Chapitre 65 : L'aiguille dans une meule de foin

Résumé :
Les océans de Gaïa sont profonds et insondables et trouver quelque chose dedans, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.
Mais heureusement, dirait Jessie, ils ont maintenant un aimant.
Et sept jours pour trouver Sin, embarquer, sauver Aérith et détruire la matéria noire.
Et si dézinguer Hojo et la Calamité est possible, ça ne pourra pas faire de mal.
Mais avant ça, il faut trouver Sin.
Et ils auront besoin de tout Gaïa pour ça.

Personnages :
Team Avalanche + Riku, Aérith VS Sin, VS Tarask, Team Maîtres du Monde, Al Bhed OC

Tags spécifiques au chapitre :
Quatre générations de Nosfératu / Hamasaki / Valentine / Makani dans une seule pièce, Aérith ne passe PAS un bon moment, Séphiroth ne passe PAS un bon moment, Minerva ne passe PAS un bon moment, à ce point là, on va dire que c'est de famille, Séphiroth a le kokoro qui gonfle, et ca le gonfle, Riku est le digne descendant de ses ascendants, horror, body horror, Rufus est né pour être un manipulateur


/Tu penses que ça marchera ? /
"Nous avons une semaine pour essayer," répondit Vincent.
/Makoto, je…/ commença son frère avant de soupirer, /ce n'est pas le moment de te contredire en refaisant le calcul, n'est-ce pas ? /
"Nous n'avons pas une semaine ?"
/Avec une boule de feu géante arrivant droit sur nous, il y a des chances que les marées se détraquent et que l'atmosphère s'évapore avant./
"J'oubliais à quel point tu étais d'un naturel optimiste."
/C'était Tiphareth[1] l'optimiste béate de la famille./
Vincent se tourna sur le lit quand la poignée de la porte bougea. Il n'avait pas entendu quelqu'un approcher de sa chambre, ça ne pouvait être que Nanaki, Yuffie, un des jumeaux s'ils faisaient attention ou…
Zéphyr passa la tête par l'embrasure de la porte, l'interrogeant du regard.
Il lui fit signe d'entrer de sa main libre.
/Makoto ? /
"Zéphyr est réveillé. Je te laisse."
/Père ne devrait pas tarder…/ objecta son frère.
"Je rappellerais plus tard. Donne-lui la fréquence, ça devrait l'occuper."
/Jusqu'à ce qu'il oublie de t'enguirlander, n'est-ce pas ? /
"Bonne journée à toi aussi, Hel."
/Sale gosse./
Vincent raccrocha, remettant son téléphone en charge avant de se tourner vers son fils qui patientait, appuyé du dos sur la porte.
"Comment te sens tu ?"
Zéphyr haussa les épaules, appuyant l'arrière de son crâne contre la porte avec un soupir. Vincent se leva, approchant Zéphyr jusqu'à lui toucher le bras délicatement de la main gauche.
Il sentit Zéphyr sursauter au contact et le lâcha aussitôt, mais il n'eut pas d'autre réaction, se détendant même en reconnaissant son père.
"Je vous ai pas entendu venir."
"Un de mes plus gros défauts, paraît-il," répondit Vincent, reposant la main sur lui.
Il avait cru sentir quelque chose, il voulait être sûr de ce qu'il…
Ah.
De la fraîcheur, comme quand il touchait Aérith et Riku.
"Tu es en train de te soigner."
"Oui. Non," reprit Zéphyr sans se dégager,"ca… se fait tout seul… Ça finit de guérir."
"Zéphyr, le… la docteure qui s'est occupée de toi a dit qu'il fallait éviter… Le cancer mako pourrait revenir…"
"Non. Il n'y a plus rien," répondit Zéphyr en se frottant le ventre avant de soulever son pull, observant ce qui restait de sa blessure.
De face, la cicatrice était encore impressionnante malgré la guérison et Vincent eut brièvement l'impression de voir à nouveau du sang et…
Il détourna le regard, se retenant de justesse de planter ses griffes dans le pull de son fils.
"Nous sommes assortis," marmonna Zéphyr.
"Je ne trouve pas que ce soit une consolation," rétorqua Vincent," j'ai… j'ai cru… J'ai cru que tu allais mourir."
"Ça ne faisait pas si mal."
Vincent se tourna à nouveau vers lui, inquiet.
Pourquoi est-ce qu'il était aussi calme ?
"Zéphyr, est ce que tout va bien ?"
"Je ne sais pas," admit-il,"tout semble… loin."
Ca ne pouvait pas être les médicaments, ni les sorts, les pouvoirs de Minerva avaient probablement balayé les maléfices pendant la guérison.
Est-ce qu'il était en état de choc ? Il regrettait de ne pas avoir emporté le livre que Cid lui avait prêté. Quelle était la procédure à suivre déjà ?
"Tu devrais te reposer."
Séphiroth secoua la tête tout en se rhabillant.
"Je ne veux plus dormir. Je veux aider."
"Il n'y a pas grand chose à faire pour le moment. Nous cherchons à localiser Sin avec le module d'Aérith."
Zéphyr marmonna, se frottant les yeux du dos de la main avec une moue boudeuse.
Minerva, comme il ressemblait à sa mère quand il faisait ça.
"Je ne veux plus dormir," répéta-t-il.
Dès qu'ils auront retrouvé Aérith, il lui devra des excuses pour être un patient aussi peu facile que Zéphyr. Mais il ne comprenait que trop bien sa répulsion pour le sommeil forcé, pour les comas artificiels pendant lesquels n'importe qui pouvait l'approcher et…
Il tenta de se détendre autant qu'il pouvait, desserrant très doucement sa prise sur le coude de Zéphyr.
"Alors appelle le Président et le Capitaine Von Ronsenburg. Ils doivent être inquiets tous les deux."
Zéphyr fronça les sourcils avant de grimacer, ressemblant cette fois à Riku. Il tâtonna ses poches à la recherche de son téléphone.
"Rufus doit être en train de donner un ulcère à tous ceux qui l'approche. Où est mon PHS ?"
"La réponse en général est : 'demande à Yuffie'," déclara Vincent en tendant l'autre main vers la poignée de la porte,"elle est en bas."


Le salon privé de l'hôtel avait visiblement été transformé en QG temporaire pendant son absence. Gippal, Shera et Cid s'acharnaient à faire quelque chose avec des modules de communication démontés, tous les trois assis devant l'ordi avec lequel Jessie communiquait. Barret était au téléphone, discutant visiblement avec quelqu'un de haut-gradé vu son ton. Maître Cid était lui aussi en train de parler avec quelqu'un sur son PHS, Edgar assis près de lui à prendre des notes.
Les seuls à ne pas s'affairer étaient les jumeaux. Nanaki et eux étaient assis sur un canapé, ou du moins, Zack était assis, son frère et le fauve tous deux affalés sur lui à dormir.
Le brun avait le regard fixe, dans le vide, mais il caressait la nuque de Nanaki d'une main, serrant son frère contre lui de l'autre. Vincent approcha, se pencha pour lui effleurer doucement l'épaule et il eut la satisfaction de voir Zack lever les yeux pour lui adresser un petit sourire avant d'apercevoir son fils qui le suivait.
"Hey, Zéph, ça va mieux ?"
"Je suis presque entier, je survivrais," répondit Zéphyr, provoquant un fou rire nerveux chez Zack.
Cloud bougonna que Zack bougeait trop, se tournant sur le genou qui lui servait d'oreiller, et ce fut ce moment que Yuffie choisit pour revenir dans le salon, raccrochant son PHS avec un petit soupir las.
"J'ai fini," annonça-t-elle.
"Ton père accepte ?" demanda Barret, cachant le micro de son PHS contre son épaule.
"Ouais. J'ai transmis la fréquence à ses généraux, ils vont tous ordonner qu'elle soit repérée en priorité," déclara Yuffie en venant brancher son téléphone avec ceux des autres, sur une multiprise installée là. "Squall et Ellone s'occupent de convaincre leur père et leurs oncles de coopérer, je pense pas que ce sera dur. Linoa est en train de travailler son père au corps pour le persuader d'intervenir auprès du président Deling, mais j'ai pas réussi à contacter Garnet, ça m'inquiète…"
"Elle est à Golmore avec les guérisseurs," intervint Vincent,"elle sera vite au courant aussi."
"Tu as pu avoir ton père, Ani…" commença Yuffie en tournant la tête vers lui.
Elle croisa le regard de Séphiroth et se redressa de toute sa taille, pointant dramatiquement son index vers lui.
"TOI !"
Il se figea, se demandant brièvement ce qui se passait, tout en reconnaissant enfin Dame Kasumi dans la petite Princesse. Elle avait eu ce ton plus d'une fois quand elle avait été leur prisonnière sur le front et même Vaan et son irrespect chronique pour l'autorité avait eu le réflexe de se mettre au garde à vous en l'entendant.
"Oui ?" répondit-il alors qu'elle approchait de lui d'un pas déterminé, plantant son doigt au milieu de son thorax d'un air furieux.
"Tu ne t'avises pas de nous refaire une peur pareille, c'est compris ? Grand-frère était dans tous ses états ! Même quand j'ai failli tomber de la MGU il était pas comme ça !"
"Qu'est-ce qu'elle lui dit ?" demanda Barret qui n'avait pas encore commencé la méthode assimil que Reeve lui avait offerte pour les jours carbuncle[2].
"Elle le réprimande," répondit Vincent.
"Et si jamais tu recommences, je te donne ma parole que je trouverais un moyen de te retourner sur mes genoux pour te mettre la fessée du millénaire !" acheva Yuffie en tapotant le bout de son index dans son sternum.
Séphiroth resta un moment silencieux, fixant alternativement la princesse et les autres membres d'Avalanche qui, malgré la situation, laissaient échapper sourire et ricanement à ses dépends. Il baissa à nouveau les yeux sur la petite wutane.
-Inquiétude, regret, peur-
Elle était terrorisée. Mais pas par lui.
Pour lui.
"Je… m'excuse."
"Et tu ne recommencera pas !"
"Et je ne recommencerais pas," répéta Séphiroth.
"Bien !"
Elle se redressa, hocha la tête d'un air satisfait, puis commença à fouiller ses poches, sortant des objets familiers.
"Ton PHS," grommela-t-elle en le lui rendant.
"Merci…"
"Ton portefeuille."
"Tout est dedans ?" lança Zack.
"Vérifie," renchérit Cloud alors qu'il semblait être rendormit.
"Je vole pas la famille !" rétorqua Yuffie tout en sortant le bracelet à matérias de Séphiroth d'il ne savait où.
Il le glissa à son poignet tout en vérifiant d'un regard l'état de son PHS. Il avait été chargé et affichait plusieurs messages, dont… aïe, beaucoup de Rufus, il fallait qu'il l'appelle en priorité.
"Et ton couteau," acheva la Princesse en lui tendant le poignard, soigneusement enveloppée dans la cordelette tressée.
Heureusement, Séphiroth avait de grandes mains. Il put tenir le reste de ses affaires, le temps d'accepter son arme de la part de la princesse.
"Je l'ai trouvé quand on fouillait à la recherche de la matéria noire," expliqua-t-elle,"je l'ai nettoyé et affûté."
"C'était le sang de Kadaj, vous auriez put…"
Yuffie croisa les bras en jetant à Zéphyr le regard qu'elle réservait habituellement à quiconque tentait de lui parler comme à une princesse sensible et facilement effarouchée.
"Me prends pas pour une débutante Zéphyr, je tabasse des squames depuis plus longtemps que toi, je sais nettoyer une arme sans risquer la contamination."
"En effet. Je vous… je te demande pardon," corrigea t-il vite sous son regard glacial.
"J'ai pas trouvé Masamune, par contre, j'ai demandé aux SOLDATs de continuer à regarder mais j'ai pas de nouvelles."
Ah. Bon ça, ce n'était pas grave, il essayerait de faire appel à elle dès qu'il serait seul cinq sec…
Tout l'électronique de la pièce grésilla soudainement.
"Woah !" s'exclama Gippal en reculant précipitamment sur sa chaise,"c'est pas moi !"
"Une baisse de tension ?" s'étonna Shera.
"Zéphyr, du calme," ordonna Vincent en approchant, posant sa main sur son épaule.
"Elle a volé Masamune," gronda Zéphyr.
Yuffie, par réflexe peut-être, leva immédiatement les mains d'un air innocent.
"Qui ça, Zéphyr ?" s'enquit Vincent.
"Jénova. Elle a volé Masamune."
"Attends, c'est possible, ça ?" s'étonna Cid, tourné sur sa chaise pour regarder la petite famille derrière lui.
"Pas que je sache," répondit Vincent en fronçant les sourcils,"les armes héréditaires sont liées à leurs porteurs, à moins de le tuer ou que celui-ci décide de la transmettre à quelqu'un d'autre, il n'y a pas moyen de la leur prendre."
"Alors je vais la tuer," déclara Zéphyr d'un ton calme et déterminé.
Son estomac gargouilla à ce moment, provoquant un autre rire de Zack.
"Décidément, ce truc est increvable," marmonna Yuffie en enfonçant son doigt dans le ventre de Zéphyr.
"Yuffie ! Ne le touche pas là !" protesta Shera,"laisse la plaie guérir !"
"Oh, oups !"
"Est-ce qu'il peut manger ?" demanda Vincent à Shera.
Leur biologiste soupira avant de s'affaler sur ses bras croisés devant elle sur la table.
"J'ai assez d'instinct de survie pour ne pas m'interposer entre un augmenté affamé et son assiette. Qu'il évite juste les crudités et la nourriture trop riche."
"Soupe, yaourt, compote ?" suggéra Zéphyr d'un ton qui sous-entendait tout le bien qu'il pensait de ce menu.
"Je ne suis pas SI sadique," rétorqua Shera.


