Chapitre 57 : L'art de se faire des alliés en période de crise.

Résumé :
C'était une mauvaise idée.
Vincent s'en doutait depuis le début.
Il savait que son père allait tenter de manipuler Zéphyr et Riku.
Il savait qu'Ifalna et Aérith n'étaient pas non plus à l'abri de ses magouilles.
Mais venant de la Déesse qu'il vénérait depuis l'âge de dix ans, l'incarnation de la Rivière de la Vie, l'Ancienne réputée bienveillante et maternelle…
La trahison n'en était que plus terrible.
Et les Anciens ont intérêt à avoir des arguments bien ficelés pour qu'il ne décide pas soudain de ramener son vol à Midgar sans sommation.
Surtout son père.

Personnages :
Les mêmes que le chapitre précédent

Tags spécifiques au chapitre :
Riku est le digne descendant de son père, son grand-père, son arrière-grand-père et tous les oncles, tantes et aïeuls divers qui sont venus avant lui, Séphiroth se rebiffe, unstoppable force meets immovable object, Diablos aime sa famille, mais des fois il les étranglerait, c'est de sa faute ils tiennent de lui, Vincent et ses frères comptent les points, référence à de l'expérimentation humaine, (enfin on se comprends sur le côté humain), Hojo mais pas que, Vincent aime la diplomatie (ah ah, non), trama intergénérationnel puissance max, Séphiroth vs la gente féminine, révélation pour les lecteurs (mais pas pour les personnages)


Gigas était un redoutable gestionnaire.
Il ne fallut que dix minutes pour qu'une salle vide soit trouvée, meublée et un feu allumé pour la réchauffer.
Les daguerriens avaient leurs défauts[1], mais leur efficacité n'en était pas un.
Vincent aidait Ifalna à s'asseoir, Riku et Zéphyr s'occupant d'Aérith quand le bruit d'une dispute s'éleva de l'autre côté de la porte, avant que celle-ci s'ouvre sur Zack qui entra comme un double-corne, Cloud sous le bras.
"Ah, vous voilà ! " s'exclama le brun, les yeux brillants dangereusement, "y'a trop de monde, j'arrivais pas à trouver votre odeur ! "
"Mais je viens de vous dire," commença la voix de Bélias, venant du couloir.
"Rien à foutre ! " rétorqua Zack tout en posant son frère, le rattrapant de justesse quand il commença à pencher.
Aérith se leva d'un bond de sa chaise mais, instable sur ses jambes, se laissa immédiatement retomber dessus et Zack appuya Cloud contre la table avant de s'agenouiller devant sa fiancée.
"Cloud ? " s'inquiéta Vincent en approchant, Riku sur les talons.
"J'ai replongé," marmonna Cloud qui tanguait, se tenant au bord de la table, le regard dans le vide, "j'ai pas fait exprès…"
"Il a fallu que je m'asseye sur lui pour pas qu'il vous rejoigne ! " s'exclama Zack, les cheveux en bataille et à deux doigts d'un meurtre sanglant.
"Elle voulait que je vienne," reprit Cloud comme Vincent attrapait une chaise et la plaçait derrière lui, aidant le jeune homme à s'asseoir.
Vincent fronça les sourcils, regardant Riku poser sa main sur le front de Cloud, exactement du même geste qu'Aérith quand elle les auscultait.
"Cloud, tu as entendu la Déesse ? "
"Ouais. Très nettement, pas comme... d'habitude."
"Comme d'habitude ? " répéta Ifalna.
"Comme… tes hallucinations ? " ajouta Aérith.
Ifalna haussa les sourcils et tendit la main vers Cloud.
"Donne-moi la main, Cloud, s'il te plait."
"Oui, Madame Falmis," obéit Cloud.
Elle lui prit la main et resta silencieuse longtemps avant de la presser tout doucement.
"C'est impossible," murmura-t-elle, "peux-tu décrire la façon dont tu entendais des voix ? "
Le blond hésita, visiblement encore confus mais finit par hocher la tête.
"D'habitude, c'était… j'arrive pas à comprendre. Soit ça crie trop fort, comme les bienheureux, soit ça marmonne ou ça n'a pas de sens…"
"Aérith, ça te rappelle quelque chose ? " demanda Vincent.
La jeune guérisseuse était encore plus pâle qu'avant, dévisageant Cloud avec surprise, imitée par Séphiroth.
"Je… oui... c'est… C'est comme ça que j'entends les voix de la Planète…"
"Les voix de la planète ? " répéta Séphiroth en se tournant vers elle.
"Les souvenirs et les mémoires dans la Rivière de la Vie. Nous pouvons leur parler et les écouter," expliqua Ifalna d'un ton fatigué, gardant la main de Cloud entre les siennes.
"Tu... n'entends rien ? " s'étonna Aérith en s'appuyant sur Zack, "dans les endroits fertiles par exemple ou... oh, dans les réacteurs ou à proximité de conduites mako ? "
"Oh…" réalisa Séphiroth.
"Oh…" l'imita Cloud.
"Euh… Mais Cloud est pas un cetra," objecta son frère.
"Non," admit Vincent, "mais… Hojo l'a utilisé comme sujet d'expérience pendant cinq ans. Qui sait ce qu'il a pu lui faire."
Le regard de Cloud se fit soudain plus net et empli d'autant d'envie de meurtre que celui de son frère quelques secondes plus tôt.
"Je vais buter ce bâtard," déclara-t-il posément.
"J'ai l'ancienneté," rétorqua Séphiroth.
"Makoto a l'ancienneté," corrigea Cloud avec un regard noir.
"Les garçons, s'il vous plaît," soupira Ifalna en lâchant la main de Cloud.
"Pardon," répondirent les deux hommes d'une même voix.
Quelqu'un toqua à la porte et Helgrimr entra, passant devant Yuffie pour lui tenir la porte, la jeune princesse portant un plateau couvert de tasses et d'une théière fumante.
"Dame Da Chao vous fait envoyer ce thé et espère votre prompt rétablissement, Dame Crescent," commença-t-elle poliment avant qu'Helgrimr ait fermé la porte, "ils deviennent tous BARGES ! "
Helgrimr eut un regard surpris au brusque changement de ton de l'adolescente. Elle posa le plateau sur la table avant de retirer son étole, la posant sur les épaules d'Aérith pour la réchauffer.
"Est-ce que ça va ? "
La jeune guérisseuse hocha brièvement la tête, lui adressant un sourire aussi sincère que possible.
"Qu'est-ce qui se passe ? " demanda Vincent.
"Les rumeurs volent encore plus vite qu'à Midgar avec Zack au bar pendant happy hour[2]," déclara Yuffie en se redressant, servant et distribuant les tasses de thé. "Ils sont tous en train de planifier leur approche du clan Cetra. Même Père me demande de lécher des bottes."
"Vu la boue que j'ai sur les semelles, je ne le conseille pas," balbutia Ifalna, ses mains tremblant autour de sa tasse.
"Il faut que nous repartions au plus vite," décida Vincent.
"Pourquoi ? " demanda Séphiroth.
"Avec le retour des Cetras dans la communauté des Anciens, tout le monde va se battre pour bien se faire voir," expliqua Helgrimr avec un petit sourire las.
"Je comprends pas," admit Riku.
"Politique de clan," soupira Vincent, "se rapprocher des Cetras, c'est se rapprocher de la Déesse."
"Et plus tu es proche du sommet, plus tu as de l'influence," soupira Séphiroth, "comme à la Tour Shinra."
"Et la Déesse… Elle est là," murmura Riku en montrant sa tête.
"Je ne pensais pas…" reprit Ifalna d'une voix cassée avant de boire une gorgée de thé. "Quand les histoires disaient que Min…"
"Faut pas dire son nom," grommela Riku d'un ton rogue, "ça la fait venir."
"...Qu'Elle parlait par la bouche de ses Enfants… Je croyais que… Que c'était comme les voix de la planète. Qu'Elle soufflait quoi dire… Pas qu'Elle…"
"Elle est comme Jénova," grommela Riku.
Vincent soupira. Il comprenait le point de vue de Riku qui était probablement la seule personne sur Gaïa à avoir expérimenté les deux possessions, mais proclamer ce genre de chose n'était peut-être pas une bonne idée.
"Riku... il vaudrait peut-être ne plus dire ça devant des Anciens."
"Mais qu'est-ce qu'elle a de si génial ? ! " tempêta l'adolescent.
"Elle est l'incarnation de la Rivière de la Vie."
Vincent avait entendu son père ouvrir la porte.
Séphiroth aussi apparemment.
Le reste de leurs compagnons, Zack et Cloud compris, firent un bond de surprise et une partie des tasses furent renversées quand la voix de l'Ancien s'éleva. Il entra, suivit par Gigastein qui ferma soigneusement la porte, non sans avoir échangé quelques mots avec ses fils d'abord.
"C'est de VOUS que Vince tient ça ? ! " s'exclama Zack avant d'être bâillonné par la petite main d'Aérith.
"Non. Sa mère m'a appris, " répondit Diablos d'un ton pince-sans-rire tout en approchant de Riku.
L'adolescent recula, allant se réfugier près de son père qui s'interposa immédiatement entre lui et Diablos, baissant à peine le regard devant l'Ancien qui continua ses explications.
"Elle est la Volonté de la Planète, venue au monde pour protéger la Planète et son sang, la Rivière de la Vie. Pour protéger le Flot de la Renaissance. Sans Elle, la Planète est vulnérable à la moindre attaque. Que ce soit de ces foutus réacteurs mako ou de la Calamité venue du Ciel."
"Elle est morte y'a deux milles ans," objecta Riku de derrière le coude de son père, "c'est fini."
"Les Anciens ont pris le relais comme ils pouvaient," répondit Diablos, "mais avec Son retour, il y a enfin un espoir de faire revenir la Planète à un âge d'or."
Riku leva les yeux vers son ancêtre et Diablos plongea son regard dans celui de l'adolescent.
Il ressemblait à Chaos, oui.
A Lamia, aussi, avec ces cheveux argentés.
A Lilith pour le regard effronté.
Mais ces yeux… c'étaient ceux des Cetras.
Ceux de Minerva.
Il s'arracha à la contemplation de son descendant et se tourna vers son fils, qui les observait avec méfiance.
"Makoto, ils doivent être mis à l'abri," déclara-t-il en désignant Zéphyr et Riku.
"À Daguerreo, je présume ? " rétorqua son fils d'un ton rogue.
L'Ancien ne répondit pas immédiatement, poussant un soupir avant de croiser les bras.
"Makoto," finit-il par dire d'un ton calme, "sois raisonnable, tu veux qu'il leur arrive malheur ? ! "
"Arrêtez ça."
Diablos et ses fils se tournèrent vers Zéphyr.
Minerva, il était le portrait de Chaos lui aussi, mais ce ton, cette voix, ce n'était pas son fils aîné.
C'était Gigastein, gérant l'armée de serviteurs et d'érudits de Daguerreo d'une main de fer.
C'était Mateus, détruisant sans regrets des pans entiers de connaissances pour protéger Gaïa.
C'était son père, entraînant ses hommes au combat pour avoir l'honneur de combattre pour la Déesse.
L'Ancien leva une main d'un geste autoritaire.
"Laisse-moi finir de convaincre ton père…"
"Non. Vous n'essayez pas de le convaincre mais de le manipuler. Arrêtez."
Diablos le dévisagea avec étonnement, apparemment stupéfait de se faire contredire, mais Vincent était tout aussi surpris que son fils prenne sa défense, allant jusqu'à s'interposer entre eux à nouveau, suivit par Riku.
"Vous n'arrêtez pas depuis que je vous ai rencontré," continua Séphiroth, "vous manipulez en permanence les gens et les situations à votre avantage…"
"J'essaye de sauver Gaïa au cas…"
"Vous avez tenté d'enlever Ifalna et Aérith, de nous imposer comme représentants des Cetras, Riku et moi, vous nous avez abandonnés à la Déesse sans même nous prévenir de ce qu'elle pouvait faire, comment voulez-vous que je vous fasse CONFIANCE ? "
Au fil des jours, Vincent s'était habitué à la ressemblance entre Zéphyr et Chaos, le calme habituel de son fils aidant à les différencier. Mais le voir ainsi, les cheveux en bataille, le regard furieux et à l'entendre hausser la voix…
Il ne put s'empêcher de tressaillir.
