Bonjour à toutes et à tous. Je reposte ce chapitre après la catastrophe d'affichage du précédent. Merci BEAUCOUP a celle qui me l'a signalé sinon je ne l'aurais même pas remarqué. Je ne maîtrise pas du tout le site et je pense que ça doit se ressentir. Si vous avez des conseils n'hésitez surtout pas, je suis preneuse. Après milles excuses, voici donc le chapitre trois que cette fois je vais vérifier avec application! Bonne lecture!

PS: si quelqu'un sait pourquoi les tirets de dialogues disparaissent à l'upload je suis méga preneuse!


Une violente douleur coupa le souffle de Sirius. Quelque chose de lourd venait de le percuter durement dans l'estomac, le réveillant en sursaut. Il avait été brutalement tiré d'un merveilleux rêve, peuplé de petits Severus ailés qui voletaient gaiement autours de sa tête. Bien qu'il sache que ce fantasme était une illusion (un Severus tout guilleret était un comportement qui ne correspondait absolument pas au caractère irascible de son âme-sœur), il avait toujours du mal à retourner dans le monde réel à son réveil. Faisant confiance à ses anciens réflexes de soldat, il repoussa son assaillant avant même de prendre la peine d'ouvrir les yeux. Au-dessus de lui, un petit enfant planait, les bras grands ouverts comme un oiseau, son crâne dangereusement proche du plafond de bois. Le visage du garçon était barré d'un immense sourire, un gloussement de rire s'échappant de ses lèvres. Son regard vert pétillait de joie, probablement très fier de son mauvais coup. Mais la gravité faisant son office, le petit corps commença à retomber, plongeant droit sur Sirius. L'enfant ne faisant absolument pas mine de chercher à se protéger, Sirius se redressa pour le rattraper au vol. Cette fois il éclata franchement de rire devant la mine déconfite de l'adulte.

- Je t'ai eu !

Sirius grogna, n'appréciant que moyennement ce genre de réveil à la dure, lui rappelant un peu trop les seaux d'eau glacés de Fol Œil durant son instruction à la Compagnie Grise. Il décida donc de se venger : plaquant l'enfant sur son torse, il glissa ses mains contre ses côtes et commença à le chatouiller. Le petit se tortilla dans tous les sens, hurlant de rire, communiquant par la même son hilarité à Sirius.

- Dis donc morveux, t'es pas bien de réveiller les gens comme ça ? Je vais t'apprendre moi !

Les rires de Harry s'élevaient bruyamment dans la chambre, résonnant contre les murs, gonflant de joie le cœur de Sirius. Les matins tels que celui-là étaient rares pour eux deux mais il était heureux de voir l'enfant reprendre goût à la vie. Il s'assit sur son lit, Harry toujours dans ses bras. Le garçon, vêtu de son pyjama rouge, plongea son regard dans le siens, ses petites mains appuyées sur ses épaules. Sirius avait encore un peu de mal avec cette habitude qu'il avait de toujours le regarder dans les yeux, sans se détourner, comme cherchant quelque chose au fond de son âme. Cette profondeur dans le comportement de l'enfant trahissait son lourd passé mais ses sourires étaient de plus en plus fréquents.

- Alors ? Pourquoi tu m'agresses de bon matin microbe ?

- J'ai faim et tu as promis des pancakes !

