Sirius sentit l'odeur avant même d'apercevoir les premiers toits du village. Une épaisse odeur de fumée âcre passait par la ventilation de son casque et pénétrait brutalement ses narines, ne laissant aucun doute à sa truffe quant à ce qu'il allait découvrir au fond de la vallée, caché derrière les arbres. Il le savait pourtant, il l'avait pressenti. Cette situation précaire ne pouvait plus durer éternellement. Déjà deux ans de ce cache-cache dangereux, c'était trop long. C'est d'ailleurs pour cela qu'il avait fini par mettre Fol Œil dans la confidence quant à la disparition des Alphas de la meute du Phoenix, contre l'avis de Dumbledore. Le vieux mage était bien trop occupé à seconder la Reine et à enquêter sur la meute du Serpent et leur Alpha, Voldemort. Le vieillard était incapable de tout gérer bien qu'il aimât plus que tout affirmer le contraire. Pour le bien de James, de Lily et de Harry, pour les protéger, ils avaient besoin d'aide et le chef de la Compagnie Grise leur avait été d'un grand secours. Bien qu'il ignorât toujours où se cachait le couple, il avait accepté de mener une discrète surveillance de la meute. Il était sûrement le plus à même de trouver le dessein de Voldemort. Une vague de peur avait coulé dans ses veines lorsque Maugrey l'avait appelé quelques heures plus tôt. Sirius avait été envoyé sur la piste d'un loup solitaire que la Compagnie soupçonnait de meurtres d'humains. Mais son enquête avait été stoppée net par l'appel de son chef. Son message était brouillon mais Sirius comprit rapidement qu'il n'avait aucun rapport avec sa traque. Il prit alors immédiatement la direction du village de Little Hangleton, niché dans une cuvette naturelle censée le protéger du monde extérieur. C'était Sirius qui avait trouvé cette cachette à Lily et James. Il était un des rares à la connaitre et ce secret était censé protéger le couple.
Sirius se pencha sur le réservoir de sa moto et fit rugir le moteur. Il devait se dépêcher la terreur qu'il sentait ronger son estomac lui fit prendre conscience de ce qu'il savait déjà. C'était trop tard. Il arrivait trop tard. Tout ce qu'ils avaient sacrifiés avait été vain, Voldemort les avait précédés. Ils avaient été trahis. Les phares de la moto éclairaient la route sinueuse mais Sirius roulait si vite que les couleurs se fondaient en une couleur grise, opaque et uniforme. Le village surgit soudain du néant devant lui. Il freina brutalement et la moto dérapa sur le bitume avant de se figer en travers de la chaussée. Le village était trop silencieux pour une soirée d'Halloween. Toutes les lumières de la rue étaient éteintes. Pas un seul enfant dans les rues, ni aucun adulte. Tous les volets étaient clos, comme pour protéger les habitants d'un mal extérieur, propre à la nuit. Le silence était pesant, tel une chape de plomb écrasant l'atmosphère. Sirius descendit de sa moto et retira son casque. Ses longs cheveux bruns lui collaient à la nuque. Un frisson remonta le long de son échine. Quoi qu'il se soit passé ici, son instinct lui hurlait que c'était terminé depuis longtemps. Se fiant à son nez, reniflant l'air nocturne comme un chien de chasse, Sirius remonta la rue. Sa vision d'animal nyctalope lui permettait de s'orienter sans réel problème. Ses pas feutrés semblaient résonner terriblement entre les murs. Une douce brise emmena l'odeur à ses narines. Une odeur de cendres, de mort et de cadavres.
