Chapitre 61 : Attente à petit feu

Résumé :
Malgré la disparition des squames, les négociations entre Avalanche et les viéra n'avancent pas.
Et même si une partie des renforts arrive enfin à Golmore, Séphiroth ne peut s'empêcher d'être gagné par la trépidation ambiante.
Quelque chose approche.
Mais quoi ?
Et est-ce qu'ils seront prêts à l'affronter ?

Personnages :
Team Avalanche, Team SOLDAT, Team Haut Vent, Bunnies OC

Tags supplémentaires :
Séphiroth a le kokoro qui gonfle, et ça le gonfle, Riku est le digne fils de son père et petit-fils de son grand-père, Reno en a sa claque de cette famille, Fran VS Jote, charcutage de monstres, crémation, feux de forêt, Barret aime sa famille d'adoption mais ils le rendent dingue, violence envers un viéra, il s'en remettra.


Les SOLDATs arrivèrent dès le lendemain matin.
Leur Blackjack était moins chargé que celui des troupes et put donc les devancer, le temps de sécuriser la zone et retrouver Avalanche. Barret les attendit près du point d'attache du Haut Vent, sur la péninsule, accompagné de Yuffie.
"Lieutenant," salua Basch. "Princesse."
"Capitaine, content de vous voir."
Basch fronça les sourcils en lui serrant la main. Le lieutenant semblait fatigué et sentait légèrement la cendre, une odeur qui ne l'aurait pas surpris chez Cid, mais il était à peu près certain que le lieutenant Wallace ne fumait pas.
"Tout va bien ? "
"La nuit a été longue," expliqua le Lieutenant en reprenant sa main pour se frotter le visage, "venez, je vais vous expliquer."
"Lieutenant York Azelas, vous êtes en charge," ordonna Basch.
"Oui, Capitaine," répondit Vossler avant de grimacer comme des sifflements venaient du pont du Haut Vent.
"Oh, hey, Vossler ! " s'exclama Balthier.
"Toujours hétéro ? " lança Edgar.
Laissant Vossler aux prises avec sa némésis, Basch suivit le lieutenant et la princesse, qui semblait étonnamment calme, contrairement à son habitude.
"A trois heures ce matin, les jumeaux et Hamasaki ont remarqué une anomalie," reprit le lieutenant en les guidant vers la forêt impressionnante plantée au milieu de l'île, "le cadavre d'une squame, abattue et exposée par les viéra deux jours plus tôt, a disparu."
"C'est préoccupant," admit Basch.
"J'ai envoyé Hamasaki, Valentine et… Hu… Strahl, pour enquêter et prévenir les viéra du danger potentiel."
L'odeur de cendre et de brûlé se fit plus intense et Basch retint le réflexe de froncer le nez, mais son origine s'expliqua rapidement.
A une distance raisonnable de la forêt, un bûcher s'élevait, brûlant encore un cadavre que, malgré l'assaut des flammes, Basch reconnu comme étant un moissonneur. Shera était penchée sur un autre cadavre, un cœurl cette fois, prenant des notes et des photos. Elle se releva, épousseta les genoux de son treillis et fit un signe à Zack et Cloud. Les deux Strife attrapèrent chacun le monstre par une patte et le portèrent jusqu'au bûcher, le laissant tomber dans les flammes avec ce qui ressemblait à du soulagement. A quelques mètres de là, dos au bûcher, la viéra du Haut Vent était assise en tailleur, le lion de Cosmo endormi sur les genoux et fixait la forêt, ses longues oreilles frémissantes.
"Docteur Highwind-Mist," salua Basch.
"Capitaine," répondit Shera avec un salut impeccable.
"Du changement ? " demanda Barret.
Shera jeta un coup d'œil à ses notes avant de répondre.
"Les viéra ont déclaré avoir abattu six moissonneurs il y a trois jours. Sur les six, trois étaient manquantes, une a été dévorée par un cœurl qui a lui aussi été abattu. Les viéra disent qu'il était devenu comme enragé, je pense que la chair de squame l'a empoisonné."
"Les deux autres ? "
"Celle-ci a été trouvée au sud de la forêt," expliqua Shera en désignant le moissonneur qui flambait allègrement, "Fran l'a identifiée comme étant celle qui nous manquait ici. Ils cherchent encore la dernière."
"Bienheureuse ? "
Shera hocha la tête gravement.
"Il n'y avait plus d'activité cérébrale depuis un moment, elle commençait à se décomposer. J'ai utilisé le kit que m'a donné le professeur Falmis pour détecter des cellules J."
"Et ? "
"Elle en avait. Peu mais elle en avait."
"Je croyais qu'Hojo ne les injectait pas aux squames de base ? " s'étonna Basch.
"En effet. Il y a… un aspect des cellules J qui est encore théorique," commença prudemment Shera en cherchant ses mots.
"C'est-à-dire ? "
"Apparemment, les Remnants seraient capables de voir et entendre tout ce que l'un d'entre eux perçoit par l'entremise des cellules J."
Basch resta silencieux quelques instants, assimilant l'information.
"C'est… ce que Olmur nous a injecté ? "
Shera hocha gravement la tête d'un air compatissant.
Basch gardait une certaine amertume sur ces affaires. Grim avait été un SOLDAT apprécié par ses pairs et malgré sa tendance à courir tous les jupons ou les caleçons qui passaient sous son nez, Basch avait envisagé de lui faire gravir les échelons plus vite, afin de pallier toutes les pertes au sein de leur organisation.
Il se félicitait maintenant d'avoir respecté la procédure. Qui sait quels dégâts Hojo aurait pu commettre en ayant accès à des informations encore plus sensibles ?
"Donc, il aurait envoyé les moissonneurs avec des cellules J pour repérer le temple."
"J'espère que je me trompe, mais je ne vois pas pourquoi les moissonneurs auraient continué à tenter d'entrer dans la forêt sinon." continua Shera.
"Valentine pense que Hojo attendait le bon moment pour frapper Golmore à nouveau," expliqua Barret, "mais notre arrivée a dû compromettre son plan et il l'a déclenché plus tôt."
"S'il panique, c'est peut-être une bonne…"
Basch sursauta en voyant la forêt s'ouvrir soudain.
"On s'y habitue," déclara la Princesse en lui tapotant le bras.
"Les viéra ont dû trouver le dernier, allons voir," ordonna Barret.
Fran était en train de se relever quand ils passèrent près d'elle, posant délicatement la tête de Nanaki au sol pour ne pas le réveiller. Elle leur emboîta le pas en silence, adressant un petit salut à Basch. Elle semblait fatiguée, avec des cernes sous les yeux, et Barret lui jeta un petit regard inquiet.
"Dès qu'ils ont la dernière squame, tu files te coucher."
"Oui, Lieutenant," répondit-t-elle avant de s'arrêter, au moment où sa sœur sortait de la forêt, suivie de plusieurs viéra mâles qui transportait le cadavre d'un moissonneur.
Basch dû réprimer un haut le cœur sur leur passage. Visiblement, Hojo n'avait pas réanimé les squames aussi proprement que les bienheureux humains et il sentait l'odeur de putréfaction de la squame à plusieurs mètres de là. La viéra de tête s'arrêta devant le lieutenant mais tourna la tête vers Basch, le fixant en silence.
"Dame Jote," commença le Lieutenant, "je vous présente le Capitaine Basch Von Rosenberg. Il est l'un des chefs de l'armée Shinra."
La viéra inclina légèrement la tête et Basch l'imita.
"Capitaine, voici Dame Jote, elle est la représentante des viéra."
"Très honoré, Dame Jote."
"Nous vous amenons la dernière squame," déclara la viéra.
Bon, heureusement que Basch avait déjà rencontré Fran et été confronté à ses manières un peu brusques. Il savait à quoi s'attendre.
"Merci, Dame Jote, où l'avez-vous trouvée ? " demanda Barret pendant que les viéra déposaient le cadavre à distance du feu avant de s'éloigner, jetant des regards méfiants au brasier.
"Près du temple. Nous l'avons abattu avant qu'elle traverse les douves"
"Kso ! " s'exclama la Princesse avant de plaquer sa main sur sa bouche.
"Langage," la morigéna Basch par réflexe.
Elle lui jeta un regard trahi.
"Dame Jote," reprit Barret, "je vous conjure de faire attention. Si la squame est arrivée jusque-là, Hojo…"
"J'ai renforcé la garde autour du temple. Les forestiers sont tous rassemblés là-bas. Votre nécromancien ne pourra pas approcher."
Barret soupira et se frotta la nuque de sa main de chair avant de fouiller ses poches, sortant un module de communication de secours. Il le régla rapidement, vérifia son état de marche et le tendit à la viéra devant lui.
"Tenez."
La viéra baissa les yeux sur l'oreillette.
"Si jamais vous devez nous contacter, utilisez ça."
"Les viéra n'ont pas besoin de votre aide."
"Jote," commença doucement Fran.
"N'intervient pas."
"Jote, écoute. Prends ce… communicateur. Je préfèrerais qu'il ne serve pas, mais au pire, tu l'auras si…"
"Je n'ai pas besoin de ton avis. Tu ferais mieux de retourner auprès de tous ces mâles qui empestent sur toi."
"La colère empoisonne ton esprit, ma sœur."
"Tu n'es plus ma sœur."
"Alors fait le pour celle qui te reste," cingla Fran, s'attirant un regard surpris des humains.
Jote dévisagea Fran longuement avant de détourner le regard et prendre délicatement le module dans la main de Barret.
"Quelle matéria dois-je utiliser ? "
"Pas besoin. Vous appuyez juste sur ce bouton et parlez. Si vous l'approchez de votre oreille, vous nous entendrez répondre."
La viéra hocha la tête sèchement puis salua Barret avant de faire demi-tour et se diriger vers la forêt. Les mâles commencèrent à la suivre, sauf un qui approcha Fran d'assez près pour la flairer avant de déclarer quelque chose.
Il poussa un couinement de douleur qui fit sursauter ses congénères quand Fran lui attrapa les couilles d'une main et serra.
"Arjm ! " tonna un des mâles.
"Franwë ! " s'exclama Jote sur le même ton.
Fran lâcha le jeune viéra qui boita piteusement vers les siens, s'attirant une baffe entre les deux oreilles de la part d'un mâle plus âgé. Sans un mot supplémentaire, les viéra repartirent, laissant la forêt se refermer sur eux.
"Qu'est-ce qu'il a dit ? " s'enquit Barret d'un ton sombre.
"Rien que Yuffie puisse entendre," rétorqua Fran, "je vous présente mes excuses pour cet incident."
"Fran, qu'est-ce qu'il a dit ? " répéta Shera.
Shera avait visiblement plus d'autorité que Barret et Cid réunis. La viéra inspira, ses narines frémissantes de colère avant d'arriver à répondre.
"Il proposait… de me féconder plus efficacement que les humains avec qui je couche."
Cette fois, ce fut Barret qui inspira et souffla longuement pour se calmer.
"A partir de maintenant, tu ne viens plus sans être accompagnée par un augmenté."
"Lieutenant…"
"Tu es sous ma responsabilité tant que nous serons à Golmore et je ne te mettrais pas en danger. Compris ? "
"Oui, Lieutenant."
"Maintenant, va te coucher, tu as fait plus que ta part. Yuffie, tu vas avec elle, tu ne restes pas seule ici."
"Ok," marmonna Yuffie avant de rejoindre Fran, se pendant à son bras pour réclamer qu'elle lui enseigne la technique ancestrale du brisage de noix.
"Si vous avez besoin, je peux assigner un SOLDAT à la protection de Fran," proposa Basch.
"Merci Capitaine," répondit Shera, "mais dès que mon frère apprendra ça, il ne la lâchera du regard que pour la laisser aller aux toilettes."


