Chapitre 17 :
Diadème
Après avoir soigné et confronté Lucius et Severus, ce fut aussi rapidement qu'il le put que Kira rentra à ses appartement. Il y retrouva son père qui commençait à sévèrement s'inquiéter de ne pas le voir revenir. Il s'empressa de lui raconter ce qu'il s'était passé, sa discussion avec les deux hommes. Si cela éveilla évidemment l'intérêt d'Akifumi, ce fut sur tout autre chose qu'il se concentra d'abord. Il n'avait pas manqué de remarquer que Kirarin était rentré très agité, très tendu, un peu pâle et tremblant. Il parlait un peu frénétiquement et en entendant ce qu'il s'était passé, le père comprit ce qu'il avait. Il n'interrompit pas son discours mais il se mit à caresser ses cheveux pour l'aider à se calmer. Lorsqu'il eut terminé, Kira releva un regard angoissé vers lui après s'être rendu compte de son propre état, observant ses mains tremblantes. Akifumi l'attira alors dans ses bras avec douceur, serrant les dents en entendant son fils gémir de désespoir en se blottissant contre lui. Ce qu'il se passait ne faisait de secret ni pour l'un ni pour l'autre.
Parce qu'en effet, Kira était présentement en train de lutter furieusement contre les sensations et envies que le lien lui donnait. Cette soirée avait été lourde. Il y avait d'abord eu l'absence douloureuse de Lucius, son éloignement et cette angoisse, ce mauvais pré-sentiment lancinant qui l'avait pressé de retrouver son âme sœur et auquel il avait dû résister. Puis il avait vu son âme sœur dans cet état, compris qu'il avait été torturé. Cela lui avait fait physiquement mal même s'il n'y avait pas prêté attention sur l'instant. Il avait dû faire un effort titanesque pour se contenir, ne pas accourir vers lui et le soigner sur le champs pour plutôt l'emmener au dojo avec Severus. Si le soigner l'avait légèrement apaisé, répondant à ce besoin qu'il avait de le soulager, au final, cela n'avait rendu l'épisode que plus difficile pour lui lorsque l'opération avait pris fin. Il avait fallu couper le contact magique et physique avec le Lord blond et si ce contact n'avait été que très bref, le lien en semblait désormais encore plus en manque qu'auparavant. Il se rebellait contre le fait qu'il se soit éloigné, qu'il ait lâché sa main quand tout ce qu'il voulait était aller se blottir contre lui et être entouré de ses bras. Contenir cela n'avait pas été simple, surtout sans rien laisser paraître. Et puis il s'était vraiment séparé de l'homme, terminant de malmener le lien. Dans cette situation, après avoir vu Lucius dans cet état, senti sa douleur, tout son être ne réclamait qu'une chose: qu'il cour rejoindre son âme sœur, qu'il le cajole et veille sur son repos, qu'il s'assure qu'il se remette et qu'il aille bien. Seulement, il n'avait rien pu faire de tout ça et résister au lien l'avait vraiment mis à rude épreuve.
Maintenant, il était agité et angoissé, luttant encore contre cette envie de le rejoindre. Il se sentait atrocement coupable, misérable de l'avoir laissé alors qu'il avait été torturé, même s'il l'avait soigné. Il ne pouvait s'empêcher de trembler, ne parvenant pas à se calmer. Une tristesse sans nom étreignait son cœur, la solitude et le froid s'emparant de lui. Il se terra alors contre son père pour tenter de s'apaiser et de chasser ses sensations. Seulement, il n'y parvint pas à la grande inquiétude de l'adulte. Yoite expliqua doucement qu'il serait de plus en plus difficile de refréner le lien, surtout si Kira avait d'autres contact avec Lucius ou s'il le revoyait dans ce genre d'état. Cela ne ferait qu'accélérer le processus. Akifumi fit tout ce qu'il put pour essayer de le calmer et de le soutenir. Cette nuit là, bien qu'il rejoignit son père pour dormir, incapable de rester seul, Kira ne parvint pas à trouver le sommeil et il ne parvint à tempérer un peu le lien qu'en étendant son esprit vers Lucius pour veiller sur lui à distance, surveillant le profond sommeil paisible dans lequel l'homme était plongé. Cela tranquillisa légèrement le lien qui fut pourtant loin d'être satisfait de ce petit compromis.
Ce fut donc un Kira fatigué qui se leva le lendemain et qui accompagna son père au petit déjeuner. Y voir son âme sœur en parfaite santé lui fit du bien mais son cœur se serra lorsqu'il n'eut droit qu'à une salutation froide de sa part, l'homme rendu méfiant certainement à cause de la veille, comme Severus. Il n'en laissa rien paraître mais intérieurement, il était affligé. Heureusement, on était samedi et cela lui laissa le loisir de s'isoler au dojo avec Yoite et Katsuo, son père venant avec eux pour veiller sur lui. Cette semaine là, Kira n'eut droit qu'à de la froideur et de la distance de son âme sœur, le désespérant. Severus réagissait de la même manière depuis leur confrontation et il ne pouvait pas leur en vouloir. Cela n'en fut que d'autant plus pénible pour lui. Si personne hormis son père et ses familiers n'en furent conscient à l'école, l'adolescent ne laissant rien paraître, doucement, cette situation commençait à sévèrement lui peser. Son sommeil commençait à se faire chaotique, il manquait d'appétit et il peinait parfois à contenir le lien. Lorsque Lucius quittait le château, ce qui arriva cette semaine là, les effets de l'éloignement se faisaient à chaque fois plus intenses. Et tout cela n'allait pas s'arranger.
Il fallut une semaine de plus pour que Kira puisse de nouveau avoir un contact moins froid avec son âme sœur. Ce soir là, une fois encore, Lucius avait quitté le château et une fois encore, Kira avait cette affreuse sensation qu'il n'allait pas bien, cela se faisant encore plus intense que la dernière fois à telle point qu'il en vint à en souffrir physiquement lui même. Quand Lucius était trop loin, il avait toujours cette douleur dans la poitrine qui se faisait plus forte avec le temps mais cette fois, une douleur diffuse dans son corps tout entier s'y ajouta. Il comprit alors que l'homme devait être chez Voldemort et qu'une nouvelle fois, celui-ci avait décidé de s'en prendre à lui. Le fait de comprendre ne l'aida pas à supporter, ne faisant que l'angoisser plus encore, priant pour que sa moitié sans sorte et sans trop de dégât. Il se sentait terriblement impuissant. Le lien ne faisait que se rebeller plus encore alors qu'il savait que son âme sœur avait besoin de lui et qu'il ne faisait rien pour aller à son secours. Cela fut long avant que la présence de Lucius ne revienne au château. Kira, qui avait passé l'épisode caché dans les bras de son père, s'était alors immédiatement redressé. Son âme sœur avait besoin de lui, il sentait sa douleur et il devenait vital pour lui d'aller le soulager. Il eut cependant besoin d'un instant pour reprendre ses esprit avant de partir, priant son père très inquiet de rester dans leur appartement. Il s'en alla rapidement sans vraiment lui laisser le temps de répondre. Mais cette fois, il était hors de question pour le père de le laisser hors de son champs de vision et il entreprit donc de le suivre avec toute la discrétion qui s'imposait.
