Hermione n'aurait jamais imaginé revenir un jour dans cet endroit. Le souvenir de sa dernière visite était tout sauf joyeux. Debout devant le majestueux portail du Manoir Malfoy, une boule d'anxiété au creux de l'estomac, elle regrettait amèrement d'avoir écouté Blaise.
Peut-être était-il encore temps de faire demi-tour. Personne ne savait qu'elle était déjà là. Elle pouvait simplement tourner les talons et s'éloigner au plus vite. Elle trouverait une excuse, un faux rendez-vous, une prétendue maladie, peu importe. Oui, elle allait simplement le faire. Malfoy ignorait sa présence, alors autant partir sans laisser de traces.
"Ploc!"
"Tu comptes rester là à contempler le manoir encore longtemps ?" Drago Malfoy surgit à côté d'elle, et trop absorbée par l'idée de s'échapper, elle n'avait pas perçu le son de son transplanage.
"Hum ! Je... j'avais simplement besoin... je regardais les plantes, je me demandais de quelle variété il s'agissait," mentit Hermione.
"Et ça t'intrigue tellement au point de rester dehors dans le froid pendant plus de vingt minutes ?"
Bien sûr que Drago avait remarqué qu'elle était arrivée plus tôt. Comment avait-elle pu en douter un seul instant ? Le manoir devait regorger de protections magiques de détection.
"Il faut dire qu'elles sont... Allons-y !"
Drago arqua un sourcil, peu convaincu par l'attitude de la Gryffondor. Il avança en direction du portail, qui s'ouvrit tout naturellement.
Le cœur d'Hermione s'affola en réalisant qu'elle franchissait les premiers mètres de la propriété. Drago se retourna à plusieurs reprises, et elle se demanda s'il pouvait entendre à quel point son cœur battait rapidement.
Chaque pas qu'elle effectue est une épreuve. Elle redoute l'instant où elle se tiendra devant l'imposante porte en bois, qu'elle n'a cessé de scruter depuis le début de son chemin.
Ils s'engagent dans un silence pesant, évitant tout échange verbal. Lorsqu'ils atteignent les premières marches du perron, ses pieds semblent refuser d'avancer davantage. Elle demeure immobile, presque idiote, du moins c'est ainsi qu'elle se sent en observant le regard que lui lance le blond.
"Quelque chose ne va pas ?" demande Drago.
"N-non..." Elle le fixe, faisant un effort considérable pour gravir les marches. "Tout va bien..."
"Tu admirais juste les plantes, c'est ça," la toise-t-il avec une arrogance manifeste.
D'un geste de baguette, il déverrouille la porte d'entrée, apparemment scellée par plusieurs sorts de protections . La porte s'ouvre largement, et Drago se décale sur le côté pour inviter Hermione à entrer.
Elle inspire profondément, ignorant son regard, et pénètre dans le vaste hall. Elle a l'impression fugace d'une main au creux de son dos, la guidant, mais elle n'en est pas certaine. Lorsqu'elle baisse les yeux, elle ne voit rien. Peut-être l'a-t-elle imaginé. Étrangement, elle se surprend à souhaiter qu'il l'ait réellement fait.
Elle inspire une seconde fois et relève enfin la tête pour explorer la pièce du regard. Des souvenirs l'assaillent immédiatement : elle revoit ses amis ligotés sur le banc à sa gauche, attendant d'être escortés plus haut. Harry au visage défiguré, Luna blessée ou encore Ron enragé.
Le banc est toujours là, mais recouvert d'un immense drap blanc, tout comme les autres meubles présents.
Drago les guide à travers une pièce plus vaste, suivie d'un long couloir avant de s'arrêter devant un immense escalier. Encore une fois, tous les meubles sont dissimulés sous des draps blancs. À en juger par ce qu'elle voit et la couche de poussière présente, il semble évident que plus personne ne vit ici.
Elle se demande alors où le Serpentard peut bien séjourner lorsqu'il n'est pas à Poudlard.
Drago se retourne vers elle, faisant face.
"Attends-moi ici, je n'en ai pas pour longtemps."
