Chapitre 9 : Soulmates
Spock éprouvait des difficultés à agir normalement. Il lui était difficile de ne pas penser à Jim et de ne pas être affecté par la situation. Il était partagé entre ce qu'il ressentait et son devoir. La logique voudrait que ce soit naturel, qu'il soit perturbé par ce que traversait son T'hy'la. Il s'agissait pourtant de son capitaine, et donc il était également logique qu'il tienne son poste en faisant preuve d'impartialité.
Le Lieutenant Flemmings continuait son enquête et avait cessé de le tenir informé de son avancée. L'affaire était résolue, la culpabilité des détenus ne faisait aucun doute. C'était la première fois que l'Enterprise accueillait de nouveaux détenus depuis leur départ. Spock devait organiser leur débarquement.
Dès que le rapport serait terminé, il l'enverrait à Starfleet avec la permission de débarquer les prisonniers sur Filandria. Après ça, Starfleet lui enverrait les consignes à suivre. Cet incident risquait de porter préjudice à Jim. Un capitaine victime de mutinerie laisserait penser qu'il est un capitaine qui ne sait pas maintenir son autorité sur son équipage, et dont les compétences de commandement ne seraient pas à la hauteur.
Il s'inquiétait des répercussions que cela pourrait avoir sur la carrière de Jim. Il s'inquiétait aussi des conséquences que cela aurait sur son esprit. Ces derniers temps, Jim avait été plus fragile émotionnellement et psychologiquement. Spock pensait avoir fait le nécessaire pour que la situation s'arrange et ça avait marché. Son analyse était erronée.
Depuis que Jim l'avait rejeté, Spock n'était pas retourné le voir. Afin de préserver l'ego de Jim, il n'était pas allé lui rendre visite tant qu'il était dépendant d'une machine pour vivre. L'attente était difficile. Spock ressentait ce besoin, au plus profond de lui, de revoir Jim. Mais il devait lui laisser du temps. Trois jours étaient passés depuis. Et son besoin de le revoir, de le toucher, d'entendre sa voix se faisait cruellement sentir dans toutes les pores de sa peau.
Spock n'aurait jamais pensé que lutter contre son instinct le plus profond serait si difficile. Que rester raisonné et l'esprit clair serait un combat constant. Sa peau le picotait de façon constante et si irritante alors que ses pensées ne tournaient qu'autour de son capitaine. Il devait y aller. Il se força à reporter son attention sur le pont. Il orienta son regard vers les navigateurs à sa droite :
_La fiabilité de nos scruteurs a-t-elle évolué Lieutenant Minh ?
Cette dernière se retourna pour lui répondre :
_Ils sont toujours brouillés Commander. Ils nous rapportent seulement 28% des données.
Ils étaient toujours en zone à risque, ils ne pouvaient pas se permettre de rester aveugles. Maintenant que les réparations principales avaient été effectuées, il fallait résoudre les problèmes secondaires. Il utilisa son PADD pour envoyer la note au service technique afin de connaître l'origine de ces perturbations, qui semblait dissociée des orages.
A l'instant où il envoya la note, il en reçut une. Le nom de l'expéditeur indiqua à Spock que l'enquête était définitivement close, et le rapport d'enquête était enfin complet. Il l'ouvrit, ressentant l'empressement de comprendre ce qui s'était passé entre les trois acteurs du conflit. Il entendit à la suite les portes du turbolift s'ouvrir.
_Commander.
Spock se leva pour faire face au Lieutenant Flemmings.
_Lieutenant.
_Je vous ai transmis le rapport complet. J'en ai également envoyé une copie au Capitaine. Pour… une question de protocole.
Spock hocha la tête.
_Vous avez bien agi. Merci Lieutenant.
Ce dernier hocha la tête, et Spock remarqua la tristesse sur son visage. Il fit demi-tour et s'arrêta juste devant les portes de la passerelle.
_J'ai fait défaut au Capitaine. J'aurais dû faire plus attention à mes hommes.
Le pont devint silencieux. Le Lieutenant en chef de la sécurité se sentait coupable. Ça n'avait pas lieu d'être.
_Ce n'est pas de votre faute, Lieutenant Flemmings. Le Capitaine le sait. Vous avez fait tout ce qui était de votre ressort. Vous n'êtes pas responsable de leurs actes.
Flemmings se retourna vers lui, hocha la tête dans un geste de gratitude et passa la porte. Spock retourna s'installer sur le fauteuil de commandement et consulta le rapport.
Les éléments contre les deux agresseurs semblaient nombreux. Les enseignes Hedik et Caleb s'étaient visiblement alliées dans le but de mener une vengeance contre le Capitaine. Spock était en train de découvrir tout un aspect de l'histoire qu'il n'avait jamais connu. Le rapport faisait état de plusieurs dizaines de messages envoyés au Capitaine dans le but de le harceler.
Plus il lisait les lignes, plus sa colère montait en lui. Spock ne comprenait pas ce qu'il était en train de lire. Il ne comprenait pas la façon d'agir des enseignes et il ne comprenait pas le manque de réaction de Jim. Il ne comprenait pas pourquoi il n'y avait pas eu de plainte déposée plus tôt, pourquoi aucune enquête n'avait été menée avant, pourquoi Jim ne lui en avait jamais parlé.
