Chapitre 4 : Coupe du Monde

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Parmi les multiples points communs entre Harry et Léo, il y avait leur haine commune et viscérale pour les Port-au-loin.

Grommelant tant et plus, le Survivant attrapa sa paire de lunette tendue par Dudley. Il les avait perdues lors de l'arrivée du port-au-loin. Le Poufsouffle fut ensuite hissé sur ses pieds par le voyant à la carrure de rugbyman. Ce dernier avait également relevé Léo de son autre main. L'Héritier Black était aussi maussade que son cadet et essuyait les verres de ses lunettes tachées de boue en jurant en fourchelangue.

« Arrivée du 15h03 en provenance de Londres, zone douze », déclara une voix fatiguée.

Un bien étrange duo attendait le groupe. Derrière lui Harry entendit sa sœur glousser. Il la comprenait assez bien. Les deux agents du Ministère étaient « habillés » de façon moldue. Celui récupérant la vieille canette des mains de Sirius avait un short à fleur, une chemise à jabot et une veste d'aviateur tandis que sa collègue qui indiqua au groupe le chemin pour le stade portait une robe à pois, verte et blanche avec un poncho à rayure et des bottes en caoutchouc.

« Magnifique », chuchota Dudley.

Harry ne put qu'acquiescer du chef. Il avait déjà vécu plusieurs finales de Coupe du Monde de Quidditch et systématiquement il finissait absolument mort de rire. Les sorciers étaient tellement paumés !

« Allez, en route mauvaise troupe ! » s'exclama Sirius.

Des étoiles dans les yeux, les jumeaux lui emboîtèrent le pas, suivis par Dudley et Hermione.

Les enfants Grangers-Potter, guidés par le Maraudeur prirent la direction du Stade. Ils avaient largement le temps d'y aller avant le début du match dans quasiment quatre heures, mais Sirius avait prévu de retrouver Remus et il savait que dans ce genre de rassemblement tout le monde se déplacerait très lentement. Mieux valait avoir de l'avance.

« On doit traverser le camping, puis le bois et on y sera », déclara Sirius, pointant du doigt les centaines de tentes alignées s'étalant à leurs pieds.

« On va mettre des heures », commenta Dudley avec un air convaincu.

Harry fronça le nez. Même sans talents de voyant, il était évident qu'ils allaient peiner à traverser cette forêt de tissus remplie de sorciers surexcités. Alors qu'ils descendaient la colline en direction de l'entrée du camping, Léo pointa la zone des supporters irlandais dont les tentes étaient d'un beau vert prairie puis celle des bulgares abordant une teinte rouge vif.

Le quintet entra dans le camping, saluant le gérant qui avait définitivement été soumis à beaucoup trop de sortilèges d'oubliette. S'engageant sur l'allée centrale, ils plongèrent dans ce chaos magique qu'étaient les rassemblements sorciers.

Ici et là, des jeunes enfants s'amusaient avec des balais ou les baguettes de leurs parents tandis que des agents du ministère courraient tels des poulets sans tête pour tenter de limiter les dégâts. Alors qu'un enfant de 4 ou 5 ans faisait exploser une limace avec la baguette de son père, Harry se pencha vers Léo et siffla doucement à son oreille.

« Heureusement qu'il y a des consignes de sécurité anti-moldus. »

Léo ricana puis pointa à son frère une tente qui tenait plus du palais de soie avec des paons attachés à l'entrée.

Avançant lentement vers le cœur du camping, les enfants de Marc et Pétunia ne se privèrent pas pour commenter les tentes et tenues extravagantes qu'ils voyaient. De temps en temps, au milieu de la foule, ils virent plusieurs camarades de Poudlard, certains avec leurs parents. Harry salua entre autre Seamus et Dean de Gryffondor qui avaient la peau et les cheveux intégralement verts. Un peu plus loin, ce fut Hermione qui s'arrêta pour échanger avec Pénélope Deauclair, puis Léo qui se fit interpeller par Blaise Zabini. Celui-ci bondit sur Léo, le serrant dans ses bras tout en l'inondant de paroles incompréhensibles tant le débit était rapide.