"Et tu ne veux pas savoir ce qu'Umbra te réserve," acheva Rufus, une main sur le crâne de sa sœur.
/Dis-lui que je suis désolé, / répondit Séphiroth.
Il avait l'air anormalement... apathique et Rufus se promit d'en parler à Tseng après leur appel. Il jeta un petit coup d'œil au Turk qui patientait de l'autre côté du bureau, les mains dans le dos.
"Je déduis donc que Madame Falmis et Riku t'ont soigné ?"
/Je vais bien, Rufus./
"Ce n'est pas le…" commença Rufus avant de laisser échapper un soupir de frustration,"tu réalises que je… Je suis extrêmement sensible aux pouvoirs de Madame Falmis ? J'ai ressenti ce qui vous est arrivé par son entremise !"
/Oh./
Tseng ne put s'empêcher d'être d'accord avec les réprimandes que recevaient le Général. Rufus s'était effondré dans son bureau au moment où son ami avait été blessé et Wynne était venue le chercher chez les Falmis en panique, Rufus refusant, comme toujours, de se rendre au département scientifique dès que sa santé était concernée.
Officiellement, Tseng était la seule personne connaissant l'identité du médecin personnel de Rufus.
Officieusement, les deux secrétaires devaient commencer à se douter de quelque chose, même si Reno prétendait surtout qu'elles avaient une belle somme de parié sur une relation amoureuse entre Rufus et lui, aussi improbable que ça lui semblait.
Calmer Rufus avait été compliqué, en particulier avec Umbra dans le même état et qui hurlait à mort en essayant de sortir de la pièce. Activer une matéria de manipulation avait aidé, étonnement, à se protéger contre l'invasion mentale des deux télépathes.
Les heures qui avaient suivi à guetter les moindres informations venant de Golmore avaient été longues, et si Rufus et Umbra avaient fini par s'endormir, ça n'était qu'une fois vaincus par l'épuisement. Il faudrait qu'il ait une discussion avec Valentine au sujet de prévenir en priorité Rufus la prochaine fois que le Général serait blessé.
L'éclat rouge du Météore par la fenêtre attira son regard, faisant dérailler le fil de ses pensées.
S'il y avait une prochaine fois.
Si Gaïa n'était pas irrémédiablement détruite avant.
Il sursauta quand Rufus reprit la parole après une réponse du Général.
"Comment va Madame Falmis ?"
/Elle dort toujours. Elle et Riku ont… ils sont épuisés./
"Il faudra qu'elle revienne dès que possible, le Professeur Falmis…"
/Qu'est ce qu'il a ? / coupa aussitôt Séphiroth.
"Il s'abrutit de travail. Il prétend être sur le point de trouver un remède aux cellules J qui ne nécessite pas des prélèvements permanents sur Riku."
/Mana, j'espère./
Quelqu'un toqua à la porte et Tseng se tourna aussitôt pour aller ouvrir, une main sur son arme. Dìs attendait derrière la porte, sa tablette sous le bras. Il la fit entrer et elle le remercia d'un signe de tête avant d'approcher du bureau de Rufus.
"Président," intervint Dis,"je m'excuse de vous interrompre, mais Bellona signale que la vidéo-conférence est prête à commencer."
"Merci, Dìs, j'arrive. Zéphyr, je dois y aller, je te rappellerai plus tard."
/Que se passe-t-il ? /
"Réunion d'urgence avec les autres dirigeants pour décider quoi faire contre Météore."
/Rufus, Avalanche essaye de trouver Sin avec…/
"Je sais, Mademoiselle Rasberry m'a déjà fait un résumé, elle est en train de pirater les communications militaires Shinra pour transmettre la fréquence en masse à l'armée."
/... pourquoi pirater ? /
"Elle dit que ça ira plus vite que la bureaucratie."
/Elle n'a pas vraiment tort, / admit Séphiroth.


"Majestés, Mesdames, Messieurs, je vous remercie de votre présence," déclara Rufus, une fois assis dans la salle de commandement, devant les multiples écrans affichant chacun le visage sombre d'un dirigeant.
Ils étaient tous là, cette fois.
Même les viéra et les Burméciens, rassemblés devant une seule caméra, accompagné d'un traducteur, un homme aux cheveux noir et aux yeux rouge qui ressemblait de manière intriguante à Zéphyr[3].
Même le dirigeant des guados, ses mains noueuses serrées sur son bâton de commandement, qui gardait son étrange regard sans pupille baissé, murmurant une prière.
Même la Commandante Farron, de Fort Condor, accompagnée d'une autre jeune fille aux mêmes cheveux roses qu'elle.
Et tous les autres, affichant des expressions lasses, défaites, vaincues.
La Reine d'Alexandria avait l'air épuisée, encore plus qu'à l'accoutumée, et sa fille n'était pas avec elle, mais le Président Loire était lui accompagné de toute sa famille, 'amis' compris.
"Je pense que vous avez tous prit conscience de la situation ainsi que des rapports en provenance de Golmore. Je n'irais pas par quatre chemins : Gaïa elle-même est en danger et nous n'avons qu'une semaine pour arrêter Hojo."
"Si la Commandante Farron avait envoyé ses hommes à Golmore comme convenu, ce ne serait pas arrivé," commença le Président Deling.
La Commande se leva d'un bond, prête à se défendre, mais sa compagne la retint d'une main ferme.
Elle murmura en condorien à la Commandante qui prit un air coupable, se calmant rapidement avant de se rasseoir, posant ses mains croisées devant elle avant d'incliner la tête devant la caméra.
"Je vous présente mes excuses les plus humbles," finit-t-elle par déclarer entre ses dents. "J'ai en effet manqué à mes devoirs de commandante."
"Et maintenant, la planète va être détruite à cause de…"
"Président Deling, s'il vous plaît," coupa Rufus,"ce n'est pas le moment de pointer des coupables du doigt."
"Le Président Shinra a raison," intervint le Président Loire à son tour,"il faut maintenant mettre au point une stratégie contre le Météore."
"Président Loire, un météore de la taille de la lune arrive droit sur nous, que voulez-vous faire en moins d'une semaine ?" demanda un homme en tenue de Maëster Yévonite.
Maëster Kinoc, si Rufus se souvenait bien des rapports d'Elena. Yo Mika. Le Grand Maître du clergé était alité, soit disant souffrant et le jeune Maëster endossait désormais la charge suprême en attendant des élections religieuses qui n'auraient probablement pas lieu.
Selon la jeune Turk, Yo Mika était maintenant mort depuis deux semaines et le clergé était en pleine tourmente malgré les apparences paisibles qu'ils tentaient d'afficher.
"Alors, vous abandonnez ?" rétorqua la Reine.
"A quoi bon ?", rétorqua le jeune Maître de Yévon,"Sin est notre punition pour avoir vénéré la technologie et ses méfaits. Il est temps de préparer nos âmes à rejoindre l'au-delà.".
"Je ne prévois pas de me laisser mourir," déclara la Reine Brahne d'un ton dédaigneux.
"Votre Majesté," reprit le religieux d'un ton conciliant,"les âmes de votre peuple…"
"N'appartiennent qu'à eux, Maëster," rétorqua-t-elle. "Alexandria a été construite sur l'échine d'Alexander en personne, pour veiller sur Lui pendant qu'Il garde la Rivière de la Vie. Mon peuple existe pour protéger Gaïa et nous combattrons jusqu'au bout pour ça."
Son regard passa rapidement autour d'elle, probablement pour regarder tous ses écrans de son côté.
"Et pas seulement parce que nous vivons aussi sur cette foutue planète !"
Ah, il la reconnaissait bien, là. Du temps de feu Shinra Père, la Reine Brahne avait été une des rares à lui tenir tête, peu impressionnée par cet arriviste sans morale, et suffisamment grande gueule pour lui rabattre le caquet. L'ancien Président avait parfois envisagé un mariage d'intérêt entre la Princesse Garnet et un de ses rejetons, mais aucun n'avait accepté et Rufus avait d'office été écarté de cette éventualité pour ne pas risquer une fugue à Alexandria.
"Quelles sont nos possibilités ?" acheva-t-elle en croisant les mains devant elle.
"J'ai lancé nos plus gros cerveaux sur le problème," annonça le Président Loire en se frottant le visage,"mais pour l'instant, rien."
"Et votre programme spatial ?" demanda un des chefs de clans cosmo, un très vieil homme à la barbe et aux sourcils impressionnants.
Un des conseillers de Loire, un géant blond au visage scarifié haussa un sourcil tandis que l'autre, un homme élancé à la peau sombre, semblait soudain avoir mordu dans un citron bien acide. Il finit néanmoins par prendre la parole d'un ton las.
"Et bien, le projet spatial d'Esthar nous permettrait d'envoyer un aéronef vers le météore, mais la quantité d'explosifs nécessaire pour le détruire avant son arrivée excède le poids que pourrait transporter la fusée."
"Est-ce que la quantité maximum suffirait à dévier sa trajectoire ?" intervint un des chefs de clan de Corel.
"Non," reprit le vieil homme de Canyon Cosmo,"si Météore est bien une invocation, rien ne permettra de changer sa cible. Il faut le détruire."
Rufus ne bougea pas ni ne changea d'expression, mais ne put s'empêcher de demander à Tseng comment le vieil homme, Professeur Bugenhagen s'il en croyait le nom affiché sous son écran, pouvait être au courant de la nature du Météore[4]. Le Turk sursauta légèrement, lui jetant un regard perplexe.
Ah, il avait posé sa question mentalement. La fatigue et le stress ne l'aidaient pas à maîtriser ses pouvoirs. La tête d'Umbra se glissa sur ses genoux et son tentacule étreint son poignet, couvrant son tatouage. Il sentit l'habituel bouclier mental s'étendre sur lui, lui permettant de calmer un peu ses pensées.
"Et un bouclier magique devant Gaïa ?" suggéra la commandante Farron.
"Il n'y aura jamais assez de matérias de protection sur tout Gaïa pour ça, sans compter la quantité d'énergie nécessaire pour les activer de manière efficace," répondit le Professeur Bugenhagen.
"Il reste la possibilité de détruire la matéria en question ou de tuer son utilisateur avant la fin de la semaine," déclara Rufus, posant son autre main sur le crâne de sa sœur.
"Donc, trouver Sin, ce que personne n'a été capable de faire en presque treize ans !" ragea le président Deling.
"Jusqu'à présent. Et c'est pour celà que j'ai demandé cette réunion. Un des membres d'Avalanche a été capturé par Hojo hier."
"Nous en avons entendu parler," déclara la Reine Brahne d'un ton grave,"cette pauvre enfant."
"Comme le voulait la procédure, elle portait un module de communication pendant les interventions d'Avalanche. Elle ne répond pas à nos appels pour le moment, mais il est toutefois possible de détecter la présence de son module dans un rayon de vingt-cinq kilomètres."
"C'est peu," objecta un chef de clan gongan,"Sin pourrait se cacher dans les profondeurs."
"Le maximum de profondeur des océans est d'une dizaine de kilomètres," coupa l'Empereur de Wutai,"cela serait suffisant."
Rufus n'avait pas vraiment d'intérêt pour les curiosités de la nature, mais si l'Empereur le disait et que ça allait dans son sens, il le croirait volontiers.
"Ce qu'il nous faut," reprit-t-il,"c'est un réseau de radio-récepteurs dense, qui permettrait non seulement de repérer la fréquence du module mais aussi de suivre Sin à la trace."
La fille du Président Loire lui toucha le coude et fit quelques gestes des mains qui le firent hocher la tête.
"Afin de pouvoir le retrouver et le détruire ?" demanda-t-il.
"Si c'est nécessaire," déclara Rufus,"je préfèrerais pouvoir secourir les prisonniers d'Hojo, mais si la survie de Gaïa est en jeu…"
"Et comment comptez-vous le tuer ?" protesta le Président Deling,"même les canons à mako ne font que l'écorcher !"
"Sin est blessé," intervint le traducteur des viéra et des Burméciens.
"Pardon ?" répondit le Président Deling.
"Comment ça ?" renchérit la reine Brahne au milieu du brouhaha des questions similaires des autres dirigeants.
"Pendant l'attaque de Golmore, Sin est remonté à la surface pour attaquer des aéronefs volant bas. Les dragons des Burméciens l'ont blessé et mit en fuite."
Le Roi des Burméciens déclara quelque chose qui fit hocher la tête au traducteur avant qu'il se tourne à nouveau vers la caméra.
C'était vraiment perturbant. Qui que soit cet homme, il ressemblait comme deux gouttes d'eau à Séphiroth, à part ses cernes sous les yeux et une mâchoire plus carrée. Un de ses nombreux oncles ou cousins, peut-être ?
"Sa Majesté est prête à mettre les dragoons et leurs montures à votre disposition pour une attaque," traduisit-t-il.
"Et les Viéra les suivront," ajouta la somptueuse viéra aux cheveux blancs, assise près du Roi.
"Si les dragons des Burméciens entrent dans la bataille, alors il est temps que les Bêtes Sacrées des Wutan se battent aussi," déclara solennellement l'Empereur.
Un des chefs de clans Gongan manqua de s'étouffer avec son verre d'eau en entendant ces mots et plusieurs dirigeants semblèrent abasourdis par la déclaration du Wutan.
"Nos Bêtes Sacrées ne sont… plus autant qu'il y a dix ans," continua l'Empereur,"mais nous les appellerons pour protéger Gaïa et détruire Sin une fois pour toute."
"Puis-je compter sur votre soutien à tous pour trouver et détruire Sin une bonne fois pour toute ?" demanda Rufus.
"Il n'en est pas question !"
Fort heureusement pour le Président Deling, la réunion n'était pas en vis à vis ou son cerveau lui coulerait soudain par les oreilles. Rufus se demanda néanmoins quelle était la portée de sa télépathie et s'il pourrait l'abattre de Midgar.
"Président Deling, soyez raisonnable…"
"Vous allez en profiter pour prendre le pouvoir sur Gaïa entière ! Comme votre père, vous êtes un opportuniste…"
Peut-être qu'il se trompait, mais la Reine Brahne était en train de lui jeter un regard compatissant pendant que son homologue Galbadien éructait.
"...Nous devrions confier le pouvoir décisionnaire à quelqu'un qui a les épaules pour prendre une telle décision et…"
"Vous, je présume, Président ?" s'enquit le Président Loire avec un sarcasme probablement mortel à cette dose.
"Loire, je n'ai pas de leçon à recevoir d'un déserteur !"
"Il aurait déjà fallu que vous fassiez votre service pour mériter ça," rétorqua Loire.
"Messieurs," intervint Rufus, se faisant, une fois de plus, ignorer par les deux Présidents ennemis.
"S'il prend le contrôle des opérations, je refuse de participer à cette masc…"
Rufus tendit vivement la main, appuyant sur un bouton dans le pupitre devant lui, le bip sonore faisant sursauter les autres dirigeants. Une fois l'attention du Président Deling à nouveau sur lui, il croisa calmement les mains avec un petit sourire.
"Président Deling, je viens d'ouvrir une ligne directe vers la rédaction de 'la voix de Ramuh', je vous suggère de bien réfléchir à vos prochaines paroles."
Le silence retomba sur la vidéo-conférence, sauf pour le traducteur des viéra et des burméciens qui expliquait l'interaction, un petit sourire familier au coin des lèvres.
"Vous avez déjà fort à faire avec Timber et ses indépendantistes, je doute que faire sécession de l'Alliance maintenant aide à maintenir la paix sur votre territoire. Il serait fâcheux que des rumeurs infondées parviennent aux médias. Sans rien avoir à perdre, des terroristes pourraient décider de mourir 'libres'."
Deling était passé de rouge de colère à pâle d'effroi et, fort heureusement, bouche bée.
"Et par ailleurs, j'admet moi même ne pas être tacticien. Il faut en effet quelqu'un avec la formation et l'expérience pour coordonner cette opération. Et nous savons tous ici qui est la personne la plus à même de prendre de telles décisions. Commandante Farron ?"
La jeune femme resta interdite quelques secondes, puis échangea un rapide regard avec la jeune fille à ses cotés avant de reprendre.
"Moi ? Président, vous êtes… certain de vous ? Mes précédentes décisions… ont mené à Météore."
"Vous n'aviez pas tous les paramètres en main et d'excellentes raisons de ne pas faire confiance à Midgar, au vu de nos actions passées. Je vous le demande, Commandante. Prenez la tête des armées de l'Alliance."
"J'approuve ce choix," intervint l'empereur. "La Commandante est jeune mais a déjà prouvé sa valeur en combattant au front. Elle a le respect des guerriers de Wutai."
"Mon armée sera à sa disposition, que ce soit les soldats comme les invokeurs," déclara la Reine Brahne.
Un à un chaque pays, chaque cité-état affirmèrent leur soutien et leur présence au combat, de Gongaga à Corel, les représentant de l'Archipel, Esthar.
Tous.
La jeune commandante resta silencieuse, jetant un petit regard à la jeune fille du coin de l'œil avant d'inspirer et hocher la tête.
"Très bien. J'accepte cette responsabilité."
La jeune femme près d'elle battit des mains d'un air ravi, mais se calma vite sous le regard dubitatif de son ainée.
"Serah," marmonna-t-elle en désignant la caméra.
"Désolée. Je suis fière de toi ceci dit." répondit-t-elle en condorien.
"Quels sont vos ordres ?" demanda Rufus.
"D'abord, repérer Sin. Envoyez-nous cette fréquence, Président Shinra, je me charge personnellement de la transmettre au front de Fort Condor," déclara la commandante Farron. "Dès que nous aurons une idée de la position de Sin, nous pourrons aviser. Tenez vos armées prêtes à se déplacer en tout point de Gaïa d'un moment à l'autre et nommez des personnes de confiance à leur tête."
"Ce sera fait, Commandante."
La réunion s'acheva vite, chaque dirigeant repartant avec la fréquence du module d'Avalanche et l'ordre poli de la Commandante de revenir dans cinq heures pour un debrief.
Ca s'était passé mille fois mieux que Rufus l'avait craint et une fois le dernier écran éteint, il se laissa aller en arrière sur son dossier avec un soupir de soulagement.
"Tout va bien, Monsieur le Président ?" demanda Wynne avec un petit regard par-dessus ses lunettes.
"Oui Wynne, appelez le Directeur Tuesti, dites lui de ma part qu'il a fait du bon travail et qu'il peut rentrer."
"Il sera ravi, Monsieur le Président," déclara Wynne avant de prendre congé.
"Dìs, allez voir si Mademoiselle Rasberry a fini avec l'envoi de la fréquence à nos armées et voyez avec elle si elle a d'autres idées pour la partager au plus grand nombre."
"Oui, Monsieur," répondit la jeune femme avant de lever les yeux de sa tablette,"vous… vous auriez vraiment fait ça ? Je veux dire, prévenir les médias des actions du Président Deling ?"
Rufus roula des yeux en tournant la tête vers elle.
"Contrairement à la croyance populaire, je n'ai pas de ligne directe avec les médias. Non, j'ai juste appelé le réfectoire. Merci de votre silence, d'ailleurs."
/Je vous en prie, Monsieur le président. Avez-vous besoin d'autre chose ? / répondit une voix d'homme dans le haut-parleur.
"Préparez-nous un repas froid pour quatre personnes, une gamelle pour Umbra et beaucoup de café, je vous prie."
/Très bien Monsieur le Président./
"Si c'est de famille, je vais devoir m'inquiéter quand ma puce sera plus grande," marmonna Dìs dans sa barbe.


