La Première Tache

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Ron Weasley, pestant tant et plus contre ces maudits escaliers, parvint enfin au bon étage. Il jeta un coup d'œil à sa montre, une montre basique en acier et plastique gravée de multitudes de runes la protégeant de la magie. C'était un cadeau de Harry. Il avait 4 minutes. Ça pouvait le faire si…

« Harry ! »

Le meilleur ami du gryffondor sursauta. L'un de ses cahiers de brouillon tomba au sol, dévoilant des lignes de runes et de glyphes trop fluides pour être de l'écriture nordique. Ron le ramassa et le tendit au Poufsouffle.

« Enfin je te trouve. »

« Bonjour aussi Ron. » salua Harry en récupérant son cahier. « Toujours aussi bien les cours de divination ?"

"On doit tenir un journal des rêves, ce qui est une perte de temps absolue. C'est vraiment nul comme cours. On peut même pas faire de siestes à cause de ces encens pourris qui te file la gerbe."

"Tu peux basculer en Runes, je te filerai un coup de main."

"Alors… oui, mais non. Je ne suis pas suicidaire. Et pour la divination, il me reste deux ans, je plante ma BUSE et j'ai la paix absolue."

Harry leva les yeux au ciel et Ron se retint de l'insulter. Il était pas un génie lui. Il n'avait aucune envie d'aller se prendre la tête avec un alphabet plus utilisé depuis des siècles !

« Au fait, que fais-tu là ? t'es pas sensé avoir potion ? » demanda soudainement Harry

"Si, d'ailleurs je vais être à la bourre si je cours pas."

"Ronald Bilius Weasley !"

"Argh, arrête, y' a que ma mère qui à le droit de faire ça !"

Harry fixa Ron du regard.

"Ce soir, on va faire un tour dans la Forêt Interdite », lâcha le Gryffondor en jetant un énième coup d'œil à sa montre.

"Hein ?"

Deux minutes. Tendu, mais ça pouvait le faire.

"Amène la cape. »

"C'est ça le message ?! Tu pouvais me prévenir par Léo ou avec Coquecidru !"

Ron secoua la tête. Il adorait son hibou, mais la boule de plume n'était pas hyper fiable. Trop excité. Pour envoyer un message au Terrier, ça allait, mais pas pour demander à un Champion d'aller faire un tour après le couvre feu pour voir des créatures gigantesques. Quant à Léo…

« Les rares cours que j'ai en commun avec ton frère son déjà passés », cria Ron, ayant enfin reprit sa route.

Il dévala les escaliers, sautant les marches quatre à quatre. 150 secondes pour rejoindre les cachots… Ça allait le faire.

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Harry ricana en voyant la tête rousse de son ami disparaître dans les escaliers. C'était joueur de vouloir rejoindre les cachots en aussi peu de temps.

Severus n'avait aucune patience pour les étudiants non ponctuels. Il avait en général peu de patience pour les étudiants. A se demander pourquoi l'homme, que Harry adorait dans cette vie, était prof. Il était fait pour se noyer dans la recherche, à bidouiller des ingrédients improbable jusqu'à créer la potion qui guérirait le cancer ou soignerait la faim dans le monde ou un autre truc de cet acabit.

(La réponse à cette grande question tenait en quelques mots : « erreur de jeunesse » et « Albus Dumbledore ».)

Harry rentra dans la salle de Runes, saluant au passage la Professeure Babbling. L'enseignante, petite avec une peau pale comme la neige et un carré plongeant de cheveux noirs comme l'ébène faisait toujours autant pensé à Blanche-Neige. Harry l'aimait bien. Elle était passionnée et passionnante. Elle avait une façon de lire les runes et de les assembler absolument fascinante.

Le Poufsouffle se laissa tomber aux cotés d'Harmony. La petite Apprentie et Harry étaient les deux plus jeunes étudiants de la salle. Les autres étaient des Sixièmes années.

Il y avait eu quelques froncements de sourcils de la part des plus âgés lorsque Harry était entré dans la salle la première fois, mais Babbling avait expliqué qu'il avait validé sa BUSE de Runes, comme tous les autres et qu'il avait donc parfaitement sa place avec eux.

(Il avait par la suite fait ses preuves, maintenant sa place dans le top trois.)

Harmony les avait rejoint après l'arrivée de Durmstrang. Sur ce coup, personne n'avait moufté. Tous se souvenaient du semestre que l'Apprentie avait passé à Poudlard deux ans auparavant. Elle n'avait pas d'emploi du temps fixe, naviguant d'une classe à l'autre et d'un niveau à l'autre en fonction de ses compétences.

Ainsi, l'américaine allait en cours de métamorphose avec les premières années de Poudlard (elle était incapable de la moindre transformation, mais McGonnagal ne se décourageait pas), partageait les cours de potions des cinquièmes années anglais (Severus était l'un des meilleur potionniste du monde, Brook le savait et lui avait filé son apprentie), squattait les cours de duel de Beauxbatons (personne ne savait comment elle avait convaincu le Professeur Sacquebien), accompagnait Harry en Runes (Brook avait décrété que même s'il était officiellement son Maître en cette matière, Babbling était reconnue par la communauté mondiale pour son expertise) et bossait le reste de ses cours avec les élèves de Durmstrang.

« Ça va ? » demanda Harry en posant son sac sur la table.

Harmony lui répondit avec une petite moue boudeuse.

« La Guilde a reçu une lettre de la France. Suspicion d'Inferi dans le Sud. Je suis la plus proche pour agir. »

Harry lui tapota l'épaule en signe de soutien.

Autant l'Amérique était connue pour ses « Apocalypses Zombies », autant l'Europe avait l'habitude des Inferi. Semblables sur bien des points, les deux créatures morte-vivantes étaient légèrement différentes en ce sens que lorsqu'il y avait des Inferi, il y avait à coté un sorcier puissant (avec les zombie, la majorité du temps, le sorcier invocateur s'était fait bouffé) à appréhender.

« Tu pars quand ? »

« Début d'après-midi. Une équipe de Mages de Combat passe me récupérer. Ça me saoule. J'voulais être là pour la première tache. »

Harmony était la plus jeune et la plus puissante Nécromancienne ayant jamais foulé cette Terre (Harry ne comptait pas). Elle faisait parti de la Guilde depuis déjà une demie-douzaine d'années et lorsque la Guilde ordonnait, ses membres obéissaient, même si cela signifiait louper la première épreuve d'un tournoi unique.

