Chapitre 54 : Les bienfaits de la famille
Résumé :
Au fil des jours Carbuncle, Vincent, Séphiroth et Riku s'habituent à se considérer comme la famille les uns des autres.
Et si Avalanche se détend aussi face à Séphiroth, il reste la menace d'Hojo, de la Calamité…
Et le mystère du lien entre Jénova et Riku.
Personnages :
Team Avalanche, Famille étendue de Vincent,
Tags spécifiques au chapitre :
Promis c'est la fin des Jours Carbuncles, discussion cœur à cœur, ça va mieux dans la famille Hamasaki / Valentine/ Crescent /Makani, pour l'instant, Cloud tergiverse, possession, crise de foi
Quand Vincent décida qu'il était temps de rentrer, les lumières de nuit étaient allumées depuis longtemps. La soirée avait été longue et Riku avait émergé à peine assez longtemps pour une tasse de thé et une nouvelle part de friandises glacianes avant de se rendormir. Il ne se réveilla pas plus quand son père et Aérith le rhabillèrent pour sortir, ni quand Zéphyr le hissa sur son dos.
Ce fut donc lesté, l'un de son fils, l'autre des cadeaux et du reste des gâteaux que Zéphyr et Vincent traversèrent le secteur 5.
La journée s'achevait. Ou était déjà achevée, Vincent n'était pas sûr de l'heure.
Il lui restait quelque chose à faire.
Il jeta un regard autour d'eux dans la rue.
Ils étaient seuls. Presque au calme…
C'était le moment.
"Je… voulais te parler d'autre chose…"
Un des bras de Riku glissa de l'épaule de son père et Vincent fourra les paquets sous son bras pour le remettre en place. Heureusement que Zéphyr était augmenté, Riku était d'une taille moyenne pour un adolescent de son âge, mais pesait quand même son poids. Il tendit la main vers les cheveux de Riku, dégageant son visage avec un petit sourire avant de croiser le regard de son fils, lequel attendait patiemment la suite.
"Je suis…" commença Vincent avant de reprendre sa route, "Je suis actuellement dans une relation."
Zéphyr hocha la tête et Vincent lui jeta un petit coup d'œil.
Bon, il n'avait pas l'air désapprobateur, et son visage n'avait pas repris l'inexpressivité qu'il arborait quand il était choqué par quelque chose.
"Avec un homme."
Nouveau petit hochement de tête.
Et est-ce que c'était une tentative de réprimer un sourire ?
"Avec Cid Highwind," acheva Vincent.
C'était définitivement un sourire.
"Tu le savais," l'accusa Vincent.
Les crocs de Zéphyr étaient moins développés que chez Vincent, mais quand même présents.
C'était la première fois qu'il voyait son fils sourire de cette façon, sans retenue, comme s'il n'avait pas à se cacher du reste de Gaïa. Il espérait un peu que ce ne serait pas la dernière.
"Je me doutais de quelque chose depuis la bataille de Midgar. Mais ça fait quelques jours que vos odeurs sont … euh… encore plus mêlées qu'avant."
Vincent se frotta le visage d'une main, à la fois soulagé et un peu agacé de s'être inquiété pour rien à ce sujet.
"Est-ce que c'est…" commença son fils.
Zéphyr sembla chercher ses mots aussi prudemment qu'une ouverture dans la garde d'un adversaire.
"Entre vous deux, c'est… durable ? "
"J'espère," répondit Vincent d'un ton peut-être un peu plus anxieux qu'il ne l'aurait voulu.
"Tant mieux."
Bon, il avait définitivement l'approbation de Zéphyr il semblerait.
"Je… m'excuse de ne pas te l'avoir dit plus tôt."
Zéphyr haussa les épaules et grimaça aussitôt en sentant Riku glisser.
Ils prirent tout deux quelques instants pour recaler Riku sur le dos de son père, l'attachant avec une des écharpes de Vincent.
Il dormait vraiment comme une pierre. Vincent espérait que l'infusion serait un peu efficace.
"Pendant un temps j'ai cru que vous entreteniez une relation avec la Princesse Kisaragi," reprit Zéphyr, une fois sur que son fils ne tomberait plus.
"Toi et la moitié de la presse people de Midgar," soupira Vincent.
"Au moins, le capitaine Highwind n'a que la moitié de votre âge au lieu du tiers," ajouta Zéphyr.
Cid n'avait que deux ans de plus que Zéphyr, réalisa Vincent avec une pointe de surprise.
"J'ai l'impression d'être un vieux pervers."
Il ne savait pas comment son père faisait avec des amants cent à mille fois plus jeunes que lui. Zéphyr, lui, avait l'air de trouver ça amusant.
"Donc," reprit Vincent, "ça... ne te déranges pas ? "
"Que feriez-vous si je vous disais que ça me dérange ? "
Vincent referma la bouche. Zéphyr s'arrêta, remontant Riku sur son dos à nouveau et écouta quelques secondes sa respiration avant de se tourner vers Vincent, le visage grave.
"Est-ce que c'est au sujet… de ma mère ? "
Bon sang, il était aussi perceptif qu'elle et Gigas mélangé. Vincent soupira et hocha la tête.
"Vous l'aimiez ? "
"Je… en tout cas j'en étais persuadé à l'époque."
"Pourquoi ? " demanda son fils, sans le quitter de son regard vert mako
Vincent reprit sa route, suivi par Zéphyr. Il chercha ses mots quelques instants. Ils auraient put prendre les trains, à cette heure-ci, il en restait encore, mais… marcher lui éclaircissait les idées. Et il allait en avoir besoin.
"Elle était… Elle était belle, intelligente. Son rire était… J'aurais voulu l'entendre toute ma vie. Elle avait une volonté d'acier… J'aimais la voir prendre soin de ses plantes, se consacrer corps et âme à ses expériences à en oublier de se reposer."
Il tourna la tête vers Zéphyr qui l'écoutait, à nouveau soigneusement indifférent.
"J'aurais voulu que tu… la connaisses."
"Pas moi," rétorqua le jeune homme. "Elle m'a fait naître en vous mentant, en vous manipulant et pour quoi ? Un sujet d'expérience sur mesure ? "
"Elle avait préparé une chambre pour toi. Avec un lit. Des jouets."
Zéphyr ne sembla pas réagir à cette annonce.
Comme quand il avait appris que Vincent était son père.
"Je ne sais pas pourquoi elle m'a menti, pourquoi elle a décidé d'épouser Hojo et de te faire passer pour son fils… Mais…ce n'était probablement pas pour te traiter comme Hojo l'a fait."
"Vous l'aimez toujours," rétorqua Zéphyr d'un ton accusateur, fixant la route devant eux.
Minerva… ou n'importe qui d'autre, que répondre à ça ?
Le silence retomba à nouveau.
Ils arrivaient dans la rue principale du secteur 8 quand Zéphyr reprit, changeant de sujet.
"Le Capitaine Highwind est donc bien intéressé par les hommes ? "
"Il est… plutôt discret à ce sujet."
Un petit sourire échappa à son fils.
"Pas assez il y a douze ans. Il y avait des rumeurs à son sujet."
"Sur Cid ? "
"Qu'il faisait sa copine cocue avec des hommes."
"Sa copine ? Shera ? " rétorqua Vincent avec un petit sourire amusé, "comment le sais-tu ? "
"Des SOLDATs, disons, potentiellement intéressés l'avaient repéré. Mais son équipe d'ingénieurs avait la réputation d'être… spéciaux. Et très liés."
"J'ai cru l'entendre. Il m'a parlé d'eux. Shera, Darril et Setzer."
Zéphyr tourna vivement la tête vers lui avant de jeter un coup d'œil à Riku, toujours endormi.
"Son Setzer ? "
Vincent hocha la tête.
"Oh."
Ils s'arrêtèrent devant Seventh Heaven. La maison était silencieuse. La porte était probablement fermée à clef, mais tous ses habitants savaient très bien que ça n'arrêtait pas Vincent de toute façon et qu'il refermait après lui. Zéphyr jeta un petit regard incertain à son fils.
"Est-ce que tu veux rester dormir cette nuit ? " proposa Vincent.
Son fils sembla hésiter.
"Je… je vous avais promis à tous les deux de vous parler de ma mère," reprit Vincent, "ce serait l'occasion."
Cela sembla décider Zéphyr qui hocha la tête.
"J'aimerais... bien," finit-il par admettre.
Vincent sourit et ouvrit la serrure avec un de ses crochets, sous le regard amusé de son fils.
Nanaki se réveilla à demi à leur arrivée et leva la tête de son oreiller, clignant de l'œil d'un air ensommeillé.
"Tadaima," murmura Vincent en refermant derrière Zéphyr et Riku.
" 'Kaeri," marmonna le fauve avant de se rendormir.
Les pâtisseries furent rangées en cuisine, Riku fut mis au lit tout habillé, moins ses chaussures et Zéphyr installé dans la chambre d'ami.
Cid dormait quand Vincent arriva dans leur chambre. La lampe de chevet était allumée et un livre sur l'aérodynamisme était encore ouvert à côté de lui. Vincent marqua la page avec un morceau de papier, le referma et le rangea sur le bureau avant de se déshabiller et s'asseoir sur le lit, plongé dans ses pensées.
Est-ce qu'il aimait toujours Lucrécia ?
