Chapitre 63 : Gestion de crise

Résumé :
La mission est un fiasco total.
Zéphyr est gravement blessé.
La matéria noire a été volée.
Et Aérith est entre les mains d'Hojo et de la Calamité.
Et maintenant…
Que faire ?

Personnages :
Avalanche, Team Remnants ou ce qu'il en reste, Team Parasite (Shadow FF6, Tarask, Marcus, Cinna et Baku FF9), Les viéra dont un OC (Qestra), Team SOLDAT

Tags supplémentaires :
Hojo est malheureusement toujours en vie, sang, chique molard, tout ca, tout ca, mais surtout du gore, Vincent ne gère pas, Zack non plus, Barret essaye de gérer.


Quand Ifalna reprit conscience, elle était étendue au sol, sur le tapis et Gast et Tseng étaient penchés sur elle.
Elle avait même la main nue de Tseng sur son front et vit parfaitement le tatouage sur sa paume quand il l'écarta.
"Elle n'a rien," déclara-t-il à Gast.
"Chérie ? Que se passe-t-il ? "
"Aérith," balbutia Ifalna.
Elle tenta de s'asseoir, s'agrippant aux bras de Gast, mais ce fut Tseng qui parvint à la redresser.
Elle regarda autour d'elle, hagarde, notant presque distraitement l'état du sol.
Au moins, la casserole était toujours sur le poêle, seule la cuillère était tombée pendant sa chute, mais la sauce avait éclaboussé le plancher.
Riku était par terre, à côté de la chaise d'où il était tombé, les bras enveloppant son ventre et gémissait de douleur. Freya, avec qui il épluchait des légumes, le prenait doucement par les épaules pour essayer de le relever.
"Riku ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu t'es coupé ? " demanda-t-elle.
"N… non, c'est... mon ventre…" gémit l'adolescent.
Il se redressa en grimaçant, soulevant son sweat pour observer sa peau.
Il avait deux cicatrices rondes sur le flanc, mais malgré leur taille impressionnante et leurs bords granuleux, elles étaient guéries et il n'y toucha pas, effleurant son ventre.
"Je comprends pas… marmonna-t-il, "y'a rien…"
"Zéphyr," reprit Ifalna, la voix tremblante, "Aérith et Zéphyr…"
"Chérie, que se passe-t-il ? " répéta Gast.
Tseng aida Ifalna à se relever, la guidant comme il pouvait vers un des fauteuils de la pièce. Il l'assit avec délicatesse, puis s'effaça, laissant Gast prendre sa place, agenouillé près du fauteuil.
"Ils…" reprit Ifalna, "ils sont blessés."
Riku se relevait, s'appuyant sur la table malgré l'aide que lui proposèrent les deux Burméciens. Son visage était grave, sérieux au point qu'il ressemblait à son père et son grand-père encore plus qu'à l'accoutumée. Il avait rabaissé son sweat, mais il traca une ligne sur son ventre, qui allait de son nombril à sa hanche.
"Ils sont blessés," répéta Riku, avant de chercher son téléphone dans ses poches.
Tseng ne sembla même pas douter un instant de leurs déclarations. Il remit ses gants, sortant son propre PHS.
"J'appelle le Président."
"Je ne sens plus Aérith," gémit Ifalna.
L'expression de Gast se décomposa. Il n'y avait qu'une seule raison à sa connaissance pour qu'Ifalna ne sente plus la présence de quelqu'un.
"Non," murmura-t-il avant de serrer sa femme contre lui, "pas Aérith."
Les deux Burméciens semblaient complètement déboussolés et échangèrent des regards perdus avant de se tourner vers Riku qui restait immobile, le PHS sur son oreille sonnant dans le vide.
"Y répondent pas," finit-il par dire avant de raccrocher.
Il baissa les yeux sur Gast et Ifalna qui sanglotaient dans les bras l'un de l'autre. Son visage se durcit encore, et Tseng crut voir le général, tel qu'il était à Wutai, le démon qui terrorisait les wutan.
"Je sors," annonça-t-il.
Tseng le vit passer sous son nez et jura à l'oreille de Rufus avant de lui emboîter le pas.
"Riku ! Reste ici ! "
Occupe-toi de lui, je vais au centre de commandement voir ce qui se passe à Golmore, ordonna Rufus avant de raccrocher, sans laisser à Tseng le temps de répondre.
Quand le Turk sortit de la petite maison des Falmis, il crut un instant qu'il avait perdu l'adolescent avant de repérer sa chevelure grise disparaître au coin de la rue. Il se précipita à sa suite, alertant les Turks caché alentours d'un signe. Les plus rapides commencèrent immédiatement à sécuriser les lieux, alors que les autres gardes du corps arrivaient à leur tour. Tseng les ignora, rejoignant Riku dans la petite impasse où il s'était réfugié.
Là où se trouvait le transformateur mako du pâté de maison.
Oh, il n'aimait pas ça d'avance.
Il avait déjà trouvé Aérith là, en larmes, à plusieurs reprises, surtout après la disparition des jumeaux Strife et la mort de Tifa Lockhart.
Et Riku ne prit pas de gant pour ouvrir la porte du transformateur, détruisant le verrou d'un coup d'épée.
Où avait-il trouvé cette épée ? Tseng était certain qu'il n'avait pas d'arme à la main en sortant.
Est-ce qu'il était à nouveau possédé ?
"Riku ? " appela doucement, mais fermement Tseng, "Riku réponds moi."
"Attends," répondit l'adolescent sans se tourner vers lui.
Il allait avoir une petite conversation avec Ifalna au sujet de l'éducation de Riku. A son âge, il n'aurait jamais osé répondre de cette manière aux adultes autour de lui. Et ce n'était pas uniquement parce qu'il était déjà au sein des Turks à l'époque.
"Riku," reprit Tseng avant de sursauter quand une des conduites à mako explosa soudain.
Il fit rapidement un pas en avant pour saisir Riku par le bras et le traîner à l'abri de l'irradiation.
Riku tourna le regard vers lui.
Il était possédé, en effet.
Mais pas par Jénova.
Tseng tomba à genoux sous le regard de pure mako posé sur lui, puis baissa les yeux instinctivement.
Il sentit la main de Riku se poser doucement, presque affectueusement sur son crâne puis vit l'adolescent se tourner à nouveau vers la conduite qui suintait le gaz mako, tourbillonnant autour de lui, mais sans toucher à Tseng.
Cela dura quelques minutes, une petite éternité.
Puis le gaz disparut, s'évaporant avec un murmure et Tseng sentit la main sur son crâne le lâcher.
Il fallut que Riku le tire par le bras pour le relever.
"Que... qu'est-ce qui s'est… passé ? " demanda Tseng.
Riku avait de nouveau les yeux d'Aérith et Ifalna, vert et noir à la pupille ronde.
Il semblait calme, de ce calme irréel qui le faisait ressembler à son père - et son grand-père, Da-Chao Sama, il voyait la ressemblance avec Valentine maintenant.
Calme, mais déterminé à bouger des montagnes s'il le fallait.
"Aérith est vivante," déclara Riku, "il faut prévenir Ifalna."
"Comment sais-tu ? " demanda Tseng en le suivant d'aussi près qu'il suivait Rufus en public.
"Tu le croirais pas," rétorqua l'adolescent en se dirigeant vers la maison, "mais faut qu'on les rejoigne."
"Ifalna et Gast ? "
"Non. Papa. Ji-san… Avalanche."
Avant d'entrer, il attrapa Tseng par le bras avec une poigne surprenante. Ou peut-être pas tant que ça vu son hérédité côté paternel.
"Tu pourras nous y amener ? "
"A Golmore ? "
Riku hocha la tête. Puis la secoua. Et jura avec inventivité et probablement la mauvaise influence du Capitaine Highwind, plongeant ses mains dans ses cheveux, sa belle assurance soudain envolée.
"Je sais pas ! Je sais pas où ils sont ni où ils vont ! "
"Riku, calme-toi," ordonna Tseng. "Regarde-moi."
Étonnement, cette fois, il obéit.
"D'abord, rassure Ifalna. Laisse-moi trouver ce qui se passe et nous déciderons ensuite ce que nous ferons."
"Il faut qu'on fasse vite," murmura Riku en détournant le regard, "Papa est blessé."
Oh, Da-Chao Sama.
Si quelque chose avait réussi à blesser le Général, Rufus allait être dans tous ses états.
Et plus inquiétant encore : qu'est-ce qui pourrait blesser le général ?