« C'est dans trois jours, ça devrait être bon. »

« La dernière fois, on a mis quasiment un mois à tout nettoyer. Merlin, je hais les Inferi. »

« Mr Potter, Miss Mallard », coupa Babbling. « Je vous dérange peut-être ? »

Les deux étudiants s'excusèrent platement et ouvrirent leurs livres à la bonne page.

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Léo était en métamorphose lorsqu'il avait commencé à se sentir mal.

Dehors la luminosité commencé à baisser. Les jours étaient courts en novembre et la métamorphose était son dernier cours de la journée.

La vague de malaise avait frappé soudainement. Léo avait planté son sort, ce qui ne lui arrivait jamais, et son immobilisation soudaine et totale avait inquiété sa voisine. La sixième année avait voulu alerté McGonnagal, mais Léo l'avait convaincue que tout allait bien.

Il avait relancé son sort et celui-ci avait parfaitement fonctionné.

Léo n'allait pas mieux, mais il faisait comme ci. C'était un vieux travers de sa première vie. Il ne fallait pas laisser percevoir sa faiblesse. Il fallait toujours donner le change.

Ce n'était pas une douleur physique. Il n'avait pas mal au ventre ou à la tête. Il n'était pas malade non plus… C'était autre chose. Quelque chose venait le titiller à l'arrière du crane. Une sensation étrangère et pourtant… familière. Quelque chose dans ses tripes, dans son cœur, dans son centre magique s'était réveillé. Quelque chose de troublant.

Le repas était passé comme dans un rêve. Léo agissait de façon automatique. Les propos de Blaise, Milicent et Théo étaient à moitié analysés tant son cerveau, occupé par cette sensation étrange, peinait à lire sur les lèvres.

De toutes les personnes possibles à détecter le problème, ce fut surprenamment Pansy. La jeune fille blonde (qui avait le malheur de ressembler à son père avec des cheveux longs) éloigna les autres et permis à Léo de rejoindre son dortoir tranquille.

Sans stimuli extérieurs le jeune Patriarche Black réussi à recentrer son attention sur son problème. Quelque chose résonnait dans son centre magique. Aurait-il eu 17 ans, il aurait songé à un héritage magique. Mais il était trop jeune.

Cet Appel résonnait encore et encore, de plus en plus fort. Il était Appelé ! Appelé ailleurs. Ailleurs…

Théodore frissonna. Il savait depuis aussi loin qu'il se souvienne que Léo Edgard Potter était puissant. Puissant et dangereux. Mais c'était la première fois que son camarade lui faisait peur.

Le Potter, assis en tailleur sur son lit ne semblait pas avoir conscience du monde autour de lui. Il n'avait pas bronché lorsque Théo était entré. Ses yeux étaient perdus dans le vide et l'Héritier Nott se demanda depuis quand ceux-ci étaient argentés.

Léo tourna soudainement la tête vers Théo, plongeant son regard lumineux dans celui du jeune Serpentard. Sa peau luisait sourdement dans la faible lueur des chandelles et ses cheveux en bataille bougeaient comme au grès d'un lent courant marin.

« ArZkEjRaG » résonna lourdement la voix de Léo à travers le dortoir alors que ses lèvres restèrent closes.

Un éclair de lumière brûla les yeux de Théodore. Lorsqu'il réussi à voir correctement à nouveau, Léo avait disparu.

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Charlie était heureux.

Il avait un boulot de rêve et des collègues incroyables. Ok, il lui arrivait de faire des journées de 40heures et il avait eu quelques jolies brûlures. Mais il bossait avec des DRAGONS ! C'était tellement cooool !

Loin de la contrainte familiale, il vivait sa meilleure vie.

Personne pour critiquer la dangerosité de son métier ou pour le harasser à propos d'une jolie sorcière. Charlie n'avait jamais été intéressé par les filles. Il avait imaginé être gay mais il s'était avéré que c'était juste… meh… les gens… le sexe… bah. Nope. La nudité ne le gênait pas. Il trouvait des individus des deux sexes beaux. Mais de la même façon qu'il trouvait un couché de soleil beau.

Enfin bref !

Charlie s'éclatait en Roumanie dans la Réserve Européenne des espèces Draconitique. Il était bien intégré dans l'équipe et reconnu pour ses capacités. Mais il restait quand même un des plus jeunes de la Réserve et avait été vraiment surprit lorsqu'il avait été choisi pour intégrer l'équipe chargée de la gestion des dragons de la Première Épreuve du Tournois des Trois Écoles.

Le Ministère anglais avait souhaité des mères couveuses pour protéger un œuf d'or, mais la direction tricéphale de la Réserve l'avait envoyé chié. Ils n'allaient pas déplacer des mères couveuses et leurs œufs à travers le continent ! C'était particulièrement stupide et dangereux pour les embryons ! Les dragons étaient, mine de rien, en danger d'extinction alors ils n'allaient pas risquer de perdre les trop rares couvées de la Réserve pour une compétition idiote !

A la place, les trois directeurs, en accord avec le fondateur des lieux sorti de son sommeil depuis une poignée d'années (Charlie avait manqué l'infarctus de peu en le rencontrant) et les soigneurs en chef, avaient décidé d'envoyer des jeunes dragons pour le Tournois. Ces dragons ayant entre deux et sept ans étaient des juvéniles, capable de cracher du feu et de voler et encore joueurs. Leur faire garder un objet brillant n'était pas compliqué mais les champions allaient en chier pour récupérer leurs œufs.

L'équipe était partie de Roumanie quelques jours auparavant, les dragons endormis dans leurs cages. Ils avaient cheminé en balais et Charlie n'avait que pu songer à ce même trajet, fait dans l'autre sens, un peu plus de deux ans auparavant. Aujourd'hui, au lieu d'extraire un bébé dragon de Poudlard, il y faisait entrer six jeunes adultes.

« Heureux d'être de retour ? » demanda Daemon, l'un des collègues de Charlie.

« Heureux de pouvoir voir ma famille surtout », répondit le second fils Weasley.

Depuis leur arrivée l'avant-veille, Charlie avait pu voir Percy qui faisait parti de la délégation ministérielle et qui avait été présent à l'arrivée des dragons et leurs soigneurs, mais aussi les jumeaux, Ron, Ginny et même (et cela avait été une sacrée surprise) Mafalda Weasley, petite Serpentard à la langue bien pendue.

