Chapitre 64 : Spirale descendante

Résumé:
Entre la perte d'Aérith et les blessures de Zéphyr, tout le monde à Avalanche est déstabilisé.
Mais c'est sous-estimer Hojo de penser qu'il attendra qu'ils retombent sur leurs pieds avant de repartir à l'attaque.

Personnages :
Team Avalanche - Aérith, Team Parasite + Aérith, Famille Falmis - Aérith.

Tags spécifiques au chapitre :
Personne ne passe un bon moment, Famille Hamasaki VS hôpitaux, c'est pas un OTP, Angst, ça c'est l'OTP des Hamasaki, PTSD, Riku traumatise son monde sans faire exprès, expérimentation humaine et assimilés, sang chique molard vous connaissez le tag, cannibalisme (encore que, ça compte l'auto cannibalisme ? ), (je me tais, promis)


Il y avait quelqu'un près de son lit et ce fut ce qui réveilla Vincent en sursaut, sa main déjà à la recherche de ses couteaux sous son oreiller.
Il paniqua quelques secondes de ne pas les trouver avant de réaliser que la personne debout près du lit n'était que Cid, en train de s'habiller.
"Ah, désolé," s'excusa le pilote, "j'essayais de ne pas te réveiller."
Vincent s'assit lentement, jetant un regard hébété autour de lui.
Ils se trouvaient dans une chambre d'hôtel. Quelque chose de très correct du point de vue de Vincent, qui avait connu bien pire pendant ses années de Turk. C'était propre, les meubles étaient assortis, et malgré la décoration touristique incluant de charmantes aquarelles du port de Junon avant-guerre et un baromètre en forme d'ancre de navire, c'était presque… coquet.
"Ouais, je sais, c'est kitch," grommela Cid en suivant son regard.
Vincent n'avait pas détaillé la décoration la veille au soir, quand Yuffie lui avait donné la clef. Il avait à peine pris le temps de retirer ses bottes avant de s'effondrer sur sa moitié de lit pour un sommeil haché, entrecoupé de cauchemars.
Cid était arrivé en pleine nuit, fort heureusement durant une de ses périodes de réveil, mais il avait à peine mieux dormi après. Même dans ses bras.
Cid se pencha à nouveau vers son sac, posé sur la table de la chambre et sortit un tee-shirt propre qu'il enfila.
"Que se passe-t-il ? " finit par demander Vincent.
"Rien, t'en fais pas, je ramène juste Shera à l'hosto."
"L'opération…"
"J'ai pas les détails, mais ça s'est bien passé," répondit Cid.
Il s'assit sur le lit pour lacer ses bottes et Vincent profita qu'il soit à portée pour poser son front contre son dos avec un petit soupir. Son amant prit son temps pour enfiler ses chaussettes, puis ses chaussures, avant d'attendre un moment, immobile, que Vincent se reprenne.
"Tu as mal dormi," finit-il par dire.
Vincent se contenta d'un petit 'hm' de réponse, fermant les yeux.
Il y avait eu des coups de feu dans ses cauchemars.
Des scalpels aussi.
Zéphyr coupé en deux, ses organes et son sang glissant entre ses doigts.
Riku gisant au sol, comme un pantin désarticulé, après sa chute du haut du réacteur.
Lucrécia qui s'écroulait lentement contre la paroi d'un tube de mako, laissant la trace sanglante de sa blessure sur le verre fendu.
"Je suis pathétique."
"Fous-toi de moi," rétorqua Cid.
Il se tourna à demi, délogeant doucement Vincent de sa position pour lui faire face autant qu'il pouvait.
"Tu viens de voir ton fils à moitié éventré, c'est normal de pas être à ton top. Putain, j'étais pas frais non plus," admit Cid en passant la main sur son propre ventre.
Vincent resserra ses bras autour de la taille de Cid. Il n'avait pas vraiment besoin de se souvenir du fiasco de la mission du pilier non plus.
"Tu veux parler à Shera avant qu'on y aille ? " suggéra Cid à voix basse.
"Oui…. Oui, je…"
Il se redressa et jeta un regard maussade à sa tenue.
Il s'était couché en treillis, couvert de cendres, de sang et de poussière. Elmyra serait proprement scandalisée de son état et de celui des draps.
"Douche d'abord," maugréa-t-il en repoussant la couverture, se dirigeant vers la salle de bain attenante à la chambre.
"Je t'attends en bas pour le petit déjeuner," lança Cid.


Une fois propre et habillé de frais, Vincent arriva dans la partie de l'hôtel réservée à la restauration, encore une fois, décorée de façon touristique. Les fenêtres auraient donné directement sur la baie de Junon des décennies plus tôt, mais désormais, on ne voyait du splendide panorama qu'une fine bande de ciel gris entre le bord de la plaque et le haut du mur d'enceinte. Le propriétaire, un homme de l'âge de Maitre Cid, et sa femme ou compagne, avaient visiblement mit les petits plats dans les grands pour leurs invités et fourni un copieux petit déjeuner typiquement junéen et assez copieux pour nourrir les augmentés de l'équipe.
Vincent n'avait pas très faim malheureusement. Et c'était aussi le cas de Zack, qui tournait sa fourchette au milieu de son omelette avec l'enthousiasme qu'il réservait habituellement aux tripes farcies.
En le voyant entrer, Yuffie abandonna son petit-déjeuner pour accueillir Vincent d'une rapide étreinte autour de son bras.
"Comment tu te se..." commença-t-elle avant d'étouffer un bâillement derrière sa main.
"Et toi ? " éluda Vincent en la regardant frotter ses yeux rougis.
"Je comprends maintenant pourquoi Elmyra insiste pour qu'on boive et mange après chaque mission," marmonna-t-elle.
Vincent fronça les sourcils et elle secoua immédiatement la tête en levant les mains.
"Ça va, ça va, je suis juste fatiguée et courbaturée. T'inquiètes pas," ajouta-t-elle à mi-voix en prenant deux de ses doigts dans sa petite main.
Il hocha la tête d'un geste las et la laissa le guider vers la table et l'asseoir devant une assiette qu'elle remplit vite au buffet.
"Je n'ai pas très faim," protesta-t-il quand elle posa une assiette pleine d'une frittata devant lui.
"Je m'en doute. Mais t'es augmenté. Faut que tu manges correctement ou tu tiendras pas la distance."
Vincent parvint à avaler la moitié de son omelette et donna discrètement le reste à Nanaki sous la table pendant que Yuffie tentait de faire manger Zack, allant jusqu'à le menacer de lui donner la becquée s'il ne coopérait pas.
Elle était en train de lui faire l'aéronef avec sa fourchette quand Cid et Shera arrivèrent à leur tour. Shera portait un pull de son frère, dont les manches lui tombaient sur les mains et se frottait les yeux pendant que Cid lui nettoyait ses lunettes d'un coin de tee-shirt.
"Hé, bonjour Shera ! " s'exclama Yuffie.
"Bonjour Yuffie, tout le monde va…" commença Shera avant de grimacer de la maladresse de sa propre question.
Cid lui mit ses lunettes sur le bout du nez et les remonta d'un doigt avant de l'asseoir devant Vincent puis de se diriger vers le buffet.
"T'as mangé ? " demanda-t-il à Vincent.
"Il croit que je l'ai pas vu refiler son assiette à Nanaki ! " s'exclama Yuffie en réponse.
"J'ai rien dit," rétorqua le fauve de sous la table.
Shera eut un petit sourire et se pencha vers Vincent, tapotant doucement la table pour avoir son attention.
"Vincent ? "
Il tourna la tête vers elle.
Elle souriait. Elle avait l'air… confiante.
"Ça s'est bien passé," déclara Shera, "la chirurgienne a retiré la tumeur sans complication. Nous avons mis Zéphyr sous un sort temporel pour ralentir sa guérison et il n'y a pas de signe de récidive pour l'instant."
Il fallut quelques instants à Vincent pour arriver à comprendre ce que Shera venait de dire.
"Il… Va s'en sortir ? "
"Il y a de bonnes chances," répondit Shera. "Il faut juste surveiller que son corps guérisse correctement mais il y a de très bons guérisseurs à l'hôpital de Junon. Je dois briefer l'équipe de jour pour les soins à Zéphyr. Est-ce que tu veux venir t'assurer qu'ils seront compétents ? "
"Je… je peux ? "
"Tu es sa famille. Tu en as le droit."
Zéphyr allait bien.
Il allait guérir.
"Oui," souffla Vincent. "Je… je veux le voir."
"D'accord," répondit Shera en lui serrant doucement la main.
"Je pourrais venir aussi ? " demanda Zack, "faut que j'échange avec Cloud, qu'il aille pioncer."
"Seulement si tu finis ton assiette," rétorqua Yuffie, "et ça compte pour toi aussi, Grand frère ! "


"Ah. Non, je m'en charge, je vais lui dire. Je fais un débrief avec l'équipe et je te rappelle, d'accord ? A plus tard Reeve."
Barret poussa la porte du restaurant de l'hôtel, raccrochant son PHS du pouce.
La journée commençait fort. Il n'avait même pas encore petit-déjeuné et il avait déjà eu plusieurs appels dont le Président Shinra, Le professeur Falmis et Reeve, et il fallait encore qu'il... qu'il appelle Elmyra pour lui annoncer la nouvelle.
"Bonjour Barret ! " lança Yuffie.
Barret regarda la salle du restaurant, cherchant le reste d'Avalanche.
Edgar était en train de s'asseoir, manœuvrant pour placer sa jambe sous la table et Maître Cid discutait avec ses amis, échangeant des nouvelles de connaissances communes. Balthier et Fran devaient encore dormir, quant à Gippal, il était probablement toujours à l'hôpital.
Mais de ses hommes, il ne voyait que Yuffie et Nanaki. Leur jeune princesse était en train de lire quelque chose sur son PHS tout en partageant une pâtisserie junéenne avec le fauve. Elle se redressa à l'approche de Barret, lui désignant une assiette couverte à une place libre.
"On t'a gardé une part ! "
"Ah, Merci. Vincent est debout ? " demanda Barret.
"Il vient de partir avec Shera, Cid et Zack," répondit Yuffie, "ils vont à l'hosto."
Trop tard.
Tant pis.
Barret s'assit et rangea son téléphone dans sa poche d'un air résigné.
"Bon, il ne va pas trop aimer la surprise qui arrive alors."
"Quelle surprise ? " demanda Nanaki.