Séphiroth se réveilla.
Il tâtonna à la recherche de son PHS et loucha sur l'heure tout en fronçant les sourcils.
Trois heures de sommeil.
Ce n'était pas son pire, Wutaï avait été éprouvant sur son rythme de sommeil et Hojo avait souvent mesuré ses capacités à divers états de fatigue. Mais laissé seul et tranquille, il pouvait facilement dormir le double si…
Il dressa l'oreille en entendant une porte s'ouvrir dans les sanitaires de l'autre côté du mur, puis la voix de Balthier accueillir Fran dans leur cabine.
Fran était enfin revenue de l'orée du bois. Ce devait être ça qui l'avait réveillé. Il reposa son téléphone près de son oreiller et pesa longuement le pour ou le contre d'essayer de se rendormir.
On décida pour lui.
Quelqu'un tambourina sur la porte du plat de la main.
"Debout Ko-Shogun ! " fit la voix de Vossler.
Séphiroth s'assit sur son lit ou ce qui en tenait lieu avant d'aller ouvrir la porte de sa cabine. Ses deux amis se tenaient de l'autre côté de la porte et Basch roula des yeux en voyant que Séphiroth n'avait toujours pas assimilé le concept de pudeur.
Au moins, il portait maintenant des sous-vêtements au lit. Ça avait été un des combats les plus longs que Basch avait mené contre les mauvaises habitudes de son protégé.
"Toujours pas de pyjama ? " s'enquit Basch.
"Pas assez froid pour ça," rétorqua Séphiroth. "Vous êtes là depuis longtemps ? "
"Une petite heure, le temps d'atterrir et se tenir au courant de ce qui se passe."
"Les dernières squames ont été trouvées ? " demanda Zéphyr en rabattant ses cheveux en arrière.
"Oui, tout juste et…"
"Oh, bonjouuuuuur Zéphyr ! " lança Edgar en passant, le matant sans complexe.
"Je vais mettre un pantalon," soupira Séphiroth en retournant dans sa cabine.
"Pourquoi tu dors par terre ? " s'étonna le chef-mécanicien en jetant un coup d'œil par la porte et voyant la couverture et l'oreiller au sol à côté de la couchette.
"Le lit est trop petit…"
"Rah, merde j'y pensais pas, fallait nous le dire, on va t'arranger ça, MUS... heu, GIP ! Tu me files un coup de main ? "
"Un coup de pied au cul même si tu veux ! " s'exclama Gip de sa cabine.
"Ils sont toujours comme ça," déclara Séphiroth en achevant de s'habiller, mettant son tee-shirt.
"On repart vite," reprit Basch, "on prend le relais pour faire le tour de la forêt, profitez-en pour vous reposer."
"Est-ce que je peux aider ? "
"Le Lieutenant nous as dit que vous avez passé la nuit à monter la garde et brûler des squames," rétorqua Basch, "reposez-vous tous, on ne sait pas quand est ce qu'on aura à nouveau l'occasion."
"Toujours être reposé et alerte pour mieux se battre," récita Séphiroth par réflexe. "Tu sais que je ne suis plus un enfant ? "
"Oui. Joyeux anniversaire à ce sujet," reprit Basch avec un petit sourire.
"Comment sais-tu…"
La porte de la cabine du capitaine s'ouvrit et se referma et par réflexe, Séphiroth jeta un regard dans sa direction. Son père sortait, achevant de s'attacher les cheveux.
"Tu leur a dit," accusa Séphiroth.
"Il se peut," répondit Vincent, "bonjour Capitaine. Lieutenant."
"Bonjour Valentine."
"Je peux savoir ce que tu faisais dans la cabine du Capitaine, Valentine ? " s'enquit Vossler.
Vincent eut un demi-sourire énigmatique en approchant. Les deux SOLDATs froncèrent le nez et décidèrent qu'ils en savaient déjà trop en reconnaissant les odeurs sur lui.
"Hé ! Zéphyr ! " s'exclama Gippal en sortant de sa cabine avec Edgar, "on va avoir besoin de ta force, faut qu'on sorte un matelas de la réserve."
Séphiroth hésita, jetant un petit regard à Basch qui hocha la tête.
"On discutera plus longuement une autre fois, il y aura une réunion d'état-major dès que les renforts seront tous là. Vas-y."
"Très bien. A plus tard."
Séphiroth commença à sortir de sa cabine, mais se ravisa et attrapa ses bottes, les enfilant rapidement avant de suivre les deux mécaniciens dans les escaliers du Haut Vent.
"Décidément, Zéphyr et les godasses," ricana Vossler.
"S'il les oublie, c'est qu'il se sent à l'aise ici," déclara Basch.
Vincent pencha la tête sur le côté, intrigué.
"C'est une habitude ? "
"Zéphyr a Wutai était pratiquement un nudiste et marchait pieds nus si on ne lui rappelait pas de mettre des chaussures," expliqua Vossler.
"J'ai fait de mon mieux pour lui inculquer les notions de pudeur et de sécurité," soupira Basch.
Ah, ce qui rappelait à Vincent quelque chose qu'il aurait dû faire depuis un moment.
"Capitaine Von Ronsenburg ? "
Le capitaine tourna la tête vers lui, attendant la suite.
Et eut la surprise de voir Vincent s'incliner devant lui.
"Je vous remercie d'avoir pris soin de Zéphyr et d'avoir été un père pour lui," déclara très formellement Vincent avant de se redresser.
Le SOLDAT fut visiblement embarrassé par les remerciements formels, tout comme Vossler l'avait été au jour du feu. Il répondit d'un hochement de tête avant d'essayer de se justifier.
"Valentine… Je... je n'ai que quelques années de plus que Zéphyr. Je peux difficilement être considéré comme son père…"
Vincent se demandait un peu ce que ça pouvait dire à son sujet. Il secoua doucement la tête.
"Pas pour moi, je suis maduin."
Il laissa échapper un sourire aux réactions diamétralement opposées de Vossler et Basch. Le blond semblait moitié offensé, moitié embarrassé que Vincent utilise ce qu'il voyait comme une insulte raciale pour se définir tandis que Vossler, en tant que natif de Centra, hochait la tête d'un air entendu.
"Enfin… métis vous voulez…" commença le capitaine.
"Les deux. Sang-mêlé et vagabond de Centra."
"Je ne comprends pas," admit Basch.
Vossler lui tapota l'épaule d'un geste rassurant.
"Je t'expliquerais plus en détail quand on sera sur le Blackjack, " déclara-t-il, "mais pour simplifier, les maduin considèrent comme normal le fait d'avoir plusieurs parents. Biologique, adoptif, ou mentor, ça compte autant pour eux."
"Et pour moi, vous êtes digne du nom de père de Zéphyr," ajouta Vincent.
Le capitaine hocha lentement la tête, essayant d'assimiler le concept. Il regarda longuement Vincent, semblant hésiter avant d'hocher la tête et s'incliner à son tour.
"Je tacherais… d'en être digne."