Spock lut tous les messages de harcèlement. Sans aucune exception. Il était vigilant à chaque détail des pièces à convictions, des témoignages et parmi ces derniers, le témoignage concernant le Docteur McCoy était conséquent. Et là, ce fût trop. Sans que sa raison n'ait pu le freiner, Spock s'élança vers le turbolift et quitta le pont supérieur sans adresser un seul mot.
Le Docteur McCoy était au courant de l'histoire. Il n'avait pas agi. En agissant, il aurait pu éviter cette attaque. Jim avait été gravement blessé et l'incident aurait pu être évité. Sa rage l'aveuglait complètement alors qu'il se dirigeait rapidement dans les couloirs. Ses pas le guidèrent directement au pont médical.
Il se focalisa sur le Docteur McCoy en arrivant, faisant inconsciemment abstraction de tout le reste.
_Vous saviez et vous avez laissé agir ?
Spock ignora le fait que sa voix montait de plusieurs tons. En face de lui, le médecin se leva et tourna la tête vers Janice et Christine, qui étaient visiblement juste là.
_Laissez-nous seuls.
Le vulcain ne releva pas le regard inquiet que les deux femmes leur lancèrent avant de sortir de la pièce. McCoy reporta son attention sur le vulcain en face de lui. Spock enchaîna sur un ton accusateur :
_Comment avez-vous pu laisser faire sans intervenir !? Jim a failli en mourir ! Vous auriez pu l'en empêcher !
McCoy lui fit face. Spock ressentait la profonde envie de déverser toute sa colère sur lui, au point d'en être physiquement violent.
_Jim maîtrisait la situation ! J'ai cru que le laisser faire comme il le souhaitait était la meilleure solution ! Il est aussi Capitaine, merde ! C'est ses décisions !
_Vous avez eu tort ! Il a failli mourir à cause de votre manque de réactivité ! C'est votre Capitaine et votre ami ! Vous auriez dû agir !
Spock et McCoy s'affrontèrent d'un regard noir. Ils étaient si remontés que leurs corps étaient tendus, prêts à réagir au moindre coup qui partirait.
_Je sais ! Je sais bordel ! Je regrette déjà assez de ne pas avoir fait plus ! Il est mon meilleur ami !
_Vous auriez dû être avec lui, vous auriez dû l'accompagner ! Quel genre d'ami êtes-vous pour le laisser s'exposer à un tel danger !?
Ce fût trop pour le médecin.
_Je vous emmerde !
McCoy balaya d'un geste du bras tout ce qu'il y avait sur le bureau pour relâcher sa colère. Il enchaîna :
_J'ai toujours été là pour Jim ! Et je le serais encore, contrairement à vous ! (Son ton changea, devenant méprisant). Vous… vous ne méritez pas son estime. Vous êtes gonflé de venir m'engueuler ici alors que vous le laissez tomber !
Spock n'aima pas le ton qu'avait pris le Docteur. Ni ses propos. Il serra les poings.
_Que voulez-vous dire ?
_Arrêtez de nous prendre pour des cons ! Assumez vos actes ! Assumez le fait qu'à cause de votre comportement, il ne se soit pas confié à vous ! (Il soupira, cherchant à reprendre son calme). Nous avons cru que vous étiez honnête. Jim… je l'ai poussé vers vous. J'ai cru que vous l'aideriez. J'ai eu tort sur toute la ligne. Je n'aurais jamais cru que vous le poignarderiez dans le dos une nouvelle fois.
La colère de Spock fut atténuée l'espace de quelques secondes, le temps d'assimiler les paroles du Docteur, qui ne faisaient pas écho à ses pensées. A la place régnait une certaine confusion.
_ « Poignarder dans le dos ? »
McCoy s'énerva, haussant à nouveau la voix :
_Arrêtez avec vos simagrées ! Jim sait tout pour vous ! Pour cette histoire de transfert de poste, de truc vulcain d'âme sœur à la con et j'en passe ! Jim le sait. Et pas par vous.
La température de Spock baissa de plusieurs degrés. Il comprenait ce dont le médecin parlait et il se rendait compte de l'ampleur de la situation. Sa colère fut balayée en un instant, remplacée par une peur différente de toutes celles qu'il avait connue.
_Il faut que je lui parle.
Il se retourna et fut stoppé dans son élan par le bras du Docteur, qui lui lança un regard menaçant :
_Je vous l'interdis. Vous êtes la dernière personne qu'il a envie de voir sur ce vaisseau.
Chaque mot était pesé. Spock se dégagea violemment de la poigne du Lieutenant, l'envoyant valser au sol. La tête de McCoy heurta durement la console.
_Enfoiré de sang-vert ! Laissez-le !
Mais le vulcain avait déjà quitté la pièce, passant devant une demi-douzaine de personnes dont le regard était figé sur lui. L'instant d'après, il était déjà dans les couloirs.
Spock n'avait plus qu'une idée en tête : parler à Jim. Il le devait. Il devait absolument s'expliquer avant que leur relation ne se brise. Il ne supporterait pas de se faire rejeter. Maintenant qu'il venait de prendre conscience qu'il y avait de fortes probabilités que cela se réalise, la peur l'avait envahi. Il ne voulait pas perdre Jim. D'une manière ou d'une autre.