Et il vit Gigastein et Helgrimr l'imiter.
"J'ai déjà été manipulé et utilisé toute ma vie, je refuse de l'être à nouveau."
"Tu es en danger ! " protesta Diablos, "si la Calamité remet la main sur toi…"
"Moi vivant, ils ne m'auront pas."
L'Ancien plissa les yeux, levant l'index et Vincent soupira, s'attendant à une diatribe enflammée à tous les sens du terme, mais ce fut vers lui que son père se tourna.
"Et, toi, tu ne dis rien ? ! "
"Zéphyr est adulte. Je le soutiendrais quoi qu'il arrive, mais la décision n'appartient qu'à lui."
"Pourquoi faut-il qu'il te ressemble autant ? " rugit l'Ancien.
"Parce que je vous ressemble ? " répondit calmement Vincent.
Diablos le dévisagea en silence quelques instants avant de soupirer et hocher la tête. Parfois, il maudissait son hérédité. Surtout quand ses enfants lui rappelaient ses morts. Quand Gigastein commençait à parler comme Mateus. Quand Helgrimr et Makoto avaient les sourires d'Hashmal préparant un mauvais coup. Quand Galian et le jeune Mateus riaient comme Lilith, ou quand le jeune Bélias ressemblait chaque jour un peu plus à son arrière-grand-père du même nom.
Et quand le moindre d'entre eux le regardait, c'était un peu comme si Géhenne n'avait jamais été détruite, et que les nosfératus étaient encore un clan puissant, fertile et vivant, et pas des ossements gelés au fond du Cratère Nord.
Il jeta un dernier regard à Séphiroth avant de passer entre eux, se dirigeant vers Ifalna, assise à la table.
"Et vous, Dame Crescent ? "
"Je reste à Midgar," répondit Ifalna.
"Dame Crescent…" commença Diablos d'un ton raisonnable.
"Madame Falmis," corrigea Ifalna en se levant.
"Madame… Falmis… Vous…"
"J'ai du travail à Midgar," déclara Ifalna en l'approchant, faisant face à l'Ancien sans crainte, "je suis en train de chercher comme enrichir le sol après des années d'appauvrissement, de trouver quelles cultures permettront d'améliorer le flux de la Rivière en favorisant le cycle des renaissances, mais aussi de nourrir la population monstre, humaine ou animale, et quand cette guerre sera finie, Sire, je vous garantit que je pars au créneau contre les réacteurs mako et que je les fermerais un à un, même si je dois le faire de mes MAINS ! "
Le silence retomba dans la pièce, Diablos dévisageant la petite femme avec stupéfaction avant qu'un grand sourire ne fleurisse sur ses lèvres.
"Si c'est votre décision, Dame Falmis, je la respecterai. Mais j'aimerais toutefois vous inviter un jour à Daguerreo, j'ai quelques ouvrages qui pourraient vous…"
"Père, non," grommela Gigastein.
"Je crois que c'est un nouveau record de sa part," soupira Helgrimr.
"Elle est mariée," ajouta Vincent.
"Est-ce que ton père est en train de faire du charme à ma mère ? " marmonna Aérith, stupéfaite.
"Il a un faible pour les femmes qui ont du caractère," expliqua Vincent.
"Si ça n'était que pour les femmes," précisa Helgrimr.
"Et vous, Aérith ? " reprit l'Ancien.
Surprise de se faire vouvoyer, Aérith manqua d'en lâcher sa tasse sur le genou de Zack qui la rattrapa de justesse.
"Je… Seigneur, je… Je suis la guérisseuse d'Avalanche, je refuse de les laisser seuls, il ne leur faudrait que cinq minutes pour finir à terre ! "
"Tu es dure," grommela Zack.
"On tiendrait au moins dix minutes sans toi," ajouta Cloud.
"Moins si c'est MOI qui vous étrangle," rétorqua Aérith entre ses dents.
"Laissez-moi au moins mettre l'enfant à l'abri," implora Diablos en désignant Riku.
"Tu peux crever la gueule ouverte ! " s'exclama Riku de derrière Vincent.
"Riku ! " protestèrent d'une même voix son père, son grand-père, Ifalna, Aérith et Cloud.
"Mais quoi ? ! Marlène est pas là ! "
"Ça me rappelle quelqu'un," soupira l'Ancien en se frottant les yeux d'une main.
Vincent tenta de réprimer un sourire mais pour une fois, ne contredit pas son père immédiatement.
"La Déesse ne doit pas retomber entre les mains de la Calamité," reprit Diablos, "et Riku peut guérir la possession. Il doit être mis à l'abri."
Vincent et Zéphyr échangèrent un regard hésitant. Autant Vincent était contre l'idée d'enfermer Riku à Daguerreo, son père n'avait pas tort. Riku était le seul espoir de guérison pour ceux que la Calamité possédait. Leur seul espoir de reprendre leurs esprits. Il tourna la tête vers Riku qui se renfrogna, sentant probablement son hésitation. L'adolescent croisa les bras, fronça les sourcils et accomplit une parfaite fusion entre l'expression déterminée de son père et la tête de chocobo buté de Cloud.
"Mon œil, c'est pas moi que tu veux protéger, c'est Elle."
"Elle est ta Déesse," objecta Diablos d'un ton sévère.
"Elle est PERSONNE ! Elle est MORTE ! " s'exclama Riku en faisant un pas en avant, passant sous le bras de son père.
"Tu dois apprendre le respect ! "
"Tu dois le mériter d'abord ! "
"Mais tu es pire que ton grand-père ! "
"Tu m'étonnes ! J'ai trois générations de tête de chocobo dans les veines ! [3]"
Vincent toucha doucement la main de son fils du dos de la sienne et lui désigna Riku d'un signe de tête. Séphiroth hocha la sienne et prit Riku à bras le corps, le soulevant pour l'écarter physiquement de l'Ancien tandis que Vincent se chargeait de Diablos. Il l'entraina en arrière, jetant un regard à ses frères qui, visiblement, étaient très amusés par l'altercation et ne faisaient pas un geste pour l'aider.
"Vous n'avez plus le droit de me reprocher mon manque de maturité face à Galian," déclara Helgrimr d'un ton jovial.
"Je reste avec Papa et 'Ji-san ! " s'exclama Riku en essayant, sans succès, de s'extraire de la prise de son père.
Séphiroth manqua d'en lâcher Riku et le rattrapa de justesse pour le traîner près d'Ifalna.
"Père," reprit Vincent, "ils ont tous fait leur choix. Vous ne pouvez pas les forcer."
Diablos laissa échapper un soupir explosif avant de se frotter les yeux à nouveau.
"Il n'y a personne de raisonnable dans ton Vol ? "
"Reeve," intervint Cloud.
"Barret," ajouta Yuffie.
"Cid," acheva Zack avant de grimacer, "enfin, des fois."
"Ah. Oui, il faut aussi qu'on parle de ton choix d'amant…" grommela Diablos avec un regard las à son fils.
"Je vous vois mal me reprocher quoi que ce soit…" rétorqua Vincent, prêt à dégainer quelques-unes des aventures amoureuses de son père en guise d'arguments.
L'Ancien laissa échapper un petit sourire amusé.
"Je comptais te féliciter."
Quelqu'un toqua et Helgrimr ouvrit la porte, laissant entrer un de ses neveux.
Le grand.
"Seigneur, je vous prie de m'excuser, mais les Anciens s'impatientent…"
"Tout d'un coup, ils sont pressés," maugréa Diablos "Makoto…"
Il se tut soudain, jetant un petit regard pensif à son fils et reprit d'un ton plus calme.
"La Déesse t'a désigné comme Champion."
"Hein ? " rétorquèrent les trois-quarts des occupants de la pièce, Vincent compris.
"Il faut que tu sois présent, les Anciens voudront tout savoir sur ce que vous prévoyez. Peux-tu… Veux-tu venir ? "
C'était bien la première fois que son père lui demandait son opinion et il fallut quelques secondes de réflexion, à chercher ce que ça pouvait cacher avant que Vincent admette que c'était la seule chose à faire.
"Très bien, Père. Je viens."
"Seul ? " reprit Séphiroth.
"Tu serais le bienvenue, Zéphyr," reprit Diablos.
Autant Vincent apprécierait d'avoir Zéphyr pour surveiller ses arrières, ce n'était probablement pas une bonne idée. Son fils avait l'air aussi fâché que Riku du traitement que les Anciens faisaient à leur famille et ils allaient avoir besoin de diplomatie.
Il jeta rapidement un regard à ses amis, cherchant un soutien quelconque.
Cloud n'était pas en état, visiblement aussi épuisé qu'Ifalna et Aérith. Il allait être impossible de détacher Zack d'Aérith pendant plusieurs jours. Peut-être qu'il pourrait demander à Helgrimr et Gigas de venir…
Vincent sentit une petite main lui attraper l'index de sa main démoniaque et il tourna la tête vers Yuffie qui lui adressa un sourire malicieux avant de reprendre son attitude royale.
"Si je peux me permettre Seigneur, je viens aussi."
"Je prédis que Dame Da Chao ne va pas apprécier que vous rejoigniez le clan Nosfératu, Princesse."
"Je ne rejoins pas le clan Nosfératu, Seigneur. Je rejoins mon Vol."
Elle jeta un petit regard à Vincent, s'assurant qu'elle avait utilisé le bon mot et son frère hocha la tête en signe d'approbation.
"Ou sinon, je laisse votre fils s'exprimer seul en public devant les Anc..."
"Très bien, vous pouvez venir," coupa rapidement Diablos.
Cette fois, Yuffie eut un regard victorieux à l'encontre de Vincent qui lui rendit un petit sourire amusé.
"Soyez prudent tous les deux." demanda Ifalna d'un ton inquiet.
"Comment dit Barret déjà ? " marmonna Cloud.
"Surveillez-vous mutuellement," répondit Zack, hilare.
"On y va ? " demanda Yuffie après avoir tiré la langue à Zack.
"S'il faut," répondit Vincent.
"Sois sage et je t'offrirais un bol de curry aux sept épices."
"Celui de la gargote du secteur 4 ? "
"Tu auras même droit à des gyozas au double-corne."
"Je serais d'un comportement exemplaire."
"Je demande à voir."


Les Anciens patientaient à leurs sièges quand Diablos revint, escorté de ses enfants et Yuffie.
Shiva, remarqua Vincent du coin de l'œil, dormait. L'Ancienne de la glace était assoupie sous son dais, enveloppée dans son voile, la tête sur ses bras croisés, et une de ses filles était agenouillée près d'elle, veillant sur sa mère d'un air inquiet. Elle tenta de la réveiller quand Diablos revint, mais l'Ancienne resta inerte, le seul signe qu'elle était vivante était le souffle soulevant sa poitrine.
"Je m'excuse, Seigneur," déclara la femme des glaces quand Diablos approcha, s'agenouillant devant elle.
"Elle a mérité de se reposer," répondit Diablos, "peux-tu parler en son nom ? "
"Oui, Seigneur. Elle m'a nommée sa Voix en son absence."
"Parfait. Makoto, Princesse. Venez."
Vincent inspira longuement et jeta un petit regard à Yuffie qui passa calmement la main autour de son coude avant de l'entraîner à la suite de l'Ancien, vers le centre de la pièce.
L'Empereur de Wutaï avait l'air à deux doigts de la crise d'apoplexie.
"Oto-sama va me tuer, s'il ne fait pas une crise cardiaque avant," murmura Yuffie d'un ton penaud, "j'aurais peut-être dû le prévenir."
"Trop tard. Dis-lui que c'était mon idée," souffla Vincent sur le même ton.
"Noble Dames, Nobles Seigneurs, merci de votre patience," commença Diablos.
"Comment vont les Cetras ? " s'enquit Bahamut.
