Chapitre 67 : L'aventure intérieure
Résumé :
Ça y est.
Sin est immobilisé et il est temps d'entrer.
Ça risque fort de ne pas être une balade de tout repos pour Avalanche, mais au moins Riku est bien à l'abri sur le Haut Vent, n'est-ce pas ?
N'est ce pas ?
Personnages :
Team Avalanche, Team SOLDAT+Qestra, Team Haut Vent, Team Sin
Tags spécifiques au chapitre :
Yuck factor, et je ne plaisante pas, ils vont se balader DANS une créature techno-biologique, ca va pas sentir la rose, décès tragique du hoodie des jumeaux, Goddess Powered Teenager, la subtilité c'est pas le truc des anciens, surtout pas celui de Minerva, référence à de l'expérimentation humain, et je répète : body horror, même si le corps en question est celui d'une baleine géante, surtout si c'est celui d'une baleine géante.
Aérith resta immobile, le cœur battant, cachée derrière le lit renversé, agenouillée sur le sol vivant.
Ses mains étincelaient, posées à plat contre la peau de l'organe -les poumons, c'étaient des poumons atrophiés et creusés à coup de sorts, cautérisés par le feu et la foudre.
Il fallait qu'elle soigne. Elle ne savait pas qui, ni pourquoi, mais elle devait soigner. Tout lui faisait mal, la lumière, l'air, sa peau, les chocs qu'elle -il- sentait contre lui -elle-, lui brisant ses écailles, meurtrissant ses muscles.
Absorbée par sa tâche, elle ne sentit pas la porte s'ouvrir dans le mur et sursauta quand le lit fut brutalement soulevé et jeté sur le côté dans un fracas de bois brisé.
L'homme qui sentait les fleurs était agenouillé près d'elle, une main toujours levée, son autre bras pendant à ses côtés, immobile.
Il la regardait sans un mot, seule sa bouche, sa barbe et la pointe de son nez visible sous ses cheveux rouges desséchés, mais avant qu'il ait pu dire le moindre mot, la Calamité entra.
Il dut plonger sur le côté lorsqu'un sort lumineux sortit des mains d'Aérith.
La Calamité eut à peine le temps d'esquiver, bondissant en arrière par la porte pour laisser le sort s'écraser contre le mur de chair.
Aérith se levait pour recommencer quand un choc ébranla à nouveau Sin et elle tituba droit sur l'homme aux cheveux rouge qui lui attrapa les deux poignets d'une main.
"Elle va mieux," cracha la Calamité en s'approchant, observant l'impact qui fumait sur le mur.
Elle jeta des vêtements au sol, devant l'homme.
"Habille-la."
"Oui, Mère," répondit l'homme, gardant un bras autour de la taille d'Aérith pour ramasser les habits.
"Fais vite nous…"
Quelque chose traversa le front d'Aérith, la faisant hurler de douleur.
Non. Non pas son front. Celui de Sin.
Mais ça faisait aussi mal que si c'était elle qui avait reçu un coup -une flèche, c'était une flèche de sacre - comme si son cerveau était en train de se fendre en deux.
Un bref moment, elle eut l'impression de flotter.
Et ils atterrirent brutalement la seconde suivante, le sol de la pièce secoué de sursauts de douleur sous eux.
"Qu'est-ce qui se passe ? " lâcha l'homme, tenant toujours Aérith contre lui.
"Habille-la, VITE," ordonna la Calamité en se relevant, "Sin est attaqué."
L'homme aux cheveux rouge la mit debout, lui enfilant un pull par-dessus le tee-shirt crasseux qu'elle portait. Elle protesta de l'absence de soutien-gorge avant de réaliser que la Calamité se tenait toujours près d'elle et tenta une autre attaque.
Cette fois, sur ses gardes, la créature répliqua d'une gifle qui jeta Aérith au sol, malgré les efforts de son gardien pour la retenir.
"Et musèle-la ! "
"J'ai pas de matéria," rétorqua l'homme.
La Calamité lui jeta un globe vert d'un geste agacé, qu'il saisit au vol, sa grande main se refermant sur la petite bille. Il regarda la matéria pensivement, passant son pouce dessus avant de plaquer sa paume contre son épaule.
Aérith le vit avec horreur enfoncer la bille crystalline dans sa peau, avec à peine une grimace douloureuse. Il retira sa main, la matéria brillant dans la craquelure et tendit ses doigts vers elle.
Elle tendait les mains vers la blessure pour le soigner quand il posa son pouce sur ses lèvres.
Silence.
Sommeil.
Et elle s'effondra.
Quand ils arrivèrent devant la montagne de chair qu'était Sin, le chaos des combats régnait déjà. SOLDATs, troopers de tous horizons et militaires de Condor étaient en train de lutter contre des squames, tentant de garder un chemin ouvert jusqu'à Sin. Les maduins s'étaient joint à eux, et si leur technique d'assaut était moins disciplinée que celles de militaires entraînés, entre leur pure envie d'en découdre et leur esprit de meute, à vingt contre un, les squames ne faisaient généralement pas long feu.
"Utilisez la foudre ! " conseilla Cloud en passant près d'un groupe de vagabonds en voiles chamarrés, aux prises avec un grand squame.
"Merci, mon frère ! " répondit une des maduins, rabattant son poncho en arrière pour libérer ses mains, un sort crépitant déjà entre ses doigts.
Barret grimaça quand le sort s'abattit derrière eux, suivit des cris de victoire des maduins, et pressa le pas. Vincent et lui n'eurent qu'à tirer quelques fois pour écarter les monstres les plus agressifs et ils arrivèrent sans tarder devant l'arme techno magique échouée sur la plage.
Il respirait toujours.
C'était peut-être ça qui était le plus étonnant. Malgré le combat contre les léviathans et les baleines, malgré les attaques des dragons et des aéronefs, malgré le fait qu'il soit échoué sur le sable de Corel, plus haut que le Haut Vent, le côté de son crâne grésillant encore des sorts de feu qu'il avait pris, Sin était toujours vivant.
Mais son dos se soulevait lentement, sa respiration râlante aussi tonitruante qu'un moteur d'aéronef. Il avait plusieurs yeux fermés, et la flèche, brillante mais minuscule, était toujours fichée sur son front, ses nageoires étendues autour de lui, se crispant parfois pour tenter de chasser les humes qui l'escaladaient, mais sans arriver à bouger plus qu'un frémissement.
Sin, la terreur de Gaïa depuis plus d'une décade, était en train de mourir.
Le Capitaine Von Ronsenburg était là aussi, supervisant ses hommes en train d'installer des échelles pour atteindre une valve de la taille d'un homme sur le côté du crâne de la créature.
"Capitaine," salua Barret.
"Lieutenant. Qu'est-ce que Hamasaki a ? "
Zéphyr était apparemment à nouveau malade et vomissait dans le sable, Cloud et Vincent penché sur lui pour l'aider.
"J'ai plus de sac," déclara Cloud pendant que Nanaki se tournait pour enfouir le résultat sous des tas de sable à grands coups de pattes.
"Ça ira ? " demanda Barret.
"C'est bien le moment d'avoir l'empathie des guérisseurs-nés qui se réveille," maugréa Zéphyr en se redressant, acceptant la gourde de son père pour se rincer la bouche.
"Il a été gravement blessé il y a quelques jours, il ne devrait pas être sur le front," objecta Von Ronsenburg.
"Il vous écoute quand vous lui dites ce genre de chose ? " rétorqua Barret.
Le capitaine blond soupira en secouant la tête. Le temps où Zéphyr l'écoutait sagement n'avait pas duré plus d'un mois à Wutai, merci à Vaan.
"Vincent et les jumeaux seront avec lui, le reste d'Avalanche suit pour couvrir leurs arrières," déclara Barret pour le tranquilliser.
"Nous restons ici pour empêcher les squames de revenir défendre Sin. Soyez prudent."
"Attention dessous ! ! " cria quelqu'un en hauteur.
Le temps que Barret lève les yeux, un flot d'eau sale sortit de la valve, emportant un jeune SOLDAT. Fort heureusement, Basch avait les réflexes des augmentés et lança immédiatement décubitus sur son subordonné, qui fut presque aussi vite pris en charge par un de ses camarades, le ramenant vers le sol en le traînant par le pied.
"C'est la troisième fois," soupira Vossler, lui aussi bien humide.
"Que quelqu'un aille dire aux condoriens d'arrêter de forcer l'entrée de l'autre sas, il va continuer à nous arroser," grommela Basch alors que le jeune SOLDAT touchait le sable, couvert d'eau sale et de mucus.
"L'autre sas ? " s'étonna Cid.
"File en décontamination," ordonna Basch à son subordonné avant de répondre, "le sas de l'autre côté du crâne a été cautérisé par les dragons, pour l'instant, c'est le seul accès possible."
/Jessie fidèle au poste ! / s'exclama leur opératrice radio dans leurs modules, /vous êtes dedans ? /
"Hey, Jessie ! " s'exclama Yuffie.
"Pas encore tout à fait, on attend que Sin ait fini de vider ses ballasts," répondit Barret.
"Capitaine ! C'est bon ! " lança un SOLDAT du haut de l'échelle. "la voie est libre ! "
"Descendez alors ! Laissez Avalanche faire leur travail ! "
Barret eut un sursaut quand une des silhouettes en haut de l'échelle se laissa purement tomber vers le sol, une chute de plus de vingt mètres, mais après avoir rebondi souplement sur plusieurs bosses du corps de Sin, Qestra atterrit souplement au sol près des deux supérieurs hiérarchiques[1].
"Et empêchez-le de faire des acrobaties ! " ajouta Von Ronsenburg à l'attention de ses hommes qui descendaient à leur tour.
"On en est encore à l'utilisation de la chasse d'eau, Capitaine," rétorqua Ramza.
"On en est encore à oui, non et stop," corrigea Vossler.
Au minuscule sourire moqueur qu'affichait le viéra, il comprenait visiblement un peu plus que ça.
"Vous êtes prêt ? " demanda Barret à ses hommes.
Zack le prit visiblement comme un ordre et commença à escalader l'échelle, vite suivi par son frère. Leur lieutenant soupira longuement avant de faire signe à Zéphyr d'y aller à son tour.
"Veille sur eux, Vincent."
"Promit," répondit Vincent avant de serrer l'épaule de Yuffie et d'escalader l'échelle à la suite de son fils.
"Attends," l'arrêta Cid en le retenant par la ceinture.
