Chapitre 62 : De mal en pis

Résumé :
C'est la guerre à Golmore, sur tous les fronts, que ce soit dans ou hors de la forêt.
Fort heureusement, Aérith et Zéphyr sont à l'abri près du temple, avec les SOLDATs.
Enfin, tant qu'Aérith écoute son cousin.

Ils sont fichus.

Personnages :
Team Avalanche, Team SOLDAT, Team Haut Vent, Team Dragon, Bunnies OC

Tags supplémentaires :
Crash aérien, soins d'urgence en tant de guerre, du gore de la chique et du molard, incendie de forêt, kaiju fight, pardon, dragons VS squames


Il y avait trop peu de survivants.
Aérith soignait à tour de bras, les troisièmes classes tentaient d'aider, de rassembler les blessés qu'ils trouvaient, mais trop souvent, ils déposaient des corps soigneusement alignés contre le mur du temple, fermant les yeux et récitant les prières funèbres qu'ils connaissaient. Fran, le visage tendu, les aidait, rassurant les survivants comme elle pouvait, mais chaque fois qu'ils trouvaient une femme ou une jeune fille, elle semblait hésiter quelques instants avant de s'agenouiller pour les reconnaitre.
Il n'y avait pratiquement que des hommes viéra, très peu de femmes et dans le lot, quelques adolescents.
Séphiroth n'osait deviner l'âge de celui qu'il venait de déterrer de sous des débris.
Pas plus vieux que lui à Wutaï, même si, avec la longévité des viéra, il avait probablement l'âge de son père.
Ses deux jambes étaient en miettes.
"Aérith ! " appela Séphiroth. "Fran ! "
L'adolescent gémit, probablement effrayé par la voix de Séphiroth et fort heureusement, les deux femmes furent vite près de lui. Fran fut la première, posant sa main sur le front de l'adolescent, parlant d'une voix aussi douce qu'elle en était capable.
Aérith arriva à son tour, s'agenouillant près de l'adolescent en fronçant les sourcils.
"Tu peux le soigner ? "
"Je… Je vais… essayer. Je n'ai presque plus de mana," souffla-t-elle, les mains oscillant au-dessus d'une des fractures.
"Quelqu'un a une potion de mana ? ! " appela Séphiroth par-dessus son épaule
Aérith leva un regard inquiet vers son cousin et se figea.
"Quoi ? " s'inquiéta Zéphyr.
"Donne-moi ta main ! " s'exclama Aérith en lui attrapant le poignet.
"Mais…" protesta Séphiroth quand elle lui prit la main, la posant très délicatement sur la jambe blessée du viéra.
"Laisse-toi faire," ordonna-t-elle.
"Pas avant que tu m'ait dit ce que tu comptes faire ! "
"Je n'ai pas assez de mana, c'est toi qui vas soigner."
"Aérith," protesta Séphiroth, "je ne sais pas faire ça, pas sans matéria de guérison ! "
"Laisse-moi te guider, Mama et moi le faisons souvent ! "
Tétanisé, craignant de blesser le viéra, Séphiroth n'osa pas bouger.
"Détends-toi. Retrouve la sensation du sacre," conseilla Aérith d'une voix calme. "Comme quand tu essayes de te protéger des émotions de quelqu'un."
Séphiroth obéit, fermant les yeux.
"Reste calme. Maintenant, pousse cette sensation doucement hors de toi, vers tes mains. Fran, dis-lui que je suis vraiment désolée," souffla Aérith, "ça va faire mal."
Un cri de douleur échappa au jeune viéra et Séphiroth voulut le lâcher mais la petite main d'Aérith se referma sur son poignet.
"Non, ne bouge pas, je réduis la fracture ! "
Séphiroth resta immobile, fermant les yeux, n'osant pas les rouvrir.
Et il sentit le sacre d'Aérith traverser sa main, comme un flot se mélangeant à un autre et canaliser sa magie.
C'était comme un arbre, ou des racines, qui se déploieraient dans la jambe du viéra.
Son système sanguin, reconnut Séphiroth.
Ici, des lianes, des muscles. Et là, les troncs, ce devait être les os.
Il sentit la poussée d'Aérith sur les os décalés, les réajustant, la magie renforçant la zone de contact, effaçant les cassures.
"Plus haut," ordonna Aérith et cette fois, Séphiroth n'hésita pas, posant sa main au-dessus du genou.
Quand il rouvrit les yeux, quelques minutes plus tard, les jambes de l'adolescent étaient guéries. Le viéra s'était blotti dans ses bras, l'observant en silence, son expression plus calme, plus…
C'était comme une tasse de thé qu'on reçoit quand il fait froid. Comme Umbra s'endormissant dans ses bras quand elle revenait d'une expérience d'Hojo.
Reconnaissance.
Aérith soupira en s'asseyant sur ses talons.
"Il ne doit pas encore marcher, les fractures sont trop fragiles. Porte le à l'abri."
"Je... oui," répondit Séphiroth en obtempérant, allant l'installer près d'un viéra qui lui faisait signe d'approcher...
Il fallut qu'il décroche une à une ses griffes de son uniforme, l'adolescent refusait de le lâcher, mais l'adulte parvint à l'aider et l'installa confortablement pendant que Séphiroth se levait. Il rejoignit Aérith, fixant la paume de ses mains.
"Je peux soigner ? " murmura-t-il.
Aérith lui tendit les siennes et il l'aida à se relever, la hissant debout.
"Bien sûr que tu peux," rétorqua-t-elle avec un sourire, "tu es un guérisseur-né, Zéph ! "
Il était guérisseur-né.
Il avait tellement l'habitude de se battre, de tuer, de blesser qu'il n'avait pas réalisé ce qu'être un cetra signifiait à son niveau le plus simple.
Il était guérisseur.
Il pouvait être autre chose que la machine à tuer d'Hojo, de la Shinra.
Il pourrait être autre chose.
"Bon, tu as encore beaucoup à apprendre" continua Aérith en lui serrant les mains, "alors pour l'instant, contente-toi de soigner des bleus et des bosses, mais je t'apprendrais, tu verras, tu…"
-Reconnaissance-
Aérith referma la bouche, stupéfaite.
Séphiroth eut un petit sourire et recommença.
-Reconnaissance-
Elle le lâcha, mais seulement pour pouvoir le serrer contre elle, passant ses bras autour de son torse.
"Aérith," soupira Séphiroth.
"Nope, je te lâche pas, tu en profites, il faut que tu apprennes à aimer les câlins."
Séphiroth tourna le regard vers Basch et Vossler qui approchaient, les observant tous deux avec amusement.
"Basch, Vossler, faites quelque chose…" supplia-t-il.
Vossler se dévoua.
Il prit une photo.
Et l'envoya à Vincent.


Depuis combien de temps étaient-ils en train de combattre les flammes ?
Quand est-ce que les renforts arriveront ?
Régulièrement, un nouveau foyer était annoncé et le nuage de fumée grossissait au-dessus de la jungle de Golmore. Les monstres s'étaient joints à la partie, fuyant les ravages des flammes et plus d'une troupe de combattants s'était déjà retrouvés face à des cœurls paniqués, ou un malboro à moitié carbonisé et enragé par la douleur.
Il y avait toutefois de moins en moins de squames en bas, et le peu qui avaient tenté de grimper jusqu'à Yuffie avait été impitoyablement abattus par le Turk. Heureusement, comme Shera l'avait théorisé, les moissonneurs n'étaient pas matures, et plus facile à abattre que d'ordinaire. De ce que Jessie et les deux apprentis disaient sur la fréquence d'Avalanche, les renforts tentaient de sauver le plus de viéra possible, mais certaines squames avaient déjà réussi à s'enfuir avec leur chargement. Vincent essayait de ne pas penser à ce qu'Hojo pourrait leur faire, ils devaient pour l'instant se concentrer sur le contrôle des foyers d'incendie.
Il vit Yuffie invoquer Shiva une fois de plus, la gracieuse femme des glaces gelant tout un arbre avant de disparaître dans un tourbillon de flocons.
Yuffie tituba.
L'instant d'après, elle était assise sur la branche, dans les bras de Vincent.
"Yuffie ? "
"J'utilise trop de mana," souffla-t-elle.
"Relâche la G-force," ordonna Vincent, "combien de temps es-tu censée la garder ? "
Yuffie haussa les épaules, fouillant ses poches à la recherche d'une potion de mana, sans succès.
"Je suis à sec Aniki."
Vincent l'appuya sur son épaule, ne lâchant qu'une main pour activer le micro de son module.
"Lieutenant, Yuffie n'a plus de mana et doit déconnecter sa G-Force."
/Évacue là. Alexandria a un camp de secours sur la péninsule, vous prenez tous les deux un quart d'heure de repos./
"Oui, Lieutenant," répondit Vincent avant de baisser les yeux sur Yuffie qui mâchonnait une barre de nourriture énergétique. "bébé mog ou princesse ? "
"Bébé mog," répondit Yuffie après avoir avalé.
Vincent mit la sécurité sur son fusil, puis, après s'être assuré que Yuffie tenait assise seule, se tourna pour la prendre sur son dos.
"C'est bon ? "
"Ouip, vas-y," répondit Yuffie.
Heureusement qu'il était augmenté. Se déplacer dans les branches aurait été impossible sans cela, ou en tout cas, pas avec Yuffie sur le dos, aussi légère qu'elle soit. Il arrivait presque à la lisière de la forêt quand la voix de Jessie s'éleva soudain.
Ici Jessie, avis de tempê- en approche, les stations météo pêtent - câble ! Des vents de force 8 sont annoncés et il pleut com- un béhémoth qui pisse !
Il ne manquait plus que ça. Au vu des commentaires de Barret sur leur fréquence, leur lieutenant était d'accord avec eux. Et les apprentis venaient probablement d'apprendre quelques jurons en corel. Cid allait encore râler sur la météo improbable des tropi…
Vincent s'arrêta sur une branche, restant immobile quelques secondes.
Il ne connaissait pas grand-chose à l'aéronautique, mais il avait entendu les deux Cid discuter des prévisions météo le matin même.
Il n'y avait aucune tempête de prévue dans les trois prochains jours.
"Yuffie, accroche-toi," ordonna-t-il avant d'escalader le tronc, aussi rapidement qu'il pouvait, cherchant un point de vue lui permettant de voir au-dessus des cimes.
Il crut d'abord que c'était la fumée du feu de forêt qui noircissait le ciel avant de réaliser que les nuages noirs venaient du nord et approchaient en roulant, zébrés d'éclairs.
Et avec sa vision augmentée, il apercevait des silhouettes sombres gigantesques, éclairées à contre-jour par la foudre.
"Aniki ? " murmura Yuffie, cramponnée à ses épaules. "Que se passe-t-il ? "
"Les renforts de Burmécia." répondit Vincent sur le même ton.
Son père n'avait plus le droit de me reprocher son manque de discrétion.
/Avalanche, évacuation immédiate de la zone de combat !/ ordonna Barret, /Capitaine Fon Ronsenburg, essayez de vous mettre à l'abri ! On vient vous aider dès que possible !/
/Bien reçu, Lieuten- !/
Vincent dégringola de son perchoir aussi vite qu'il le pouvait sans trop secouer Yuffie, mais fort heureusement, l'adolescente avait l'habitude de se cramponner à un augmenté. Barret, Cid et Nanaki les attendaient à la lisière de la jungle quand ils arrivèrent, en même temps que les premières gouttes de pluie et les jumeaux, couverts de suie. Vincent posa Yuffie, avant de lui mettre sa capuche d'un geste automatique, sous le regard amusé de Barret. Il se tourna vers la péninsule, observant le ballet des aéronefs.
L'avis de tempête obligeait les vaisseaux à se poser, cherchant à s'amarrer au plus vite pour ne pas risquer un accident sur un coup de vent malheureux et, sans tour de contrôle pour organiser le ballet des aéronefs, la manœuvre semblait un brin chaotique. Il approcha de Cid qui observait le nuage de tempête arrivant rapidement, accompagné de bruits de tonnerre de plus en plus fort.
"Vince ? Ne me dit pas que ce sont…"
"Si. Barret, explique vite qu'il s'agit de dragons apprivoisés et qu'ils ne doivent surtout pas être attaqués ! "
"Qu'est-ce qu'ils font ? " s'étonna Barret, une main plaquée sur le micro de son module.
"Ils essayent de faire pleuvoir pour éteindre l'incendie," répondit Cid, tenant lâchement sa lance d'une main, jetant un regard envieux à la nuée de dragons.
Les jumeaux semblaient eux aussi fascinés, leurs yeux mako étincelant au milieu de la suie qui les couvraient et pour une fois, ils avaient tous les deux l'air d'adolescents, bouches bées à contempler les dragons qui commençaient à être plus visible sur le noir de leur nuage de tempête.
"Oh, putain," souffla Zack.
"Profitez-en bien, je pense qu'on ne reverra pas ça de sitôt," déclara Vincent.
"Je répète," reprit Barret, " ce sont des dragons apprivoisés, ils appartiennent aux renforts de Burmécia, ils ne doivent pas être pris pour cible ! "
/J'espère que vous pren- des photos !/ s'exclama Jessie.
/- des vidéos !/ renchérit Luca. /Je voudrais trop voir ça !/
"J'espère pas," marmonna Cid dans sa barbe. "On est censé être discret, non ? "
Vincent hocha la tête, au moment où le nuage s'ouvrait sur un dragon gris plus grand que les autres, doté de plusieurs paires d'ailes et qui plongea au cœur de la jungle enflammée.
"Dur d'être discret quand on fait cette taille," marmonna Yuffie.
Cid laissa échapper un grognement de dépit.
Il aurait parié le Haut Vent sur l'identité du dragon en question, même contre Aérith.


