Chapitre 58 : Préparatifs à la bataille
Résumé :
Toute la famille Hamasaki/Valentine/Makani/Bélias tente de se remettre de leurs dernières retrouvailles.
Et si l'influence des Anciens devraient leur permettre de reprendre leur souffle, Hojo est toujours là, tapis sous les flots au cœur de Sin.
Quelle sera sa prochaine cible ? Et que pourras faire Avalanche contre lui ?
Personnages :
Famille Hamasaki et adoptés, Team Avalanche,
Tags spécifiques au chapitre :
Gestion mature d'une relation, (enfin tentative de), Amour, Gloire et Matérias, Maintenant que Cid et Vincent sont lancés, on ne les arrête plus, Séph commence enfin à se sentir d'humeur paternelle, mais il n'a pas le mode d'emploi, (Vincent non plus), rappel : Vincent à 28 ans d'âge mental, Séph 18 et Riku 15. Ils ne sont pas prêts, ça n'empêche pas les Nosfératu d'adopter à tour de bras, l'histoire principale avance presque aussi lentement que le Valenwind, mais ça avance,
Il avait merdé.
Et en beauté.
Cid passa une main dans ses cheveux, tirant sur ses mèches tout en fixant le dessous de la Plaque du regard.
Visiblement, des mois à s'écharper avec Nooj ne lui avait pas appris à réfléchir avant de parler.
Trente-deux ans, bientôt trente-trois, à ne pas réfléchir avant de parler ne lui avaient rien appris, plutôt.
Il n'avait même pas laissé le temps à Vincent de s'expliquer, mais il avait été tellement… furieux… inquiet d'apprendre ce qui arrivait à Riku.
Drekaskìtur, pas étonnant que le gamin ait été autant à cran à son arrivée. Il était passée d'une possession à une autre, d'être le jouet d'une exo-créature à celui d'une Déesse Morte.
Et Vincent ne lui en avait rien dit !
Il aurait pu l'aider, il aurait pu…
Il aurait…
Cid poussa un grognement de frustration en pressant ses mains sur ses yeux.
Il aurait fait quoi au juste ? Vincent avait raison.
Il fonçait toujours bille en tête sans réfléchir, en quoi ça aurait pu aider Vincent ou Riku ? Ou Zéphyr ?
Il pouvait envoyer chier son père autant qu'il voudrait, ça ne ferait rien de constructif dans leur situation.
Drekaskìtur, heureusement qu'il n'était pas allé à la réunion des Anciens, il aurait tout fait capoter rien qu'en ouvrant la bouche.
Il entendit un bruit léger sur le métal du toit et tourna la tête dans sa direction.
Une tasse de thé fumait lentement près du bord du toit.
Cid cligna des yeux.
Puis les mains de Vincent apparurent et il se hissa sur le toit près de la tasse, sans la renverser, ni même l'effleurer.
Même en étant fâché contre lui, Cid ne pouvait faire autrement qu'admirer la grâce de Vincent. Il n'avait jamais un mouvement de trop et bougeait comme du vif-argent, de gestes calmes et mesurés, que ce soit au combat ou quand il ouvrait un livre.
Il était déjà accro, hein ?
Et merde.
Il le regarda se redresser, ramassant la tasse et approchant de Cid avant de s'agenouiller, lui tendant le thé à deux mains.
"Je m'excuse," finit par souffler Vincent, gardant les yeux baissés.
Cid referma la bouche avant d'avoir pu faire ses propres excuses.
"J'ai eu tort de te cacher ce qui se passait avec Riku. Je… ne l'ai pas fait volontairement, mais… Ca n'excuse rien. J'aurais dû t'en parler avant."
Cid se hissa sur ses coudes, puis s'assit, jetant un petit regard à la tasse fumante dans les mains de Vincent. C'était du thé burmécien. Il en reconnaissait la couleur et le parfum.
"Je…" repris Vincent d'un ton plus hésitant, s'humectant les lèvres avant de reprendre, "je… ferais attention. Je ne te mentirais plus… Je…"
Cid prit la tasse des mains de Vincent, mais à la grande surprise de celui-ci, se contenta de la poser près de lui avant de se tourner à nouveau vers Vincent, hésitant à le toucher.
"Je te dois des excuses, aussi," admit Cid.
Vincent fronça légèrement les sourcils, confus et leva les yeux, croisant le regard de Cid.
"Je t'ai crié dessus sans t'écouter. Sans te laisser t'expliquer…"
"Tu avais le droit d'être en colère…"
"Ouais, ouais peut-être sauf que…"
Cid soupira et se détourna de Vincent pour se frotter le front avant de fourrer la main dans ses cheveux.
"Ça n'avance à rien de se crier dessus. Je devrais le savoir. Ça n'a jamais rien changé…"
"Avec Nooj ? "
Ça avait même été pire. Nooj refusait que Cid se mêle de ses affaires, Cid ne le laissait pas respirer, et la moindre dispute entre eux dégénérait, en venant presque aux mains, puis à une rupture définitive qui ne durait généralement que le temps qu'ils retombent à nouveau dans les bras l'un de l'autre. Et à chaque fois, Cid espérait que cette fois ce serait la bonne, que ca allait durer, qu'il pourrait aider Nooj, qu'il pourrait…
"Je n'ai pas à te crier dessus quand tu fais un truc qui me déplait."
Cid soupira et se tourna à nouveau vers Vincent.
"Écoute je… je te promets d'essayer de… de réfléchir plus avant de me mettre à crier. Promets moi d'être plus…"
Il hésita sur le terme à employer.
"Honnête ? " suggéra Vincent avec un petit sourire.
"Tu sais faire ça, toi ? " rétorqua Cid en haussant un sourcil.
"Je peux," répondit Vincent.
Son regard glissa légèrement sur le côté, restant dans le vague un bref moment avant de revenir vers Cid, le fixant d'un air plus déterminé.
"Pour toi."
Putain.
Ce n'était peut-être que des paroles et Cid commençait à connaître Vincent et ses manies de Turk solitaire mais…
Mais c'était déjà beaucoup plus que ce que Nooj lui avait jamais donné.
"Je… je veux juste que… que tu sois plus ouvert," reprit Cid, "parle-moi quand tu as un problème. Même si… même si je peux pas aider, je… je ferais tout ce que je peux. Je sais que tu n'as pas l'habitude de demander de l'aide mais… Je serais là."
Vincent hocha la tête, laissant échapper un soupir de soulagement avant de poser son front sur l'épaule de Cid.
"D'accord. Je… Je te parlerais."
Cid poussa un soupir de soulagement et hésita un bref instant avant d'attirer Vincent sur ses genoux, l'enlaçant et posant à son tour la tête sur son épaule.
Il sentit la main humaine de Vincent sur sa nuque, ses longs doigts glissant dans ses cheveux.
"Putain de journée, hein ? "
"Hmm," répondit Vincent, "tu n'as pas idée…"
"Il y a d'autres trucs que je dois savoir ? " demanda Cid, une de ses mains caressant lentement le dos de Vincent.
"Nos familles reprennent le combat contre la Calamité. Ils vont choisir des envoyés pour protéger Midgar, Ifalna, Aérith, Riku et Zéphyr. Ah. Et j'ai appris que ton père a élevé le mien."
Ce fut ce qui stoppa le mouvement des doigts de Cid. Vincent tourna la tête, inquiet.
"Cid ? "
"Drekakúlur, dis-moi qu'on est pas de la même famille ? ! "
Un moment, Séphiroth dormait. Profondément. Calmement.
"Debout, c'est l'heure les filles."
L'instant d'après, la voix du lieutenant, deux portes plus loin, le réveilla. Il resta immobile, écoutant la réponse de la petite fille, les protestations de la Princesse Kisaragi, les échanges de mots doux entre Mademoiselle Raspberry et ses compagnons dans la chambre d'en face, le Docteur, plus discrète, qui se préparait à descendre.
Il ne s'habituait pas à se réveiller à Seventh Heaven.
Quoique se retrouver dans un vrai lit plutôt que le canapé était un progrès.
Ce n'était pas le bruit, même avec les logements plus isolés de la Tour, il entendait toujours ce qui se passait dans les autres appartements et était devenu très doué dans l'art d'ignorer la vie sentimentale de ses collègues.
C'était juste…
Il ne savait pas comment le décrire.
C'était un peu comme se réveiller dans la tente qu'il partageait avec d'autres SOLDATs à Wutai, pendant un trop bref cessez-le-feu, quand ils n'avaient ni à attaquer, ni à se défendre.
Quand Vaan tentait de lui apprendre à profiter de ses congés, lui refusant l'accès à son bureau de directeur et l'obligeant à rester au calme, à lire ou regarder un film in-dis-pen-sable pour sa culture générale.
Quand Rufus et Umbra venaient se réfugier dans son appartement, pour se reposer quelques heures, dormant l'un sur l'autre dans un rayon de soleil.
Quand Reks était dans son lit, lové autour de lui, et qu'il sentait sa respiration contre sa peau.
C'était… paisible.
Jusqu'à ce que le chat commence à gratter à toutes les portes en miaulant.
Quand Séphiroth finit par se lever et sortir, le Docteur Highwind-Mist était à genoux dans le couloir, en train de câliner l'animal en le réprimandant à voix basse.
"Tu vas finir SPHÉRIQUE si tu continues de manger autant. Il va falloir que Vincent te mette au régime…"
Elle leva les yeux en entendant la porte s'ouvrir.
"Oh. Général. Comment vous sentez-vous ? "
"Mieux."
"Mieux vraiment ou mieux comme votre père quand il avait trois doigts cassés et escaladait le toit ? "
Il était encore fatigué.
C'était la seule explication pour laquelle le début de rire lui échappa avant qu'il ait pu se retenir.
"Plus sérieusement, comment allez-vous ? " reprit-t-elle.