Sans surprise, derrière Blaise venait Milicent qui récupéra le jeune métisse et l'empêcha de bondir partout en lui tenant fermement les deux épaules.

«

VincentetGregorysontdanslecamping2,lesfamillesTraviesetGreengrassdansle3,j'aicroiséDraconisdeloin,ilétaitavecsasœ 'ilsontdesprunesdirigeables

»

Harry cligna des yeux. Il avait rien compris. La mine inquisitrice de sa soeur et celle hagard de Dudley et Sirius le rassurent. Il n'était pas le seul. Léo lui était habitué au débit vocal de ne regarda même pas ce qu'avait tente d'écrire sa plume à papote, préférant regarder ce que signait lentement Milicent.

« C'est cool Blaise. Tu as fait des progrès Mili. »

**Merci**

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Sirius regardait son filleul échanger avec ses deux amis avec tendresse. Léo et Harry étaient bien trop sérieux pour leurs ages. Ils avaient de temps en temps des réactions et des propos de sorciers trois fois plus âgés. Voire même des agissements de politiciens dignes de ceux de Dumbledore. C'était incroyablement perturbant ! Alors oui, lorsque Sirius pouvait voir Léo et Harry agir comme des adolescents de quatorze ans, cela le rassurait.

(D'accord, il aurait préféré qu'il ne soit pas aussi proche de la fille de Magnus Bullstrode, ce connard puriste qui n'avait échappé à Azkaban qu'en mentant ! Mais passons.)

Les deux enfants se joignirent au groupe de Sirius, arguant qu'ils avaient du temps à perdre avant de devoir rejoindre la mère de Blaise.

Entre Hermione qui discutait à bâtons rompus avec son ancienne camarade de dortoir et les deux nouveaux petits serpents, Sirius avait quasiment doublé la quantité d'enfant qu'il devait surveiller. Et par les couilles de Merlin, il n'avait pas signé pour cela ! Il ne voulait pas être l'adulte responsable !

« Harry ! »

Et voilà un gosse en plus, songea Sirius. Ah… Plusieurs gosses en plus…

Le Survivant fut tiré vers deux tentes miteuse devant lesquelles étaient assis une marée de têtes rousses.

« Papa, voici Harry et Léo et leur sœur Hermione et... » déclara l'adolescent de l'age des jumeaux ayant capturé Harry. Il s'arrêta et jeta un regard incertain sur le reste du groupe.

« Dudley, frère cadet d'Hermione », se présenta le grand blond.

« Sirius Black », poursuivit l'animagus, « et voici une amie d'Hermione et deux amis de Léo », finit-il en pointant la blonde discutant avec Hermione, et les deux petits Serpentards.

« Hey ! Blaise, Milli, je ne vous avais pas vu ! » salua le kidnappeur avant de sourire à Sirius. « Je suis Ron Weasley. »

Il nomma tous les rouquins présents (apparemment il en manquait trois) et présenta le seul brun du groupe sous le nom de Lee Jordan, ami de toujours des jumeaux Fred et George. Sirius serra la main d'Arthur Weasley, laissant les jeunes discuter entre eux. Le Maraudeur avait quelques vagues souvenirs de Arthur. Ils avaient été ensemble à Poudlard, un ou deux ans, puis s'étaient croisé chez Fabian ou Gideon. À l'époque Molly était enceinte jusqu'aux yeux, certainement de Ron, et elle avait interdit à son époux de se joindre à l'Ordre, arguant qu'elle était déjà mécontente que ses frères y soient et qu'elle ne voulait pas risquer de perdre en prime le père de ses enfants.

« Du thé ? »

« Volontiers ».

Acceptant la tasse, Sirius s'assit aux cotés du Patriarche Weasley. Sirotant le breuvage amer, il laissa traîner ses oreilles.