Charlie avait vu les Jumeaux à Pré-au-Lard, avait fait des ricochets sur le lac avec Ginny, avait montré les dragons encore endormis à Ron puis avait mangé dans les cuisines de l'École avec Percy et Mafalda (son frère lui avait à cette occasion révélé la vérité sur le « cousin » cracmoll qui était en fait leur oncle et aussi le père de Mafalda).

« Je suis impressionné par les différences de ta fratries. Tes sœurs notamment », commenta Daemon en lui tendant sa gamelle.

« On a tous la même tête et Mafalda est ma cousine. »

« Physiquement peut-être », répliqua le Targaryen sans prendre compte la phrase sur Mafalda, « mais vos comportements, vos ambitions, vos esprits… Les Targaryens sont tous fait pareil et pensent tous de la même manière. C'est triste. »

Charlie tapota la main de son collègue. Daemon était en froid avec sa famille, justement parce qu'il était différent. Trop libre, trop sauvage.

« Mais passons, » reprit l'homme aux cheveux blanc-doré, « Nos chères bestioles vont bientôt avoir éliminé la potion les maintenant en stase. »

Charlie hocha la tête.

« La soirée va être sportive. »

Son commentaire fit rire Daemon et le reste de l'équipe qui mangeait assis sur des rondins de bois.

« Weasley a raison. Alors finissez de manger et au boulot. On doit finir de placer les protections et ignifuger les arbres restant ! » aboya leur cheffe d'expédition.

Ah, les joies de camper avec des dragons dans une clairière de la Foret Interdite.

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Un tambourinement frénétique réveilla Preslava en sursaut. La jeune fille aux yeux vairons s'était couchée tôt et dormait profondément jusqu'à ce vacarme assourdissant.

Elle se redressa sous le choc de la surprise, sa baguette en main, pointée droit devant elle. Elle cligna des yeux, peinant à focaliser sa vision.

La chambre était plongée dans le noir à l'exception d'un fin rayon de lumière filtrant sous la porte.

Le tambourinement recommença et Preslava grogna. Elle s'extirpa du lit, glapit lorsque ses pieds nus touchèrent le sol froid du bateau. Tant qu'à avoir un foutu navire magique plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur, ils auraient pu mettre le chauffage !

Elle se traîna jusqu'à la porte, s'enroulant au dernier moment dans une robe de chambre.

« Quoi ?! » aboya-t-elle en ouvrant violemment la porte.

Viktor, le regard hagard et le visage pale, l'attrapa par les épaules et la poussa dans la chambre dont il fit claquer la porte du bout du pied.

« Vik ? »

« Dragon, » parvint à bafouiller l'Attrapeur national.

Preslava alluma sa baguette d'un lumos informulé. Elle s'assit sur son lit et regarda l'autre champion faire les cents pas en passant nerveusement ses doigts dans ses courts cheveux bruns.

« Dragons ? » demanda-t-elle finalement

Viktor stoppa son mouvement et se laissa tomber sur le matelas. La variation de charge soudaine fit osciller Preslava.

« La première tache. On va devoir affronter des dragons. »

La sorcière bugua. Des dragons. Personne n'était suffisamment cons pour… Holy shit, des dragons !

« Comment es-tu au courant ? »

« Karkaroff. »

« Il a prit le temps de te prévenir et… » Preslava pinça les lèvres et prit sur elle pour ne pas jurer. « De un à dix, à quel point le Directeur a été un sale con misogyne estimant qu'aillant deux chromosomes X je n'avais pas besoin d'être mise dans la boucle ? »

« Quinze », répondit Viktor avec dégoût.

Preslava jura.

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« Un dragon ? »

Harry hocha la tête.

« Techniquement, il y a six dragons. »

Cédric était trop fatigué pour insulter le Survivant, mais le cœur y était.

« Comment es-tu au courant ? »

Harry haussa les épaules.

« Le frère d'un ami les lui a montré. Il lui a fait juré de ne rien dire. Alors il mes les a montré. En silence. Enfin, presque. Il a bien râlé lorsque je lui ai marché sur le pied. Et j'ai râlé quand il m'a donné un coup de coude. »

« Et pourquoi me le dire ? » coupa Cédric qui connaissait la propension du Survivant à dériver de la question initiale.

« Maxime et Karkaroff ont aussi vu les dragons. Ils vont prévenir leurs champions. Tu étais le seul hors de la boucle. »

Cédric huma. C'était logique et étonnamment très attentionné de la part du plus jeune ?

« Merci. Maintenant casse-toi de ma piaule et laisse moi dormir. »

« Tu le prends mieux que ce que je pensais », commenta le Quatrième année.

« Il est deux heures du matin Potter. Je suis trop dans le cirage pour réagir », déclara Cédric avant de s'enrouler dans sa couette comme un burrito.

C'était trop tôt pour ces conneries.

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« Elle a rougit. »

« Mais non. »

« Françoise, je te jure, elle a rougit ! »

Françoise Dupond, seconde championne de Beauxbatons élue avec une majorité non négligeable, ne ricana. Toute cette scène était complètement surréaliste.

Il était une heure du matin et elle était en combi-pyjama dans le petit salon du Carrosse avec Fleur Delacour, vêtue d'un T-Shirt trop ample lui arrivant mi-cuisse et d'un mini-short en coton bleu.

La fille aînée de la Présidente de la France Magique intimidait Françoise. Elle était si assurée, si douée… et aussi sacrément bien foutue ! Françoise savait qu'elle ne devait pas se comparer aux autres, mais elle le faisait inconsciemment et Fleur était… très loin devant.

« Même si c'était le cas, pourquoi ? » demanda Françoise.

« Je sais pas ! C'est ça le plus amusant ! »

Elle et Fleur n'étaient pas amies, pas ennemies non plus, juste deux filles de la même promotion. Elles n'évoluaient pas dans les mêmes cercles et possédaient des histoires très différentes. Françoise était juste une fille de Moldus appartenant à la classe sociale populaire. Fleur… Fleur était bien plus que cela. Les Delacour était une trèèèèèès vielle famille possédant une forte légitimité sur le trône vacant.

Et pourtant, malgré leurs différences, elles étaient là, à commérer sur leur directrice.

« Tu penses que ça pourrai être à cause de quelqu'un ? » demanda finalement Françoise.

« Possible, mais qui ? »

« Le prof de magizoologie ? »

« C'est le seul à la bonne taille. » commenta Fleur, les yeux pétillants de malice.