Riku se réveilla.
Ou pas. Il n'était pas sûr tout d'un coup.
Il n'était jamais allé sur une plage, ni au bord de la mer, même si sa mère lui avait toujours promis qu'un jour, elle l'emmènerait à Zanarkand, et qu'ils passeraient le reste de leur vie au soleil, les pieds dans l'eau, à manger du poisson, cuit pour changer.
Et là, il était sur une plage, les pieds dans le sable, à regarder de l'eau. Beaucoup d'eau…
Ce devait être la mer vue de près. Encore une fois, avant d'aller à Junon, il ne l'avait jamais vue, bien qu'il ait passé sa vie dessous.
C'était tellement bleu.
Le ciel, comme l'eau.
Et ça sentait…
Un peu comme l'intérieur de Sin, mais sans les odeurs de pourriture, de mako et de crasse.
Ça sentait le sel.
"C'est un rêve ?" s'étonna-t-il à voix haute.
"Pas exactement."
Il se tourna vivement en direction de la voix, la reconnaissant.
Elle avait une apparence humaine.
Plus ou moins, même si il la 'voyait' en humaine, elle donnait l'impression de… de se déformer aux entournures. Comme si sa peau n'arrivait pas à la contenir.
Mais quand il se concentrait sur son visage, qu'il n'essayait pas de regarder comment ses ailes apparaissaient et disparaissaient, comment le bouclier dans son dos tournoyait, l'armure qui étincelait parfois à la place de sa longue robe blanche et du voile brodé translucide sur sa tête…
Quand il la regardait elle, il ne voyait qu'une femme aux cheveux blonds très pâle, à la peau claire, aux joues roses, et aux yeux vert vert vert, comme ceux d'Aérith, Ifalna ou son père.
Comme les siens.
"C'est une mémoire de ce lieu, avant que les humes ne construisent dessus," acheva-t-elle de sa voix douce qui donnait pourtant la chair de poule à Riku.
"T'es Minerva."
Elle le dévisagea en silence, son expression calme, neutre, comme un masque.
C'était un masque, réalisa Riku avant que cette vision se trouble et qu'elle affiche à nouveau un visage de chair.
"C'est étrange que tu utilises Mon nom comme une insulte," déclara-t-elle en approchant à petit pas dans le sable.
"Au cas où : Je t'aime pas," rétorqua Riku, reculant d'un pas méfiant.
"Je suis Minerva, Incarnation de Gaïa, Héraut de sa Volonté, Mère de tes Ancêtres," énonça clairement la Déesse.
Riku n'était pas sûr de savoir comment, mais il était presque sûr qu'Elle mettait des majuscules partout quand Elle parlait.
Et apparemment, c'était contagieux. Merde.
"Et je m'en tape. T'as pas le droit d'utiliser ma famille comme des jouets."
"Celà est nécessaire pour ce combat."
"Tu fais comme Jénova."
Le masque réapparut, brièvement cette fois, mais il le vit clairement. Il vit ses traits se figer, ses yeux devenir vide, le rose de ses joues disparaître, pour ne plus faire qu'un visage de porcelaine.
Elle puis elle ferma les yeux, ses ailes bruissèrent et elle se détourna vers la mer.
"Parce qu'Elle était comme Moi."
"Hein ?"
La Déesse avança vers l'eau qui venait doucement rouler à leurs pieds, jusqu'à ce que Ses orteils touchent l'écume.
"Elle était comme Moi," répéta Minerva,"l'Incarnation d'une Planète, de sa Volonté, Protectrice de sa Rivière et des âmes qu'Elle abritait. Mais… quelque chose à dû se passer. Quelque chose de grave…"
Riku sursauta soudain en voyant l'eau autour des pieds de la Déesse se teinter de rouge, les vagues charriant des os et des cadavres en morceaux, mais, aussi soudainement qu'elle s'était déclenchée, la vision disparut, ne laissant que coquillages et galets dans l'eau transparente.
"Et maintenant, Elle n'est plus qu'une créature errant de planète en planète, dévorant tout autour d'Elle pour rester en vie."
"Comment tu sais ça ?"
"J'ai su ce qu'Elle était quand je l'ai vue pour la première fois, rampant hors du grand Cratère après Son arrivée sur Gaïa. Mais J'espérais…"
Elle soupira et secoua la tête d'un air las.
"J'espérais pouvoir l'aider. La soutenir. L'appeler Ma Soeur. Ne plus être Seule."
"Et elle a essayé de te bouffer."
"Elle n'a pas essayé. Elle m'a dévorée. Et Je suis restée prisonnière de Son esprit pendant deux millénaires."
"Comment tu as fait pour t'en sortir ?"
"Grâce à toi," expliqua la Déesse en se tournant vers Riku.
Elle tendit la main vers lui, désignant son cœur de l'index et Riku recula à nouveau, évitant le contact.
"Il a fallu deux millénaires, et une longue exposition des cetras à la présence de la Calamité, mais la Planète a fini par développer une immunité. Ton sang lui est néfaste. Quand Elle a tenté de te prendre, Elle s'est retrouvée suffisamment affaiblie pour que Je lui échappe."
Riku baissa les yeux sur le doigt devant lui, pensif.
"C'est grâce à mon sang que Papa a été sauvé…"
"Deux fois," répondit-t-Elle en ramenant sa main pour retenir Son voile qui ondulait sous le léger vent marin,"Elle fera tout pour qu'il n'y ait pas de troisième fois, pour qu'Elle reprenne possession de Séphiroth."
"Pourquoi elle fait une fixette sur lui ?" grommela Riku.
"Parce que ton père est un Cetra."
Riku lui jeta un regard dubitatif avant de faire un rapide calcul mental.
"Il est un quart cetra et encore !" finit-il par objecter.
"Le Sang de la Planète qu'il a reçu a réveillé son héritage. Il se retient beaucoup au combat, mais il est aussi fort que Bahamut, sa magie aussi puissante que celle de Bélias. Et surtout, il peut avoir accès à la Rivière."
"Et ça, c'est pas une bonne chose," marmonna Riku.
"En effet. Il ne doit pas retomber entre Ses mains."
"Et plutôt entre les tiennes, c'est ça ?" rétorqua Riku en croisant les bras.
Le visage de la Déesse se figea à nouveau en masque.
"Tu le prendras plus jamais. Ni lui. Ni Ifalna. Ni Aérith."
-DONNES-TU DES ORDRES À TA DÉESSE, ENFANT ? - tonna une voix tout autour de lui, le faisant sursauter.
Le sol trembla, des pointes de rochers couverts de glace s'élevant autour d'eux, le ciel se teintant de rouge, la mer reculant, encore et encore et encore, la plage paradisiaque se transformant peu à peu en paysage de cauchemar, parsemé de cadavres de dragons taillés en pièces, de guerriers ailés en armures, de démons aux yeux rouges grand ouverts.
Riku serra les poings en les regardant, avant de relever le nez vers la Déesse, Sa robe blanche était maintenant maculée de sang. La petite brise à l'odeur iodée était devenue une tempête qui déchirait Son voile, dévoilant Ses cheveux dont les nattes se défaisaient, les bourrasques déchiquetant Sa robe soyeuse alors que le sang coulait de plaies qu'Elle ne parvenait plus à cacher.
Il releva le menton, serrant les poings et se redressa de toute sa hauteur.
"Nan, je te propose un deal. Tu touches plus à ma famille et je te laisserais utiliser mon corps et mon sang quand tu veux[5]."
-TU OSES NÉGOCIER ALORS QUE TU N'ES RIEN ? -
"Non, toi, tu n'es rien."
Elle se figea.
Tout se figea.
Le vent cessa de souffler, le sang de couler, les cheveux restèrent suspendus quelques instants dans l'air avant de retomber mollement, alourdis par l'hémoglobine.
"T'es séparée des Anciens, tu as pas accès à la Rivière, à tous tes pouvoirs, t'es bloquée là," déclara Riku en désignant son crâne,"et tu peux rien faire sans moi."
Elle se redressa d'un air menaçant, ouvrant grandes ses ailes au-dessus d'eux et…
Oh.
Ses ailes étaient osseuses, décharnées, les plumes déchiquetées et la chair fondue.
Il sentit son coeur se fendre en les voyant.
Elle ne pourrait plus jamais voler avec ça.
"Ou tu peux devenir comme Jénova."
Elle sembla s'effondrer.
Elle fit un pas en avant, se retenant visiblement de tomber au sol et pencha la tête, comme si Elle voulait cacher Son visage sous Ses cheveux ensanglantés.
Comment ça se faisait qu'Elle lui rappelait son père ? A part la couleur des yeux, ils ne se ressemblaient pas beaucoup.
Il approcha d'un pas, avançant nez à nez avec la Déesse.
Elle était grande, presque autant que son grand-père mais courbée comme Elle se tenait, il n'eut pas à lever la main beaucoup pour la poser sur le masque.
Il tira doucement dessus. Il n'y avait pas de lien, ni de chaîne qui le retenait, il vint facilement comme s'il était juste posé sur Son visage.
Il regarda longuement ce qui était sous le masque, observant les blessures, l'œil mort, les lacérations sur Son visage, la trépanation de Son crâne qui laissait couler un voile de sang sur Son front.
"T'en a pas marre ?" murmura-t-il.
Ses lèvres tremblèrent et Elle hocha très doucement la tête, un mouvement presque imperceptible.
"Je veux juste… me reposer," souffla-t-Elle, Son oeil restant plein de larmes.
"Tu pourras bientôt. Dès qu'on a buté Jénova."
"Oui... Oui, on fait ça."
Il reposa le masque à deux mains, caressant Ses joues jusqu'à sentir la tiédeur de Sa chair et la soie de Ses cheveux sous ses doigts.
La plage de sable était revenue, le soleil brillait, la mer roulait à nouveau, léchant leurs pieds.
Il n'y avait plus le moindre cadavre en vue, même si certains tas de sable avaient une forme suspecte.
"T'as qu'à rester ici en attendant. C'est mieux que l'autre décor."
"Riku."
Elle était redevenue la jeune femme blonde aux yeux calme qu'il avait vue, quelques minutes plus tôt. Sa robe était à nouveau immaculée et intacte, le voile translucide voletait à nouveau, retenu d'une main pendant que son autre extrémité flottait dans le vent.
"Je ne prendrais plus ton père, Ifalna ou Aérith."
"Bien. Merci," ajouta Riku. "Et euh…"
Elle inclina la tête sur le côté, attendant la suite de sa question.
"Comment je... comment je rentre ?" acheva piteusement Riku.
Oh. Là, il voyait vraiment la ressemblance avec Aérith et Ifalna, surtout dans ce petit sourire taquin. Elle ramena son voile sur son épaule, puis tendit la main près de son oreille.
"C'est simple. Il te suffit de…"
Elle claqua des doigts.


