Bonsoir ! Je poste un peu tard désolé, mais voici la suite ! Pas de passage sensible aujourd'hui ! J'espère que vous apprécierez la suite !

Beth finit par s'endormir sur l'épaule de Daryl, épuisée d'avoir trop pleuré. Il ne sait pas si la jeune fille s'en est rendu compte, mais elle n'a pas arrêté de lui demander pardon pour s'être enfuie. Il trouve ça ridicule, elle a fait ce qu'il lui a demandé, et surtout ça le met en colère. C'est de sa faute à lui si elle a été enlevée, il a échoué à la protéger. Mais ce n'est pas le moment de ruminer. Ils avaient prévu, après avoir retrouvé Beth, de rentrer directement retrouver le reste du groupe. Mais visiblement ils vont devoir rester à Atlanta, le temps qu'elle récupère un peu. Il y a donc des choses à faire, et Daryl a toujours été un homme d'action.

Il commence par faire un tour rapide des bureaux et de la salle d'attente, qui sont devenus leur lieu de repli. Tout est lumineux ici, presque propre comparé au reste du monde. Les murs sont peint en blanc, le sol est recouvert d'une moquette bleu qui étouffe le bruit des pas. Il prend presque plaisir à briser le silence ambiant, en foulant les feuilles de papier éparpillé par terre. Il n'y a plus de mordeurs, ils les ont éliminés lors de leur première visite, mais il en profite pour s'assurer de sécuriser au mieux les lieux. Enfin il retourne auprès de Beth, qu'il a étendu sur un canapé en tissu qui semble confortable. Elle dort toujours, alors il la recouvre avec sa veste en cuir, du mieux qu'il peut.

Ils occupent un étage élevé du building, trop élevé pour être vu du sol, mais Daryl fait quand même attention tandis qu'il se rapproche de Carole. Elle se tient non loin d'une vitre donnant un bon angle sur la rue et le parking d'où ils viennent. Il a toujours trouvé le visage de son ami plutôt doux, encadré par ses courts cheveux gris qui partent dans tous les sens. C'est une belle femme qui n'a pas eu une vie peu comme la propre mère de Daryl. Simplement l'une s'est battue pour survivre la ou l'autre a abandonné. Carole est devenue plus dure, ça se voit dans son regard, mais dans un monde comme le leur ce n'est pas plus mal. Elle est capable de beaucoup pour survivre, et elle est capable d'encore plus pour protéger les gens qu'elle aime.

-"Beth dort, sûrement pour un moment. Y a des apparts en face. J'vais aller y faire un tour, voir si j'peux trouver des fringues et d'la bouffe."

Carole le regarde un instant dans les yeux. Elle ne dit rien mais en même temps elle dit tout. Ça met Daryl mal à l'aise. Il a l'impression d'être bête et de passer à côté d'un truc essentiel. Il n'attend pas l'accord de son amie, de toute façon si c'était une idée de merde, elle lui aurait dit. Il s'échappe de la tour. Esquiver les rôdeurs n'est pas si difficile que ça mais il fait attention. A ne pas se faire repérer par les pseudo flic du Grady, même si pour le moment ils n'en ont pas vu tourner dans le secteur, mais aussi à ne pas laisser d'indice sur leurs présence. Si Daryl laisse un chapelet de cadavres, ou s'il allume un feu pour détourner l'attention des morts, et que les flics passent par là, ils sauront qu'ils sont là. Il n'est pas le plus intelligent, c'est certain, mais il a toujours été doué pour se faire discret. Ça date de l'époque ou éviter son père voulait dire éviter une correction.

L'immeuble qu'il vise est le genre de vieille bâtisse qu'on voit dans les films, en brique marron, avec beaucoup de fioriture et des fenêtres à guillotine blanche. Haut de six étages, il est coincé entre deux grandes tours modernes. Pour y entrer, Daryl passe par les escaliers de secours extérieur. Le métal fait un peu de bruit quand il saute pour attraper l'échelle, mais il monte suffisamment rapidement pour ne pas avoir à se soucier des mordeurs. A chaque étage, il tape contre la vitre et attend de voir si l'appartement est occupé. Il tue alors rapidement les morts avant d'entrer explorer. La plupart des logements sont verrouillés de l'intérieur, il a bien fait de passer par l'escalier, plutôt que le hall principal. Forcer les portes d'entrée aurait rameuté tous les mordeurs du coin.