Il sonna longuement à l'intercom des quartiers de Jim. Aucune réponse. Il insista. Rien. Jim voulait probablement s'isoler. Il composa alors son code qui lui permettait d'avoir accès aux quartiers du Capitaine en cas d'urgence. La situation l'exigeait.
Jim était bien présent dans ses quartiers. Assis sur son lit, un genou replié contre sa poitrine, il avait le regard tourné vers les parois transparentes donnant sur l'espace. Il ne lui accorda aucun regard, aucune attention alors que Spock s'avançait vers lui. Il le détailla alors du regard, s'avançant prudemment.
Les traits du capitaine étaient marqués par la fatigue. Son teint était blafard, du rouge cernait ses yeux et il ne s'était pas rasé. Il portait un vieux t-shirt de l'Académie de Starfleet de San Francisco et un short. Spock pouvait voir quelques stigmates encore visibles sur la peau de son cou et sur son visage, et la présence d'un pansement à sa cuisse dépassait de son short.
Il était à quelques mètres de lui et il pouvait sentir une profonde tristesse et une douleur qui n'étaient pas les siennes.
_Jim.
Il s'approcha doucement, sentant le changement d'émotions au fond de lui. Spock se sentait envahi de l'intérieur par une profonde tristesse et un immense sentiment de solitude. Il en était en partie la cause. Il le savait.
_Jim…
Le Capitaine tourna complètement la tête vers la vitre pour ne pas le voir.
_Capitaine, je-
_Partez.
Spock se figea en entendant cette voix qu'il ne reconnaissait pas. La voix de Jim était si brisée qu'elle était presque un murmure, dont le son n'avait rien de fluide. C'était comme si les mots restaient en partie coincés dans sa gorge.
_Allez-vous en !
Le dernier mot était presque un souffle. La hauteur de sa voix était si fluctuante que Spock comprit qu'il n'avait pas assez de souffle pour maintenir une hauteur humainement audible. Son ouïe était assez fine pour qu'il l'entende.
Spock s'avança. Jim fit volte-face, son regard bleu dévoilant sa colère :
_Dehors ! Laissez-moi seul !
La voix de Jim s'enraya alors qu'il avait haussé le ton et son réflexe fut de porter une main à la gorge. Spock gardait les yeux fixés sur l'intensité bleutée de son regard. Un écho à de terribles souvenirs quand ils avaient rencontré la route de Khan. Ça lui fit mal.
_Je ne peux pas.
Sa réponse le surprit autant que Jim, ce qui calma ce dernier. Spock décida d'enchaîner.
_J'ai commis des erreurs, Jim. Je n'ai pas été là pour vous.
Jim détourna la tête, fuyant le regard de Spock. Ce dernier ressentit alors un profond besoin de le toucher. C'était vital. Il en avait besoin. Sans en avoir réellement conscience, il vint s'assoir au bord du lit.
_Je vous demande pardon.
Il vint poser sa main sur la cuisse de Jim, juste sous son pansement. Sa peau était chaude. Spock éprouvait l'envie de la caresser, de le toucher encore plus. Il se força à garder sa main immobile, alors qu'il ressentait nettement les émotions de Jim. Douleur, colère, peur. C'était difficilement gérable. Il garda sa main au contact de sa peau malgré le fait que les émotions de Jim rendaient ses barrières empathiques totalement inexistantes. Il pouvait encaisser sans se laisser influencer.
_Je suis là, maintenant. Je ne partirai pas.
Jim essuya une larme qui coula sur sa joue. Il avait toujours le regard orienté vers l'espace. L'instinct le plus profond de Spock le poussait à réagir. Sa raison l'en empêcha. Il regarda Jim essuyer chaque larme qui coulait en silence sur sa joue. La vue de l'irritation de sa peau face aux frottements répétitifs le fit réagir.
Il stoppa d'une main son geste et de l'autre il alla chercher l'arrière de sa tête, agissant de manière à ne pas le blesser.
_Spock…
La voix brisée de Jim inhiba tout son raisonnement logique : il l'attira contre lui, le serrant dans ses bras alors que le contrôle que Jim semblait exercer sur lui-même explosa. Jim pleura contre son épaule, s'accrochant de toutes ses forces à l'uniforme du vulcain.
Jim extériorisa tout ce qu'il avait sur le cœur. Spock sentait les larmes mouiller son uniforme et, malgré la sensation désagréable, il raffermit sa prise autour de Jim. Maintenant qu'il le tenait contre lui, il ne voulait pas le lâcher. Il ne pouvait pas. Comment est-ce qu'il avait pu choisir d'ignorer ce lien qui s'était établi entre eux ? Maintenant qu'il le touchait, qu'il sentait toutes ses émotions, ça lui était impossible de s'en défaire.
Il tenait Jim dans ses bras. Il était envahi par son odeur, sa chaleur, ses émotions. Son contact venait combler un vide que Spock n'avait jusqu'ici jamais soupçonné avoir. Il se sentait à sa place. Il se sentait complet. Son katra était lié à celui de Jim. Il ne pouvait plus lutter contre. Il n'en avait plus la force, ni l'envie. L'attraction était trop forte, maintenant plus que jamais. Son T'hy'la avait besoin de lui et il devait répondre présent.
