Chapitre 19:

Projection guérisseuse

Il fallut près de trois quart d'heure après la fin de la bataille et le repli de l'ennemi pour que les secours arrivent, menés par le frère du directeur. Pendant ce temps, Hideaki avait fait le tour des élèves qui en avaient besoin avec l'infirmière avant de revenir auprès de Kira. Les japonais restèrent auprès de lui sans bouger, discutant entre eux dans leur langue alors que bien du monde les observait. Yoite et Katsuo avaient pris place de part et d'autre de leur maître, veillant attentivement eux aussi. Ce fut l'occasion pour la famille de découvrir Lucius Malfoy qu'ils regardèrent discrètement, découvrant l'âme sœur de Kira, pas vraiment rassurés de voir le mur de glace qu'il semblait être. Le surnom de Reine des Glaces que lui donnait Akifumi prenait tout son sens en le voyant. Imaginer Kira avec lui n'était pas une perspective réjouissante. Il était bien plus vieux et il semblait à l'opposé de ce dont le jeune homme avait besoin. Kirarin avait besoin d'une personne aimante, douce, attentionnée, attentive, câline, réconfortante, compréhensive, ouverte et chaleureuse tout en étant forte, protectrice. Lucius Malfoy ne reflétait rien de cela. Pire il semblait être tout l'inverse et chacun d'entre eux savait que le fait qu'il soit un veela n'y changerait pas grand chose. Cela le pousserait à répondre aux besoins de son âme sœur mais à sa manière selon son caractère et le moins que l'on puisse dire en le regardant était qu'il n'était pas comme on imaginerait la moitié idéale de Kirarin.

Rien de ce qu'ils virent ne les rassura mais il y avait plus urgent pour le moment et ils ne pouvaient pas revenir sur une décision de la Magie et une Révélation. Ils se concentrèrent sur Kira, chacun redoutant que ce Samain et cette attaque ne dégrade son état plus vite encore que le manque de son âme sœur le faisait. Ce fut l'arrivée des « secours » qui interrompit leur observation et leur veillée. S'ils purent les voir arriver par la forêt grâce aux panneaux ouverts du dojo, pas un ne bougea tout d'abord, observant de loin, s'amusant de voir la vingtaine de nouveaux venus se faire repousser par la barrière de Kira lorsqu'ils voulurent entrer sur le terrain du dojo. Ils s'acharnèrent un moment sans succès, très agacés, pestant et faisant sourire quelques élèves. Sachant que l'on finirait par venir les voir, Rengu et Satoshi échangèrent un regard avant de se relever, expliquant aux autres qu'ils s'en chargeaient et qu'ils devaient rester avec Kira. Ils rejoignirent alors le directeur et les professeurs faisant face au groupe d'arrivant de l'autre côté de la barrière.

- Personne ne pourra entrer, signala Satoshi en attirant l'attention de tous. Kirarin a probablement fait cette protection pour que seuls les membres de l'école et les élèves puissent passer.

- Alors comment êtes vous entré? demanda Albus.

- Kirarin l'a permis, répondit simplement Rengu.

- Et vous êtes? demanda un homme de l'autre côté.

- Les anglais sont-ils tous si impolis qu'aucun ne se présente avant d'engager une discussion? répondit-il agacé.

- Veuillez m'excuser, rectifia l'homme en observant avec attention l'allure de l'étranger face à lui. Je suis Rufus Scrimgeour, chef des aurors britanniques.

- Vous êtes très en retard monsieur le chef des Aurors, releva alors durement le père. Je suis le Seigneur japonais Rengu Uizado, se présenta-t-il alors, et voici mon père, Satoshi Uizado. Les personnes présentes dans le dojo actuellement pourront entrer et sortir sans problème mais vous ne pourrez entrer.

- Pouvez vous réveiller Kirarin afin qu'il remédie à cela, demanda Dumbledore avec autorité en tendant les deux hommes de colère.

- Mais enfin Albus, s'insurgea Filius comme ses collègues autour d'eux, vous n'y pensez pas!

- Réveiller Kirarin? répéta Rengu serrant les poings de colère.

Tous portèrent leur attention sur lui lorsqu'une aura de magie puissante et furieuse émana de lui, alertant sa famille. Soren, Seigi et Haiko sortant sur la coursive pour voir ce qu'il y avait. Un silence lourd tomba, brisé par Rengu:

- Réveiller Kirarin? répéta-t-il. Kirarin est dans le coma! Il est passé à deux doigts de mourir parce qu'il s'est démené au mépris de sa propre sécurité pour protéger tout le monde ici et il a souffert le martyr pour ça! J'aimerais bien pouvoir le réveiller mais on ne sait même pas quand il se réveillera! Alors vous avez plutôt intérêt à laisser mon petit fils tranquille tout le temps qu'il faudra pour qu'il se remette de cela. Il a pris sur lui ce qui était votre devoir monsieur le directeur alors la moindre des choses serait de le laisser se reposer maintenant! Sortez donc vous si vous avez à faire avec ces gens, dit-il en serrant les dents.

- Personne d'autre ne peut ouvrir? demanda Scrimgeour plus calme.

- Non, répondit Satoshi plat. Mais il est de toute manière inutile de faire entrer qui que ce soit. Les élèves sont en sécurité ici tant que le rituel qui a brouillé la magie du domaine sera actif. Il ne reste que quelques heures à attendre.

- Et les scellés sur Poudlard? releva le directeur froid.

- Kirarin a dit que ça ne tiendrait que quelques heures, rappela Snape. Le château s'ouvrira d'ici peu. Il faut juste attendre.

- Vous pouvez discuter à travers la barrière ou en sortir si vous voulez. Vos renforts retardataires n'ont qu'à rester dans le périmètre s'ils veulent monter la garde, gronda Rengu. Mais ne venez pas embêter Kirarin ou vous découvrirez que le reste de la famille n'a pas sa gentillesse et sa grandeur d'âme.