"Shera, je crois que je vais vomir," marmonna Gippal quand Cloud et Barret posèrent la civière contenant Zéphyr ensanglanté au milieu de l'infirmerie, près de son lit.
"Alors, sort ! " ordonna Shera en enfilant un masque chirurgical, "Barret, qu'est-il arrivé à ton bras ? "
"J'ai fait une injection à un nosocomephobique notoire," répondit Barret.
"C'est quoi ? " s'étonna Cloud.
"Phobie de la médecine[1]."
"Ce qui me fait penser, Cloud, tu veux sortir ? " reprit Shera en insérant des matéria dans son collier.
Le jeune homme hésita, baissant les yeux sur Séphiroth et sa plaie cachée sous le bandage temporaire qu'avait posé Barret avec Yuffie. Heureusement, le sort temporel avait stoppé l'hémorragie, mais sous le pansement, la plaie restait béante.
Et quand Shera commença à découper les bandages, Cloud sentit le sort se dissiper.
Avant d'avoir pu commencer à réfléchir, il retint Séphiroth par les épaules, le plaquant à la civière.
Il croisa un regard paniqué, vert et fort heureusement aux pupilles rondes.
"Strife ? " balbutia Séphiroth.
"On t'a déjà dit de nous appeler par nos prénoms," rétorqua Cloud, regrettant aussitôt son ton hargneux.
"Qu'est-ce qui… Aérith ! "
Séphiroth tenta à nouveau de se redresser mais retomba sous la pression des mains de Cloud en grognant.
"Cloud, doucement ! " s'exclama Shera en coupant les vêtements et les pansements de Séphiroth.
"Désolé," marmonna Cloud.
"Jénova, elle a pris Aérith," reprit Séphiroth pendant que Shera retirait les bandages, alternant avec des esuna pour désinfecter, "il faut…"
"Calme-toi," reprit Barret.
"Elle veut... elle a dit… qu'elle était sa fille," continua Séphiroth avant de fermer les yeux en grimaçant. "ça brûle ! "
Shera fronça les sourcils et retira un dernier bandage avant de jurer à mi-voix en Burmécien.
"Shera ? " s'inquiéta Barret.
"Général, êtes-vous en train de vous soigner ? "
Séphiroth ne répondit pas, continuant à marmonner et Cloud lui secoua l'épaule aussi doucement qu'il put.
"Zéphyr ! "
"Hein ? ! "
"Etes-vous en train d'utiliser une magie de guérison ? " répéta patiemment Shera.
"N... non ? Je ne sais pas…"
Si.
Si, il sentait le sacre, libéré de l'influence de Jénova, submerger son corps, comme… comme une coupe vidée qui se remplirait soudain.
"Si… Je… je ne le fais pas… pas exprès…"
"Essayez d'arrêter."
"Shera ! " protesta Barret, choqué par la demande.
"Il a une tumeur mako qui se développe dans la plaie. Zéphyr, arrêtez."
"Je n'y arrive pas…"
Il jeta un regard autour de lui, réalisant peu à peu ce qui se passait et où il se trouvait.
Il inspira.
Son visage redevint aussi impassible que celui de son père, la première fois que Barret l'avait vu.
"Il faut me remettre sous un sort temporel. Je risque de réagir violemment."
"Les sorts ne durent pas assez longtemps sur vous," objecta Barret.
"Si on l'endort d'abord, si," intervient Cloud.
"Deux maléfices l'un sur l'autre, ce n'est pas prudent ! " Protesta Shera.
"Str… Cloud a raison, endormez-moi, sinon je vais… je vais savoir ce que vous me faites et le sort ne t… tiendra pas."
"Je vais le faire," déclara Cloud avant de tourner la tête vers la porte, "Nanaki ! Passe-moi ta matéria temporelle ! "
Barret fronça les sourcils, suivant du regard Nanaki qui se glissait dans l'infirmerie, mais il ne put se résoudre à les arrêter. Les deux augmentés avaient raison, les sorts temporels pourraient permettre d'avoir le temps d'évacuer Séphiroth vers l'hôpital le plus proche mais il resterait conscient de ce qui se passerait autour de lui. Et dans le cas d'un augmenté avec une phobie de la tout ce qui avait rapport à la médecine, rester conscient pendant qu'on tentait de le soigner et le recoudre risquait…
"Où est mon père ? " balbutia Séphiroth, semblant soudain très - trop - jeune.
"Tu veux que j'aille le chercher ? "
Merde, le tutoiement lui avait échappé, mais le Général… enfin, Zéphyr ne semblait pas…
"Non… Non, il… n'aimera pas voir…"
Le jeune homme baissa les yeux vers sa plaie et par réflexe, Barret voulut interposer son bras devant lui avant de se souvenir qu'il avait perdu le canon.
"Il n'aimera pas voir ça," reprit Zéphyr en rabattant la tête en arrière, sur la civière.
"J'aime pas le voir," admit Cloud, penché sur Nanaki pour retirer une matéria de son peigne, gardant une main sur l'épaule de Zéphyr.
Comment est-ce que Zéphyr arrivait à rester aussi calme avec une blessure pareille ? Barret avait déjà dû aider Shera pendant les soins, à tenir ou calmer un de ses hommes, souvent les jumeaux, le temps qu'elle et Aérith les…
Aérith était prisonnière d'Hojo et de Jénova.
Il avait perdu une autre…
Il n'avait pas réussi à protéger…
Zéphyr siffla de douleur et Shera s'excusa brièvement, mais il ne bougea pas, restant immobile sous la main de Cloud.
"Prêt ? " demanda Cloud en se redressant, les matérias dans la main.
"Oui," souffla Séphiroth, encore plus pâle qu'à son habitude. "Fais vite."
Le blond hocha la tête et lâcha l'épaule de Séphiroth de son autre main, la levant au-dessus de son visage.
Il hésita puis changea d'avis et posa doucement sa paume sur son front.
"Détends-toi. Shera va s'occuper de toi…"
"Oui… Et... on ira…"
Cloud commença à activer la matéria de sommeil, glissant la main en travers des yeux du jeune homme.
"On ira…" reprit le général la voix déjà empâtée par le sommeil, "chercher… Aérith…"
"D'accord…" répondit Cloud.
La respiration du général se fit plus lente, plus profonde.
Puis Cloud lança le sort temporel et il cessa de bouger, de respirer. De saigner même.
"Je déteste ça aussi," déclara Barret.
"Cloud, il vaut mieux que tu restes ici au cas où les sorts lâchent," déclara Shera tout en sortant un kit de soin stérile de l'armoire, "tu penses que ça ira ? "
"Tant que je regarde pas la blessure, oui," répondit Cloud avant de froncer les sourcils. "Mais… Zack doit être…"
"Je me charge de lui," déclara Barret.
Il ne pouvait pas soigner, prendre des matérias activées à mains nues ou se relever après avoir été à moitié tranché en deux, mais parler à Zack et l'empêcher de faire des bêtises, il pouvait.
Enfin, il espérait.
Et il laisserait Shera le soin de rappeler à Cloud qu'on n'utilisait pas une matéria sans un support, bordel.


Trouver Zack fut difficile.
Le cargo du Haut-Vent était envahis de SOLDATs, de viéra blessés à évacuer au camp de base et Barret ne pouvait pas poser le pied sans risquer de marcher sur quelqu'un allongé au sol.
Heureusement, les viéra n'avaient pas demandé à ramener les corps de leurs morts. Barret ne connaissait pas les pratiques mortuaires des viéra, mais elles semblaient assez peu attachées aux corps de leurs défunts. Il trouva Fran et une jeune viéra qui lui ressemblait étrangement, toutes deux agenouillées devant un mâle au bras en écharpe et aux cheveux vert, assis contre le mur de métal du Haut Vent. Barret crut reconnaître un des forestiers, leur chef peut être, ou en tout cas, celui qui avait communiqué le plus avec eux.
Ils discutaient tous les trois à voix basse dans leur étrange langue, la mine sombre.
"Fran, tout va bien ? "
Elle tourna la tête vers lui et opina.
"Mjrn et Qestra disent que Père semble hors de danger."
"Qestra ? " répéta Barret en fronçant les sourcils.
Le viéra aux cheveux verts leva les yeux, enfin l'œil vers Barret, l'autre étant caché par un pansement. Fran inclina la tête vers lui.
"Lui. Il est le chef des Forestiers et le fils de notre Père."
Bon, il y avait une subtilité qui lui échappait, mais c'était probablement culturel et il préférait ne pas risquer l'incident diplomatique en posant la question. Barret se contenta d'incliner la tête à son tour en guise de salut.
"Enchanté, hm… Monsieur."
Qestra inclina la tête à son tour, levant son bras intact comme Fran l'avait fait pour saluer les viéra.
"Merci," reprit le viéra, "pour… aider…"
Il fronça les sourcils et grimaça quand sa blessure au visage le lança, mais il reprit vite dans sa langue maternelle, laissant Fran traduire.
"Il vous présente ses excuses pour ne pas avoir pu protéger les cetra. Il acceptera le prix du sang."
Le prix du quoi ? !
Oh, putain, il n'était vraiment pas équipé pour gérer ça non plus. Où était Vincent ? ! Lui saurait quoi faire ou dire…
Ce fut Yuffie qui le sauva en arrivant près de lui, lui tapotant le bras avant de s'incliner respectueusement devant Qestra.
"Fran, pourrais-tu lui dire que ce n'est pas nécessaire ? Aussi diplomatiquement que possible, hein."
Fran obtempéra, à la grande confusion de Qestra qui inclina les oreilles sur le côté.
"Aérith," commença Yuffie avant de se racler la gorge et reprendre, "Aérith refuserait le prix du sang. S'il insiste pour… pour se racheter, qu'il se soigne pour aller mieux et nous aider au combat."
Fran hocha la tête à nouveau et Qestra s'inclina à son tour devant Yuffie en guise d'accord. L'adolescente échangea des remerciements et salutations par l'intermédiaire de Fran avant d'entraîner Barret avec elle, sa petite main au creux de son bras.
"Bien joué," souffla-t-il.
"Je mange de la diplomatie au goûter depuis l'âge de six ans," rétorqua Yuffie, "j'ai l'habitude."
"Tu sais où est Zack ? "
Leur princesse hocha la tête, désignant un des escaliers du Haut Vent.
"Avec Maître Cid, dans le poste de pilotage."
"Comment il va ? "
Yuffie laissa échapper un soupir explosif avant de se frotter les yeux du poing.
"Pas top," finit-t-elle par marmonner, "il est persuadé qu'Aérith est déjà morte."
Hojo avait Aérith.
Jénova l'avait appelée sa fille.
Qu'est-ce qu'ils allaient lui faire tous les deux ?
"Elle est pas morte, hein ? " reprit Yuffie d'une petite voix tremblante.
Barret la fit délicatement lâcher son bras pour pouvoir la serrer contre lui, regrettant de ne pas avoir pris le temps d'aller chercher sa seconde main. Il n'aurait jamais pensé qu'il allait devenir père de substitution pour une demi-douzaine de guerriers traumatisés en signant pour Avalanche mais…
Il fallait se rendre à l'évidence, c'était le cas.
"Zéphyr dit qu'elle était vivante quand Kadaj l'a emmenée," murmura-t-il d'un ton aussi rassurant que possible.
"Il va lui faire du mal…"
Le Haut Vent s'ébranla, reprenant visiblement son vol. Le dernier blessé devait être à bord et ils repartaient pour le camp de la péninsule. Barret resserra son bras autour de Yuffie, l'aidant à garder son équilibre.
"On lui rendra au centuple la moindre mèche de cheveux ébouriffée," grommela Barret, "Tu sais ou est ton f... Vincent ? "
Cette fois, Yuffie soupira en donnant un petit coup de tête sur le torse de Barret.
"Dans la salle de commandement. Cid est avec lui. Laisse-les tranquille, Makoto est… pas très cohérent."
"A ce point ? "
"Il lui a fallu dix minutes pour arriver à parler en commun à nouveau," marmonna Yuffie, "ça l'a secoué de voir Zéph dans cet état."
Sans rire. Il n'osait imaginer son état à lui si Marlène était un jour gravement blessée, alors voir Zéphyr ainsi…
Avec ce genre de blessure.
Il n'avait vu les cicatrices de Vincent qu'une seule fois et ça avait suffi pour lui donner des cauchemars.
"Yuffie, j'ai besoin de toi."
Yuffie se redressa en reniflant mais hocha la tête, fixant Barret dans les yeux.
"Je veux que tu voies avec le Capitaine Fon Ronsenburg ce qui est prévu pour les blessés des viéra. Ils sont le peuple souverain de l'île et ne doivent pas être évacués de force."
Yuffie sursauta, les yeux écarquillés et regarda les blessés étendus sur le sol d'un air critique.
"Tu as raison."
"Je m'occupe de Zack, file maintenant."
"Oui, Lieutenant ! " répondit Yuffie avec un petit salut avant de s'éloigner, cherchant Fon Ronsenburg du regard.