« Gringotts aura des taux moins intéressants, mais ils payeront. Pas Verprey », expliquait Dudley à Lee, Fred et Georges.

« Des prunes dirigeables ? Sérieusement ? » demandait Ron à Blaise.

« C'est tellement gigantesque ! Et placé au cœur de la ville moldue »,décrivait l'amie d'Hermione à son audience.

« Chapeau pour tes BUSES », félicitait Milicent à Léo.

Sirius tourna un peu la tête. Il y avait deux personnes qu'il ne pouvait entendre. Harry et Percy s'étaient éloignés et échangeaient visiblement assez vivement sur un sujet inconnu. Sirius plissa les yeux. C'était dans ce genre de situation qu'il regrettait l'ouïe de Patmol.

« Pa', on a croisé les Lovegood, Ginny est avec eux ! »

Sirius se retourna vers l'origine de la voix. Deux nouveaux venus, roux avec des taches de rousseur et un air de famille flagrant avec le reste de Weasley, posèrent leurs bidons d'eau près du feu.

« Et voici Bill et Charlie, les deux aînés », présenta Arthur.

« Sacré rassemblement », commenta le plus trapu des deux, Charlie apparemment.

« On est seulement de passage », commenta Hermione.

« Hey, je te connais toi », finit Charlie en pointant la fille de Pétunia

« Sans nul doute », répondit sa collègue blonde. « Après tout, elle t'a cassé la jambe à Poudlard, il y a environs 7 ans. »

Le silence fracassant suivant cette déclaration fut brisé par le grand éclat de rire de Bill et les exclamations choquées du reste de la troupe.

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Après une petite heure à échanger avec la famille Weasley, le groupe de Sirius avait repris sa route. Léo avait été surpris de la facilité d'échange avec les rouquins. Ron s'était vraiment détendu avec les Serpentards (apparemment les jeux de cartes en Divination aidaient au rapprochement des Maisons) quant à ses frères, les plus âgés n'en avaient plus rien à faire et les jumeaux avaient été tenus en laisse par les présences de leur père et d'Hermione.

En quittant les Weasley, le groupe avait dit au revoir à Pénélope (qui avait vu un de ses collègues au loin et voulait lui parler) ainsi qu'à Blaise et Milicent qui avaient reçu un patronus de Lady Zabini demandant leur retour au camp.

Guidés par Sirius, ils avaient continué à avancer jusqu'à une zone remplie de vendeurs ambulants. L'éclat dangereux qui brilla dans les yeux de Dudley fit frémir Léo. Il connaissait son frère. Les marchands allaient pleurer.

« On se retrouve là dans une demi-heure », déclara Sirius. « Et n'achetez pas de Multipliettes. »

Les enfants de Pétunia hochèrent la tête et plongèrent vers les stands avec la férocité d'un banc de piranhas.

Dudley négociait ardemment avec un des marchands ambulants sous les encouragements de Léo et Harry lorsque le Poufsouffle fut mis en alerte par une sensation familière. Détournant le regard du grand blond qui démontait verbalement le vendeur, Harry chercha dans la foule ce qui l'avait attiré.

Un boulet vêtu de rouge lui bondit dessus et seule la chance lui évita de finir par terre. Le sourire, immense, fut la première chose qu'il enregistra, puis vinrent deux yeux verts avec des éclats noisette et finalement il mit un nom sur la personne qui le serrait dans ses bras.

« Harmony ! »

La fille de la Mort le relâcha sans se départir de son sourire.

« Harry ! J'suis trop contente de te voir ! »

« Moi aussi. C'est d'ailleurs une sacrée surprise. Maitre Brook est là également ? »

Harmony secoua la tête, fouettant l'ait de ses longues couettes étonnamment symétriques. Elle était habillée d'un T-shirt rouge sang abordant l'emblème de l'équipe bulgare et d'un short noir. Sa tenue dévoilait le holster de sa baguette ainsi que les longues cicatrices claires courant sur ses bras, preuves de sa spécialisation en magie sacrificielle.