Il commençait à cerner le docteur Highwind-Mist. Quand il l'avait vue la première fois, tremblante, couverte de sang et se cramponnant à son fusil de toutes ses forces, elle semblait fragile, mais elle avait l'air d'avoir repris ses esprits.
Et elle ne pouvait pas être la sœur du… de Cid sans avoir assez de tempérament pour lui tenir tête, comme en témoignaient leurs nombreuses prises de bec.
"Je suis… reposé. Je ne me sens pas encore au mieux, mais je récupérerais des forces après un repas."
"Parfait, Elmyra va y pourvoir alors. Vous pouvez aller réveiller Riku ? "
Séphiroth hocha la tête et se dirigea vers la chambre de son fils, laissant le docteur rejoindre la table du petit déjeuner, le chat sur les talons.
Il toqua.
Pas de réponse.
Il entrouvrit la porte.
La chambre de Riku était en ordre, même si le bureau était encombré de plusieurs cadeaux qu'il avait reçus aux Jours Carbuncle, dont un gros album photo qui semblait déjà bien plein. Il y avait des posters de vues de Gaïa aux murs, dont un de Wutaï Sud, la baie de Suitan écarlate sous un soleil couchant.
Absorbé par la contemplation du poster, Séphiroth mit une seconde supplémentaire à réaliser que le lit de Riku était vide, couvert uniquement du drap et d'un oreiller posé de travers.
Il se figea mais s'interdit de paniquer, restant sur place, cherchant du regard le moindre indice de la présence de son fils dans la pièce.
Et puis il avisa un coin de l'édredon qui dépassait de sous le lit.
Il s'agenouilla lentement, une main sur le matelas.
Riku était là, sous son lit, blotti contre le mur, enroulé dans sa couette et paisiblement endormi.
Séphiroth laissa échapper un petit soupir de soulagement.
Il n'y avait pas moyen que Hojo, ou Kadaj, ou n'importe quelle autre squame puisse entrer et emmener Riku sans que lui ou le reste d'Avalanche s'en aperçoive, mais l'espace de quelques secondes…
"Riku ? " souffla -t-il avant de répéter, un peu plus fort.
L'adolescent leva la tête de sous la couette, lui jetant un regard ensommeillé.
"Debout."
Riku resta immobile, clignant des yeux d'un air confus.
Ah, visiblement, il ne tenait pas la capacité de Séphiroth à être debout et alerte en quelques secondes.
"C'est l'heure du petit déjeuner."
"J'rive," marmonna Riku en tentant de se lever.
Il se cogna au sommier et jeta un regard trahit au meuble avant de réaliser où il se trouvait. Il devint aussitôt écarlate et se tortilla pour sortir de son cocon et de sous le lit.
Séphiroth s'écarta pour le laisser faire, restant accroupi pendant que Riku achevait de sortir, rajustant ses vêtements d'une main et tentant de se coiffer de l'autre.
"Le dit pas à 'Ji-san," murmura l'adolescent sans lever les yeux.
"De quoi ? " s'étonna Séphiroth.
"Que je dors sous le lit."
"Tu n'aimes pas ton lit ? "
"Si… Mais… Des fois... Y'a des jours c'est… Je peux pas dormir dessus. C'est trop… C'est pas à l'abri…"
Ah.
Ça, par contre. Il le tenait de lui.
"Je vois ce que tu veux dire."
Riku lui jeta un regard intrigué et Séphiroth eut un petit sourire las puis s'assit dos au lit, repliant ses longues jambes pour ne pas cogner dans l'armoire en face.
"J'en ai vu des sommiers, moi aussi."
"Hein ? "
"C'était plus difficile pour Hojo de venir me sortir de sous le lit pour les expériences."
Riku semblait… désemparé par la révélation.
Jusqu'au moment où Séphiroth vit -sentit- sa colère s'ouvrir comme un sort de feu.
Puis retomber aussitôt quand Riku le vit frémir.
"Pardon ! "
"Ce... ce n'est rien."
"Non, c'est... Tu aimes pas ça et… et"
"Et tu vas apprendre à le maîtriser. Comme ta magie. Ça viendra."
Séphiroth devenait définitivement plus sensible à ce genre d'influence. Ou du moins, il la reconnaissait plus facilement. Est-ce que c'était le Sacre qui se développait en lui ?
Ou est-ce que la présence de la Déesse dans sa tête la veille avait débloqué quelque chose ?
"Maduin disait pareil."
"Ifalna pourra t'apprendre."
"Je... tu crois que je pourrais la… Que je risque pas… Que la... l'Autre pourrait revenir si je l'approche ? "
Riku grimaça à son tour et Séphiroth tenta de réprimer sa rage aussi efficacement que son fils l'avait fait quelques secondes plus tôt.
Riku venait de trouver sa famille. Il venait tout juste de rencontrer son père, son grand-père, une grande-tante, une cousine, et quoi que soient la Princesse Kisaragi, Cid et le docteur Highwind-Mist pour lui.
Et à cause d'une Errante pas fichue de rester morte en deux mille ans, il craignait qu'elle leur fasse du mal par son entremise.
Il craignait qu'elle les blesse, qu'elle risque leur sécurité, leur santé, leur…
Comme Hojo l'avait fait avec Basch.
Séphiroth tendit la main, la posant aussi délicatement et lentement que possible sur l'épaule de Riku avant de l'attirer contre lui.
Ah, mana, il avait perdu l'habitude. Et il n'y avait guère que Rufus et Umbra qu'il avait touché ainsi. Reks aussi. Vaan parfois, quand le SOLDAT voulait célébrer une victoire et lui sautait au cou. Basch avait plus été partisan de la main sur l'épaule et Vossler lui décollait quasiment les poumons à chaque tape amicale dans le dos.
Mais c'était Riku.
Son fils.
Il voulait le rassurer.
Et après un moment de confusion, l'adolescent réalisa ce qu'il faisait et se propulsa dans ses bras, passant les siens autour de lui et posant sa tête sur son torse.
"Dis ? " finit par murmurer Riku, le nez dans son pull.
"Oui ? "
"Pourquoi tu as combattu à Wutaï ? "
Mana, son fils ne le ménageait pas avec des questions difficiles.
Riku avait les cheveux plus épais que les siens, ce qui expliquait probablement les pics qu'ils formaient dans tous les sens, comme ceux de son grand-père, et Séphiroth tenta de les ordonner du bout des doigts, sans grand succès.
"C'était la première fois de ma vie qu'on me laissait le choix. Aller à Wutaï me battre, ou rester au laboratoire subir les lubies d'Hojo."
"Tu parles d'un choix."
Riku était son fils, mais parfois, il était aussi le portrait craché de son grand-père. Séphiroth laissa échapper un petit sourire avant de se rembrunir.
"Je pensais que ce ne serait pas pire que l'arène."
"L'arène ? "
"Une arène de combat dans le Tambour, son laboratoire à la Tour. Là où il testait ma force, ma magie… Il me faisait combattre… Des gens. Des spécimens. Ses… échecs."
Riku grimaça.
"Et… c'était mieux ? Wutai je veux dire."
Séphiroth baissa le nez, cachant son expression derrière ses cheveux. Il ne savait même pas comment répondre à cette question.
"Non. Oui. Enfin… Être dehors… Voir le ciel, la mer, les arbres, c'était… extraordinaire…"
"La pluie," ajouta Riku d'un ton rêveur.
Séphiroth hocha la tête.
La première fois qu'il avait vu la pluie à Wutaï, Basch avait pratiquement dû l'emmener par la peau du cou se mettre à l'abri au lieu de rester le nez en l'air à la voir tomber.
"Et… j'ai découvert que j'aime me battre. Basch m'a appris à manier une épée correctement, et j'aime ça…"
Riku opina.
D'après son dossier à la MGU, il avait hérité du côté bagarreur des Hamasaki. Peut-être que Séphiroth devrait lui proposer de s'entraîner ensemble ? Ou de lui apprendre quelques passes d'escrime ? C'était... ce qu'un père faisait avec son fils, non ?
"Mais je n'aime pas tuer. Surtout pas les gens qui ne peuvent pas se défendre. Et peu de gens peuvent se défendre contre moi."
Riku hocha la tête sans répondre.
Combien de ses amis Séphiroth avait pu tuer dans Sin ?
"Au début, je ne faisais pas attention à ça. J'obéissais aux ordres, je me battais, je tuais… Et puis Basch a commencé à m'apprendre le code de la chevalerie."
"Qu'est-ce que c'est ? "
Ah, oui. Il ne devait pas avoir vu beaucoup de chevalier Alexandriote dans Sin.
"Des règles de combat. Un peu comme… hu, le bushido wutan ? "
Le regard de Riku s'éclaira quand il se redressa. Ah, en revanche, son père adoptif avait dû lui enseigner ça.
"Gi, rei, yu, meiyo, jin, makoto, chugi," récita Riku, "Droiture, respect, courage, euh, honneur, compassion, honnêteté et loyauté."
Séphiroth ne put s'empêcher de rebondir sur un détail.
"Honnêteté… C'est ça que signifie le nom de... de Père ? "
Riku cligna des yeux puis eut un grand sourire en hochant la tête. Séphiroth l'imita. Ça n'avait pas vraiment été un nom prédestiné sur ce coup.
"Le bushido ressemble effectivement au code de la chevalerie. Et j'ai… j'essaye de le respecter…"
Séphiroth soupira et jeta un regard amer à son fils.
"Mais on ne peut pas dire que ça a été une réussite. J'ai tué. J'ai menti. J'ai… voulu assassiner le Président Shinra… J'ai laissé mon… mon mentor pourrir dans le Tambour pendant deux ans…"
Il tourna légèrement la tête vers Riku.
"Je ne t'ai pas aidé. Ni toi, ni ta mère."
Il sentit Riku soupirer contre lui, puis gigoter pour s'écarter et Séphiroth le lâcha, presque à regret, le laissant s'asseoir sur ses talons à la wutane pour le regarder.