« Je suppose qu'on peut lui trouver du charme… Si on est branchée bûcheron canadien. »

Les deux championnes se mirent à glousser de façon incontrôlée. Toute cette histoire était hallucinante. C'était le milieu de la nuit, elles avaient été tirées du lit par leur Directrice qui leur avait annoncé tranquillement que la première tache impliquerai des dragons. Et au lieu de paniquer sur cette nouvelle, les deux étudiantes cancanaient sur des sujets idiots.

« T'imagine la taille des enfants ? » souffla Fleur en essuyant les larmes de rire perlant à ses cils.

Françoise se figea, croisa le regard de la blonde et leurs fou-rires reprirent.

(Elles paniqueraient demain, lorsque le choc de la nouvelle serait finalement assimilé.)

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La fille de la Mort était partie avec deux Mages de Combat quelques jours auparavant pour le Sud de la France. Elle avait fait la rencontre de Mist et avait retrouvé Amaras avec qui elle avait déjà travaillé une fois.

Amaras était très grand. Harmony pensait qu'il était plus grand que le Baron Sanglant et donc qu'il devait dépasser les deux mètres. Il avait la carrure qui allait avec et son armure ne faisait que rendre sa présence plus imposante encore. Le masque cachant son identité était un simple ovale noir.

Les Mages de Combat dépendaient de ONMU et ils avaient une politique de confidentialité extrême. Chaque Mage devait porter un masque camouflant son identité et rendant l'identification par aura magique très complexe. Cela évitait que les connards qu'ils traquaient ne puissent les retrouver à leur tour. C'était également pour cela qu'ils utilisaient des noms de codes.

Lorsque les trois sorciers avaient rattrapé l'arrière garde de la horde Amaras avait dégainé son épée et commencé à faucher les morts. Harmony n'avait encore jamais vu Amaras lancer de sorts. Déjà lors de leur première intervention commune, il n'avait utiliser que l'acier pour renvoyer les morts dans l'au-delà. Les runes inscrites en calligramme d'argent luisaient vivement à chaque ennemi abattu. C'était bien là la seule preuve que le Mage de Combat possédait un centre magique actif.

Alors que le puissant guerrier taillait un chemin pour ses deux partenaires à travers la masse grouillante, Harmony se fit la réflexion qu'il y avait quelque chose d'hypnotique dans la danse meurtrière de son équipier.

« Hell, tu sens l'Invocateur ? » demanda l'autre équipière d'Harmony abattant d'un Inferi d'une balle en pleine tête.

Harmony ferma les yeux et fit pulser sa magie. Ses accompagnateurs étaient les portent-flingues et elle était le traqueur. Le trio avait remonté les traces magiques puis physiques laissés par une horde de morts-vivants. Ils avaient signalé une ferme ravagée et une paire de randonneurs massacrée aux équipes de nettoyage. La scène avait été macabre, mais au moins cela avait permit l'identification des cibles. Le trio traquait des Inferi et non pas des zombis.

Avantage, la horde n'allait pas grossir.

Inconvénient, il y avait l'invocateur à traquer en plus de ses marionnettes.

Harmony avait une sainte horreur de ce genre d'Invocateurs. Ils étaient souvent complètement fous, leurs esprits rongés par une Magie qu'ils ne pouvaient maîtriser. Et avec la folie venait la désillusion d'entre intouchable et tout puissants.

« Environs deux kilomètres dans cette direction Mist ! » répondit finalement Harmony.

La technomancienne hocha la tête, sa longue tresse balançant au rythme de ses mouvements. Elle dégrafa une grenade de sa ceinture, l'arma et l'envoya dans la masse grouillante, loin derrière les morts qu'Amaras fauchait avec frénésie.

L'onde de choc fit vaciller Harmony.

« Et merde. »

Amaras ricana en regardant Mist. La combinaison pale de la technomancienne était éclaboussée de sang. La sorcière retira d'un air dégoutté les morceaux d'organes ayant atterris sur son épaule.

« C'est dégueulasse. Et tu es dégueulasse également Amaras. »

L'homme haussa les épaules sans se départir de son sourire avant de rengainer son épée. Il en avait vu d'autres.

« C'est l'avantage du noir, on voit pas les taches. On va où maintenant ? »

Harmony pointa la bonne direction. Elle sentait les morts s'agiter. Aussi dégénérés qu'ils soient, les Inferi sentaient sa présence. Et contrairement aux zombies, elle ne pouvait les renvoyer paisiblement chez sa Mère. La magie de leur Créateur la bloquait.

« L'Invocateur est par là. Il est puissant. Et il a une seconde horde avec lui. »

« Combien ? »

« Suffisamment pour former une horde de catégorie C »

Amaras grogna. Ils allaient en chier.

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Le soleil brillait dans le ciel pale de cette fin d'automne. Quelques nuages passaient, poussés par des vents de haute altitude. L'air était frais et sec. C'était une bonne journée.

Cédric avait envie de vomir.

Dehors le soleil semblait se moquer de sa misère.

Le Premier Champion de Poudlard se sentait nauséeux. Il boudait son déjeuné, n'ayant réussi qu'a avaler un bout de pain. Il s'était forcé pour faire plaisir à Cho, mais il était absolument incapable de prendre une seule bouchée supplémentaire.

Malgré de longues inspirations et des expirations encore plus lentes, son cœur battait la chamade et il lui était impossible de le calmer. Une main glacée lui serrait les tripes et lorsqu'il tentait d'apporter un verre à ses lèvres, il manquait d'en verser la moitié sur lui tant il tremblait.

« Allez Cédric ! »

Le Champion adressa un sourire qui était si visiblement crispé et tendu que c'en était douloureux aux Griffonneurs qui l'encourageaient. Il avait l'impression que si une autre personne lui parlait, il allait se mettre à hurler et jeter des sorts peu agréables.

« Mr Diggory. »

Cédric releva la tête. Le visage chaleureux, bien que tendu, de sa directrice de maison le fit se crisper un peu plus.

Merlin, comment fait Harry pour être si détendu ? Songea Cédric alors que du coin de l'œil il voyait Flitwick parler avec le jeune Poufsouffle installé chez les Serdaigles (d'ailleurs, pourquoi avait-il des mini-tresses dans les cheveux ? Nan, en fait Cédric ne voulait pas savoir).

« Oui, professeure », réussi finalement à répondre le préfet entre ses dents serrées.

« Suivez-moi je vous pris. Et j'invite vos camarades à se diriger vers le parc. »

Cho serra la main de Cédric avant de se lever avec une mine d'excuse. Ce n'était pas de sa faute si la première tache était là. Le Champion se leva. Son dos craqua.