Il visite ainsi six appartements. Il trouve deux sacs, un pour Beth et un pour Noah. Il remplit celui du garçon plutôt rapidement, quelques vêtements, des bouteilles d'eau et de la nourriture. Pour Beth, c'est un peu plus compliqué, sans qu'il comprenne bien pourquoi. L'eau et la nourriture ne posent pas de soucis. C'est le reste. Il finit par trouver son bonheur dans le dernier appartement. Il le sait tout de suite en voyant les trois morts à l'intérieur.

Une femme, un homme, et une adolescente de la stature que Beth. Probablement une famille. Ils sont tous les trois décharnés, la peau grise, les cheveux presque tous tombés. Daryl éprouve un peu de pitié pour eux. Ça lui arrive souvent depuis que Beth lui a fait la leçon, en lui disant que tuer les morts n'est pas censé être amusant. Depuis, il fait plus attention. Si son frère Merle était là, il se foutrait de sa gueule, le traiterait de tapette sentimentale. C'est un peu effrayant pour lui de constater qu'avec le temps, l'opinion de son propre frère est devenue moins importante que celle d'une gamine. Merle était un poison, il le sait, mais il a toujours essayé de protéger Daryl. Beth n'est rien, Ils n'avaient que peu d'interactions avant de fuir tous les deux, et ils n'ont vécu ensemble que quelques jours, pourtant… Elle, il l'a cherché, jusqu'à presque en crever.

Il avait raison, cet appartement est le bon. Il y trouve des chaussures, un genre de bottines en cuir. Il espère que la pointure sera la bonne. La chambre de la fille est exactement ce qu'il faut. Rose, claire, poudré, remplis de rideau et de guirlande, de photos. Plus il met de choses dans le sac, plus il se sent ridicule, mais il ne peut pas s'en empêcher. Il ramasse la brosse à cheveux et les élastiques sur la coiffeuse. Dans la commode, il emporte des sous-vêtements qu'il ne prend même pas la peine de regarder. Il ne veut pas laisser le temps a son esprit d'imaginer Beth dedans. Il termine par l'armoire. D'un côté, il est consterné de trouver autant de vêtements pour une seule personne, d'un autre, ça lui est bien utile. Il prend des pantalons, quelques pulls et des débardeurs, les plus simples. Il fourre le tout dans le deuxième sac à dos. Il est sur le point de sortir quand il fait demi tour, se dirigrant vers un petit bureau en bois blanc. Trouver un cahier vierge et des stylos n'est pas dur. Il rajoute ça dans le sac de Beth. Enfin il sort.

Il est temps de rentrer. Il attire les mordeurs groupés en bas de l'escalier de secours, en jetant un peu plus loin une petite plante décorative qui passait par la. Il traverse la rue, et s'arrête, il a aperçu quelque chose. Posant les deux sac à dos dans un coin près de l'entrée du parking, il se dirige vers deux tickets de sortie. Il y a une descente menant vers un étage souterrain. Y aller ressemble à la pire idée possible, mais il y a des voitures, qui ont l'air de ne même pas avoir été fouillées. Après vérification, elles ont de l'essence, suffisamment en tout cas pour leur permettre de quitter la ville. Sur l'une, les clés sont encore dessus. Ce n'est pas un problème, il sait démarrer une au fils depuis des années. Il est satisfait, la chance leur sourit.