"Tu savais vraiment pas ? "
"Non. Hojo m'encourageait à me trouver une petite amie à Wutaï et à revenir avec des enfants… Mais j'ai toujours refusé."
"Pourquoi ? "
"Parce qu'il aurait fait pareil à mes enfants qu'à Rufus et Umbra. Qu'à moi. Et ça… je ne le voulais pas."
"Oh…" murmura Riku, "Monsieur Shinra et Umbra aussi ? "
Séphiroth hocha la tête.
"Ils sont nés dans le laboratoire. Hojo les menaçait quand je désobéissais."
"J'espère qu'il aura mal quand il crèvera," marmonna Riku.
"J'en ai bien l'intention[1]."
"Ne dites pas ce genre de chose autour de Barret," intervint Vincent.
Riku sursauta mais son père se contenta de se tourner vers Vincent, appuyé de l'épaule au chambranle de la porte, un petit sourire aux lèvres.
"Il va encore m'accuser d'être une mauvaise influence sur vous deux."
"Mais t'aidera, hein ? " renchérit Riku en se hissant sur ses pieds.
"Je compte lui tirer dans les genoux pour qu'il ne puisse pas s'enfuir," rétorqua Vincent en approchant, tendant la main à Séphiroth pour l'aider à se lever.
Riku ne fut pas en reste, attrapant l'autre bras de son père pour aider comme il pouvait. Visiblement, sa gêne de la veille avait disparu et il gratifia même Vincent d'une rapide étreinte autour de son bras démoniaque.
"T'auras pas besoin de lui tirer dans les jambes, il peut plus courir," déclara Riku avant de partir au galop vers l'escalier.
Vincent soupira mais ce fut Cid, plus loin, qui rappela à Riku la règle de marcher au pas dans Seventh Heaven.
"Hojo ne peut plus courir ? " s'étonna Séphiroth.
"Hm. Cloud me l'avait déjà dit. Il le surnomme tortue sénile."
Séphiroth était vraiment fatigué.
Il ne put retenir son rire cette fois.
"Oyez oyez," lança Jessie en arrivant à table dans les derniers, rangeant son PHS, "Reeve arrive bientôt. Il veut parler à tous ceux qui étaient de sortie hier."
"Je dois vous laisser, c'est ça ? " demanda Elena, accoudée à la table du petit déjeuner, vêtue d'un tee-shirt de Vincent en guise de pyjama.
"Quelle est ton accréditation de sécurité ? " rétorqua Jessie.
"Suffisante pour voir Zéphyr en sous-vêtement dans sa salle de bain."
Zéphyr soupira, jetant un petit regard à Riku et Marlène qui partageaient un bol de céréales. La petite semblait très concentrée sur sa dégustation, mais Riku avait visiblement saisi l'allusion et lui jetait un regard abasourdi.
"Et c'est comment ? " demanda Wedge, ricanant quand Elena fit mine de s'éventer
"Elena, Wedge ! " s'exclama Barret, "pas devant les enfants! "
"T'es pas avec ton SOLDAT… comment il s'appelle, le blond à moto ? Rok ? " renchérit Cid.
"Roche," corrigea Séphiroth.
"On verra quand il se décidera à être un adulte mature et raisonnable," grommela Elena.
"Je dois aller lui parler ? " s'enquit Vincent en sortant de la cuisine avec l'assiette de crêpes que lui avait confiée Elmyra.
"Tu me laisses gérer ma vie se… sentimentale," corrigea de justesse la jeune blonde sous le regard désapprobateur de Barret, "j'ai déjà assez avec les autres Turks qui s'en mêlent."
"Et donc tu te rabats sur Zéph ? " rétorqua Jessie.
Elena se contenta de lui montrer Zéphyr des deux mains avec une expression équivoque.
"J'avoue, y'a du potentiel," commenta Wedge en servant Jessie en café.
"Wedge ! " protesta Biggs.
Zéphyr soupira, attira l'attention d'Elena en piochant dans son assiette d'un coup de fourchette et la fixa droit dans les yeux d'un air sérieux.
"Elena. Je suis homosexuel."
Et il enfourna la moitié de saucisse volée dans sa bouche, profitant de l'expression outragée de la blonde.
"Noooon ! Tu ne pouvais pas être bi, comme ton père ? "
"Comment sais-tu ça ? " s'étonna Séphiroth.
"Dìsons qu'il a marqué l'histoire des Turks à son époque," rétorqua mystérieusement Elena.
Vincent roula des yeux tout en achevant de servir les crêpes aux amateurs avant de poser la dernière dans l'assiette de Cid et s'asseoir près de lui.
"Est-ce que je veux savoir ? " s'enquit Cid, un petit sourire amusé aux lèvres.
"Je… te raconterais…"
"Ah, mais ça veut dire Reno ne prends pas juste ses désirs pour des réalités," nota Elena.
"Bonjour, tout le monde," s'exclama Yuffie, douchée de frais, "que la nouvelle année soit prospère et heureuse, pourquoi on parle de Reno et de ses désirs si tôt le matin ? "
"Il veut attenter à la pureté virginale de Zéphyr," répondit Elena.
"Elena," grommelèrent d'une même voix Séphiroth et le lieutenant.
"Yuck," rétorqua Yuffie avant de poser sérieusement la main sur l'épaule de Zéphyr, "veux-tu que je protège ta pureté virginale ? "
"Ça veut dire quoi virginale ? " demanda soudain Riku.
"Elena va t'expliquer," déclara Barret en se levant pour prendre sa fille dans les bras, "pendant que Marlène et moi allons nous laver les dents."
La porte du centre de contrôle d'Avalanche avait encore la pancarte annonçant qu'il s'agissait du bureau de Mademoiselle Raspberry, et restait d'ailleurs toujours connu sous ce nom. Il était aussi fort heureusement plus grand que le bureau de Reeve, tout en restant plus approprié que la salle de vie pour une réunion en plus petit comité.
Il y avait la Princesse Kisaragi, munie d'une tasse de thé, Cid qui alla aussitôt observer un écran à moitié démonté sur le bureau de Mademoiselle Raspberry, Riku sur les talons…
Et le Directeur Tuesti.
Ce qui signifiait donc qu'il était lui aussi un descendant d'Ancien. Pourquoi n'était-il pas venu à la réunion alors ?
Séphiroth cherchait comment approcher la question, et le peu d'étiquette que Basch avait tenté de lui inculquer ne lui était d'aucune aide, quand son père fit entrer le lieutenant avant de fermer la porte et activer la matéria de sceau.
"T'es sûr de toi ? " demanda le lieutenant en se tournant vers lui.
Le sniper leva une main d'un geste hésitant avant d'hocher la tête.
"Je me contenterais de te rappeler ce qui arrivera si tu évoques quoique ce soit devant quelqu'un d'autre que nous."
"Frappez-moi si ça m'échappe…" maugréa le lieutenant en s'asseyant sur le canapé près du Directeur.
"Tu n'es pas Zack," tenta de plaisanter le directeur Tuesti.
Il y eut un petit silence plein de sous-entendu, uniquement troublé par le slurp peu distingué de la Princesse...
"Les jumeaux aussi ? " reprit le directeur d'un ton fatigué.
"Fenrir," se contenta d'expliquer Cid.
"Lointains descendants, une dizaine de générations je dirais," précisa Vincent.
"Donc Zack est capable de garder un secret," continua le directeur d'un ton légèrement abasourdi.
"Ce sera la plus grosse surprise de la journée, promis," ajouta la princesse.
"Quand reviennent-ils d'ailleurs ? " demanda Barret.
"Difficile à dire…" admit Vincent en s'adossant à la porte, croisant les bras.
"Laisse-moi poser la question autrement : qu'est-ce qui s'est passé hier pour qu'ils décident de rester protéger Aérith et Madame Falmis ? " reprit Reeve d'un ton inquisiteur.
Séphiroth était content de ne pas être à la place de son père, encore une fois. Le Directeur Tuesti semblait assez fin pour deviner ce qu'il lui cachait. Ou bien il avait l'habitude de tirer les vers du nez à son père.
"Je…" commença Vincent avant de jeter un rapide regard à Cid, "vous vous souvenez quand nous avons discuté de… de l'éventualité de la présence de la Déesse dans Riku ? "
Le Capitaine baissa les mains vers le sol d'un air agacé et Vincent eut l'air brièvement pris en faute.
"Oui ? " reprit le directeur.
"Oh," s'exclama le lieutenant, "les co… les boules du Titan et sa barbe par-dessus, elle est réapparue ? "
"Vous le saviez tous ? ! " s'exclama Cid.
"On l'a vue quand Xehanort a attaqué Aérith et Cloud," expliqua le lieutenant.
"Elle est réapparue, en effet," ajouta Vincent, "devant les Anciens et… Elle a visiblement la capacité de… de prendre aussi possession de tous ceux qui ont son sang dans les veines."
"Ouais," confirma Riku d'un ton rogue.
Les deux dirigeants d'avalanche échangèrent un regard à la fois las et alarmé. Du genre que Séphiroth avait souvent vu Basch et Vossler échanger.
Parfois à son sujet, d'ailleurs.
"Aérith, Madame Falmis, Riku," énuméra Tuesti avant de tourner les yeux vers Séphiroth. "vous aussi, Général ? "
"Malheureusement," soupira Séphiroth.
"Comme dirait mon père, que la Baleine nous protège…" marmonna le directeur.
"Ah, au fait, on a vu Dame Bismarck hier," risqua Yuffie, "elle a l'air en forme. Elle a un petit bébé."
La révélation sembla envoyer le Directeur en pleine crise de foi et le Lieutenant tendit la main pour lui tapoter l'épaule d'un air compatissant.
"Vous… avez l'air surpris, elle n'est pas votre ancêtre ? " s'étonna Séphiroth.
Le directeur commença par ouvrir la bouche, la referma puis jura doucement mais avec créativité avant de se tourner vers Vincent.