Ce fut à ce moment précis que Sin apparut
Un moment, la mer était calme, sa surface à peine agitée par les premiers vents de la tempête approchante.
Et celui d'après, l'eau explosa en une immense gerbe.
Sin, réalisa Vincent, était un Ancien.
Ou du moins, amendera-t-il une fois le choc passé, Sin avait du sang d'Ancien.
Pas étonnant que Da Chao ait accusé les baleines blanches d'être derrière les attaques de Sin.
Vincent n'avait jamais vu d'enfants de Bismarck sous leur forme animale. Malgré leur taille, les baleines blanches se faisaient discrètes, vivant au fin fond des océans les plus profonds et n'apparaissant que rarement aux marins perdus. Mais il avait vu les peintures de son père, les dessins qu'il faisait parfois dans la marge d'un livre pour illustrer son propos.
Sin était immanquablement du clan de Bismarck.
Mais sa taille, la couleur de sa peau, les déformations de son corps, trop asymétriques, les plaques de métal incluses dans sa chair n'étaient pas naturelles.
La force avec laquelle il bondit hors de l'eau, gueule grande ouverte vers les…
Les aéronefs.
Non !
Le Haut vent !


"Putain, ça flambe comme au jour d'Ifrit en bas," souffla Balthier, le regard à moitié sur les contrôles du Haut Vent, à moitié sur la fumée qui s'élevait devant eux.
"On va éviter le nuage," ordonna Shera, "barre à tribord. Maître Cid, averti de notre approche, on se pose près du Blackjack A-321."
"Oui, Capitaine. Blackjack A-321, ici le Haut Vent, nous approchons ! "
/On a une petite place au chaud pour vous à bâbord, Navigateur Pollendina, ravi de vous entendre, ça faisait un…/
Une voix en Alexandriote s'éleva soudain du canal général, faisant sursauter le navigateur.
/Alerte radar ! SIN en approche ! MONTEZ TOUS ! /
Shera se précipita vers la verrière, jetant un regard vers la mer.
Elle vit une immense tache assombrir la surface.
"Balthier ! MONTE ! "
"Accrochez-vous tous ! " s'exclama le pilote.
Shera se cramponna à la rambarde devant elle quand le Haut Vent s'éleva comme une fusée.
La surface de l'eau explosa.


Un Falcon ne put manœuvrer à temps, percuta Sin de plein fouet et fut projeté dans l'océan, un autre fut déséquilibré par le souffle du mouvement et partit vers le sol, malgré les efforts de son pilote pour redresser. Un des Blackjack, plus lent, s'encastra dans le flanc du monstre marin.
Et toujours, Sin montait, montait, suivant le Haut Vent qui s'élevait le plus vite qu'il pouvait.


Dans le poste de tir sous le Haut Vent, Gippal vit avec terreur les mâchoires de Sin se rapprocher de lui.
Il n'est pas bon d'être Al Bhed et de paniquer à bord d'un poste de tir rempli de munitions et de missiles.
Ou en tout cas, il n'est pas bon d'être à côté.


L'artillerie entière du Haut Vent se déclencha à bout portant dans la gueule de Sin. Les canons montés à l'avant se déchargèrent, les missiles et plusieurs explosifs atterrirent droit sur lui.


Vincent ferma les yeux, aveuglé par l'explosion. Encore une fois, il avait les tympans en miette et son sens de l'équilibre en vrac.
Il rouvrit les yeux à temps pour voir Sin être percuté par un dragon aux écailles bleu sombre qui lui lacéra la tête de ses griffes, suivit de plusieurs autres, qui poussèrent de toutes leurs forces, battant l'air de leurs ailes écailleuses pour ramener le monstre vers l'eau.
La techno créature retomba dans la mer de tout son long, provoquant une vague impressionnante qui balaya la péninsule, le camp, les troopers et les réfugiés.
Et se dirigea vers eux.
"Accrochez-vous ! " Ordonna Barret en attrapant Nanaki par la peau du cou.
"Yuffie, grimp…" s'exclama Vincent juste avant que la vague ne les balaye.
Il saisit Cid par le bras mais l'eau les percuta de plein fouet et les submergea, les envoyant tous les deux bouler en arrière.
Pendant quelques instants, le froid de l'eau, son poids sur lui, lui rappela le tube à mako, mais, aussi vite qu'elle était arrivée, la vague recula, laissant le sol humide, des débris couvrant la terre, mais tout le monde vivant et à peine meurtri. Zack fut le premier debout, se secouant avant de chercher son frère du regard. Yuffie se relevait aussi en crachotant, repoussée dans la jungle par la force du courant, mais Barret, avantagé par son poids et celui de Nanaki, était resté sur place.
"Tout le monde va bien ? " appela leur lieutenant
"Cloud a bu la tasse ! " répondit Zack en frappant dans le dos de son frère qui toussait à s'en arracher les poumons.
"Je vais bien," déclara Vincent en se relevant, tirant sur le bras de Cid.
Il leva les yeux. Sin avait disparu, seuls quelques remous et une traînée de sang luminescent à la surface de l'eau trahissait son passage. Au-dessus d'eux, les dragons firent un cercle autour du Haut Vent et des aéronefs restant avant de virer de bord et rejoindre le reste de leur vol, plongeant tous au cœur de la forêt qui brûlait toujours.
La pluie redoubla.
Au moins, le problème de l'incendie serait peut-être résolu.
"Vincent ? On a un problème," déclara Yuffie d'une voix étrangement calme.
Un grondement sourd monta, un que Vincent reconnut aisément, bien qu'il ne l'ait entendu qu'une seule fois.
Vincent tourna la tête vers Cid, qu'il tenait toujours par le bras, réalisant que sa peau était étrangement rugueuse.
Apparemment, le moyen le plus sûr de déclencher la limite de Cid n'était pas de le jeter dans le vide, mais de menacer son Vol.
Ses mains et ses bras étaient déjà couverts d'écailles grises et son dos s'allongeait.
Ce n'était pas le moment de se transformer avec les viéra et les soldats à portée de regards.
"Cid ! Cid calme-toi," ordonna Vincent.
"Qu'est-ce qui…" commença Barret avant de comprendre, "oh, bordel, Cid ! Pas le moment ! "
Vincent tomba à genoux près de Cid, dans la boue, essayant de le cacher à la vue des troopers les plus proches, mais la veste et les gants de Cid commençaient à se couvrir de métal. Ou d'écailles, il n'était pas trop sûr.
Il fallait le calmer rapidement. Vincent tenta de lui prendre le visage entre les mains, mais ne parvint pas à lui tourner la tête et n'osa pas insister, de peur de le blesser.
"Cid, respire, compte cinq et expire… Yuffie as-tu quelque chose qui le calmerait ? "
L'adolescente était déjà en train de fouiller ses poches, imitée par Barret, jetant au sol des remèdes détrempés ou cassés, inutilisables, au fur et à mesure de sa recherche.
"J'ai... j'ai un calmant des jumeaux mais ça risque de le tuer ! "
"Euh, ah ! De la poussière de rêve ? " proposa Barret en sortant un sachet scellé.
Est-ce que ça fonctionnerait sur Cid ? Il était à moitié hume, mais les dragons étaient connus pour résister aux maléfices…
Vincent leva les yeux.
Le Haut Vent retournait vers l'intérieur des terres, se préparant à une manœuvre d'atterrissage d'urgence. Sa coque inférieure avait, encore, été endommagée, soit par Sin, soit par l'explosion des munitions, et une traînée de petits débris s'en échappait, mais ni les hélices, ni les moteurs n'avaient l'air abîmés.
"Cid ! Cid, ils vont bien, regarde ! "
Le dragon frémit mais obéit, leva le regard vers son aéronef avec une expression hébétée.
"Haut Vent ! Haut Vent, vous me recevez ? " appela Barret, une main sur son oreille, "Haut Vent, répondez, ou votre capitaine va vous tuer ! "
/Ici le Haut Vent,/ commença la voix du navigateur, visiblement secoué.
Barret laissa échapper un soupir explosif et se pencha pour tapoter l'épaule de leur pilote.
"Cid ? " murmura le dragoon.
/Capitaine. Nous allons bien, juste un peu secoué et…/
/On y a laissé la coque cette fois ? /fit la voix de Balthier, venant de plus loin.
/Gippal ! ! / s'exclama Shera.
"Gippal ? Il est blessé ? " s'inquiéta Cid.
/On se charge de vérifier, Capitaine, faites votre job, on s'occupe du notre. Shera, Ed, allez chercher Gippal, Balthier, tu restes à ton poste, on continue la manœuvre d'atterrissage./
Cid échangea un regard abasourdi avec Vincent. Les écailles s'effaçaient, le métal laissait place au tissu de sa veste et au cuir de ses gants. Les pupilles de Cid avaient encore une forme de croix, mais rien qui ne soit évident au premier coup d'œil.
"Je crois que mon navigateur vient de m'envoyer balader," marmonna-t-il.
"Ça va aller ? "
Cid hocha la tête, pliant et dépliant ses mains, les dernières écailles de ses bras disparaissant sous ses gants. Il leva les yeux vers Vincent, puis sursauta et regarda Barret qui faisait mine d'observer les aéronefs, tapotant la tête de Nanaki.
"Je… J'ai… Merde, j'ai... ma limite ? "
"Je n'ai rien vu" marmonna Barret.
"Tu t'es arrêté à temps," expliqua Yuffie avant de gratifier Cid d'une rapide étreinte en travers du torse, "qu'est-ce qui arrive à Gippal ? "
Cid releva la tête vers le Haut Vent et sa coque endommagée.
"C'est son poste qui a explosé. J'espère qu'il va bien…"


