Chapitre 66: Kaiju fight

Résumé :
Branle-bas de combat, tout le monde au détroit des glaces !
Le combat qui s'annonce risque d'être un des plus dangereux qu'ils n'ont jamais mené, à l'issue incertaine, que ce soit pour eux, Aérith, ou le reste de Gaïa.
Ce serait donc bien qu'un certain adolescent beaucoup trop têtu et charismatique pour son propre bien se tienne sage et obéisse.
Pourquoi faut-il que Riku ressemble autant à son grand-père ?

Personnages :
Team Avalanche + Riku, surtout Riku, Team Sin + Aérith, Team Haut Vent,

Tags spécifiques au chapitre :
Riku est une tête de chocobo, Vincent est désolé, ça vient de lui, histoire de famille, cette fic est une histoire de famille, torture, Kaiju fight, intervention divine


"Ça va être un beau bordel," soupira Cid en raccrochant son PHS.
Il jeta un regard vers le Haut Vent, observant l'arrière de l'aéronef, amarré comme ils avaient pu à un échafaudage temporaire. Gippal était en train de tenter de réparer un des porte-missiles, suspendu dans le vide par un harnais de sécurité, se balançant de temps en temps pour attraper un outil ou changer d'angle d'attaque.
Ils n'avaient pas pu réparer le poste de tir. La moitié des porte-missiles étaient hors-service et le canon à mako que Jessie -pardon, Reeve- leur avait trouvé allait bouffer toute la batterie s'ils l'utilisaient plusieurs fois.
Cid n'aimait pas voir son aéronef presque désarmé à la veille d'un assaut général de Sin, mais les autres arrivaient dans une demi-heure.
Il tapota son PHS contre sa cuisse, les dents serrées avant d'inspirer profondément.
"SHIERA ! "
Son cri fit sursauter les employés de l'aéroport autour de lui, mais la tête de sa sœur apparut dans l'ouverture sur le côté du Haut Vent, vite suivie par les oreilles de Fran.
"Qu'y a-t-il ? " demanda Shera avec presque autant de coffre.
"Refermez-ça ! On repart ! "
C'était en général facile de savoir que Shera avait passé des années formatrices à Burmécia. Surtout quand elle commençait à jurer avec autant d'inventivité que lui.
"Les autres arrivent dans trente minutes ! " précisa-t-il.
"Ce sera bon ! " répondit Shera en retournant dans le moteur.
Et si Shera le disait, c'est que ce serait le cas, il pouvait lui faire confiance. Et avec Fran pour lui filer un coup de main, elles auront fini avec du rab. Il ne comprenait pas l'entêtement des autres équipages à ne pas vouloir de femmes à bord, les siennes faisaient des miracles avec une clef à molette ou un fer à souder à la main.
Il s'engouffra par la rampe de l'arrière, le bruit de ses bottes sur le métal attirant l'attention de son chef mécanicien.
"Vous avez un malboro aux trousses, Capitaine ? " s'enquit celui-ci, en train de mesurer le niveau du noyau mako.
"Changement de programme, on décolle."
"Hein ? " rétorqua Edgar, levant le nez du cadran.
"Charge moi le noyau autant que tu peux et appelle le mess de l'aérodrome en urgence, demande-leur de nous amener de la bouffe et de l'eau ! "
"Pour combien de temps ? "
"Tu te sens optimiste ou pessimiste ? "
Edgar ouvrit la bouche, mais le referma aussitôt avant de baisser les mains vers le sol.
"Six jours ! " finit-il par dire avant de se lever et se précipiter vers l'extérieur aussi vite que sa jambe le lui permettait, à la recherche du câble de chargement et d'un employé de l'aérodrome.
Pessimiste, donc. Cid grimpa les marches vers le second pont, quatre à quatre, beuglant déjà le nom de ses derniers hommes à mi-chemin.
"CID ! BALTH ! "
"J'ai rien fait ! " s'exclama son co-pilote, sa voix venant de la salle de commandement.
Il poussa la porte entrouverte, trouvant le jeune homme assis près de leur doyen, visiblement en train d'écrire quelque chose sur un tas de feuilles, Cid raccrochant son PHS.
"Vous faites quoi ? " s'étonna leur Capitaine.
"J'arrive à la fin de mon carnet d'adresse," répondit le navigateur, "toute la côte est et nord de Centra a la fréquence, maintenant."
"La dernière fois que j'ai autant écrit, c'est quand je révisais pour mon accréditation," grommela Balthier en posant son stylo pour masser sa main.
"C'est bon pour ta dextérité," rétorqua leur aîné d'un ton jovial.
"Balth, file au poste de pilotage et prépare le décollage, les autres arrivent bientôt, on repart."
"Oui, Capitaine ! " lança Balthier en se levant, s'éloignant avec joie de la torture écrite.
"On repart ? " répéta le navigateur, "pour où ? "
"Corel Nord, le détroit des glaces, ça te parle ? "
"Fran et Vincent vont se peler les miches," répondit le vieil homme en ricanant, prouvant par là qu'il connaissait.
"Balthier et moi leur tiendront chaud," grommela Cid en réponse. "Contacte Jessie pour les autorisations de passage au-dessus de Costa, on doit faire le plus vite possible, rassemblement général."
Le vieil homme, qui se levait en s'appuyant sur le dossier de sa chaise, stoppa son geste, prenant le temps de repasser la phrase dans sa tête avant de reprendre.
"Dernier assaut ? " murmura-t-il d'un ton grave.
"J'en sais pas plus, Barret a dit qu'il nous débrieferai en arrivant. Prépare l'itinéraire, je vais décrocher Gippal de l'échafaudage."


Quand Reno et Vincent garèrent au bord de la piste les deux véhicules réquisitionnés pendant leur séjour, le Haut Vent était débarrassé de son échafaudage et des manutentionnaires finissaient de charger la nourriture et l'eau, pendant qu'Edgar et Cid réenroulaient le câble de chargement pour le ramener à terre.
Comme à leur arrivée, les pistes étaient envahies, quelques blackjacks étaient aussi en plein embarquement de troopers et de ravitaillements divers. Des journalistes courraient partout, interrogeant comme ils pouvaient les soldats qui se contentaient d'un 'pas de commentaires' cinglant en guise de réponse.
Les reporters tentèrent bien d'approcher d'Avalanche quand ils sortirent de leurs véhicules, reconnaissant l'uniforme de leur unité, mais un long grondement féroce de Nanaki les dissuada d'approcher de trop près.
Ils étaient à mi-chemin du Haut Vent, les bras chargés de leurs armes et bagages quand Shera arriva à leur niveau, traversant au pas de course la distance qui les séparait de l'aéronef, Fran sur les talons.
"Ah, vous voilà ! " lança-t-elle.
"Tout est prêt ? " s'enquit Barret.
"Le Haut Vent peut voler, mais on est très limite question armement," répondit Shera.
"Si tout va bien, on n'est pas censé tirer," déclara le lieutenant, " on a vos affaires et celles de l'équipage, on a rassemblé tout ce qu'on a pu, j'espère qu'on a rien oublié."
Vincent en profita pour approcher de Shera, lui tendant deux sacs sans un mot.
Celui de Shera et celui de Gippal, qu'il avait trouvé dans la chambre de leur biologiste.
Il haussa un sourcil. Fran laissa échapper un petit sourire sardonique.
"Oh, taisez-vous, tous les deux," rétorqua Shera en empoignant les sacs.
"Je n'ai rien dit," répondit Vincent.
"Je ne veux pas savoir," ajouta Barret. "Embarquez ! "
Les jumeaux passèrent en premier, les bras chargés de leurs affaires et celle de l'équipage, Nanaki sur les talons. Yuffie suivit plus lentement, jetant des regards nerveux à son PHS dans sa main libre. Elle était anormalement silencieuse depuis leur départ de l'hôtel, et c'était inquiétant. Il profitera qu'elle soit malade comme un chien plus tard pour lui en parler. Cid repassa près de Vincent, posant brièvement sa main sur son épaule avant de rejoindre Barret qui grimpait la rampe d'accès, commençant aussitôt à échanger avec lui sur les ordres.
Il allait les suivre quand Ifalna s'arrêta près de lui, resserrant son châle de laine autour de ses épaules, le regard fixé sur leur aéronef, encore couvert de la suie des incendies de Golmore.
Quelqu'un avait jeté un seau d'eau sur la pin-up en bikini du Haut Vent, juste assez pour la dévoiler à nouveau, et écrit quelque chose dans la suie environnante.
Que Dame Chance nous sourit.
Probablement une lubie d'aéronaute. Il faudrait qu'il demande à Cid ce que ça signifiait.
"Je n'aime pas ça, Vincent," murmura Ifalna.
Elle ne parlait probablement pas de la pin-up. Vincent se tourna vers elle, jetant au passage un regard à Reno qui, pour une fois, compris rapidement le message et alla mater Fran de plus près.
"Que ressens-tu ? " murmura-t-il une fois certain que le Turk était trop loin pour écouter.
Elle eut un pauvre petit sourire fatigué et secoua la tête.
"Rien. Rien du tout. Et ça m'inquiète."
Zéphyr qui passait près d'eux ralentis, les dépassa, puis stoppa et hésita quelques secondes avant de faire demi-tour et les rejoindre. Il approcha sans un mot, baissant le regard sur Ifalna.
"Zéphyr, soit prudent, d'accord ? " murmura-t-elle avant qu'il ait pu se décider à prendre la parole.
Il leva sa grande main, hésitant encore, frottant ses doigts contre son pouce avant de se lancer et tendre la main à Ifalna, paume vers le haut.
Un peu étonnée par le geste, Ifalna le dévisagea longuement avant de poser sa petite main dans celle de Zéphyr.
Il ne se cachait plus.
Le mur de glace qui le séparait du reste du monde était brisé et laissait passer la chaleur de ses émotions.
Elle sentit ses yeux se remplir de larmes quand elle reconnut la sensation.
Elle n'avait plus senti ça depuis des décennies, depuis que Lucrécia était venue lui dire au revoir au milieu de la nuit avant de disparaître.
Depuis qu'elle était morte, seule, ensanglantée, dans le sous-sol du manoir de Nibelheim.
Depuis que la dernière Cetra était morte dans les bras d'Ifalna, dix ans plus tard.
Même quand elle avait pris Aérith dans ses bras à sa naissance, sentir la présence du sacre dans sa fille n'avait été qu'une pâle imitation du lien entre cetra.
"Je ferais tout pour la ramener," murmura Zéphyr.
Ifalna cligna rapidement des yeux et hocha la tête, emprisonnant les doigts de Zéphyr entre les siens.
"Revenez, vous aussi. Tous," murmura Ifalna.
Ce fut ce moment que Riku choisit pour passer derrière son père d'un pas décidé, son sac sur le dos, et se dirigea vers le Haut Vent.
"Riku," appela Vincent, où vas-tu ? "
L'adolescent stoppa net, apparemment surpris par la question et jeta un regard à l'entrée du Haut Vent avant de répondre, comme une évidence.
"Ben, je viens."
"Pas question," rétorqua aussitôt Zéphyr.
Il y eut plusieurs échos, venant tout autant d'Ifalna que Vincent.
"Certainement pas ! " ajouta Edgar à son tour en remontant la rampe, une caisse dans les bras.