Riku se réveilla en sursaut, avec le souvenir d'un goût de sel sur les lèvres et les derniers échos d'une voix féminine dans les oreilles.
-Te réveiller-
Il faisait nuit. Les volets étaient restés ouverts, et une lueur blafarde de lampes de ville filtrait par les rideaux, mais ils n'étaient pas à Midgar.
Ifalna dormait dans le lit à côté de lui.
Quelqu'un l'avait bordée, tout comme lui, les couvertures coincées autour d'eux et il fallut quelques instants à Riku pour s'en dépêtrer avant de se tourner vers Ifalna, l'observant dans son sommeil.
Depuis qu'ils avaient tout les deux sentit ce qui arrivait à Aérith et son père, depuis qu'ils avaient compris qu'ils étaient en danger, les émotions d'Ifalna semblaient embourbées, alourdies, écrasées sous une tonne de boue froide et gluante.
Il leva une main, la posant sur son front et caressa du pouce la ride qui se creusait entre ses sourcils froncés. La veille, l'avant veille même, il avait essayé de changer ce qu'Ifalna ressentait, mais ça n'avait pas marché. Parce qu'elle était plus forte que lui, peut-être, qu'elle maîtrisait mieux ses pouvoirs… Ou juste qu'elle ne se laissait pas atteindre, comme son père et Rufus le faisaient.
"On va la retrouver," murmura-t-il,"promis."
Il se leva aussi discrètement qu'il put, cherchant ses affaires. Son sweat à capuche[6] était soigneusement plié sur la table de la chambre et il trouva dans la poche son PHS, qu'il alluma par réflexe.
Deux heures du matin. Il avait fait plus d'un tour du cadran, pas étonnant qu'il ait aussi faim. Il enfila son sweat, rabattit la capuche sur son crâne et sortit de la chambre, ignorant délibérément les chaussures et les chaussettes posées près de la porte. Il serait plus discret pieds nus de toute façon.
Tout était silencieux.
A part le ronflement du Lieutenant, bien sûr.
Il n'était pas sur de qui dormait où mais la seule chambre sous la porte de laquelle filtrait un rai de lumière était celle de Yuffie. Il l'entendit parler à voix-basse, mais il n'avait pas l'oreille de son père ou son grand-père. Il ne put comprendre que quelques mots et reconnaître du Wutan. Elle devait parler à un ami, ou à sa famille. Il s'écarta, cherchant son chemin du regard.
Il fallut ramper un peu pour passer devant le bureau de l'accueil et le concierge de nuit, mais il piquait à moitié du nez et ne le vit pas passer. Trouver la cuisine fut assez facile et il rassembla du pain, du fromage, et quelques fruits avant de repartir à la recherche de son père.
Il croquait encore dans un pahsana quand il trouva le salon privé où Avalanche avait établi son QG
Cloud était assis à la table maintenant vide de monde, accoudé devant deux ordinateurs, son regard allant de l'un à l'autre, mais il leva les yeux en entendant Riku arriver.
"Hey, Riku. Tu te sens mieux ?"
Riku avala sa bouché et lécha ses doigts couverts de jus en hochant la tête, approchant de lui.
"Ouais, tu fais quoi ?" demanda-t-il en sortant un pahsana de la poche de son sweat, le tendant à Cloud.
"T'as eu ça ou ?"
Riku se contenta de croquer innocemment dans un autre fruit.
"T'es vraiment le petit fils de Makoto," ricana Cloud en prenant le cadeau avant de répondre à la précédente question,"je surveille les communications. On essaye de trouver Sin avec le module d'Aérith."
"On peut faire ça ? Comment ?"
"Me demande pas, c'est une idée de Jessie et j'ai rien compris quand elle a essayé de m'expliquer."
"T'es tout seul ?" continua Riku.
"Non, ils m'aident," ajouta Cloud en désignant un canapé d'un signe de tête.
Riku se tourna dans la direction et tenta d'étouffer un ricanement.
Son père était assis à un bout du canapé, affalé comme il pouvait contre le dossier, bras croisés et profondément endormi. A l'autre bout, Zack faisait de même, couvert par une couverture trop petite, mais avait étalé ses longues jambes entre eux et avait posé même un pied sur les genoux de son père. Faute de place sur le meuble, Nanaki avait visiblement été contraint de dormir sur le tapis et avait la tête contre le pied de Séphiroth.
"Ah ouais, ils sont à fond là," constata Riku avec un sarcasme qui ne pouvait aussi venir que de son grand-père.
"J'ai dormi toute la journée, je suis plus frais. Zack a dit qu'il reposait ses yeux cinq minutes et qu'il revenait m'aider."
"C'était y'a combien de temps ?"
"Trois heures."
"Et Papa ?"
Cloud se tourna sur sa chaise, observant les trois endormis.
"Il se réveille à peu près toutes les heures. Il m'aide un peu, il mange ou il boit un truc et il se rendort. Il va mieux. Il est juste crevé."
"T'es plus en colère contre lui," nota Riku.
Cloud grimaça. Il aurait dû s'y attendre. Il connaissait pourtant Aérith depuis des années maintenant, et depuis qu'elle faisait partie d'Avalanche, malgré les efforts de Reeve, ils vivaient pratiquement ensemble elle, son frère et lui. Il savait à quel point elle était perceptive mais il n'avait pas réalisé que ça n'était pas une particularité propre à Aérith.
Que Riku serait pareil aussi.
"Non," finit-t-il par admettre avant de tourner la tête vers une fenêtre qui clignotait sur un de ses écrans, lisant une mise à jour de la part de Mustadio.
Riku hocha la tête, achevant son fruit, ce qui rappela à Cloud de manger le sien. Il prit son temps, vérifiant d'autres messages sur l'écran avant de reprendre.
"Ça ne sert à rien. Il n'est pas responsable de ce que Hojo et Jénova lui faisaient faire."
Il se tourna, jetant un petit coup d'œil au SOLDAT qui dormait toujours.
"Il… mérite pas que je lui mène la vie dure en plus de tout ce qu'il doit gérer depuis son réveil."
"Comment ça ?"
"Riku, il s'est endormi à dix-huit ans et il se réveille à trente ans passés. Rien que ça, ça fait un choc. Moi, avec juste cinq ans dans Sin, dont la moitié dans le coltar, j'ai du mal à rattraper le temps perdu."
"Et moi, cinq mois."
"Avec de la chance, tes gamins seront juste adepte de la grasse matinée," lâcha Cloud d'un ton désabusé.
Riku éclata de rire, se bâillonnant presque aussitôt pour ne pas risquer de réveiller les autres, mais trop tard.
"Riku ?" marmonna une voix ensommeillée.
Il se tourna vers le canapé. Son père était en train de pousser le pied de Zack de ses genoux, se redressant en tachant de ne pas marcher sur Nanaki.
"Comment tu," commença Zéphyr avant d'étouffer un bâillement,"comment tu te sens ?"
Il ne se retenait pas.
D'habitude, essayer de sentir les émotions de son père, c'était comme gratter un mur. Il n'y avait que les émotions violentes et incontrôlées qu'il sentait et l'explosion ne durait généralement que le temps qu'il en reprenne le contrôle.
Mais là c'était…
Un feu calme et permanent. Paisible, rassurant.
Riku ne réalisa qu'il s'approchait de son père que quelques secondes avant qu'il le percute, jetant ses bras autour de lui. Zéphyr, qui essayait de se lever au même moment, retomba assis sur le canapé avec un petit ouf, retenant Riku pour ne pas qu'il tombe.
"Riku ?" murmura-t-il en serrant doucement ses bras autour de lui.
C'était comme un château de sable instable qui s'effondrait, redevenant une dune paisible. Comme si l'aiguille sous sa peau était délicatement retirée.
-Soulagement-
Comme si tout retombait à sa place.
Il ne protesta même pas quand Zack prit une photo d'eux avec son PHS.
Il se contenta de lui adresser un doigt d'honneur dans le dos de Riku pour la seconde.