Sa main glissa dans les cheveux blonds et il s'y accrocha d'une poigne ferme. Il baissa la tête vers celle de Jim, tempe contre tempe. Se sentir si proche de lui de cette façon combla Spock. Il sentait l'apaisement l'envahir peu à peu, et de son côté, Jim se calmait dans ses bras. Il reprenait calmement sa respiration, détendait ses muscles et sa prise, se collait encore plus à lui.
Spock laissa sa main caresser ses mèches, appréciant cette sensation douce et agréable entre ses doigts. Le souffle chaud de Jim se faisait sentir à travers les couches de tissus, ralentissant progressivement, reprenant un rythme régulier. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait pensé à vivre ce genre de moment, où il avait réprimé ce genre d'envies. Il se sentait bien.
Ils restèrent un moment comme ça, à se tenir l'un contre l'autre. Jim ne bougea que pour frotter ses yeux et essuyer une dernière fois son visage. Aucun d'eux ne voulait briser ce silence. Jim se sentait mieux. Spock pouvait le sentir et en y pensant, il fut surpris de pouvoir ressentir autant d'émotions qui n'étaient pas les siennes. Il ne pensait pas que le lien lui aurait permis ça. Il avait envie de comprendre comment ça fonctionnait. Il voulait plus.
Il glissa sa main vers celle de Jim et hésita à la toucher. Nyota n'avait jamais apprécié quand il établissait un contact de cette nature avec elle. Ça s'était senti à l'instant où ils l'avaient fait pour la première fois et après ça, Spock n'avait plus recommencé. Mais avec Jim, ça avait été différent. Ça avait été facile à établir, la connexion avait été forte et le sentiment de bien-être que ça lui avait laissé l'avait en quelque sorte comblé.
Il avait envie d'éprouver à nouveau cette sensation. Il voulait partager à nouveau cette intimité avec quelqu'un, il voulait pouvoir exprimer cette partie de lui qu'il avait brimée pour le bien-être de Nyota. Il voulait partager ce moment avec Jim. Plus cette idée faisait son chemin, plus il en ressentait l'envie. Mais si Jim avait une mauvaise réaction… il n'arriverait pas à l'accepter.
Spock ramena sa main vers lui. Il ne voulait pas prendre ce risque. Jim l'avait déjà rejeté plusieurs fois et il ne supporterait pas de se faire rejeter pour une demande si intime. Il préférait préserver ce qu'il avait déjà : Jim dans ses bras, contre lui. Il n'y avait qu'eux.
Il sentit Jim bouger contre lui. Le blond leva sa main et, hésitant à son tour, il vint chercher la sienne. La prise de Jim était délicate. Il se mit à caresser du bout des doigts sa main. Spock ferma les yeux un instant, appréciant la tendresse que Jim transmettait. Il venait vers lui. Jim lui offrait l'occasion d'essayer.
Il bougea sa main, tendant son index et son majeur vers ceux de Jim. Ce dernier comprit ce qu'il voulait faire. Il mima son geste et, après une seconde de flottement, la pulpe de leurs doigts se toucha pour réaliser un baiser vulcain. Ce contact, similaire à la fusion mentale, permettait aux vulcains de réaliser un échange empathique très intime.
Cet échange n'avait rien de comparable à tout ce que Spock avait vécu ou imaginé. Il était envahi par une vague d'affection, de besoin, de désir comme jamais il n'en avait ressenti auparavant. Il en voulait plus. Il était grisé par ces sensations qu'il ressentait et ça éveillait son instinct primaire de vulcain : l'élan de possessivité prenait le pas sur tout le reste.
_Spock…
La voix enraillée de Jim le ramena à l'instant présent. Leurs fronts s'étaient retrouvés l'un contre l'autre, leurs nez se touchaient, leurs lèvres n'étaient qu'à quelques millimètres. Le souffle de Jim s'était accéléré. Spock ne résista pas : il combla la distance.
Leurs lèvres s'effleurèrent avant de s'accrocher. Celles de Jim étaient pulpeuses, tendres et un goût légèrement salin les accompagnait. Le blond s'accrocha à sa nuque et à son dos et approfondit le baiser, tirant sur ses lèvres, mordillant, explorant avec sa langue. Spock sentait cette montée de désir entre eux et il ne voulait pas la refreiner. Il avait eu envie de vivre ça depuis bien trop longtemps et maintenant qu'il en prenait conscience, ça lui était impossible de s'arrêter. Jim était à lui.
Spock serra ses cheveux et raffermit sa prise sur sa hanche. Jim le goûtait, savourait la tendresse de sa chair et il brûlait d'envie d'en avoir plus. Spock pouvait ressentir tout ça. C'était enivrant. Le plaisir de Jim lui faisait un bien fou.
Jim se redressa, basculant sa jambe de l'autre côté de Spock pour se dresser au-dessus de lui. Ses deux mains entourèrent la nuque de Spock alors que ce dernier glissa l'une de ses mains sous le t-shirt de Jim. Sa peau était brûlante sous ses doigts, frémissante et incroyablement douce. Alors qu'ils s'embrassaient de plus en plus passionnément, Spock s'imaginait goûter au reste de sa peau, caresser les différentes zones de son corps, suivre chaque réaction qu'aurait Jim pour lui apporter encore plus de satisfaction et de plaisir.