"Elle est mon ancêtre ? ! "
"Je n'en ai pas la moindre idée," admit son père, "je sais que les Al Bhed ont une grande affection pour la mer, donc… possiblement ? "
Le directeur était Al Bhed ?
Ça signifiait donc que les Al Bhed aussi descendaient d'une Ancienne. Les yévonites seraient horrifiés d'apprendre ça, dommage qu'il faille garder le secret.
Séphiroth jeta un regard interrogatif à son père, mais ce fut Cid qui expliqua.
"Chez certains d'entre nous, l'hérédité est une découverte récente."
"Et de mon côté, c'était même complètement oublié," marmonna le directeur.
"Oh. Je ne suis pas le seul alors," constata Séphiroth.
"Bienvenue au club," ajouta Cid.
"Bref," reprit le Directeur Tuesti qui regrettait visiblement de ne pas avoir pensé à prendre quelque chose à boire, surtout quelque chose d'alcoolisé, "qu'est-ce que la Déesse a fait ? "
"Elle a ordonné aux Anciens de reprendre le combat et de nous aider," résuma admirablement le père de Séphiroth.
"Même qu'on n'a presque pas dû les convaincre après," ajouta la Princesse.
"Grâce à Yuffie, ils vont prendre Midgar sous leur protection. On devrait moins avoir à craindre les incursions d'Hojo."
"Tant que Madame Falmis vit là en tout cas," ajouta à nouveau la jeune wutane.
"En quoi va consister leur aide ? " demanda le lieutenant qui tentait de rester terre à terre dans une discussion qui devait lui sembler un brin surréaliste.
En tout cas, Séphiroth trouvait la discussion surréaliste alors qu'il avait envoyé balader un Ancien la veille.
"Déjà, ils pourront jouer de leur influence sur les nations et cités-états encore réfractaires à l'alliance contre Hojo. Gongaga devrait être un peu plus… coopérative," expliqua son père avec une diplomatie qu'il prétendait ne pas avoir.
"Ton père ? " marmonna le lieutenant.
"Ramuh, surtout. L'aide que Père pourra nous apporter sera plus au niveau du renseignements. Il a quelques années de retard sur les événements mais je ne doute pas qu'il sera vite à niveau."
"Il cherche à installer une antenne à Daguerreo pour communiquer plus facilement que par signaux de fumée," intervint Cid, "j'essaye de trouver de quoi faire, mais vu la distance avec l'antenne la plus proche, ça va être difficile pour eux de capter quoi que ce soit."
"Je peux fournir des amplificateurs de réseau," proposa distraitement le directeur.
"Faudrait quelque chose de pas très gourmand, leur réseau électrique sert surtout à l'éclairage, ils ont de la géothermie et de l'hydraulique, mais avec le soleil qui cogne chez eux, des panneaux solaires pourraient…"
"Temps mort les grosses têtes," marmonna Barret, en levant la main entre eux, "on n'a pas fini."
"En effet," admit le directeur, "et au sujet du temple de la matéria noire ? "
"Ifalna a encore refusé d'en parler. Et après la réunion… Nous n'avons pas vraiment eu le temps. De votre côté ? "
"Sin a été repéré. Près de Besaid."
"Merde," murmura Cid.
"Apparemment, des squames ont attaqué les ruines du temple de Besaid," continua le directeur en s'appuyant sur le dossier de sa chaise, "les Bannisseurs postés-là ont réussi à défendre la chambre du Fayth, mais les squames ont vite fait demi-tour."
"Le Temple a été détruit ? " s'étonna Vincent.
"Et sa Fayth tuée," confirma Barret d'un ton sombre, "L'île a été contaminée à la mako, mais j'ai entendu dire que Bevelle essaye de restaurer le temple et trouver un nouveau Fayth. Ils prétendent que ça purifiera l'île…"
Traduction du point de vue des Anciens : Un des leurs ou de leurs descendants allait être sacrifié ou se sacrifier pour que les invokeurs puissent utiliser ses pouvoirs.
Il fallait qu'il passe le mot à son Père et que les Fayth potentiels soient vite mis à l'abri.
Et dire qu'il avait juré de ne jamais se mêler des affaires des anciens quarante ans plus tôt…
"Le temple du météore serait-il là ? " s'étonna Barret.
"Non. Tout ce qui est lié à Yevon est trop récent. La religion ne date que d'un millénaire."
"Donc il cherche toujours," conclut Séphiroth.
Il fronça les sourcils et tourna la tête vers Riku qui semblait pensif, les sourcils froncés et le regard dans le vide. Quelque chose n'allait pas.
"Riku ? "
L'adolescent leva les yeux vers lui.
Ses iris étaient de leur vert habituel, sans luminosité suspecte. Ce n'était pas la Déesse donc.
"Tout va bien ? "
"J'aime pas ça."
Et Vincent commençait à se méfier de cette phrase. Surtout venant de quelqu'un avec du sang cetra.
"Riku, est-ce que… Ça t'es déjà arrivé d'avoir des pressentiments de ce genre ? "
"C'est quoi un pressentiment ? "
"L'impression qu'une catastrophe va te tomber dessus sans savoir ce que c'est," répondit Barret.
"Oh… comme savoir d'avance quand une idée de Setzer va mal tourner ? "
Cid poussa un long soupir affligé. De son point de vue, il n'y avait pas besoin de pressentiments pour ça : les idées de Setzer tournaient toutes plus ou moins mal.
"Aérith et Ifalna ont la même capacité," expliqua Vincent, "Ifalna m'a dit qu'elle avait des intuitions… qu'elle pouvait deviner le passé parfois."
"Oh ! Ouais, quand je…" commença Riku avant que s'interrompre, son expression redevenant aussi neutre que celle de son père.
"Riku ? " s'inquiéta aussitôt Cid en se levant de son siège.
"Ça vient d'Elle ? " souffla Riku.
"En effet," répondit Vincent.
Et désormais, il n'y aurait probablement plus moyen de faire desserrer les dents de Riku au sujet de ses pressentiments, comprit Séphiroth. Est-ce qu'il avait autant eut l'esprit de contradiction que lui au même âge ? Il ne se souvenait que d'avoir obéit sagement à…
C'était à cet âge qu'il avait commencé à se rebeller contre Hojo. Objection non recevable.
Quelqu'un toqua alors frénétiquement à la porte. Son père se tourna pour ouvrir, brisant le sort de silence, et laissant entrer le Docteur Highwind.
"Reeve ! Viens vite ! "
"Que se passe-t-il ? "
"Madame Falmis est là ! "
"Seule ? " demanda Vincent.
"Non," admit Shera, "il y a Aérith, les jumeaux et Fran[2]."
"Qui est Fran ? " s'enquit Séphiroth.
Fran était une viéra, la seconde que Séphiroth ait vue de sa vie après celle de la veille. Elle n'était pas vêtue des soieries de la représentante de Carbuncle, mais d'un short de jean noir, de bas assortis et d'un manteau d'homme.
Ifalna et Aérith étaient toutes petites à côté d'elle, et même Cid devait lever le crâne pour la regarder.
Pourtant elle semblait presque… Embarrassée ? Gênée ? Ses longues oreilles étaient rabattues en arrière, frémissant au moindre bruit autour d'elle.
Et elle ne quittait pas Ifalna d'un pas, la regardant avec respect et déférence.
"Ifalna ? tout va bien ? " demanda son père en l'approchant.
Elle hocha la tête et lui tendit les mains, paumes vers le haut. Son père n'hésita presque pas à poser une de ses mains, la droite, l'humaine, sur ses paumes. Il se laissa néanmoins faire quand elle attrapa son autre main, les joignant entre les siennes.
"Ifalna ? " reprit-t-il à voix-basse, " qu'y a-t-il ? "
Elle soupira, emprisonnant les grandes mains de son père entre les siennes avant de jeter un petit regard à Séphiroth et Riku, puis à Aérith, debout près d'elle.
Elle se décida.
"Le temple de la matéria noire se trouve dans la jungle de Golmore, sous la protection des viéras."
"Golmore ? " répéta Rufus.
"C'est ce que dit Ifalna," confirma Séphiroth.
"C'est… L'île de Golmore est juste à l'ouest des îles du Sud, sous Fort Condor."
"Hojo va dans cette direction. Il faut agir vite."
Rufus hocha la tête, se tournant vers ses secrétaires.
"Wynne, contactez l'état-major. Réunion d'urgence, je veux voir tout le monde."
"Oui, Monsieur," s'exclama la jeune femme avant de sortir aussi vite que la politesse l'autorisait.
Rufus se frotta les tempes avec une expression soucieuse avant de jeter un coup d'œil à Séphiroth.
"On n'a aucun contact diplomatique ou même de contact tout court avec Golmore et les Viéra ne sont pas réputées pour leur bienveillance envers les étrangers. Comment va-t-on faire ? "
"Il y a bien la viéra de l'équipage du Haut Vent," suggéra Séphiroth, "peut-être qu'elle pourra nous aider ? "
"Je vais être honnête : je pensais que c'était une légende urbaine," admit Rufus, "c'est une vraie viéra ? Pas une demi-sang ? "
"En tout cas, elle en a l'air."
"Elle s'appelle Fran ! " ajouta Riku, accroupi près du bureau à côté d'Umbra, lui grattant les côtes pour le plus grand plaisir de la Darkstar.
"C'est toi le tacticien, Zéphyr, dis-moi ce que tu en penses ? "
"Si on part du principe que les viéra nous refuseront l'entrée de la jungle de Golmore et du temple… Il va falloir faire un barrage autour de l'île. Quel est l'état de la flotte ? "
"Quelle flotte ? " bougonna Rufus en réponse, "Dìs, avons-nous une carte d'Estérie ? "
"Je vous la mets sur votre écran, Monsieur," répondit la seconde secrétaire.
"Pas de flottes ? " reprit Séphiroth.
"Après douze ans de Sin, on n'a plus grand chose en navires. Trop chers à construire avec les restrictions et Sin les coule plus vite qu'on peut les construire. Il y a une raison pour laquelle Père avait investi dans les aéronefs."