"Bien reçu, Neo-Bikanel[7], on garde les yeux ouverts."
/Soyez prudent, l'ordre est de ne surtout pas attaquer./
La Capitaine Al Behd aurait roulé des yeux si ses pupilles n'étaient pas déjà en train de tournoyer comme un moulin à vent dans ses iris.
"Vous êtes gentils, on est un bateau de pêche, on risque pas de lui faire de gros dégâts même si on le voulait."
L'icône de spirale verte sur l'écran se mit à tourner pendant la réponse de l'opérateur.
/Capitaine Lilla, j'ai la liste de votre armement dans les neurones, vous me ferez pas croire que vous pêchez le mérou des marées./
"Je n'ai jamais dit qu'on pêchait le poisson, Neo Bikanel, fin de com."
/Fin de com./
La Capitaine ferma les yeux, stoppant le tournoiement de ses pupilles avant de déconnecter le câble qui la reliait à l'ordinateur de bord, le rangeant avant de rajuster le bandeau sur son front qui cachait ses connexions biologiques.
Debout près d'elle, les mains sur les commandes du navire, une jeune femme blonde désactiva l'écran d'une pensée avant de lui jeter un regard du coin de l'oeil.
"Tu penses que ça fera quelque chose, Maman ?"
La Capitaine Al Bhed haussa les épaules, le regard rivé sur la ligne d'horizon, vers la boule de feu qui flambait au-dessus de l'horizon.
"Au moins, on aura essayé," marmonna-t-elle. "Kitta, transcrit la fréquence en quelque chose qu'on pourra utiliser avec notre récepteur."
"Je suis déjà dessus, Maman," répondit un adolescent, assis à son poste, une sphère lumineuse devant lui. "J'ai presque fini..."
Il y eut un bip.
Le radio frissonna quand la fréquence remonta dans ses doigts et il lâcha brièvement la sphère qui transmettait directement les données de leur récepteur par sa peau.
"Maman ?"
Il reposa la main.
La fréquence résonna à nouveau jusqu'aux os de son crâne, un son anodin mais qu'il ne pourrait plus jamais oublier de sa vie.
" Maman ?" reprit-il d'une voix plus tremblante.
Cette fois, elle se tourna vers lui, l'interrogeant du regard avant de voir sa pâleur et ses yeux écarquillés.
"Kitta ?"
Il montra la sphère d'un geste tremblant, désignant une masse lumineuse dans l'hémisphère sud.
"Il est là," murmura la jeune homme avant de désigner le plancher sous leurs pieds,"en dessous."
La Capitaine franchit la distance la séparant de son fils en deux pas, posant une main sur son crâne et l'autre sur la barre de transmission.
Le signal retentit à nouveau, plus fort.
Sin passait sous eux.
"Coupe les machines," ordonna-t-elle.
Sa fille leva les mains de ses commandes, arrêtant net les moteurs. Quand le reste de l'équipage vint vite voir ce qui se passait, ils étaient rassemblés autour de l'opérateur radio, chacun une main sur la sphère de transmission.
"Lilla, que se passe-t-il ?" demanda son époux.
"Chut," ordonna-t-elle,"cap ?"
"Nord," murmura Kitta après un regard au radar à côté de lui,"mais je crois qu'il ne va pas droit."
"Il doit suivre la faille intercontinentale," souffla sa sœur.
"Vitesse ?"
"Sept nœuds."
"Quelle est la base la plus proche ?" demanda Lilla à son époux.
"Euh, on vient de passer les Îles du Sud," répondit-il après un coup d'oeil à la carte sur le mur du poste de pilotage,"mais Gongaga a des postes de surveillance sur la côte."
"Kitta, contacte Gongaga et les Îles du Sud, préviens les que Sin est en train de passer, cap nord."
"Oui Maman !"
"Tunni, attends qu'on arrive à la limite du récepteur radio, et tu redémarres. Essaye de le suivre le plus près possible !"
La jeune femme hésita mais finit par hocher la tête, reprennant la barre, les mains tremblantes.
"Jusqu'où Maman ?"
"Jusqu'à ce que quelqu'un prenne le relais."


Vincent laissa échapper un long soupir.
Il était encore tôt. Le PHS de Cid, posé sur le côté du lit, annonçait cinq heures du matin, mais Vincent n'arrivait plus à dormir.
Il avait essayé. Quand Barret avait déclaré qu'ils devaient prendre du repos et que les jumeaux s'étaient portés volontaires pour prendre la garde de nuit, Cid l'avait traîné dans leur chambre, manu militari. Vincent avait pu négocier quelques minutes pour passer voir Riku et Ifalna et s'assurer qu'ils dormaient bien avant d'accepter d'aller se coucher.
Mais il n'était pas arrivé à dormir, même dans les bras de Cid.
Même ainsi, le nez dans les cheveux de Cid qui sentaient la pluie et la cigarette, Vincent n'arrivait pas à dormir, sa main traçant inconsciemment sur son ventre l'endroit où le clone l'avait éventré quelques mois plus tard, cherchant la moindre trace de cicatrice sur la peau de son amant.
S'il dormait maintenant, il allait faire des cauchemars, il le sentait. Il savait qu'il devrait au moins essayer de se reposer, mais dès qu'il fermait les yeux, il voyait la plaie de Séphiroth, grande ouverte, sanglante, des formes indistinctes menaçant à tout moment de…
Il resserra la main autour de Cid et son amant marmonna dans son sommeil, tournant la tête pour déposer un baiser ensommeillé sur les écailles de son biceps.
Vincent laissa, presque malgré lui, échapper un petit soupir de contentement, repliant ses griffes délicatement pour les glisser dans les cheveux de Cid.
Il n'avait pas encore l'habitude de... ça.
Dormir avec quelqu'un.
Ce n'était pas quelque chose qu'il faisait souvent avant... avant Nibelheim.
Avant, avec ses amants, homme ou femme, c'était… rare. Ils ne restaient jamais bien longtemps. Lui ne restait jamais bien longtemps non plus. Ashe avait parfois passé la nuit avec lui, après les missions pendant lesquelles elle avait frôlé la mort de bien trop près, mais il pouvait compter sur les doigts d'une main les fois où il s'était réveillé avec Morrow dans son lit, ou en train de se rhabiller pour retourner chez lui à pas d'heure.
Lucrécia n'était restée qu'une seule fois avec lui jusqu'au matin, un souvenir qu'il avait longuement chéri. Mais par la suite, elle avait pris grand soin à ce que ça ne se reproduise jamais, à ce que Hojo et Gast ne la voient pas regagner sa chambre en catimini.
Quant à Cid… Cid avait visiblement l'habitude de dormir avec quelqu'un, que ce soit sa sœur ou un compagnon de lit, et de préférence façon bébé mog. Même avec leurs lits rapprochés, ou dans la cabine du Haut Vent, avec plus de place, Cid finissait invariablement allongé tout contre lui, voire même sur lui.
La plupart du temps, c'était bienvenu, Cid était une fournaise et Vincent appréciait d'avoir un chauffage personnel sexy à portée de main.
Mais parfois…
Malgré tous les progrès qu'il faisait à accepter les contacts physiques, malgré les efforts de Cid pour ne pas le toucher inopinément, il y avait des moments où il se réveillait en sursaut, où il lui fallait quelques instants pour réaliser que la main sur son ventre n'était pas celle d'Hojo, que ce qui le retenait n'étaient pas des liens sur une table d'opération mais les bras de Cid.
Et pour l'instant, la seule solution qu'il avait trouvé contre ces réveils en panique, c'était d'être celui qui tenait Cid contre lui et pas le contraire.
Il resserra son autre bras autour de Cid, se blottissant encore un peu plus près.
Cid était là, dans ses bras.
Zéphyr et Riku étaient à l'abri au sein du vol.
Il devait se reposer. Il fallait qu'il se repose pour mieux pouvoir les protéger.
Il ferma les yeux.
"'JI-SAN ! JI-SAN DEBOUT !"
"Ton gamin est une menace," grommela Cid qui était plus réveillé qu'il l'avait pensé.
"C'est celui de son père," rétorqua Vincent avant de déposer un baiser dans le cou de son amant.
La porte s'ouvrit à la volée sur Riku à bout de souffle, Cloud sur les talons.
"ON A TROUVÉ SIN !" s'exclama-t-il de toute la force de ses poumons.
Il referma la bouche en réalisant que Vincent et Cid étaient tous les deux encore dans le lit et dans les bras l'un de l'autre. Cloud manqua de lui rentrer dedans et se figea à son tour en les voyant.
"Oups," murmura Riku.
"Je commence à voir l'intérêt de toquer à la porte comme le suggère si souvent Shiera," grommela Cid en s'asseyant, repoussant leur couverture.
Le jeune blond pâlit, puis rougit et saisit Riku a bras le corps pour le faire sortir.
"DÉSOLÉ !" lança-t-il du couloir.
Zéphyr arriva à son tour, passa la tête par l'ouverture de la porte et observa silencieusement la scène quelques secondes avant de laisser échapper un petit sourire.
"Vous avez traumatisé Riku ?" demanda-t-il en tendant la main pour attrapper la poignée.
"Cloud plutôt," rétorqua Vincent en se hissant sur un coude.
"Réunion d'urgence en bas, on vous attend," déclara son fils avant de refermer la porte avec un petit rire.
"Quelle heure il est ?" marmonna Cid, se frottant le visage et laissant échapper un bâillement impressionnant.
"Cinq heures. Et demi," précisa Vincent en jetant un coup d'œil à son PHS avant de s'asseoir à son tour sur le lit.
"Attends, qu'est-ce que Riku disait ?" réalisa Cid, se figeant en plein enfilage de pantalon.
Vincent, qui se levait à son tour, stoppa à son tour, réalisant ce que Riku avait hurlé en entrant.
La douche attendrait.


Quand Vincent et Cid arrivèrent dans le QG temporaire, Shera et Barret s'y trouvaient déjà. Riku arrivait avec Cloud, tous deux porteurs de litres de café et de thé, tandis que Zack tapait très précautionneusement à l'ordinateur, un bout de langue tiré entre ses lèvres, sur les indications de Jessie et Mustadio. Zéphyr était au téléphone, faisant les cent pas autour du canapé où Nanaki patientait sagement.
"Est-ce que je veux savoir ce que Cloud et Riku ont vu ?" bougonna Barret, laissant Shera l'aider à retrousser sa manche vide.
"On dormait en caleçon," rétorqua Cid autour de sa cigarette éteinte.
"Désolé !" lança Riku par dessus son épaule en posant son plateau.
"Cloud a été plus choqué que Riku," précisa Vincent.
"T'as vu quoi ?" s'enquit Zack quand son frère passa près de lui.
Cloud ouvrit la bouche, mais croisa le regard de Cid et resta quelques instants à bailler aux corneilles en redevenant écarlate.
"Rien !" finit il par répondre, malgré le regard soupçonneux de Zack sur lui.
Yuffie arriva à son tour, les yeux encore à moitié fermés, et sa veste d'intervention enfilée à la va-vite par-dessus son pyjama.
"Ça a intérêt à être bien," marmonna-t-elle en se laissant tomber près de Nanaki.
/Sin a été repéré il y a deux heures près des îles du Sud, et il remontait vers Gongaga, / répondit Jessie sur l'écran.
"Le front sud de Junon vient de le capter," annonça Zéphyr, son PHS sur l'oreille. Apparemment il suit la faille continentale entre Centra et l'Estérie."
"Merde, il est pas loin," murmura Yuffie alors que Riku lui tendait une tasse de thé.
"Une carte," demanda Vincent.
"Ici !" lança Zack, en train de batailler pour déplier une carte du monde sans la déchirer.
Le portable fut tourné pour que Jessie suive la conversation, et divers récipients, armes et matérias utilisés comme poids pour maintenir la carte à plat.
"Vous me rangez ça," marmonna Barret en soulevant une des matérias.
"A moi, désolé," répondit Cloud en empochant la matéria en question.
/Un bateau de pêche al bhed près de Bikanel a repéré la fréquence du module en premier, / expliqua Jessie sur l'écran, se frottant les yeux. /Et ils ont eut les couilles de suivre Sin à la trace le temps d'arriver à portée de la ligne de défense de Gongaga village./
Bikanel. Gongaga. La ligne de défense sud de Junon. L'index de Vincent suivit les trois lieux du doigt, traçant sa direction. Sin devait avoir obliqué vers le Nord directement après Golmore.
"Il se dirige vers le Nord, pourquoi ?" murmura Vincent avant de lever les yeux quand la porte de leur salon s'ouvrit doucement, laissant passer Ifalna, les yeux gonflés et une couverture sur les épaules.
"Il essaye peut-être de s'enfuir ?" suggéra Barret.
"Nous ne sommes pas censé savoir où il est," lui rappela Vincent,"il aurait très bien pu s'arrêter au large de Golmore, personne n'aurait pu le repérer tant qu'il ne remonte pas à la surface."
"Que se passe-t-il ?" demanda Ifalna d'une petite voix.
"Sin a été repéré," répondit Zack en se levant de son siège, l'avançant pour elle.
/Apparemment, il s'est arrêté pendant une heure, / annonça Jessie en prenant un papier que lui tendait Mustadio, /Gongaga dit qu'il est soudain reparti sans prévenir, mais sa vitesse de croisière est moins soutenue qu'avant./
"Juste une heure ?" s'étonna Riku en servant le café.
"C'est anormal ?" s'inquiéta Barret.
"Ouais, quand il s'arrête pour dormir, ça dure plus longtemps."
"Il est blessé, ça expliquerait peut-être pourquoi il se déplace de plus en plus lentement," intervint Cid.
"Riku, que se passe-t-il quand Sin est blessé ?" demanda Vincent à son petit-fils.
"Bah déjà, Hojo pète un cable," répondit aussi sec l'adolescent. "je crois que... c'était après une bataille à Junon ? Sin a perdu une nageoire, non ?"
"Ouais, la bataille du Guernica," précisa Cid.
"On est resté presque immobile au fond de la mer le temps qu'il guérisse. Je me rappelle, j'ai passé des mois à vouloir dégobiller tellement ça lui faisait mal."
"Oh, Déesse," murmura Ifalna en se recroquevillant sous sa couverture.
"S'il doit rester immobile pour guérir et qu'il ne sait pas qu'on peut le suivre à la trace, pourquoi est-ce qu'il continue son chemin ?" marmonna Vincent.
"Il peut pas vouloir éviter Météore non plus," ajouta Cid,"quel que soit l'endroit ou il tombera, il ne sera pas épargné."
"Ce qui m'amène à la question : comment Hojo compte survivre à Météore ?" grommela Barret en tendant sa tasse à Riku.
"Jénova veut utiliser météore pour ouvrir Gaïa comme un œuf afin d'absorber la puissance de la Rivière," répondit Vincent sans lever les yeux du PHS,"elle survivra, Hojo, je ne sais pas…"
"Comment tu sais ça ?" s'étonna Shera.
"C'est ce qu'elle a tenté de faire il y a deux mille ans, quand elle s'est écrasée sur Gaïa, son arrivée a généré un cratère qui…"
Il se tut soudain, ses yeux s'agrandissant sous la réalisation. Il se tourna vivement vers Ifalna qui le regardait avec la même expression, pâle de frayeur.
"Cratère Nord. Sin va à Grand Glacier," murmura-t-elle.
"Jessie, fais passer le mot qu'on a peut être la destination de Sin," ordonna Barret,"préviens toutes les bases sur le trajet !"
/Mus ! au boulot ! / répondit leur opératrice.
/Oui, Patronne ! / salua l'apprenti en disparaissant de l'angle de la caméra.
"On repart ?" demanda Yuffie.
Barret laissa échapper un soupir rageur et secoua la tête.
"J'aimerais bien, mais pour l'instant, nous n'avons que la position de Sin et pas de plan d'attaque."
"Rufus dit qu'il contacte la Commandante Farron au plus vite," déclara Zéphyr en raccrochant son PHS,"il me tient au courant."
"On va pas se tourner les pouces pour autant," décida Barret,"que tout le monde prépare ses affaires, on risque de repartir d'un moment à l'autre. Les jumeaux, Zéphyr, au lit, reposez-vous."
"Oui, Barret !" répondit Cloud.
"Cid, Shera, le Haut Vent est utilisable ?" demanda Barret en se tournant vers eux.
"Oui," répondit Cid en enfilant son blouson,"je vais réveiller mon équipage."
"On n'a presque plus d'armements," objecta Shera pendant que son frère sortait de la pièce au pas de course,"mais si Reeve nous trouve un canon, on peut bricoler quelque chose."
/Il vient de partir de Fort Condor, il aura pas de réseau avant d'arriver au dessus d'Alexandria, / annonça Jessie en fouillant les tas de dossiers autour d'elle, /mais je vous déniche ca rapidement./
"Tu peux faire ça ?" s'étonna le lieutenant.
/Ca fait six ans que je suis sa secrétaire, j'imite super bien sa signature maintenant./
"Je n'ai rien entendu," décida Barret.