Zack n'allait effectivement pas fort.
Il était assis près du poste de Maître Cid, la tête entre les mains, presque exactement la même position qu'il avait eue à l'hôpital.
Quand ils avaient perdu Tifa.
Quand ses clones avaient tenté de les tuer.
"Zack ? " appela-t-il doucement.
Il leva les yeux.
Oh, Titans.
Lui aussi pleurait.
"Aérith," gémit Zack.
Titans, il était trop jeune pour être le père des trois-quarts d'Avalanche, pourquoi ça tombait sur lui ?
Probablement parce qu'il ne savait pas esquiver les responsabilités[2].
Il s'approcha de Zack et du navigateur, posant sa main sur le dos de Zack qui se laissa faire, se contentant de se pencher jusqu'à s'étaler de tout son poids sur la console de commande. Barret tenta de le retenir, l'empêchant d'activer des boutons probablement fragiles.
"Je veux Aérith," gémit Zack.
"J'ai essayé de lui parler, il n'écoute pas," souffla Maître Cid.
Barret hocha la tête, se souvenant trop tard d'éviter les réponses gestuelles autour du vieil homme. Il pesta à mi-voix et s'agenouilla près de Zack, essayant de le forcer à se déplier et le regarder.
"Zack… Zack, regarde-moi, écoute-moi…"
"Je veux Aérith," répéta Zack.
Son regard s'éteignait, petit à petit, toute la joie de vivre de Zack s'effaçant.
Il était en train de faire comme Cloud à la mort de Tifa.
Il allait replonger.
Barret glissa sa main sous le menton de Zack, l'obligeant à tourner la tête vers lui, sans succès.
"Zack, écoute-moi…"
"Aérith…"
"Zéphyr a dit qu'Aérith était en vie quand Kadaj l'a emmenée."
Zack releva les yeux vivement, si vite que n'importe qui d'autre se serait probablement brisé le cou.
Ah, il allait mieux.
En revanche la lueur dans son regard était proprement meurtrière cette fois.
"Je vais le tuer."
Merde. De qui parlait Zack ? Kadaj ? Hojo ? Jénova ?
Zéphyr ?
Ce n'était pas le moment que les jumeaux prennent le Général en grippe, ils commençaient tous les deux à se calmer et à l'accepter un peu mieux, si jamais il y avait une bagarre, Barret ne pourrait pas les séparer.
L'état de son arme en était une bonne preuve.
"Qui ça, Zack ? "
"Hojo. Je vais le buter. S'il lui fait du mal, je vais le buter."
Titans, merci, pria Barret, aussi fervemment qu'il le pouvait.
"Je ne crois pas que quelqu'un t'arrêtera," déclara calmement Maître Cid d'un ton égal.
"Il vaudrait mieux pour eux," grommela Zack en s'essuyant les yeux d'un revers de manche.
Il se redressa, regardant autour de lui d'un air perdu, se demandant probablement comment il était arrivé là. Barret laissa échapper un soupir de soulagement et se releva, lui tapotant l'épaule au passage.
Il se faisait trop vieux pour ces conneries et il n'avait que trente-six ans, bon sang !
"Il... il va comment ? Zéphyr ? " demanda Zack.
"Shera s'occupe de lui," répondit Barret, "Cloud est avec eux. Tu veux le rejoindre ? "
"C'est… dégueu sa blessure ? " hésita Zack.
Barret se retint de répondre par l'affirmative.
"Il est sous un maléfice de sommeil et temporel pour qu'on puisse l'évacuer, mais ça... ne saigne pas."
"Putain, j'y vais, Cloud va faire des cauchemars sinon ! " s'exclama le Strife brun en se levant d'un bond, manquant de percuter Barret dans sa hâte à rejoindre son frère.
Avec un soupir de lassitude et un peu de soulagement, il fallait l'avouer, Barret prit place sur le siège tout juste libéré. Zack allait probablement se remettre à déprimer plus tard, mais tant qu'il serait occupé avec Cloud et Zéphyr, il ne penserait pas à…
Aérith.
Aux mains d'Hojo. Qu'est-ce qu'il allait pouvoir dire à Madame Falmis ?
"Lieutenant ? " reprit le navigateur. "Vous êtes toujours là ? "
"Oui. Oui, désolé maître Cid," s'excusa Barret.
Il le vit retirer son casque de communication, la passant autour de son cou, puis appuyer sur un bouton qui éteignit une lumière sur le tableau de bord.
"Que s'est-il passé ? " demanda le vieil homme.
Reeve lui avait dit avoir accordé la plus haute accréditation de sécurité possible à Monsieur Pollendina puisqu'il aidait déjà Zack, Vincent, probablement Shera aussi, mais Barret ne savait pas ce qu'il pouvait lui dire.
Ni ce qu'il savait exactement sur Vincent.
Et les Anciens.
"Hojo a Aérith. Zéphyr a été gravement blessé."
"Oh. Ixion," murmura le vieil homme. "Et votre mission ? "
Il avait failli oublier ça.
Pendant que Yuffie et lui évacuaient Zéphyr, les SOLDATs avaient fouillé la zone, mais aucune trace de la matéria noire n'avait été trouvée.
"Maître Cid, pouvez-vous me mettre en contact avec le directeur Tuesti ? "
"Débrief, Lieutenant ? "
"A mon grand regret."
Hojo avait Aérith et la matéria noire.
Et Barret craignait ce qu'il allait faire avec.


Elle avait envie de vomir.
D'ailleurs, elle ne s'en était pas privée dès que Kadaj- la Calamité- lui avait fait passer le seuil du couloir des ténèbres.
Il -elle- l'avait lâchée avec dégoût et peut-être qu'elle aurait dû essayer d'en profiter pour lui échapper mais…
Mais elle était entourée de souffrance.
Les Bienheureux qui hurlaient, les voix de la planète qui saturaient l'air, la douleur qui suintait des murs même…
Qui venait de la chair de Sin, tout autour d'eux.
Elle resta recroquevillée au sol, terrassée par la souffrance de l'arme techno-magique.
Elle n'avait jamais réalisé, ou plutôt elle n'avait pas voulu réaliser que Sin était aussi une créature consciente. Sur ce coup, Shera s'était trompée.
Sin était toujours vivant.
Suffisamment en tout cas pour ressentir la douleur.
"Que me ramènes-tu, très chère ? " susurra une voix calme.
Aérith releva les yeux du sol souillé, prise d'un très mauvais pressentiment.
Ils étaient dans un…
Un logis ?
Peut-être ?
La pièce était irrégulière, vaguement carrée, mais ses murs sans fenêtre n'étaient pas droits, leur surface craquelée par endroit, comme brûlée -cautérisée, elle ne pourrait pas soigner ça- et le sol étrangement souple et élastique.
Les meubles étaient vieux, rafistolés par endroit. Le fauteuil posé dans un coin avait été couvert d'un tissu qui avait dû être un rideau, lui-même souillé. La table était couverte de livres, de notes, de cahiers dans lesquels le moindre coin était couverte d'une écriture nerveuse et carrée, comme celle de Yuffie. Les chaises dépareillées comme celles de Seventh Heaven semblaient presque toutes boiteuses. Il y avait un tapis au sol, mais il était abîmé par le passage des années et des pieds des habitants.
Et devant elle, un vieillard approchait de petits pas précautionneux, courbé à devoir user d'un bâton pour marcher.
Il devait avoir l'âge de son père, et même si ses cheveux étaient toujours noirs, son visage était creusé de rides, surtout celles autour de sa bouche qui lui donnait une expression sévère. Il portait des petites lunettes rondes, dont un des verres était fissuré, et une blouse blanche par le passé, mais maintenant irrémédiablement tachée.
C'était l'Homme en Blanc.
Docteur Jekyll.
Le Vieux Fou.
Le Maître de Sin.
Yakumo Hojo.
"Ça, alors… Quel hasard surprenant," murmura Hojo en se penchant sur elle, autant que sa canne le lui permettait, "tu ressembles à ma femme de manière étonnante. N'est-ce pas, très chère ? "
Kadaj prit le temps de sortir une potion d'un tas de cartons entassés dans un coin et de la boire avant de pouvoir répondre. Il jeta le flacon vide et approcha à nouveau tout en grimaçant, se frottant la gorge.
"Elle est une cetra, comme je l'étais."
Hojo se redressa, surpris avant de laisser échapper un rire presque guilleret.
"Une cetra ? ! Mais c'est merveilleux ! Merveilleux ! Ils n'ont donc pas tous disparu ? "
Il y avait quelque chose d'anormal en lui.
Comme quand Riku avait été possédé.
Comme quand elle avait fait face à Zéphyr à la Tour.
Il était bourré de cellules de Jénova, mais…
Il semblait maître de lui-même, est-ce qu'il avait réussi à la surmonter ? Ou est-ce qu'elle lui laissait son libre arbitre ?
Il se tourna vers Kadaj et Aérith saisit l'occasion.
Elle tendit sa main, étincelant de sacre, prête à l'exorciser.
Kadaj la lui attrapa en un éclair, la soulevant sans effort.
Rivière ! Il avait beau ne pas faire la taille de Zéphyr, il était aussi monstrueusement fort que lui ! Même les coups de pieds d'Aérith ne l'ébranlèrent pas et elle portait ses bottes à coques de métal !
Hojo les regarda d'un air désapprobateur, comme un parent mécontent du caprice de son enfant.
"Ne l'abîme pas, très chère."
"Elle est faible," déclara Kadaj en la fixant du regard, sans cligner des paupières, "telle qu'elle est, elle ne me servira à rien."
Elle la jeta presque négligemment aux pieds d'Hojo et Aérith s'effondra avec un gémissement de douleur.
Elle venait de passer des heures à soigner des blessures graves, elle était épuisée. Son bras lui faisait toujours mal. L'os était à peine ressoudé, et la blessure sur son ventre peinait à se refermer entièrement.
"Noie la dans la Rivière," ajouta Jénova en se frottant la gorge qui guérissait, sa voix encore enrouée.
"Elle a besoin d'être soignée de toute façon," déclara Hojo avec un regard critique au tee-shirt taché de sang d'Aérith. "Et toi aussi, très chère, tu n'aurais pas dû quitter ton tube sitôt," gourmanda-t-il la Calamité d'un ton tendre.
Pourquoi appelait-il Kadaj ainsi ?
Kadaj… ou la Calamité ?
Aérith allait encore vomir.
"Je n'aime pas tes machines," grommela la Calamité.
Hojo laissa échapper un petit rire amusé qui grinça aux oreilles d'Aérith et approcha de la Calamité, levant la main pour caresser la joue du Remnant.
"Mais pour soigner, c'est mieux qu'une injection de mako. Allez, sois raisonnable. Retourne encore quelques jours dans ton tube."
La Calamité affichait une mine ronchonne mais elle finit par hocher la tête. Ravi, Hojo se redressa autant qu'il pouvait et déposa un baiser sur ses lèvres avant de se tourner vers Aérith.
"Je vais demander à Ansem de la mettre dans le laboratoire des génitrices…"
Le laboratoire des…
Le Gynécée, traduisit aussitôt Aérith en sentant le sang quitter son visage.
Là où les femmes étaient forcées de porter des enfants.
"Non," gémit-t-elle en cherchant une issue du regard.
Pas de porte.
Pourquoi n'y avait-il pas de porte dans la pièce ? !
"Hojo, Ansem est mort," grommela la Calamité en grattant les dernières croûtes sur sa gorge.
"Mort ? Comment est-ce arrivé ? " s'étonna Hojo.
"Je me charge d'elle," soupira la Calamité en se penchant pour ramasser Aérith, ignorant la façon dont celle-ci tenta de ramper hors de sa portée.
"Lâche-moi ! " protesta Aérith en tentant de se débattre.
La Calamité ne l'écouta même pas et marcha droit vers un mur.
Avec un chuintement répugnant, les deux pans de chair s'écartèrent l'un de l'autre, s'ouvrant sur un couloir aussi sinistre et irrégulier que la pièce l'avait été.
Une vague de douleur qui ne lui appartenait pas traversa Aérith, lui coupant le souffle.