Il se souvenait de leurs discussions, de leurs débats, de ses sourires quand il se chamaillait avec Gast ou qu'il poursuivait les petits voleurs de fruits de Nibelheim.
Il se souvenait de ses larmes et ses excuses devant le tube à mako dans lequel il flottait, se remettant de la dernière séance de torture d'Hojo, à moitié étouffé par la pression de la mako.
Il se souvenait de leurs excursions dans les montagnes de Nibelheim, des pique-niques, des nuits où elle le rejoignait dans sa chambre avec un sourire timide.
Il se souvenait de la mako qu'elle lui injectait, de quand elle l'avait traîné pour le remettre dans le tube, refusant d'écouter ses supplications.
Il se souvenait de ses mots quand elle l'avait quitté, quand elle et Hojo avaient célébré leur mariage, quand elle avait annoncé sa grossesse.
Il ne se souvenait pas qu'elle lui ait dit une seule fois qu'elle l'aimait.
Il ne se souvenait pas le lui avoir dit une seule fois.
Est-ce qu'il l'aimait toujours ?
Après tout ce qui s'était passé, il n'arrivait pas à penser à elle sans se rappeler… le reste. Pas étonnant qu'il ne l'ait vue qu'en spectre ensanglanté pendant le jour des Morts.
Il tourna la tête vers Cid qui dormait toujours, son souffle régulier. Il leva la main, effleurant doucement sa tempe du dos des doigts.
Il était chaud, comme toujours.
Est-ce qu'un jour il se souviendrait de Cid comme il se souvenait de Lucrécia ?
Avec des regrets ?
Vincent soupira et tendit la main, éteignant la lampe et laissant son regard s'adapter à la pénombre avant d'appréhender son dernier défi de la journée.
Se glisser dans le lit sans réveiller Cid.
Cloud bailla longuement en ouvrant la porte de la salle commune. Il dormait mieux qu'avant… avant la bataille de Midgar, certes, mais deux rondes de nuit successives et le fait de ne plus faire la sieste était un changement assez brutal de son rythme de vie. Il lui fallait du café. Du noir. Celui de Vincent de préférence.
Et Vincent était debout, il l'entendait parler à quelqu'un.
"B'jour tout le monde, y'a du café ? " marmonna-t-il en se frottant les yeux.
"La cafetière est pleine," répondit Vincent du canapé.
"Hm, merci," répondit Cloud en se dirigeant vers la cuisine.
Il parvint à dégluer une paupière suffisamment pour se servir sans en renverser à côté, écoutant d'une oreille distraite la discussion.
"Elle a pas fait ça ? " s'exclama Riku.
"Elle avait tendance à être un peu impulsive."
"Ah, donc ça vient d'elle ? " renchérit une autre voix.
Cloud se figea. Et se tourna lentement vers le canapé.
Sephiroth était là.
Vêtu d'un des tee-shirt de blitzball de Vincent et d'un jean froissé, ses cheveux ébouriffés, il regardait les photos que lui passait Vincent, Riku appuyé contre lui, ses pieds sur son grand père et Cait sur les genoux.
Cloud n'avait pas…
Il ne l'avait pas enregistré.
C'était moins immédiat maintenant qu'il avait les cheveux noirs. Parfois, il voyait Vincent à sa place, parfois Monsieur Helgrimr… Parfois le Seigneur Diablos.
Plus rarement le chien de garde d'Hojo. De plus en plus rarement.
Et Cloud n'était pas sûr d'aimer ça.
"J'aimais Mère, mais elle m'a transmis une bonne partie de mes défauts."
Vincent leur parlait de sa mère et Cloud ravala aussitôt le commentaire mordant qui lui venait.
"Comme par exemple ? " demanda Séphiroth, visiblement amusé par les aventures de sa grand-mère.
"Il faut une liste ? " suggéra la voix de Cid.
Cloud se tourna vers lui, surpris de ne pas l'avoir entendu arriver. Il revenait visiblement de sa première cigarette de la journée dehors, déjà tout habillé et rangeait son PHS dans la poche de sa veste. Il tint la porte à Nanaki qui vint aussitôt accueillir Cloud d'une truffe glacée sur le mollet avant de se précipiter vers sa gamelle.
"Déjà sur le départ ? " s'étonna Cloud.
"Shera arrive à l'aéroport avec Mamma et Freya," ricana Cid.
"Je croyais qu'elle ne rentrait que mercredi ? " s'étonna Riku.
"Drama familial, Mamma a amené Freya à Alexandria pour préparer la venue de sa famille au mariage."
"Ça s'est mal passé ? "
"J'ai pas tout compris, Shera hurlait trop, mais apparemment sa tante a été odieuse avec Freya, du coup Shera et Mamma sont montées au créneau et elles se sont fait jeter de la baraque."
"Elles vont bien ? " s'inquiéta Vincent.
"T'en fais pas, ils se réconcilieront avant le jour des morts, comme chaque année."
"Je commence à comprendre pourquoi tu n'y es pas allé," marmonna Cloud.
Cid ricana de bon cœur tout en finissant de préparer son sac, fourrant des paquets cadeaux dedans.
"Je pourrais pas même si je voulais, je suis toujours banni après ce que j'ai dit à l'autre sœur de Mamma."
"Toutes les familles sont comme ça ? " demanda Riku qui assistait à la conversation, médusé.
"Non. La nôtre y va aux sorts de feu," répondit distraitement Vincent.
"Vous ne donnez pas envie de les rencontrer," marmonna Séphiroth.
"Tant mieux," grommela Vincent avant de tourner la tête vers Cid quand il posa sa main sur son épaule.
"Y'aura besoin de la Chocomobile ? "
"Non, je ferai ma ronde avec Yuffie à moto."
"Ok, PHS chargé à bloc, j'aurais ma lance, appelez-moi si y'a du grabuge."
"Très bien," répondit Vincent.
Cloud vit Riku et Séphiroth échanger un regard amusé avant que le SOLDAT ne reprenne la parole.
"Capitaine ? " reprit Séphiroth.
"Quand on n'est pas en intervention ou sur le Haut Vent, c'est Cid," corrigea le blond.
"Cid. Je suis au courant pour vous deux," acheva le jeune homme.
Cid cligna des yeux et se tourna vers Vincent.
"Je lui ai dit hier."
"Oh. Bien," fit Cid, "rien à redire ? "
Séphiroth secoua la tête.
"Tant mieux, je t'aurais pas écouté."
Et Cid se pencha pour rouler une pelle à Vincent.
Ce fut tellement inattendu que Cloud manqua de s'étrangler avec son café.
"A demain tout le monde ! " lança Cid avant d'attraper son sac rempli de cadeaux et se diriger vers le garage.
Vincent le suivit du regard sans un mot, visiblement encore un peu surpris de s'être fait molester de si bon matin.
"Devant mon fils, vous n'avez pas honte ? " demanda Séphiroth d'un ton sarcastique, accoudé sur le dossier du canapé, son menton dans sa main.
Quand Zack et Yuffie descendirent à leur tour, Cloud était toujours en train de ricaner tout en s'arrachant les poumons d'une toux tonitruante, pendant que Riku se roulait de rire sur le canapé.
"Riku, tu m'as pas réveillé pour les cantiques ! " s'exclama Yuffie d'un ton ronchon.
"Oh ! Désolé ! " s'excusa l'adolescent en s'asseyant d'un bond.
"C'est pas grave on va… oh c'est quoi ces gâteaux ? " s'exclama Yuffie en voyant le tas de sucreries sur la table.
"Les restes du dîner d'hier," répondit Vincent, " tu y as le droit si tu ne chantes pas."
"Tu es censé attendre le refrain avant d'essayer de me faire taire," rétorqua Yuffie en piochant dans le tas.
"Pourquoi tu te marre comme ça ? " demanda Zack en donnant quelques coups aussi légers qu'il put dans le dos de son frère.
"Cid… A roulé une pelle… à Vincent."
"Aw, j'ai raté ça ? " geignit Zack, "oh, ça veut dire que Zéph est ok avec ? "
"Tout le monde attendait ma réaction ? " s'enquit Séphiroth en se tournant vers Vincent.
"On voulait être sûr de ce que tu pensais de l'homosexualité avant de commencer à chambrer Vincent et Cid," rétorqua Zack.
"Oui, s'il vous plaît," déclara posément Séphiroth.
"Hu ? "
Le SOLDAT se tourna vers eux et Cloud ne vit plus le jeune général dont Zack et lui suivaient les aventures quand ils étaient enfants, ce n'était plus le portrait du disparu en mission que Shinra avait diffusé douze ans plus tôt, ce n'était plus le Bienheureux terrifiant qui avait décimé leur unité à Winhill, ce n'était plus le monstre qui avait tué Tifa.
C'était un jeune homme en tee-shirt de blitzball, assis avec son fils et son père pendant un jour férié, et de qui, si Zack n'était pas casé et amoureux, Cloud devrait probablement décrocher son frère de force.
Surtout quand il souriait comme ça.
"C'est ce que je pense de l'homosexualité."
Bon et bien heureusement que Zack était casé et amoureux.
"Aniki, j'y vais ! " s'exclama Yuffie quand les jumelles vinrent la chercher pour la fête de Linoa.
"Bonjour Monsieur," ajoutèrent les jumelles.
"Soyez prudentes," déclara Vincent en glissant un couteau à Yuffie, "la ronde est à seize heures, tu es sûre de vouloir venir ? "
"Je fais partie d'Avalanche, faut que j'assume," rétorqua Yuffie en faisant disparaître la lame dans sa manche.