Merlin, Morgane, Mordred, faites que je survive à cette connerie.

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Françoise avait l'impression qu'une étrange distance la séparait de ses camarades. Ceux-ci étaient tendus et excités alors qu'elle même nageait dans un océan de calme absolu. En étant plus réaliste, Françoise était tellement en panique que son cerveau avait juste dit « non ». Mais cela avait des avantages, il fallait l'accorder.

Les cours avaient été annulés pour l'après-midi, laissant place à un évènement bien plus important.

Piquant une pomme de terre sauté, Françoise songea que sa notion du temps était distordue. Il lui semblait qu'il passait par à coup. Elle était en cours de Duel avec le professeur Sacquebien puis un battement de cils après elle était assise avec Fleur-de-Lys qui tentait de la faire manger et encore un battement de paupière après le professeur Lupin était dressé face à elle.

« Mlle Dupond, les Champions doivent se rendre dans le parc dès à présent. Vous devez vous préparer pour la première tache. »

« Très bien », répondit Françoise en lâchant sa fourchette qui tomba dans son assiette avec un petit bruit métallique.

Emboîtant le pas du professeur, Françoise quitta la Grande Salle. Dans le Hall, Fleur attendait avec son garde-du-corps en nouant nerveusement ses mains. Le front moite, elle avait perdu son air assuré et paraissait bien pâle. Alors que le duo arrivait à son niveau, elle attrapa la main de Françoise dans les siennes.

Elles étaient aussi terrifiées l'une que l'autre bien qu'aucunes ne le montre vraiment. Fleur le cachait par habitude tandis Françoise avait dépassé sa capacité émotionnelle maximale.

Alors que leur quatuor traversait le Parc en direction de la Foret Interdite, le professeur (gentil, doué, très apprécié des étudiants, sur qui au moins une demi-douzaine de Septièmes Années avaient un crush et qui était totalement un lycanthrope même si personne n'en parlait) tenta de les rassurer.

Françoise parvint à lui adresser un sourire crispé. Fleur se contenta d'un hochement de tête un peu tremblotant.

Ils arrivèrent finalement devant une grande tente crème plantée à la lisière de la Foret Interdite et collée à une arène qui n'était définitivement pas là quelques heures auparavant.

« Entrez dans la tente. Les autres champions sont présents ou vous rejoindrons bientôt. Mr Verpey vous expliquera la procédure à suivre. »

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Les champions aux teins livides s'étaient tournés tel un seul homme vers les nouveaux arrivés. Tandis que les directeurs de chaque école rejoignaient leurs champions respectifs, Ludo Verpey sautilla jusqu'au centre de la tente.

Le Directeur des Sports et Jeu Magique, au milieu des étudiants trop pâles, avait des airs de personnage de dessin animé haut en couleur. Son pas bondissant et son attitude trop joyeuse ne faisait qu'augmenter la dichotomie entre lui et les élèves. Barty Croupton le suivait de prêt affichant une attitude solennelle, bien plus adaptée à la situation.

Campé bien droit sur ses pieds, les mains dans le dos, Perceval Weasley observait la scène avec attention. Il zappa le discourt de Verpey. L'homme était un bouffon et Percy savait déjà ce qui allait être dit.

A la place il regarda les élèves plonger tour à tour leurs mains dans le grand sac en velours violet. Harry fut le premier. Honneur aux plus jeunes selon Verpey. Il tira du sac une petite figurine d'une trentaine de centimètres d'un dragon couvert d'épines. L'animal tenu par la queue claqua des mâchoires. Le Survivant qui n'avait pas l'air surprit pour un sous, posa le reptile dans sa paume de main avant de grattouiller le dragon sur le dos, juste à la jonction des ailes.

« Le Numéro quatre ! Le Magnard à pointes ! » s'exclama Verpey avant de tendre le sac aux championnes de Beauxbatons.

Fleur Delacour tira le Vert Gallois tandis que sa compatriote piochait le Norvégien à Crêtes. Aucune des deux ne semblait surprises. Résignées, plutôt. Diggory, piochant le Suédois à Museau court avait des airs de condamné à mort, largement plus désespéré qu'étonné. Miss Lada mima une expression de surprise si fausse que même un enfant de trois ans pouvait voir la supercherie tandis que Krum ne fit que se renfrogner un peu plus.

Percy sourit intérieurement. Les Champions étaient au courant. Ils étaient tous au courant. Il était évident que Maxime et Karkaroff avaient prévenu leurs élèves. Ils ne voulaient pas que Dumbledore gagne. Pour Harry et Cédric… Le Survivant avait la même capacité de tout savoir que sa sœur aînée (mais sur ce coup, Percy suspectait que Ron ait prévenu son meilleur ami) et il était certain que le jeune Potter avait prévenu Diggory.

En tout cas, pour la surprise, on pouvait repasser, ricana intérieurement le troisième fils Weasley.

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Les étudiants s'étaient installés en papotant avec entrain. Cette arène était nouvelle. Ils étaient tous impatient et curieux de voir ce que les champions allaient devoir faire. Nombreux étaient ceux ayant du pop-corn, des bonbons ou autres friandises à manger. Les Poufsouffles étaient aussi maquillés que pour un match de Quidditch, formant une marée d'élèves aux joues et aux cheveux jaunes et noirs. Les Bulgares avaient quelques panneaux, clairement des réutilisation de banderoles de la Coupe du Monde de Quidditch, quant aux français. Entre pompons, cotillons, chorégraphie et maquillage, ils s'imposaient comme étant les supporters les plus engagés du stade.

« A la prochaine épreuve, je ramène mon instrument », grommela la petite Moira Boot.

Cho sourit. La sœur de Terry était à gryffondor mais elle passait tant de temps dans la Tour des Aigles que nombreux étaient les Serdaigles qui avaient essayé de l'adopter dans leurs familles (elle les avait envoyé boulé à chaque fois, mais c'était très drôle à regarder).

« Fais ce que tu veux, mais il faut que ça en jette. On ne va pas se faire voler la vedette alors que le Tournoi se déroule à domicile. »

Le sourire carnassier de la jeune Gryffondor fit frémir Cho. Peut-être qu'elle avait fait une bêtise. Bah, ils verraient en temps voulu.

Cho laissa son regard balayer la foule. L'ambiance était légère et joyeuse.

Et d'un coup, elle ne le fut plus.

Au centre de l'arène, au milieu des tas de rocs acérés, un DRAGON posé sur un tas d'or, venait d'apparaître. Autour du reptile volant les lueurs d'un rituel de téléportation s'effaçait lentement.