« Il est là, mais il est avec Ra's al Ghul et d'autres immortels. Ils veulent se pinter la tronche jusqu'à pas d'heures après le match. »

Harry cligna des yeux, trop d'informations se percutant dans son crane.

« d'autres immortels… ? »

« Oups », déclara Harmony avant de faire mine de fermer sa bouche avec une fermeture éclair.

Harry fronça le nez, agacé. Il connaissait Harmony, que ce soit cette version ou la précédente. Elle ne dirait rien de plus.

« Si tu n'es pas avec Brook, tu es avec qui ? Ton ombre est manquante. »

« Je pourrais être toute seule. »

« À neuf ans ? »

« J'en ai onze ans, connard ! »

« Langage ! »

Harry avait mérité les deux majeurs tendus de la petite Nécromancienne Naturelle.

« Ulysse est allé nous acheter à manger. Et je suis avec mon parrain et ma mamie. »

Le Survivant hocha la tête. Harmony lui avait déjà parlé de sa famille, mais Harry ne les avait jamais rencontrés.

« Ton père n'est pas là ? »

« Il n'est pas fan de Quidditch et il refuse de venir en Angleterre. HEY ! TOBI ! JE SUIS LÀ ! »

Le cri perçant d'Harmony vrilla les oreilles de Harry. Un homme d'une trentaine d'années, vêtu d'un bermuda gris et d'une chemise rose pale sortit de la foule. Ses cheveux châtain clair étaient coupés court, dévoilant sans nuance son front se dégarnissant. Il avait un petit nez et un visage étroit. Sa moue agacée lui donnait des airs de rongeurs et cela fit sourire Harry.

« Harmony Héla Mallard, qu'avais-je dis à propos de disparaître ?! » gronda l'homme en se plantant face à Harmony les bras croisés.

Celle-ci lui envoya l'air innocent le plus faux que Harry ait jamais vu de ses deux vies.

« De ne pas le faire. »

« Exactement ! »

L'homme soupira longuement, apparemment épuisé par les manières d'Harmony qui semblait vraiment contrite désormais. »

« Je suis désolée. »

« Préviens-moi la prochaine fois. Si tu disparais, ta grand-mère va me tuer », déclara l'homme avant de porter son attention sur Harry. « Harmony, qui est ton ami ? »

« Tobi, voici Harry. Harry, voici Tobias, mon parrain ! »

Harry attrapa la main tendue du parrain d'Harmony. Les yeux froids et calculateur de l'homme le scannèrent de haut en bas, ne s'arrêtant qu'une fraction de seconde sur sa cicatrice.

« Harry… Harmony nous a conté vos multiples talents. J'ose espérer que vous n'avez point relevé de cimetières en son absence . »

Déstabilisé par la tournure de la conversation Harry bafouilla un « non » surprit. Normalement personne (sauf Léo et Dudley et Hermione et… fuck, beaucoup trop de gens étaient au courant !) ne savait qu'il avait des capacités de nécromancien naturel. Normalement les gens lui parlaient de sa cicatrice, de ses parents décédés et de Voldemort. Le changement était surprenant et finalement agréable.

Tobias sourit et tout son visage se réchauffa.

« Je plaisante. Je connais ma filleule et malgré sa tendance à disparaître sans prévenir, elle est responsable. Elle ne vous aurait pas laissé seul si vous risquiez de déclencher une énième Apocalypse Zombies. »

« Y en a déjà eut treize cette année ! » pipa Harmony. « Deux en Europe, 3 en Afrique, 1 en Nouvelle-Zélande, 5 dans les Caraïbes et 3 aux USA. »

« C'est une bonne année », commenta Harry.

« La pire période n'est pas encore arrivée », dit Tobias avec lassitude.

Harry haussa un sourcil

« Toussaint », commenta Harmony.

Effectivement.