"Pas d'alcool ! " rappela Barret qui venait d'arriver et retirait sa veste.
"Bah, t'es revenu ? " s'étonna Yuffie qui s'emmitouflait dans sa doudoune
"Débrief," expliqua-t-il brièvement, "vous voulez que je vous accompagne ? "
"Barret, tu te souviens de ce que Tina a fait à une squame pendant la bataille de Midgar ? " rétorqua la princesse en enfilant son bonnet mog[1].
"Du kebab trop cuit," déclara fièrement la blonde.
"Spécialité Maduin[2]," ajouta sa sœur avant qu'elles échangent un high five au-dessus de la tête de leur amie.
"Ittekimasu ! " s'exclama Yuffie.
"Itterashai," répondit Vincent avant de fermer la porte derrière elles.
"Les Midgariens sont tous timbrés et contagieux," soupira Barret.
"Reeve vient d'arriver, il nous attend avec Zéphyr dans le bureau de Jessie. Nanaki, je peux te confier Riku ? "
"Bien sûr," répondit doucement le fauve.
Malgré la tisane qu'Ifalna avait prescrite, Riku s'était effondré en plein film et dormait à poings fermés. Heureusement, Cait et Nanaki semblaient déterminés à le garder au chaud. Mais avant de les rejoindre, Cloud prit le temps de poser un plaid sur eux, couvrant autant Nanaki que Riku.
Quand ils arrivèrent dans le bureau de Jessie, nouvellement restructuré en centre de contrôle, Zack achevait de fixer un orifice à matéria sur la porte.
"Hey Barret," salua-t-il tout en rangeant la perceuse électrique.
"Merci d'être venu, Reeve," déclara Vincent quand ils entrèrent.
"Ça avait l'air important."
"Bonjour, Général," salua Barret.
"Lieutenant," répondit Séphiroth en se levant du canapé.
"Que se passe-t-il, Vincent ? " demanda Reeve tout en installant sa matéria de silence dans l'orifice.
"Du nouveau sur le temple ? " renchérit Barret en s'asseyant.
"Pas vraiment," soupira Vincent, "Ifalna refuse de me parler à ce sujet. Elle dit juste que le temple est protégé et que même si Hojo le trouvait, il ne pourrait ni entrer, ni emporter la matéria."
"Ça ne nous avance pas," soupira Barret.
"J'espère que mon père en saura plus."
"Pourquoi veux-tu nous parler ? " demanda Reeve, intrigué.
"En fait… j'aimerais vous demander ce qui s'est passé dans le garage lors de l'attaque de Xehanort."
Barret fronça les sourcils, confus, avant de réaliser pourquoi Vincent posait cette question.
"Ah, merde, j'oubliais que t'étais arrivé après…"
"J'ai lu les rapports mais…"
"Ouais, je dormais encore à moitié quand j'ai dicté le mien à Jessie," marmonna Barret en se grattant la joue, sur ses cicatrices. "Cloud, tu étais là au début, tu pourrais peut-être commencer ? "
Tout le monde se tourna vers Cloud qui sembla tout d'un coup à deux doigts de se cacher derrière son frère.
"Hu."
"Hu ? " répéta Barret.
"Je vous avais dit que Cloud était timide," déclara Zack avant de recevoir un coup de poing de son frère sur l'épaule.
"Ne vous faites pas mal," intervint Reeve par réflexe.
"En fait," reprit Cloud en se frottant la nuque, "être là du début, c'est discutable…"
Il croisa les bras, cherchant ses mots avant de reprendre.
"J'avais Jénova dans la tête et ça faisait comme… Comme une ampoule mal ajustée. Des moments, j'étais libre de penser et de faire ce que je voulais, et après elle était là et... et la seule chose que je voulais, c'était l'écouter."
Il reprit sa moue boudeuse, ses sourcils se fronçant.
"Elle se faisait passer pour ma mère. Elle me parlait de mes frères, de combien elle serait heureuse que j'aille à leur réunion… Elle me faisait oublier… le reste."
Et au regard coupable qu'il jeta à Zack, il avait dû faire partie du reste.
"J'ai réussi, je sais pas trop comment, à arriver à Seventh Heaven, mais elle était en train de prendre le contrôle pour m'obliger à faire demi-tour et lui donner Riku… Et Aérith était là. Elle a commencé à me soigner, Jénova a reculé et… Xehanort est arrivé à ce moment-là."
Il se frotta pensivement le torse au niveau du cœur.
"Après je sais pas trop… À vous je crois," reprit il en tapotant le bras de Zack.
"On a dû arriver pas loin après," reprit Zack. "on a stoppé devant Seventh Heaven et la porte du garage a explosé."
"Riku est sorti et il a… Il a arraché quelque chose de Xehanort," expliqua Barret.
"Jénova," intervint Séphiroth, "le Professeur Falmis pense qu'il a retiré d'un coup toutes les cellules de Jénova de Xehanort et Strife."
"C'était yuck," résuma admirablement Zack.
"Et ensuite, ses ailes sont apparues, et il a… fait quelque chose qui a réduit le morceau de Jénova en cendre," acheva Barret.
"Ça ressemblait à sidéral," ajouta Séphiroth, "puis il a achevé Xehanort."
"C'est tout ? " demanda Vincent.
"Non, il a soigné Cloud et Aérith après," reprit Zack, son expression s'assombrissant avant qu'il assène une tape sur le crâne de son frère, "et tu ne me refais jamais de peur pareille, compris ? "
"Hé," protesta Cloud.
"Cloud ? Rien d'autre ? " demanda Vincent.
Cloud hésita, jetant un petit regard aux autres avant de soupirer et fourrer les mains dans les poches de son sweat.
"Ils me croiront pas…" marmonna-t-il d'une voix basse.
Vincent approcha, posa sa main humaine sur l'épaule de Cloud avant de murmurer.
"Moi, je te croirai."
Cloud hésita encore, se frottant la nuque avant de baisser les yeux.
"Elle m'a parlé."
"Jénova ? " murmura Reeve.
Cloud secoua la tête.
"Aérith ? " reprit Barret.
Le petit blond hésita à nouveau, ouvrant et refermant la bouche avant de se décider à parler.
"Celle qui est dans Riku."
Tout le monde le fixa d'un regard éberlué, sauf Séphiroth, visiblement inquiet.
Inquiet pour son fils.
Cloud recroisa les bras, les décroisa, fourra les mains dans ses poches avant d'arriver à continuer.
"Elle a parlé à... La Calamité d'abord. Elle l'a menacée, elle lui a dit qu'elle la détruirait… Puis elle a demandé à Aérith quelque chose… je ne sais pas trop quoi, j'étais… j'arrivais pas à réfléchir, j'avais trop mal, et ensuite…"
Il fit à nouveau un geste vers son cœur.
"J'allais mieux."
"L'explosion de sacre," expliqua succinctement Séphiroth.
"Elle... a parlé ? Des paroles cohérentes ? " reprit Vincent.
"Oui… Euh, oui, elle m'a même dit que Maman était fière de moi et que... que Tifa me pardonnait," ajouta rapidement Cloud en piquant un fard.
"Qu'elle te… Je vais te botter le cul à l'entraînement," maugréa Zack.
"Viens-y", rétorqua Cloud par réflexe avoir de voir que Vincent, à la façon Vincent, bien sûr, était en train de paniquer.
"Makoto ? "
"Elle est là," murmura Vincent. "Elle est vraiment là."
"Vincent, est-ce que je veux savoir ce qui te met dans cet état ? " demanda Reeve, légèrement inquiet.
"Minerva," répondit Vincent.
Ils attendirent la suite.
"Il veut dire que Minerva est dans Riku," expliqua Séphiroth.
Le silence régna à nouveau.
"Honnêtement, après tout ce que Hojo nous a envoyé, la Divinité Errante est à peine une surprise," finit par déclarer Reeve.
"Attends, attends, Vincent, tu es sûr de toi ? " demanda Barret.
"je l'ai vue. Plusieurs fois. Quand Riku s'est réveillé le premier jour, il a voulu me soigner et Elle est apparue. Une autre fois à la Tour et... hier soir, Elle a… réagit quand nous nous sommes approchés de son église."
"Comment tu sais ? "
"Les yeux de Riku deviennent entièrement verts mako et quand Elle te regarde…"
Vincent chercha ses mots mais à l'expression de Barret, il comprit qu'il n'avait pas besoin d'expliquer.
Il avait dû La voir. Quand Elle avait arraché Jénova à Xehanort, ou à Cloud.
"... ouais, je vois."
"Qu'est-ce que ça implique ? " demanda Reeve.
Vincent haussa les épaules.
"Je l'ignore. Les Errants n'habitent pas les corps des vivants, et Ifalna m'a confirmé que les réincarnations sont impossibles. Riku a l'air de dire qu'Elle n'était pas là avant non plus… Je pensais que ce n'était que des souvenirs, mais si Elle parle et agit indépendamment…"
"Une possession. Comme Jénova," conclut Séphiroth.
"Les Anciens peuvent faire ça ? " s'étonna Zack.
"Non," admit Vincent, "certains ont… des pouvoirs mentaux, comme Rufus Shinra, mais je n'ai jamais entendu parler de ce genre de pouvoir."