Aérith poussa un gémissement en se roulant en boule sur le sol -la peau-, les mains crispées sur ses oreilles.
Tout était tellement…
Tellement.
Trop.
Le sol bougeait, la lumière lui déchiquetait les rétines, quelque chose dans ses veines la brûlait de l'intérieur, tout en étant plus froid que les neiges de Grand Glacier, les voix autour d'elle hurlaient alors qu'à une époque, elle les auraient à peine entendues murmurer.
Elle avait tenté de se lever, quand le sol s'était immobilisé un moment, mais la nausée - due à un vertige ou la douleur qui l'enveloppait, elle n'était pas sûre - l'avait terrassée et elle s'était effondrée.
Elle ne savait pas où elle était, la pièce avait été vidée à la va vite par le géant qui l'avait amenée là, ne laissant qu'un lit aux draps poussiéreux et des caisses tenant lieu de meuble.
Un éclair de douleur la traversa, la faisant gémir, quand la porte s'ouvrit dans la chair de Sin. Elle entendit un pas, -si léger léger comme quand Vincent, ou Nanaki approchaient. Où étaient-ils ? Est ce qu'ils étaient encore en vie ? - puis un juron à mi-voix avant le choc de quelque chose qu'on laisse tomber au sol.
La pièce s'illumina et elle ferma les yeux.
Elle sentit de grandes mains la redresser -Zack ? Zéphyr ? Barret ? Sortez-moi de là ! - et l'asseoir, une étrange odeur de plante assaillit ses narines -oh, elle allait vomir à nouveau.
Et elle vomit. Pas grand-chose, elle n'avait rien avalé depuis - combien de temps au juste ? Elle se rappelait un sandwich juste avant que l'incendie de Golmore ne commence - et elle n'avait plus que de la bile dans l'estomac.
Une main retint ses cheveux crasseux, le temps qu'elle finisse, puis les rabattit en arrière, effleurant son front.
Elle sursauta quand la paume -froide, froide, si froide, déjà froide comme la peau d'une morte - toucha sa peau.
"Non !" protesta-t-elle en levant les mains pour la repousser.
Elle était là, sous la peau du géant, à attendre, à l'épier, à la vouloir.
"Ne me touchez pas ! !"
"Malishka, du calme," murmura une voix à l'accent glacian - comme Mama, mais tellement plus grave.
"Elle est en vous ! Arrachez-la ! !"
"Du calme," rétorqua la voix de glacian, lui attrapant les poignets.
Elle donna un coup de pied au hasard et entendit un grognement de douleur, mais l'instant d'après, elle pendait entre les mains du géant aux cheveux rouge[8].
Il la transporta au lit sans difficulté, la posant avant de l'envelopper dans la couverture, resserrant les pans autour d'elle pour l'empêcher de se dégager.
"Ouvre la bouche," ordonna la voix rocailleuse.
Elle tenta de se débattre, mais le géant semblait avoir l'habitude de nourrir quelqu'un de force et n'eut pas de mal à lui faire avaler…
Urk, une boisson protéique. Le goût de fruit artificiel rapeux lui racla la langue et elle s'étouffa à moitié, mais il ne la laissa pas recracher. Et une fois dans son estomac, la nourriture y resta - elle voulait la cuisine d'Elmyra, la soupe Strife, même le curry de Vincent, comment Zack arrivait à avaler ça ?
Mais après la boisson, le géant lui donna autre chose. Des comprimés ? Non des gélules, qu'il l'obligea à avaler, bouchant son nez pour qu'elle ouvre la bouche.
"Avale. Allez."
"Que..." marmonna Aérith après avoir déglutit,"veux pas…"
"Stabilisateur mako."
Stabilisateur mako. Drogue développée par Shinra Inc., département scientifique, sous-division biologie, en collaboration avec le département de la sécurité civile, sous-division SOLDAT, afin d'aider les unités SOLDAT à contrebalancer les effets néfastes de l'exposition à la mako - son cul de biais sur un chocobo comme dirait Cloud.
"Avale ou Hojo viendra," grommela le géant avant de la forcer à en avaler deux autres.
Non. Non pas Hojo. Surtout pas lui. Il avait pris du sang, il avait pris des cheveux, il avait pris de la peau, des lambeaux qui avaient guéris presque aussitôt, il allait prendre autre chose s'il venait.
Elle ne voulait pas qu'il prenne autre chose.
Il la recoucha une fois tous les médicaments avalés, la plaçant en position latérale de sécurité avant de s'écarter.
Elle entrouvrit les yeux une dernière fois.
Le géant était toujours assis sur le lit, lui tournant le dos, recroquevillé autour de son bras gauche.
Il avait mal.
Presque autant que Sin autour d'eux.
"Elle vous dévore," murmura Aérith.
Il se tourna vers elle vivement, ses cheveux volant autour de lui et la regarda. Ou elle pensait qu'il la regardait, c'était dur à dire avec tous ces cheveux devant ses yeux.
"Il faut l'arrêter," ajouta Aérith, luttant contre le sommeil. "il faut que vous l'arrêtiez, avant qu'elle vous dévore entièrement."
Il resta immobile, la laissant tendre la main vers son bras blessé, mais quand sa paume commença à briller de vert, il la prit délicatement de sa main droite, celle qui restait chaude et vivante alors que l'autre était en train de mourir. Il la reposa délicatement, enroulant Aérith dans sa couverture.
"Dors Malishka," murmura-t-il. "t'inquiètes pas pour moi."
La dernière chose qu'elle vit, ce fut le géant se relever, ajustant les bracelets de cuir autour de ses biceps.
Puis la porte se rouvrit et cette fois, elle sentit à peine la douleur.
Elle sombra.