Le squelette de la maison s'éleva brutalement devant lui. Il ne restait presque plus rien de la façade. Le toit s'était effondré, laissant un trou béant au milieu d'un amalgame de tuiles fondues. Les fenêtres en verres n'avaient pas résisté à la chaleur, elles avaient explosé, projetant des éclats de verre dans la rue. La porte en bois de l'entrée pendait sur un seul gond, ouverte sur un grand trou noir qui avait un jour fait office d'entrée. Sirius vacilla sur ses jambes, pris de nausée. Ce qu'il allait trouver dans ces décombres allait changer sa vie à jamais, il le savait. S'obligeant à réagir, il s'avança vers la maison. Lily et James, ses meilleurs amis, sa famille. La peur le prit à la gorge. Des débris de plâtre jonchaient le sol de l'entrée, recouvrant de poussières deux cadavres partiellement dévorés. L'incendie les avaient épargnés. Sirius reconnu les jumeaux Carrow, Alecto et Amycus. La gorge d'Alecto avait été arrachée, de même que sa colonne vertébrale. Son frère avait quant à lui été éventré. Sirius dépassa les corps pour en trouver d'autres dans ce qui avait sans doute été le salon. Tout avait brulé, meubles comme os. Il ne reconnut aucun d'entre eux, leurs odeurs étant trop détériorées par le feu. Sirius porta alors son regard vers l'escalier. Son cœur se serra dans sa poitrine. Il connaissait le corps calciné recroquevillé sur les marches. Il n'eut pas besoin de son odorat pour le réaliser. Il avait grandi à ses côtés, il avait appris à ses côtés, il s'était marié avec lui à ses côtés. Son meilleur ami, son frère de cœur. James. Une plainte de douleur s'échappa des lèvres de Sirius. Il ne restait rien de ce qui avait fait que James était James. Son sourire trop plein de fossettes, son rire grave qui lui donnait un air stupide, sa force, sa gentillesse, son espoir et sa confiance en la vie. Tout ça pulvérisé, détruit par une haine incompréhensible. Le loup de Sirius jappa, son cœur amputé d'une part de lui-même. Il effleura tendrement d'un doigt ce qui avait été la joue de son ami. La peau s'effrita à son contact. Il repoussa sa tristesse tout au fond de lui, comme le lui avait appris Fol Œil, et continua son ascension des marches. Le bois gémissait sous son poids et il n'essaya pas de toucher la rampe. A l'étage, la chaleur avait été terrible, bien plus qu'au rez-de-chaussée. Le feu s'y était acharné, comme enragé par quelque chose. Les tuiles avaient fondu et coulé le long des murs, comme le long des pans d'un volcan. Un reste de chaleur résiduelle frôlait la peau de Sirius, témoin de la violence de l'attaque. Sirius arriva sur le palier et pénétra dans la première pièce. Ce qu'il vit le glaça jusqu'au tréfonds de son être. Rien n'aurait pu le préparer à ce qui se trouva face à lui. La pierre, le métal et même le bois avaient coulé, réduits à l'état liquide par la chaleur. Il ne pensait même pas qu'une telle chose était possible. L'incendie n'était pas naturel, loin de là. Il n'avait pas pu être créé par magie. La magie n'était pas capable d'une telle horreur. C'était un feu mage qui avait tout détruit, allant jusqu'à changer la nature même de ce qu'il dévorait. Personne ne devrait être capable de contrôler une telle entité. Mais qu'avait donc bien pu faire Voldemort pour devenir aussi puissant ? Sirius l'ignorait et cela le terrifiait. Rien de tout ce qu'ils auraient pu faire n'aurait pu protéger James, Lily et Harry. Il pénétra prudemment dans la pièce. Une grande partie du toit s'était évaporé dans la fournaise, laissant apparaitre le ciel. La faible lueur des étoiles projetait des taches argentées sur le sol. De grandes trainées de suie éclaboussaient les murs. Une forme sombre, vaguement humaine se tenait au centre de la pièce. Les larmes roulèrent sur les joues de Sirius. Lily. Le cadavre de Lily, sa Lily, celle qu'il avait toujours considérée comme sa petite sœur. Toujours joyeuse et libre. Morte dans d'atroces souffrances. Il ne l'imaginait que trop bien, recroquevillée au milieu de cet enfer, tentant désespérément de protéger son fil en faisant rempart de son corps, les flammes léchant sa peau, la chaleur faisant éclater ses os, le désespoir détruisant les dernières bribes de sa raison. Il ne pouvait même pas imaginer sa souffrance d'avoir perdu son âme-sœur puis son fils, son petit ange. Elle n'avait rien fait pour mériter un tel supplice.