Spock sentit une douleur aigüe qui le fit sortir de sa bulle de plaisir. Il n'avait aucune lésion physique pour provoquer ce genre de réaction. Ce n'était pas le cas de l'homme qu'il embrassait. Il rompit le baiser, mais Jim grogna et récupéra ses lèvres. Spock se sentit retourner dans cette bulle de plaisir. Mais la douleur était toujours présente. Il se sépara de lui.
_Jim.
Il baissa les yeux vers sa jambe encore bandée. Il obligea Jim à se rassoir pour soulager sa jambe du poids. Ça lui rappelait qu'il était encore en pleine convalescence.
_Ménagez-vous.
Jim afficha un rictus et allait lui répondre quand l'intercom sonna. L'appui était prolongé et insistant. Il se leva du lit.
_Restez-là.
L'intonation était ferme, mais ne dénotait aucun sentiment négatif. Il hocha la tête, regardant Jim boitiller vers la sortie et disparaître derrière la porte.
Jim se passa une main sur le visage avant d'ouvrir la porte à Bones, qui semblait s'exciter sur sa sonnette. Il se posta devant l'encadrement de la porte avant de l'ouvrir.
_Jim ! J'vais fumer ce foutu sang-vert !
Bones eut le réflexe de vouloir entrer mais Jim ne bougea pas d'un poil. Le médecin fronça les sourcils, devenant rouge de colère.
_Oreilles pointues est ici, c'est ça ?
Il hocha la tête. Bones serra les dents.
_Il est venu me gueuler dessus à l'infirmerie. Il m'a éclaté la tête, regarde-moi cette bosse ! (Il se tourna pour montrer une zone sur son crâne). Je lui ai dit que tu savais tout. Je voulais l'empêcher de venir te voir mais Christine m'a retenu. (Il prit une inspiration pour se calmer). Il était fou, Jim. Ça va aller, avec lui ?
Jim hocha à nouveau la tête. Il avait son idée, sur ce qui avait pu rendre fou Spock. Il avait demandé à ce que les témoignages ne soient rentrés que dans le compte-rendu final de son dossier. Flemmings venait tout juste de rendre son rapport.
_Il a fait quoi ?
Sa voix s'était éteinte avant d'avoir pu terminer son intonation interrogative. Ses facultés phonatoires allaient mettre du temps à revenir, d'après le Docteur Yorek. Tout comme le recouvrement musculaire de sa jambe et de son bras. Il était las.
_Il me reprochait de ne pas avoir agi, et de t'avoir laissé t'exposer consciemment à un danger. Le ton est monté. Il voulait aller te voir, je voulais le retenir. Il m'a envoyé valser contre la console pour se dégager.
Au moins, ils ne s'étaient pas frappés. Jim se passa une main dans les cheveux. Bones et lui avaient déjà discuté des évènements et il n'y avait pas besoin de revenir dessus. Mais cet incident…
_Témoins ?
Il préférait économiser ses mots. Il savait que Bones n'aurait aucun mal à le comprendre. Ce dernier grimaça.
_Janice, Christine et trois autres infirmiers étaient dans la pièce d'à côté. Ils ont compris ce qui était arrivé et je leur ai demandé de garder le silence.
Jim hocha la tête. L'histoire ne pourrait rester qu'une simple querelle, mais de la part d'un vulcain… Il fallait que les choses se règlent rapidement.
_Tu portes plainte ?demanda-t-il pour la forme, suivant son devoir de Capitaine.
Bones serra les dents.
_Tu sais bien que non. Mais je suis furieux contre lui. Ce foutu gobelin me le paiera !
Jim n'eut pas la force de sourire.
_Je m'en occupe.
Le médecin afficha un air contrarié.
_Jim, je ne suis pas venu pour te refiler la patate chaude. Je ne veux pas que Spock vienne empirer les choses…
Jim posa une main sur l'épaule de Bones.
_Je gère. Pas ta faute.
_La dernière fois que je t'ai laissé faire, tu as failli mourir.
Jim afficha un léger sourire :
_C'est Spock.
Bones resta un instant silencieux, réfléchissant.
_Je te laisse tranquille jusqu'à demain midi.
Il hocha la tête. A regret, Bones fit demi-tour et Jim ferma la porte.
Il laissa son front reposer sur la paroi froide et métallique de la porte. Spock. Il lui en voulait tellement, et d'un autre côté, il ne souhaitait qu'une chose, retourner auprès de lui. C'était si contradictoire que ça l'énervait. Avec ce qu'il venait de vivre… il fallait qu'il garde la tête sur les épaules. Encore un peu.
Il effleura malgré lui ses lèvres du bout des doigts, sentant encore la présence des lèvres de Spock. Il avait adoré. Il en voulait encore, et il voulait aller plus loin. Le genre d'envie cruelle qui lui coûterait sa carrière si ça s'apprenait, et celle de Spock également. Un Capitaine et un Commandant en second d'un même bâtiment n'avaient pas le droit d'entretenir des relations intimes. Leur jugement professionnel serait influencé par leur relation.
Il repensa à ce que Bones venait de lui raconter et il se flagella mentalement. Ils s'influençaient depuis déjà un bon moment maintenant. Et là, ça les avait menés à s'embrasser. Langoureusement. Rien que d'y penser et son corps s'enflamma à nouveau. Il prit une grande inspiration et alla se mettre de l'eau sur le visage pour s'éclaircir les idées et se requinquer un peu.