"On a quoi en aéronefs alors ? "
Rufus hésita, jusqu'à ce que Dìs, après avoir allumé l'écran, tende un dossier du département aéronautique à Séphiroth.
"Le rapport du Directeur Palmer concernant la flotte Shinra, toutes catégories confondues."
"Euh… merci."
"Et évidemment, les côtes de Golmore sont de la dentelle," soupira Rufus en observant la carte, "il va falloir faire appel aux pays limitrophes pour aider. Dìs ? Contactez les ambassadeurs de Junon, Fort Condor et… des îles du Sud."
"Très bien, Monsieur."
"Fort Condor et les Îles du Sud risquent de ne pas coopérer…" nota Séphiroth.
"Je sais, il va falloir trouver comment les convaincre…"
"Monsieur Hamasaki, voulez-vous que j'emmène Moriku faire un tour ? " proposa Dìs en décrochant.
Rufus et Séphiroth échangèrent un regard surpris avant de se tourner vers la jeune secrétaire.
"Une réunion d'état-major n'est peut-être pas la place d'un jeune garçon de son âge."
"Hé, j'ai quinze ans ! " protesta Riku.
"Je t'offre un chocolat chaud," rétorqua Dìs.
Riku referma aussitôt la bouche, déchiré entre l'envie de paraître plus vieux et ce qui était en train de devenir sa friandise favorite.
"Oh… ça... ne vous dérange pas, Mademoiselle ? " demanda Séphiroth.
"Oh, non, je sais ce que c'est, j'ai un petit frère de cet âge, moi aussi," expliqua Dìs.
Séphiroth cligna des yeux, confus de la réponse. Rufus tenta de réprimer un sourire mais dû le cacher derrière sa main en faisant mine de se concentrer sur la carte.
"Moriku n'est pas mon frère," finit par expliquer Séphiroth.
"Je suis son fils," précisa Riku.
Dìs cligna des yeux.
Regarda Riku. Puis Séphiroth. Puis à nouveau Riku.
"Oh. Wynne va flipper," murmura-t-elle.
"Très bien, mais emmenez Umbra avec vous," ordonna Rufus.
"Tu ne sors pas de la Tour," ajouta Séphiroth.
"Oui, oui, promis ! "
Une fois l'adolescent parti, accompagné par Dìs et Umbra, Rufus se tourna vers son frère.
"Pourquoi l'as-tu emmené ici ? "
Séphiroth s'assit sur un des fauteuils devant le bureau de Rufus. Il avait été surpris de la demande de Riku mais il comprenait. Il n'avait pas eu très envie de revoir son oncle, lui aussi.
"Père… Devait discuter avec son frère concernant le temple."
"Tu n'y es pas allé ? "
"Disons que je comprends maintenant pourquoi mon père ne voulait pas que je les rencontre."
"Pourquoi ça ? "
"Tu vois mes pires défauts ? Ça vient d'eux."
"Sauf l'entêtement, de ce que j'ai entendu, ça vient du côté Crescent."
"C'est toujours mieux qu'être un Shinra."
"Je te dirais d'aller te faire foutre, mais je sais pertinemment que tu n'as toujours pas appelé Kuja."
Helgrimr et Paine étaient déjà dans le restaurant quand Vincent arriva, Cid sur les talons. Il se dirigea vers eux, remarquant que Paine et son grand-oncle étaient tous deux penchés sur le menu et qu'elle lui expliquait les plats.
"Désolé du retard. Vous avez trouvé facilement ? " demanda Vincent en retirant sa veste.
Helgrimr se redressa, un petit sourire aux lèvres, avant de se lever. Il n'était pas habillé à la gongane cette fois, mais de vêtements modernes, un pantalon noir, une chemise rouge et une veste dont la manche avait été soigneusement taillée et cousue pour s'adapter à son bras. Paine avait repris ses habits de cuir habituel, pantalon, bottes et veste compris. Des deux, c'était elle qui faisait le plus incongru dans ce restaurant un peu huppé de la Plaque centrale.
Gast lui avait fait découvrir ce restaurant quelques mois plus tôt et il avait appelé Paine pour lui demander de les attendre là, le temps qu'ils accompagnent Zéphyr et Riku à la Tour. La cuisine était bonne et suffisamment éloignée des habitudes culinaires des Taudis pour ne pas horrifier quelqu'un d'habitué à la gastronomie gongane[3].
Encore que Hel risquait de trouver le tout un peu fade.
"Paine connaît la ville comme sa poche," déclara-t-il en serrant la main de son frère, qui lui tapota doucement le coude avant de s'asseoir.
"Ce qui est la raison pour laquelle le Docteur Bélias m'a confié Monsieur Bélias," déclara Paine en refermant le menu, gardant un doigt sur la page.
"Zéphyr et Riku ne sont pas venus ? " demanda Helgrimr avec un petit regard autour d'eux.
"Zéphyr devait rentrer à la Tour et Riku a demandé à rester avec son père pour la journée," expliqua Cid en tendant le poing à Paine qui lui tapa les phalanges des siennes. "Salut Paine."
"Bonjour, Capitaine ! "
"Je vois," répondit Helgrimr. "Ils m'en veulent ? "
Vincent hocha la tête, attrapant le menu tout en s'asseyant.
"Tu vas devoir te faire pardonner," ajouta Cid.
"J'aurais dû m'attendre à ce qu'ils soient aussi rancuniers que toi," marmonna Helgrimr à Vincent d'un ton taquin.
"Il était rancunier ? " s'étonna Cid.
"Il ne l'est plus ? " rétorqua Helgrimr sur le même ton.
"Bonjour Messieurs, Dame, avez-vous fait votre choix ? " demanda la serveuse d'un ton guilleret.
"Ah oui, hm... Paine, s'il te plait ? "
La jeune femme rouvrit le menu, désignant les plats au serveur, imitée par Vincent et Cid.
"Et une bouteille de vin rouge de Timber," ajouta Vincent.
"Je vous apporte ça Messieurs Dame."
"Merci d'avoir accepté de venir," reprit Helgrimr.
"On a du nouveau," déclara Vincent avant de jeter un rapide regard autour d'eux.
Évidemment, avec trois membres du clan Nosferatu à une table, il n'y avait aucun moyen de passer inaperçus. Non seulement Paine attirait tous les regards des hommes, plus ou moins jeunes, mais de ce qu'il entendait, deux amies d'un certain âge attablées un peu plus loin trouvaient, elles aussi, son frère à leur goût.
Et il avait, encore aurait dit Gast, une touche avec la serveuse, qui lui fit les yeux doux tout en lui faisant goûter le vin.
"J'ai tout écrit dans une lettre pour le docteur Bélias," reprit Vincent une fois la jeune femme partie.
"Oh ? Très bien donne-la-moi ? "
"Elle est déjà dans ta poche," rétorqua son frère avec un petit sourire.
Helgrimr prit une gorgée de vin et posa son verre, avant de tapoter discrètement sa poche.
"Tu as fait des progrès," finit-il par déclarer.
"J'ai continué à m'entraîner. Pas toi ? "
"Pas avec ça," rétorqua Helgrimr en levant son bras amputé. "le temps que je retrouve la même dextérité de la main gauche, j'avais développé d'autres talents plus utiles à Père."
Vincent resta silencieux, jetant un petit regard coupable au bras de son frère. Lequel le remarqua et secoua la tête.
"Ne fais pas cette tête, je fais avec maintenant."
"J'aurais dû…"
"C'est du passé. Tu as bien fait de partir. Chaos est mort et j'ai bien vécu. C'est ma meilleure revanche."
"J'aurais pu…"
"Makoto."
Vincent referma sa bouche avant de jeter un petit regard surpris à son frère.
Depuis quand Helgrimr savait faire preuve d'autant d'autorité que Gigas ?
La serveuse revint avec leurs plats, qu'elle disposa soigneusement sur la table, s'assurant que Vincent ne manquait de rien, avant de repartir à nouveau.
Helgrimr prit son assiette et la posa près de celle de son frère.
"Coupe ma viande, je te prie."
Vincent s'exécuta aussitôt. Ils avaient dû le faire souvent, Gigas, Sophia et lui, après l'accident, même si Hel n'avait pas apprécié de devoir dépendre d'eux pour sa vie quotidienne. Il y avait eu beaucoup de hurlements à ce sujet dans l'année qui avait suivi.
Beaucoup trop.
Visiblement, ça lui était passé.
"Et écoute-moi, tête de chocobo des montagnes," reprit Helgrimr en wutan, "j'ai aidé à élever deux neveux, dont l'un va me faire grand-oncle pour la troisième fois, et une petite sœur, j'ai vécu plus de vingt ans avec un homme qui m'aimait et que j'aimais, et je suis le spécialiste de plusieurs magies antiques dont celle du portail."
Vincent acheva de couper l'escalope de chocobo dans l'assiette d'Helgrimr, jetant un petit coup d'œil à son frère.
"Si je n'avais pas perdu mon bras, ma vie aurait été différente. J'aurais été différent. Mais j'aime ma vie telle qu'elle est."
Helgrimr jeta un petit regard à Cid qui les fixait sans comprendre un mot de ce qu'il disait, puis à Paine qui écoutait en se concentrant. Il haussa un sourcil et, prise en faute, la jeune journaliste afficha l'air aussi innocent que possible.
"Ne commence pas avec tes 'et si'. Profite de ta vie telle qu'elle est…" reprit il en se tournant vers son frère.
Vincent laissa échapper un petit souffle désinvolte et remit l'assiette devant Helgrimr.
"Tu te permets de me donner des conseils, maintenant ? "
"Bien sûr, je suis ton grand frère, après tout."
"Excusez-moi, Monsieur ? "
Helgrimr se tourna vers la serveuse qui lui apporta un cocktail rouge vif, le posant près de son assiette.
"Un Cosmo Canyon on the rock."