Tarask était en train de fouiller le butin, cherchant de quoi s'équiper quand Baku le rejoignit, après être resté quelques minutes à le regarder pensivement. Les autres parasites patientaient en silence, certains debout derrière Baku, d'autre un peu plus loin, les observant d'un air anxieux.
"Tarask," commença Baku.
"J'ai besoin de quelque chose pour me servir de masse," grommela Tarask en continuant de fouiller, "Cinna a toujours son marteau ? "
"Tarask, tu ne peux pas y aller."
Le tas de détritus était en bordel maintenant que Haru n'était plus là pour le classer, ou Setzer pour réparer ce qui pouvait l'être.
Il restait si peu des Parasites qu'il avait connu en arrivant.
Haru, Setzer, Tsubame.
Riku.
Les triplés.
La…
"Je dois sortir cette fille de là," grommela Tarask en se levant.
"Tu ne peux pas la sauver, Tarask" reprit calmement le vieux seeq, posant sa main sur le bras de Tarask. "Risquer ta vie pour sauver cette fille ne ramènera pas Lani."
Baku sursauta quand Tarask se tourna vers lui dans un tourbillon de cheveux rouge.
Un poing gigantesque se referma sur son col et Baku leva les mains pour se protéger en grimaçant.
Tarask se figea.
Shadow se tenait derrière lui, son poignard d'os sous sa gorge, pendant que Marcus retenait l'autre poing de Tarask de tout son poids.
"Les mecs, les mecs, vous battez pas ! " appela Cinna, resté en arrière avec un autre jeune homme aux yeux bandés qui le tenait par l'épaule.
"Putain, mais ils branlent quoi ? " grommela l'aveugle en secouant Cinna, "décrit moi ! "
"Cinna, éloigne Blank ! " s'exclama Baku en essayant de faire lâcher Tarask.
"Ça n'a rien à voir avec Lani ! " cracha Tarask avant de lâcher Baku et repousser Marcus. "Si vous ne voulez pas aider, restez hors de mes…"
"On ne peut PAS Tarask," reprit Baku, une main sur la ceinture de Marcus pour l'empêcher de sauter à la gorge de leur chef.
Tarask tourna la tête vers le vieux seeq qui désigna d'un geste les autres Parasites derrière lui, ainsi que les viéras, blotties les unes contre les autres, tenant leurs enfants contre elle, et qui assistaient à la dispute sans un mot, leurs longues oreilles frémissantes dans leur direction.
"On doit finir de libérer les viéras et les cacher avant qu'Hojo se décide à les récupérer. C'est triste pour cette fille, mais on ne peut pas la sauver, elle. Une incursion au Gynécée est trop risquée."
"Kadaj n'est pas sorti," intervint Shadow en rangeant son poignard d'os, "il est toujours là-bas. Et il n'hésitera pas à te tuer."
Tarask baissa les yeux, les mains sur les hanches, une grimace rageuse sur le visage.
"Tu ne peux pas la sauver. Ni elle. Ni Kadaj," continua Baku.
Tarask cracha au sol et passa sans un mot entre Baku et Marcus, bousculant le jeune homme d'un coup de coude en passant. Il approcha à grands pas de Cinna qui déglutit et s'interposa en tremblant entre lui et Blank.
"Tarask ! " protesta Baku.
"Donne-moi ton marteau," ordonna Tarask en tendant la main à Cinna.
"Mais c'est mon…" balbutia Cinna.
"Donne ! "
"Obéit," souffla Blank en tâtonnant pour s'accrocher aux épaules de Cinna, prêt à le traîner en arrière au prochain éclat de voix de Tarask.
Cinna hésita mais finit par obtempérer, décrochant son marteau de sa ceinture pour le tendre à Tarask. Lequel le lui arracha des mains avant de repartir, laissant à peine le temps à Cinna d'entraîner son camarade hors du chemin.
"Tarask ! Attends ! " Appela Baku.
"Plus tard ! " s'exclama Tarask sans se tourner, ramassant le sac posé près de l'entrée de l'estomac.
"Et si tu ne reviens pas ? ! "
"Démerdez-vous sans moi ! "
Et sans un mot supplémentaire, Tarask disparut dans les entrailles de Sin, son pas se faisait de plus en plus silencieux sur le sol mou, au point que même les augmentés n'arrivaient plus à l'entendre.
"Oh, Titans," marmonna Baku en relevant ses lunettes pour se frotter les yeux.
"Je m'attendais à ce qu'il fasse quelque chose de stupide, mais pas à ce point," admit Shadow.
"On ne peut pas le laisser faire ! " s'exclama Marcus.
"Tu tiens tant que ça à faire changer d'avis cette tête de bois ? " grommela Blank en approchant, guidé par Cinna.
"Baku. Que fais-t-on ? " demanda Shadow.
Le Seeq soupira à nouveau mais se redressa, carrant ses épaules avant de donner ses ordres.
"On continue l'évacuation des viéras. Il faut qu'on sorte les dernières des moissonneurs avant qu'Hojo se réveille. Marcus, recrute des volontaires pour nous aider, Cinna, Blank, essayez de rassurer les filles et de leur trouver une cachette plus loin dans l'intestin."
"Oui, Baku ! " répondit Cinna avant de partir, suivi par Blank qui le tenait par l'épaule.
"Shadow, tu gardes un œil sur le Gynécée," continua Baku.
"Je ne risquerais pas ma vie pour sauver Tarask s'il se foire," rétorqua le ninja.
"C'est trop tard," soupira Baku. "Il est déjà parti."
Le ninja baissa les yeux sur le seeq, gardant le silence avant de reprendre d'une voix plus basse.
"Parti ? " souffla-t-il.
"On pète tous un câble à un moment ou l'autre ici. La tête qui part avant le corps. Je pensais honnêtement qu'il le ferait avant."
"Lani ? "
Baku hocha lentement la tête, se sentant beaucoup plus vieux qu'il ne l'était.
Et il était pourtant déjà un des doyens des parasites, même en convertissant en âge hume.
"Qui était-ce ? " reprit Shadow.
"Sa... compagne… amante en tout cas."
"Elle est au Gynécée," comprit Shadow.
Cette fois, Baku secoua la tête avant de lever sa grande main, tapotant le dos du ninja aussi doucement qu'il pouvait pour ne pas l'effaroucher. Shadow allait mieux qu'il y a trois ans, quand ils l'avaient sauvé du laboratoire, mais il avait encore du mal avec les contacts physiques, même amicaux.
"Elle l'était. File maintenant. Et ne prend pas de risque."