Il retourna à la chambre. Spock était toujours là, fidèle à lui-même, n'ayant pas bougé d'un poil. Jim lui indiqua d'un geste de la tête de le suivre. Il se dirigea vers la table où ils avaient pour habitude de jouer aux échecs et tira la chaise pour lui faire comprendre de s'assoir. Spock s'exécuta sans un mot et Jim vint prendre place en face. Avec la table entre eux, ça l'empêcherait de lui sauter dessus. Jim avait chaud rien que d'y penser.
Il prit une grande inspiration avant de se lancer, ayant conscience qu'il risquait de tomber très vite à court de mots.
_Expliquez-vous.
Il était prêt à avoir cette conversation. Spock semblait être sur la même longueur d'onde, car il hocha la tête et commença :
_J'ai fait le constat d'un changement émotionnel que je ressens envers vous. J'ai souhaité étudier toutes les options concernant la situation. L'une d'elles était d'effectuer un transfert de poste. Il y a eu une erreur. Je me suis seulement renseigné sur mes possibilités, Jim. En aucun cas je n'ai effectué de demande officielle. Je suis sincèrement désolé que mes actes aient été mal interprétés.
Jim sentit son cœur se serrer. Même si ça n'était pas volontaire, ça faisait quand même mal. Il hocha la tête.
_C'est à cause de notre… lien ?
Spock pencha la tête sur le côté.
_Que savez-vous ?
Jim parcourut la pièce du regard et pointa d'un signe de tête le livre qu'Uhura lui avait montré.
_J'ai tout lu.
Spock regarda le livre. Ses sourcils se froncèrent un instant.
_Nyota.
Le vulcain retourna la tête vers lui. Jim hocha la tête. Spock reprit.
_Il ne fait plus aucun doute quant au fait que nos katras sont liés. Pour vous, cela s'apparente à un lien-
_-D'âmes sœurs.
Spock hocha la tête. Jim sentit une chaleur l'envahir. L'idée lui plaisait, mais elle lui faisait aussi terriblement peur. Il se gratta la nuque, cherchant ses mots avant de se lancer. Maintenant qu'ils avaient mis des mots sur leur lien, qu'ils s'étaient embrassés, il fallait bien qu'il se montre honnête. Il prit une grande inspiration :
_J'éprouve des sentiments plus qu'amicaux pour vous. Probablement plus qu'une simple attirance physique.
Voilà, il l'avait dit. Avec un fin de phrase à peine audible mais suffisamment pour des oreilles vulcaines. Jim avait le sentiment de s'être jeté dans le vide sans parachute. En face de lui, Spock restait de marbre, pour changer. Jim se râcla la gorge et continua :
_Mon attitude n'est pas professionnelle. J'envisage de… changer de poste.
Sa voix s'était éteinte. Il se leva pour se servir un verre d'eau, tournant le dos à Spock. Sa gorge le brûlait à chaque fois qu'il parlait trop longtemps. Il se massa un peu la gorge pour faire partir l'irritation.
_Vous n'avez pas à sacrifier votre poste à cause de ma nature vulcaine.
Jim ressentit comme une pointe lui traverser le cœur.
_J'en ai assez vu de ce poste.
Il but à nouveau dans son verre. Il n'entendit pas Spock s'approcher de lui.
_Ne vous blâmez pas pour la personne que vous êtes. Chacun doit pouvoir se sentir libre d'être qui il est. Nature vulcaine ou humaine. Et il s'agit de mes sentiments.
Jim était ferme. Il ne permettrait jamais que Spock se flagelle à cause de ses origines. Il avait déjà trop longtemps souffert d'être né d'une union entre une humaine et un vulcain. C'était encore très ancré dans l'être de Spock, même des dizaines d'années plus tard, même à travers un monde parallèle. Il affirma ses propos.
_Mes sentiments, ma responsabilité.
Il sentit la chaleur de Spock dans son dos, mais il ne se retourna pas vers lui. Il sentit alors la tête de Spock se poser délicatement contre la sienne. Il ferma les yeux.
_Si je pars, peut-être qu'on pourrait…
La main de Spock lui tourna la tête. L'instant d'après, il l'embrassa avec une passion qui fit perdre à Jim toute raison.
Il s'accrocha à Spock et l'embrassa avec fougue. Leurs langues se mêlèrent, leurs dents mordaient leurs lèvres, leur souffle ne faisait qu'un. Jim sentit son sang bouillir dans ses veines, la chaleur envahissant tout son corps. Ce désir qu'il avait refoulé si longtemps explosa au contact de Spock. C'était comme si une barrière invisible venait de céder, et que toutes les émotions que Jim avaient gardées pour lui se déversaient. Il voulait Spock.
Il voulait mordiller la pointe de ses oreilles, lécher la peau de son cou, croquer ses tétons, agripper ses hanches avec ses ongles pour sucer sa peau, et… beaucoup trop d'autres choses.
Il colla son bassin à Spock. Leurs sexes étaient durs et Jim ne put s'empêcher de se frotter contre le vulcain. Ce dernier lâcha un grognement qui fit frissonner Jim. Spock glissa ses mains sous son t-shirt et le glissa vers le haut pour le lui retirer.