"Mais vous avez besoin d'un guérisseur ! " protesta Riku.
"Tu retournes à Midgar avec Ifalna ! " ordonna Zéphyr en se dégageant des mains de sa tante.
"Mais et si vous êtes blessés à nouveau ? ! "
"Shera n'est peut-être pas une guérisseuse-née, mais elle nous soigne depuis des mois," objecta Vincent.
"Il faut que je vienne ! " s'exclama Riku.
"Pourquoi ? " demanda son père en croisant les bras.
Riku ouvrit la bouche mais une corne de brume l'interrompit et il grimaça en même temps que son père et Vincent.
/Blackjack-JS 15, décollage piste 2 ! Je répète, Blackjack-JS-15, décollage piste 2 ! / beugla une voix dans les haut-parleurs.
"On en reparlera quand on reviendra," finit par déclarer Zéphyr, "tu retournes à Midgar."
Riku sembla à deux doigts de protester à nouveau, son regard passant du Haut Vent à son père avant qu'il referme la bouche avec une expression boudeuse.
"Je vais à la voiture," grommela Riku en fourrant les mains dans ses poches avant de faire demi-tour et s'éloigner d'un pas rageur.
"Riku ! " Appela Zéphyr.
"Laisse-le," soupira Ifalna, "conseil de parents : il va bouder un peu et se calmera quand il réalisera que c'est mieux ainsi."
"Pourquoi est-ce qu'il n'est pas raisonnable ? " s'exclama Zéphyr en se tournant vers Ifalna et Vincent.
"En tant que personne extérieure à la famille et connaissant une grande partie de ses ascendants, j'ai ma petite idée là-dessus," répondit Cid en arrivant à son tour.
"Je ne peux même pas le dénier," soupira Ifalna.
"Je suis très raisonnable ! " protesta Zéphyr.
"Tu es rationnel, pas raisonnable," contrecarra Cid.
Et ça, encore une fois, ça ne pouvait venir que du côté de Vincent.
/Haut Vent, décollage piste 3 ! Je répète, Haut Vent, décollage piste 3/
"Bordel," jura Cid avant de repartir vers son vaisseau, "on a pas fini le chargement des vivres ! Edgar ! ED ! On en est où ? "
"Il faut qu'on y aille," déclara Vincent.
Ifalna hocha la tête, levant la main pour la poser sur le bras de Vincent.
"Faites attention à vous, d'accord ? "
"Autant qu'on pourra," répondit Vincent.
Ifalna serra sa petite main sur son bras avec un sourire fatigué et s'éloigna avec Reno, essayant de ne pas gêner la file de manutentionnaires qui tentaient de finir l'embarquement des provisions au pas de course, jetant presque les caisses en haut de la rampe.
Ils restèrent au bord de la piste jusqu'à ce que le Haut Vent ait décollé, le fixant anxieusement du regard.
"Ifalna, il faut qu'on y aille," finit par déclarer Reno, "j'ai pas une fenêtre de vol illimitée avec l'hélico."
"Oui, tu as raison," soupira Ifalna en prenant le bras de Reno. "Rentrons à Midgar."
"Le professeur Falmis sera soulagé," grommela le Turk en se dirigeant vers leur van d'emprunt.
Elena les attendait là-bas, assise à la porte latérale grande ouverte. Elle consultait son PHS tout en sirotant un café dans une tasse en carton jetable, jetant parfois un petit regard à Météore qui flambait au-dessus d'eux. Quand Ifalna et Reno approchèrent, toutefois, elle se leva, rangeant son PHS dans sa poche pour laisser Ifalna passer.
"On rentre ? " demanda Elena.
"Direction l'hélico," répondit Reno en lâchant le bras d'Ifalna pour contourner le van et prendre le volant.
"Riku boude toujours ? " demanda celle-ci.
"Il n'est pas avec vous ? " s'étonna la jeune blonde.
Ifalna pâlit.
Elle se pencha aussitôt pour regarder dans la voiture, mais elle était vide, seule sa valise et celles des Turks étaient posées sur les sièges arrière.
"Valentine va le tuer," finit par déclarer Reno d'un ton admiratif.
"Moi d'abord," rétorqua Ifalna.


"Putain, ce bruit va revenir combien de fois ? " grommela Edgar, debout près du moteur tribord, à côté de Fran qui écoutait attentivement, perchée sur une rambarde.
"Ça n'est pas l'essieu de l'hélice," finit-elle par déclarer en retournant près du chef mécanicien.
"La seule chose qu'il reste à faire c'est tout démonter et y mettre le feu," soupira Edgar, "tu viens régulièrement écouter, dis-moi si le bruit change."
La viéra hocha la tête et Edgar se radoucit, lui tapotant le bras doucement.
"J'suis content que tu aies décidé de rester, Lapinette."
"Tu veux que je te casse l'autre jambe ? " rétorqua Fran en haussant un sourcil.
"Tu m'aimes trop pour ça," ricana Edgar, "redescendons, je veux signaler ça aux Capitaines"
Fran ne le suivit pas et il ne le réalisa qu'au bout de quelques pas, concentré qu'il était à ne pas glisser de la passerelle avec les mouvements de l'aéronef.
"Fran ? "
Elle lui fit signe de se taire, les oreilles aux aguets, puis se dirigea dans l'autre direction, son pas presque silencieux sur le métal froid.
Elle regarda à gauche.
A droite.
Puis baissa les yeux.
Elle soupira longuement et fit signe à Edgar d'approcher.
Intrigué, il l'imita, suivant du regard la direction qu'elle lui indiquait, sous leurs pieds.
A travers la structure alvéolée du métal, il vit distinctement une silhouette bouger, tentant de se cacher derrière une machine.
Il se pencha par-dessus bord, autant qu'il l'osa pour voir sous la passerelle.
Riku, les bras autour de son sac à dos, leva un regard penaud vers eux.
"Dites pas à 'Ji-san et Papa que je suis là," supplia-t-il.
"Gamin, je ne suis pas prêt à mourir pour toi."


"Vincent, Cid, Zéphyr, avec moi," ordonna Barret une fois que Junon avait disparu derrière eux, "salle de commandement."
"Oui, Lieutenant," répondit Cid avant de faire signe à son co-pilote de le remplacer.
Balthier obtempéra, s'équipant rapidement avant de prendre la barre et Cid arriva quelques instants après ses coéquipiers dans la salle de commandement, au moment où Gippal en sortait pour les laisser discuter.
"J'ai jamais vu un plan d'attaque aussi improvisé et j'étais à Besaid," grommela Barret une fois la porte fermée.
"Ah, putain, à ce point ? " rétorqua Cid.
Zéphyr jeta un regard intrigué à son père qui haussa les épaules en réponse. Il ne connaissait de la situation à Besaid que les rapports de l'armée et les bulletins d'informations des archives de Shinra Net, et les deux étaient sujets à caution, mais improviser semblait effectivement avoir été le mot pendant l'attaque de Sin sur l'île.
"Tout le monde est en train de rameuter leurs armées au détroit," expliqua Barret, "la commandante Farron tente de coordonner le tout mais ça va vraiment être un beau bordel, surtout que tant qu'on ne sait pas où Sin va s'échouer, on ne pourra pas atterrir."
"S'ils arrivent déjà à le faire s'échouer," nota Zéphyr, "je ne vois pas comment ils vont faire."
"Le plan est que tous les Falcons disponibles et les dragoons attaquent Sin du ciel et le poussent vers la côte," grommela Barret, luttant avec sa prothèse pour ouvrir leur carte, maintenant couvert d'annotations.
Gippal avait laissé plusieurs écrans allumés avant de partir, certains affichant des cartes avec la position de Sin en temps réel, les mouvements de troupes, des communications avec les autres vaisseaux autour d'eux.
Et un écran avec un affichage venant probablement d'Esthar vu l'alphabet de l'interface, qui montrait une vue de l'espace, avec la progression de Météore.
"Oh, helvítis skíturinn," jura Cid, détournant l'attention de Vincent de l'écran du météore, "les dragoons ont pas la moindre idée de comment fonctionne un canon, ils vont se gêner mutuellement."
"Ils n'en ont pas ? " s'étonna Zéphyr pendant que son père le rejoignait, face à Barret.
"Le peu de techno à Burmécia est là pour gérer la flotte qui tombe trois cents jours par an," rétorqua Cid.
"Tu penses pouvoir les aider à coordonner ? " suggéra Barret.
"J'ai… pas de moyens de les contacter facilement," admit Cid.
"Le Docteur Bélias pourrait t'aider," suggéra Vincent.
Cid mâchonna son mégot d'un air revêche mais finit par soupirer et hocha la tête. Vincent sortit son PHS, composant le numéro de son père avant de le tendre au pilote.
"Il parle Burmécien. Si tu préfères être discret."
"Merci," grommela cid avec un manque d'enthousiasme compréhensible.
Il s'éloigna de quelques pas, le PHS sur l'oreille avant de commencer à parler dans sa langue maternelle. Vincent se tourna à nouveau vers Zéphyr et Barret qui consultaient la carte.
"Pour l'instant, on a trois lieux pressentis pour y pousser Sin," expliqua Barret. "Un rivage de Guadosalam, une des îles de Corel Nord, ou la pointe sud de Grand Glacier, juste à la sortie du détroit."
"Non. Certainement pas Guadosalam," coupa Vincent, "les Anciens l'éviteront au possible."
"Pourquoi ? "
"A cause de la source sous la mer intérieure."
"La source ? Quelle source ? " grommela Barret.
"De la Rivière."
"Quelle riv…" reprit leur lieutenant avant de grommeler, "y'a une source de la Rivière de la Vie sous Guadosalam ? "
"Il y a eu un tremblement de terre il y a… Mille deux cents ans, je crois ? Ça a ouvert une faille dans la roche," expliqua Vincent, "c'est de là que sortent les pyrolucioles pendant le jour des Morts."
Barret n'avait jamais vraiment réfléchi à l'origine des pyrolucioles pendant cette journée et se demanda soudain comment personne ne l'avait fait avant lui.
Il réalisa ensuite que quelqu'un avait probablement veillé à ce que ça ne se sache pas.
"Officiellement, l'eau est impropre à la consommation, et les Guados ont établi leur cité là autant pour aider les âmes à y accéder que pour la protéger."
"Ils ne peuvent pas la boucher ? " s'étonna Barret.
"Alexander le pouvait, mais il ne peut plus bouger pour le moment. "
"C'est ce qu'il a dit pendant la réunion," murmura Zéphyr. "Qu'il avait fermé ou enterré les sources."
"Je vais oublier cette information aussi vite que je l'ai apprise," marmonna Barret.
"Et la pointe Sud de Grand Glacier…" reprit Vincent entre observant la carte, "c'est très près de la sortie du Détroit, il y a un risque que Sin puisse passer," jugea Séphiroth.
"Le mieux, ce seraient les îles de Corel Nord," nota Vincent, "il y a des habitants ? "
"Plus maintenant, les villages côtiers ont été évacués il y a des années," expliqua Barret.
"Espérons qu'on pourra pousser Sin là, alors," murmura Vincent.
"Une fois que Sin sera échoué, ce sera à nous d'agir, entre autres," reprit Barret.
"Entre autres ? " répéta Zéphyr.
"On va faire s'échouer Sin, y'a des chances que les squames n'apprécient pas. Et là, ce ne sera pas une attaque ponctuelle."