C'était une mauvaise idée.
Et Cid le réalisa en même temps que Vincent, quand ils suivirent Shera dans l'entrée de la clinique.
L'odeur de l'hôpital lui souleva l'estomac à peine les portes automatiques ouvertes, le faisant reculer précipitamment.
"Hey. Hey, Vincent regarde-moi," ordonna Cid en se tournant vers lui, le prenant par le bras.
"Qu'est ce qui se..." commença Shera en se tournant vers eux.
Elle fut aussitôt près de lui et Zack, qui marchait en avant, stoppa et revint sur ses pas.
"Respire calmement," murmura Cid dirigeant Vincent vers un banc près de la porte.
"Que se passe-t-il ? " demanda Shera en essayant de retrousser la manche de Vincent pour prendre son pouls.
"L'odeur…" commença Vincent.
Il grimaça quand une autre odeur envahit soudain ses narines, fraîche, mentholée et…
Aérith ?
Il recula la tête pour loucher sur le petit pot que Zack brandissait sous son nez.
"Ça va mieux ? " demanda le brun.
"Zack, qu'est-ce que c'est que ça ? " demanda Shera.
"Le baume à la menthe d'Aérith, idéal pour ne pas sentir le désinfectant ou la mort," déclara Zack en jetant un petit coup d'œil au pot de métal dans sa paume. "Elle… Me l'avait prêté à Golmore… Pour pas que l'odeur de pourri nous déchire les sinus à Cloud et moi."
Il hésita quelques secondes avant de le reboucher et de le tendre à Vincent.
"Tiens. Sniffe ça dès que l'odeur de l'hosto devient insupportable. Ça aide."
Vincent tendit les mains pour accepter le cadeau, avec hésitation toutefois.
"Merci. Mais et toi ? "
Zack haussa les épaules d'un air désinvolte.
"Elle m'en refera quand on la retrouvera."
Son expression vacilla brièvement, mais il serra les dents et se força à sourire avant de reprendre.
"Parce qu'on va la retrouver, hein ? "
"On la retrouvera," déclara doucement Vincent.
Le sourire de Zack se fit moins crispé, plus naturel et il sembla retrouver un peu de son énergie, montrant la porte du pouce par-dessus son épaule.
"Je vais en premier," proposa Zack, "je regarde comment Zéph va et si la chambre est pas trop flippante et je reviens te dire."
"Merci Zack."
"De rien ! "
Et il partit d'un bon pas, retournant dans l'hôpital.
Suivi très vite par Shera, qui se releva avec un long soupir.
"Zack, attends, tu ne sais pas où est sa chambre ! "
Cid et Vincent restèrent seul sur le banc, observant le chiche parterre de fleurs qui faisait tout son possible pour améliorer l'aspect de la clinique.
L'hôpital était…
Plaisant n'était peut-être pas le mot le plus approprié.
Mais pour un bâtiment construit entre un sol bétonné et une plaque métallique, il fallait avouer qu'un effort esthétique avait été fait. Il était relativement neuf, Vincent ne lui aurait pas donné plus de dix ans, et si les chemins d'accès goudronnés étaient à peu près aussi élégants que le Jormungand[1], ils permettaient à plusieurs ambulances d'arriver en même temps et maximiser la rapidité de prise en charge.
Non.
En fait, en toute honnêteté, Junon était presque pire que Midgar. A Midgar, on pouvait encore aller sur la Plaque pour respirer.
Ici, la ville était un bunker.
"Pourquoi tu lui as dit ça ? " murmura soudain Cid en gardant le regard tourné vers la porte de l'hôpital.
"Qu'on allait retrouver Aérith ? "
Cid hocha la tête en soupirant, se frottant la nuque d'un geste las avant de se tourner vers Vincent, attendant sa réponse.
"Il était… en train de s'effondrer hier. C'est tout ce que j'ai trouvé pour… pour le faire rester avec nous."
Cid semblait dubitatif et Vincent fit passer le pot d'onguent dans sa main gauche, refermant très délicatement ses doigts autour avant de poser sa main humaine sur le poignet de Cid.
"J'ai eu tort ? "
Cid sembla hésiter, grimaçant au fil de sa réflexion avant de secouer la tête, tournant la main pour emprisonner celle de Vincent dans la sienne.
"Je ne sais pas," finit-il par admettre, "j'ai cru qu'il allait… qu'il allait plonger lui aussi… comme Cloud après… Tifa."
Cid soupira et haussa les épaules.
"Peut-être que tu as bien fait. Je ne sais pas," répéta Cid.
Lui aussi venait de perdre une amie et Vincent se sentit un peu coupable de s'être reposé sur lui sans penser à son état d'esprit. Il lâcha sa main pour passer son bras autour de lui, l'attirant sur son épaule. Le pilote se laissa faire, posant son front contre la joue de Vincent.
"Qu'est-ce qu'on va faire, Vince ? " souffla-t-il.
Vincent ouvrit la bouche pour répondre.
Le PHS de Cid sonna.
Le pilote jura tout en le sortant de sa poche, jetant un regard à l'écran qu'il réitéra avant de décrocher.
"Riku ? Pourquoi tu m'appelles ? "
/Parce que Ji-san décroche pas ! / répondit Riku d'un ton qui lui rappelait furieusement son père, calme quand il était énervé.
"Vince, tu as chargé ton PHS ? " demanda Cid.
Vincent cligna des yeux avant de chercher lui aussi son téléphone, réalisant qu'en effet, la batterie était morte et qu'il avait complètement oublié de le charger.
Et d'appeler Riku.
Minerva, qu'est-ce qu'il allait lui dire ? !
"Vincent est avec moi, il va bien, mais écoute... Riku… ton père est…"
/Je sais,/ coupa Riku, /Ifalna et moi on arrive, on va s'occuper de lui./
Cid et Vincent échangèrent un regard abasourdi.
"Comment ça : vous arrivez ? "
/Reno nous amène en hélico, on arrive sur la plaque au-dessus de l'hôpital ! /


Vincent n'avait jamais grimpé autant d'escaliers aussi vite, même du temps où il était Turk à la Shinra. Et quand il ouvrit la porte menant à l'hélisurface de la plaque, l'hélicoptère des Turks arrivait à peine, ses pales tournant encore. Il voyait Riku dans la cabine, en train de se débattre avec son harnais de sécurité, jusqu'à ce qu'Elena l'aide à le défaire. Une fois libre, l'adolescent ouvrit grand la porte de leur véhicule et bondit dehors, se précipitant en courant vers Vincent.
Le choc fut rude, mais Vincent ne protesta pas, laissant Riku le serrer contre lui.
"Tu vas bien ? " demanda Riku.
"Je survivrais," répondit Vincent en l'enveloppant de ses bras, fourrant son nez dans les cheveux de son petit-fils.
Il sentait les plantes, les fleurs, Esuna… Exactement comme Aérith et Ifalna.
Laquelle descendit à son tour, aidée par Elena et avança, penchée pour lutter contre le souffle des pâles de l'hélicoptère.
"Que faites-vous là ? " demanda Vincent quand elle l'eut rejoint à son tour.
Ifalna avait les yeux cernés et rougis par les larmes, mais elle lui tendit les mains comme elle le faisait toujours et il décrocha sa main humaine de l'étreinte de Riku pour la lui tendre. Elle la serra entre les siennes en silence avant d'arriver à reprendre la parole, la voix étranglée par l'émotion.
"Nous… avons senti les blessures de... d'Aérith et Zéphyr. Nous venons le soigner."
"Ça a été la GUERRE avec Rufus pour qu'il accepte de nous laisser partir ! " s'exclama Riku avant de lâcher son grand-père pour tourner autour de lui, vérifiant son état de santé.
"Et ce n'était rien comparé au reste de nos gardes du corps," ajouta Ifalna.
"Dites-moi que vous ne leur avez pas faussé compagnie sans rien leur dire," soupira Vincent.
"Venant de TOI, c'est culotté," rétorqua Reno en amenant une valise et le sac de Riku.
"Lulu a dit qu'elle prévenait le vieux ! " ajouta Riku avant de se diriger vers Cid qui arrivait à son tour et l'ausculter lui aussi.
"Qui ça ? " s'étonna Cid, retenant Riku par le bras pour essayer de le calmer.
"Di…" commença Riku avant de ravaler ses paroles et de réfléchir un quart de seconde supplémentaire, "le père de Ji-san."
Vincent commençait à envisager de ne PAS recharger son portable. Son père devait être en train de laisser message sur message sur son répondeur et il allait aussi devoir gérer ses reproches.
Mais... Il devait… Il fallait lui faire un rapport et… peut-être que son père saurait quoi faire.
Il savait toujours quoi faire.
Il sentit Ifalna lui serrer les mains et se tourna à nouveau vers elle, la bouche sèche.
"Ifalna… je suis désolé pour Aérith…"
"Elle est vivante."
Vincent se tourna à nouveau vers Riku qui achevait d'ausculter Cid.
"Quoi ? "
"Elle est vivante," répéta l'adolescent.
"Comment tu le sais ? " s'étonna le pilote.
"Je ne sais pas," reprit Ifalna, "il en est persuadé mais je... je ne la sens pas. Comme si elle n'était plus…là."
La voix d'Ifalna se brisa et elle laissa échapper un sanglot. Elena fut la plus rapide des deux gardes du corps pour lui tendre un mouchoir.
"Elle est sur Sin," expliqua Riku, "c'est pour ça que tu la sens pas."
"Vous êtes tous un tas de tordus," grommela Reno, écopant d'une tape sur le crâne de la part de sa collègue.
"Bon ! On va s'occuper de Papa ? ! " s'exclama Riku d'un ton impatient.