"Ils sont... secoués," répondit Diablos, "c'était la première fois que Minerva parlait par leur voix."
"Ça n'était pas arrivé avant ? " s'étonna le dragon.
"Makoto, explique," ordonna son père avant de grimacer et rajouter, "s'il te plait."
Min… Mana, corrigea Vincent, empruntant l'imprécation favorite de Zéphyr, son père faisait vraiment des efforts. Il approcha à son tour, saluant poliment les Anciens avant de commencer ses explications.
"Riku… a été possédé par la Calamité il y a quelques mois. Il a été très gravement blessé lors d'un combat contre une créature d'Hojo et est tombé dans le coma. C'est pendant ce coma que son corps a commencé à rejeter la Calamité et qu'il s'est libéré de son influence, mais à son réveil… La Déesse était là."
Le dragon avait fixé Vincent d'un regard plein d'animosité pendant son explication, mais visiblement, la curiosité fut plus forte que la colère. Ce fut toutefois vers Diablos qu'il se tourna pour des explications.
"Comment ça se fait ? "
"Je n'en ai absolument pas la moindre idée," admit Diablos, "peut-être que la Déesse a profité de la faiblesse de la Calamité pour fuir dans l'esprit de Riku. Peut-être que le fait que le corps de Riku détruise la Calamité à fait ressurgir tout son héritage de Minerva et ramené la Déesse à la conscience ? "
"Elle est affaiblie, tu dis ? " demanda le Phénix en levant une main élégante, " tu en es sûr ? "
"En tout cas, pendant les trente années pendant lesquelles elle a été sortie de Grand Glacier, elle n'a pas tenté de reprendre le combat," expliqua Diablos.
"Elle… n'était pas libre pour autant," intervint Vincent.
"Seigneur Diablos, est-ce un de vos fils ? " demanda Da Chao.
"Oui, Dame Da Chao, il s'agit du plus jeune de mes fils, Makoto," répondit Diablos, "le… grand-père de Riku."
"Comment as-tu pu laisser ton fils souiller le sang des Cetras ? " grommela un Ancien au groin et défenses de sanglier.
"Contrairement à certains d'entre vous, je ne me mêle pas du lit de mes enfants," rétorqua Diablos.
"Pour ma défense," intervint Vincent, "ma... la mère de mon fils ne m'a jamais informé de son ascendance. Le secret des Anciens a été très bien gardé, comme il nous l'a été demandé. Peut-être même un peu trop."
"Makoto," marmonna son père alors que Yuffie donnait un pas si discret coup de coude dans la hanche de Vincent.
"Je vois que la débauche est héréditaire," grommela Bahamut avec un regard sombre à Vincent.
Vincent fit de son mieux pour garder son calme et ne pas répondre à la provocation, mais eut la surprise de voir son père se tourner vers le dragon à sa place, ses yeux rouges lançant des éclairs.
"Tu veux qu'on parle de la mère de Cid ? " siffla le démon à voix basse, en Burmécien.
Et, fait encore plus surprenant, le dragoon ferma la bouche d'un air coupable, quoique son père lui ai dit.
"Ne commencez pas, tous les deux," grommela Ifrit.
"Réponds," reprit Da Chao, "pourquoi dis-tu que la Calamité n'était pas libre ? "
Sans lâcher Bahamut du regard, Diablos fit signe à son fils de répondre.
"Pour ses expériences, Hojo la conservait dans un récipient étanche empli de mako. De sang de la planète," corrigea Vincent. "Son corps était toutefois techniquement mort, elle ne pouvait pas bouger."
"Oh, feu et cendre," grommela Ifrit avant de tendre un index accusateur vers Vincent, "toi, tu joues sur les mots autant que ton père, pourquoi dis-tu que le corps de la Calamité ÉTAIT ? "
Vincent s'interdit de se sentir flatté ou insulté par la comparaison.
"Nous avons détruit son corps, il ne reste que sa tête et Hojo la conserve probablement dans Sin."
"Donc, elle est affaiblie et isolée, " comprit Bahamut, "c'est déjà ça."
"Mais il injecte ses cellules dans leurs victimes," précisa Vincent, "c'est ainsi qu'elle leur impose sa volonté."
"Ses... cellules ? " répéta Valigarmanda, visiblement confuse.
Diablos hocha la tête, réfléchissant rapidement avant de tenter d'expliquer à ses pairs.
"Nous pensions qu'il suffisait qu'elle touche quelqu'un pour le posséder, vous vous souvenez ? "
"Que trop," rétorqua Bahamut d'un ton amer.
"Il faut apparemment plus que ça. La Calamité est un parasite…"
"Comme le lierre ? " demanda Fenrir.
Diablos fit une légère grimace et échangea un regard dépité avec Vincent avant de reprendre, simplifiant ses explications au maximum. Vincent commençait à comprendre les tirades agacées de son père au sujet du manque de curiosité scientifique des autres Anciens.
"En quelque sorte. Il suffit qu'un morceau d'elle entre dans un autre organisme pour qu'elle puisse le manipuler."
"Nous appelons ces créatures des Remnants. Et plus il y a de cellules de la Calamité en eux, plus ils sont puissants," ajouta Vincent, "mais quand les cellules de Jénova finissent par supplanter les leurs… Leurs corps meurent rapidement."
"Toutes les fois où elle a possédé quelqu'un, elle le faisait de ses mains," intervint Diablos, "elle aurait pu… elle aurait pu nous… Elle aurait…" balbutia Diablos.
Vincent tourna la tête vers lui, intrigué d'entendre son père perdre ses mots. Diablos se frotta le visage en inspirant longuement, cherchant à reprendre le fil de ses pensées.
"Quand ses esclaves ont pillé Géhenne, ils ont tué les adultes et... nous ont enlevés, mais elle n'a possédé personne à ce moment-là. Je pensais que c'était une prise d'otages pour attirer P… Père à Grand Glacier, mais…"
Quand son père leur avait raconté, à Helgrimr et lui, comment le clan Nosfératu avait été décimé, comment les créatures de la Calamité avaient envahi la ville ancestrale des Nosferatu, il n'avait pas été dans les détails. La ville avait été détruite, les enfants des nosfératu emmenés, leur roi avait tenté de les sauver en se rendant au Cratère Nord, accompagné de Fenrir et d'autres Anciens et avait été capturé à son tour par la Calamité. Les Anciens avaient lancé leur assaut final et Bahamut avait tué la Calamité.
Fin.
Diablos n'avait rien dit de plus.
Vincent n'avait pas cherché à en savoir plus.
Mais maintenant, une fois adulte, avec son propre lot d'horreurs derrière lui, après avoir vécu avec les maduins, après Edéa, les petites Tifa, Riku…
Il comprenait ce qui n'avait pas été dit.
Il comprenait que son père avait été beaucoup trop jeune pour ça. Pour voir mourir sa famille, pour voir son père se sacrifier pour eux, pour voir…
Il ne réalisa qu'il tendait la main vers son père que quand il toucha sa manche, prenant un pan du tissu entre ses doigts.
Exactement comme Riku le faisait avec lui.
Diablos tourna la tête vers lui et leurs regards se croisèrent.
Quelque chose passa entre eux. Un éclair d'empathie, de compréhension.
Quelque chose… changea.
Diablos reprit son souffle et eut un bref sourire avant de se tourner à nouveau vers ses pairs.
"Pour prendre quelqu'un, elle doit donner ses propres cellules, celle de son corps actuel. Et elle ne peut posséder quelqu'un sans le secours du professeur Hojo. Grâce à Riku, nous pouvons sauver ceux qui ont été possédés. Nous pouvons la battre."
Le silence régna sur l'assemblée, les Anciens se tournant tous peu à peu vers Ramuh.
En l'absence de Minerva et étant le doyen des Anciens encore vivant, le mage de la foudre avait été plus ou moins officiellement désigné chef, ou, du moins, sage des Anciens. Vincent savait qu'il était écouté et respecté, mais il ne s'était pas attendu, en le voyant pour la première fois de ses propres yeux, à ce qu'il soit si âgé.
Si frêle.
Il se tenait sur son trône, recroquevillé sur lui-même, la main qui tenait son sceptre tremblant, tant et si bien qu'une de ses filles finit par le lui prendre avec délicatesse, dénouant ses longs doigts osseux.
Elle se pencha vers lui, murmurant si bas que Vincent n'arriva pas à comprendre.
Il secoua la tête, fermant les yeux comme s'il refusait de l'écouter. Elle replia son saree avec élégance afin de s'agenouiller devant son père, levant les mains pour les poser sur ses joues, mais son père refusa de l'écouter, s'agitant de plus en plus.
"...tous vous tuer… je ne veux pas, pas encore…"
"Pitaji[4], s'il te…"
"... trop dangereux… retournons à …"
Vincent sursauta presque quand son père lui effleura son bras démon du dos de la main avant d'hausser un sourcil.
"Tu entends ? " demanda le démon d'un air curieux.
"Pas tout," admit Vincent dans un murmure, "il… ne veut pas se battre."
"Merde," marmonna Diablos avant de se reprendre quand un des fils de Ramuh approcha, envoyé par sa sœur.
"Seigneur Diablos, je... crains de devoir demander une interruption," demanda-t-il d'un commun fortement teinté de gongan, "Père est indisposé…"
"Je comprends. Mais il est important que nous prenions une décision rapidement…"
Yuffie tira doucement sur le bras de Vincent, se rapprochant pour lui parler à voix basse.
"Mauvaise nouvelle ? "
"Hm. Le Seigneur Ramuh ne veut pas reprendre le combat."
"Et alors ? On peut le faire sans lui, non ? "
Vincent soupira, repliant ses longs doigts autour de la petite main de Yuffie.
"C'est... Yuffie, il est… il est le sage des Anciens, le chef en l'absence de Minerva. S'il refuse de se battre… les autres le suivront."
Vincent parcourut la foule autour d'eux du regard. Déjà, des Anciens se faisaient plus hésitant, comme Ramuh, Bahamut avait rejoint le clan Shiva et essayait de réveiller leur Reine, toquant du poing sur l'estrade, près de sa tête, malgré les protestations de ses filles. Maduin, sa grand-mère sur l'épaule, était en train de parler à Fenrir et Da Chao, tentant de les convaincre. La viéra, Dame Jote, semblait discuter avec une des fleurs du trône de Carbuncle. La Reine et la Princesse Alexandrios écoutaient Alexander, toutes deux penchées sur son cristal.
Sans son accord, convaincre les Anciens à reprendre les combats serait long et fastidieux. Il faudrait tous les persuader un à un, user de diplomatie et de pourparlers qu'ils n'avaient pas le temps de mener.
Il fallait convaincre le Seigneur Ramuh.
Vincent retira sa veste, la tendant à Yuffie.
"Ne regarde pas," demanda-t-il en desserrant sa ceinture.
"Mais…"
"Yuffie. S'il te plaît. Tourne-toi."
L'adolescente hésita mais finit par hocher la tête et se détourna, dirigeant son regard vers le mur arrondi de la pièce. Vincent passa devant son père tout en défaisant les nœuds du col de sa tunique et lui jeta un petit regard hésitant. Diablos soupira et attrapa le fils de Ramuh par le bras, le retenant pour l'empêcher d'arrêter Vincent
"J'espère que tu sais ce que tu fais."
Vincent n'en était pas sûr. Mais il pouvait l'essayer.
"Ne regardez pas non plus, Père."
Il s'arrêta devant le trône de Ramuh et salua poliment sa fille qui se levait, le fixant d'un regard méfiant.
Il ouvrit sa tunique, puis sa chemise.
Le silence retomba sur l'assemblée des Anciens.
Bahamut avait fait un pas en avant pour voir ce que Vincent leur montrait, mais recula rapidement, sans un mot, les mâchoires serrées.
"C'est ce que Hojo fait à ses victimes. Avant même que la Calamité les prenne."
Maduin était pâle de rage, ce qui, chez lui, n'était pas une expression. Sa peau avait pris des nuances blafardes, jusqu'au bout de ses cornes et Garuda drapait ses ailes autour de lui, roucoulant à son oreille.