« Vous êtes seuls jeune homme ? »

« Non, mes frères juste là », déclara Harry en pointant Dudley et Léo qui récupéraient des chapeaux couverts de trèfles auprès d'un vendeur au bord des larmes. « Et le parrain de Léo doit nous retrouver d'ici une vingtaine de minutes. »

« Parfait. Nous allons donc devoir vous laisser. »

« Mais… »

« Harmony, ta grand-mère nous attend et si on la laisse toute seule trop longtemps, elle va déclencher une guerre parmi les membres du Magenmagot. Et Ulysse va tout manger. »

Dévastée à l'idée que son garde-du-corps réincarné puisse manger l'ensemble des victuailles, Harmony serra Harry dans ses bras, promettant de lui écrire s'ils n'arrivaient pas à se voir après le match. Le Survivant sourit en regardant l'enfant de la Mort traîner son parrain dans la foule. Au moins certaines choses ne changeaient pas. Harmony se foutait bien que sa famille soit à l'origine d'une guerre, par contre que quelqu'un mange tous les hot-dogs/crêpes/malbouffe de stade… là, elle s'activait.

~ C'était Harmony ?~ siffla Léo en tendant un chapeau et des rosettes gonflables aux couleurs de l'Irlande.

~ Oui. Elle est avec sa famille.~

~ Héla aussi ?~

Harry regarda Léo, cligna des yeux, réfléchit une seconde à la notion et haussa les épaules.

~ Ce ne serait même pas si bizarre.~

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La loge ministérielle faisait absolument minuscule par rapport à l'immensité du stade et pourtant plus d'une quarantaine de sorciers y étaient installés. Assise au premier rang sur une chaise pourpre et or Fleur songea qu'être la fille de la Présidente de la France Magique avait de gros avantages. Après tout cette loge et celle située juste en face pour les familles des joueurs offraient la meilleure vue imaginable sur le stade et le jeu à venir.

Fleur balaya la loge du regard. Outre la délégation française, une petite vingtaine d'autres sorciers étaient désormais installés. Étonnamment il y avait une elfe de maison sur une des chaises de la dernière rangée. Elle avait l'air malade la pauvre… Fleur retint un rire en voyant une sorcière blonde au visage peint en vert qui semblait déterminée à tendre un gigantesque drapeau irlandais dans la loge tandis qu'un homme, certainement son époux essayait de l'en dissuader. Derrière eux leurs deux enfants semblaient partager entre mourir de honte et se joindre à leur mère.

« Tu penses qu'elle va réussir ? » demanda Gabrielle d'une voie fluette.

« Même si elle réussit, les agents du Ministère anglais l'enlèveront », intervint le Capitaine de sa voix rocailleuse.

Gabrielle porta son attention vers son garde-du-corps et celui-ci lui expliqua patiemment l'importance d'un tel évènement et l'obligation de ne pas créer d'incidents diplomatiques. Laissant sa sœur à sa discussion, Fleur se retourna vers l'homme installé juste derrière elle. Trentenaire, cheveux ondulé, grands yeux sombres, sourire rare mais ravageur lorsque présent, le Chevalier, pas de nom ou prénom autre, était devenu l'ombre de Fleur depuis la victoire de sa mère.

Fleur, juste dix-sept ans et pas encore sortie de cet age idiot qu'était l'adolescence, s'était opposée avec virulence au fait d'avoir un garde du corps. Elle n'était clairement pas faible et fragile et qui avait quelque chose à faire du poste de sa mère ?!

La réponse était beaucoup de gens, y compris des individus dangereux.

Les extrémistes Sang-Purs français étaient entrés en ébullition avec l'élection de Apolline Delacour, demie-Velane au poste de Présidente. Ils avaient tenté de la faire chuter dès le lendemain de sa victoire. Mais Apolline était inaccessible, alors ils s'étaient tournés vers ses faiblesses, sa famille.

Les évènements restaient flous pour Fleur. De l'ensemble de la scène, elle revoyait clairement la tête rebondir au sol avec un bruit mou et spongieux, elle sentait le sang chaud, fluide, salé, couler sur son visage là où elle avait été éclaboussée et elle entendait la lame du Chevalier glisser dans son fourreau dans un silence surnaturel avant que les hurlements ne fassent exploser l'instant.