Séphiroth croisa Basch et Vossler en remontant avec le matelas et les mécaniciens. Basch semblait pensif et lui adressa un petit sourire en passant, avant de réitérer la promesse de se revoir après la réunion d'état-major.
Rester dans sa cabine quand Edgar et Gippal achevaient de démonter la couchette était impossible, il prenait déjà toute la place seul, alors avec deux autres hommes adultes en plus…
Surtout quand ceux-ci se disputaient sur la suprématie des Midgar Slum Fish sur les Al Behd Psyches. Ou inversement.
La partie des dortoirs fut de toute façon très vite inhospitalière quand Fran et Balthier mirent beaucoup d'enthousiasme à se retrouver après des quarts de repos et de gardes désynchronisés.
Séphiroth se contenta donc de ramasser ses affaires, les fourrer dans son sac et décida d'aller piller les réserves de la cuisine.
Il croisa son père en chemin qui sortait de la cambuse, une assiette de sandwiches dans une main et deux tasses dans l'autre.
"Il y a du thé et du café frais," indiqua-t-il, "et des sandwiches au chocobo[1]."
Ce qui était le minimum vital pour commencer une journée. Surtout le thé.
Il regarda son père s'éloigner en direction du poste de pilotage, probablement à la recherche de Cid.
Comment faisait-il pour rester aussi calme alors qu'il bouillonnait à l'intérieur ? Séphiroth prit quelques secondes à tenter de monter la barrière de sacre pour se protéger, sans vraiment y parvenir. Il allait probablement devoir s'entraîner encore avec Aérith.
Aérith qui était justement dans la cambuse, en train de préparer une casserole de… quelque chose. Ça sentait la viande, le mimett, mais étonnamment, Séphiroth ne trouva aucun épice dans les effluves qui lui parvenaient.
"Est-ce que ça va ? " demanda-t-elle quand son cousin entra en se frottant le visage d'une main...
"Hm," répondit Séphiroth, "mal dormi. Tu n'es pas de quart à l'infirmerie ? "
"J'y vais dès que j'ai mangé et préparé le repas de Nanaki," répondit Aérith.
Ah, si c'était la nourriture pour le lion de cosmo, tout s'expliquait. Il se servit en thé tout en la regardant vider la casserole dans un grand plat, avant de commencer à faire chauffer un bol de soupe.
Ils étaient seuls dans la pièce, la porte était fermée et il n'entendait pas le moindre micro grésiller...
Séphiroth s'assit et but une gorgée de thé, regrettant de ne pas avoir les biscuits d'Elmyra pour l'accompagner. Il observa Aérith se servir un bol de soupe, accompagné des sandwichs que l'équipage du Haut Vent faisaient au kilo dès qu'ils étaient de corvée de tambouille. Il se décida à reprendre la parole quand elle s'assit à la table.
"Aérith ? "
"Oui ? "
"Les… prémonitions… que vous avez, Ifalna, Riku et toi, qu'est-ce que c'est ? "
Aérith haussa les épaules avant de porter sa tasse de soupe à ses lèvres, réfléchissant à sa réponse.
"Je ne suis pas sûre. Ce ne sont pas des prédictions en tout cas."
"Vraiment ? "
"Ce sont plus des impressions, des sensations, que quelque chose de précis. Plus ça nous concerne directement, plus c'est puissant."
Séphiroth fronça doucement les sourcils, observant le fond de sa tasse à travers son thé. À Wutaï, les autres SOLDATs avaient souvent plaisanté sur la capacité de Séphiroth à voir venir les ennemis longtemps avant eux, mais ça avait été mis sur le compte de ses augmentations mako plus prononcées.
Et il avait lui-même toujours cru que c'était le cas. À quel point le sacre avait-il été assourdi en lui à l'époque ?
Il releva la tête quand Aérith continua, agitant le sandwich qu'elle tenait à la main.
"Personnellement, je pense que nous percevons inconsciemment une décision ou une émotion force qui nous concerne. Un ennemi qui nous voudrait du mal par exemple."
Séphiroth garda le silence quelques secondes puis changea sa tasse de main, la tendant à Aérith. Surprise, la jeune femme mit quelques secondes à obtempérer et lui donner la sienne...
Elle avait vraiment de petites mains, réalisa Séphiroth en refermant ses doigts sur les siens. Aérith fronça les sourcils, levant les yeux pour jeter un regard à la porte bien fermée avant de reprendre.
"Tu es inquiet."
Il commençait à reconnaître certaines émotions maintenant. L'inquiétude d'Aérith avait les mêmes accents que celle de son père. Quelque chose de… pointu ? Comme un clou qui s'enfoncerait peu à peu sous la peau. Comme…
Une aiguille.
Il frissonna mais ne lâcha pas la petite main dans la sienne, l'emprisonnant juste un peu plus.
"Toi aussi. Quelque chose de grave va arriver ? "
"Quelque chose d'important en tout cas. Je l'ai senti quand… a la mort du Président Shinra et tout ce qui s'est passé à ce moment-là."
"Mon arrivée ? "
Elle hocha la tête.
"Donc ça n'est pas… forcément négatif."
"Ça l'a été pour le président," marmonna Aérith, "en tout cas, c'est quelque chose qui va changer brutalement pour nous."
"Soit prudente," souffla doucement Séphiroth.
Elle lui serra les doigts et la fraîcheur de sacre remonta le long de son bras, douce et apaisante.
"De nous deux, c'est toi qui risques le plus de faire face à une squame," rétorqua Aérith avec un sourire.
"Ce n'est pas ce que m'a dit Makoto."
Il écopa d'une tape sur le biceps.


"Je déteste cette ville," grommela Fratley.
"Moi aussi," répondit Freya en comparant le plan qu'elle tenait à leur environnement.
"Comment Siddhe et Shiera peuvent vivre ici ? On ne voit même pas le ciel…"
"C'est ici," coupa Freya, fourrant le plan dans la poche de sa cape avant de désigner la maison des Falmis.
Les deux dragoons contemplèrent la petite maison avec surprise, notant sa peinture un peu passée, les réparations apparentes, les chemins de terre tout autour.
"Les cetra vivent ici ? " s'étonna Fratley, "ça semble…"
"GAMIN, BORDEL ! SORS DE TA CACHETTE ! "
Les deux dragoons se tournèrent vers le jeune homme roux en costume noir qui s'époumonait au centre du jardin. D'autres personnes s'agitaient dans l'enclosure, cherchant visiblement le gamin en question, autant des jeunes gens en costume que d'autres en jean et pull ou en costumes traditionnels.
"Comment fait-il ? " s'étonna à voix haute une jeune femme aux cheveux drapés dans un foulard, baissant les bras d'un geste exaspéré vers le sol.
"Il ne peut pas être loin," grommela un jeune terran, accroupi près des pilotis de la maison, cherchant du regard dessous.
"Ils sont beaux les gardes du corps de la Shinra," renchérit une jeune wutane avec un regard noir à Reno et aux turks.
Reno se tourna vers elle en brandissant sa matraque d'un geste enragé.
"Dis donc, poulette, tu l'as perdu du regard toi aussi ! "
"Comment viens-tu de m'appeler ? " siffla la wutane.
"Hé, hé ! " protesta un homme d'une taille fort respectable en s'interposant entre eux, "on se calme, je vous rappelle que Dame Falmis nous as interdit de nous battre."
La porte de la maison s'ouvrit et Ifalna sortit en s'essuyant les mains sur un torchon, jetant un regard intrigué aux gardes du corps qui se firent soudain très petits.
"Que se passe-t-il, pourquoi criez-vous comme ça ? "
"Les shinra ont perdu Messire Makani," accusa la wutane.
"Eux aussi ! " protesta Reno en la désignant.
"Nous sommes désolés ! " S'exclama un gongan aux cheveux ornés de plumes de quetzalcóatl, "il était en train de lire derrière la maison et tout d'un coup…"
"Il n'est pas loin et il est calme," déclara Ifalna, "il n'est probablement pas en danger."
Elle vit Freya et Fratley qui assistaient à la scène, médusés, Fratley ne comprenant qu'un mot sur deux avec la multitude d'accents qui saupoudrait le commun. Elle leur sourit et descendit du porche pour approcher, glissant son torchon au creux de son bras pour tendre la main à Freya.
"Bonjour ? "
"Bonjour," répondit Freya en la lui serrant délicatement, prenant garde à son gantelet, "êtes-vous Dame Crescent ? "
Ifalna soupira mais hocha la tête avec un petit sourire.
"Je préfère être appelée Madame Falmis."
"Je vous prie de m'excuser," continua Freya. "Nous sommes envoyés par Burmécia."
"Vous faisiez quoi ? " interrompit le terran, "ça fait des jours qu'on est là, nous ! "
"On enfilait des perles," rétorqua la dragoon, provoquant les rires des autres gardes du corps, "ça et les öldungar n'arrivaient pas à se décider qui aurait l'honneur de venir veiller sur Dame Falmis."
"Quel est votre nom ? " demanda Ifalna, visiblement amusée.
"Voici Fratley Járnhala, je suis Freya Haifin."
"Bienvenue à Midgar à vous deux. Avez-vous un logement ? "
"Pas encore, nous espérions demander à ma famille mais ils ont dû s'absenter…"
Fratley effleura le bras de Freya du dos de la main et, quand elle tourna la tête vers lui, il désigna le toit d'un signe du menton.
"Il est là ? " demanda Ifalna.
"J'ai vu une tête grise, quelqu'un est là-haut."
"J'y vais," déclara Freya en lui tendant sa lance.
"Ne lui fait pas peur," conseilla son fiancé.
Freya fit un bond aussi léger que possible, atteignant le toit de la petite maison en une seule impulsion.
Accroupi sur les tuiles, Riku la regarda atterrir au bord du toit, bouche bée, lâchant son livre de surprise.
"Wouah ! "
"Bonjour," le salua Freya en retirant son casque.
"Comment t'as fait ça ? " répondit Riku, ramassant son livre pour se lever, faisant quelques pas en arrière.
"Je suis une dragoon."
L'expression méfiante de l'adolescent s'effaça un peu à la révélation, mais il resta à distance de Freya.
"Comme Cid ? "
"Oui, c'est mon grand frère."
L'adolescent se détendit, sa méfiance définitivement envolée.
"T'es sa sœur ? "
"A lui et Shiera, je suis le bébé de la famille. Freya, enchantée."
Riku répéta son nom pensivement avant de sourire.
"T'étais à Midgar pendant la Table Ronde ! Cid est allé te voir à l'aéroport ! "
"Ah m'en parles pas, la famille de Mamma est complètement barge," soupira Freya en s'installant au bord du toit, les pieds dans le vide.
"Moi c'est Riku ! "
"Je sais. Siddhe m'a parlé de toi."
Riku sembla surpris, fixant longuement Freya avant de venir s'asseoir à ses côtés, laissant lui aussi pendre ses pieds dans le vide. Freya entendit le rouquin jurer en bas en le voyant si près du bord, mais les autres gardes du corps retournèrent peu à peu à leur poste, visiblement soulagés que quelqu'un s'occupe de Riku.
"Tu les fais souvent tourner en bourrique comme ça ? " demanda la jeune dragoon en désignant leur auditoire
"Non ! "
"Si ! " protesta une voix venue d'en bas.
"J'aime pas quand tout le monde me regarde," maugréa Riku en rouvrant son livre, apparemment pour lire un message.
"Pourquoi ça ? "
Il lui jeta un petit regard de côté avant de reprendre sa lecture.
"Je crois que c'est pas moi qu'ils voient."
Il se mâchonna les lèvres quelques instants avant de lever les yeux vers le ciel, cherchant la brèche dans la plaque qui amenait un peu de soleil jusqu'à eux.
"Et quelque chose va arriver. Quelque chose de grave."
Freya fronça doucement les sourcils, observant le visage grave de l'adolescent, ses yeux qui brillaient étrangement, ses doigts serrés autour d'un livre illustré de schémas végétaux.
Elle savait très bien pourquoi le Roi et les öldungar les avaient choisis, Fratley et elle, pour cette tâche.
Elle parlait couramment le commun. Elle était déjà venue plusieurs fois à Midgar et avait l'habitude de cohabiter avec des extérieurs. Le fait qu'elle soit une femme et que sa 'délicatesse' rassurerait les cetra n'était pas le dernier argument en sa faveur, mais l'était vite devenu quand elle avait proprement troussé celui qui l'avait utilisé.
Elle aurait préféré prouver sa valeur de dragoon au combat, suivre son père à Golmore et montrer qu'elle était digne de prendre la tête du clan Haifin mais… sa mère avait raison. La violence n'était pas la seule aptitude qui ferait d'elle une bonne chef de clan.
Elle tapota doucement le pied de Riku du sien avec un petit sourire.
"Riku," murmura-t-elle, "nous ferons tout notre possible pour vous protéger tous les deux."
"Ouais," répondit l'adolescent en baissant les yeux sur sa lecture, "mais je suis pas sûr que ce soit moi qui soit en danger."
"T'es en danger de tomber ! Descends là ! " renchérit Reno.
Riku soupira mais tourna la tête vers Freya quand elle lui tapota à nouveau le pied du sien.
"Tu veux essayer un saut de dragoon ? " proposa-t-elle avec un sourire qui n'aurait pas fait tache chez Cid.
"Reno va détester[2]," nota Riku en fermant son livre.