Vincent interrompit son geste, tournant la tête vers Cid qui en profita pour tout simplement lui rouler une pelle. Et pour une fois, ni Yuffie, ni les jumeaux ne rebondirent sur la démonstration d'intimité entre leurs figures d'autorité respectives.
Les SOLDATs en revanche, ne se privèrent pas pour les siffler.
"Tu fais gaffe et tu reviens en un morceau, compris ? " murmura Cid.
Vincent cligna des yeux, toujours surpris quand Cid prenait l'initiative en public et hocha la tête avant de commencer à escalader l'échelle après Zéphyr.
Yuffie et Barret se tournèrent vers Cid, l'une souriante, l'autre un sourcil haussé.
"Quoi ? " se défendit Cid d'un ton rogue pour cacher son embarras, "si ça marche, je vais pas m'en priver ! "
"Même si ça marche, je ne vais certainement pas commencer à rouler des pelles aux jumeaux," rétorqua Barret avec un petit sourire.
"Ni Basch à Zéphyr," ajouta Vossler en ricanant.
Quand Barret arriva à son tour en haut de l'échelle, bon dernier et portant un Nanaki boudeur dans un harnais canin allégé d'un décubitus, le reste d'Avalanche était rassemblé dans l'entrée de la valve. Cloud l'aida à décrocher Nanaki de son dos et dissipa le sort, laissant leur benjamin remettre les pattes sur du solide et, débarrassé de la masse du lion, Barret se redressa pour observer l'entrée.
Le ballast avait été fermé par un sas en métal dont les pans devaient originellement s'ouvrir en spirale.
Apparemment, quelques augmentés bien énervés les avaient déformés à coup de poings, voire arrachés, bloquant ceux restant avec des épées ou des barres de fer. Zack était déjà à l'intérieur, mais Zéphyr et Vincent s'interposaient entre lui et le couloir qui s'ouvrait derrière le sas, l'empêchant de se ruer en avant.
C'était encore pire que ce que Barret l'avait craint.
Le sol était étrangement souple sous ses pieds, d'un brun vaguement rosé, encore humide de l'eau du ballast. Les murs étaient d'un matériau similaire, vaguement aplanit, boursouflés par endroit.
Il n'y avait pas de lampes ou d'ampoules, mais une lumière pâle, similaire à celle de la mako, émanait des étranges bourrelets aux murs, qui ressemblaient à des globes de verre fondus. Ou des cloques peut-être. Barret réprima fermement la curiosité d'y jeter un coup d'œil de plus près.
Et cette odeur.
Ça sentait comme Besaid après la bataille, avant que les survivants aient pu rassembler et brûler tous les corps, humains et squames mêlées.
Les augmentés étaient déjà en train de se tartiner le nez de la pommade magique d'Aérith, rassemblés autour de Vincent.
"Pas de pistage cette fois ? " s'enquit Barret.
"Même sans le baume menthol, on ne pourra pas," déclara Zéphyr.
"Ça pue trop la mort," ajouta Cloud, se penchant pour en mettre sur la truffe de Nanaki.
"Faites tourner," réclama Cid, retirant un de ses gants pour se servir.
"Jessie, tu es prête ? " demanda Barret en ajustant son arme.
Gippal et Edgar avaient fait du très bon travail et l'arme était beaucoup plus légère que l'ancienne, peut-être même un peu trop et il avait parfois l'impression de ne pas l'avoir sur le bras.
/Vous voulez une bonne nouvelle ? /
"C'est rare, vas-y," rétorqua Cid.
/Je capte le signal du module d'Aérith./
"Tu ne le captais pas déjà ? " s'étonna Barret.
/Mais personne n'a écouté quand je vous ai expliqué comment ça marchait ? ! [2]/
Un chœur de réponses négatives lui parvint et elle soupira.
/Pas le temps pour les détails, disons que je peux le repérer de loin avec le GPS et de près avec vos propres modules. Et là, c'est la détection de près./
"On se rapproche d'elle," traduisit Vincent.
"Par où il faut aller ? "demanda Zack.
/Je vais matérialiser la proximité avec ce bip," déclara Jessie juste avant qu'un 'kupo' retentisse dans les modules, faisant grimacer les augmentés et Nanaki. /Plus vous vous rapprocherez, plus les bips se rapprocheront./
"En gros, on va jouer à ça chauffe ou ça refroidit ? " demanda Yuffie.
Séphiroth jeta un regard confus à son père à ces mots, visiblement peu familier avec le concept.
"C'est... un jeu," expliqua succinctement celui-ci. "Je t'expliquerai les règles."
"Tu penses pouvoir nous guider jusqu'à elle ? " reprit Barret.
/Ça va être de l'à peu près vu le talent artistique de Riku avec les plans, mais je vais faire de mon mieux. Vous êtes où ? /
"Le ballast, heu, côté gauche," précisa Barret.
"Et ce serait bien qu'on sorte avant que Sin nous en remette une couche," grommela Cid.
/Ballast ballast... J'ai ! / s'exclama la voix de Luca au loin, puis plus fort quand elle se rapprocha, /il y a l'air d'avoir une sortie là, mais j'arrive pas à relire l'écriture de Riku ! /
/Merci Luca, alors on va essayer de passer par les sinus ! Allez à gauche ! /
"Tiens."
Blotti sur un des sièges de la salle de pilotage, entre Maître Cid qui écoutait les communications et Balthier qui profitait de la pause pour faire une sieste, Riku leva les yeux vers Edgar.
Le chef-mécanicien lui tendait un des mugs de métal de la cambuse, remplit d'un liquide fumant.
"C'est du thé au gingembre. Ça aide contre la nausée et tu as besoin de boire."
"Merci," murmura Riku en prenant la tasse, buvant une longue gorgée avant de poser le récipient chaud contre son front.
"Mieux ? " demanda Fran, glissant ses longs doigts dans les cheveux de Riku.
Il hocha la tête, la laissant caresser son crâne, mais à son expression, ce n'était pas tout à fait vrai.
"Qu'est-ce qu'il a ? " s'enquit Maître Cid.
"Je pense que le Capitaine nous dirait à nouveau d'être aveugle, sourd et muet à ce sujet," répondit Edgar.
"Désolé," marmonna Riku.
"C'est important," déclara Fran, rassemblant les cheveux de Riku en arrière pour tenter de les attacher.
"Comment ça ? "
Elle haussa les épaules, peignant les mèches rebelles de ses griffes avant d'abandonner la tentative de coiffure.
"C'est comme Golmore," finit-elle par dire. "Je n'ai pas le droit de parler."
Shera arriva à son tour, lisant le mode d'emploi d'une boîte de médicaments et stoppa devant Riku.
Au regard torve que jeta l'adolescent à la boite, elle soupira, la posant près de leur navigateur.
"Si tu as mal au crâne, ça pourrait aider," commença-t-elle.
"C'est pas mon crane qui a mal," marmonna Riku dans sa barbe. "Faut juste attendre."
"Que ça passe ? " demanda Edgar.
"Que Sin meure," répondit Riku en se levant, finissant sa tasse d'une lampée.
Il se redressa, fronçant les sourcils d'un air soucieux avant de glisser un regard à la masse de Sin qui occupait une partie de la verrière de l'aéronef. Shera vit son expression se teinter soudain de peur, mais quand il remarqua son regard sur lui, il prit un air beaucoup trop innocent pour être honnête.
Le jour où il apprendrait à cacher ses émotions, ils allaient tous souffrir. Surtout s'il savait aussi bien tricher au poker qu'il le prétendait.
"Merci pour le thé, Ed ! Je vais laver la tasse ! " s'exclama-t-il en se levant.
"Riku," intervint Shera, "tu ne sors pas du Haut Vent, compris ? "
Il baissa sa main libre vers le sol d'un air las.
"Mais ouiiii, je sais," répondit-il avant de sortir du poste de pilotage d'un pas guilleret.
Shera soupira. Puis tourna la tête vers Fran.
"Tu sais quoi faire."
"Par la peau des fesses," répondit la viéra en le suivant.
Bien lui en valut, car à peine eut-elle fermé la porte du poste de pilotage qu'elle vit Riku détaler dans les escaliers, en direction de la rampe d'accès.
Riku recula précipitamment quand Fran, sautant tout bonnement de l'étage supérieur, atterrit souplement sur l'escalier devant lui, amortissant le choc avant de se relever de toute sa taille, plus grande que Riku malgré leurs quelques marches de différence.
"Laisse-moi passer ! Il faut que je rejoigne Papa ! "
"Non," répondit Fran, posant ses mains sur les épaules de l'adolescent. "Tu restes ici."
"Tu comprends pas ! Il va se passer un truc, faut que je les arrête ! "
"Qui ? "
"Papa ! Les Parasites ! Ils vont… Ils vont se…"
Il frissonna violemment et Fran fronça les sourcils, posant une main sur sa joue.
"Lui fait pas de mal," murmura Riku, "elle essaye juste d'aider…"
"Riku ? " appela-t-elle doucement, passant sa main sur son front.
Il leva les yeux vers elle.
Et Fran revit toutes ses vies passées.
"Laisse-moi passer," ordonna la créature derrière les yeux de Riku.
La viéra recula, trébuchant à moitié en descendant une marche à reculons et se rattrapa à la rambarde. Elle s'aplatit au maximum contre la rampe de métal le temps que la créature passe, sans lui adresser un seul regard.
Elle se laissait tomber à genoux quand Gippal et Edgar arrivèrent à leur tour, l'un descendant les marches comme un singe, l'autre en boitant et jurant comme un ferrailleur.
"Fran ! " s'exclama Edgar.
"Riku ! ! " appela Gippal en partant à sa poursuite, "Riku revient ! "
Edgar tenta de manœuvrer sa jambe, manipulant le genou pour mieux le plier et s'asseoir comme il pouvait devant Fran, posant ses mains sur les siennes.
Il n'avait jamais vu la viéra aussi effrayée, rien ne la faisait ciller habituellement, même se réveiller avec le dos frit comme du bacon n'avait provoqué qu'un simple froncement de sourcil agacé.
Et là, elle tremblait comme une feuille.
"Fran tout va bien ? Tu es blessée ? "
"Il a déguerpi ! " annonça Gippal en revenant.
"Il rejoint son père," murmura Fran.
"Qu'est-ce qu'il a ? "
Fran ouvrit la bouche, la referma puis secoua la tête avant de répondre d'une petite voix.
"Aveugle. Sourd. Muet."
"Et bientôt morts quand son père l'apprendra," acheva Gippal.
"Autant le lui dire quand il est loin de nous alors," conclut Edgar en tendant la main à Fran pour l'aider à se lever. "Allons prévenir Shera."