Bismarck serrait son bébé contre elle, ses grands yeux humides, et Ixion piaffait nerveusement, jetant des petits regards aux licornes qui l'entouraient.
"C'est ce qu'il fait aux peuples qu'il a décimé et capturé. Les Terrans. Les Lions de Cosmo. Les Gis. Les Corelliens. Il a décimé Winhill, détruit Wutaï…"
Da Chao restait inexpressive, droite et froide comme un pilier, mais une de ses mains étaient posées sur l'épaule de Godo, empoignant le brocard de soie à peine main, à en déchirer les fibres délicates. Ifrit laissa échapper un feulement avant de se détourner vers ses femmes et enfants debout derrière lui, enlaçant l'une de ses épouses.
"Elle ne peut rien sans lui. Si nous l'arrêtons lui, nous stopperont la Calamité."
Il vit la fille de Ramuh se tourner vers son Père, posant sa main sur l'épaule décharnée du vieillard, attirant brièvement son attention avant qu'il se tourne à nouveau vers Vincent, fasciné et horrifié par ses cicatrices.
"Aidez-nous à l'arrêter. Pour Gaïa. S'il vous plaît," ajouta Vincent en s'inclinant
Il leva le nez en entendant un pas traînant et eut la surprise de voir Ramuh approcher, s'appuyant sur le bras de sa fille. De près, l'Ancien semblait moins frêle, son corps, bien que courbé par les ans et rhumatisant, était plus grand que lui. Le visage grave, l'Ancien de la Foudre contempla le torse ravagé de Vincent.
"Cela aurait dû te tuer."
"Il a trouvé comment utiliser le sang de la planète. Il peut soigner de graves blessures sans magie, jusqu'à des amputations. Il m'a ramené des morts à deu... plusieurs reprises."
L'Ancien leva la main vers les blessures de Vincent, sans oser le toucher, désignant les cratères sur son cœur.
"Qu'est-ce que c'est ? "
"Des coups de feu."
"Et ça ? " demanda l'Ancien en désignant la cicatrice en forme de Y sur le torse de Vincent.
"Quand il a tenté de m'achever. Il m'a… Il m'a éventré."
Vincent entendit son père inspirer très longuement et il referma sa chemise. Il connaissait son père, viendrait un moment où il n'arriverait plus à résister à sa curiosité malsaine et essayerait de regarder à nouveau ses cicatrices.
Vu ce qui s'était passé la première fois, mieux valait l'éviter.
"J'espérais que Diablos soit parvenu à stopper ce genre de choses," soupira le vieil Ancien en ramenant sa main.
Il tira sur son col, l'ouvrant maladroitement de ses mains rendues tremblantes par l'âge et Vincent vit une cicatrice ronde, très similaire à celle d'une piqûre, mais de la taille d'une pièce de cinq gils. L'aiguille devait avoir été d'une taille monstrueuse. Si ça avait été seulement une aiguille.
Et Vincent en voyait d'autres, à demi-cachées par le vêtement ample du vieillard.
"Le laboratoire magitek n'a pas été tendre non plus," murmura l'Ancien avant de refermer son vêtement, "si la Résistance ne l'avait pas détruit, j'y serais mort avec mon père et nos amis."
Magitek. C'était la technologie Ancienne de l'Empire Gesthalien, celle qui utilisait les Anciens comme source d'énergie…
De quand datait… Oh… C'était lors de la seconde guerre des magi.
Il y a trois mille ans.
"Est-ce que… On oublie ? " finit par murmurer Vincent.
"Non," admit le vieil homme. "Non, mais… Les souvenirs s'érodent. S'adoucissent."
Il jeta un regard à sa fille, dont les cheveux étaient presque aussi hérissés que les siens, ornés de plumes de quetzalcóatl. La femme lui sourit paisiblement, posant sa main sur celle de son père d'un geste tendre.
"Ils sont ensevelis sous les bons."
"Sire Ramuh," commença Vincent, "aidez-nous. Il faut arrêter Hojo, l'empêcher d'utiliser la matéria noire…"
Le vieillard sembla hésiter avant de regarder à gauche de Vincent qui se tourna dans sa direction, croisant le regard doré de Maduin.
"Seigneur Ramuh," commença le benjamin des Anciens, " je vais me battre."
"Tu refuses de faire la guerre," rétorqua Ramuh, " tu as toujours dit que tu ne combattrais jamais pour nous."
"Non. En effet. Je ne serais jamais votre Arme," répondit Maduin avant de lever une main pour la glisser au coude de Vincent, "mais je le ferais pour mes enfants. Tous mes enfants. Pour qu'ils aient un avenir."
La fille de Ramuh serra la main de son père qui tourna à nouveau la tête vers elle.
"Ta fille pourrait mourir dans cette guerre, Vajra," déclara-t-il dans leur gongan suranné.
"Avant que la Calamité puisse la prendre, Père, elle devra réduire mes os en cendre," répondit sa fille.
Le doyen des Anciens hocha la tête et soupira à nouveau avant de resserrer sa main sur le bras de sa fille.
"J'aimerais m'asseoir."
"Oui, Père."
Ramuh reprit place sur son trône, aidé par sa fille et ses autres enfants qui le mirent autant à l'aise que possible sur le siège de pierre. Il leva les yeux vers l'assemblée d'Anciens qui attendaient sa décision en silence, croisant autant de regards inquiets, déterminés, anxieux ou apeurés.
"Nous reprenons le combat."
Vincent laissa échapper un soupir, réalisant qu'il retenait son souffle, et s'inclina respectueusement devant le Doyen, qui répondit d'un signe de tête. Il se tourna ensuite vers Maduin qui réajusta son col d'un geste maternel avant de déposer un baiser sur son front.
"File rejoindre ton père," conseilla l'Ancien dans un murmure.
"Oui, Maduin."
Le dit père assistait à la scène, médusé, ou du moins, ce qui passait pour tel chez lui. Il avait un sourcil haussé quand son fils les rejoignit, Yuffie et lui.
"Comment arrives-tu à faire ça ? "
"Un mélange de charisme animal et une langue d'argent," marmonna Yuffie dans sa barbe en rendant son manteau à Vincent.
"La faute de Gigas et Hel," ajouta Vincent.
"Pour commencer," reprit Ramuh d'une voix tout d'un coup plus assurée, "les Cetras doivent être mis sous protection."
Diablos et son fils échangèrent un regard embarrassé qui ne manqua pas d'alarmer Bahamut.
"Hm. Ils refusent," répondit Diablos.
"Je te demande PARDON ? " s'exclama Bahamut.
"Dame Crescent refuse de quitter sa ville. Sa fille et son…"
"Neveu," souffla Vincent.
"Sa fille et son neveu souhaitent continuer le combat contre le scientifique et la Calamité."
"Et l'enfant ? " reprit Bismarck, qui berçait le sien contre son épaule, assise sur son trône.
"Il veut rester avec sa famille," répondit Diablos.
"On ne peut pas laisser la Calamité retrouver ces Cetras ! Elle tentera de les capturer pour accéder à nouveau à la Rivière de la Vie," déclara Fenrir.
"Les Titans offrent leur royaume souterrain pour abriter les Cetras," déclara le chef des titans, approuvé par ses conseillers.
Les autres Anciens protestèrent à grands cris, arguant chacun que leur domaine serait plus approprié. C'était une autre raison pour laquelle Vincent haïssait la diplomatie. Dès qu'un problème était résolu, il fallait négocier sur les dix prochains.
"Je présume que je n'ai pas le droit de proposer Daguerreo ? " demanda sarcastiquement Diablos à son fils, au milieu du brouhaha.
Vincent se contenta d'exprimer tout ce qu'il en pensait d'un regard las.
"Je proposais juste," se justifia l'Ancien de la Mémoire.
"Ils ont du sang wutan," déclara le seigneur Kisaragi, "il serait plus approprié qu'ils rejoignent le pays de leurs ancêtres."
"C'est le moment de lui dire pour Zéph ou on attend ? " marmonna Yuffie, atterrée.
"Si c'est le pays de leurs ancêtres qu'il leur faut, alors ils doivent vivre à Grand Glacier, la patrie des Cetras ! " protesta la fille de Dame Shiva.
"Il n'y a RIEN là-bas ! comment vivraient-t-ils ? ! " rétorqua Dame Da Chao.
"C'est une meilleure solution que proposer un pays où leur seul lien est l'hume que Diablos a culbuté il y a…"
"Il suffit ! " lança Ramuh, " les Cetras iront à Golgotha. Mon clan prendra soin d'eux et les protégera."
"Si je puis me permettre," commença Yuffie.
Les Anciens baissèrent les yeux sur la petite wutane qui gardait respectueusement les yeux baissés sur le sol, son maintien aussi élégant que celui de son ancêtre.
"Je crains que nous ne puissions déterminer qui d'entre vous serait le plus digne d'accueillir les Cetras au sein de leur clan. Il est impossible de départager vos mérites."
L'Empereur de Wutai allait probablement étrangler sa fille, mais Da Chao se contenta d'hocher la tête en signe d'approbation, attendant la suite.
"Je peux néanmoins proposer une solution qui devrait tous vous satisfaire."
"Qui es-tu ? " demanda Phénix.
"Yuffie Kisaragi de la lignée de Dame Da Chao. C'est un honneur de tous vous rencontrer."
Elle s'inclina très respectueusement devant les Anciens avant de se redresser pour continuer.
"Dame Ifalna et sa famille seraient déjà à l'abri chez un seul d'entre vous, la Calamité ne pourra pas les toucher si vous les protégez tous."
"Et comment comptes tu résoudre ça, petite ? " demanda Bahamut.
Vincent vit très nettement Yuffie tiquer et le seigneur Kisaragi aussi car il fit un geste vers sa fille pour l'arrêter, mais leur ancêtre le retint d'une main sur le bras.
"C'est simple, Seigneur Bahamut," répondit Yuffie d'un ton doucereux, "vous n'avez qu'à protéger la ville où ils vivent. Midgar."


Séphiroth s'adossa près de la porte, prêt à intercepter le premier qui tenterait d'entrer. Son oncle Helgrimr était resté avec eux, pour les protéger, ou les surveiller, Séphiroth n'était pas certain, son oncle Gigastein était sorti dans le couloir discuter avec ses fils et les deux sœurs Gullwing parties à la recherche de plus de thé et de quelque chose à manger.
Dans un palais cetra abandonné au fin fond de Grand Glacier, Séphiroth ne savait pas ce qu'elles allaient trouver.
Il releva les yeux quand Riku approcha d'un pas incertain.
"Qu'y a-t-il ? " demanda Séphiroth.
L'adolescent hésita avant d'approcher un peu plus, venant s'installer près de lui, appuyé sur le mur.
"Ça va ? " murmura Riku.
"Oui, pourquoi demandes-tu ? "
"Elle… elle t'a pris," murmura Riku.
En effet. Et Séphiroth aurait donné un bras pour que ça ne recommence plus jamais. Se retrouver au second plan de son corps, comme s'il était sur le siège arrière d'une voiture, à assister aux actes et paroles de la Déesse, impuissant…
Est-ce que c'était ce que Riku ressentait à chaque fois ?
Est-ce que c'était aussi ce que Jénova lui avait fait ?
"T'es en colère," murmura Riku.
"Oui," souffla Séphiroth. "Contre Elle."
"Oh, cool, j'suis pas le seul."
Vaan adorerait Riku, réalisa Séphiroth. Il le prendrait immédiatement sous son aile, comme il l'avait fait avec Séphiroth quinze ans plus tôt, pour lui apprendre à s'amuser, à faire des bêtises, à…
Oh, Vaan lui manquait. Reks lui manquait. Il voulait les revoir, s'excuser de les avoir chassés, leur présenter son fils et son père, espérer qu'ils les... qu'ils les aiment aussi.
Il cligna des yeux quand Riku tendit la main, l'attrapant par la manche.
"'Ji-san aussi était en colère contre elle. À cause de moi."
"De toi ? "
Riku hocha la tête, penaud.