Etant enfant, à la bibliothèque, Vincent avait pris l'habitude de se réfugier dans des coins étroits, de se glisser sous des étagères basses ou dans des réserves trop exiguës pour que Chaos vienne le chercher.
Quand il avait commencé à grandir, chaque poussée de croissance l'avait privé de ses cachettes, jusqu'à ce qu'il n'en ai, heureusement, plus besoin.
Et avec sa claustrophobie actuelle, il doutait de pouvoir un jour se cacher à nouveau comme il le faisait avant.
Mais pour le moment, il aimerait pouvoir le faire à nouveau. Se cacher, disparaître dans l'ombre, dans le silence, en emmenant avec lui son vol, sa famille.
Son fils.
Faute de mieux, il s'était réfugié dans le coin le plus éloigné de la salle de commandement, là où on ne le verrait pas en entrant au premier coup d'œil, recroquevillé sur lui-même.
Cid avait dû pousser un meuble pour le rejoindre et s'asseoir près de lui.
Vincent avait frémi quand il avait essayé de le toucher et Cid n'avait pas insisté, se contentant de rester à ses côtés.
Il lui avait fallu plusieurs minutes pour réaliser qu'il n'arrivait plus à parler en commun.
Discuter avec Yuffie avait aidé. Elle n'avait pas eu l'air surprise, elle s'était contentée de lui parler, de tout et de rien, passant de temps en temps en commun, jusqu'à ce qu'il arrive à la suivre dans cette langue.
Est-ce que c'était déjà arrivé ?
"Ouais, une ou deux fois," répondit Cid.
Vincent cligna des yeux d'un air confus avant de se tourner vers Cid, réalisant qu'il avait posé la question à voix haute. Le pilote jouait avec la sangle de ses lunettes, hésitant visiblement à sortir une cigarette du paquet coincé là. Il finit par lâcher ses lunettes et reposa son bras sur son genou avec un petit soupir.
"Quand tu te réveilles après un cauchemar, tu parles parfois wutan."
Oh.
Il… ne s'en rappelait pas.
"Comment tu te sens ? " demanda Cid.
Vincent voulu le rassurer, lui sourire, peut-être même s'appuyer sur lui et profiter de sa chaleur, de son odeur.
Il fut très surpris de ce qui sortit de sa bouche.
Du son de sa propre voix.
"Zéphyr est éventré."
Cid tendit lentement le bras, le posant sur son épaule avant de l'attirer contre lui.
Cette fois, Vincent se laissa faire, calant sa tempe contre celle de Cid.
"Je n'ai pas pu le protéger… Encore une fois."
Il y avait eu tellement de sang.
Et cette plaie béante dans le ventre de son fils…
Pourquoi n'arrivait-il pas à le protéger ?
"Respire, Vincent. Essaye de te calmer…"
La porte s'ouvrit et presque instinctivement, Vincent se recroquevilla encore, se cachant derrière Cid.
Shera entra.
Elle portait un tee-shirt propre et à l'odeur, elle s'était très soigneusement lavée au savon médical, mais le reste de ses vêtements sentaient encore le désinfectant et le sang, arrachant une grimace à Vincent.
Elle se figea et sembla hésiter avant de soigneusement fermer la porte et venir s'accroupir à un mètre de Vincent et de son frère.
"Comment va-t-il ? " finit par demander Vincent.
"Il est stable pour le moment. Les jumeaux et Nanaki veillent sur lui, le temps que je m'occupe du triage des blessés."
"Il… va s'en sortir ? " ajouta Cid.
Cette fois, sa sœur soupira et retira ses lunettes pour les essuyer, un tic nerveux que Vincent avait déjà remarqué chez elle.
"Un de ses reins, son gros intestin et plusieurs muscles ont été touchés, mais le kit du professeur Falmis ne repère plus de cellules J. Je lui ai fait une transfusion sanguine en urgence et plusieurs esuna pour désinfecter. J'espérais que sa capacité de régénération mako prenne le relais mais il y a eu un imprévu."
"Un… imprévu ? "
"De ce qu'Aérith me disait, Zéphyr a de la magie sacrée et il aurait dû être guérisseur-né, n'est-ce pas ? "
"Il tient probablement ça de sa mère," confirma Vincent.
"Mais il n'a aucun contrôle là-dessus, ou du moins, pas suffisamment pour se soigner correctement. Dans son état, avec l'influence de la mako dans ses veines, son sacre est en roue libre…"
Shera soupira et se frotta les yeux d'un geste las avant de remettre ses lunettes.
"Il est en train de développer un cancer mako."
Un juron en Burmécien échappa à Cid, mais Vincent se contenta de froncer les sourcils.
"Comme… le dragon à Nibelheim ? "
"Ouais," répondit Cid avant que sa sœur prenne le relais.
"C'est un problème qu'on retrouve parfois chez les augmentés, je t'en ai parlé, tu te souviens ? "
"Pas en détail… qu'est… qu'est-ce que c'est ? "
"La mako accélère la régénération cellulaire, comme la magie de guérison, d'accord ? "
"Oui."
"Mais parfois, cette régénération est hors de contrôle, les cellules se cristallisent et se multiplient de façon anarchique jusqu'à…"
"Shiera," coupa Cid d'un ton sec.
Sa sœur se tut, prise en défaut de tact et prit quelques secondes pour mieux réfléchir à ses paroles.
"C'est possible de le soigner," finit-t-elle par reprendre, "si on fait vite, mais je vais avoir besoin de ton accord."
"Mon… Moi ? Pourquoi ? "
"Zéphyr est sous un sort d'arrêt temporel pour ralentir la progression de la tumeur et je préfèrerais que ça dure le plus possible. Tu es son père, c'est à toi de décider."
"Qu'est-ce que… tu vas lui faire ? "
"Il faudra opérer pour retirer la tumeur, puis conserver Zéphyr sous un sort temporel ou lui administrer un stabilisateur mako pour ralentir son métabolisme afin que le cancer ne revienne pas."
Pendant quelques secondes, Vincent eut l'impression de sentir le scalpel d'Hojo glisser à nouveau dans sa chair et il recula vivement contre le mur, plaquant ses mains sur son ventre. Cid jura, dégageant rapidement son bras et se tourna vers lui, les mains levées, mais se ravisa et resta à distance, faisant signe à Shera de ne pas approcher.
"Vincent. Vincent, calme-toi, respire."
"Pas d'opération, s'il te plait, Shera, ne le coupe pas, Shera s'il te plait ! "
"Vincent... Makoto," reprit Cid, " Du calme, tu parles en wutan."
"Makoto, écoute-moi," reprit Shera.
Makoto obéit, la regardant, le cœur battant. Elle s'assit plus confortablement sur ses talons, lui laissant le temps de se calmer avant qu'elle ne reprenne, d'une voix ferme mais douce.
"Je te promets que je resterai avec lui toute la durée de l'opération. Personne ne sera autorisé à le toucher pour autre chose que les soins, il n'y aura pas de prise de sang ou de biopsie hors de la procédure et les échantillons seront détruits dès que les analyses auront été faites. Il n'y aura pas d'expérience sur lui, je te le jure."
Elle se pencha en avant, tendant la main pour la poser sur le genou de Makoto, l'effleurant avec douceur.
"Personne ne lui fera de mal."
Il voulait la croire.
C'était Shera.
Celle qui portait des pulls en laine de couleurs vive, qui retirait sa blouse dès qu'il approchait, qui avait le cran de congeler ses propres membres amputés et qui houspillait régulièrement les habitués de l'infirmerie pour leurs imprudences.
Ce n'était pas Hojo.
C'était Shera.
"Sauve-le… s'il te plait."
Shera posa sa main sur la sienne et lui sourit.
"Je ferai tout ce que je peux."
Il hocha la tête et tourna la main, emprisonnant doucement celle de Shera entre ses doigts.
"Est-ce que tu as des questions ? " reprit la biologiste sans élever la voix.
"Il… il est conscient ? "
"Non. Il a demandé à être endormi avant d'être mis sous le sort temporel. Les jumeaux sont à ses côtés pour s'assurer que les sorts ne se dissipent pas. Il ne souffre pas," ajouta doucement Shera.
Elle était tout près maintenant et il pouvait sentir l'odeur du savon sur elle, âcre et piquant des produits chimiques qu'il contenait.
"Tu veux le voir ? " proposa-t-elle.
Il voulait le voir.
Il voulait s'assurer qu'il allait bien, qu'il était en sécurité, qu'il serait bien soigné mais…
Mais il ne pouvait pas affronter le sang. L'odeur des produits chimiques.
Voir Zéphyr blessé, presque mourant à nouveau…
Il soupira et baissa à nouveau la tête, se cachant derrière le voile de ses cheveux.
"Il ne vaut mieux pas," finit-il par souffler.
Shera hocha la tête et ne fit aucun commentaire à ce sujet, se contentant de lui serrer la main.
"Nous arrivons bientôt au camp de la péninsule. Je descends avec Barret pour demander l'autorisation d'évacuer les blessés graves à l'hôpital le plus proche."
"Merci Shiera," déclara Cid.
"Essaye de prendre un peu de repos. Toi aussi, Cid, on risque d'avoir besoin de tes talents de pilote. Balth est épuisé."
"A vos ordres, Capitaine," répondit Cid.
Elle lui donna une petite taloche sur le crâne mais ne se lança pas dans une de leurs disputes à rallonge en burmécien. Elle serra une dernière fois la main de Makoto, puis se leva et sortit en s'étirant, fermant doucement la porte derrière elle.
Makoto soupira tout en posant son front contre le crâne de Cid. Le burmécien le laissa faire, posant à nouveau sa main sur son dos.
"Tu veux rester ici encore un moment ? " demanda-t-il.
"Tu… tu dois te reposer. Va dormir."
"Seulement si tu viens avec moi," rétorqua Cid.
Cid était dur en affaires quand il voulait.