"Ne paniquez pas, tenez vos rangs, les artificiers, tenez-vous prêt ! Beoulve, aide Qestra ! "
"Oui, Capitaine ! " répondit Ramza, une volée de flèches dans les bras pour le viéra, debout près de lui et prêt à tirer.
Une vague de squames était en train de descendre du dos de Sin, venues de la mer dans laquelle trempait encore la queue de la créature techno-magique, tentant d'envahir le sas du ballast.
C'était la seconde contre-attaque depuis le début des hostilités, un mélange de moissonneurs, de squames marins et lézards, quelques makonoïdes, le tout mélangés, désordonnés, se marchant dessus pour défendre Sin. Les moissonneurs tentaient de capturer proies sur proies, avalant plus de soldats que leur poche ne pouvait contenir, leur mucus affaibli laissant facilement échapper leurs captifs. Les squames marines étaient ralenties par un air que leurs branchies ne pouvaient pas filtrer mais dès qu'ils mettaient une patte dans l'eau, se faisaient impitoyablement faucher par un dragon d'eau furibond. Seuls les makonoïdes étaient dangereux, mais ils semblaient obnubilés par l'idée de retourner dans Sin au lieu de se battre contre les attaquants.
Même les squames à Golmore avaient été plus dangereuses.
L'absence de Sans Cœur était intrigante toutefois. Il n'en avait pas vu un seul depuis le début de l'assaut et c'était autant un soulagement qu'inquiétant.
Les squames stoppèrent d'un bloc.
Elles tournèrent toutes la tête dans une direction avant de s'égailler vers l'intérieur des terres, droit vers l'armée hétéroclite qui se mettait en place.
"Qu'est-ce qu'elles font ? " s'étonna Vossler.
"Je ne sais pas, mais on reste ici. En position ! " répéta Basch, " en demi-cercle autour du sas ! "
Ce fut le moment où le module de communication d'Avalanche qu'il portait[3] s'activa avec un grésillement.
/Basch, ici Shera, tu me reçois ? /
"Ici Basch, que se passe-t-il ? " demanda Basch, intrigué par la prise de contact inopinée.
/Nous avons un… imprévu,/ déclara la jeune femme d'un ton agacé.
"De quelle envergure ? "
/Riku. Il vient de s'enfuir du Haut Vent./
Basch se retint de demander ce qui leur avait pris d'emmener Riku au front, mais ce ne fut que parce qu'il avait déjà combattu avec son père et savait pertinemment que la prudence était un point de contention dans cette famille. Il repoussa les viseurs de son casque pour se frotter l'arête du nez entre deux doigts, demandant force et patience à Saint Alexander.
"Il est sur le champ de bataille ? "
/Fran pense qu'il essaye de rejoindre Zéphyr./
"Alors il devra passer par nous, dès que nous avons mis la main sur lui, je vous le renvoie."
/Basch, méfie-toi, il… risque de ne pas être raisonnable./
Encore une fois : Digne fils de son père.
/Et je crains qu'il utilise ses pouvoirs sans discernement./
"Quels pouvoirs ? " s'enquit Basch.
De ce qu'il savait, Riku était guérisseur-né mais n'était ni entrainé, ni augmenté. Le rapport de Beoulve a Junon avait indiqué que l'adolescent avait eu sa limite à la clinique en voyant l'état de son père, mais si c'était là toute l'étendue de ses compétences, il ne risquait pas de faire bien mal aux squames.
"Les squames reviennent ! " s'exclama soudain un troisième classe.
"Je te recontacte ! " lança Basch avant d'empoigner son épée, la dégainant d'un geste.
Il allait effectivement la recontacter rapidement, car il reconnut sans peine la silhouette qui courait de toutes ses forces devant la meute de squames en furie revenant vers eux.
Riku.
Il courait comme un lièvre, zigzagant entre les rochers, les cadavres et les escadrons, mais le béhémoth qui le coursait avait des pattes plus longues que ses jambes et des crocs bien trop aiguisés au goût de Basch.
"Vossler, avec moi ! Artilleurs, feu nourris ! " ordonna Basch en s'élançant, remettant ses viseurs en place d'un geste. "Riku ! Par ici ! "
Riku les vit et obliqua immédiatement vers eux, mais il commit l'erreur d'essayer de lancer un sort par-dessus son épaule et perdit l'équilibre, atterrissant rudement sur le sable. Il se recroquevilla immédiatement alors que les tirs des SOLDATs, les sorts et les flèches de Qestra pleuvaient autour de lui, fauchant la majorité des squames avant qu'elles ne s'approchent de lui.
Une des flèches du viéra se planta dans le cou du béhémoth mais ça ne sembla pas le ralentir, obnubilé qu'il l'était par l'adolescent.
Basch vit les crocs du monstre claquer très - trop - près du visage de Riku et cessa de retenir ses forces.
Il percuta le monstre d'un coup d'épaule en plein poitrail, le faisant reculer de quelques pas.
Bon, rien de cassé cette fois, les os brisés devaient plutôt être côté squame, mais ça faisait quand même mal. Il serra les dents, agrippa le béhémoth par sa crinière avant de plonger sa lame dans le flanc de son adversaire, juste derrière sa patte.
Vossler arriva à son tour, tombant à genoux, main en avant pour saisir Riku par la capuche.
"Emmène-le à l'abri ! " ordonna Basch.
Le monstre se tordit le cou pour se tourner vers Basch, une boule de feu illuminant déjà l'intérieur de sa gueule.
Ça allait faire mal.
Basch baissa la tête, protégeant son visage comme il pouvait au creux de son coude.
"Non ! "
Il y eut un étrange bruit, comme de la glace qui se brisait, accompagné d'une onde de froid.
Et une stalactite empala le béhémoth, traversant son corps aussi facilement qu'un couteau chaud dans du beurre.
Basch cligna des yeux.
Le sort avait été si soudain que le sang de la créature avait gelé avant même de pouvoir s'écouler, les gouttes écarlates toujours en suspension dans la glace.
Il tourna la tête vers Riku, toujours affalé au sol, ses mains encore entourées de la brume glacée qui caractérisait les sorts de glace.
Fils de son père, encore et toujours. Il avait vu Séphiroth geler une rivière en crue au même âge[4].
"Ça aurait pas pu être pire si Zéphyr l'avait fait avec Vaan ! " glapit Vossler, desserrant un index de la garde de son épée pour désigner l'adolescent.
"Retraite," ordonna Basch, "et arrête d'agiter ton épée sous le nez de Riku."
Il arracha son arme du corps du monstre et grimaça quand celui-ci eut un sursaut puis s'ébroua.
Pas encore mort ? Décapitation, donc.
"Riku, écarte-toi," ordonna-t-il en faisant un pas de côté, levant l'épée au-dessus de sa tête.
Et Riku prouva, encore une fois, qu'il était le fils de son père en désobéissant, se levant sans un mot.
Vossler, que Saint Alexander le bénisse, eut le réflexe de retenir Riku par la capuche.
Non sans jurer comme un charretier en corel, mais pour une fois, Basch allait laisser passer.
Vossler tira sur le vêtement pour le ramener en arrière.
Et dans un grand bruit de déchirure, le sweat lui resta dans la main quand Riku fit un pas en avant[5].
Le fauve s'ébranla à nouveau, la colonne de glace craquant dangereusement sous ses efforts pour se jeter sur l'adolescent. Basch laissa tomber son épée sur le côté, libérant une de ses mains pour repousser Riku
Riku tendit les siennes, au moment où le fauve se dégageait enfin, forçant pour l'attaquer, les crocs au clair.
Basch attrapa Riku par l'épaule mais ce fut comme saisir une montagne.
Les mains de l'adolescent touchèrent les babines du béhémoth.
Il y eut un éclair lumineux, d'un vert pâle presque blanc.
Le monstre s'affaissa, son crâne posé dans les mains de Riku puis s'effondra, l'adolescent l'aidant à se coucher, posant délicatement sa tête monstrueuse au sol.
Il pressa ses doigts sur son front, murmurant quelque chose que Basch ne comprit pas, puis appuya.
Le monstre s'effondra sur lui-même, se dispersant en un nuage de pyrolucioles qui se dissipèrent peu à peu.
Basch était à genoux aux pieds de Riku et il ne savait pas comment ni quand c'était arrivé.
Puis Riku baissa les yeux vers lui.
Adolescent, Basch avait un jour eu l'honneur de faire partie de la garde rapprochée de la Reine Brahne, à l'époque ou sa santé lui permettait encore de courir la campagne pour détruire les monstres ou honorer les cérémonies pour Saint Alexander.
Il l'avait vue achever une abomination à coup de magie sainte, avait senti le Sacre en elle résonner dans ses os à travers les quelques gouttes de sang qu'il partageait avec la famille royale.
Ça n'était rien à côté de ce qu'il ressentait devant Riku. Le Sacre menaçait de l'engloutir à tout instant comme un tsunami, les souvenirs de ses vies passées s'enchaînant dans sa tête.
"Laisse-moi passer, Paladin," déclara l'adolescent, ses yeux d'un vert plus pur que n'importe quelle source de la Rivière.
Il obéit.
Riku se tourna à nouveau vers Sin, les SOLDATS s'écartant précipitamment de son chemin.
"Basch ? Ça va ? " demanda Vossler, s'agenouillant près de lui, le secouant doucement.
Riku s'arrêta et se secoua avant de lever à nouveau les yeux vers Sin. Il jeta un regard par-dessus son épaule, vers Basch et les dernières pyrolucioles.
Ses yeux étaient redevenus normaux. Un vert intense, mais ni augmenté, ni brûlant de mako.
Un vert normal pour un adolescent normal.
"Retenez-le," ordonna Basch.
Riku déguerpit aussitôt, se précipitant vers Qestra qui l'accueillit en s'inclinant devant lui, paumes vers le ciel.
"Je dois monter là-haut ! " s'écria Riku désignant la porte tout en posant une de ses mains dans celle du viéra.
"Enlevez l'échelle ! " cria Vossler.
Qestra se pencha, laissant Riku s'accrocher à ses épaules.
L'instant d'après, ils étaient tous les deux déjà à mi-chemin de l'entrée, Riku laissant échapper un cri de joie à se retrouver aussi vite dans les airs.
"Beoulve ! Rappelle ton lapin ! " lança un SOLDAT.
"Qestra ! NON ! "
Sans succès, malgré la précipitation des SOLDATs pour retirer l'accès à la valve, le viéra escalada aisément la peau rugueuse de la squame géante et déposa Riku à l'entrée. L'adolescent le serra contre lui en guise de remerciement et se précipita à l'intérieur sans un mot.