Les jumeaux prirent tous les deux une expression vaguement agacée et un brin meurtrière à ces mots.
"Est-ce que Riku est en danger ? " demanda Séphiroth.
"Je l'ignore," admit Vincent avec un soupir rageur. "J'espère que Père saura."
Séphiroth hocha la tête, visiblement inquiet. Vincent tendit la main, la posant sur son bras.
"Pour l'instant, il faut surtout éviter qu'il ait à utiliser la magie de sacre. Ça semble La faire venir."
"Il a le réflexe de soigner," ajouta Cloud.
"Donc si on a un bobo, on file voir Aérith tout de suite," conclut Zack.
"Sheraaaaaa ! " s'exclama Marlène au petit-déjeuner, quand Cid et sa sœur arrivèrent le lendemain à Seventh Heaven.
Elle sauta de sa chaise et se précipita vers eux, se jetant presque au cou de Shera.
"Chocobébé ! " renchérit Shera en s'agenouillant, la prenant dans ses bras, "tu m'as manqué, petit pioupiou ! "
"C'est vrai ? "
"Les petits cousins de Shera sont des sales gosses mal élevés," murmura Cid en passant près de Barret, " ta môme est un ange à côté."
Barret tenta d'avoir à la fois l'air désapprobateur et pas trop fier de lui.
"Ta maman et ta sœur, elles sont pas venues ? " demanda Marlène quand Shera la souleva, approchant de la table du petit déjeuner.
"Elles sont reparties à Burmécia hier soir," répondit Shera acceptant la chaise que lui proposa galamment Vincent.
"Oh. Dommage, j'aurais aimé les saluer…" nota Vincent.
"Ouais, non," marmonna Cid tout en se servant en thé.
"Cid leur a dit pour vous deux," expliqua Shera en lui prenant la tasse des mains.
"Il s'est fait chambrer ? " demanda Vincent.
"Drekaskìtur," jura Cid, "tu vas pas t'y mettre ? "
"Privilège de couple," déclara philosophiquement Zack qui démolissait une assiette de gaufres avec Cloud et Riku.
"Ne t'en fais pas," rétorqua Vincent," je vais y passer aussi."
"Tu as des nouvelles de ton père ? " demanda Cid en se tournant vers lui, les sourcils froncés.
"Pire," soupira Vincent, "Edéa m'a invité à déjeuner pour le jour des enfants."
"Je n'avais pas réalisé que tu avais autant d'enfants."
Edéa tourna la tête vers son frère, debout à côté d'elle, tous deux observant les grandes tables du réfectoire, transformées en tables de fête pour l'occasion. Une bonne trentaine d'enfants s'y tenaient, par groupe de dix, rassemblés plus ou moins selon les âges, même si certains des plus grands faisaient la navette entre les tables pour servir, aider les plus petits à manger, séparer les disputes ou empêcher les bagarres de nourriture.
"Et pas une seule grossesse," ajouta Edéa.
Vincent fronça les sourcils, intrigué par la réflexion.
"Nous n'avons jamais réussi à concevoir Cid et moi."
"Je suis désolé."
"Pourquoi ? Ça ne m'a pas empêchée d'être maman," rétorqua Edéa en désignant les tables.
"Vivi, non ! Pas de magie à table ! " s'exclama Seifer, attirant leur attention.
"Le gâteau est froid ! " protesta le petit mage noir[3].
"C'est une bûche glacée ! Ça se mange comme ça ! "
"Je reviens," déclara Edéa en s'éloignant rapidement.
Quand elle revint, une fois l'incendie de dessert éteint, Vincent avait lui aussi eu droit à sa part, offerte par le mari d'Edéa.
"Ils sont énervés aujourd'hui," nota Cid Kramer en tendant une assiette à Edéa.
"C'est leur premier jour Carbuncle depuis des années pour la plupart d'entre eux. Voire premier tout court."
"On en a un comme ça à Seventh Heaven," murmura Vincent.
"C'est de lui dont tu voulais me parler ? " demanda Edéa d'un ton prudent.
"Entre autres. Mais… c'est…"
"Classifié ? " suggéra Edéa.
Vincent hocha la tête.
"Très bien, une fois les cadeaux distribués et les plus petits à la sieste, tu m'expliqueras."
"D'accord."
"Et tu nous aideras pour aller plus vite."
"Edéa," soupira Vincent, "je ne suis pas doué avec les enfants…"
"Sottises," rétorqua sa sœur, "racontes leur juste l'histoire des guerriers de la lumière. Celle avec la pirate."
"Ah. Oui. Ta préférée."
"Tu vois, ce n'était pas si terrible," déclara Edéa une heure et quelques plus tard, alors qu'ils étaient tous les deux assis sur un banc du campus.
Cid était avec les enfants, improvisant un jeu de balle avec eux, tandis que les plus grands étaient rassemblés autour d'un PHS, discutant avec leurs amis hors de la MGU. Les plus petits, ceux qui n'avaient même pas encore l'âge d'aller à l'école, étaient tous endormis dans leur dortoir, à rêver de princesses pirates et de cristaux magiques.
"Je ne sais pas si je dois t'admirer ou te plaindre," soupira Vincent en sirotant son café.
"Tu t'es très bien débrouillé. Les enfants t'adorent."
"Je pensais que je leur ferais peur," admit Vincent.
"Tu ne m'as jamais fait peur."
"Tu étais en état de choc quand je t'ai trouvée," objecta le sniper.
"Et tu ne m'as jamais donné une raison d'avoir peur par la suite," rétorqua Edéa avant de tendre la main, la posant sur celle gantée de Vincent. "Jamais."
Vincent eut un léger sourire et tourna la main pour serrer très doucement celle de sa sœur.
"Alors, qui est ce classifié qui n'a jamais connu les jours Carbuncle ? " s'enquit celle-ci après un petit sourire satisfait.
Peut-être qu'il aurait dû commencer par Cid.
Ou au moins par Zéphyr.
"Tes sceaux tiennent bien ? " demanda-t-il en lui levant la main, jetant un coup d'œil aux gants légers qu'elle portait pour cacher les sceaux esthariens.
"Maduin les a renforcés récemment."
"Bien."
Vincent posa sa tasse sur le banc et couvrit la main d'Edéa de sa main humaine.
"Je suis père."
Edéa resta ébahie quelques instants avant qu'un grand sourire ne fleurisse sur son visage.
"Oh, Makoto ! Félicitations ! "
"Déa, attends…"
"Depuis combien de temps ? Fille ou garçon ? La maman va bien ? Pourquoi tu ne m'as rien dit avant ? "
Vincent grimaça et sa sœur se calma aussitôt, craignant le pire.
"Laisse-moi finir, c'est… compliqué."
"Avec toi, Makoto, rien n'est jamais simple…"
Vincent hésita, jetant un petit coup d'œil aux enfants qui chahutaient plus loin. Il sentit Edéa lâcher sa main et tourna la tête à temps pour la voir tisser un sort autour d'eux.
C'était fascinant de voir une sorcière user de magie, de faire appel aux sorts par les mots et les gestes, plutôt que par le lien mental avec une G-force ou une matéria.
Et Edéa le faisait avec plus de grâce et d'élégance que les Remnants.
Le fait de ne pas avoir à se jeter au sol pour esquiver aidait probablement à mieux apprécier le processus.
"Voilà. Personne ne nous entendra."
"Impressionnant," admit Vincent en jetant un regard intrigué au tracé magique sous leurs pieds.
"Ne bouge pas, avec toute la magie que tu possèdes, ça pourrait fausser le sortilège."
"Oui, Madame le professeur."
Elle lui donna un petit coup sur l'épaule du dos de la main.
"Allez, dis-moi tout maintenant ? "
Vincent hocha la tête et inspira profondément.
"Tout a commencé à Nibelheim…"
"Je vais détruire ce misérable," grinça Edéa.
Vincent grimaça, tenant doucement les doigts d'Edéa dans les siens, l'encourageant à se calmer en caressant son dos de l'autre main.
Heureusement, les sceaux avaient tenu. Même s'il avait vu des veines blanches remonter lentement sur ses tempes avant de reculer tout aussi -trop- lentement. Il espérait que c'était la limite d'Edéa, et pas Ultimécia qui tentait de prendre le contrôle de sa sœur.
"Respire profondément."
"C'est donc lui le vieux taré dont parlait Yuffie ? " balbutia Edéa d'une voix vibrante de colère.
"Oui."
"Pourquoi tu ne m'as rien dit ? " demanda-t-elle, tournant à demi la tête vers son frère.
En guise de réponse, Vincent lui remonta la manche, dévoilant les vieilles cicatrices au creux de son bras.
"Je ne suis pas le seul à avoir de mauvais souvenirs d'un laboratoire."
Edéa posa la main sur la sienne, remettant sa manche à sa place.
"Je ne suis plus une petite fille terrorisée, Makoto. C'est MOI la grande sœur maintenant."
Elle déposa un petit baiser sur sa tempe et Vincent sentit sa magie le frôler, à la fois glacée et brûlante, avant que la joue d'Edéa se pose sur son épaule.
"Et si tu veux le tuer de tes mains, il faudra que tu sois plus rapide que moi."
Vincent se redressa, lui adressant un regard sévère.
"Non."
"Après tout ce qu'il t'a fait ? À toi, à ton fils, à ton… à Riku ! "
"Edéa, je te dirais la même chose qu'à Maduin : N'essaye pas de le trouver."