Ils prirent l'ascenseur cette fois, comme Cid l'avait fait pour monter, laissant Elena et Reno s'occuper de l'hélicoptère.
"Aérith est vivante," répéta l'adolescent en se calant entre Vincent et Ifalna, passant un bras autour d'eux et posant sa joue sur l'épaule d'Ifalna.
"Riku, comment le sais-tu ? " demanda Vincent.
"Elle est sur Sin," expliqua Riku tout en se tournant vers Ifalna, "c'est à cause de lui que tu la sens pas. Je sais pas pourquoi, ou comment, mais il doit faire barrière. Depuis que j'ai quitté Sin, je peux plus sentir les Parasites ! "
"C'est pour ça que tu penses qu'elle est en vie ? " demanda Cid.
Riku ouvrit la bouche. Et se ravisa presque aussitôt pour la refermer.
Vincent connaissait ce genre de façon de faire, il avait eu la même enfant, avant d'apprendre à mentir avec brio, merci à Helgrimr.
"Riku," reprit-il d'un ton autoritaire.
"J'ai demandé à l'Autre," admit rapidement l'adolescent.
L'Autre.
Minerva.
Il pouvait communiquer avec Elle ? !
"Riku," répéta Vincent, lui prenant le visage entre ses mains pour observer ses yeux.
"Ça va, ça va ! " protesta Riku en se dégageant, "Elle dort, là ! Elle se réveille si je l'appelle par son nom, c'est tout ! "
"Riku, tu dois éviter de…"
"Je sais ! " s'exclama Riku avant de grimacer et reprendre d'un ton plus bas, "je l'aime pas, mais…"
Il passa sa main dans ses cheveux, se grattant le crâne avant de reprendre, plus calmement.
"Elle s'inquiétait. Ça faisait comme si mon cœur était en train de remonter dans ma gorge… Je l'ai jamais senti à ce point…"
"Elle est inquiète ? " répéta Vincent.
Riku hocha la tête vigoureusement.
La déesse s'inquiétait du sort d'Aérith. Était-ce parce qu'elle était une de ses descendantes ? Ou parce qu'Elle craignait ce que la Calamité ferait avec les pouvoirs d'un cetra ?
"Alors Elle… Elle m'a demandé de trouver une source de la Rivière et de regarder dedans. Et on l'a pas vue. Aérith je veux dire. On l'a pas vue dans la Rivière. Elle est vivante."
"Ou est-ce que tu as trouvé une source à Midgar ? " s'étonna Cid.
"Dans le transfo près de chez Ifalna et Gast," répondit très naturellement Riku. "J'ai juste eu à casser une valve."
Vincent fixa son petit-fils, proprement abasourdi.
Oh, Minerva, Da Chao et tous les Anciens vivants ou morts.
Riku avait définitivement le manque d'instinct de conservation commun aux Nosfératu et aux Cetra.
Cid sembla être d'accord et laissa échapper quelques mots choisis en Burmécien qui étaient fort probablement des jurons très imaginatifs.
"Riku," reprit il en commun, "tu sais que c'est dangereux d'aller dans un transformateur mako ? La mako est très toxique, même juste sa vapeur ! "
"Bah tant que j'y touche pas, ça va, non ? "
Le pire était qu'il tenait probablement ça de lui.