Ses yeux lançant des éclairs, il fusilla Dumbledore du regard avant de se détourner pour retourner auprès de sa famille, Satoshi le suivant. Finalement, les pseudo renforts patrouillèrent autour du dojo, le directeur faisant le point avec Scrimgeour à travers la barrière. Lorsque l'heure du dîner approcha, les Uizado se chargèrent de faire apparaître de la nourriture pour les élèves et le staff. Ce fut dans la soirée que progressivement, tous retrouvèrent l'usage de la magie. Si tôt fait, Dumbledore fila vers l'école avec quelques professeurs. Ils trouvèrent le château de nouveau protégé et les accès ouverts, les aurors les rejoignant pour s'assurer que le château était sûr. Cela fait, on revint chercher les élèves éprouvés, les ramenant vers l'école et leur Salles communes, les envoyant prendre une bonne nuit de sommeil. Les Uizado eux, restèrent au dojo avec Kira, le trouvant plus sécuritaire et plus confortable pour le jeune homme. Une fois seuls, ils discutèrent plus librement, tous terriblement inquiets pour Kirarin dont l'état ne s'améliorait pas. Ils firent apparaître des futon pour eux mêmes fatigués par cette histoire et le décalage horaire avec le japon qui avait franchement retardé leur nuit. Pourtant, ils eurent bien du mal à trouver le sommeil, tous un œil sur Kira, se relayant pour veiller.

Tout fut calme, jusqu'à ce qu'au beau milieu de la nuit, Kirarin s'agite soudainement, faisant bondir tout le monde se précipitant vers lui en pensant qu'il allait se réveiller. Mais ce n'était pas du tout le cas. Très vite, ils se rendirent comptes que Kirarin se tordait de douleur, son visage crispé dans la souffrance, ses dents serrées alors qu'il gémissait:

- Qu'est-ce qu'il se passe?! demanda Akifumi agité.

Il ne pouvait plus. Il ne pouvait plus voir son fils souffrir encore si vite alors qu'il n'était même pas réveillé.

- Il n'est plus dans le coma? questionna Satoshi alors que Hideaki analysait déjà l'état du jeune homme.

- Si, il y est toujours, répondit le médecin. Je ne comprend pas ce qu'il a.

- Quoi?! cria Akifumi paniqué.

- …s, entendit-on soudain.

Tous se tournèrent d'un bloc vers Kira qui bredouillait quelque chose dans son inconscience.

- ...ius, dit-il dans ses dents.

- Que dit-il? s'interrogea Setsuna en se penchant sur lui pour mieux entendre.

- Ah... Luc...ius, discerna-t-il.

- Lucius, il appelle Lucius, dit-il aux autres.

- La reine des glaces a dû quitter le château, comprit Akifumi, ça le fait plus souffrir à chaque fois et dans son état...Yoite, c'est-ça?

- On dirait bien d'après ce que je sens en lui, approuva le dragon.

- Est-ce qu'il peut supporter ça? s'inquiéta Tsukiyo.

- Je n'en sais rien, il est déjà très affaibli, s'angoissa Hideaki.

- Ahhhh! cria cette fois l'adolescent en les affolant un peu plus.

Setsuna et Hayate attrapèrent ses mains pour tenter de le soutenir, les larmes aux yeux alors que Kahei caressait ses cheveux.

- Est-ce qu'il y a un moyen de ne serait-ce que soulager les effets du lien? demanda Masao.

- Rui m'a parlé d'une chose au cas où cela deviendrait trop pénible pour Kira, intervint Satoshi. Une présence à l'énergie proche, fortement liée à son âme sœur peut peut-être aider en donnant une petite satisfaction au lien. Il n'y a pas trente six possibilités, une personne liée par le sang directement et de la même nature.

- Son fils! s'exclama Akifumi. Je vais le chercher! dit-il en bondissant.

- On ne sait pas comment il va réagir à la nouvelle Aki! cria son père.

- Kira risque de mourir si on ne fait rien maintenant! On lui imposera des serments ou on lui lancera un oubliette s'il faut, dit-il en partant.

Tous ne purent qu'être d'accord, le regardant filer à toute allure. Ce fut en courant plus vite que jamais que le père regagna le château, rassemblant ses idées pour agir vite et bien. Draco était sûrement dans son dortoir et il n'y avait pas accès. Snape aurait pu lui ouvrir mais si Lucius était sortit, peut-être chez Voldemort, il était certainement avec lui. Il n'avait pas de temps à perdre en détour, il devait trouver quelqu'un de sûr qui serait assurément là où il le penserait et qui l'aiderait. Aurora! Il était de plus en plus amie avec la dame et il la savait sincère et de confiance, Kira lui même lui avait fait la remarque avec un étrange sourire. Elle l'aiderait. Il fila donc vers son appartement dans l'aile du personnel, tambourinant à sa porte. Très vite une Aurora étonnamment encore habillée et bien éveillée, vint lui ouvrir avec précipitation, alarmée:

- Akifumi, que se..., commença-t-elle.

- Aurora, j'ai besoin de vous d'urgence, dit-il avec une panique que la dame capta sans mal. Je dois voir Draco Malfoy tout de suite mais je ne peux pas entrer dans son dortoir. Ouvrez moi s'il vous plaît, supplia-t-il.

Elle le regarda une seconde, sentant qu'il y avait urgence et ayant confiance en lui, elle acquiesça, partant en courant derrière lui.

- Que se passe-t-il? lui demanda-t-elle dans leur course.

- Je vous expliquerais tout plus tard, assura-t-il.

Sans autre discussion, ils filèrent, atteignant bien vite les cachots et l'entrée de l'antre des Serpentard que la dame ouvrit pour lui, le laissant s'y engouffrer et suivant. Ils traversèrent la Salle Commune déserte seulement éclairée par la cheminée, allant vers les chambres. Ils allèrent vers la chambre du préfet, individuelle et Akifumi s'entoura d'un sort de silence pour ne pas réveiller d'autres élèves avant de tambouriner à la porte fermée. Il fallut un moment mais le jeune blond ouvrit finalement, en pyjama de soie mais très bien coiffé bizarrement.

- Monsieur Uizado? s'étonna-t-il.

- Monsieur Malfoy, j'ai besoin de votre aide de toute urgence, dit-il immédiatement avec une agitation et une angoisse palpable qui alerta l'élève et la dame. Je vous en prie, il s'agit de mon fils, expliqua-t-il. Il est en danger de mort et vous êtes le seul à pouvoir faire quelque chose.

Le Serpentard parût extrêmement surpris comme Aurora mais la peur et l'empressement inscrits sur le visage du japonais lui fit comprendre que ce n'était pas une blague. Il tenait en très haute estime son plus jeune professeur et il était très reconnaissant envers lui pour ce qu'il avait fait aujourd'hui et avant. Il n'y avait donc pas à réfléchir:

- Que puis-je faire? demanda-t-il en soulageant visiblement le père.

