.
"Il… Tu te souviens… comment il était quand il... a appris qu'il avait un fils ? Quand il est arrivé à Seventh Heaven ? "
"Ouais ? "
Ils avaient tous fait un bond en voyant Elmyra et Marlène arriver avec Séphiroth, mais leur gouvernante leur avait jeté un regard sévère et s'était affairée à le mettre à l'aise, lui proposant du thé et des gâteaux, le traitant comme n'importe quel invité.
C'était à ce moment-là, en le voyant assis devant sa tasse de thé qui refroidissait, à regarder ses mains, que Cid avait réalisé que le terrible général était un gamin.
Comme la première fois qu'il avait trouvé Zack recroquevillé dans la cour, les yeux agrandis d'horreur après un cauchemar.
Ou qu'il avait vu Balthier en train de hurler de douleur tout en poussant les débris enflammés du dos de Fran.
"Il est… comme ça."
"Tu as tendance à te refermer quand tu ne sais pas comment réagir. Il fait pareil."
Vincent baissa les yeux vers Cid.
"Je… Fais ça ? "
Cid laissa échapper un petit rire et hocha vigoureusement le crâne.
"Oh, que ouais."
"De toutes les choses que je pouvais lui léguer…" maugréa Vincent.
Cid leva l'autre main et tira doucement sur les bras de Vincent, le faisant s'asseoir sur ses genoux.
"Riku…" commença Vincent en jetant un coup d'œil à l'adolescent.
"Ça va, t'en fais pas. On... a un peu parlé à ce sujet…"
"Oh. Et ? "
"Je crois pas que ça le dérange. Il était juste mortifié de nous avoir interrompu."
Vincent soupira de soulagement, passant ses bras autour des épaules de Cid.
"Il faudra quand même que tu lui parles. A Zéph aussi."
Il ricana à nouveau au grognement désabusé de Vincent.
"Si seulement il y avait des livres pour apprendre à gérer ce genre de situation…" marmonna Vincent.
"On appelle ça des manuels parentaux."
Vincent hocha distraitement la tête avant d'enregistrer ce que Cid venait de lui dire. Il se tourna sur ses genoux pour lui faire face, abasourdi.
"Ça existe ? ! "
[1] Oui, Gigas et Vincent s'étaient fichus de lui à l'époque sur le fait qu'il était bien le seul d'eux trois à ne pas pouvoir la transmettre à son futur enfant et il leur avait fait un double doigt d'honneur en réponse. Amour fraternel, quoi.
[2] Je REFUSE catégoriquement d'utiliser le nom français de l'arme qui est un mauvais jeu de mot ! Il aurait été bon, encore, à la rigueur mais franchement. Âme-nivore. Non.
[3] … Oh misère, je viens de visualiser la rencontre entre Fran et Séph…
