La croisée du temps et des âmes

disclaimer : Il s'agit d'un crossover entre Lost Canvas et le manga d'origine. J'essaierai de respecter au mieux les persos de Shiori Teshirogi.
Bonne lecture!

Ker était blanche de rage, fulminait. Ah cette décision prise par Zeus, elle l'avait franchement en travers de la gorge ! Ressusciter les chevaliers d'or ainsi que les spectres, pourquoi ramener de la vermine dans le monde des vivants ? Encore un caprice du roi des Dieux! Mais le comble, c'est qu'elle n'avait pas pu régler ses comptes à ce maudit humain, ce Kanon ! Quand elle effleurait sa joue, elle se souvenait encore de son audace et de son incroyable irrespect. Si seulement, songea elle, elle trouvait un moyen de lui rendre la monnaie de sa pièce, avec des intérêts !

Ses frères avaient été tués, même si très bientôt ils seraient à nouveau vivants dans deux siècles, mais ça restait quand même une maigre compensation. Comment pourrait elle leur rendre la monnaie de leur pièce?
Un éclat de rire survenu du néant la tira de ses pensées.

- C'est le retour des chevaliers qui est si rageant ?

Qui était cet inconnu qui venait d'apparaître ? Impossible, seuls les dieux pouvaient évoluer librement dans cet espace temps. Quoi qu'il en soit il détonnait par son apparence excentrique, habillé d'un smoking et d'un haut de forme. Mais le plus insupportable à ses yeux était son sourire provocateur et amusé.

- En quoi cela te regarde il ?
- Disons que tout comme toi, je tiens à prendre ma revanche sur un de ces ignobles humains. Un chevalier des Gémeaux… J'avais cru que mon petit tour soit suffisant mais ça n'a pas été le cas. Et il n'a pas apprécié cette petite plaisanterie.
- Ils n'ont en effet aucun sens de l'humour, nous sommes d'accord sur ce point.
Cette remarque avait quand même eu pour effet d'arracher un sourire à Ker.
- Même si nous ne nous sommes jamais rencontrés, je te connais assez de renom, Ker. La petite sœur d'Hypnos et Thanathos, déesse de la discorde. Quant à moi, je suis Yôma de Mephistopheles.
- A moins que tu puisses agir, pars d'ici immédiatement ! Mon temps est précieux, et je ne veux pas de minables dans les jambes pour songer à ma vengeance.
Ce qui eût pour seul effet de le faire rire à nouveau. Était il fou à lier, ou friand de conflits ?
- Déjà ? Alors que nous commencions juste à nous amuser, quel dommage. Bah, tant pis, je monterais mon nouveau spectacle tout seul, personne ne verra rien venir. Et ce sera pire que la mort, surtout pour ceux que nous haïssons plus que tout. Enfin, assez bavassé, il est temps que je prenne congé !
A cet instant, un cheval volant constitué d'énergie s'était matérialisé. Il allait bien avec cet effronté, tous les deux étaient pourvus d'ailes. Que voulait il dire ? Était il juste un beau parleur ou réellement capable de l'aider ?
-Attends ! Sa voix était autoritaire, claquante comme un fouet, ce qui offrait un contraste surprenant avec ses manières presque charmeuse.

- Tiens donc ? Pourquoi devrais je me plier aux caprices d'une gamine mal élevée, alors que tu me renvoies comme un chien ?
- Que veux tu dire par quelque chose de pire que la mort ?
A cet instant, le sourire de Yôma s'élargit davantage.

- Réfléchis un peu, Ker. Selon toi, combien de Saints sont tombés au cours des siècles passés ? Le temps ne s'écoule pas seulement dans un sens unique, il est toujours possible de l'utiliser à sa guise. Pour ceux qui en ont les capacités, bien entendus.
Un sourire sadique se dessina sur les lèvres de la déesse. Oui, oh oui, elle commençait à deviner les manigances de cet inconnu.
Après tout, dans le monde des morts, les âmes et le corps étaient séparées, tout pouvait se passer.
- Je devine tes idées, et je conviens que c'est une assez bonne blague. Le pire est que personne ne la comprendra, et qu'il sera impossible à ceux qui subiront cela de se défaire de ce sort.
Il vaut mieux que d'autres saints soient pris dans nos filets, observa elle. Shion du Bélier et Dôko de la balance sont assez malins pour flairer le piège.
- Il suffisait de trouver quelque chose d'intéressant pour que tu sois un peu plus réfléchie. Ne le prends pas comme ça, voyons !
Devant le regard noir de la petite sœur du dieu de la mort, il estima plus prudent de battre en retraite.
Sourions plutôt à l'idée de cet intéressant spectacle qui nous attend.
- Hm, qu'attendons pour agir ? Nous pourrons ensuite trinquer à leur déconvenue. A cet instant un pichet d'or rempli de nectar posé sur un plateau avec deux coupes surgit du néant.
Les deux dieux rirent de bon coeur, enchantés de leur petite machination qui apaiserait enfin leur soif de vengeance.


Le Sanctuaire au 18 eme siècle.