Dame Jote était au camp de secours quand ils arrivèrent.
Elle était couverte de cendre et de suie, ses cheveux rassemblés en un chignon ébouriffé et quelques-unes de ses mèches étaient roussies d'avoir été proche d'un des incendies, mais elle ne semblait pas blessée.
Sa voix était rauque néanmoins, et elle laissa échapper une petite toux quand Barret, Shera et Yuffie la rejoignirent.
"Dame Jote, est-ce que ça va ? " s'inquiéta Yuffie.
Elle hocha la tête, se raclant la gorge.
"La fumée. Où sont… ou est ma sœur ? "
"Avec Fran," répondit Barret, "elles aident à évacuer les viéra blessés."
"Jote," appela une voix masculine.
Qestra descendait la rampe du Haut Vent, soutenant un autre mâle de son bras indemne. Deux viéra approchèrent aussitôt pour l'aider, emmenant le blessé avec elles tandis qu'il arrivait près de Jote, l'observant attentivement avant de hocher la tête. Jote fit de même, levant la main vers le bandage sur son visage.
"Ce n'est rien," déclara Qestra en détournant légèrement le visage, "Père ? "
"Il est sous cette tente," répondit Jote en désignant une tente marquée d'un symbole rouge, "affaibli, mais vivant."
Qestra hocha à nouveau la tête et entra sous la tente d'un pas presque hâtif. Jote le regarda s'éloigner, le visage fermé avant de se tourner à nouveau vers la file de blessés qui descendaient du Haut Vent, ou qui étaient portés par les SOLDATs vers les tentes des guérisseurs. Plus la file s'allongeait, plus son expression se faisait sombre.
"Dame Jote," intervint Yuffie, "nous devons vous parler au sujet de vos blessés."
La viéra tourna le regard vers la petite wutane, ses oreilles pivotant aussi vers elle.
"Nous allons évacuer nos blessés les plus graves vers l'hôpital le plus proche. Souhaitez-vous faire de même ? "
"Hôpital ? " répéta la viéra, apparemment peu familière avec ce mot.
"Il s'agit d'un endroit où se regroupent des docteurs et guérisseurs pour soigner les blessés et les malades," expliqua Shera.
"Loin ? "
"L'hôpital le plus proche est à Junon," continua Shera.
A nouveau, Jote ne sembla pas comprendre ce qu'elle disait. Yuffie sortit son téléphone, cherchant une application de GPS pour montrer à la viéra.
"C'est ici. Nous sommes là," expliqua l'adolescente en montrant des points sur le petit écran.
"C'est… loin…"
"Jote ! "
Elle redressa vivement la tête et rendit précipitamment son téléphone à Yuffie, interceptant la plus jeune de ses sœurs avant qu'elle ne la percute de plein fouet.
C'était peut-être la première fois que Barret voyait la viéra aussi émotive.
A part quand elle parlait à Fran. Si on pouvait appeler ça 'parler'.
Jote serra l'adolescente contre elle, le nez dans ses cheveux, entre ses oreilles, respirant son odeur à pleins poumons, pendant que Mjrn piaillait dans leur langue natale. Jote finit par l'écarter d'elle des deux mains sur ses épaules, la détaillant rapidement de la tête aux pieds, à la recherche d'une blessure.
"Tu vas bien ? "
"Ramza m'a sauvé," expliqua Mjrn avant de lui échapper, remontant la rampe rapidement.
Jote la suivit du regard, un sourcil froncé et, ce faisant, son regard tomba sur Fran qui portait un viéra aux jambes bandées sur son dos. Elle inclina la tête vers sa sœur ainée en passant, mais ne stoppa pas, emmenant sa charge dans la tente de soin.
Mjrn revint à ce moment, traînant Ramza par la main. Le première classe se laissait faire, un brin éberlué, et la suivit jusqu'à ce qu'elle stoppe à nouveau devant Jote.
"C'est lui. Il m'a sortie du monstre et m'a porté à l'abri."
"Madame," salua Ramza. "C'est sa mère ? " demanda-t-il à Barret.
"Sa sœur," expliqua Jote.
"Toutes mes excuses ! " s'exclama précipitamment le SOLDAT.
La viéra ne sembla, heureusement pour Ramza, pas vexée de la méprise et inclina la tête devant lui.
"Je vous suis reconnaissante pour avoir sauvé ma sœur."
"Je n'ai fait que mon devoir, Madame."
Jote ne répondit pas, suivant du regard deux SOLDATs qui transportaient un autre blessé sur une civière.
"Dame Jote," reprit doucement Shera. "Nous allons repartir vite. Il faut prendre votre décision."
Jote garda le silence avant de se tourner vers la tente de soin, les oreilles aux aguets. Qestra en sortit à nouveau, suivit par Fran qui tenait une civière pliée, et alla vers elle d'un pas déterminé. Jote s'excusa d'un signe de tête et le rejoignit à mi-chemin, ne stoppant qu'une fois à ses côtés.
"Acceptons."
"Qestra… C'est à l'encontre…"
"J'en prends la responsabilité. Les blessés les plus graves ont besoin de guérison, ou ils ne vivront pas. Et notre clan a été… dévasté. La moindre de leur vie est importante."
"Par ma faute," murmura Jote.
Qestra posa sa main sur son épaule et secoua doucement la tête.
"La faute est partagée. Notre orgueil nous a perdu."
Jote ne répondit pas immédiatement, levant une main pour effleurer le bras blessé du viéra aux cheveux verts. Elle ajusta le bandage temporaire, fronçant les sourcils en voyant le sang séché qui le tâchait.
"Si nous les laissons emmener nos blessés, qu'est ce qui nous garantit leur retour ? "
"J'irais avec eux," déclara Qestra.
Jote leva les yeux vers lui.
"Non."
"Père m'y autorise."
"Fran, qu'est-ce qui se passe ? " souffla Shera à leur viéra qui se tenait devant eux, à demi-tournée vers sa sœur et Qestra, les oreilles aux aguets.
Elle rabaissa ses pavillons et secoua la tête d'un air las.
"Ils se chamaillent toujours autant[3]."
"Ils sont amis ? " demanda Yuffie, curieuse.
"Ils ont grandi ensemble," répondit Fran avant de baisser les yeux sur sa petite sœur et lui poser une question.
La jeune viéra roula des yeux avant de répondre, toujours accrochée à la main de Ramza.
"Ah. Ils sont appariés," déclara Fran en haussant un sourcil.
"Apparié ? " répéta Barret.
"Hm… compagnons de vie ? Marié ? " traduisit Fran avec hésitation.
A quelques mètres d'eux, Jote posa les mains sur ses hanches et leva un regard ferme vers Qestra qui attendit quelques secondes avant de se tourner vers Fran et l'interpeller. Fran eut une brève hésitation, jetant un petit regard désemparé à sa sœur aînée avant d'hocher la tête et traduire.
"Qestra désire escorter leurs blessés à l'hôpital."
"Dame Jote n'a pas l'air d'accord," nota Barret à mi-voix.
Jote et Qestra approchaient à nouveau, visiblement à contre cœur pour la viéra qui reprit d'un ton cassant, tout en croisant les bras.
"Les viéra devront revenir vivants et en bonne santé."
"Oui, Dame Jote," reprit Barret.
"Madame, si je peux me permettre," commença Ramza.
Jote tourna les yeux vers lui, puis les baissa sur la main de Mjrn qu'il tenait toujours. Avec une petite grimace embarrassée, le SOLDAT première classe lâcha la main de l'adolescente avant de reprendre.
"Ce serait un honneur pour moi d'escorter vos blessés à l'hôpital et de les ramener tous une fois guéri."
Qestra inclina la tête vers sa compagne qui traduisit rapidement avant qu'ils se tournent d'un même mouvement vers la tente. Ils échangèrent à nouveau un regard puis Jote hocha la tête d'un geste las avant de revenir vers les humes.
"Au nom des viéra, je vous en remercie."
"Je vais de ce pas demander l'autorisation au Capitaine fon Ronsenburg."
Ramza salua, puis s'éloigna d'un pas vif.
Avant de revenir au bout de quelques mètres, ramenant Mjrn qui l'avait suivi, la poussant doucement vers Jote.
"Fran," commença-t-il en montrant Mjrn, "qu'est-ce qu'elle me veut ? "
"Elle a le béguin," répondit leur viéra avec un minuscule sourire aux lèvres.
Ramza manqua de s'en étouffer d'horreur.
"Fran, c'est une gamine ! "
"Quel âge as-tu ? "
"Euh… trente-quatre ans," répondit le SOLDAT, surpris de la question.
"Elle en a dix de plus."
Pendant que Ramza tentait de réconcilier l'âge réel et apparent de l'adolescente, Mjrn déclara quelque chose d'un ton décidé, auquel les trois autres viéra répondirent d'un mot, en tandem et d'un ton qui ne prêtait pas à confusion.
Barret venait d'apprendre à dire 'non' en viéra.