Ce fut à grands pas et ce malgré qu'il ne se sente pas très bien, que Kira traversa les sombres couloirs du château, Katsuo sur les talons et Yoite volant près de lui. Il s'était recomposé une apparence totalement maîtrisée et neutre mais intérieurement, il était ravagé par l'inquiétude pour sa moitié. Il faisait nuit et il était déjà tard, les corridors déserts. Ce fut un peu à l'image de la dernière fois qu'il intercepta Lucius et Severus. Sauf que cette fois, seul le blond était mal en point alors que le maître des potions l'aidait à marcher, lui ayant fait passer un bras autour de ses épaules. Kira savait qu'ils venaient de chez Dumbledore mais Severus n'ayant pas quitté le château ce soir, il savait aussi que celui-ci n'avait pas été chez Voldemort. Au contraire de son âme sœur qui portait clairement les trace du doloris chargé de la signature du Seigneur des Ténèbres. Il tremblait compulsivement, très pâle, les yeux troubles et le visage couvert d'une légère pellicule de sueur. Cette fois, Kira ne put s'empêcher d'agir sur le champs, luttant déjà pour ne pas accourir et laisser transparaître sa panique et son inquiétude devant ce spectacle.
- Professeur Uizado? remarqua Severus tendu en le voyant arriver vers eux.
Kira ne répondit pas, son regard rivé sur Lucius qui n'avait pas réagi. Le directeur de Serpentard dut comprendre ce qu'il allait faire puisqu'il ne bougea pas et ne dit rien, lui même très inquiet pour son ami. L'adolescent se planta devant le Lord, venant prendre sa main libre et poser l'autre sur son front. Il ferma les yeux et usa de sa magie, passant plusieurs minutes à soigner son âme sœur. Lorsqu'il rouvrit les yeux, ce fut pour tomber sur les orbes grises de sa moitié qui semblait avoir repris ses esprits, son regard redevenu plus lumineux. Il avait repris des couleurs, cessé de trembler et la fièvre qui l'avait pris s'était effacée. Il avait même repris des forces, Kira lui ayant transmis la sienne et il parvenait à se tenir debout seul bien que Severus continua à lui donner son appuis. Ce fut une vraie bataille intérieure pour Kira lorsqu'il lui fallut lâcher sa main et retirer la sienne de son front.
- Merci, lui dit le blond avec gratitude en le faisant sourire.
Kira remarqua et sentit qu'il était encore plus troublé que la première fois qu'il l'avait soigné mais il ne s'y attarda pas, très inquiet pour sa moitié. Il avait soigné tout les dégâts et il lui avait redonné des forces mais ce qu'il avait subi ce soir n'était pas rien.
- Vous avez besoin de vous reposer et de dormir, remarqua-t-il. Professeur Snape, pouvez vous l'accompagner jusqu'à ses appartements? demanda-t-il.
L'homme approuva, visiblement impressionné par ce qu'il venait de faire. Encore un peu confus, Lucius ne résista pas lorsque son ami l'entraîna. Ce fut sans un mot de plus qu'ils se séparèrent, Kira les regardant disparaître à l'angle du mur. Il serrait alors les poings, tremblant dans son effort à résister au lien qui réagissait encore plus fortement que la dernière fois à cette situation. Pour ne pas céder, il se força à partir dans l'autre sens et ce fut finalement en courant qu'il rejoignit son dojo, son chien et son dragon sur les talons. Quelques instants plus tard, il s'effondrait à genoux au milieu des tatamis, s'enfermant dans ses bras et se recroquevillant sur lui même. Sa respiration s'était faîte erratique et désordonnée alors qu'il serrait les dents en gémissant de désarrois. Près de lui Katsuo pleurait et Yoite tentait de lui apporter soutient et réconfort en venant frotter sa tête à la sienne. Kira ne parvint pourtant pas à relever leur présence. Ce ne fut que lorsqu'il sentit celle forte et chaude de son père se presser dans son dos et ses bras protecteurs l'entourer qu'il parvint à reprendre un peu pied dans la réalité. Il laissa Akifumi le redresser délicatement et l'attirer contre lui, s'asseyant sur les tatamis. Kira alla s'accrocher à ses vêtements, respirant autant qu'il put son odeur et se concentrant sur la main qui vint caresser ses cheveux pour essayer de se calmer. Cette fois, il fallut la nuit entière pour que l'adolescent s'apaise un peu, Akifumi très inquiet de voir que les choses empiraient plus vite qu'il ne l'avait imaginé.
Ce matin là, Kira refusa d'aller prendre le petit déjeuner dans la Grande Salle, expliquant qu'il ne voulait pas voir le regard distant de son âme sœur sur lui aujourd'hui. Il accepta pourtant de suivre son père jusqu'à leur appartement. Il était encore très tôt, le soleil pas encore levé et ils ne rencontrèrent personne sur leur route. Voyant son fils franchement déprimé et angoissé pour lui, le père commença par l'asseoir dans un canapé avant de lui servir un bon thé. Il gagna ensuite leur cheminée pour envoyer un message à la maison, jugeant qu'une visite de famille lui ferait du bien. On devait être en fin de journée au Japon. Un samedi, tout le monde devait être à la maison. Cela fait il revint s'asseoir près de lui, l'entourant d'un bras et caressant ses cheveux.
Il ne fallut pas une demi heure pour que la cheminée s'active, laissant entrer toute la famille additionnée d'Haiko, Hayate et Hideaki. Tous comprirent que Kira n'allait pas bien d'un seul coup d'œil. Ils voyaient son regard triste et désemparé, la tension de son corps bien inhabituelle pour lui. Akifumi semblait aussi très inquiet et cela ne rassura personne. Presque immédiatement, Setsuna, Hayate et Kahei accoururent vers leur petit frère, venant l'entourer pour le réconforter. Et toute la famille eut le cœur serré en voyant leur petit cadet quasiment se jeter dans les bras de Setsuna pour l'étreindre de toute ses forces, se cachant contre lui. Son oncle lui rendit sur le champs sans un mot, sentant nettement son état d'esprit. Tous vinrent saluer Akifumi calmement avant de venir en faire de même avec Kira, le prenant dans leurs bras pour un moment de douceur. Tous savaient qu'il en avait besoin. Depuis la révélation de cette rencontre avec son âme sœur, toute la famille ne s'était que plus renseignée auprès de Rui sur le sujet. Le dragon avait expliqué que son gardien ressentirait de plus en plus d'émotions négatives devant le manque de sa moitié et que la solitude serait une des pires. Il avait donc besoin de présence et de contact, il avait besoin de l'amour, la douceur et la tendresse que son âme sœur ne lui donnait pas. Venant d'autres, cela ne résoudrait rien, mais c'était un moyen de le soulager un peu et de le soutenir. Tous passèrent donc un moment à le cajoler même si cela ne sembla pas avoir grand effet.