Dans les bureaux, rien n'a changé depuis son départ. Il adresse un regard à Carole, et cela lui suffit pour savoir qu'il n'y a pas eu de mouvement. Noah s'est installé dans un coin, non loin du canapé ou Beth dort toujours. Il n'aime pas voir le garçon si proche. Bien sûr il n'a pas confiance, il ne le connaît pas, et pour autant que Daryl sache, il pourrait décider de retourner au Grady et conduire les policiers jusqu'à eux. Mais il y a autre chose aussi, une chose qu'il n'arrive pas à définir. Merle l'aurait détesté de principe, à cause de la couleur de sa peau. Daryl est passé au dessus de ça depuis la fin du monde. En vérité, il n'aime pas le regard que Noah pose sur la jeune fille, ça fait brûler une flamme dans sa poitrine, et lui donne envie de mettre son poing dans la figure du garçon. A la place, il lui balance le sac qu'il a préparé pour lui.

-"D'la bouffe, de l'eau, des fringues. Mange pas tout d'un coup, j'retournerais pas faire tes courses. Et la r'garde pas comme ça."

Le garçon l'observe quelques minutes avant de le remercier froidement. Depuis le début, leurs rapports sont compliqués, et tout, depuis ses yeux méfiants à son corps tendu, indique qu'il est sur ses gardes. Il a un comportement étrange, mais Daryl le reconnaît pour ce qu'il est. C'est celui de quelqu'un qui n'a plus l'habitude de recevoir sans devoir payer en échange. Il était pareil. Il n'a pas le temps de se pencher la dessus.

Il se dirige ensuite vers Beth. Elle dort encore à point fermé, ses boucles blondes s'étalant sur l'oreiller. Du bout des doigts il caresse la coupure sur sa pommette gauche, puis celle au-dessus de son sourcil droit. Il s'en veut de ne pas avoir été là pour la protéger, mais il est aussi fier, car il sait qu'elle s'est battue, qu'elle a lutté, ce qui veut dire qu'elle avait encore de l'espoir. Il sort la couverture qu'il a récupéré pour elle, et lui pose dessus en plus de sa veste. Il hésite un instant avant de passer sa main dans les cheveux blond pour toucher la bosse à l'arrière du crâne de la jeune fille. D'après lui, ça n'a pas bougé, ni mieux ni pire. Il ne sait pas si c'est bon signe.

-"Est ce qu'elle ne devrait pas se réveiller? C'est normal qu'elle dorme autant? On devrait pas… Je sais pas trouver un médecin? Ou de l'aide?"

Ce sont les premiers mots de Noah depuis longtemps. Il sont à la fois inquiets et plein de reproches, et franchement Daryl aurait préféré qu'il continue de se taire. Carole se rapproche, délaissant son poste d'observation. C'est elle qui rassure tout le monde de sa voie douce.

-"Elle a une sacrée bosse, c'est vrai, mais je ne pense pas qu'il faille s'en inquiéter tant qu'on arrive à la réveiller ce soir. Si elle dort, c'est qu'elle en a besoin. Son évasion a dû être éprouvante tant physiquement que mentalement. Il faut qu'elle reprenne des forces, on est pas encore tiré d'affaire. Il va falloir partir d'ici sain et sauf."

Noah devient un peu plus pâle à la dernière phrase de Carole.

-"On ne reste pas sur Atlanta?"

-"Non. on doit rejoindre notre groupe. Et Atlanta n'est pas sûr. La ville appartient aux policiers du Grady et elle est infesté de mordeurs."

Carole a un don, il lui suffit cette intonation calme mais ferme pour se faire écouter. Ses yeux bleus pénétrant sont fixés sur le garçon, semblant l'évaluer. Daryl ne peut pas s'empêcher d'intervenir, il trouve son amie trop gentille et il veut mettre Noah en face de la réalité rapidement.

-"Et en ville on peut pas chasser. Ca s'ra difficile de trouver d'la nourriture très longtemps. C'est rempli d'morts, on fait du bruit. Ça les attire."

Noah baisse la tête. Daryl ne sait pas ce qu'il pense et il s'en fiche, tout ce qui importe c'est de garder un œil sur lui, au cas où il décide de les vendre aux flics du Grady pour y récupérer sa place. Il fait signe à Carole et s'éloigne avec elle. Il déplie une carte de la ville trouvée dans l'un des appartements qu'il a visité.

-"Faut pas qu'on traîne longtemps par ici. Ils vont finir par trouver nos traces, et on s'ra fait comme des rats."