Elle lui jeta un regard frondeur et il soupira.
"Edéa, il a déjà réussi à soumettre des Sorcières. Il s'était allié à Adel elle-même. Il a accès aux découvertes d'Esthar au sujet des Anciens, des Sorcières… Et il est à la recherche d'une Arme de la Déesse."
"Le fameux temple que tu cherches ? "
Vincent hocha la tête. Edéa soupira, se frottant le visage à deux mains.
"C'est pour cela que les Anciens sont en pleine effervescence," murmura-t-elle d'un ton las. "Comment fais-tu pour te fourrer toujours dans des situations impossibles ? "
"Un trait de caractère familial, je le crains."
"Je sais, j'ai rencontré ton père il y a quelques semaines," rétorqua Edéa.
Vincent lui jeta un regard inquiet.
"Pardon ? Il ne t'a pas touchée, j'espère ? "
"J'étais voilée jusqu'aux yeux et Maduin lui a promis que s'il posait un doigt sur moi, ce serait la guerre."
"Misère," soupira Vincent.
Ils n'avaient pas besoin d'un conflit entre Maduin et son père. Pas maintenant.
"Il va falloir que je lui parle de Zéphyr et Riku aussi."
"Auquel ? "
"Maduin. J'ai écrit à Père il y a deux semaines, j'attends une réponse."
"Tu vas le faire tout de suite," ordonna Edéa en sortant son PHS de la poche de sa veste, affichant un numéro avant de tendre l'appareil à Vincent.
Son frère prit le téléphone avec un petit soupir las.
Il n'avait pas la moindre idée de comment raconter ça à Maduin, mais bon, la méthode brutale avait peut-être du bon.
Ah, et il restait encore un détail à aborder avec Edéa.
"Il y a autre chose."
"Je crains le pire," soupira la brune d'un air inquiet.
"J'ai un amant," lâcha Vincent avant de se lever et s'éloigner rapidement, dispersant le sort au passage tout en levant le téléphone à son oreille.
Edéa resta abasourdie trois secondes et demie avant de se lancer à sa poursuite, secouée par un fou rire.
"Makoto ! Makoto des Maduins, reviens ici immédiatement et présente-le-moi ! "
"Il n'est pas là ! Allô, pourrais-je parler à Maduin, je vous prie ? "
"Tadaima ! " lança Vincent en retirant sa veste, son écharpe, son bonnet et le plus gros de ses pulls.
"Okaeri ! " répondirent Yuffie et Nanaki d'une même voix.
"On t'attendait pour les cadeaux ! " s'exclama Jessie, qui aidait Barret et Wedge à réorganiser la salle commune.
Les meubles avaient été poussés contre les murs, les canapés bougés de façon à encadrer le tas de cadeaux qui commençait à s'élever au milieu de la pièce et des oreillers et coussins disposés autour de façon que tout le monde puisse s'asseoir pendant la distribution.
Elmyra était en train de coiffer Marlène de la couronne du Carbuncle, avec sa grosse pierre rouge sur le devant et Riku la regardait faire avec la curiosité et l'intérêt d'un ethnographe dans une tribu inconnue.
"Désolé du retard, Edéa m'a fait appeler le chef des maduins."
"Boulot ou perso ? " s'enquit Zack en passant, des cadeaux dans les bras presque jusqu'aux yeux.
"Perso."
"Tu lui as dit pour Cid ? " ajouta Cloud, tout aussi chargé.
"Oui."
"Et ? " s'enquit Cid, qui descendait les cadeaux cachés dans leur chambre.
"Elle veut te rencontrer."
Tout Seventh Heaven explosa en moquerie à l'encontre du couple. Dans la maison d'à côté, Madame Yusui et sa famille devaient se demander ce qui se passait cette fois.
Quand Barret et Reeve parvinrent à calmer tout le monde pour la distribution, Cid était écarlate.
"Je ne sais pas qui sont les pires, eux ou mon équipage," marmonna-t-il en s'asseyant sur le canapé, imité par Vincent.
"Ça… te déranges ? " demanda Vincent à voix-basse.
"Les taquineries ? Nan, c'est de bonne guerre…"
"Rencontrer Edéa," corrigea Vincent.
Cid resta silencieux quelques instants, jetant un petit regard à leurs collègues qui achevaient de s'installer, partageant les boissons chaudes et faisant tourner une assiette de biscuits pendant que Barret, agenouillé près du tas de cadeaux, expliquait à Riku comment la distribution allait se passer.
"Crois-le ou pas, mais... ce sera la première fois que j'arrive au stade de la rencontre avec la famille d'un de mes amants."
"Tu as rencontré mon père et mes frères…"
"Ouais, et j'ai dû faire bonne impression d'ailleurs."
"Pas pire que moi à Gröf Drekkana."
Cid laissa échapper un grognement désabusé à ce souvenir, s'affalant contre le dossier du canapé avant de fourrer ses deux mains dans ses cheveux.
"Ils vont criser tous les deux."
"J'en ai peur."
"Qui ça ? " demanda Riku en s'asseyant de l'autre côté de Vincent, tenant son chocolat chaud à deux mains.
"Mon vieux," grommela Cid.
"Mon père," expliqua Vincent en même temps.
"Il sera pas content que Cid et toi soyez amants ? " s'inquiéta Zack.
"Père n'a absolument rien à dire sur ma vie amoureuse," déclara calmement mais fermement Vincent, "Il fait bien pire."
"Le moins je pense à la vie sexuelle du mien, le mieux je me porte."
"Kæn ou l'autre ? " demanda Shera.
"Les DEUX."
Vincent effleura doucement la main de Cid du dos de la sienne, attirant à nouveau son attention. Le blond lui jeta un petit coup d'œil avant de baisser les mains sur ses genoux.
"Cid," murmura-t-il, "ne t'inquiètes pas."
"T'es son frère…"
"Maduin t'aime. Donc elle t'aime."
"Tu lui as dit aussi ? "
Vincent hocha la tête.
"Oh. Et euh… qu'est-ce qu'i... elle… en a pensé ? "
"Maduin savait déjà," intervint Zack en ricanant.
"Hein ? "
"Maduin portait ton visage devant Vincent," précisa Cloud.
Cid regarda Vincent tout en haussant un sourcil, remarquant que son amant était soudain très occupé à déguster son café.
"Maduin change d'apparence comme de voiles, d'accord ? " commença Zack, assis à la gongane sur un coussin, Aérith devant lui, appuyée contre son torse.
Cid hocha la tête.
"Tu t'es jamais demandé pourquoi ? " précisa Cloud qui servait une coupelle de lait chaud à Nanaki.
"C'est... ses pouvoirs, non ? "
"En gros, quand tu lui parles, tu verras le visage de ceux que tu aimes le plus," acheva Zack.
Tout le monde se tourna vers Vincent qui buvait toujours sa tasse qui n'était pourtant pas si grande.
"Je savais pas que tu pouvais rougir," nota Riku avant de finir son chocolat d'une gorgée.
"Alors, celui-là…" commença Aérith en tendant un cadeau à Marlène.
"C… Clo... Cloud ! " lu la fillette avant de se précipiter vers Cloud, brandissant le cadeau.
"Merci, Carbuncle," répondit Cloud en le prenant.
Riku semblait confus, regardant le tas de cadeaux qui commençait à s'élever sur ses genoux. Il avait reçu des posters de paysages de Gaïa pour décorer sa chambre, un nouveau sweat des maraudeurs, une peluche de chocobo, et divers autres paquets qu'il n'avait pas encore ouverts.
"Mais… pourquoi ? "
"T'es le petit dernier arrivé, on a décidé de te gâter," déclara Wedge.
"Yuffie ! " s'exclama Marlène en titubant vers Yuffie, un gros paquet rond dans les bras.
"Arigato Gozaimasu, Kābankuru-san ! " répondit Yuffie en le prenant, déposant un gros baiser sur le front de Marlène avant de redresser sa couronne.
"Oula, oula, attends, Marlène, celui-ci, je m'en charge ! " intervint son père quand elle tenta de soulever un gros carton sur lequel Reeve avait collé une rosace rouge.
"C'est pour Vincent ! " s'exclama Marlène en le guidant vers le sniper.
Vincent haussa un sourcil, tendant les bras pour prendre le colis. Reeve n'avait pas vraiment pris la peine de l'emballer, vu sa taille et le schéma sur le côté du carton était explicite.
"Une bibliothèque ? "
"Shera m'a parlé de la collection de livres que Cid et toi commencez à assembler," expliqua Reeve, Cait sur les genoux et un verre de vin chaud à la main.
C'est vrai que Vincent avait fait bon usage des chèques cadeaux de son anniversaire et d'une partie de sa solde. Et que sa pile à lire lui servait aussi de table de chevet.
"Merci, Carbuncle."
"On a déjà droit à des cadeaux de couple ? " s'étonna Cid qui jouait avec le casse-tête que lui avait offert Shera.
"Oh ! À propos ! Tiens, Marlène, donne-leur ça ! " s'exclama Zack en lui tendant deux paquets pris sur la montagne.
"Cid et Vincent," lu l'enfant avant de jeter un regard hésitant au couple, cherchant à qui elle devait donner chaque cadeau.
"Ça n'a pas d'importance," intervint Aérith en la voyant commencer à paniquer, "les deux sont pour eux."