La raison de l'appel empressé d'Akifumi fut évidente rapidement pour tous et ils entourèrent l'adolescent sur le champs. Ils ne posèrent pas la question de savoir comment il allait, le sachant rien qu'en le regardant et ils préférèrent lui demander des nouvelles sur comment se passait ses cours et autre choses simples. Ce furent des discussions légères qui furent lancés mais il fallut pourtant deux bonnes heures pour que Kira ouvre enfin la bouche et se détende un peu. Il semblait épuisé et Tsukiyo le poussa bientôt à poser sa tête sur ses genoux et à s'allonger dans le canapé. L'adolescent ne se fit pas prier et il s'installa, allant cacher son visage contre le ventre de sa tante, se roulant en boule contre elle. Elle se mit à caresser ses cheveux et Yuma ne tarda pas à venir s'asseoir près d'eux, ajoutant ses propres caresses. Après cette tension et sa nuit blanche, un peu détendu par sa famille et ce doux traitement, le jeune homme finit par s'endormir, accrochant les vêtement de sa tante comme s'il avait peur qu'elle disparaisse. Un sort de silence fut placé autour de lui pour ne pas le déranger et ce fut seulement alors que l'on questionna le père sur la situation avec l'âme sœur de Kira. Akifumi leur raconta alors, expliquant dans quel état Kira avait trouvé sa moitié deux semaines plus tôt, comment cela avait malmené le lien, la distance qui s'était installé entre eux suite à cela jusqu'à l'épisode de la veille et la nuit qui venait de passer.
- Le pire c'est que je ne peux que regarder, s'attrista-t-il l'air abattu et très inquiet. Rien ne le soulage. Et l'autre reine des glaces qui s'est éloigné de lui n'a rien arrangé, dit-il l'air agacé contre Lucius. Kira souffre à chaque fois qu'il sent son regard distant ou froid sur lui, il souffre à chaque fois qu'il le croise sans pouvoir s'approcher, il souffre à chaque fois qu'il voit son fils, il souffre dés qu'il est un peu trop loin. Il dort de plus en plus mal et il perd l'appétit. J'ai peur de ce qu'il se passera si ça ne bouge pas dans le bon sens.
Il y eut un moment de silence lourd dans la pièce, tous regardant l'adolescent endormis avec une immense inquiétude. Rengu vint serrer l'épaule de son fils d'une main pour le soutenir, sachant parfaitement comment il devait se sentir.
- Hideaki, peux-tu l'examiner et voir comment il va? demanda-t-il en regardant son ami.
Celui-ci ne se fit pas prier. Il était bien sûr venu pour rendre visite au duo mais aussi parce qu'il s'inquiétait de plus en plus pour la santé de son plus jeune patient, sachant que cette situation finirait par s'en ressentir physiquement sur lui. Il sortit sa baguette et lança ses sorts de diagnostiques en veillant à ne pas le réveiller. Tous attendirent son verdict, angoissés à l'idée qu'il puisse déjà y avoir du dégât. Lorsque Hideaki se redressa, son air soucieux ne rassura personne:
- Il commence à accumuler de la fatigue nerveuse et il est dans un état de tension et de stress qui vont rapidement faire du dégât. Il a commencé à perdre du poids aussi. Pas beaucoup pour le moment mais ça ne va pas s'arranger.
- Il n'a déjà jamais eu un gros appétit mais maintenant..., souffla Akifumi. Je veille à ce qu'il mange le mieux possible mais il y a des jours où il n'avale rien.
- Il faut essayer de le pousser à manger mais il ne faut pas forcer. Rui a dit qu'il pourrait être physiquement malade s'il forçait, expliqua le médecin.
- Qu'est-ce qu'on peut faire pour limiter les dégâts? demanda Satoshi.
- Je vais vous envoyer des potions de nutritions. Une par jour quand il pourra l'avaler, ça retardera les effets d'une sous-nutrition s'il a du mal à manger. Cela ne résoudra rien mais ça lui donnera plus de temps et il fatiguera moins vite. Je prévoirais aussi des potions de sommeil pour qu'il puisse faire une bonne nuit de temps en temps. Il ne pourra pas en prendre plus d'une tout les quatre jours à cause des effets secondaires mais ça pourra l'aider. Au début, il faudra les garder pour les pires nuits où il a vraiment besoin de dormir ou s'il est trop agité. Rui m'a dit qu'il finirait par avoir de véritables insomnies ou alors de terribles cauchemars quand il arrivera à dormir, déplora-t-il alors que tous étaient tendus. On lui donnera alors une potion de sommeil sans rêves tout les quatre jours pour qu'il puisse au moins faire une ou deux vraies nuits par semaine. Pour le stress et la nervosité, rien ne marchera. C'est le lien qui le met dans cet état et c'est une chose que nous ne pouvons contrer.
- À quoi doit-on s'attendre à plus long terme? demanda Akifumi. Rui sait-il ce qu'il va se passer? questionna-t-il en sachant qu'ils s'étaient renseignés autant que possible pour lui.
Il y eut un moment de tension dans la pièce alors que bien évidemment, toute la famille et son entourage étaient allés écouter et questionner le dragon à ce sujet, angoissés pour Kira.
- L'appétit, le sommeil et le stress sont les premières choses, commença finalement le médecin particulièrement au fait de ce qui allait se passer et qu'il voulait tenter de contrer autant que possible. Il faudra veiller à ce qu'il s'hydrate aussi parce qu'il va cesser de boire. Cela va engendrer perte de poids, fatigue physique et nerveuse, agitation, stress, saute d'humeur, cauchemars. Il risque de se mettre à déprimer de plus en plus. Puis il va tomber vraiment malade. Il va avoir des maux de têtes chroniques qui vont se transformer en migraine. Il aura beaucoup de mal à se nourrir et a garder sa nourriture. Il va s'affaiblir, perdre son énergie. Il aura de la fièvre parce que sa magie va se rebeller. Il aura des douleurs comme des crampes au début puis de plus en plus fort. Il va ensuite avoir du mal à respirer, il fera des malaises, ses fonctions vitales vont s'affaiblir. Cela jusqu'à ce qu'il ne tienne plus, dit-il lourdement alors que Akifumi avait les larmes aux yeux.
Haiko vint s'asseoir près de son meilleur ami, entourant ses épaules d'un bras pour le réconforter.
- Est-ce que Rui sait combien de temps nous avons avant le pire? demanda-t-il finalement difficilement.
- Il a dit qu'en général, cela prend six mois après la révélation, répondit Satoshi. Autrement dit, février prochain à peu près. Il a dit aussi que l'on pouvait gagner du temps si Kira parvient à se rapprocher au moins un peu de son âme sœur ne serait-ce que par une amitié.
- Et en cas de rejet, qu'avons nous comme délai? demanda le père visiblement décidé à tout savoir.
- Si le rejet est franc et net, quelques heures seulement, répondit Rengu. S'il est indirect ou qu'il n'est pas réellement voulu par son âme sœur, une semaine, peut-être un peu plus. Un rejet franc est irrémédiable, un rejet indirect peut être renversé si sa moitié change d'avis avec sincérité.
- Est-ce qu'on pourra faire quelque chose quand il commencera à aller vraiment mal? demanda-t-il ensuite en serrant les dents.