Trancher les pattes avec lesquelles le moissonneur se retenait au plafond était généralement facile.
Comme pour les crabes, il suffisait de trouver le point faible et d'y coller une lame acérée, pointe en avant de préférence.
C'était encore plus facile quand les moissonneurs étaient rassemblés dans leur nid, pendus au plafond et plus ou moins endormis, dans cette transe dans laquelle ils étaient plongés entre chaque attaque.
Tarask était costaud, grand, n'avait pas le vertige et c'était pour cela qu'il était généralement désigné volontaire pour grimper dans le nid des moissonneurs endormis et les décrocher.
Le plus dur, c'était d'éviter que son prisonnier ne soit blessé dans la chute de la squame, mais les hommes rassemblés en dessous amortirent le choc à l'aide de la bâche tendue entre eux.
Après, ce ne fut l'affaire que de quelques secondes, d'un coup de dague sous la gorge de la squame et leur victime s'effondra.
Tarask descendit rapidement, atterrissant tout en souplesse et approcha, perplexe, observant Marcus et Cinna ouvrir la poche de la squame pour libérer le prisonnier.
"Quelque chose ne va pas ? " demanda Baku en essuyant sa lame en os de Sin sur la jambe de son pantalon.
"C'est moi ou elles sont plus faciles à tuer ? " grommela Tarask.
"Elles sont plus faciles à tuer," confirma le seeq[4], relevant ses lunettes d'aviateur pour frotter ses yeux sensibles avant de se pencher sur la squame morte, "plus petites aussi."
"Des larves ? " suggéra Tarask.
"Eh ! Encore une pas humaine ! " s'exclama Cinna penché sur le chargement de la squame.
"Merde, une autre fille ? " renchérit Baku, "sortez-la de là et mettez-la à l'abri avec les autres ! "
"Va falloir que Tarask s'en charge," rétorqua Marcus en rangeant son arme, "je suis trop petit pour ça."
Tarask roula des yeux mais obtempéra. Il attendit que les deux jeunes hommes aient finit d'essuyer le mucus somnifère de la squame avant de soulever la femme endormie.
Vu la dégaine des filles, ça ne pouvait être que des viéra et c'était pas bon signe, Golmore avait dû être attaquée.
Et Sin avait dû se prendre une raclée, vu le tonneau qu'ils avaient tous fait.
Par contre, qu'Hojo n'ait toujours pas envoyé quelqu'un récupérer les viéra pour les mettre au Gynécée, c'était inhabituel. Avec une autre tribu sur laquelle expérimenter, il s'était presque attendu à le voir descendre venir choisir ses nouveaux jouets lui-même.
Mais là…
Rien.
Ça devait faire des semaines qu'il n'avait pas vu un Remnant, Hojo ne sortait presque plus de son trou, sauf pour se traîner au laboratoire le plus proche, les squames se faisaient rares.
Même un pessimiste comme Tarask commençait à espérer que ce soit autant de mauvais signes pour Hojo.
Ils sursautèrent tous quand un nuage de poussière explosa devant eux, se matérialisant en un homme entièrement couvert de haillons, n'exposant que ses yeux étincelants et la peau mauve sombre qui les entouraient.
Tarask n'avait vu le visage de Shadow qu'une seule fois, quand ils l'avaient sorti, trop tôt peut-être, d'un des tubes de mako, et il n'avait pas vraiment envie de revoir ça.
"Un Remnant arrive. Filez," ordonna le ninja avant de disparaître à nouveau.
"Merde ! On s'arrache ! " ordonna Tarask.
"Mais, les autres ! " protesta Marcus en montrant les moissonneurs alignés sur le plafond au-dessus d'eux, tête en bas, attendant placidement que quelqu'un vienne les libérer de leur chargement.
"On reviendra plus tard ! " s'exclama Baku en attrapant Cinna par la peau du cou, le poussant en avant.
Tarask, plus grand qu'eux tous, fut à la porte en quelques enjambées, mais après un regard par l'ouverture, il recula immédiatement, grognant quand Marcus lui rentra dedans.
"Reculez, il approche ! " grinça Tarask.
Parti de toute la vitesse de ses petites jambes, Cinna le dépassa. Il fallut à nouveau que Baku l'attrape pour le ramener avec eux dans le nid des moissonneurs. Les quatre hommes se cachèrent derrière les montants de la porte et Tarask posa rapidement la viéra, posant sa main en travers de sa bouche pour l'empêcher de parler au cas où elle se réveillerait. Il vit Baku cacher Cinna et Marcus derrière lui, reculant le long du mur pour se rendre aussi invisible qu'il pouvait malgré sa carrure.
Heureusement, le Remnant ne faisait pas attention à son environnement, occupé à retenir son captif qui se débattait et passa sans les voir.
Oh.
Rivière.
C'était Kadaj, reconnut Tarask en fermant brièvement les yeux.
Il était couvert de sang, ses habits étaient lacérés et il avait une hideuse cicatrice sur la gorge, mais il n'y avait pas d'erreur.
Il ressemblait tellement à Séphiroth maintenant.
Et Hojo avait dû lui faire un truc pour que son bras ait aussi horriblement muté. On aurait dit une régénération mako qui s'était mal passée.
Il tenait une jeune femme sur son épaule, aussi couverte de sang que lui, mais vivante et déterminée à ne pas lui simplifier la tâche.
"Lâche-moi ! "
"Cesse de bouger ! " rétorqua Kadaj d'une voix étrange, cassée.
Elle lui assena un coup de poing dans le dos et releva les yeux, regardant frénétiquement autour d'elle.
Son regard vert croisa celui de Tarask.
Il entendit la Rivière chanter.
Elle le fixa elle aussi d'un air stupéfait avant de se tourner brièvement, assénant un coup de genou à Kadaj qui grogna et la secoua brièvement avant de continuer comme si de rien n'était.
Tarask lâcha la viéra, faisant un pas hors de l'abri de la porte, malgré Baku qui lui sifflait de ne pas bouger.
Il sentit deux mains le retenir par le bras et s'immobilisa.
La jeune femme sur l'épaule de Kadaj était en train de défaire quelque chose sur son oreille - un bijou peut être ? - puis fit passer un collier par-dessus son crâne, les emmêlant l'un à l'autre avant de les jeter au sol aussi discrètement qu'elle put, vite suivi par un PHS rose.
Tarask baissa les yeux vers les objets puis la regarda à nouveau. Les mains serrées, le regard suppliant, elle semblait le supplier de les récupérer.
Puis Kadaj se tourna et Tarask sentit qu'on le tirait violemment en arrière.
Il manqua de perdre l'équilibre et retomba à demi sur Shadow qui lui jeta un regard agacé tout en l'obligeant à s'agenouiller hors de vue.
Ils restèrent immobiles, le cœur battant, jusqu'à entendre le bruit répugnant d'une porte qui s'ouvre dans la chair de Sin, puis un autre, quand elle se referma.
Alors seulement, ils osèrent se relever.
"Pauvre gosse," soupira Baku.
"Qu'est-ce qui t'a pris ? " marmonna Shadow à Tarask.
Il ne répondit pas, se relevant pour aller ramasser le butin qui gisait toujours au sol.
Un téléphone. Un collier à un orifice. Et…
"Qu'est-ce que c'est ? " marmonna Tarask en montrant l'étrange assemblage de silicone et de plastique au creux de sa main.
"On dirait un écouteur," nota Marcus en le prenant délicatement entre deux doigts.
"Et un téléphone ! " s'exclama Cinna," s'il reste de la batterie, on pourrait peut-être envoyer un SOS ! "
"On doit déjà être loin des côtes," objecta Baku. "on ne captera pas."
"Cette fille, c'était qui ? " demanda Tarask.
"Aucune idée, ça ressemblait à un uniforme de SOLDAT, mais c'était pas ça," répondit Marcus.
"Et ils n'ont pas de filles dans leurs rangs," renchérit Cinna.
"Tarask ? " reprit Shadow, "tu ne vas rien faire de stupide n'est-ce pas ? "
Tarask hésita, observant les objets dans sa paume.
Pourquoi les avait-elle laissé derrière elle ?
Et pourquoi la Rivière chantait quand elle était proche ?
La viéra à ses pieds laissa échapper un petit gémissement et il se redressa, tendant les objets à Cinna avant de se pencher pour la ramasser.
"Tiens, mets ça dans le butin, on avisera dès que les filles seront dans l'Estomac."
"Tarask," reprit Shadow d'un ton fatigué, "tu ne vas rien faire de stupide ? "
"Va falloir que tu sois plus précis," rétorqua Tarask en se redressant, la viéra sur le dos, "on bouge."
"Il va faire quelque chose de stupide," soupira Baku.