"J'suis désolé. Je le fais pas exprès. Maduin, le… cui avec les cornes ? Y dit que c'est parce que je suis guérisseur. Je fais ressentir des trucs aux gens. Ce que je ressens."
Mana.
Évidemment, Riku était comme Ifalna et Aérith.
Comme… Elle.
Est-ce que Séphiroth pouvait le faire aussi ?
Est-ce que sa fameuse autorité sur ses hommes, le charisme dont tout le monde le félicitait était aussi ça ?
Une manipulation basique de leurs émotions ?
"T'es encore en colère," murmura Riku.
Séphiroth vit Strife, Cloud, le blond, se tourner sur son siège et lui jeter un regard méfiant. Il tâcha de l'ignorer autant qu'il pouvait.
"Je n'aime… pas ça," admit Séphiroth, "manipuler les émotions… les gens."
"Je le ferais plus ! " protesta Riku.
Séphiroth leva la main, la posant sur l'épaule de Riku aussi délicatement qu'il put. L'adolescent frémit et il hésita avant de retirer sa main.
"Je sais. Je te fais confiance."
Son fils se détendit, esquissant un petit sourire soulagé.
Son fils.
Séphiroth réalisa quelque chose à ce moment-là.
"Tu m'as appelé 'papa' ? "
Riku resta bouche bée, dévisageant Séphiroth avec surprise avant de détourner vivement le regard, écarlate.
"Pardon ! Désolé, c'est… c'est sorti tout seul ! "
Il y eut un petit rire du côté d'Aérith et Zack, mais quand Séphiroth leur jeta un regard agacé, elle était consciencieusement en train de rouler une pelle à son fiancé, sous le regard las de Cloud.
"Je le ferais plus ! " ajouta Riku, attirant à nouveau l'attention de son père.
"Ça ne me dérange pas," déclara Séphiroth. "Je suis… plutôt honoré que tu m'appelles comme ça…"
"Honoré ? "
"Harumi Kisaragi mérite cette appellation plus que moi."
"Il voulait pas."
Séphiroth crut un moment avoir mal entendu, mais avec son audition, c'était simplement impossible.
"Pardon ? "
"Il voulait pas. Il disait que comme Maman et lui étaient pas mariés, je pouvais pas l'appeler Papa. Yuffie dit que c'était… euh… Qu'il était trop procédurier."
Riku hésita encore un peu avant de baisser les yeux sur les dalles usées à leurs pieds.
"Je crois qu'il avait un peu peur de toi, aussi. De ce que tu ferais si tu m'entendais l'appeler comme ça."
Oh. Mana.
"Riku ? "
"Hm ? "
"Si tu veux l'appeler Papa devant moi, ça ne me dérange pas."
Le regard hésitant de Riku fut de retour, brièvement cette fois.
"Je peux vraiment ? " demanda Riku d'un ton incrédule.
Séphiroth hocha la tête et un petit sourire ravi fleurit sur les lèvres de son fils.
"Merci."
"Je te l'ai dit. Il le mérite plus que moi. Il t'a élevé et a pris soin de toi… J'aurais… voulu le remercier."
"Comme 'Ji-san a remercié M'sieur Vossler ? "
Séphiroth hocha la tête.
"Et toi ? " reprit Riku.
"Moi quoi ? "
"Pourquoi t'appelles pas 'Ji-san, 'papa' ? "
"Oh ouais, chiche, fais-le ! " s'exclama Zack.
"Strife," grommela Séphiroth, "sais-tu ce qu'est la vie privée ? "
Riku laissa échapper un rire clair qui se coupa net quand son père l'attrapa vivement, le calant sous son bras en jetant un regard méfiant à la porte.
Quelqu'un toqua doucement.
La voix de Vincent s'éleva.
"C'est nous."
Séphiroth reposa doucement son fils quand Vincent ouvrit la porte, laissant passer son propre père, Yuffie et Gigastein avant d'entrer à son tour.
"Tout va bien ? " s'enquit Séphiroth.
"'Ni-san a été sage," rétorqua la Princesse, "il a mérité son curry."
Séphiroth échangea un regard interloqué avec Riku. Quel était le rapport ?
"Nous rentrons," ajouta Vincent.
"Qu'est-ce qui a été décidé ? " s'enquit Aérith.
"Les Anciens reprennent le combat contre la Calamité et par extension, Hojo. J'en dirai plus quand nous serons à Seventh Heaven."
L'Ancien de la Mémoire poussa un très long soupir avant de se pincer l'arête du nez d'un geste las.
"Dites-moi que mon fils tient compte du secret des Anciens ? "
"Je n'en discuterai qu'avec ceux qui sont en mesure de le savoir," rétorqua Vincent.
Diablos jeta un regard las à son benjamin avant de se tourner vers son cadet.
"Il parait que c'est de ta faute s'il ment avec un tel brio ? "
"C'est sa faute," confirma Gigastein.
"Il faisait déjà preuve d'un certain talent naturel," répondit Helgrimr.
"Vous ne nous obligerez pas à quitter Midgar ? " s'enquit Ifalna d'un ton méfiant.
L'Ancien secoua doucement la tête.
"Non, grâce à la Princesse Kisaragi," expliqua-t-il, "Midgar est désormais sous la protection de tous les Anciens. Des représentants seront désignés pour vivre autour de votre maison afin de s'assurer que Hojo et la Calamité ne vous menaceront pas."
"Ils vont vivre à Seventh Heaven ? " s'inquiéta Cloud.
"J'espère pas," rétorqua son frère, "on les mettrait où ? Le hayon de la Chocomobile ? "
"Mais avant ça, il faut rentrer," décida Vincent, "et vite."
"Pourquoi ? " demanda Ifalna.
"Tout le monde vous attend pour vous rendre hommage, et j'ai cru comprendre que vous y étiez… allergique, Dame Falmis," répondit Diablos.
La petite femme lui jeta un regard aussi las qu'amusé avant de se tourner vers Vincent et Séphiroth.
"Je vois que le sarcasme est de famille."
"Sur au moins quatre générations," répondit Vincent avec un regard à Zéphyr et Riku.
"Cinq. Mère aurait pu figer une rivière en crue avec une simple réplique," corrigea Diablos.


Cid était à l'entrée de la tente, fumant en compagnie d'une grande femme aux courts cheveux gris et aux yeux rouges, quand le portail se ralluma d'une violente lumière blanche. Il écrasa son mégot dès que Vincent passa le portail, suivi par Riku qui, pris d'un haut le cœur, sortit aussitôt, vite imité par Yuffie.
"Woa ? ! "
"Le portail ne leur réussit pas," expliqua Vincent, s'esquivant quand Zack se précipita à l'extérieur à son tour, tout pâle.
"Et toi ? " demanda Cid en approchant.
"J'ai hâte d'être rentré," admit Vincent.
"Les autres ? " reprit le pilote en cherchant les têtes connues du regard.
Séphiroth hocha la tête tout en tendant la main à Ifalna pour passer les planches sur lesquelles reposait le portail. Cloud aidait Aérith à marcher, la portant à demi afin de sortir aider les trois nauséeux.
"Pour une fois que c'est pas moi," marmonna Cloud.
"On a enfin trouvé un mode de déplacement auquel l'estomac de Zack ne résiste pas," ajouta Aérith, un bras autour du cou de son futur beau-frère.
"Qu'est-ce que vous avez ? " s'inquiéta Cid en voyant Ifalna tituber et être installée d'autorité dans les bras de Zéphyr.
"Je t'expliquerais," déclara Vincent, "il faut rentrer."
Après une brève discussion sur la répartition des voyageurs dans les véhicules disponibles, Vincent, Riku et Zéphyr retournèrent à la limousine, pendant que Lulu et les jumeaux installaient Ifalna et Aérith dans une autre voiture. Yuffie était en train de se disputer en wutan au téléphone, probablement avec son père, mais Cid s'était porté volontaire pour la raccompagner à Seventh Heaven dans le véhicule de l'ambassade.
"Tu veux conduire, cousin ? " proposa Paine en tendant les clefs à Séphiroth.
Séphiroth hésita visiblement avant de secouer la tête, à la surprise de sa cousine.
"Une autre fois," décida-t-il en ouvrant la porte arrière pour son fils.
"Je conduirais plus doucement," promis Paine, pour la plus grande déception de Riku.
"Makoto. Un instant, s'il te plait."
Vincent soupira et se tourna vers Helgrimr qui approchait, tendant lentement la main vers son coude.
"Hel, je voudrais ramener ma famille chez nous…"
"Je sais, je sais, ça ne prendra que quelques instants," déclara Helgrimr en posant doucement ses doigts sur son bras, l'incitant à le suivre.
Vincent obtempéra, suivant son frère à quelques pas, juste assez loin pour que les non augmentés ne puissent pas espionner. Vincent frissonna. Les plaines de Midgar n'étaient pas plus tempérées que la ville souterraine, bien que leur climat soit un peu plus sec, et les vêtements traditionnels gongan étaient plus élégants que chaud. Helgrimr avait beau avoir des origines à Nibelheim[5], il avait passé quasiment toute sa vie sous un climat tropical, aussi alluma-t-il une boule de feu pour se tenir chaud, jonglant presque négligemment avec tout en cherchant ses mots.
"Bon… D'abord… Tu avais raison."
Et c'était probablement la situation la plus insolite de la journée.
Helgrimr admettait avoir tort.
Il allait pleuvoir des mogs.
"J'aurais dû te prévenir avant d'arriver, j'aurais dû te dire ce qui se préparait et… Et je n'aurais pas dû obéir à père concernant Dame Ifalna et Aérith."
"Sur ce point, ce n'est pas auprès de moi que tu dois t'excuser."
"Je sais, j'ai déjà présenté mes excuses à Dame Ifalna. Elle est terrible quand elle veut. Elle me rappelle Mam."
Vincent n'avait jamais rencontré Nàl de Nibelheim. Elle était déjà décédée depuis quelques années quand il était parti pour Midgar et il avait appris la mort de Tipharet à son arrivée à Nibelheim, en rencontrant Joanna et son père.
Mais il connaissait les goûts de l'Ancien de la Mémoire et avait rencontré quelques-unes de ses compagnes, épouses ou amantes. Plus sa mère. Son père avait beau se plaindre du tempérament de ses enfants, c'était en partie de sa faute et de son faible pour les fortes femmes.
Aussi terrible que Tipharet aurait pu être, Vincent regrettait un peu de ne jamais avoir rencontré leur sœur.
"Que va-t-il se passer à leur sujet ? "
"En attendant que les Anciens aient fini d'organiser un système de sécurité à Midgar, ce sont les Gullwing qui veilleront sur elles. Elles sont compétentes, ne t'inquiètes pas."
"Elles devront faire avec Zack et Cloud."
"Je m'en doute. Ce sont des Nibelungen et les Crescent font partie de leur famille. Je m'attends presque à ce que Zack me montre les crocs."
"C'est un mimic. Il s'est déjà transformé en nosferatu avec sa limite."
"Ah. Merci de me prévenir."
"Je t'en prie."
Helgrimr hésita encore un peu avant de reprendre.
"Je reste sur Midgar encore quelques jours. Je dois trouver de quoi installer une antenne à la maison, pour pouvoir communiquer avec l'extérieur plus facilement."
"Et des PHS."
"Cid et Shera m'ont dit qu'ils m'aideraient. Est-ce que…"
Helgrimr sembla chercher ses mots encore un moment avant de reprendre.
"Je sais que c'est… un peu court comme délai, mais... Est-ce que ça te dirait d'aller déjeuner quelque part demain ? Toi, moi… Zéphyr et Riku… Cid aussi, s'ils veulent ? "
Vincent hésita, jetant un petit regard à la voiture. Riku avait baissé la fenêtre et l'observait avec anxiété, son père regardant par-dessus son épaule. Il leur sourit et ils semblèrent tous les deux se détendre un peu.
"Je transmettrai l'invitation."
"Parfait, je passerais te chercher à votre caserne. Tu me feras découvrir la gastronomie locale."
"Évitons," répondit diplomatiquement Vincent, "à demain."