- Au début des symptômes, les soins traditionnels pourront aider un peu, dit Hideaki. Mais cela finira par ne plus fonctionner. Il aura surtout besoin de présence, de soutient, de tendresse et de douceur. Il ne supportera rapidement plus d'être seul un instant.
- La vraie question c'est: comment on fait pour que la reine des glaces se rende compte que Kira est son âme sœur? questionna Setsuna qui avait les larmes aux yeux lui aussi et les dents serrées de rage face à son impuissance.
- Le plus simple serait de trouver un moyen de lever cette limitation sur la partie veela de Lord Malfoy, remarqua Suzumi.
- Mais ce ne sera pas simple, soupira Akifumi. Il n'y a pas tant de façon sde faire. Il faudrait soit que Lady Malfoy décède, ce que nous ne pouvons certainement pas souhaiter, soit que le couple décide lui même de briser leur mariage et lever la limitation, soit que la reine des glaces décide qu'il faut la lever. Lui donner une raison de le faire sans révéler son lien avec Kira d'une quelconque manière serait presque impossible.
- Il y a autre chose, posa Satoshi. Rui m'a dit que ce genre de limitation était très complexe à lever. Dans le cas d'un décès du conjoint, elle saute toute seule mais c'est très violent pour le veela et ce n'est de toute manière pas cela que nous souhaitons. Dans les deux autres cas, la levée ne peut se faire qu'à un moment très précis. Une nuit de solstice dont la magie particulière permet le déblocage.
- Cela ne fait que deux nuits dans l'année, s'horrifia Akifumi. Et Kira ne tiendra pas jusqu'au solstice d'été, ça ne nous laisse qu'une nuit.
- Le vingt décembre qui arrive, confirma Masao.
- Le seul autre moyen sans lever cette limite serait que la reine des glaces tombe amoureux de Kira. C'est un veela, il ne peut être vraiment amoureux que de son âme sœur. Alors s'il tombe amoureux et qu'il s'en rend compte, il comprendra qui est Kira pour lui sans révélation, posa Yuma.
- Mais c'est la loterie cette solution, dit Kahei. On ne peut pas s'assurer qu'il tombera amoureux, on a aucun contrôle là dessus. Encore moins sur le fait qu'il s'en rende compte.
- Est-ce qu'il y a seulement une chance pour que sans révélation, un homme comme lui puisse voir Kira de cette façon avec une telle différence d'âge? s'inquiéta Tsukiyo. Ce n'est pas quelque chose d'évident. Kira a beau être plus adulte qu'il ne le devrait, il a l'âge de son fils.
- Ce n'est pas une chose impossible, remarqua Suzumi. Mais nous ne pouvons certainement compter là dessus surtout en si peu de temps. Ce genre de relation met toujours un bon moment à se construire naturellement sauf cas rares à cause des dilemmes moraux que cela pose souvent aux protagonistes.
- Il faut lever cette limite, affirma Haiko. Le tout c'est d'en donner vite une raison à la reine des glaces.
- Est-ce qu'on ne pourrait pas essayer de voir si quelqu'un de son entourage pourrait nous aider à l'y pousser? demanda Natsuki.
- Il est très ami avec le professeur de potions de l'école, Severus Snape, posa Akifumi. Mais je doute que cet homme nous aide et j'ignore s'il serait judicieux de lui en parler. Il est très difficile à cerner. En parler à qui que ce soit donne le droit de vie ou de mort sur Kira s'il décide d'aller tout dire au concerné. Nous n'avons pas le droit à l'erreur.
- Sa femme pourrait-elle aider? proposa Suzumi.
- Je ne pense pas que Lady Malfoy accepte de nous aider à briser son mariage et à la priver de son titre de Lady, releva Haiko.
- Et son fils? demanda Satoshi.
- Draco? répondit Akifumi. Kira dit que c'est une bonne personne. Il l'a comme élève. Et il a hérité du même héritage veela que son père. Peut-être qu'il pourrait comprendre et nous aider mais c'est très risqué. Il pourrait comprendre l'importance de la chose par sa partie veela mais il pourrait aussi ne pas du tout tolérer que l'on veuille séparer ses parents, surtout s'il doit accepter que son père soit avec un jeune homme de son âge.
- Trouver l'aide d'un de ses proches serait pourtant le plus viable je pense, releva Rengu. Il faut creuser de ce côté.
- Tu as raison, approuva le père. Je vais essayer de voir avec Severus et Draco s'il y a possibilité. Pour sa femme, je trouve ça trop risqué.
Tous approuvèrent et le silence tomba, chacun réfléchissant à ce qu'il serait possible de faire pour mettre fin à ce calvaire pour leur petit cadet. Ce fut finalement Hayate qui reprit la parole, l'air très inquiet:
- La semaine de Samain commence dans dix jours, posa-t-il. Qu'est-ce qu'il va lui arriver?
- Rui dit qu'il risque d'être plus atteint, plus vite, soupira Hideaki. Mais ce n'est pas certain. Comme il n'est plus au domaine dans la magie de Rui, le morceaux d'âme ne cherchera peut-être pas autant à se rebeller qu'à l'habitude. Kira n'avait jamais été malade à Samain avant d'arriver au domaine.
- Il le sera quand même, répondit Akifumi. Cette chose se débat aussi contre les limitations qu'il lui a posé après l'attaque à la maison. J'espère juste que ce sera moins violent parce que nous sommes ici. Dans cette situation, ça pourrait l'affaiblir encore plus vite.
Cette constatation ne fit que tendre davantage tout le monde, tous terriblement angoissés pour Kirarin. Les semaines à venir allaient être très éprouvantes. Après un long moment de silence à observer le cadet de la famille dormir lourdement, ils se remirent à discuter de tout ce qu'il était possible de faire, décrétant qu'ils viendraient désormais tout les week-end passer du temps avec Kira pour l'aider et qu'ils essaieraient de venir en semaine aussi pour l'entourer autant que possible. Ce fut un cauchemar qui finit par réveiller le jeune professeur, leur brisant le cœur. Ce fut dans les bras de sa grand-mère qu'il alla se réfugier et celle-ci déploya toute sa tendresse pour le réconforter. Ils restèrent jusqu'à l'heure anglaise du déjeuner, cela faisant bien tard pour eux au Japon et ce fut cela qui poussa Kira à les prier de rentrer, les remerciant d'être venus. Ce fut à regret mais ils s'en allèrent finalement. L'adolescent alla passer l'après-midi au dojo en une longue médiation qui lui permit de se calmer un peu. Il y passa également sa nuit après y avoir dîné avec son père.
Le lendemain le trouva plus calme et plus maître de lui mais il ne quitta pas le dojo pour autant, décidant de passer sa journée là avant d'entamer une nouvelle semaine. Il envoya un message à son père pour le prévenir et le rassurer, expliquant qu'une longue séance de médiation comme il n'en n'avait pas fait depuis son arrivée lui ferait certainement du bien. Sachant que Katsuo et Yoite veillaient, Akifumi le laissa, sachant qu'il avait besoin de ce genre de moment et que bientôt, il n'arriverait plus à supporter un moment de solitude pour faire cela. Kira entama donc ses exercices, changeant de tenue pour passer un yukata blanc doublé d'un kimono émeraude à la obi de soie. Se sentant mieux dans un vêtement de son pays, il gagna la terrasse du dojo pour entamer une médiation en mouvement comme il l'avait crée.
