Chapitre 3
Le Sanctuaire 18 éme siècle
- Mais enfin, qu'est ce qui t'arrive? Tu es sur que ça va ?
Shion s'était approché de celui qu'il croyait être Deutéros et ne désirait que l'aider, comme n'importe quel autre de ses compagnons d'armes.
Mais en dépit du ton soucieux et altruiste, quand Kanon croisa le regard de Shion, son sang ne fit qu'un tour.
Comment osait il ? Après la vie de paria qu'il lui infligée au Sanctuaire pendant ces quinze ans, sans jamais se soucier vraiment de sa vie ? Hors de question qu'il laisse passer ça !
Avec tout le mépris qu'il lui portait, il lui envoya son poing dans la é d'un second en pleine poitrine.
- Alors vous... La ferme, ou ce qui s'est passé ne sera qu'un début !
Le jeune bélier l'observa choqué en essayant de maîtriser le sang qui coulait de son nez.
Une seconde plus tard, Hakurei s'interposa entre eux deux.
- Repose une fois la main, une seule fois sur un mes élèves et ce sera à moi que tu auras affaire, le prévînt il menaçant.
- Ah oui? et si je vous disais que votre cher et tendre disciple n'est qu'un abruti pas foutu de prévoir ce qui se passe avant la guerre sainte?
- Je ne pensais pas que tu pouvais être quelqu'un d'aussi insolent Deutéros. Pas comme mon frère parlait de toi !
A ce moment précis, Sage estima préférable de s'interposer avant que les choses dégénèrent sérieusement. Pour lui une chose était claire, cet homme avait l'apparence du petit frère d'Aspros, mais n'était celui qu'il avait rencontré.
Sa personnalité, son trouble à son éveil étaient des preuves assez concluantes, tout comme ce qui s'était passé entre les jumeaux ?
- Sur ce point, tu te trompes totalement. Celui qui a anticipé la guerre c'est moi, depuis deux siècles.
Sage s'avança avant de poursuivre calmement et fermement : inutile de se lancer dans des combats puérils, il y a mieux à faire. Comme comprendre ce qui s'est passé par exemple.
- Qui... qui diable êtes vous? finit il par articuler Kanon quelque peu impressionné par la puissante aura mêlée de chaleur et bienveillance du vieil homme vêtu de la robe caractéristique de cette haute fonction.
- Ne me dis pas que tu ignores cela aussi, dit Sage avec un sourire patient. Je suis Sage le Grand Pope du Sanctuaire.
- Soit c'est impossible, soit il y a quelque chose qui ne va pas, nota Camus qui avait réussi à se relever. En quelle année sommes nous au juste?
- en 1772, pourquoi demandes tu cela Degel ?
- Degel ? Non… Vous vous trompez complètement vieil homme. La réponse était froide et dénuée d'agressivité, étant une évidence qu'il poursuivit . Je suis Camus le chevalier d'or du verseau ! Qu'est ce que je fais à cette époque ?! C'est un rêve ou quoi ?
Devant les mines choquées de Degel et Deutéros, ainsi que les tremblements de Régulus, Sage eut confirmation que quelque chose n'allait pas.
A cet instant, Régulus se réveilla enfin, ce qui détourna l'attention générale des chevaliers d'or. Y compris de Sage et Hakurei, seul Aspros observait ces retrouvailles avec amertume et frustration, convaincu qu'il en était exclu à cause de ce qui s'était passé, et peut être même de tout ce qu'il avait fait. Oui, peut être… Ca pouvait être une punition pour toutes les horreurs qu'il avait commises. De toute façons, il avait plus choisi d'affronter Yôma pour lui même et pas pour Athéna ou la guerre sainte, quoique si mais ça passait au second plan.
La scène qui se jouait était beaucoup trop mielleuse à son goût et le dégoûtait presque.
- Tu es là, c'est toi, c'est vraiment toi… La voix n'était qu'un murmure à peine perceptible, trahissant une forte émotion.
Sisyphe observa son neveu avec tendresse et inquiétude.
- Mais oui. Tu ne croyais pas que je serais pas là quand tu te réveillerais ? T'es un peu idiot parfois.
- Je suis si content de te retrouver ! Tu m'as tellement manqué, à un point que tu n'imaginais même pas !