À peine le temps de réaliser ses paroles que Drago a déjà disparu de sa vue.
"Non, ne me laisse pas ici toute seule!"
Trop tard, il est déjà au sommet des marches et disparaît derrière un autre couloir. Si Hermione était stressée en arrivant au manoir, ce n'était rien en comparaison à ce qu'elle ressent maintenant.
Terrifiée à l'idée d'être seule ici, sa respiration devient difficile. Des souvenirs douloureux de cet endroit la submergent, et elle s'agrippe à la rambarde pour ne pas chanceler, ses jambes qui menacent de la lâcher.
Elle ferme les yeux et pose délicatement une main sur sa poitrine, tentant de reprendre contenance. S'efforçant d'occulter tout ce qui l'entoure, imaginant un autre endroit, une autre atmosphère. Elle essaie de se concentrer sur un souvenir heureux, quelque chose de joyeux, mais elle n'est même pas sûre de pouvoir encore le faire.
Depuis cette soirée à Près-au-Lard, elle n'a pas réussi à faire apparaître son patronus.
Tout ses souvenirs heureux semblent lointains, perdus, inaccessibles. Malgré tout, elle parvient à retrouver un ancien souvenir d'elle avec ses parents, et sa respiration reprend lentement un rythme normal. Elle imagine le regard attendrissant de son père, l'étreinte pleine d'amour de sa mère. Et elle ressent un peut de réconfort.
D'un revers de main, elle essuie une larme qui menaçait de s'échapper.
Hermione prend de profondes inspirations, se concentrant sur l'air qu'elle inhale par le nez et expire par la bouche.
Malfoy apparaît enfin après ce qui lui semble être une éternité. Il la fixe d'une manière étrange, et elle détourne le regard.
"Tu as vu un fantôme, Granger ? Tu es toute pâle."
Tu ne crois pas si bien dire, pense-t-elle.
"C'est rien, juste quelque chose qui n'est pas passé... ça va..."
"Pas Salazar, essaie de ne pas vomir, je n'ai pas envie de voir ça... et il n'y a plus d'elfes de maison pour nettoyer."
Hermione lui lance un regard assassin, choquée par son manque d'empathie. Bien sûr, Malfoy ne se souciait jamais de personne, comme toujours, pourquoi était-elle toujours étonné ?
Il lui fait signe de le suivre, et quelque chose l'interpelle malgré elle.
"Tu as libéré tous les elfes ?" demande-t-elle, intriguée.
"À quoi bon les garder, plus personne ne vit ici," se contente-t-il de répondre en haussant les épaules et sans même lui adresser un regard.
Avant même qu'elle puisse reconsidérer ses paroles, elles sortent de sa bouche.
"Pourquoi tu ne vis plus ici ?"
"Toujours ces mêmes questions, Granger..."
Décidément, elle a encore perdu une occasion de se taire.Elle préfère ne pas insister. La dernière chose dont elle a envie, c'est de se disputer avec lui. Alors, elle se contente de le suivre dans le silence.
Ce Manoir est immense, elle se demandait combien de pièces pouvait bien compter le domaine. Ils passèrent devant d'innombrables portes sans jamais s'arrêter. Puis, ils bifurquent dans un autre couloir, et Drago s'arrête enfin, devant un mur recouvert simplement d'une tapisserie.
Hermione le regarda intriguée, se demandant ce qu'il attendait, debout à fixer ce mur, avant de voir ses lèvres bouger très discrètement.
À peine visible, une porte commence à apparaître sur le mur vierge.
Le blond agita sa baguette, et trois serrures apparaissent à leur tour. Il y insère plusieurs clés, puis la porte disparaît à nouveau mais laisse place à un petit escalier de pierre colimaçon, surplombé par une statue qui reprenait un serpent. Ça lui rappelais étrangement l'accès au bureau du directeur de Poudlard, à l'exception de la statue.