"Elles vivent sur et dans Sin. Elles vont sortir en masse le défendre," comprit Zéphyr.
"Ça va être Alexandria, la bataille de Midgar et Winhill d'un seul coup," acheva Barret, "les armées au sol vont devoir les confronter pendant que nous tenterons d'infiltrer Sin."
"Par où va-t-on entrer ? " s'enquit Vincent.
"J'espérais que les jumeaux pourraient aider, mais Zack dit qu'il s'est taillé un chemin dans Sin à coup d'épée pour sortir. Littéralement, je précise. Quant à Cloud, il ne se souvient de rien."
"On n'a rien dans les cahiers de Riku ? " s'enquit Zéphyr en claquant des doigts.
"Jessie a réquisitionné Biggs, Wedge et les apprentis pour les éplucher, ils nous tiennent au courant."
"Elle pense à dormir ? " nota Vincent en haussant un sourcil.
"Ils campent dans la salle de contrôle apparemment," répondit Barret.
"Quel est notre objectif ? " demanda Zéphyr.
"Désactiver la matéria noire. Il faut arrêter Météore."
"On ne sait pas si c'est Hojo ou la Calamité qui l'ont invoqué," nota Vincent.
"Par sécurité, tuons-les tous les deux," rétorqua Séphiroth.
"Vincent, Zéphyr," reprit Barret, " que ferez-vous quand vous serez dans Sin ? "
"Nous obéirons aux ordres," commença Zéphyr d'un ton froid.
"Ce n'est pas ce que je vous demande," rétorqua Barret. "Si vous décidez de partir tuer Hojo, je ne vous arrêterais pas. D'abord parce que je ne peux pas… mais aussi parce que je ne veux pas."
Il réalisa qu'il n'entendait plus Cid parler et tourna la tête vers lui. Le Burmécien se tenait près du mur, le PHS toujours sur l'oreille, mais ne disait rien, se contentant de l'observer en silence. Leurs regards se croisèrent et Cid inclina la tête avant de reprendre dans son étrange langue maternelle.
"Ce que je vous demande, c'est de faire attention. Zack va partir bille en tête chercher Aérith et Cloud le suivra. Essayez de rester avec eux et de les aider."
Zéphyr resta silencieux quelques instants, réfléchissant, et Barret le réalisa avec surprise, exactement comme son père le faisait, ses pupilles passant rapidement d'un document à l'autre au fur de sa réflexion. Reeve disait que Vincent avait les yeux qui réfléchissait quand il mettait les informations bout à bout et visiblement, Zéphyr fonctionnait de la même façon.
"Aérith d'abord," déclara l'escrimeur. "Une fois qu'elle sera à l'abri… Hojo."
Vincent hésita avant d'hocher la tête gravement.
"Très bien," murmura Barret. "Très bien."
Il regarda ses deux mains sur le tapis de cartes entre eux et réfléchit quelques instants, ordonnant ses idées avant de reprendre.
"Vous passerez en premier, Zéphyr et les jumeaux d'abord. Vincent derrière. Cette fois, Yuffie, Nanaki, Cid et moi seront l'équipe de soutien. Nous veillerons sur vos arrières pendant que vous… ouvrirez un chemin."
"Oui, Lieutenant."
"Si l'un de vous est blessé, Yuffie l'évacuera. Communiquez en permanence sur ce que vous croisez ou voyez, si vous trouvez des prisonniers ou des Parasites, vous sécurisez la zone le temps que l'équipe de soutien les libère et les évacue... Compris ? "
"Oui Lieutenant."
"Inspection du matériel dans deux heures, le temps que Shera et moi fassions un inventaire de ce qu'on a. D'ici là, allez vous reposer."
"Très bien Lieutenant," déclara Zéphyr en se redressant.
Il se dirigea vers la porte et Vincent le vit stopper net puis l'ouvrir vivement, laissant passer Yuffie au pas de course. L'adolescente manqua de se prendre les orteils sur le seuil surélevé et Vincent s'élança, la retenant in extremis par les épaules pour la remettre sur ses pieds. Elle était écarlate, ses yeux presque aussi rouges que ses joues et avant que Vincent ait pu lui demander ce qui se passait, elle lui mit son PHS sous le nez.
"Grand Frère ! Parle-lui ! Dis-lui quelque chose ! "
"Yuffie, du calme, à qui veut tu que je parle ? " demanda Vincent, une main sur son épaule.
"Mon père ! Dis-lui qu'il ne doit pas faire ça ! "
" parles trop vite, je ne comprends pas. Calme-toi. Respire."
Elle renifla, puis cligna des yeux, chassant ses larmes. Vincent prit quelques secondes pour chercher un mouchoir dans ses poches avant de le lui tendre. Elle l'accepta par réflexe, mais le garda à la main, continuant d'essayer de respirer entre deux reniflements. Zéphyr jeta un regard inquiet à son père, voire un peu paniqué à l'idée qu'il lui demande de l'aide avec la crise de larmes, mais Vincent lui fit signe de sortir et il obtempéra rapidement. Barret hésita quelques secondes, faisant signe à Vincent de l'appeler en cas de besoin avant de sortir à son tour, fermant derrière lui.
"Et maintenant, recommence. Plus calmement," demanda Vincent une fois qu'elle eut pu reprendre le contrôle de son souffle.
"Il va combattre aux côtés de Da Chao Sama," murmura Yuffie, la voix cassée.
Bien sûr.
Les Bêtes Sacrées.
Ce n'étaient pas des invocations. Tous les natifs de Wutai avec une limite héritée de leur Ancienne allaient se jeter dans la mer pour se noyer et devenir les dragons d'eau protégeant leur île.
L'Empereur en premier.
"Il va se tuer au combat," reprit l'adolescente, "son cœur ne tiendra pas, même s'il survit aux squames ! Parle-lui, convainc le de ne pas se battre ! "
"Est-ce que tu m'écouterais si je te demandais de retourner à Midgar et de te mettre à l'abri avec Squall à la MGU ? " demanda doucement Vincent.
Elle le fixa d'un air ahuri, ses protestations se formant sur ses lèvres avant que la signification de ces mots la frappe de plein fouet.
"Non," finit- t-elle par admettre.
"Alors je ne peux pas le lui demander."
Elle se mit à pleurer à ces mots, en silence, de grosses larmes roulant sur ses joues, coulant en ruisseau jusqu'à son menton, qu'elle n'essuya pas.
"Je ne veux pas qu'il meure," gémit Yuffie en posant son front contre le torse de Vincent.
Elle n'avait que dix-sept ans.
Elle n'avait que dix-sept ans et le monde allait disparaître.
"Donne-moi ton PHS," demanda Vincent en repliant son bras autour d'elle.
Elle leva l'engin et il le prit délicatement de sa main de démon, prenant bien garde à ne pas l'abîmer.
"Votre Majesté. C'est Hamasaki Makoto."
/Seigneur,/ salua l'Empereur.
"Vous avez entendu notre discussion, je présume ? "
/En effet./
"Je ne vous demanderais pas de ne pas mener ce combat, Votre Majesté. Celà est votre rôle et votre décision."
/Je vous en remercie, Seigneur./
Yuffie laissa échapper un gémissement de douleur et il la serra derechef contre lui, sa main glissant dans ses cheveux.
"Mais," reprit Vincent, "je vous demande de ne pas prendre de risque inutile."
Sa sœur eut un petit hoquet de surprise, relevant le nez vers lui.
/C'est mon devoir, comme vous l'avez dit,/ rétorqua sèchement l'Empereur, /un devoir que j'aurais dû accomplir il y a dix ans, quand Wutaï a été dévasté par Sin./
"Et vous avez un autre devoir, qui est de protéger et guider votre peuple après ce combat."
/Yuffie fera une grande Impératrice…/
"Yuffie a dix-sept ans. Votre deuxième enfant n'est pas encore né. Et quand cette guerre sera finie, ils auront besoin de vous. Wutaï aura besoin de vous. Combattez comme le demande votre rang et votre honneur. Et revenez vivant."
L'empereur ne répondit d'abord pas, gardant le silence un long moment, au point que s'il n'avait pas entendu sa respiration dans l'écouteur, Vincent aurait pu croire qu'il avait raccroché, offensé de se faire réprimander. Mais au bout de quelques dizaines de secondes, il reprit, d'une voix moins maîtrisée.
/Je ferais… tout mon possible,/ finit-il par déclarer, sa voix s'étranglant légèrement sur la fin, qu'il cacha derrière un raclement de gorge.
"Je vous en remercie," répondit Vincent, usant du registre de langue le plus poli qu'il connaisse en Wutan, merci à Yuffie.
/Seigneur…/ reprit l'Empereur, /je vous prie… S'il vous plaît… Protégez ma fille./
"Oui, Votre Majesté."
/Et… quand ce combat sera fini… J'aimerais discuter avec vous de son futur./
"Ce sera un honneur, Votre Majesté. Je vous repasse Yuffie."
/Merci Seigneur./
"Parle-lui," murmura Vincent en rendant son PHS à Yuffie, "faites des projets d'avenir."
"Il… y en aura un, d'avenir ? " murmura Yuffie en réponse.
Il ne pouvait pas promettre ça. Tout comme l'Empereur ne pouvait pas promettre de survivre au combat. Tout comme Zack et Zéphyr ne pouvaient pas promettre de ramener Aérith.
Mais…
Mais c'était le genre de mensonge que Vincent ferait tout pour rendre réel.
Le père de Yuffie reviendra du combat.
Ils retrouveront Aérith.
"Oui. Il y aura un avenir," déclara-t-il.
Il dû être convaincant, car Yuffie hocha la tête avec un petit sourire tremblant. Elle se moucha, se racla la gorge puis reprit l'appel avec son père. Vincent déposa un baiser sur son crâne avant de s'éloigner vers la porte, vite rejoint par Cid. Il ouvrit la porte, laissant passer son amant qui raccrochait à son tour, éteignant le PHS de Vincent avant de le lui rendre.
"Tout se passe bien ? " demanda-t-il avec un petit regard au dos de Yuffie avant que Vincent ferme la porte.
"Histoire de famille," répondit Vincent. "Les dragoons ? "
"Le Docteur Bélias se charge de tout organiser."
"Espérons que ça fonctionne."
"Ah, au fait, tu as eu des appels pendant que je parlais au Docteur Bélias," ajouta Cid.
Vincent fronça les sourcils, jetant un coup d'œil à son écran.
Trois appels d'Ifalna, coup sur coup. Plus des messages sur son répondeur.
Que se passait il ? Ils avaient oublié quelque chose ?
"Ifalna. Je la rappelle."
Cid hocha la tête, tout aussi intrigué que lui et le regarda appuyer sur la touche de rappel. Elle décrocha immédiatement.
"All..."
/Vincent ! ! Riku a disparu ! /
"Riku a quoi ? " répéta Vincent.
Cid, probablement déjà habitué aux crises que pouvaient provoquer tous ceux faisant plus ou moins partie de la famille de Vincent, se redressa immédiatement, aux aguets.
/Disparut ! Les Turks le cherchent partout, mais il n'est pas dans l'aérodrome ! /
Qu'est-ce qui se passait ? Est-ce que Kadaj l'avait enlevé ? Est ce qu'il s'était perdu ? Est-ce qu'un des clans d'Anciens avait décidé de mettre la réincarnation de Minerva à l'abri ?