Sur ce le plus jeune étreignit avec fougue et bonheur son aîné, trop heureux de ses retrouvailles, se moquant entièrement du public. Cette fois les larmes qui s'échappaient de ses yeux étaient des larmes de joie. Une joie qui aurait transporté les montagnes, enfin ils étaient réunis ! Siysphe quant à lui était quelque peu gêné par ces effusions mais content aussi de voir que son neveu tenait tant à lui. Après tout, il n'était encore qu'un enfant trop tôt grandi et avait du souffrir de sa mort, mais le cachaitsous son sourire… Il s'était occupé de lui après la mort d'Illias du mieux qu'il pouvait et une proximité s'était très vite forgée entre eux.
Cette scène fit éclater de rire Aldébaran qui constata que c'était toujours autant le grand amour entre eux deux. El Cid lui même lâcha un « c'est touchant. » chose bien assez rare pour être remarquée. De son côté, en dépit de sa jalousie, Aspros éprouva un énorme pincement au coeur en les voyant aussi complices, aussi unis. Lui, il avait entièrement perdu cela avec son frère. Même si ils avaient été unis, il se doutait bien que jamais Deutéros ne lui pardonnerait tout ce qu'il lui avait fait vivre.
- Tu ne me quittes plus, hein c'est promis, grand frère ? Finit par dire de façon plus forte le lion qui était devenu inquiet.
-Grand Frère ? Tu te sens bien ? Ce qu'il venait d'entendre le désarçonna sur le champ. Ce n'était quand même pas l'effet d'un choc violent ?
- Mais oui, je vais très bien, même si je suis épuisé par ce qui s'est passé. Mais et toi, est ce que ça va, Aioros, mon frère ? Réponds moi, Demanda avec un peu plus d'inquiétude mêlée à de la colère naissante Aiolia.
- Aioros ? Mais enfin, Régulus tu ne te souviens de rien ? Je ne m'appelle pas comme ça enfin moi c'est Sisyphe. Ou alors…. Tu as eu un choc très violent à la tête ?
- Non ! C'est pas vrai, ajouta Aiolia d'une voix brisée, qui se rendit enfin compte que quelque chose n'allait pas. C'est pas vrai, répéta il, dites moi que c'est pas vrai !
Dites lui ! Cria il aux autres chevaliers perplexes. La détresse et la colère venaient à présent à son secours face à l'impasse dans laquelle il se trouvait.
-Dites lui qu'il a été assassiné sur les ordres du Grand Pope en voulant protéger Athéna ! Qu'il est Aioros, et aussi mon grand frère, je vous en prie. Je vous en prie ! Répéta il plus fortement ne rencontrant que des expressions incrédules autour de lui.
-Vous me prenez pour un fou ou un menteur, c'est ça ? Sinon vous ne me répondriez même pas !
Et qu'est ce qui m'est arrivé? pour la première fois, Aiolia se rendit compte que son corps était celui d'un adolescent de quinze ans et non celui d'un jeune homme de vingt ans.
Cette fois, sa colère n'était plus contrôlable, il fallait qu'elle sorte, qu'il se défoule. Sans prêter attention à sa faiblesse, il envoya avec violence sa main dans la colonne, une fois, une seconde fois jusqu'à ce qu'elle se fracasse. Sans sentir la douleur, ni le sang couler sur ses phalanges. Jusqu'à ce que Siysphe l'arrête en saisissant sa main.
- Arrête ! ça ne servira à rien ! tempéra Sisyphe plus inquiet et triste. Tu m'as entendu ? Essaye de te calmer.
- Me calmer ? Comment voulez vous que je me calme ?! Un vrai rugissement de lion avant que sa voix ne baisse d'un ton. C'est tellement injuste… Quand je croyais avoir retrouvé enfin mon grand frère, je me rends compte que ce n'est pas le cas ! Et que jamais on ne se reverra, pourquoi ?! dit il plus fortement.
Ou est mon frère ? Que lui est il arrivé ?!
- Je comprends ce que tu ressens . Une phrase qui ramena le calme de façon temporaire. Moi, je ne sais pas non plus où est Régulus mon neveu que j'aime plus que n'importe qui ! Autant que toi et ton frère, précisa il, et son absence me fend le cœur autant qu'à toi, appuya il en essuyant les larmes sur son visage.
-Tu crois que ça ne me fait rien à moi non plus, que je ne suis pas sur des charbons ardents ? Demanda il plus fortement sur un ton qui semblait mettre au défi quiconque démentirait ses propos.
Siysphe se détourna de cet inconnu qui avait l'apparence de son frère et tenta de reprendre contenance même si des larmes perlaient encore au coin de ses yeux. A ce moment Rasgado, lui posa une main sur l'épaule. Ce réconfort inattendu lui permit de ne pas s'effondrer tout de suite, de parvenir à savoir le pourquoi du comment. Finalement, après avoir inspiré lentement trois fois, il se tourna vers l'homme qui avait l'aspect de Deutéros.