Une fois de plus, Drago se déplace, pour laisser Hermione passer devant lui. Jamais elle n'aurais pensé que Drago Malfoy pouvait faire preuve de galanterie. Et à nouveau, elle a cette sensation qu'une main glisse dans le creux de son dos. Cette fois, c'est presque une certitude, mais elle choisit de ne pas vérifier, se réfugiant dans son monde imaginaire. Préférant croire que ce qu'elle imagine est vrai.
Elle gravit les marches, sentant le regard scrutateur de Malfoy peser sur elle. Elle se retient de se retourner et regrette d'avoir mis une jupe. Elle se sent exposer, à la merci de son regard.
Essoufflée, elle atteint le sommet des escaliers et ce qu'elle découvre la surprend.
Une vaste pièce, ornée de nombreuses étagères exhibant des objets étranges. Un bureau qui trône au centre, et plusieurs petites tables longent les murs. Hermione peine à définir la nature exacte de cet endroit mystérieux mais elle n'aime pas ce qu'elle ressent. La magie est beaucoup plus présente ici. Et elle n'a pas besoin de se concentrer pour reconnaître le côté sombre de cette magie.
"Où sommes-nous?" demande-t-elle, incertaine de la réponse de Drago.
"Le laboratoire de mon père," répond-il.
Hermione examine alors plus attentivement son environnement, une nausée l'envahit à la pensée de toute ce qui aurait pu se passer ici.
Cette pièce lui évoque étrangement le laboratoire où elle était captive, à quelques détails près. Des fenêtres étaient présentes ici, et il n'y avait pas de table d'opération.
"Quel genre d'expériences menait ton père ici?" demande-t-elle.
"Tu ne veux pas savoir, Granger," répond Drago.
Elle se sent encore plus nauséeuse. Hermione se dirige vers la fenêtre la plus proche, elle a besoin de sentir l'air, la brise, quelque chose du monde extérieur. Elle tente d'ouvrir la fenêtre mais ses doigts ne parviennent pas à en saisir la poignée. C'est comme si elle essayer de attraper dans le vide.
"Pourquoi elle ne s'ouvre pas?" Dit-elle, lançant un regard accusateur à Drago. " Il faut que j'ouvre cette fenêtre!" De plus en plus inquiète.
"C'est un charme d'illusion, il n'y a pas de fenêtre ici."
"Mais pourquoi quelqu'un mettrait une fausse fenêtre!"
"Pour l'illusion Granger" comme si c'était évident.
"Quoi?"
"Il n'y a pas de fenêtre dans les cachots, alors-"
"Mais de quoi tu parles? Comment peut-on être dans les cachots alors qu'on vient littéralement de monter les escaliers?"
"Un autre sort de désillusion. Tu pensais monter, mais en réalité, nous sommes descendus."
L'angoisse d'Hermione atteint son paroxysme. Sa respiration se bloque, et sa vue se brouille. Il y'a trop de similitudes finalement, et le Manoir n'aide pas.
"Il faut que je sorte d'ici. Je ne peux pas rester là." Explique t'elle plus pur elle même .
"Qu'est-ce qui te prend?" s'étonne Malfoy.
Hermione se retourne pour se diriger vers l'escalier, mais la porte n'est plus la , elle a disparu. Elle se retrouve enfermée entre quatre murs sans issue. Quand elle regarde autour elle peut les sentir se rapprocher, vite, beaucoup trop vite.
"Fais-moi sortir d'ici, Malfoy. Maintenant!"
"Pourquoi te mets-tu dans cet état? Vas-tu enfin me dire ce qui te prend depuis tout à l'heure? Et ne me fais pas croire que c'est quelque chose que tu as mangé!"
"Laisse-moi partir, Malfoy!" Hermione se retourne, lui faisant face. "S'il te plaît!" le supplie-t-elle. Elle était au bord d'une crise et ne tarderait pas à hyper ventiler.
Drago se rapproche d'elle et ce qu'il voit en la regardant le déstabilise. Il n'attend pas qu'elle lui demande une nouvelle fois et fait apparaître la porte, la regardant se précipiter à l'extérieur.
Hermione dévale les escaliers, manquant de tomber à plusieurs reprise. Elle se retrouve dans le couloir en quelques secondes à peine. Elle court à travers le vaste corridor, prenant des virages sans trop savoir où elle va. L'essentiel est de trouver une issue vers l'extérieur.