Sirius s'accroupit auprès des restes de la jeune femme. Son cerveau avait du mal à analyser la situation : il sentait qu'il devait partir, fuir ce charnier, retrouver un semblant de normalité dans les bras de son âme-sœur. Mais il était incapable de bouger, réalisant à peine que deux des personnes les plus importantes de sa vie avaient disparues ainsi que leur enfant. Un enfant ! Comment Voldemort avait pu s'en prendre à Harry ? Le gamin n'avait absolument rien fait pour mériter un tel traitement et dans les souvenirs de Sirius, il n'avait pas fait preuve d'une puissance magique démesurée. Il n'était même pas un prétendant au trône. Alors pourquoi diable Voldemort s'en était-il pris à lui, avait-il traqué Lily et James dans l'optique de tuer un bambin ? Ils allaient devoir enquêter pour qu'une telle tragédie ne se reproduise pas dans l'avenir. Sirius soupira et commença à se relever quand une douce odeur vint chatouiller ses narines. Une odeur de soleil et de printemps, fraiche comme une brise, sucrée comme du miel, parfaitement reconnaissable. Une fragrance qui n'avait rien à faire dans un tel enfer, encore vivante, toujours vivace. Sirius haleta, un fol espoir l'étreignant : il restait au moins un survivant à ce massacre. Il tendit une main tremblante vers Lily, effleurant son corps carbonisé qui tomba en poussière à son contact.
-Seigneur Dieu, murmura Sirius.
Pelotonné sous les cendres, Harry fixait le ciel les yeux grands ouverts, le regard vide. Des traces noires maculaient ses joues, comme des larmes. Sirius n'arrivait pas à comprendre comment le garçon avait pu survivre à un feu mage mais cela avait peu d'importance dans l'immédiat. Ils devaient fuir rapidement, trouver une cachette pour protéger l'enfant. Il le prit doucement dans ses bras, le dégageant de la poussière. Sirius essaya de ne pas penser au fait qu'il retirait son ange des bras de Lily. Il devait se montrer froid et pragmatique. Tenant le petit contre son torse, il se leva et quitta la pièce sans se retourner. Être concentré. Que faire ? Où aller ? Il descendit l'escalier, dépassant les corps. Il hésita à cacher les yeux de Harry mais l'enfant était éteint, complètement amorphe. Il sortit donc de la maison à grandes enjambées, redescendant la rue en direction de sa moto. Il n'entendait rien qui sortait de l'ordinaire dans le village, les ennemis avaient donc rapidement quitté la vallée, certainement confiant en la capacité du feu mage de Voldemort à tout détruire. Sirius devait rapidement joindre Dumbledore ou Fol Œil pour les mettre au courant de ce qu'il s'était passé et savoir quoi faire du petit. Sa protection était d'une priorité absolue. Il remonta Harry contre lui et enfouit son nez dans son cou pour vérifier son état. L'odeur de l'enfant le prit alors à la gorge. Une caractéristique odeur de miel, douce et sucrée. Une odeur d'Oméga.
-Merde, s'exclama Sirius.
Le choc de l'attaque et la mort de sa mère sous ses yeux avait déclenché son changement de classe. La situation était de plus en plus critique. Personne ne saurait jamais élever un Oméga révélé à un âge aussi jeune sans influer sur sa psyché, au risque de la détruire. Harry serait plus fragile et sa condition le placerait dans une position de faiblesse par rapport aux autres métamorphes. Certains pourraient même tenter de le marquer de force, quitte à ne pas attendre sa majorité. Il serait alors considéré comme un esclave, soumis à son alpha. Sirius ne pouvait pas laisser cela arriver au fils de Lily et James. Serrant l'enfant plus fort, il prit alors une décision, probablement la plus dure de toute sa vie. Il devait protéger Harry, à n'importe quel prix. Il ouvrit son blouson de moto et serra les pans autours du garçon, le maintenant contre lui puis enjamba son engin. Il sortit son portable de sa poche et pris une profonde inspiration.
-Allô ? demanda une voix. Sirius ? Tout va bien ?
-Je… je…
Il n'arrivait pas à parler. Il devait s'expliquer, prévenir quelqu'un. Raconter. Mais la réalité était trop brutale pour mettre facilement des mots dessus.
-Sirius, tu me fais peur. Qu'est-ce qu'il se passe ?
-James et Lily sont morts.
-Quoi ?