Carole acquiesce. Elle jette un coup d'œil sur Noah en soupirant, puis regarde à nouveau la carte.

-"Tu as raison. Je pense qu'ils doivent quadriller la ville par zone. D'après Noah, ils ne sont pas si nombreux que ça."

Daryl marmonne son accord en se frottant la barbe avant de porter son pouce à sa bouche, rongeant l'ongle.

-"J'ai trouvé deux voitures. Elles nous amèneront pas jusqu'au bout mais on peut quitter la ville rapidement. Faut faire un choix."

Il a déjà une idée des choix à faire, mais aucun des deux ne lui plaît. D'un autre côté, il ne veut pas laisser à Carole le poids des décisions qu'ils vont prendre. Il passe la main dans ses cheveux qui commencent à devenir longs, bougeant son corps impatiemment.

-"J'lui fais pas confiance. Au garçon. Il sait pas s'débrouiller avec les rôdeurs. Et j'aime pas comme il regarde Beth. Il l'a abandonné pour s'enfuir."

Carole rit doucement et son visage en est transformé. Daryl a toujours trouvé ça fascinant. Quand son amie sourit, elle s'illumine d'une sorte de lumière intérieure qu'il n'a jamais vu avant dans sa vie. Elle devient belle. Et intimidante. Comme si elle avait la réponse à une question que l'homme ne se souvient même pas avoir posé.

-"Bien sûr que tu n'aimes pas sa façon de regarder Beth."

Elle lui répond avec affection mais il ne comprend toujours pas. Ça l'énerve. Il bouge impatient.

-"Bah quoi? Y' a quoi d'drôle?"

Il monte le ton, il ne peut pas s'en empêcher. Ça a toujours été sa réponse de base. S'énerver. Même si depuis qu'il fait partie du groupe ça va mieux.

-"Tu l'aime bien, Beth."

C'est stupide. Évidemment qu'il a de l'affection pour la gamine, ça fait un bout de temps qu'il la connaît depuis la ferme. Son père, Herschel, était un type bien, Daryl l'appréciait. Sans compter qu'après la prison, c'est avec elle qu'il a fuit, et même si les débuts ont été difficile, ils ont finit par bien s'entendre.

-"Ouais. J'vois pas c'qu'il y a de mal."

-"Non Daryl. Pas comme ça."

Et soudain il comprend ce que sous -entend Carole. Ça l'énerve un peu plus. Son amie ne peut pas penser ça de lui, elle devrait savoir qu'il n'est pas un vieux dégueulasse lorgnant une petite minette.

-"N'importe quoi! C'est une gamine! Chui bien trop vieux. Et l'amour c'est d'la merde, juste une putain d'excuse."

Il crache le mot presque comme une insulte, détournant le regard. Il n'est pas le genre d'homme a avoir une petite femme, une maison a barrière blanche, un petit boulot tranquille. Les femmes qu'il a fréquenté ce n'était que l'histoire d'une soirée, d'un moment agréable, mais souvent glauque, passé dans une ruelle sombre ou dans les toilettes d'un bar. L'amour, c'est un sentiment trompeur. Sa mère a aimé son père, et ça l'a tué. Carole a aimé son connard de mari, et elle l'a laissé la battre. L'amour ça fait souffrir, et il estime en avoir suffisamment bavé dans sa vie.

-"T'façon c'est pas d'ça qu'on doit parler."

-"Ok Daryl, comme tu veux. Mais tu sais, tu as le droit d'aimer et d'être aimé. Tu es une homme bien. Juste au cas où tu en douterais."

Il ne rétorque rien, il n'a plus envie d'en parler. Ce sont des sujets qu'il n'aime pas aborder. Mais les paroles de Carole se posent quand même sur son cœur. Ça le réchauffe, alors il tend la main et sert celle de son amie. Ils se comprennent.

-"Bon, dit moi à quoi tu as pensé?"

-"Ok voilà. J'ai pensé à deux plans. L'premier, on monte tous les quatre dans une bagnole, on trace aussi loin qu'on peut, et on prie pour qu'les flics nous r'père pas. Quand la voiture tombe en rade, on continue à pied. Y'a des endroits où on peut s'arrêter se r'poser."