Finalement, elle parvient enfin devant une porte vitrée qui donne sur l'extérieur et émerge dans ce qui semble être les jardins du manoir. Sans s'arrêter, elle continue sa course jusqu'à se retrouver devant un petit kiosque en bois. Elle se laisse tomber sur les genoux, elle se laisse éclater en sanglots, libérant toute la tension accumulée. La réalité la submerge, et les larmes coulent librement.
Hermione reste assise sur le sol, les minutes semblant s'étirer. Lorsqu'elle parvient finalement à contenir ses larmes, elle relève la tête et se retrouve face à des yeux gris intenses. Dans un réflexe de honte, elle détourne rapidement le regard, souhaitant éviter qu'il ne la voie dans cet état vulnérable.
Se relevant avec précaution, elle efface les dernières traces d'humidité sur son visage.
"Bon sang, Granger, tu vas te décider à me dire ce qui t'arrive..." intervient Drago, son agacement transparaissant dans sa voix.
Hermione parvient enfin à affronter le regard pénétrant du Serpentard. Hésitant entre la vérité et une énième excuse. Elle comprend rapidement, en croisant ses yeux accusateurs, qu'elle ferait mieux de lui dire la vérité.
"C'est... revenir ici était une mauvaise idée. Je pensais pouvoir faire face, mais c'est plus fort que moi. Je n'arrive pas à effacer toutes ces images de mon esprit. Je revois les rafleurs nous traîner ici, je revois ta tante me torturer, je revis toutes ces choses horribles qui me terrorisent. Et cette pièce... le laboratoire de ton père, il ressemble énormément à celui ..." Hermione marque une pause, reprenant son souffle, tandis que chaque mot semble difficile à prononcer à voix haute, surtout devant lui. "Tu peux trouver ça pathétique, peu importe, mais je..."
"Je suis désolé," l'interrompt-il, un écho sincère dans sa voix. Son expression révèle une empathie inattendue, transformant le mépris habituel en une compréhension mutuelle.
"Quoi?"
"Je suis désolé, je n'ai pas pensé à ce que ça pourrait être pour toi de revenir ici. Alors je m'en excuse."
Silence
"J'aurais du m'en douter quand tu es rester à attendre dehors..."
Hermione reste abasourdie. Drago Malfoy venait de présenter des excuses, et elle pouvait affirmer avec certitude qu'il était sincère. Il y avait quelque chose de notable dans son regard, une absence totale de mépris, de pitié ou de supériorité. Non, il exprimait simplement des regrets.
Et quelque chose de chaud, réconfortant s'installe au fond de la poitrine d'Hermione et a cet instant précis, Drago Malfoy est beau. Oui elle le trouve beau sous son masque habituel de mépris.
Elle avance d'un pas, puis d'un autre, se retrouvant à seulement quelques centimètres de son visage. Il est impossible de détourner son regard du sien lorsqu'il la fixe de cette manière, aussi captivante. Hermione s'imprègne de ce regard, désireuse de graver cette vision de lui dans une partie de son esprit avant qu'il ne remette son masque d'indifférence froid. L'espace d'un instant elle oublie tout. L'endroit où elle se trouve, la raison de sa présence et même qu'il s'agit de Drago Malfoy. Non tout ce qu'elle voit ce sont ces magnifiques yeux gris, vident de toute haine.
Comme s'il avait discerné ses pensées, le blond détourne subitement son regard et fait un pas en arrière. Ce mouvement provoque une réaction chez la brune qui prends conscience à son tour de leur proximité.
Hermione se racle la gorge, reculant d'un pas à son tour, les joues rosissant légèrement.
"Tu penses que tu peux retourner à l'intérieur? Inutile de retourner dans le laboratoire. On peut juste aller dans n'importe quelle pièce du Manoir. Mais j'ai besoin de sa magie pour faire ce que j'ai à faire."
"Je pense que oui, donne-moi juste un instant."