Il était censé se reposer, mais il ne tenait pas en place.
Son père et lui avaient appelé Riku qui les avaient bombardés de questions avant de leur raconter la valse des gardes du corps, Turk ou descendants d'anciens, qui se relayaient autour de la maison des Falmis.
Il apprenait beaucoup sur leur héritage coté Cetra apparemment. Il apprenait à cultiver les plantes avec Ifalna, l'utilisation des herbes médicinales.
L'histoire des cetra, après la Calamité.
Dès que Séphiroth serait de retour à Midgar, il faudrait qu'ils en parlent.
Qu'ils passent du temps ensemble, comme quand Séphiroth l'avait emmené à la Tour.
Est-ce qu'un jour, ils vivraient ensemble, sous le même toit ? Ils n'en avaient pas reparlé, et le logement de Séphiroth à la Tour n'était pas assez grand pour eux deux. Encore moins pour quatre en comptant Rufus et Umbra et de toute façon, ils n'avaient pas l'intention de rester à la Tour plus longtemps que nécessaire.
Il n'avait pas la moindre idée de comment trouver un appartement, ou une maison, de combien ça coutait, s'il avait besoin de papiers officiels (ou non officiel, il avait reçu sa nouvelle carte d'identité au nom de Zéphyr Hamasaki, mais ça semblait encore être quelqu'un d'autre).
Est-ce qu'il devrait être un père pour Riku ? Ou est-ce que ça serait mieux que son père continue à se charger de lui ?
Le lieutenant avait fait un débrief de la nuit dernière avec Avalanche, puis un rapport à Rufus sur les événements. Rien de neuf côté Fort Condor, le directeur Tuesti devait encore se casser les dents à convaincre la commandante Farron d'aider. Alexandria envoyait des renforts, Bévelle aussi, mais avec leur refus de la technologie et leur utilisation des bateaux à voile, lesdits renforts ne seraient pas là avant une semaine au mieux. S'ils ne se faisaient pas attaquer par des squames avant.
Le seigneur Diablos avait aussi appelé, au grand dam de son père -l'agacement avait un goût d'électricité statique dans un soir d'été sec- pour annoncer que Bahamut et son vol étaient partis la veille au soir, pour voyager plus discrètement et qu'ils arriveraient plus tard, dans la nuit qui viendrait, après s'être cachés dans la région d'Alexandria pour dormir la journée.
La vie de Séphiroth avait vraiment changé du tout au tout en ce qui lui semblait être à peine quelques semaines.
Il y avait des dragons à Gaïa. Des vrais.
Le lieutenant Wallace leur avait interdit de descendre à terre, il ne pouvait même pas s'entraîner dans le Haut Vent par manque d'espace.
Les jumeaux avaient essayé, mais ça n'avait duré que quelques minutes, après lesquelles le lieutenant et Cid leur avaient hurlé de ranger leurs épées.
Et puisqu'il n'avait toujours pas le droit de se promener seul dans les moteurs, Séphiroth décida d'aller prendre l'air sur le pont extérieur.
Il trouva Edgar là, en train de fumer, observant les aéronefs qui arrivaient à portée de vue, venant du nord. Séphiroth hésita à repartir, mais le blond se tourna vers lui et leva sa tasse de café en guise de salut.
"Hé, Zéphyr ! On a démonté la couchette et mis le matelas à la place, tu devrais être plus à l'aise."
"Merci."
"De rien," répondit Edgar, "si tu as besoin d'autre chose, n'hésite pas."
Séphiroth hocha la tête et leva le nez vers un vaisseau qui passait devant eux, entamant les manœuvres d'approche. Sa silhouette sembla familière à Séphiroth, même s'il ne l'avait vu qu'à l'état de maquette. L'aéronef avait le blason d'Alexandria, l'épée sur fond enflammé, peint sur ses flancs. Il s'agissait probablement des renforts venus de cette ville.
"Ça c'est un Blackjack série 3," murmura Edgar en suivant le regard de Séphiroth.
"Ils en sont à la série 3 ? "
Le blond lui jeta un regard étonné.
"Ouais. Cid et Shera n'ont pas bossé dessus et ça se sent. Ils sont presque aussi peu maniables qu'un Atomos. En ligne droite, ça va, mais dès qu'il y a un virage sec à faire… À Midgar, ils en sont à la 4, mais feu le président ne revendait les vieilles séries qu'après avoir équipé ses troupes avec les modèles les plus récents."
Séphiroth n'était même pas étonné venant du président. Il s'accouda à la rambarde, observant les aéronefs manœuvrer pour se poser aussi loin de la forêt que possible tout en restant en distance d'intervention.
"La seule chose qui me surprend c'est qu'il ne les a pas démontés et vendus en pièces détachées pour une meilleure plus-value."
"Alexandria l'avait menacé d'un blocus sur leurs céréales quand il a tenté le coup."
/Oh, la vigie !/
Edgar tendit le bras pour appuyer sur le bouton de l'interphone.
"Oui, Capitaine ? "
/On redécolle, reprise des quarts de surveillance, tout le monde à son poste./
"Oui, Capitaine ! Allons-y Zéph ! "
"Zéphyr," corrigea Séphiroth, "je reste ici le temps que les vigies soient à leur poste."
"Comme tu veux, à plus tard."
Edgar repartit, laissant Zéphyr quel à observer le ballet des aéronefs.
Quatre générations d'un vaisseau qu'il n'avait vu qu'à l'état de maquette. Vaan avait suivi le projet de près à l'époque et Reks avait été désespéré des projets grandiloquents de son frère d'en voler un et de devenir le premier pirate de l'air d'Estérie.
Son père lui avait proposé de les trouver, de leur expliquer la vérité mais Séphiroth hésitait encore.
Ils lui manquaient.
Mais il avait… peur… qu'ils refusent de l'écouter.
C'était peut-être mieux de…
Il se redressa en entendant la porte du pont se rouvrir, sur la princesse Kisaragi et Fran, toutes les deux en armes.
"Oh, t'es encore là ? " s'étonna la princesse avec un temps d'arrêt.
"Je montais la garde avant votre arrivée."
La princesse s'installa à la rambarde, s'arrimant aussi prêt du bord que possible, tandis que Fran posait son arc et ses flèches contre le mur.
"Vous ne risquez pas de tomber ? "
"Ah ouais, les jumeaux m'ont dit… Zéphyr Hamasaki, je te donne l'autorisation de me tutoyer dans toutes les langues que tu connais, sauf peut-être devant mon père."
"Je préfèrerais éviter de le rencontrer," avoua Séphiroth, "mais… tu ne risques pas de tomber ? "
"J'ai le mal de l'air," expliqua l'adolescente, "si je dégobille sur le pont, Cid me ferait nettoyer."
"Thé au gingembre ? " demanda Fran en s'arrimant à son tour.
"J'ai ! " s'exclama Yuffie en brandissant son thermo, "Aniki m'en a fait avant que je monte."
/Arrimez-vous dans la vigie ! Zéph, je te vois, tu rentres ou tu t'attaches !/
Zéphyr jeta un coup d'œil à l'interphone, mais Fran désigna un cercle noir dans un des piliers reliant la coque inférieure à la supérieure. Ah, il y avait des caméras là aussi. Yuffie lui tendit un câble et il obéit avec un petit soupir.
"Ça te déranges pas ? " reprit Yuffie une fois qu'il fut attaché.
Séphiroth avait parfois un peu de mal à suivre la princesse et ses changements de sujets intempestifs.
"À quel sujet ? "
"Que j'appelle Makoto 'grand-frère'."
"Pourquoi tout le monde s'inquiète de ce que je pense de leur relation avec m... Makoto ? "
"T'es important pour lui," répondit la Princesse avant de boire une gorgée, sans le quitter du regard.
"Toi aussi," rétorqua Séphiroth.
Il sursauta presque en sentant l'émotion qui submergea la princesse. Yuffie.
Il voulut l'étouffer, s'en couper mais…
C'était comme…
Comme un feu de camp qui s'allume au plus froid de la nuit, qui illumine tout.
Comme quand la fille du Lieutenant voyait son père arriver et inversement.
Comme Elmyra quand Aérith entrait à Seventh Heaven.
Comme quand son père l'avait pris dans ses bras la veille.
Bon.
Il reconnaissait une nouvelle émotion, maintenant. Et il commençait à comprendre pourquoi Aérith et Ifalna ne se coupaient pas autant des émotions des autres gens qu'il le ferait.
C'était… agréable de les ressentir. Parfois.
Mais ce n'était pas les siennes et il tenta d'élever la barrière de sacre entre la princesse et lui.
Sans grand succès, quelque chose -inquiétude- l'en empêchait.
Il fronça le nez.
Malgré une douche en bonne et due forme et un changement d'uniforme, il sentait encore le bûcher de la nuit, le bois et la chair brûlée.
Fran aussi, visiblement. La viéra était en train de flairer autour d'elle, le nez plissé de dégout, cherchant l'origine de l'odeur.
Elle sentait le savon, un shampoing neutre, comme ceux des SOLDATs, l'odeur de Balthier surtout, un baume médical...
Mais pas le brûlé. Ce n'était pas elle.
Intrigué, Séphiroth flaira son bras. Lui non plus. Même ses cheveux étaient propres.
"Qu'est-ce que vous avez tous les deux ? " demanda la princesse.
"Ça sent le brûlé," répondit Fran, se penchant par-dessus bord.
Séphiroth la retint par l'arrière de sa veste, s'attirant un regard surpris avant que Fran recommence à flairer.
Elle se remit vite sur ses orteils, les sourcils froncés.
"Ce n'est pas le reste du bûcher funéraire," marmonna-t-elle, "il est éteint."
"Fran, Zéph…" murmura Yuffie.
Ils tournèrent la tête vers elle, puis suivirent son doigt tendu.
Une colonne de fumée s'élevait au milieu de la jungle.
"Il y a le feu."