Daryl fait une pose et montre divers endroits sur la carte. Il jette ensuite un coup d'œil vers Noah puis vers la forme endormie de Beth, avant de reprendre.

-"L'problème, c'est qu'si on s'fait chopper, on est tous mort. Le plan numéro deux, on s'sépare. Et rien qu'ça, ça coince."

Carole le regarde toujours attentivement. Elle devine le nœud du problème. C'est une des choses qu'il aime chez elle, elle est intelligente, intuitive.

-"Tu n'as pas confiance en Noah. Tu ne veux pas abandonner Beth, mais tu ne veux pas que je reste seule avec lui."

Les yeux de Daryl se fixent sur sa compagne. Voilà la problématique. Il sait que Carole est forte, capable de faire ce qui doit être fait. Il a compris ce qu'il s'est passé avec les gamines, après la chute de la prison. Elle a dû faire le nécessaire pour se protéger, et pour protéger sa famille. Elle a plus de couilles que Tyreese, qui passe la plupart de son temps a chialer d'être obligé de faire des choses moches. Mais il ne veut quand même pas la laisser avec un potentiel traître. Ou un type qui s'enfuira au premier problème, quitte a sacrifier la femme qui l'accompagne.

-"Tu sais Daryl, je suis capable de gérer Noah."

-"Je s'rais pas tranquille de t'laisser seule avec lui. Si un truc foire, j'le saurais pas. J'pourrais pas venir t'aider."

Encore une fois Carole rie doucement. Se rapprochant de lui, son épaule tape contre la sienne, dans un geste plein d'habitude. Ses yeux pétillent de malice et d'affection.

-"Ok poussin, alors voilà comment on va faire. On va se séparer. On prend chacun une voiture, un itinéraire différent. On se fixe plusieurs points de rendez-vous, dont le premier a l'extérieur d'Atlanta. On se laisse des signes pour se dire qu'on va bien, mais on se rejoint jamais vraiment. Comme ça, si l'un des deux groupes ne se présente pas au rendez-vous, on sait ou il a eu des ennuis, et on peut intervenir plus rapidement. Qu'est ce que tu en penses."

-"T'es sur qu'tu veux qu'on fasse ca?"

Le ton de Daryl est sceptique. C'est un bon plan, mais il n'aime toujours pas l'idée.

-"C'est un bon plan. Je vais partir avec Noah. C'est le plus sensé aussi."

Elle plante ses yeux dans ceux de Daryl, les soutenant pour prouver sa détermination.

-"Écoute. Beth est épuisée. Visiblement elle n'a pas mangé à sa faim, et on a un long chemin à faire. Si elle s'écroule, je ne pourrais pas m'en occuper. Alors que je peux gérer Noah."

Daryl rend les armes, ses épaules s'abaissent. Il sait que Carole a raison. Ils passent à la suite de l'élaboration de leurs plan de fuite. Ensemble ils déterminent deux itinéraires, puis des itinéraires B, en cas d'imprévu. Ils se mettent d'accord sur leurs points de rencontre, et sur combien de temps ils doivent s'attendre. Quand ils terminent, le soleil est déjà bas dans le ciel. Il est temps pour eux de réveiller Beth, et de manger, avant de se reposer, tant que le jour les éclaire encore un peu.

Le réveil est visiblement difficile pour la jeune fille. C'est Carole qui s'en occupe pendant que Daryl réunit de quoi manger et boire. Noah s'approche, méfiant, il pose sur l'homme un regard sombre. Visiblement, avoir été tenu éloigné de leur délibération ne lui a pas plut. Au fond il s'en fiche. Les seules personnes ici dont il se soucis vraiment sont Carole et Beth.

Le soleil rasant éclaire les cheveux blond de la jeune fille quand elle se lève, aidée de Carole. Les deux femmes se dirigent vers les toilettes, sous l'impulsion de la plus âgée, qui prend au passage le sac à dos que Daryl a préparé pour la plus jeune. A travers la porte, il entend le bruit d'une conversation basse, des rires et des exclamations. Ça lui réchauffe le cœur d'une façon qu'il n'a plus l'habitude. En attendant, il fait le tour de la pièce, observant par les fenêtres, tout en gardant un œil sur le garçon. Il n'aime pas la façon dont il observe la porte des toilettes, comme s'il voulait y rentrer.