- Si c'est pour les pancakes alors…

Sirius se leva, coinçant l'enfant sous son bras. Les petites jambes battant ses flancs ne lui firent pas bien mal et il savait très bien qu'en réalité Harry adorait ça. Il quitta la chambre et se dirigea vers la cuisine, posant son chargement sur la grande table de bois brut. Il commença à sortir les ingrédients du frigo sous le regard scrutateur du petit. Après avoir sorti Harry des cendres de sa mère, deux ans auparavant, Sirius n'avait pas su quoi faire. Ils avaient fui tous les deux à l'aveuglette, s'éloignant de la civilisation, voyageant de nuit et dormant le jour. Mais ce ne pouvait pas être une solution durable pour l'enfant qui avait besoin de stabilité pour commencer à guérir. S'étant suffisamment éloigné de Little Hangleton à son goût, Sirius s'était mis à sérieusement penser à une cachette. Il s'était alors souvenu d'une cabane cachée dans une montagne et qui avait appartenu à son père. Il ne s'y était rendu qu'une seule fois quand il était petit, quand son père et lui avaient fui la meute du Serpent et étaient devenus des Solitaires durant quelques temps. Il ne savait pas s'il serait capable de la retrouver mais elle était la seule solution qu'il ait dans l'immédiat. Ils avaient alors voyagé durant près d'un mois à travers tout le pays en suivant les souvenirs un peu flous de Sirius. Le petit parlait très peu, toujours plongé dans ses pensées qui devaient probablement être cauchemardesques. L'adulte essayait de le faire sortir de sa bulle mais il avait bien conscience qu'il lui fallait un cadre stable. Ce qui l'inquiétait le plus en revanche était que le loup de l'enfant refusait de faire surface. Les loups Omégas étaient plus sensibles et fragiles que les autres mais ils restaient des prédateurs et il était dans leur nature de chercher à protéger leur part humaine. Le loup de Harry aurait donc dû émerger, quitte à prendre le contrôle et devenir ingérable. Il savait que l'enfant pouvait se transformer en loup depuis sa naissance, comme tous les métamorphes mais rien ne s'était passé. Sirius se transformait chaque fois qu'il le pouvait mais ses efforts étaient restés vains.

Ils avaient finalement atteint la cabane un soir, fatigués de leur périple. La maison était dans un piteux état, le toit à moitié effondré, du lierre et des ronces envahissant les murs. Ils avaient passé leur première nuit roulée en boule sur le sol défoncé de la masure. Au petit matin, Sirius avait décidé de se secouer les puces : il avait commencé par procéder à une petite visite de la cabane pour faire le point sur les futures rénovations qui permettraient de rendre l'habitation salubre. Il surveillait discrètement Harry du coin de l'œil. Le petit était toujours assis sur le plancher au milieu de la pièce principale mais était un peu plus alerte que les jours précédents. Sirius commença alors à parler à voix haute, ignorant ostensiblement Harry. Au bout de quelques temps, l'enfant se leva et se mit à le suivre silencieusement, telle une petite ombre. Avec un petit sourire, l'homme continua son manège. Les dégâts étaient importants mais la structure de la cabane restait en bon état. Sirius sortit pour en observer l'extérieur. Ils avaient beaucoup d'espace à leur disposition ce qui leur serait pratique pour créer un potager pour être le plus autonome possible. Il eut alors une bonne surprise en contournant la maison. Son maniaque du contrôle de père avait construit une sorte de garage en béton caché sous les arbres et l'avait rempli à ras-bord. Planches de bois, fils électriques, outils, tout s'y trouvait pour retaper la cabane. Il dénicha même un vieux panneau solaire couvert de poussière. Parfait, il n'aurait pas à aller se fournir en matériaux de construction dans la ville la plus proche. Il avait alors souri à Harry qui se tenait à ses côtés. « Au boulot bonhomme, on a une maison à reconstruire » s'était-il exclamé. Il avait alors eu l'agréable surprise de voir un fantôme de sourire s'étirer sur les lèvres de l'enfant.

Sirius fouettait énergiquement la pâte à pancake, chassant parfois une petite main inquisitrice qui se tendait vers le plat de façon tout sauf innocente. Il leur avait fallu près d'un an pour que la cabane soit vraiment parfaite, principalement dû au fait qu'il avait insisté pour qu'Harry participe à chacune des étapes de la reconstruction. Le travail manuel, même à l'échelle d'un enfant de quatre ans, lui avait été bénéfique. Il parlait toujours peu mais il souriait plus facilement. Tout allait donc aussi bien que possible pour deux personnes dans leur situation. Ils n'avaient pas l'eau courante et rationnaient l'électricité au maximum mais ils étaient simplement heureux. Cependant, Harry était parfois sujet à des crises de cauchemars et se réveillait alors en hurlant à s'en arracher les cordes vocales. La première fois, Sirius avait été profondément éprouvé par la terreur et l'épouvante de ces cris. Il s'était précipité aux côtés du petit, cherchant à le calmer sans savoir vraiment quoi faire. L'enfant appelait désespérément sa mère, les yeux grands ouverts, fixés sur le plafond. A court d'idée et les mots étant inutiles, il s'était transformé pour se rouler en boule contre le petit corps tremblant. Cette scène s'était répétée plusieurs fois au cours de ces deux dernières années mais heureusement, elles s'espaçaient de plus en plus. Sirius mit des bûches dans le poêle avant d'allumer le feu. Il se tourna vers le gamin, toujours perché sur la table, ses jambes battant l'air.