"Le Général va nous tuer," souffla Ramza, catastrophé.
"J'appelle Shera," annonça Vossler.
"Et moi Zéphyr," déclara Basch sur le même ton.
Riku était de retour dans Sin, le premier foyer dont il ait le souvenir.
Et ça ne lui avait pas manqué. Surtout l'odeur.
Bon, il était à la sortie du ballast. De là, il pouvait filer par le sinus le plus proche mais il devrait faire un détour par les poumons avant de trouver un chemin vers l'estomac, alors qu'en coupant par le point de contact entre la trachée et l'œsophage, s'il était ouvert, il pourrait arriver directement au système digestif.
Direction la trachée.
Il tourna à droite.
Ils avaient croisé assez peu de squames pour le moment. Apparemment, dans sa panique à la suite de l'attaque des dragons, Sin avait libéré la grande majorité de ses squames dans le détroit et le peu qu'ils avaient rencontré n'avait pas fait long feu, abattus à distance par Vincent, ou par les jumeaux s'ils étaient à portées de leurs épées.
Dès qu'ils avaient mis les pieds dans ce qui devait être les poumons, parcourus d'un souffle régulier qui allait et venait, les squames avaient tout bonnement disparu.
Et l'environnement avait été plus… Bon, propre n'était probablement pas le bon terme, mais les couloirs avaient été dégagés, les pièces qu'ils avaient fouillées pourvues de portes, de meubles, d'équipements, de systèmes de défense automatisés, même si la plupart étaient abîmés par l'humidité ambiante.
C'est là qu'ils trouvèrent les laboratoires.
Le premier avait été vide, mais Zack n'y avait jeté qu'un regard, s'assurant qu'Aérith ne s'y trouvait pas avant de refermer la porte sans un mot.
"On n'entre pas," annonça-t-il avant d'entraîner son frère par le harnais de son arme.
"Mauvais coin ? " demanda Cloud.
"Le pire," grommela Zack.
Le second n'avait contenu qu'un corps, sanglé à une table d'opération, visiblement abandonné là depuis plusieurs jours et cette fois, ce fut Vincent qui refusa d'entrer, restant dans le couloir avec Cid et Yuffie pendant que Barret et le reste d'Avalanche cherchait des indices.
Enfin, dans le troisième, ils trouvèrent des survivants. Une demi-douzaine de prisonniers, parqués dans des cages, en attente du sort qu'Hojo leur préparait.
Une fois la porte ouverte par Vincent, Zack avait fait un pas dans la pièce avant de faire demi-tour, Cloud sous le bras, malgré les protestations de son frère, pour monter la garde dans le couloir.
Zéphyr les avait suivis après un simple regard inexpressif sur les cages et Barret n'avait pas cherché à le retenir.
Depuis Golmore, il était plus facile de lire les émotions du SOLDAT, surtout quand il ne parvenait pas à retenir son empathie.
Les cages le terrorisaient.
Cid et Yuffie avaient pris le relais, aidant les prisonniers affaiblis à sortir au fur et à mesure que Vincent ouvrait les serrures, pendant que Barret demandait l'envoi d'une équipe d'extraction à Jessie.
"Une équipe arrive," déclara-t-il en revenant vers les prisonniers, "ils vont vous amener dehors et vous donner les soins nécessaires. On reste avec vous jusqu'à ce qu'ils soient là."
"Merci M'sieur," répondit un jeune homme aux bras lacérés de cicatrices trop régulières, assis contre le mur pendant que Yuffie lui donnait l'eau de sa gourde.
Barret se redressa, retournant à l'entrée prévenir ceux qui gardaient la porte et trouva Zéphyr en train de faire les cent pas, sous le regard des jumeaux.
"Tu vas répéter calmement."
Ah, il devait parler à quelqu'un avec le module. Barret se tourna vers Cloud qui grimaçait pour répéter sa question.
"Que se passe-t-il ? "
"Riku a fait une connerie," répondirent d'une voix les jumeaux.
Zéphyr leur adressa un regard las, mais confirma d'un petit hochement de tête.
Basch cherchait ses mots à l'autre bout de la ligne, même si Zéphyr entendait encore clairement des cris en arrière-plan autour de Basch.
/Qestra, descends de là ! Je te jure que j'en parlerais à ta femme ! /
/Riku s'est enfuis du Haut Vent,/ finit par reprendre Basch, /et il… il a réussi à nous échapper./
"Une grosse connerie," ajouta Cloud.
Zéphyr hocha la tête avec un soupir rageur avant de continuer sa discussion avec Basch.
"Comment un adolescent a-t-il réussi à échapper à la quasi-totalité des SOLDATs de Midgar ? " gronda-t-il.
/C'est ton fils/, rétorqua Basch avant d'hésiter à nouveau. /Et…aussi…/
"Qu'est-ce qu'il a fait ? "
/Il a…/ commença Basch, cherchant ses mots un instant, /il a exorcisé une squame./
"Comment ça, il a exorcisé une squame ? "
/Il l'a touché, il y a eu un éclair blanc et le squame s'est dissipé en un nuage de pyrolucioles./
/Shera, je suis désolé,/ geignit la voix de Vossler plus loin.
/Ça ne vient pas de ton côté de la famille ? / ajouta Basch.
"Si. Ça vient probablement de mon côté de la famille," soupira Zéphyr en se frottant le visage d'une main.
"Que se passe-t-il ? " demanda Vincent en revenant près de son fils et ses collègues.
"Riku a faussé compagnie à l'équipage ET aux SOLDATs," répondit Zack.
/Shera m'a dit qu'il essayait de vous rejoindre, j'envoie des SOLDATs à ses trousses./
"Tu étais comme ça au même âge ? " s'enquit Barret avec une pointe de lassitude dans la voix.
Il y avait beaucoup trop de points communs entre Riku et lui au même âge pour que Vincent sache de quelle partie précise Barret parlait.
Mais : Oui.
"On devrait peut-être aller le chercher," commença Cloud, jetant un regard au bout du couloir, comme s'il pensait voir soudain Riku apparaître.
"Avec de la chance, il se fera débusquer par les SOLDATs," suggéra leur lieutenant en se frottant la nuque.
"On lui a couru après pendant des mois et il nous est toujours passé sous le nez, ils n'arriveront pas à l'attraper" objecta le Strife blond.
"Et en plus, là, il est chez lui," ajouta Zack.
Cloud hocha la tête et Barret soupira.
"Vincent, tu en penses quoi ? "
Pourquoi, au nom de Minerva, est-ce que c'était Vincent qui devait décider de ce genre de chose ?
Ah oui, c'était son petit-fils.
"Continuons," finit par soupirer Vincent. "Sécurisons les couloirs et marquons-les, il comprendra comment nous rejoindre."
"Je préviens l'équipe d'évacuation," ajouta Barret.
"Vous êtes sûr ? " murmura Zéphyr en approchant de Vincent.
Non.
Il leva la main pour la poser sur l'épaule de Zéphyr en un geste rassurant, et eut la surprise de sentir son fils s'appuyer légèrement dessus.
"Riku est puissant. Il sait se défendre et il connaît l'intérieur de Sin comme sa poche. Il va nous retrouver rapidement."
Cela sembla rassurer Zéphyr, même s'il garda un air soucieux.
Riku était impulsif, mais débrouillard.
Il les rejoindrait vite.
Il l'espérait.
Le passage vers la trachée était ouvert, mais Riku avait négligé un détail qui ne lui avait pas traversé l'esprit.
Il avait quitté Sin presque un an auparavant, à une époque où il était taillé comme une crevette, faisait une tête de moins et était deux fois moins musclé.
Il ne passait plus par le minuscule canal d'aération ouvert dans la trachée.
Le temps où les Parasites le cachaient dans le moindre trou ou l'envoyait ouvrir les portes en passant par les aérations était malheureusement révolu.
Et au pire moment.
"Mais MERDEUH ! " glapit-il.
Pas de panique. Pas. De. Panique.
Il y avait forcément un autre trajet…
Il allait passer par la chambre du cœur, et de là, il pourrait trouver soit la grotte du foie, soit rejoindre les reins et utiliser le passage des artères vers les intestins pour ENFIN, remonter dans l'estomac des parasites[6].
Il n'y avait qu'à espérer qu'il ne rencontrerait pas de squames en chemin, mais de ce qu'il avait vu dehors, Sin avait fait sortir tout le contenu de son utérus.
Et au pire, Minerva aiderait à dégager le chemin.
Le kupo se faisait plus fréquent et Jessie avait dû à plusieurs reprises baisser le son, jurant qu'elle n'utiliserait plus jamais cette alerte.
Aérith n'était pas loin.
Et l'environnement avait changé.
Dès qu'ils avaient commencé à se diriger vers le système digestif…
L'air devenait moite et étouffant, la légère brise qui aérait les couloirs était maintenant absente. Le sol était plus inégal, les portes n'étaient plus que des fentes dans les murs qui donnaient à Zéphyr l'impression que sa propre peau s'ouvrait quand il approchait d'elles.
Et il y avait des débris partout, probablement éparpillés par les chocs que Sin avait pris pendant son combat contre les bêtes sacrées.
Ils avaient déjà traversé un estomac, une immense grotte humide au sol couturé de cicatrices, dans laquelle étaient installées des filets, auxquels étaient encore accrochés des algues et débris, une pompe vers le fond, avec des réservoirs d'eau, probablement filtrée pour les habitants de Sin. Personne dans celui-ci.
L'entrée vers l'estomac suivant était barrée par un tas d'immondice à moitié effondré. Quelques pieux, en bois ou métal, étaient encore plantés dans le sol, visiblement placés là de manière délibérée pour empêcher le passage, l'espace entre chaque comblé par des débris divers et variés, certains étrangement blancs et lisses.
Ce devait être l'estomac des parasites.
"Hé ho ? ! " lança Cloud de l'entrée.
Les non-augmentés de l'équipe n'entendirent probablement rien, mais Zéphyr aurait juré qu'il percevait un bruit de course, de nombreux pieds battant en retraite et des froissements de tissus.
Puis le silence à nouveau, même pour son audition augmentée.
"Il y a quelqu'un," reprit-il. "Ils se cachent."
"Pas étonnant, ils ne nous connaissent pas," déclara Barret. "Je vais tenter de leur parler."
Barret approcha prudemment de la barricade, les mains levées.