"Jote, réponds."
Fran se tenait debout devant la verrière du Haut Vent, le regard fixé sur la colonne de fumée, un module entre les doigts. Tout Avalanche était rassemblé là, achevant de s'équiper, Cid réglant les modules pendant que Barret distribuait potions et talismans.
"Jote, réponds," répéta-t-elle.
"Toujours rien ? " demanda Barret.
Fran secoua la tête. Barret soupira rageusement.
"Jessie, tu es sûre que les modules marchent ? "
Je fais de mon mieux. répondit leur opératrice, l'antenne porta-ive des SOLDATs aide, mais au fond de - forêt, je sais pas si ça va capter !
"Les SOLDATs et les troopers se tiennent prêts à intervenir," annonça le navigateur de sa console, "Mus fera la liaison avec eux. Luca se charge d'Alexandria."
/Barret /intervint la voix de Yuffie par le haut-parleur de la vigie,/ y'a une deuxième colonne, à dix heures !/
"Bordel," marmonna Cid en la cherchant du regard.
"Elles sont trop éloignées pour que ce soit le même incendie," nota Vincent.
"Il y a au moins vingt kilomètres entre les deux," évalua Barret.
"Jote ré…"
/Franwë./
Fran sursauta mais porta aussitôt le module à son oreille, vite imitée par tout le reste d'Avalanche...
/Franwë. Le village brûle./
"Eruyt est en feu," traduisit rapidement Fran, croisant le regard de Balthier.
/Avez-vous allumé les feux ? /
Fran tiqua, visiblement assez inquiète pour laisser ses émotions affleurer à la surface.
"Nous sommes à la lisière, nous n'avons pas bougé, comme le Bois l'a demandé."
/Restez là, nous pouvons encore…/
Par l'intermédiaire du module, Avalanche entendit des cris, des grands craquements. Puis à nouveau, la voix de Jote qui donnait des ordres. Fran fronça le nez, relevant les yeux vers son mari. Cid abandonna son poste près de Balthier pour venir poser une main sur son dos, essayant de la rassurer.
"Jote, vous ne pouvez pas rester au village. Évacuez."
"Fran, que se passe-t-il ? " demanda Cid.
"Jote nous interdit d'entrer."
Barret se frotta le visage de la main, hésitant visiblement avant de se décider.
"Dame Jote, les squames ne vont pas tarder à attaquer à leur tour. Il faut que vous évacuiez."
/Père.../
Il y eut un silence puis elle reprit.
/Très bien, Père. Évacuation ! Les mères avec leurs enfants, les autres, protégez-les, en armes ! /
Fran laissa échapper un soupir de soulagement et Cid lui serra doucement le bras. Elle inclina la tête, posant sa joue contre les cheveux de Cid avant de se redresser et reprendre d'une voix claire.
"Jote fait évacuer."
"Laissez-nous vous aider," proposa Barret, "laissez-nous entrer et venir à votre rencontre."
/Non. N'entrez pas. Restez où vous êtes./
"Jote, non, tu ne sais pas ce qui…" commença Fran avant d'être interrompue par un bip.
/Désolée Fran,/ intervint la voix de Jessie, /je crois qu'elle a ét- son module./
"Elle a toujours été inflexible," déclara Fran d'un ton qui sous-entendait beaucoup plus de jurons et d'insultes à l'égard de sa sœur.
"Quels sont les ordres ? " demanda Séphiroth en se tournant vers Barret.
"On descend, on attend devant la forêt. Et on espère qu'elles arriveront sans soucis. Jusqu'à quel point le Haut Vent peut se poser près de la forêt ? "
"Ça dépend, j'ai la permission des capitaines pour tenter une manœuvre de hoverbike ? " demanda Balthier.