- Tu veux faire un truc en particulier aujourd'hui ?

- Hum… Il faut changer les tuteurs des tomates et replanter des radis, on n'en a plus.

- Gamin, grogna Sirius en levant les yeux au ciel. Je te demandais ce que tu voulais faire pour t'amuser. Tu n'as que six ans, arrête d'être aussi sérieux !

Les yeux de Harry se mirent alors à briller de tous leurs feux. Sirius savait déjà ce qu'il allait lui demander rien qu'en regardant son sourire. Il pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert.

- On peut aller ramasser des fleurs pour faire de la peinture ?

- Bien sûr morveux, dit Sirius en lui ébouriffant tendrement les cheveux.

- Je suis pas un morveux, râla Harry en tentant d'imiter son regard noir avec plus ou moins de réussite.

Au tout début, Sirius avait tenté de contrôler son vocabulaire mais il avait vite abandonné, le naturel revenant au galop. Il avait donc décidé de laisser l'enfant parler comme il l'entendait tout en lui inculquant le minimum de politesse pour ne pas devenir totalement sauvage. Durant tout le temps qu'il avait passé dans la meute du Phoenix ou à la capitale avec la Compagnie Grise, il n'avait pas été en contact avec beaucoup d'enfants et, bien qu'il estime s'en être relativement bien sortit au vu de la situation, Sirius était étonné : Harry grandissait normalement, sa part d'Oméga ne semblant pas se manifester ou influer sur son comportement. Pourtant, il la sentait dans son odeur, cette note douce et sucrée. Mais Harry était un petit garçon parfaitement ordinaire, peut-être un peu trop mélancolique mais dont le développement était tout à fait sain. Il pouvait se montrer joueur ou triste et était indubitablement capable de hurler de colère de façon tout à fait convaincante. Sirius se sentait bizarrement fier de son morveux, comme il aimait l'appeler avec une tendresse un peu bourrue. Il posa une assiette pleine de pancakes et une tasse de thé beaucoup trop sucrée devant Harry qui pivota pour croiser ses jambes sur la table. Le gamin avait cette étrange habitude d'adorer s'assoir sur les tables, à son plus grand dam. Sirius s'installa sur une chaise, une tasse de café entre ses mains, observant l'enfant qui enfournait les pâtisseries comme si elles allaient disparaître d'une seconde à l'autre. Il tenta une avancée tactique vers la nourriture mais un petit grognement le stoppa. Surpris, il ouvrit grand les yeux… Avant d'éclater de rire.

- Mais c'est qu'il mord le chaton !

Harry plissa le nez, l'air profondément vexé.

- Arrête de te moquer de moi Sirius !

- Je ne me moque pas, je suis content que tu te comportes au moins un peu comme un loup.

Harry lui sourit un peu tristement avant de plonger le nez dans sa boisson beaucoup trop sucrée pour un être humain normalement constitué. Sirius réprima une grimace de dégoût : il ne pouvait pas acheter de quoi lui faire du chocolat chaud, comme pour tous les enfants, alors il avait dû se rabattre sur une autre solution. Il observa l'enfant avaler son infusion. Harry n'avait pas beaucoup grandi en deux ans. Ses cheveux étaient autant en bataille que ceux de son père et commençaient à lui tomber devant les yeux. Ses grands yeux couleur d'émeraude et mouchetés d'or où l'on pouvait voir absolument toutes ses émotions. Les yeux de Lily.

Harry était un petit garçon profondément gentil mais avec un vrai caractère de feu, Sirius en avait eu plusieurs fois la confirmation. Mais une idée continuait à tourner en boucle dans son esprit, une pensée qui le terrorisait. Un jour, cet enfant allait de nouveau faire face à Voldemort et ce jour-là, il ne serait peut-être plus là pour le protéger. Il pourrait même se retrouver seul, en danger de mort. Harry devait absolument pouvoir se protéger par lui-même, se défendre, se préserver. Bien que ce soit contre tout ce en quoi il croyait, Sirius allait devoir entrainer l'enfant à survivre. Mais il souhaitait avant tout en parler avec le principal concerné.