Gippal était encore en vie.
Pour combien de temps, c'était la question à 100 000 gils.
Quand Sin avait été touché, des squames avaient réussi à sauter de la peau du monstre jusqu'au Haut Vent et si certaines avaient vite patiné sur la surface de la coque et, il l'espérait, replongé dans l'océan, l'une d'elle avait réussi à atteindre l'ouverture causée par les explosions.
C'était un makonoïde, un bien atteint d'ailleurs, presque plus à l'aise à quatre pattes que sur ses jambes, sa mâchoire déformant son visage encore relativement humain.
Il l'avait vu dès son entrée et approchait lentement, se délectant visiblement de la terreur et l'état de faiblesse de Gippal. L'explosion qui avait démoli la coque et une grande partie du poste de tir avait projeté Gippal en arrière, avec la moitié de sa console de commande et il était bloqué sous la carcasse, un bras sous le métal et probablement la mère de toutes les ecchymoses en travers du bide.
Il laissa échapper un petit cri de douleur quand le makonoïde vint tout bonnement s'appuyer des deux mains sur le débris, pressant la console contre son bras meurtri, se penchant au-dessus de Gippal jusqu'à ce que les médailles de soldat autour de son cou lui tombent sous le nez.
Il jouait avec lui ce salopard.
Mais jouer, ça aussi il pouvait le faire.
Le makonoïde ouvrit la gueule au-dessus de lui, découvrant ses crocs, dont certains probablement venimeux…
Qui furent vite fracassés par la clef à molette que Gippal lui enfonça dans la mâchoire.
Ah AH ! Il l'avait eu !
Il l'avait aussi rendu furieux, mais ça lui laissait assez de temps pour essayer de mentalement choper une machine encore intacte du poste de tir et l'électrocuter en priant pour ne pas se chopper le jus lui au…
La porte du poste de tir s'ouvrit. Il se tordit le cou pour voir qui venait le sauver…
"Gippal, reste par terre ! "
Shera.
Sa sirène.
Elle épaula son fusil, un de ceux de Valentine, reconnut Gippal.
Le makonoïde rugit.
La balle emporta la moitié de son crâne, et un second coup de feu se chargea du reste.
Shera réarma, mit la sécurité et se précipita près de Gippal, posant le fusil pour lui prendre le visage entre les mains.
"Gippal, ça va ? ! "
"Shera, épouse-moi ! " s'exclama l'Al Bhed en guise de réponse.
Edgar, qui arrivait en boitant, sa masse à la main, laissa échapper un rire surpris.
Shera, sa sirène, sa sauveuse, se contenta de froncer les sourcils.
"Pourquoi tu ne me demandes en mariage que dans des moments de vie ou de mort ? ! "[1]
"Parce que je suis un trouillard ! " rétorqua Gippal pendant que Shera et Edgar joignaient leurs forces pour soulever la carcasse de métal sur lui, "parce que j'ai peur que si je te le demande quand on est tous les deux conscients et en bonne santé, tu me dises non ! "
"Et bien redemande le moi dès qu'on arrive à respirer au calme et je dirais peut-être oui ! " s'exclama Shera en commençant à l'ausculter.
"Shera, je veux être votre témoin à votre mariage, rien que pour raconter cette fabuleuse demande pendant mon discours."
"Edgar, va chier ! "


Protéger les blessés de la pluie devint rapidement une priorité, mais les SOLDATs n'avaient pas d'équipement de campement. Des couvertures de survies furent hâtivement nouées et accrochées à des branches, pour créer une protection temporaire, mais c'était dérisoire face à l'ondée qui leur tombait dessus.
"Au moins, les feux de forêt devraient ralentir ! " cria Vossler par-dessus le bruit de la pluie.
Séphiroth hocha la tête, achevant de faire un nœud qui tendait une couverture de survie au-dessus de plusieurs blessés.
La voix de Carbuncle semblait… plus calme. Moins douloureuse en tout cas depuis que la pluie avait commencé à tomber. Espérons qu'elle suffise à le protéger des flammes.
"Que tout le monde se taise," ordonna soudain Basch d'une voix basse, le regard fixé vers le temple.
Séphiroth referma la main sur la garde de Masamune, cherchant Aérith par réflexe.
Elle était sous une des bâches, fixant le temple d'un air fasciné, et avait l'air à deux doigts de sortir sous la pluie.
Il la rattrapa en trois pas et la ramena près de lui sans un mot.
Mais avant qu'il ait pu lui rappeler, pour la dixième fois de la journée, de ne pas s'éloigner de lui, il vit ce qui la fascinait à ce point.
Un dragon se posait devant le temple, presque silencieusement malgré ses nombreuses ailes et sa taille.
Séphiroth avait déjà combattu des dragons, que ce soit pour sécuriser les réacteurs mako, ou dans l'arène, mais il n'en avait jamais vu un aussi grand, qui atteignait le premier étage de la ziggourat devant laquelle il se tenait. Il était couvert d'écailles grise, presque argentées, et possédait trois paires d'ailes et une couronne de cornes sur tout le pourtour de son crâne.
Il observa le temple longuement, regardant ses étages se convulser et tourner sur eux-mêmes avant de baisser les yeux vers Aérith et lui.
Il avait les yeux d'un bleu clair que Séphiroth n'avait jamais vu que chez deux personnes auparavant.
Cid Highwind.
Et l'Ancien des Dragons, Bahamut.
Le dragon inclina la tête vers les deux Cetras.
Et en un coup d'ailes, au mépris de toutes les lois de la physique, il reprit son vol, disparaissant au-dessus de la cime des arbres, vers les nuages de fumées et de cendres.
Le silence qui suivit ne fut troublé que par un juron en galbadien, suivi d'une réprimande à mi-voix de Basch.
"Mais c'est bon, Zéph est plus un gamin ! " protesta le SOLDAT coupable.
"On est en compagnie de dames," objecta Vossler, sous le regard dubitatif de Fran.
"Faites place ! Un guérisseur, vite ! "
Tout le monde se tourna en direction de la voix. Plusieurs SOLDATs revenaient d'une ronde de sécurité, l'un d'eux portant quelqu'un dans ses bras. Séphiroth reconnu Ramza, malgré ses cheveux blonds qui lui collaient au visage sous la pluie battante.
"J'y vais ! " s'exclama Aérith en passant sous le bras de Séphiroth qui soupira et se résigna à coller aux basques de sa cousine vu qu'elle semblait physiquement incapable de coller aux siennes.
Ramza se pencha pour passer sous une bâche et poser une viéra à l'abri de la pluie, s'agenouillant pour l'aider à tenir assise. C'était une adolescente, aurait dit Séphiroth, à peu près de l'âge physique de Riku, ou de Yuffie. Elle tenait toujours un couteau ensanglanté à la main et tremblait, le regard écarquillé, mais au premier coup d'œil, Aérith ne sentait pas de blessure sur elle.
"Que s'est-il passé ? " demanda Aérith en essayant de la désarmer.
"Je l'ai trouvée dans un moissonneur pas loin," expliqua le SOLDAT, lâchant la jeune viéra pour lui ébouriffer les cheveux, "elle l'a tué de l'intérieur, une vraie petite badass, cette gamine."
La viéra lui jeta un regard à moitié offensé du geste familier, mais elle laissa Aérith l'ausculter sans protester. Pas de blessure, en effet, si ce n'est quelques égratignures aux genoux et au menton. Elle était encore un peu engourdie par le mucus, mais refusait de lâcher son couteau, fixant alternativement les humes autour d'elle, méfiante mais aussi un brin curieuse.
"Elle était en train d'essayer de s'ouvrir un passage à coup de couteau quand je les ai trouvés," continua Ramza, laissant l'adolescente s'appuyer contre son genou.
Fran arriva à ce moment-là, dépliant une des dernières couvertures sèches qu'ils avaient. Elle baissa les yeux vers l'adolescente et les mots qu'elle s'apprêtait à dire moururent sur ses lèvres, ne laissant passer qu'un mot, dans un souffle.
"Mjrn ? "
L'adolescente releva vivement les yeux, les oreilles aux aguets, fixant Fran en silence quelques secondes.
"Franwë ? " finit-t-elle par murmurer.
L'instant d'après, Fran était à genoux sur la terre, serrant l'adolescente contre elle, toutes deux roucoulant dans leur langue natale.
"Je crois qu'elles se connaissent," nota Ramza.
"Mjrn," répéta Séphiroth, "c'est le nom de sa sœur."
Mjrn était presque en train d'escalader sa sœur, alternant entre se blottir entre ses bras et tenter de la serrer contre elle et Aérith prit quelques secondes pour lui faire lâcher son arme avant qu'il y ait un accident. Fran l'écoutait, caressant ses cheveux et hochant la tête au flot de paroles de la jeune viéra. Elle finit par froncer les sourcils et tourna la tête vers Ramza.
"Tu as sauvé ma sœur ? "
"J'ai pas fait grand-chose, j'ai juste ouvert le moissonneur, elle l'avait déjà..."
Et il se tut quand Fran l'attrapa par le col pour lui rouler une pelle. Mjrn observa l'action au-dessus d'elle avec étonnement et un brin de curiosité, une oreille penchée, tandis que les autres viéra survivants roulaient des yeux.
Quand elle le lâcha enfin, Ramza se laissa retomber assis au sol, hébété.
"Merci," déclara Fran avant de reprendre sa sœur dans ses bras.
"... de rien," finit-il par dire.
"Hé, j'ai sauvé un viéra moi aussi ! " geignit un seconde classe.
"Strahl, pitié, pourriez-vous arrêtez de déconcentrer mes hommes ? " demanda Basch avec un soupir.
En guise de réponse, Fran agita son pompon.