"Oh BORDEL ! " jura soudain Cid.
/Reno pense qu'il s'est embarqué sur un des Falcons, mais c'est tellement la panique que personne ne peut nous dire s'il a été vu…/
"Je peux savoir ce que tu fous ici, drekaskìtur ! ! " beugla Cid derrière Vincent.
Oh. Non.
Vincent se tourna lentement, priant pour que sa crainte ne soit pas fondée.
La crainte en question, debout entre Fran et Edgar, lui adressa un petit signe de main penaud.
"Bonjour, 'Ji-san ? "
"Il est avec nous," déclara Vincent.
Ifalna poussa un long soupir de soulagement à l'autre bout du fil.
"Un conseil sur la façon de gérer ça ? " demanda Vincent, sans quitter son petit-fils du regard.
/Prive-le de sortie./
"Ce sera fait."


"Et personne ne l'a vu monter ? " gronda Cid à l'intention de son équipage en ouvrant la porte du poste de pilotage.
"Désolé," répondit Edgar, "j'étais occupé à arrimer la cargaison comme je pouvais."
"Rien vu," ajouta Fran en poussant doucement Riku à l'intérieur, d'une main sur l'épaule.
"Comment tu as fait ? " marmonna Yuffie en se glissant derrière Fran pour marcher à côté de Riku.
"J'ai demandé à un employé de l'aéroport de me laisser monter," répondit Riku sur le même ton, "je lui ai dit que je voulais dire au revoir à Papa et lui donner un souvenir de Maman."
Bien, ce n'était pas dans quelques années que Vincent allait devoir s'inquiéter de ce que donnerait la roublardise nosfératu mêlée au charisme cetra.
Zéphyr, debout près de Balthier et discrètement occupé à l'observer piloter, se tourna en entendant la discussion.
Il vit Riku.
"Oh, euh, Papa," commença Riku.
Vincent sursauta quand une vague de colère déferla sur lui. Du coin de l'œil, il vit Fran se hérisser, sa main sur l'épaule de Riku se crispant avant qu'elle le tire rapidement, le serrant contre elle. Edgar ne fut pas en reste, rentrant la tête entre les épaules et trébuchant en arrière.
Et quand Zéphyr franchit en quelques pas la distance qui le séparait de Riku, Vincent recula d'autant, jusqu'à ce que Cid le retienne par le bras.
Il oubliait un peu trop facilement à quel point Zéphyr ressemblait à Chaos, mais plus il était furieux, plus c'était évident.
"Tu devais rester à l'ABRI ! " rugit-il.
Étonnement, Riku semblait être le seul à ne pas être effrayé par son père, campé devant lui, mains dans les poches, malgré Fran qui tentait de le cacher derrière elle.
"Je dois venir ! " rétorqua-t-il.
"Cid, il faut faire demi-tour ! " ordonna Zéphyr.
"J'aimerais bien mais on ne peut pas."
Zéphyr se tourna vivement vers Cid, les yeux flamboyants.
Un craquement retentit quand le pilote sursauta, soudain visé par la colère de Zéphyr.
Vincent vit ses yeux changer, sans être sûr de ce qui changeait et Cid inspira longuement, fermant les paupières.
Quand il les rouvrit, ses yeux étaient redevenus normaux.
"Zéphyr, calme-toi," ordonna-t-il d'un ton sans ambages.
"Mais…"
"Tu es guérisseur-né. Tu émets tes émotions et tu vas provoquer la limite de tous ceux qui sont sur ce pont."
Riku tendit les mains vers son père, mais recula quand il se tourna à nouveau vers lui, le regard tout aussi flamboyant.
Cid approcha lentement, les mains levées, jusqu'à s'arrêter devant Zéphyr, près de Fran et Riku.
"Zéphyr. Inspire. Aussi longtemps que tu peux."
Interloqué, Zéphyr se tourna vers son père qui hocha la tête avant de les rejoindre...
"Ça marche. Essaye."
Zéphyr jeta un petit regard à Cid qui l'observait sans mot dire, puis à Riku qui, se dégageant doucement des bras de Fran, lui tendit les mains, prenant doucement la sienne.
Il inspira.
"Maintenant, souffle. Lentement. Plus lentement que ça," continua Cid, murmurant la suite des instructions.
Zéphyr se calma, étonnement assez vite. Mais c'était probablement aussi dû à Riku, qui se tenait près de son père, son front sur son bras, ses mains autour de son poignet, yeux fermés.
Il avait déjà réussi à apaiser Vincent comme ça, une fois, il tentait probablement de faire pareil.
Mais son père finit par se dégager, secouant son bras pour le faire lâcher.
"Pardon," murmura Riku avant de reculer d'un pas, fourrant ses mains dans ses poches.
Zéphyr ouvrit la bouche mais sembla se raviser et secoua la tête, comme un chocobo qui s'ébroue avant de se tourner à nouveau vers Cid. Vincent en profita pour faire signe à Fran de reculer et celle-ci obéit, traînant Riku après elle sur quelques pas.
"Pourquoi ne peut-on pas faire demi-tour ? "
"On va déjà arriver de justesse pour l'assaut, on n'a pas le temps de faire demi-tour pour Junon."
Zéphyr grommela ce qui ressemblait fort à un juron en Corel, vu la réaction de Barret à ces mots.
"Et connaissant Riku," continua Cid avec un regard torve à l'adolescent, "même si on le balance avec un parachute au-dessus de Costa, il trouvera un moyen de revenir."
"Ouais," confirma Riku avant de réaliser que ce n'était pas ce qu'il fallait dire pour apaiser la situation.
Zéphyr tendit un index menaçant vers lui pendant que Vincent le retenait d'une main sur l'épaule.
"Tu devais rester à l'abri ! "
"Je suis PAS à l'abri ! " rétorqua Riku, "tant qu'Hojo et Jénova broutent pas les coraux, je serais en danger où que j'aille ! "
Bon, Vincent devait admettre quelque chose au sujet de Riku : il avait du cran. Peut-être même un peu trop. Et tenait de lui la tendance à agacer son père sans faire d'effort particulier.
"Tu serais plus en sécurité sur un autre continent ! " rétorqua Zéphyr.
"Qu'est-ce que tu crois que Jénova fera une fois qu'elle t'aura repris ? " souffla Riku.
Zéphyr sursauta, comme giflé, permettant à Vincent de le faire reculer d'un pas. Le côté pessimiste de Vincent ne put s'empêcher de donner raison à l'adolescent. Si Zéphyr retombait entre les mains de la Calamité, sans l'antiviral, il n'y aurait aucun moyen de le ramener à la raison. Et après ?
Peut-être que les jumeaux arriveraient à le tuer. Peut-être qu'il aurait lui-même à le faire.
A mettre une balle dans la tête de…
Un frisson le secoua.
"Riku," commença-t-il d'un ton hésitant, "nous te protégerons, c'est promis…"
"C'est ce que disaient Haru et Setzer," rétorqua Riku, "et ils sont morts."
Coup bas. Magistral, certes mais coup bas néanmoins. Vincent jeta un coup d'œil à son fils qui semblait aussi désemparé que lui.
"S'il vous arrive quelque chose, elle viendra me chercher," continua Riku, "même avec Météore, elle voudra me tuer de ses mains. Parce que je suis la seule chose dangereuse pour elle ici."
Il fit une petite grimace et baissa les yeux vers ses pieds.
"Je veux rester avec vous," finit-il par avouer. "Jusqu'au bout."
Et il ne leur laissait pas vraiment le choix. Ils auraient beau tempêter autant qu'ils voudraient, il était trop tard pour ramener Riku à Junon ou Midgar. Il resterait avec eux jusqu'au combat contre Sin.
Contre Hojo.
"Barret… Je suis désolé, mais…"
"Il va vraiment falloir que vous appreniez à être plus autoritaire," soupira leur lieutenant, "très bien, il peut rester. MAIS."
Ah, Barret avait sorti la voix de papa qui marchait même sur les jeunes SOLDATs. D'ailleurs, presque tout le monde autour de lui se mit au garde à vous, Balthier compris.
"Tu ne quittes PAS le Haut Vent sans autorisation, est-ce que c'est bien compris ? "
"Merci, Barret ! " s'exclama l'adolescent.
"Riku, est-ce que tu as compris ? " répéta Barret.
Sous le regard insistant de son père et de son grand-père, ainsi que ceux de Cid et Shera, Riku finit par opiner.
"Oui Ba… Lieutenant."
"Et maintenant, il faudrait parler de ta punition," ajouta Barret en se tournant vers Vincent.
"Non," répondit aussitôt Zéphyr.
Encore une fois, Vincent recula sous l'intensité des émotions qui émanaient de son fils.
Pas de colère cette fois.
De la peur. De la pure terreur malgré son visage froid et inexpressif. Riku laissa échapper un petit cri de surprise quand Zéphyr l'attrapa par le col, reculant tout en le serrant contre son flanc, se tournant pour le cacher aux regards.
"Non," répéta Zéphyr, son regard passant de Vincent à Cid, puis à Barret, "ne le touchez pas."
Qu'est ce qui se passait ? Pourquoi est-ce que Zéphyr était soudain terrorisé à l'idée de punir Riku ?
"Zéph," intervint Zack d'une voix étrangement douce et calme venant de lui.
"On ne le touchera pas," ajouta Cloud, "on ne lui fera pas le moindre mal, c'est promis."
De mal ? Pourquoi Zéphyr pensait-il qu'ils allaient…
Parce que c'était comme ça qu'il avait été puni, réalisa Vincent.
Parce que chaque fois qu'Hojo n'était pas content envers Vincent, il l'avait torturé, il avait tranché dans sa chair, l'avait frappé, poignardé…
Il avait fait pareil aux jumeaux.
A Nanaki.
A Zéphyr, qui n'avait été qu'un enfant.
Cette fois, c'était Vincent qui était furieux et Zéphyr tourna vivement la tête, serrant derechef Riku contre lui malgré les protestations de son fils.
"Personne ne lui fera de mal tant que je serai là," gronda Vincent dans sa langue natale.
Ça sembla un peu calmer Zéphyr, mais il ne lâcha pas Riku malgré les efforts de l'adolescent pour essayer de se dégager.
"Je peux ? " intervint Cid.
Vincent échangea un regard avec Zéphyr, mais finit par hocher la tête, laissant Cid approcher de l'adolescent.
Riku ne s'était visiblement pas attendu à ce que Cid intervienne dans la dispute familiale et son regard se fit incertain.
"Est-ce que tu sais pourquoi nous sommes fâchés ? " commença Cid.
Riku fronça les sourcils, confus et ouvrit la bouche, mais la referma aussitôt, se mordillant les lèvres avant de reprendre.
"Parce que je suis venu ? "
"Oui et parce que tu as désobéi, à ton père, à Vincent et à Ifalna. Tu t'es mis en danger."
Riku commença à protester mais se tut rapidement sous le regard sévère de Cid. Il allait falloir que Cid apprenne cette technique à Vincent, il allait probablement en avoir besoin à l'avenir.
"Je… j'suis désolé," finit par répondre Riku.
"C'est à moi que tu dois dire ça ? " rétorqua Cid en haussant un sourcil.
"Non, Cid…" admit Riku en se tournant vers sa famille, "Papa, Ji'san, je suis désolé."