- Harry, je peux te parler de quelque chose ?

Le garçon releva la tête en sentant dans le ton de sa voix que ce qu'il avait à lui dire était important. Sirius ne lui avait rien caché de leur condition, de leur fuite ou du meurtre de ses parents. Harry ne lui avait toutefois jamais posé beaucoup de questions, sentant instinctivement que ce sujet restait sensible pour lui.

- De quoi est-ce-que tu te souviens de la mort de tes parents ?

Il ne répondit pas immédiatement, semblant réfléchir à une réponse. Sirius était soulagé : l'enfant ne s'était pas effondré en larmes à l'entente de sa question. C'était plutôt bon signe quant à la guérison du traumatisme. Harry posa sa tasse devant lui et le regarda droit dans les yeux.

- Il y avait quelqu'un, je ne l'ai pas bien vu. Mais il était méchant. Il a fait du mal à maman et il faisait vraiment très peur. Et puis il y a eu le feu.

- Cet homme s'appelle Tom Voldemort.

- Il ne ressemblait pas à un homme, s'exclama l'enfant en fronçant les sourcils.

- Je sais. C'est un serpent-garou et il est très méchant.

Harry hocha la tête, bien attentif à tout ce que lui disait Sirius.

- Je ne sais pas pourquoi il voulait te faire du mal, à toi et à tes parents. Personne ne le sait. Mais il risque de revenir.

- Il va te faire du mal ?

- Il pourrait.

- Alors je te protégerai, s'écria Harry en bombant son petit torse comme pour se grandir.

- Je te fais confiance microbe, ricana Sirius. C'est de ça que je voulais te parler. Je ne serai pas toujours là, avec toi pour te protéger et un jour tu seras peut-être tout seul. Je veux que tout se passe bien pour toi si cela doit arriver. Ce que je te propose, c'est de t'apprendre à survivre dans la nature ou contre les métamorphes. Tu es encore trop petit pour que je t'apprenne à te battre mais on peut commencer par quelque chose de plus facile. Mais je ne te forcerai jamais à rien Harry, je veux que ce soit toi qui décides. C'est quelque chose d'important pour moi, alors je voudrais que tu y réfléchisses très fort.

L'enfant resta silencieux à la fin de sa tirade, le fixant de ses yeux trop verts. Il ne se comportait pas vraiment comme un gamin normal. Il ne s'effondra pas en larmes à l'idée que sa dernière figure parentale risquait de mourir. Il ne sauta pas partout à l'idée d'avoir la possibilité d'apprendre à se battre comme un super-héros. Il semblait réfléchir intensément à sa question, la prenant très au sérieux. C'était dans des moments tels que ceux-là que Sirius voyait l'enfant grandir trop vite. Il était parfois trop réfléchi pour son âge et ce qu'il venait de lui proposer n'allait pas arranger les choses. Il aurait aimé qu'Harry reste innocent le plus longtemps possible mais c'était courir trop de risques. Sirius ne savait pas quand Voldemort retrouverait leurs traces mais cela pouvait arriver n'importe quand. Il fallait que Harry soit prêt, quitte à bousculer encore un peu plus son enfance.

- Je veux bien que tu m'apprennes tout ça mais…

- Oui ?

- On pourra quand même faire de la peinture ? demanda le petit garçon d'un air timide.

Sirius éclata de rire, à la fois touché par la timidité de Harry et soulagé qu'il lui ait donné son accord. Même si l'enfant ne devait sans doute pas comprendre tout ce que cela impliquait.

- Bien sûr. Aller morveux, finis ton petit déjeuner, nous avons une nouvelle journée qui commence.