"Merci, Carbuncle," déclara solennellement Cid en prenant un des petits cadeaux.
Vincent prit le sien, mais avant qu'il ait put l'ouvrir, Yuffie s'était assise entre lui et Riku et serrait son bras contre elle, prenant garde à ne pas l'assommer avec le casque de moto flambant neuf qu'elle portait.
"Arigato, Aniki ! " s'exclama-t-elle d'une voix étouffée.
"D'un côté, je devrais être content qu'elle ait enfin un casque à elle," soupira Barret.
"Elle va arrêter de me piquer le mien," renchérit Cloud.
"Y'a un léviathan dessus ! " s'exclama Riku.
"Classe hein ? ! " renchérit Yuffie.
"Euh, je peux savoir pourquoi tu m'offres un orifice à matéria, Zack ? " s'étonna Cid.
"C'est de notre part à Cloud, Aérith et moi," expliqua Zack avec un grand sourire satisfait aux lèvres.
Vincent jeta un coup d'œil intrigué à l'orifice dans la main de Cid, puis à son paquet.
Il déchira le papier cadeau avec précautions pour dévoiler une petite boîte cubique en plastique.
Il l'ouvrit.
Elle contenait une matéria verte, soigneusement logée dans sa mousse protectrice.
Il n'avait même pas besoin de la prendre dans sa main pour l'identifier, il se doutait de la nature du cadeau dès le moment où il avait vu l'orifice à matéria dans la main de Cid.
Il jeta un regard amusé aux jumeaux et à Aérith.
"Donc… la rupture de stock de matéria dans le secteur 8, c'était votre idée ? "
"Les vendeurs ont accepté de jouer le jeu, désolé, "expliqua Cloud.
"On avait le cadeau depuis novembre," ajouta Zack en ricanant.
"La matéria est à niveau, au fait," précisa Aérith, "on se la passait avec les jumeaux pour aller plus vite."
"A niveau pour quoi ? " demanda Riku qui ouvrait un de ses cadeaux.
"Pour rien ! " répondit immédiatement Barret.
"C'est une matéria sceau pour qu'on n'entende rien quand Makoto et Cid se feront des câlins," expliqua Yuffie en retirant son casque pour aller le poser sur son tas de cadeaux.
"L'année prochaine, j'apprends le wutan," soupira Barret. "Qu'est-ce qu'elle a dit ?
"Que c'était pour faire moins de bruit," répondit innocemment Riku, roulant le papier cadeau en boule avant de le jeter à Cait.
Le jeune chat fit un bond, attrapant la boule au vol avant d'aller la ranger avec le reste des papiers chiffonnés sur les genoux de Reeve, qui constituaient son tableau de chasse du jour. Riku observa le gros livre qu'on venait de lui offrir, le tournant dans tous les sens à la recherche du titre avant de l'ouvrir au hasard.
Il reconnut immédiatement une des photos de Setzer.
"Oh ! " s'exclama-t-il, "merci Shera ! "
La doctoresse, en train de négocier un déplacement prudent entre les genoux et pieds autour du tas de cadeaux, une tasse de lait de chocobo à la main, lui rendit son sourire.
"Je t'avais promis autant de photos que tu voudrais, non ? "
Riku hocha la tête rapidement, se tournant vers Cid.
"Merci Cid ! "
"De rien, mais y'a pas que nous a remercier," expliqua Cid, "feuillette le."
Riku obtempéra, tournant les pages. Il stoppa devant une photo d'Harumi enfant. Interloqué, il tourna la tête vers Yuffie qui fit un signe de victoire.
"Wedge a fait des copies des photos que j'avais et Jessie m'a aidée à en trouver d'autres."
"D'autres ? " murmura Riku.
"Ouais, regarde."
Yuffie se pencha sur l'album photo, tournant les pages une à une en expliquant en wutan où les photos avaient été prises. Vincent se tourna vers Shera et Jessie qui échangeaient un high-five satisfait.
"Merci."
Shera inclina la tête en levant sa tasse.
"J'en ai mis d'autres, je pense que ça lui fera pl…"
Riku se leva soudain, lâchant l'album photo sur le sol.
"... ou pas," grimaça Jessie.
"Riku ? Ça va ? " demanda Yuffie, se penchant pour le ramasser.
"Je… oui… je... juste…"
"Riku ? " murmura Vincent.
L'adolescent hésita, visiblement décontenancé puis reprit le livre, cherchant à nouveau la page avant de le tendre à Vincent.
"Regarde."
Vincent obtempéra, observant la photo que Riku lui désignait.
C'était un agrandissement d'une photo de foule, recadré pour accentuer le sujet central, au vu des jambes et des pieds qui dépassaient du cadre.
Une jeune femme, assise sur un trottoir, âgée d'un peu moins de la vingtaine, aux cheveux longs et désordonnés, encore décolorés sur les pointes. Elle s'enveloppait dans une couverture de secours, le nez levé vers le ciel, montrant quelque chose à l'enfant dans ses bras dont seule la tête et une main dépassait du tissu épais.
Un enfant de trois ans, aux cheveux gris et aux yeux verts.
"C'est Maman."
Ah. Oui, ça avait dû lui faire un choc, en effet. Vincent fit signe à Riku de s'asseoir à côté de lui et l'adolescent obéit, se recroquevillant près de Vincent.
"C'est une belle photo de vous deux."
"Je m'en rappelle pas," murmura Riku.
"Jessie ? "
"C'était lors de l'ouverture du Tambour," expliqua la jeune femme, "après que le scandale des pupilles a été révélé. Shinra a improvisé une opération de secours et a invité pleins de journalistes à venir témoigner de sa grandeur d'âme."
Jessie était déjà quelqu'un de sarcastique au naturel, mais on aurait pu décaper la peinture du Haut Vent avec son degré d'acidité actuel.
"Biggs et Wedge m'ont aidée à éplucher toutes les photos qui ont été prises ce jour-là, pour trouver Riku et sa mère, et on a choisi les meilleures… ça… ça va ? "
Vincent hocha la tête, passant un bras autour de Riku qui gardait le regard fixé sur la photo de sa mère.
"Je me souvenais presque pas de son visage," murmura Riku.
"Jessie, pourrais-tu m'envoyer une copie, s'il te plait ? " demanda Vincent en posant la main sur le crâne de Riku.
"Oui, bien sûr, pourquoi ? "
"Elle mérite d'être mise au mur dans la chambre de Riku."
L'adolescent se redressa, jetant un regard surpris à Vincent.
"Je pourrais ? ! "
"Bien sûr. Dis merci à…"
L'instant d'après, Riku avait sauté par-dessus le tas de cadeaux et s'était jeté au cou de Jessie, manquant de l'envoyer bouler contre Biggs.
Bon, heureusement, ils étaient assis par terre et ne tombèrent pas de haut. Vincent tourna la tête vers Cid qui regardait Riku remercier le trio en balbutiant.
"Merci à toi aussi."
Cid eut un grand sourire avant de montrer l'album toujours sur les genoux de Vincent.
"Attends de voir les autres photos qu'on a mises dedans."
"Y'en a d'autre ? " s'exclama Riku avant de franchir le Mont Cadeaux à nouveau, se rasseyant, un peu violemment, sur le canapé.
"Doucement avec les meubles ! " rappela Elmyra qui continuait la distribution avec Marlène.
"C'est la faute à Zack," marmonna Cloud.
"T'es pas mieux," lui rappela son frère.
La photo suivante qui arrêta Riku fut celle de son père et lui, affalés l'un sur l'autre sur le même canapé.
"Ça, c'est quand on est tous rentrés ici après avoir empêché Hojo de remettre la main sur toi. Tu dormais encore et ton père s'est effondré dès que vous avez été tous les deux à l'abri," expliqua Barret.
"Je savais que c'était une bonne idée cette photo," ajouta Elmyra d'un ton victorieux.
"En fait, les premières pages ont les photos les plus anciennes, " expliqua Shera, "celles avec tes grands parents, tes arrières grands parents…"
Riku feuilleta immédiatement le livre pour accéder aux premières pages. Il s'arrêta sur une photo de Lucrécia et Vincent inspira lentement avant de réaliser que Riku était étonnement silencieux.
"Qui c'est ? " finit par demander l'adolescent.
"Ta grand-mère. Lucrécia Crescent."
Il leva les yeux vers Vincent, hésitant longuement avant de tourner à nouveau la page. Vincent soupira en voyant la photo suivante. Lui, jeune homme, qui se tenait au bord d'une mesa de Canyon Cosmo, observant les environs, un fusil à la main.
Il n'y avait qu'un seul moment où cette photo aurait pu être prise et par une seule personne qui ne réfléchissait pas toujours aux conséquences de ses actes et avait transmis cette sale habitude à son unique fille.
"T'avais les cheveux super courts ! " s'exclama Riku.
"Montre ? " demanda Cid en se penchant à son tour.
"Je vais tuer Gast," marmonna Vincent.
"Tu sais à quel point c'est dur de trouver une photo de toi où tu n'es pas flou, caché ou de dos ? " protesta leur opératrice en brandissant sa tasse vers lui.
"Jessie, j'étais Turk, j'évitais d'être pris en photo pour garantir mon anonymat."
"Tu vas pas aimer le reste, alors," nota Wedge.
Riku et Cid étaient déjà en train de tourner les pages du livre sur ses genoux et Vincent dû s'avouer vaincu. Il s'installa aussi confortablement qu'il put et regarda les photos qui défilaient sous ses yeux.