"Nous venons en paix ! "
Yuffie laissa échapper un petit ricanement, mais un regard de Vincent accompagné du signe universel de se taire la calmèrent vite.
"Je suis le Lieutenant Barret Wallace, d'Avalanche ! "
Cette fois, la déclaration fit se lever un murmure de l'autre côté de la barricade, vite étouffé.
Nanaki se tourna vivement vers le couloir d'où ils venaient, imité par Zéphyr et les jumeaux, ainsi que son père qui tendit immédiatement son arme dans cette direction.
Il ne vit qu'une silhouette en noir disparaître, ne laissant rien derrière lui.
"Un Remnant ? " s'inquiéta Zéphyr, "Kadaj ? "
"Non, ce n'était pas un couloir des ténèbres," répondit Vincent en baissant son arme, "on aurait dit une matéria d'évasion."
"Essayez de ne pas attaquer un Parasite," grommela Barret entre ses dents.
"Désolé," s'excusa Vincent.
"Sin est échoué, nous allons vous sortir de là, pouvons-nous entrer ? " reprit Barret.
A nouveau, un murmure, plus fort cette fois. Zéphyr tendit l'oreille, fronçant les sourcils, mais ils étaient trop loin pour qu'il puisse comprendre ce qui se disait.
Il crut reconnaître les mots piège, Remnant. Cacher.
Un kupo retentissant brisa sa concentration et le fit sursauter, à temps pour voir Zack perdre enfin patience et agripper le pieu le plus proche pour le jeter sur le côté.
"Zack ! " appela Barret, "reste en…"
Trop tard, le Strife brun avait disparu à l'intérieur de l'organe, vite suivi par son frère.
"Titans, je vais les tuer ! " marmonna Barret dans sa barbe avant de reprendre à voix haute, "s'il vous plaît, n'attaquez pas mes hommes ! Nous entrons ! "
"Je vais les chercher, couvrez-moi," déclara Zéphyr.
Il franchit la barricade improvisée sans attendre de réponse, dévalant la butte de débris, d'ossements (rien d'humain, c'était un soulagement) et toucha le sol.
Tout comme l'estomac précédent, la pièce était immense, similaire à une grotte, creusées de multiples trous dans sa paroi, certains fermés par des rideaux fait de vêtements rapiécés, d'autre bouchés par des planches vermoulues. Sephiroth vit des rideaux bouger quand les occupants des trous l'aperçurent, les portes improvisées se fermant sur son passage.
Et il vit les Parasites.
Ils se tenaient devant lui, certains s'écartant pour laisser les jumeaux passer, murmurant le nom de Zack de façon presque religieuse.
Ils étaient… Mana. Ils étaient visiblement sous alimentés, sales, certains avaient les yeux lumineux, des traces d'opération plus ou moins bien refermées sur le corps, des mutations non naturelles.
Il avait l'impression d'être de retour au Tambour.
Ils étaient équipés d'armes rouillées par l'humidité ambiante, d'objets réutilisés, des gourdins, des outils usés, certains avaient d'étranges poignards ou épées courtes blanches, d'aspect artisanal.
Pas d'armures. Pas de vêtements chez certains, trop grands ou trop difformes pour les porter.
Et quand ils se tournèrent vers lui, ils ne le reconnurent pas.
Enfin, pas au premier coup d'œil.
Jusqu'à ce que l'un d'entre eux laisse échapper un hurlement de terreur avant de se mettre à courir vers le fond de l'estomac.
"SEPHIROTH ! "
"Oh putain il est revenu ! " s'exclama un jeune homme, aux bras tatoués de lignes bleues, son grognement dévoilant des crocs inhabituels chez un hume.
Oh, MANA, il avait espéré qu'aucun d'eux ne le reconnaîtrait...
"Allez protéger les jumeaux ! " s'exclama une voix grave.
Une bouteille traversa les airs dans sa direction et Séphiroth réagit par instinct.
Riku dégringola de la veine dans laquelle il rampait beaucoup plus vite qu'il ne l'avait prévu, mais fort heureusement, sa chute fut amortie par la paroi de l'intestin, plus souple que dans les autres parties aménagées de Sin.
Heureusement que personne n'avait cautérisé la muqueuse ici.
Il se redressa avec une grimace, retirant ses mains de la surface poisseuse et les essuyant, sans trop de succès, sur son pantalon.
Il remarqua enfin qu'il n'était pas seul à ce moment-là.
Des femmes aux longues oreilles de lapins, grandes et élancées, le fixaient avec surprise.
L'une d'elle était en train de dégainer une lame fine de son fourreau, approchant d'un pas, quand une autre silhouette, plus petite et trapue, l'arrêta, se jetant entre elle et Riku en agitant les bras.
"Non non non ! ! Euh, c'est laquelle celle-là ? ! Ukina ! Ukina, NON ! "
"CINNA ? " s'exclama Riku en reconnaissant son ami.
"Riku ? " intervient une autre voix, "Cinna, Riku est là ? "
Avec un cri ravi, Riku se jeta sur la seconde personne qui venait de parler, le serrant dans ses bras sans lui laisser le temps de comprendre ce qui se passait.
"Blank ! " s'exclama-t-il avant de recevoir un coup de coude sur le crâne quand l'aveugle se débattit.
"Riku ? ! Je t'ai déjà dit de ne pas faire ça ! " protesta le rouquin en tâtonnant, cherchant le visage de Riku et passant ses doigts sur ses joues.
"Qu'est-ce que tu branles ici ? ! " couina Cinna, "on te croyait mort, Tu vas voir la raclée que va te mettre Baku ! "
"Longue histoire, il faut que j'aille à l'estomac au plus vite ! "
"Oh, alors c'est simple, tu remontes dans cette direction, l'intestin grêle est à cinq minutes en courant ! Tu le remontes et tu arriveras direct à la sortie de l'estomac," répondit Cinna.
"Ok, restez ici, Sin est pris d'assaut, on va venir vous chercher pour vous libérer ! "
"Pris d'assaut ? " répéta Cinna.
"Et tu vas faire quoi ? ! " renchérit Blank pendant que Riku se dégageait de ses bras pour déguerpir dans la direction indiquée par Cinna.
"Empêcher les Parasites et mon père de se battre ! " répondit Riku par-dessus son épaule.
Les deux hommes restèrent sur place, l'un des deux regardant Riku s'éloigner, l'autre l'écoutant.
"Il a bien dit son père ? " répéta Blank.
"Oh, faut que j'aille voir ça ! " s'exclama Cinna.
"Cinna ! Me laisse pas seul ici ! "
"Y'a les lapines ! "
"C'est quoi ça ? " demanda un guerrier de Fort Condor quand une paire de SOLDATs arrivèrent en haut du crâne de Sin après une longue escalade du flanc du monstre.
"Va falloir être plus précis," rétorqua un des deux SOLDATs, tendant la main à son collègue pour l'aider à se hisser sur une surface plane.
"CA," répéta le condorien en désignant une lumière vive derrière lui.
Les deux SOLDATs suivirent son regard vers la source de la lumière.
Une barre incandescente, longue comme un bras, épaisse comme un pouce, était plantée tout en haut du crâne de Sin, irradiant tel l'intérieur d'un réacteur mako.
Une escouade de condoriens l'observait avec méfiance, l'encerclant à distance raisonnable même s'ils espéraient tous être beaucoup plus loin qu'ils l'étaient.
"C'est vous, ça ? " demanda un autre condorien, ou plutôt une condorienne à la voix.
"Chais pas trop," admit le SOLDAT.
"Je crois que c'est un truc d'Avalanche," expliqua son collègue.
Les condoriens échangèrent un regard interloqué, fixant l'arme plantée devant eux avant de revenir vers les Midgariens.
"Le prenez pas mal, mais faut que vous arrêtiez les sur-hommes bidouillés à la science," grommela un des condoriens.
"Mais MÊME PAS ! " protesta un des SOLDATs, outré.
"Euh, les gars ? " reprit la condorienne en reculant d'un pas.
"Quoi ? "
"Je crois qu'il se passe un truc…"
La lumière de la flèche s'était mise à pulser, devenant aveuglante et la condorienne fit demi-tour, se précipitant vers eux.
"A terre ! " s'écria-t-elle.
Ses collègues et les SOLDATs obéirent sans se poser de questions.
"PHENIX, ÉTENDS TES AILES ! " s'écria la Condorienne en tombant à genoux.
Le flash qui suivit avait un goût de mako et les os des SOLDATs leur firent aussi mal que s'il venait de recevoir une dose supplémentaire, mais quand ils ouvrirent les yeux, ils réalisèrent que l'explosion les avait évités, repoussée par un étrange champ magique derrière la condorienne, iridescent comme le plumage d'un phénix.
La flèche avait disparu.
"C'était quoi ? "
"Dix gils sur : 'des emmerdes en perspective'," déclara un des SOLDATs
"Je relance sur 'et c'est la faute à Shinra'," contra le condorien.
L'autre SOLDAT leva le nez, jetant un regard au bras posé en travers de ses épaules, remontant jusqu'à la condorienne aux cheveux soigneusement enveloppés dans un foulard rouge et or penchée au-dessus de lui.
Elle avait de très jolis yeux dorés qui contrastaient sur sa peau mate.
"Donc. Euh… vous venez souvent par ici ? "
"Ça marche vraiment cette technique ? " rétorqua-t-elle d'un ton dubitatif, bien que luttant pour retenir un sourire.
"Ça fait rire les jolies filles, c'est déjà ça," admit le jeune homme.
/SOLDATs, je ne vous ai pas envoyé dévergonder les condoriens, ni faire exploser le crâne de Sin, qu'est-ce qui se passe là-haut ? / tonna Basch dans son écouteur.
Séphiroth admit plus tard que ça n'avait peut-être pas été sa réaction la plus censée en la circonstance, mais il se battait depuis l'âge de huit ans et ses réflexes étaient bien ancrés.
Il n'avait pas non plus prévu qu'en apparaissant dans sa main, Soul Eater serait encore chargée de la mako que la Déesse avait infusé dedans.
Aussi, quand il se retrouva soudain avec une épée crépitante d'énergie pure dans la main, il fut aussi surpris que les Parasites qui l'attaquaient et il comprit très bien leurs réactions.
A savoir, lui sauter dessus avant qu'il se remette de sa surprise.