Il régnait une ambiance effervescente au Sanctuaire, qui aurait pu sembler déplacée après la tragédie qui s'était jouée il y avait très peu de cela. Pourtant des gardes qui faisaient leurs rondes avaient découvert près de la maison du Bélier, quelque chose d'irréel, d'impossible !
Pourtant, c'était bel et bien le cas : les anciens chevaliers d'or, le Grand Pope et le Grand Sage de Jamir avaient été ramenés à la vie.
Était ce un cadeau de leur déesse ou de Zeus, pour les remercier d'avoir protégé la Terre ? Quoi qu'il en soit, ça avait gonflé à bloc le moral des apprentis, des Saints restants et des habitants du village voisin.
Shion et Yuzuriha ne quittaient pas des yeux leur maître Hakurei. Dôko, lui avait ordonné qu'on ramène des oreillers et des couvertures, à cause du froid hivernal. Il avait refusé qu'on déplace les corps, il était possible que certains aient des blessures internes graves, ou des fractures.
Tout en marchant entre les corps, il se demandait comment Sasha avait pu faire pour tous les renvoyer sur Terre et par quel prodige ils semblaient à nouveau tous vivants.
- C'est quand même une histoire de fou, vous ne trouvez pas ?
- Je suis d'accord avec toi, Shion. Jamais pareil évènement ne s'était produit, et bien que je sois heureux de revoir tous nos amis, le mystère reste entier.
- Ce n'est pas le plus important trancha Yuzuriha. Nous sommes vivants et en bonne santé, comme cela semble être le cas pour nos compagnons. Ce monde aura encore sans doute besoin d'hommes et de femmes comme nous, Hadès n'est pas notre seul ennemi.
- Mais pour le moment, ça passe au second plan. Attendons que les autres se réveillent, conseilla Dôko.
Le tigre avait un pincement au coeur en ne retrouvant plus son disciple, ni Athéna. Ils les avaient quittés, mais peut être reviendraient ils après tout ces trois enfants séparés pendant tellement de temps avaient tant de choses à se dire, du temps à rattraper….

Ils avaient endossé des destinées lourdes à porter, avaient été les marionnettes de Kairos et chacun avait souffert plus qu'il ne pourrait jamais l'imaginer. Alone encore plus que Sasha et Tenma probablement.
Par chance, certains commencèrent enfin à reprendre conscience.

- Maître ! C'est pas vrai, vous êtes là vous aussi ? Même le grand et terrible Thanatos n'a pas voulu d'un vieux croûton trop coriace comme vous ?
- Pas plus que d'un gamin mal élevé dans ton genre, Manigoldo, plaisanta l'ancien Grand Pope en serrant la main de son disciple. Le vieil homme se releva lentement et passa une main autour de l'épaule de son élève, le seul et le meilleur.
Pour une fois, Manigoldo se laissa aller aux larmes. Il avait vraiment cru rester à bouffer des racines, et avoir les asticots se taper la cloche sur son corps. Mais ils étaient vivants, vivants ! Alors qu'ils avaient crevés face à ce dieu de seconde zone. Et un regard lui apporta la réponse à son interrogation : Albafica lui aussi semblait être de retour.
Il laissa son papy préféré et se dirigea vers le chevalier des Poissons qui clignait des yeux, sa poitrine se soulevant un peu plus régulièrement.

- Bon allez, c'est quand même pas le moment de faire la grasse matinée ! Y a des gens ici qui seraient contents de te revoir.
Agenouillé près de son ami, Manigoldo sentit deux mains le pousser sans ménagement.

- Tu es inconscient ou suicidaire, ma parole ? Tu tiens déjà à retourner aux Enfers parce que tu ne réfléchis jamais ?
- Oh c'est bon Albafica, merde ! Comme si j'avais pas assez du vieux pour me souffler dans les bronches, faut encore que tu t'y mettes, ronchonna le crabe.
Un éclat de rire tonitruant interrompit leur début de chamaillerie, une voix grave et rocailleuse qui appartenait à Rasgardo autrement connu sous le nom d'Aldébaran.
- Vous avez une sacrée façon tous les deux de vous dire bonjour ! Alors que nous aurons tout le temps que nous voudront pour cela, et que nous sommes vivants !
Je vais très bien, ajouta il à l'adresse du Bélier et de la Balance qui s'étaient approchés de lui.
- Les autres ne devraient pas tarder à se réveiller. Il faut se montrer patients, quoi qu'il en soit il semblerait qu'Hadès et les Dieux Jumeaux ont enfin été battus, grâce à tous nos efforts.
Mais nous avons payé cela cher si Athéna nous a quitté et ne reviendra pas avant deux siècles.
Le vétéran laissa échapper un soupir avant de revenir voir son grand frère. Hors de question cette fois qu'il soit aussi cavalier en partant pour Jamir ! Ils auraient un travail titanesque pour remettre ce lieu d'aplomb et préparer le futur.

El Cid réussit à se réveiller péniblement, ses jambes et son corps plus lourds que du plomb mais ce n'était que broutilles. Il était capable de passer outre ces détails juste à un mètre de lui, Sisyphe était encore inconscient, pâle comme la mort. On pouvait dire la même chose de Regulus, qui avait les traits tirés et paraissait souffrir.
Le capricorne leur adressa un regard de réconfort, il resterait près de son ami jusqu'à ce qu'il les retrouve, encore une fois.