Visiblement, le départ de Sin avait aussi sonné celui des squames.
Elles battaient en retraite, fuyant de toute la vitesse dont leurs pattes ou jambes étaient capables.
Les troopers de Midgar et les soldats d'Alexandria faisaient de leur mieux pour abattre les dernières, mais la grande majorité d'entre eux étaient plus occupés à relever et évacuer les blessés, à tenter d'éteindre les incendies des aéronefs s'étant écrasés, voire à donner les premiers soins sur place. Vincent avait fini par prendre Yuffie sur son dos à nouveau, l'adolescente déjà à moitié endormie malgré la pluie qui leur tombait maintenant dessus si fort qu'ils n'y voyaient pas à dix mètres.
Heureusement, la silhouette de leur aéronef était bien reconnaissable et ils purent se réfugier dessous, s'essorant comme ils pouvaient le temps que le sas s'ouvre.
Shera bondit hors du Haut Vent dès qu'elle vit Cid et se jeta dans ses bras. Ils restèrent enlacés un long moment avant de commencer à vérifier frénétiquement la santé l'un de l'autre.
"Tu vas bien ? Tu es blessé ? "
"Putain, Shiera c'est moi qui devrais te demander ça ! Et Gip ? "
"Il a un bras cassé, l'épaule luxée mais pas de blessures internes, je l'ai collé à l'infirmerie pour la semaine."
"Les autres ? "
"Juste des bleus et un peu secoués, Capitaine," répondit Edgar qui suivait Shera.
"Et le Haut Vent ? "
Edgar fit une légère grimace.
"On a cassé la coque."
"Encore," grommela Cid d'un ton bougon.
"Mais le train d'atterrissage tient toujours, et si on condamne la porte du poste de tir…" commença Edgar en guidant ses capitaines vers les dégâts.
"C'est vraiment fini ? " murmura Nanaki en se laissant tomber assis près des pieds de Cloud.
"Pour l'instant," répondit Barret avec un soupir. "Vincent, met Yuffie et Nanaki au lit. Vous prenez tous les deux un élixir et une boisson réhydratante, compris ? "
"Oui, Barret," répondit le fauve en se hissant à nouveau debout.
"Les jumeaux, vous vous sentez comment ? "
"Crade," répondit Zack.
"Mais opérationnel," ajouta Cloud, en train d'essayer de se débarbouiller avec son tee-shirt trempé.
"Prenez une douche, mangez et revenez, je veux que vous montiez la garde sur le pont du Haut Vent pour… disons deux heures."
"Oui, Lieutenant ! " Répondit Zack. "Et… les autres ? "
"Pour l'instant, ils sont sauf au temple. Dès que la pluie ralentira, on avisera. Oh, Vincent ? "
Vincent, à mi-chemin sur la rampe d'accès, se tourna vers Barret, Yuffie toujours sur le dos.
"tu m'aides pour monter la garde en attendant les jumeaux. Reviens vite."
"Oui, Lieutenant."


Quand Vincent revint, Barret était en pleine discussion avec une haut-gradé d'Alexandria, ainsi qu'un colonel de Midgar. Fidèle à son habitude, Vincent resta à l'écart, observant la scène du haut de la rampe. Les deux soldats ne semblaient pas agressifs, parlant calmement avec leur lieutenant et tentant de le persuader de prendre du repos.
"Lieutenant Wallace, ne m'obligez pas à contacter votre directeur," déclara le trooper d'un ton sévère.
"Colonel…"
"Non. Vous avez parfaitement tenu votre position avec presque la moitié de votre équipe en moins, laissez-nous gérer le reste. Et ça deviendra un ordre si vous n'obéissez pas," ajouta-t-il.
"Mais les aéronefs…"
"Nos unités de secours font leur travail, il n'y a rien de plus que vous pouvez faire," déclara la chevalière Alexandriote en retirant son casque d'intervention.
Ah, Vincent la reconnaissait. C'était une des gardes du corps de la Princesse d'Alexandria, la belle femme borgne qu'il avait vue à l'enterrement du Président Shinra. Elle leva la main, la posant sur l'épaule de Barret et serrant doucement, mais fermement pour avoir son attention.
"Pour le moment, reposez-vous. Nous aurons tous besoin de votre contact avec les viéra dès que la jungle et ses alentours seront sécurisés."
Elle leva l'œil vers Vincent et fronça légèrement les sourcils.
Fatalement, si elle connaissait Sadali, elle devait avoir remarqué la ressemblance, même lointaine. Vincent décida d'agir de manière aussi normale que possible et descendit la rampe, levant l'assiette et la tasse qu'il tenait.
"Lieutenant, votre repas."
Barret eut un sursaut de surprise de se faire vouvoyer par un de ses hommes avant de rouler des yeux et tendre la main vers l'assiette.
"Valentine," salua le colonel, "bon boulot dans la forêt avec la Princesse."
"Merci Colonel," répondit Vincent.
"Des nouvelles du temple ? " ajouta la Générale.
"Pas pour le moment."
"Tenez-nous au courant dès que vous en avez," déclara le colonel.
"Oui, Colonel."
"Et faites dormir votre lieutenant."
"Oui, Colonel," répéta Vincent, cette fois avec un petit sourire.
Une fois les deux haut-gradés repartis, non sans un dernier regard méfiant de la part de la générale, Vincent et Barret restèrent seuls au bas de la rampe d'accès. Barret baissa les yeux sur l'assiette qu'il tenait et les deux sandwichs posés dedans avant de se tourner vers Vincent.
"Tu as eu ça où ? "
"Les jumeaux et Balthier sont en train de faire des sandwiches pour tout le monde. Mange."
Barret obtempéra, s'asseyant sur la rampe et posant l'assiette avant d'accepter la tasse pour la mettre en équilibre sur sa jambe.
"Les gamins ? "
"Ils dorment tous deux dans la cabine de Yuffie. Ils ont pris leur élixir et leur boisson."
"Bien," marmonna Barret avant d'étouffer un bâillement. "Vincent ? "
"Hm ? "
Barret lui tendit sa prothèse martiale.
"Un coup de main ? "
Aérith et Shera avaient veillé à ce que tout le monde à Avalanche sache retirer la prothèse de Barret au besoin et Vincent obtempéra, aidant le guerrier fatigué. Celui-ci poussa un soupir de soulagement et fit jouer son épaule, apparemment content de ne plus avoir le poids de l'arme au bout du bras.
"Ça fait du bien, merci."
"Je t'en prie," répondit Vincent en posant l'arme juste derrière eux.
Barret entama son premier sandwich avec autant d'enthousiasme qu'un repas cinq étoiles et eut le temps de le finir à moitié avant que la voix de Jessie s'élève dans leurs modules.
/Vincent ? J'ai une viéra sur notre fréquence qui demande à parler à Makoto de Daguerreo./
Vincent et Barret soupirèrent de concert, mais l'ex Turk se releva de sa place pour s'éloigner de quelques pas.
"Peux-tu nous mettre en conversation privée, s'il te plait ? "
/Encore ton réseau alternatif ?/
"Jessie."
/Oui, oui, je vous isole pour cinq minutes, fait signe à Barret s'il vous faut plus./
Vincent se frotta le visage d'une main, réalisant un peu tard qu'il venait de s'étaler de la suie sur le front. Il tentait de s'essuyer quand la voix de Jote s'éleva dans son oreille.
/Seigneur Makoto ?/
"Dame Jote."
Il attendit la suite. Apparemment, la viéra semblait… hésitante.
/Les… les guerriers du Seigneur Zéphyr ont sauvé ma sœur./
Vincent n'avait pas la moindre idée de ce dont la viéra parlait. Fran avait été en danger ? À moins qu'elle ne parle de l'autre sœur ? Comment avait dit Balthier déjà ?
"Mjrn ? "
/Je vous suis redevable./
Il n'y avait pas besoin de dire ça deux fois à un ex-Turk et démon de Daguerreo.
"Alors laissez-nous vous aider. Laissez-nous approcher du temple pour le protéger."
Elle soupira longuement mais finit par reprendre, d'un ton fatigué.
/... juste... Vous. Vos champions. Et les dragons./
C'était mieux que rien.
"Nous arrivons dès que la pluie ralentit assez pour pouvoir voler."
/Bien./
"Dame Jote… Avez-vous pu rejoindre le seigneur Carbuncle ? "
La viéra ne répondit pas.
"Dame Jote ? "
Vincent ? Désolé d'intervenir - elle a coupé la communication, annonça Jessie.
Le sniper laissa échapper un soupir rageur avant de rejoindre Barret, s'asseyant à nouveau près de lui.
"Mauvaise nouvelle ? "
"Non," répondit Vincent en s'asseyant à ses côtés, " Dame Jote donne l'autorisation au Haut Vent d'aller au temple."
/Ah ça tomb- -ien,/ lança Jessie, /j'ai -es nouvelles de l'équipe du temple. La zone est sécurizzzzz, mais ils ont besoin de ravitaillement, de tentes et de soi- pour les blessés. Certains devraient être évacués vers des hôpitaux mieux équipés, Aérith fait ce qu'elle peut mais…/
"Je m'en charge," soupira Barret.
/Non,/ coupa Jessie, /dès que j'ai localisé du ravitaillement, je le fais envoyer au Haut Vent. Maître Cid et Shera se chargeront de superviser, toi tu vas te reposer./
"Je monte la garde," offrit Vincent, "et les jumeaux vont bientôt arriver sur le pont."
/Va dormir, /déclara Jessie du ton qu'elle utilisait depuis des années avec Reeve. /Ou je le dirais à Elmyra./
Et ce fut visiblement l'argument final pour convaincre Barret d'aller prendre du repos.