Une drôle de routine s'instaura pour eux à compter de ce jour. Sirius se levait tous les matins aux aurores pour leur préparer un copieux petit déjeuner puis il allait réveiller Harry qui dormait dans la seconde chambre de la cabane. Durant leur repas, Sirius interrogeait l'enfant sur ce qu'ils avaient étudié la veille. Ils avaient passé beaucoup de temps à s'intéresser à la théorie avant de passer à la pratique. Le gamin adorait apprendre à peu près tout et n'importe quoi, des plantes que l'on pouvait trouver dans la forêt à la topographie des montagnes du pays. Il avait une très bonne mémoire et était curieux de tout. L'adulte n'avait pas besoin de trop le pousser pour travailler à un bureau devant un livre et des cahiers. Il avait aussi commencé à lui apprendre à lire et à écrire. Une véritable petite classe s'était montée dans la pièce de vie de la cabane. Sirius avait dû ruser pour arriver à se procurer du papier et des ouvrages. Après quelques semaines d'études studieuses, Harry lui avait vocalement fait part de son envie de tenter une expérience sur le terrain. Il avait finalement cédé et c'est ainsi qu'avaient commencé leurs petites excursions dans la forêt autour de la maison. Ils partaient en général en fin d'après-midi, profitant de l'air plus frais. Sirius en profitait pour se métamorphoser et ainsi familiariser Harry à la présence d'un loup-garou adulte qui ne lui servirait pas exclusivement de doudou. Harry avait bien réagi à la vue du loup géant et cela avait permis à Sirius de lui montrer le comportement des loups, leur manière de chasser et de se déplacer le plus discrètement possible dans leur environnement. Ces promenades étaient devenues les moments de la journée qu'ils attendaient tous deux avec le plus d'impatience. Bien entendu, Sirius faisait de son mieux pour que l'enfant s'amuse mais chaque information qu'il lui donnait lui permettrait peut-être un jour de survivre seul dans la nature. Ils en profitaient parfois pour cueillir des fleurs et ainsi fabriquer de la peinture. Harry adorait peindre les choses qu'il avait vues dans la journée et, bien que sa palette de couleurs fût relativement limitée, il le faisait avec un réel talent. Ces petits moments de détentes permettaient à l'enfant d'exercer son sens de l'observation sans vraiment s'en rendre compte. Parfois, il réalisait un dessin de mémoire à la demande de son professeur personnel : le but du jeu était d'oublier le moins de détails possibles.

L'entrainement de Sirius ne servait pas seulement à développer la sagacité et les connaissances du gamin. Il commençait doucement à améliorer sa condition physique. Le corps de Harry se tonifiait lentement. Il n'était pas à proprement parler musclé mais il était capable de marcher plusieurs heures dans les montagnes sans se plaindre. Ses muscles étaient longs et sec bien qu'il restât petit pour son âge. Hormis les balades en montagne, Sirius lui avait construit un vrai parcours d'obstacle. Aidé de l'enfant, il avait déblayé une sorte de piste dans le sous-bois autours de la maison et y avait installé des rondins de bois, des cordes, des balancelles et même un filet. Quand ils ne partaient pas se promener, il faisait courir Harry sur ce qui leur faisait office de terrain d'entrainement. Il cherchait toujours le jeu pour ne pas écœurer le petit des exercices qu'il lui donnait, lui forçant parfois discrètement la main quand il commençait à fatiguer. Il faisait parfois la course avec lui, se roulant dans l'herbe comme un animal pour faire rire le garçon. Sirius profita aussi d'un petit lac bourbeux qu'il trouva dans la forêt pour apprendre à Harry à nager. L'expérience ne fut pas très concluante pour les deux métamorphes, l'enfant développant une haine farouche pour tout ce qui touchait de près ou de loin à la nage. Au moins, il saurait garder la tête hors de l'eau en cas d'urgence. En revanche, Sirius refusait catégoriquement de lui apprendre à se battre et lorsque l'enfant le lui avait demandé, il s'était énervé contre lui pour la première fois. Bien qu'il ne comprenait pas pourquoi, Harry avait fini par accepter et ne le lui avait plus redemandé. Il sentait qu'avec l'adulte, tout finirait par arriver en temps et en heure. Sirius voulait encore préserver l'enfant : lorsqu'il allait commencer l'entrainement au combat, tout allait changer dans sa relation avec Harry. Il allait être obligé de lui faire du mal physiquement, de lui apprendre à endurer la douleur, à la dépasser mais surtout à l'infliger. Tout ça lui faisait peur. Mais pour l'instant, il profitait de ces derniers moments d'insouciance avec l'enfant. Il cherchait à le faire rire, à l'aider, à le soutenir et à le soigner. Ils étaient bien.

Le temps s'écoula paisiblement dans leur petit coin de paradis, rythmé par une routine qui leur convenait à tous les deux. Cependant, une ombre planante gâchait quelque peu ce quotidien tranquille. Cela faisait plus de deux ans que Harry ne s'était pas transformé.