Ce fut sur cela que tomba Lucius Malfoy lorsqu'il vint un moment plus tard pour parler avec le jeune homme qu'il n'avait pas vu la veille. Son père lui avait dit qu'il allait passer la journée au dojo au petit déjeuner et qu'il devait y aller s'il voulait le voir, le priant pourtant de ne pas déranger son travail n'importe comment. Ce fut donc ainsi qu'il vint dans ce lieu qu'il trouvait toujours aussi splendide et exotique que la première fois qu'il l'avait vu. L'énergie du dojo, sa magie et son ambiance était pourtant ce qu'il y avait de plus extraordinaire à ses yeux alors que jamais il n'avait pu percevoir une telle aura pure, puissante et paisible. Il s'était naturellement détendu sur le chemin pavé, arrivant au bâtiment tout à fait serein comme il lui était rare de l'être. Draco, lui disait souvent qu'il adorait venir là et qu'il adorait les cours qu'il y suivait autant que son professeur en la matière. C'était d'ailleurs pour ce dernier qu'il venait. Il gravit donc les marches, retirant ses chaussures dans l'entrée comme il le savait maintenant de rigueur dans la tradition japonaise. Il ouvrit ensuite le panneau pour regarder à l'intérieur, surpris de voir la salle vide. Akifumi lui avait pourtant dit que son fils était là.
Faisant un pas à l'intérieur, il remarqua que les panneaux donnant sur la terrasse étaient ouverts, apercevant le jeune professeur dehors. Il ne faisait pourtant pas très chaud aujourd'hui et le ciel gris et sombre menaçait de laisser tomber sous peu des trombes d'eau. Il s'avança néanmoins, trouvant le chien du jeune homme allongé sur le seuil, son regard le suivant lourdement comme pour s'assurer qu'il n'était pas un danger. Le dragon n'était pas loin non plus, le regardant lui aussi. Il porta son attention sur le jeune japonais vêtu dans le style traditionnel de son pays. Il avait les yeux clos, exécutant lentement de complexes mouvements avec une grâce et une élégance enchanteresses. De petites billes de magie pure flottaient au dessus de ses mains, suivant cette lente chorégraphie qu'il ne comprenait pas. Il ne pouvait cependant s'empêcher de trouver ce spectacle envoûtant et presque mystique par l'incroyable aura de magie dégagée par l'adolescent. Il était totalement silencieux, glissant sur le sol comme une plume, chaque geste parfaitement maîtrisé. Il se demanda un moment comment lui signaler sa présence sans le surprendre, rechignant pourtant à faire cesser ce spectacle captivant.
- Il sait déjà que vous êtes là, lui dit alors tout bas le dragon en venant vers lui par les airs. Il vous a senti dés votre entrée sur le chemin. Laissez le terminer sereinement ce mouvement. Il n'y en a pas pour longtemps.
Il acquiesça simplement, surpris que la créature lui adresse la parole alors qu'il n'avait pas souvenir qu'elle l'ait fait pour qui que se soit d'autre que son maître et le père de celui-ci depuis leur arrivée. Il reporta ensuite son attention sur le jeune homme, admirant ce qu'il faisait bien qu'il n'aurait su dire ce dont-il s'agissait. Il savait néanmoins que cela était très apaisant et agréable à regarder. Le tableau était beau malgré le temps gris. Vêtu ainsi, l'adolescent donnait une belle image sur cette terrasse, le pont japonais et le lac derrière lui avec plus loin les monts entourant Poudlard. Kirarin s'arrêta finalement, se tenant debout droit, les pieds joint et les bras le long du corps. Les billes de magie disparurent et il prit une profonde inspiration avant d'ouvrir doucement les yeux. Lucius ne put s'empêcher de noter que Kirarin Uizado était une très belle personne et il ne doutait pas que son père devait avoir reçu de nombreuses demandes de mariage pour son fils. Cela autant pour son physique que par sa position mais aussi par sa réussite à son jeune âge.
- Bonjour, le salua doucement l'adolescent de sa voix accentuée.
- Bonjour professeur, rendit-il poliment. Excusez moi de vous déranger ainsi, j'aurais aimé vous parler.
- Vous ne me dérangez pas, sourit-il. Rentrons, il ne va pas tarder à pleuvoir, remarqua-t-il en jetant un coup d'œil au ciel avant de s'avancer vers lui.
Lucius acquiesça et pivota pour le suivre lorsqu'il arriva à sa hauteur. Le dragon et le chien suivirent et l'homme fut surpris de voir la pluie tomber en trombe à peine Kirarin rentré. C'était comme si elle avait attendu que l'adolescent se mette à l'abri pour oser tomber ou alors comme si celui-ci savait exactement quand elle se déclencherait. Ou cela n'était peut-être qu'une coïncidence. Kira lui était ravi de voir son âme sœur ainsi. D'autant plus qu'aujourd'hui, il n'avait plus ce regard terriblement froid et distant mais bien plus neutre et tranquille, le soulageant. Il le sentait aussi moins méfiant, curieux et intrigué pour il ne savait quelle raison. Il put constater qu'il allait beaucoup mieux, l'air en pleine forme et cela l'apaisa un peu plus. Mais ce qui rendait cette visite la plus extraordinaire pour lui était qu'elle était son premier moment seul avec Lucius. Enfin presque puisqu'il y avait Yoite et Kastuo. Seulement, tout deux saisirent qu'il apprécierait d'être tranquille avec l'homme puisqu'ils allèrent s'installer à l'extérieur sur une coursive couverte, s'éloignant un peu pour leur laisser de l'intimité.
Kira invita son âme sœur à s'asseoir avec lui sur les tatamis alors qu'il faisait apparaître deux cousins d'une simple pensée. Lucius approuva et s'installa un peu gauchement, peu habitué à ce genre d'installation au sol. Cela attendrit un peu Kira bien qu'il n'en montra rien et il s'agenouilla à son tour avec beaucoup plus d'élégance, suivit par ce regard d'orage splendide à ses yeux. Il fit ensuite apparaître un grand plateau sur pieds devant lui, celui chargé d'un service à thé typiquement japonais.
- Puis-je vous offrir un thé? demanda-t-il alors.
- Avec plaisir, répondit le Lord observant avec attention ses gestes lents et calmes.
- Avez vous déjà bu un thé japonais? demanda-t-il en entamant la préparation.
- Je n'en n'ai jamais eu l'occasion.
- Il est différent des thés d'ici. Le thé revêt une grande importance au Japon. Nous avons une tradition, celle de la cérémonie du thé, un art que j'apprécie beaucoup. C'est un moment extrêmement codifié mais c'est aussi un moment de calme, de sérénité et de simplicité que j'aime beaucoup. Cela m'a toujours fasciné. Un art que j'ai eu la chance d'apprendre au côté de mon arrière grand-père. Mais ce ne sera qu'un simple thé aujourd'hui, s'amusa-t-il en lui tendant une tasse et en lui tirant un sourire.