Gast resta quelques secondes interloqué à dévisager la jeune femme aux pieds nus et habillée de vêtements d'un style inconnu, qui venait d'ouvrir la porte de chez lui.
Grande, plus que lui de quelques centimètres (une dizaine), des cheveux blonds quasiment blanc coupés aux épaules et des yeux verts presque aussi jolis que ceux de sa femme (mais pas autant).
Jeune femme qu'il ne connaissait pas.
Ce qui, avec les derniers événements et leurs nouveaux gardes du corps improvisés, s'expliquait facilement. Elle devait probablement faire partie de la dernière fournée en date.
"Professeur Falmis, je suppose ? " finit par demander la jeune femme avec un léger accent qu'il avait déjà entendu mais n'arrivait pas à placer sur le moment...
"En effet, vous êtes ? "
"Freya Haifin, bienvenue chez vous," répondit-t-elle en s'effaçant pour lui tenir la porte ouverte.
Gast obtempéra, inclinant la tête en passant près de la jeune femme. Tseng le suivit, jeta un petit coup d'œil méfiant à Freya avant qu'elle ferme derrière lui. Un autre garde du corps inconnu, vêtu du même style que Freya était en train de finir d'installer un lit dans un coin du salon avec Ifalna et, voyant Gast entrer, il se redressa pour le saluer respectueusement.
En le voyant faire, Ifalna se tourna à son tour vers Gast et vint l'embrasser avec un sourire.
"Bonsoir mon chéri, comment s'est passé ta journée ? "
"Intense. Les nouvelles de Golmore sont... préoccupantes."
"Professeur," protesta Tseng à mi-voix.
Ifalna pinça les lèvres, visiblement inquiète, mais secoua la tête et tendit l'oreiller qu'elle tenait à Freya qui le gonfla de quelques tapes avant de le poser sur le lit.
"Freya et Fratley vont passer la nuit ici, le temps de trouver un logement."
"Oh, bien sûr…"
"Préoccupante ? " répéta Fratley avec un accent bien plus prononcé que sa compagne.
"Je n'ai pas accès aux nouvelles top secrète, mais apparemment, il y a eu une attaque."
"J'espère que Siddhe et Shera sont prudents," murmura Freya.
"Vous connaissez le Docteur Highwind Mist et le Capitaine Highwind ? " s'étonna Gast.
"C'est leur petite sœur," expliqua Ifalna.
La ressemblance n'était pas évidente, mais après avoir vu les jumeaux, Gast ne s'étonnait plus de rien concernant les familles dépareillées.
"Tu restes dormir ici aussi, Tseng ? " proposa Ifalna.
"Je relève Reno, il va pouvoir retourner chez lui."
Il y eut un bruit à l'étage puis Reno dévala l'escalier, donna un baiser sur la joue d'Ifalna et sortit en courant avec un simple "BYE" retentissant par-dessus son épaule.
"Est-ce que je veux savoir ce qui s'est passé ou dois-je attendre le rapport de Reno ? " soupira Tseng en haussant un sourcil.
"Reno a déclaré qu'il ne voulait plus jamais avoir affaire à la famille Valentine, père, fils, petit-fils et toute la cousinade inclut" expliqua Ifalna, "n'est-ce pas Riku ? "
L'adolescent, qui descendait à son tour l'escalier dans le dos d'Ifalna se figea puis tenta d'user d'un sourire charmeur pour se tirer d'embarras.
"C'est pas ma faute," déclara-t-il, "il a qu'à me laisser respirer ! "
"J'espérais qu'il tiendrait de sa mère," nota Tseng d'un ton fatigué.
"Ouais, non, M'man était pire," rétorqua Riku.
Tseng avait personnellement mené les recherches concernant Riku et sa généalogie après l'attaque du réacteur du secteur 3 et les informations qu'Avalanche avait mystérieusement réussi à obtenir. Il avait découvert le passé de Tsubame Makani, ainsi qu'un casier judiciaire pour délits mineurs et son arrestation par la sécurité intérieure, juste avant qu'elle devienne pupille de la Shinra.
Le père de Tsubame Makani était toujours en vie. Mais à moins que Riku ne leur demande directement, Rufus et lui avaient décidé de ne pas le mentionner à Riku et au Général.
Elle n'avait pas décidé de fuguer sur un coup de tête après tout.
"Tseng ? "
Da-Chao, depuis quand le gamin était aussi près de lui ?
"Tu ne devrais pas surprendre des gens entraînés au combat, Riku," déclara calmement Tseng.
"Ouais, Ji-san dit pareil."
Tseng haussa un sourcil, surpris d'entendre du wutan, et en particulier ce mot dans la bouche de l'enfant.
"Y'a des nouvelles de Golmore ? " demanda Riku.
"Riku, ce qui se passe à Golmore est top-secret…" commença Tseng d'un ton autoritaire.
Ifalna n'eut rien besoin de dire.
Un simple regard et un soupir suffirent.
"Les dernières nouvelles que j'ai eues avant de quitter la Tour étaient que les renforts de Burmécia venaient d'arriver à dos de dragons," déclara Tseng, "les squames étaient en train de battre en retraite."
"C'est une bonne nouvelle, non ? " demanda Riku.
Les deux burméciens hochèrent la tête, visiblement fiers de leurs congénères.
"À dos de dragons ? " reprit Freya, "ils devaient être en colère."
"Ou avoir besoin de… hm… Freya, puissance de frappe en commun ? " ajouta Fratley.
"Puissance de frappe," répondit Freya.
Ifalna baissa les yeux sur Riku. Malgré la bonne nouvelle, l'adolescent ne semblait pas tranquille. Ou du moins, l'était aussi peu qu'elle. Et Tseng commençait déjà à devenir nerveux, cherchant du regard les issues. Elle soupira et posa la main sur l'épaule de l'adolescent, attirant son attention.
"Riku. Protège-toi. Tseng est plus sensible."
Ifalna était la seule personne au monde à pouvoir qualifier Tseng de sensible et s'en sortir sans une preuve du contraire.
"Ah, pardon," marmonna Riku, levant la main pour prendre celle sur son épaule.
Et soudainement, Tseng se sentit plus serein.
Bon.
Il y en avait un second comme Aérith maintenant. Et il allait aussi se blinder autour du Général. Au cas où sa méfiance envers lui ne soit pas juste due à son passif à Wutai.
Les familles Falmis et Valentine allaient avoir sa santé mentale, si le poste de directeur des Turks n'avait pas sa peau d'abord.