"Bien," reprit le pilote, "à partir de maintenant et tant que tu seras sur le Haut Vent, tu devras aider l'équipage dans leurs corvées. S'ils te disent de cuisiner, tu cuisines, de nettoyer le pont, tu nettoies le pont. Compris ? "
"Oui, Cid."
"Et," reprit Cid en faisant signe à Vincent, "file-moi ton PHS."
Vincent obtempéra, l'allumant avant de le tendre à Cid qui le fit passer à Riku.
"Et tu vas appeler Ifalna immédiatement pour la rassurer et t'excuser, compris ? "
Cette fois, le visage de Riku s'effondra sur une expression catastrophée.
"Je… je peux faire la lessive à la place ? " proposa-t-il avec un sourire plein d'espoir.
"Appelle Ifalna."
Vaincu, Riku finit par prendre le PHS de son grand-père et composa un numéro, la mort dans l'âme.
"Est-ce que ça vous va à tous les deux ? " demanda Cid.
Zéphyr semblait encore nerveux et se contenta d'un simple hochement de tête, lâchant Riku qui en profita pour se réfugier dans un coin du poste de pilotage. Zéphyr le suivit des yeux et, remarquant enfin les regards sur lui, il se redressa, son expression se refermant avant qu'il sorte sans un mot.
Cid soupira.
"Lui et Riku ne peuvent pas se renier…"
"Je vais lui parler," déclara Vincent, "merci."
"Pas dans les moteurs, hein ? "
Vincent hocha la tête avec un petit sourire avant d'emboiter le pas à Zéphyr.
"Bon, le spectacle est fini ! " déclara soudain Cid, "Balthier, arrête d'espionner et concentre-toi sur ton cap, bordel ! Yuffie, Cloud si vous tenez à être malade, allez le faire à l'infirmerie ! Les autres, filez vous reposer ! "
"Ah, au fait, Capitaine, le moteur tribord remet ça, Fran dit qu'elle a entendu un truc," reprit Edgar.
"Je vais voir," déclara Shera, "montre-moi, Fran."
Le poste de pilotage se vida peu à peu, ne laissant que les deux Cid, Balthier, Edgar, Gippal qui aidait leur navigateur, et Riku qui se faisait visiblement vertement réprimander au PHS.
Le chef-mécanicien approcha de leur capitaine qui corrigeait la trajectoire de Balthier en maugréant.
"Belle démo d'autorité, Capitaine," murmura Edgar avec un sourire taquin.
"Je m'entraine sur vous," rétorqua Cid avant de jeter un petit regard vers Riku, "Ed, je compte sur toi pour garder un œil sur lui ? "
"J'ai un petit frère, je sais faire," répondit le blond avec un petit sourire amusé, passant un bras autour des épaules de Cid et s'appuyant sur lui. "Et… par curiosité, Capitaine, qu'est-ce que Hojo veut au gamin ? "
Cid laissa échapper un soupir explosif et se frotta les yeux en ronchonnant avant de reprendre, à voix plus haute.
"Faites-moi plaisir, jusqu'à ce que Shera ou moi vous donnions le feu vert, vous êtes tous aveugle, sourd et muet sur ce qui se passe dans le Haut Vent, compris ? "
"Oui, Capitaine ! "


"Réveille-toi, Cerbère."
Il est réveillé. Il voudrait ne pas l'être, mais Hojo fait toujours en sorte qu'il soit réveillé quand la séance commence.
Parfois c'est un scalpel planté dans l'épaule, ou dans le bras, parfois un cocktail d'amphétamines, un choc électrique quand il est énervé.
"Bien, tu voilà à nouveau parmi nous. J'espère que tu t'es bien reposé, nous avons beaucoup à faire aujourd'hui."
Oh non… Ça va être une longue séance cette fois.
Et il ne peut pas bouger. Il n'y arrive pas.
Au début, Hojo utilisait des drogues qui lui embourbaient l'esprit, qui l'empêchaient de réfléchir, d'atteindre sa limite, ou de réaliser ce qui se passait, qu'il le dépeçait vivant, mais il a affiné sa technique et sa matéria temporelle depuis.
Il avait été tellement content le jour où sa matéria s'était scindée à force de l'utiliser. Il en avait même oublié Vincent sur la table d'opération pendant quelques heures, pour étudier le processus de plus près.
Ça avait été la seule fois depuis le début de sa captivité que Vincent avait réussi à dormir, trop épuisé pour même penser à essayer de s'enfuir.
Il avait abandonné cette idée depuis ce qui lui semblait être des années maintenant.
Il avait arrêté d'essayer de compter les jours depuis plus longtemps encore.
Tout ce qu'il sait, c'est que Lucrécia est toujours enceinte.
Une douleur s'étendit dans son avant-bras, juste sous l'hideux tatouage noir à son poignet, lui arrachant un gémissement.
"Regarde-moi Cerbère ! ' gronda Hojo avant d'arracher son scalpel de la plaie, le jetant négligemment dans un récipient métallique.
Il obéit.
Ses bras et ses jambes sont tétanisés, ses muscles raidis à ne plus pouvoir le laisser bouger, mais il peut encore tourner les yeux. Et il regarde Hojo, penché par-dessus lui, qui le fixe avec dédain et agacement.
"Tu n'as pas l'air concentré, fais un effort, voyons. Si l'expérience avance bien," reprit Hojo en soulevant une scie, "je te promets que je n'utiliserais pas ceci."
Au début, Vincent avait insulté Hojo, l'avait maudit, avait hurlé de douleur, de rage.
Mais petit à petit, il avait arrêté.
Parce que ça rendait Hojo furieux, et qu'il n'en devenait que plus sadique encore s'il dérangeait son expérience.
Parce que ni prière, ni menace, ni jurons n'adoucissaient Hojo.
Parce que ça ne servait à rien, que personne ne viendrait à son secours.
Hojo grimaça de son mutisme et jeta l'instrument de torture sur la desserte près de lui.
"Tu as donc décidé que tu ne parlerais plus, c'est ça ? " continua le scientifique en approchant le chariot près de la table. "Très bien. Comme tu veux."
Il mit ses gants, puis son masque, alluma son magnétophone et prit un scalpel propre.
"Je vais t'aider. Passons au test de la régénération des cordes vocales."
Il pose la pointe du scalpel sur la peau de Vincent, juste sur sa gorge, le tranchant si aiguisé qu'il ne le sent pas au début.
"Inspire, Cerbère, ça ne fera presque pas mal."


Cid détestait le météore.
Outre la destruction imminente de leur planète qu'il apportait, cette foutue boulette bolognese géante enflammée polluait toute la lumière nocturne du ciel.
Impossible de voir ses étoiles avec la lueur rouge omniprésente qui émanait de l'arme. Et de ce que Esthar annonçait avec leurs mesures, le champ gravitationnel de Gaïa commençait à être impacté. Sous peu, il allait falloir renoncer à la boussole. Même Gippal, habitué à naviguer en mer avec des instruments plus rudimentaires, y perdait son yévonite.
Il fallait qu'ils arrivent au détroit au plus vite, avant qu'ils ne puissent même plus se diriger.
Cid dressa l'oreille en entendant la porte du poste de pilotage s'ouvrir. A cette heure-ci, presque tout le monde dormait, sauf Edgar qui était de garde aux moteurs avec Gippal, à surveiller ce foutu bruit récurrent.
Qui est ce que ça pouvait bien être ?
"Fin de quart, Capitaine," annonça Balthier en approchant.
Cid, à la barre du Haut Vent, fronça les sourcils, jeta un rapide regard à l'horloge sur le mur.
"J'ai encore deux heures," objecta-t-il.
"Et vous allez crapahuter dans Sin une bonne partie de la journée demain, vous allez avoir besoin de dormir," rétorqua l'Alexandriote tout en ajustant son orthèse.
"Balth…"
"Ordre de Shera," ajouta-t-il avec un grand sourire.
"C'est une mutinerie," marmonna Cid.
Balthier confirma d'un petit rire, mais Cid finit par lui laisser la barre, s'assurant que le passage de relais se faisait en douceur avant de laisser Balthier aux commandes.
Cinq ans plus tôt, il n'aurait jamais espéré reprendre le Haut Vent et encore moins laisser ce petit con le piloter, mais depuis Junon, le jeune homme semblait avoir mûri et décidé d'être responsable.
Enfin, un peu plus.
"Ah, et votre repas vous attend à la cambuse avec votre goth en bottes ! " ajouta Balthier.
Cid grommela une insulte en burmécien, histoire que Balth ne la prenne pas pour une invitation. Il retirait tout de suite ce qu'il venait de penser sur la maturité de son co-pilote.
Il se traîna toutefois à la cambuse. Il avait envie de fumer, mais vu la vitesse à laquelle ils allaient, il n'y avait pas moyen qu'il sorte sur le pont extérieur maintenant. Manger lui changerait les idées.
Et effectivement, Vincent l'attendait là, accoudé à la table, une assiette couverte devant lui. Pendant un moment, Cid crut qu'il lisait, penché comme il l'était, mais quand il approcha, il ne vit aucun livre ou tablette sur la table.
Vincent ne semblait pas l'avoir remarqué, ses yeux fixant le vide, le visage fermé.
"Vince ? " appela-t-il.
Cette fois, Vincent réagit, tournant la tête vers lui. Il fallut une ou deux secondes, mais il se redressa, lui adressant un petit sourire.
"Ah, Balthier a réussi à te mettre hors du poste de pilotage ? "
"Hm," répondit Cid, "je croyais que tu étais allé dormir, qu'est-ce que tu fais là ? "
Vincent se détourna cette fois, sous le prétexte de prendre l'assiette pour la réchauffer au micro-onde.
"Vince ? " reprit Cid.
"Ce n'est rien, je t'attendais…"
"Makoto."
C'était Yuffie qui le lui avait fait remarquer, quand ils avaient tous deux veillé Vincent après un de ses pires cauchemars[1].
Quand on l'appelait Vincent, c'était le Turk qui répondait, le pickpocket des taudis, le sniper, le tueur insensible.
Quand on l'appelait Makoto, c'était le maduin, le fils de Diablos, le gamin de Wutai qui courrait pieds nus et volait des fruits sur les arbres.
Et Makoto répondait généralement plus facilement que Vincent. Parfois.
"Cauchemar," finit par murmurer Makoto. "Je…"
Il se frotta la gorge d'une main, traçant une ligne sur sa gorge avant de se forcer à écarter ses mains, les reposant sur le four qui ronronnait.
"Hojo."
Qui d'autre ?
Ah, oui, Lucrécia. Chaos… Et d'autres que Cid ne connaissait pas mais avait parfois entendu Vincent supplier ou maudire dans son sommeil.
"J'ai déchiré les draps," finit par souffler Makoto d'un ton penaud.
"On piquera ceux de Shera, ça lui apprendra à squatter la cabine de Gippal dans mon dos," répondit Cid.
Le four sonna à ce moment, et Makoto se tourna pour récupérer l'assiette, la ramenant à table.
Pâtes à la sauce tomate. Avec quelques légumes dedans, ce qui était rare sur le Haut Vent. Qui que ce soit qui ait cuisiné avait dû se sentir inspiré.
"Riku ? "
"Hmm. Apparemment, Elmyra lui a déjà inculqué l'importance des légumes dans une alimentation équilibrée."