Malgré l'heure avancée, on les attendait à l'aérodrome de Junon.
Une armée d'ambulances, d'abord, rassemblées sur le tarmac et qui s'élancèrent vers eux à peine le Haut Vent fut il posé.
Des troopers Shinra les entourèrent tout aussi rapidement, empêchant un cortège de journalistes d'approcher et déranger le travail des secouristes.
Zéphyr fut emmené dans une ambulance et il fallut toute l'autorité de Shera pour que Cloud soit autorisé à rester avec Zéphyr et elle, afin de maintenir les sorts.
Vincent ne put les suivre.
L'habitacle de l'ambulance était étroit, encore plus que la leur, et contrairement à leur véhicule, il ne sentait pas les fleurs d'Aérith et le nettoyant à la lavande d'Elmyra.
Il n'arriva pas à entrer.
Il regarda le véhicule s'éloigner, désemparé, ses sirènes hurlant à lui faire mal aux oreilles.
Il finit par se détourner, effleurant le bras de Yuffie en passant près d'elle, jusqu'à rejoindre Cid et son équipage qui contemplaient les dégâts de la coque avec des expressions plus ou moins désabusées.
"Cid…"
"Hey, Vince," marmonna Cid sans se tourner vers lui.
"C'est réparable ? "
"Ça dépend du temps qu'on aura," répondit Cid.
"Et des pièces qu'on trouvera," renchérit Edgar.
"Ça veut dire plus de canons, ni de lance missile jusqu'au retour à Midgar," ajouta Gippal, encore pâle et le bras en écharpe.
"Et plus d'artilleur tant que tu es pas guéri, file dans une ambulance ! " ordonna Cid en désignant les véhicules du pouce.
"Oui, Capitaine," soupira l'Al Bhed en s'exécutant.
Vincent s'écarta pour laisser l'Al-Bhed passer et rejoindre la troupe des blessés capable de se déplacer et qui patientait devant le bus qui leur avait été affrété.
L'organisation militaire à Junon était tirée au cordeau, Vincent pouvait le reconnaître. Et c'était bien la seule chose qu'il reconnaissait à Junon. La ville côtière qu'il avait connue avait entièrement disparu. Le port était cerné de digues renforcées et armées, les plages avaient été recouverte de béton, il ne voyait plus un seul chalutier, ni aucun autre bateau par ailleurs et la ville, comme à Midgar, était surmontée d'une plaque, quoique plus petite que celle de leur ville et son toit parsemé de canons plutôt que d'immeubles d'habitations huppés.
Sister Ray était en cours de remontage d'ailleurs, il reconnaissait sa silhouette trapue au milieu des échafaudages.
"Et maintenant ? " demanda-t-il à voix basse, "Que fais-t-on ? "
"Vous, un hôtel vous attend," déclara Maître Cid, une main sur le bras d'Edgar.
Si Vincent avait été en état de réfléchir un peu plus, il se serait attendu à dormir à la caserne Shinra la plus proche, certainement pas dans un hôtel civil.
"Il appartient à un de mes amis de quand j'étais stationné à Porte Sud," expliqua Maître Cid, "à cette époque de l'année, l'hôtel est vide, ça lui fera un revenu et à vous un coin tranquille où vous reposer. Le directeur Tuesti est au courant et a déjà payé et envoyé des troopers sécuriser l'endroit."
Il tendit la main en direction de Vincent et Edgar le guida dans sa direction, jusqu'à ce qu'il puisse le prendre par le bras pour lui parler à voix basse.
"Je sais que tu n'as pas envie de dormir maintenant et je comprends. Mais tu dois te nourrir, prendre une douche et essayer de te reposer."
"Zéphyr…"
"Est entre de bonnes mains. Shera est une dragonne avec ses patients. Elle ne laissera rien lui arriver."
C'était un point que Vincent ne pouvait contredire. Maître Cid ne lui en laissa pas le temps avant d'asséner son dernier argument.
"Et les gamins d'Avalanche ont besoin de toi."
Vincent releva la tête, surpris et se tourna vers le reste d'Avalanche.
Barret, qui achevait de charger le coffre d'une voiture de leurs affaires.
Yuffie qui l'aidait en étouffant des bâillements, lui tendant les sacs au fur et à mesure.
Zack, assis sur une caisse, la tête entre les mains, le museau de Nanaki posé sur les genoux.
Il n'y avait qu'eux, ce soir.
Eux et l'équipage du Haut Vent.
Vincent se tourna vers Cid qui l'observait en silence.
"Cid a raison," déclara leur pilote, "reste avec eux."
"Et toi ? "
"Je dois rester ici pour les réparations," répondit Cid, "sans Shera, ni Gip et les apprentis, on va devoir tous s'y coller."
"Vous êtes épuisés, vous devriez dormir," objecta Vincent.
"On rebouche juste ça ce soir," rétorqua le blond en montrant le trou hâtivement rafistolé à l'arrière du Haut-Vent.
"Mais c'est gentil de vous inquiéter pour nous ! " lança Balthier d'un ton gouailleur un peu plus forcé qu'à l'usuel.
"Vous êtes mon Vol," répondit Vincent.
"Ah, c'est pas juste un truc de Burmécien," marmonna le jeune homme dans sa barbe pendant que Fran, un bras autour de ses épaules, hochait sagement la tête à ses côtés.
"Je veillerais à ce qu'ils dorment tous un peu, même si je dois m'asseoir sur eux," intervint Maître Cid en tapotant le bras de Vincent. "Va maintenant. Occupe-toi de Zack."
"Oui, Maître Cid," répondit Vincent en se dégageant doucement de la main du vieil homme.
Il s'éloigna vers la voiture d'Avalanche, le pas lourd. Cid le regarda s'éloigner en silence, tournant son mégot entre ses doigts. Il attendit que Vincent se soit accroupi devant Zack, une main sur le dos de Nanaki, avant de reprendre.
"Tu penses qu'il arrivera à aider Zack ? "
"Je pense surtout qu'il a besoin de penser à autre chose qu'à Zéphyr à l'hosto," répondit le vieux Cid en se tournant vers la voix de son capitaine, "votre nouveau mec peut se donner tous les airs de Turk solitaire qu'il veut, il a le même tempérament de maman chocobo que vous."
"Ouais, il… HEY," protesta Cid.


"Zack ? " appela doucement Vincent.
Le jeune homme leva les yeux, ses mains glissant de ses cheveux.
"Vince ? "
"Comment tu te sens ? "
Zack soupira en se frottant le visage à deux mains.
"Comment tu as fait… Quand tu as appris que le docteur Crescent était morte ? "
Vincent retira vivement sa main de la nuque de Nanaki.
Bon, si son premier réflexe en entendant le nom de Lucrécia était de s'assurer qu'il n'allait pas avoir un geste brutal, c'était peut-être qu'il allait mieux.
"Zack ! " protesta Nanaki avant de tourner un œil inquiet vers Vincent.
"Ça va, Nanaki," rétorqua Vincent en reposant doucement sa main sur son dos.
Zack fronça les sourcils à l'échange avant de comprendre qu'il avait gaffé.
"Oh… Oh merde, pardon Vince, je voulais pas… enfin je voulais…"
Le Turk le coupa d'un geste calme, levant son autre main entre eux.
"Zack. Écoute-moi. Aérith n'est pas morte."
"Elle est entre les mains d'Hojo. C'est pas mieux."
Vincent avait suffisamment subi les sévices d'Hojo pour ne pas être d'accord sur ce point.
L'image d'Aérith sanglée et hurlant de douleur sur une table d'opération traversa l'esprit de Vincent mais il s'obligea à l'ignorer.
Pas maintenant.
Plus tard.
"Zack. Je veux que tu me fasses une promesse. Je veux que tu jures quelque chose sur le nom d'Aérith."
Le jeune homme releva les yeux, son regard lumineux presque éteint.
"Tant que nous n'aurons pas la preuve indéniable qu'Aérith est morte, je veux que tu continues comme si elle était en vie. Je veux que tu t'accroches, que tu t'occupes de Cloud et Nanaki, que tu te battes avec nous."
"Mais, et si elle…"
Vincent leva les mains, les posant sur les épaules de Zack.
"Si Hojo lui fait du mal, je te promets de te laisser le coup de grâce."
Zack resta silencieux, fixant Vincent sans mot dire pendant un long moment avant de reprendre la parole, son regard se faisant plus ferme. Plus brûlant de colère.
"Non."
"Zack…"
"Le coup de grâce, il est pour Zéphyr," continua Zack d'un ton décidé. "Il a... Il a dit à Cloud que dès qu'il était guéri, on irait chercher Aérith."
"Je serais deux pas derrière vous," déclara Vincent.
"Et moi aussi," ajouta Nanaki.
Vincent hocha la tête et se leva, tendant la main à Zack.
"Allons aider Yuffie et Barret à charger la…"
Il oubliait toujours que Zack, aussi maladroit qu'il soit, était encore plus augmenté que lui et parfois capable de bouger aussi vite que l'éclair.
Ce ne fut que quand Zack fut debout et le serra contre lui qu'il comprit qu'il n'échapperait pas à son étreinte.
Il était déjà trop tard de toute façon.
"Zack," soupira Nanaki, "procédure Cloud."
"Oh, MERDE ! " s'exclama Zack en desserrant soudain ses bras, laissant Vincent reprendre pied.
"Ce n'est pas grave, va... juste plus doucement la prochaine fois," déclara Vincent en lui tapotant l'épaule, l'orientant habilement vers la voiture.
Barret les attendait assis au volant, déjà lui aussi à moitié endormi, son bras bionique sur ses genoux et son arme sur le siège passager.
"Barret ? Ça ira pour conduire ? " demanda Vincent en ouvrant la portière, le réveillant en sursaut.
"Hein ? Oui ? Non ? " balbutia leur lieutenant.
"Va à la place passager. Je vais conduire," déclara le Turk en s'écartant pour le laisser sortir.
"Tu connais le chemin ? " demanda Barret en se frottant le visage.
"J'ai l'adresse de l'hôtel ! " s'exclama Yuffie en brandissant son PHS, "et une appli de GPS ! "
"Alors en voiture," ordonna Vincent.
Étonnement, ses trois cadets obéirent rapidement, Zack achevant de caler les armes dans le coffre avant de rejoindre Yuffie et Nanaki sur le siège arrière. Barret s'était assoupi à peine assis à la place passager et Yuffie arriva à lui mettre sa ceinture sans le réveiller pendant que Zack tentait lui aussi de sangler Nanaki entre Yuffie et lui.
"Cid ne vient pas ? " réalisa Yuffie en se rasseyant.
"Il doit réparer le Haut Vent avec l'équipage, ils nous rejoindront plus tard."
Yuffie alluma son PHS d'un air pensif, jetant un petit regard à Vincent par le rétroviseur intérieur.
"T'arriveras à dormir sans lui ? "
"Yuffie. GPS."
En guise de réponse, Yuffie ouvrit la portière.
"CID ! GRAND FRÈRE A BESOIN D'UN BISOU DE BONNE NUIT ! "
"YUFFIE TA GUEULE ! " rétorqua Cid sur le même ton.