"Je vous demande pardon ? " déclara Shera d'un ton aussi calme que froid.
Derrière elle, Cid et Edgar grimacèrent de concert, même si le pilote était tout aussi occupé à foudroyer du regard le trooper qui venait de s'adresser à Shera en des termes moins que élogieux.
Lequel se demanda soudain s'il ne venait pas de faire une grossière erreur.
"Vous vous adresserez à moi avec mon titre, jeune homme," déclara Shera avec une autorité qui n'avait rien à envier à Barret quand il menait un assaut, "c'est-à-dire Capitaine Highwind-Mist."
"Mais je croyais que le Capitaine…" commença le jeune homme en désignant Cid.
"On partage le job," répondit Cid, "et j'apprécie assez peu qu'on appelle ma sœur 'poupée' en ma présence."
"Cid, laisse-moi faire," ordonna Shera.
"Je te le tiens ? " proposa Cid.
"Seulement s'il essaye de fuir."
Vincent avait aussi peu d'idées que le jeune homme sur ce que les deux capitaines venaient de se dire, mais entendre soudain du Burmécien dans la conversation ne devait pas rassurer le trooper.
Et il eut bien raison avec le savon que Shera lui passa sur le respect à la hiérarchie, avec lecture du règlement intérieur des armées Shinra et quantité d'autres règles dont Vincent ignorait jusqu'à l'existence.
Ce fut donc bien réprimandé et fort marri que le trooper présenta ses excuses avant de déguerpir sous les rires de ses camarades, tous chargés de caisses.
"J'aimerais le nom de votre supérieur hiérarchique," ajouta Shera à celui qui riait le plus fort.
"Euh, Oui Mad… Capitaine," répondit celui-ci. "et... euh... le ravitaillement ? "
"Le chef mécanicien va vous montrer où l'entreposer et le sécuriser. Nous décollons dans vingt minutes, si vous n'êtes pas descendus d'ici là, vous venez avec nous et vous devrez expliquer ça à votre hiérarchie. Compris ? "
"Oui, Capitaine ! "
"Alors au travail ! "
Shera avait définitivement plus d'autorité que Cid, que ce soit sur son équipage, Avalanche ou le reste des militaires de la Shinra. Vincent s'écarta de son poste devant la rampe d'accès pour laisser les troopers apporter le ravitaillement, des tentes, des couvertures, des caisses de rations et d'eau, quelques unes de matériels de soins et potions. Pas suffisamment pour un camp permanent, mais assez pour organiser l'évacuation des blessés les plus critiques et soigner les autres sur place.
Laissant la colonne de troopers charger l'aéronef, Vincent approcha de Cid qui s'était aussi éloigné pour fumer loin du Haut-Vent.
La pluie avait bien ralenti. Le gros nuage régnait toujours au-dessus de la forêt, mais ce devait être plus un indice de la présence de Bahamut qu'un signe météorologique. De temps en temps, un dragon sortait du nuage, faisait un tour du campement improvisé, sous les cris d'admiration des militaires, avant de retourner dans le nuage ou dans la forêt.
Il pleuvinait à peine, et Cid se tenait sous l'ondée, tête nue, sa cigarette aux lèvres, observant les dragons passer avec un regard plein d'envie. Vincent s'arrêta près de lui, effleurant sa main du dos de la sienne pour attirer son attention.
"Je pensais jamais voir ça un jour," murmura Cid sans baisser les yeux.
"Les dragons ? "
"Nan. Les Burméciens se bouger la queue pour aider dans cette foutue guerre."
Vincent hocha la tête et leva les yeux à son tour.
"J'espère que personne ne remarquera qu'ils ne sont pas montés," déclara-t-il.
"Trop haut. Les SOLDATs le remarqueraient peut-être, mais ils ont autre chose à foutre, là."
"Hm…"
Cette fois, ce fut un grand dragon bleu qui sortit du nuage pour faire une ronde de sécurité. Vincent aurait parié qu'il s'agissait du même qui avait mené l'attaque contre Sin. Peut-être faudrait-il qu'il prévienne les dragons de faire attention avec le sang de la créature techno-magique.
Avant qu'il ait pu mentionner ça à voix haute, Cid reprit.
"C'est… C'est le dragon de Pè… de Herra Haifin."
Ah.
Et ça expliquait l'entrain qu'avait mis le dragon à protéger le Haut-Vent. Si Vincent se souvenait bien, Kaïn Haifin avait admis avoir vu des photos du Haut-Vent et devait avoir compris que ses enfants étaient probablement à bord.
La férocité avec laquelle il avait attaqué un monstre géant et inconnu se comprenait maintenant aisément.
"Il a attaqué Sin. Il faudra le prévenir de nettoyer son sang avec précaution."
"J'ai pas de moyen de le contacter," maugréa Cid.
"Je vais envoyer un message au Docteur Bélias, il aura peut-être une idée," proposa Vincent en sortant son PHS.
Il avait des messages d'ailleurs.
Helgrimr signalait que les renforts de Fort Condor étaient sur le départ.
Une photo de la part de Vossler, montrant Zéphyr subissant un câlin de la part d'Aérith.
Reeve demandait qu'ils l'appellent dès que la situation le permettrait.
Un message de Riku aussi. Juste quelques mots sur l'écran pour demander s'ils allaient tous bien.
Vincent envoya sa question à son père et prit quelques secondes pour rassurer Riku et lui promettre qu'ils l'appelleraient dans la soirée. Il rangea son portable et se tourna à nouveau vers Cid qui contemplait toujours le ciel, admirant le vol des dragons.
"Cid ? "
"Hm ? "
"Je t'ai promis."
Cid fronça les sourcils et baissa enfin les yeux pour regarder Vincent. Celui-ci jeta un petit regard par-dessus son épaule, s'assurant que personne ne faisait attention à eux avant d'effleurer à nouveau la main de Cid.
"On ira voler. Tous les deux."
Cid le fixa avec surprise et Vincent en profita pour glisser sa main dans la sienne.
"Quand tout sera fini, on ira… ou tu veux. Daguerreo, Wutai Sud, Burmécia. Et on volera de nos propres ailes."
Cid resta silencieux quelques instants, regardant Vincent en silence. Il finit par refermer ses doigts sur la main de Vincent, serrant doucement avant de reprendre à son tour dans un murmure.
"Et tes gamins aussi. Faut qu'ils apprennent à voler."
Vincent hocha la tête avec un petit sourire.
"Il faudra que tu m'aides," admit-t-il, "la méthode daguerrienne consiste à jeter les enfants dans le vide jusqu'à ce qu'ils arrivent à atterrir seuls."
"Je crois que c'est encore un truc qui vient du côté burmécien," admit Cid avant de jeter son mégot.
La pause devait être finie. Vincent commença à lâcher la main de Cid, à regret, quand celui-ci le retint, l'attirant plus près de lui pour un long baiser.
Et comme le voulait la tradition, les jumeaux, postés sur le pont extérieur, réagirent avec leur délicatesse et leur timing habituel.
"Ciiiid ! Quelle audace ! " déclara Zack d'un ton gouailleur.
"On le dira à Barret ! " s'exclama Cloud.
Cid leur répondit d'un doigt d'honneur par-dessus sa tête tout en entraînant Vincent à sa suite vers la rampe d'accès.
"Allez, on se dépêche ! " vociféra-t-il à l'attention des troopers, "on décolle ! Edgar tout est prêt ? "
Le chef-mécanicien achevait de sécuriser les caisses, les derniers troopers descendant rapidement de l'aéronef de peur d'être embarqués au passage.
"J'ai fini ! " répondit-t-il en vérifiant une dernière sangle.
"Où est Shera ? "
"Avec Cid, elle prépare le plan de vol."
"Bien, tu fermes la rampe et tu vas te reposer ! "
"Oui, Capitaine ! "
Quand Cid et Vincent arrivèrent au poste de pilotage, Balthier, affalé sur le siège à côté de Maître Cid pour une rapide sieste, se réveilla en sursaut.
"Balthier ! À ton poste ! On va chercher Fran ! "
"Oui, Capitaine ! " s'exclama le co-pilote en bondissant à la barre avec un soudain regain d'enthousiasme.
"C'est bon pour le plan de vol ? " continua Cid en se tournant vers sa sœur et son navigateur.
"On a fait de notre mieux," répondit Shera en remontant ses lunettes sur son front pour se frotter les yeux.
"Il y a encore quelques foyers actifs et il faut éviter les nuages de fumée autant que possible," expliqua le navigateur, "mais entre le vent et le manque d'informations, il va falloir voler au jugé pour les esquiver."
Cid se pencha à son tour sur la carte, lisant les annotations qui restaient un langage obscur pour Vincent et marmonna dans sa barbe en burmécien.
"Ok, Balth tu pilotes, mais je te guiderais. Vincent, va prévenir les jumeaux de redescendre."
"Je vais réveiller Barret, Yuffie et Nanaki ? " proposa Vincent tout en se tournant vers l'interphone près du poste de commande...
"Nan, laisse-les dormir encore un peu. On les réveillera au moment d'atterrir."
Une fois que les jumeaux les avaient rejoint et promptement décidé eux aussi de reposer leurs yeux, dans le cas de Cloud, surtout pour ne pas être malade, Balthier put faire décoller leur aéronef.
Cernés de toutes parts d'autres aéronefs posés, comme Cid le décrit aimablement, 'avec les pieds et probablement que des gauches' , la manœuvre sembla plus ardue que d'habitude et Balthier resta très concentré et étonnamment silencieux tout le temps qu'il lui fallut pour faire décoller le Haut Vent.
Eviter de toucher les autres aéronefs, surtout les Blackjack massif et hérissé d'antennes et de canons à mako, nécessita un décollage purement vertical et doser parfaitement la poussée de toutes les hélices en même temps et ce ne fut qu'une fois qu'il eut dépassé les dernières tôles du plus haut des Blackjack que le jeune homme se permit un soupir de soulagement et un petit sourire victorieux.
"Pas mal, mais faudra qu'on retravaille les décollages verticaux," déclara Cid.
"Je voulais pas rayer la peinture," rétorqua Balthier.
"Au point où on en est," rétorqua Shera.
"Direction nord, nord-ouest, pas trop vite, on va devoir manœuvrer beaucoup et je préfèrerais que Cloud et Yuffie ne nous dégueulent pas dessus."
Le blond commençait en effet à devenir verdâtre et Vincent le rejoignit, lui apportant un des sacs prévus pour ce genre de cas et que les apprentis cachaient un peu partout dans le Haut Vent dès que Cloud et Yuffie étaient à bord.
"Tu veux un thé au gingembre ? " proposa Vincent en s'agenouillant près de lui.
"Pas le temps," gémit Cloud, "si tu as un sort de sommeil, je prends par contre…"
"Je n'arriverais pas à te réveiller à temps," objecta Vincent.
"La baffe ça marche bien," intervint Zack.
"Essaye pour voir," rétorqua son frère.
Ils allaient bien et ils étaient même encore en forme. À peine une heure et quelques de repos et quelques sandwichs les avaient remis d'attaque. Même avec ses propres augmentations, Vincent avait parfois du mal à les suivre. Il espérait qu'une fois le temple sécurisé, il pourrait lui aussi se reposer. Zack passa un bras autour de son frère, le coinçant efficacement contre lui et Cloud ne protesta qu'à peine du traitement tout en se laissant faire. Vincent se releva, se tenant à la barrière de la rambarde quand Balthier commença à manœuvrer.
Son module grésilla à ce moment.
/Makoto ? Makoto, tu m'entends ?/
Vincent fronça les sourcils tout en portant la main à son oreille. Il n'aimait pas le ton incertain de son fils.
"Zéphyr ? Que se passe-t-il ? "
/Quand arrivez-vous ?/
"Trente minutes," répondit Cid, "le temps de trouver un endroit pour se poser pas loin."
/Il n'y en aura pas,/ intervint Aérith, pas plus assurée que son cousin.
"Que se passe-t-il ? " répéta Vincent.
/Le temple rétrécit. Fran dit que ce n'est pas normal./
Vincent et Cid échangèrent un regard inquiet, mais ce fut Cloud qui réagit en premier.
"Faut réveiller les autres."
"J'y vais, reste assis," proposa son frère.
"Zéphyr, tenez bon, nous arrivons au plus vite," déclara Vincent.
/Nous vous attendons./