Un silence de mort planait dans l'arène.

« Mesdames, Messieurs », résonna la voix augmentée de Ludo Verpey. « Voici l'adversaire de notre premier champion. L'objectif est, pour chaque champion, de récupérer l'œuf d'or gardé par le dragon. L'épreuve débutera au coup de… »

BAM !

« … canon… Bon, ben, c'est parti… »

Cho dégluti. Face au monstre cracheur de feu se tenait son petit-ami.

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Perchée sur les épaules des jumeaux Preslava souriait de toutes ses dents. Fermement tenu dans ses bras l'œuf d'or étincelait à la lueur des flammes. Le flash de l'appareil photo de Paun illumina un instant la scène, capturant à jamais la joie qui emplissait le salon.

Si Preslava était (mal) installée sur les jumeaux, Viktor n'avait pas eu droit au même traitement. Ses camarades s'étaient rués sur lui lorsqu'il était arrivé avec sa co-championne et l'avaient soulevé. Surfant malgré lui au dessus de la délégation bulgare l'attrapeur semblait s'être fait une raison.

Nikifor ricana sans vergogne lorsqu'il vit la stoïque (et terrifiante) Eva les cheveux ébouriffés, les joues rouges et un sourire trop grand pour être honnête rejoindre la chaîne humaine qui promenait Viktor. Celui-ci souriait également, ce sourire honnête et heureux qui était devenu bien trop rare depuis la mort de son cousin.

Finalement Nikifor mis la main que l'œuf de son meilleur ami. Contrairement à Preslava qui s'accrochait au sien avec puissance, Viktor avait laissé échappé le sien sans trop de résistance lorsque Ingrid avait tiré dessus.

L'objet faisait facilement une quarantaine de centimètres de haut et entre vingt et trente de diamètre à sa circonférence la plus élevée. Il était étonnamment léger et il sonna creux lorsque Nikifor fit tinter sa chevalière dessus.

Viktor fut jeté dans le canapé sans délicatesse, rebondissant sur les coussins avec un petit glapissement avant d'éclater de rire. Preslava fut posée avec plus de dignité par les jumeaux.

L'ensemble des élèves étaient là. Les visages étaient rougis par l'excitation et l'alcool que Viserys avait sorti (comme quoi, même lui avait de bons cotés). Nikifor joua des coudes pour rejoindre ses deux champions d'amis.

Il tendit son œuf à Viktor après avoir réclamé le silence. Les applaudissements et chants de la victoire cessèrent.

« Allez ! Quel est l'indice pour la prochaine tache ? »

Preslava adressa un sourire maniaque à la foule. Se mettant debout sur le canapé, elle présenta l'œuf d'une main, se stabilisant de l'autre sur l'épaule de Viktor qui était resté assis.

« Vous voulez qu'on l'ouvre ? »

« Oui ! »

« Vous voulez qu'on les ouvre ?! »

« OUAIS ! »

Preslava éclata de rire et se laissa retomber sur le canapé.

« A trois. »

Viktor hocha la tête. Les deux champions attrapèrent le sommet de l'œuf où était situé le mécanisme d'ouverture.

« Un… »

« Deux… »

« Trois… »

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Un horrible bruit à mis chemin entre les ongles crissant sur un tableau et le hurlement d'un chien qui aurait la queue coincée dans une porte déchira l'air.

Spirou hurla de douleur en plaquant ses paumes sur ses oreilles. Kevin était complètement tétanisé et ce fut Morgan qui plaqua ses mains sur les oreilles de son camarade, ses propres tympans se prenant la déflagration sonore de plein fouet.

Françoise que le choc avait figé une fraction de second se jeta sur son œuf qui avait roulé lorsqu'elle l'avait lâché. Elle fit claqué les trois panneaux ensemble et le hurlement se coupa. Allongée de tout son long sur le sol la championne brune jeta un coup d'œil à l'autre championne française.

Fleur avait elle aussi refermé son œuf. Elle le regardait avec de grands yeux exorbités. Un silence de plomb tomba dans la salle commune du Carrosse.

« Bordel s'était quoi ça ? » s'exclama Fanny en se frottant une oreille.

Son exclamation rompit le charme et une nouvelle frénésie s'empara des élèves. Quelques uns de la délégations avaient des sens plus développés que la moyenne et ce son avait été très violent. Angélique scannait Kevin pour vérifier qu'il n'y avait pas de dommages sur ses organes auditifs, Gabrielle et Fleur-de-Lys rassemblèrent les débris de verre et Fantasio tentait de convaincre Spirou et Marc d'aller voir le Professeur Lupin.

« Elles ont du coffre les cousines. Et un sacré accent », commenta Brice.

Tous les regards se tournèrent vers lui.

« Pardon ? » demanda Fleur en aidant Françoise à se relever.

« Bah oui. J'ai compris la moitié de ce qu'elles disaient. Foutu accent écossais. »

« Elles ? »

« Accent ? »

« Hein ? »

« T'as compris ce beuglement de lapin qu'on écrase ?! » finit par percuter Françoise.

Le sorcier blond papillonna des yeux stupidement puis la lumière s'éclaira enfin.

« Oh ! Vous avez pas compris… »

« Brice. Brice. Mon très cher Brice. Ce qui est sorti de cet œuf ressemblait au cri d'agoni d'un chat asthmatique. Sauf pour toi apparemment. Explique. »

Le blond grimaça et se frotta la nuque nerveusement.

« Heu… Vous savez que je ne suis qu'à moitié humain… »

« Oui. Personnellement j'ai parié sur un parent selkie », commenta Fleur.

« Vous avez parié ? »

Tous les étudiants hochèrent la tête. C'était quelque chose de commun à Beauxbatons. Très franchement si le fait que Madame la Présidente était une demi-Velane n'était pas si connu, les gens auraient fait des paris sur Fleur également.

« Bref ! Non, mon père n'est pas un selki. C'est un triton. »

Une poignée de pièces changea de mains. Beaucoup trop de pièces se retrouvèrent dans les poches de Stanislas. Françoise plissa les yeux. Est-ce que ce petit magouilleur était déjà au courant ? Avait-il triché ?!

« Ce cri de chat agonisant comme tu dis est l'une des deux langues que j'ai apprises en grandissant », annonça Brice, interrompant Françoise dans sa réflexion.