Le sort de sommeil se dissipa comme une bulle qui éclate.
Séphiroth tenta aussitôt de s'asseoir, assailli par l'odeur chimique du désinfectant, mais une main ferme se posa sur son torse, le retenant doucement.
Il faisait sombre, les rideaux étaient tirés, mais ça ne cachait pas les murs blancs, les machines auxquelles il était relié, les poches de liquides inconnus qui distillaient leurs contenus dans ses veines et qui lui donnaient la nausée rien qu'à imaginer ce que ça pouvait être…
"Tout va bien."
Séphiroth tourna la tête en direction de la voix.
Cloud était penché au-dessus de lui, ses yeux encore plus éclatants que ceux de Vaan et Reks.
"Cloud ? "
Le jeune homme hocha la tête et le lâcha, une fois certain qu'il ne tenterait pas à nouveau de se lever.
"On est à l'hôpital militaire de Junon," expliqua-t-il en se rasseyant sur sa chaise, "l'opération s'est bien passée, Shera et le chir' t'ont retiré le cancer mako et y'a pas de signe de récidive."
Deux bonnes nouvelles.
Séphiroth tenta de lever les mains, réalisant qu'il était emberlificoté dans le drap. Ses gestes étaient maladroits, lents… lui avait-on donné un sédatif ? Il finit par réussir à sortir sa main gauche de sous le drap, l'observant attentivement.
La plaie était refermée, les doc... Shera n'avait pas pris la peine de la bander.
Il avait une cicatrice. Il la traça de l'autre main, toujours intrigué par ce genre de marque.
Il pliait les doigts, vérifiant que les tendons n'avaient pas été touchés trop gravement quand la porte de la chambre s'ouvrit.
Une infirmière entra, vêtue d'une blouse bleu pâle, ses cheveux cachés sous une toque stérile. Elle lui sourit en approchant, jetant un petit regard aux machines. Cloud se leva et s'écarta pour la laisser approcher du lit, mais, et Séphiroth lui en fut reconnaissant, il resta proche, ne la lâchant pas du regard.
"Bonjour, Monsieur Hamasaki," salua-t-elle d'une voix basse. "Comment vous sentez-vous ? "
C'était une bonne question et Séphiroth prit quelques secondes pour faire un rapide bilan.
Il n'osait pas regarder son ventre, sous les bandages et la couverture, mais il ne sentait pas de douleur. Une légère nausée, certes, mais ça pouvait venir de la dose des calmants nécessaire pour ça.
Ou bien du fait de se retrouver dans un hôpital.
Il en fit rapidement part à l'infirmière qui hocha la tête et consulta sa feuille de soin, ses sourcils se levant de surprise quand elle constata le dosage.
"Il est SOLDAT," intervint Cloud, "Première classe. C'est nécessaire pour que ce soit efficace."
"Je vois, je vais référer de la nausée à votre médecin et au Docteur Highwind-Mist. Avez-vous besoin de quelque chose ? "
"Non. Merci," ajouta Séphiroth.
L'infirmière prit quelques notes sur la feuille de soin, puis ressortit de la pièce. Cloud attendit que la porte soit bien fermée et que le bruit de ses talons s'éloigne avant de se tourner vers Séphiroth à nouveau.
"Les infirmières tirent au sort pour avoir le privilège de venir s'occuper de toi, tu sais ? "
"Je me sens flatté," rétorqua Séphiroth d'un ton sarcastique.
Il se laissa aller sur son oreiller, fixant le plafond avant de soupirer et se frotter le visage d'une main.
Il arrivait à réfléchir et même si ses pensées étaient un peu vaseuses… La Calamité n'était plus dans sa tête.
Il n'avait plus d'araignée ou de fleur de cactuar dans le crâne.
Plus de besoin de tuer son… son père.
Il laissa retomber sa main sur le lit avec un soupir.
"Combien de temps je suis resté inconscient ? "
"Euh," commença Cloud avant de sortir son PHS de sa poche arrière, l'allumant pour pouvoir répondre, "ça fait six heures que tu es sorti de la salle d'opération, ça a duré trois heures. Plus les deux, trois heures de trajet pour arriver à Junon. À peu près dix ou onze heures."
Dix ou onze heures.
Dix ou onze heures d'absence sans pouvoir se défendre.
"Des nouvelles d'Aérith ? "
"Pas pour le moment," rétorqua le blond en se frottant le visage à deux mains. "Jessie est dessus, mais Sin a disparu du radar, encore une fois."
L'occasion valait bien un juron en dalmascien et Basch n'était pas là pour lui faire les gros yeux. Séphiroth en profita.
"Golmore ? "
"Les dernières nouvelles que j'ai, l'aide humanitaire s'organise pour aider les viéra. Une partie de la forêt a été emportée par les flammes et tout semble éteint, mais les arbres semblent bien touchés, ils sont en train de mourir un à un…"
Le sang se figea dans les veines de Séphiroth et il tenta à nouveau de s'asseoir mais Cloud le retint aisément et le recoucha.
Il détestait vraiment les sédatifs.
"Merde. Car… Le chef des Viéra ? "
"Vivant. Blessé, mais il vivra de ce qu'a dit Fran. Arrête de bouger où je pose mes pieds sur toi."
"Très hygiénique, Cloud."
"Ah, tu vois quand tu veux," commenta Cloud, parvenant - Séphiroth ne savait comment - à s'asseoir sur la chaise en tailleur, à la gongan.
Il était en chaussettes, sans ses énormes godillots militaires habituels, ça devrait aider.
Séphiroth tenta de se redresser à peine son garde-malade à nouveau assit, mais Cloud se contenta d'hausser un sourcil et lever un pied, agitant ses orteils sous le tissu bleu décoré de chocobos jaune.
La menace fit son effet.
Séphiroth se laissa aller sur son oreiller avec un soupir.
"Merci… D'être resté."
Cloud haussa les épaules et détourna le regard vers une des machines qui bipait.
"De rien. Je sais ce que c'est."
Evidemment qu'il savait. Cloud et Zack avaient passé cinq ans dans Sin. Cinq ans sous le regard d'Hojo.
Sous ses mains.
"J'ai de tes cellules," murmura soudain Cloud.
Séphiroth tourna la tête vers lui, surpris par la confession inopinée.
"Hojo me les as injecté… je sais pas trop quand… il a deux ans ? Mais j'ai fait une intoxication à la mako, à moins que ce soient tes cellules et… j'ai commencé à… à disjoncter à ce moment-là…"
"Je suis désolé."
Cloud hésita avant de soupirer et poser ses coudes sur ses genoux, fourrant ses mains dans ses cheveux d'un air fatigué.
"Pas ta faute."
"C'est… pour ça ? Que tu entends les voix de la planète ? "
"C'est con, hein ? Il me considérait comme un échec…"
"Ça lui apprendra à appliquer une vraie méthode scientifique," rétorqua Séphiroth.
"Lui donne pas d'idée," ronchonna Cloud.
"Ça n'est pas mon intention," rétorqua Séphiroth avant de grimacer, portant la main à son ventre.
Cloud l'intercepta rapidement, lui reposant la main sur le lit.
"Shera a dit que si tu te réveillais et que le sort temporel se dissipait, il fallait que je te demande si tu voulais un autre sort ou si tu préférais qu'on passe au stabilisateur mako."
"Sort," répondit rapidement Séphiroth. "Pas de médicament."
Cloud hocha la tête et se leva, les matéria sur son bracelet étincelant dans la pénombre.
Il allait dormir à nouveau. Se reposer, ne plus entendre les bruits, sentir les odeurs.
Ne plus savoir qui allait l'approcher dans son sommeil…
"Ne me laisse pas seul," souffla Séphiroth.
Cloud se redressa, lui jetant un regard indéchiffrable et Séphiroth sentit le besoin immédiat d'ajouter, à mi-voix.
"S'il te plait."
Il le sentit à ce moment.
Une vrille sous son crâne.
Un goût de rance sous sa langue.
Des regrets.
"Je reste là," déclara Cloud, "promis."
Il posa sa main sur le front de Séphiroth.
Il n'avait pas ses gants non plus.
Sa main était chaude.
"Zack arrive demain matin pour me relever, Shera revient dès qu'elle a dormi. Tu seras jamais seul."
Séphiroth poussa un soupir de soulagement et se détendit, sentant le sort de sommeil l'envelopper.
"Merci…"


[1] Il a fait des recherches à ce sujet la première fois qu'il a vu Zack paniquer quand Aérith et Shera ont voulu l'ausculter après une mission agitée.
[2] Sur ce coup, il est l'opposé total de Vincent
[3] Référentiel viéra, bien sûr.
[4] Ouais, ben vu la gueule de Baku, désolée, mais je ne savais pas trop quoi en faire.