"Bien, je vais t'attendre dans la cuisine, c'est la porte par laquelle tu es sortie."
Hermione acquiesça, observant Drago s'éloigner en direction du manoir. Elle ne détourna pas le yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière la porte.
Elle reste encore une dizaine de minutes à l'extérieur, elle se prépara mentalement à remettre les pieds à l'intérieur et lorsqu'elle se sent suffisamment prête, elle se dirigea à son tour vers le manoir.
Dans la grande cuisine, elle retrouve Drago assis à une table, deux tasses de thé devant lui ainsi qu'une boîte en argent de taille moyenne.
En entrant, elle se racla la gorge pour manifester sa présence, bien qu'elle sache que le blond était conscient de sa venue avant même qu'elle ne se manifeste. Hésitante, elle s'installa sur la chaise en face de lui, et naturellement, il lui tendit l'une des tasses de thé. Elle le remercia et prit une gorgée de la boisson chaude, sentant la chaleur se diffuser dans son corps, remerciant mentalement Malfoy pour cela.
Il boit une gorgée de son thé à son tour et pousse la boîte devant elle. Hermione la regarde intrigué un instant avant de la saisir, comprenant qu'il attendait qu'elle l'ouvre. Doucement, elle soulève le couvercle pour y découvrir deux bracelets en argent gravés de runes.
"Qu'est-ce que c'est?"
Drago n'était pas sûr de la réaction de la Gryffondor quand elle comprendrait exactement à quoi servaient ces bracelets.
"Quelque chose sur quoi mon père et le père de Blaise ont travaillé durant la guerre... Bracelets d'Éclipse...ils possèdent le pouvoir unique d'entraver la magie d'un sorcier dès qu'ils sont portés ."
"Tu veux dire qu'ils suppriment la magie?" demande Hermione, qui saisit l'un des bracelets et l'examine sous toutes les coutures.
"Pas exactement, théoriquement ils ne suppriment pas la magie. Ils la canalisent de manière à ne plus pouvoir en faire usage."
"Théoriquement ? "
"Ces bracelets n'ont jamais été réellement employés sur une longue durée. Ils étaient prévus pour des éventuels prisonniers si Voldemort remportait la guerre... On ne connais pas les répercussions sur le long termes."
"Donc, ce que tu dis c'est que si je porte ces bracelets, ma magie sera emprisonnée...et je ne pourrais plus du tout l'utiliser? "
Drago n'osait plus regarder la Gryffondor, conscient du sacrifice qu'elle devrait faire. Demander à une sorcière de renoncer à sa magie était inconcevable, même temporairement.
"J'ai dit à Blaise que tu n'accepterais jamais...-"
"C'est d'accord."
Drago relève subitement le regard, surpris par sa résilience.
"Je ne suis pas sûr que tu aies bien compris les conséquences de ces bracelets, Granger. On ne connaît pas les conséquences à long termes. "
"Je sais ce que ça signifie ... mais ce n'est pas comme si j'avais d'autre choix, n'est-ce pas?" Hermione attend qu'il réponde, mais il reste silencieux. "Bien, dans ce cas c'est décidé. Comment ça fonctionne exactement?"
"Ils sont composés d'argent de fée forgé par des Gobelins. Les runes ont été ajoutées par mon père... Je serai celui qui scellera le sortilège, donc le seul à pouvoir t'en libérer. Les bracelets réagissent au... sang pur, une idée tordue de mon père, tu t'en doutes. C'est pour ça que j'ai besoin d'être à l'intérieur du manoir. Ma magie est plus puissante ici."
"Très bien. Faisons-le maintenant, ça ne sert à rien d'attendre."
"Si tu es sûre de toi..."
"J'en suis sûr."
Drago se lève avec une détermination silencieuse, prenant place aux côtés de la Gryffondor. Il s'empare d'un des bracelets disposé dans la boîte, et Hermione comprend qu'il attend qu'elle lui offre son poignet.
Il ouvre le premier bracelet d'un geste assuré, puis, d'une main, délicatement il capture le poignet d'Hermione et de son autre main tenant sa baguette, il scelle le bijou autour du poignet de cette dernière.