Celles de lui en uniforme de Turk n'avaient pu être prises que par Ash ou Morrow.
"Donation du département des recherches administratives ? " soupira-t-il.
"Elena dit qu'elle les a trouvées dans les archives[4]," expliqua Biggs.
"Je veux voir ! " s'exclama Yuffie en s'installant près de Riku, se hissant sur ses genoux pour voir par-dessus la tête de l'adolescent.
"Le canapé ! " protesta Barret quand le meuble grinça dangereusement.
"Ça te va bien les cheveux courts," nota Aérith, en se penchant pour admirer les photos. "Tu penses te les recouper un jour ? "
"Demande à Cid," rétorqua Vincent.
"Ah ? Cid, cheveux courts ou cheveux longs ? " demanda Zack.
"Long," intervint Shera, "il a un truc pour les…"
Une boulette de papier cadeau rebondit sur son crâne et elle tira la langue à son frère.
"C'est toi petit ? " demanda soudain Riku, montrant la photo qu'il observait.
Vincent baissa les yeux.
Et reconnut la photo qui trônait près de la tablette funéraire de sa mère.
"Comment… ? "
"J'ai pris une photo de la photo ! " expliqua rapidement Yuffie, "je l'ai même pas sortie de son cadre, je voulais pas l'abîmer ! "
"Je sais qu'on dit souvent que Riku ressemble à son père, mais je trouve qu'enfant, il te ressemblait plus," déclara Reeve, venu lui aussi assister à la déconvenue des photos de jeunesse de Vincent.
"Montre ! " s'exclama Zack en se jetant sur l'accoudoir près de Cid.
"Zack, le cana…" protesta Reeve.
Il y eut un dernier craquement sinistre et tous ceux sur le canapé se retrouvèrent soudain penchés sur le côté, Zack le cul par terre, Riku et Yuffie sur les genoux de Vincent et Cid écrasé sous eux.
"... pé ne va pas tenir," acheva Reeve avec un soupir.
"Zack, ça va ? " s'enquit Aérith en s'agenouillant près de lui.
"Oups," murmura Zack pendant que son frère se roulait de rire sur le sol.
"C'est réparable ? " demanda Vincent en tentant de se redresser pour laisser Cid respirer, soulevant les deux adolescents hilares cramponnés à lui.
"Faudrait que je vois si ce sont les pieds qui ont lâché ou…"
Les deux derniers pieds craquèrent à leur tour et le canapé se retrouva au sol, à plat et vingt centimètres plus bas.
"Au moins il ira pas plus bas," nota Wedge d'un ton fataliste.
"Je savais que j'aurais dû opter pour un nouveau canapé pour le cadeau Carbuncle général," soupira Reeve.
"J'aurais compris pour le jour Ifrit. J'aurais compris à la rigueur pour le jour Titan," grommela Barret en montant lourdement les marches de Seventh Heaven, suivit par Vincent. "mais on peut m'expliquer pourquoi des adultes responsables se bourrent autant la gueule le jour des enfants ? "
Vincent haussa les épaules. Les rondes de sécurité pendant les jours Carbuncles avaient été pénibles. Plus encore qu'à l'accoutumée, car outre les monstres, pour qui la trêve de la fin de l'année n'existait pas, Avalanche avait aussi dû gérer les Midgariens ivres morts, seuls ou en groupe, qui avaient décidé au choix de leur chercher la bagarre, de les inviter à boire ou de juste s'effondrer dans un coma éthylique à leurs pieds.
Dans tous les cas, la matéria esuna de Barret avait fait des heures supplémentaires. Et voir hurler Barret sur leurs interlocuteurs une fois dessaoulés avait presque valu le coup d'être de ronde de nuit.
Nanaki était réveillé quand ils entrèrent, regardant une sphère, et Barret, avec son côté papa chocobo, l'envoya immédiatement au lit, ajoutant un plaid sur son canapé au cas où il aurait froid.
"Tu réalises qu'il est plus âgé que toi ? " nota Vincent pendant qu'ils se changeaient dans le vestiaire.
"Physiquement seulement. C'est toujours qu'un gamin," rétorqua Barret en retirant son arme, jetant un regard hésitant à sa prothèse. "À propos de gamin, ça se passe mieux avec les tiens ? "
Vincent se demandait vraiment à quel moment Zéphyr et Riku étaient passés de 'son fils et son petit-fils' à 'ses gamins'. Il ne s'en plaignait pas vraiment, non, mais c'était le genre de glissement sémantique que Gigas adorerait analyser.
"Je… fais de mon mieux," admit Vincent en déchargeant son arme.
"Tu t'y prends bien," rétorqua doucement Barret, tout en retirant son tee-shirt.
Vincent lui jeta un regard surpris, plus habitué à entendre le contraire dans la bouche de Barret.
"Tu es père et grand-père depuis un mois et tu gères très bien," assura Barret avant d'avoir un petit sourire amusé.
"Quoi ? "
"J'imaginais juste… ce que ça aurait donné si tu avais pu les élever tous les deux. Je t'imaginais avec un petit Zéph dans les bras."
Vincent pouvait l'imaginer aussi. Un adolescent endormi sur lui avec des cheveux plus fins, un menton plus pointu.
Un enfant accroché à son cou, qui posait questions sur questions, vu que selon Gast, il avait été bavard et intarissable à six ans.
Un bébé qui pleurait dans les bras de sa m…
Il s'arracha à sa réflexion, inspirant longuement.
"Je… ne suis pas très doué avec les petits," se contenta de dire Vincent.
"Tu crois que je me débrouillais avec Marlène quand Dyne est mort ? Regarde-moi, même à un an elle tenait dans ma paume et je devais lui mettre des couches d'une main," rétorqua Barret en levant son bras mutilé.
"Tu avais tes amis avec toi…"
"Non."
Vincent leva les yeux vers lui, intrigué.
"J'étais en cavale avec elle," admit Barret. "Les services sociaux venaient de nous retirer Tidus, le fils de Jecht et Dyne est mort dans des circonstances… troubles. Je… je craignais qu'ils nous la prennent. J'ai disparu dans les Taudis pendant des mois avec elle."
Barret de frotta le visage de sa main de chair, grattant ses joues mal rasées d'un air penaud.
"Pas ma période la plus brillante," finit-il par admettre, "j'allais pas bien, j'étais... je faisais des conneries. J'ai rencontré Tifa à ce moment-là. J'avais mendié du boulot chez son patron du moment et elle avait proposé de s'occuper de Marlène pendant que je travaillais. Elle arrivait toujours à me donner un peu de nourriture quand son patron ne regardait pas. Quand ça a tourné au vinaigre avec lui, je lui ai donné l'adresse du bar et un mot pour Jecht et Auron, qu'ils lui donnent du travail…"
Il soupira mais laissa échapper un sourire fatigué aux souvenirs qu'il évoquait.
"Deux jours plus tard, elle venait me chercher sur un chantier de ferrailleurs avec Auron et ils me ramenaient à la maison manu militari."
"Les services sociaux n'ont rien dit ? "
"Ils ont enquêté, mais Tifa avait pris les choses en main. Tout était propre, le bar fonctionnait suffisamment bien pour qu'on ne manque de rien, Jecht a… s'est repris. On a pu récupérer Tidus… On lui doit tout… Devait. On lui devait tout," se corrigea Barret avec un regard triste.
"Et Zéphyr a…"
"Hojo lui a fait tuer Tifa," coupa Barret d'un ton autoritaire. "Je ne vais pas en vouloir à Zéphyr plus que je n'en veux aux clones de Tifa."
Barret leva la main, la posant sur l'épaule de Vincent.
"Il n'est pas responsable."
Petit à petit, Riku était accepté à Avalanche.
Petit à petit, Zéphyr l'était aussi.
Parmi des guerriers qui sauraient les protéger, les aider.
Dans son Vol.
"Merci."
Le colosse hocha la tête et s'effaça pour libérer l'accès au couloir.
"Va te coucher maintenant, les gamins vont encore chanter demain, on aura besoin d'une nuit complète pour subir ça de plein fouet."
Vincent hocha la tête, un petit sourire aux lèvres et grimpa l'escalier menant aux chambres.
Cid était réveillé et l'attendait dans leur lit, jouant toujours avec le casse-tête de sa sœur.
"Toujours pas résolu ? "
"Si, je cherche s'il y a une autre solution," répondit Cid avant de lui jeter un petit coup d'œil et un sourire.
Vincent ferma la porte, retirant son pull.
"Tu n'avais pas à m'attendre," déclara-t-il en émergeant à nouveau.
Cid haussa les épaules, posant le casse-tête à côté du lit.
"Ça me dérange pas, j'ai bricolé en t'attendant."
Vincent jeta un petit regard rapide sur le côté, mais le carton de la bibliothèque était toujours fermé, posé près de son armoire. Il regarda à nouveau Cid qui affichait un sourire de cœurl ayant attrapé un canari. Vincent tourna la tête dans la direction de son regard, vers la porte.
L'orifice à matéria était soigneusement vissé sur le montant, à hauteur des regards, et la surface brillante de la matéria verte était clairement visible dedans.
"J'ai fait un test, ça marche," annonça Cid, "mais je n'arrive à lancer le sort de silence que pendant dix minutes. Tu penses faire mieux ? "
Vincent verrouilla la porte d'un geste. Puis effleura la matéria qui brilla plus intensément.