"Ils arrivent," déclara Séphiroth avant de lever à nouveau le regard vers le temple.
Il était à peine plus grand que Seventh Heaven maintenant. Le cadavre de la squame qui avait tenté de sortir avait été à moitié écrasé quand l'entrée s'était refermée sur lui et le reste du corps avait glissé au sol, avant de tomber dans l'espace libéré dans les fondations du temple.
Aérith en était devenue verte de dégoût et avait dû s'éloigner. Malgré la boue et les gouttes de pluies qui tombaient toujours, les humes et les viéra encore valides s'étaient approchés autant qu'ils l'avaient osé, observant le phénomène avec anxiété. Une autre rangée de pierres monumentale pivota sur elle même, comme un rubik cube géant, avant de tout bonnement se rétracter, diminuant encore la taille du bâtiment.
"Quelque chose... ne va pas," finit par déclarer Fran les bras serrés autour des épaules de sa sœur.
"A quel point ? " se contenta de répondre Séphiroth.
"Le temple est… c'est la première fois que je le vois aussi… petit."
Un des mâles, un bras en écharpe et un œil couvert d'un pansement, déclara quelque chose qui fit hocher la tête à Fran d'un air inquiet.
"Ils sont en train de résoudre toutes les énigmes," traduisit Fran.
La façade du temple trembla à son tour, et fit un tour complet sur elle-même, dans le sens des aiguilles d'une montre avant de revenir à sa place.
Ce fut là que le sifflement commença.
Viéra et SOLDATs avaient la même sensibilité auditive et tous eurent le même réflexe de se boucher les oreilles, ou d'aplatir leurs mains dessus en grimaçant et même Séphiroth se protégea comme il put, non sans s'approcher d'Aérith par réflexe. Bien lui en prit car le sol se mit à trembler à son tour et Aérith put se retenir à lui, passant ses bras autour de son torse.
Quand l'horrible bruit cessa, que le sol cessa de trembler et s'effriter sous leurs pieds, les SOLDATs commencèrent à oser approcher des douves à nouveau, imités par les viéra capables de se déplacer.
Il n'y avait plus de douves.
Il n'y avait plus de temple non plus, ni la terre sur laquelle il avait été construit.
Un trou carré, un peu plus grand que le temple, aux parois vertigineuses se trouvait maintenant à la place de la clairière.
Des gémissements d'horreurs montèrent parmi les viéra. Certains tombèrent à genoux, visiblement désemparés.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? " demanda Séphiroth.
"Je... ne sais pas…" répondit Aérith, toujours cramponnée à lui.
"Ils ont vaincu les épreuves du temple," murmura Fran, aussi horrifiée que ses semblables, serrant Mjrn contre elle.
"Elles étaient difficiles ? " demanda Vossler.
"La dernière est mortelle," répondit la viéra, posant sa joue sur le crâne de sa sœur, "pour gagner la matéria noire, il faut d'abord mourir."
"Écrasé par le temple," murmura Séphiroth.
"Mais, et la matéria ? Elle est écrasée aussi ? " intervint Vossler.
Fran secoua la tête avant de jeter un petit regard aux autres viéra, hésitant avant de répondre. Aucun d'entre eux ne prêtaient d'attention à elle, tous horrifiés du déroulement de la situation.
"La matéria noire n'était pas dans le temple."
Séphiroth et Aérith lui jetèrent un regard décontenancé et elle eut un petit sourire amer avant d'éclaircir ses explications avec son laconisme habituel.
"Le temple est la matéria."
Tous les SOLDATs se tournèrent à nouveau vers les fondations nues devant eux.
"Sacré système de sécurité," marmonna Vossler.
Mjrn frissonna soudain dans les bras de sa sœur et se redressa, levant les oreilles en se tournant dans une direction, vite imitée des autres viéra. Elle finit par hocher la tête et leva le museau vers Fran, lui expliquant quelque chose qui la fit sursauter.
"Père nous ordonne de trouver la matéria et la confier à Aérith et Zéphyr," expliqua-t-elle.
"Hojo doit déjà l'avoir prise," objecta Aérith en désignant la désolation.
"Non," murmura Séphiroth en approchant du bord du précipice, "les squames qui ont essayé de la prendre ont dû être écrasées par le temple."
"Elle doit encore être en bas," ajouta Fran.
"Il faut la trouver, vite," décida Basch, "York Azelas, organisez l'arrivée du Haut-Vent et l'évacuation, les premières classes, avec moi."
"Je viens aussi," déclara Aérith d'un ton décidé.
Les SOLDATs soupirèrent de concert.
"Hamasaki ? "
"Je reste avec elle," répondit Séphiroth.