"T'as parlé avec Zéphyr ? " demanda Cid en entamant son plat.
"Hmm," répéta Makoto, "mais lui ne m'a pas parlé…"
Ça décrivait bien certaines conversations avec Vincent lui-même.
"Jamais vu quelqu'un aussi paniqué à l'idée de donner une punition," soupira Cid.
"Hojo," commença Makoto avant de secouer la tête et s'arrêter là.
Cid aurait préféré que son imagination débordante ne lui fournisse pas de théorie à ce sujet là, mais ça avait été trop tard dès le moment où Zéphyr avait réagi à l'idée de punir Riku.
Ce psychopathe avait visiblement décidé de pourrir la vie de cette famille sur trois générations.
"Ça ira demain ? " demanda-t-il, surveillant la réaction de Makoto du coin de l'œil.
"Je te demande pardon ? "
"Demain, on attaque Sin et y a de fortes chances que l'on débusque Hojo."
Et c'était fort probablement l'origine du cauchemar d'ailleurs. Makoto détourna le regard, s'accoudant à la table et cachant sa bouche derrière ses mains. Cid posa sa fourchette, lui prenant une de ses mains dans les siennes.
"Tu te sens prêt à l'affronter ? "
"Il le faudra."
Il eut une hésitation, tirant doucement sur sa main pour la reprendre, mais Cid ne le laissa pas faire.
"Il… Riku a raison," reprit Makoto. "Tant qu'Hojo sera en vie… Il sera en danger. Zéphyr sera en danger. Gaïa elle-même est en danger ! "
Cid sursauta à la brusque montée de ton de son amant et celui-ci grimaça avant de baisser à nouveau la voix.
"Il faut l'arrêter."
"C'est pas moi qui te dirais le contraire, putain," marmonna Cid, "mais… tu…"
Il entrelaça leurs doigts, tenant fermement la main de Makoto avant de la soulever pour déposer un baiser dessus.
"N'oublie pas un truc demain : Tu n'es pas seul contre lui. Nous serons tous là."
Makoto garda le silence, observant longuement Cid avant de soupirer doucement et s'appuyer contre son épaule, posant son crâne contre le sien.
"Il faut que je vous laisse m'aider ? "
"Tu crois qu'on te laissera le choix ? "
"Non," admit Makoto dans un souffle. "Qu'en dis-tu, Cloud ? "
Cid cligna des yeux et se redressa en entendant Cloud se racler la gorge. Le jeune homme passa la tête par la porte restée entrouverte.
"Cloud ? ! "
"J'espionnais pas ! " protesta le jeune homme, "j'attendais que vous ayez fini ! " ajouta-t-il en brandissant une assiette encore pleine.
"Tu arrives à manger ? " s'étonna Makoto, se redressant tout en lâchant la main de Cid.
"Nan, je…" commença Cloud en fixant l'assiette, "c'était pour Zack. Il dit qu'il n'a pas faim."
Cid laissa la main de son amant lui échapper, effleurant une dernière fois ses doigts avant de reprendre sa dégustation.
Quand toute cette histoire serait finie, il allait prendre Vincent au mot, mettre ses mômes dans le Haut Vent et filer sur une île la plus déserte possible histoire de pouvoir lutiner Vincent plus de cinq minutes à la suite sans être interrompu.
"Comment va-t-il ? " finit-il par demander pendant que Cloud remettait l'assiette au frigo, après l'avoir soigneusement enroulée dans du papier alu.
Le jeune homme grimaça, remplissant la bouilloire au robinet pour se préparer un thé au gingembre.
"Il dort pas, il mange pas…"
"Me rappelle quelque chose," marmonna Cid avec un regard appuyé à Cloud.
"Je sais," rétorqua Cloud en piquant un fard, "je… j'espère que… que ça ne sera jamais à ce point."
Vincent pouvait presque entendre ce que Cloud ne disait pas. Ça avait même été le sujet d'une dispute entre Zack et Aérith dont il se souvenait très bien.
Zack ne survivrait jamais à la mort d'Aérith.
Et sans Zack…
"Il y a des boissons protéinées dans le placard à ta gauche," indiqua Vincent.
Cloud cligna des yeux, se tournant rapidement pour ouvrir le placard.
"Oh ! Merci ! "
"Donnes-lui en une et essayez de dormir. Demain va être rude."
Cloud était déjà en train de secouer la boîte, fouillant la réserve de thé du Haut Vent de l'autre main. Il propulsa un sachet dans sa tasse, ajouta l'eau et reposa la bouilloire avant d'embarquer son butin alimentaire.
"J'y vais ! Allez dormir aussi ! "
"Je finis ça," répondit Cid en retournant à son assiette.
Il regarda le jeune homme disparaître, juste assez doucement pour ne pas renverser son thé et jeta un petit regard à Vincent à ses côtés.
"Donc, on compte Cloud dans le vol aussi, si je comprends bien ? "
"Tu peux parler," rétorqua Vincent en reprenant la main de Cid, "tu as déjà pratiquement adopté Zack."
Le sujet de leur discussion choisit ce moment pour repasser sa tête par l'ouverture de la porte.
"Mais, vous allez juste dormir hein ? Parce que demain…"
"Va au lit ! " rugit Cid.


/Debout tout le monde ! Il est 17H25, heure locale, le baromètre Fran a mis un pantalon et des chaussettes, et tous nos copains sont déjà là ! Vous avez quinze minutes pour sauter dans vos grolles ! /
Vincent laissa échapper un soupir mais repoussa la couverture, frissonnant dans l'air du matin et secoua doucement Cid par l'épaule.
"Cid, on y est."
"Hmrrr, déjà ? " grommela le dragoon avant de s'étirer, "quelle heure ? "
"17h25 locale," répondit Vincent en s'habillant le plus chaudement possible.
Cid resta assis quelques instants sur le lit, réfléchissant avant de se lever, cherchant ses propres habits.
"Pas loin de 22h et des brouettes en heure Midgard…" commença-t-il avant d'être interrompu par un tambourinage sur la porte de sa cabine.
"'Ji-san ! Cid ! Debout ! J'ai fait du café ! "
"Lui, par contre, il est en forme," soupira Cid en s'asseyant pour lacer ses bottes.
Une fois habillés et armés, Yuffie récupérée au passage et son équipement inspecté, ils purent rejoindre le reste de leur équipe.
L'ambiance était électrique, mais le silence dans le poste de pilotage du Haut Vent était pesant. Tout le monde était en armes, Shera et Barret dressant un dernier inventaire des potions, remèdes et talismans en les distribuant.
Il n'avait pas son canon habituel sur le bras, mais une prothèse d'aspect artisanal, reprenant des morceaux de son ancienne arme et d'autres additions.
"Où as-tu eu ça ? " demanda Cid, prenant immédiatement la prothèse entre ses mains pour l'inspecter.
"Gippal et Edgar ont réparé mon arme comme ils ont pu."
"Ou est-ce que vous avez trouvé un putain de laser et lequel de vous deux a eu l'idée de le lui coller sur le bras ? " gronda Cid.
Gippal désigna Edgar, qui lui adressa un doigt d'honneur en réponse avant de prendre une tape sur le crâne de la part de Shera.
"Siddhe, Edgar, Gippal. Pas devant Riku."
"C'était dans la caisse que nous a envoyé Jessie avec le canon mako, on s'est dit que ça serait moins néfaste pour son bras que la percussion des rafales…" expliqua Edgar précipitamment.
"Et le poids des munitions," ajouta Gippal.
"Et qu'est-ce qui l'alimente ? " grommela Cid d'un ton soupçonneux.
"Une pile mako," répondit Edgar.
"Une petite," précisa Gippal en écartant son pouce et son index d'un cheveu.
"Et on a mis un alliage isolant tout autour."
"Y'a vraiment des jours où je suis content que tu ais envoyé Scarlet se faire voir quand elle a tenté de te recruter au département de l'armement," maugréa Cid à son chef-mécanicien.
"Moi vivant, aucune de mes inventions ne sera construite à l'échelle industrielle," ronchonna Edgar, " et Sabin a ordre de détruire tous mes plans le jour de ma mort."
"Qui veut du café ? " s'exclama Riku en arrivant, tasses et thermos dans les bras.
"Combien de tasse t'en a déjà bu, toi ? " demanda Cid.
"Elmyra dit que ça nuit à la croissance," rétorqua Riku tout en commençant le service...
"Il n'a presque pas dormi," souffla Séphiroth en approchant de son père.
"Et toi ? "
"Suffisamment."
Vincent ne répondit rien mais s'appuya légèrement de l'épaule contre celle de Zéphyr, offrant autant de réconfort qu'il s'en sentait capable. Zéphyr fit de même, acceptant une tasse de café de la part de Riku qui repartit aussitôt en servir d'autres.
Par la verrière, Vincent voyait le paysage du détroit et les aéronefs amassés dans le ciel autour d'eux. Ils se trouvaient côté Corel, au-dessus d'une île de belle taille, quoique beaucoup plus petite que Golmore l'avait été et couverte d'une toundra déserte où subsistaient encore quelques ruines de maisons en briques. Quelques Blackjack étaient au sol, débarquant des corps d'armées et des unités de médecins et guérisseurs, installant les premières tentes de secours.
En face, Vincent voyait distinctement la côte sud de Grand Glacier, couverte du glacier qui lui avait donné son nom, étincelant dans la lumière de l'après-midi. Il y avait quelques escadrons au sol aussi, mais la côte était plus abrupte, empêchant l'accès direct à la mer.
"On ne pourra pas échouer Sin là," nota Vincent à voix haute.
"Ouais, c'est plus escarpé que la Commandante l'avait pensé," répondit Barret, "ils vont tenter une des îles côté Corel."
"Quelle va être la tactique à appliquer ? "
"De ce que j'ai compris il y aura trois tentatives des Falcons et des dragons pour pousser Sin sur une des îles de Corel Nord."
"Et si ça ne marche pas ? " demanda Yuffie.
"Feu nourri jusqu'à ce qu'il arrête de bouger," grommela Barret.
"Subtil," marmonna Cloud dans sa barbe.
"On est à cinq jours de la chute de météore, on verra pour le subtil si il y a un sixième jour," rétorqua Barret.
"Capitaine, tout le monde est en place, il ne reste qu'à attendre notre invité," indiqua le navigateur.
"Qui arrive," ajouta Gippal, penché par-dessus l'épaule de leur doyen, à observer le radar.
Ils y étaient. Le café avait soudain un gout de cendre dans la bouche de Vincent.
/Attention, avis à tous les aéronefs : Restez en position jusqu'au signal,/ déclara une voix de femme. /Je répète : Restez en position jusqu'au signal./
Elle répéta dans plusieurs langues et même si son gongan était atrocement charcuté par son accent de condor, il resta compréhensible.
"Finissez de manger vite, on risque de débarquer d'un moment à l'autre," conseilla Barret, malgré l'expression nauséeuse de Yuffie à l'idée d'avaler quelque chose.
Vincent lui caressa affectueusement le dos quand elle s'effondra dans la chaise la plus proche de lui et elle lui jeta un petit regard reconnaissant. Il profita du bref calme avant la tempête pour vérifier que son harnais était bien accroché, ses armes correctement rangées et rajouta un couteau sous son gantelet, pendant qu'elle même glissait un kunaï dans la manche de Vincent.