- Suivez moi.

Akifumi repartit, suivi du jeune homme et de la dame, tentant de tenir son rythme. En chemin, le Serpentard, changea sa tenue d'un sort pour quelque chose de plus convenable, se posant mille questions sur ce qu'il se passait. Bientôt, ils passaient la porte du dojo et descendirent rapidement vers la construction. Et ils se tendirent d'effroi en entendant un cri de douleur en venir:

- Kira! s'exclama le père en accélérant encore.

Il entra, vite suivit des deux autres et ils trouvèrent Kira sur son futon, entouré des autres très inquiets. Il se tordait de douleur, tremblant Setsuna et Hayate tenant désespérément ses mains. Ils tournèrent leurs regards désemparés vers eux à leur arrivée:

- Par Merlin, que lui arrive-t-il? demanda Draco horrifié alors qu'Aurora avait couvert sa bouche d'une main.

- Monsieur Malfoy, il faut agir tout de suite, expliqua Satoshi en s'approchant rapidement de lui. Les explications attendront. Vous pouvez l'aider.

- Comment? demanda l'adolescent l'air bouleversé et inquiet.

- Aller le prendre dans vos bras et serrez le contre vous, commanda-t-il en le surprenant. Si vous le pouvez, transmettez lui aussi un peu de votre magie.

Il regarda le vieil homme avec perplexité, se demandant comme cela pourrait aider son professeur mais un cri de douleur de celui-ci coupa court aux réflexions et poussé par Satoshi, il s'avança pour s'exécuter. Il vint s'agenouiller derrière Kira comme on l'incitait à le faire et rapidement, ceux qui encadraient l'inconscient le redressèrent délicatement, Satoshi lui disant de l'asseoir contre lui et de l'entourer de ses bras. Confus et surpris, il le fit pourtant, prenant le jeune homme, plaquant son dos à son propre torse, sa tête se posant sur son épaule alors qu'il l'encadrait de ses jambes, enserrant sa taille de ses bras. Il continua à suivre les indications qu'on lui donnait, transmettant un peu de magie à celui qu'il tenait. L'effet apparut au bout d'une minute à peine. Kirarin cessa de crier bien qu'il restait tendu comme un arc et le visage marqué de douleur. Il s'immobilisa de nouveau malgré les tremblements persistants. Il gémissait encore mais le phénomène semblait s'être calmé au moins en partie.

- Cela fonctionne, confirma Yoite. Il souffre moitié moins.

Tous se détendirent un peu, restant cependant très inquiets. Akifumi s'effondra sur ses genoux près de son fils:

- Merci Monsieur Malfoy, dit-il. Il risquait fort de ne pas résister cette fois. Si vous pouviez rester avec lui le temps de la crise.

- Bien sûr. Que lui arrive-t-il? demanda le préfet. Comment le prendre dans mes bras peut le calmer?

- ...ius, bredouilla de nouveau Kira dans son inconscience, Lucius...

- Lucius? releva Draco très surpris. Lucius? Mon père? se demanda-t-il.

Et puis soudain, le choc s'imprima sur ses traits et il pâlit:

- Cette magie, bredouilla-t-il alors que sa partie veela sensible au lien d'âme sœur devait instinctivement le sentir. On dirait... on dirait presque un phénomène de manque, remarqua-t-il. De manque de son âme sœur..., supposa-t-il en relevant un regard perdu vers Akifumi.

- Vous avez compris, répondit-il. Kirarin est l'âme sœur de votre père, dit-il en faisant hoqueter le blond et Aurora qui s'était approchée. Mais le lien n'est pas complet. Il est à sens unique du côte de Kirarin pour l'instant et cela le fait souffrir un peu plus chaque jour. Votre père a vraisemblablement quitté le château. Il est trop loin et Kirarin est trop faible, il ne l'aurait peut-être pas supporté cette fois. Seul votre contact pouvait le soulager un peu, vous êtes son fils, votre magie ressemble à la sienne.

- Par Merlin, soupira le jeune homme. Mais pourquoi n'avoir rien dit? On pourrait lui éviter ça.

- Vous devez absolument comprendre plusieurs choses tout les deux, commença Satoshi à l'égard des deux anglais. Kirarin est un cas très particulier. Il n'est pas une créature magique comme vous ou votre père.

- Vous savez? s'étonna l'adolescent stupéfié.

- Kirarin voit la véritable nature des gens, répondit Rengu. Alors il a vu très vite votre nature de veela à tout deux. Il sait aussi, que la nature véritable de votre père est pour le moment scellée.

- Le cas de Kirarin est pourtant très différent, reprit Satoshi. Il n'est pas une créature magique mais il n'est pas un sorcier ordinaire non plus. Cela fait que, comme les veela par exemple, il a une âme sœur qui à un moment ou un autre de sa vie, devient indispensable. Et la première fois qu'il pose les yeux sur son âme sœur, il a une Révélation, comme une créature magique.

- Il a su dés qu'il a posé les yeux sur votre père, expliqua Akifumi.

- Mais...mais ça fait plus de deux mois, s'horrifia Draco. Si longtemps avec un lien en sens unique c'est...

- De plus en plus pénible pour lui, approuva Rengu en comprenant qu'il connaissait bien le sujet.

- Mais pourquoi ne rien dire à mon père?

- Parce qu'on ne peut pas, répondit Satoshi. Le dire tuerait Kirarin, détruirait le lien et tuerait votre père dans la foulée par la perte de son âme sœur.

- Quoi? Mais comment c'est possible ça? s'exclama le blond.

- Kirarin est un cas à part, reprit le vieil homme. Il ne voit pas que sa propre âme sœur, il est capable de voir tout les liens d'âme sœur autour de lui entre tous. Seulement, il lui est interdit de révéler l'existence de ce lien aux concernés que ce soit lui même directement ou par l'intermédiaire de tout autre moyen, les autres personnes inclus. Le lien d'âme sœur est sacré, il doit être découvert par les concernés eux mêmes. Ils doivent réaliser d'eux mêmes. Kirarin a le don de voir ces liens mais il a interdiction de les révéler aux âmes sœurs sous peine de mourir et de briser le lien révélé. Cela vaut aussi pour son propre lien d'âme sœur. Nous le savons de sa bouche et vous aussi maintenant en conséquence vous êtes au courant par lui indirectement. Si l'un d'entre nous dit quoi que ce soit à votre père, Kira mourra, le lien se rompra et votre père risque bien de mourir dans la foulée.