Les filles ressortent peu après, visiblement débarbouillées, et souriante. Beth a troqué son uniforme contre des vêtements que Daryl lui a ramenés. Elle ressemble un peu plus à la Beth d'avant, avec son jean bleu, son tee-shirt clair et ses cheveux relevés en queue de cheval. Il ne la quitte pas des yeux, tandis qu'elle s'avance vers lui en souriant, avant de l'enlacer. Automatiquement, les bras de l'homme s'enroulent autour du corps mince. Il n'a pas l'habitude des effusions tactiles, il échange parfois une accolade virile avec Rick ou Glenn, ou un câlin rapide avec Carole. Mais avec la jeune fille c'est différent, il ressent des choses différentes. Comme ce jour dans la cabane où ils ont bu de la gnôle. Déjà à ce moment, il a apprécié de la sentir contre lui. Il retrouve les mêmes sensations aujourd'hui, la chaleur et la douceur de sa peau, l'odeur délicate qui flotte autour d'elle. L'étreinte dur un peu, il perçoit le regard de Noah et Carole posé sur eux, l'un remplit de dégoût et l'autre attendrit. Il comprend le garçon, lui aussi se trouve dégoûtant d'apprécier autant d'avoir Beth dans ses bras. Il finit par l'écarter, posant les mains sur ses épaules.

-"Merci d'être venu me sauver Daryl."

Elle dépose un délicat baiser sur sa joue en disant ces mots, et c'en est trop pour l'homme. Il s'écarte définitivement en grommelant, ce qui fait rire la jeune fille. Puis elle remarque Noah et s'avance vers lui pour l'enlacer à son tour. Daryl sent une bile âcre remonter de son estomac, alors il se détourne, rencontrant les yeux de Carole qui sont posés sur lui.

-"Noah! Je suis heureuse aussi de voir que tu t'en est sortie!"

-"Beth! Je suis content de te revoir, d'autant plus en dehors de l'hôpital!"

L'accolade ne dure que quelques secondes, pourtant elle suffit à Daryl pour savoir qu'il déteste voir Beth dans les bras du garçon. Pourtant, il n'a pas l'impression qu'il soit intéressé. Il a l'habitude de lire les gens, il en a rencontré de toutes sortes dans sa vie, il sait deviner quel genre de personne il a en face de lui. Il a du mal à suivre ses propres réactions. Carole se rapproche d'eux, avec son doux sourire, posant une main sur l'épaule de Noah.

-"Oui il s'en est sorti. En nous suivant et en nous volant nos armes, avant de lâcher des mordeurs sur nous."

C'est dit sur un ton plutôt taquin, mais c'est dit quand même. C'est la spécialité de Carole, énoncer les faits tout en conservant une note d'humour. Une façon de dire au garçon qu'elle ne lui en tient pas rigueur pour le moment, mais qu'elle n'oublie pas. Noah a le bon sens de paraître gêné, alors que Beth a le dévisage choqué.

-"Vraiment Noah?! Mais pourquoi?"

-"Je voulais revenir te chercher, mais j'avais besoin d'armes. Je ne savais pas quoi faire d'autre."

Beth l'observe encore un peu, tandis qu'il passe la main dans ses courts cheveux crépus en détournant les yeux. Daryl sait qu'elle n'est pas bête, avec la petite remarque de Carole, elle est prévenue qu'ils se méfient encore de lui. Puis il pense à quelque chose qu'il doit vraiment annoncer à la jeune fille.

-"Hé gamine! Pendant qu'tu t'offrais une pause, on a r'trouvé l'reste du groupe. Maggie et Glenn vont bien."

-"Vraiment!? Vous avez retrouvé tout le monde?"