"A demain."
Vincent retourna à la limousine et ouvrit la portière, laissant Riku repasser par-dessus les genoux de son père pour lui faire de la place.
"Ne mets pas tes chaussures sur le siège," déclara Vincent en s'installant.
"Oups ! "
"À propos de chaussures, tiens, cousin."
Séphiroth jeta un regard las à la paire de chaussures que lui tendait Paine et la prit avec un petit soupir, crochetant un index dans les brides des jolies petites sandales.
"Tu aurais pu les poser sur le siège avant."
"J'aurais pu. Ce serait moins drôle."


Le retour à Seventh Heaven fut relativement calme. Leurs voisins préparaient la dernière soirée de fête des jours Carbuncle, aussi il n'y avait presque personne dehors quand Paine stoppa la voiture devant la caserne et sortit ouvrir la porte à ses passagers.
Vincent ne l'avait pas attendue et faisait sortir Zéphyr, s'inquiétant un moment de le voir se hisser sur ses pieds d'un air fatigué qui disparut dès qu'il remarqua le regard de son père.
Riku semblait encore en forme, mais il n'avait pas été… Sa possession n'avait pas été aussi prononcée que celles de son père et il bondit vers l'escalier menant à la porte, l'ouvrant à la volée.
"Riku, on toque avant d'entrer ! " soupira son père en le suivant.
"Oups ! "
"Souhaitez-vous que je reste vous protéger, Seigneur ? " demanda poliment Paine quand Vincent ferma la portière.
"Non, je te remercie de nous avoir ramenés."
"Je vous en prie, Seigneur," répondit Paine en s'inclinant.
Paine avait toujours été polie envers lui, même si d'une politesse plus midgarienne que daguerrienne. Comme les habitants de sa ville natale, elle montrait son affection et son respect envers les Plombs en les traitant comme des amis, ou sa famille.
Mais depuis tout à l'heure… Elle était plus froide envers lui.
Pas avec Riku, ni Séphiroth qu'elle semblait adorer taquiner. Juste envers lui.
Et il savait très bien pourquoi.
"Paine. Je... j'aurais besoin de rencontrer ta mère. Serait-ce possible de lui transmettre…"
"Une convocation ? " suggéra Paine d'un ton sec.
"... Une demande d'audience," corrigea Vincent. "quand elle aura un moment à me consacrer, c'est… non-officiel."
Paine haussa un sourcil.
"Je n'en parle pas au Seigneur de Daguerreo, alors ? "
"S'il te plait."
La jeune femme sembla réfléchir quelques instants avant d'hocher la tête, se détendant subrepticement.
"Je lui transmettrai votre demande."
"Je te remercie. Ça ira pour le retour ? "
"Je dois ramener la voiture à l'agence de location. Je rentrerais en métro."
Vincent jeta un petit regard à la robe gongane qu'elle portait.
La coupe était très modeste, Vincent n'avait encore jamais vu Paine aussi couverte, de la gorge jusqu'aux chevilles en passant par ses poignets, seuls son visage, ses mains et ses pieds étant dévoilés.
Mais sa tenue était faite de tissus légers conçus pour protéger sa porteuse du soleil de Gongaga et certainement pas du froid de Midgar.
"Tu veux un pull et un jean ? " proposa-t-il.
"Pitié ? " finit par répondre Paine.
Vincent lui fit signe d'entrer dans leur caserne et Paine obéit, frissonnant autant que lui.
"Titans," marmonna Barret en leur tenant la porte, visiblement soulagé, "vous allez bien."
"Désolé de vous avoir inquiétés," déclara Vincent, jetant un coup d'œil à Zéphyr qui était en train de se faire enguirlander par Elena.
Une fois Paine fournie en vêtements chauds et partie se changer dans le vestiaire, Vincent se tourna vers Barret et Reeve, qui attendait fébrilement qu'il soit libre pour lui parler.
"Cid et Yuffie ? "
"Ils arrivent, ils reviennent avec la voiture de l'ambassade," répondit Vincent, "les jumeaux restent avec Aérith et Ifalna cette nuit."
Cette fois, ce fut Reeve qui poussa un soupir de soulagement, tendant la main vers sa tasse de café qui lui fut promptement confisquée par Elmyra et remplacée par une infusion.
"Comment ça s'est passé ? " finit-il par demander.
"Ça c'est passé comme un calcul rénal."
L'expression de Barret vacilla un moment entre la surprise d'entendre Vincent faire un trait d'humour, la réalisation que son humour noir n'allait pas en s'arrangeant, et le réflexe de rire.
"À ce point ? " finit par demander Reeve.
"Je peux te faire un débrief rapide," proposa Vincent, "mais je voudrais d'abord…"
Zéphyr, qui écoutait Elena lui faire des reproches sur sa disparition inopinée, chancela soudain et Vincent fut presque aussitôt à ses côtés, le retenant par les épaules.
Elena et Riku l'imitèrent, ralentis par leurs réflexes humains.
"Zéphyr ? ! Qu'est-ce que tu as ? " demanda Elena, sa main volant déjà vers son PHS.
Son fils leva une main sans un mot, pendant que Vincent et Riku l'aidaient à s'asseoir sur le nouveau canapé.
"J'ai titubé," expliqua Zéphyr, "ce n'est rien."
"J'appelle Rufus," grommela Elena, "tu vas avoir des ennuis."
Séphiroth soupira, rabattant sa tête en arrière sur le dossier du canapé. Il ne savait pas pourquoi il était soudain entouré de femmes qui n'avaient pas peur de lui et le lui faisait savoir, mais au fond de lui, il devait bien admettre que c'était un changement bienvenu plutôt que d'avoir une horde d'admiratrices en furie qui le collaient dès qu'il mettait un pied en public.
"Qu'est-ce que vous avez ? " demanda Shera en approchant.
"Je vais bien," rétorqua Séphiroth, "je suis juste… fatigué."
Riku resta quelques instants silencieux avant de sursauter et passer par-dessus le dossier du canapé d'un bond.
"Riku, on ne marche pas sur les meubles," objecta Barret par habitude.
"Désolé ! " répondit Riku en se ruant vers la cuisine.
"Que se passe-t-il ? " demanda Elmyra en le voyant débouler comme un double-corne sur un matador.
"La tisane d'Ifalna ! Elle est où ? Je vais lui faire une tasse ! ! "
Shera le rejoignit en soupirant, posant ses mains sur ses épaules pour le tourner vers lui.
"Riku, attends un peu…"
"Mais…"
"Riku, écoute-moi attentivement," reprit Shera d'un ton autoritaire mais calme.
Surpris de se faire rabrouer, Riku arrêta sa fouille des boîtes à thé qu'Avalanche semblait collectionner.
"Je ne sais pas ce qu'Ifalna t'a donné comme infusion, mais ce sont probablement des plantes médicinales. Il ne faut jamais donner ça ou des médicaments à quelqu'un sans un avis de docteur ou de guérisseur."
"Mais…"
"Je suis sérieuse, Riku. Ça peut avoir des effets secondaires sur quelqu'un d'autre pour qui ça a été prescrit, ça pourrait rendre ton père malade."
Les yeux de Riku s'écarquillèrent et il jeta un regard paniqué à son père avant de revenir vers Shera.
"C'est une bonne idée, cela dit," admit-t-elle en sortant son PHS, le manipulant quelques instants avant de le tendre à Riku avec le numéro d'Aérith affiché. "Mais demande d'abord à Aérith ou Ifalna si tu peux."
"Oh… Oh, merci Shera ! "
"Merci Shera," souffla Vincent quand Riku s'éloigna pour parler au téléphone.
"Je t'en prie. C'est un brave gamin, il a juste besoin de réfléchir un quart de seconde de plus."
Elle retourna vers Séphiroth, posant ses mains sur le dossier près de sa tête.
"Puis-je vous ausculter ? "
Zéphyr se redressa, coulant un regard méfiant à Shera, mais celle-ci ne tenta pas de le toucher, restant calmement debout près du canapé.
"Je voudrais juste vérifier votre rythme cardiaque et votre tension. Il n'y aura pas de prises de sang, et je ne vous demanderais pas de vous déshabiller."
Séphiroth hésita brièvement, interrogeant son père du regard.
"J'ai toute confiance en Shera," déclara Vincent, "elle est habituée à nous soigner, les jumeaux et moi."
"Surtout parce que vous êtes ceux qui finissent le plus souvent à l'infirmerie," rétorqua Shera en roulant des yeux.
Le jeune homme devant elle finit par se décider et lui tendit la main.
"Merci, je fais vite," promit Shera en posant deux doigts sur son poignet. " Quels sont vos symptômes ? "
"Fatigue. Je… j'ai l'impression d'être… j'ai l'impression d'être revenu à mon niveau d'énergie lors de mon…réveil."
"Riku était épuisé aussi au tout début."
"J'ai… mal à la tête. Soif."
"Y dit qu'il a soif aussi ! " s'exclama Riku dans le téléphone, les faisant tous deux sursauter, "elle dit que tu peux prendre un élixir."
"Je vais chercher mon stéthoscope, je vous en ramène une bouteille," déclara Shera.
"Ifalna dit qu'il peut prendre de l'infusion," ajouta Riku.
"Parfait, va la préparer, ah, passe la moi, s'il te plait," demanda Shera en tendant la main pour reprendre son téléphone.


"Et si je peux ajouter un dernier conseil : Mettez Zéphyr au lit avant qu'il ne s'effondre et que vous deviez le porter. Il est trop grand pour que ça se passe avec discrétion et élégance."
Aérith, assise sur l'autre fauteuil poussé devant le poêle, laissa échapper un petit sourire amusé à l'image mentale.
"Ah, oui, ça marchera mieux avec décubitus, en effet. Appelez-moi s'il y a du changement dans son état, d'accord ? "
Ifalna jeta un petit regard tendre à sa fille avant de répondre à nouveau à Shera.
"Non, ça va… Nous sommes fatiguées, mais nous avons déjà pris un élixir et nos hommes sont aux petits soins. Ne vous inquiétez pas. Prend soin de Zéphyr, s'il te plait. Merci."
Ifalna raccrocha et rendit son téléphone à sa fille.
"Il va bien ? " s'inquiéta aussitôt Aérith.
"Il est tout aussi épuisé que nous. Heureusement, la Déesse n'a pas utilisé sa magie pendant qu'elle nous…"
Ifalna referma la bouche sans arriver à continuer le fil de ses pensées.
Elle ne savait pas quoi penser.
Elle vénérait le souvenir de Minerva depuis son enfance, comme ses parents l'avaient fait, et leurs parents avant elle, acceptant de vivre et mourir dans le froid en mémoire de leur Mère et Déesse. En souvenir de la Déesse aimante et bienfaitrice de leurs légendes.
En souvenir de la Déesse qui venait de voler leurs corps, même pour une courte période.
Elle devait des excuses à Vincent pour ne pas avoir pris ses craintes sérieusement.
Et aussi…
"Je m'excuse de ne pas t'avoir crue ma chérie," déclara Ifalna.
Aérith secoua la tête avant de vider son flacon d'élixir d'une gorgée. Ifalna espérait qu'elle ne buvait pas ses bières de la même façon, c'était assez peu féminin et elle était sûre que c'était la faute des deux Strife[6].
"Je ne pensais pas qu'elle serait si… si…"
"Triste," murmura Aérith, "en colère."
"Elle a été prisonnière deux mille ans…"
Aérith hocha la tête, posant la bouteille vide sur la table basse entre elles.
"Je commence à comprendre pourquoi Vincent était si perturbé à l'idée qu'elle soit là… dans Riku," admit Ifalna.
"Est-ce qu'il est en danger ? " s'inquiéta Aérith en s'emmitouflant dans sa couverture.
Ifalna tendit la main vers elle, vérifiant sa température corporelle du dos des doigts sur son front. Elle avait été si pâle dans le palais Cetra, si blanche qu'elle commençait tout juste à reprendre des couleurs.
"Je ne sais pas. Zéphyr a réussi à se libérer de son emprise, peut-être que Riku saura le faire lui aussi."