Draco avala la nouvelle l'air inquiet, réfléchissant à toute vitesse.

- Depuis la Révélation, Kirarin lutte contre son lien grandissant pour d'une part ne rien dire à votre père alors qu'il en meurt d'envie, expliqua Akifumi, et d'autre part s'empêcher de se déclarer ou d'avoir des gestes trop significatifs envers lui de peur d'essuyer un rejet qui comme pour un veela, le tuerait rapidement.

- C'est une torture sans nom un lien à sens unique, remarqua le jeune homme. Il ne tiendra pas éternellement comme ça.

- En effet, approuva Setsuna en serrant les dents. Dans le meilleur des cas, il ne tiendra que jusqu'en février, mais avec ce qu'il vient de vivre, il risque de s'affaiblir plus vite.

- C'est affreux, murmura Aurora.

- Le seul moyen pour qu'il aille mieux serait un rapprochement avec votre père ou alors que votre père tombe amoureux de lui ou mieux, qu'il se rende compte de leur lien, dit Akifumi. Kirarin tente comme il peut d'apprendre à le connaître et il essaye de lier un lien même minime avec lui mais votre père n'est pas très coopératif.

- C'est un Malfoy, on est tous comme ça, répondit Draco avec un pâle sourire. Mais mon père à beaucoup d'estime et de respect pour le professeur Uizado, dit-il en les étonnant. Je vous assure. Il l'intrigue beaucoup aussi. Il me l'a dit. Le mieux serait de lever le sceau sur la partie veela de mon père, dit-il. Mais ça ne peut-être fait qu'au solstice.

- Vous seriez d'accord avec ça? s'étonna Akifumi comme les autres étonnés par son ouverture à la chose. Cela séparerait vos parents et...

- Je suis un veela aussi monsieur Uizado, je sais ce qu'une âme sœur représente pour nous. De plus, mes parents se sont déjà mis d'accord pour lever le sceau de mon père et briser leur mariage, révéla-t-il en les stupéfiant. Ils veulent juste attendre que je sois majeur et que je fasse ma vie dans mon intérêt. Mes parents ne s'aiment pas mais à défaut, ils sont tout deux le meilleur ami de l'autre. Ma mère, sait que leur mariage prive mon père de sa nature et de son âme sœur et elle ne lui souhaite pas cela. Elle veut qu'il soit heureux comme mon père veut qu'elle le soit en trouvant un homme qu'elle aimerait vraiment. Cette question est une chose claire dans ma famille depuis longtemps et je le sais depuis longtemps. Alors, oui, je suis bien d'accord avec ça. Mon père rêve depuis toujours de trouver son âme sœur, même scellé, le veela en lui le réclame. Mes parents ont toujours tout fait pour moi, je leur souhaite ce bonheur et leur séparation n'est pas une perspective négative pour moi parce que je sais pourquoi elle aura lieu et depuis longtemps.

- Donc votre mère serait d'accord avec ça aussi? demanda Masao.

- Oui, répondit-il sans hésiter.

- Est-ce que vous pourriez nous aider? demanda Akifumi. Persuader votre père de lever le sceau cette année?

- Je peux essayer, je ferais tout ce que je peux. Mon père en mourrait si un jour il apprenait que son âme sœur était morte parce qu'il n'a rien vu. Et je lui souhaite ce bonheur, il le mérite. Ma mère aiderait aussi, si vous acceptiez de lui en parler.

- Pour ça nous attendrons de savoir ce qu'en pense Kirarin, répondit Akifumi. Nous ne ferons rien sans son accord et je vais vous demander de prêter serment de ne rien dire de tout ceci d'aucune manière sans notre accord, dit-il à Draco et Aurora.

- Bien sûr, approuva la dame alors que l'adolescent acquiesçait.

Ils le firent sans rechigner, soulageant toute la famille rassurée quant à la sécurité de leur cadet. Un léger silence tomba ensuite, tous observant Kira souffrant avec tension, s'installant autour de lui alors que Aurora venait prendre place près d'Akifumi. Elle posa d'ailleurs une main délicate sur l'épaule du père qui était de loin le plus angoissé du groupe, la serrant un peu en voulant visiblement le soutenir. L'homme lui envoya un pâle petit sourire de remerciement, se focalisant ensuite de nouveau sur son fils. Draco lui, tentait d'avaler la bombe qui venait de tomber et si la situation n'avait pas été si dramatique pour son professeur, il aurait probablement sauté de joie.

Il savait depuis longtemps que le mariage de ses parents n'était pas un mariage d'amour. Il le savait depuis le jour où tout enfant qu'il était, il avait demandé à sa mère pourquoi elle ne faisait jamais de bisou à son père comme ses amis le disaient parfois de leurs parents. Ils lui avaient alors expliqué même s'il lui avait fallu grandir un peu pour vraiment comprendre. Ses parents étaient aussi proches que deux excellents amis pouvaient l'être mais ils n'étaient pas amoureux, il n'y avait jamais eu ce genre d'amour entre eux. Ils étaient attentionnés et attentifs l'un avec l'autre mais pas comme des amants. Il savait bien que la seule fois où ils avaient été intime avait été pour le concevoir, faire ce pourquoi ils avaient été obligés de se marier. Depuis, ils faisaient chambre à part et il n'y avait jamais de geste tendre de couple entre eux. Cela ne les avaient jamais empêché d'être d'excellents parents à ses yeux et dans un sens, il avait eu la chance d'être l'exclusif centre du monde et l'unique bénéficiaire de leur amour. Il savait bien que ce n'était que pour lui qu'ils étaient encore ensembles.