Lucius la prit et bu une gorgée avec curiosité pour découvrir ce nouveau goût sous le regard patient du jeune homme.
- Très agréable, commenta-t-il finalement en le faisant sourire.
Kira prit alors une gorgée de sa propre boisson, appréciant ce goût de chez lui.
- Je voulais vous remercier pour m'avoir une fois de plus soigné l'autre soir, reprit finalement le Lord. Rien ne vous y obligeait, surtout après la manière dont Severus et moi même avions répondu à l'aide que vous nous aviez déjà apporté.
- Ce n'est rien, répondit-il. Et je peux comprendre votre réaction suite à notre confrontation précédente. J'imagine que vous n'êtes guère dans une position simple, vous et le professeur Snape, dit-il gravement. Mon aplomb lors de ce soir où je vous ai tout deux trouvé ainsi n'était peut-être pas la meilleure façon d'aborder ce sujet compliqué qu'est cette guerre. Mais je n'ai pu et je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi vous avez dû subir ce que vous avez subi.
- Certaines choses méritent que l'on se batte pour elles quitte à souffrir, répondit-il platement. Personnellement, c'est pour l'avenir de mon fils. Il est ce qui m'importe le plus au monde aujourd'hui.
Si cette déclaration était touchante et attendrissante, elle fit aussi mal au jeune homme. Son âme sœur avait eu un fils d'une femme de laquelle il avait été plus proche qu'il ne l'était et qu'il ne pensait pouvoir l'être. C'était elle qui lui avait donné son fils, qui lui avait donné ce qu'il aimait le plus au monde. Il avait sa famille et sa vie pour lesquels il était prêt à se battre et souffrir. Mais lui ne faisait pas partie de cela. Pouvait-il seulement oser briser ce qu'il avait déjà construit? Il n'en savait plus rien. Pour rien au monde il ne voulait causer la moindre peine à sa moitié. Et briser sa famille par son arrivée était de cet acabit.
- Je suis bien d'accord avec vous. Je sais que mon père ferait n'importe quoi pour moi, sourit-il tristement en se souvenant de ce jour où il s'était interposé entre lui et Voldemort.
- Saviez vous ce à quoi vous vous exposiez en venant exercer en Angleterre? demanda Lucius.
- Lorsque j'ai accepté ce poste, tout était calme et ces histoires de guerre que des histoires remontées du passé. Mais même à l'autre bout du monde, j'avais les oreilles et les yeux bien ouvert. Je savais à quoi je m'exposais. Pourquoi être venu? Me demanderez vous alors. Et bien parce que je désirais en apprendre plus sur les magies de cette région du monde, je désirais voyager tout en exerçant mon métier de professeur et Poudlard est une école réputée dans le monde entier. Mais surtout, il est de ma philosophie et celle de ma famille de ne jamais laisser la guerre, toute forme de tyrannie ou d'oppression, nous retirez le droit et la possibilité de faire ce que nous voulons. Je suis ici maintenant parce que je l'ai voulu et c'est un choix que j'assume sans contrainte.
- Vous n'avez pas l'intention de partir même si les choses devaient empirer? demanda-t-il.
- Qui sait si elles empireront ou non? Rien n'est jamais certain. Mais je n'ai aucune intention de partir pour le moment. Rien ne me fera regretter d'être venu ici, dit-il en lui offrant un doux sourire.
Si Lucius de laissa rien paraître, neutre d'apparence, ce sourire le surpris un peu, comme le regard que l'adolescent avait posé sur lui. Il était... indescriptible pour lui. Mélange de bonheur et de tristesse, mélange de bien-être et de douleur. Il émanait de lui une douceur telle qu'il n'en n'avait jamais connu, une profondeur digne d'un sage, une sérénité seulement troublée par ce qui semblait être une souffrance cachée qu'il ne pouvait identifier. Il y avait tout cela et cette aura mystérieuse qu'il y avait toujours autour de lui. Mais il y avait bien d'autres choses qu'il n'arrivait pas à définir en lui. Severus se cassait aussi les dents dans sa tentative de décrypter l'adolescent. La seule chose dont-il était intimement persuadé sans l'expliquer, était qu'il n'était pas un danger.
- Que savez vous de cette guerre au juste? demanda-t-il.
- Je sais ce que la version officielle raconte mais je sais aussi que la version officielle est rarement la vérité, s'amusa-t-il en lui tirant un rictus entendu. Je sais pourquoi cette guerre a commencé: parce que l'Angleterre magique connaissait et connaît toujours de profonds problèmes qui la conduiront à sa chute dans la douleur. Nous ne sommes pas aveugles à l'étranger et nous avons parfaitement vu ce qu'il se passait ici. Mais nous ne pouvons savoir de l'extérieur ce qu'il en est réellement. Je sais qu'au départ, Voldemort avait tout d'un homme bien, dit-il en le surprenant. Je sais qu'il était un brillant politicien aux idées un peu radicales aux yeux de son gouvernement mais nécessaire pour cette société. Il était un génie en magie. Il avait des solutions et la volonté de les mettre en œuvre. Je sais qu'il était assez convainquant pour réunir la noblesse et bien du monde autour de lui, votre famille en faisant partie. Et je sais que pour parvenir à cela, il devait être vraiment convainquant à un point qui laisse penser qu'il était certainement de bonne foi. On ne ramène pas tant de monde à sa cause sur autant d'années sans avoir quelque chose. La version officielle dit qu'il s'agit d'une volonté de massacre des moldus et de toutes ces histoires de discriminations. Je pense que cela ne se peut, pas avec la volonté et la détermination qu'on pu montrer ses partisans même lorsqu'ils l'ont cru disparut il y a quinze ans. Je suis certains qu'il y a autre chose mais je ne saurais dire ce que cela est, bon ou mauvais.
Il marqua une pause pour avaler un peu de thé avant de reprendre.
- Je sais que Dumbledore et le gouvernement lui étaient opposés pour des raisons évidentes de mon avis. Tout cela les aurait forcé à un changement qui aurait peut-être altéré leur puissance sur la société sorcière britannique et donner ce pouvoir à Voldemort.
- Vous n'avez pas peur de dire son nom? releva le blond comme une simple constatation.
- Pourquoi aurais-je peur d'un simple nom quand je n'ai pas peur de celui qui le porte? demanda-t-il en le surprenant. Pour continuer sur ce que je sais, je sais que Dumbledore n'est pas aussi bienveillant qu'il veut le faire croire et je ne suis pas naïf sur la raison pour laquelle il m'a donné ce poste. Ou plutôt les raisons puisqu'elles sont multiples.
- Ne craignez vous pas que je lui répète cela?
- Faîtes donc, il cessera peut-être son hypocrisie à mon égard, dit-il en lui tirant un sourire amusé. S'il me croit si naïf. Il n'est pas aussi populaire à l'étranger qu'il veut bien le dire. Pourquoi croyez vous qu'il cherche par tout les moyens à s'attirer la sympathie des grandes familles d'ailleurs? Sans grand succès je dois dire. On en parle beaucoup au delà de ces frontières. Le grand Manitou n'est pas apprécié de tous. Je ne suis ici que parce qu'il recherche mon soutient en temps qu'héritier d'une des plus anciennes et importantes familles japonaises autant qu'il cherche à en savoir plus sur ma magie. Je sais qu'il était et est le principal ennemi de Voldemort et qu'il entraîne tout le gouvernement et autre avec lui.