Un peu à l'écart, se tenait Aspros qui était revenu à lui. Bien que ça lui demande un effort considérable, il s'était agenouillé à coté de son jumeau, en larmes. Quelle ironie, il osait dire que les humains dont la volonté était faible sont souvent malheureux. C'était une énorme erreur, tout comme d'avoir lutté contre sa destinée en cherchant à la modifier, exactement comme Oedipe avait tenté de le faire.
Il avait commis l'irréparable à deux reprises, dépassé les bornes, trahi… Ce ne serait sans doute pas son combat contre Kairos ou Yôma qui changerait les opinions à son sujet.
Certes il avait vécu sans regarder en arrière, comme il le voulait, mais le prix à payer était plus qu'une vie et très élevé.
Si seulement, songea il en tremblant, si seulement il leur était possible de continuer sur la voie des paroles. A révéler les secrets cachés depuis bien trop longtemps.
Bien entendu, il ne s'attendait pas à ce que Deutéros lui saute au cou, il lui avait fait trop de mal. Transformé en marionnette, rabaissé, appelé constamment « Numéro deux ». C'était pire ce qu'il avait pu voir de ses yeux d'enfants, et c'était lui, ou lui qui avait infligé toutes ces horreurs à son frère, à cause de son ambition incontrôlable et de la goutte de ténèbres.

- Reviens vite parmi nous, Deuteros. Je t'en prie…

La voix et l'étreinte qu'éprouvait Kanon était étrangement familière, était il donc en vie ? Que leur était il arrivé à tous ? Etonnament, l'ambiance semblait moins tendue qu'il l'aurait pensé, pas après la « trahison » de certains.
Il y avait des embrassades, des rires, des disputes amicales, des noms qu'il ne connaissait pas du tout. Peut être rêvait il encore, autant revenir à la réalité et ouvrir les yeux.
Clignant difficilement des paupières, apercevant les silhouettes éblouissantes des colonnes, du temple du Bélier, Kanon ne vit pas immédiatement que quelque chose clochait. Pourtant, Dôko était toujours sa nouvelle apparence, Milo au chevet de Camus, pareil pour Aiolia et son frère…
Cependant, en tournant douloureusement la tête, il vit une énorme différence : sa peau était hâlée, brûlée par le soleil, il se sentait dans un corps étranger à moins que ce ne soit temporaire et encore un rêve…

L'homme qui le serrait dans ses bras était le portrait craché de Saga, mais il y avait quand même de subtiles différences : ses cheveux étaient plus bleus, comme ses yeux, au lieu d'avoir cette couleur émeraude. Sa peau était plus pâle, et son expression masquait un côté calculateur. Bordel de merde, qui était cet homme ? !

A cet instant, il le serra plus fort , manifestement soulagé de le revoir à nouveau conscient. Se pouvait il qu'il soit en face de… L'ancien chevalier des Gémeaux ?! Non, impossible, c'était n'importe quoi !

- Deutéros ! Tu es enfin de retour, Athéna et Dieu merci ! Vivant, tu es vivant ! Pardonne moi, pardonne moi tout ce que je t'ai fait.

L'étreinte de cet inconnu, ces personnes qui ressemblaient au Saints qu'ils connaissaient mais qui n'étaient pas eux, tout cela fit monter en Kanon une peur incontrôlable.
Hors de question de se laisser approcher par ce taré, malgré son état de fatigue et ce corps qui n'était pas le sien mais qui lui obéissait, il réussit à puiser de la force pour le rejeter sans ménagement.

- Ne me touche pas !
Un geste violent des mains, il se dégagea et rampa hors d'atteinte avec un seul objectif, mettre le plus de distance entre eux deux.

-Reste où tu es, laisse moi tranquille, c'est clair ?!
Son expression de rage devait être assez convaincante, car Dôko s'approcha de cet intrus, tous deux assez perplexes.
- Aspros, que se passe il ?

Le dénommé Aspros, essuya ses larmes en détournant rapidement le regard.
- Ce n'est rien, j'aurais du m'y attendre. C'est de bonne guerre, après tout le mal que je lui ai fait, je l'ai largement mérité. Mais… Je ne comprends pas, dans ses yeux j'ai eu une fraction de seconde que je n'étais ni son frère ni quelqu'un qu'il connaissait.
Il devait tenir, accepter cet état de fait, que réussir à s'aimer et renouer serait l'oeuvre d'une vie. Aspros posa un regard triste sur son petit frère, alors que Sage avait observé de loin la situation.

Pour une fois, il laissait Hakurei profiter des retrouvailles avec ses élèves.
En effet, quelque chose paraît clocher, mais quoi ?
Kardia se lamentait de la froideur de Degel et s'étonnait qu'il soit si distant à son égard. Deutérons les observait avec méfiance, plus que d'habitude mais semblé encore plus perdu.
Il s'était passé quelque chose, c'était une certitude.

A suivre