Mais il savait aussi que tout deux rêvaient de se trouver quelqu'un à aimer, enfin, de pouvoir construire un véritable couple, une véritable histoire. Et plus que tout, il savait que son père souffrait de plus en plus de voir sa partie veela restreinte, de ne pas avoir son âme sœur dont-il avait besoin. Il en souffrait d'ailleurs tellement qu'il lui avait promis qu'ils attendraient le dernier moment pour le faire avec lui. Le mariage arrangé et la restriction ne serait pour lui qu'en cas d'extrême nécessité si vraiment il ne trouvait pas son âme sœur avant longtemps ou que Lucius venait à disparaître et qu'il fallait un héritier pour les Malfoy. Il était préparé à cette éventualité et l'acceptait mais lorsqu'il voyait son père malheureux, il espérait vraiment trouver son âme sœur avant que son devoir envers sa famille ne s'impose. Heureusement, ses parents avaient su s'entendre et même se faire amis proches, cela leur permettant au moins de bien vivre cette situation. Cela faisait des années qu'il attendait de les voir se séparer pour faire enfin leurs vies et s'il devait avouer qu'il aimait les avoir pour lui, cela faisait aussi un moment qu'il aurait préféré les voir heureux chacun de leur côté. Au plus il grandissait et au plus sa nature de veela s'éveillait, sentant le mal-être de son père dans la restriction et il détestait ça. Si tout le monde voyait leur famille comme froide, tous distant les uns envers les autres, il n'en n'était rien et il voulait le bonheur pour ses parents comme eux faisaient tout pour faire le siens.

Alors apprendre que l'âme sœur de son père était juste là était formidable, augurant enfin quelque chose de bien pour lui qui en voyait de toutes les couleurs depuis bien trop longtemps. Encore fallait-il que le lien soit rapidement complété pour éviter un désastre sans nom. Le lien d'âme sœur, il connaissait par cœur. Particulièrement concerné par le sujet, son père avait pris soin de l'instruire largement et il avait lui même lu autant qu'il pouvait là dessus. Ainsi, il était prêt à ce qui l'attendait et il comprendrait les choses étranges qui pouvaient se passer dans ce lien, les sensations uniques qu'il pouvait donner. Il n'osait imaginer ce que son professeur devait ressentir depuis sa propre révélation en vivant cette situation. Plus de deux mois ainsi, il devait souffrir énormément de cette distance forcée avec son âme sœur qui était en plus juste là. Le japonais devait avoir une force de caractère hors norme pour résister au lien à tel point que personne ne pouvait se douter de rien sans savoir. Cela devait être une torture atroce. Il savait qu'il parlait régulièrement avec son père qui lui avait lui même parlé du jeune homme qui l'intriguait beaucoup, plus que de raison valable en fait et maintenant, il comprenait que sa partie veela enfouie en lui savait déjà et tentait de lui faire savoir. Seulement, connaissant son père et la situation, il savait que leur relation n'évoluerait jamais assez vite pour sauver le jeune homme et son père par la même occasion. Il fallait agir.

Il serra les dents en entendant son professeur gémir de douleur en murmurant le nom de son père. C'était horrible à regarder pour lui et surtout pour le veela en lui pour qui cette scène était intolérable. Il ne savait pas si le japonais l'y autoriserait mais il était décidé à faire tout ce qu'il pourrait pour l'aider et le soulager. Il le ferait pour son père mais surtout pour le jeune homme pour qui il avait énormément d'estime et de respect. Il adorait les cours avec lui. Ils avaient beau avoir le même âge, bien souvent lorsqu'il parlait, le professeur Uizado avait l'air plus expérimenté, plus sage et plus savant que Dumbledore. C'était une personne très agréable, très douce, compréhensive, tolérante, gentille, patiente, protectrice mais aussi affirmée, intransigeante, ferme et franche. Et aujourd'hui, il lui avait en plus découvert une force sans pareille, un grand courage, de l'abnégation. Voir le jeune japonais se dresser de la sorte face à Voldemort et aux mangemorts dans l'état dans lequel il était avait été une vision parfaitement incroyable pour lui comme pour la majorité des présents. Qui oserait faire ça ? Il aurait répondu personne hier encore. Il avait sauvé les otages et il avait été prêt à tout pour les protéger. Il l'admirait pour cela comme pour beaucoup d'autres choses. À chaque cours avec lui, il avait l'impression de complètement redécouvrir la Magie. C'était fascinant et très beau. Il était un professeur extraordinaire mais il était aussi visiblement une très belle personne.

Son père avait beaucoup de chance et il le méritait mille fois. Quelqu'un comme le jeune japonais lui ferait beaucoup de bien, il en était persuadé même si cela faisait étrange de se dire qu'il se retrouverait peut-être bientôt avec une sorte de beau-père de son âge. Mais le lien d'âme sœur ne tenait pas compte de l'âge comme du sexe, de la nationalité, du physique, de la position sociale... de ces détails dont trop de monde s'encombrait inutilement. Il ne pouvait qu'être heureux que le destin ait joué ainsi. Seulement, il ne pourrait vraiment l'être que lorsque la situation s'arrangerait, sachant quel calvaire atroce était en train de vivre son professeur. Son père allait assurément s'en vouloir lorsqu'il saurait ce qu'il se passait. Comment le japonais faisait-il pour se maîtriser à ce point était un mystère pour lui. Comment faisait-il pour se refréner alors que son âme-sœur était près de lui sans qu'il ne puisse l'approcher ? Le pire pour lui devait être de savoir qu'il était marié, qu'il avait un fils qu'il avait en plus sous le nez tout les jours. Il savait que cela était une torture de plus pour lui.

- Je ne comprend pas, commença-t-il finalement en observant le japonais. Comment peut-il être si tolérant et gentil à mon égard ? demanda-t-il. Il devrait me détester et me haïr, remarqua-t-il en intrigant les japonais. Je suis l'enfant que son âme sœur a eu avec une autre personne que lui. Je devrais le révulser pour cela et pourtant, il est toujours gentil, prévenant et attentif avec moi.

- Je ne vais pas vous cacher monsieur Malfoy, commença doucement Akifumi, et vous devez le savoir de toute manière, qu'apprendre votre existence fut très douloureux pour lui, comme vous voir la première fois fut douloureux et comme vous voir chaque jour est douloureux pour lui. Seulement, il s'agit de Kirarin. S'il a bien du mal à contrôler les sensations que le lien lui donne surtout vis à vis de votre père, il y a certaines choses qu'il ne laissera pas arriver comme celle de vous détester pour une chose pour laquelle vous n'êtes guère responsable. Il ne peut s'empêcher d'être triste et d'avoir mal en vous voyant mais jamais il ne vous haïra ou ne vous rejettera pour cela. Jamais il ne vous en tiendra rigueur à vous, votre mère ou votre père. Il comprend que c'est ainsi, que personne ne voulait vraiment le faire souffrir dans cette situation et qu'il n'y a pas à en vouloir à qui que ce soit. Alors jamais il ne laissera le lien dicter ce qu'il peut ressentir à votre égard. C'est un peu un effet pervers du lien d'âme sœur malheureusement mais Kirarin a la maîtrise de lui même suffisante pour parvenir à refouler ces dérives du lien. Et il a décidé de vous voir autrement.