Aérith hésita encore un moment, jetant un petit coup d'œil à la porte de la cuisine, dans laquelle s'affairaient les jumeaux et son père. Puis elle reprit, en glacian cette fois.
"Mama, est-ce qu'il faut qu'on aide la Déesse à retrouver le chemin de la Rivière de la vie ? "
"L'exorciser tu veux dire ? "
"Aider les âmes à rejoindre la Rivière est le rôle des Cetras," reprit Aérith.
Sa fille avait raison. Et que la Déesse retourne à la Rivière était peut-être la plus sage des choses à faire mais le peu qu'Ifalna avait été en contact avec elle… avec son esprit…
Ce n'était pas la Déesse calme et bienfaisante qui habitait les souvenirs des Cetras.
Ça n'avait pas été une âme perdue, égarée, à la recherche de paix...
La Déesse était une Errante furieuse et assoiffée de vengeance.
Et Ifalna ne voyait pas comment arriver seulement à la calmer suffisamment pour qu'Elle accepte de rejoindre la Rivière.
"Il faudra probablement détruire la Calamité d'abord," finit par soupirer Ifalna.
"Oh, parfait, j'ai cru que ce serait difficile," rétorqua Aérith d'un ton pince-sans-rire qu'elle tenait d'un certain Turk, "heureusement que c'est déjà dans notre objectif annuel 2976."
"J'aurais dû chasser Tseng à coup de balai la première fois qu'il est entré sous ce toit," maugréa Ifalna.
"Tu parles, tu l'adores," rétorqua Aérith.
"Il pourrait faire tellement mieux de sa vie que Turk," se lamenta Ifalna.
"Médecin personnel du président Shinra ? " suggéra Aérith.
"Ma chérie, ils ne sont pas prêts pour ça, l'un comme l'autre," soupira Ifalna, "ne t'avises pas d'essayer de jouer les entremetteuses."
"Je n'ai pas appris le glacian pour vous entendre papoter de la vie personnelle de mon patron et de son garde du corps," soupira Gast en approchant des femmes de sa vie, un torchon noué autour de la taille et deux tasses de thés posées sur son plateau.
Il posa le plateau sur la petite table puis se pencha pour déposer un baiser sur le front de sa femme, puis sur celui de sa fille.
"Vous avez faim ? " demanda-t-il.
"On peut faire des sandwichs ! " lança Zack de la cuisine.
"On sait faire que ça," renchérit Cloud.
Gast échangea un regard amusé avec sa femme avant de retourner en cuisine, apostrophant son futur beau-fils et le frère de celui-ci.
"Comment avez-vous fait pour vivre plus d'un an sous le même toit qu'Elmyra et qu'elle ne vous apprenne rien ? "
"Bah si, on sait faire des sandwichs ! "
"Il a intérêt à apprendre au moins la recette de ton plat favori avant de t'épouser," nota Ifalna en prenant sa tasse.
Ses mains tremblaient et elle reposa la tasse dans sa soucoupe sans un mot, ne croisant pas le regard inquiet d'Aérith.
La dernière fois qu'elle avait été dans cet état, c'était quand les troopers Shinra avaient attaqué Icicle. Quand elle avait senti leurs voisins mourir un à un.
Quand elle avait vu le sang sur le ventre de son époux.
Elle ne se rappelait pas ce qui s'était passé après. Juste qu'elle avait repris conscience dans les plaines gelées de Grand Glacier, Gast inconscient dans ses bras, entourés d'une mare de plumes se dipersant au gré du vent froid, et son bébé s'agitant dans son ventre comme si elle essayait de sortir, trop tôt, bien trop tôt pour qu'elle survive.
Elle leva les yeux.
Son bébé, sa petite fille, était là, devant elle, et la fixait de ce regard limpide des guérisseurs qui voyait au-delà de la peau et des os, jusque dans l'âme même de leurs patients.
Elle frissonna et referma immédiatement son esprit, empêchant Aérith de la voir, mais c'était déjà trop tard.
Aérith posa sa propre tasse et tendit la main, prenant celle de sa mère et la serrant entre les siennes.
"Il faut arrêter Hojo, Mama."
"Non."
"Il te fait peur. Il rend Papa triste. Il a fait du mal à Zack et Cloud. A Vincent. A Zéphyr. Riku. Tifa… Il fait du mal à Gaïa elle-même."
"Aérith, non…"
"Je ferais tout ce qu'il faut pour l'arrêter."
Et elle le ferait.
Elle était aussi têtue que Lucrécia l'avait été, aussi déterminée à changer ce qui ne lui plaisait pas.
Elle n'aurait pas dû la laisser rejoindre Avalanche.
Mais c'était trop tard, Hojo avait la clef du temple du météore, la Calamité Venue des Cieux était quelque part sur la planète, prête à la dévaster.
Et quels que soit les rêves ou les cauchemars qu'elle pouvait avoir, Avalanche en était toujours au centre. Victorieux, défaits, morts… ou vivants.
Elle ne pouvait pas voir le futur. Elle se rattrapait à cette certitude pour ne pas devenir folle chaque matin.
Elle ne pouvait pas voir le futur.
Mais elle pouvait l'influencer.
Elle inspira longuement en fermant les yeux, puis souffla lentement et les rouvrit...
"Très bien."
"Vraiment ? " rétorqua Aérith, qui s'attendait visiblement à argumenter pendant des heures pour la convaincre.
"Gast ? " appela doucement Ifalna.
"Oui, ma chérie ? " répondit le professeur Falmis en se penchant par la porte de la cuisine, un couteau et du pain dans la main.
"Il faut que nous allions à Seventh Heaven."
"Maintenant ? " rétorqua son époux en haussant un de ses sourcils broussailleux.
"Demain," admit Ifalna, "le temps de nous reposer."
"Parfait, on mange bientôt ! " s'exclama Gast avant de disparaître à nouveau dans la cuisine.
Ifalna eu un petit sourire attendri et se tourna à nouveau vers Aérith, dégageant doucement sa main de celles de sa fille.
"Avalanche va avoir besoin de toi," déclara Ifalna avant de défaire un collier autour de son cou.
Aérith baissa les yeux vers le collier. C'était un bijou simple, un collier à une encoche, pour utiliser une seule matéria, mais elle l'avait toujours vu autour du cou de sa mère, depuis aussi loin qu'elle se souvienne. Ifalna effleura l'encoche, et la matéria glissa doucement hors de son emplacement, roulant dans sa paume.
Aérith n'avait jamais vu une matéria de cette couleur, d'un vert pâle presque blanc, très légèrement veiné de blanc[7].
"Prends-la," déclara Ifalna en la tendant à sa fille, "mais ne la montre à personne."
"Qu'est-ce que c'est comme matéria ? "
"Elle est unique," déclara Ifalna, "mais pour l'instant, elle ne fonctionne pas."
"Pour l'instant ? " répéta Aérith, confuse, en tendant les mains vers la matéria.
Elle la prit, refermant les doigts dessus, mais elle ne sentit rien. Pas de magie, pas d'élément. Rien.
Ce n'était qu'une perle de verre fragile.
Ifalna soupira en contemplant le dernier héritage qu'il lui restait de sa famille.
"Je ne sais pas exactement ce qu'elle fait…"
Elle passa le bijou autour du cou d'Aérith d'un geste presque cérémonieux. Elle n'était censée faire ça qu'à sa mort, ne transmettre la matéria à ses enfants que quelques minutes avant de rejoindre la Rivière.
Merde à la tradition.
"Nos histoires disent aussi que le jour où nous aurons besoin d'elle, nous devrons prier, mais…"
Ça n'avait jamais marché.
Ni à la mort de ses parents, ni quand Hojo avait lancé l'assaut sur Icicle, ou lors de la destruction du secteur 7. Ifalna avait prié à chaque fois, et la matéria était restée inerte.
"Mais depuis la disparition de la Déesse, elle n'a jamais fonctionné."
"Et la Déesse est de retour."
Ifalna hocha la tête doucement et referma les doigts d'Aérith sur la matéria pâle.
"Même si elle est inactive, elle te protègera," déclara Ifalna, "garde là sur toi, cache-la et n'en parle à personne."
Aérith acquiesça et rangea la matéria mystérieuse[8] dans l'encoche du collier. Elle glissa le tout sous son pull et posa la main dessus, cherchant encore.
Non.
Toujours rien.
"Aérith, mon bébé, ma toute petite poupée, promets moi d'être très prudente, s'il te plait."
"C'est promis Mam. Je ferais attention. Et puis, ne t'inquiètes pas, les garçons me protégeront."
Ça aurait dû rassurer Ifalna. Il y avait les jumeaux, qui ne laisseraient rien arriver à Aérith, Vincent, qui la protègerait, et Zéphyr qui était probablement plus puissant qu'eux encore.
Ça aurait dû la rassurer.
Mais ça ne la calmait qu'à peine.


"Je suis désolé… de m'imposer…"
Vincent secoua la tête pendant que Riku ouvrait la porte de la chambre d'ami. Vincent avait un bras de son fils autour de ses épaules et le maintenait à la verticale autant que possible, remerciant, une fois de plus, sa force. Vu la taille et la carrure de Zéphyr, il aurait eu du mal à le soulever seul sans avoir été augmenté.
"Ne t'inquiète pas pour ça, tu ne seras probablement pas le dernier à rester dormir inopinément ici," répondit-il.
Riku alluma, puis se précipita pour ouvrir le lit et fermer les rideaux de la pièce. Il resta ensuite les bras ballants, à regarder son grand-père asseoir son père sur le lit.
"Ça... ça va ? "
Zéphyr hocha la tête, se penchant pour retirer ses bottes, défaisant les boucles de gestes maladroits.
"Je... suis juste... fatigué."
Et malgré son état d'épuisement, Zéphyr avait aussi l'air visiblement agacé. À moins que ce soit la fatigue qui l'empêchait de le cacher aussi bien que d'habitude. Vincent ramassa les bottes une fois celles-ci retirées et alla les ranger près de la porte, laissant son fils s'adosser au mur près de son lit.
"Je suis désolé de vous avoir entraîné dans ce…"
Vincent hésita longuement sur le terme à utiliser avant de se décider.
"Fiasco."
"Les Anciens ont décidé de reprendre le combat, c'est loin d'être un fiasco de mon point de vue," rétorqua Zéphyr avant de tourner la tête vers son père, "et puis… c'était ma décision de venir."
"Tu ne pouvais pas savoir ce qui allait arriver avec la Déesse."
"Vous non plus," rétorqua Zéphyr.
"Non," finit par admettre Vincent. "Je savais que Père allait tenter de vous manipuler ceci dit."
"Je l'aime pas," grommela Riku.
"Pareil," soupira Zéphyr avant d'étouffer un bâillement derrière sa main.
Il se frotta le visage avant de se tourner vers son propre fils qui restait proche de lui, sans oser le toucher.
"C'est… comme ça que tu te sens, chaque fois qu'elle te possède ? "
"Ouais... enfin, je m'effondre sans prévenir surtout."
"Elle n'a pas utilisé ta magie et tu as plus de réserve que Riku, tu devrais aller vite mieux," déclara Vincent avant de se pencher pour aider Zéphyr à se coucher. "Pour l'instant, repose-toi."
"Le debrief…" marmonna Zéphyr en s'allongeant, se tenant à l'épaule de son père.
"Demain," répondit Vincent.
Zéphyr dormait déjà quand sa tête toucha l'oreiller. Vincent dû se tortiller pour échapper à sa prise, mais avec l'aide de Riku, il finit par arriver à le border. Il se releva, vérifia d'un regard que la pièce était sécurisée et qu'il n'entendait aucun micro grésiller puis passa le bras autour des épaules de Riku, l'entrainant avec lui.
"Laissons-le dormir."
Riku résista brièvement avant de suivre son grand-père. L'adolescent avait été très silencieux tout le temps qu'avait duré leur retour, observant son père à la dérobée, comme s'il allait soudain à nouveau se couvrir d'ailes et de plumes. Voir Zéphyr, Ifalna et Aérith être possédés l'avait visiblement bien secoué. Vincent arrivait à la porte quand Cid arriva soudain, manquant de lui rentrer dedans. Le pilote se rattrapa au montant de la porte et recula rapidement, laissant Riku et Vincent sortir puis fermer la porte.