Balthier fit une splendide manœuvre d'atterrissage qui lui valut les félicitations de Cid et permit de déposer Avalanche au plus près de la forêt et de se tenir prêt à repartir aussitôt.
Seuls Yuffie et Cloud n'apprécièrent pas le demi-tour sec juste avant de toucher terre.
"Shera, tu es capitaine en mon absence ! " ordonna Cid.
"Soyez prudent ! " s'exclama Shera en les regardant descendre la rampe d'accès.
Ayant été déposés aussi près que possible de la forêt, ce ne fut pas difficile de retrouver l'entrée à laquelle ils étaient habitués. Vincent se jucha aussitôt sur le rocher, cherchant un autre point de vue en hauteur, mais hors de la jungle, il n'y avait pas le moindre promontoire.
"J'ai une vue et une portée limitées," annonça-t-il.
"Pour l'instant, reste là," ordonna Barret en jetant un regard calculateur au Haut Vent, se demandant si leur aéronef était trop loin pour permettre à Vincent d'utiliser toutes ses compétences de sniper du pont extérieur.
Il se tourna vers ses hommes pour donner des ordres et vit Séphiroth approcher du mur de verdure, tendant un bras pour repousser des brins d'herbes.
"Hamasaki," commença Barret d'un ton dangereux.
Séphiroth fit un pas sous la futaie, écoutant attentivement. Il tourna la tête d'un côté, puis de l'autre avant de reculer à nouveau vers Avalanche.
"Il y a quelque chose qui approche," déclara Zéphyr, dégainant le tronçon de Masamune.
"Et ça pue le squame," ajouta Zack en l'imitant.
Une squame arriva effectivement, un moissonneur qui courait de toute la vitesse de ses pattes chitineuses, son dos gonflé. Il aperçut Avalanche et tenta de freiner, patinant sur le sol meuble avant d'arriver à faire un virage désespéré.
"Merde, elle est chargée ! Visez les pattes ! " lança Barret.
Séphiroth obtempéra, s'élançant à la poursuite du mutant, qui, ralenti par le poids de sa proie, ne put esquiver quand il lui trancha les pattes de droite et s'effondra sur le côté. Zack et Cloud furent vite là à leur tour, le blond achevant rapidement la squame d'un coup d'épée qui lui fendit le crâne en deux pendant que le brun escaladait le mutant, plongeant ses doigts dans une fente de la carapace.
Il ne fallut pas longtemps à Zack pour briser la chitine, agrandir l'ouverture et entrer à moitié dans la poche du moissonneur. Cloud le retint par la ceinture, l'aidant à se redresser quand il émergea avec une viéra inconsciente dans les bras.
"Elle est vivante ? " s'enquit Zéphyr.
"Le mucus de leur poche engourdis leurs victimes, t'en fais pas," répondit Cloud en suivant Zack.
Les trois augmentés se replièrent vers Avalanche, jusqu'à pouvoir confier la viéra à Aérith.
"Zack, tu as touché le mucus ? " demanda Aérith en essuyant la peau de sa patiente.
"Nope, j'ai gardé mes gants cette fois ! " répondit joyeusement Zack.
"Une autre ! " annonça Vincent en épaulant.
Séphiroth fut en mouvement au moment où la balle partit et arriva pour achever le moissonneur comme il s'effondrait en avant, une patte réduite en miettes par la détonation. Cette fois, Cloud sortit un enfant inconscient de la poche de la squame, qu'il amena rapidement à Aérith, le visage grave.
"S'il y a des enfants, c'est que les viéra ont été attaquées en cours d'évacuation," déclara Barret en le regardant passer. "Fran, essaye de contacter Dame Jote."
La viéra obéit, baissant son arc avant de fouiller sa poche pour sortir son module. Cid jura à mi-voix et le lui prit, le fixant à la base duveteuse de son oreille.
"Ne commence pas à faire comme Vincent, le module RESTE dans l'oreille," maugréa-t-il.
"Le son est trop fort," protesta Fran.
"Ça se règle ! Contacte ta sœur."
"Jote. Jote tu m'entends ? "
"Vincent, Yuffie grimpez à un arbre ! Essayez de voir ce qui se passe ! "
"Oui, Barret ! " répondit Yuffie en bondissant vers l'arbre le plus proche, suivie par Vincent.
Le sniper prit quelques secondes pour mettre la sécurité de son fusil et le fixer solidement sur son dos, mais le temps qu'il ait rejoint Yuffie, l'adolescente s'était immobilisée sur une branche, montrant une direction.
"Y'a eu un éclair là-bas," indiqua-t-elle, "tu vois quelque chose ? "
Voir non, pas avec toutes les branches et feuilles dans le chemin. Mais Vincent sentit très nettement de la magie se déchainer dans cette direction.
"Lieutenant, on se bat, à cent mètres, là d'où venaient les squames…"
Il s'interrompit le temps d'abattre un moissonneur qui arrivait en boitant sur trois pattes. Zéphyr et Zack furent vite sur lui pour libérer sa victime, une viéra qui tenait encore un enfant dans ses bras.
Aux hurlements que poussaient l'enfant, il n'avait pas été touché par le mucus somnifère et Cloud le prit sans difficulté, le berçant contre son épaule. Sa mère semblait elle aussi juste engourdie et put marcher, soutenue par Zéphyr.
"Elles ne doivent pas être loin," ajouta Vincent.
"Que fais-t-on ? " demanda Zéphyr.
"Vu que vous avez déjà tous piétiné le sous-bois, on y va," rétorqua Barret, "Hamasaki, les jumeaux, en première ligne, Fran avec moi, on risque d'avoir besoin de traduction. Vincent, Yuffie, vous nous suivez des arbres. Nanaki, Cid, vous restez avec Aérith et les viéra ! "
Barret fut rapidement devancé par les augmentés et dû désespérément courir pour ne pas perdre Fran de vue. La bataille entre ses hommes et les squames avait déjà commencé quand il arriva à portée de vue. Un petit groupe de viéra s'étaient réfugiées contre deux arbres contigus, dos aux troncs pour protéger les enfants derrière elles pendant que les adultes tentaient de repousser la demi-douzaine de moissonneurs qui tentaient de les saisir et les quelques makonoïdes les accompagnant. Zéphyr était à la poursuite d'un moissonneur chargé mais le rattrapa rapidement, tandis que les jumeaux avaient rejoint les viéra.
"Restez groupés, bordel ! " jura Barret.
Fran freina sec en arrivant en vue du combat, voyant sa sœur au sol entre les pattes d'un moissonneur. Elle planta le bas de son arc dans le sol et, d'un geste complètement inattendu, cassa son arme.
Ce ne fut qu'en stoppant près d'elle que Barret réalisa qu'elle était en fait en train de replier son arc, fixant à nouveau la corde sur l'arme transformée.
"Que…"
Elle le tendit et, alors que Barret était habitué à la voir tirer de gestes fluides et presque aisés, il vit l'effort évident qu'elle mit à tirer la corde.
La flèche traversa la tête de la squame qui menaçait Jote, ne s'arrêtant que quand l'empennage se coinça dans la chitine.
Le moissonneur s'effondra lentement, sous le regard abasourdi des viéra.
"Qu'est-ce que c'est que cet arc ? " marmonna Barret.
/Elle l'a plié ? /demanda Cid.
"Ce truc a traversé la carapace d'un moissonneur ! " s'exclama Barret.
/Ouais, Edgar le lui a construit./
Fran avait profité pour tirer une autre flèche, épinglant un makonoïde à un tronc, permettant à ses congénères de l'achever pendant que les jumeaux et Zéphyr fauchaient le reste des squames, ouvrant les moissonneurs chargés qu'ils trouvèrent.
Quand la bataille s'acheva, Barret rassembla ses hommes autour de la petite troupe avant de vérifier leur état de santé.
Une vingtaine de viéra, au maximum. Plus autant d'enfants et d'adolescents. Fran était déjà près de sa sœur, la relevant en s'assurant qu'elle n'était pas blessée. Jote avait des lacérations sur les bras et la grande majorité des viéra étaient dans le même état, mais aucune ne semblait gravement blessée.
"Tu vas bien ? " s'enquit Fran.
"Vous êtes entrés…" commença Jote.
Fran soupira rageusement, ses oreilles fermement rabattues en arrière, mais se contenta de tourner Jote en direction de la sortie.
"Plus tard. Sortez, une guérisseuse vous attend dehors ! "
"Vincent, Yuffie, vous voyez d'autres squames ? "
/Rien à signaler,/ déclara Vincent.
/On fait quoi des cadavres ? On les laisse ?/ demanda Yuffie.
"On reviendra les cramer dès que les viéra seront à l'abri ! " répondit Barret, "retraite ! "
Jamais ses hommes n'avaient obéi aussi vite, et ce fut les bras pleins d'enfants que tout le monde arriva près d'Aérith, Cid et Nanaki. Les viéra déjà sauvées avaient repris conscience et accueillirent leurs congénères avec ce qui devait être de la joie pour leur peuple.
Barret avait rarement vu des retrouvailles aussi peu émouvantes.
Ou de dispute aussi calme quand il se tourna vers Jote et Fran. Les deux viéra se tenaient face à face et parlaient d'un ton qui aurait pu passer pour courtois, mais Cid tentait de s'interposer, rendu nerveux par quelque chose dans leurs paroles.
"On se calme. Jote, s'il vous plaît. Fran, laisse-la reprendre son souffle."
"Que se passe-t-il ? "
"Elles vont s'entretuer, voilà ce qui se passe," répondit Cid.
"Tu comprends le viéra ? "
"Nan, je parle pas le pompon," rétorqua Cid, s'attirant un regard glacial de Jote, "mais je connais Fran. Du calme, toutes les deux."
"Vous n'aviez pas le droit…"
"Préfères-tu qu'elles meurent toutes ? " rétorqua Fran en désignant les réfugiées.
Cid avait raison, il était peut-être temps d'intervenir.
"Dame Jote, je vous présente mes excuses pour avoir transgressé l'interdit," déclara Barret.
Elle le regarda sans un mot, essuyant la sueur sur sa peau sombre. Elle jeta un regard aux réfugiées, observant comment Avalanche tentaient de les rassurer et de les réconforter et sembla, un peu rassérénée.
Elle avait à nouveau l'air calme quand elle s'adressa à Barret, mais Séphiroth sentait toujours les aiguilles de son inquiétude sous sa peau.
"Je… vous remercie pour votre aide," finit-t-elle par dire.
"Que s'est-il passé ? "
"Une sentinelle a annoncé un début d'incendie," répondit Jote, "j'ai envoyé des forestiers l'éteindre et enquêter mais… ils ne sont pas revenus. Quand vous avez…"
Elle fit un geste vers son cou et Barret vit le module accroché là, entortillé dans une fine liane en guise de collier.
"Un des arbres du village a… Prit feu. Comme une torche sèche. J'ai ordonné l'évacuation."
"Tout le village est là ? " demanda Barret.
Jote garda le silence, ses oreilles s'agitant nerveusement.
"Jote," murmura Fran.
"Nous avons été séparés en plusieurs groupes. Les… ces créatures, ces squames sont arrivées et nous ont séparées. Elles ont dévoré…"
Barret posa sa main de chair sur l'épaule de Jote d'un geste qu'il espérait réconfortant.
"Ne vous inquiétez pas. Jessie ? "
/Jessie est o-pée avec Shinr-,/ répondit la voix de Mustadio.
"Préviens les renforts d'établir des points de surveillance autour de la forêt, des moissonneurs chargés vont tenter de sortir, il faut les arrêter."
/Oui, Lieutenant !/
Jote observait alternativement Barret, le module autour de son cou, et les viéra, décontenancée, jusqu'à ce que Fran intervienne, lui expliquant rapidement la situation.
"Elles sont vivantes, mais il faut les sortir des squames avant qu'elles arrivent à Sin."
"Vivante ? " répéta Jote avant de s'ébrouer et se tourner.
Elle ramassa son arc et commença à s'équiper, donnant des ordres à plusieurs viéra encore armées et en bonne santé. Deux d'entre elles commencèrent aussitôt à vérifier leurs équipements, empruntant des flèches à leurs camarades pour remplir leur carquois tandis qu'une troisième, plus âgée, écoutait Jote lui parler.
"Je dois aller au temple. Aranwë, tu restes ici, veille sur les autres que personne ne leur fasse de mal ou les sépare."
"Oui, Jote," répondit la vieille viéra d'un air grave.
Fran la regarda faire avant de froncer les sourcils, dévisageant les plus jeunes viéra autour d'elle.
"Jote, où est Mjrn ? "
Jote ne répondit pas, ajustant le carquois sur sa hanche jusqu'à ce que Fran la prenne par les épaules pour la tourner vers elle, ignorant le geste vif de la vieille viéra pour l'en empêcher.
"Où est Mjrn ? "
"Elle était dans un autre groupe. Elles devaient partir vers le temple, prévenir les forestiers."
Fran relâcha sa sœur et, sans un mot, se dirigea vers la forêt. Cette fois, la vieille viéra parvint à le retenir d'une main sur le bras mais Fran se tourna et lui tordit le poignet, la forçant à la lâcher.
"Tu n'as pas le droit d'entrer," gronda la vieille Aranwë. "Tu as renié le Bois."
"Fran, reste où tu es," ajouta Jote.
"Je vais chercher ma sœur."
"Les étrangers ne doivent pas entrer dans..."
Une explosion retentit et tout le monde se tourna dans la direction de la forêt, les viéra reculant toutes par réflexe. Séphiroth grimaça en entendant la voix de Carbuncle résonner dans son crâne, le vent léger se faisant sifflement paniqué.
"Yuffie ? Vincent ? " appela le Lieutenant.
/C'est pas nous !/ protesta aussitôt Yuffie.
/Un arbre vient de prendre feu, direction nord-ouest,/ annonça Vincent,/ je dirais à...
Barret entendit des bruits de pieds frappant du bois et leva le nez à temps pour voir Vincent et Yuffie escalader leur arbre plus haut. Est-ce que c'était wutan de grimper comme des singes ou ils étaient juste tombés sur les deux seuls monte-en-l'air de leur île[3] ?
/Cinq cents mètres,/ finit par préciser leur sniper.
Fran se dégagea de la prise de son aînée avant de se tourner vers sa sœur, désignant d'un geste les cadavres des moissonneurs que les jumeaux traînaient hors de la forêt pour que Nanaki les incinère.
"Et voilà ou ça t'a mené de refuser l'entrée du bois aux étrangers."
"Franwë, revient ! "
Elle commença à s'éloigner à nouveau vers la forêt, mais fut retenue par Cid cette fois, qui s'interposa en posant la main sur son épaule.
"Fran, bordel, tu ne pars pas seule ! " s'exclama Cid.
/Je suis d'accord avec le capitaine, Fran ! Y'a le FEU en bas !/ glapit la voix de Balthier dans le module.
"Ma sœur est au temple," protesta Fran.
"Tu n'iras pas ! " rétorqua Jote.
/Sankta Aleksandro, c'est Jote ? /
"Du calme tout le monde, du calme ! " réclama Barret.
"STOP ! "
Le silence retomba immédiatement, tout le monde se tournant vers Séphiroth. Même les viéra qui ne disaient pourtant pas grand-chose restèrent muettes.
"Dame Jote, Lieutenant," commença Séphiroth avant de leur faire signe de le suivre à l'écart.
Jote hésita mais finit par obtempérer quand Barret partit à la suite de Séphiroth, s'éloignant de quelques mètres. Le SOLDAT les attendait et ne prit pas de gants pour tenter de convaincre Jote d'écouter.
"Dame Jote, vous n'avez pas les ressources pour protéger la forêt et le temple en même temps."
"Seigneur…" commença Jote.
"Vous ne les avez pas," répéta Séphiroth. "Hojo attaque toujours ainsi, sur plusieurs fronts en même temps pour déstabiliser les défenses.
"Hamasaki a raison," reprit Barret, "c'est ce qu'il a fait à… à Corel. Ma ville natale."
Séphiroth grimaça et tenta d'ignorer les pointes d'inquiétude et de remords…
-une vrille sous la peau, sous le crâne, sous la langue, avec un goût de pourri, de rance-
Jote sembla hésiter, puis paniquer, ses yeux passant d'un des deux hommes devant elle à l'autre avant qu'elle les ferme soudain, plaquant ses mains sur ses oreilles.
"Dame Jote ? " s'inquiéta Barret en faisant signe à Aérith de venir.
Aérith fut rapidement près d'eux et fourra son sceptre dans les bras de Séphiroth avant de poser les mains sur celles de Jote. Séphiroth sentit immédiatement la peur de la viéra disparaître et celle-ci sembla se calmer, rouvrant les yeux sur Aérith.
"Père hurle," balbutia Jote, "les flammes le blessent en brûlant les arbres…"
"Vous devez aller l'aider," déclara Aérith.
"Je dois… le temple… le temple d'abord…"
"Dame Jote," reprit Aérith en lui prenant délicatement les mains, les détachant de ses oreilles, "nous sommes les derniers cetra."
Jote sursauta légèrement, jetant un regard surpris à la jeune fille avant de baisser les yeux à nouveau.
"Il est aussi de notre devoir de protéger la matéria noire," continua Aérith.
"Nous pouvons nous rendre là-bas et... et aider les viéra à garder le temple," ajouta Séphiroth, "Aérith, moi, les SOLDATs."
Barret fronça les sourcils. Il n'avait déjà pas apprécié de devoir laisser partir Aérith et Séphiroth une première fois seuls, alors maintenant que la jungle était attaquée…
Mais si les SOLDATs étaient avec eux. Les premières classes, les secondes, les troisièmes… Ce serait comme une armée autour d'Aérith et Séphiroth. Même avec les jumeaux et Vincent, Avalanche n'avait pas cette force de frappe potentielle. Il finit par soupirer et hocher la tête.
"Dame Jote, notre unité restera ici pour protéger votre peuple et empêcher les moissonneurs d'en emporter plus," proposa-t-il.
La viéra plongea son regard sombre dans les iris verts d'Aérith, osant pour une fois la regarder en face. Elle finit par soupirer, baissant le visage sur leurs mains jointes.
"... Vous deux. Vos hommes de confiance."
"Et Fran," ajouta Séphiroth.
"Et Franwë," souffla Jote.