« Bordel. Ce sont des êtres de l'eau qui parlent et tu les comprends ! »

« Elles chantent très exactement. Et elles ont un sale accent. Ensuite, c'est le patois des rivières qui diffère du dialecte des vagues que parle mon père. C'est un peu comme essayer de comprendre un québecois en étant bourré. Compliqué, mais on a l'idée générale… Tu veux que je traduise ? »

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Le hurlement a réveiller les morts avait mis fin à la petite fête des étudiants de Durmstrang. Le professeur Brook était apparu juste au moment où les deux champions avaient refermés leurs œufs et il avait envoyé tout le monde dormir.

Preslava n'arrivait pas à dormir. Elle surfait encore sur le reste de la puissante vague d'adrénaline qui l'avait submergée cet après-midi. Le stress, la peur, la jouissance absolue après avoir frôlé la mort et survécu… Puis il y avait eu la fête impromptue et frénétique où leurs camarades avaient évacué leur trop plein d'émotions (eux aussi avaient été terrifiés) et ce hurlement… Elle en tremblait encore.

« Je dois ouvrir l'œuf sous l'eau. » annonça Preslava avec détermination.

« Pourquoi ? » questionna Catherine en sortant de leur salle de bain commune.

« C'est un œuf. Ça a son importance. Sinon ils nous aurait fait récupérer une boite à musique ou un coffre au trésor ou une autre connerie. »

« Ok… Mais pourquoi l'eau ? » demanda l'Apprentie Mage de Guerre.

« Qu'est-ce qui pond des œufs ? » répondit Preslava en se levant en direction de la salle de bain.

« Tu veux la liste des espèces par ordre de découverte ou par ordre alphabétique ? » rétorqua Catherine alors que Preslava ouvrait le dentifrice.

La championne tira la langue à sa cothurne avant de se brosser les dents

« Je vois où tu veux en venir cependant », poursuivit Catherine. « On a des espèces terrestres et des espèces aquatiques. Hors on a bien entendu ce que ça donnait d'ouvrir l'œuf sur terre. »

Preslava cracha son dentifrice puis se rinça la bouche.

« Petit plongeon dans le lac demain ? » proposa-t-elle.

« Elle est froide. »

« Chochotte. »

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« Tu sais comment tu vas respirer 1heure sous l'eau ? » demanda Fleur-de-Lys

Françoise blottie sous sa couette secoua la tête.

« Pas encore. »

Elle faisait un peu d'apnée, mais c'était un grain de sable face à la montagne que représentait le fait de rester une heure sous l'eau. Et puis il fallait aussi prendre en compte que la seconde tache aurait lieu le 24 février… EN HIVER ! Bordel, à combien allait être l'eau ? Et quelle profondeur avait ce maudit lac ? Et quelles créatures y habitaient ? Argh ! Tant de questions !

« J'espère que ce sera aussi fou que ce que tu as fais aujourd'hui. »

Françoise laissa échapper un gloussement railleur.

« Arrête, j'ai entendu ce qu'ont fait les autres Champions. Moi c'est nul à coté. »

Un coussin heurta Françoise en plein visage.

« Hey ! »

« Contente de voir que j'arrive à viser dans le noir. Françoise, ne te dévalorise pas ainsi ! Tu as agis de façon absolument magistrale. Et même si ce n'était pas aussi tape-à-l'œil que Potter ou Delacour, tu as récupéré ce audit œuf et avec un temps plus que raisonnable ! »

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Cédric était content. Il avait retrouvé le confort de son lit après une soirée passée à l'Infirmerie. Le matelas était souple mais ferme et les couvertures moelleuses. Il était au chaud et ses muscles malmenés se détendaient enfin.

« On doit ouvrir l'œuf sous l'eau. »

Cédric hurla de terreur, le sort d'entrave illumina un instant la chambre avant que celle-ci ne soit illuminée par un puissant lumos.

« POTTER ! PAR LES COUILLES DE MERLIN QU'EST-CE QUE TU FOUS ICI ! »

Le quatrième année qui avait plongé derrière le fauteuil pour échapper au maléfice se redressa d'un bond.

« Le tableau m'a laissé entrer » annonça le survivant en pointant le cadre derrière lui. La peinture représentait un paysage champêtre où gambadaient des biches.

« Le précédent Préfet en Chef m'a montré le passage secret. » poursuivit Harry, anticipant la question de Cédric.

« Weasley t'a montré… Nan, en fait, nan… Je m'en fous. Un jour je vais te tuer Potter. Ou porter plainte. »

« Je sais » répliqua le plus jeune en s'asseyant. « Il y a actuellement 1 chance sur 5 que tu portes plainte et 4 que tu essayes de me tuer. »

Cédric cligna des yeux. Toutes ses interactions avec Potter étaient étranges. Ce gosse était étrange. Voire fou. Parfois il avait des réflexions digne d'un sorcier ayant vécu une longue vie et parfois il était juste un grimlin chaotique. Comme ce soir.

« Qu'est-ce que tu veux Potter ? » demanda finalement le Préfet avec lassitude.

« Parler de l'œuf. On doit l'ouvrir sous l'eau. »

Cédric hocha la tête. C'était également la conclusion a laquelle il était convenu durant ces longues heures passées à l'Infirmerie.

« C'est aussi mon opinion mais je veux connaître ton chemin de pensée. »

A tout les coups ça allait être épique.

Harry se leva du fauteuil et se jeta au bout du lit, manquant d'écraser les pieds de Cédric qui ne s'était pas levé. Il REFUSAIT de se lever.

« Bah, c'est simple »

Cédric lui fit signe de poursuivre.

« Pour la première épreuve, on a affronté des dragons. Hors ces créatures sont les maître de l'Air et du Feu. Donc en toute logique pour les épreuves deux et trois, on va se frotter à un autre élément, la Terre ou l'Eau. »

C'était… délirant mais avec une certaine logique, songea Cédric. Le genre de logique absurde du Chicaneur…

« Or je vois pas comment ouvrir un œuf sous terre » conclus Harry.

« Une Cave ? » proposa immédiatement Cédric avant de se mordre la langue. Pourquoi avait-il rajouté de l'eau au moulin. Cette conversation était débile et il était une heure impie où personne de sain d'esprit n'était réveillé !

« Ah… Ouais… Mais techniquement y a de l'air dans la cave… Pour vraiment être dans l'élément, il nous faudrait de la terre liquide »

« On appelle ça de la lave » répliqua Cédric avec sarcasme. Il était évident que Potter ne comptait pas le laisser retourné dormir avant avoir finir de dire tout ce qu'il avait à dire.