Il s'arrêta de nouveau pour boire un peu, reposant ensuite sa tasse.
- Je ne sais pas pourquoi ni comment mais il semblerait qu'à un moment, Voldemort ait changé, qu'il soit passé de révolutionnaire de bonne foi à despote sanguinaire, le tout menant à cette désolante situation ou un noble homme comme vous se retrouve torturé sauvagement, posa-t-il l'air infiniment attristé par cette dernière constatation. Voilà ce que je sais de cette guerre. Mais il est évident qu'il me manque bien des données à cette histoire. J'aimerais comprendre je dois dire.
- Pourquoi porter tant d'attention à un conflit qui ne vous concerne pas vous et votre pays? demanda-t-il.
- Pourquoi ne prêterais-je pas attention à une cause pour laquelle des gens se battent, souffrent et meurent en ce moment même? répondit-il en le laissant sans voix. Cela est-il indigne d'intérêt? dit-il légèrement en voyant sa confusion. Je suis ici pour un moment et cette situation bien obscure me rend curieux.
- Je vois, répondit le Lord en buvant sont thé. Vous saviez depuis le début pour ma marque et celle de Severus. Et malgré tout, vous n'avez pas semblé en tenir le moindre compte dans nos échanges.
- Comme je vous l'ai dit, je ne sais pas encore vraiment ce que représente cette marque. Je ne peux donc la juger. Elle n'est donc que détail pour le moment. Pour vous comme pour le professeur Snape. Une chose que je ne peux occulter sont les massacres et autres ignominies que Voldemort commet en ce moment, dit-il plus sombrement.
- Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent, remarqua Lucius en se relevant. Vous et votre père devriez peut-être tout de même penser à rentrer au Japon. Poudlard est dangereuse malgré son calme apparent.
- Vous ne me direz donc rien, soupira Kira. Cela n'est pas très juste, j'ai répondu à vos questions.
- Il est peut-être mieux pour vous de ne rien savoir, répondit-il. Encore merci pour les soins et pour le thé. Vous devriez rentrer chez vous. Considérez ce conseil comme un remerciement et la seule chose qu'il vous faut vraiment savoir.
Il s'en alla ensuite, chaque pas l'éloignant du jeune homme gelant un peu plus le cœur de celui-ci. Une fois Lucius loin, Kira se laissa tomber sur les tatamis, désespéré. Katsuo vint s'allonger tout contre lui et il l'entoura d'un bras. Il soupira lorsque Yoite s'installa de l'autre côté de son corps, posant sa tête sur son épaule. L'adolescent lui, ne pouvait pas s'empêcher de réentendre son âme sœur lui demander de partir et de retourner au Japon. Très illogiquement, il avait l'impression qui le rejetait même s'il savait pertinemment qu'il n'en n'était rien. Mais le lien lui donnait des sensations qu'il ne pouvait contrôler, aussi irrationnel que l'amour inconditionnel d'une âme sœur pouvait l'être pensa-t-il avec tristesse. Il resta ainsi un long moment pour se reprendre, partant ensuite de nouveau dans ses exercices de magie pour se changer les idées.
La semaine qui suivit fut plutôt calme pour Kira bien que les sensations du lien commencent à le malmener un peu plus. Il fut heureux cependant de recevoir la visite de plusieurs membres de sa famille presque chaque soir pour un court moment. Mais un moment qui lui faisait le plus grand bien. Lucius avait retrouvé une attitude bien plus neutre et amicale à son égard et Severus suivait bien que toujours un peu méfiant. Et puis finalement, on arriva au premier jour de Samain. Ce jour là, ce fut avec les mêmes sensations que chaque année qu'il se réveilla. Il se sentait nauséeux, il avait mal à la tête. Sa nuit difficile comme beaucoup dernièrement ne l'aida pas à améliorer sa fatigue plus forte ce matin. Cela ne semblait pourtant pas aussi fort qu'à l'habitude et il comprit que le fait de ne pas être au domaine de Rui allait peut-être alléger le phénomène. Le morceau d'âme de Voldemort se débattrait mais seulement contre ses propres limitations et cela amoindrirait peut-être la chose. Il se débattait moins contre son hôte que contre le pouvoir du dieu dragon. Ce matin là, il trouva son père à son chevet dès qu'il ouvrit les yeux, celui-ci l'air franchement inquiet. Il passa le revers de sa main sur son front:
- Tu as déjà un peu de fièvre, constata-t-il.
- Ça va, répondit-il en se redressant doucement. Ce n'est pas aussi fort que d'habitude, ça devrait aller.
- Hideaki-sensei va arriver pour voir ça. En attendant, je veux que tu restes couché.
- J'ai cours cette après-midi, fit remarquer le jeune homme.
- Tu devrais peut-être faire annuler tes cours pendant les sept jours de Samain. Je pourrais aller voir le directeur et lui dire que tu es malade.
- Non, je ferais cours. Nous ne faisons que parler et débattre de toute manière en ce moment, ça ne me fatiguera pas plus que de rester au lit et ça me changera les idées.
- D'abord je veux que tu vois Hideaki-sensei.
- D'accord.
Il ne fallut pas longtemps pour que leur médecin arrive, accompagné de Rengu et Yuma, très inquiets pour leur petit fils. L'homme put les rassurer en confirmant que le phénomène était moins violent qu'à l'habitude, les soulageant. Il pria tout de même Kira de ne pas faire plus que de donner des cours tranquilles aujourd'hui. Tout trois passèrent un moment avec lui avant de devoir rentrer, toute la maison attendant de ses nouvelles. Comme promit à son père, Kira ne quitta leur appartement que pour aller donner son cours. Il se servit de sa magie pour s'entourer d'une illusion cachant ses symptômes, sa fièvre, sa pâleur... Aussi personne ne se rendit compte de rien, seul Akifumi sachant que son fils était loin d'être au mieux. Cependant, ce premier jour de Samain avait quelque chose de différent pour Kira. Il sentait une chose étrange en lui. Le morceau d'âme se débattait mais il semblait aussi chercher quelque chose. Attentif à tout, le jeune homme ne manqua pas cela et il passa une bonne partie de la journée à tenter de comprendre. Et ce fut cela qui le conduisit le soir même devant une salle du château qu'il n'avait pas encore visité. Une salle qu'il ne se souvenait pas avoir vu jusqu'ici. Mais ses recherches sur le château l'aidèrent. La Salle sur Demande. Il en avait lu un descriptif dans de vieux livres sur l'école. Il savait comment elle fonctionnait. Restait à savoir pourquoi le morceau d'âme en lui tirait vers cet endroit.