Vincent n'aimait pas ça du tout.
La décision faisait sens, il fallait protéger le temple, mais aussi évacuer et protéger les viéra et…
Séphiroth et Aérith seraient avec les SOLDATs. Son fils était en train d'organiser l'arrivée de ses hommes avec l'aide de Mustadio, Barret consultait les viéra valide sur comment contenir l'incendie au mieux, Cid et Shera évacuaient les blessées, les mères et leurs enfants dans le Haut Vent pour être mis à l'abri à l'autre bout de l'île, dans un camp d'urgence qui se montait rapidement.
Il releva les yeux, observant l'évolution de la colonne de fumée non loin d'eux. Yuffie la surveillait déjà, se rongeant l'ongle du pouce.
"Des fois, j'aimerais être une meilleure mage d'eau," souffla-t-elle.
"La glace marchera aussi, si tu parviens à garder le sort actif le temps qu'elle fonde."
"J'associe ma shiva," décida Yuffie en sortant sa G-Force de sa poche, "tu as prévenu ton père ? "
Vincent soupira mais prit son PHS, retirant brièvement son module le temps du coup de fil.
/-gin de malheur, une malédiction à - créateur…/ entendit-il maugréer à l'autre bout du fil./ Allo ?/
"Père." salua sobrement Vincent.
/Mako- ? Que se passe-t-il ?/
"Hojo a attaqué Golmore. Il y a au moins trois départs de feu."
"Quatre ! " corrigea Yuffie en pointant dans une direction.
Son père jura en gongan.
/Je vais -veiller les dragons, essayez de tenir quel-s heures !/
"Je ne suis pas sûr que nous ayons plusieurs heures," commença Vincent avant de reconnaître du Burmécien autour de son père.
Il entendit des voix s'élever, une discussion abrupte, puis une agitation, le bruit d'armures entrechoquées et son père reprit en commun.
/Bahamut dit qu- trois heures, ils peuvent être là. Tenez - coup !/
"Nous ferons de notre mieux."
Son père garda le silence quelques secondes avant de reprendre à voix basse.
/Makoto. Soit prud-. Je ne tiens pas à… à te…/
Il s'interrompit à nouveau pour chercher ses mots avant de changer de sujet.
/Je contacte Helgrimr - Mateus, que Fort Condor se bouge - peu./
"Oui, Père."
Diablos raccrocha, laissant Vincent regarder l'écran de son PHS. Yuffie s'accroupit sur la branche près de lui, les coudes sur ses genoux.
"Ça va ? "
"Je commence à le comprendre… Je crois."
"Oh, dur," tenta de plaisanter Yuffie.
Vincent remit son module et fut immédiatement contacté par Barret qui se tenait en bas de leur arbre, les fusillant du regard.
/Vincent, on reparlera de ta mauvaise habitude de retirer ton module à tout bout de champ,/ commença Barret.
"Les renforts de Burmécia se sont remis en route, ils essayent d'arriver rapidement, mais pas avant trois heures."
/Je transmets, /déclara Jessie.
/On va tenter de juguler l'incendie. Les jumeaux vont débroussailler autour du foyer le plus proche, Yuffie peux-tu geler le plus de branches possibles en hauteur ?/
"Je m'y mets ! "
/Vincent, tu veilles sur elle./
"Compris."
/Cid, Nanaki et moi restons à la lisière, pour surveiller les moissonneurs. Soyez prudent et signalez toutes les squames que vous verrez./
Vincent tourna la tête, baissant une feuille large comme son torse afin de jeter un coup d'œil hors de la jungle.
Le Blackjack des SOLDATs atterrissait près du Haut Vent, prêt à déverser son chargement de SOLDATs dans la forêt. D'en haut, Vincent pouvait voir la silhouette de son fils, flanquée de celles de Fran et Aérith qui les attendaient.
Il vit son fils pencher la tête sur le côté, comme s'il tendait l'oreille avant de se tourner à demi, levant les yeux vers lui.
/Soit prudent./ murmura Vincent, repassant en wutan sans le réaliser.
/Oui. Père/, répondit Zéphyr.