Daryl sourit de la voir si heureuse, pendant que Carole commence à lui parler des nouvelles personnes qu'ils ont rencontrées. Pendant la conversation chacun a commencé à manger et à boire. Puis sans vraiment en avoir l'air, Carole interroge Noah sur sa propre histoire. Il se livre sans même sans rendre compte, dévoilant la mort de son père, assassiné par les policiers, l'existence de la ville fortifiée où se cache sa famille. Il est plus animé, plus détendu, quand il parle de ses proches.

-"Et maintenant c'est quoi le programme."

Beth pose la question d'une voie claire et presque joyeuse. Il n'échappe pas à Daryl qu'elle n'a pas parlé de sa propre expérience. Il sait qu'il ne peut pas la presser, qu'elle a sûrement vécu des choses dures, il suffit de regarder les plaies de son visage qui deviendront des cicatrices. Pourtant ça l'agace, il voudrait la secouer comme un prunier avant de sortir pour aller faire la peau a ceux qui lui ont fait du mal. C'est une chose qu'il ne peut pas faire, qu'il ne pourra jamais faire, au risque de les mettre tous en danger. C'est difficile pour lui de se contenir.

-"Maintenant, on s'casse d'ici. On part demain. Avec Carole, on a tout prévu cet après- midi. Et en attendant vous dormez."

Carole acquiesce avec un sourire rassurant.

-"Nous partirons demain matin tôt. Noah et Beth, il vaut mieux que vous dormiez toute la nuit, avec Daryl on va se séparer les tours de garde."

Le garçon a l'air de vouloir protester mais il finit par se raviser. Beth regagne son lit de fortune, et Noah s'installe non loin d'elle. Il se recroqueville dans un canapé, pliant son corps dans une position qui ne doit pas être confortable. Pendant un moment, il ne quitte pas Beth des yeux. Avant qu'elle ne s'endorme, Daryl s'approche. Il garde ses mains pour lui, même si ça le démange de les poser sur elle, pour tâter sa bosse, et sentir encore une fois la douceur de ses boucles blondes.

-"Comment tu t'sent Beth? T'as mal à la tête?"

Elle avait l'air bien ce soir, mais il sait qu'elle est douée pour cacher les choses quand ça ne va pas.

-"Ça va Daryl merci. J'avais les oreilles qui sifflaient ce matin, et c'était passé quand je me suis réveillé. Je n'ai pas mal, hormis quand je touche la bosse. Je pense que c'est bon signe."

En parlant, elle ne peut s'empêcher de toucher son crâne et de grimacer. L'homme lui saisit la main et l'éloigne vivement, une réprimande dans le regard. Beth sourit doucement, le regardant avec ses grands yeux bleu sérieux. L'instant dure. Ils ont été seuls pendant un moment tellement long, qu'ils se comprennent sans avoir besoin de parler, mais la, maintenant, il n'est pas sûr de bien suivre. Alors il s'éloigne, hochant la tête et soufflant un bonne nuit. Il prend position sur un bureau devant les baies vitrées, avec vue sur le parking et l'entrée de l'immeuble. Une position qui lui permet aussi de garder un œil sur le groupe.

Daryl prend le premier tour de garde alors Carole se concocte aussi un lit confortable. Elle se couche sur le dos, un bras replié sur ses yeux, et l'autre reposant sur son ventre, son couteau en main. Il hoche la tête. Pas de doute, la femme pourra gérer Noah. Et si malgré tout le garçon lui fait du mal, il aura sa peau.

La garde de Daryl commence pendant les premières heures de la nuit. C'est un moment paisible, hors du temps. Il pourrait presque se croire revenu au temps d'avant, quand il passait la nuit à regarder les étoiles, et à écouter les bruits de la forêt en vidant une bouteille, pendant que Merle se mettait dans les ennuis.

Mais ce n'est pas l'ancien temps. Merle est mort, et Daryl n'aurait jamais mis les pieds à Atlanta de son plein gré, encore moins dans un endroit comme celui qu'ils occupent. Finalement ce n'est pas plus mal. Le temps actuel lui convient. Il est utile, il a une famille sur qui compter et qui peuvent compter sur lui. Et il a retrouvé Beth.