"Je… n'ai pas commandé ça, je crois," répondit Helgrimr, confus.
"En effet, Monsieur, c'est un cadeau de la part des dames de la table du fond, près de la fenêtre."
"Merci pour le repas, Hel."
"Je t'en prie. C'est courant de se faire offrir des verres comme ça dans le coin ? "
"Les Midgariens ont une conception très hédoniste de la vie."
"Et un faible pour votre famille," ajouta Cid en ricanant, "chaque fois que Vincent et Zéph sont de sortie ensemble, il y a limite des accidents de la route."
"Vous allez vous amuser quand Riku commencera à draguer," nota Paine.
"Tu t'es amusée à cet âge, toi ? " rétorqua Cid.
"Nope. Parce que Lulu faisait déjà du 95C à quatorze ans et que c'était mon job d'empêcher les lascars de Cornéo de venir flairer ses jupes de trop près."
Fort heureusement, pour Cornéo en tout cas, Vincent n'apprenait ça qu'après que le mafieux ait été contraint de quitter la ville en catastrophe à la suite de la destruction accidentelle de sa maison à Wall Market.
Tragique, vraiment.[4]
"Qui est Cornéo ? " s'enquit Helgrimr en nouant son écharpe autour de son cou avec dextérité.
"Un porc pervers proxénète," répondit Vincent.
"Oh ? "
Et heureusement, pour Cornéo encore une fois, il était déjà loin quand Helgrimr l'apprenait.
"Le message pour le docteur Bélias est assez urgent, il faut que tu lui donnes au plus vite," reprit Vincent, "ça concerne les secrets de la famille Crescent."
"Très bien, je retourne à la maison, alors, Paine, pourrais-tu te charger du matériel pour l'antenne, je te prie ? "
"Dites-moi juste ou je peux faire livrer ça," intervint Cid, "on a presque tout trouvé, un de mes hommes s'occupe de compiler un mode d'emploi clair."
"Il y a un hangar sur les docks," commença Paine tout en sortant un carnet de son sac, "je vais vous donner les codes."
Helgrimr s'écarta de quelques pas, faisant signe à son frère de le suivre dans une petite enclave entre deux façades d'immeuble.
"Ça concerne le temple ? " demanda Helgrimr en tapotant sa poche.
Vincent hocha la tête. Son frère fronça les sourcils d'un air inquiet.
"Vous repartez au combat ? "
"Bientôt. Nous devons…"
Il jeta un coup d'œil autour de lui, avant de continuer, baissant la voix.
"Golmore. Une attaque est pressentie."
La main d'Helgrimr se posa sur celle, gantée, de son frère.
"Soit très prudent, d'accord ? "
"Hel…"
"Je veux pouvoir m'excuser envers Riku et Zéphyr et être une mauvaise influence sur le petit. Je veux aussi qu'il rencontre Galian, même si ça veut dire qu'ils se ligueront contre moi, et je veux que tu viennes à la maison quand le petit troisième de Bélias sera né. S'il te plaît."
"Tu sais que si je viens pour sa naissance, Père et moi allons-nous crier dessus au bout de dix minutes."
"Ça mettra de l'ambiance ! "
"Bon, c'est résolu," déclara Cid en revenant vers eux, "vous devriez avoir tout dans le hangar ce soir."
"Parfait, merci Cid," déclara Helgrimr en lâchant son frère pour lui serrer la main.
"Je t'en prie."
"Prends soin de Makoto," ajouta Helgrimr avec un sourire taquin à son frère, "Paine, peut-on retourner au chantier de fouilles ? "
"Vite ou très vite ? " demanda la jeune femme.
"Trop vite," rétorqua Helgrimr en lui donnant le bras.
Cid et Vincent les regardèrent partir vers un petit buggy à deux places et s'y installer avant de démarrer en trombe.
"L'addiction à la vitesse, c'est de famille ? "
"Devine," répondit Vincent.
Cid tournant la tête vers Vincent, observant quelques secondes son expression mélancolique avant de reprendre, lui touchant doucement le bras du dos de la main.
"Hé, ça va aller ? "
Vincent soupira et hocha la tête.
"J'ai… J'ai juste du mal à réaliser… qu'il n'a plus mon âge."
"Vous étiez comme cul et chemise ? " demanda Cid, un petit sourire amusé aux lèvres.
Vincent secoua la tête.
"J'étais… un gamin associable."
"Surprenant," rétorqua Cid avec un petit sourire.
"J'étais encore pire," précisa Vincent avant de faire demi-tour, cherchant la gare la plus proche du regard.
Cid le suivit, sortant une cigarette de son paquet et s'aligna sur son pas, ou du moins autant qu'il put.
"Il a fallu qu'Helgrimr me piège pour que j'apprenne à lire le commun." finit par confier Vincent.
"Te piège ? "
"Il me lisait des histoires pour améliorer mon commun mais il trouvait toujours un moyen de s'arrêter avant la fin et la fois suivante, il prétendait ne pas se souvenir de quel conte il s'agissait et en commençait un autre. J'ai fini par apprendre à lire uniquement pour connaître la fin des histoires."
Cid laissa échapper un petit rire.
"C'est pour ça que tu en connais autant ? "
"Père envisageait un moment de faire de moi un érudit. Et faute d'affinité avec la science, il espérait que je prendrais la section mythes et légendes de la bibliothèque."
"Et pourquoi tu ne l'as pas fait ? Attends," coupa Cid, "tu aimais trop la bagarre c'est ça ? "
Vincent hocha la tête, un demi sourire aux lèvres.
"Et j'étais légèrement rebelle à toute tentative de m'éduquer. Il a fallu tout l'entêtement de Gigastein pour que je sois un peu instruit. Et puis, Père a décidé de m'envoyer dans la cour royale de Wutaï."
"Wutaï ? Pourquoi ? "
Vincent montra ses yeux bridés.
"Il voulait que j'espionne pour lui là-bas."
"Ça aurait marché ? "
"Vu le… racisme envers les demi-sang à l'époque, j'en doute. Ça… n'as pas eu lieu de toute façon."
"Chaos ? "
Vincent hocha la tête, son regard se perdant dans ses souvenirs.
Cid hésita.
Ils étaient dans la rue, sur la Plaque… le froid dissuadait peut-être la majorité des Midgariens de se promener, mais certains profitaient des derniers jours des congés pour prendre l'air.
Ils n'étaient pas seuls. Et autant Cid aimerait enlacer Vincent…
Il…
Il filait des coups de lattes à des squames et il n'osait même pas toucher son amant dans la rue. Il se contenta de lui cogner doucement l'épaule de la sienne et resta proche de lui, l'écoutant continuer.
"J'ai pris peur quand Chaos a… A essayé de m'estropier… Je suis parti. J'ai laissé Gigas et Hel à… la Bibliothèque."
"T'avais quel âge ? "
"Dix-sept ans. Tout juste."
Cid attrapa doucement Vincent par le bras, l'obligeant à s'arrêter et à le regarder.
"L'âge de Yuffie. Tu imagines ce qu'elle ferait dans ta situation ? "
Les yeux de Vincent flamboyèrent.
"Personne ne la touchera."
"Et toi, tu avais qui pour te protéger ? " demanda Cid, coupant court à la colère de Vincent.
Le sniper tenta de se souvenir.
Gigas tentait parfois de l'éloigner de Chaos quand il piquait une de ses colères. Et maintenant qu'il était adulte, Vincent soupçonnait qu'une partie des tâches ingrates que Gigas lui confiait (chasser les rats, récurer les plats en cuisine, aider Sophia à ranger les vieilles remises) étaient pensées pour éviter que Chaos et lui se croisent dans la journée.
Sophia avait fait de son mieux aussi, le cachant, ou prétendant ne pas l'avoir vu quand Chaos le cherchait. Mais elle n'était qu'hume et après avoir vu Chaos la secouer plus d'une fois jusqu'à l'inconscience, Vincent avait décidé de ne plus lui demander d'aide.
Dame Améthyste, la mère de Gigas, avait été présente aussi. Elle avait été la plus âgée des épouses de leur père, dirigeante de la bibliothèque en son absence, mais si Chaos n'osait pas s'attaquer directement à elle, elle était trop occupée pour intervenir à temps et ne pouvait bien souvent que soigner Vincent après coup.
Il se demandait ce qui lui était arrivé. Elle ne l'avait pas vue à la Bibliothèque lors de leur visite et s'il n'avait pas reçu de réprimande de sa part à ce moment, ça ne pouvait être que… qu'elle avait rejoint la Rivière.
Il espérait qu'elle était morte de sa belle mort, entourée de son fils, ses petit-enfants et peut-être ses arrière-petits-enfants, et que Chaos n'ait pas été impliqué.
Hel avait grandi avec Chaos depuis l'âge de cinq ans et, contrairement à Vincent, avait très vite pratiqué l'art de l'esquive et tenté d'y initier son cadet.
Ça ne lui avait appris qu'à monter des embuscades plus efficaces à Chaos.
Et après l'accident… Hel n'était sorti de sa chambre que quand Chaos dormait ou était absent.
"Personne qui puisse tenir tête à Chaos, n'est-ce pas ? " reprit Cid d'une voix basse, cherchant à croiser le regard de Vincent.
"Non."
"Alors Helgrimr a raison. Tu as bien fait de partir."
"J'aurais pu… Convaincre Gigas et Hel de venir avec moi…"
"Tu penses qu'ils auraient accepté ? "
Non. Comme les natifs des Taudis, Gigas n'aimait pas sortir à la surface, il n'y allait qu'à contre cœur et pour de brèves périodes. Et Hel…
Lire les livres conseillés par Maître Cid lui avait prendre conscience que la soudaine agressivité et les sautes d'humeur d'Helgrimr à l'époque n'étaient pas juste son frère se défoulant sur lui.
"Ils n'auraient pas quitté la bibliothèque. Quoique je dise."