-Maugrey m'a appelé pour me prévenir que Voldemort prévoyait d'attaquer leur cachette mais… Je suis arrivé trop tard…
Un sanglot s'échappa des lèvres de Sirius. La voix de son âme-sœur lui faisait réaliser l'ampleur de sa décision et de l'impact qu'elle aurait sur leur vie.
-Tout a été détruit, Voldemort est trop puissant. Je… Je ne sais pas si quelqu'un pourra un jour le stopper.
-Sirius…
-Harry a survécu, le stoppa-t-il. Mais il est trop fragile. Je… Je vais disparaitre avec lui.
-Quoi ? Non, ne fait pas ça !
-Je suis désolé, sanglota Sirius. C'est la seule solution. S'il te plaît, prévient Dumbledore, lui et seulement lui.
-Non, on peut en parler, prendre une décision ensemble…
-Je n'ai pas le choix, je t'en supplie, comprends moi…
-Si tu disparais comme ça, je ne suis pas sûr de te le pardonner un jour.
-Je sais, je suis tellement désolé. Je t'aime Severus.
Sirius coupa la communication sur le cri de douleur de Severus. Ses joues ruisselaient de larmes, son corps secoué de hoquets se courbant de douleur. Il venait de perdre son âme-sœur, l'homme de sa vie. Il ne savait pas s'il le reverrait un jour mais la souffrance était là et ne disparaitrait pas. Il venait de perdre son meilleur ami et sa petite sœur de cœur puis son amour. C'était beaucoup trop, même pour lui. Toujours gémissant, il retira la carte mémoire de l'appareil avant de le briser en deux pour ne pas que la Compagnie Grise ou quelqu'un d'autre ne puisse retracer sa position. Il savait que Severus allait le chercher à travers tout le pays mais il comptait sur Dumbledore et Maugrey pour l'en dissuader. Pour l'aider à l'oublier le plus possible, quitte à le noyer sous le travail. Essuyant ses yeux d'un revers de sa main gantée, il enfonça son casque sur sa tête et, s'assurant que Harry était bien installé, il démarra son moteur pour quitter le plus rapidement ce lieu maudit.
La route défilait sous ses yeux, un banc de bitume qui s'étendait à l'infini. Sirius avait fini par arrêter de frissonner à chaque véhicule qu'il dépassait après plusieurs heures. Une partie de son esprit se concentrait sur la route tandis que la seconde réfléchissait à toute vitesse. Il devait absolument trouver une cachette relativement calme et fonctionnelle pour pouvoir élever un enfant. Il ne pouvait pas se cacher au milieu des humains, il venait d'avoir une preuve relativement violente que cette solution ne fonctionnerait pas indéfiniment. Severus ne devait pas pouvoir le retrouver car il risquait de permettre à des ennemis de les attaquer. Cela éliminait donc d'office toutes les caches dont il avait parlé à son âme-sœur ou qui se trouvaient quelque part dans ses dossiers à la Compagnie. Il devait aussi se faire extrêmement discret et donc pouvoir vivre en presque autarcie. Cela ne poserait pas de problèmes pour la chasse mais il lui faudrait un grand terrain de culture. Les idées fusaient dans la tête de Sirius, de plus en plus invraisemblables. Il avait déjà été un Solitaire durant quelques années mais le loup du gamin allait avoir besoin de contact social, que ce soit avec ses semblables ou des humains. Le soleil se levait lentement à l'horizon. Il allait devoir faire une pause pour vérifier l'état du gamin. De plus, se déplacer de jour était trop risqué, quelqu'un pourrait voir le petit et prévenir les autorités qu'un homme à moto se déplaçait avec un enfant dans ses bras. Sirius quitta l'autoroute pour une voie secondaire en pleine campagne. Ils seraient plus au calme loin de toute civilisation et il devait bien avoir des barres de chocolat quelque part pour nourrir le petit en attendant de trouver mieux. Il s'engagea sur un petit chemin de terre, faisant crisser les pneus de sa moto. Heureusement pour lui, il n'y avait pas d'habitation à plusieurs kilomètres à la ronde et l'endroit était trop perdu pour tomber par hasard sur des promeneurs. Il arrêta son engin lorsqu'il atteignit les sous-bois puis le poussa sous le couvert des arbres pour le cacher du sentier. Il ignora les branches basses qui rayèrent la moto et lui fouettèrent les flancs puis il la coucha dans les fougères. Il s'éloigna, s'enfonçant dans la forêt, tenant toujours Harry fermement serré contre son torse. Il baissa les yeux sur l'enfant pour tomber sur son visage couvert de suie et ses grands yeux verts mouchetés d'or. Les yeux de Lily. Sirius s'assit entre les racines d'un arbre et ouvrit son blouson. Le petit corps était mou contre lui.