Heureusement, Cid connaissait le numéro de la chambre de Zéphyr et il ne fallut que deux arrêts avant de trouver l'étage correspondant.
Il y avait foule à ce niveau.
Des médecins qui comparaient des radios à la lumière des néons du plafond, des infirmiers des deux sexes qui s'affairaient, des troopers qui tentaient d'assurer la sécurité malgré le monde présent.
Vincent reconnut un des SOLDATs, Ramza s'il ne se trompait pas, qui était en train d'aider un viéra aux cheveux verts à mettre un masque chirurgical pour entrer dans une chambre, luttant contre l'abondante toison et l'absence de lobes du viéra afin de fixer l'équipement.
"Fait un nœud," suggéra Cid en passant.
"J'essaye, c'est déjà dur de lui expliquer que c'est pour éviter qu'il tombe malade," répondit le SOLDAT en empêchant Qestra de toucher au masque.
"Fran doit être réveillée, elle pourra traduire," continua Cid en sortant son PHS, "tu veux son numéro ? "
"Oh, merci Capitaine," soupira le SOLDAT en fouillant ses poches à la recherche du sien.
"Riku, attends ! " appela Cid malgré les gros yeux que lui fit une des infirmières quand il haussa la voix.
Riku n'écoutait pas. Il traînait Vincent par sa main gantée, passant presque en courant malgré les efforts de son grand-père pour le retenir, traversant les couloirs comme s'il savait où il allait.
Est-ce qu'il utilisait son empathie pour retrouver son père ? Ou est-ce que c'était encore une fois la Déesse qui…
Les odeurs se mélangeaient à nouveau. Le désinfectant, le sang, les médicaments.
Les sorts qui hérissaient ses écailles, les sensations d'esuna et de guérison autour de lui.
Les gémissements des malades, le jargon des médecins et des infirmières, les bruits des machines, les appels des viéras dans leur langue d'oiseau.
Riku stoppa soudain, sans le lâcher, se tournant vers lui et le regardant avec une expression étrange, intriguée.
"Ça va pas ? " demanda-t-il.
Vincent inspira longuement et le regretta aussitôt, fermant les yeux pour compter en Wutan à l'envers depuis vingt.
"Je… ne suis pas à l'aise… L'odeur… ça... ressemble à celle des labos."
"Oh," souffla Riku avant de regarder autour de lui d'un air désapprobateur.
"Ri…" commença Vincent.
"T'inquiète pas," déclara l'adolescent d'une voix déterminée. "Je te protègerais. Personne ne te touchera."
Vincent manqua de laisser échapper un rire incrédule à la déclaration de Riku.
Il le protègerait ?
Riku était un enfant, son petit-fils, c'était à lui de le protéger !
Comme il…
Il n'avait pas su protéger Zéphyr.
Riku serra son bras démoniaque contre lui et…
Le calma.
"Ça va aller," murmura Riku, "on va s'occuper de Papa et après, on ira chercher Aérith."
Vincent aura du souci à se faire dans dix ans, quand Riku aura pleinement conscience du potentiel de manipulation que lui conférait sa double hérédité cetra et nosferatu.
Mais ce serait, il l'espérait, un problème dans dix ans.
Et il espérait tout autant qu'il en rirait avec Zéphyr et Aérith.
Ils trouvèrent très vite Shera devant la porte d'une chambre, parlant avec Gippal qui semblait aller mieux, ne portant désormais qu'une simple attelle au bras.
"Tu devrais encore te reposer…" soupirait-elle en essayant de l'ajuster au mieux.
"Santa, Shiera," grommela l'al bhed, "je dormirais mieux hors de l'hôpital…"
Il leva les yeux en voyant Vincent et Riku arriver et tapota la hanche de Shera pour attirer son attention vers eux.
"Riku ? ! Que fais-tu là ? "
"Ifalna et moi on vient s'occuper de Papa," déclara Riku.
"Où est Ifalna ? " s'étonna Shera.
"Elle arrive avec Cid," répondit Vincent, "contrairement à nous, elle est civilisée et marche au lieu de courir dans un hôpital."
Riku prit une expression fautive à la réprimande subtile pendant que Shera plissait les yeux et tendait un index autoritaire vers l'adolescent.
"J'ai civilisé Siddhe, je ferais pareil avec toi."
"C'est une menace ou une promesse ? " s'étonna Riku, pas impressionné pour deux sous.
"Les deux," ricana Gippal.
"Comment... comment va Zéphyr ? " demanda Vincent avec un petit regard à la porte close.
"Cloud m'a dit qu'il s'était réveillé pendant la nuit et qu'il était calme et cohérent. C'est bon signe," déclara Shera d'un ton rassurant.
Riku poussa un profond soupir de soulagement, s'appuyant contre le bras de Vincent.
"Son docteur est en train de faire sa visite dans le service, elle ne devrait pas tarder," continua Shera. "Tu veux entrer voir Zéphyr en l'attendant ? "
Vincent hocha doucement la tête, serrant la main de Riku dans la sienne. Shera se tourna vers Gippal, échangeant quelques recommandations avec lui avant d'ouvrir la porte, laissant Riku et Vincent entrer.
Zack, debout au pied du lit, se tourna vers eux quand ils entrèrent, jetant un regard surpris à Riku.
"Qu'est-ce que tu fais là ? " s'étonna-t-il.
"Ifalna et moi on vient s'occuper de Papa," répondit Riku avant de froncer les sourcils, cherchant quelqu'un du regard, "Cloud est là ? "
"Il pisse," répondit aussitôt Zack.
"Ve me 'ave 'é 'dents ! " rétorqua la voix assourdie de Cloud, venant de l'autre côté de la porte de la salle de bain.
"Amis de la poésie, bonsoir" soupira Shera en tenant la porte ouverte.
Zack s'apprêta à répondre quand Ifalna entra à son tour. Il referma aussitôt la bouche et baissa honteusement les yeux devant elle.
"Je suis désolé…"
"Zack…" murmura-t-elle en approchant.
"Je suis vraiment désolé," continua Zack, " j'avais promis de la protéger et…"
Ifalna leva les mains, aussi haut qu'elle pouvait pour prendre le visage de Zack entre ses petites paumes, repoussant ses cheveux trop longs en arrière.
Zack hoqueta et s'effondra en avant, enlaçant Ifalna qui tituba. Vincent fut immédiatement près d'eux, le retenant par le bras pour l'empêcher de peser de tout son poids sur Ifalna.
"Zack, doucement," murmura Vincent, "Ifalna n'est pas augmentée."
"Je suis désolé…"
"Tu n'es pas responsable," murmura Ifalna, "ce n'est pas ta faute. Ce n'est la faute de personne sinon d'Hojo."
Cloud ouvrit la porte, une brosse à dent encore dans la bouche. Il évalua la scène d'un regard, disparut à nouveau dans la petite pièce le temps de cracher et se débarrasser de l'ustensile avant de revenir, s'essuyant la bouche d'un revers de manche.
"Hey... Zack…"
La manière dont Cloud se glissa sous le bras de Zack, l'obligeant à se redresser pour qu'il se blottisse contre lui ne pouvait venir que d'une vie entière à être son petit frère de dix-sept minutes. Et c'était une façon efficace de changer l'humeur de Zack, qui lâcha Ifalna pour serrer Cloud contre lui, posant sa joue sur ses cheveux en bataille.
"Viens, on va les laisser discuter avec le doc. Et puis j'ai la dalle."
"Ouais... ouais, tu as raison, allons piller la cafét de l'hosto…"
"Urg, joie," rétorqua Cloud avec une grimace de dégoût.
"Cloud ? "
Le jeune homme cligna des yeux en se tournant vers Vincent.
"Merci... d'avoir veillé sur lui."
"De rien," répondit le jeune homme avant d'hésiter puis reprendre, "il aime pas être seul."
"Dès que Cloud a mangé, je remonte veiller sur lui," ajouta Zack.
"Et on mettra Cloud au lit à l'hôtel," ajouta Shera.
Elle sembla voir quelqu'un dans le couloir et fit signe aux jumeaux de sortir avant de refermer derrière eux, laissant la petite famille au chevet de Zéphyr.
Vincent se tourna vers son fils.
La respiration de Zéphyr était presque imperceptible.
Même en étant prévenu, c'était difficile à regarder et Vincent dû poser sa main démoniaque sur son front pour s'assurer qu'il était vivant.
Il sentait les sorts sur lui, il avait l'impression que ses doigts s'engourdissaient, que ses gestes ralentissaient au contact avec sa peau.
Il entendit un battement de cœur, lent, très lent, mais régulier.
Il était vivant.
Ifalna était déjà penchée sur lui, de l'autre côté du lit, et lui tenait la main, traçant la cicatrice entre ses tendons.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? " demanda Riku en la regardant faire.
"Quelque chose lui a traversé la main. Une lame, probablement, la blessure est nette."
Riku tourna la tête vers Vincent, l'interrogeant du regard mais il ne put lui répondre. Il était arrivé après… trop tard pour savoir comment…
Trop tard pour…
On toqua à la porte et Vincent se redressa, se tournant à temps pour voir Shera entrer avec une jeune médecin.
Elle avait l'air un peu plus jeune que Shera et ses cheveux blonds étaient soigneusement épinglés sous un foulard de couleurs vives qui clashait horriblement avec sa blouse bleu pâle.
Bleue.
Pas blanche.
Mais il vit aussitôt Riku se renfrogner avant qu'il le rejoigne, venant s'interposer entre la docteure et sa famille.
"Bonjour, Docteur Benett, enchantée," déclara le médecin en tendant la main à Ifalna. "Le Docteur Highwind-Mist m'a dit que vous étiez de la famille de Monsieur Hamasaki ? "
"Oui," répondit Ifalna, "je suis sa tante, Ifalna Falmis, voici son frère Vincent et son fils Riku."
"Qu'est-ce qu'il a ? " demanda Riku.
La jeune docteure sembla hésiter à répondre, échangeant un regard avec Shera avant de reprendre.
"Je ne suis pas sûr que tu ais besoin de connaître les détails," commença-t-elle d'un ton raisonnable.
Au regard que Riku jeta à la jeune femme, il appréciait aussi peu d'être traité comme un gamin que Vincent au même âge.
"Je suis guérisseur, je sais où il est en train de guérir et ça va pas assez vite ! "
"Il vaut mieux laisser faire un guérisseur assermenté, mon garçon," répondit-t-elle, "je comprends que tu sois inquiet pour ton père mais c'est préférable."
"Je suis assermentée," intervint Ifalna en fouillant son sac à main pour sortir une carte plastifiée qu'elle tendit au docteur Benett, "pouvez-vous m'indiquer quels soins lui ont été prodigué ? "
La jeune femme prit la carte la lut rapidement avant de la rendre à Ifalna avec un petit signe de tête respectueux. Elle jeta un petit regard hésitant à Riku et Vincent avant de reprendre, soulevant quelques feuilles sur son bloc-notes.
"Monsieur Hamasaki est arrivé cette nuit avec une blessure transperçante à l'abdomen. Un de ses reins et son gros intestin ont été atteints, ainsi que plusieurs muscles dorsaux et abdominaux, mais heureusement, sa colonne vertébrale est intacte."
Vincent vit, du coin de l'œil, Riku se tourner vers son père et fixer intensément son ventre, observant probablement les blessures guérir de l'intérieur.
Il réprima un haut le cœur et ramena l'adolescent près de lui d'un geste, probablement un peu plus brusquement que voulu.
"Malheureusement, pendant les premiers soins, le Docteur Highwind-Mist a découvert un début de tumeur mako."
"C'est quoi ? " souffla Riku en tordant le cou pour interroger son grand-père.
"C'est une maladie due à la mako," précisa Shera, "une cristallisation des cellules sous l'influence de la mako. Ça s'étend dans le corps et arrête les organes un à un."
"Oh," souffla Riku, "c'est comme ça que ça s'appelle ? "
Quand est-ce que Riku avait pu voir ce genre de…
A Sin. Evidemment.
Les parasites avaient libéré des sujets d'expériences d'Hojo, certains probablement augmentés à la mako, et il était guérisseur. Il avait dû…
"Vincent ? tu veux sortir ? "
La voix de Shera le fit sursauter et lâcher Riku immédiatement, mais fort heureusement, il ne blessa pas l'adolescent.
"Oui. Je… Il vaut mieux," balbutia Vincent.
"Monsieur Hamasaki, tout va bien ? " demanda la docteure en avançant d'un pas dans sa direction.
Shera la retint précipitamment alors qu'elle tendait la main vers lui.
"Vincent, sort vite, Cid t'attends dans le couloir."
"Ji-san ? " appela Riku.
"Reste… Reste avec ton père," déclara Vincent en se tournant vers lui.
Il sentit une main douce se poser sur son bras démoniaque, un flot de calme l'envahissant soudain.
Il baissa les yeux sur Riku.
Elle le regarda de ses yeux pleins de Rivière.
"Je vais soigner ton fils, Makoto," souffla-t-Elle de la bouche de Riku.
De l'autre côté du lit, Ifalna relevait aussi la tête, ses yeux se teintant du vert intense de la Rivière. Le docteur Benett lui tournait le dos, mais d'un instant à l'autre, les ailes de Riku allaient apparaître devant elle.
Il fallait la faire sortir avant que le secret des Anciens soit…
Improviser. VITE.
"Je crois que je ne me sens pas bien," déclara précipitamment Vincent avant de sortir, ouvrant la porte en grand.
"Vincent ? ! " appela Shera.
"Monsieur Hamasaki, attendez ! " s'exclama le docteur Benett en lui emboîtant le pas.
Cid patientait avec Gippal, tous deux appuyés sur le mur près de la porte et il lui jeta un regard abasourdi quand Vincent sortit en coup de vent, suivi par les deux docteures.
"Vince ? Qu'est ce qui…"
"Fermez la porte," ordonna Vincent.
Il vit Shera se tourner pour attraper la poignée puis se figer avant de claquer violemment la porte.
Avant que Cid ait pu demander à nouveau ce qui se passait, Vincent sentit les mains du Docteur Benett sur lui, le faisant violemment sursauter.
Et puis, une explosion verte, silencieuse, traversa tous les murs de l'étage, aussi lumineuse qu'ultima, mais sans l'horrible sifflement qui caractérisait ce sort.
La vague de guérison traversa Vincent, le faisant frissonner, mais aussi la Docteure, Shera et Cid, ainsi que plusieurs murs.
Minerva !
L'air sortit de ses poumons comme s'il venait de faire un plongeon à plat et il se pencha en avant, s'appuyant sur ses genoux. Il arrivait presque à sentir la mako en lui réagissant à la magie de la Déesse.
Ça n'avait rien à voir avec la limite d'Aérith, c'était comme si il avait été percuté par un mur de magie pure.
Ce qui était probablement le cas, pas étonnant qu'il ait tourné de l'œil la première fois.
Ni que Shera ait guéri aussi vite.
"Qu'est-ce que c'était que ça ? " s'enquit le Docteur Benett, essayant de retenir Vincent, comme si elle craignait qu'il tourne de l'œil.
"La... la limite de... de Madame Falmis ! " répondit Shera, appuyée sur la porte, le dos contre les planches.
"Oh, Dame Sirène," jura doucement le Docteur Benett, "une limite de guérison alors qu'on vient juste d'extraire un cancer mako, ce n'est pas conseillé ! "
"Attention au retour ! " s'exclama Cid quand la vague de guérison revint à son point de départ...
Cette fois, Vincent tomba à genoux, se rattrapant au bras que Cid lui tendit.
"Vincent ? " s'inquiéta aussitôt Cid.
"Qu'est-ce qu'il a ? "demanda le Docteur Benett en s'agenouillant, tentant de lui retirer son gant pour prendre son pouls, "intolérance au sacre ? "
"C'est un peu plus compliqué que ça ! " déclara Shera.
"Docteur Benett, venez vite," appela une infirmière, "on a besoin de vous ! "
La jeune femme se tourna vivement vers l'infirmière, puis à nouveau vers Vincent, hésitant sur l'urgence du moment.
"Docteur, je me charge de Vincent et Zéphyr, allez voir vos patients," intervint à nouveau Shera.
"Aria ! " appela un autre médecin en passant la tête par une porte ouverte, " viens voir ça ! "
Après une dernière hésitation, la jeune docteure finit par obtempérer et se releva.
"Je reviens au plus vite," assura-t-elle.
"Niveau discrétion, on a fait fort encore," marmonna Cid, relevant Vincent pendant que le docteur s'éloignait précipitamment.
"Vincent, comment te sens-tu ? " demanda Shera en rouvrant la porte.
"Plus tard…" marmonna Vincent.
"J'espère vraiment que Zéphyr sera un patient plus facile que toi," grommela Shera avant de se tourner vers Gippal. "Comment tu te sens ? "
"J'ai l'impression que mon bras n'a jamais été cassé," marmonna l'al bhed en défaisant son attelle.
"Non, garde ça ! " rétorqua Shera en se précipitant vers lui.
Vincent poussa la porte grande ouverte, titubant dans la chambre.
Le docteur Benett avait dit qu'un sort de soin serait néfaste sur Zéphyr, mais... Mais ça venait de la déesse en personne.
Elle était le Sacre incarné, la Volonté de Gaïa.
Est-ce que ça sauverait Zéphyr ? Ou est-ce que ça le condamnerait ?
La pièce était remplie de plumes lumineuses qui retombaient en voletant et Ifalna semblait sonnée, titubant vers une chaise pour s'y asseoir.
Son fils était assis sur son lit, Riku devant lui, cramponné à son père des deux bras, le front sur son épaule.
L'ouverture de la chemise dans le dos de Zéphyr laissait voir une cicatrice, croisant celle que lui avait infligée Cloud, quoique plus chaotique et irrégulière.
Mais guérie, et se refermant encore, petit à petit, s'effaçant à demi.
Zéphyr tourna la tête, lui jetant un regard par-dessus son épaule.
Et lui sourit.
"Bonjour, Père."
Ce fut tout ce dont Vincent eut besoin pour se jeter à son tour sur le lit, englobant ses enfants d'une même étreinte, malgré les protestations fatiguées de Riku qu'il n'arrivait plus à respirer.
Il allait bien.
Il était vivant. Guéri.
"Ne refais jamais ça," souffla Vincent dans sa langue maternelle.
"Je suis désolé," murmura Zéphyr.
Cid referma doucement la porte, jetant un regard désabusé aux plumes qui jonchaient le sol avant d'approcher, serrant l'épaule de Vincent en passant avant de se diriger vers Ifalna.
"Bon, c'est bien joli tout ça, mais il va falloir se barrer avant qu'on ait à expliquer ce miracle."
"Oups," marmonna Riku en guise de réponse.