"Tout va bien ? " s'enquit Cid à voix basse avant de baisser les yeux sur Riku, "et toi, bonhomme ? "
Riku ouvrit la bouche pour répondre. Puis la referma.
L'instant d'après, il avait les bras autour de Cid et le nez contre son épaule, et tentait de retenir ses sanglots.
Cid réagit avec rapidité et son efficacité habituelle, enveloppant Riku de ses deux bras et le serrant contre lui, murmurant des paroles rassurantes.
"On est là, ne t'en fais pas, personne ne te touchera ici… Ça ira… Vince, que s'est-il passé ? "
"La rencontre avec la famille a été... houleuse."
"C'est... c'est un trou du cul," marmonna Riku.
"Oy, tu veux que Marlène t'entende ? " rétorqua Cid. "Qui ? "
"Mon père," répondit Vincent.
"Ah, je suis d'accord alors."
Riku laissa échapper un petit rire étranglé et se redressa, s'essuyant le nez d'un revers de manche. Vincent sortit immédiatement un mouchoir de sa poche et le lui tendit, se demandant brièvement à quel moment il avait commencé à toujours en avoir un sur lui.
"Comment tu te sens ? " demanda Cid d'une voix douce.
"Je... je sais pas…" admit Riku, "tout est… bizarre."
"Ouais, les révélations, c'est toujours féroce dans nos familles," marmonna Cid.
Il glissa un regard à Vincent hésitant visiblement à demander des éclaircissements, mais finit par ébouriffer les cheveux de Riku.
"Mais Elmyra a un remède souverain : saucisses de béhémoth aux lentilles."
"Oh ! "
"Elle a besoin de mains pour l'épluchage des légumes vu que les jumeaux ne sont pas là, va l'aider."
"Tout de suite ! "
Vincent était probablement une mauvaise influence sur Cid aussi, vu l'aisance avec laquelle il parvint à envoyer Riku au rez-de-chaussée sans l'alarmer. Ce ne fut qu'une fois seul dans le couloir avec Vincent que Cid se tourna vers lui, croisant les bras.
"Que s'est-il passé ? "
"Chambre. Matéria." répondit Vincent avec un regard à la porte de la chambre du trio.
Cid hocha la tête et suivit son amant jusqu'à leur chambre, s'asseyant au bureau pendant que Vincent activait la matéria. Vincent soupira. La méthode brute allait probablement être la meilleure pour expliquer la situation rapidement.
"La Déesse a réussi à sortir de Riku et prendre possession de Zéphyr, Aérith et Ifalna."
Cid cligna des yeux. Puis fronça les sourcils avant de lever les deux mains d'un air confus, arrêtant Vincent dans ses explications.
"Stop. De quoi tu parles ? La Déesse ? Dans Riku ? "
Il avait oublié de parler de Minerva à Cid.
Il avait oublié de dire à Cid qu'elle était dans Riku.
Cid n'allait pas être content.


"PUTAIN VINCENT !"
Il ne fut pas content en effet.
"Cid, je…"
"Pourquoi tu ne m'as rien dit avant ? !"
"J'ai… j'ai oublié…"
"Oublié ? tu as oublié de me dire qu'une Errante squatte la tête de Riku ? !"
"Je n'étais pas sûr," tenta de se défendre Vincent, "j'ai... je croyais que ce n'était que des souvenirs, des mémoires héritées de sa grand-mère…"
"Depuis quand tu le savais ? !"
"J'ai eu des doutes lors de son réveil... j'étais certain… depuis le jour des amis… avant-hier."
"Et tu ne m'as rien dit ? !"
"J'ai oublié !" répéta Vincent, réalisant que ce n'était probablement pas un bon argument.
"C'est à cause d'elle qu'il est dans cet état ? !"
"Oui ! Mais… Je… Je ne pensais pas…"
Cid baissa les mains vers le sol, soufflant des nuées de fumée qui allait probablement déclencher un des détecteurs à incendie de la caserne. Vincent leva les siennes pour les poser sur ses bras, essayant de calmer son amant.
"Cid, calme-toi, tu…"
"Me calmer ? ! Drekaskìtur, Vincent ! Riku a une morte dans la tête ! Une morte qui peut aussi squatter le cerveau de Zéphyr ! Et Aérith ! Et Ifalna ! ! Et tu ne m'as rien dit !"
"Qu'est-ce que tu aurais pu faire ? !" rétorqua Vincent, saisissant Cid par les épaules, " tu ne sais rien des Anciens, tu ne sais même pas leur parler, qu'est-ce que tu aurais pu faire contre une Déesse ? !"
"J'aurais essayé de protéger Riku !"
"Je n'ai pas besoin de toi pour protéger mon..."
Vincent tourna vivement la tête vers la porte, légèrement entrouverte. Surpris de son brusque silence, Cid l'imita, à temps pour voir Yuffie passer la tête par l'ouverture.
"Elmyra dit que le repas est prêt," annonça Yuffie d'un ton anormalement timide...
"Tu aurais pu frapper avant d'entrer," déclara froidement Vincent.
"Je l'ai fait !" protesta Yuffie avec une moue boudeuse qui s'effaça vite, "mais vous… vous n'avez pas dû m'entendre."
Cid pinça les lèvres avant de se diriger vers la porte, laissant à peine le temps à Yuffie de s'esquiver.
"Cid ! Attends !"
"On en reparle plus tard !" lança Cid du couloir avant que son pas ne retentisse dans l'escalier.
Yuffie jeta un petit regard à Vincent avant d'entrer pour de bon, refermant derrière elle.
"Qu'est-ce que tu as entendu ? " marmonna Vincent.
"Juste la fin," admit Yuffie. "j'écoutais pas aux portes, promis, mais c'était pas fermé à clef et quand j'ai ouvert, le sort a sauté."
Merveilleux, elle l'avait entendu dire qu'il…
Qu'il…
Oh… Minerva.
"Qu'est-ce qui m'a pris…" souffla-t-il en se frottant le visage à deux mains.
Yuffie approcha lentement, prenant sa main démoniaque pour l'écarter de son visage.
"T'as eu une dure journée, grand frère, t'es un peu à cran…"
"Je… je n'aurais pas dû lui dire ça."
"Ouais. Mais tu l'as dit. Et tu vas devoir t'excuser."
Vincent hocha la tête. Minerva, il n'avait pas la moindre idée de comment faire ça. Le peu de disputes qu'il avait eues avec ses amants et amantes…
Elles s'étaient toutes soldées par une rupture en bonne et due forme.
Y compris celle avec Lucrécia.
"Hey," souffla Yuffie, tirant sur sa main pour attirer son attention. "Cid part vite en pétard mais il se calme vite aussi. Attends quelques heures, tu pourras lui parler plus calmement."
"Je ne sais pas comment," murmura-t-il.
"Ben, t'as quelques heures pour y réfléchir."


Dire que le repas fut tendu était… un euphémisme.
Cid refusait de lui parler.
Shera lui jetait des regards méfiants par-dessus son assiette.
Barret et Elmyra tentaient d'entretenir la conversation avec Elena, restée dormir à Seventh Heaven pour protéger - pardon : surveiller - Zéphyr, mais même elle semblait se douter que quelque chose ne tournait pas rond.
Vincent fut presque heureux que Riku s'effondre dans son assiette au moment du dessert, enfin vaincu par la journée intense qu'il avait eu.
Mais le mettre au lit ne l'occupa que quelques minutes. Vérifier que Zéphyr dormait paisiblement et déposer une assiette de sandwichs sur sa table de chevet de la part d'Elmyra ne prit qu'à peine plus.
Il fallait qu'il affronte Cid. Et il n'avait qu'une vague idée de la façon dont procéder.
Il allait avoir besoin de renfort.
"Qu'est-ce que tu as fait pour qu'il soit autant en colère ? " grommela Shera quand elle trouva Vincent penaud de l'autre côté de la porte de sa chambre.
Shera n'était pas quelqu'un d'effrayant au naturel. Elle était plus petite que Vincent, admettait volontiers qu'elle négligeait un peu trop son entraînement physique, et portait actuellement un pyjama dont le pantalon était orné de mogs et le haut marqué du mot "kupo" en rose vif.
Mais elle était la sœur de Cid.
Et quand elle prenait sa voix de co-capitaine du Haut-Vent, il ne pouvait s'empêcher de se mettre au garde-à-vous.
Ce qui était probablement la raison pour laquelle elle le faisait.
"J'ai… j'ai oublié de lui parler… de quelque chose concernant Riku."
"Et dont je ne suis probablement pas au courant non plus," rétorqua Shera d'un ton sarcastique
Qu'est-ce qu'il avait le droit de dire à Shera au juste ? Il n'était même pas sûr de ce qu'elle savait sur les origines de Cid, sur les Anciens. Elle savait pour la limite de son frère, mais est ce qu'elle savait… pourquoi ?
"Affaire de famille…"
"Du genre de Cid et son père ? "
Ah… Elle savait.
"Il m'a tout dit," expliqua Shera en baissant la voix, "et vu ce qui s'est passé quand tu as disparu pour Daguerreo, j'en déduis que c'est la même chose pour toi ? "
Vincent hocha la tête.
"Et c'est ça que tu ne lui as pas dit ? "
"Non, il savait déjà, c'est… Riku est… il a ... un esprit errant dans la tête."
"Oh, kúkalabbi," souffla Shera, "c'est dangereux ? "
"Je ne sais pas. C'est son apparition qui épuise Riku."
"Drekaskìtur. Et ça t'étonne que Cid soit aussi furax ? Il adore Riku !"
Vincent ne baissa pas les yeux, mais c'était surtout parce qu'il les avait déjà fermement et honteusement dirigés vers le sol. Cid adorait Riku, en effet. Il l'avait déjà pratiquement adopté et Cid était une des personnes que Riku écoutait le plus.
"Tu lui as menti," lui assena Shera d'un ton sans ambages.
Et c'était quelque chose que Cid détestait. C'était ce que les Burméciens avaient fait, que son père… Que Kaen Haifin avait fait.
Vincent commençait à réaliser à quel point il avait… Il n'y avait pas d'autres mots que : merdé.
"Je… Je ne voulais pas. Il n'était pas là quand j'ai compris ce qui se passait et… J'ai … avec tout ce qui s'est passé, j'ai… oublié…"
"Il va falloir faire mieux que ça pour qu'il te pardonne."
"Je sais. J'ai besoin d'aide."
"Ne compte pas sur moi pour te souffler quoi dire," le prévint Shera en levant un index.
"Non. Non, pas comme ça… J'aurais besoin que... que tu m'apprennes à faire une tasse de thé Burmécien."
Il releva les yeux vers Shera qui le fixait d'un regard abasourdi, les lunettes glissant sur le bout de son nez.
"S'il te plait ? "


[1] Entre autres, voleurs, menteurs, manipulateurs, bagarreurs… J'en oublie ?
[2] Zack : Oy !
Cloud : Elle n'a pas tort.
Aérith : Je confirme.
[3] Je vous garantis que dans la Rivière de la vie, Tsubame, Lucrécia et Minako sont en train d'applaudir leur fils, petit-fils et arrière-petit-fils.
[4] Père en Hindou, si je ne me trompe pas, de façon très respectueuse.
[5] Pour en savoir plus sur les origines de Helgrimr, lisez Boules de neige 32 : Le loup de Daguerreo
[6] Nope. Tifa.
[7] A tous ceux qui ont joué au jeu original : Oui, c'est Cette Matéria Là. Insérez une musique dramatique de votre choix.
[8] Pour avoir tenté l'attache de bille dans les cheveux avec un ruban, je vous garantis que la technique d'Aérith du jeu originel pour porter la matéria ne fonctionne pas. Pas étonnant qu'elle la perde aussi facilement dans Before Crisis. C'est même surprenant que ça n'arrive pas plus souvent.