Le vêtement était à peine tombé au sol que Jim sentit Spock l'attraper par les hanches et le guider vers la chambre. Il se laissa faire, tirant à son tour sur le polo et le t-shirt de Spock. Il était si excité par la situation que plus rien d'autre n'existait que le corps taillé de Spock, ses mains, sa bouche. Il s'écarta un instant pour regarder le torse, se mordant la lèvre d'envie.
Son regard oscillait entre les tétons durs de Spock, ses pectoraux formés, ses abdominaux taillés et cette ligne en V qui descendait sous la ceinture. Il caressa du bout des doigts le serpent vulcain tatoué sur le pectoral droit de Spock, symbole vulcain qu'il avait déjà vu dans le livre d'Uhura. Sa contemplation fut stoppée par Spock, qui récupéra ses lèvres et l'entraina vers le lit. Le mouvement tira sur sa jambe et l'espace d'un instant, il eut comme une décharge électrique à cause de sa blessure.
Spock donna un coup de dents plus ferme et se détacha. Jim savait que le vulcain préfèrerait se retirer plutôt que de le blesser. Il en était hors de question. Il agrippa les cheveux bruns et récupéra sa bouche, sa seconde main s'activant à défaire son pantalon d'uniforme.
Ils se débarrassèrent respectivement de leurs bas avant de s'allonger sur le lit. Spock s'allongea sur Jim, laissant ses lèvres parcourir son cou. Jim ferma les yeux, se laissant envahir par toutes ces sensations qu'il ressentait. Il brûlait littéralement d'envie. Il avait chaud, il se sentait à l'étroit dans son caleçon et tout ce qu'il voulait, c'était de faire qu'un avec Spock.
Il se sentit enivré par un flot d'émotions puissantes qui lui faisaient tourner la tête. Jim ressentait cette envie sauvage de prendre possession du corps de Spock, de le marquer, de le revendiquer comme étant sien. C'était si fort, et si vrai et bon sang, tellement excitant.
Jim lâcha un gémissement quand il sentit Spock suçoter sa peau sous la clavicule. Il s'accrocha aux cheveux de Spock et chercha sa bouche pour s'ancrer dans la réalité. Tout ce qu'il ressentit quand Spock l'embrassa à nouveau, ce fut un pur élan de possessivité. Ce ressenti combla Jim. Puis les lèvres vulcaines se retirèrent.
Jim se redressa à son tour. Retournant Spock sur le lit, il s'attaqua sans attendre à l'un de ses tétons, titillant avec sa langue, suçant, mordillant. Il était follement excité par le souffle court de Spock et par le simple fait que sa prise sur son épaule et sa hanche étaient plus ferme. Jim laissa ses dents râper la peau de ses côtes, lécha ses hanches, passa sous la lisière de son caleçon. Il était comme fou de désir.
Spock était tout aussi excité que lui. Son sous-vêtement était mouillé par l'excitation et à sa vue, Jim n'eut plus qu'une idée en tête : venir goûter Spock, garder sa virilité en main et procurer du plaisir au vulcain. Il voulait entendre ses soupirs de plaisir, sa voix en gémissant, il voulait voir son corps frissonner sous ses coups de langue.
Il était tellement excité par la situation qu'il lâcha lui-même un gémissement lorsque sa langue toucha la peau douce de son gland. Spock retint sa respiration, alors que Jim léchait lentement la tête verdie de son sexe. La morphologie des vulcains était similaire à celle des humains, à l'exception du cœur à la place du foie, de deux estomacs et de la haute teneur en cuivre de leur sang, donnant à ce dernier sa couleur verte. Les organes génitaux étaient les mêmes. De ce fait, Jim savait exactement quoi faire avec sa bouche et ses doigts.
Préservant sa gorge, Jim fut prudent alors qu'il suçait le membre dur de Spock. Il tressautait de temps à autre dans sa main, pulsant sous les vagues de plaisir qu'il lui procurait. Jim se délectait du plaisir qu'il procurait à Spock, étant à la fois témoin de ses réactions et ressentant ses sensations. Voir le vulcain perdre le contrôle et se laisser totalement aller à ses émotions excitait Jim au plus haut point.
Jim se dégagea le temps de quelques secondes, cherchant son souffle. Spock en profita pour le renverser sur le dos à nouveau, le mouvement s'accompagnant d'une déchirure du tissu. Jim se retrouva nu sous Spock en moins de deux secondes chrono.
Leurs regards s'accrochèrent. Jim atteignait ses limites. L'étape des préliminaires était révolue. Spock voulait aller plus loin et Jim n'attendait que ça. Tant pis pour le reste. Il voulait Spock. Ce dernier prit leurs sexes et les branla, lubrifiant ses doigts alors que les deux hommes retenaient leurs gémissements. Spock glissa sa main vers l'intimité de Jim et enfonça un premier doigt en lui.
Jim se crispa légèrement. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas utilisé ce coin-là niveau sexe et il risquait de prendre du temps pour s'habituer à nouveau. Spock glissa le deuxième doigt. Jim sursauta en sentant aussitôt la gêne, vraiment très inconfortable et douloureuse au mouvement. Puis la pression s'exerça plus sur son sexe et Jim ne put retenir le gémissement rauque de plaisir qui s'échappa de sa bouche.