"Sois prudente, d'accord ? " demanda-t-il à voix basse.
"Toi aussi, ou je t'évacue en te trainant par les pieds," rétorqua Yuffie.
/Estimation de l'arrivée de Sin : 3 minutes,/ annonça la voix de la commandante.
"Il est là," murmura soudain Riku, posant délicatement le thermo avec lequel il servait Maître Cid...
Vincent se tourna vers lui et frissonna en voyant l'étrange lueur dans les yeux de Riku, comme s'il venait de recevoir une dose de mako.
Il n'y avait qu'une explication possible.
Il toucha l'épaule de Riku, le tournant entièrement vers lui.
Elle le regarda.
Mais tout aussi vite, Elle disparut, ne laissant que Riku qui cligna des yeux, détourna le regard et s'élança soudain vers le couloir, sans un mot.
"Riku ! " l'appela Zéphyr avant de lui emboîter le pas.
"Ça commence ! " lança l'adolescent par-dessus son épaule.
"Oh, drekaskìtur, Balthier, mets-toi en vol stationnaire," soupira Cid.
Quand Vincent, Barret et Yuffie sur les talons, arriva sur le pont extérieur, Zéphyr était en train d'attacher une ligne de sécurité à la ceinture de Riku, qui était déjà à moitié penché par-dessus la rambarde. Il fallut que son père le soulève pour l'éloigner du vide. Yuffie fut vite à côté d'eux, en profitant pour se pencher et nourrir les poissons.
"Qu'est-ce qui se passe ? " demanda Barret en arrivant à son tour.
"Il est là ! " s'exclama Riku en désignant les flots.
Vincent se pencha à son tour, gardant une main sur la ceinture de Yuffie. Grâce à sa vision augmentée, il pouvait apercevoir les falaises de l'entrée du détroit, hautes et escarpées mais pas de trace de Sin. Comment Riku…
L'eau entre les falaises sembla exploser quand Sin sortit des flots bondissant avec la même agilité dont il avait fait preuve à Golmore. Visiblement, le plan des Anciens avait l'air de fonctionner. Bloqué par l'étroitesse du passage, Sin ne devait pas avoir le choix que de passer en surface.
Il avait l'air particulièrement pressé cela dit et la raison en fut vite évidente, une seconde forme, plus petite que Sin mais à la silhouette similaire, passa à sa suite, soulevant au moins autant de vagues que lui.
"Baleine blanche ! " s'exclama Yuffie en la désignant.
Barret se tourna pour suivre la direction qu'elle indiquait, à temps pour voir une seconde baleine blanche sauter hors des flots, à la poursuite de Sin. Celle-ci était presque aussi grande que le monstre, ses longues nageoires semblant presque fragiles en comparaison de sa masse.
"Titans ! " s'exclama-t-il.
"C'est Bismarck ? " demanda Zéphyr.
"Si c'est elle, je prends des photos pour Reeve ! " rétorqua Yuffie en sortant son portable.
"Y'a des serpents marins en face ! " s'exclama Riku en tentant de retourner près du bord malgré la prise de son père sur lui.
Yuffie fit un demi-tour si rapide que Vincent crut voir double quelques secondes. Elle se serait déplacée avec sa matéria escapade qu'elle n'aurait pas été plus vite. Elle lui échappa rapidement et il eut le soulagement de voir que Zéphyr avait eu le réflexe de la retenir elle aussi pour l'empêcher de passer par-dessus bord. Attrapant une ligne de sécurité, il l'harnacha rapidement avant de se faire de même avec lui et se pencher avec précaution, regardant à nouveau la surface des flots. Il voyait une longue ligne sinueuse se diriger vers Sin, accompagnée de quelques autres plus petites, des crêtes hérissées fendant l'eau en de longs tracés d'écume.
Sous eux, le sens des vagues s'infléchit soudain, les courants marins convergeant vers Sin au lieu de le porter à travers le détroit. La silhouette du monstre techno-magique ralentit, sa trajectoire se faisant moins droite, jusqu'à ce qu'il vire soudain de bord, essayant d'échapper au piège des léviathans.
"Il essaye de fuir," comprit Zéphyr.
"Espérons que les baleines l'en," commença Vincent.
Une baleine blanche percuta Sin de côté, provoquant une énorme vague, mais la créature sombre, plus grande, tanga à peine avant de se tordre, plongeant plus profondément sous son adversaire.
"S'il arrive à retrouver les hauts fonds, c'est fini ! " tempêta Barret.
Yuffie était en train de passer de gauche à droite, tâchant d'observer le champ de bataille sous leurs pieds, tant et si bien qu'elle finit par emmêler sa ligne de sécurité avec celle de Vincent.
"Calme-toi," ordonna-t-il en la retenant d'une main, essayant de démêler leurs lignes.
"Ils sont en train de manipuler les courants marins ! " piailla-t-elle.
"Comment ça ? " demanda Barret.
Yuffie désigna la mer sous eux, faisant un grand geste suivant la troupe de léviathans.
Maintenant qu'elle le montrait, Vincent pouvait le voir.
Les dragons marins contournaient Sin, non pas pour lui échapper, mais pour entraîner l'eau après eux, comme Yuffie l'avait fait dans le canal de Midgar.
"Ils l'encerclent ? " s'étonna Zéphyr.
"Un tourbillon," corrigea Vincent. "Ils vont le prendre dans le courant d'un tourbillon."
"Ça va mettre un de ces vracs dans l'écosystème," marmonna Yuffie.
"C'est quoi un écosystème ? " demanda Riku, la question tellement inattendue que Vincent resta bouche bée en cherchant la définition.
"Repose-moi la question quand tout ça sera fini, "répondit Barret, usant, par réflexe, de sa voix de père occupé.
"On dirait que ça marche," nota Zéphyr.
En effet, sous leurs pieds, la masse sombre de Sin semblait être forcée de tourner, poussée par les courants d'un côté, par les attaques des baleines blanches de l'autre. Désorienté, attaqué de toutes parts, l'arme techno magique tenta à nouveau de plonger, mais fut percuté par une autre baleine blanche et il remonta à la surface, une grappe de points noirs s'égaillant de son dos en direction de ses agresseurs.
"Aie, il largue les squames," comprit Barret
Une baleine blanche parmi les plus petites s'écarta précipitamment, son dos constellé de squames et une seconde la suivit, tentant de se frotter contre elle pour la débarrasser des monstres. Sin profita de l'ouverture pour foncer dans le banc de léviathans passant à proximité.
A cette hauteur et gêné par l'eau, Vincent n'était sûr s'il avait percuté un des léviathans ou s'il l'avait mordu en travers du corps, mais la régularité du tourbillon vacilla et Sin poussa pour échapper au courant, emportant sa proie avec lui et dispersant la troupe des léviathans comme des mouches. Le Léviathan capturé s'agitait comme un serpent, essayant de se dégager, mais sans succès.
Heureusement, les lignes de sécurité de Vincent et Yuffie étaient encore emmêlées, empêchant la ninja de bouger à sa vitesse habituelle et Vincent réussit à la retenir avant qu'elle ne saute par dessus bord.
"YUFFIE ! " Protesta Barret quand Vincent la ramena sur le pont.
"Laisse-moi y aller ! " hurla Yuffie.
"Pas question, tu vas te tuer en sautant de cette hauteur," gronda Vincent, la retenant contre lui de son bras de démon.
"Oto-sama ! "
Vincent craignait plutôt que ce soit Da Chao elle-même qui ait été attaquée, vu la taille du léviathan. Et c'était même plutôt inquiétant que Sin parvienne à tenir tête à un Ancien sous sa vraie forme.
"Makoto ? " appela Cloud d'une petite voix qui ne lui ressemblait pas, "tu devrais venir voir ça."
Vincent se tourna vers les jumeaux. Ils étaient tous deux penchés par-dessus bord, côté Corel et il les rejoignit, entraînant Yuffie avec lui.
Zack tendait le doigt dans une direction, mais il n'en eut pas besoin pour voir ce qui les fascinait à ce point.
Sur la terre ferme, là où une partie de l'armée était déjà amassée, une troupe de guerriers chamarrés se déplaçait rapidement, accompagnant une grande créature.
C'était un loup gigantesque, s'il en croyait l'échelle des chocobos qui l'escortaient au galop, d'un gris argenté aux reflets mauve et étrangement, coiffé de longues cornes courbées, qui se ruait vers la mer avec un hurlement de rage.
"Maduin ? " demanda Zack.
"Maduin," confirma Vincent.
L'attroupement de maduins fendit la foule des soldats sans ralentir, les obligeant à s'éloigner de leur chemin en catastrophe, certains d'entre eux, probablement des natifs de Centra, empêchant leurs alliés de tirer sur le loup géant. Les cavaliers chocobo stoppèrent sur la plage, incapable d'accompagner leur Ancien plus loin, mais Maduin ne ralentit pas, accélérant même jusqu'à sauter d'un bond gigantesque dans l'eau du Détroit, sa nage se faisant rapidement plus serpentine que canine avant de plonger soudainement.
De la terre, les soldats n'avaient dû voir que le loup disparaître sous l'eau.
De là-haut, Vincent vit très nettement sa silhouette s'allonger, devenant à son tour un serpent de mer, presque aussi grand que celui aux prises avec Sin.
"Où y va ? " demanda Cloud en se penchant encore plus, obligeant son frère à le retenir d'une main.
"Aider sa grand-mère," répondit Vincent, s'écartant de la rambarde pour rejoindre celle opposée à grands pas afin de ne pas rater une miette du spectacle, Yuffie toujours accrochée à lui.
"C'est CA que les Anciens appellent être discret ? " protesta Barret quand il fut à nouveau près de lui.
"Maduin en a un peu rien à carrer des règles et des ordres," expliqua Zack en arrivant à son tour.
"Ça explique tellement de choses à votre sujet," rétorqua Barret.
"Ah non," protesta Cloud, "ça, ça vient de Maman."
Maduin dépassa les baleines blanches, traversa le reste du tourbillon et percuta le flanc de Sin avec presque autant de force qu'un enfant de Bismarck, faisant vaciller Sin avant de l'enrouler dans ses anneaux.
Maduin avait toujours ses cornes sous sa forme de léviathan. Vincent ne savait pas si c'était par choix, ou si c'était la seule partie de son corps qui ne changeait pas, mais il les vit distinctement quand Sin émergea, les deux léviathans toujours cramponnés à lui. Il vit Maduin resserrer ses anneaux, relever la tête en dévoilant ses crocs impressionnants…
"Non ! " Protesta Cloud.
"Maduin ! LE MORD PAS ! " glapit Zack, cramponné à la rambarde à la faire grincer.
L'Ancien ne mordit pas.
Il cracha un jet de feu intense sur la blessure purulente qui s'étendait déjà sur le crâne du monstre techno magique.
Cette fois, Vincent eut le réflexe de se boucher les oreilles, imité par Zéphyr et les jumeaux, mais même Barret grimaça de l'intensité du hurlement de douleur de Sin.
"Ça marche aussi," finit par admettre Zack.
"Il peut faire CA ? " s'étonna Barret.
"Ifrit est aussi son grand-père," déclara Vincent.
/J'ai l'impression de voir un combat de kaiju ! / lança Cid dans l'interphone.