- Comment ? demanda le blond.

- Il sait que votre père vous aime énormément, que vous êtes le centre de son monde et qu'il donnerait sa vie pour vous, répondit-il. Pour Kirarin, vous êtes ce que son âme sœur a de plus précieux et donc vous êtes aussi très précieux à ses yeux parce que vous êtes important pour sa moitié, que vous le rendez heureux et que votre perte le détruirait. Vous êtes le fils de son âme sœur et à ce titre, vous êtes aussi important pour lui que vous pouvez l'être pour votre père. Il préfère vous voir ainsi, comme le trésor de son âme sœur plutôt que comme le symbole d'une union avec une autre personne que lui même.

- C'est extrêmement gentil et tolérant de sa part, sourit-il l'air touché. Il aurait bien le droit de me détester.

- Kirarin n'est pas ainsi, remarqua Rengu. N'ayez crainte, il ne vous déteste pas loin de là et il ne le fera jamais. Il veillera sur vous.

Le silence revint ensuite, Draco observant son professeur en se disant que son père avait vraiment de la chance d'avoir une telle personne pour âme sœur et il ferait tout pour qu'il ne rate pas cette chance. Ce fut long, très long avant qu'enfin, Kirarin ne se calme, se détende et retombe dans une inconscience profonde. Il avait fallu près de trois heures en tout et si la crise stoppa enfin, indiquant que Lucius était probablement revenu au château, tous restèrent très inquiets, le jeune homme visiblement extrêmement faible et encore plus mal après cette épreuve supplémentaire.

Ce fut lourdement que Lucius et Severus s'écroulèrent au sol en passant la cheminée des appartements du premier. Des cris de douleurs leurs échappèrent à leurs rencontre avec le tapis et aucun des deux ne tenta même de bouger, restant allongés là, transpirant, tremblant et convulsant presque sous la souffrance des doloris qu'ils venaient d'endurer. Le Seigneur des ténèbres était vraiment, vraiment en rage après son échec du jour à prendre Poudlard. Ni l'un ni l'autre n'avait été mis au courant de ce plan d'attaque, leur maître ayant visiblement voulu s'assurer que Dumbledore ne saurait rien alors qu'il n'avait qu'une confiance très limité en eux voir aucune. Et ils n'avaient pas du tout participé d'aucune sorte. Pourtant, cela ne les avaient pas empêché d'être punis comme bien d'autres pour cette défaite, de subir la colère de l'homme. Mais eux au moins avaient échappé à la mort contrairement à d'autres. Le Seigneur des Ténèbres leur reprochait de ne pas avoir pu le prévenir que le dojo tiendrait, que son maître serait capable de le contrer de la sorte, que les japonais risquaient de débarquer. Sauf que ni l'un ni l'autre n'en savait rien avant aujourd'hui mais cela, leur maître s'en fichait pas mal. S'il savait que Kirarin Uizado était professeur à Poudlard et démontrait régulièrement qu'il avait une magie hors norme, jamais il ne l'avait pris au sérieux jusqu'à maintenant. Une chose était désormais certaine maintenant, le Seigneur des Ténèbres voulait la tête de Kirarin Uizado autant que celle de Potter ou Dumbledore.

Ce fut un mouvement non loin d'eux qui les sortit un peu de leur souffrance, les alarmant et les tendant alors qu'ils étaient incapables de se défendre à cet instant, se demandant déjà si leur corps tiendraient le choc après pareille torture. Seulement, ils ne purent ni bouger, ni voir qui était là, leur vue troublée. Ce fut avec tension qu'ils entrevirent l'intrus s'agenouiller doucement près d'eux, tentant alors de bouger de toutes leur forces.

- Restez tranquilles. Ne bougez pas, fit une voix douce et très inquiète qu'ils reconnurent sur le champs.

Le professeur Uizado. Comment l'adolescent pouvait-il être là alors qu'aux dernières nouvelles, il était dans le coma et très mal en point ?

- Je m'occupe de vous, continua la belle voix à l'accent japonais.

Deux mains fraîches se posèrent sur leurs doigts et ils sentirent la magie si caractéristique de l'adolescent s'infiltrer en eux avec délicatesse et prévenance. Rapidement et à leur plus grand soulagement, la douleur reflua progressivement jusqu'à ne plus être qu'un mauvais souvenir et jamais il ne furent aussi reconnaissant de trouver le jeune homme à leur retour d'une convocation par le Lord. Son pouvoir continua son œuvre en eux, protecteur, tranquille, attentionné, délicat et précautionneux. Il soigna les dommages, faisant cesser tremblements et convulsions. La chaleur de la fièvre retomba aussi à son tour et bientôt, une somnolence calme et apaisée s'installa en eux. Lucius sentait le sommeil le prendre, bienvenu après pareille épreuve mais il lutta contre lui. Il voulait remercier le jeune homme qui était là comme un ange tombé du ciel à cet instant et qui avait effacé cette douleur atroce qu'il avait sombrement pensé meurtrière pour lui ce soir. Et il faisait cela sans rien demander alors que lui même et Severus ne lui rendaient guère son aide, sa tolérance et sa gentillesse à leur égard. Il devait au moins le remercier et le prévenir que le Seigneur des Ténèbres en avait après lui maintenant. Il ne parvenait pourtant pas à bouger ou à se concentrer vraiment, assommé par l'épreuve. La voix douce de Kirarin s'éleva une nouvelle fois, tranquille et réconfortante.

- Severus ? Je vais vous envoyer à votre lit, prévint-il. Vous serez dans vos appartements en sécurité, assura-t-il. Vous allez vous endormir et lorsque vous vous réveillerez demain, vous irez bien mieux, juste un peu fatigué. Il n'y aura pas de séquelles.

Il n'attendit ensuite pas de réponse et Lucius vit la forme de son ami disparaître avant que Kirarin ne se penche sur lui :

- Lucius ? Je vais vous mener à votre lit. Ne vous en faîte pas, tout ira bien.