Cloud tenta de reprendre son souffle, toussant pour évacuer la fumée de ses poumons.
C'était sans fin, dès qu'ils arrivaient à calmer un foyer, un autre s'allumait. La jungle brûlait comme du petit bois malgré son humidité et plus le feu avançait, plus il entendait la voix de la forêt…
Il écrasa ses paumes sur ses oreilles.
La panique gagnait la voix, même s'il ne comprenait pas un mot de ce qu'elle disait.
"Cloud ? "
Zack approcha de lui, tout autant à bout de souffle. Ils avaient tenté d'abattre autant d'arbres que possible pour ralentir le feu, mais leur taille et le manque d'espace favorisait la progression des flammes et ils commençaient à peine à juguler le foyer le plus proche de la lisière. Zack était autant couvert de cendre que lui, ses yeux semblaient briller deux fois plus par contraste. Cloud décrocha une de ses mains de ses oreilles, la resserrant sur le pull de son jumeau.
"Ça va ? " s'enquit Zack.
Cloud secoua la tête en grimaçant.
"Qu'est-ce que… Elle revient ? "
"Pas Elle," répondit Cloud, "c'est la forêt qui crie."
Depuis que la Déesse avait soigné Cloud, depuis qu'elle avait pris possession des cetra, depuis la réunion des anciens, Cloud avait remarqué un changement d'attitude chez son frère.
Avant, quand il aurait dit quelque chose comme ça, Zack aurait tenté de le convaincre de parler au professeur Falmis, ou à Shera ou Aérith ou Maître Cid.
Maintenant, c'était à peine s'il haussait un sourcil.
"Merde. Tu veux faire une pause ? "
Cloud secoua la tête, reprenant son épée plantée près de lui dans le sol.
"C'est pas naturel," marmonna Cloud, "la forêt ne devrait pas brûler comme ça."
"Hojo aurait fait un truc louche ? " demanda son frère.
"Hojo, quoi," rétorqua Cloud avant de lever vivement les yeux.
Zack l'imita aussitôt, mais Cloud le saisit par la bretelle de son harnais, l'attirant à l'abri des regards derrière un arbre.
Il vit quelqu'un se poser avec délicatesse sur une branche, les yeux baissés vers le feu.
Quelqu'un d'ailé, aux cheveux argentés, encore trempés de mako, aux yeux fendus et doté d'un bras gauche encore plus muté que celui de Vincent, plus tentaculaire qu'humain.
Kadaj se releva, observant les feuilles autour de lui avant de lever sa main droite, une boule de feu s'ouvrant sur sa paume.
Ouaip, Cloud l'aurait parié. De la magie, de haut niveau en plus.
Kadaj laissa tomber la boule de feu du haut de sa branche et reprit aussitôt son vol.
La boule de feu tomba lentement, comme un soleil incandescent.
Cloud attrapa son frère par le bras et commença à courir avant même qu'il soit dans le bon sens. Heureusement, la maladresse de Zack décida, pour une fois, de prendre des vacances et ils avaient déjà déserté les lieux quand la boule de feu explosa, soufflant tout ce qui se trouvait autour d'elle sur plusieurs dizaines de mètres.
Heureusement, les jumeaux furent protégés par les troncs et parvinrent à rester debout et entier.
"Faut prévenir Barret ! "
"Il va pas aimer."


"Oh, putain," souffla Barret.
/Je préviens - renforts/, déclara Luca.
Barret porta la main à sa ceinture, sur l'emplacement renforcé où il avait caché la seule dose d'antiviral qu'ils avaient. Il regrettait soudain de ne pas l'avoir confié à Aérith. Il leva à nouveau la main vers son module.
"Hamasaki, où êtes-vous ? "
/Lieutenant, tutoyez-moi. Nous sommes en vue du temple./
"Restez avec les SOLDATs. Hojo ne doit pas remettre la main sur vous. Si vous croisez une squame, repliez-vous."
/Bien Lieutenant./
"Et empêchez Aérith de se fourrer dans les ennuis ! "


Séphiroth baissa les yeux sur sa cousine qui croisa les bras d'un air frondeur.
"Tu crois pouvoir m'en empêcher ? " déclara Aérith.
"Tu crois que je te demandes ton avis ? " rétorqua Zéphyr.


Malgré la gravité de la situation, Basch ne put retenir un sourire amusé quand Séphiroth se pencha et d'un geste nonchalant, hissa sa cousine sur ses épaules d'une main.
"ZEPH ! Pose-moi IMMÉDIATEMENT ! "
"Non."
Vossler haussa les sourcils en voyant Séphiroth approcher d'eux, Aérith négligemment jetée en travers de ses épaules. Il tenait Masamune et le sceptre de sa cousine d'une main et malgré les efforts d'Aérith pour tenter de se dégager, elle ne parvenait pas à échapper à la prise de Séphiroth.
"Dispute familiale ? "
"Si tu as une autre idée pour l'empêcher de courir dans les ennuis ? "
"Zéphyr, tu aurais été moins augmenté à Wutai, on t'aurait probablement fait pareil," déclara Ramza.
"Je sais. Vaan a essayé. Une fois."
"Capitaine ! " appela un jeune SOLDAT.
Basch se tourna dans sa direction, reprenant son expression grave de Capitaine des SOLDATs. Son jeune subordonné arriva au pas de course, saluant Basch avant de reprendre.
"Les éclaireurs sont de retour. Le temple a été attaqué."
"Etat des lieux ? "
"La bataille semble finie, quelques cadavres de squames, de viéra..."
"Des survivants ? " demanda Aérith une fois que Séphiroth l'eut reposée au sol.
"Pas beaucoup," admit le seconde classe, "ils sont dans l'enceinte du temple, on les entend…"
"Procédure de déplacement en zone à risque," ordonna Basch, "Zéphyr, occupe-toi de Mademoiselle Falmis."
Séphiroth hocha la tête, poussant Aérith entre lui et Basch, mais quand il voulut faire pareil avec Fran, celle-ci se déroba, prenant la tête et marchant dans la forêt d'un pas décidé, guidant les SOLDATs.
Ils débouchèrent dans une clairière rectangulaire, visiblement entretenue par les viéra. Dans un lointain passé, le sol avait été pavé, mais les pierres s'étaient depuis longtemps descellées et la terre en avait recouvert la majorité. Une grande douve cernait la clairière, encore à moitié remplie d'eau de pluie et un pont rudimentaire de branches et de lianes avait été érigé par-dessus, mais avait été à moitié détruit, soit par les squames, soit par les viéra pour ralentir les envahisseurs.
Ils trouvèrent plusieurs viéra mâles gisant, dont l'un encore aux prises avec un makonoïde, tous deux morts des suites de leur combat.
"Brûlez le makonoïde," ordonna Basch, "que quelqu'un gèle les corps pour identification."
Aérith approcha du bord du fossé, les yeux levés vers le temple. Encore une fois, c'était un temple similaire à celui du Cap de l'Espoir et de Daguerreo. Des murs épais, fait de lourdes pierres taillées, disposées en pyramide à plusieurs étages et, au sommet, une entrée ouverte dans le plus petit des étages.
L'entrée n'avait pas de porte.
Séphiroth la rejoignit, posant sa main sur son épaule
"Aérith, reste avec nous," demanda Séphiroth avant de contempler le bâtiment à son tour. "C'est le temple ? "
"Je pense," souffla Aérith.
"Zéphyr, tu entends quelque chose ? " demanda Basch en arrivant à son tour, passant son épée sur son dos au lieu de sa taille.
Séphiroth ouvrit les oreilles.
Il entendait Carbuncle souffler comme le vent, la peur et la panique dans la voix de l'Ancien, il entendait, faibles, mais présentes, des voix de viéra dans leur étrange langue chantante, des gémissements de douleur, mais pas de grognements ou de sifflements de squames.
Pas de bruits de combat.
"Juste les blessés."
"Occupe-toi de Mademoiselle Falmis."
Après quelques minutes supplémentaires à être transportée façon sac à patate, le temps de passer les douves, Aérith put remettre les pieds sur terre et constater les dégâts.
Détruire le pont n'avait pas beaucoup ralenti les squames. Au vu des traces, elles avaient traversé l'esplanade en ligne droite, vers le temple. Certaines avaient été arrêtées par les flèches des viéra, mais au corps à corps, c'était les squames qui avaient eu l'avantage et des cadavres de viéra jonchaient leur trajet.
Quasiment uniquement des mâles.
Fran était désespérée, contemplant ses congénères massacrés d'un œil hagard et Aérith ne put se retenir de lui attraper la main et de la serrer.
Fran ne réagit pas.
Mais elle lui serra doucement les doigts elle aussi.
Basch contempla la désolation, s'autorisant quelques secondes et une prière à Alexander avant de se secouer.
"Lieutenant York Azelas, établissez un camp de secours. Mademoiselle Falmis, dites-nous de quoi vous avez besoin pour vos soins, nous vous assisteront. Beoulve, déployez les secondes classes en protection sur le périmètre des douves, les troisième classe, procédure de rassemblement des blessés. Fran… nous aurons besoin d'une traductrice."
"Oui, Capitaine," déclara Fran avant de lâcher la main d'Aérith.
Le temple trembla.
Les SOLDATs furent aussitôt en formation, et Aérith poussée avec autant de ménagement que possible derrière un mur d'hommes en armes.
"Qu'est-ce que ? ! "
Fran n'avait pas réagi, elle s'était contentée d'approcher d'un viéra, vérifiant son pouls avant de lui fermer les yeux.
"Fran ! " s'écria Vossler, "vient te mettre à l'abri ! "
"PUTAIN ! " s'exclama une seconde classe quand le temple sembla soudain se rétracter sur lui-même, les murs de pierre s'incurvant vers l'intérieur.
Elle se releva, leur jetant un regard intrigué avant de tourner la tête vers le temple.
"Que se passe-t-il ? " demanda Basch, l'épée au clair.
"Les squames sont dans le temple," répondit Fran, sans sembler le plus inquiète du monde.
"On n'est pas censé empêcher ça ? " rétorqua Aérith en jouant des coudes pour tenter de se glisser entre deux SOLDATs.
Un des étages pivota sur lui-même, le suivant fit de même, mais dans le sens inverse. Puis tout s'immobilisa. Fran replia son arc en mode démultiplieur puis prit une flèche dans le carquois du corps à ses pieds, murmurant dans leur langue avant de l'encocher.
"Les squames n'arriveront pas à résoudre les énigmes du temple," déclara-t-elle calmement en tirant sur la corde, "plus elles avanceront, plus il tentera de se refermer sur elles."
La flèche de Fran parti.
La silhouette humanoïde qui tentait de sortir s'effondra en arrière, la flèche plantée en plein front.
Fran baissa à nouveau son arme, sous le regard abasourdi des SOLDATs.
"Personne ne peut obtenir la matéria noire sans y laisser la vie. Que ce soit par le temple ou par nos flèches," déclara la viéra.
"Je commence à comprendre pourquoi Mamma pensait que personne ne pourrait obtenir la matéria," murmura Aérith.
Séphiroth aussi.
Mais étrangement, il n'était pas rassuré pour autant.


[1] Petite pensée à mon correcteur orthographique qui s'entête à vouloir corriger chocobo en chocolat. Tu me comprends, toi.
[2] Preuve, si plus est, que Riku est le digne fils de Séphiroth, et petit-fils de Vincent.
[3] Nan, c'est wutan. Surtout ceux du Sud qui vivent dans des montagnes bardées de pins.