- D'où diable venez vous?
- Pourquoi devrais je te répondre? Le ton était cassant et dédaigneux. Sur ce point, le sagittaire eût l'impression de revivre sa première rencontre avec Deutéros. Cet inconnu semblait aussi sauvage et difficile d'accès que le petit frère d'Aspros.
Cette fois, Aspros se tourna vers le petit groupe, désireux de savoir qui était cet homme : son petit frère ou un imposteur ? Au vu de ce qu'il avait entendu, la seconde hypothèse lui paraissait plausible.
- Afin d'éclaircir un peu plus la situation, pour les uns comme pour les autres. Les choses sont si incompréhensibles qu'il serait au moins primordial de savoir qui nous sommes et si nous pouvons ou non nous faire confiance.
Pas la moindre trace de sourire, juste un air grave impassible qui fit quelque peu tiquer Kanon.
Celui ci eût une moue hautaine où transparaissait un mépris aussi évident que celui dont il avait fait étal face au jeune bélier.
- Pft, tu ressembles beaucoup au chevalier du Sagittaire de mon époque! Un type qui ne se privait pas d'être parfait sur tellement de choses, mais qui ne s'est jamais soucié de moi. Contrairement à toi, alors retiens bien mon nom: je suis Kanon des gémeaux.
-Kanon des gémeaux? C'est impossible, tu n'existes pas, Sage avait pris la parole avec calme.
-Et pourtant, dans notre époque on est tout ce qu'il y a de plus vivants vieil homme! Aiolia se retourna vers le petit groupe sans faire attention à son poing ensanglanté. On est les golds saints du 20éme siècle, enfin concernant cet homme, (il fit un geste vers Kanon) c'est encore à voir.
Comme Milo, il n'avait pas oublié les crimes de ce dernier. Même si il avait désiré se racheter, c'était aussi en partie indirectement de sa faute si Aioros avait été assassiné. Alors, même en dépit de sa rédemption, il n'avait aucune confiance en lui, pas plus que de sympathie à son égard.
- Aiolia espèce de... Le visage tordu par la colère, poings serrés, Kanon le foudroya d'un regard qui l'aurait probablement tué.
Tiens tu si peu à ta vie? Si c'est le cas, je te renverrai avec plaisir tenir compagnie à Rhadamanthe aux Enfers. Même si tu as rétréci au lavage, faut bien le dire!
La remarque piqua le lion au vif, plus que jamais décidé à lui coller une droite.
- Essaie seulement juste de lever la main et tu te prendras le lightening plasma, riposta le concerné prêt à saisir n'importe quelle occasion pour passer ses nerfs. Et s'en prendre à lui était idéal vu qu'il avait manipulé Poséidon et les avait empêchés d'intervenir.
- Ça suffit, vous ne croyez pas que le moment est mal choisi pour vous disputer? Et vous devriez être du même bord, non?
Cette fois, ce fût Manigoldo qui avait pris la parole, surpris par cette dispute et ce truc trop bizarre qui se passait.
- Ce serait long et compliqué à expliquer, répliqua Aiolia qui sentit de violents vertiges le saisir.
Kanon aussi se sentit épuisé, ses pensées tourner vite trop vite, comme le sol et ses jambes se défiler. Deux bras le rattrapèrent in extremis avant qu'il ne s'effondre sur les dalles.
-Mais...? balbutia il faiblement devant la mine soucieuse de Siysyphe.
-Tu ne croyais pas que je te laisserai tomber comme ça? Nous sommes tous épuisés, on a l'air de tenir debout par miracle. Grand Pope, il faut qu'on réussisse à organiser une infirmerie.
- Oui, n'aie aucune crainte. Nous ferons le nécessaire; toi aussi essaie de te reposer, ne présume pas trop de tes forces.
Le concerné agenouillé par terre approuva avant de demander au lion du futur de rester assis pour éviter de faire un malaise. Ce qu'il fit sans sourciller, à un moment leurs regards se croisèrent, et Aiolia fut touché par la sollicitude de cet homme qu'il connaissait à peine.
Lentement avec une expression soucieuse, Siysyphe remit en place une longue mèche de cheveux bleu et observa celui qui avait l'apparence de Deutéros. Cette fois, il ne laisserait pas le drame se répéter, il ne resterait pas spectateur et garderait un œil sur lui ainsi qu'Aspros.
- Kanon des gémeaux, Aiolia du Lion et Camus du Verseau, chevaliers d'or du 20éme siécle, récita il. C'est vraiment une histoire des plus alambiquées, même si elle est difficile à croire.