"Ouais, ben j'espère que les armées en bas seront pas touchés ! " rétorqua Barret en se retenant comme il pouvait à la rambarde.
/Justement, ils sont en train d'ordonner une retraite sur deux cents mètres, on doit s'éloigner, les forces aérienne déboulent, tenez-vous bien ! /
"Il faut qu'on rentre ? " demanda Yuffie, cramponnée à Vincent.
/Pas le temps ! Balth, monte ! /
/Oh, putain,/ lança la voix de Balthier.
Le Haut Vent fit une embardée, virant de bord et tous les augmentés se cramponnèrent à leur câble et à la rambarde. Vincent réussit à rejoindre Barret avec Yuffie, les aidant tous les deux à rester accrochés. Un Falcon passa sous eux avec un bruit de moteur assourdissant, accompagné d'un grand dragon bleu, à peine plus petit que Cid sous cette forme. Plus agile, le dragon parvint à se glisser entre les deux aéronefs, tournant légèrement la tête vers le Haut Vent pour le fixer du coin de l'œil avant d'accélérer et prendre de l'avance sur les véhicules, rejoignant les autres dragons dans la première vague d'attaque.


"Oh, putain," répéta Balthier quand le dragon bleu passa juste sous eux, le bout de sa queue ondulant à quelques mètres de la verrière du Haut Vent.
"Sansa," ajouta Gippal, toujours cramponné au siège de Maître Cid.
"Quelqu'un peut me dire ce qui se passe ou on joue aux devinettes ? " s'enquit sarcastiquement celui-ci.
"Y'a un putain de dragon qui vient de nous passer dessous et il ne nous as même pas cramé ! " glapit Balthier.
"Panique pas, c'est le dragon de mon… de mon père," grommela Cid, posant une main sur la roue pour stabiliser leur vol, "reste concentré, prend le comme un Falcon très maniable à sale caractère qui mords si tu le percutes."
"Euh, Capitaine ? " risque Edgar, "c'est normal qu'il n'ait pas de cavalier ? "
"Ed ? "
"Oui ? "
"Aveugle, sourd, muet."
"Oui, Capitaine."


Un dragon plongea vers les flots, les rasant de peu en poussant un hurlement strident et ajouta un second jet de flammes sur le crâne de Sin avant de reprendre de la hauteur. C'était probablement un signal pour les Anciens des eaux, car les baleines s'éloignèrent à toute vitesse, vite imitées par les léviathans, qui partirent plutôt à l'attaque des squames tentant toujours de défendre Sin. Maduin relâcha Sin, plongeant sous l'autre dragon d'eau pour l'aider à nager et s'éloigner.
Ce devait définitivement être Da Chao et Vincent espérait qu'elle n'avait pas été trop gravement blessée, mais une fois loin de Sin, elle sembla nager plus facilement. Et, plus rassurant encore, elle ne laissa pas de trainée de sang après elle.
Un vol de dragons passa en premier, larguant autant de souffles enflammés qui obligèrent Sin à replonger, et même si les tirs des Falcons ne purent l'atteindre, ils fauchèrent quelques squames au passage et éparpillèrent les léviathans.
"Cid ! Ils risquent de toucher les bêtes sacrées ! " protesta Barret.
/Je savais que c'était une mauvaise idée,/ grommela le blond, /Cid, ouvre-moi un canal vers le premier gradé que tu trouves ! /
"Ça ne marchera pas," réalisa Zéphyr qui n'avait pas bougé, Riku toujours fermement tenu contre lui, "dès que les léviathans arrêteront le tourbillon, Sin va essayer de s'enfuir."
"Il faut l'achever," déclara Riku d'un ton étrange.
"Avec quel canon mako ? " protesta Yuffie en montrant le Haut Vent.
"Je t'emprunte Souleater," déclara soudain Riku.
Zéphyr baissa les yeux sur la main posée sur son cœur, puis sur le profil de son fils.
La Déesse fixait le champ de bataille sous eux, Ses yeux, même de profil, illuminant le visage de Riku.
Et avant qu'il ait pu protester, Souleater sortit de son corps comme du fourreau d'une épée[2] et la Déesse l'empoigna, la brandissant devant Elle.
"Ah, putain," marmonna Barret.
Zéphyr aurait pensé que l'arme prendrait une forme de sceptre entre les mains de la Déesse, comme au palais Cetra, mais quand Minerva dirigea Souleater vers Sin, ce n'était déjà plus une épée, ni un sceptre.
La hampe se courbait gracieusement autour des mains de la Déesse, une ribambelle d'ailes dorées poussant symétriquement de chaque côté, jusqu'à ce qu'Elle ne puisse en poser le bas au sol, gênée par la taille de Riku. Elle tendit une main sur le côté et une flèche dorée apparut, sa pointe étincelant d'un vert brûlant.
Un arc.
La Déesse maniait un arc de Sacre.
Puis Elle leva son arme, les petits bras de Riku tendant aisément l'arc gigantesque.
"Pardonne-moi, Mon enfant. Tes souffrances s'arrêtent bientôt."
Et Elle lâcha la corde de l'arc.
La flèche traversa les airs avec un sifflement digne d'Ultima, plongeant vers les vagues.
D'abord, il n'y eut rien. La flèche tomba dans l'eau sans aucun effet.
Et soudain, les flots s'écartèrent, comme repoussés par un champ de force, dévoilant Sin, se tordant de douleur au fond du détroit, la flèche lumineuse plantée dans son front comme un cure-dent irradié de mako.
Puis l'eau recouvrit à nouveau la scène, et le silence revint sur le pont extérieur.
"Putain," répéta Barret, visiblement assez choqué pour ne pas retenir ses jurons devant Riku et Yuffie.
"Je me sens pas bien," gémit Riku pendant que l'arc disparaissait dans un nuage de poussière noire.
Séphiroth non plus.
Et une fois qu'ils eurent tous deux vidé le contenu de leur estomac par-dessus bord et que Barret et Vincent les eurent trainés dans le poste de pilotage, ils purent commencer à faire le tri.
Cid se faisait enguirlander en direct par un gradé. Il avait un casque sur une oreille, une main sur le micro et grimaçait de la volée de bois vert qu'il était en train de prendre.
/Haut Vent, c'était QUOI ce truc ! Je croyais que vous n'aviez plus d'armement ? ! /
"Vous en ratez pas une tous les deux," grommela Cid avant de prendre la communication, "ici le Haut Vent, c'était un canon à mako expérimental, on l'a piqué à Junon avant de partir."
/La Commandante aura votre peau si vous cachez des trucs pareils ! Vous ne voulez pas en remettre une couche qu'on soit sûr que Sin est mort ? /
Cid jeta un regard à Riku qui titubait sous la main de son père et soupira.
"On peut pas, il va y avoir besoin de plusieurs heures de refroidissement avant de pouvoir recharger. Il va falloir le finir à la main."
/Dommage,/ maugréa le gradé, /écartez-vous, la deuxième vague d'ailés va attaquer ! /
"A vos ordres, Général," répondit Cid avant d'éteindre le micro, "Balth, vire de bord, essaye de retourner vers l'intérieur des terres. Tout ceux encore dehors, rentrez vite ! "
"Oui, Capitaine ! "
Vincent et Zéphyr assirent Riku sur les marches menant à la verrière du poste de pilotage et Vincent les laissa là le temps de regarder la seconde vague d'assaut attaquer Sin.
Ce fut visiblement plus aisé. Sin flottait à la surface, immobile, son dos immense bombardé du feu des dragons et des canons mako des Falcons. Il frémit à peine aux impacts, comme paralysé.
"Qu'est-ce qu'il a ? "
"Je dirais que l'attaque a dû abîmer son cerveau et le priver de ses facultés de mouvement," commença Shera, penchée près de Vincent, "mais de ce que disait Riku, il n'a presque plus de cerveau…"
"Ça a tué les al Bhed," gémit Riku.
"Les Al Bhed ? " répéta Zéphyr, une main sur l'épaule de Riku.
"Ceux qui pilotent Sin ! Je voulais pas ! " ajouta Riku, une note de terreur dans la voix, "je voulais pas les tuer, mais c'était… c'était la seule façon d'arrêter Sin ! "
"Cid ! " s'exclama Yuffie en arrivant à son tour, " les baleines et les Léviathans sont en train de pousser le corps de Sin vers le rivage ! "
"Il est encore en vie," balbutia Riku avant de redevenir verdâtre et d'attraper le sac de papier que lui tendait Cloud.
Zéphyr lui retint les cheveux en arrière d'une main, ne se sentant pas très frais lui-même. Il avait été pris d'un violent haut le cœur au moment où Sin avait été touché par la flèche et continuait à se sentir nauséeux. Est-ce que c'était de ça que Riku avait parlé quand il avait dit sentir la douleur de Sin ?
Et Aérith était toujours dans Sin, qu'est-ce qu'elle pouvait ressentir ?
La voix de la femme retentit à nouveau dans les hauts parleurs de l'aéronef.
/Haut Vent, préparez-vous à atterrir, les SOLDATs et les militaires Condor vont vous ouvrir un passage vers Sin, vous savez par où vous allez passer ? /
"La sortie des ballasts," souffla Riku.
"Les ballasts ? C'est où ça ? " demanda Cid.
"Pas loin de ses yeux, avant les nageoires de devant, je crois, y'a un trou de chaque côté, avec un sas," répondit Riku.
Cid haussa les sourcils mais ne commenta pas de la précision des indications, les transmettant aussitôt à l'état-major.
/Très bien, préparez-vous à atterrir dans le corridor sécurisé et attendez mon signal pour débarquer ! Capitaine Von Ronsenburg, Brigadier-General Raines, ouvrez le champ pour Avalanche./
"A vos ordres."
Cid tendit le casque à Balthier et lui donna quelques ordres avant de se tourner vers Barret.
"C'est l'heure."
"Tout le monde au pont inférieur, on débarque dès qu'on a touché terre ! " s'exclama Barret.
Fran tendit sa lance à Cid, pendant que les jumeaux empoignaient leurs armes, les hissant sans difficultés sur leur dos avant de partir au pas de course vers le pont inférieur. Vincent vit Edgar glisser quelque chose de petit et très rouge à Yuffie qui eut l'air ravie avant de le ranger précipitamment dans sa poche, affichant un air innocent.
La capacité de Yuffie à trouver des explosifs ou qu'elle soit était peut-être un peu inquiétante, mais honnêtement, plus elle serait armée, plus Vincent serait rassuré[3].
"Il reste ici," annonça Zéphyr en poussant son fils dans les bras de Fran qui hocha la tête. "Ne le quitte pas des yeux."
"Oui," répondit la viéra, prenant l'adolescent contre elle.
"Juste pour être sûr, on a toujours rien vu, hein ? " demanda Edgar.
"Vous êtes tous aveugle, sourd, muet ! " rétorqua Cid de la porte du poste de pilotage...
"T'as oublié amnésique ! " lança Edgar dans son dos.
"ET VA TE FAIRE FOUTRE ! "


[1] Ce cauchemar-là peut être lu dans le chapitre 23 de Boules de neige: Cauchemar - Vincent
[2] Moment cassage de mythe: Vous avez vu Utena ? Ben voilà, ça fait ça.
[3] Y'a toujours des gens qui pensent que Vincent a une bonne influence sur elle ? Vraiment ?