Zack atterrit lourdement dans la poussière de la cour. Il avait vu les lampes de la plaque faire un tour complet et elles se dédoublaient encore quand Vincent se pencha au-dessus de lui, sourcils froncés.
"Ow."
"Zack, ça fait plusieurs mois qu'on s'entraîne ensemble, qu'est-ce que je t'ai déjà dit ?" soupira Vincent en tendant la main au jeune épéiste.
"Ralentir. Prendre le temps de réfléchir. Ne pas attaquer sans avoir observé," récita Zack.
Il s'assit, mais ne tenta pas de se relever, restant sur le sable, affichant une expression abattue. Vincent s'agenouilla près de lui, posant sa main gantée sur son épaule. Riku, qui pour une fois, avait obéit en s'éloignant le temps de les laisser s'entraîner, approcha à son tour, s'accroupissant pour palper le dos et la tête de Zack.
Il avait les mains fraîches et douces comme celles d'Aérith et pendant quelques secondes, Zack crut qu'il allait se mettre à pleurer.
"Zack," reprit Vincent.
"Je suis désolé, j'arrive pas à me concentrer," murmura le jeune homme.
Et ça, Vincent pouvait aisément le comprendre. Mais en attendant le feu vert de l'Alliance et le plan d'attaque, ils ne pouvaient que ronger leur frein. Cid, Shera et l'équipage étaient partis pour l'aérodrome achever les réparations et l'installation du nouvel armement du Haut Vent, mais il n'y avait rien que l'équipe de combat d'Avalanche pouvait faire pour les aider. Les jumeaux et Zéphyr étaient allés dormir quelques heures et s'étaient réveillés sans qu'il y ait une évolution. Barret restait dans leur QG avec Nanaki et Ifalna, qui avait insisté pour aider aux communications, histoire de ne pas rester les bras ballants à attendre des nouvelles de sa fille.
Pour les 'brutes' de l'équipe, il n'y avait rien d'autre à faire que s'entraîner et préparer leur équipement.
Il y eut un grand bruit de métal brisé qui fit bondir Zack sur ses pieds, s'interposant entre Riku et l'origine du vacarme.
"Et deux en moins," lança Cloud.
Vincent et son frère soupirèrent de concert en voyant Zéphyr debout devant Cloud, tout deux une garde d'épée cassée à la main et les tronçons gisant à leurs pieds. Le trooper junéen qui les regardait s'entraîner les imita avant de se pencher vers la grande caisse à ses côtés.
"Je suis désolé, mais on arrive au bout," déclara-t-il en relevant le nez.
"On vous avait dit de ramener des épées solides," nota Zack en approchant à son tour, s'accroupissant pour l'aider à fouiller.
"C'est une épée en mithril !" rétorqua le trooper en désignant la garde que Zéphyr ramenait.
"C'était," rétorqua Zéphyr.
"Tu ne peux pas retourner au combat sans arme," déclara Vincent d'un ton péremptoire avant de grimacer.
Plus le temps passait, plus il parlait comme son père et il n'était certainement pas en position de dicter quoi que ce soit à son fils, une des personnes les plus puissantes de ce côté de la planète.
Et un adulte qui plus est.
"Je sais," soupira Zéphyr en posant la garde cassée dans la caisse. "Mais Ma… mon épée était la seule qui résistait à ma force."
"Faut l'utiliser alors," grommela le trooper.
"Un squame d'Hojo la lui a piqué," expliqua Zack.
"Ah, la loose," commenta le jeune homme en reprenant les débris d'épées. "je retourne à la caserne essayer de voir ce qu'il nous reste. A part les épées, vous utilisez quoi ?"
"Les masses d'armes. Le poignard, mais j'en ai déjà un," ajouta-t-il en tapotant le couteau wutan fixé à sa ceinture.
"Ouais, enfin l'allonge avec ça, un coton tige irait plus loin," marmonna le trooper," je vous tiens au courant, je reviens vite."
"Merci à vous," déclara poliment Zéphyr.
Il aida le trooper a fermer et transporter la caisse d'armes brisées jusqu'à son véhicule et revint vers son père et les jumeaux, qui avaient été rejoints par Riku. Il regardèrent en silence la jeep passer la barrière du parking de l'hôtel avant de reprendre.
"On serait à Seventh Heaven, on t'aurait prêté une des épées là bas," nota Zack.
"Elles auraient cassé aussi," rétorqua Cloud en se massant l'épaule, engourdie par le choc qui avait brisé les deux épées,"il lui faudrait au moins une buster sword."
"Gardez vos armes," répondit Zéphyr,"ce n'est pas le moment pour vous ou moi de manier des armes qui ne sont pas familière."
"Oui, Général," répondirent d'une voix les jumeaux avant d'échanger un regard interloqué.
"P'tain, tu fais comme Vincent," ricana Zack.
"Papa ?" déclara soudain Riku.
"Oui ?" demanda Zéphyr, s'étonnant à moitié combien c'était naturel pour lui de répondre à ce nom.
Son fils tendit la main vers lui, paume vers le bas, puis referma le poing.
Sur la garde de Soul Eater qui apparut en un éclair entre ses doigts.
Les quatre augmentés sursautèrent, Vincent jetant immédiatement un coup d'œil autour d'eux pour s'assurer que personne ne les observait.
Heureusement, la cour était fermée et il ne voyait personne aux fenêtres au-dessus du mur d'enceinte. Il fallait VRAIMENT qu'il ait une petite conversation avec son fils et petit-fils au sujet de la discrétion et de leur manque de ladite discrétion.
"Ne fait pas ça devant tout le monde, Riku," expliqua-t-il,"les armes liées sont très recherchées par des collectionneurs, un voleur n'hésitera pas à tuer pour en revendre une."
"Désolé," répondit Riku, posant la lame de Souleater dans sa paume.
L'épée avait encore changé. Sa transformation en rapière semblait bien avancée, les deux ailes de chaque côté enveloppaient maintenant la main de Riku comme une coque et l'œil vert enchâssé dans la garde était désormais mi-clos, presque paisible. Riku hésita quelques secondes avant de la tendre à son père, des deux mains, une sur la garde, l'autre sous la lame.
"Tiens."
Zéphyr hésita, observant l'épée attentivement. Elle était parfaitement adaptée à la taille et la corpulence de Riku, mais trop petite pour lui. Bien trop petite et trop fragile.
"Prends-la. Elle veut bien," reprit Riku.
Après une autre hésitation, Zéphyr finit par accepter, posant la main sur la garde.
Vincent recula d'un pas, faisant signe aux jumeaux de l'imiter.
L'arme frémit, et en un éclair, changea de forme. Les ailes se hérissèrent et pivotèrent, l'une enveloppant la main de Zéphyr, sa lame s'allongeant de l'autre en une élégante courbe, prolongeant l'aile de la poignée. L'oeil s'était écarquillé, agrandit, le regard de la pupille aussi intense que la mako dans les yeux de Zéphyr.
"Oh," murmura Zéphyr.
Elle était maintenant parfaitement équilibrée, sa prise en main aussi confortable que l'avait été Masamune et à peu près de la même taille.
"Comment ?" s'étonna-t-il en la levant à la hauteur de ses yeux.
"Les armes liées s'adaptent à leur utilisateur," lui rappela Vincent,"à leur niveau de combat, leur corpulence, leur état mental."
"Elle t'aime bien je crois," déclara Riku,"tu me la rendras quand tu auras récupéré Masamune."
"Merci Riku."
"Ce qui signifie qu'à partir de maintenant, tu es sans défense," déclara Cloud à Riku.
"Ouais, plus d'imprudence !" ajouta son frère.
"Sans défense ?" protesta Riku,"vous voulez un bloc de glace en pleine gueule pour voir si je suis sans défense ? !"
"Language," corrigea Zéphyr par réflexe.
"Hein ?" répondit son fils.
"Pas de gros mots," traduisit Vincent.
"Zack dit pire !" protesta l'adolescent en désignant le brun qui grimaça aussitôt et se ratatina sous le regard sévère de Zéphyr.
"A ce sujet…" reprit le Général en fronçant les sourcils.
"Vincent ?"
Cloud et Vincent se détournèrent des reproches que faisait Zéphyr à Zack concernant son langage autour d'un adolescent pour se tourner vers Elena.
La jeune Turk approchait, venant du portail de la cour qu'elle surveillait avec Reno. Elle fronçait les sourcils mais avait l'air plus pensive qu'inquiète.
Enfin, pas plus inquiète qu'elle ne l'était depuis que Météore était apparu.
"Il y a quelqu'un à l'entrée qui veut parler à Avalanche," annonça Elena avant de jeter un regard amusé aux réprimandes de Zéphyr à Zack.
"Si c'est un journaleux, il peut rêver," rétorqua Cloud.
"Je ne crois pas, il dit être de la famille d'un certain Hamasaki Makoto et vu sa belle gueule, je le crois."
Vincent craignait le pire. Au mieux, ce serait un de ses neveux, mais c'était probablement un espoir vain.
"Bonjour Makoto," salua en effet une voix connue.
Zéphyr sentit presque l'agacement de son père crépiter sous sa propre peau et se détourna du savon en règle qu'il passait à Zack. Il vit son père inspirer longuement puis se frotter le visage à deux mains avant d'arriver à parler d'une voix presque normale.
"Docteur Bélias, que faites vous ici ?"
"Simple visite de courtoisie," répondit son père.
Il portait un uniforme de l'armée gongane, avec son habituel manteau de voyage, et semblait en tout et pour tout être un jeune officier de cette armée. Vincent se demanda brièvement si les grades cousus sur sa poitrine étaient réels ou avaient été 'empruntés' avec l'uniforme.
"C'est bon, Elena, il peut entrer," déclara Vincent en sachant d'avance qu'il allait le regretter.
"Il n'a pas attendu l'autorisation pour ça," nota Elena,"c'est donc de famille ?"
"C'est gongan," répondit Vincent.
"Merci, Elena c'est ça ?" déclara Diablos avec un petit sourire charmeur,"à une autre fois, j'espère ?"
"Ca aussi c'est de famille," ricana Elena avant de les saluer et de retourner à son poste, suivie du regard par Diablos.
"Est-ce que c'est le moment ?" grogna Vincent à voix basse.
"C'est un réflexe," admit Diablos,"Cloud, Zack."
"Monsieur," salua Cloud en baissant le regard, imité par son frère.
"Zéphyr," continua Diablos avant d'aviser l'épée dans sa main, la curiosité éclairant soudain son regard,"oh, est ce que c'est une arme liée ?"
Zéphyr lâcha l'arme sans détourner les yeux de l'Ancien, la laissant disparaître dans un nuage de poussière. Il croisa ensuite les bras, faisant un pas de côté pour s'interposer entre son fils et Diablos.
"Je vois," commenta l'Ancien. "Bonjour à toi aussi, Riku."
L'adolescent répondit aussi peu que son père et darda un regard à peine moins aimable sur son aïeul, lequel soupira avant de se tourner vers son fils.
"Ils sont de toi, pas d'erreur."
"Allons à l'intérieur," déclara Vincent en désignant la porte d'entrée.
Diablos obtempéra et, suivit par les quatre autres, ils retournèrent dans l'hôtel, passant devant la réception ou leur hôtesse tricotait, jetant un coup d'œil fréquent à l'écran de télévision devant elle, Météore en occupant presque l'intégralité. Vincent attendit d'être à mi-chemin du QG avant de reprendre la parole à mi-voix.
"Comment avez-vous sut où nous étions ?"
"Helgrimr m'a dit que tu étais à Junon, un de mes descendants est trooper dans cette ville, j'ai repris contact avec lui," expliqua l'Ancien.
La Mafia Nosfératu. Bien sûr. Ça ferait bien rire Helgrimr le jour ou il appellerait leur famille comme ça devant lui.
"Affaire de famille ou visite de travail ?"
"Un peu des deux," admit l'Ancien,"on peut parler librement ?"
"Barret… notre lieutenant n'est pas de la famille."
"Très bien, je reste le docteur Bélias en ce cas," répondit son père.
Vincent hocha la tête et ouvrit la porte du salon privé, faisant entrer l'Ancien dans la pièce. Barret, assis sur le canapé avec Nanaki, un ordinateur sur les genoux, leva les yeux vers eux. Ifalna fit de même, mais se contenta de soupirer avant de se tourner vers son propre écran.
"Qui c'est ?" demanda Barret d'un ton méfiant.
"Le Docteur Grimoire Bélias," répondit Vincent.
"Je vais chercher Yuffie," annonça Nanaki à voix basse en sautant à bas du meuble avant de se faufiler par la porte que Cloud tenait ouverte.
Barret se leva, tenant l'ordinateur en équilibre sur son bras bionique pour le poser près d'Ifalna et tendit sa main désormais libre à l'Ancien.
"Enchanté de vous rencontrer Docteur, je vous remercie pour les traductions des fresques."
"Je vous en prie," répondit Diablos en serrant la main offerte,"Lieutenant, c'est ça ?"
"Barret Wallace."
"Le supérieur hiérarchique d'Avalanche," précisa Vincent.
"Ah, je vous remercie de garder Vincent en vie dans ce cas."
"Malgré ses efforts."
Durant la seule réunion parent-professeur à laquelle Vincent avait participé, il avait joué de le rôle de figure parentale pour Yuffie et ça n'avait été qu'une mascarade, mais il comprenait soudain l'embarrassement que pouvait ressentir un enfant quand ses parents rencontraient un professeur et échangeaient aussitôt sur ses mauvaises notes.
"Madame Falmis, comment vous portez-vous ?" demanda Diablos en approchant d'elle, jetant un discret coup d'œil à son écran.
Il était incorrigible. Ifalna retira le casque sur ses oreilles avant de répondre avec un sourire froid et fatigué.
"Je tiens le coup, Docteur."
"Café ?" proposa Vincent en interposant une tasse entre son père et l'écran.
L'Ancien se redressa, baissant le regard vers la tasse emplie d'une boisson presque aussi noire et forte que le café de Balthier.
"Habituellement je dis non à cette horreur, mais là…"
Vincent fronça les sourcils en remarquant que de près, son père avait l'air épuisé. Ses cernes étaient encore plus prononcés que d'habitude et il avait le teint cireux. Sous son manteau, ses habits étaient froissés et ses cheveux s'échappaient de sa queue de cheval. Il avait visiblement dormi dans cette tenue. Vincent lui tendit la tasse qu'il prit avec un remerciement en gongan.
Un bruit de cavalcade se fit entendre et Yuffie arriva à son tour, son PHS à la main, se chamaillant avec Nanaki pour passer en premier. Elle se figea sur la pas de la porte et glissa un rapide regard à Vincent avant de reprendre contenance et s'incliner respectueusement devant l'Ancien.
"Princesse," salua l'Ancien en s'inclinant à son tour.
"Monsieur," répondit-t-elle poliment avant de se glisser près de Vincent, s'accrochant à sa manche.
"Je ne veux pas paraître impoli, Docteur," reprit Barret,"mais que faites vous ici ?"
L'Ancien hocha la tête et avala une autre gorgée de café avant de reprendre.
"Je suis chargé de vous transmettre les ordres concernant l'assaut de Sin."
Barret fronça les sourcils, jetant un regard intrigué à son ordinateur.
"Rien ne nous est parvenu à ce sujet…"
"Ça ne va pas tarder," rétorqua l'Ancien.
Un bip retentit, venant de l'ordinateur d'Ifalna qui remit son casque sur ses oreilles et écouta quelques secondes avant de jeter un regard torve à l'Ancien à ses côtés.
"Merci Luca, je transmets."
Elle retira son casque et se tourna vers Barret.
"Lieutenant, l'unité Avalanche a ordre de se rendre à l'aérodrome au plus vite."
Barret jeta un regard abasourdi à l'officier gongan devant lui, puis à Vincent avant de décider qu'il était temps de lâcher prise sur la réalité et entrer de plein fouet dans l'acceptance qu'il n'avait aucun contrôle sur la situation.
"Dites-nous tout, Docteur."
L'Ancien hocha la tête, se dirigeant vers la carte de Gaïa toujours étalée sur la table.
"Les différents relevés de suivi de Sin indiquent qu'il se dirige en effet vers Grand Glacier. On pense qu'il essaye de rejoindre le Cratère Nord en passant par le détroit des glaces à l'Ouest. Un piège va être tendu. Ici," indiqua Diablos en désignant une zone entre Grand Glacier et Centra.
"Oh," murmura Barret, ils veulent le coincer entre les Sentinelles de Pierre."
Ce genre de commentaire sibyllin était habituel venant de Vincent, mais franchement incongru de la part de leur Lieutenant et tout le monde se tourna vers lui, intrigué.
"Le détroit est une espèce… d'écluse naturelle," expliqua-t-il avant de montrer les deux extrémités du détroit,"ici, entre la péninsule de Costa Del Sol et Guadosalam, et là, à la pointe nord de Corel, il y a un passage moins profond, cerné de falaises qu'on appelle les Sentinelles de Pierre. Les navires peinent à passer, surtout s'ils ont beaucoup de tirant."
"C'est quoi un tirant ?" souffla Riku aux jumeaux.
"Le bide d'un navire," répondit Zack sur le même ton.
"OH ! Le gras de Sin va pas pouvoir passer !" comprit l'adolescent.
"Il pourrait, selon mes calculs," corrigea Diablos,"mais il va devoir remonter à la surface pour ça."
"C'est discret, ça," marmonna Cloud.
Vincent hocha la tête, observant les indications sur la carte tout en réfléchissant sur les informations qu'apportaient son père.
Hojo, ou la Calamité, devaient être pressés d'arriver au Cratère Nord, au point de prendre un chemin à découvert. L'alternative plus sûre pour eux aurait été de passer entre Centra et Wutai, mais ce devait être un trajet plus long. Trop long pour arriver avant l'impact de Météore.
Et Hojo ne se méfiait probablement pas, pensant être indécelable et avoir laissé les armées de l'Alliance derrière lui, à Golmore.
Le détroit des glaces était le piège idéal.
"Et une fois qu'il sera dans le détroit, comment l'empêcher de s'enfuir ?" demanda Barret.
"C'est là que la famille impériale de Wutai et les prêtres de Bismarck interviennent. Ils ont autorisé l'utilisation de leurs Bêtes Sacrées dans ce combat. Les dragons d'eau et les baleines blanches seront invoquées pour bloquer les accès aux deux accès. Sin sera enfermé dans une zone peu profonde, et l'eau ne le protègera pas des canons makos de Costa Del Sol, ou des dragons Burméciens."
Vincent sentit la main de Yuffie se resserrer sur son poignet et il lui adressa un petit regard intrigué, mais l'adolescente resta immobile, écoutant le débrief avec une intensité inhabituelle.
"Il y a encore des prisonniers dans Sin," nota Barret.
"Ouais, Aérith par exemple !" renchérit Zack.
"Je sais," murmura l'Ancien, se frottant les yeux,"le plan de base est de forcer Sin à s'échouer sur un des rivages du détroit et d'envoyer des unités terrestres à l'intérieur, mais si ça s'avère impossible…"
"Les dragons burméciens le tueront," comprit Vincent.
Diablos hocha gravement la tête.
"Et nous ?" demanda Cloud," qu'est ce qu'on doit faire ?"
"Si j'ai bien compris, la spécialité de votre unité est d'infiltrer et nettoyer des zones fermées infestées de squames, c'est ça ?" s'enquit innocemment Diablos avant de finir sa tasse de café.
"On va devoir infiltrer et nettoyer Sin," comprit Zéphyr.
Barret se frotta la bouche de la main, jetant un petit regard aux jumeaux, pesant le pour et le contre longuement avant de reprendre.
"Comment vous le sentez, tous les deux ? Vous pensez pouvoir entrer dans Sin ?"
Cloud hocha la tête, pâle et déterminé, mais ce fut Zack qui répondit, avec sa poésie habituelle.
"J'infiltrerais et nettoierai Sin par son trou du cul s'il le faut," gronda-t-il.
"J'espère que vous aurez pas à passer par là," renchérit Riku.
"Zack, Riku," protestèrent d'une même voix Barret et Zéphyr.
"Parfait ! Vous recevrez le reste de vos ordres sous peu," déclara l'Ancien, posant sa tasse sur la table avant d'aviser une assiette encore à moitié pleine de petits gâteaux junéen et de se servir généreusement,"vous devez rejoindre votre affectation maintenant."
"Allez chercher vos affaires !" beugla aussitôt Barret, oubliant la présence des civils dans la pièce,"on doit être partit y'a une heure !"
Diablos sursauta à la brusque montée en volume et regarda d'un air étonné les plus jeunes membres d'Avalanche repartir en courant.
"J'aimerais que mes enfants m'écoutent aussi bien," admit-il.
"Ouais, ben ça, c'est quand ils veulent," grommela Barret.
"Je me charge des affaires de Cid et Shera," annonça Vincent avant de quitter la pièce.
Il entendit son père saluer Barret et Ifalna, puis le pas de quelqu'un derrière lui.
Le pas de son père, probablement, il ne reconnaissait pas celui de Zéphyr, ni de Riku.
Il ne fut donc pas très surpris quand, une fois dans la chambre qu'il partageait avec son amant, alors qu'il se penchait pour ramasser le sac de Cid, une main à la poigne dure s'abattit sur son épaule pour le tourner brusquement vers lui, l'obligeant à faire face à son père
"Ne refais jamais ça," siffla celui-ci en gongan.
Vincent rentra la tête dans les épaules, tâchant de garder une expression aussi neutre que possible.
Il était furieux. Il regrettait maintenant de ne pas l'avoir rappelé la veille.
"je suis désolé…"
"Minerva, Makoto !" s'exclama Diablos en lâchant son fils pour montrer le sol à deux mains,"tu ne répondais pas à ton téléphone et les nouvelles que j'ai pu glaner auprès des soldats de Golmore étaient…"
Sa diatribe se coupa nette quand il vit que son fils n'était pas en train de se préparer à lui répondre avec colère.
Makoto, à dix-sept ans, n'avait jamais baissé les yeux devant lui, surtout quand ils étaient tous les deux en train de se hurler dessus, tachant d'être celui qui avait raison en haussant la voix de plus en plus.
Il ne reculait pas de ses positions, refusait d'entendre raison, s'arc-boutant contre les demandes de son père avec une morgue et un entêtement qui ne pouvait venir que de sa mère[9].
Makoto quarante ans plus tard restait immobile, épaules tendues, yeux baissés et mâchoires serrées, attendant un coup.
Il n'avait jamais frappé un de ses enfants. Enfin. Si. Non. Il leur avait appris à se battre, il y avait eu des coups de poings, mais rien qui…
Pour leur apprendre, pas pour…
Pourquoi se cherchait-il des excuses ?
Minerva, quel genre de père était il ?
Il soupira, se frottant le visage à deux mains avant de reprendre, d'une voix plus calme.
"J'ai eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose."
"Je m'excuse," répondit son fils.
Ça aussi, ça avait été rare. Aussi rare que ses propres excuses.
Sa femme[10] avait raison : il était peut-être temps qu'il revoit ses principes d'éducation.
"Que s'est-il passé ?" finit par demander l'Ancien en croisant les bras, dévisageant son fils.
Vincent hésita, regardant autour de lui avant de décider de commencer à ranger leurs affaires. Il ramassa le sac de Cid, puis alla chercher le sien, cherchant le peu qu'ils avaient sorti le matin même.
"Zéphyr a… Il a combattu contre Kadaj, un des… un des Remnants."
Chaussettes. A lui. Pull. A Cid.
"La Calamité le possédait… Il…"
Ah, un chargeur. Le sien ou celui de Cid, il n'était pas sûr, mais au pire, il ferait le tri une fois dans le Haut Vent.
"Il a é… éventré Zéphyr."
"Comme tu l'as été," commenta son père à voix basse, le regardant du coin de l'œil.
Vincent lâcha le chargeur dans le sac, se redressant avec une profonde inspiration, chassant la nausée avant de reprendre la parole.
"La Calamité a essayé de le posséder à nouveau. Barret a... a pu lui injecter une dose d'anti-viral mais… C'était la dernière. Et le choc… La guérison a… a interféré avec la ma... avec le sang de la planète dans Zéphyr."
Il sursauta quand son père se pencha à ses côtés, rangeant quelques vêtements dans l'autre sac posé près du sien.
"J'ai cru qu'il allait mourir, j'ai cru que j'allais perdre mon fils," avoua-t-il.
Comme l'Ancien avait cru qu'il avait…
"Pardon, Père," murmura Vincent en baissa les yeux.
L'Ancien hocha la tête subrepticement, levant une main avec hésitation avant de tapoter l'épaule de son fils, d'un geste un peu emprunté.
"Promets-moi juste de me prévenir plus rapidement que tu vas bien, la prochaine fois."
"Oui, Père."
"Qu'est-ce qui reste à emballer ?"
"Nos affaires de toilettes," répondit Vincent en se tournant vers la petite salle d'eau attenante,"ah et j'ai un livre et des armes sous l'oreiller."
Quand Vincent revint, il trouva, sans surprise, son père assis sur le lit, le nez dans son tome de 'Psychologie et réinsertion des prisonniers de guerre'.
"Tu t'intéresses à la psychologie ?" s'étonna l'Ancien sans lever le nez de sa lecture, lui tendant un couteau de sa main libre.
"Ça m'aide à… à appréhender mes... difficultés," avoua Vincent, prenant l'arme pour le faire disparaître dans sa manche.
L'Ancien hocha la tête et se leva, refermant le livre pour observer sa couverture, notant probablement le titre et l'auteur pour le trouver à la bibliothèque ou se le procurer.
"Nous avons quelques ouvrages de ce genre à Daguerreo, je pourrais te les envoyer si tu le souhaites."
S'ils survivaient à Météore.
À la Calamité.
"Je viendrais."
Cette fois, son père leva les yeux vers lui, intrigué par la réponse.
"Gigas... Gigas et Hel m'ont demandé de… de revenir. Je pourrais passer pour... pour la naissance de son dernier petit-enfant…"
"Dans deux mois," précisa Diablos.
Est-ce qu'ils seront encore en vie dans deux mois ? Est-ce que Zéphyr sera toujours là ? Est-ce que Riku pourra retourner à la MGU ? Est-ce que Yuffie pourra enfin conclure avec Squall ?
Est-ce que Cid sera toujours en vie, dans ses bras ?
"Je viendrais," répéta Vincent, d'un ton plus affirmé.
Cette fois, son père hocha la tête et lui tendit son livre avant de lui tapoter à nouveau l'épaule.
La porte s'ouvrit et se referma presque aussitôt, attirant leur attention. Vincent entendit Zéphyr réprimander Riku, puis quelqu'un toquer.
"Entrez."
Riku ouvrit la porte, son sac sur le dos, suivi par son père. Son expression joyeuse se referma dès qu'il vit Diablos debout près de Vincent. L'Ancien haussa un sourcil en reconnaissant l'expression de son plus jeune fils quand il faisait sa tête de chocobo au même âge. Il se tourna vers le dit fils.
"Fais attention à toi pendant l'assaut."
"Oui, Père."
"Et toi," continua-t-il en allant vers Zéphyr,"essaye de ne pas rendre ton père malade d'inquiétude."
"Père," protesta Vincent.
"Si vous promettez d'arrêter de l'agacer," rétorqua Zéphyr sur le même ton.
"Un effort sera fait," répondit l'Ancien avant de lever la main, ébouriffant les cheveux de Riku qui ne s'y attendait pas et protesta haut et fort du traitement.
"Avez-vous besoin qu'on vous dépose à l'aérodrome ?" demanda Vincent, soulevant les deux sacs sur le lit.
"Non, merci," répondit Diablos,"je repars avec mes propres moyens. J'ai plusieurs centaines de soldats à transporter jusqu'à Corel Nord avant l'assaut."
"La famille ?"
"Oui. La tienne aussi. Celle de Cid. Celle des jumeaux et tous les autres cousins éloignés qu'on peut rassembler."
Les maduins. Les burméciens. Les nibelungens. Probablement tous les Anciens de Centra et leurs clans, plus les armées de l'Alliance.
Cid allait dire que ça allait être un beau bordel.