Cela dit, il se sentit s'élever dans les airs, lévitation certainement et rapidement, il fut dans sa chambre, installé dans son lit avec une grande attention par le jeune homme décidément très doux. Il sentit ses vêtements être métamorphosés pour une tenue plus confortable avant que les couvertures ne viennent le réchauffer agréablement. Il aurait même pu jurer que le japonais le bordait. Sa vue encore trouble, il le vit vaguement se pencher sur lui, entre apercevant un sourire rassurant qui étrangement lui fit plus de bien encore que les soins.

- Il faut dormir maintenant, vous en avez besoin, dit le japonais. Vous irez bien mieux demain, ça va aller. Bonne nuit, souhaita-t-il en passant une main légère sur ses yeux pour l'obliger à les fermer.

Immédiatement, Lucius se sentit glisser dans un sommeil bienfaiteur auquel il ne put résister. Lorsqu'il se réveilla le lendemain, il lui sembla qu'il n'avait pas aussi bien dormis depuis longtemps. Il se souvenait pourtant sans aucun mal de ce qu'il s'était passé. Pour son plus grand bonheur, la magie du jeune japonais avait une nouvelle fois fait des miracles et ce fut sans douleur, sans crampe, courbature ou gêne d'aucune sorte qu'il ouvrit les yeux. Si ce n'était un peu de fatigue, il se sentait parfaitement bien et ce fut avec une fascination renouvelée qu'il constata à quel point la magie du japonais était extraordinaire. Il fallait vraiment le remercier et le prévenir pour le Seigneur des Ténèbres. Il se leva donc alors qu'il était l'heure du petit déjeuner. Il allait quitter ses appartements lorsqu'il vit son fils arriver, visiblement inquiet de ce qui avait pu se passer cette nuit. Bien sûr, Draco savait qu'il serait certainement convoqué chez le Lord après cette attaque raté et cela avait dû l'inquiéter énormément en sachant à quel point ces convocations pouvaient être dangereuses. Si Lucius avait toujours essayé de lui épargner la vision de ses retours dramatiques dans des états parfois inquiétant, il l'avait vu quelque fois et il savait que son garçon était terrorisé par cela, à raison d'ailleurs. Il le rassura patiemment, affirmant que tout allait bien en omettant de lui raconter ce qu'il s'était vraiment passé pour ne pas l'angoisser plus encore. Il l'envoya ensuite prendre son petit-déjeuner et l'adolescent obtempéra l'air rassuré.

Sortant, il se dirigea alors vers l'appartement de Severus qui s'apprêtait à sortir aussi et qui comme lui, semblait juste un peu fatigué. Ce fut d'un commun accord qu'ils décidèrent d'aller voir le professeur Uizado pour le remercier et lui parler. Ils se dirigèrent d'abord vers la Grande Salle, pensant le trouver à la table du petit-déjeuner mais il n'en fut rien, son père absent lui aussi comme il n'y avait guère de trace des autres japonais. Ils se dirigèrent alors vers le dojo, sachant qu'ils y mangeaient parfois dans le calme. Ils y furent rapidement, entrant et descendant vers la bâtisse. Ils toquèrent à l'entrée et le panneau leur fut magiquement ouvert sur le champs. Ils entrèrent d'un pas, avant de se figer de choc. Le jeune professeur était encore là avec sa famille l'air sombre et très inquiète. Il semblait ne pas avoir bougé depuis la veille à leur départ du dojo, visiblement toujours au plus mal. Il était atrocement pâle, transpirant et tremblant, le visage crispé de douleur alors qu'il gémissait un peu. Et surtout, il était encore assurément inconscient voir dans le coma et l'attitude de son entourage montrait clairement qu'il n'y avait pas eu d'amélioration bien au contraire. Pourtant, ils l'avaient vu cette nuit et il avait l'air d'être relativement en forme.

- Bonjour professeur Snape, professeur Malfoy, salua Akifumi. Peut-on faire quelque chose pour vous ? demanda-t-il platement en les secouant un peu.

- Bonjour. Nous venions voir votre fils, répondit le directeur de Serpentard. Comment va-t-il ?

- Et bien comme vous pouvez le voir, il ne va pas mieux et la nuit a été très difficile. Il ne s'est pas encore réveillé.

Les deux hommes échangèrent un regard un peu perdu et interloqué que les japonais ne manquèrent pas.

- Est-ce que quelque chose ne va pas ? demanda Satoshi.

- Et bien, j'aurais juré que nous l'avons vu cette nuit dans le château, expliqua Lucius. Peut-être nous sommes nous trompé.

Il y eut un moment de silence, la famille échangeant des regards comme se parlant en pensée avant que tout les regards ne se tournent d'un bloc vers eux, les surprenant.

- Vous êtes rentrés dans un état pitoyable de chez Voldemort cette nuit n'est-ce pas ? demanda Rengu sans détour.

Les deux hommes se figèrent de stupeur et de surprise, se demandant comment il pouvait savoir.

- Nous savons tous dans notre famille pour les marques sur vos bras, enchaîna l'homme en les tendant davantage. Inutile de paniquer, nous n'avons pas le même jugement que les gens d'ici sur cette histoire et nous n'en savons de toute manière pas assez pour juger de quoi que ce soit. Kirarin vous apprécie tout deux et dit que vous êtes des gens bien, cela me suffit à moi et à ma famille. Il a toujours été un juge très sûr en la matière. Nous savons aussi que Kirarin vous a déjà aidé après des retours chaotiques de chez Voldemort. Il s'est toujours attristé et inquiété de vous voir dans des états graves. Et il est évident que vous seriez appelés cette nuit après ce qu'il s'est passé hier. Laissez moi deviner, vous l'avez vu cette nuit et il vous a soigné.

- Oui, acquiesça Severus. Mais comment... ?

- Si la question est de savoir comment nous le savons c'est parce que s'il vous a soigné cette nuit, ce n'était probablement pas une illusion, expliqua Satoshi. Kirarin vous apprécie et il ne tolère pas que les autres souffrent sous ses yeux. La magie de Kira est puissante, il a dû sentir que vous aviez besoin d'aide, dit-il alors que la famille savait bien que c'était plutôt son lien avec Lucius qui l'avait renseigné. Et il est allé vous aider. La question du comment. Et bien même dans le coma, Kirarin garde un esprit éveillé même si son corps ne lui permet pas d'être conscient. Il s'est certainement servi de sa magie pour matérialiser une projection près de vous et vous soigner.