-Harry, dit-il doucement, pour ne pas l'effrayer. Je m'appelle Sirius Black, je suis un ami de tes parents. Ils t'ont parlé de moi ?
L'enfant était mutique. Sirius ne voulait pas le brusquer mais il avait besoin de savoir s'il allait bien, au moins physiquement. Il le manipula doucement, vérifiant sa peau à la recherche de brûlures mais il était indemne, totalement épargné par le feu. Les seules séquelles seraient donc psychologiques.
-Harry, il faut que tu me parles.
Devinant qu'il avait besoin de contact pour refaire surface, il caressa doucement les cheveux corbeaux. Il devait l'ancrer dans la réalité, le pousser à lui faire confiance, percer les barrières de son cerveau. Il effleura donc les mèches soyeuses, enlevant par là même toute la poussière qui s'y trouvait. Il allait devoir se montrer patient, ne sachant ni comment s'occuper d'un enfant, ni comment gérer une personne à ce point traumatisée. Le temps passa lentement, Sirius caressant la tête de Harry et Harry fixant les feuilles des arbres sans les voir. Un lien profond se tissa imperceptiblement entre les deux métamorphes durant ces heures passées à s'observer sans se voir, l'adulte veillant sur l'enfant, l'enfant s'accrochant désespérément à l'adulte. Un lien de confiance et d'amour tel qu'aucun des deux n'en avait jamais connu. Petit à petit, le regard de Harry se fit moins opaque, revenant à lui, reprenant conscience de son environnement.
-Aller gamin, chuchota-Sirius. Reviens parmi nous.
Lorsque le petit leva finalement les yeux vers lui, Sirius lui sourit doucement.
-Je suis Sirius, un ami de tes parents.
-Maman…
Le petit gémissement de l'enfant lui serra le cœur.
-Ta maman n'est plus là Harry. Ton papa non plus. Les méchants leur ont fait du mal. Mais je vais m'occuper de toi maintenant et je te protègerai. Tu veux bien me faire confiance ?
L'enfant sembla hésiter quelques instants mais hocha finalement la tête. Sirius le dégagea de ses bras, toujours avec lenteur pour ne pas l'effrayer. Dans ce genre de situations traumatiques, les loups avaient tendance à reprendre le contrôle et à se transformer pour se protéger. Harry était peut-être très jeune mais il avait besoin de revêtir son autre peau pour son propre bien. Pour l'aider, Sirius commença à retirer ses vêtements avant de se métamorphoser, faisant fi de la douleur. Son nez s'allongea, son visage se couvrit de fourrure tandis que son corps grossissait sensiblement. Ses énormes pattes poilues se plantèrent dans la terre meuble. L'homme laissa place à un énorme loup noir. Sirius savait qu'il était imposant, plus que James en tout cas. Il espérait ne pas faire trop peur à Harry mais l'enfant n'eut aucun mouvement de recul. Sirius essaya de se faire le plus petit possible puis il se coucha autour du garçon. Un ronronnement caverneux s'échappa de son poitrail, comme pour inciter le louveteau à montrer le bout de sa truffe. Harry se blottit contre lui, enfonçant ses petites mains dans son épaisse fourrure, y cachant son visage couvert de suie. Le grand loup noir sentit alors une sorte d'humidité imbiber son flanc. Des larmes mouillaient sa fourrure. Il trouvait que cela était bon signe, l'enfant lui montrant qu'il reprenait pied avec la réalité, aussi horrible soit elle. Il posa doucement sa tête contre le dos du louveteau, essayant de lui faire passer toutes ses émotions, de le protéger, de l'apaiser. Harry finit par s'endormir contre lui.