Il s'endormit à peine assis dans le van que Reno avait réussi à trouver dans les vingt minutes pendant lesquelles il avait été seul.
"Tu l'as pas volé, hein ? " s'inquiéta Cid en tenant la porte le temps qu'Ifalna s'asseye à l'avant près de Reno.
"Tu couches avec un Turk et tu oses poser la question ? " rétorqua le rouquin.
"Reno ! " protesta Elena avant de sortir son PHS de sa poche, arrêtant la sonnerie d'un doigt pour répondre.
"Je l'ai officiellement réquisitionné, j'ai même rempli le reçu à l'en-tête Shinra pour que le mec puisse le récupérer à la caserne," grommela Reno, apparemment offensé de faire les choses légalement.
"Je suis fière de toi," déclara Ifalna d'un ton qui aurait pu sembler moqueur chez n'importe qui d'autre.
"Ça va aller, Madame Falmis ? " demanda Shera en l'aidant à s'asseoir.
"Merci, Shera, ça... ça va."
Séphiroth s'assit lourdement à l'arrière, près de Riku, passant son bras autour de son fils endormi pour le serrer contre lui.
"Comment te sens-tu ? " demanda Vincent en venant s'agenouiller devant eux, mettant sa ceinture à Riku.
Le calme dont faisait preuve Séphiroth depuis son réveil était un peu inquiétant. Il avait à peine parlé, avait marché avec aussi peu d'assurance qu'Ifalna et Riku, au point que Vincent avait dû le soutenir dans les couloirs de l'hôpital.
"Ça va," souffla Séphiroth, levant son autre main, empêchant Vincent de lui mettre sa ceinture en l'attrapant par sa veste.
Vincent dû poser sa main sur la vitre au-dessus de la tête de Riku pour éviter de tomber sur lui quand Séphiroth l'attira contre eux, glissant sa tête sous son menton.
Bon, au moins, il ne semblait plus craindre de montrer de l'affection en public.
"Aw, c'est trop mignon," déclara Reno après un regard au rétroviseur.
Vincent lui donna le doigt par-dessus son épaule. Ifalna répondit un tutut désapprobateur. En se tortillant, Vincent parvint à s'asseoir de l'autre côté de Séphiroth, sans que son fils le lâche, toujours accroché à lui.
"Qu'est-ce qu'il a ? " s'inquiéta-t-il.
"Fatigué," répondit Séphiroth dans un souffle.
"Il a fallu utiliser son Sacre aussi," intervint Ifalna avec un petit sourire épuisé, "il se remettra vite, laisse-le dormir."
Un bruit de course précipité se fit entendre à l'extérieur et les jumeaux passèrent la tête par la porte ouverte, Cloud tenant toujours un sandwich en triangle entamé dans la main.
"Qu'est-ce qui s'est passé ? " demanda-t-il à Vincent.
"Riku et Ifalna ont eu leur limite. Ça a soigné tout l'étage."
"Zéphyr va bien ? " ajouta le blond.
"Hmmm," répondit Zéphyr.
"Oh, instant photo," ricana Zack en sortant son PHS.
"Il va te tuer," rétorqua Cloud en reprenant la dégustation de son sandwich.
"Vous n'avez pas vu Gippal ? " s'inquiéta Shera, "il devait aller vous chercher."
"Si si," répondit Zack, "c'est lui qui nous as dit ou vous alliez."
"Où est-il ? "
"Ben, il était derrière nous ? " s'étonna Cloud en se glissant sous le bras de son frère pour chercher l'al bhed du regard.
"Plus jamais j'essaye de suivre des augmentés à la course ! " protesta la voix de Gippal, plus loin.
Vincent passa sa main sur les cheveux de son fils, puis sur ceux de Riku, blotti contre lui.
Ils allaient bien. Tous les deux.
Bientôt, le vol serait réuni. Zéphyr serait à nouveau à l'abri en son sein. Riku serait protégé.
"Oui, Monsieur."
Il rouvrit les yeux.
Elena se tenait un peu à l'écart, son PHS à l'oreille, bouchant l'autre de sa main pour mieux entendre.
"Très bien. Je... je leur dis."
"Elena ? " appela Vincent.
Elle leva la main pour lui faire signe d'attendre quelques instants.
"Il dort, Monsieur, mais je lui dirais de vous contacter à son réveil. Merci, Monsieur."
Elle raccrocha et resta quelques instants immobile, tête basse et épaules tremblantes avant de sembler se reprendre. Elle se redressa, inspira profondément et se tourna vers le van, entrant par la porte grande ouverte...
Elle s'installa, mis sa ceinture et ouvrit la bouche.
Elle s'étrangla à moitié d'émotion avant d'arriver à reprendre d'une voix stable.
"Il a invoqué le météore."


"Qu'est-ce qu'on fait ? " demanda Yuffie quand tout Avalanche se fut rassemblé dans un des salons privés de l'hôtel.
Riku et Zéphyr avaient été d'office mis au lit dans une chambre libre et Ifalna avait décliné celle qui lui avait été offerte, préférant rester dans un fauteuil près d'eux, à veiller sur leur sommeil.
Tout le reste de l'équipe, Haut Vent compris, était rassemblé dans la pièce, observant la télévision sur laquelle s'affichait un flash info en continu, une vidéo tournant en boucle devant eux.
La boule de feu et de roche était déjà aussi grande que le soleil dans le ciel.
Gippal était assis au bout de la table et s'affairait à l'ordinateur qui permettait à Jessie et au directeur Tuesti d'assister au débrief en vidéo conférence, chacun sur une moitié d'écran.
/Les spécialistes sont en train de calculer la vitesse d'approche du météore et combien de temps il nous reste avant que la collision soit inévitable/ déclara le directeur.
Il semblait fatigué, et ne portait que sa chemise, sa cravate dénouée autour de son cou. Rude se tenait debout près de lui et le mur derrière eux était visiblement troglodyte. Ils étaient probablement encore à Fort Condor.
"Grosso merdo ? " demanda Cid.
/Une semaine./
Étonnement pour une réunion d'Avalanche, il n'y eut pas le moindre juron à l'annonce de la mauvaise nouvelle.
"Est-ce qu'il y a un moyen d'arrêter une invocation ? " reprit Cid en croisant les bras.
"Tuer l'invoqueur," répondit Barret.
"Détruire la matéria," ajouta Vincent.
"Dans les deux cas, il faut trouver Sin," acheva Barret pendant que Cid rouspétait dans sa barbe, "et ça, c'est impossible.
/J'ai peut-être une solution,/ intervint leur opératrice radio.
"Fais marcher ta magie, Jessie," lança Zack.
/On peut retrouver Aérith à la place./
"Mais… Aérith est sur Sin et tu viens de dire…" commença Zack.
/Vous vous souvenez mes bricolages avec les modules ? /
Vincent leva l'oreille, intrigué. Jessie était perpétuellement en train de modifier et améliorer ses inventions pour aider Avalanche dans leurs opérations, de quel bricolage parlait-elle en particulier ?
/J'ai réussi à monter la portée de leurs GPS jusqu'à 25 kilomètres./
"On pourrait repérer Sin avec ça ? " demanda Barret.
/En théorie,/ répondit Jessie, /en pratique, je ne sais pas. Ça reste une petite fenêtre…/
"Je peux essayer de l'augmenter," proposa Gippal.
"Tu devrais te reposer," objecta Shera.
"Tu as dormi combien d'heure cette nuit ? " rétorqua le jeune homme.
"Comment ça marche ? " demanda soudain Yuffie, "il faut un matériel spécial pour repérer le module ? "
/Hein ? Euh non, non, j'ai fait en sorte que la fréquence puisse être captée facilement par du matériel militaire de base. Il faut juste un récepteur d'onde radio et la fréquence elle-même./
"Donne-moi la fréquence," ordonna Yuffie d'un ton péremptoire.
Il y eut un petit silence abasourdi de l'autre côté de l'écran, mais Jessie se reprit vite, fouillant son bureau à la recherche de sa tablette PHS.
/Euh, oui, Yuffie, je t'envoie ça mais pourquoi ? /
"Je l'envoie à Oto-sama," répondit Yuffie en sortant son PHS, "à Squall et Garnet aussi. Ils arriveront à persuader leurs familles d'aider."
/C'est une excellente idée, Yuffie,/ ajouta Reeve, /Jessie, donne-moi la fréquence aussi, je la transmettrai à la Commandante Farron. Vincent, je te charge de mobiliser ton réseau./
"Comprit," répondit Vincent.
/Jessie, tu rends ces infos officielles. Prévient le Président Shinra, plus on aura de nations et de cités-états au courant, plus Sin aura du mal à se cacher./
/On n'a pas beaucoup de temps, la batterie du module ne tiendra qu'une semaine./
"Ça tombe bien, on n'a qu'une semaine," rétorqua Cloud.
/Touché,/ admit Jessie.