Curieusement, les corps des viéra étaient restés intouchés. Ils étaient tombés avec la baisse soudaine du niveau du sol, certains étaient même encore couverts de leurs linceuls improvisés. Aérith se pencha sur eux, posant la main sur leur front comme s'ils étaient encore en vie avant de murmurer une prière et se lever pour passer à un autre.
"Que fais-tu ? "
"J'essaye de les apaiser," répondit Aérith. "ils sont morts violemment, et leur raison d'être a… disparu. Ils risquent de devenir des Errants."
"C'est… quelque chose que les cetras font ? "
"Quelques-uns," répondit Aérith en avançant vers le centre de la cavité, son cousin sur les talons.
Mana, il n'aurait pas dû poser la question.
Finalement, les fondations du temple n'étaient pas si grandes. Cent mètres de côté, peut-être ? Il avait paru tellement plus grand à l'origine mais maintenant… Masamune à la main, il suivit Aérith qui semblait se diriger dans une direction, comme guidée par…
Ils stoppèrent tous deux, à peu près au centre du temple.
La matéria noire était posée sur un petit tas de poussière blanchâtre, qui s'humidifiait lentement avec les dernières gouttes de pluie...
Il n'y avait pas d'erreur, c'était une matéria, de la taille d'une méga matéria peut être, grosse comme un poing, à la surface brillante et noire comme une perle géante de Zanarkand.
"Barret ? On a trouvé la matéria noire," annonça Aérith dans son module.
Vous êtes sur que c'est ça ?
"C'est une matéria et elle est noire," répondit Aérith.
Séphiroth n'était certain que d'une chose : il ne voulait pas la toucher. Pour tous les gils et le mana de Gaïa.
Restez sur place, on vous rejoint ! Cid, on arrive quand ?
Dix minutes ! Shera, Ed, allez préparer l'échelle de corde !
Entendu !
"Compris, on ne bouge pas," ajouta Aérith avant de jeter un nouveau regard plein d'appréhension à la matéria.
"Je serais presque tenté de la détruire sur le champ," marmonna Séphiroth.
"Si elle est si puissante que ça, ce n'est pas une bonne idée. On ne sait pas quelle quantité de mako a été emmagasiné là-dedans."
Pour pouvoir invoquer un météore, il devait en avoir une grande quantité en effet. Et de ce qu'il avait lu de Besaid, l'explosion d'une seule méga matéria avait suffi à contaminer l'île pour des générations. Qui sait ce que risquerait de provoquer la destruction de celle-ci. Il approcha toutefois lentement, observant la forme du tas de poussière. Il fronça les sourcils et retint Aérith qui tentait d'approcher à son tour.
"Quoi ? " protesta-t-elle.
Zéphyr la souleva et recula, la tenant en hauteur.
Et elle vit la silhouette tracée par la poussière.
Les jambes.
Les bras.
La tête.
"Ce sont les cendres de quelqu'un," murmura Séphiroth, traçant la forme du bout de Masamune.
Aérith laissa échapper un souffle horrifié et se cramponna à l'épaule de son cousin, murmurant une prière.
"Les viéra avaient raison," murmura Séphiroth en la reposant loin des cendres, "personne ne peut obtenir la matéria sans y laisser la vie."
"Tu… crois que c'est Kadaj ? " souffla Aérith en frissonnant.
Séphiroth haussa les épaules et approcha précautionneusement du corps et de la matéria noire.
Il s'agenouilla, fouillant délicatement les cendres, jusqu'à sortir une chaîne au bout de laquelle pendaient plusieurs plaques militaires qu'il lut rapidement. Il n'y avait pas les mêmes noms, mais ce n'était pas étonnant. Il avait vu des SOLDATs et des troopers récupérer et porter les plaques militaires de leurs amis tombés au combat, le temps de pouvoir les transmettre à leur famille. Il suffisait de trouver les doubles plaques pour trouver le nom du dernier dépositaire et... Ah. Les voilà.
"Gilgamesh Ashur. Soldat de Gongaga, division des escrimeurs."
Le nom ne lui disait rien. Ce n'était pas un Remnant connu, mais peut être que l'opératrice-radio pourrait faire des recherches et…
FUYEZ
Il sursauta à la terreur dans la voix qui résonna à ses oreilles, se levant d'un bond.
C'EST UN PIÈGE !
Il se tourna vivement vers Aérith. La jeune guérisseuse fronçait les sourcils, cherchant l'origine de la voix autour d'elle.
Un couloir des ténèbres s'ouvrait à quelques pas d'elle, dans son dos.
Un homme aux cheveux argentés, encore couvert de mako, passa le seuil.
Il avait un visage que Séphiroth connaissait bien pour l'avoir vu dans le miroir très souvent.
Séphiroth attrapa Aérith par le poignet et tira.
Il sentit un claquement sous ses doigts et grimaça, mais ne la lâcha pas. Il devait lui avoir cassé quelque chose. Il espérait que ce n'était pas grave, mais il n'avait pas le temps d'être délicat, il devait la sortir du chemin de Kadaj.
Qui était rapide.
Très rapide.
Plus que la dernière…
Séphiroth baissa les yeux sur son ventre.
L'épée de Kadaj y était plantée jusqu'à la garde.
C'était la première fois qu'un ennemi parvenait à blesser Séphiroth de cette façon et étonnamment, ça ne faisait pas si mal.
Il lâcha Aérith qui trébucha derrière lui.
"Zéph, que…" commença-t-elle avant de laisser échapper un cri d'horreur.
L'épée était plantée dans un de ses reins, comprit Séphiroth en attrapant le poignet de Kadaj, et probablement dans son intestin.
Heureusement, ça n'était pas le katana à double lame que Kadaj avait laissé à Midgar.
"Aérith… Prends la matéria," balbutia Séphiroth. "Cours."
Kadaj fronça les sourcils et tenta d'extraire son épée mais Séphiroth retenait fermement la lame en place des deux mains.
"Lâche-moi, petit inconscient ! "
"Aérith, COURS ! Lieutenant ! Basch ! "
Tous au temple ! ordonna le lieutenant Wallace. Zéphyr, emmène Aérith à l'abri !
"Il ne peut pas ! " s'exclama Aérith en tâtonnant à la recherche de la matéria, sans lâcher Séphiroth et Kadaj du regard. "Kadaj le tient ! "
"Prends la matéria ! " répéta Séphiroth, détacha une de ses mains de l'épée pour saisir la garde de Masamune...
"Insensé," soupira Kadaj.
Il tourna la lame dans la plaie, puis la tira sur le côté, déchiquetant le flanc de son adversaire.
Cette fois, ça fit mal.
Très mal.
Séphiroth tomba à genoux, tétanisé par la douleur. Kadaj le repoussa d'un coup de pied, le laissant s'effondrer au sol où le SOLDAT se recroquevilla, tentant désespérément d'étancher le sang de ses mains.
Au moins, cette fois il n'était pas coupé en deux, juste à moitié.
Pourquoi est-ce qu'il était aussi calme ?
Kadaj se pencha sur lui et Séphiroth crut un instant qu'il allait l'achever.
Ses yeux étaient dorés et fendus.
La Calamité.
"Allons, mon enfant, cessons ce combat stupide. Viens avec moi…"
Séphiroth ne répondit pas et tendit la main vers Masamune pour la dégainer mais Kadaj - Jénova- lui saisit le poignet de sa tentacule, jetant un regard à l'arme sur son dos.
"Ah. Oui, j'allais oublier."
Elle lâcha son épée ensanglantée, d'un geste négligent.
Masamune disparut de son fourreau pour réapparaître dans sa main.
"Voilà qui est mieux" susurra la Calamité en se relevant.
"Ma... Masa… Elle est à moi ! " protesta Séphiroth en essayant de se redresser, détachant son autre main de sa blessure pour s'appuyer au sol.
La lame de sa propre épée se planta dans sa main, l'épinglant dans la terre détrempée et Séphiroth laissa échapper un cri de douleur.
"Je suis sa maîtresse depuis plus longtemps que toi, mon enfant," rétorqua la Calamité, "Masamune est à moi."
L'épée se transformait déjà, quittant son apparence wutane pour devenir une longue rapière à la lame déchiquetée, sa garde presque aussi distordue que le bras mutant du Remnant, l'œil sur sa garde s'agrandit, s'écarquilla, sa pupille prenant la forme de celles de la Calamité.
"Lâche-le ! " s'exclama Aérith.
Elle était toujours là ? !
Séphiroth tourna la tête vers elle.
Elle tenait la matéria noire d'une main, son bras cassé inerte à ses côtés, et un nuage de pyrolucioles s'élevait des cendres du sacrifice, tournoyait autour d'elle, une voix stridente hurlant des malédictions à Kadaj. Aérith leva son bras intact au-dessus de sa tête, s'apprêtant à jeter la matéria noire au sol de toutes ses forces.
"NON ! " s'écria la Calamité, lâchant Séphiroth pour se ruer vers la guérisseuse.
Le nuage s'abattit sur elles, et un bref moment, Séphiroth se prit à espérer que ça suffise, mais les pyrolucioles n'étaient que ça.
Des pyrolucioles.
Des souvenirs de Gilgamesh Ashur, accusant celle qui l'avait sacrifié pour obtenir la matéria noire.
Jénova le traversa comme un simple nuage de fumée.
Masamune transperça Aérith exactement de la même façon que Séphiroth quelques minutes plus tôt
Jénova saisit la matéria au vol, puis souffla sur les dernières pyrolucioles d'un air dédaigneux, les dispersant avant de se tourner vers la guérisseuse, qui se cramponnait à lui, ses doigts crispés sur sa veste en cuir.
"Qu'espérais-tu faire ? " s'enquit la Calamité.
Aérith ne répondit pas, serrant les dents et fermant les yeux.
Quand elle les rouvrit, ses iris étaient entièrement verts, mais avant qu'elle ait pu utiliser le sort qui avait été si efficace lors de la mort du Président Shinra, la Calamité la poussa en arrière d'un coup de pied, délogeant Masamune de sa blessure. Aérith atterrit au sol avec un cri de douleur, perdant le contrôle du sort qui se dissipa aussitôt.
"C'est bien ce que je pensais," reprit la Calamité, "une cetra."
Elle planta Masamune dans le sol et s'accroupit, déchirant le pull taché d'Aérith pour regarder la plaie se refermer petit à petit
"Oh, ça va être tellement plus facile qu'avec le corps de ce clone…"
Elle prit Aérith dans ses bras, l'enlaçant tendrement avant de poser une main sur sa joue, malgré la terreur et le dégoût de la guérisseuse.
"Ma fille…" susurra-t-elle d'un ton aimant.
Le reste de sa phrase se perdit quand Séphiroth la poignarda dans la gorge avec son couteau[2].
Séphiroth vola en arrière, repoussé par une onde de choc, probablement lancée par réflexe et Jénova lâcha Aérith qui s'effondra au sol sur son bras blessé poussant un cri de douleur. Furieuse, la Calamité croassa des paroles indistinctes, une main sur sa gorge pour étancher le sang. Elle traversa l'espace qui la séparait de Séphiroth, l'attrapa par le col et, sans aucune façon, l'embrassa.
Pendant quelques secondes, sonné par le choc et la perte de sang, Séphiroth se demanda ce qui lui prenait.
Ce ne fut qu'en sentant le goût de son sang sur sa langue qu'il comprit ce qu'elle tentait de faire.
Lui donner ses cellules.
L'instant d'après, c'était trop tard. Il sentit le sang lui brûler la gorge, quelque chose s'ouvrir dans sa tête comme une fleur de cactuar ou une araignée qui dépliant ses pattes. La Calamité le laissa retomber au sol puis se pencha sur lui, lui effleurant la joue avant de croasser, ses paroles presque inintelligibles avec sa blessure.
"Puisque tu refuses d'écouter ta mère, mon enfant, tu es puni."
Elle releva les yeux et tourna la tête de Séphiroth vers le haut de la douve désaffectée, désignant Avalanche qui arrivait enfin.
"Tue-les. Et si tu obéis, si tu es sage, je reviendrais te chercher."
Un sort de flamme frôla la Calamité et elle se redressa, faisant demi-tour pour se diriger vers Aérith d'un pas rapide. Elle la ramassa d'un geste brusque qui arracha un cri de douleur à la guérisseuse, puis fit disparaître Masamune d'un geste et ouvrit un couloir des ténèbres. Ils disparurent tous les deux en quelques secondes, malgré les cris de détresse d'Aérith.
"Zéphyr ! "
Séphiroth leva les yeux, voyant son père arriver en courant, suivit des jumeaux, puis Nanaki.
Cid atterrissait de son saut pour les rejoindre, faisant descendre Yuffie de son dos et le Lieutenant était encore en train de descendre par le filin du Haut Vent, gêné par son bras.
Les SOLDATs arrivaient à leur tour, accompagnés des quelques viéra encore en état de se battre.
Mère serait ravie.
Il allait tous les tuer.
"Zéphyr ! " appela à nouveau son père.
Il allait le tuer.
Il allait… tuer… son père…
La fleur se ferma, l'araignée se recroquevilla.
Il allait les tuer.
Dans un sursaut, Zéphyr tenta de se relever de leur tourner le dos, de s'enfuir, n'importe quoi, mais surtout, de ne pas rester à côté d'eux.
Son père fut le premier près de lui, ses yeux écarquillés et essaya de le retenir.
"Zéphyr, que…"
Il vit son père baisser les yeux sur sa blessure et devenir encore plus pâle, ce qu'il n'aurait pas cru possible. Les jumeaux arrivèrent à leur tour et Zack fit un arrêt en dérapage en jurant avant de se retourner et attraper Yuffie au vol, l'empêchant d'approcher. Cloud fit un pas en arrière avant de chercher leur lieutenant du regard.
"Barret, ta matéria guéri ! Vite ! "
"Qu'est-ce qui se pass…" commença Cid avant de saisir Nanaki par la crinière, le faisant reculer.
"Oh, bordel," jura le lieutenant, levant son arme pour activer les matérias fixées dessus.
"N… non," finit par balbutier Séphiroth, essayant de repousser son père.
Vincent roula au sol sous la poussée violente et se remit vite sur ses pieds, jetant un regard abasourdi à son fils.
"Non," répéta Séphiroth en tentant de se lever, "elle a… ses cell... cellules… Partez…"
"Ou est Aérith ? " demanda Zack.
"Elle a Aérith," souffla Zéphyr avant de grimacer, comme la fleur s'ouvrait à nouveau dans son crâne.
"Zéphyr…" reprit son père.
"Elle m'a ordonné de… de vous tuer, partez ! "
"Tous des drama-queen dans cette famille," maugréa le Lieutenant en sortant quelque chose d'une poche de sa ceinture, "Cloud, Zack, tenez-le."
Séphiroth leva les yeux vers Barret et reconnut ce qu'il tenait.
Un pistolet d'injection.
Cette fois, ce ne fut pas la Calamité qui réagit mais les instincts de Séphiroth, issus d'innombrables séances de tortures déguisées en expériences scientifiques.
Il donna un coup de pied à Cloud qui roula en arrière, le souffle coupé. Il tenta de saisir Barret par le bras, mais celui-ci interposa par réflexe son canon entre lui et le blessé enragé.
Le canon s'écrasa dans main de Séphiroth comme une vulgaire canette d'aluminium et Cloud rampa rapidement vers eux pour les séparer.
"Barret, fait le vite ! " Ordonna Cloud, tentant de contenir le SOLDAT, "ZACK ! Zack aide moi ! "
Zack sursauta et lâcha Yuffie pour approcher à son tour, essayant de retenir les pieds de Séphiroth pour l'empêcher de donner un coup. Cid intervint à son tour, se pendant à l'arme de Barret et tâtonnant jusqu'à déclencher quelque chose. La prothèse tomba soudain et Barret, libéré de son poids, put se redresser, viser et d'un geste assuré, posa le pistolet sur la première parcelle de peau de Séphiroth qu'il put trouver.
Le souffle de l'injection passa presque inaperçu dans le tumulte, mais l'effet fut quasiment immédiat.
Séphiroth s'effondra dans les bras de Cloud et Zack, inerte.
"Il est vivant ? " murmura Cloud.
Barret tendit la main vers sa gorge et hocha la tête avant de baisser les yeux sur la blessure du ventre. Oh… Titans. Il n'était pas formé pour guérir ça. Il savait à peine soigner des petites coupures. Aérith pourrait…
Kadaj avait emmené Aérith.
L'horreur de la situation frappa Barret et il resta silencieux, le regard rivé sur la blessure de Zéphyr.
"Barret ? " l'appela Cid, le faisant sursauter.
Il tourna la tête vers lui, puis leva les yeux vers Vincent qui était resté planté devant eux, pâle et le regard agrandit d'horreur.
"Occupe-toi de Vincent, éloigne-le ! " ordonna-t-il rapidement. "Shera ! Shera tu m'entends ? "
/Ici Shera, Barret, que se passe-t-il ?/
"Zéphyr est gravement blessé, il est… Il est éventré, prépare l'infirmerie ! "
/Très bien, dis à Aérith de…/
"Hojo a Aérith."
Le silence retomba dans la douve, tant sur Avalanche que sur les Soldats et les viéra, chacun réalisant petit à petit ce que ces trois mots signifiaient.
/Nanaki. Met un stop sur Zéphyr,/ finit par ordonner Shera d'une voix aussi calme qu'elle pouvait. /Edgar, aide-moi à sortir la civière d'évacuation. On vous envoie un filin, Yuffie, aide Barret à panser le plus gros, avec la technique que je t'ai apprise !/


[1] Non, c'est pas la première fois, vous pourrez lire la première demande dans Boules de neige : Naufrage en terre ferme
[2] Séphiroth a peut-être appris le maniement de l'épée auprès de Basch, mais son meilleur ami était un ancien gamin des rues qui a dû voler pour survivre pendant des années avec son frère. Ni Vaan ni Reks ne faisaient dans la dentelle quand ils étaient acculés.
Et puis, bon, c'est le fils de Vincent, faut bien que le côté chaotique des Nosfératu ressorte un jour