- Ne tourne pas autour du pot, veux tu Aspros?! Cette fois Sisyphe avait pris un peu du coté acerbe de son ami.
Mettons tout de suite les choses au clair : Je n'ai pas réussi à protéger Deutéros quand tu as manigancé ton plan. Tu l'as fait souffrir, l'a mis encore plus bas que terre que les gens du Sanctuaire, tout ça pour ta propre ambition. Tu as fait une fois cette erreur, tu ne la referas pas une seconde fois, ajouta il menaçant. Essaie juste de faire un geste, un seul geste de travers le concernant et tu risques de faire une croix définitive sur ton meilleur ami. Je crois que je me suis bien fait comprendre ?
Aspros le dévisagea d'un sourire froid et dur. Il reconnaissait bien son ami de toujours, et son habitude de vouloir protéger les futurs talents, de faire passer son bon cœur avant les stratégies. Ce qui était une idée qui ne payait pas beaucoup, de son point de vue.
De plus il savait qu'avec ce qu'il avait fait, il n'aurait pas échappé à ces remarques et cette antipathie.
- Je ne nie pas ce que j'ai fait. J'ai coûte que coûte essayé d'aller jusqu'au bout de mes objectifs et de les atteindre. Ça ne veut pas dire que je referai tout ce que j'ai fait.
Je n'ai pas à me justifier me concernant, mais sache qu'on m'a manipulé, comme j'ai manipulé les autres. Un spectre, ajouta il.
-Et tu t'imagines qu'on te croira ? Poings sur les hanches, l'air dubitatif et accusateur, le sagittaire n'en avait pas l'occasion.
-Non. Faites comme vous voulez, je vous ai dit ce qui s'est passé, à vous d'en tirer vos conclusions.
J'ai aucunement l'intention de pleurnicher que je clame la vérité, quitte à prêcher dans le désert. Il y a des choses qui me semblent plus importantes.
Et si seulement cette souffrance pouvait s'arrêter, juste cesser ne serait ce que deux secondes, se dit il alors que les larmes revinrent.
Cette impression qu'une partie de lui même lui avait été arrachée avec sauvagerie, le fait que tout soit à jamais perdu, qu'en dépit de ses efforts il ne pourrait rien récupérer…
Sans se soucier de ses larmes ni de Sisyphe qu'il écarta doucement, il saisit le corps de son frère, et le posa sur un des brancards apporté par des apprentis. Il déplia la couverture avec précaution, et l'étala doucement, faisant un gros effort pour ne pas s'effondrer, pas maintenant…
En cette matinée, le vent soufflait beaucoup plus fort qu'à l'accoutumée, rendant ardus les entraînements. C'était un court moment spécifique concernant les candidats à l'armure des gémeaux ce qui excluait la présence des autres apprentis.
A la fois un avantage et un inconvénient pour Kanon. Car c'était à nouveau l'occasion de se voir critiquer sur son manque de précision que ce soit pour détruire des rochers loin ou près, petits ou gros. Mais surtout, surtout sur la façon de chercher à ouvrir une porte dimensionnelle, ce que Saga avait l'air de mieux appréhender que lui, selon la manière enseignée.
Saga qui était toujours meilleur que lui, Saga qui apprenait plus vite, Saga qui ne se faisait jamais prier pour apprendre plus.
Tandis que lui Kanon c'était l'élève dissipé, incapable de se concentrer, d'arriver à l'heure à un cours, à aimer répondre, mettant plus de temps à assimiler quelque chose. Le comble était qu'on prenait cela pour du manque de volonté, alors qu'il cherchait surtout réussir quoique ce soit sans un seul faux pas ! Afin de prouver que lui aussi il avait autant de talent que son grand frère. Qu'il méritait tout autant cette armure des gémeaux.
Plus motivé que jamais et décidé à travailler d'arrache pied, Kanon attendait avec impatience l'après midi, car ils étaient libres, chose assez rare.
Ils s'étaient mis d'accord : juste après le repas, ils iraient aux vergers et aux champs. Là bas, il y avait souvent des lapins, et les figuiers commençaient à donner de beaux fruits.
Si il n'était pas parti trop tôt, peut être se serait il aperçu qu'Aioros avait pris son frère à part et lui avait proposé une activité.
Tout ce dont il se souvînt c'est d'avoir attendu un bon moment près des arbres, à essayer de patienter en vain, jusqu'à ce qu'il en ait assez. Et fasse demi tour d'un pas décidé,résolu à avoir une explication avec son jumeau sur cette histoire de lapin. En marchant trop vite, il ne remarqua même pas les dénivelés du terrain et que son pied se tordit sur une pierre. La douleur intense à la cheville en revanche, il la sentit, et de la voir enfler très vite ne fit qu'augmenter son angoisse.