Lorsqu'il répète le rituel avec le deuxième bracelet, Hermione observe, incapable d'exprimer le tumulte de ses émotions, ses bras demeurant en suspension une fois l'acte accompli. Une sensation étrange, presque douloureuse, s'installe en elle, laissant un vide béant. Comme si une partie essentielle d'elle-même s'était irrémédiablement évanouie.
Un rire aigu de tristesse s'échappe malgré elle de ses lèvres. Elle ressent la pesanteur d'être en quelque sorte entravée, dépendante du Serpentard, une sensation qu'elle déteste ardemment.
"Décidément la magie me surprendra toujours, je retire ce que j'ai dit l'autre fois. Les sorciers sont de loins supérieurs au Moldus ," déclare-t-elle, un goût amer dans la bouche. Elle se lève sans laisser à Drago le temps de réagir. "Allons-y, nous avons accompli ce que nous avions à faire ici."
D'un geste de baguette, Drago fait disparaître les tasses et la boîte, se levant à son tour.
"Nous emprunterons le réseau de cheminées pour retourner à Poudlard; il y a un accès direct du manoir à notre salle commune. Mcgonagall a autorisé cela. Je ne peux pas te faire transplaner sans ta magie."
"D'accord, je te suis dans la salle des cheminées," murmure Hermione.
"Hmm, en fait, toutes les cheminées du Manoir ont été scellées, à l'exception de... hum... celle de ma chambre." Le malaise est clairement présent dans sa voix.
Lorsqu'elle réalise qu'elle devra se rendre dans la chambre du Serpentard, le rythme cardiaque d'Hermione s'accélère. "Oh..." c'est tout ce qu'elle parvient à articuler.
Elle suit Drago à travers de longs couloirs pour rejoindre une nouvelle aile du Manoir. En tant que fils unique d'une puissante famille de sang-pur, il était évident qu'il possédait ses quartiers privés.
Drago s'arrête devant une immense double porte en bois, semblant aussi mal à l'aise que la Gryffondor. Finalement, il ouvre le côté droit de la porte, la maintenant de manière à ce qu'Hermione puisse y pénétrer en première.
En franchissant le seuil, elle ne peut s'empêcher de scruter la pièce. Il serait difficile de nier que l'exploration de ce qui fut autrefois le sanctuaire du Serpentard la fascine grandement.
Les nuances de vert et d'argent dominent, rappelant l'identité serpentarde de Drago. Au centre de la pièce se trouve un gigantesque lit à baldaquin, -beaucoup trop grand pour une seule personne d'après Hermione - drapé de soie argentée, encadré par des colonnes finement ouvragées.
Hermione se demande alors combien de fille on eue le privilège de dormir dans ce lit.
Une magnifique bibliothèque occupe un pan entier de la chambre . Les étagères en bois noble s'étendent du sol au plafond, abritant une collection impressionnante de livres.
Deux petits fauteuils confortables et une table basse en bois complètent l'espace à côté de la cheminée, invitant à la lecture.
Des trophées de Quidditch, et des souvenirs d'événements prestigieux ornent discrètement les étagères et les murs.
La chambre de Drago Malfoy était un modèle de sophistication et d'ordre, digne des pages d'un magazine de décoration. Chaque élément est méticuleusement disposé, créant une harmonie visuelle impressionnante.
Les étagères de la bibliothèque présentent une collection de livres parfaitement alignés, les reliures vertes et argentées étincelant uniformément. Aucun volume ne dépasse, chaque ouvrage semble avoir sa place désignée, contribuant à une esthétique ordonnée.
Le lit à baldaquin est impeccablement fait, les draps de soie argentée tirés avec une précision presque magique. Les coussins brodés, alignés avec une symétrie parfaite.
Le bureau en bois massif est dépourvu de tout désordre, chaque plume, parchemin et encrier soigneusement disposés. Même la chouette sculptée sur le bureau semble surveiller avec une dignité impeccable.