Il entra donc pour ne trouver qu'une simple pièce au milieu de laquelle il y avait un guéridon sur lequel reposait un coffret. Kira comprit sur le champs et il dut s'appuyer contre un mur pour ne pas tomber, prit d'un violent malaise et d'un haut le cœur. Il eut besoin d'un long moment pour se reprendre et s'avancer, usant de sa magie pour ouvrir le coffret, prit de nouveaux hauts de cœurs en posant les yeux sur l'objet qu'il contenait ou plutôt sur ce que l'objet en lui même contenait. C'était un diadème, un splendide diadème orné de pierres précieuses et un morceau d'âme de Voldemort. Il l'avait su tout de suite. C'était pour cela que celui qu'il avait en lui l'avait attiré là. L'âme voulait se reconstruire et elle était donc attirée par ses autres morceaux. Le pire là dedans était de comprendre que Voldemort avait certainement déchiré son âme plus d'une fois et il trouvait cela abominable. Pour ce soir, il ne pouvait ignorer cette trouvaille. Aussi, il usa de sa magie pour brider cette chose et effacer sa trace comme il l'avait fait avec celui qu'il avait en lui. Après quoi il l'emmena discrètement pour le cacher au dojo, en sécurité. Lorsqu'il rentra dans leur appartement, cet épisode l'avait épuisé et un peu plus malmené. Ce n'était pas vraiment l'idée du siècle que de se retrouver trop proche de l'influence d'une deuxième de ces choses. Maintenant qu'elle était scellée, ce ne serait plus un problème mais en attendant, l'opération l'avait épuisé. Il ne manqua pourtant pas de raconter l'épisode à son père avant de laisser celui-ci s'occuper un peu de lui.
Le lendemain et le jour suivant le trouvèrent un peu plus mal en point, Samain et le morceau d'âme faisant leur œuvre. Sa fièvre avait empiré, il ne pouvait plus manger sans être malade, il avait des migraines atroces, se sentant aussi faible et fatigué, le corps perclus de douleur alors qu'il avait un peu de mal à respirer. Son père avait alors exigé qu'il reste se reposer mais il ne voulait pas annuler ses cours. Le compromis avait été d'user d'un autre moyen. Kira était resté dans sa chambre dans leurs appartements, alité alors qu'il ne pouvait à peine tenir sur ses jambes mais il avait tout de même fait cours. Cela au moyen d'une projection astrale, une sorte de double spectral de magie lui permettant d'être en deux endroit en même temps. Tous n'y avaient vu que du feu alors que cela le faisait paraître tout à fait réel et bien présent, la chose lui permettant aussi de modifier son apparence pour cacher son état de santé. Cela ne lui demandait que peu d'énergie sur une si courte distance et juste pour faire cours. Si Akifumi avait craint que cela le fatigue trop, quelque part, il préférait cette solution. Ainsi, Kira donnait ses cours et se montrait dans l'école, personne ne pouvant soupçonner son état et il préférait cela. Seulement, il craignait aussi que le jour principal de Samain ne soit trop lourd pour lui. Hideaki qui venait le voir chaque matin le craignait aussi.
Et en effet, le matin du jour fatidique trouva Kira mal en point bien que cela ne soit pas au point des années précédentes. Sa cicatrice s'était mise à saigner et il avait considérablement faibli en plus des autres symptômes. Aussi, Hideaki, Akifumi ainsi que Satoshi, Rengu et Yuma venus le voir insistèrent pour qu'il laisse tomber ses cours de la journée. Il finit par accepter, priant toute fois tout le monde de rentrer au Japon plutôt que de rester à son chevet comme ils en avaient l'intention. Il leur assura qu'il resterait sagement au lit et que de toute façon, son père était avec lui et qu'il n'y avait rien de plus à faire. Il eut bien du mal à les convaincre alors que le reste de la famille voulait aussi le rejoindre pour cette journée qu'ils savaient tous pénible pour lui malgré qu'elle le soit moins cette année mais il y parvint et tous rentrèrent au Japon, Hideaki faisant moult recommandations, priant de l'appeler au moindre problème. Cette fois, et même si Kirarin était très faible, il n'avait pas besoin de l'assistance médicale dont-il avait eu besoin chaque année auparavant. Si cela rassurait tout le monde un peu, Hideaki n'en restait pas moins inquiet, faisant promettre de le faire venir à la moindre chose, ce que Akifumi fit avec joie.
Tout le monde reparti, il alla s'installer au chevet de son fils décidé à s'occuper de lui. Ce ne fut qu'en fin de matinée qu'il se décida à quitter son enfant pour aller parler au directeur et lui expliquer que Kira ne pourrait assurer ses cours de l'après-midi. Seulement, il n'avait pas atteint sa destination qu'une violente vague de magie balaya toute l'école, brutale et dévastatrice. La terre trembla fortement comme tout le château, le ciel s'assombrissant soudain. Il chancela, prit de malaise et il dut s'appuyer contre un mur pour ne pas tomber. Une étrange sensation l'étreignit mais il n'en fit pas grand cas, son esprit tout entier se tournant vers son fils. Il secoua la tête, se reprenant avant de se mettre à courir vers leur appartement, très inquiet.
Kirarin lui n'avait pu s'empêcher de hurler de douleur au passage de cette vague de magie pervertie et malsaine. Parce que c'était cela. De la magie pour blesser la magie, il l'avait immédiatement senti et lui même, ouvert à la magie et extrêmement sensible s'en été retrouvé blessé dans son pouvoir. Yoite qui en avait été sonné un instant comme Katsuo le rejoignit sur le champs en le voyant souffrir. Il l'entoura, un peu paniqué en ne comprenant pas ce qu'il s'était passé:
- Kirarin? Kirarin tu m'entends mon enfant? demanda-t-il.
- Yoite, bredouilla-t-il. Il a blessé la magie.
- Qui ça Kira?
- Voldemort, répondit-il. Il est là... c'est lui. Il va attaquer l'école. Il faut... mettre les élèves... en sécurité, dit-il en se redressant péniblement.
- Kira, tu dois resté allongé! s'exclama le dragon.
- Je ne peux pas, grinça-t-il en poursuivant. Il a annulé les protections du château et empêché tout le monde ici d'utiliser la magie pour un temps.
- Comment est-ce possible?
- Je ne sais pas mais c'est ce qu'il a fait à l'instant, je le sens. Personne n'a aucune chance ici.
- Qu'est-ce que tu veux faire? demanda-t-il.
Il s'éleva dans les airs, s'enroulant autour du jeune homme pour l'aider en voyant bien qu'il ne renoncerait pas à se lever.
- Les autres ne pourront plus faire de magie, le château n'a plus de protections mais pas mon dojo. Ma magie a résisté et moi aussi, remarqua-t-il en s'appuyant contre un mur.
Il n'y voyait pas très clair et peinait à tenir debout mais à cet instant, il n'avait pas le temps d'y prendre garde. Il sentait Voldemort venir rapidement vers le château avec toute une troupe de gens, probablement ses partisans. Leurs intentions meurtrières et brutales parlaient pour eux. Il ne savait comment mais Voldemort avait fait quelque chose qui avait annulé les protections de l'école et coupé toute magie pour le commun des sorciers. Une attaque ferait un carnage. Heureusement, il n'était pas le commun des sorciers.