Bi-lip.
Vincent soupira, fixant son portable posé sur la table de chevet, branché à la prise près de la lampe. C'était le cinquième message de son père qui arrivait depuis qu'il avait commencé à charger le PHS.
Il y avait aussi des appels de Reeve, qui dataient probablement d'avant le débrief, et un texto du Capitaine Von Ronsenburg demandant des nouvelles de Zéphyr.
Bi-lip.
Sixième message de son père. D'il y a cinq minutes.
Il fallait qu'il l'affronte. Lui et ses reproches.
Autant régler ça une bonne fois pour toute.
Il prit le PHS et composa le numéro de son père avec un petit soupir.
Une sonnerie.
Deux s…
/Makoto ? ! ! / s'exclama Helgrimr.
Ah.
Il avait un répit. Il se demanderait plus tard pourquoi c'était Hel qui répondait.
"Hel."
/Tu vas bien ? ! Et tes gamins ? Ton vol ? /
Depuis quand Hel était une telle mère chocobo ?
Et depuis quand il trouvait ça rassurant au lieu d'agaçant ?
"Je… vais bien."
/Je t'ai entendu dire ça après une raclée de Chaos et tu pissais le sang,/ rétorqua son frère.
"Je ne suis pas blessé," corrigea Vincent. "Zéphyr… Ifalna et Riku ont... l'ont soigné."
/Aérith ? /
"Hojo… l'a capturée... Il a la matéria noire."
/Les viéras nous ont dit./
"Vous êtes à Golmore ? "
/Je viens juste de finir de relier l'île au réseau des portails. La Princesse d'Alexandria a été dépêchée pour les soins au Seigneur Carbuncle./
"Comment vas-t 'il ? "
/Comme quelqu'un qui a passé des siècles à nourrir une forêt de sa force vitale, au mépris de sa propre santé./
Ça expliquait donc pourquoi il ne s'était pas déplacé pour se battre aux côtés de son peuple. Est-ce que l'incendie de la forêt l'avait blessé ?
"Qu'est-ce qui ne va pas chez les Anciens ? "
/Ne me lance pas sur la liste,/ rétorqua Helgrimr.
Et à propos d'Ancien. Il allait devoir affronter leur père à un moment ou un autre.
"Père… n'est pas disponible ? "
/Il est en discussion avec le Seigneur Carbuncle et le Seigneur Bahamut sur la suite des opérations. Il m'a chargé d'essayer de te contacter./
"Et me donner une liste de doléances, je présume."
/Makoto,/ soupira Hel d'un ton exaspéré, /Minerva, tu réalises à quel point on s'est inquiété pour toi ? /
Maintenant oui.
Maintenant qu'il avait vu Zéphyr…
"Je suis désolé."
Hel ne renchérit pas, apparemment coupé dans son élan par la réponse. Vincent entendit un bruit de meuble bougé, probablement une chaise, puis un soupir de lassitude de son frère avant qu'il ne reprenne, d'un ton plus calme.
/Et maintenant ? Qu'allez-vous faire ? /
"Nous avons un moyen de repérer Sin. Mais il va falloir que tout le monde coopère."
/Vaste programme. Je t'écoute./