"Alors tu n'aurais rien pu faire d'autre."
"J'aurais... dû leur proposer quand même."
"Helgrimr m'a dit qu'il regrettait de ne pas t'avoir protégé à l'époque."
Vincent se tourna vers Cid, incrédule.
"Que c'était lui l'ainé et que ça aurait dû être son rôle."
Ils auraient dû se protéger mutuellement.
Que ce serait-il passé s'ils avaient pu faire front contre Chaos ? Ou s'ils étaient partis tous les trois ?
Quatre. Quatre parce que Gigas n'aurait jamais laissé Sophia à la bibliothèque à la merci de Chaos.
Oh, leur père aurait été furieux, mais trois fils qui disparaissent en même temps, est-ce qu'il aurait trouvé ça louche ? Est-ce qu'il aurait fini par les croire au sujet de Chaos et de ses mauvais traitements ?
Est-ce que Vincent aurait été embrigadé dans les Turks avec deux frères aînés sur le dos ? Ou est-ce qu'ils auraient tous les trois finis à la Shinra ?
Est-ce que…
Il sentit Cid le retenir par le bras et releva les yeux.
"On est à la gare."
Ah. Il avait espéré qu'il aurait moins tendance à se plonger dans ses pensées maintenant qu'il allait mieux mais ce n'était pas encore le cas. Cid l'avait guidé jusqu'à la station pendant quelques minutes sans même qu'il s'en aperçoive. Il sentit la main de Cid le lâcher le temps d'utiliser sa carte de transport pour passer le portique et il l'imita, le rejoignant de l'autre côté et le suivant jusqu'au quai.
Le train arriva et ils s'assirent à la place que préférait généralement Vincent, dans un coin, face au reste du wagon.
Cid jetait un regard dépité au signe d'interdiction de fumer dans le train et sursauta quand il sentit la main de Vincent se refermer sur son poignet.
"Quoi qu'il arrive… il faut vraiment que... que Zéphyr, Riku et moi… parlions. Que… que ce genre de chose n'arrive pas. Plus."
"Ça s'appelle communiquer," rétorqua Cid.
"Comme ce que je dois faire avec toi ? "
Cid hocha la tête avec un petit sourire puis baissa les yeux vers leurs mains. Vincent avait remonté sa main le long de son poignet, jusqu'à pouvoir caresser sa paume de son pouce.
"Je peux ? " murmura le brun.
Il vit Cid jeter un petit regard prudent dans le wagon.
C'était… Peut être mal venu.
Trop vite.
Trop tôt.
Trop... public pour Cid.
Il desserra les doigts pour lâcher Cid, mais la prise du blond se resserra, sa main cherchant une position confortable avant de rester dans la sienne, leurs doigts entrelacés, mais avec une prise inflexible.
"Ouais."
Heureusement, leur arrêt était en bout de ligne.
Ça leur laissait le temps d'en profiter.
"Tadaima, "annonça Vincent en entrant, Cid sur les talons.
"Okaeri! " s'exclamèrent d'une même voix Yuffie, Nanaki et Riku.
"Ah, vous êtes rentrés," nota Vincent en voyant Riku assis sur le canapé avec les autres benjamins d'Avalanche, et Zéphyr qui patientait à la table, assis devant Barret et Shera, un océan de papiers entre eux.
Il y avait une carte sur laquelle quelqu'un avait écrit avec un des crayons de cire de Marlène et leur légiste était plongée dans des dossiers avec des photos assez peu ragoûtantes. En voyant Vincent approcher, elle leva le dossier, lui laissant lire les mots sur la couverture.
Attaque Besaid : 30/12/2965.
Ah, Zéphyr n'était pas arrivé les mains vides.
"Ouais ! " s'exclama son petit-fils.
"Tu as été sage ? " demanda Cid en venant ébouriffer les cheveux de Riku.
"Les secrétaires de la Tour l'ont gavé de chocolat chaud," soupira Zéphyr.
"Et elles m'ont toutes demandé si Papa et Ji-san sont célibataires."
Zéphyr semblait accablé et soupirait dans son thé.
"Si ça peut te rassurer," intervint Cid, "Helgrimr s'est fait draguer aussi. Quelqu'un lui a offert un verre au restaurant."
"Malédiction familiale," commenta Vincent en retirant sa veste.
"Ne repartez pas tout de suite, les jumeaux et Aérith arrivent, Reeve finit une réunion d'état-major à la Tour bientôt et veut voir l'équipe d'intervention."
"Que se passe-t-il ? " demanda Cid.
"Le président a une mission diplomatique pour Avalanche," répondit Zéphyr.
Vincent était à peu près sûr que ça ne faisait pas partie du contrat qu'il avait signé en arrivant et il poussa un long soupir.
"Je hais la diplomatie," soupira-t-il.
"Toutes mes excuses," rétorqua Zéphyr.
"Qu'as-tu fait ? " s'étonna son père.
"Le Général."
"Yuffie, tu peux me conseiller une méthode d'apprentissage du wutan ? " maugréa Barret en se tournant vers le canapé.
"T'en fais pas, ils font juste de l'humour."
Le père et le fils la fixèrent d'un regard impassible.
"Enfin, à leur façon," ajouta Yuffie.
Aérith arriva quelques minutes avant Reeve, flanquée des deux Strife qui veillaient sur elle comme les loups qu'ils étaient.
"Ils ne m'ont pas lâchée," soupira-t-elle avant d'aller poser son sceptre dans le vestiaire.
"Zack a même pris sa douche avec elle," ajouta Cloud avec un petit sourire qui disparut dès qu'il vit Zéphyr.
"Alors, pour commencer règle 7 de la maison," soupira Barret, "pas devant les enfants."
"Je suis plus un bébé ! " protesta Yuffie pendant que Nanaki soupirait.
"Riku a quinze ans et il y a des choses à ne pas dire devant lui."
"Au moins, je sais ce que veut dire virginal, maintenant," marmonna Riku.
"Tu ne savais pas ? " s'étonna Aérith en revenant s'asseoir, laissant Zack s'installer à côté d'elle...
"Je savais pas qu'il y avait un mot pour ça."
"Qui veille sur tes parents ? " demanda Vincent désigné volontaire pour préparer les boissons chaudes avec l'aide de Riku et Yuffie.
"Lulu et sa mère. Papa est toujours à la Tour. Tseng est venu le chercher."
Cloud hocha la tête, avant de jeter un regard méfiant à Zéphyr qui rangeait la table avec le Lieutenant.
Bon, ça n'allait pas mieux, soupira Vincent en regardant Nanaki venir chercher Cloud et l'emmener vers le canapé, le tirant par la main en prenant bien garde à ses crocs. Les jumeaux résistaient à beaucoup de blessures, mais leur peau restait celle d'un hume et les crocs de Nanaki pouvaient la percer facilement. Nanaki était encore en train de s'installer sur les genoux de Cloud quand Reeve arriva, suivit de Reno qui déclara qu'il restait fumer dans la rue.
"J'espérais un premier de l'an un peu plus calme," avoua Reeve en retirant son manteau avant d'accepter le café que Vincent lui tendait.
"Comment s'est passée la réunion d'état-major ? " demanda Barret.
"Difficile. On n'a aucune preuve concrète pour expliquer nos sources d'informations, surtout pour justifier ce qui est une ingérence dans les affaires d'un pays souverain."
"D'où la mission diplomatique que le Président nous prépare ? "demanda Vincent en s'asseyant près de Riku.
Reeve jeta un regard à Zéphyr qui s'appuyait au mur derrière eux.
"J'ai cru comprendre que mon père n'aimait pas les surprises," se justifia calmement l'ex-général.
Un chœur de "sans rire", "nooooon ? ", "vraiment ? ", "jamais remarqué," s'éleva de ses collègues réunis et Vincent envisagea brièvement de leur signifier le fond de sa pensée d'un geste clair, simple et concis, mais Barret n'apprécierait probablement pas et il devait aussi montrer le bon exemple, ne serait-ce qu'à Riku vu le nombre de fois qu'il avait déjà vu Yuffie faire le salut à un doigt.
Il s'abstint donc.
"Mission diplomatique ? " répéta Zack, horrifié, "nous ? ! "
"Laissez-moi finir mon café d'abord," supplia Reeve, "je n'ai pas eu le temps de déjeuner…"
Barret fut immédiatement debout et dans la cuisine, sortant une assiette du frigo avant de la faire réchauffer.
Et une fois Reeve abreuvé et nourri, la réunion put reprendre sur des bases plus sereines.
Enfin, autant que les nouvelles à annoncer le permettait.
"Je vais faire court, mais le Président est en train de préparer une opération conjointe avec les pays limitrophes pour essayer d'arrêter Sin avant qu'Hojo puisse débarquer à Golmore."
"Les viéras ont-ils accepté ? " s'étonna Vincent.
"C'est là qu'Avalanche intervient. Vous allez devoir contacter les viéra et négocier avec elles pour qu'elles laissent les troupes s'installer à Golmore."
"Pourquoi nous ? " s'étonna Zack.
"À cause de la réunion d'hier," répondit Zéphyr. "Vous deux, Père, Aérith, la princesse Kisaragi et moi avons été vus par Dame Jote. L'envoyée des viéra. Elle sera peut-être plus disposée à nous écouter."
"Vous allez me dire ce que c'était que cette réunion un jour ? " maugréa Jessie qui prenait des notes.
"Jessie, si je te dis : diplomatie à la Turk, tu penses à quoi ? " demanda Vincent.
"Meurtre, magouille et… ah… c'est un réseau d'information 'alternatif' ? "
"Ça marche parfois mieux que l'officiel."
"Ok, j'ai compris, je demande plus."
"Et... il y a aussi… Madame Fran ? " ajouta Zéphyr, hésitant visiblement sur le nom à donner à la viéra.
Cid poussa un long soupir en se frottant le visage tandis que Shera levait le nez des dossiers des précédentes attaques, fronçant les sourcils.