"Il n'y a qu'un moyen de le savoir."
Oubliez le canari, Cid avait un sourire de cœurl ayant chopé un chocobo.
Ils furent réveillés le lendemain par quelqu'un qui tambourinait sur la porte.
"Anikiiii ! "
"Ta sœur est debout," marmonna Cid.
"J'ai entendu," soupira Vincent, blotti contre le dos de Cid et fourrant son nez dans son cou.
Le sort de silence avait dû se dissiper pendant la nuit, ou dès qu'il s'était endormi.
Et pour référence, il pouvait le maintenir au moins une heure… peut-être une heure et demie, il n'avait pas vraiment gardé un œil sur le réveil.
"Vivement la rentrée qu'elle fasse à nouveau la grasse mat," soupira Cid en resserrant sa prise sur le bras passé autour de lui, résolu à ne pas le lâcher.
La poignée tourna, sans succès et le staccato sur la porte reprit. Vincent se félicita d'avoir pensé à verrouiller cette fois.
"Ji-san ? " appela Riku à son tour.
"On n'est pas décent, chantez dans le couloir ! "
Il y eu un petit silence de l'autre côté de la porte, vite suivi par un fou rire et un début de chant Carbuncle.
Quand Vincent et Cid rejoignirent le reste de l'équipe, non sans s'être d'abord douchés, Riku, Yuffie et Marlène achevaient chacun de dévorer une médaille en chocolat à l'effigie de Phénix.
"Vous avez eu ça où ? " s'étonna Cid en ramassant l'emballage près de l'assiette de Riku.
"Aérith," répondit Zack, "elle en a trouvé pour offrir à Rude et nous a ramené le surplus."
"Pourquoi à Rude ? " s'étonna Shera.
"Il est condorien," répondit Vincent, "le jour Phénix est leur fête nationale."
"C'est quoi la tradition du jour Phénix ? " s'enquit Riku, la tisane d'Ifalna à la main.
Son attitude confuse et dubitative du début de la semaine avait disparu. Il s'était visiblement bien adapté à l'esprit de fête et attendait la suite avec enthousiasme.
À moins que ce soit tout le sucre qu'il avait absorbé ces sept derniers jours.
"Se mettre une mur…"
"Zack," coupa Barret avec un regard autoritaire.
"Faire une très très grosse fiesta," corrigea piteusement Zack.
"Dormir," marmonna Cloud, qui avait presque le nez dans son café.
"Et digérer des six jours précédent," ajouta Cid.
"La seule tradition du jour Phénix, c'est de veiller jusqu'au changement d'année à minuit," expliqua Vincent.
"Je vais rester debout ! " s'exclama Marlène, barbouillée de chocolat, "Papa dit que j'ai le droit ! "
"Tu crois que t'y arriveras ? " demanda Cloud à Riku, avec un regard taquin.
Le regard frondeur de Riku arracha un petit sourire à Vincent. Il devrait probablement s'inquiéter un peu plus de l'esprit de contradiction de son petit-fils. C'était le genre de chose qui leur avait causé pas mal d'ennuis au même âge à lui et Hel.
Et par la suite, à lui tout seul, d'ailleurs.
Mais voir Riku devenir de plus en plus à l'aise avec le reste de son vol, se risquer même à chahuter avec les jumeaux et Yuffie… Il ne pouvait se résoudre à le réprimander.
Le reste de la matinée fut occupé par le montage des cadeaux de la veille. Yuffie et Marlène aidèrent Riku à accrocher ses posters dans sa chambre. Cid et Vincent montèrent leur étagère et Vincent dû admettre qu'une fois tous leurs livres rangés, la chambre semblait plus grande. Reeve arriva, réquisitionna Barret, Biggs et Wedge et ils partirent tous les quatre chercher un nouveau canapé.
Le nouveau canapé était aussi hideux que l'ancien, quoiqu'un peu plus petit, avec un design aussi aérodynamique qu'une brique. Mais il était solide. Son armature en métal, selon le vendeur, garantirait sa survie avec les enfants de Reeve.
"Tes enfants ? " s'étonna Cid.
"Il a dit qu'il y avait six enfants dans sa famille," intervint Wedge.
"Hu… Yuffie, Marlène, Riku, Nanaki… je n'en compte que quatre," objecta Cid.
"Tu oublies les jumeaux," rétorqua Reeve.
"Hey ! " protestèrent les Strife d'une même voix, déjà affalés sur le canapé pour tester son confort.
"Par contre, pourquoi tu l'as repris rose ? " demanda Zack en soulevant le plaid déjà posé dessus.
"Il est parme."
"Rose."
"Fuchsia," corrigea Elmyra.
"Vincent, ton opinion ? " demanda Reeve.
"Je suis soudain daltonien," rétorqua Vincent qui aidait Barret à sortir le vieux canapé de Nanaki dans la cour en vue de son prochain démantibulage.
Après quelques séances de ce que Jessie avait appelé Tetris grandeur nature, quoi que ce soit, ils avaient réussi à casser les deux grands canapés dans la petite partie consacrée au salon. Il avait fallu pousser la petite table contre le meuble télé, mais en faisant attention, on passait encore facilement.
Il y avait déjà des paris sur le temps qu'il faudrait aux augmentés pour accidentellement détruire la petite table et lequel serait responsable.
Le meuble abimé la veille, après inspection, s'était révélé encore suffisamment solide pour servir de lit à Nanaki, mais Cid avait très vite abandonné l'idée de remettre les pieds. Nanaki avait assuré que ça ne poserait pas de problème et que ce serait même plus simple de monter dessus.
Et en quelques minutes à peine, Riku, Nanaki, Yuffie et Marlène étaient déjà vautrés dessus, enroulés dans les plaids et perfectionnaient la culture générale de Riku à grand coup de dessins animés classiques.
"Ne mettez pas trop fort, je serais dans mon bureau," demanda Reeve.
"T'es pas en vacances ? " protesta Barret pendant que les benjamins de l'équipe acquiesçaient.
"J'aimerais bien," grommela Jessie en se dirigeant vers le bureau, plusieurs dossiers sous le bras, "mais y'en a un qui prend pas de vacances."
"Hojo ? "
"Des squames ont été vues dans les eaux autour de Mideel hier," expliqua Reeve, "Jessie et moi allons analyser ça, on vous tient au courant."
Vincent était en train de s'installer avec sa tablette sur le nouveau canapé quand il réalisa que Riku ne regardait plus l'écran, mais la porte du bureau de Reeve, un air inquiet sur son visage.
"Riku ? "
L'adolescent se mordilla les lèvres pensivement avant de se tourner vers Vincent
Ses yeux étaient normaux et Vincent s'autorisa un soupir de soulagement discret.
"C'est où Mideel ? "
"Au sud de l'Estérie," répondit Yuffie avant de sortir son PHS, cherchant rapidement une carte sur le mognet pour lui montrer.
Riku prit le petit écran et l'observa longuement, son expression toujours anxieuse.
"Il descend encore vers le sud," murmura-t-il.
"Qu'est-ce qu'il y a ? " demanda Vincent.
Riku haussa les épaules en rendant son PHS à Yuffie et resserra ses bras autour de Marlène, blottie sur ses genoux, sa peluche contre elle.
"Chais pas," finit-il par souffler, "mais j'aime pas ça."
"Vince ? " murmura la voix de Zack près de son oreille.
Vincent réprima une réaction violente et lâcha sa tablette avant de risquer de l'abîmer. Zack maîtrisait de mieux en mieux la marche silencieuse s'il arrivait à le surprendre.
"Oui, Zack ? "
"Tu crois qu'il est comme Aérith ? "
Vincent tourna la tête vers Zack, accoudé sur le dossier du canapé.
"Tu sais… quand elle est…quand elle a une intuition ? " expliqua Zack.
Oh. K'so. Il faudrait qu'il demande à Zéphyr s'il était aussi sujet à ce genre d'intuition. Il cherchait quoi répondre quand la sonnerie des amis retentit.
"J'y vais," déclara-t-il.
"Qui ça peut être ? " demanda Barret, "Zéphyr doit passer ? "
"Non, il voulait rester à la tour avec le Président aujourd'hui," expliqua Vincent en ouvrant grand la porte.
"Bonjour, petit frère ! Joyeux Jour Phénix ! " s'exclama Helgrimr, debout devant lui avec Paine, tous deux vêtus de l'habit traditionnel gongan.
[1] Cadeau d'Elmyra pour son anniversaire.
[2] Oui, elles sont maduins. J'ai respecté le fait que dans FF6, Tina (Terra) est la fille de Maduin. Leur mère est une amie d'Edéa, elle a insisté pour que les jumelles aient une éducation et elles retournent à Gongaga voir leurs parents pendant les grandes vacances.
[3] Et oui, il a fini par accepter de venir à la MGU avec ses amis ! Seifer est maintenant grand frère et a déjà présenté d'humbles excuses à Quistis pour tout ce qu'il lui a fait subir à cet âge. Pour ceux qui veulent en savoir plus, lisez, Boule de neige 12 : voix cassée, main brisée, mémoire fragmentée.
[4] Ah ah, ouais, 'trouvées'. Elle a des contacts qui les lui ont joyeusement confiées. Voir Boules de neige 28: un prêté pour un rendu.