Il détestait le Gynécée.
Bon, ce n'était la pièce préférée de personne, y compris et surtout des pauvres filles qui y mouraient toutes lentement, flottant dans leurs tubes à mako à divers stades de grossesse plus ou moins avancée.
Mais les autres ne voyaient pas les pyrolucioles qui se terraient dans les coins ou les souvenirs errants, hébétés, entre les conteneurs brillant de mako.
Et personne n'allait tout au fond de la pièce, là où les cristaux de mako brillaient d'une lueur lugubre.
Au moins, Ansem n'était plus à traîner dans le coin. Et vu le temps qui s'était écoulé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, soit il était retourné à Esthar pour de bon, soit il était mort.
Et Tarask espérait de tout son cœur que ce sadique soit mort. Garland avait été pas mal dans le genre, mais n'avait fort heureusement pas fait long feu et commencé à dégénérer avant d'acquérir des pouvoirs de sorcières.
Quant à Kefka…
Peut-être que le premier critère de sélection d'Hojo pour les Remnants était : Etre timbré. Et la mako n'arrangeait rien.
Tarask se secoua et reprit sa route, marchant en silence entre les tubes verts.
Bon, elle était ou cette fille ?
Pas du côté des cristaux, il l'espérait. Rien que l'odeur de la mako le prenait à la gorge.
Ah, un tube avait été nettoyé récemment, il était moins encrassé que les autres sur l'extérieur, s'il pouvait faire le tour pour voir le visage de sa pri…
Il sursauta et plongea en arrière en réalisant que le corps qui flottait dans la mako n'était pas féminin.
Kadaj.
Qu'est-ce qu'il foutait là ? !
Question purement théorique, bien sûr, Tarask ne voulait pas avoir le détail des sévices qu'Hojo avait fait subir aux triplés, mais habituellement, il n'y avait que des femmes au gynécée.
Mieux ne vallait pas tenter Diablos et sa clique de démons. Il passa derrière le tube de Kadaj, prenant bien garde à ne pas se faire voir. Il n'était pas sûr du niveau de conscience des prisonniers des tubes, mais de ce que Shadow et Setzer avaient raconté, le peu qu'ils l'avaient été était déjà trop.
Ce qui flottait dans un autre tube quelques mètres plus loin fut à peine une surprise supplémentaire.
Au moins, cette fois, c'était une femme. Enfin, ce qu'il en restait.
Une femme qui aurait pu être jolie si elle n'avait pas été trépanée violemment depuis un moment.
Et décapitée, aussi.
Son seul œil restant était doré et fendu et Tarask avait presque l'impression qu'elle le suivait du regard quand il passa près d'elle.
D'abord Kadaj au Gynécée, maintenant un morceau de cadavre… Hojo perdait la boule.
Bonne nouvelle, il l'espérait.
Il butta sur une botte couverte de boue et de cendre et stoppa en voyant sa jumelle négligemment jetée à côté.
Ah. Il devait approcher.
Il y avait aussi des vêtements. Ceux de Kadaj, une autre paire de chaussures, un pull avec la lettre A et un crâne stylisé.
Un reste de soutien-gorge, déchiré.
C'était peut-être horrible d'en arriver là, mais il espérait que Kadaj et Hojo se soient contentés d'arracher les fringues de la petite pour la mettre dans son tube et ne lui aient rien fait subir d'autre.
Il entendit la Rivière chanter.
Il leva les yeux vers le tube devant lui.
Elle était là.
Nue, sa natte à moitié défaite flottant autour d'elle, ses yeux verts à moitié ouverts, une cicatrice toute fraîche sur le ventre.
Elle était couverte de perfusions et de sondes, et un masque sur son visage l'aidait à respirer.
Son torse se soulevait au rythme de ses respirations.
Elle était vivante.
Chort[2], il aurait dû penser à ramener des fringues.
Tant pis, il improviserait. Il décrocha le marteau de Cinna de sa ceinture et le leva par-dessus sa tête.
Le choc contre le verre fit un grand bruit, mais pas grand-chose d'autre. Il se frotta le coude avec une grimace. Le bruit n'avait pas été si fort, assourdi par la mako, mais dans le silence du gynécée, ça avait semblé tonitruant.
Et le verre n'avait pas une éraflure. Il allait devoir y mettre toute sa force.
Il fallut deux autres coups avant que le verre se fende, puis à peu près autant pour que le tube cède.
Tarask fit un pas de côté pour éviter le flot de mako qui s'échappa.
La fille s'effondra, à peine retenue par le système d'assistance respiratoire et les perfusions. Tarask plongea tant qu'il put dans le trou, arrachant les aiguilles avant de retirer le masque.
Ouf, heureusement, ce n'était pas une sonde, il détestait les arracher, mais probablement pas autant que ceux à qui il devait le faire.
Il la souleva comme il put, donnant un coup de genou dans le verre pour agrandir le trou et la sortir de là. Elle frissonnait violemment, mais ses yeux restaient mi-clos. Merde, qu'est-ce que Hojo lui avait fait ? Est-ce que la mako l'avait contaminée ? Il s'accroupit, l'appuyant contre son genou avant de retirer son tee shirt pour le lui enfiler. Ce truc n'avait pas été lavé depuis la fois où il l'avait volé sur un cadavre, mais elle serait couverte. Et il toucherait moins la mako qui la trempait à mains nues.
"Allez, malyshka[3], courage, je te sors de là."
"'Ack ? " balbutia-t-elle.
"Accroche-toi," ajouta-t-il en la soulevant.
Elle était tellement légère. Riku n'avait pas pesé plus lourd quand il lui escaladait les épaules comme un singe. Elle leva les yeux vers lui, parvenant enfin à cligner des paupières.
Son regard n'était pas focalisé, ses pupilles dilatées et…
Elle avait un regard mako.
Il était arrivé trop tard.
"Bonjour, Tarask."
Chort.
Tarask se tourna lentement.
Kadaj se tenait derrière lui.
Il était aussi nu que la fille, aussi dégoulinant de mako qu'elle et la plaie sur sa gorge semblait refermée, même si les bourrelets de chair restaient horribles à voir.
"Tu viens jouer avec moi ? " souffla Kadaj, sa voix encore éraillée par la blessure
Kadaj n'était plus le petit haricot qui rouspétait dans les bras de Riku. Ce n'était plus le plus petit des triplés, qui ne marchait qu'en s'accrochant à Loz et ne répétait que les mots qu'apprenait Yazoo.
Il ressemblait tellement à Séphiroth maintenant.
Excepté pour le bras mutant et l'expression hallucinée.
Il tenait une tête humaine au creux de sa tentacule,
La tête de la femme décapitée.
"Je ne peux pas, Kadaj. J'ai des trucs à faire," s'entendit répondre Tarask, comme quand il était bébé et qu'il voulait être porté.
Kadaj pencha la tête sur le côté, puis il leva le nez, comme s'il écoutait quelque chose.
"Père arrive," souffla-t-il.
Hojo devait savoir qu'il était là. Il fallait déguerpir.
"Kadaj ? Et... et si on jouait à cache-cache ? Tu vas te cacher et je te cherche, d'accord ? "
"Mère ne veux pas," répondit Kadaj de cette voix calme et éraillée.
Il baissa le nez vers la tête dans ses bras, presque sur le cerveau dévoilé par la fracture du crâne.
"Mère veux que je la mange," ajouta Kadaj avant de lever la tête vers son visage, ouvrant les mâchoires.
Tarask ferma les yeux.
Oh, Rivière, prends ces souvenirs.
Il fit un pas en arrière, la tête de la jeune fille roulant sur son épaule.
Kadaj n'était plus le tout petit gamin qui tenait debout dans sa paume.
Kadaj était mort.
En tout cas, il l'espérait.
S'il commençait à manger des pensants, il fallait qu'il l'achève.
Il recula à nouveau, jusqu'à pouvoir poser son fardeau contre un autre tube.
Elle sembla reprendre conscience, toussant un peu de mako avant de gémir.
"'ack ? " répéta-t-elle.
"Désolé, malyshka," répondit Tarask, "tu ferais mieux de garder les yeux fermés."
Elle tenta de le retenir, agrippant sa ceinture, le collier autour de son cou pour l'empêcher de se relever, mais il la fit lâcher délicatement.
"Non," marmonna-t-elle, "non, elle... elle est là… Faut partir, faut partir…"
Comment elle avait fait pour être aussi atteinte par la mako en aussi peu de temps ?
"Je reviens tout de suite, et après on s'en va."
Il avança silencieusement vers Kadaj, le contournant largement pour arriver dans son dos. Le Remnant ne faisait pas attention à lui, affairé à…
Rivière, prend ses souvenirs.
Il tendit la main vers la nuque de Kadaj, boursouflée par la blessure qui avait traversé son cou.
Il était frêle à côté de Tarask. Tout le monde semblait frêle à côté de lui, à part Baku peut-être. Sa main pourrait entourer son cou sans difficulté.
Il n'aurait qu'à serrer après.
Serrer et tordre.
Et ce serait fini.
On naît, on vit, on meurt.
Il ouvrit la main.
Kadaj tourna la tête par-dessus son épaule, le fixant du regard.
L'œil qui le fixait était aussi doré et fendu que celui de la tête décapitée.
"Allons, Tarask, tu ferais du mal au petit Kadaj ? " susurra-t-il.
Ce n'était pas Kadaj.
Ce n'étaient pas ses yeux, ce n'était pas sa voix.
Ce n'était pas non plus sa façon de bouger, quand il se tourna vivement, jetant la tête au sol pour attraper la grande main de Tarask, ses doigts s'enfonçant dans sa chair.
Tarask recula d'un pas, tirant son bras en arrière, mais Kadaj ne lâcha pas, ses doigts serrant son poignet à faire grincer ses os. Serrant les dents, Tarask lança son autre poing vers le visage pâle et couvert de mako.
Kadaj esquiva. A quelques centimètres près.
Et le mordit, vif comme un serpent qui attaque.
Ses crocs traversèrent le cuir des manchettes de Tarask, se plantant dans la peau dessous.
La douleur qui explosa dans son avant-bras n'avait rien de commun avec tout ce que Tarask s'était déjà pris.
Et ce n'était pourtant pas la première fois qu'il se faisait mordre.
Kadaj le lâcha brusquement et Tarask reculant, relevant les poings pour le frapper à nouveau.
Son bras gauche, celui qui avait été mordu, se bloqua.
"Que…"
"Chuuuuut," murmura Kadaj en approchant d'un pas.
Tarask voulut le frapper de l'autre poing, mais sa main gauche bougea à nouveau contre sa volonté, saisissant son propre poignet pour le stopper.
"Hmmm. Tu as l'air résistant," murmura Kadaj avant de poser sa main sur son épaule d'un geste élégant.
Tarask tomba a genou sous la force du Remnant, accroupi au sol devant lui, incapable de lui échapper, ses muscles tétanisés.
"Chuuuut," répéta Kadaj, "laisse-toi faire, obéit à ta mère."
Est-ce que c'était ça ce que Hojo faisait à tous les Remnants ?
A un moment ou l'autre, ils partaient tous dans un délire avec leur mère, à obéir à une voix que personne d'autre n'entendait.
Est-ce que c'était ce qui l'attendait ? Une morsure et il devenait un Remnant ?
Est-ce qu'il allait avoir le poil gris, les yeux mako et le cerveau grillé ?
"Que se passe-t-il ici ? "
Hojo.
"Ma chère, mais que fais-tu hors de ton tube ? "
"Ce jeune homme tentait de libérer la cetra," répondit Kadaj.
"Oh, mais bon sang ! " s'exclama Hojo.
Il le vit passer en claudiquant du coin de l'œil, incapable de détourner le regard de la créature devant lui, puis s'agenouiller devant la fille.
La cetra ?
Cette fille était une cetra ? !
Ils existaient toujours ? !
"Elle est vivante," annonça Hojo en auscultant la fille.
"Ses blessures ? " demanda Kadaj.
"Guéries. Mais je crains qu'elle ne souffre d'une légère intoxication mako, le tube devait être déréglé," marmonna Hojo en se levant avec difficulté pour vérifier l'état du tube.
Tarask tenta de se lever, mais la poigne de Kadaj le maintint sur place et il ne put esquiver quand Hojo revint, furieux.
"Espèce d'imbécile ! " s'exclama-t-il, levant sa canne pour le frapper avec.
Hojo n'était qu'un vieillard malade et affaibli, qui sentait la mort alors qu'il était encore bien vivant. Il n'avait pas la force de blesser un chasseur de prime aguerri comme Tarask.
Et pourtant, Tarask sentit les frappes sur son crâne comme autant de coups de marteau sur une enclume.
Kadaj le laissa faire quelques instants avant de soupirer et attraper la canne au vol.
"Hojo, voyons… Ne frappe pas notre fils ainsi."
"Fils ? " cracha Hojo, "décidément, ma chère, vous vous laissez attendrir par n'importe quoi dernièrement. Il a détruit le tube à mako, c'était un des derniers intacts qui nous restait ! "
"Nous n'en aurons bientôt plus besoin," assura-t-elle, "dans combien de temps sera-t-elle entièrement remise ? "
"Il faudra surveiller ses niveaux d'intoxication de près. Je dois faire des prises de sang," continua Hojo avant de marmonner un protocole, fronçant les sourcils.
"Faisons ça," déclara Kadaj en lâchant l'épaule de Tarask pour poser sa main sur sa joue. "Tarask, c'est ça ? "
Il leva les yeux vers Kadaj qui lui caressa doucement la joue, effleurant sa barbe d'un geste maternel.
"Amène là au laboratoire d'Hojo. Et ensuite, occupe-toi d'elle. Mets-la à l'abri dans une pièce fermée et assure-toi que personne ne tente de l'enlever à nouveau."
Il allait devenir une des marionnettes d'Hojo.
Comme Garland.
Comme Setzer.
Comme Riku.
Comme Kadaj.
Il la regarda.
Et lui sourit.
"Oui, Mère."


[1] Le périph de Midgar, vous vous en souvenez ? Zéro pointé en esthétique, mais il dessert la Plaque en 20 mn, 15 si c'est Cid qui conduit.
[2] Merde en Russe/Glacian
[3] Jeune fille en glacian/russe