« j'allais dire de la boue » commenta songeusement le quatrième année. « Donc ! » s'exclama-t-il joyeusement « On a de la lave, de la boue ou… juste de l'eau ! »

Cédric inspira… expira… Inspira…

« Tu es frappé Potter. »

Le sourire du Survivant était clairement de très mauvais augure pour Cédric, mais celui-ci était trop fatigué pour en avoir encore quelque chose à faire.

« Merci du compliment. Je vais à la piscine demain, tu m'accompagnes ? »

« Je vais plutôt squatter la salle de bain des préfets »

Tant qu'a réfléchir, autant être dans de l'eau vraiment chaude.

« Oh ! Oui ! Je veux venir ! »

« Pas question. Maintenant casse-toi de ma piaule et va dormir ! »

(Spoiler : Harry rejoint son aîné dans la salle de bain. Et il avait emmené avec lui son habituel trio d'amis. Voir Sally-Ann noyer Harry fut étonnamment relaxant pour Cédric.)

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Depuis qu'il connaissait Harmony, Gabriel A Brook ne l'avait vu vraiment énervée que quatre fois. Aujourd'hui représentait la cinquième fois.

Harmony Malard Heladottir était la Fille de la Mort. Cela faisait d'elle une Nécromancienne Naturelle extrêmement puissante mais aussi et surtout (bien que ce soit un fait régulièrement oublié) une demi-déesse. Elle n'était pas humaine. Un glamour inconscient la rendait humaine, mais lorsque ses émotions étaient trop violente ou lorsqu'elle puisait profondément dans cette partie d'elle même qui était divine, ses différences physiques apparaissaient.

Gabriel avait envoyé une pré-adolescente normale en France et c'était une sorte de demi-squelette qui lui revenait. L'aura de l'enfant était plus noir que le néant et plus déchaîné que la tempête de Jupiter. Les habits d'Harmony étaient couverts de sang, sa peau était blanche comme de la craie et tendue sur les os avec le même effet parcheminé que sur les vieilles momies. Quant à ses iris, ils avaient cédé place à deux puits dans fond d'une noirceur dérangeante.

« Ulysse. ! » appela immédiatement Gabriel après que son étudiante eu fini de sortir des Ombres et se soit pleinement matérialisée.

Le Mage de Feu bondit de son siège et enveloppa l'enfant dans ses bras. Harmony l'avait relevé. Cela avait créé un lien entre eux. Un lien qui s'était renforcé avec les années. Ulysse était le seul qui pouvait approcher et toucher Harmony lorsqu'elle était dans cet état.

(Gabriel y aurait laissé quelques décennies et n'importe quel autre sorcier y aurait laissé la vie ou sa santé mentale.)

Blottie dans les bras de son ami et ancre Harmony se décrispa. Sa tension se dissipa et rapidement ce ne fut que les bras d'Ulysse qui la maintinrent debout. Son aura se calma et s'éclaircit très légèrement, se parant de quelques éclairs turquoises. Sa peau reprit une couleur plus sainte et elle retrouva une épaisseur de chair normale entre sa peau et ses os. Et finalement, entre deux battements de paupières les puis de noirceur sans fin lui servant d'yeux redevinrent de beaux globes oculaires aux iris marrons-verts.

« Ça va gamine ? » demanda Ulysse à voix basse.

Elle secoua la tête contre le torse du Roi-Mage avant de le lâcher avec regret pour regarder son Maître d'Apprentissage.

« On a un Mage Noir en liberté. » annonça-t-elle avec sobriété.

« Voldemort ? » demanda Ulysse.

Harmony secoua la tête. Gabriel grimaça. Elle avait du sang dans les cheveux. Et il avait coagulé. Cela allait être un enfer à enlever.

« Spectre », répondit l'enfant. « Un ancien membre de l'Ordre des Mages de Combats. »

« Un renégat ? » questionna Gabriel

« Non, il s'est retiré de l'Ordre il y a une dizaine d'années. Il est un Nécromancien et il a basculé. »

Ulysse jura et Gabriel prit sur lui pour ne pas l'imiter. Les Sorciers jouant avec la Magie de la Mort s'autodétruisait. Seuls les Naturels étaient protéger de cette malédiction. C'était pour surveiller les pratiquant des Arcanes Mortuaires que la Guilde avait été fondée.

Outre la surveillance, l'autre mission principale de la Guilde était l'élimination. Il y avait toujours un moment où les Nécromanciens atteignaient leurs limites et basculaient. Il était alors du devoir des autres membres de la Guilde de le traquer et de l'éliminer avant que les dégâts ne soient trop grands.

« Je lui ai mis un sale coup et Amaras a annihilé sa horde mais Il a réussi a fuir. » finit Harmony.

Gabriel lissa sa moustache d'un air pensif. Spectre connaissait les techniques des Mages de Combats, le rattraper n'allait pas être facile. D'autant plus que sa folie n'avait pas encore rongé son intellect. Ce dont il avait fait preuve en échappant à la Fille de la Mort, au Seigneur de Guerre et à la Néogicienne.

(Gabriel s'était renseigné sur les équipiers de son Apprentie avant de la laisser partir en mission. Le duo était vraiment très très bon. Amaras était un soldat. Il avait commencé chez les Mages de Combat avant de basculer chez les Mages de Guerre où il avait acquis le titre de Seigneur ce qui n'était pas donné à tous. Quant à Mist, outre l'exploit de devenir une technomage par ses propre moyen à une époque où l'Asie gardait jalousement le secret de ces techniques, elle caracolait tout en haut de la hiérarchie de la Guilde des Technomages ayant atteint le rang de Néogicienne très rapidement.)

« Harmony, soit honnête, comment vas-tu ? »

L'enfant (et par Héla, Gabriel lui même arrivait à oublié à quel point son Apprentie était jeune) leva de grands yeux vers son tuteur.

« Fatiguée et terrifiée. Tu m'aideras à rédiger mon rapport pour la Guilde ? » demanda-t-elle d'une petite, toute petite voix.

« Promis. Va dormir, on regarde ça demain. »

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Note d'auteur

Non, je n'ai pas décris les épreuves. Je n'arrivais pas à écrire ce que je voulais donc je suis passée à la suite. J'en ferai peut-être un bonus si j'arrive à mettre les scènes sur le papier.

Pour répondre à une review, oui, j'emprunte des personnages de Noob ! J'ai besoin d'OC, j'adore cette série et c'est très amusant de voir comment je peux immerger les personnages dans le monde de la magie sans trop les dénaturés )