Il s'écoula dix bonnes minutes avant qu'un serviteur le surprenne, mais sa réaction ne fût pas celle que l'enfant attendait.
- Mais que fais tu ici tout seul sans prévenir personne petit inconscient ?! Et avec une cheville foulée de surcroît ?!
- Mais c'était un…
- Tais toi ! Non content d'être irresponsable, tu vas te retrouver incapable de poursuivre tes entraînements ! Mais qu'est ce que le Sanctuaire a à faire d'enfants comme toi ?!
- Je vous dis que c'était un accident. Je voulais vraiment pas le faire exprès, insista Kanon au bord des larmes. Personne ne le croirait jamais, et il aurait sans doute droit à une punition de la part du Grand Pope pour avoir dévoilé à quelqu'un son existence.
« Ce qui s'est passé était un accident. C'était la vérité, et personne ne veut me croire, selon eux je ne vaux rien et mon pied me fait horriblement mal. Saga… Même dans ce genre de moments tu ne viens même plus, tu préfères Aioros à ton frère?!Je te déteste, pourquoi tu me fais ça grand frère ? J'ai vraiment mérité ça ?
- Grand frère… La voix était tremblante, brisée et des larmes avaient coulé sur son visage.
Allongé sur un lit, Kanon crût distinguer une personne connue. Finalement tout cela n'avait été qu'un rêve, oui un simple rêve.
- Tu as repris conscience ? La voix était inquiète et teintée d'amertume. Celui qui était en face de lui ressemblait à Saga mais ce n'était pas lui, c'était évident.
Un regard informa Kanon que sa peau était toujours hâlée, brisant l'hypothèse du rêve.
- J'aurais préféré que ce ne soit jamais le cas, au vu de ce qui nous arrive, grommela le concerné en se tournant dans le lit. Que ça ne ce soit jamais passé, ou qu'il n'y ait eu aucun retour à la vie.
-Ce n'est pas parce que nos envies ne se réalisent pas qu'on ne peut pas cracher sur cette chance ! Mine contrariée Aspros l'observa avant de poursuivre :
Ce que tu éprouves, je l'éprouve aussi. Puissance mille, je souffre comme si une partie de moi même était disparue à jamais qu'on me l'avait arrachée ! Mais on n'est pas seuls, nous sommes plusieurs sur ce même bateau !
- Tu parles d'une consolation, grommela Kanon. Peut être qu'on se soutiendra, si nos petites personnes ont de l'importance.
A cet instant précis, Sage apparût entre les lits et mit un terme à la discussion.
-Aspros Kanon, cela suffit. Il faut que vous vous reposiez l'un comme l'autre, je ne veux rien savoir, ajouta il en levant une main pour faire cesser les protestations. Nous aurons le temps de parler quand nous serons rétablis, tous autant que nous sommes.
Tout en prononçant ces mots, le vieil homme saisit la couverture lâche de Kanon et la lui remit avec soin avant de se tourner vers Aspros.
-Allonge toi et essaie de rester calme. Le ton était sévère et gentil à la fois.
Je demanderai à ce qu'on apporte de l'eau et des compresses. Vous avez l'air fiévreux, remarqua il en posant la main sur leur front, tour à tour. Pourvu que rien n'arrive à Kardia, murmura il pour lui même.
En voyant le Pope de cette époque s'éloigner, Kanon ne pût s'empêcher de le trouver mieux que Shion. Il était plus prévenant, plus à se soucier d'eux deux sans faire de différences entre eux. Et là il venait aux nouvelles près d'Aiolia et Sisyphe. Manifestement, ces deux là savaient encore moins sur quel pied danser et interagir. Ils semblaient avoir posé des barrières, à cause des ressemblances avec l'être qui leur était le plus cher à leur cœur.
Quant à Camus, il avait refusé tout contact avec le dénommé Kardia le chevalier du scorpion de cette époque ce qui l'avait particulièrement blessé et vexé. Le magicien de l'eau et de la glace avait choisi de rester près du chevalier de la vierge, mutique comme lui. Ce qui leur convenait parfaitement, et permettait de ne pas faire étal de leur sentiments ou leurs états d'âme respectifs.
Observant avec un soupir le plafond Kanon arriva à cette conclusion : même si c'était la relation la plus chaotique et imprévisible qui soit, embryonnaire et ne pouvant encore prétendre à ce qualificatif, c'était entre lui et Aspros que ça paraissait être moins pire.
A suivre