Fleur savait seulement deux choses. Elle aurait dû mourir ce jour-là. Le Chevalier (en poste depuis moins d'un mois, avec qui elle avait été odieuse) lui avait sauvé la vie.

Depuis cet évènement, Fleur était beaucoup plus amicale envers sa nouvelle ombre. L'homme lui avait sauvé la vie après tout.

« Souhaitez-vous parier sur le résultat Sir ? » demanda Fleur en se penchant vers son garde-du-corps.

L'homme esquissa un sourire.

« Il n'est pas dans ma nature de parier. »

Sa tirade tira un reniflement moqueur de la part du Capitaine, ce qui lui attira un regard mauvais de la part du Chevalier.

« Il y a plus de choses que vous ignorez sur moi Capitaine, que de choses que vous connaissez. Il n'est pas dans ma nature de parier, mais si je devais absolument le faire, je dirais que Krum va attraper le Vif. »

« La Bulgarie gagnante ? Étonnant paris. L'Irlande est donnée gagnante par la majorité des prognostiques. »

« Je n'ai pas dit cela. Je pense juste que Krum aura le Vif. Il vole comme s'il était né sur un balai. Un véritable Naturel. Lynch est moins doué. Donc sauf s'il a beaucoup de chance, l'Irlande n'aura pas le Vif. Mais ils peuvent quand même gagner. »

Fleur hocha la tête. C'était une analyse intéressante. Et assez juste.

« Maman… »

« Non, pas de paris. »

Fleur ne tenta pas de faire changer sa mère d'avis. Apolline Delacour était une femme inflexible. Par contre, il y avait une personne qui pouvait la faire fléchir.

« Nope ! »

Échec, songea Fleur lorsque son regard de chiot abandonné ne fonctionna pas sur son père. Philippe Delacour avait trop l'habitude des manigances de ses filles (et occasionnellement de son épouse) pour être encore sensible à leurs tentatives de manipulations.

Serrant la main de Gabrielle dans la sienne, Fleur reporta son attention sur le terrain où venait d'entrer ses cousines bulgares. Fleur sourit de façon carnassière. Elle avait déjà eu la chance d'assister à des fêtes de solstices avec sa grand-mère et savait l'impacte de la magie Velane sur les esprits faibles.

Alors que sa petite sœur restait fixée sur le spectacle en contre-bas, Fleur jeta un coup d'œil sur le spectacle à côté d'elle. Et sans surprise, la plupart des hommes (et quelques femmes aussi) étaient en train de faire des choses absolument débiles pour attirer l'attention des Velanes. Hilarant. Et très utile pour le chantage.

Sans surprises, ni le Chevalier, ni le Capitaine n'étaient impactés par la magie Velane. Ils étaient beaucoup trop sérieux et rigoureux (et entraînés) pour se faire avoir. Dommage.

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Par acquit de conscience Sirius compta à nouveau les gamins et soupira de soulagement en en comptant quatre. Il n'avait encore perdu aucun des enfants de Pétunia (Merlin, cette moldue pouvait être encore plus terrifiante que Lily et ce n'était pas peu dire !).

Enfin, après moult péripéties le groupe avait enfin atteint ses places et pouvait profiter du match. Sirius imita les quatre jeunes et braqua ses Multipliettes sur le terrain où l'arbitre avançait d'un pas chancelant, l'énorme boite de balle dans les bras. Au-dessus de lui les deux équipes tournoyaient, attendant le coup de sifflet pour se mettre en position avant le départ du match.

Et dire qu'ils avaient failli manquer cela ! C'était incroyable le nombre de sorciers qui avaient tenté d'arrêter leur groupe pour parler au « Survivant ». Hermione avait d'ailleurs menacé une journaliste blonde avec une plume à papote verte fluo de lui lancer un maléfice de chauve-furie si elle ne leur foutait pas la paix.