"Attendez ! " s'exclama-t-il, "non ! ATTENDEZ ! "
Un des Parasites, un seeq trapu aux yeux cachés par des lunettes d'aviateur, abattit une épée rouillée sur lui et il leva sa lame incandescente pour se défendre, tranchant le métal comme du beurre mou. Le seeq trébucha, surpris de l'absence de résistance et Séphiroth voulu tendre la main vers lui pour le retenir, mais un autre parasite, un ninja probablement, apparut près de lui, un poignard d'os dans la main et Séphiroth dû reculer pour esquiver.
"Calmez-vous ! " essaya-t-il nouveau, "je ne vous veux pas de mal ! "
"Il cause maintenant ? " s'étonna un des parasites, sa fronde sifflant au-dessus de sa tête.
"CLOUD ! ZACK ! " Appela Séphiroth avant de repousser la munition d'un revers de main.
Le ninja tenta à nouveau une attaque, vif comme un augmenté, ce qu'il était probablement vu la lueur dans ses yeux et Séphiroth recula à nouveau, non sans sentir la morsure du poignard sur son ventre.
Ce fut à nouveau un réflexe, plus récent cette fois, qui le fit contre-attaquer au jugé, donnant un coup d'épée vers le ninja avant même de réaliser ce qu'il faisait.
Heureusement, celui-ci disparut sans être touché par la lame.
Riku lui en aurait voulu s'il avait tué un de ses amis.
Une volée de pierres et de fragments de vaisselle s'abattit sur lui et il se protégea d'un bras, cherchant comment désamorcer le conflit. Basch était doué pour ça, mais Séphiroth n'avait jamais pris la peine d'apprendre. Il vit le seeq attraper le jeune tatoué par le col, lui arracher son épée avant de l'envoyer bouler vers l'arrière.
"Va protéger Cinna et Blank ! "
"Tu viens de me piquer mon arme ! " rétorqua le jeune homme, dévoilant ses crocs.
"Attendez ! S'il vous plaît, attendez ! " protesta Séphiroth, plaçant son arme sur le côté, " je vais tout expliquer ! "
Le seeq fut dans la mesure de Séphiroth en quelques pas. Si Séphiroth tentait de ramener son épée, avec sa taille, elle trancherait son adversaire en deux.
Il ne pouvait pas les blesser.
C'étaient eux qui avaient élevé et protégé Riku.
Ils étaient aussi sa famille à lui.
Ce fut ce moment que son fils choisit pour se jeter entre eux, bras grands ouverts, pour les séparer. Incapable de s'arrêter, le seeq lâcha son arme pour ne pas blesser l'adolescent et Zéphyr en profita pour attraper son fils par le bras. Il le souleva pour le jeter à l'abri derrière lui, mais son adversaire fut plus rapide que sa corpulence aurait pu le suggérer et retint l'adolescent par la cheville quand elle passa sous son groin.
Séphiroth se figea immédiatement. Si son adversaire était augmenté, avec leurs forces ils risqueraient de déchirer Riku en deux.
Le seeq sembla penser de même et cessa de bouger.
L'adolescent resta suspendu entre eux.
Le silence retomba sur l'estomac, les Parasites figés par le retournement de situation.
"Tu es puni," déclara calmement Séphiroth.
"Mais je suis DÉJÀ puni ! " protesta l'adolescent.
"Riku, est-ce que ça va ? " demanda le seeq d'une voix aussi calme et autoritaire que celle de Basch.
"Oui, Baku," répondit Riku en gigotant.
Baku. Séphiroth se souvenait avoir entendu Riku dire ce nom, mais il ne se rappelait pas qui il était.
"Posez-le," demanda-t-il.
"Pour que vous l'emmeniez aussitôt ? " rétorqua Baku. "Posez-le d'abord."
"Si je fais ça, il va tomber."
"Arrêtez un peu tous les deux ! " protesta Riku en se cramponnant de l'autre main au bras de son père.
"A votre place je poserais Riku tout doucement," ajouta le seeq.
Séphiroth s'apprêta à répondre quand il sentit une lame acérée se poser sur sa gorge, sous son menton.
"Lâchez-le," souffla une voix à son oreille.
"Shadow ! Non ! " protesta l'adolescent avant d'essayer de se débattre dans la prise des deux adultes.
"Laissez-le d'abord," reprit une autre voix derrière Shadow.
Le ninja glissa un regard par-dessus son épaule, pour se retrouver nez à nez avec le canon d'un pistolet.
Vincent retira très lentement et très délibérément la sécurité de son arme, sans quitter le dénommé Shadow du regard.
La voix de Riku claqua soudain dans l'immense grotte silencieuse.
"Soul Eater ! "
La main de Séphiroth se referma sur du vide quand son arme disparut dans un nuage de poussière noire, pour réapparaître dans la main de Riku, reprenant son apparence de rapière dans le même temps.
Le seeq et quelques autres parasites poussèrent des cris de surprise et Baku en lâcha Riku. Séphiroth parvint à le retenir de l'autre main avant qu'il s'effondre au sol, et Riku se redressa rapidement, remettant les pieds au sol avant de se tourner vers le ninja, tendant un index vers le Parasite et son grand-père.
"Shadow ! 'Ji-san ! Vous rangez ça ! "
S'il survivait aux cinq prochains jours, Vincent allait définitivement s'inquiéter de l'autorité naturelle de Riku et de ce qu'il en ferait. Ce ne fut que parce qu'il avait grandi avec son père et Gigas qu'il résista au réflexe immédiat de cacher son arme et prendre un air penaud.
Il échangea un regard avec le ninja et, après un petit hochement de tête de celui-ci, ils baissèrent tous les deux leurs armes, les rangeant avec une simultanéité calculée.
"Qu'est-ce que j'ai dit au sujet des Parasites, bordel ! " s'exclama Barret en arrivant à son tour, mains levées. "Lieutenant Wallace, d'Avalanche, pourrais-je parler à votre chef ? "
Le seeq et le ninja échangèrent un regard et une expression abasourdie, puis, pendant que le seeq se tournait pour échanger quelques mots avec les parasites qui commençaient à s'agglutiner derrière lui, le ninja disparut, réapparaissant juste à côté de son camarade. Lequel le poussa doucement derrière lui avec un soupir et une moue désapprobatrice.
"Arrête ça et marche plutôt, on est en bonne compagnie maintenant."
"Tu les crois ? "
"Les jumeaux étaient avec eux," rétorqua Baku.
Le ninja ne renchérit pas mais disparut à nouveau, laissant Baku seul entre Avalanche et les Parasites.
"Il a été élevé avec des wargs, celui-là, je vous jure," grommela le seeq avant de se tourner vers Barret pour le saluer avec toute la rigueur d'un militaire "Caporal Baku Tantalus, cinquième infanterie de Corel Sud. Ravi, Lieutenant."
"Moi de même," déclara Barret en baissant les mains pour serrer celle du seeq. "Nous sommes ici pour vous libérer."
Le seeq jeta un petit regard en direction de Zéphyr qui tentait de se cacher derrière Barret tout en traînant Riku en arrière par le col.
"En parlant de ça, vous êtes au courant de qui il s'agit ? " s'enquit le seeq en le désignant.
"Croyez-moi, oui, je sais," répondit Barret avant de se faire bousculer par Riku qui, échappant à son père, vint à nouveau s'interposer entre Baku et Avalanche.
"C'est bon, il est de notre côté maintenant ! " s'exclama l'adolescent, les bras ouverts entre eux.
Malgré les lunettes d'aviateur teintées qu'il avait sur le groin, le regard du seeq dû être suffisamment dubitatif pour que Riku se sente obligé d'expliquer.
"Ecoute c'est très compliqué, mais il était manipulé par Hojo, maintenant c'est plus le cas…"
"Comment tu peux en être sur ? "
"Tu le croirais pas."
En guise de réponse, le seeq désigna le plafond de chair au-dessus d'eux. Riku suivit son geste du regard et sembla admettre l'argument, quel qu'il soit, avant d'expliquer rapidement.
"Mon sang contient un truc qui détruit les cellules permettant à Hojo de manipuler les Remnants. Ça a libéré Papa et c'est comme ça que j'ai buté Ansem."
Les réactions du seeq et des Parasites les plus proches furent radicalement opposées.
"Ansem est vraiment mort ? ! " s'exclama le jeune tatoué d'une voix ravie.
"Comment ça 'papa' ? " renchérit un borgne dont l'œil gauche était remplacé par une lentille mécanique.
"Vous l'avez laissé combattre un Remnant ? ! " s'offusqua Baku dans le même temps.
"Comme d'habitude, il ne nous a pas vraiment laissé le choix," rétorqua sarcastiquement Barret avec un regard désapprobateur à Riku. "J'appelle une équipe pour l'évacuation, avez-vous des blessés ou des malades nécessitant des soins urgents ? "
Le caporal frotta sa barbe hirsute d'une main, jetant un regard au jeune homme à sa droite qui l'observait en se mordillant les lèvres de ses crocs.
Ah, il savait maintenant de qui Riku tenait cette habitude.
"Baku," murmura le jeune homme, "on va vraiment… sortir ? "
La grande main du seeq se referma sur sa nuque d'un geste affectueux et il le secoua très doucement avant de pointer son pouce par-dessus son épaule.
"Marcus, va prévenir Cinna et Blank de revenir avec les filles. Zenero, Benero, rassemblez les blessés et les malades. Shadow, où que tu sois, occupe-toi des reliques ! Les autres, faites vos bagages et filez un coup de main dès que vous avez fini. ON SORT DE LA ! "
Le cri de joie commun qui échappa aux Parasites sembla mettre le point final à la confrontation. Dans une frénésie d'activité, les prisonniers se précipitèrent vers leurs tâches respectives, d'autres sortant de leurs cachettes, serrant leurs maigres affaires contre eux.
Barret laissa échapper un soupir en constatant leur état et leur nombre et tourna la tête vers Yuffie.
"Contacte l'extérieur, dis-leur de venir au plus vite avec des guérisseurs et commence à faire le triage. Nanaki, Cid, restez avec elle. Et si vous trouvez les jumeaux, vous me les ramenez par la peau du cou, j'ai deux mots à leur dire ! "
"Oui, Lieutenant," répondit Yuffie avant de déguerpir vers un groupe, Nanaki et Cid sur les talons.
Baku resta néanmoins à sa place, entre Avalanche et les Parasites, observant les deux groupes, sur ses gardes.
Est-ce qu'il était le chef ? Zéphyr était persuadé d'avoir entendu un autre nom quand Riku en avait parlé. Tarask ou quelque chose comme ça, s'il se souvenait bien.
Et en parlant de Riku.