Spock joua alors sur les deux tableaux, lui procurant du plaisir tout en cherchant à détendre suffisamment ses muscles. Jim se perdait dans les sensations, sentant la bouche avide de Spock goûter la peau de son torse alors qu'il s'agrippait à son dos. Il n'avait plus aucune pensée cohérente. Son bassin bougeait de lui-même, son corps frissonnait sans aucun contrôle et malgré ses cordes vocales abîmées, il ne pouvait retenir les gémissements de plaisir qui s'échappaient de sa gorge. Jim en voulait encore plus, il voulait sentir Spock en lui, maintenant.
_S'il te plait, Spock.
Il n'eut pas besoin de clarifier sa demande induite : Spock retira ses doigts pour s'enfoncer en lui. Le plaisir était tel que c'était comme s'il découvrait cette sensation pour la première fois de sa vie. Ce sentiment d'être comblé, de ne faire qu'un avec l'autre, ça l'emplissait de bonheur. Dans les bras de Spock, il se sentait bien. Il était à sa place et entier, pour la première fois de sa vie.
Leurs mouvements étaient lents et synchrones. Ils profitaient de ce plaisir d'être avec l'autre, prenaient le temps de goûter leurs peaux, sentir leurs muscles rouler sous leurs mains, entendre le souffle lourd de l'autre. Mais tout autant que l'autre, ils en voulaient plus encore. Spock remonta l'une de ses mains et la positionna sur le visage de Jim pour mêler leurs esprits.
Pour Jim, ce fut comme flotter. Il ressentait le plaisir de Spock en plus du sien, son besoin, cet élan de possessivité presque étouffant, ce bonheur de pouvoir ne faire qu'un. Jim voulait lui transmettre sa joie, son plaisir, cet attachement profond qu'il éprouvait pour Spock. Il ne s'attendit pas à un retour d'émotions similaires aussi violentes.
Jim s'agrippa à Spock, libérant sa voix alors que leurs mouvements s'étaient accélérés, que le rythme était plus anarchique et qu'ils se serraient l'un contre l'autre. Jim ne pouvait retenir ses râles de plaisir et au-dessus de lui, les gémissements plus contenus de Spock finirent de l'achever. Jim fut balayé par le plaisir, suivit peu de temps après par Spock.
Le temps s'était arrêté autour d'eux. Jim avait encore la tête qui tournait et avait du mal à se remettre de ses émotions. Il essuya une larme qui avait coulé au coin de son œil et Spock l'aida à se nettoyer. Les mouvements de Jim étaient mécaniques, ses pensées encore très loin. Il en était de même pour Spock.
Jim attendit que sa respiration reprenne un rythme régulier avant de tourner la tête vers Spock et de croiser son regard. Le brun de ses yeux était si pur, si profond, que Jim aurait pu se noyer dans son regard. Et avec ce visage… Spock était beau comme un dieu. Avec ses cheveux ébouriffés, la pointe de ses oreilles et ses pommettes encore verdies par l'effort, Spock était irrésistible.
Les muscles engourdis par leur partie de jambes en l'air et bien trop groggy, Jim, qui aurait bien voulu embrasser Spock, se contenta de s'approcher de lui pour déposer un baiser paresseux sur son torse encore chaud. Il cala par la suite sa tête sur le serpent tatoué de Spock, qui vint l'entourer de son bras. Sans même s'en rendre compte, Jim bascula très vite dans un sommeil profond, comblé.
Spock avait le regard fixé sur ce visage apaisé. Jim. Un nom qui résonnait au plus profond de son être. Jim. Il ne cessait de se le répéter dans sa tête, sans en comprendre la raison. Jim. Cet homme, endormi contre lui, avec qui il venait de partager l'union la plus fusionnelle qu'il n'ait jamais connue. Il ressentait encore dans son corps les frissons de plaisir qu'ils avaient tous les deux partagés lors de leur union mentale. Cette douce chaleur parcourait son corps par vagues, l'apaisant encore.
Jim. Spock ressentait une sérénité qui apaisait son katra plus qu'il ne l'aurait cru. Grâce à Jim. Il tourna la tête vers lui et caressa du bout des doigts quelques mèches de ses cheveux. Jim s'était écroulé de fatigue, en paix. Spock ne sentait aucun sentiment négatif émaner de leur lien de t'hy'la. Jim était serein et c'était tout ce qui comptait à ses yeux.
Jim. Rien d'autre ne comptait que lui. Maintenant qu'il s'était approché de lui bien trop près, qu'il avait goûté au plaisir de la chair avec lui, Spock ne pourrait plus faire marche arrière. Impossible. Jim était sien. Ses plus bas instincts de vulcain s'étaient manifestés et ne comptaient pas s'apaiser tant qu'un doute sur leur relation persisterait.
Il ne voyait qu'eux. Que Jim. Ses cheveux en bataille, son visage apaisé, les marques qu'il lui avait faites visibles partout sur son torse. Parfait. Quiconque chercherait à l'approcher saurait qu'il n'était pas disponible. Peut-être qu'il aurait dû remonter plus dans son cou. Ce sera une autre fois.
Il rabattit les couvertures sur eux et se cala contre Jim, le tenant fermement contre lui. Il avait failli le perdre quelques jours auparavant. Il ne pouvait pas se permettre de refaire cette erreur. Il devait agir pour qu'il aille bien. Ça commençait par se tenir à ses côtés. Il cala alors sa tête contre celle de Jim et ferma à son tour les yeux, basculant dans le sommeil.