De toutes les interruptions, une sortait du lot. Ils grimpaient enfin dans les tribunes du stade lorsque Harry avait été tiré à part par une toute petite sorcière asiatique plus ridée qu'une vieille pomme. Sirius, sur les nerfs (et inquiet) avait failli lancer un sort à l'aïeule, mais Léo l'en avait empêché, expliquant que l'adolescente derrière la petite vieille était l'une des meilleures amie de Harry.

La petiote, nommé Su, ne savait plus où se mettre et s'était longuement excusée de l'attitude de sa grand-mère pendant que celle-ci examinait Harry sous toutes les coutures, attrapant son visage à deux mains pour lui faire tourner la tête dans les directions souhaitées.

L'aïeule avait relâché Harry puis fixant sa petite fille, avait proclamé quelque chose avec fermeté. Sirius s'était mordu la langue pour ne pas exploser de rire pendant que Su rougissait avec violence avant de répondre quelque chose dans la même langue que sa grand-mère.

Sirius ricana en repensant à la scène tandis que sur le terrain l'arbitre libérait les balles et sifflait le début du match.

« C'EST PARTI ! LE SOUAFLE A MULLET QUI PASSE A TROY ! MORANE ! DIMITROV ! MULLET À NOUVEAU ! TROY ! LEVSKI ! MORANE ! »

Le commentateur avait une sacrée voix même en prenant en compte le sonorus qu'il devait utiliser. Les joueurs étaient excellents et le jeu extrêmement rapide. Le pauvre bougre avait à peine le temps de dire leurs noms. Sirius se retint d'utiliser la fonction ralentie de ses multipliettes. Il ne voulait rien rater du match.

Le Quidditch faisait partie de ces choses qui lui manquait le plus. Alors pouvoir profiter de cette finale, à domicile, avec son filleul et sa fratrie… Oui, il y avait quelque chose de magique.

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Le Black Bee était en effervescence. Les lieux avaient été fermés aux moldus, sous prétexte d'une privatisation pour une soirée par une entreprise bidon. Les sorciers et créatures magiques étaient arrivées, presque timidement, jusqu'à remplir le bar en début de soirée.

Les premiers à arriver avaient été, sans surprise, les Vampires de Mordred. Ils avaient débarqué, fringués comme des traders, petites mallettes en cuir noir comprise, et s'étaient installés dans un coin de la grande salle. Ils avaient été hésitants à s'approcher de Pétunia, sachant que leur Père leur arracherait la tête s'ils se comportaient mal (ou pire heurtaient) avec la moldue. Mais l'ambiance s'était détendue et de grands pichets de sang aux épices avaient faits leurs apparitions sur les tables.

(C'était une recette ramenée par Max des USA)

Suite à cela autres créatures magiques, principalement des Gobelins, mené par Maître Gornuk, mais aussi un groupe de Faunes et un couple de Kitsunes avaient investis les lieux. Dans tous ce chaos, les humains étaient en large infériorité numérique. Moins d'une dizaine de sorciers (des Nés-de-Moldus) et une poignée de Cracmolls étaient présents.

Tandis que Sloan zigzaguait dans la salle bondée, transportant boissons et plats divers (et très variés), les clients gardaient les yeux rivés sur l'écran géant qui diffusait la finale de Quidditch.

Accoudé au comptoir avec Mordred, Marc était extrêmement satisfait de son idée. C'était lui qui avait imaginé diffuser le match et c'était lui qui avait galéré, tout seul comme un grand, pour trouver un moyen de le faire.

Il avait fallu se brancher sur une chaîne de télévision française, gérée uniquement par des Nés-de-Moldus, qui diffusait le match sur des ondes pirates auprès d'un public constitué principalement d'autres Nés-de-Moldus. Marc avait réussi (avec l'aide de Jack, un vampire que le dentiste suspectait fortement d'être le fameux « Jack l'Éventreur ».) à pirater le signal pour le récupérer sur un ordinateur. Après cela, il avait « suffi » de brancher le portable sur un vidéo projecteur pour projeter l'image sur une toile tendue.