[1] Pour celleux qui n'ont pas lut Boules de neige : Le loup de Daguerreo, Tiphareth était la soeur jumelle d'Helgrimr et grand mère de Tifa
[2] Reeve a préféré l'abonnement duolingo, c'est plus facile à caser entre deux rendez-vous.
[3] Trouver quelqu'un capable de parler le burmécien, le commun et le pompon a été un peu difficile en quelques heures, du coup, Diablos s'est porté volontaire. Il en profite aussi pour voir les nouvelles têtes chez les dirigeants mondiaux. Il est incorrigible ^^;
[4] Réponse : Nanaki. Il ne dit pas grand chose mais il sait bien écouter.
[5] Petit rappel que les plans foireux improvisés à la volée, c'est bien de famille !
[6] Celui des jumeaux en fait. Un jour, il le leur rendra. Peut-être.
[7] Je suis énormément frustrée de ne pas avoir pu développer certains éléments de world building dans Avalanche alors en voilà quelques-uns en note. Bikanel était le nom d'une île dans les Îles du Sud que les Al Behd avaient légalement achetée pour enfin établir leur peuple, mais qui fut détruite à peine quelques décades plus tard, quand Sin et les squames ont commencé à semer le zbeul. Les Al Behd ont tenté de reconstruire mais l'île étant majoritairement désertique et plate (la raison pour laquelle ils ont pu l'acheter est qu'elle n'avait aucun intérêt, que ce soit pour Gongaga, Junon ou Shinra), ils n'ont pu mettre en place des fortifications. Les doyens des Al Behd ont donc décidé de retourner à leurs racines nomades et créé Néo Bikanel, un conglomérat de navires et de plates-formes flottantes, facilement séparable en cas d'attaque de Sin. Elle flotte aléatoirement aux alentours de l'Île et sert de port d'attache aux marchands et pêcheurs Al Behd.
[8] Tarask = 2.26 m Aérith= 1.63 m ils ont 60 cm de différence
[9] Désolé Diablos, mais question tête de chocobo, il tient de vous deux.
[10] La mère de Galian, quoi. Elle aussi a du tempérament et sait en remontrer à son mari.