Zéphyr le retint par le col au moment où celui-ci commençait à suivre l'équipe de Yuffie et le ramena près de lui d'un geste. Il vit, du coin de l'œil, le seeq se tendre nerveusement, mais Barret leva la main calmement, l'approchant pour le rassurer et probablement commencer à organiser l'évacuation.
"Qu'est-ce que tu fais ici ? " grommela Zéphyr.
Riku commença à bafouiller, agitant les mains.
"J'ai eu un… un pressentiment ! J'ai cru que les Parasites et toi allaient vous entretuer ! "
"Tu devais rester sur le Haut Vent," renchérit Vincent en croisant les bras.
"Mais si j'étais pas intervenu, vous vous seriez battus à mort ! "
"Tu avais promis de rester en sécurité ! "
L'éclat de voix de Zéphyr fit sursauter le seeq et Barret essaya de le rassurer d'un murmure.
"Riku," reprit Vincent en retenant son fils d'une main sur le bras, "je comprends ton inquiétude…"
Zéphyr lui jeta un regard trahi et incrédule, tant que celui de Riku devenait satisfait.
"Mais tu aurais pu juste nous prévenir avec les modules et rester à l'abri sur le Haut Vent."
L'expression de Riku s'effondra aussitôt.
"J'y avais pas pensé," admit l'adolescent.
"Tu vas avoir des ennuis, jeune homme," renchérit Barret en tendant un index vers Riku.
Un murmure traversa la foule des Parasites et Barret se retourna en entendant le nom des jumeaux. Lesquels revenaient, plus lentement qu'ils n'avaient déguerpis, l'air abattus.
"Qu'est-ce qu'on a raté ? " s'enquit Cloud en s'arrêtant près de ses collègues.
Barret leur jeta un regard agacé.
"Et vous deux aussi ! Ça vous rappelle quelque chose : rester en formation ? ! "
"Oups," murmura Zack.
"On cherchait Aérith," bougonna Cloud.
"Vous ne l'avez pas trouvée ? " s'inquiéta Barret, changeant aussitôt de ton.
Cloud ouvrit la bouche, mais un kupo tonitruant lui transperça le tympan et il retira précipitamment son module, imité par les augmentés de l'équipe.
"On a trouvé ça," expliqua Zack en ouvrant sa main, montrant ce qu'il tenait.
Le PHS d'Aérith, reconnaissable à sa couleur rose intense.
Un collier à une encoche.
Et un petit module dans sa paume.
Le tout accrochés ensemble avec une cordelette de récupération.
"Mais pas elle," acheva Cloud.
"Ah. Titans," souffla Baku, "elle est à vous."
Les jumeaux se tournèrent immédiatement vers lui.
"Vous l'avez vue ? ! " s'exclama Zack, franchissant en quelques pas la distance entre Baku et lui, l'attrapant par les épaules, "elle est où ? Comment elle va ? "
"Zack ! Doucement, lâche-le ! " s'exclama Barret en essayant de le retenir.
Il fallut que Cloud et Zéphyr interviennent pour faire lâcher Zack et l'empêcher de secouer le chef des Parasites.
"Désolé ! " s'exclama Cloud en faisant reculer son frère.
"Zack est le fiancé d'Aérith," ajouta Zéphyr, "et ses parents sont très inquiets pour elle. Si vous avez la moindre information la concernant… Nous vous serions reconnaissant."
Baku jeta un regard abasourdi à Zéphyr, se frottant une épaule tout en tranquillisant ses camarades venus voir l'altercation.
"Ça va, Baku ? " demanda un homme au bras tranché sous l'épaule.
"Oui... oui, ça va. Trouvez-moi Shadow ! "
Les autres Parasites transmirent l'appel, apparemment habitués à faire ainsi, jusqu'à ce que le ninja apparaisse à nouveau près de Baku, juste hors de la mesure de Séphiroth et interposant, par prudence, son chef entre Vincent et lui. Il tenait encore une longue planchette en bois gravée à la main et Baku tendit la main vers l'objet, lui faisant signe de le lui donner.
"Je m'en charge. Parle-leur, ils cherchent la petite."
Shadow tourna les yeux vers Zack, l'observant quelques instants avant de voir le téléphone rose dans sa main.
"Ah."
"Tu sais où elle est ? " reprit Baku.
"Tarask l'a mise dans les appartements de Kefka," répondit le ninja.
"Hein ? Pourquoi il a fait ça ? " s'étonna Riku.
Baku se frotta le visage d'un air las, pendant que le silence de Shadow prenait un poids éloquent.
"Baku ? " reprit Riku après un long regard suspicieux autour de lui, "où est Tarask ? "
La grande main du seeq se posa délicatement sur son épaule et Séphiroth dû se forcer à ne pas intervenir en voyant la moitié du torse de Riku disparaître sous la paluche musclée.
Qu'est-ce qu'il avait à être aussi protecteur ? Riku ne risquait absolument rien avec les Parasites, ils n'allaient pas lui faire le moindre mal après l'avoir élevé plus d'une décennie.
"Je suis désolé Riku. Hojo… Hojo en a fait un Remnant."
L'expression de Riku se durcit.
"Quand ? "
"Il y a quelques jours."
"Quelques jours," murmura Riku, baissant les yeux.
Ses iris s'illuminèrent soudain et il secoua la tête avant de se redresser et se tourner vers son père.
"Je peux peut-être encore le sauver ! Papa ! Faut que tu m'aides ! "
"Papa ? " répéta Shadow à mi-voix.
"T'es surpris ? " rétorqua Baku sur le même ton.
"Il est encore plus grand que toi ! " continua Riku, "il a la peau claire et un peu bleue et des cheveux rouges qui lui tombent sur la gueule…"
"Langage," interrompirent d'une même voix Zéphyr et Barret.
"...Sur la face comme une pieuvre et…"
"J'essayerais," finit par soupirer Séphiroth, "à une condition."
"Promis ! "
"Tu n'essayes pas de t'ouvrir les veines pour lui faire boire ton sang."
"J'allais pas faire ça ! " protesta Riku.
"Comment comptes-tu lui faire absorber tes anticorps, alors ? " s'enquit Vincent.
Riku ouvrit la bouche, puis la referma.
"Ok, j'aurais peut-être fait ça," finit-il par admettre.
"Dites-moi qu'il ne l'a pas déjà fait ? " grommela Baku.
"C'est comme ça qu'il a tué Ansem," répondit Barret sur le même ton.
Même à travers ses verres teintés, le regard du seeq se fit ombrageux et Riku sembla le percevoir, faisant vivement demi-tour et passant sous le bras de son père pour éviter les réprimandes.
"Je vais chercher Aérith ! " proclama-t-il.
"Ouais, il a pas changé," marmonna le seeq avec un soupir avant de se tourner vers le ninja. "Shadow, veille sur son cul."
Le ninja disparut pour réapparaître près de Riku, posant une main sur son épaule, mais ne l'empêchant absolument pas d'avancer. Très vite, Zack et Cloud leur emboitèrent le pas.
"J'en déduis qu'il était déjà comme ça avant ? " marmonna Barret alors que Zéphyr partait à son tour.
Le vieux seeq laissa échapper un petit rire las et hocha la tête, observant Riku et le ninja s'éloigner.
"Setzer a été une mauvaise influence, mais il n'en a toujours fait qu'à sa tête."
Barret jeta un regard significatif à Vincent.
"Pour ma défense, il tient de la mère de Zéphyr," rétorqua celui-ci.
"Suit les autres, on vous rejoint dès que l'équipe d'évacuation est là," ordonna Barret, "et par tous les Titans, essayez d'éviter les emmerdes ! "
Le trajet fut silencieux, uniquement troublés par les cris d'agonies de squames au loin et la respiration de Sin autour d'eux.
Riku avait d'office et malgré ses protestations, été placé au centre, avec Shadow qui semblait un peu perplexe d'être sous la protection des quatre augmentés, mais ils ne trouvèrent pas d'autres squames.
Il fallut monter deux étages, avec des rampes grossièrement taillées en escaliers, maintenant à moitié cicatrisées, mais ils furent à nouveau vite dans un endroit plus sain, parcourut par la respiration de Sin.
Le couloir où les menèrent Shadow et Riku n'avait visiblement pas été utilisé depuis un moment, et des meubles fracassés étaient dispersés sur le sol, quelques caisses renversées et ouvertes, laissant voir des vêtements chamarrés et des babioles cassées. Les murs, eux, étaient couverts d'étranges cicatrices verticales qui restèrent obstinément fermées à leur passage. Riku stoppa devant l'une d'elle, posant sa main sur la cicatrice avant de la retirer avec une grimace.
"Ouais, elle a été rouverte y'a pas longtemps."
Séphiroth résista vaillamment à la tentation de faire comme son fils. Au moins, la migraine persistante qui l'affligeait depuis que Minerva avait blessé Sin s'était estompée.
Il apprécierait si la nausée pouvait cesser aussi.
"Comment on entre ? " demanda Cloud.
Le ninja haussa les épaules, apparemment peu loquace.
"Tu peux pas entrer avec ton truc ? " s'enquit Zack en agitant les doigts.
"Non."
"S'il n'est jamais entré, il ne peut pas," expliqua Vincent, agenouillé devant la cicatrice et palpant la chair de sa main démoniaque.
"Ah," fit Zack avant d'empoigner la fente dans le mur à deux mains, caler son talon dans l'ouverture et tirer de toutes ses forces, arrachant la membrane.
Riku devint nettement verdâtre et Séphiroth grimaça, réprimant un haut-le-cœur, mais ils suivirent Zack et Cloud dans la pièce.
Qui était vide.
Aérith n'était pas là à nouveau et Zack s'affaissa sur lui-même, les épaules basses. Derrière eux, son père baissa son arme avant d'avancer à son tour dans la pièce, commençant à la fouiller avec professionnalisme.
"Qu'est ce qui s'est passé ici ? " murmura Séphiroth en voyant le lit en miettes, les draps déchirés, les oreillers éventrés.
"Aérith était là," indiqua Vincent en se redressant de son inspection, désignant le sol
Séphiroth approcha, jetant un coup d'œil dans la direction indiquée.
Deux empreintes de mains étaient nettement visibles sur le sol.
Deux traces de chair, saines et intactes, au milieu de la cicatrice qu'était la pièce.
"Elle a soigné Sin ? " S'étonna Séphiroth.
"Typique d'Aérith," soupira Cloud.
"Si elle n'est plus là, où est-elle ? " reprit le SOLDAT en se tournant vers Shadow.
Le Parasite ne répondit pas, visiblement méfiant envers lui, mais Riku vint s'accrocher à ses vêtements, levant un regard implorant vers lui.