Les clients magiques (sauf les Nés-de-Moldus et certains Cracmolls exilés qui connaissaient déjà la télévision) avaient été sceptiques au début, mais cela n'avait pas duré. Après le début du match et lorsqu'ils avaient compris qu'ils le voyaient en direct, ils avaient été absolument absorbés par l'image. Le seul point négatif étaient les commentaires en français que peu pouvaient suivre, mais un sort gobelin, lancé avec l'autorisation de Pétunia, permettaient d'avoir des sous-titres.

« C'est moi où il y a de plus en plus de monde ? », demanda Pétunia en posant un plateau couvert de pintes de bière sur le comptoir.

Sloan s'en empara rapidement avant de replonger dans la foule qui était effectivement plus dense.

« Le bouche-à-oreille fonctionne bien », commenta Mordred avant de prendre une gorgée de son cocktail qui puait l'hémoglobine et le whisky à 2 mètres.

Le commentaire de Marc fut noyé sous les hurlements des supporters. L'Irlande avait encore marqué !

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Lorsque Hermione poussa la porte du Black Bee, elle crut un court instant être tombée dans une autre dimension. Le pub était bondé ! Des étincelles flottaient au plafond et des dizaines d'individus clairement pas humains bondissaient dans tous les sens, ivres de bonheurs (ivre tout court pour la majorité).

Fendant la foule tel Moise avec la Mer Rouge, Pétunia apparu. Ses yeux pétillaient et son sourire était immense. Ses joues avaient été peintes en vert et des trèfles dansaient sur sa chemise.

« Vous vous êtes bien amusés ? » demanda-t-elle, serrant un à un ses enfants dans ses bras.

« C'était trooop coool ! » s'écria Harry avant de commencer à décrire toutes les figures faites durant le match. Léo ne fut pas long à se mêler de la conversation, rajoutant des détails et des commentaires sarcastiques lorsqu'il le fallait.

Hermione secoua la tête, amusée par l'excitation des jumeaux. Dudley et Sirius avaient déjà disparu dans la foule, happé l'un par sa tutrice de Divination, l'autre par une trentenaire avec des lunettes à la monture rouge.

« Ça va ma puce ? »

Hermione sourit à son père et se jeta dans ses bras. Elle avait beau avoir 18 ans, elle restait la fille de son papa. Ses bras autour de ses épaules étaient encore si forts et si rassurants. Peut-être était-ce la perspective de son tour du monde qui s'approchait à grands pas ou bien était-ce simplement la réalisation qu'elle n'était plus une enfant, mais Hermione ne pouvait s'empêcher de rechercher la présence de ses parents. Elle les aimait tellement !

« Ça va. C'était vraiment extraordinaire. Sirius nous a fait un cadeau magnifique. »

« J'imagine que vous l'avez remercié. »

« Évidemment, nous ne sommes pas des sauvages ! »

Marc rit, amusé par la véhémence de sa fille. Sa princesse allait lui manquer lorsqu'elle serait en voyage. Mais c'était une opportunité unique et elle devait en profiter !

« Vous êtes revenus tôt », commenta-t-il en s'installant au comptoir.

Pétunia était retournée derrière le bar, écoutant les jumeaux qui jacassassent comme des pieds en sirotant un truc que Hermione espérait ne PAS être du coca. Ils étaient suffisamment excités comme ça !

« Sirius n'a pas voulu traîner après le match. D'après lui, il se passe toujours des trucs cons après ce genre d'évènements. Trop de gens bourrés et trop d'adrénaline. Il nous a fait transplané dès que c'était possible après être sortie de la zone anti-transplanage. »

« Si ça ressemble aux finales de Championnat de Foot, c'est une bonne décision qu'il a prit », commenta Marc.

« Je crois qu'il a aussi peur de Maman et de sa réaction s'il nous arrivait quelque chose. »

Le dentiste leva son verre en ricanant.

« Tout homme sage craint la réaction d'une mère lorsque ses enfants sont concernés. »