Aucun objet n'est laissé au hasard dans cette chambre, chaque élément contribue à créer une atmosphère d'ordre et de raffinement, reflétant le souci du détail caractéristique du jeune sorcier.
La chambre constituait le reflet même de Drago Malfoy. Toujours soigné. Trop soigné en comparaison au reste de la maison. Et c'est la, sa frappe Hermione de plein fouet. Drago utilise toujours cette pièce. C'est le seul endroit de tout le Manoir encore utilisé. Elle se sent désoler pour lui. Pour ce garçon seul dans cette immense demeure.
Sur une étagère discrète, une photo captivante attire l'attention d'Hermione. Presque inconsciemment, les mains de la jeune sorcière se saisissent de la précieuse photo. Se laissant toiser avec douceur par le regard de Narcissa Malfoy.
"Beaucoup prétendent que tu ressembles à ton père, mais je trouve ta ressemblance avec ta mère plus frappante... vous avez les mêmes yeux...captivants,"le dernier mot est à peine murmurer. Elle-même ne comprend pas pourquoi elle a prononcé ces mots, ni pourquoi elle a ressenti le besoin de toucher cette photo.
Les yeux azurs de Draco fixent Hermione alors qu'elle replace promptement le portrait à son emplacement initial, submergée par un élan de regret.
"Excuse-moi, je n'aurais pas dû."
Elle se détourne, anticipant une réaction irritée de la part du blond, mais contre toute attente, Draco s'empare à son tour de la photo, plongeant son regard dans celui de sa mère avant de rompre le silence.
"Je ne l'ai pas revue depuis la fin de la guerre... je l'ai longtemps chercher mais sans succès. Blaise pense qu'elle est probablement... morte."
"Je suis désolée..."
"Pourquoi diable t'excuses-tu, Granger? Ce n'est pas comme si tu l'avais fait disparaître."
Un pincement au cœur étreint Hermione, une culpabilité indéfinissable. Pour elle, c'était tout comme. La voix chargée d'émotion, elle articule.
"Ma mère aussi me manque... alors je sais ce que tu peux ressentir"
" Tu ne sais rien du tout ! A moins que ta mère n'ai disparu du jour au lendemain sans aucun raison, ne prétend pas savoir ce que je ressent!"
Drago dépose avec une frustration palpable la photo sur l'étagère, contrarié par les paroles de la Gryffondor. Tournant les talons, il se dirige vers la cheminée, s'empare de la poudre de cheminette, manifestement agacé d'attendre qu'Hermione le rejoigne.
"Tu as raison, je ne le sais probablement pas..." Hermione finit par lâcher lorsqu'ils apparaissent dans leur salon.
"C'est bon, Granger, laisse tomber."
"Qu'est-ce que tu crois toi ?"
"De quoi tu parles?"
"Il y a un instant, tu as dit que Blaise pensait qu'elle était morte, mais toi, qu'est-ce que tu crois?"
Il était évident que Drago ne s'attendait pas à cette question. Pris au dépourvu, il hésite entre envoyer Hermione promener ou lui confier ses sentiments.
"Je ne sais pas..." C'est tout ce qu'il peut répondre, car la vérité est qu'il n'en a plus la moindre idée.
"Je continuerai de la chercher jusqu'à ce que je la retrouve... Je veux dire, si j'étais à ta place, c'est ce que je ferais."
Hermione fini par se détourner, impatiente de retrouver enfin la solitude de sa chambre.
"Granger?"
Elle se retourne pour voir le Serpentard l'observer avec une curiosité évidente. "Tu as dit que ta mère te manquait..." Hermione espère qu'il ne finira pas cette phrase. Elle n'a aucune envie d'expliquer pourquoi sa mère lui manque. "Tes parents, ils vivent toujours ici? J'ai entendu dire que beaucoup de parents d'enfants nés Moldus avaient quitté le pays pendant la guerre."
Hermione ressent comme une pierre qui tombe dans son estomac. Elle doute de pouvoir lui raconter sans fondre en larme.
"Non, ils ne sont plus ici," se contente-t-elle de répondre.
"Où sont-ils?"
" Quelques part où je ne peux pas les chercher "