- Dans son état ? s'étonna Lucius un peu choqué comme Severus.

- Oui, acquiesça le vieil homme. Il en est parfaitement capable et il n'aime pas que les gens souffrent quand il peut y remédier.

Tout deux restèrent un peu sans voix à cette réalisation, se demandant pourquoi le jeune homme en piteux état avait fait cet effort probablement titanesque pour lui dans ces conditions, juste pour venir les aider. C'était une chose bien inhabituelle pour eux surtout compte tenu du fait qu'ils n'étaient pas toujours faciles avec le jeune japonais.

- Savez vous quand il se réveillera ? demanda finalement Lucius.

- Non, soupira Hideaki. Il est extrêmement faible et cette histoire hier a fait beaucoup de dégâts.

- Si vous avez besoin de potion ou d'autre chose, n'hésitez pas, remarqua Severus.

- Merci professeur Snape, répondit Rengu. Mais malheureusement, nous ne pouvons qu'attendre et lui apporter le plus de confort possible.

- Vous devez savoir, reprit ensuite Lucius avec gravité, le Seigneur des Ténèbres était bien évidemment furieux après ce qu'il s'est passé. Il en a après votre famille maintenant. Je doute qu'il attaque au Japon, il n'est pas encore en position d'entrer en guerre avec un autre pays voir plusieurs autres s'il se révèle être un danger pour l'étranger. Mais en Angleterre... Et il en a particulièrement après le professeur Uizado. Il vaudrait peut-être mieux le ramener en sécurité au Japon.

- Ce n'est pas le genre de Kira de fuir de la sorte, répondit Akifumi. Si vous croyez que Voldemort lui fait peur, nous fait peur. Qu'il approche mon fils et je l'étripe Seigneur des Ténèbres ou pas, gronda-t-il furieusement. Si Kira n'avait pas été si affaibli hier, il aurait pu le battre sans peine, dit-il en les surprenant. Ne dites plus que mon fils ferait mieux de retourner à l'autre bout du monde et surtout pas devant lui, dit-il en sachant quel mal pouvaient faire de telles paroles sur son enfant venant de son âme sœur. Il ne partira pas, il ne voudra pas.

- Kira est ainsi, reprit plus calmement Satoshi. Il ne partira pas, danger ou pas. Cette guerre l'intrigue beaucoup et il veut comprendre. Ce qu'il s'est passé hier va renforcer cela et il voudra rester ne serait-ce que pour protéger ses élèves. Il prend son rôle de professeur et les devoirs qui vont avec très à cœur, il ne partira pas en les abandonnant. Mais merci de nous prévenir. Hier était exceptionnel. Sans ce rituel qui a blessé sa magie, Kira aurait largement pu gérer la situation à lui tout seul. Il n'est pas aussi sans défense qu'il pourrait y paraître.

Les deux hommes ne dirent rien, regardant un instant l'adolescent toujours aussi mal avec inquiétude, surpris par la réaction de sa famille autant à leur égard qu'au regard de la situation.

- Pourriez vous nous prévenir s'il se réveille ? demanda Lucius. J'aimerais le remercier moi même pour son aide cette nuit.

- Nous vous préviendrons, assura Rengu.

Un peu choqué par cette entrevue pleine de surprises, les deux professeurs saluèrent poliment les japonais avant de s'en aller, perturbés par tout ceci. Ce ne fut que lorsqu'ils furent loin que Akifumi reprit la parole :

- Il a dû sentir qu'il allait mal cette nuit, soupira-t-il. Il est toujours dans un état pas possible quand la Reine des Glaces ne vas pas bien et il ne peut pas s'empêcher de le soigner. S'occuper de lui est la seule chose qui le soulage un peu dans ce genre de situation. Il doit se sentir encore plus mal maintenant, s'attrista-t-il en caressant les cheveux de son bébé.

- Cela ne va pas l'aider à aller mieux mais ça aurait pu être pire s'il n'avait rien fait en sentant que son âme sœur avait pourtant besoin de lui, remarqua Hideaki.

- Espérant qu'il ne se passe plus rien avant qu'il ne se remette un minimum, pria Rengu en remontant la couverture sur son petit fils.

- Et l'autre taré en a encore plus après lui maintenant, s'inquiéta Setsuna.

- Nous n'y pouvons pas grand chose et on ne peut pas le ramener au Japon sans la Reine des Glaces, posa Masao.

- On va veiller et si Voldemort ne renouvelle pas un rituel du genre, ce qui m'étonnerait vu la difficulté de la chose, Kira peut se protéger sans trop de mal, rassura Rengu. Sans compter les protections de Rui. Son lien d'âme sœur me préoccupe davantage, dit-il en exprimant l'angoisse générale.

Ce fut en discutant de la chose qu'ils veillèrent ensuite. Si Rengu dû se résoudre à repartir pour les affaires, il ne le fit pas avant une petite discussion avec Dumbledore. L'homme semblait s'être repris, se faisait exagérément gentil et conciliant avec le japonais dans un but évident : celui de s'en faire un allié. Aussi, ce fut sans trop de mal que Rengu obtint une autorisation exceptionnelle pour que sa famille puisse venir voir et veiller sur Kira mal en point. Il repartit donc finalement avec Soren pour laisser venir Yuma, Suzumi et Natsuki en plus, toutes trois très inquiètes pour le cadet de la famille qu'elles s'empressèrent de retrouver au dojo, Haiko les guidant. Rapidement, la nouvelle de l'attaque se répandit dans les journaux, comme les grandes lignes de ce qu'il s'était passé. On racontait que Voldemort avait attaqué Poudlard, pris des élèves en otage et que c'était uniquement au nouveau professeur de l'école, Kirarin Uizado, que l'on devait le sauvetage et la protection de tous comme celle de l'école. Bien sûr, les parents des élèves réagirent sur le champs, ceux dont les enfants avaient été pris en otage accourant pour les voir. Nombre voulurent retirer leurs enfants de l'école et il fallut une montagne d'effort, de persuasion et de promesse de renforcement des protection et de présence d'Auror sur place de Dumbledore pour calmer la situation et éviter que Poudlard ne se vide complètement.