"Strahl. C'est Madame Strahl et elle a horreur qu'on l'appelle Madame," intervint Cid. "Vous voulez qu'elle parle aux autres viéra, c'est ça ? "
"Elles l'écouteront probablement mieux que nous," expliqua Reeve.
Cid se frotta le visage en maugréant et échangea un regard avec sa sœur. Laquelle haussa les épaules avant de reprendre à son tour.
"Fran ne parle jamais de Golmore et d'Eruyt. La seule raison pour laquelle on connaît le nom de son village, c'est qu'elle l'a utilisé comme patronyme en s'enrôlant."
"Je vais lui demander, mais si elle dit non, vous lui foutez la paix," déclara Cid d'un ton sans ambages.
"Cid, c'est important," objecta Barret.
"Elle est la seule viéra vivant hors de Golmore et il y a probablement une raison. Si retourner là-bas la met en danger, elle restera à Midgar."
Reeve échangea un regard avec Barret, puis avec le Général, debout près de la chaise de son père.
"Très bien," concéda-t-il.
Restait à voir s'ils seraient moins têtus concernant le dernier point qu'il fallait aborder.
"Ensuite," reprit Reeve, "le Président a demandé que le Général intègre Avalanche."
Le silence retomba.
Bon, personne n'avait hurlé de rage ou d'outrage, comme l'avait craint Reeve. Peut-être que le combat qu'ils avaient mené aux côtés de Séphiroth et les semaines passées à le voir s'incruster les avait…
"Non."
Ou pas.
"Cloud," commença Reeve.
"S'il veut se battre, il n'a qu'à rejoindre les SOLDATs," déclara Cloud sans se lever de sa place sur le canapé près de Red, "il est leur général après tout."
"Je ne peux pas," rétorqua Séphiroth, "même avec les cheveux teints, quelqu'un finira par me reconnaître si je réintègre officiellement mes fonctions."
"Avec tous les journaleux qu'on se traine, y'a le même risque," contra Cloud.
"Ils pensent tous que c'est le frère de Makoto," objecta Yuffie, "c'est moins évident…"
"Cloud, écoute..." commença Vincent.
"Il n'a pas sa place ici," coupa Cloud.
"Je pensais que c'était la place de tous ceux qui voulaient tuer Hojo pour raison personnelle ? " rétorqua Séphiroth en se tournant vers le Strife blond.
"Tu es une des raisons personnelles," rétorqua Cloud en se levant, approchant de Séphiroth.
Vincent et Zack échangèrent un regard et furent tous deux immédiatement sur leurs pieds, tentant de s'interposer entre eux.
"Cloud, Cloud, du calme," demanda Zack en le retenant d'un bras autour des épaules.
"Je ne le veux pas ici ! " gronda Cloud en maduin.
Vincent serra les dents. C'était rare quand les jumeaux parlaient maduin entre eux, contrairement à Yuffie et lui qui passaient dans leur langue natale à la moindre occasion, parfois juste pour se passer le sel, au grand agacement de Barret.
"Je sais, je sais," rétorqua Zack, "mais…"
"Zéphyr, s'il te plait, recule," murmura Vincent, levant la main pour la poser sur le torse de son fils.
"Il a tué Tifa ! " s'exclama Cloud en essayant de passer sous le bras de son frère pour se dégager.
"Mademoiselle Lockhart ? " reprit Séphiroth, reconnaissant le prénom.
Vincent entendit Barret se lever précipitamment, mais il était déjà en mouvement, s'interposant entre les deux augmentés, profitant de sa taille pour empêcher Cloud d'attraper Zéphyr pendant que Zack le retenait par la taille.
"Calme-toi, Cloud," tenta-t-il avant de grimacer quand le petit blond le percuta de l'épaule.
Il sentit quelqu'un l'attraper par le bras et le soulever sommairement.
Ça faisait bien des décennies, même sans compter Nibelheim, qu'il n'avait pas été porté. La dernière fois qu'il s'en souvenait c'était quand… quand Gigas l'avait emporté à l'abri après que Chaos lui ait brisé la jambe.
Il lui fallut quelques secondes de lutte paniquée pour réaliser que son fils l'avait tout bonnement pris à bras le corps pour le mettre hors de portée de Cloud.
"Zéphyr ? "
Comme lors de leur première rencontre, à la Tour Shinra, son fils et Cloud auraient été nez à nez s'il n'y avait pas vingt-six centimètres de différences entre eux. Cloud avait une main sur le revers de veste de Zéphyr et l'autre se tenait prête à lui exploser les gencives, du moins si Zack n'était pas actuellement en train de tenter de la retenir de toutes ses forces.
"Je…" commença Séphiroth sans lâcher son père.
Vincent se tortilla pour voir le reste de l'équipe. Barret avait approché, se tenant prêt à intervenir. Cid et Shera s'interposaient entre la bagarre et Reeve. Biggs et Wedge faisaient de même avec Jessie, mais le plus étonnant, ce fut de voir Yuffie et Aérith retenir Riku chacune par un bras, l'empêchant de se jeter au cœur de l'altercation.
Pour aider qui, c'était une question que l'adolescent était visiblement en train de se poser.
"Que… tout le monde… se calme," demanda Vincent d'une voix aussi assurée qu'il put.
"Je t'interdis de dire son nom ! " s'exclama Cloud.
"Je suis désolé," commença Séphiroth.
Cela surpris suffisamment Cloud pour que Zack parvienne à tirer son frère en arrière et que Nanaki se glisse entre ses jambes pour l'empêcher d'avancer.
Séphiroth hésita à nouveau, cherchant ses mots.
"Tu l'as tuée ! " l'accusa Cloud.
"Je SAIS," rétorqua durement Séphiroth, faisant sursauter les deux frères Strife.
Vincent serra sa main sur le bras qui le retenait toujours.
"Zéphyr, calme-toi."
"J'ai été... la marionnette d'Hojo pendant des années, il m'a utilisé pour ses crimes, et je le lui ferais payer. Mais je n'en ai aucun souvenir. Qu'il s'agisse de Winhill, de Besaid, du secteur 7… de Mademoiselle Lockhart. Je ne me souviens de rien. "
Il baissa les yeux sur Cloud, croisant son regard.
"Je pensais que tu comprendrais, Strife," reprit-il, "après tout, tu as failli lui livrer mon fils."
"Zéphyr, non," murmura Vincent.
Pendant quelques secondes, il crut que Cloud allait à nouveau essayer de frapper Zéphyr.
Mais le petit blond serra les dents et se dégagea d'un coup d'épaule pour se diriger vers la porte.
"Faites ce que vous voulez, j'ai besoin de prendre l'air ! "
"Cloud ! Tête de nuage, reviens ! " lança Zack en lui emboîtant le pas.
"Hé, vous ne sortez pas seuls ! " protesta Barret.
"Je vais avec eux ! " s'exclama Nanaki, pendant que les jumeaux enfilaient leurs bottes et leurs blousons.
"Cloud, attends ! " ajouta Aérith d'une voix tendue avant de les suivre vers le garage.
Le silence retomba, brisé par le raclement de gorge de Reeve.
"Je crois qu'on en reparlera quand il sera calmé," déclara diplomatiquement le directeur, "Général, je ne pensais jamais dire ça un jour, mais pourriez-vous poser notre sniper ? "
Séphiroth cligna des yeux. Et réalisa qu'il tenait toujours son père sous son bras.
"Oh, pardon."
"Ça lui apprendras ce que ça fait de se faire soulever comme une poupée de chiffon ! " lança Yuffie de l'autre bout de la pièce.
Riku semblait calmé, alternant entre regarder sa famille et la porte par laquelle les jumeaux avaient disparu avec Aérith et Nanaki. Vincent lui adressa un petit signe de tête avant de se tourner vers son fils, s'assurant qu'il n'avait pas été blessé.
Son col et sa manche étaient déchirés, mais il n'avait rien de pire que ce que les jumeaux se faisaient en chahutant dans la cour.
"Tout va bien ? "
"Oui. Et vous ? "
Vincent hocha la tête, puis la tourna vers Barret qui approchait.
"Donc, vous nous rejoignez, Général," commença Barret.
"Oui, Lieutenant. Mais... Je ne suis plus Général. Je serais votre subordonné."
"Vous m'obéirez ? "
"Oui, Lieutenant."
"Mieux que pendant l'attaque de Midgar ? "
"Je… ferais de mon mieux."
Le lieutenant lui jeta un regard pas convaincu.
"Jessie, envoie-moi son dossier militaire sur ma tablette."
"Oh, tu vas adorer," déclara Jessie.
"Je vais aller parler aux jumeaux," reprit Barret, "en attendant, préparez-vous tous, on risque de partir d'un moment à l'autre. Cid, contacte l'aérodrome."
"Je m'en charge."
"Et je viens," déclara Shera avant de passer en Burmécien pour se chamailler avec son frère sans même reprendre son souffle.
"Yuffie, sors tes armes, qu'on les affûte avant notre départ," ajouta Vincent.
"Je vais préparer mon sac ! " s'exclama Riku.
Les trois adultes échangèrent un regard avant de se tourner vers lui.
"Quoi ? " Marmonna l'adolescent.
[1] Euh, si vous espérez une histoire dans laquelle les héros ont la main haute niveau grandeur d'âme et miséricorde, c'est pas la bonne fic.
[2] Oui, Fran et Ifalna se connaissent. Pour savoir comment elles se sont rencontrées, vous pouvez lire Boules de Neige 36 : Des Choux et des roses
[3] Autrement dit : Des curry, des koftes, des boreks, et un grand choix de légumes ou feuilles farcies à tout et n'importe quoi. Non, pas de touche-moi. Il y a toujours une chance que le touche-moi en question soit un être pensant enchanté.
[4] Et il se pourrait que Vincent, Zéph, Yuffie et Djidane aient peut-être été mêlés à ça. Lisez Boules de Neige chapitre 37 : Il faut sauver la ruche