Le ninja resta imperturbable.
Dix secondes.
"J'ai rejoint les autres quand Sin est… tombé. Elle était encore là," finit-il par répondre.
"Pourquoi tu l'as pas aidée ? " protesta Zack en l'attrapant par le col.
"Zack ! Non ! " s'exclama Riku, tendant une main pour l'arrêter.
Shadow était augmenté.
Vincent le vit à peine bouger et, Minerva merci, le ninja tenta juste de se dégager plutôt que d'attaquer l'aîné des Strife, entraînant Riku après lui d'une main.
Zack recula, l'écharpe qui avait caché le visage de Shadow toujours serrée dans le poing.
Le ninja ne dit rien, se contentant de tendre sa main libre.
Il fallut que Cloud desserre le poing de Zack pour rendre son bien à Shadow qui s'emmaillota de nouveau, aidé par Riku, ne laissant que ses yeux visibles.
"Je préfèrerais… ne pas retomber sous les mains d'Hojo."
"Désolé," marmonna Zack en baissant les yeux, embarrassé.
"Je suggère d'utiliser la procédure Cloud autour des Parasites," nota Vincent tout en remettant la sécurité sur son arme.
"Je suggère qu'on l'appelle autrement," rétorqua Cloud en réponse.
"Si elle n'est pas là… ou est-elle ? " demanda à nouveau Zack, le regard fixé sur les traces de mains au sol.
"Demandez à Hojo," suggéra le ninja.
"C'est une excellente suggestion," déclara Vincent d'un ton sombre. "Riku, tu sais où il se terre ? "
"J'te parie qu'il est dans son labo," rétorqua son petit-fils du même ton.
Ils avaient à peine quitté le couloir que Barret les rejoignit, le reste d'Avalanche sur les talons et escortés de quelques SOLDATs et leurs homologues d'autres factions. Lesquels saluèrent immédiatement Zéphyr.
"Où en sommes-nous ? " demanda Zéphyr d'un ton tellement autoritaire que même les étrangers se mirent au garde à vous.
"Nous cherchons par où les squames arrivent à entrer, Monsieur," répondit le SOLDAT.
"Riku, tu as une idée ? "
"Hu… L'évent peut être ? "
"Sous bonne garde," répondit un des guerriers, un alexandriote, qui releva ses lunettes de protection en fronçant les sourcils à la présence de Riku.
"Alors vous allez pas aimer : Ils doivent passer par le vagin ou le trou duuuuu… l'anus."
"Le quoi ? " répéta le SOLDAT, éberlué.
"Riku," reprit Séphiroth, "tu penses que quelqu'un parmi les Parasites accepterait de guider des unités jusque-là bas ? "
Shadow disparut, faisant sursauter les soldats, mais pas Riku qui se contenta de ramener la main qui avait tenu la manche du ninja.
"Il va prévenir Baku," déclara l'adolescent.
"Il est toujours comme ça ? " s'exclama Zack.
"Il a une matéria d'évasion greffée dans le crâne, parfois il arrive même pas à s'en empêcher," répondit Riku.
Pendant la discussion, Yuffie franchit la distance la séparant de Vincent en quelques pas rapides, venant s'accrocher à son bras avant d'observer leur petite troupe.
"Aérith ? " murmura-t-elle.
Il secoua la tête.
"Vous ne l'avez pas trouvée", comprit Barret en approchant à son tour.
"Elle a été changée de place au début de l'assaut," soupira Cloud.
"Il ne reste qu'une personne à interroger," reprit Zéphyr. "Hojo."
"Il est dans le coin ? " reprit Barret.
"Son labo principal est pas loin," expliqua Riku.
Vincent laissa échapper un soupir rageur, se frottant le front de sa main démoniaque.
"Aniki ? " murmura Yuffie.
Il voulut serrer doucement sa main dans la sienne, mais à la grimace qui lui échappa, il n'avait pas su doser sa force. Il préféra la lâcher.
"On perd du temps. Hojo pourrait s'enfuir. Allons-y," finit-il par dire.
Riku approcha de son grand-père, le prenant par la manche avant de montrer la direction du laboratoire.
"C'est par là."
"Je préfèrerais que Riku retourne à l'air libre avec l'équipe d'évacuation," grommela Barret.
"Non, je reste avec 'Ji-san ! " protesta Riku, "je veux être là quand Hojo va manger du plomb ! "
"Zéphyr, Vincent, dites-lui…"
"Vous avez besoin de moi pour vous guider ! " ajouta Riku.
Riku avait raison.
Et Vincent n'aimait pas ça.
Il n'aurait jamais dû encourager Riku chaque fois que l'adolescent avait parlé de se venger d'Hojo. Il aurait plutôt dû…
Il ne savait pas au juste ce qu'il aurait dû faire.
Et si ce n'était pas un peu hypocrite de sa part de refuser à Riku ce que lui-même mourrait d'envie de faire.
Zéphyr finit par soupirer et tendit la main, la posant sur l'épaule de Riku pour l'attirer près de lui.
"Tu peux rester," finit par déclarer Zéphyr.
"Merci, Pa…"
"Mais ! " coupa Zéphyr, "tu restes derrière Makoto ou moi et tu obéis ou tu retournes sur le Haut Vent. Compris ? "
Ah, Zéphyr aussi n'était pas en reste quand il s'agissait d'être autoritaire parfois. Riku ferma la bouche avec un clap avant d'hocher frénétiquement la tête.
Barret chercha du regard quelqu'un de sensé qui pourrait le soutenir, mais sembla se souvenir qu'il était entouré de volontaires pour crapahuter dans Sin. La prudence n'était probablement pas un trait d'esprit prédominant ici.
"Très bien," finit-il par soupirer, "mais on vient avec vous. Et vous essayez d'être prudent."
"Le professeur Hojo devrait être ramené vivant pour être jugé pour crime de guerre," risqua un des condoriens.
"On vous ramènera un morceau en souvenir," gronda Zack en réponse.
Le trajet fut silencieux, uniquement troublés par les cris d'agonies de squames au loin et la respiration de Sin autour d'eux.
Ils gravirent encore des niveaux, passèrent d'autres portes, cicatrices ou métal, parfois les deux, mais Riku ne s'arrêta devant aucune. Zéphyr marchait devant avec son fils qui se contentait de lui indiquer le trajet d'un index tendu de temps en temps.
Les jumeaux et Nanaki étaient derrière eux et Cloud se cramponnait au bras de son frère, aucun ne regardant autour d'eux, se contentant de suivre Zéphyr et Riku, les mâchoires serrées et la main sur leurs armes.
Vincent venait ensuite, son pistolet sorti et prêt à abattre la moindre squame qui tenterait de s'interposer et il entendait les pas de Yuffie et Cid derrière lui, puis plus loin, ceux de Barret, d'autres soldats, l'odeur des Parasites…
C'était toute une procession qui partait à la recherche d'Hojo.
Une funéraire, il l'espérait.
Et puis Riku stoppa en plein milieu du couloir.
Le temps que Vincent dépasse les jumeaux et Nanaki et qu'il ait rejoint ses enfants, le problème était évident.
Alors qu'ils avaient traversé un réseau de couloirs étonnement nets et larges, probablement pour les besoins d'Hojo, celui qu'ils voulaient emprunter était en train de guérir.
Les parois de chair se convulsaient sur leur passage, tentant de se refermer devant eux. Les cloques lumineuses se fendaient avant d'éclater, leur lumière s'éteignant après quelques clignotements et malgré la pénombre conséquente, le spectacle restait répugnant.
"Ça va hanter mes cauchemars," marmonna Barret dans le dos de Vincent.
"Il sait qu'on arrive," murmura Zéphyr, dégainant son couteau pour tester la résistance du mur de la pointe.
Vincent voyait encore une ouverture au fond du tunnel, pas vraiment une porte, même si un panneau de métal était au sol, en train d'être recouvert de chair palpitante.
Hojo n'était pas loin.
"Comment peut-on l'empêcher de se refermer ? " demanda Zéphyr, après qu'un coup de couteau n'ait rien fait de plus que repousser la chair quelques instants, comme celle d'une huître devant la fourchette.
"On cautérise en général," répondit Riku, "avec du feu, ça marche bien…"
"Ouais, mais on étouffe après ! " lança quelqu'un derrière eux, probablement un Parasite.
"Et ça PUE," ajouta un autre.
"Nanaki, tu penses pouvoir faire quelque chose ? " demanda Vincent.
"Ils ont raison," répondit le fauve en flairant une des parois, "la chaleur nécessaire pour brûler de la chair va utiliser tout l'oxygène, on ne pourra pas respirer si..."
Tout stoppa.
Les murs ne redevinrent pas miraculeusement plats et lisses, les lumières cassées ne rallumèrent pas mais le passage se rouvrit, assez pour laisser passer une personne.
"Qu'est-ce qui se passe ? " demanda Cloud, cramponné au bras de son frère, son autre main sur l'épée dans son dos pour l'empêcher de la sortir.
Quelque chose bougea derrière l'ouverture au fond du couloir.
Quelque chose de blanc, courbé…
"Tiens, tiens… te voilà enfin."
Le son des battements de cœurs autour de lui emplit les oreilles de Vincent, comme autant de tambours géants de Wutai.
Ceux des jumeaux, d'abord.
Celui Nanaki, et son gémissement quand il recula derrière les jambes des jumeaux.
Et étonnement, celui de Zéphyr.
Ils avaient tous reconnu la voix qui venait de parler.
Il se demanda un instant si son cœur à lui leur cassait les oreilles, mais il se sentait…
Étrangement calme.
Presque serein.
"Entre, Cerbère. Je t'attendais," croassa une voix à l'intérieur.
[1] Qestra a été adopté comme mascotte par les SOLDATS. Ou plutôt, comme la plupart des viéra que Ramza a rencontré, il s'est accroché à lui et ne le quitte pas d'une semelle.
[2] Y compris l'auteure
[3] Cadeau de Cid lors d'une de leurs nombreuses sorties au bar / débrief. Au cas où ils auraient besoin de contacter Basch de manière urgente et non officielle.
[4] Et pour en savoir plus sur Séphiroth au même âge et les nombreux points communs qu'il a avec Riku, vous pouvez lire Boules de Neige : Retrouvailles ! works/29175054/chapters/88725964
[5] RIP le sweat des jumeaux.
[6] Non, l'anatomie de Sin ne fait aucun sens, mais des diagrammes sur l'anatomie des baleines qui soient à la fois précis et compréhensibles, j'en ai pas trouvé des masses.
